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Full text of "Programmes, professions de foi et engagements électoraux de 1902"

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N°  1162  (Annexe) 

CHAMBRE  DES  DÉPUTÉS 

HUITIÈME  LÉGISLATURE 

SESSION  DE  1903 


Annexe  au  procès-verbal  de  la  séance  du  3  juillet  1903. 


PROGRAMMES 


PROFESSIONS  DE  FOI 


ET 


ENGAGEMENTS  ÉLECTORAUX 

De  1902 


—  gQO- 


PARIS 


N"  1162  (Annexe) 

CHAMBRE  DES  DÉPUTÉS 

HUITIÈME  LÉGISLATURE 

SESSION  DE  1903 
Annexe  au  procès-verbal  de  la  séance  du  3  juillet  1903. 


PROGRAMMES 

PROFESSIONS  DE  FOI 


ENGAGEMENTS  ÉLECTORAUX 


De  1902 


«o« 


PARIS 

IMPRIMERIE  DE  LA  CHAMBRE 


D3S  DÉPUTÉS 


U. 


MOTTEROZ 


La  Commission  chargée  par  la  résolution  du  11  juillet  1902  de 
recueillir  les  Programmes,  Professions  de  foi  et  Engagements  électo¬ 
raux  de  1902  ayant  décidé  de  procéder  le  plus  promptement  possible 
à  cette  publication,  le  rapport  qui  doit  être  ultérieurement  distribué 
sera  enregistré  sous  le  n°  1162. 


PROGRAMMES 


PROFESSIONS  DE  FOI  ET  ENGAGEMENTS  ÉLECTOEAUX 


Élections  législatives  des  27  Avril  et  11  Mai  1902 


—  3  — 


N*  M62 


AIN 

Circonscription  de  BELLEY 

M.  Pierre  11AUDIN 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  12.957  voix. 


Citoyens, 

Une  première  fois,  mon  passé  politique  et  mes  actes  récents  m’ont  gagné  votre  con¬ 
fiance  Vous  y  avez  trouvé  les  garanties  nécessaires  que  votre  prudence  et  votre  sagesse 
oliticme  requièrent  de  ceux  qui  prétendent  à  l'honneur  de  vous  représenter. 

Ils  vous  ont  répondu  de  ma  fidélité  et  de  mon  dévouement  a  la  République.  Mieux 
qu’un  programme  ils  définissaient  la  pensée  et  la  méthode  dont  j’ entendais  m  inspirer  pour 
défendre  nos  institutions  et  les  rendre  fécondes  en  réformes  politiques  et  sociales. 

Depuis  que  vous  m’avez  élu,  ces  garanties  se  sont  fortifiées  encore. 

Je  me  représente  à  vous,  confiant  dans  votre  jugement.  _  . 

Vous  pouvez  maintenant  vous  prononcer  sur  l’ensemble  d’une  politique  qui,  depuis, 
„rès  de  trois  ans.  a  eu  le  rare  mérite  d’unir  toutes  les  forces  vives  du  parti  républicain. 

En  défendant  la  République  contre  les  entreprises  nationalistes,  cette  politique  a  rendu 
au  pays  la  sécurité  intérieure  et  sauvegardé  sa  dignité.  Elle  a  contraint  nos  adversaires  a 
renoncer  à  la  violence  pour  changer  les  institutions  constitutionnelles. 

Us  tentent  maintenant  d’obtenir  du  suffrage  universel  ce  qu’l  s  ont  tout  d  abord  de¬ 
mandé  à  l’émeute  et  au  désordre.  Ils  comptent,  pour  parvenir  a  leurs  fins,  sur  le  libre 
équivoque  de  leur  parti,  et  la  campagne  injurieuse  qu’ils  ont  poursuivie  sans  relâche  contre 

]p  Gouvernement  et  la  majorité  du  Parlement.  r  .  i 

Vous  ferez  justice  du  titre  qui  dissimule  la  coalition  des  anciens  partis  découragés  de 

défendre  au  grand  jour  leurs  idées  et  de  laisser  apparaître  leurs  desseins. 

Dans  notre  pays,  si  difficile  à  égarer  par  des  mots  nouveaux  et  des  formules  creuses, 
cette  dernière  entreprise  de  la  réaction  a  le  défaut  de  ne  s’adresser  ni  à  votre  raison  m  a 
vos  svmpathies.  C’est  en  ce!a  que  les  candidats  qu’elle  présente  aujourd’hui  par  toute  la 
France,  sont  moins  respectables  que  ceux  qu’elle  présentait  jusqu’ici  a  vos  suffrages 

Nos  anciens  adversaires  avaient  du  courage  à  dire  hautement  ce  quils  étaient  et  a  dé¬ 
fendre  ouvertement  leurs  traditions.  ....  .  .  ,  • 

Nombre  d’entre  vous,  gagnés  par  leur  fierté,  allaient  a  eux  par  honneur  de  les  suivre 

sous  leurs  drapeaux.  Aujourd’hui,  les  nationalistes  cherchent  a  grouper  les  mécontents  et 
surtout  à  tourner  les  populations  contre  la  République  en  lui  attribuant  les  crises  écono¬ 
miques  de  toutes  sortes  dont  souffrent  leurs  intérêts  matériels. 

q  A  ies  entendre,  c’est  elle  qui  est  responsable  de  la  lourde  charge  que  fait  peser  sur 

V°U  S  Vous  tous^  sou  viendrez  que,  si  lourde  qu’elle  soit,  la  Dette  publique  représente  encore 
le  moindre  des  sacrifices  imposés  à  la  France  par  les  défaites  du  second  Empire. 


Ils  s'appliquent  à  démontrer  que  PÉtat  court  à  la  faillite,  Vous  savez  que  jamais  son 
crédit  n'a  été  plus  recherché  des  nations  européennes* 

Parlent-ils  aux  vignerons,  ils  veulent  leur  persuader  que  les  intermédiaires  prélèvent 
sur  eux  des  bénéfices  illicites  et  que  le  Gouvernement  les  favorise* 

Mais  dans  les  villes,  ils  louent  les  intermédiaires  et  vouent  à  leur  haine  un  Gouverne¬ 
ment  qui  ne  pense  qu’à  protéger  les  populations  agricoles* 

Ils  ne  tiennent  compte,  quand  ils  recherchent  votre  voix,  ni  de  la  lutte  des  intérêts,  ni 
des  risques  que  la  nature  impose  à  tous  ceux  qui  travaillent  dans  les  villes  et  dans  les 
champs,  ni  de  la  concurrence  des  produits,  ni  de  la  surabondance,  ni  de  la  pénurie  des 
récoltes. 

Ges  éléments  et  ces  risques,  vous  les  connaissez  et  vos  savez  que  si  les  lois  ont  des 
effets  qui  ne  sont  point  négligeables,  elles  ne  suffisent  pas  à  tout  expliquer,  qu’elles  sont, 
du  reste,  essentiellement  susceptibles  de  retouches.  Vous  vous  dites,  par  exemple,  que 
pour  remédier  aux  inconvénients  du  régime  des  baissons,  vous  seriez  bien  naïfs  de  confier 
le  soin  de  le  remanier  à  des  hommes  qui,  représentant  des  régions  en  opposition  d’intérêts, 
ne  s'entendraient  pas  du  tout  pour  résoudre  le  problème  de  la  mévente  des  vins,  mais  s'en¬ 
tendraient  fort  bien  pour  détruire  l’école  laïque  et  l'œuvre  démocratique  de  la  République. 

Enfin,  votre  vote  s’inspirera  d’une  autre  pensée. 

Ceux  qui  vous  parlent  uniquement  de  vos  intérêts  matériels  n’essaient  pas  seulement  ■ 
de  vous  duper,  il  vous  font  aussi  l’injure  de  méconnaître  votre  culture  morale  et  votre 
besoin  d’élargir  les  conquêtes  de  l’esprit  de  Justice  et  de  Solidarité.  Le  premier  devoir  de  t 
voire  élu  est  cependant  de  s’associer  étroitement  aux  aspirations  et  à  Fexistenee  Intellec¬ 
tuelle  du  peuple.  Je  m'y  suis  toujours  mêlé. 

L’œuvre  des  communes,  leurs  mutualités,  les  sociétés  de  toutes  natures  par  lesquelles 
elles  rendent  plus  vivantes,  plus  fraternelles,  les  relations  des  fils  de  la  même  cité  m’ont  ! 
toujours  trouvé  prêt  h  les  encourager  et  à  les  défendre. 

J’ai  conscience  de  n’avoir  négligé  aucun  de  vos  intérêts  moraux  ûu  matériels. 

Vous  avez  mis  à  l’epxeuve  mon  dévouement.  Je  le  mets  de  nouveau  à  votre  service  et 
au  service  de  la  République  démocratique. 

Pierre  BAUDIN,  Député  sortant. 
Ministre  des  Travaux  publics. 


lrc  circonscription  de  BOURG 
M.  AUTHIER 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  7,509  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Le  deuil  qui  est  venu  m'atteindre  m’a  empêché  de  soutenir,  comme  ie  l’aurais  voulu  i* 

‘f  6  “,0rl1,8'  S  "f  "“>■  11  <>“  mi»,  créé  entre  nous  J  lion  de  plue  â 

sympathie  si  touchante  dont  vous  m’avez  entouré.  1  1 

.  Comment  pourrais-je  oublier  de  pardi  s  témoignages,  et  ne  pas  me  sentir  plus  cme 
jamais  attache  a  notre  pays,  a  ses  aspirations,  à  ses  besoins,  à  tous  ses  chers  intérêts  ? 

J  y  ai  donne  jusqu’à  présent  sans  réserve  mes  forces,  mon  activité.  Tout  en  venant  au 
milieu  de  vous  chaque  fois  que  vous  m’y  appeliez,  je  n’ai  demandé  aucun  congé,  j’ai  prfe 


_  8 


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part  S  loua  les  travaux  de  la  Chambre,  séances  et  commissions,  l'ai  coDSCionce  d'avoir  veillé 

“TlrréT^e"!  q?e'?»r'is  avec  la  volonté  de  rester  fldéle  à  nos  principes  eide 

les  dépenses  «lilas,  mais  en  exigeant 
les  黄omLTaî-ôn, labiés  il  en  repoussant  les  dépenses  qui  ne  cadraient  pas  avec  une 
sageTdmi'nistrmion  de  nos  nuances,  comme  par  exemple  les  millions  de  la  marine  mar- 

rhanrtp  ou  ceux  des  nouvelles  voies  navigables.  r  .  .. 

Ceux-là  mentent  qui  vous  disent  que  la  question  des  impôts  a  trouve  notre  vigilance 
en  défaut  Tous  les  représentants  de  l’Ain  ont  voté  contre  cet  amendement  Le  Moigne  qui 
apportait  une  surcharge  à  notre  département,  et  pour  le  dégrèvement  qui  en  a  été  la 

““‘“intérêts  commerciaux  et  agricoles.  -  J’ai  la  satisfaction  do  vous  le  dire,  plusieurs  des 
réformeTquede  vous  avais  signalées,  il  y  a  un  an,  comme  nécessaires,  sont  aujourd  hui 
réalisées.  Des  lois  ont  amélioré  la  situation  agricole.  Des  lois  ont  mis  ûn  aux  faveuis, 
abus  aux  fraudes  qui  venaient  peser  sur  le  marché  de  nos  blés  et  de  nos  vins. 

Très  importante  déjà,  puisqu’elle  vous  a  donné,  avec  des  améliorations  comme  les  ré¬ 
formes  hypothécaire  et  successorale,  la  paix  et  la  prospérité  que  vous  chercheriez  eu  vain 
aussi  complètes  chez  certaines  autres  puissances  monarchiques  de  1  Europe,  très  impôt  - 
tante  déjà'  l’œuvre  de  la  dernière  Chambre  n’a  pu  embrasser  des  projets  dont  vous  attendez 
la  Réalisation,  c  mime  le  service  militaire  de  deux  ans,  la  suppression  ou  la  diminution  des 

28  6  Ces  projets  doivent  rester  à  notre  nouveau  programme  avec  toutes^  les  revendications 
de  notreparti  :  défense  de  la  société  civile  contre  les  empiètements,  d’ou  qu  ils  viennent 
—  solution  du  problème  de  renseignement  pour  établir  l’unité  morale  de  .a  natio 
Pénalité  des  enfants  devant  l’instruction,  -  lois  d’assistance  et  de  prévova  ice  socia  es 
nour  aësùreraux  travailleurs  des  campagnes  et  des  villes,  à  tous  les  humbles  a  tous  les 
malheureux,  les  secours  de  la  maladie  et  les  retraites  de  la  vieillesse,  lo.s  d  affaires  qui 

nroté^eront  le  commerce  6t  1  agriculture,  etc.  v  .  .  •  « 

P  A  quoi  bon  allonger  cette  énumération?  Un  bon  programme  est  fait  bien  moins  de 
JS,™  à  I»  conscience  et  <le  l'énergie  qn'on  „,et  à  le  Mm.  Vous  m  ave*  vu 
M  oeuvre ’itous  savez  maintenant  ce  que  je  puis  mettre  .le  fermeté  a  vous  représenter  et 
de  dévouement  à  servir  vo«  intérêts  particuliers  comme  ami  et  comme  conseil. 


Mes  chers  Concitoyens, 

C’est  dans  ces  sentiments  que  je  vous  demande  de  fake  triompher  une  se^ndéf^ 

sur  mon  nom  la  République,  d’une  part  en  écrasant  les  reactions  coalisées,  de  1  autre,  en 

réprouvant  le  mouvement  qui  conduit  à  la  suppression  de  ce  que  le  travail  de  chacun  de 

vmis  a  constitué  de  plus  intangible  et  de  plus  sacré  :  la  propriété. 

Je  saurai  faire  mon  devoir.  Électeurs  républicains  faites  aujourd'hui  le  votre  en  dehors 
de  tout  calcul  d’intérêt  privé,  sous  la  seule  et  haute  inspiration  de  votre  foi  au  progrès 
de  votre  amour  du  pays. 


Vive  la  République  ! 


V.  AUTH1ER, 

Conseiller  général,  maire  de  Trcffort, 
Député  sortant. 


2e  circonscription  de  BOURG. 


M.  HERBET, 

Élu  au  ioï  tour  de, scrutin*  —  S. 4SI  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Je  viens  solliciter  Phonneur  de  vous  représenter  pour  la  quatrième  fois  à  la  Chambre 
des  Députés, 

Je  n’ai  pas  besoin  de  vous  faire  une  profession  de  foi  républicaine;  vous  connaissez  mes 
opinions;  elles  tf.ént jamais  varié. 

Je  tiens  cependant  à  vous  répéter  que  je  m'associerai  à  toutes  les  lois,  a  toutes  les 
mesures  qui  auront  pour  but  :  l'étude  des  réformes  démocratiques  —  la  réalisation  d'éco¬ 
nomies  —  la  réforme  générale  de  l'impôt  —  la  répartition  plus  équitable  des  charges  qui 
doivent  peser  sur  la  richesse  et  le  superflu  —  la  réforme  de  l'enseignement  —  la  diminu¬ 
tion  des  frais  de  justice  —  l'étude  des  problèmes  sociaux  en  répudiant  les  théories  collec¬ 
tivistes  —  la  création  des  caisses  de  retraite  pour  les  ouvriers  des  villes  et  des  cam¬ 
pagnes,  pour  les  vieillards  et  les  invalides  du  travail  —  le  développement  de  l'enseigne¬ 
ment  et.  du  crédit  agricoles  —  le  maintien  des  droits  de  douane. 

ious  les  vrais  Républicains  de  la  2e  circonscription  de  Bourg  affirmeront  leur  foi  répu¬ 
blicaine  le  27  avril  en  se  comptant  sur  mon  nom. 

Pas  d’abstentions  et  vive  la  République  1 

Docteur  HERBET,  Député  sortant, 

Conseiller  général, 

Maire  de  Pant-de-Vaux. 


Circonscription  de  GEX 

M.  BIZOT 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin,  - —  3 .563  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

La  confiance  dont  vous  avez  bien  voulu  m’honorer  en  1889,  en  1893  en  1898  m’impose 
le  devoir  de  défendre  les  intérêts  du  Pays  de  Gex  dans  un  moment  des  plus  critiques  de 
notre  histoire,  de  vous  demander  le  renouvellement  du  mandat  législatif  pour  achever  les 
réformes  politiques  et  les  améliorations  locales  commencées. 

Adversaire  irréductible  d’une  politique  de  réaction,  de  recul,  de  piétinement  ou  de 
promesses  irréalisables,  je  continuerai  à  soutenir  la  politique  de  réformes  démocratiques  et 
je  combattrai  toutes  les  coalitions  dissimulées  sous  le  masque  patriotique,  formées  contrôla 
République. 


—  7  — 


N°  1162 


le  suis  partisan  de  la  loi  sur  les  associations  et  de  l’abrogation  de  la  loi  Falloux  pour 
donner  à  nos  institutions  le  droit  et  la  liberté  de  se  défendre, 

restitue  que  l’instruction  si  répandue  maintenant  permet  de  réduire  le  service  militaire 

à  deux  ans,  égal  pour  tous. 

Je  poursuivrai  énergiquement  : 

1°  La  révision  de  la  loi  sur  les  alcools  ; 

2°  Les  dispositions  légales  nécessaires  pour  propager  le  crédit  agricole,  développer  les 
sociétés  mutuelles  de  secours  pour  les  personnes  et  la  propriété  ; 

3°  L’étude  pratique  et  Inapplication  définitive  de  l’impôt  sur  le  revenu  ; 

4°  La  constitution  des  retraites  des  ouvriers  des  villes  et  des  campagnes  avec  cotisations 
des  intéressés  et  subventions  de  l’Etat, 

Relativement  aux  affaires  spéciales  du  Pays  de  Gex  ; 

Je  poursuivrai  avec  la  ténacité  que  vous  me  connaissez  : 
r  Le  complément  de  notre  réseau  ferré,  chemin  de  fer  et  tramways  ; 

2°  Le  maintien  de  la  zone  ; 

3°  L’extension  des  industries  dans  notre  pays  avec  garantie  pour  les  droits  de  douane 
et  toutes  les  conséquences  heureuses  pour  nos  compatriotes  ;  ^  ^ 

kû  La  réciprocité  de  traitement  économique  avec  nos  voisins,  conformément  à  Pespnt 

du  traité  de  1815. 

Électeurs  ; 

Vous  me  connaissez  ;  j’ai  la  conviction  d’avoir  fidèlement  rempli  mon  mandat,  doublé 
de  questions  spéciales,  difficiles,  auxquelles  j’ai  consacré  les  meilleures  années  de 

ma  vie.  .  .  , 

A  vous  de  répondre  si  vous  voulez  que  je  mette  encore  a  défendre  activement  vos  inté¬ 
rêts  politiques  et  spéciaux,  l’expérience  acquise  provenant  de  la  confiance  sans  interrup¬ 
tion  que  vous  m’avez  accordée,  ^ 

Je  fais  appel  à  tous  les  républicains  et  à  tous  les  Gessiens,  je  n  ai  quune  ambition, 

celle  d’être  utile  à  la  République,  à  mes  concitoyens,  à  mon  pays. 

Vive  la  République  î 

Vive  notre  cher  pays  de  Gex! 

Eugène  BIZOT,  Député  sortant, 
Conseiller  général  de  l’Ain. 


—  8 


Circonscription  de  NANTUA 

M.  CHANAL 

Élu  au  2®  tour  de  scrutin*  —  6*689  voix* 


Mes  chers  Concitoyens, 

A  l'heure  où  tous  les  ennemis  de  la  République  tentent  contre  elle  un  suprême  effort, 
le  parti  républicain  a  pensé  qu'il  était  nécessaire  de  rétablir  Fanion  dans  les  rangs  de  la 
Démocratie.  ? 

Enfant  de  nos  montagnes,  j'ai  vécu  au  milieu  de  vous  et  je  connais  vos  besoins  et  vos 
aspirations*  Appartenant  par  mes  origines  à  ce  vieux  parti  républicain  qui  a  été  développé 
et  fortifié  dans  notre  arrondissement  par  des  hommes  dont  le  souvenir  nous  est  précieux, 
fai  ou  le  grand  honneur  de  me  voir  sollicité  d'être  le  candidat  de  la  concentration  et  de 
défense  républicaine* 

le  viens  donc,  à  ce  titre,  me  proposer  à  vos  suffrages*  Mon  programme  sera  bref,  car 
j7estime  qu’on  doit  assez  de  respect  au  suffrage  universel  pour  ne  lui  promettre  que  ce  qui 
est  réalisable  pendant  la  durée  du  mandat  législatif* 

Préoccupé  de  la  défense  des  intérêts  économiques  de  notre  arrondissement,  je  crois 
qu'il  est  urgent  de  modifier  la  loi  sur  les  bouilleurs  de  cru,  afin  d'arriver,  tout  eu  sauve¬ 
gardant  les  linances  de  1  État,  à  ne  point  priver  d’une  légitime  source  de  revenus  l'agri~ 
culture  qui  traverse  encore  aujourd'hui  une  crise  redoutable,  et  à  faire  disparaître  ces  for¬ 
malités  administratives,  qui  exposent  à  des  ennuis  les  producteurs  dont  la  bonne  foi  est 
entière* 

Le  régime  forestier  doit  être  également  amélioré  pour  permettre  aux  communes  d’em¬ 
ployer  plus  librement  et  sans  être  empêchées  par  l'Administration  leurs  revenus  dispo¬ 
nibles  à  des  œuvres  d’utilité  publique* 

H  est  nécessaire  de  fortifier  P  autorité  de  l'État  à  l’égard  des  Compagnies  de  chemins 
de  fer  pour  obtenir  que  nos  voies  ferrées  contribuent  avec  plus  d’elficacité  au  développe¬ 
ment  de  la  richesse  nationale*  Je  suis  partisan  de  l'abrogation  de  ces  tarifs  dits  de  pénétra¬ 
tion  qui  permettent  aux  produits  étrangers  d'envahir  nos  marchés  en  payant  des  frais  de 
transport  moindres  que  ceux  que  supportent,  dans  l'intérieur  de  la  France,  les  produits  de 
notre  sol  et  de  notre  industrie* 

Républicain  résolu,  je  prétends,  avec  lés  meilleurs  républicains  de  la  Chambre  et  du 
Sénat,  qu'iî  faut  cesser  toute  politique  d'équivoque*  Le  régime  démocratique  auquel  nous 
devons  toutes  nos  libertés  et  d'inappréciables  bienfaits,  doit  s'élever  au-dessus  de  toutes 
compétitions  et  persister  dans  sa  marche  en  avant. 

Pour  prévenir  tout  retour  en  arrière  et  faire  triompher  définitivement  les  principes  de 
89,  il  me  paraît  donc  indispensable  : 

1°  De  veiller  a  la  suprématie  du  pouvoir  civil  sur  tout  autre  pouvoir; 

2  D  assurer  1  application  intégrale  de  la  loi  sur  les  congrégations  dont  la  richesse 
scandaleuse  et  toujours  croissante  constitue  un  danger  pour  la  fortune  publique  et  la  sécu¬ 
rité  nationale  ; 

3°  D'abroger  la  loi  Falloux  et  d'arriver,  par  un  contrôle  efficace  de  l'État  sur  tous  les 
établissements  d  insftdction,  à  faire  disparaître  la  cause  des  haines  qui  divisent  notre 
pays; 

k°  D’établir  le  service  militaire  de  deux  ans,  égal  pour  tous. 


N?  1162 


—  9  — 

Partisan  des  œuvres  de  solidarité  sociale,  je  travaillerai,  avec  l’aide  de  la  protection  de 
l’État  à  la  création  et  à  l'extension  des  caisses  de  retraites  pour  les  ouvriers  de  l’agnçul- 
ture  et  de  l’industrie,  comme  au  développement  de  toutes  les  institutions  de  mutualité 
ayant  pour  objet  d’assurer  plus  de  sécurité  aux  travailleurs  (accidents,  mortalité  du 

Enfin,  l’un  des  principaux  soucis  de  vos  représentants  doit  être  a  apporter  plus  de 
justice  et  d’égalité  dans  la  répartition  des  charges  publiques.  L’établissement  de  l’impôt 
sur  le  revenu  permettra  la  suppression  de  la  contribution  foncière,  de  la  cote  personnelle- 
mobilière,  des  taxes  sur  les  portes  et  fenêtres,  le  dégrèvement  des  objets  de  première 
nécessité,  l’abolition  de  la  prestation  en  nature.  . 

Ce  programme,  si  modeste  qu’il  soit,  peut  suffire  à  une  législature.  C’est  celui  que  je 
soutiendrai  énergiquement  si  vous  m’honorez  de  votre  confiance. 

Pour  triompher  de  l’éternel  ennemi  de  la  République,  qui  essaye  de  relever  la  tête  et 
reparaît  sans  cesse  sous  un  masque  toujours  nouveau,  pour  lui  infliger  une  irrémédiable 
défaite,  que  faut-il?...  l’union  et  la  concentration  de  toutes  les  forces  du  parti  républicain. 
Le  jour  où  nous  aurons  fait  cesser  parmi  nous  les  divisions,  nous  serons  invulnérables. 

Électeurs  républicains, 

Si  vous  me  confiez  le  mandat  de  vous  représenter  à  la  Chambre,  je  saurai  faire  tout 

mon  devoir.  En  toutes  circonstances,  vous  pourrez  compter  sur  mon  dévouement  le  p  us 
absolu  à  vos  intérêts,  à  ceux  de  notre  cher  arrondissement,  comme  aux  intérêts  supérieurs 
de  la  République  et  de  notre  société  démocratique. 

Vive  la  République  ! 

Eugène  CHANAL, 

Avocat,  Conseiller  général  du  canton  de  Chàtillon-de-Micliaille, 
Candidat  républicain  radical. 


Circonscription  de  TRÉVOUX 

M.  Alexandre  BÉRARD 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  13.760  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

En  1893  et  en  1898,  quand  vous  m’avez  fait  l’honneur  de  m’élire,  je  vous  avais  promis 
de  me  consacrer  tout  entier  à  la  défense  de  la  cause  républicaine  et  démocratique  et  a  la 

défense  des  intérêts  de  notre  arrondissement:  j’ai  tenu  parole. 

En  un  travail  assidu  au  Palais-Bourbon,  j’ai,  dans  la  mesure  de  mes  forces,  collabore 
tout  à  la  lois  à  l’œuvre  de  défense  républicaine,  aux  lois  d’amélioration  sociale,  aux  lois 
intéressant  l’armée  et  la  défense  nationale,  comme,  sur  les  bancs  de  la  Commission  du 
bud-œt  —  dont  je  n’ai  cessé  de  faire  partie  durant  toute  la  législature  —  j  ai  été  un  des 
plus° ardents  à  lutter  pour  faire  des  économies  dans  les  finances  publiques.  .  ' 

P  Je  me  suis  occupé,  avec  toute  l’activité  que  je  pouvais  déployer,  de  tous  les  intérêts  de 
notre  région.  J’ai  rendu  service  à  tous,  comme  je  me  suis  efforce,  en  toute  matière,  écoles, 
travaux  publics,  postes,  routes,  voies  ferrées,  service-incendie,  etc.,  de  faire  obtenir  satis¬ 
faction  à  toutes  les  communes. 


2 


Représentant  un  arrondissement  agricole,  je  me  suis  occupé  d’une  façon  toute  particu¬ 
lière  de  toutes  les  questions  soumises  aux  délibérations  de  la  Chambre  et  intéressant 
l’agriculture.  En  ce  qui  concerne  notre  arrondissement,  j’ai  pu  faire  aboutir  plusieurs 
mesures  utiles  à  nos  cultivateurs. 

J’ai  obtenu,  notamment,  le  dégrèvement  de  l’impôt  de  l’évolage  sur  les  étangs  dessé¬ 
chés,  qui  pesait  d’une  façon  inique  depuis  près  d’un  demi-siècle  sur  nos  agriculteurs,  et,  à 
la  demande  d’un  grand  nombre  d’intéressés,  j’ai  fait  aboutir  la  loi  sur  les  étangs,  qui  permet 
à  nos  cultivateurs  d'exploiter  leurs  terres  au  mieux  de  leurs  intérêts. 

J’ai  été  l’un  des  plus  actifs  promoteurs  de  toutes  les  améliorations  apportées  à  l’élevage 
du  cheval  dans  notre  arrondissement.  Sur  mes  actives  démarches,  des  stations  d’étalons  de 
l'État  ont  été  créées  sur  tous  les  points  de  nos  cantons  et,  à  l’heure  actuelle,  des  reproduc¬ 
teurs  d’une  qualité  inconnue  jusqu’ici  sont  à  la  disposition  de  nos  éleveurs.  Je  demande 
qui  eût  fait  plus  pour  l’agriculture  de  la  Dornbes  ? 

Républicain  et  démocrate,  j’ai  toujours  été;  républicain  et  démocrate,  je  continuerai  à 
soutenir  la  politique  de  défense  républicaine  contre  tous  les.  adversaires  coalisés  de  la 
République  et  à  soutenir  la  politique  de  réformes  démocratiques  et  sociales. 

Je  suis  partisan  de  la  liberté  de  conscience,  voulant  le  respect  égal  et  scrupuleux  des 
croyances  philosophiques  et  religieuses  de  tous,  comme  je  suis  partisan  de  la  loi  sur  les 
associations  et  de  l’abrogation  de  la  loi  Falloux. 

Je  suis  partisan  de  la  répartition  plus  équitable  de  l’impôt,  qui  pèse  trop  lourdement 
sur  tes  classes  laborieuses.  Adversaire  d’impôts  nouveaux,  je  suis  pour  les  rigoureuses 
économies  budgétaires. 

il  faut  établir  le  service  militaire  de  deux  ans  égal  pour  tous. 

Poursuivant  l’œuvre  commencée  dans  la  loi  sur  les  sociétés  de  secours  mutuels  et  celle 
sur  les  pensions  aux  vieillards  indigents  ou  infirmes  —  lois  dont  j’ai  eu  l’honneur,  à  la 
Commission  d’assurance  et  de  prévoyance  sociales,  d’être  un  des  collaborateurs,  —  il  faut 
faire  la  loi  sur  les  retraites  ouvrières,  il  faut  la  faire  pour  tous,  ouvriers  des  villes  et  des 
champs,  avec  les  colisations  des  intéressés  et  les  subventions  de  l’État. 

C  est  à  tous  les  républicains  sans  distinction  de  nuancés  que  je  fais  appel. 

La  lutte,  aujourd’hui,  est  la  même  que  celle  que,  depuis  trente  ans,  le  parti  républicain 
n  a  cessé  de  livrer  contre  la  coalition  des  ennemis  de  la  République  et  de  la  démocratie  ;  la 
lutte  est  la  même  qu’au  temps  de  l’ordre  moral  et  au  temps  du  boulangisme  ;  c’est  la  même 
que  celle  que,  au  Seize-Mai,  avec  Gambetta,  les  363  engageaient  contre  les  monarchistes, 
les  réactionnaires  et  les  cléricaux.  C’est  le  même  parti  de  réaction  que  nous,  les  républi- 
cains,  nous  avons  en  face  de  nous. 

Tous  les  républicains  d’un  côté,  tous  les  réactionnaires  —  et  les  seuls  réactionnaires  — 
de  autre:  cest  la  même  situation  dans  notre  arrondis semeut  qu’en  1877  et  en  1889. 

-Pour  la  République,  pour  lu  liberté,  pour  la  démocratie,  pour  la  patrie,  c’est  à  tous  les 
républicains  que  ]e  fais  appel.  ’ 

Vous  me  connaissez  :  si  j’ai  fait  mon  devoir  de  bon  républicain,  de  bon  démocrate,  de 
bon  Dombiste,  vous  me  renommerez,  ayant  la  certitude  par  le  passé  que,  demain,  je 

Pr  l!^’"ei  àla  ptimbes,  je  vous  donnerai,  mes  chers  conci¬ 
le  ts,  comme  hier,  tout  mon  temps,  toute  mou  activité,  toute  ma  vie. 

Vive  la  République  I 


Alexandre  BÉRARD, 

Vice-président  du  Conseil  général  de  l’Ain, 
*Dèputé  sortant,  candidat  républicain. 


AISNE 


Circonscription  de  CHATEAU-THIERRY 

M.  MORLGT 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  7.fi00  voix. 


Messieurs  et  chers  Concitoyens, 

Pour  la  troisième  fois,  je  viens  solliciter  l’honneur  de  vous  représenter  à  la  Chambre 
des  Députés  et,  pour  la  troisième  fois,  je  vous  prie  de  juger  ma  candidature  sur  mes  décla- 
raiions  et  non  pas  sur  les  épithètes  dont  la  qualifie  la  perfidie  de  mes  adversaires. 

Pour  fixer  les  positions  et  dissiper  les  équivoques,  je  dois  d’abord  déclarer  que  je  reste 
résolument  attaché  aux  principes  de  la  propriété  individuelle  et  que  je  ne  suis  pas  collec¬ 
tiviste.  Je  n’en  pense  pas  moins  que  les  problèmes  sociaux  ont  besoin  d’ètre  étudiés  avec 
passion  et  que  tous  nos  eiïorts  sur  ce  point  doivent  être  orientés  vers  les  solutions 
pratiques  et  immédiates,  basées  tout  à  la  fois  sur  le  respect  des  droits  de  1  individu  et 
l’esprit  de  solidarité  sociale. 

D’autre  part,  je  n’ai  pas  besoin  de  dire  que  je  suis  l’adversaire  déclaré  de  toutes  les 
réactions,  quel  que  soit  d’ailleurs  le  masque  sous  lequel  elles  se  dissimulent.  Que  1  étiquette 
soit  monarchiste,  nationaliste  ou  progressiste,  c’est  toujours  la  réaction. 

Appuyé  sur  le  congrès  des  associations  républicaines,  je  défendrai  énergiquement  le 
programme  qu’elles  ont  élaboré  et  qui  renferme  toutes  les  revendications  du  vieux  parti 
républicain. 

Je  demanderai  donc  avec  elles  la  dénonciation  du  concordat,  la  suppression  du  budget 
des  cultes  et  le  vote  des  mesures  propres  à  assurer  pour  tous  l’entière  liberté  de  conscience; 
la  décentralisation  administrative,  l’impôt  sur  le  revenu,  un  système  d’assistance  pour  les 
invalides  et  les  vieillards,  et  la  constitution  d’une  caisse  de  retraites  pour  les  ouvriers  de 
l’usine  et  des  champs. 

Je  m’ associerai  également  à  leurs  revendications  concernant  la  réduction  du  service 
militaire  à  deux  ans,  avec  suppression  de  toutes  les  dispenses,  et  la  réforme  constitu¬ 
tion  uelle*  Je  voudrais  encore  que  la  Chambre  des  Députés,  élue  pour  six  années,  se  renou- 
vêlât  par  tiers;  ce  serait  une  mesure  excellence  pour  la  stabilité  du  régime,  la  continuité 
du  travail  législatif  et  la  bonne  gestion  des  finances;  l’ajoute  que  les  Députés  devraient 
s'imposer  de  ne  point  proposer  de  nouvelles  dépenses  par  voie  budgétaire. 

Je  dois  encore  dire  qu'il  ne  me  paraît  pas  possible  de  laisser  subsister  les  derniers 
vestiges  de  la  loi  Falioux.  L’État  a  le  droit  de  prendre  en  main  la  direction  de  renseigne¬ 
ment  primaire  et  secondaire  et  d'assurer  seul  ce  service,  sous  la  condition  d’exercer  ce 
droit  dans  la  plus  stricte  neutralité  confessionnelle. 


—  12  — 


Au  point  de  vue  économique,  je  reste  attaché  aux  doctrines  protectionnistes  dont 
moins  que  jamais  nous  ne  devons  nous  départir,  par  ce  temps  de  surproduction,  si  nous 
tenons  à  réserver  le  marché  national  h  nos  produits.  Est-il  utile  d’ajouter  qu’au  moment  ou 
viendraient  en  discussion  les  résolutions  de  la  conférence  de  Bruxelles,  je  m’associerais  à 
toutes  les  mesures  susceptibles  de  sauvegarder  les  intérêts  de  l’industrie  sucrière,  et  no¬ 
tamment  à  îa  proposition  de  réduction  du  droit  de  consommation, qui  aura  le  double  avan¬ 
tage  de  diminuer  le  prix  du  sucre  tout  en  développant  les  débouchés  nationaux? 

3e  tiens  aussi  à  déclarer  que  je  reste  partisan  du  droit  accordé  à  nos  vignerons  de 
distiller  leurs  fruits  el  marcs  en  franchise  et  que,  d’autre  part,  je  suis  absolument  opposé 
à  rétablissement  des  droits  différentiels  sur  les  alcools. 

À  ces  déclarations,  suffisantes  pour  vous  éclairer  sur  la  ligne  de  conduite  que  je  sui¬ 
vrais,  je  n'ajouterai  aucune  promesse  si  ce  n’est  celle  de  ma  bonne  volonté  et  de  mon  désir 
de  bien  faire. 

Dédaignant  jusqu’au  bout  les  attaques  dont  je  puis  être  l’objet,  je  ne  répondrai  à 
aucune,  comptant  sur  le  bon  sens  des  républicains  pour  en  faire  justice.  le  iVai  donc  plus 
rien  à  dire  et  c’est  plein  de  confiance  dans  la  victoire  de  la  cause  républicaine  que  j’attends 
le  résultat  du  scrutin* 

Vive  la  France  î  Tive  la  République  1 

E,  MORLOT, 

Député  sortant, 

Candidat  du  congrès  des  associations  républicaines. 


lï0  circonscription  de  LAON 
M.  ERMÂNT 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  10.38/j  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Pour  la  troisième  fois,  j’ai  l'honneur  de  solliciter  vos  libres  suffrages. 

Mon  programme  républicain  est  resté  le  même. 

Il  tient  tout  entier  dans  ces  mots  :  Liberté,  patriotisme,  progrès  social,  ayant  pour  co¬ 
ronaires  la  liberté  de  conscience,  la  liberté  d’enseignement,  la  liberté  individuelle* 

Partisan  de  l’amélioraiion  progressive  du  sort  des  humbles,  je  défends  foutes  les  œuvres 
de  solidarité  humaine;  je  réclame  Inorganisation  des  retraites  ouvrières  basée  sur  le  prin¬ 
cipe  de  la  mutualité  qui  a  donné  déjà  des  résultats  si  féconds. 

La  souillon  des  grands  problèmes  sociaux  et  les  réformes  des  inégalités  de  notre 
régime  fiscal  lui-même  exigent  des  finances  prospères.  Or,  la  situation  de  ce  pays  impose 
l’obligation  rigoureuse  de  pratiquer  le  régime  des  économies. 

Est-il  en  elfet  possible  de  ne  pas  voir  que  notre  budget  grossit  d’année,  en  année,  et 
qu’il  s'élève  maintenant  à  plus  de  3  milliards  et  demi  ?  Continuer  dans  cette  voie  néfaste 
des  dépenses  exagérées  et  des  impôts  toujours  croissants,  serait  mener  Je  pays  à  la  faillite 
et  b  la  ruine. 

Défenseur  résolu  du  salaire  des  travailleurs  des  champs,  de  Batelier  et  de  l’usine,  sa- 


N°  1162 


—  13  — 

laire  si  intimement  lié  à  la  prospérité  de  l’agriculture  et  de  nos  industries  régionales,  je 
déplore  que  les  départements  du  Nord  soient  trop  souvent  sacrifiés  à  ceux  du  Midi. 

Je  désire  la  réduction  du  service  militaire  dans  toute  la  mesure  qui  sera  compatible 
avec  les  intérêts  de  la  Patrie. 

Il  importe  que  l’armée  demeure  forte  et  scs  chefs  respectés.  Cette  armée  nationale, 
appelant  sous  le  drapeau  tricolore  tous  les  fils  de  France,  reste  la  sauvegarde  et  l’honneur 
de  la  République. 

Enfin ?  fidèle  aux  doctrines  du  grand  patriote  Henri  Martin,  je  pense  que  la  République 
doit  être  la  chose  de  tous  et  non  la  proie  de  quelques-uns, 

C’est  sur  ce  large  terrain  de  concorde,  de  paix  des  consciences,  de  progrès  démocra¬ 
tique,  que  je  convie  tous  les  bons  citoyens,  ceux  qui  veulent  conserver  à  la  France  le  Gou¬ 
vernement  quelle  s'est  librement  donné  et  que  j3ai  toujours  fidèlement  servi  *  la  Répu¬ 
blique. 

ERMÂNT,  Député  républicain, 

Conseiller  généra  1, 

Maire  de  Laon, 


2e  circonscription  de  LAON 
M.  Paul  DOUMER 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  11.522  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Les  Associations  républicaines  de  la  circonscription  et  un  grand  nombre  d'amis  ont  bien 
voulu  me  demander  de  me  présenter  à  vos  suffrages.  Ils  ont  pensé  que  mon  ancien  et  inal¬ 
térable  attachement  à  la  République,  les  services  qu'il  m'a  été  permis  de  rendre  au  pays, 
dans  les  fonctions  que  je  viens  d’occuper,  seraient  des  titres  à  votre  confiance. 

Ma  vie  et  mes  opinions  sont  trop  connues  de  vous  pour  que  j'aie  à  développer  un  pro¬ 
gramme,  pour  que  je  répète  ici  les  explications  ;que  j'ai  fournies  dans  les  réunions 
publiques. 

Serviteur  dévoué  de  la  Démocratie,  je  suis  resté  partisan  de  tous  les  progrès,  de  toutes 
les  réformes  basées  sur  la  Liberté,  sur  la  Justice,  sur  la  Solidarité  sociale,  sur  la  grandeur 
de  la  Patrie,  qui  sont  le  fondement  même  de  l'institution  républicaine. 

Si  j'ai  l'honneur  de  vous  représenter  au  Parlement,  je  travaillerai  énergiquement  à  les 
réaliser,  à  rendre  meilleure  la  gestion  des  finances  publiques;  mieux  ordonnés,  plus  actifs 
et  plus  féconds  le  travail  parlementaire  et  Faction  gouvernementale;  je  m'associerai  a 
toutes  les  mesures  capables  d'assurer  la  prospérité  de  F  agriculture  et  de  l'industrie  natio¬ 
nales;  je  défendrai  à  l'extérieur  une  politique  pacifique,  mais  active  et  fière,  qui  sauve¬ 
garde  nos  intérêts  et  nos  droits  et  fasse  jouer  à  la  France,  dans  le  monde,  le  rôle  qui 
convient  à  son  glorieux  passé  et  à  son  génie. 

Vive  la  République  ! 


Paul  DÜUMER. 


1™  circonscription  de  SAINT-QUENTIN 

M.  François  HUGUES 
Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  9.066  vois. 


Mes  chers  Compatriotes, 

Depuis  huit  ans,  j’ai  l'honneur  de  représenter  la  première  circonscription  de  Saint- 
Quentiu  à  la  Chambre  des  Députés.  C’est  avec  l’appui  unanime  des  républicains  que  je 
viens  vous  demander  le  renouvellement  du  mandat  dont  vous  m’avez  investi  en  1893  et 
en  1898. 

La  confiance  que  continue  de  me  témoigner  le  parti  républicain  tout  entier  prouve  que 
j’ai  fidèlement,  rempli  mes  engagements. 

Pendant  les  deux  dernières  législatures,  j’ai  soutenu  dans  la  mesure  de  mes  forces  les 
véritables  intérêts  de  notre  région. 

Dans  les  questions  agricoles,  notamment,  j’ai  défendu  la  cause  des  populations  des 
campagnes,  qui,  par  leur  travail  et  leur  patriotisme,'  assurent  la  richesse  et  la  grandeur  de 
la  France* 

J’ai  asso  lé  mes  efforts  à  ceux  des  représentants  de  la  région  du  Word  pour  faire 
obstacle  à  la  conférence  internationale  de  Bruxelles.  Si  la  convention  est  ratifiée  et  si  la  loi 
de  1884,  que  j’ai  toujours  défendue,  disparaît,  je  demanderai  des  mesures  propres  à  sauve¬ 
garder  les  intérêts  de  la  culture  et  de  l’industrie  métallurgique  de  Saint -Quentin,  sérieu¬ 
sement  menacés.  Le  projet  déposé  par  le  Ministre  des  Finances,  fixant  le  droit  de  consom 
mation  à  40  francs,  est  tout  à  fait  insuffisant;  il  h’y  a  qu’un  remède,  c’est  la  suppression 
totale  du  droit.  En  tout  cas,  le  moins  que  nous  puissions  exiger  est  la  réduction  au  taux  de 
20  francs  admis  par  des  pays  rivaux. 

Dans  1  ordre  fiscal,  j’ai  voté  contre  la  loi  sur  les  boissons  qui  a  causé  lé  déficit  du 
budget  et  surchargé  d’impôts  le  commerce  de  notre  région.  On  établira  la  justice  sans 
recourir  au  monopole  de  la  fabrication  de  l’alcool  par  l’État,  en  supprimant  radicalement  le 
privilège  des  bouilleurs  de  cru  ;  cette  réforme  s’impose;  elle  procurera  au  Trôsor  d’impor 
tantes  ressources  (100  millions)  permettant  de  combler  le  déficit  et  de  sr  primer  les 
licences.  Dans  ces  questions,  les  départements  du  Nord  ont  été  sacrifiés  aux  départements 
du  Centre  et  du  Midi,  par  le  Ministre  des  Finances;  nous  avons  pour  nous  le  bon  droit  ie 
ne  cesserai  de  demander  la  justice  et  l’égalité  dans  les  charges  pour  tous  les  Français  ’ 

En  ce  qui  concerne  les  impôts  directs,  j’ai  obtenu  le  vote  d’un  amendement  rcmédi  ,nt 
à  l’augmentation  de  la  cote  personnelle-mobilière. 

Mon  programme  reste  le  même,  je  demeure  partisan  d’une  réforme  fiscale  en 
dune  répartition  plus  équitable  de  l’impôt  direct  qui  pèse  inégalement  sur  les  citoyens 
les  petits  contribuables  devront  être  dégrevés.  '  ’ 

En  opérant  de  grandes  économies, les  finances  de  la  France  redeviendront  prospères  et 
il  conviendra  alors  de  résoudre  les  problèmes  de  l’assistance  sociale. 

Au  premiei  tang,  se  place  1  assistance  des  vieillards.  11  y  a  un  projet  tout  prêt  à  l’éla- 
borat  on  duquel  je  me  félicite  d’avoir  pris  une  part  active,  comme  membre  de  la  Commis¬ 
sion  d  assurance  et  de  prévoyance  sociales. 

Je  réclamerai  la  constitution  des  caisses  des  retraites  ouvrières,  basées  sur  la  mutualité 
et  subventionnées  par  FEtat.  ■ 

J’ai  voté  le  principe  de  la  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans  pour  tous. 


N°  1162 


m  — 


Cette  réforme  sera  possible  quand  une  loi  d'organisation  des  cadres  sera  préalablement 
intervenue. 

L/égalité  des  citoyens  devant  V impôt  du  sang  deviendra  à  ce  moment  une  réalité. 
L* armée  nationale,  gardienne  de  l’honneur  de  la  France,  doit  rester  forte  et  respectée. 

Los  travaux  de  la  législature  qui  vient  üe  finir  ont  été  entravés  par  les  luttes  stériles 
des  partis.  Le  nationalisme  et  le  collectivisme  ont  paralysé  la  bonne  volonté  de  la 
Chambre. 

Entre  ces  deux  partis  de  désordre,  il  faut  faire  place  à  une  politique  de  réformes 
sociales  également  respectueuse  de  la  liberté  et  de  la  propriété  individuelles. 

Cette  politique  sera  celle  du  parti  républicain  uni  contre  la  coalition  nationaliste  et  la 
tyrannie  collectiviste.  C'est  parce  que  fai  toujours  pensé  ainsi  que  j’ai  réprouvé  la  parti¬ 
cipation  d'un  socialiste  au  Gouvernement.  Cette  expérience  regrettable  a  alarmé  l'industrie 
.et  l’agriculture;  elle  a  porté  atteinte  à  la  prospérité  générale  et  causé  le  plus  grave  pré¬ 
judice  aux  ouvriers  privés  de  leurs  salaires  par  les  grèves,  lésés  par  des  essais  d'applica¬ 
tion  des  projets  collectivistes.  S’il  me  semble  juste  d'assurer  aux  employés  de  commerce 
de  toute  catégorie  le  repos  hebdomadaire,  j’esume  que  dans  les  professions  sujettes  à  des 
chômages  la  loi  doit  laisser  entière  la  liberté  des  travailleurs. 

Fidèle  serviteur  de  la  Patrie  et  du  régime  démocratique,  fermement  attaché  à  la 
liberté  de  conscience,  je  vous  demande,  mes  chers  compatriotes,  de  faire  triompher, 
sur  mon  nom,  les  idées  d'ordre  politique  et  de  progrès  social  qui  sont  celles  du  parti 
républicain. 


Vive  la  République  ! 


François  HUGUES,  Député  sortant. 


2e  circonscription  de  SAINT-QUENTIN. 

M.  DESJARDINS 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  8.753  voix. 


Mes  chers  Concitoyen  s? 

Pour  la  quatrième  fois,  je  viens  solliciter  vos  suffrages  avec  le  sentiment  d’avoir  pen¬ 
dant  la  dernière  législature  tenu  mes  engagements  et  accompli  mon  devoir. 

Républicain  sincère,  je  veux  une  République  nationale,  tolérante,  ouverte  à  tous,  res¬ 
pectueuse  de  toutes  les  libertés,  imprégnée  de  l’esprit  moderne  et  démocratique. 

Mon  ambition  est  de  représenter  tons  les  républicains  sages  et  modérés  qui  ont  senti 
la  nécessité  de  s’unir  pour  lutter  contre  le  péril  menaçant  du  collectivisme  et  contrôles 
dangers  non  moins  grands  du  radicalisme. 

Les  ouvriers  qui  me  connaissent  savent  que  jamais  je  ne  les  ai  trompés^  chaque  fois 
que  l'occasion  s’est  présentée  de  leur  être  utile,  fai  soutenu  leur  cause  avec  dévouement  et 
indépendance;  mais  ils  savent  aussi  que  je  réprouve  de  toutes  mes  forces  les  théories 
collectivistes  et  internationales  vers  lesquelles  les  meneurs  révolutionnaires  voudraient  les 
entraîner. 

La  mise  en  pratique  de  ces  théories  serait  pour  la  classe  ouvrière  le  plus  grand  des 
malheurs;  elle  amènerait  fatalement  la  misère,  la  guerre  civile  et  l'invasion  étrangère. 


—  1 D  — 


le  veux  le  respect  de  la  propriété  individuelle:  je  m’opposerai  à  toute  tentative  de 

I  fk  I  ■■  M  HÉ*--*  j-v  w 


veux 
socialisation. 

Je  veux  îa  liberté  du  travail  en  même  temps  que  Pamêlioratioji  morale  et  matérielle  du 
sort  des  travailleurs  dans  le  sens  le  plus  noble,  par  la  mise  en  pratique  de  la  solidarité  entre 
patrons  et  ouvriers. 

Je  veux  la  création  d’une  caisse  de  retraites  pour  les  ouvriers,  basée  sur  la  mutualité 
avec  subvention  de  l'État . 

Je  demanderai  une  stricte  économie  dans  les  dépenses,  et  les  modifications  nécessaires 
aux  impôts  de  consommation  qui  pèsent  plus  lourdement  sur  les  travailleurs  agricoles  et  les 
ouvriers. 

Je  yeux  une  répartition  plus  juste  des  impôts  directs,  notamment  la  suppression  de 
l’impôt  des  portes  et  fenêtres,  la  modification  de  la  contribution  mobilière-personnelle,  tout 
en  rejetant  l’impôt  global  et  progressif  sur  le  revenu,- instrument  de  spoliation  et  d’inquisi-; 
tion  qui,  frappant  à  la  fois  la  terre,  la  famille  et  le  travail,  serait  la  ruine  du  pays;  que 
ceux  qui  ont  peu  payent  peu,  que  ceux  qui  ont  beaucoup  payent  beaucoup,  voilà  comment 
je  comprends  la  réforme  fiscale. 

Il  est  une  autre  inégalité  que  je  veux  voir  disparaître.  La  loi  sur  le  recrutement  miïà  I 
taire  a  tellement  multiplié  les  cas  de  dispense  que  le  principe  de  Pégalité  est  faussé;  l’im¬ 
pôt  du  sang  doit  être  égal  pour  tous  les  Français  sans  exception,  persuadé  que  cette  réforme 
appliquée  sagement  ne  compromettra  en  Tien  la  solidité  de  notre  organisation  militaire, 
qui  est  pour  nous  la  condition  première  de  notre  existence  nationale. 

Je  veux  1  armée  forte,  au-dessus  de  toutes  les  passions  politiques,  les  chefs  respectés. 

\ous  qui  possédez  la  terre,  vous  qui  la  travaillez  péniblement,  vous  demandez  que 
l'agriculture  soit  protégée  et  vos  plaintes  grandissent  avec  vos  souffrances. 

Des  intérêts  agricoles  de  notre  région  ont  été  sacrifiés  par  la  Convention  de  Bruxelles, 
du  5  mars  dernier,  qui  est  un  véritable  désastre  pour  la  culture  de  la  betterave;  afin  de 
réparer  le  mal  qui  a  été  fait,  je  demanderai  que  le  droit  de  consommation  sur  le  sucre  soit 
diminué  progressivement  jusqu’à  sa  complète  disparition. 

La  loi  sur  les  boissons  votée  dans  la  dernière  législature  a  porté  aussi  un  coup  funeste 
aux  intérêts  de  nos  populations;  je  réclame  la  suppression  du  privilège  des  bouilleurs  de 
cru,  suppression  qui  amènerait  au  Trésor  assez  de  ressources  pour  compenser,  et  au  delà, 
les  dégrèvements  que  je  propose. 

En  ce  qui  concerne  vos  intérêts  privés,  vous  pouvez  être  assurés  que  vous  me  trouverez 
toujours  comme  par  le  passé  prêt  à  vous  rendre  service  dans  la  mesure  qui  appartient  à  un 
représentant  du  peuple  et  avec  toute  Pénergie  d’un  homme  qui  n’a  d'autre  ambition  que 
d’être  utile  à  ses  concitoyens. 

Je  vous  demande  de  faire  triompher,  en  me  donnant  vos  suffrages,  le  drapeau  tricolore 
sur  le  drapeau  rouge. 


Vive  la  France!  Vive  la  République! 


Jules  DESJARDINS,  Député  sortant. 


—  17 


N°  1162 


Circonscription  de  SOISSONS 
M.  MAGNIÀUDÉ 

Elu  au  2*  tour  de  scrutin,  —  8:998  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Il  y  a  quatre  ans,  vous  m’avez  fait  le  très  grand  honneur  de  me  choisir  pour  vous  repré¬ 
senter  à  la  Chambre  des  Députés, 

j’ai,  pendant  ces  quatre  années,  travaillé  opiniâtrement  a  la  réalisation  de  mon  pro¬ 
gramme  et  je  suis  resté  fidèle  à  mes  engagements. 

J’ai  soumis  notamment,  au  Parlement,  une  proposition  de  loi  tendant  à  l'établissement 
d’un  impôt  global  et  progressif  sur  le  revenu  et,  à  plusieurs  reprises,  j  en  aï  demandé  la 
mise  à  l’ordre  du  jour, 

La  Chambre  s’est  montrée  favorable  a  mes  demandes;  mais  les  événements  et  une 
obstruction  systématique  de  la  part  de  certains  députés  ont  réussi  à  retarder  cette  grande 
réforme,  faite  de  justice,  et  qui  ne  peut  manquer  d’aboutir. 

C’est  par  l’impôt  sur  le  revenu  que  nous  arriverons  à  supprimer  et  à  remplacer  les 
quatre  contributions  directes,  iniques  entre  toutes;  elles  frappent  surtout  l’agriculture  et 
tous  ceux  que  nos  impôts  devraient  atteindre  avec  la  plus  grande  modération. 

Si  vous  me  chargez  à  nouveau  de  l’honneur  de  parler  en  votre  nom,  je  continuerai  a 
défendre,  avec  énergie  et  une  conviction  que  rien  ne  peut  ébranler,  cette  grande  réforme, 
qui,  seule,  introduira  plus  d’équité  dans  nos  impôts. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Je  m’étais  engagé  à  demander  l’augmentation  des  droits  sur  les  grosses  successions, 
avec  distraction  du  passif.  La  encore,  et  comme  toujours,  j’ai  tenu  parole. 

La  loi  que  nous  avons  votée  a  réalisé  entièrement  ce  vœu;  nous  avons  supprimé  les 
droits  sur  le  passif  des  successions;  nous  avons  diminué  les  droits  sur  les  petites  succes¬ 
sions,  en  établissant  an.e  échelle  progressive  sur  les  grosses  successions. 

J'ai  demandé  et  obtenu  la  franchise  postale  pour  les  militaires* 

J’ai  volé  toutes  les  mesures  tendant  à  protéger  les  travailleurs,  à  secourir,  tant  au  point 
de  vue  moral  qu’au  point  de  vue  matériel,  toutes  les  familles  dont  la  situation  pénible  ou 
douloureuse  était  digne  d’attirer  l’attention  d’un  représentant  du  peuple. 

Je  vous  déclarais  que  j’étais  partisan  des  économies;  j’en  ai  demandé  et  obtenu,  spé¬ 
cialement  sur  les  gros  traitements  des  trésoriers-payeurs  généraux. 

J’ai  insisté  à  la  Chambre  des  Députés  pour  que  la  législature  ne  se  terminât  pas  sans 
que  la  loi  sur  les  retraites  ouvrières  eût  reçu  une  solution  satisfaisante. 

Et  si  vous  me  renouvelez  mon  mandat,  je  poursuivrai  ardemment  la  réalisation  de  cette 
autre  grande  réforme,  qui  constituera  une  œuvre  d’humanité  et  de  solidarité  sociale. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Représentant  d’un  arrondissement  agricole,  je  me  suis  attaché,  en  toute  circonstance 
et  en  dehors  de  toute  préoccupation  politique,  à  défendre  les  intérêts  de  l’agriculture  et  des 
ouvriers  agricoles* 

J’ai  pris  une  part  active  aux  travaux  du  groupe  parlementaire  pour  la  défense  des  inté* 


3 


rôts  de  la  petite  et  de  la  moyenne  culture,  ou  nous  nous  sommes  particulièrement  occupés 
de  la  suppression  des  marchés  à  terme,  de  la  répression  des  accaparements,  du  développe¬ 
ment  de  l'enseignement  agricole,  des  questions  de  transport  à  bon  marché,  de  remploi  de 
Talcool  industriel,  des  assurances  contre  la  mortalité  du  bétail,  contre  les  intempéries,  et 
des  secours  à  accorder  à  l'agriculture. 

Les  dispositions  nouvelles,  concernant  F  admission  temporaire  des  blés,  protégeront 
efficacement  l'agriculture  contre  certaines  spéculations  et  permettront  que  le  prix  du  pain 
soit  à  peu  près  en  rapport  avec  le  salaire  des  ouvriers* 

Quant  à  la  conférence  de  Bruxelles,  dont  les  décisions  ne  seront  valables  qu’après  le 
vote  du  Parlement,  je  vous  assure,  à  Pavance,  que  je  ne  les  ratifierai  que  si  elles  donnent  à 
^agriculture  une  protection  au  moins  égale  h  celle  qui  lui  est  accordée  par  la  loi  de  188/** 

11  faut  que  notre  agriculture  soit  protégée;  il  faut  quelle  puisse  travailler  avec  la  sécu¬ 
rité  du  lendemain*  Je  in3y  emploierai,  comme  jusqu'à  présent  du  reste,  delà  manière  îa 
plus  complète  et  la  plus  énergique* 


Mes  chers  Concitoyens, 

Mes  actes,  mon  passe  politique,  P  expérience  acquise  pendant  cette  dernière  législature, 
vous  répondent  de  ce  que  je  ferai  dans  Pavenir. 

Je  resterai  toujours  un  démocrate  dévoué  aux  humbles,  aux  travailleurs,  qui  ont  besoin 
d'ôtre  soutenus,  protégés  au  nom  de  la  solidarité  sociale. 

Notre  patriotisme  doit  toujours  rester  au-dessus  des  questions  politiques* 

rJous  les  Français  aiment  ardemment  Ja  Patrie;  ils  montreraient  tons  le  même  courage, 
le  même  dévouement  pour  la  défendre. 

Serrons  les  rangs,  républicains  démocrates! 

Faisons  bloc  contre  nos  adversaires  obliques  et  autres! 

Repoussons  Pégoïsmc  et  l 'obscurantisme! 

Que  les  travailleurs  des  villes  et  des  champs  forment  une  garde  solide  autour  de  la 
République! 

Unissons  nos  euorls,  la  victoire  est  à  ce  prix.  Pas  de  défaillance,  pas  de  divisions  insen¬ 
sées  qui  pourraient  devenir  criminelles! 

Pour  la  République  démocratique, 

En  avant! 

Vive  la  France! 

Vive  la  République! 

E*  MAGNJAUD1Î,  Député  sortant. 


8.  — 


programme. 

Révision  de  la  Constitution  dans  un  sens  démocratique; 

^rtîST688** SUr  16  reveDU’  sans  Camion  pour  tous  les  revenus  au-dessous  do 
lu.uuEj  ira  tics  ; 

-  Maintien  des  lois  fondamentales  de  la  République;  respect  de  toutes  les  croyances; 

séparation  des  %ltscs  et  de  l’État  ;  J 

-  Suppression  Ses  impôts  de  consommation  sur  les  aliments  de  première  nécessité; 

—  Suppression  radicale  des  octrois  ; 

—  Économies  dans  toutes  les  administrations; 

-  Réfection  des  codes  civil,  pénal  et  militaire;  institution  du  jury  en  matière  ccrrec- 
uonneile  ; 

Décentralisation  administrative;  extension  des  pouvoirs  des  Assemblées  départe¬ 
mentales  et  communales;  y 


~  19 


N°  1182 


9.  —  Suppression  des  frais  de  mutation  pour  toutes  les  transactions  au-dessous  de 
1,000  francs; 

10.  —  Création  de  Conseils  de  Prud’hommes  pour  toutes  les  catégories  de  travailleurs; 

11*  —  Suppression  des  prestations; 

12.  — ‘  Degrèvement  de  l’agriculture; 

13.  —  Protection  dn  travail  national; 

lk*  —  Retraites  ouvrières  pour  la  vieillesse; 

15.  —  Extension  des  pouvoirs  des  juges  de  paix; 

16.  —  Élection  des  membres  du  Conseil  supérieur  du  travail  par  les  syndicats; 

17.  —  Indemnité  aux  fermiers  et  aux  métayers  sortants,  pour  la  plus-value  donnée  à  la 

propriété; 

18.  —  Égalité  des  enfants  devant  1 -instruction  ; 

19.  —  Réduction  du  nombre  des  Députés; 

26.  —  Scrutin  de  liste  par  collèges  électoraux  de  iOOÛO  électeurs  inscrits. 

Voilà ?  mes  chers  concitoyens,  les  principales  réformes  dont  je  suis  partisan.  Elles  vous 
indiquent  quel  est  l’esprit  qui  m’animerait  pour  la  confection  des  lois  en  général.  En  tous 
cas,  je  ne  voterai  jamais  que  des  lois  conçues  dans  m  parfait  sentiment  d’équité  et  de  jus¬ 
tice. 

E,  MÀGNIÀUDÉ,  Député  sortant. 


lm  circonscription  de  VERVINS 

M.  DENÊGHEAU 

Élu  au  iQX  tour  de  scrutin.  —  6.780  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Pour  la  quatrième  fois*  j'ai  l’honneur  de  solliciter  vos  suffrages. 

Pour  la  quatrième  fois,  je  viens  vous  demander  d’affirmer  sur  mon  nom  votre  dévoue¬ 
ment  à  la  République. 

Aujourd’hui  comme  toujours,  nous  avons  devant  nous  la  coalition  des  réactionnaires, 
dissimulant,  sous  une  formule  trompeuse  d’adhésion  à  nos  institutions,  ses  désirs  et  ses 
espérances. 

Vous  déjouerez  leurs  manœuvres  comme  vous  Pavez  fait  en  1893  et  en  1898. 

Vous  connaissez  mon  programme. 

Patriote  ardent,  je  veux  La  France  grande  à  l’intérieur,  forte  et  respectée  au  dehors- 
Aussi  serai-je  toujours  prêt  à  consentir  tous  les  sacrifices  pour  que  notre  armée  nationale, 
gardienne  de  nos  gloires  et  de  nos  destinées,  soit  à  la  hauteur  de  sa  tâche.  Convaincu  que 
le  service  de  deux  ans  ne  saurait  l’affaiblir,  au  contraire,  je  ferai  tous  mes  efforts  pour  la 
prompte  réalisation  de  cet  important  projet* 

Partisan  irréductible  de  la  propriété  individuelle,  ennemi  de  toutes  les  révolutions, 
j’estime  cependant  que  le  progrès  est  indéfini  et  qu’il  est  du  devoir  de  tous,  dans  une 
démocratie,  d’examiner  sans  parti  pris  les  réformes  sociales  et  financières,  quelles  qu’elles 
soient,  pourvu  qu’elles  aboutissent  ù  des  solutions  raisonnables  et  pratiques. 


—  20  — 


Toujours  préoccupé  d'améliorer  le  sort  du  travailleur,  de  protéger  sa  santé,  d’assurer 
son  avenir,  j’ai  voté  les  lois  ouvrières ,  mais  sî  inexpérience  établissait  qu’une  de  ces  lois 
n’est  pas  en  rapport  avec  les  besoins  de  certaines  industries,  vous  me  trouverez  disposé, 
soyez- en  surs,  a  adhérer  aux  modifications  nécessaires  aux  intérêts  de  tous. 

Respectueux  des  convictions  sincères,  je  ne  confonds  pas  le  cléricalisme  —  cette 
exploitation  politique  de  la  religion  —  avec  la  religion  elle-même.  le  ne  porterai  jamais 
atteinte  à  la  liberté  de  conscience,  ni  à  la  liberté  des  cultes. 

La  liberté  î  Mais  c’est  notre  idéal  à  nous  républicains,  c’est  notre  conquête. 

Et  je  vous  demande  encore  votre  confiance  peur  la  défendre  sans  passion  et  sans 
haine,  mais  avec  toute  mon  énergie,  avec  tout  mon  cœur. 

Vous  pouvez  compter  sur  moi  comme  je  compte  sur  vous. 


Vive  la  République  l 


DENÊCHEÂU,  Député  sortant. 
Candidat  du  comité  républicain. 


2*  circonscription  de  VERVINS 

M.  le  comte  CÂFFARELL1 
Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  7487  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Encouragé  par  les  nombreuses  preuves  d’estime  et  de  sympathie  qui  me  sont  venues  de 
tous  côtés  et  que  j’ai  été  fier  et  heureux  de  recueillir,  je  me  retrouve  en  face  de  vous 
comme  candidat  à  la  députation. 

Qui  je  suis?  vous  le  savez.  Citoyen  respectueux  de  la  Constitution  que  3a  France  s’èst 
donnée,  je  suis  décidé  à  soutenir  une  République  libérale,  économe,  tolérante,  respectueuse 
elle  aussi  des  grandes  libertés  que  nos  pères  ont  conquises  :  liberté  de  conscience,  liberté 
d’association. 

Pourquoi  je  me  présente?  C’est  que,  précisément,  j’estime  comme  vous  que  ces  libertés 
sont  actuellement  menacées  par  un  ministère  dont  je  me  déclare  l’irréductible  adversaire. 

Vous  voulez ,  n’est-ce  pas,  garder  le  droit  de  conserver  vos  vieilles  et  intimes 
croyances,  vous  voulez  garderie  droit  de  donner  à  vos  enfants  l’éducation  de  votre  choix, 
vous  voulez  que  la  liberté  ne  soit  pas  un  vain  mot,  qu’elle  existe  pleine  et  entière  pour  ceux 
qui  ne  pensent  pas  et  qui  sont  bien  libres  de  ne  pas  penser  comme  yous,  mais  aussi  qu’elle 
vous  soit  laissée  dans  toute  son  intégrité.  En  même  temps  que  ces  libertés,  vos  intérêts 
matériels,  ceux  de  tous  les  contribuables  sont  aujourd’hui  gravement  compromis.  N’ont-ils 
pas  déjà  été  sacrifiés  et  ne  subissez-vous  pas  d’année  en  année  les  exigences  croissantes  de 
l’impôt?  Vous  en  rapportez-vous,  pour  pratiquer  les  économies  indispensables,  urgentes,  à 
ceux  qui  se  sont  lancés  dans  la  voie  des  ruineuses  prodigalités,  à  ceux  qui  sont  respon¬ 
sables  du  déficit  actuel,  aux  flatteurs  du  suffrage  universel  à  qui  les  promesses  irréalisables 
ne  coûtent  pas  et  qui  offrent  l’impôt  sur  le  revenu  comme  seule  solution  à  la  situation. 

En  principe^  j’admets  volontiers  la  nécessité  d’une  large  réforme  financière.  L’impôt 
sur  le  revenu  serait  peut-être  une  solution,  mais  au  moins  faudrait-il  qu’il  ne  devienne  pas 
le  prétexte  d’une  inquisition  vexatoire,  qu’ii  ne  soit  pas  un  leurre  et  une  charge  de  plus 


'  7  .  t  * 


/ 


—  21  —  N»  1162 

pour  le  contribuable,  qu’il  ne  nuise  pas  à  notre  action  économique  et  qu'il  ne  soit  pas,  pour 
la  France,  une  causa  d’appauvrissement  par  l’exode  des  capitaux  à  Fêtranger. 

Une  pareille  question  doit  être  sagement  étudiée  sans  parti  pris  et  réglée  de  telle  façon 
que  la  paix  sociale  n’ait  pas  à  en  souffrir. 

Vous  demandez  encore,  et  c’est  une  question  de  vie  pour  tous,  que  le  travail  national 
soit  protégé  sous  toutes  ses  formes  :  forme  agricole,  forme  industrielle.  Or,  que  voyons-nous 
à  l’heure  actuelle?  L’inquiétude  partout,  le  marasme  des  affaires,  la  réduction,  dans  les 
conditions  déplorables  que  vous  savez,  de  notre  culture  betteravière,  le  salaire  des  ouvriers 
remis  par  suite  en  question.  C’est  contre  ces  éventualités  de  demain  qu’il  convient  do  pro¬ 
tester  hautement.  II  faut  que  notre  agriculture  soit  sauvée  de  la  ruine, 

11  faut  également  que  l’avenir  des  ouvriers  soit  assuré,  et  il  le  sera,  non  seulement  par 
un  salaire  justement  rémunérateur,  mais  encore,  et  je  tiens  à  le  dire,  par  une  autre 
garantie  juste  et  nécessaire  elle  aussi,  celle  d’une  retraite  pour  la  vieillesse. 

Je  ne  crois  pas  à  l'État  providence;  l’État  seul  serait  dans  Pimpossibiiité  d’assurer  cette 
retraite  ;  j’estime  qu’elle  doit  être  constituée  avec  son  concours,  mais  dans  la  plénitude  de 
la  liberté  d’action  de  l’ouvrier,  grâce  au  développement  de  la  mutualité  et  dans  un  accord 
commun  de  l’État,  du  capital, et  du  travail. 

Il  est  une  autre  question  qui  touche  aux  forces  vives  et  à  l’existence  même  delà  nation, 
c’est  celle  de  notre  armée.  v 

Vous  savez  par  quelles  épreuves  elle  a  passé,  quelles  attaques,  quelles  avanies  elle  ax 
dû  subir.  Soutenus  par  l’étranger,  les  dreyfusards,  les  sans-patrie  ont  couvert  d’injures  nos 
officiers  les  plus  dignes.  Plus  ils  abaissaient  la  France,  plus  ils  étaient  heureux.  Le  cri  de 
«  Vive  l’armée  !  »  a  même  été  assimilé  à  un  cri  séditieux!  Trop  de  souvenirs,  trop  d’espé-* 
rances  nous  rattachent  à  l'armée  pour  que  nous  ne  lui  accordions  pas  le  respect  et  l’affec¬ 
tion  qui  lui  sont  dus.  D’ailleurs,  l’armée  cTest  nous  tous,  ce  sont  nos  fils,  c’est  le  meilleur 
de  notre  sang  î 

Pour  qu’elle  soit  forte  et  glorieuse  à  l’heure  du  péril,  il  lui  faut  le  nombre  et  la  disci¬ 
pline,  Je  ne  crois  pas  que  le  service  de  trois  ans  soit  absolument  nécessaire  à  ces  deux  con¬ 
ditions,  j’estime  qu’il  est  possible  de  réduire  à  deux  ans  le  sacrifice  que  le  pa^s  demande  à 
la  jeunesse  française,  mais  seulement  après  que  des  cadres  solides  auront  été  assurés  par 
une  loi  et  une  organisation  nouvelles. 

Telles  sont,  messieurs  les  électeurs,  les  grandes  lignes  de  mon  programme;  il  se 
résume  en  ces  mots  :  République  libérale,  paix  sociale. 

Pour  le  faire  triompher,  je  fais  appel  à  tous  les  patriotes,  à  tous  ceux  qui  mettent 
au-dessus  des  luttes  des  partis  la  prospérité  et  la  grandeur  de  la  France, 

Comte  CAFFÀRELLI,  ancien  Député. 


—  22 


ALLIER 


Circonscription  de  GANNAT 
AL  DELARDE 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin*  *—  10.519  voix* 


Des  hommes  de  notre  partie  au  nombre  de  quinze  cents*  tous  républicains*  m’ont  fait 
i’honaeur  de  me  choisir  comme  leur  candidat  aux  élections  législatives. 

Je  n’avais  vu  aucun  d’entre  eux  avant  la  réunion  de  Gannat*  personne  n’avait  pesé  sur 
leur  détermination;  ils  avaient  agi  spontanément,  et  j’ai  pu  conclure  de  la  marque  de  con¬ 
fiance  qui  m’a  été  donnée  dans  la  manifestation  la  plus  imposante  qu’il  y  ait  jamais  eu  à 
Gannat,  que  ]’imm$ûse  majorité  du  parti  républicain  approuvait  mon  attitude  politique, 
qui  a  toujours  été  conforme  au  programme  sur  lequel  mes  concitoyens  m’ont  élu. 

Je  pourrais  me  contenter  de  réimprimer  cet  ancien  programme;  je  préfère  affirmer 
de  nouveau  les  idées  que  fai  toujours  exposées  dans  les  réunions  ou  défendues  par 
mes  écrits. 

Vieux  républicain,  j’ai  toujours  pensé  que  la  République  devait  être  un  autre  régime 
que  la  monarchie  ou  T  empire; 

Qu’une  simple  étiquette  inscrite  sur  les  monuments  ou  les  papiers  administratifs  ne 
pouvait  tenir  lieu  des  institutions  propres  à  ce  régime  ; 

Que  les  formules  surannées,  que  les  vieilles  lois  impitoyables  devaient  rejoindre  les 
vieilles  ignorances  du  passé  ; 

Que  ce  n’était  pas  sur  le  principe  d’autorité,  legs  des  théocraties  tyranniques  et  des 
anciens  esclavages,  que  devait  être  basé  l’ordre  social,  mais  sur  le  sentiment  élevé  de  J  a 
solidarité  et  de  la  justice. 

J'estime  que  la  liberté  ne  doit  pas  être  seulement  le  privilège  du  riche; 

Que  l’égalité  fait  un  devoir  a  la  société  d’appliquer  les  lois  avec  la  même  justice  à  tous 
les  citoyens,  avec  indulgence  aux  dehôritês  et  aux  malheureux,  dont  la  responsabilité  est 
d’autant  plus  amoindrie  que  l’on  a  moins  cultivé  leur  intelligence; 

Que  la  fraternité  nous  impose  le  devoir  de  relever  les  humbles*  de  venir  en  aide  à  tous 
ceux  qui  souffrent,  de  supprimer  la  misère  humaine* 

La  liberté  de  tous  les  citoyens  est  le  fondement  même  de  la  République*  a  une  con¬ 
dition  toutefois,  c  est  qu  elle  soit  au-dessus  de  toutes  les  atteintes  ;  et  la  suprématie  du  pou¬ 
voir  civil  n  est  qu  un,  leurre  quand  certaines  factions  sont  maîtresses  des  principaux 
rouages  du  Gouvernement- 

Partisan  de  la  décentralisation  la  plus  large,  j’estïme  que  la  libre  expansion  des  initia¬ 
tives  individuelles  contre  toutes  les  tyrannies*  ne  sera  une  réalité  qu’apres  la  disparition 
de  l’omnipotence  de  EÉtat. 


- 


— __ - —  . . 


—  23  —  N°  1162 

Fai  combattu  toutes  Wb  vie  les  monopoles  ;  je  n’ai  jamais  été  ni  l’admirateur  ni  le  sou« 
tien  des  grandes  sociétés  ;  l’oppression  du  gros  capital  dans  le  commerce  et  rindaéMe 
m’ont  toujours  semblé  aussi  odieuses  que  la  tyrannie  dans  le  domaine  politique. 

Demandez  à  nos  adversaires  qui  a  soutenu  les  intérêts  des  sucriers» 

Qui  récemment  encore  a  fait  voter  dix-huit  millions  de  francs  en  primes  pour  les  rafli- 
neurs,  propriétaires  déjà  de  fortunes  scandaleuses? 

Quels  sont  les  auteurs  de  cette  loi  singulière  qui  permet  à  l'étranger  de  consommer 
nos  sucres  à  des  prix  dérisoires,  tandis  qu’ils  restent  chers  en  France  ? 

lis  devront  vous  avouer  que  ce  sont  leurs  propres  amis  ! 

En  matière  religieuse,  j'ai  toujours  été  partisan  de  la  liberté  absolue  de  la  conscience 
humaine. 

L'Etat  ida  pas  à  s'immiscer  dans  les  affaires  de  conscience,  il  n’a  rien  à  faire  avec  les 
religions  quelles  qu’elles  soient,  et  j'ai  toujours  voté  la  séparation  des  Eglises  et  de 
FEtat 

Mais  un  gouvernement  sérieux  ne  saurait  admettre  que  la  religion  serve  aux  desseins 
politiques  des  adversaires  de  la  République,  il  a  le  devoir  d’exiger  la  neutralité 
absolue  du  clergé. 

Quant  aux  congrégations  religieuses,  elles  sont  rentrées  en  France  à  la  laveur  de  la 
faiblesse  des  gouvernements  qui  Se  sont  succédé  depuis  un  siècle. 

Leur  nombre,  toujours  croissant,  et  la  fortune  qu’elles  accumulent  sans  cesse,  les 
rendent  redoutables  pour  les  idées  modernes;  il  m’a  semblé  nécessaire  d’en  revenir  en  ce 
qui  les  concerne  aux  dispositions  du  Concordat,  qui  no  reconnaît  pas  leur  existence. 

C’est  pour  cette  raison  que  j’ai  voté  la  loi  sur  les  associations,  qui,  bien  que  fort  insuffi¬ 
sante,  les  obligera,  tout  au  moins,  à  se  soumettre  aux  prescriptions  légales. 

Nos  adversaires  nous  reprochent  de  ne  rien  faire  pour  l’agriculture  ;  à  les  entendre,  iis 
auraient  le  monopole  de  la  sollicitude  et  des  réformes  destinées  à  améliorer  la  condition 
des  cultivateurs, 

11  faut  s'expliquer  et  je  défie  les  gens  qui  nous  calomnient  de  nous  donner  un 
démenti. 

L'agriculture  souffre  de  la  surproduction  et  de  la  concurrence  universelle  qui  avilissent 
la  valeur  de  ses  produits. 

L’impôt  foncier  n’a  pas  été  abaissé  en  proportion  de  la  diminution  des  revenus,  d’autres 
charges  pèsent  lourdement  sur  elle. 

Le  véritable  remède  à  ses  maux,  le  seul  qui  permettrait  des  dégrèvements  sérieux, 
serait  la  réforme  de  notre  système  fiscal  par  rétablissement  de  l’impôt  sur  le  revenu  ou  la 
fortune,  dont  la  véritable  proportionnalité  serait  assurée  parla  progression. 

Tout  le  monde  est  d’avis  que  notre  système  de  contributions  est  détestable  et  que 
les  impôts  pèsent  plus  lourdement  sur  les  pauvres  que  sur  les  riches. 

Les  hommes  qui  nous  combattent  aujourd’hui  se  sont  montrés  les  adversaires  les  plus 
acharnés  de  la  réforme  de  l’impôt. 

Vous  jugerez  entre  eux  et  nous  ! 

J’ai  voté  toutes  les  mesures  utiles  à  l’agriculture. 

Le  droit  sur  les  blés,  parce  que  le  blé  peut  être  vendu  un  prix  rémunérateur,  sans  pour 
cela  que  la  classe  ouvrière  souffre  de  l'élévation  du  prix  du  pain. 

J’ai  voté  la  réforme  des  acquits-à-caution,  qui  arrêtera  une  fraude  dangereuse  pour  la 
vente  des  blés  nationaux. 

J'ai  voté  toutes  les  mesures,  sans  exception,  qui  pouvaient  faciliter  F  organisation  des 
syndicats  agricoles,  des  associations  mutuelles  de  crédit  agricole. 

Et  qu’il  me  soit  permis  de  le  redire,  c’est  encore  à  nos  adversaires,  qui  ont  la  bouche 
pleine  de  leur  amour  pour  les  agriculteurs,  que  ceux-ci  doivent  V échec  du  crédit 
agricole. 


A  la  précédente  législature,  tous  les  républicains  avancés  avaient  demandé  qu'en 
échange  de  son  privilège  exorbitant,  la  Banque  de  France  fût  tenue  de  fournir  quarante 
millions,  qui  auraient  servi  de  premiers  fonds  pour  la  création  du  crédit  agricole. 

Quels  sont  ceux  qui  repoussèrent  cette  proposition  d'une  utilité  indiscutable  pour  l'agri¬ 
culture? 

Les  hommes  dont  se  réclament  nos  adversaires  d'aujourd'hui,  manifestant  une  fois  de 
plus  par  leurs  actes  que  leur  sympathie  et  leur  sollicitude  ôtaient  acquises  non  aux  petits 
cultivateurs,  mais  à  la  féodalité  Financière, 

Nous  avons  dégrevé  les  boissons  hygiéniques,  ce  qui  a  augmenté  singulièrement  la 
consommation  du  vin  ; 

Dégrevé  les  petites  successions  ;  diminué  les  frais  hypothécaires  et  les  frais  des  petites 
ventes  de  propriété  ; 

Augmenté  dans  de  larges  proportions  renseignement  agricole, 

La  loi  du  25  décembre  1900  permet  au  Gouvernement  d'allouer  aux  caisses  régionales 
de  crédit  agricole,  à  litre  d'avance,  une  somme  qui  peut  aller  au  quadruple  du  capital 
versé  en  espèces. 

Le  projet  créant  les  chambres  d'agriculture  est  déposé. 

L'office  des  renseignements  agricoles  au  ministère  est  créé  et  je  passe  sous  silence  une 
foule  de  mesures  de  détail. 

Et  nos  adversaires  qui  s'opposent  à  toutes  les  mesures  nouvelles,  s'efforcent  de  démon¬ 
trer  aux  agriculteurs  que  nous  n'avons  rien  fait  pour  eux,  alors  qu'eux-mêmes  ont  ôté  hos¬ 
tiles  à  tous  les  progrès! 

Il  en  est  du  reste  du  petit  commerce  comme  de  l'agriculture  *  les  patentes  et  les  im¬ 
pôts  qui  le  frappent  ne  seront  sérieusement  diminués  que  par  la  réforme  radicale  de  notre 
système  d'impôts* 

Fai  voté  toutes  les  lois  qui  peuvent  améliorer  la  situation  des  travailleurs,  et  mon  con¬ 
cours  leur  est  acquis  pour  toutes  les  mesures,  comme  les  retraites  ouvrières,  qui  seraient 
un  allègement  pour  tant  de  misères  imméritées  l 

La  Constitution,  œuvre  dos  partis  monarchiques,  doit  être  révisée  dans  un  sens 
démocratique.  Je  voterai  cette  réforme  qui  a  toujours  été  inscrite  dans  le  programme  répu¬ 
blicain. 

Je  suis  partisan  de  la  propriété  individuelle,  car  j'estime  que  l’homme  n'est  vraiment 
libre  que  quand  il  a  quelque  chose  à  lui;  je  serai  heureux  de  m'associer  à  toutes  les  me¬ 
sures  qui  pourraient  faciliter  la  diffusion  de  la  propriété,  loin  d'en  réclamer  la  suppression, 
comme  le  font  les  collectivistes. 

Je  vous  ai  dit,  mes  chers  concitoyens,  ce  que  je  pensais  sur  les  questions  qui  s'agitent 
aujourd'hui  ;  vous  n'ajouterez  pas  foi  aux  paroles  de  nos  adversaires,  qui  vont  répétant  que 
la  République  a  abaissé  la  France  au  point  de  vue  extérieur,  alors  que  notre  pays  a  repris 
son  rang  dans  le  monde. 

Vous  ne  croirez  pas  que  nos  finances  sont  dilapidées  quand,  à  cette  heure,  c'est  le  cré¬ 
dit  de  la  France  qui  est  peut-être  le  plus  solide  eu  Europe* 

La  République  a  fait  tous  les  sacrifices  pour  son  armée;  vous  rirez  des  affirmations  de 
ceux  qui  vous  diront  que  les  républicains  veulent  détruire  l'instrument  de  la  défense 
nationale. 

Toute  ma  vie  j'ai  conformé  ma  conduite  aux  principes  de  la  démocratie;  je  n'ai  jamais 
refusé  un  service  personnel;  je  n'ai  jamais  fait  céder  mes  convictions  h  mes  intérêts. 

Vous  rendrez  voire  verdict  le  27  avril. 

Je  ne  suis  pas  inquiet  de  votre  jugement  ! 

Docteur  G,  DELARUE,  Député  de  l'Ailier, 


—  25  — 


iN°  4462 


Circonscription  de  LA  PALISSE 

M.  GACON,  élu  Sénateur,  remplacé  par  M.  RÉGNIER 


Voy.  Elections  partielles. 


lr0  circonscription  de  MONTLUÇON 
[M.  Léon  THIVRIER 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  10.168  voix. 


Parti  Socialiste  de  France. 

Fédération  des  travailleurs  socialistes  de  l’AUier. 


Citoyens, 

La  Fédération  socialiste  de  l’Ailier  présente  à  vos  suffrages  la  candidature  du  citoyen 
Léon  Thivrier;  elle  estime  que  les  idées  socialistes  et  les  intérêts  de  cette  circonscription 
ne  sauraient  avoir  de  plus  sincère  ni  de  plus  dévoué  défenseur. 

A  cette  époque  où  la  réaction  n’a  pas  renoncé  à  tout  espoir  de  succès,  et  où,  employant 
une  nouvelle  tactique,  elle  se  couvre  d’un  masque  républicain  pour  mieux  détruire  la  Répu¬ 
blique  il  est  nécessaire  d’opposer  i’action  vigoureuse  du  socialisme  pour  écraser  encore 
une  fois  les  partis  du  passé.  Il  faut  que  dans  cette  bataille  décisive  où  notre  paru  lutte  avec 
son  drapeau  largement  déployé,  une  nouvelle  victoire  vienne  affirmer  les  idées  socialistes 
de  cette  circonscription,  et  son  espoir  dans  un  affranchissement  prochain  du  travai 

°1P' A^eux  qui  nous  disent  que  nous  voulons  supprimer  la  liberté,  l’égalité  et  la  fraternité, 
nous  répondrons  en  demandant  si  les  travailleurs  sont  libres  pendant  les  12  ou  14  heures 
qu’ils  passent  dans  les  usines  ou  dans  les  champs;  s’ils  sont  les  égaux  de  ceux  qui  les  com¬ 
mandent  et  s’ils  sont  les  frères  de  ceux  qui  les  exploitent. 

Nous  ne  crions  pas,  nous  constatons  la  lutte  des  classes,  et  nous  voulons  les  réconcilier 
en  supprimant  leur  antagonisme  d’intérêts,  c’est-à-dire  en  réunissant  dans  les  memes 
mains  le  capital  et  le  travail  :  par  la  socialisation  des  moyens  de  production. 

Mous  voulons  mettre  (in  à  l’exploitation  dont  les  travailleurs  sont  victimes,  notre  but 
est  leur  émancipation  ;  mais  nous  estimons  que  l’outil  de  cette  transformation  sociale  est  la 
République  dont  le  socialisme  est  l’épanouissement. 

C’est  avec  confiance  que  nous  vous  présentons  la  candidature  de  notre  ami  Léon  hi- 
vrier,  persuadés  que  vous  assurerez  par  son  triomphe  la  défaite  de  la  réaction. 


Vive  la  République  sociale! 


(Suivent  les  signatures). 


U 


—  26  — 


Programme  de  la  fédération  socialiste  de  V Allier. 

1,  Suppression  immédiate  du  Sénat; 

2,  Substitution  au  régime  parlementaire  de  la  législation  directe  du  peuple  par  le 
peuple  ; 

3,  Inscription,  dans  la  ConstitutioQ,  du  droit  au  travail, à  l’assistance,  à  la  retraite,  de  la 
liberté  d’association  laïque,  de  la  liberté  de  réunion,  de  presse  et  de  la  liberté  indivi¬ 
duelle; 

4-  La  paix  mise  constitutionnellement  sous  la  garde  du  peuple,  ayant  seul  droit  de 
voter  la  guerre; 

5.  Secret  du  vote  assuré  par  le  vole  sous  enveloppe,  avec  bulletins  imprimés  sur  même 
papier  et  de  meme  dimension; 

6.  Limitation  de  l’affichage  et  des  cadres  réservant  à  chaque  candidat  une  place 
égale  ; 

7.  Rétribution  des  fonctions  électives  ; 

Abrogation  du  décret  organique  du  2  février  1352,  des  lois  de  sûreté  générale  et  de 
toutes  les  lois  d’exception  sur  la  presse  et  l’individu,  et  suppression  des  fonds  secrets  ; 

9.  Gratuité  et  simplification  de  la  justice  ; 

10.  Réparation  morale  et  pécuniaire  aux  victimes  d’erreurs  judiciaires; 

11.  Suppression  du  travail  dans  les  prisons  faisant  concurrence  au  travail  libre  ; 

12.  Dénonciation  du  Concordat,  suppression  du  budget  des  cultes.  Reprise  des  biens 
de  main-morte,  de  tous  les  biens  du  clergé  et  des  congrégations,  de  tous  les  édifices  con¬ 
sacrés  au  culte  ; 

13.  Suppression  de  l’ambassade  auprès  du  pape  ; 

14.  Extension  des  libertés  communales  afin  de  rendre  la  commune  maîtresse  de  son 
administration,  de  ses  finances  et  de  sa  police  ; 

15.  Réduction  des  gros  traitements  et  augmentation  des  petits  traitements  en  rapport 
avec  les  besoins  de  la  yie; 

16.  Droit  de  referendum  ; 

17.  Unification  de  l’enseignement  primaire,  secondaire  et  supérieur  rendu  accessible 
au  peuple  d  tous  les  degrés ; 

18.  Suppression  des  armées  pennanentes  et,  en  attendant,  réduction  du  service  mili¬ 
taire  à  deux  ans,  puis  à  un  an  dans  le  plus  bref  délai; 

19-  Suppression  des  13  et  28  jours; 

20.  Création  de  la  banque  d’état,  réduction'  du  taux  de  l’escompte  et  du  crédit 
agricole  ; 

21.  Suppression  de,  tous  les  impôts  de  cou  somma  Lion  et  impôts  indirects  ; 

22.  Établis  Bernent  d’un  monopole  de  fabrication  et  rectification  de  l’alcool  ; 

23.  Reprise  par  l’État  et  les  communes  des  chemins  de  fer,  des  mines,  de  la  Bangue 

des  transports,  do  service  d’alimentation  ;  ’ 

24.  Législation  nationale  et  internationale  du  travail; 

25.  Conquête  des  pouvoirs  publics  par  les  travailleurs  organisés; 

26.  Liberté  entière  d’associauon  syndicale; 

27.  Bourses  du  travail  gérées  en  toute  liberté  par  les  syndicats- 

28.  Retraites  pour  tous  les  vieux  travailleurs; 

29.  Mise  à  la  charge  de  la  société  de  tous  les  invalides  du  travail; 

30.  Extension  de  la  loi  sur  les  accidents  du  travail  ; 

31  Protection  assurée  par  l’État  aux  veuves  et  aux  orphelins  dont  le  mari  et  fe  père 
n  aura  laissé  aucun  moyen  d’existence. 


2? 


N* 4162 


Citoyens, 

Choisi  à  Pu  nan  imité  comme  candidat  aux  élections  législatives  par  le  Congrès  du 
8  novembre  1901,  je  me  présente  à  vos  suffrages  avec  le  programme  élaboré  par  la  Fédé¬ 
rât!  n  socialiste  de  PAllier.  C’est  avec  ce  programme  que  les  élus  du  parti  qui  m'ont  pré¬ 
cédé  ont  lutté,  c'est  ;vec  lui  qu'ils  ont  triomphé.  Aux  élections  cantonales  dernières,  une 
forte  majorité 'affirmait  encore,  sur  mon  nom,  rattachement  inébranlable  des  citoyens  aux 
idéi's  que  nous  préconisons  et  dont  je  suis  et  resterai  un  des  plus  ardents  défenseurs. 
Comme  au  Conseil  général  où  toujours  j'ai  soutenu  les  intérêts  des  travailleurs  et  la  cause 
social I- te,  je  ferai  mon  devoir  au  Parlement,  si  vos  suffrages  me  donnent  le  mandat  de  vous 
y  représenter. 

Vive  la  République  sociale  ! 

Vive  l'union  des  travailleurs! 

D*  Léon  THIVRÏER* 

Conseiller  général. 


2*  circonscription  de  MONTLUÇGN 
M.  Paul  CON3TÀNS 

Elu  au  2a  tour  de  scrutin.  —  9.352  voix. 


Appel  du  Conseil  national  du  parti  ouvrier  français. 

AUX  ÉLECTEURS 

Citoyens, 

Vous  êtes  appelés  à  voter  pour  un  député.  Comment  voterez-vous?  Quel  usage  allez- 
vous  faire  de  cet  instrument  du  suffrage  universel  que  la  Révolution  de  1848  a  mis  à  votre 
disposition  et  qui  rend,  pour  un  jour,  les  travailleurs,  les  producteurs,  maîtres  de  leurs 
destinées? 

Votre  sort  est  entre  vos  mains.  Que  voulez-vous  qu’il  soit  ?  Entre  les  divers  partis  qui 
se  disputent  vos  suffrages,  comment  choisirez-vous? 

Allez- vous  continuer  à  employer  votre  bulletin  de  vote  de  la  môme  façon  que  par  le 

passé  ? 

Demandez-vous,  avant  daller  à  l'urne,  ce  que  vous  ont  donné  les  élections  ante¬ 
rieures. 

Voilà  plus  de  cinquante  ans  que  le  suffrage  universel  fonctionne.  Depuis  trente-deux 
ans  la  France  est  en  République. 

Tour  à  tour,  en  un  siècle,  les  partis  les  plus  divers  ont  été  au  pouvoir  :  monarchistes, 
bonapartistes,  cléricaux,  républicains  de  toutes  nuances,  depuis  le  libéralisme  et  l'oppor¬ 
tunisme  le  plus  rose,  jusqu’au  radicalisme  le  plus  rouge. 

Qu’y  avez-vous  gagné  ?  Votre  situation  s'est-elle  améliorée  ? 

Les  impôts  ont-ils  diminué?  Non  :  chaque  jour  ils  augmentent.  Le  tribut  de  la  dette 


—  28  — 


publique  devient  de  plus  en  plus  lourd  :  chaque  Français,  en  naissant,  trouve  dans  son  ber¬ 
ceau  sa  part  d'intérêts  à  payer  de  plus  de  trente  milliards  ;  il  est  débiteur  à  perpétuité  de 
plus  de  850  francs* 

Loin  d'être  réduites,  les  charges  militaires  se  sont  aggravées,  accentuant  encore  les 
inégalités  entre  citoyens  :  c’est  un  an  pour  les  Gis  de  la  bourgeoisie  privilégiée;  c'est  trois 
ans  pour  les  fils  de  cultivateurs  et  d’ouvriers* 

Et  cette  armée,  qu'on  vous  représente  comme  destinée  a  défendre  le  sol  national,  n'est 
mise  au  service  que  de  la  grande  propriété  industrielle,  financière,  commerciale  et  foncière  ; 
tantôt  pour  aller,  dans  les  guerres  coloniales,  ouvrir,  au  prix  du  sang  de  vos  fils  et  r!c  vos 
frères,  de  nouveaux  débouchés  à  des  marchandises  que  vous  êtes  trop  pauvres  pour  con¬ 
sommer  ;  tantôt  pour  fusiller  les  travailleurs  réclamant  un  peu  de  mieux-être. 

Aux  campagnes  d'Afrique  de  la  monarchie  de  Juillet,  a  la  guerre  du  Mexique  du  second 
Empire,  ont  succédé,  sous  la  République,  les  expéditions  de  Tunisie,  du  Soudan,  du  Tonkin, 
de  Madagascar,  de  Chine,  etc* 

Si  l'Empire  a  eu  ses  massacres  d'Aubin  et  de  la  Rîcamarie,  la  troisième  République  les 
a  répétés  h  Fourmi  es,  à  la  Martinique  et  à  Cftaloo, 

De  toutes  les  réformes  qu'on  faisait  miroiter  à  vos  yeux  pour  capter  vos  suffrages,  au¬ 
cune  n'a  été  réalisée. 

Loin  de  devenir  meilleure,  votre  condition  matérielle  va  empirant* 

Ouvriers  des  villes,  dont  le  travail  est  Tunique  moyen  d'existence,  ce  travail  vous  est 
de  jour  en  jour  enlevé  par  les  chômages  résultant  de  l'emploi  des  machines,  par  Rentrée  à 
Fusine  des  femmes  et  des  enfants,  par  Faffiux  dans  les  agglomérations  urbaines  d’une  po¬ 
pulation  qui  a  dû  déserter  les  campagnes.  La  concurrence  entre  les  bras  fait  de  plus  en 
plus  baisser  les  salaires.  Et  contre  votre  misère,  la  charité  chrétienne  et  la  philanthropie 
bourgeoise  ne  peuvent  vous  offrir  que  la  dérision  d'une  aumône  aussi  humiliante  qu'impuis¬ 
sante. 

Paysans,  cultivateurs,  le  produit  de  vos  sueurs suffitde  moins  en  moins  à  vous  nourrir; 
la  concurrence  intérieure  et  extérieure  en  avilit  chaque  année  le  prix  ;  mévente  des  blés, 
mévente  des  vins,  deviennent  un  mal  permanent. 

Voire  petite  propriété  est  toujours  plus  menacée  par  la  formation  des  grandes  exploi¬ 
tations  agricoles  à  outillage  perfectionné.  Lorsqu'elle  vous  reste,  elle  est  rendue  purement 
nominale  par  les  impôts  écrasants,  par  l’usure,  par  l'hypothèque  dont  vous  avez  à  solder  la 
redevance.  (Dette  hypothécaire  :  en  1820,  8  milliards;  en  18àG,  Î2  milliards;  en  1868, 
16  milliards;  en  1887,  20  milliards  ;  en  1900,  plus  de  25  milliards;  soit  une  rente  de  plus 
de  1  milliard  550  millions  payée  chaque  année  aux  capitalistes  par  les  petits  cultivateurs.) 
La  détresse  pousse  vos  enfants  dans  les  villes, où  ils  n?  font  qu'accroître  le  marché  des  bras 
déjà  engorgé  et  augmenter  encore  la  misère  générale* 

Petits  commerçants,  petits  patrons,  classe  moyenne, vous  vivez  dans  l'angoisse  et  Fin- 
sécurité*  La  faillite  vous  guette  ;  la  grande  industrie  mécanique  ruine  vos  petits  ateliers; 
les  grands  magasins  dévorent  votre  petite  boutique;  la  haute  banque,  juive,  protestante  un 
catholique,  prélève  sur  vous  des  intérêts  usuraîres  et  englouût  vos  économies  dans  les 
escroqueries  des  Panama  et  des  Union  générale*  Un  mouvement  de  plus  en  plus  accéléré 
vous  fait  retomber  parmi  les  salariés,  les  journaliers,  les  prolétaires. 

Et  pour  tous,  cet  état  de  choses  ne  peut  qu'aller  en  s'aggravant.  Loin  d'être  plus  heu¬ 
reux,  vous  vous  voyez  sans  cesse  plus  misérables. 

Et  cela,  quand  les  progrès  de  la  science  perfectionnent  et  multiplient  tous  les  jours  la 
production,  quand  l'humanité  a  les  moyens  de  pourvoir  abondamment  à  tous  ses  besoins, 
au  prix  d'un  eflort  de  plus  en  plus  réduit.  Mais  de  ces  progrès,  non  seulement  vous  ne  pro¬ 
fitez  ni  les  uns  ni  les  autres,  mais  vous  mourez  —  et  vous  continuerez  à  mourir  tant  que, 
restés  le  monopole  de  quelques-uns,  ils  ne  seront  pas  devenus  le  patrimoine  commun,  la 
propriété  collective  de  tous. 

Mais  à  qui  la  faute  ?  A  vous,  et  à  vous  seuls,  qui  pouviez,  de  par  votre  nombre,  à 
chaque  élection  générale,  vous  saisir  directement  du  Gouvernement  et  opérer  la  transfor- 


N*  1462 


—  29  — 

mation  sociale  nécessaire.,  et  qui,  au  lieu  de  cela,  vous  êtes  trahis  vous-mêmes  en  choisis¬ 
sant  pour  vos  représentants  des  hommes  qui  ne  peuvent  représenter  que  des  intérêts  con- 

traire?  au^  vôtres.  _  .  . 

Républicains  ou  monarchistes,  cléricaux  ou  libres-penseurs,  ceux  a  qui  vous  donnez 
nériodiquement  le  pouvoir  politique  et  législatif  sont  les  délégués  et  les  serviteurs .  e  a 
classe  qui,  tenant  entre  ses  mains  tous  les  instruments  de  production,  s’en  sert  pour  vivre, 
sans  travailler,  du  travail  des  autres,  de  votre  travail  à  vous,  et  ne  les  laissera  reprendre 
nue  par  la  force  de  votre  nombre,  arrivé  à  sa  conscience  de  classe. 

Leurs  divisions  politiques,  dans  lesquelles  ils  essaient  de  vous  entraîner,  m  couvren 
mie  les  Ulties  qu’ils  se  livrent  pour  le  partage  des  profits  ;  mais  pour  exploiter  le  monde  du 
travail,  ils  sont  toujours  unis,  et  lorsqu'ils  usent  du  gouvernement  que  vous  leur  avez  remis 
pour  maintenir  leur  domination  de  classe,  si  vous  vous  plaignez,  ils  sont  en  droit  de  vous 
répondre  :  vous  l'avez  voulu  ! 

A  vous  de  ne  plus  le  vouloir.  A  vous,  qui  vivez  en  travaillant,  et  qui  êtes  1  trame 
majorité,  de  faire  vos  affaires  vous-mêmes. 

A  vous  d’agir  pour  que  la  République  soit  à  vous, .  soit  la  République  des  travailleurs  : 

les  lois  seront  faites  pour  yous,  si  elles  sont  faîtes  par  vous. 

N’accordez  vos  voix  qu’au  parti  du  travail,  au  parti  socialiste,  an  parti  de  votre  classe. 
Refusez-les  à  tous  les  autres  candidats,  quels  que  soient  leur  nom  et  leur  couleur. 

Votre  devoir  et  votre  intérêt  est  de  ne  voter  et  ne  faire  voter  que  pout  le  can  i  a 

Que  sur  toute  la  "surface  du  territoire  les  travailleurs  agissent  de  meme,  et  la  Révolu¬ 
tion  est  faite,  en  ce  sens  que,  maîtres  de  l’État  et  de  la  loi  vous  serez  en  mesure  de  re¬ 
mettre  la  nation  en  possession  de  ses  usines,  mines,  chemins  de  fer,  machines  et  autres 
moyens  de  production,  d’instruments  . d’exploitation  qu’ils  sont  aujourd'hui,  transformés  en 
instruments  de  liberté  et  de  bien-être. 

Le  parti  socialiste,  parti  des  pauvres,  n’a  pas  à  sa  disposition,  comme  les  riches  can¬ 
didats  de  la  bourgeoisie,  les  fonds  nécessaires  à  une  immense  réclame  par  affiches  et  distri¬ 
bution  de  circulaires.  .  _ 

Si  vous  avez  conscience  de  ce  que  vous  devez  h  vous-mêmes  et  a  votre  classe,  vous 
répandrez  autour  de  vous  des  bulletins  de  vote  pareils  au  bulletin  ci-inclus,  au  besoin,  écrits 
à  la  main,  et  vous  expliquerez  à  tous  les  électeurs  que,  sans  distinguer  entre  les  candidats 
bourgeois,  is  ont  à  voter  pour  le  candidat  des  travailleurs,  le  candidat  de  la  République 
sociale,  le  citoyen  P.  Constans. 

Le  Conseil  national  du  parti  ouvrier  français. 


I1’*  circonscription  de  MOULINS 

M. PÉRONNEAU 

Élu  au  lcv  tour  de  scrutin.  —  7.161  voix. 


Électeurs! 

A  l’unanimité,  le  Congrès  des  Délégués  Républicains  m’a  désigné  comme  candidat  à  la 
^  Fort  de  cet  appui,  fort  aussi  du  devoir  accompli,  je  viens  solliciter  vos  suffrages,  avec 


—  30  - 


ia  conscience  d'avoir  loyalement  suivi  îe  programme  sur  lequel  vous  m’avez  élu»  en  1898, 
à  3,000  voix  de  majorité*  et  auquel  vous  êtes  restés*  comme  moi»  fidèlement  attachés. 

Malgré  l'absence  d’une  majorité  compacte  de  Républicains  avancés»  l’œuvre  de  la  der¬ 
nière  législature  n'a  pas  été  stérile;  elle  a  voté,  notamment  : 

La  loi  sur  les  successions,  qui  dégrève  les  successions  obérées  et  frappe  de  droit  pro¬ 
gressifs  les  gros  héritages; 

La  loi  sur  fe  régime  des  boissons,  encore  imparfaite,  mais  qui  a  cependant  réduit  consi¬ 
dérablement  les  droits  sur  Je  vin  et  les  autres  boissons  hygiéniques; 

La  loi  sur  la  réglementation  du  travail  et  des  retraites  des  employés  de  chemins  de  fer; 
îa  loi  sur  le  travail  dans  les  mines;  la  loi  sur  le  repos  hebdomadaire,  auxquelles,  comme 
Membre  de  la  Commission  du  Travail,  je  m’honore  d’avoir  collaboré. 

Elle  a  commencé  la  discussion  de  la  loi  sur  les  retraites  ouvrières; 

Elle  a  voté  le  principe  du  service  militaire  de  deux  ans,  qui  devra  être  la  première 
réforme  législative  de  la  Chambre  prochaine  ; 

Elle  a  augmenté  le  salaire  des  petits  employés  de  EÉtat,  les  prolétaires  de  T  Adminis¬ 
tration,  et  supprimé  le  système  inique  du  pourcentage  pour  l’avancement  des  instituteurs. 

Elle  a  fait,  enfin,  la  loi  sur  les  associations  qui,  toute  incomplète  qu’elle  est  encore,  a 
porté  un  coup  terrible  à  la  puissance  toujours  envahissante  des  Congrégations,  à  l'accapare- 
ment  par  elles  delà  fortune  publique  et  de  l’éducation  de  la  jeunesse. 

J’ai,  vous  le  savez,  voté  toutes  ces  lois  avec  enthousiasme. 

Mais  les  plus  importantes  réformes  sont  encore  à  faire;  mon  programme  est  loin  d’être 
réalisé* 

Anti-clérical  avant  tout,  je  veux  la  séparation  des  Églises  et  de  YÉ tat;  la  suppression  du 
budget  des  cultes;  et,  pour  compléter  la  îoî  sur  les  associations,  la  suppression  de  toutes  les 
Congrégations;  le  retour  à  la  nation  des  biens  de  main-morte. 

Je  veux  renseignement  exclusivement  laïque  à  tous  les  degrés  et  accessible  à  tous  par 
voie  de  concours* 

Radical-socialiste,  c’est-à-dire  partisan  de  toutes  les  réformes  politiques  que  comporte 
la  République,  de  toutes  les  réformes  économiques  et  sociales  compatibles  avec  le  respect 
de  la  propriété  individuelle,  je  réclame  ; 

La  réduction  à  deux  ans  du  service  militaire  égal  pour  tous;  la  suppression  des  28  et 
des  13  jours;  la  suppression  des  Conseils  de  guerre  en  temps  de  paix; 

Les  retraites  pour  la  vieillesse  et  les  invalides  du  travail; 

L’impôt  progressif  sur  le  revenu; 

L  assurance  obligatoire  par  l’État  des  risques  agricoles  ; 

La  création  de  Banques  de  crédit  agricole  et  de  crédit  au  travail; 

L  amélioration,  dans  1  intérêt  des  ouvriers,  des  lois  sur  ia  durée  et  les  conditions  du 

travail  * 


L’extension  des  libertés  syndicales  et  des  attributions  des  Conseils  de  prud’hommes  - 
La  répression  sevère  de  la  spéculation  et  de  l’accaparement; 

L’épuration  du  personnel,  ia  suppression  de  l’inamovibilité  de  la  magistrature  - 
La  réduction  des  frais  de  justice  ; 

La  diminution  des  gros  traitements; 

Le  renoncement  à  toute  politique  d’aventures  et  de  conquêtes; 

La  révision  de  la  Constitution,  la  souveraineté  absolue  du  suffrage  universel  - 
Le  secret  du  vote*  & 


iel  est  mon  programme;  il  nTa  pas  varié  et  pouvez  être  sûrs  que  j'y  serai  fidèle  car 
je  ne  suis  pas  de  ceux  dont  les  opinions  changent  avec  les  circonstances* 


Citoyens, 

L’heure  est  grave  pour  Mpobliquo  :  sous  la  bannière  du  parti  clérical,  la  Boulangisme 
s  est  reconstitué  :  .1  s’appelle  aujourd’hui  le  Nationalisme.  Tour  à  tour  violent  et  sournois,  il 


N*  1162 


—  31  — 

a  d’abord  essayé  un  coup  d’Etat  et  osé  lever  la  main  sur  le.  Président  de  la  République  ;  puis, 
après  l’échec  de  ses  tentatives  criminelles,  après  l’arrestation  et  la  condamnation  de  ses 
chefs,  il  a  organisé  dans  l’ombre,  avec  la  complicité  des  congrégations  et  du  clergé,  la 
coalition  de  toutes  les  forces  réactionnaires  contre  la  République. 

Cléricaux  et  Gésariens  —  le  goupillon  et  le  sabre  —  s’apprêtent  à  livrer  à  la  Répu¬ 
blique  un  suprême  assaut.  A  la  réaction  sous  toutes  ses  formes,  à  ses  deux  candidats  oppo¬ 
sons,  Citoyens,  le  bloc  républicain;  opposons  l’union  de  tous  ceux  qui  veulent  la  République 
toujours  plus  républicaine. 

Vingt  années  d’une  vie  politique  sans  défaillance  répondent  de  moi;  et  puisque,  pour  la 
seconde  fois,  j’ai  l’honneur  d'être  le  candidat  de  la  République,  soyez  certains  que,  de  toute 
mon  énergie,  de  toute  l’ardeur  de  mes  convictions,  je  tiendrai  haut  et  ferme  le  drapeau 
d’avant-garde  que  vous  m’avez  confié. 

Vive  la  République  ! 

Henri  PÉRONNEAU,  Député  sortant, 

Vice-Président  du  Conseil  général, 
Candidat  du  Congrès  républicain. 


2e  circonscription  de  MOULINS 

M.  VILLE,  élu  Sénateur,  remplacé  par  M.  MINIER 


Voy.  Elections  partielles. 


ALPES  (BASSES-) 


Circonscription  de  BARCELONNETTE 

M.  Paul  DELOMBRE 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin*  —  2,010  voix* 


Monsieur  et  cher  Concitoyen , 

Fidèle  à  la  parole  que  je  vous  ai  donnée,  je  viens  vous  demander  le  renouvellement 
de  mon  mandat  de  député. 

Depuis  plus  de  huit  ans,  vous  me  voyez  à  l’œuvre. 

Vous  savez  si  j’ai  pris  à  cœur  votre  défense,  tout  fait  pour  représenter  dignement  nos 
Alpes  et  pour  servir  la  République* 

Successivement,  rapporteur  du  budget  des  finances  à  la  Chambre,  rapporteur  général 
de  la  Commission  du  budget,  deux  fois  président  de  cette  Commission,  puis  Ministre  du 
Commerce,  de  l’Industrie,  des  Postes  et  des  Télégraphes;  enfin,  par  un  honneur  tout 
spécial  dont  j’ai  été  profondément  touché  et  qui  a  resserré  nos  liens  déjà  si  étroits,  élu,  à 
Tunanïmitê,  président  du  Conseil  général  des  Basses-Alpes,  j’ai  justifié  de  mon  mieux 
la  confiance  que  l’arrondissement  de  Barcelonnette  m'a  témoignée. 

Vous  me  connaissez;  de  ma  part,  toute  profession  de  foi  serait  dès  lors  superflue* 

Les  principes  qui  me  guident  sont,  au  surplus,  très  simples  * 

Vieux  républicain,  je  considère  la  République  comme  l’instrument  nécessaire  de  notre 
développement  national,  comme  le  gage  et  la  garantie  de  toutes  les  réformes. 

Mon  idéal  est  une  France  de  plus  en  plus  grande,  glorieuse  et  puissante,  grâce  à 
l’union  de  ses  fils  réconciliés,  tous  groupés  dans  une  action  fraternelle  pour  le  progrès 
social  continu  et  l’entière  émancipation  de  la  démocratie  par  la  paix  et  par  la  liberté.  En 
m’envoyant  de  nouveau  à  la  Chambre,  vous  n’affirmerez  pas  seulement  votre  attachement 
à  une  politique  républicaine  de  travail  utile  et  d’efforts  incessants  pour  le  relèvement 
intégral  de  la  Patrie  ;  vous  me  mettrez  en  mesure  de  poursuivre  la  réalisation  du  pro¬ 
gramme  que  je  vous  ai  exposé  si  souvent  dans  nos  réunions.  Vous  avez  pu  juger,  par  des 
applications  partielles,  quels  heureux  résultats  notre  région,  en  particulier,  peut  s’en 
promettre* 

J’aurai,  d’ailleurs,  roccasion  d’en  causer  une  fois  de  plus  avec  vous,  car  je  compté  bien 
me  rendre  avant  les  élections  dans  toutes  les  communes  do  l’arrondissement*  Elles  m’ont 
toujours  marqué  une  sympathie  dont  je  leur  garde  une  vive  gratitude. 

Veuillez,  Monsieur  et  cher  Concitoyen,  agréer  l’expression  de  mes  sentiments  tout 
dévoués* 


Paul  DELOMBRE,  Député  sortant, 

Président  du  Gonseil  général  des  Basses-Alpes, 
Candidat  républicain* 


™  33  — 


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Circonscription  de  GASTELLANE 

M.  le  coin  le  BONI  DE  GASTELLANE  a  été  réélu  après  annulation  de  son  élection. 


Voy*  Élections  partielles. 


Circonscription  de  DIGNE 

M.  FRUCHIEB 

Élu  au  2*  tour  de  scrutin.  —  5,796  voix. 


Mes  chers  concitoyens. 

En  1898,  vous  avez  signifié  a  M,  Joseph  Reinach  un  congé  en  bonne  forme;  vous  lui  avez 
nettement  déclaré  que  vous  ne  vouliez  plus  de  lui.  Cet  homme,  qui  a  toutes  les  audaces,  feint 
de  ne  pas  avoir  entendu  et,  en  dépit  de  son  échec  retentissant,  il  ose  solliciter  de  nouveau 
vos  suffrages.  Celui  dont  le  nom  honni  et  abhorré  par  tous  les  républicains  honnêtes  de 
France  rappelle  les  plus  honteuses  compromissions  et  les  plus  tristes  scandales  dont  a  eu 
à  souffrir  la  République  ee  dit  aujourd'hui  son  défenseur  et  veut  quand  même  forcer  les 
portes  du  Parlement  où  personne  ne  voudrait  ni  le  recevoir  ni  Fentendre.  Alors  que  tous  les 
partis  le  renient,  que  Paris  en  a  horreur  et  qu'aucun  collège  de  France  ne  voudrait  de  lui, 
il  vient  jeter  le  défi  à  Fhonnête  démocratie  de  cet  arrondissement  et  ose  prétendre  à  Phon- 
neur  de  le  représenter,  II  n’en  est  pas  cligne. 

L'honorable  Paul  Houx  a  dû  se  retirer  devant  les  calomnies  de  cet  adversaire  peu  loyal 
et  c'est  pour  obéir  h  !a  voix  du  devoir  que  j'ai  pris  de  ses  mains  le  drapeau  républicain  que 
je  tiens  à  conduire  à  la  victoire3  uniquement  pour  barrer  la  route  à  M*  Joseph  Reinach* 

Électeurs  Bas-Alpins, 

le  remplis  mon  devoir;  vous  saurez  faire  le  vôtre.  La  France  entière  a  les  yeux  sur 
vous;  vous  ne  faillirez  pas  à  l’honneur.  Il  ne  sera  pas  dit  que  cet  homme  que  tout  le  monde 
repousse  a  été  voire  élu. 

Je  suis  un  enfant  de  votre  pays;  beaucoup  d'entre  vous  méconnaissent.  Je  me  présente 
tel  que  je  suis  et  que  j’ai  toujours  été;  je  n'éprouve  pas  le  besoin  de  prendre  un  masque* 

J’aime  la  République  et,  sous  vos  yeux,  en  maintes  circonstances,  soldat  modeste 
mais  convaincu,  j’ai  combattu  pour  le  triomphe  des  idées  républicaines.  Mais  je  suis  de  ceux 
qui  pensent  que  la  République  ne  doit  pas  être  une  petite  chapelle  réservée  à  une  coterie. 
Je  la  considère  comme  la  grande  maison  dans  laquelle  tous  les  bons  Français  doivent  s'unir, 
non  pas  pour  une  éternelle  bataille,  mais  pour  s'aimer  et  s'enlr'aider  comme  il  convient  à 
une  démocratie  intelligente,  libre  et  forte,  nourrie  des  idées  de  solidarité  et  de  justice. 

Respectueux  de  toutes  les  libertés  politiques,  je  considère  comme  également  sacrées 
les  libertés  privées  et  je  répudie  comme  contraire  aux  immortels  principes  de  la  Révolution 
la  conception  toute  impériale  du  monopole  de  l'instruction  entre  les  mains  de  l’État.  Je  me 


5 


déclare  partisan  de  la  liberté  de  l’enseignement  sous  la  surveillance  et  le  contrôle  des  pou- 


voirs  publics  dans  l’intérêt  général. 

Je  crois  au  Progrès  par  la  Liberté  et  f esti’nae  que  c’est  avec  eile  que,  par  les  Syndicats 
et  les  Associations 3  la  Démocratie  doit  avancer  dans  la  voie  des  améliorations  sociales  plus 
sûrement  que  par  une  législation  qui,  sous  le  couvert  du  devoir  de  prévoyance  de  FÉtat, 
entraverait  l’initiative  des  citoyens. 

Je  ne  suis  ni  un  réacteur  ni  un  timide;  les  nouveautés  ne  m’effrayent  pas. 

Je  crois  que  l’impôt  foncier  pèse  trop  lourdement  sur  la  terre  et  qu’il  y  a  urgence  de 
F  en  dégrever. 

Je  sais  que  nos  impôts  sont  lourds  et  je  ne  prétends  pas  qu’ils  doivent  être  immuables. 
Je  m  associerai  volontiers  à  l’étude  d’un  remaniement  qui  aurait  pour  but  de  les  rendre 
plus  équitables.  Je  suis  partisan  en  principe  d’un  impôt  global  et  progressif  sur  le  revenu, 
mais  je  voudrais  avant  tout  des  économies  nécessaires  pour  arriver  à  un  dégrèvement  réel 

Si  je  suis  votre  élu,  je  voterai  la  réduction  de  la  durée  du  service  militaire  en  tant  que 
cette  réduction  ne  compromettra  pas  la  sècurké  dé  la  Patrie, 

Je  suis  sincère  et  ne  veux  pas  vous  faire  de  folles  promesses. 

Républicain,  je  marcherai  toujours  dans  la  voie  du  progrès,  tout  en  me  gardant  des 
utopies  dangereuses. 

Connaissant  vos  souffrances  et  vos  besoins,  je  mettrai  tout  ce  que  j’ai  de  cœur,  de  cou¬ 
rage  et  d’énergie  au  service  de  vos  intérêts  qui  sont  les  miens  et  je  voterai  en  toutes  cir¬ 
constances  les  lois  qui  auront  pour  objet  Famélioration  du  sort  des  agriculteurs. 

Je  vous  promets  mon  entier  dévouement  et  je  ne  suis  pas  homme  à  oublier  ma  promesse. 

Elu  par  vous,  fort  de  votre  confiance,  je  défendrai  de  tout  cœur  les  intérêts  de  l’arron¬ 
dissement  de  Digne  et  je  tiendrai  toujours  haut  et  ferme  le  drapeau  de  la  République, 

Vivent  les  Basseâ-Àlpès  î 
Vive  la  France  ! 

Vive  la  République! 


Charles  FftüCHIÏR,  Avocat, 


Circonscription  de  FQRGALQUIER 

Âf,  DEFARGE,  élu  Sénateur*  remplacé  par  M.  ISOARD 


Voy*  Elections  partielles, 


CirconBcription  de  SISTERON. 


M*  G, -A,  HUBBÀttD 

Élu  au  îei  tour  de  scrutin.  —  2*706  voix* 


Chers  Concitoyens, 


grain 

sente*  »  *u  uuub ch  générai,  je  me  suis  mis  au  travail 


vos  intérêts. 


pour  faire  triompher 


-î 


En  prenant  part  aux  débats  importants  de  la  Chambre,  comme  membre  de  la  Commis* 
sion  du  budget,  chargé  des  rapports  sur  les  finances  et  sur  l’indemnité  de  guerre  souscrite 
par  la  Chine,  je  me  suis  eflorcé  de  réaliser  une  politique  de  paix  et  d’économie. 

J'ai  contribué  efficacement  par  mon  intervention,  à  ta  Commission  du  budget  et  à  la 
tribune,  à  assurer  le  succès  définitif  de  la  rédaction  sur  la  contribution  personnelle-mobi- 
lière,  qui  a  diminué  annuellement  d’environ  35.000  francs  le  contingent  à  paver  par  le 
département  des  Basses-Alpes  et  de  7,500  francs  celui  de  l’arrondissement  de  Sisteron. 

Je  me  suis  occupé  activement  de  poursuivre  l'achèvement  de  votre  réseau  de  routes  et 
de  chemins  et  de  donner  satisfaction  à  toutes  les  réclamations  que  je  priais  MM,  les  maires 
de  vos  communes  de  me  transmettre  avec  précision. 

J’ai  réussi  à  faire  maintenir  cette  année  l'ensemble  des  subventions  d’État,  sur  le  fonds 
dit  des  5  millions,  destinées  à  contribuer  aux  dépenses  des  routes  et  des  chemins.  Pour 
l’année  prochaine  le  Conseil  général  m’a  chargé,  de  concert  avec  mes  collègues  Delombre  et 
Gassier,  de  faire  à  Paris  toutes  les  démarches  et  les  études  nécessaires  pour  que  la  part  du 
département  ne  subisse  pas  la  diminution  à  laquelle  i!  est  exposé. 

Voilà  de  quelle  façon,  en  ne  parlant  que  des  plus  grosses  questions,  j’ai  accompli  mon 
devoir  de  représentant. 

Vous  m’avez  vu  à  l’œuvre,  vous  ave*  commencé  à  recueillir  les  résultats  demes  efforts 
dévoués.  Il  ne  dépend  que  de  vous  que  nous  continuions  à  obtenir  de  l'administratio*,  pour 
nos  cinq  cantons,  la  satisfaction  des  besoins  urgents  qui,  de  tous  côtés,  sollicitent  mon 
attention. 

Tout  en  me  consacrant  ainsi  au  labeur  d’administration  pratique  qui  correspond  aux 
nécessités  de  votre  vie  économique,  je  me  suis  attaché  aussi  à  ne  pas  perdre  de  vue  les 
problèmes  politiques  et  sociaux  que  comporte  le  perfectionnement  incessant  de  notre  belle 
République. 

Elle  a  été  établie  grâce  aux  efforts  de  nos  pères  de  1789  et  de  1792,  de  1848  et  de  1870, 
au  prix  même  de  leurs  vies  ;  il  faut  ia  défendre  sans  relâche  contre  les  manoeuvres  vio¬ 
lentes  ou  doucereuses,  contre  les  équivoques  de  toutes  les  aristocraties  de  naissance  et 
d’argent,  contre  l’esprit  rétrograde  des  castes  militaristes  ou  sacerdotales. 

La  République  que  nous  voulons,  n’est  pas  une  République  bâtarde,  gouvernée  ou  re¬ 
présentée  par  les  grands  seigneurs,  qui  ne  se  raillent  à  la  République  que  pour  essayer 
d’y  maintenir  leurs  privilèges. 

Nous  voulons  la  République  du  Travail,  de  la  \erité,  de  la  Science,  de  la  Justice, 

Nous  voulons  confondre  par  la  Raison  et  la  Loi,  les  puissances  de  mensonge,  d  inéga¬ 
lité,  de  terreurs  chimériques  et  de  corruption  par  l’Argent, 

Le  Président  de  la  République,  M.  Loubet,  l’ancien  représentant  de  la  Drôme,  le  Gou¬ 
vernement  de  défense  et  d’action  républicaines,  ont  été  soutenus  de  mes  votes  et  de  ma 
parole  contre  les  outrages,  les  injures  et  les  calomnies  de  ces  partis  progressistes,  natio¬ 
nalistes,  cléricaux,  coalisés  dans  un  assaut  furieux  qui  est  3e  renouvellement  du  SejzgfMai 
et  du  Boulangisme. 

La  Chambre  a  effectué  celte  grande  réforme  qui  a  fondé  pour  la  première  fois  la 
liberté  d’association  des  citoyens  en  ramenant  les  congrégations  au  respect  de  la  loi.  Les 
droits  sur  les  successions  ont  été  rendus  plus  justes  par  l’application  du  principe  de  la 
déduction  des  dettes  et  du  tarif  progressif  sur  les  héritages  de  plus  d’un  million. 

Les  factieux  qui  prêchaient  l’indiscipline  de  l'armée  contre  les  pouvoirs  civils  ont  été 
ramenés  au  respect  de  la  liberté  politique  du  pays  par  l’énergie  républicaine  du  général 
André,  Ministre  de  la  Guerre. 

Il  faut  continuer  cette  marche  en  avant  vers  les  réformes  démocratiques  : 

Supprimer  radicalement  le  principal  de  l’impôt  foncier  —  la  terre  est  un  instrument  de 
travail,  un  outil  qui  ne  doit  pas  servir  de  base  spèciale  à  l’impôt; 

Supprimer  l’inique  impôt  des  portes  et  fenêtres,  les  patentes  de  la  contribution  per¬ 
sonnelle  et  mobilière  en  remplaçai  ces  quatre  taxes  démodées  et  vieilles  de  plus  d’un 


—  36 


siècle,  par  1  établissement  d’un  impôt  progressif  sur  le  revenu,  plus  moderne  et  plus 
équitable; 

H  faut  réduire  les  charges  militaires  de  la  nation  en  perfectionnant  la  défense  du 
pays,  par  i  organisation  du  service  d’un  an,  égal  pour  tous  (sauf  les  soutiens  de  famille)  par 
la  suppression  des  28  et  des  13  jours;  les  réservistes  et  les  territoriaux  étant  appelés  à  de 
courts  exercices  à  portée  de  leurs  foyers,  sans  créer  un  contingent  de  soldats  professionnels 
et  salaries  qui  grèverait  lourdement  notre  budget  et  serait  une  menace  prétorienne  perma¬ 
nente,  contre  la  sûreté  de  la  République, 

H  faut  organiser  ia  retraite  nationaie  pour  les  vieillards  des  deux  sexes  à  l’aide  de 
la  j  issement  de  l’impôt  sur  le  revenu,  11  faut  achever  la  laïcisation  complète  de  tous  les 
services  et  administrations  publics,  de  tous  les  budgets,  en  séparant  complètement  les  ques¬ 
tions  religieuses  de  la  vie  politique,  administrative  et  financière  du  pays.  Les  différentes 
religions  n’ont  pas  à  être  mêlées  à  nos  institutions  politiques;  elles  doivent  être  réservées 
au  domaine  de  1  activité  privée  des  citoyens  et  de  leurs  associations  libres,  dans  les  limites 

tic  Ici  101. 

Il  faut  enfin  obtenir  l’ouverture  d’un  programme  de  travaux  publics  agricoles,  de  pro¬ 
ue  ion,  dotant  nos  communes  des  améliorations  dont  elles  ont  besoin  pour  augmenter  le 
rendement  de  la  terre,  au  lieu  de  lancer  le  pays  dans  des  expéditions  meurtrières  et 
conteuses,  au  profit  des  prosélytismes  religieux  ou  des  spéculations  financières. 

Nous  avons  particulièrement  à  poursuivre  avec  persévérance,  dans  cet  arrondissement 
etablissement  de  canaux  d’irrigation  (Ventavon  et  Montfort)  et  des  voies  ferrées  des 
vallees  de  la  haute  Durance  et  du  Jabron. 

Citoyens, 

Tous  ces  progrès  ne  pourront  être  l’œuvre  d’un  seul  jour,  mais  la  vraie  manière  de  les 

cale  «oc°UrVCèSt  de  COntnbuer  à  relourner  à  la  Chambre  une  majorité  républicaine  radi¬ 
cale-socialiste  compacte  qui  achèvera  la  déroute  de  la  réaction. 

Lest  à  droite  qu  est  le  péril,  cest  là  aussi  qu’est  le  piétinement  sur  place  et  l’avorte¬ 
ment  des  réformes  :  barrez  donc  énergiquement  le  passage  au  toS  S&p éS  àéï 
c.  ommes  reMonnair.»,  des  dépanses  électorales  effrénées,  de»  louches  Eï, 
disant  républicaines  grâce  auxquelles,  comme  en  18^9,  le  bloc  de  droite  le  Darti  xmm 

sa#  "*  ■-  *■  par,“  “"»*■*  «*.  »nS  „  jr  • 


Citoyens, 

,.tpLZ  hommes1du  Passé  veulent  faire  rétrograder  la  démocratie  de  l’arrondissement  de 
Sisteron,  jusque  dans  les  bras  de  l’aristocratie  redorée  et  blasonnée.  lcüssement  de 

pins  avant'dans3 là6 voL^ d e riTvra^MîépubHq^e.t6r°n  *1 5  6116  marciie,  a  touJours 


Vive  la  République  Démocratique  et  Sociale 


G.  IÏUBBARD, 

Avocat  à  la  Cour  de  Paris 
Conseiller  général  du  canton  de  Noyers, 
député  sortant. 


—  37  - 


N*  1162 


ALPES  (HAUTES) 


Circonscription  de  BRIANÇON 

M.  LÀURENÇGN 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  2*470  voix. 


Mes  chers  Compatriotes, 

Fai  consacré  plus  de  la  moitié  de  ma  vie  à  défendre  les  intérêts  du  Rriançonnais  et  du 
département,  soit  au  Conseil  général,  soit  à  la  Chambre  des  Députés*  J’ai  apporté  tous  mes 
efforts  à  consolider  la  République  par  des  votes  qu’inspirait  seul  l’amour  de  mon  Pays*  Je 
crois  ne  pas  avoir  failli  à  ce  double  mandat  que  vous  m’aviez  confié  et  je  viens  vous  deman¬ 
der  de  me  le  renouveler.  Ce  sera  l’honneur  de  ma  vie  d'avoir  conservé  votre  confiance  et 
votre  affection,  et,  à  la  fin  de  ma  carrière,  je  regarderai  les  suffrages  que  vous  m’accorderez 
comme  la  plus  hante  des  récompenses  pour  le  bien  que  j’ai  pu  faire, 

La  législature  qui  vient  de  finir  a  été  fertile  en  incidents*  Mais  si  vous  voulez  bien 
résumer  la  situation,  vous  concilierez  que  la  haute  magistrature  de  notre  éminent  et  aimé 
compatriote  M*  Loubet  a  débuté  dans  l’agitation  des  partis,  et  ^aujourd'hui  les  villes  du 
littoral  du  Nord  se  disputent  l’honneur  de  le  recevoir  lors  de  sa  prochaine  visite  à  notre 
allié  l'Empereur  de  Russie* 

Faut-il  ajouter  que  nos  relations  avec  l’Italie  sont  redevenues  cordiales  et  que  nous 
devons  nous  féliciter  de  cette  amélioration  qui  répond  à  nos  sentiments  et  à  nos  intérêts? 

Ne  vous  laissez  pas  émouvoir  par  les  ardeurs  des  polémiques  soulevées  autour  de  nous. 
Gardons  notre  union  pour  la  montrer  avec  firtè  à  ceux  qui  se  plaisent  dans  la  discorde* 
Quoi  qu’on  puisse  dire,  la  République  reste  le  régime  populaire,  et  la  France,  forte  de  son 
unité  et  de  son  patriotisme,  n’a  rien  à  redouter  des  tempêtes  passagères  suscitées  par  les 
ambitions  et  par  les  réactions  1 

Vive  ia  République  î 

Léon  LAURENÇGN,  Député  sortant* 


Circonscription  d’EMBRUN 

M.  PAV1E 

Élu  au  l"  tour  de  scrutin.  —  S3G6  voix. 


Mes  chers  Compatriotes, 

A  une  importante  majorité  vous  m’avez  désigné,  il  y  a  quatre  ans,  pour  vous  repré¬ 
senter  et  défendre  vos  intérêts  à  la  Chambre  des  Députés. 

Je  crois  avoir  fidèlement  et  consciencieusement  rempli  mon  mandat,  et,  convaincu  que 
je  suis  resté  digne  de  votre  confiance,  je  viens  vous  demander  de  vouloir  bien  me  le  renou¬ 
veler. 

Dégagé  de  toute  ambition  personnelle,  libre  et  indépendant  de  toute  coterie,  vous 
pouvez  toujours  compler  sur  mon  concours  le  plus  dévoué. 

Durant- tout  le  cours  de  celte  législature,  je  n’ai  eu  qu’une  ambition  :  servir  mon  pays 
et  mes  concitoyens:  mon  pays,  en  m’associant  par  mes  votes  à  toutes  les  réformes  démo¬ 
cratiques  ;  mes  concitoyens,  en  mettant  à  leur  disposition  mon  activité  et  l’influence  que  me 
confère  le  mandat  de  député. 

Au  point  de  vue  politique,  j’estime  que  la  stabilité  ministérielle  est  une  des  conditions 
essentielles  à  la  réalisation  de  toutes  nos  revendications  sociales.  Vous  rappeler  que  mon 
dévouement  le  plus  absolu  est  acquis  à  la  République  et  au  maintien  intégral  de  toutes  nos 
institutions  républicaines  serait  vous  faire  injure  :  vous  me  connaissez  tous.  Je  ne  faillirai 
jamais  à  mon  mandat  et  je  me  souviendrai  toujours  qu’un  des  premiers  devoirs  du  repré¬ 
sentant  est  de  faire  aimer  la  République  en  l’aimant  d’abor'd  lui-même  et  en  la  servant 
arec  abnégation  et  désintéressement. 

De  nombreuses  réformes  ont  été  votées  dorant  cette  législature;  et  je  suis  fier  d’y 
avoir  collaboré. 

Comme  par  le  passé,  je  demeure  partisan  de  toutes  les  économies  compatibles  avec  la 
bonne  marche  de  nos  services  publics* 

Membre  du  groupe  parlementaire  de  la  défense  des  intérêts  de  la  petite  et  moyenne 
culture,  je  ne  cesserai  de  demander  la  suppression  de  l’impôt  foncier,  notamment  dans 
les  pays  pauvres  comme  le  nôtre. 

Notre  département  a  bénéficié  de  40.000  francs  de  dégrèvement  de  la  péréquation  des 
contingents  de  la  personnrile-mobilière:  ce  n’est  pas  suffisant  ;  mars  la  voie  est  ouverte  et 
tous  raes  efforts  tendront  à  obtenir  mieux  encore. 

Et  comme  un  nouvel  impôt  devra  forcément  combler  le  déficit  produit  par  la  suppres¬ 
sion  de  l’impôt  foncier,  de  la  cote  personnelle-mobilière  et  des  portes  et  fenêtres  l’impôt 
sur  le  revenu  devient  nécessaire.  Il  importe  de  faire  cesser  le  scandaleux  privilège  dont 
jouissent  les  grandes  fortunes  au  détriment  des  moins  favorisés,  des  petits  commercants  et 
surtout  des  propriétaires  ruraux. 

Je  continuerai  à  apporter  mon  concours  à  toutes  les  réformes  démocratiques  : 

Diminution  des  gros  traitements;  décentralisation  des  services  publics; 

Développement  des  syndicats  agricoles; 

Réduction  à  deux  ans  du  service  militaire  qui  pèse  si  lourdement  sur  les  travailleurs 
des  champs'; 

Diminution  du  droit  de  mutation  qui  paralyse  les  transactions  et  immobilise  la  terre* 

.Modification  des  lois  sur  la  police  sanitaire  des  animaux  de  façon  à  simplifier  et  à 
diminuer  les  frais  1  F 


N°  1162 


-  M  ~~ 

Création  de  caisséâ  d’assufanCês  et  de  secours  contre  les  intempéries  frappant  l'agri¬ 
culture  et  la  mortalité  du  bétail. 

Membre  du  groupe  parlementaire  de  la  défense  des  intérêts  de  Renseignement  pri¬ 
maire,  fa  p  porte  rai  tout  mon  concours  aux  réformes  intéressant,  d'une  part,  nos  maîtres 
et  nos  instituteurs  dévoués,  ét  d'autre  part  l’êdUcation  populaire,  persuadé  que  là  réside 
l’avenir  de  notre  chère  République* 

Je  persisterai  à  demander,  avec  mes  collègues  des  Hautes-Alpes  et  des  départements 
limitrophes,  Rétablissement  d’une  ligne  de  chemin  de  1er  reliant  par  la  Durance  le  réseau 
P.-L.-M.  au  réseau  italien* 

Au  point  de  vüé  religieux,  comme  en  Î898,  je  suis  partisan  de  la  plus  large  liberté  de 
conscience;  je  respecte  toutes  les  croyances  ;  et  j'estime  que  l’État  ne  doit  voir  en  nous  que 
des  citoyens  libres  et  égaux  devant  la  loi. 

Rai  voté  contre  la  séparation  des  Églises  et  de  l’État,  j*ai  également  voté  tous  les  crédits 
relatifs  aux  cultes,  convaincu  que  telle  était  l'intention  de  mes  mandants. 

Chers  compatriotes, 

Je  fais  appel  à  l’union  de  tous  les  républicains,  vous  êtes  de  Ceux  qui  ne  connaissent 
ni  lés  défaillantes,  ni  les  trahisons;  fel  je  répète  avec  vous  :  «  Les  Alpes  aux  Alpins*  » 

Vive  la  France  1  Vive  la  République! 

F.  PAYIE( 

Maire  efc  Conseiller  général  de  Saviües,  Député  sortant. 


Circonscription  de  GAP 

M.  EUZIÈftE 

Élu  au  8*  tour  de  scrutin*  —  7*S96  voix* 


Mes  chers  Concitoyens, 

Je  viens  solliciter  de  yos  libres  suffrages  le  renouvellement  du  mandat  que  voua  m’avez 
confié  pour  la  première  fuis  il  y  a  bientôt  treize  ans.  Au  sentiment  de  profonde  recon¬ 
naissance  dont  je  suis  animé  envers  vous,  se  mêle  une  légitime  fierté  pour  le  grand  honneur 
que  vous  m’avez  fait  à  trois  reprises  de  vous  représenter  à  la  Chambre  des  Députés,  Élu 
sur  un  programme  de  défense  et  d’action  républicaines,  je  suis  resté  loyalement  fidèle  à 
mes  engagements,  et  les  attaques  de  la  réaction  — *  sous  toutes  ses  formes  —  qui  n’ont 
jamais  cessé  de  m'être  prodiguées,  sont  la  preuve  éclatante  que  je  n’ai  point  démérité  de  la 
démocratie* 

C’est  donc  avec  une  entière  confiance  que  j’attends  votre  verdict  souverain- 

Ma  vie  politique  s'est  écoulée  parmi  vous,  vous  la  connaissez;  elle  peut  se  résumer 
par  ces  mots  :  amour  toujours  grandissant  pour  nos  Alpes  et  pour  îa  République, 

En  soutenant  de  mes  votes  la  politique  de  réparation,  de  progrès,  de  liberté  dont  le 
Gouvernement  a  pris  T  initiative  nécessaire,  je  suis  convaincu  d’avoir  servi  la  cause  de  la 
démocratie  *  Ài-je  besoin  d’énumérer  les  lois  si  importantes  votées  par  la  législature  qui 
finit? 

Les  républicains  les  ont  appréciées  et  acceptées  comme  des  lois  d’émancipation,  de 
justice,  de  raison  et  d’amélioration  sociale* 

Mais  l’oeuvre  si  heureusement  entreprise  doit  être  poursuivie  ; 

Je  me  prononcerai  pour  la  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans*  11  est  établi, 
aujourd’hui,  que  l’armée  nationale  ne  souffrira  aucunement  de  cet  allégement  apporté 


—  lift  ~ 

à  la  charge  si  lourde  qui  pèse  sur  les  forces  vives  du  pays  et  en  particulier  sur  les  popula¬ 
tions  rurales. 

Je  me  montrerai  favorable  à  la  constitution  de  retraites  ouvrières  pour  les  travailleurs 
de  Tindustrie  et  des  champs*  Comme  je  vous  le  disais,  il  y  a  quatre  ans,  «  notre  politique  [ 
doit  être  faîte  de  bonté  et  d'humanité,  elle  tend  une  main  secourable  aux  malheureux,  aux 
déshérités  ;  dans  notre  pays  de  France,  nul  ne  doit  être  privé  de  pain  et  d’abri  », 

Une  plus  équitable  répartition  des  impôts  est  indispensable.  L’impôt  sur  le  revenu,  | 
avec  dégrèvement  à  la  base,  réalisera  une  œuvre  de  justice  dont  les  petits,  les  humbles  ont 
le  droit  d’attendre  un  soulagement  nécessaire.  Dans  notre  pays  si  pauvre,  écrasé  par  les  ! 
changes  publiques,  l’impôt  sur  Je  revenu  doit  être  le  dégrèvement  de  nos  villages. 

La  terre  doit  être  libre;  je  suis  partisan  de  la  suppression  totale  du  principal  de  l’impôt  j 
foncier.  Une  prochaine  conversion  de  la  rente  permettrait  d'accomplir  cette  réforme. 

Je  me  prononcerai  pour  tous  les  projets  qui  seront  profitables  au  développement  de  ; 
l’instruction  publique  et  à  l’amélioration  de  la  situation  du  personnel  enseignant  à  tous  les  | 
degrés  et  pour  l’abrogation  définitive  des  lois  imposées  par  la  réaction  un  moment  i 
triomphante. 

L’agriculture  doit  être  lobjet  tout  particulier  de  la  sollicitude  des  pouvoirs  publics.  Elle  1 
a  le  droit  à  la  protection  de  la  loi  plus  encore  que  toutes  les  autres  industries*  Le  crédit 
agricole  doit  être  organisé  pratiquement,  la  loi  sur  les  warrants  rendue  plus  facilement 
applicable.  Des  encouragements  sérieux  doivent  être  accordés  aux  associations,  aux  syndi-  I 
cats.  La  représentation  agricole  par  des  Chambres  élues  doit  être  instituée. 

Les  canaux  d’irrigation  doivent  être  achevés  et  leur  régime  fiscal  modifié  avec  le  cou-  l 
cours  de  l’État. 

Les  voies  de  communications  doivent  être  améliorées  et  les  chemins  de  fer  depuis  ; 
longtemps  promis,  exécutés. 

Mes  chers  Concitoyens, 

L'heure  est  difficile,  toutes  les  réactions  concertées  tentent  un  nouvel  assaut  contre  la 
Société  sortie  de  la  Révolution  française.  Toutes  les  conquêtes  de  nos  pères  sont  contes-  | 
tées;  les  progrès  accomplis  par  la  République  sont  mis  en  question,  et  pour  essayer  d’ac¬ 
complir  cette  oeuvre  néfaste,  les  coalisés  ne  reculent  devant,  aucun  moyen.  La  ruse,  le 
mensonge,  la  calomnie  sont  leurs  armes  habituelles.  Votre  clairvoyance  saura  déjouer  leurs  ! 
manœuvres  perfides. 

Vous  rte  les  croirez  pas  lorsqu  ils  vous  affirmeront  qu  eux  seuls  sont  patriotes,  comme 
si  depuis  les  premiers  jours  de  la  Révolution,  Patriote  et  Républicain  n’étaient  pas  syno¬ 
nymes;  comme  si  1  amour  de  la  Patrie  avait  besoin  de  démonstrations  charlatanesques* 

Vous  vous  souviendrez  de  tout  ce  que  la  Chambre  des  Députés  a  fait  pour  la  marine 
et  pour  l’armée,  et  vous  repousserez  avec  indignation  ces  calomnies  odieuses  qui  voudraient 
vous  faire  admettre  que  les  meilleurs  des  Français  n’aiment  pas  la  France. 

Vous  saurez  repondre  que  la  Pairie  n’est  pas  seulement  le  sol  do  notre  pays,  mais 
encore  l’héritage  des  progrès,  des  conquêtes  dont  le  texte  sacré  de  la  Déclaration  des  Droits 
de  l’homme  et  du  citoyen  contient  les  principes. 

Vous  affirmerez  la  volonté  de  poursuivre  votre  marche  incessante  vers  la  Vérité  et  la 
Justice  par  l’application  de  l’immortelle  devise  :  «  Liberté,  Égalité,  Solidarité  ». 

Je  vous  dis  enfin  ;  «  Anime  du  plus  large  esprit  de  tolérance,  respectueux,  jusqu’au 
sciupule,  de  la  liberté  individuelle,  nous  nous  Inclinons  devant  le  sanctuaire  inviolable  de  la 
conscience*  et  nous  n  avons  d'autre  passion  que  la  prospérité  de  nos  chères  Alpes,  la  gran^ 
deur  de  la  France  et  de  la  République.  » 

Vive  la  République! 

F.  FUZIÈRE, 

Avocat,  Président  du  Conseil  général, 

Député,  Chevalier  de  la  Légion  d’honneur* 


—  41 


N°  1162 


AUX  électeurs  dp.  i.’abro.ndissbment  de  cap 


Chers  Compatriotes, 

Le  comité  exécutif  de  l’Union  républicaine  de  l’arrondissement  de  Gap,  formé  de  per¬ 
sonnalités  appartenant  à  toutes  les  fractions  du  grand  parti  républicain,  a  désigné  à  l’una¬ 
nimité  M.  Euzière  pour  son  candidat  aux  élections  législatives  du  27  avril.  . 

Dans  cette  circonstance,  nous  considérons  comme  un  devoir  impérieux,  de  faire  un 
chaleureux  appel  à  tous  les  bons  citoyens  que  n’égarent  pas  la  passion  ou  la  haine  et  qui 
n’ont  pour  objectif  que  la  prospérité  de  nos  chères  Alpes  et  l’affermissement  des  institutions 

Républicaines. 

Aujourd’hui,  plus  que  jamais,  l’union  et  la  discipline  s'imposent  parmi  nous. 
Aujourd’hui,  exactement  comme  au  16  mai,  comme  au  temps  troublé  du  boulangisme, 
les  épaves  des  anciens  partis  monarchiques,  tous  les  ennemis  de  la  République  avérés,  ou 
seulement  déguisés  sous  les  vocables  trompeurs  de  nationalistes,  voire  même  de  républi¬ 
cains,  libéraux  ou  progressistes,  sont  étroitement  unis  et  prêts  à  tenter  un  suprême  effort 
contre  les  conquêtes  de  l’esprit  moderne  et  la  marche  en  avant  du  progrès! 

Ils  n’ont  qu’un  but,  faire  arriver  à  la  Chambre  une  majorité  hostile  aux  réformes 
démocratiques  et  sociales  et  disposée  à  se  prêter  à  toutes  les  aventures  et  à  toutes  les  entre¬ 
prises  contre  le  régime  républicain,  sans  souci  du  maintien  de  l’ordre  et  de  la  paix! 

A  cette  levée  de  boucliers,  à  ce  faisceau  de  forces  réactionnaires,  la  nécessité  s’impose 

d’opposer  le  bloc  intangible  des  forces  républicaines. 

Dans  notre  arrondissement,  le  devoir  de  tous  les  républicains,  depuis  le  plus  modère 
jusqu’au  plus  avancé,  est  de  voter  pour  le  candidat  de  concentration  républicaine  choisi 

par  le  Comité. 


Électeurs, 

Pour  obtenir  le  maintien  des  réformes  déjà  accomplies  par  la  République  et  la  réali¬ 
sation  de  celles  depuis  si  longtemps  attendues,  l’allégement  des  charges  écrasantes  qui 
pèsent  sur  l’agriculture,  la  réduction  du  service  militaire,  etc.,  etc.,  il  faut  une  majorité 

d’êlus  désireuse  et  capable  de  les  faire  aboutir.  .  ,  . 

De  ce  nombre  est  M.  Euzière  qui  vous  représente  depuis  tantôt  treize  ans,  dont  1a 
profonde  honnêteté,  la  loyauté  et  le  dévouement  à  vos  intérêts  et  à  la  République  vous  sont 

Oue  pas  un  de  vous  ne  s’abstienne,  que  pas  un  de  vous  ne  se  laisse  egarer  par  les 
déclamations  suspectes  de  ceux  que  soutiennent  nos  pires  ennemis,  toujours  les  mêmes  1 

Chers  Compatriotes, 

En  votant  en  rangs  serrés  pour  M.  Euzière,  votre  député,  en  assurant  ainsi  au  tour, 
comme  vous  l’avez  déjà  fait  à  trois  reprises,  le  succès  du  candidat  de  tous  les  vrais  Répu¬ 
blicains  du  plus  dévoué,  du  plus  digne,  du  plus  expérimenté  de  ceux  qui  sollicitent  vos 
suffrages,  vous  ferez  preuve  une  fois  de  plus  de  bons  sens  et  de  patriotisme,  et  vous  aurez 
bien  mérité  de  la  France  et  de  la  République  ! 


Vivent  les  Alpes I 

Vive  l’arrondissement  de  Gap! 

Vive  la  France  ! 

Vive  la  République! 


(Sut lient  fes  signatures.) 


6 


ALPES-MARITIMES 


lr*  circonscription  de  GRASSE, 

M.  MAURE 

Elu  an  îet  tour  de  scrutin.  —*  4.839  voii. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Encouragé  par  mes  amis  politiques,  soutenu  par  un  attachement  inaltérable  à  mon 
pays  et  un  dévouement  absolu  à  la  République,  je  me  présente  à  vos  suffrages. 

Pour  vous  permettre  d’apprécier  si  j’en  suis  digne,  j’ai  t’honneur  de  vous  exposer  les 
idées  et  les  principes  qui  me  guideraient  dans  l’exercice  du  mandat  que  je  sollicite  de  votre 
seule  confiance. 

Ennemi  des  discussions  inutiles,  je  répudie  les  utopies  et  les  théories  décevantes  du 
collectivisme,  mais  je  suis  tout  disposé  à  m’associer  à  toutes  les  mesures  qui  pourront 
réaliser  des  améliorations  sociales,  d’une  façon  pratique  et  durable,  en  développant  les 
institutions  de  mutualité  et  d’assistance,  et  en  organisant  un  système  de  retraites  ouvrières 
qui  fonctionnerait  avec  le  concours  de  l’État  sans  imposer  aux  divers  intéressés  des  charges 
exagérées. 

Pour  venir  en  aide  d’une  façon  efficace  à  l’agriculture  et  arriver  à  lui  procurer  des 
dégrèvements  nécessaires,  je  suis  d’avis  que  deux  mesures  s’imposent  :  la  réfection  du 
cadastre  et  l’établissement  de  droits  protecteurs  sur  les  produits  agricoles. 

Je  me  joindrai  à  ceux  qui,  tout  en  exigeant  un  contrôle  rigoureux  de  l’emploi  des  fonds 
publics  pour  réaliser  des  économies  de  plus  en  plus  indispensables,  s’attacheront  à  établir 
une  répartition  aussi  équitable  que  possible  des  impôts,  en  arrivant  progressivement 
jusqu’à  l’impôt  sur  le  revenu,  sans  toutefois  livrer  le  contribuable  à  la  merci  de  mesures 
arbitraires  et  inquisitoriales. 

Partisan  d’une  application  énergique  et  loyale  à  la  fois  de  la  nouvelle  loi  sur  les  asso¬ 
ciations,  j’estime  que  l’on  doit  autoriser  sans  parti  pris  les  congrégations  religieuses  qui 
restent  exclusivement  attachées  à  leur  mission,  et  que  l’on  doit  éliminer  et  dissoudre  sahs 
hésitation  ni  faiblesse  les  congrégations  qui  chercheraient  à  exercer  une  action  quelconque 
sur  les  affaires  de  l’État,  et  réprimer  d’où  qu’elles  viennent  les  tentatives  qui  auraient  pour 
but  d’établir  une  prédominance  du  pouvoir  religieux  sur  le  pouvoir  civil. 

Respectueux  de  la  liberté  du  père  de  famille,  j’estime  que  l’on  doit  maintenir  la  liberté 
de  renseignement  qui  en  est  la  conséquence,  tout  en  réservant  à  l’État  la  surveillance  et  le 
contrôle  de  tous  les  établissements  d’instruction  et  que  l’on  doit  faciliter  l’accès  gratuit  de 
1  enseignement  secondaire  aux  enfants  des  écoles  primaires  qui  feront  preuve  de  capacités 
sérieuses. 

J’approuverai  toute  diminution  du  service  militaire  que  des  hommes  compétents  et 
expérimentés  reconnaîtront  possible,  sans  amoindrir  jamais  la  solidité  de  notre  armée  qui 


43  — 


N*  1162 


doit  rester  l'émanation  respectée  et  respectable  de  la  nation,  n’ayant  d'autre  but  que  d’as- 
sm-er  la  sécurité  de  la  pairie  et  ïe  maintien  des  institutions  républicaines* 

Si  j’ai  l’honneur  de  mériter  vos  suffrages,  je  me  considérerai  comme  Véh  de  îa  cir- 
conscription  tout  entière,  et  ja  me  ferai  un  devoir  d’apporter  mon  concours  le  plus  impar¬ 
tial  et  le  plus  dévoué  à  toutes  les  questions  d1  intérêt  local  qui  seront  signalées  à  mon 


attention. 

Voua  me  jugerez  et  vous  déciderez  si  je  suis  digne  de  votre  confiance. 

Attaché  à  mon  pays  par  autre  chose  que  par  des  obligations  électorales,  je  serais  fier, 
et  ce  serait  l’honneur  de  ma  carrière  politique,  si  mes  compatriotes,  oubliant  les  luttes 
stériles  du  passé,  pouvaient  confondre  leurs  suffrages  sur  mon  nom  et  faire  de  l'élection  du 
%1  avril  prochain  une  manifestation  réconfortante  d’union  et  de  concorde  républicaine* 

Vive  la  République  ! 


Antoine  MAURE, 

Avocat,  maire  de  Grasse,  Conseiller  général  des  Alpes-Maritimes, 
Candidat  républicain  indépendant 


2e  circonscription  de  GRASSE 

M-  BOUVIER,  élu  sénateur,  remplacé  par  M.  ARAGO. 

Voy*  Élections  partielles. 


r*  circonscription  de  NICE 
M*  RÂIREPJ1 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin*  —  10 . 278  voix* 


Les  quatre  années  qui  viennent  de  s'écouler  ont  été  profondément  troublées.  La  pre¬ 
mière  partie  de  cette  législature  s’est  passée  dans  Possession  d’un  effroyable  cauchemar  où 
il  semblait  que  le  pays  secoué  dans  ses  racines  par  le  vent  des  plus  furieuses  passions  fût  à 
chaque  instant  menacé  tTétre  emporté  aux  abîmes. 

On  pouva  t  espérer  qu'à  la  sortie  de  cette  violente  tempête,  une  politique  réparatrice 
aurait  cherché  dans  le  travail,  l’apaisement  et  l’union,  le  remède  à  la  crise  que  le  pays 
venait  de  traverser. 

Cette  poïnique  était  dans  les  vœux  de  tous  ceux  qui  au-dessus  de  1  intérêt  des  partis 
mettent  l’intérêt  du  pays,  de  sa  prospérité  ci  de  s  i  grandeur. 

Un  gouvernement  fondé  sur  le  pouvoir  personnel  ou  sur  le  triomphe  éphémère  qu’un 
parti  doit  à  fa  force  ou  au  hasard  no  peut  pas  taire  cetie  politique  qui  exclut. la  ptur  et 
domine  l'intérêt  des  partis.  Toujours  obligé  de  se  défendre,  il  est  toujours  obligé  de  lutter. 

Mais  c’est  l’honneur  et  le  plus  beau  titre  de  la  République  à  la  reconnaissance  du  pays, 
que  son  gouvernement*  fondé  sur  îe  consentement  populaire*  affermi  par  les  consultations 


—  44  — 

répétées  da  suffrage  universel,  retrempé  a  de  brefs  intervalles  dans  la  volonté  populaire, 
n’a  pas  besoin  des  sanctions  de  la  force  et  ne  s’impose  que  par  les  bienfaits  de  la  liberté. 

Un  homme  ou  un  groupe  d’hommes  peuvent  mettre  une  main  criminelle  sur  les  libertés 
publiques  dans  un  pays  qui  n'a  pas  encore  une  longue  et  ancienne  pratique  de  ces  libertés. 
Mais  dans  un  pays,  où  depuis  30  ans,  la  vie  publique  et  les  libertés  publiques  ne  font 
qu’un,  qui  a  fait  le  noble  et  long  apprentissage  de  la  liberté  ;  où  cette  liberté,  le  lendemain 
de  la  défaite,  est  apparue  comme  la  condition  du  relèvement,  où  elle  a  donné  au  monde 
étonné  le  glorieux  spectacle  d’une  démocratie  de  trente  millions  d  hommes  se  gou veinant 
elle-même,  créant  une  armée  admirable,  élevant  dms  chaque  commune  de  France  ce 
temple  au  devoir,  à  l’honneur,  à  la  Patrie,  qui  s’appelle  l’École  ;  pour  chaque  province  per¬ 
due  nous  donnant  un  empire,  qui  ne  console  pas  la  Patrie  de  ses  deuils,  mais  qui  du  moins 
atteste  sa  jeunesse  toujours  féconde  ;  croire  que  ia  liberté  ne  suffit  pas  à  se  défendre  elle- 
même;  croire  que  la  République  a  besoin  pour  3a  défendre  d  une  autre  force  que  la  libre 
et  souveraine  adhésion  des  citoyens,  je  dis  que  c’est  à  la  fois  faire  injure  au  pays  et  douter 
de  îa  République  et  de  îa  liberté. 

Ce  n’pst  pas  par  un  coup  de  force  qu’on  peut  changer  les  institutions  qu’un  pays  s’est 
librement  données  et  qui  ne  font  qu’un  avec  lui-même.  Cette  fausse  conception  de  la  poli¬ 
tique  et  de  l’histoire  viennent  d'une  erreur  trop  répandue,  où  se  retrouve  la  vieille  foi  des 
siècles  monarchiques  dans  le  pouvoir  absolu  du  souverain* 

On  croit  que  tout  est  permis  et  que  tout  est  possible  à  celui  qui  détient  le  pouvoir,  que 
ce  soit  un  individu  ou  une  assemblée*  On  s’imagine  que  ce  sont  les  lois  et  les  gouverne¬ 
ments  qui  font  l’esprit,  le  caractère,  Le  tempérament  d’un  pays  et  qui  peuvent  les  chan¬ 
ger  à  volonté*  On  se  persuade  que  ce  sont  les  hommes  qui  font  les  institutions  d’un  pays, 
et  qui  peuvent  les  modifier  instantanément,  alors  que  l’esprit,  le  caractère,  le  tempérament 
d’un  peuple  sont  les  effets  de  causes  lentes  et  profondes  ?  alors  que  ce  ne  sont  pas  les  insti¬ 
tutions  qui  forment  les  peuples,  mais  les  peuples  qui  donnent  leur  forme  et  leur  empreinte 
aux  institutions* 

La  République  possède  en  ce  pays  celte  garantie  indestructible  d’être  depuis  30  ans  la 
libre  émanation  de  la  volonté  populaire  et  le  fruit  spontané  du  suffrage  universel.  Elle  est 
Le  terme  et  l’aboutissement  d’une  lente  évolution  historique*  Elle  est  hors  d’atteinte, 
comme  le  sont  les  causes  lointaines  et  profondes  qui  l’on  produite  et  le  passé  dont  elle  est 
sortie* 

Les  seuls  dangers  que  courent  des  institutions  libres  dans  un  pays  de  liberté,  ce  sont 
ceux  qu’elles  peuvent  se  créer  elles-mêmes* 

Aujourd’hui,  grâce  à  la  République,  la  liberté  est  établie  dans  ce  pays  depuis  30  ans* 
Elle  n’a  plus  rien  à  craindre  des  hommes  ;  elle  n’a  plus  Tien  à  craindre  que  d’elle-mème* 

8i>  au  lieu  d’être  la  garantie  donnée  au  pays  que  ses  affaires  se  traitent  librement  et 
que,  dans  chaque  affaire,  c’est  la  raison  et  la  justice  qui  ont  le  plus  de  chance  de  Remporter 
au  tribunal  de  l'opinion,  Le  régime  parlementaire  aboutit  à  cette  déformation  qu’au  lieu  de 
se  faire  réciproquement  contrepoids  les  partis  cherchent  à  se  mettre  réciproquement  hors 
La  République  ou  hors  la  loi;  si,  au  lieu  d’être  le  régime  de  la  vêntê  se  cherchant  elle- 
même,  il  est  le  régime  des  coups  de  force  légaux  et  des  coups  de  majorité,  il  est  à  craindre 
que  la  liberté  au  lieu  d’ètre  le  bien  de  tous  ne  devienne  la  propriété  exclusive  de  quelques- 
uns  et  que  tous  ceux  qui  en  sont  exclus  ne  reconnaissent  plus  la  République,  c’est-à-dire  le 
patrimoine  commun,  dans  des  institutions  où  les  droits  de  tous  les  citoyens  ne  seraient  plus 
égaux  sous  la  protection  de  TÉtat* 

Ce  péril,  les  partis  extrêmes  le  feraient  également  courir  à  la  République  s’ils  venaient 
à  s’en  emparer.  Tous  les  partis  ont  leur  place  dans  ïa  vie  agitée  du  pays.  Leurs  passions, 
souvent  leurs  excès  mêmes,  servent  le  mouvement  des  idées*  Dans  un  régime  de  liberté, 
tous  les  partis  ont  droit  au  respect  de  leurs  adversaires  ;  tous  les  partis  ont  droit,  en  leur 
personne,  au  respect  de  la  liberté,  et  s’il  en  est  un  seul  en  qui  la  liberté  de  pedser  ou  d’agir 
dans  la  limite  du  droit  d’autrui  soit  méconnue  ou  violée,  le  droit  public  est  opprimé  dans 
la  personne  de  tous  les  citoyens* 


—  43  — 


N*  H62 


Mais  il  est  une  place,  dans  un  pays  de  liberté,  que  les  partis  extrêmes  ne  peuvent  pas 

nrétendre  occuper.  C’est  le  gouvernement. 

F  Us  partis  extrêmes  font  appel  aux  passions.  Que  le  gouvernement  des  passions  leur 
suffise  !  Le  gouvernement  du  pays  doit  appartenir  aux  sages  et  non  aux  violents;  à  ceux  qui 
ne  veulent  pas  plier  de  force  les  hommes  et  les  choses  à  leurs  idées,  mais  qui  attendent 
oue  les  idées  aient  transformé  les  hommes  et  les  choses;  à  ceux  qui  savent  que  du  choc  des 
doctrines  et  des  passions  contraires  se  dégage  toujours  une  moyenne  qui  est  au  mouvement 
des  idées  ce  que  le  niveau  de  la  mer  est  au  mouvement  des  flots.. 

Le  rôle  de  résister  aux  passions  est  plus  ingrat  que  celui  de  les  soulever.  Il  est  plus 
utile  et  plus  courageux.  C’est  la  véritable  défense  de  la  République.  Car  c’est  la  défense  au 
nom  de  l'intérêt  général  contre  l’assaut  des  intérêts  particuliers  ;  au  nom  de  la  raison  et  du 
bon  sens  contre  l’assaut  de  toutes  les  chimères;  au  nom  de  la  liberté  contre  toutes  les 


entreprises  qui  peuvent  la  menacer. 

Ce  rôle,  c’est  celui  du  gouvernement  dans  une  République,  et  quand  un  gouvernement 
y  manque,  il  devient  le  prisonnier  d’un  parti,  au  lieu  de  rester  ce  qu’il  doit  être  :  l’arbitre 

des  partis,  , 

Les  gouvernements  de  combat  ne  servent  pas  les  causes  qu’ils  défendent,  lis  peuvent 
amener  leur  triomphe  éphémère.  Mais  ils  préparent  contre  leur  victoire  même  les  retours 
de  l’opinion  qu’ils  irritent,  et  les  embarras  qu’ils  suscitent  au  Pays  pour  l'avenir  sont  plus 
graves  que  ceux  dont  ils  prétendent  le  sauver  dans  le  présent. 

Moins  qu’à  toute  autre  heure,  après  la  crise  terrible  que  nous  venions  de  traverser, 
c’était  un  gouvernement  de  combat  qu’il  fallait  au  Pays.  Mais  les  passions  qui  avaient  dé¬ 
chiré  b  Pays  pendant  1’  «  Affaire  »,  avaient  pesé  sur  ta  formation  du  Gouvernement.  Elles 
pesèrent  sur  sa  politique  générale  et  lui  imprimèrent  une  allure  de  combat,  alors  que  les 
plus  impérieux  besoins  du  Pays,  après  la  crise  dont  il  venait  de  sortir,  étaient  le  calme  et 

l’apaisement.  , 

De  cette  politique  de  combat  sont  sortis  le  procès  de  la  Haute  Cour,  la  loi  sur  les  asso¬ 
ciations  et  la  campagne  contre  la  liberté  d’enseignement. 

De  cette  politique  de  combat  sont  sorties  des  mesures  comme  celles  qui,  suivant  une 
parole  malheureuse,  mais  trop  vraie,  ont  voulu  livrer  l’avancement  de  nos  officiers  au  con¬ 
trôle  du  Parlement. 

De  cette  politique  de  combat  enfin  est  sortie  l’alliance  du  Gouvernement  avec  les  socia¬ 
listes  jusqu’à  la  fin  de  la  législature.  S’il  est  vrai  que  de  cette  alliance  a  résulté,  pour  une 
fraction  du  parti  socialiste,  l’assagissement  qui  vient  toujours  aux  hommes  par  le  contact 
immédiat  du  pouvoir,  il  n’en  est  pas  moins  vrai  qu’une  inquiétude  profonde  est  née  dans 
les  affaires  de  ce  pays  par  suite  de  l’accession  au  pouvoir  d’un  parti  qui  avait  jusqu’alors 
affirmé  la  solidarité  de  toutes  ses  fractions  dans  le  dogme  de  la  lutte  des  classes,  de  la 
guerre  au  capital,  et  de  la  transformation  de  la  propriété  privée  par  la  suppression  de  la 
propriété  individuelle* 

C’est  à  cette  politique  que  je  n’ai  pas  cru  pouvoir  m’associer.  Je  l’ai  répudiée  sans  vio¬ 
lences  inutiles,  mais  avec  une  fermeté  d’altitude  qui  ne  s’est  jamais  démentie  et  qui  s  ap¬ 
puyait  sur  le  mandat  que  vous  m’avez  confié,  il  y  a  quatre  ans. 

Je  l’ai  combattue  sans  défaillance,  comme  je  la  combattrai  encore,  si  c’était  nécessaire, 
et  je  considère  comme  un  des  honneurs  de  ma  vie  d’avoir  fait  partie  de  cette  vaillante 
opposition  républicaine  qui  a,  pendant  trois  ans,  lutté,  pied  à  pied,  contre  le  ministère 
actuel  pour  défendre  les  libertés  républicaines  et  qui,  à  une  funeste  politique  de  division 
et  d’ostracisme,  en  opposant  la  large  et  généreuse  politique  des  principes  de  1789,  a  sauvé 
l’honneur  du  présent  et  préparé  un  avenir  meilleur. 

Si  la  politique  qu’attendait  le  pays  n’a  pas  eu  son  jour  dans  la  Chambre  passée,  elle 
aura  sou  jour,  je  l’espère,  dans  la  Chambre  prochaine. 

Je  la  définis  d’un  mot  :  la  politique  d’union  dans  la  République  et  par  la  Répu¬ 
blique.  ' 


Je  dirai  d’abord  comment  elle  me  parait  possible*  je  dirai  ensuite  pourquoi  elle  me  pa¬ 
raît  nécessaire. 

Elle  me  paraît  possible  h  condition,  d’abord  qu’une  mesure  d*apaisement  que 
j'appelle  de  tous  mes  vœux  commence  par  effacer,  dès  le  début  de  la  prochaine  législature, 
le  souvenir  des  luttes  de  la  législature  passée,  dans  une  large  pensée  de  réconciliation 
nationale* 

Elle  me  paraît  possible  à  condition  ensuite  que  les  uns  et  les  aulres,  nous  écartions 
les  questions  qui  nous  divisent  pour  ne  retenir  que  celles  qui  peuvent  nous  mettre 
d 7  accord. 

lï  ne  s'agît  pour  personne  de  renoncer  à  ses  idées.  Il  s  agit  de  renoncer  aux  manifes¬ 
tations  irritantes  et  stériles  pour  leur  substituer  l  éiude  des  lois  d’affaires  et  des  réformes 
pratiques.  Il  faut  qu’à  une  période  de  fièvre,  les  partis  fassent  succéder  la  trêve  féconde  du 
travail. 

Parmi  les  questions  qui  se  poseront,  il  y  en  a  qu’il  faudra  écarter  résolument,  comme 
toutes  les  propositions  qui  voudraient  restreindre  la  liberté  du  travail  ou  celles  qui  vou¬ 
draient  supprimer  la  liberté  d’enseignement.  Elles  sont  grosses  d’orages,  parce  qu’elles 
touchent  aux  libertés  qui  sont  le  fondement  de  notre  droit  public.  Elles  ne  peuvent  qu'a¬ 
boutir  à  des  débats  stériles  et  irritants. 

Il  y  a  une  autre  question  qui  a  été  portée  avec  éclat  devant  Popinion  publique,  mais 
dont  la  réalisation  pratique  semble  encore  subordonnée  à  un  avenir  assez  lointain.  C’est 
celle  de  la  Révision. 

Sans  doute  la  Révision  est  toujours  possible.  Elle  est  un  droit  inscrit  dans  la  ConstT 
tu  lion.  L'idée  d’une  révision  flatte  les  esprits.  Elle  est  simple.  Elle  a  pour  elle  le  mirage  de 
ces  changements  mal  définis,  mais  profonds  ou  chacun  peut  voir  comme  dans  un  rêve,  l’a¬ 
venir  prendre  la  forme  de  ses  espérances  et  de  ses  idées. 

Maïs  il  faut  se  défier  des  formules  trop  simples.  Elles  conviennent  à  trop  de  choses  et  à 
trop  de  gens,  La  réalité  est  infiniment  plus  complexe. 

Une  première  difficulté  serait  qu’il  serait  très  difficile  de  se  mettre  d’accord  sur  Té  ten¬ 
due  ou  sur  1  esprit  de  cette  révision.  Sans  doute,  il  est  facile  de  concevoir  une  origine  et  un 
équilibre  des  pouvoirs  publics  différents  de  ceux  qu’a  établis  la  Constitution  de  1875.  Il  est 
même  facile  d’en  concevoir  plusieurs,  La  difficulté  commencera  quand  il  faudra,  parmi  tous 
les  systèmes,  en  choisir  un»  D  interminables  débats  s’ensuivraient  qui  rouvriraient,  au  lieu 
de  la  fermer,  Ja  période  des  agitations. 

Avant  même  de  se  poser  sur  le  fond  de  la  question,  de  longs  débats  s’ouvriraient  sur 
son  opportunité,  car  la  révision  n'est  possible  qtfautantque  le  Sénat  s'est  mis  préalablement 
d  accord  avec  la  Chambre  sur  sa  nécessité.  On  aurait  une  discussion  avant  la  discussion. 

Une  auLre  raison  se  présente  pour  ne  pas  considérer  la  révision  comme  une  de  ces 
nécessités  dont  Turgence  s’impose  immédiatement.  C’est  que  les  Constitutions  ne  sont  par 
elles-mêmes  que  des  formules  inertes  et  inanimées.  C’est  la  vie  publique  du  pays  qui  les 
anime  et  les  féconde. 

La  foi  dans  la  révision  de  la  Constitution,  comme  remède  aux  maux  dont  nous  souf¬ 
frons,  est  une  erreur  du  même  ordre  que  la  foi  dans  des  mesures  de  répression  ou  de 
combat  pour  défendre  une  Constitution,  Elle  provient  de  la  même  tendance  à  prêter  une 
vertu  exagérée  aux  actes  ou  aux  formes  politiques  et  à  tout  attendre  en  politique  d’une  cause 
présente,  immédiate  et  visible,  alors  que  les  seules  causes  qui  agissent  sont  des  causes 
durables,  profondes  et  cachées. 

Les  organismes  politiques,  comme  les  organismes  naturels  sont  soumis  aux  lois  lentes 
de  l’évolution.  Ils  ne  connaissent  pas  les  changements  subits.  Si  la  transformation  est  trop 
brusque,  le  type  ancien  persiste  et  reparaît  sous  la  modiGcation.  Les  formes  de  Gouverne¬ 
ment  n’ont  de  valeur  et  de  durée  qu’autant  qu’elles  sont  le  produit  et  l’expression  du  carac¬ 
tère  national  et  il  est  illusoire  d’attendre  d’une  organisation  politique,  des  qualités  supé¬ 
rieures  à  celles  de  la  société  qui  i’a  produite.  h 

11  importe  donc  beaucoup  plus  de  changer  les  mœurs  d’un  pays  que  sa  Constitution.  On 


N°  H62 


—  47  — 

aurabeau  modifier  les  textes, si  les  mœurs  politiques  d’un  pays  sont  mauvaises,  sa  Constitution, 
si  bonne  qu’elle  soit,  sera  toujours  mauvaise.  Si  les  mœurs  politiques  sont  bonnes,  la  Consti¬ 
tution  aura  beau  être  imparfaite  ;  la  pratique  de  tous  les  jours  en  redressera  les  défauts. 

Il  importe  donc  peut-être  plus  de  corriger  les  applications  vicieuses  de  la  Constitution 
que  de  modifier  la  Constitution  et  de  reviser  nos  mœurs  politiques  avant  de  reviser  la  Cens- 

titutioD-  „  .  .  .  ,  , 

C’est  ainsi  que  dans  notre  Constitution  une  regrettable  confusion  de  pouvoirs  ne  s  est 

nue  trop  souvent  établie. 

I  es  Chambres,  surtout  la  Chambre  issue  du  Suffrage  universel,  n  a  eu  que  trop  souvent 
une  condamnable  tendance  à  sortir  de  son  rôle  de  contrôle  pour  s’arroger  les  rôles  d’une 
Chambre  souveraine,  substituant  son  initiative  et  sa  responsabilité  à  celles  des  membres  du 

Gouvernement.  .  ... 

Les  ministères  sont  plus  souvent  le  Comité  exêcuttl  des  groupes  de  la  majorité 
qu’un  Gouvernement  véritable.  Ils  n’ont  pas  dans  les  tracas  de  leur  vie  quotidienne,  le 
temps  d’étudier  ou  de  Taire  aboutir  les  grandes  réformes,  que  le  pays  demande  aux 
Chambres,  mais  que  les  Gouvernements  seuls  sont  en  mesure  de  préparer  et  de  faire 

Enfin,  surtout  préoccupés  de  vivre, ils  ne  perdent  que  trop  souvent  le  sentiment  de  leurs 
responsabilités  devant  le  pays,  par  peur  de  leur  responsabilité  devant  les  Chambres, 
Même  cette  responsabilité  leur  pèse,  et  pour  s’y  soustraire,  ils  ne  finissent  que  trop  souvent 

par  abdiquer  entre  les  mains  des  Chambres. 

Le  Président  de  la  République  n’exerce  pas  à  l’heure  actuelle  la  plénitude  des  pouvoirs 

que  lui  confère  la  Constitution. 

D’une  part,  la  Présidence  de  la  République  a  laissé  tomber  en  désuétude  le  droit  de 
dissolution,  quoique  son  exercice  puisse  être  nécessaire  au  fonctionnement  normal  des  pou¬ 
voirs  publics.  D’autre  part,  '  le  Président  de  la  République  est  le  chef  de  l’armée;  mais 
aucpne  loi  organique  n’a  mis  à  sa  disposition  les  moyens  nécessaires  pour  exercer  ce  pouvait, 
qu’en  fait  les  Ministres  de  la  Guerre  et  de  la  Marine,  exercent  en  sou  nom. 

IL  importe  de  créer  au  plus  tôt  ces  moyeus  en  plaçant  sous  l’action  immédiate  du  Pré¬ 
sident  de  la  République,  les  Conseils  supérieurs  de  la  Guerre  et  de  la  Marine  et  les  états- 
majors  de  la  Marine  et  de  l’armée.  On  restituera  ainsi  à  la  Présidence  de  la  République, 
une  de  ses  prérogatives  essentielles  et  à  la  défense  nationale  l’unité  et  la  continuité  de  vues 
dont  elle  a  besoin.  Mais  pour  atteindre  ce  but,  une  loi  peut  suffire.  Il  n’est  pas  besoin  de 

raviser  la  Constitution.  .  , 

L’usage  suffira  a  restaurer  la  pratique  du  droit  de  dissolution  et  du  droit  qu  a  le  Prési¬ 
dent  de  la  République  de  s’adresser  au  pays  par  voix  de  message  et  qui  existent  tous  les 
deux  déjà  dans  !a  Constitution, 

Quant  à  l'indépendance  du  Gouvernement  envers  les  Chambres,  plus  sûrement  que  par 
un  nouveau  mode  de  recrutement  des  ministres  on  l’assurera  par  le  caractère  des  hommes 
qui  les  composent,  par  le  sentiment  qu’ils  auront  de  leur  fierté  devant  eux-mêmes  et  de 

leur  responsabilité  devant  le  pays. 

Ainsi  d’une  part,  le  Pouvoir  Exécutif  serait  renforcé  par  une  plus  fidèle  application  de 
la  Constitution  sans  qu’il  soit  nécessaire  de  la  reviser.  De  l’autre,  les  Chambres  pourraient 
rentrer  dans  leur  rôle  dont  elles  sortent  trop  souvent  pour  empiéter  sur  les  pouvoirs  de 
l’Exécutif,  par  une  plus  sévère  discipline  sur  elles-mêmes  et  par  une  révision  du  règlement. 

C’est* ainsi  qu’elles  pourraient  mettre  un  frein  au  gaspillage  detempsque  Surimposent 
des  questions  inutiles  ou  de  vaines  interpellations.  Elles  pourraient  mettre  surtout  un  frein 
à  leurs  habitudes  dépensières  en  s’interdisant  complètement  l’initiative  en  matière  de 

dépense. 

Elles  ont  déjà  fait  un  pas  dans  celte  voie.  Mais  l’amélioration  n’est  pas  sensible. 

Les  dépenses  augmentent  avec  une  prodigalité  inquiétante.  On  a  constaté  qu’en 
moyenne,  elles  augmentent  de  50  millions  par  an,  d’un  demi-milliard  en  dix  ans.  11  faut 
enrayer  leur  marche  ascendante  avec  d’autant  plus  d’énergie  que  les  recettes  baissent 


—  48  — 

pendantque  Iesdëpenses  montent,  et  se  dire  que,  si  Fon  ne  prend  pas  des  mesures  sérieuses, 
le  pays  sera  acculé  à  la  nécessité  de  nouveaux  impôts  que  ni  son  agriculture,  ni  son  com¬ 
merce,  ni  son  industrie  ne  sont  en  état  de  supporter. 

Ainsi,  par  une  réforme  des  moeurs  parlementaires  plus  sûrement  que  par  ties  débats 
stériles  qui  ne  pourraient  aboutir  et  qui  troubleraient  inutilement  le  pays,  on  aura  le  résul¬ 
tat  que  beaucoup  d’es  rits  attendent  de  la  révision. 

Par  une  réforme  des  moeurs  publiques,  par  une  éducation  de  plus  en  plus  profonde  du 
suffrage  universel,  on  fera  le  reste,  et  quand  la  révision  sera  faite  dans  les  mœurs  publi¬ 
ques  de  ce  pays,  des  mœurs  elle  passera  sans  effort  et  sans  peine  dans  le  texte  de  la  Cons¬ 
titution. 

Eu  revanche,  quel  champ  immense  et  déjà  défriché  s’offre  à  la  bonne  volonté  de  ceux 
qui  voudraient  y  lever  la  moisson,  que  de  longues  et  patientes  études  ont  préparé  depuis 
trente  ans* 

Il  y  a  d'abord  h  moisson  des  économies,  moisson  immense  et  qui  ferait  bénir  par  le 
pays  ceux  qui  la  lui  rapporteraient.  Voilà  l’œuvre  véritable  de  la  prochaine  législature. 

Elle  doit  par  la  décentralisation  alléger  de  plus  en  plus  le  rôle  centralisateur  de  l’État 
et  le  décharger  du  poids  des  multiples  attributions  sous  lesquelles  il  succombe.  Elle  ne  dimi¬ 
nuera  pas  seulement  ainsi  la  part  de  FÉtat  dans  les  dépenses  publiques.  Elle  assurera  un 
meilleur  contrôle  d'une  partie  de  ces  dépenses  en  laissant  les  pouvoirs  locaux  juges  de  leur 
effet  utile. 

Elle  doit  adapter  l’énorme  machine  administrative  qui  date  depuis  un  siècle,  et  sous  le 
poids  de  laquelle  plient  les  forces  du  pays,  aux  conditions  d'une  société  renouvelée  parles 
progrès  et  les  inventions  de  la  science. 

Elle  doit  simplifier  les  rouages  administratifs,  en  faire  tomber  les  emplois  inutiles  et 
demander  en  moins  h  l'administration  tout  ce  qu’elle  peut  demander  en  plus  à  la  vie  du 
pays,  à  son  intelligence,  à  son  activité,  à  sa  libre  initiative. 

C’est  par  de  larges  et  profondes  économies  que  l’on  rétablira  l’équilibre  budgétaire 
compromis*  C’est  la  plus  urgente  et  la  plus  nécessaire  des  réformes, 

L1  exercice  1901  se  solde  par  un  déficit  qui  dépasse  300  millions.  Le  budget  de  1902  a  été 
obligé  de  recourir  pour  son  équilibre  à  im  emprunt  de  6A  millions.  Par  une  vigoureuse  politique 
financière;  les  Chambres  précédentes  avaient  réussi  à  supprimer  les  budgets  d’emprunt  et 
à  faire  succéder,  de  1897  à  1899,  à  la  période  des  découverts  budgétaires  la  période  des 
excédents. 

La  prospérité  du  pays  est  liée  à  la  prospérité  de  ses  finances.  Elle  est  la  première  con¬ 
dition  de  sa  force  et  de  sa  grandeur.  Le  premier  devoir  de  la  Chambre  sera  de  rechercher 
dans  la  masse  énorme  du  budget  les  disponibilités  latentes  qui  s’y  trouvent,  pour  rendre  à 
nos  finances  leur  souplesse  et  leur  solidité. 

La  politique  d’économies  ne  s’impose  pas  seulement  par  la  nécessité  de  rétablir  l’équi¬ 
libre  budgétaire. 

Le  besoin  de  solidarité  sociale,  qui  pénètre  de  plus  en  plus  les  masses  profondes  de  la 
démocratie,  pénètre  le  budget. 

Seules  de  larges  et  vigoureuses  économies  peuvent  permettre  de  relever  les  traite¬ 
ments  des  modestes  et  dévoués  serviteurs  de  la  République  dont  la  situation  est  devenue 
par  trop  inégale  aux  besoins  de  l'existence  et  n’est  plus  digne  de  la  République. 

Seules  aussi  elles  peuvent  fournir  les  ressources  nécessaires  pour  faire  face  aux  dépen¬ 
ses  nouvelles  qu’imposeront  prochainement  à  l’État  l’organisation  de  l’assistance  aux 
vieillards  et  des  retraites  ouvrières,  et  une  conception  de  son  rôle  où  la  conscience  popu¬ 
laire  fait  de  plus  en  plus  profondément  pénétrer  la  notion  du  devoir  social. 

En  dehors  de  cette  politique  d'économie,  il  ne  peut  y  avoir  que  leurres,  vaines  pro¬ 
messes,  manifestations  stériles  ou  déceptions. 

La  politique  d’économies  non  seulement  mettra  plus  de  justice  dans  la  répartition  des 
dépenses.  Seule,  elle  peut  réussir  à  mettre  plus  de  justice  dans  la  répartition  de  l’impôt. 

Il  faut  renoncer  à  la  chimère  de  faire  la  réforme  de  l’impôt  par  le  bouleversement 


—  49  — 


N°  1462 


total  d’un  système  financier  qui  a  fait  ses  preuves  depuis  un  siècle  et  qui,  s’il  a  des  défauts, 
a  au  moins  le  mérite  de  les  avoir  corrigés  dans  une  certaine  mesure  par  la  répartition  diffuse 
qui  se  fait  à  la  longue,  entre  tous  les  contribuables,  de  la  charge  globale  des  impôts  existants. 

C’est  une  excellente  méthode  pour  n’aboutir  à  rien.  Eu  fait,  elle  n’a  abouti  jusqu’ici 
quTà  la  déception  et  à  l’impuissance.  Elle  a  même  eu  ce  résultat  étrange  non  seulement  de 
de  ne  pas  donner  la  réforme  générale  promise,  mais  même  d’ajourner  indéfiniment  les 
réformes  partielles  dont  l'urgence  s’imposait. 

Ç?est  ainsi  que  la  révision  du  cadastré,  qui  proportionnerait  l’impôt  foncier  au  revenu 
du  solT  demeure  en  suspens.  La  contribution  mobilière  reste  toujours  inégalement  répartie 
et  mérite  toujours  le  reproche  d’être  un  in) pot  progressif  à  rebours.  La  révision  quinquen¬ 
nale  des  patentes,  qui  aurait  dû  se  faire  en  1 895,  aux  termes  de  îa  loi,  n’est  pas  encore  faite 
aujourd’hui. 

Un  travail  incessant  et  modeste  qui  s’appliquerait  à  étudier  et  h  suivre  la  mobilité  des 
des  faits  sociaux,  à  relever  un  défaut  de  détail  dès  qu’il  serait  dénoncé,  remédier  à  une 
inégalité  dès  qu’elle  serait  découverte,  à  proportionner  de  plus  en  plus  exactement  l’impôt 
aux  facultés  du  contribuable,  à  en  aider  la  diffusion  qui  répartit  sur  l’ensemble  du  pays  les 
charges  individuelles,  produirait  des  résultats  plus  sérieux  et  plus  féconds  que  ces  vaines 
promesses  dont  le  suffrage  universel  commence  a  juger  la  moralité  à  sa  juste  valeur. 

Mais  si  ces  retouches  persévérantes  peuvent  atténuer  les  inégalités  de  la  répartition  des 
impôts,  elles  ne  suffisent  pas  à  en  atténuer  la  charge  qui  est  d’autant  plus  lourde  que  le 
revenu  du  contribuable  est  plus  faible. 

Ainsi  la  contribution  mobilière  devrait  épargner  complètement  les  petits  loyers. 
L’impôt  des  patentes  devrait  se  transformer  peu  à  peu  en  un  impôt  sur  le  capital  industriel 
et  commercial  et  ménager  les  industriels  et  les  corn  mer  gants  qui  n’ont  qu'un  faible  capital, 
qui  vivent  surtout  de  leur  industrie  et  qui  aujourd  hui  payent  dc,ux  fois  1  impôt  en  payant 
l’impôt  de  patentes  et  la  contribution  mobilière. 

Les  dégrèvements  seront  d’autant  plus  larges  qu’une  sage  politique  financière  aura 
ménagé  dans  ïe  budget  les  excédents  nécessaires  pour  les  gager. 

C’est  la  seule  méthode  sérieuse  et  féconde  pour  faire  les  dégrèvements.  En  dehors  de 
cette  méthode,  il  n’y  a  que  des  déplacement  d’impôts.  Le  déplacement  peut  avoir  un  bon 
résultat  quand  il  dégrève  les  boissons  hygiéniques  pour  grever  l’alcool.  Mais  il  est  sans 
résultat  quand  il  dégrève  les  uns  pour  grever  les  autres.  Car  ceux  qui  sont  grevés 
trouveront  toujours  le  moyen  de  se  décharger  sur  les  autres  de  T  augmentation  d’impôts 
qu’ils  supportent  Les  proriétaires  augmenteront  le  montant  de  leurs  loyers:  les  producteurs 
augmenteront  le  prix  de  leurs  produits  ou  diminueront  le  nombre  de  leurs  ouvriers  ou  les 
salaires.  Par  le  jeu  de  l’incidence  la  charge  que  Ton  a  voulu  mettre  sur  quelques-uns  se 
répartira  sur  tous. 

Au  contraire,  avec  la  méthode  des  économies,  rien  de  pareil  n  est  à  craindre,  fout 
dégrèvement  est  acquis  à  ceux  qui  en  profitent. 

Une  œuvre  non  moins  considérable  s’imposera  a  l'attention  de  la  future  Chambre.  C’est 

la  réduction  de  la  durée  du  service  militaire. 

La  défense  nationale  doit  demander  au  pays  tous  les  sacrifices  dont  elle  a  besoin.  Mais 

elle  ne  doit  pas  lui  demander  de  sacrifice  inutile. 

Elle  peut  lui  faire  l’abandon  d’une  année  de  service.  Mais  la  réduction  de  la  durée  du 
service  militaire  n’est  possible  que  si  elle  ne  diminue  pas  les  garanties  nécessaires  à  la 

défense  du  pays.  .  , 

j’ai  indiqué  à  la  Chambre  les  dangers  que  ferait  courir  au  pays  la  réduction  de  la  durée 

du  service  militaire  si  on  la  faisait  comme  la  proposait  la  Commission  du  ScnuL 

La  démonstration  a  été  décisive  et  je  crois  avoir  rendu  un  service  signalé  a  mon  pays 
en  la  faisant. 

Mais  je  n’ai  pas  voulu  faire  œuvre  seulement  négative.  .Vai  apporté  moi-même  une 
proposition.  Je  compte  reprendre  cette  proposition  dès  le  début  delà  prochaine  législature. 

Elle  assure  d’une  part  la  réduction  automatique  de  la  durée  du  service  militaire  a  deux 


7 


—  Sfl 


ans,  D'autre  part,  elle  assure  le  niveau  constant  des  effectifs  à  la  défense.  Elle  augmente  la 
force  de  Tannée  en  remplaçant  par  des  rengagés  les  hommes  de  3  ans  et  elle  garantit  Ten* 
eadrement  de  l'armée  en  sauvegardant  le  recrutement  de  ses  cadres, 

La  solution  répond  à  la  double  aspiration  du  pays,  qui  demande  la  réduction  de  ses 
charges  militaires,  mais  qui  a  un  sentiment  trop  profond  de  sa  sécurité  et  de  son  honneur 
pour  accepter  une  réduction  qui  serait  faite  au  détriment  de  sa  puissance  militaire  ou  des 
garanties  de  la  défense  nationale. 

Enfin  la  Chambre  aura  à  reprendre  et  à  faire  aboutir  l'œuvre  des  retraites  ouvrières. 
Tout  le  monde  est  d'accord  sur  le  but  à  atteindre;  mais  il  faudra  se  mettre  d'accord 
sur  les  moyens. 

Assurer  une  retraite  aux  travailleurs,  la  leur  assurer  assez  élevée  pour  qu'elle  assure 
le  pain  de  leurs  vieux  jours  et  cependant  ne  pas  imposer  une  charge  trop  lourde  aux  ou¬ 
vriers  ;  une  charge  trop  lourde  aux  patrons  pour  empêcher  qu'elle  no  se  répercute  sur  les 
salaires;  enfin  une  charge  trop  lourde  à  l'État  pour  sa  participation,  voilà  le  grave  et  diffi¬ 
cile  problème  qui  s'impose  et  dont  il  faudra  trouver  la  solution* 

Une  première  difficulté  se  présente.  C'est  que  i’àge  de  la  retraite,  si  on  le  recule  trop, 
ne  permettra  pas  à  la  plupart  des  travailleurs  de  jouir  de  leur  pension  et  que  si  on  l'anticipe, 
il  accroîtra  outre  mesure  les  charges  do  l'assurance. 

Pour  réaliser  l'assurance,  deux  méthodes  sont  proposées.  Il  faudra  choisir  entre  elles. 
La  répartition  semble  plus  commode,  Mais  elle  ferait  supporter  au  budget  des  charges  écra¬ 
santes  sous  lesquelles  les  finances  du  pays  seraient  menacées  de  ployer*  La  capitalisation 
est  plus  sûre;  maïs  elle  se  heurte  à  la  difficulté  de  placer  des  sommes  que  les  uns  évaluent 
à  12  ou  15  milliards  et  que  d'autres  évaluent  à  30  milliards  et  qui  sont  égales  au  1/S?  de  la 
fortune  mobilière  et  immobilière  de  la  France, 

Une  autre  difficulté  enfin  se  présente  :  il  semble  difficile  de  ne  pas  aller  jusqu'à  l’obli¬ 
gation  et  il  faut  cependant  que  l'obligation  ne  tue  pas  ces  admirables  initiatives  mutua¬ 
listes  dont  nous  voyons  s'épanouir  par  toute  la  France  la  floraison,  La  solution  sera  peut- 
être,  en  imposant  la  retraite,  de  faire  par  des  encouragements  sagement  mesurés  un 
avantage  particulier  aux  retraites  constituées  par  les  mutualistes,  de  ne  demander  à  l'obli¬ 
gation  que  de  constituer  un  minimum  et  de  s' en  remettre  à  l'initiative  des  mutualistes, 
encouragés  par  TÉtat,  du  soin  de  majorer  ce  minimum  de  retraite* 

Mais  quelles  que  soient  les  difficultés  que  soulève  le  problème,  il  est  le  plus' urgent,  le 
plus  nécessaire  qui  soit  à  résoudre  et  la  démocratie  laborieuse  de  ce  pays*  qui  a  mis  juste¬ 
ment  sou  espoir  dans  la  République,  ne  pardonnerait  pas  à  la  prochaine  Chambre  de  trahir 
cette  espérance. 

N'y  a-t-il  pas  dans  un  pareil  programme  de  quoi  absorber  l'activité  de  la  future  légis¬ 
lation  et  n'aura-t-elle  pas  besoin  de  foui  son  temps  et  de  tout  son  calme  pour  Tétudier  et 
le  mener  k  bien?  De  pareils  problèmes  ne  se  discutent  pas  dans  ic  tumulte  des  partis  et 
dans  l'atmosphère  enflammée  des  passions* 

Il  faut  ajouter  à  ces  lois  d'autres  lois  qui  sont  déjà  sur  le  chantier  et  qui  attendent  ;  la 
loi  sur  les  conseils  de  prud'hommes,  sur  les  bureaux  de  placement,  sur  ie  repos  hebdo¬ 
madaire,  sur  les  conseils  du  travail,  sur  la  réglementation  du  travail  des  employés  et  ou¬ 
vriers  des  chemins  de  fer;  il  faudra  que  la  Chambre  les  vote  quand  elles  reviendront  du 
Sénat  et  les  fasse  aboutir. 

La  politique  d'union  est  une  nécessité  si  nous  voulons  faire  aboutir  les  réformes  que 
le  pays  attend,  11  faut  écarter  tous  les  débats  stériles  ou  inutiles.  11  faut  concentrer  tout 
l'effort  de  la  législature  sur  un  petit  nombre  de  résultats  considérables  à  obtenir*  Les  ré¬ 
formes  ne  se  mesurent  pas  à  leur  nombre,  mais  à  leur  ampleur, 

La  politique  d'union  est  une  nécessité  encore  plus  impérieuse,  si  Ton  considère  la 
situation  extérieure  du  pays. 

Nous  avons  fondé  depuis  quelques  années  un  immense  empire  colonial.  Il  n'ouvre  pas 
seulement  à  l'activité  de  ce  pays  les  débouchés  dont  elle  a  besoin.  Il  lui  crée  des  périls  et 
ii  lui  impose  des  devoirs. 


N°  4162 


La  France,  après  ses  malheurs,  pouvait  se  recueillir  et  rester  confinée  dans  ses 
frontières.  Mais  le  génie  de  sa  race  s’y  trouvait  à  l’étroit  et  il  a  fondé  la  plus  grande 

France.  .  .  ,  ,  ,  .  ... 

Mais,  en  même  temps  que  la  France,  les  autres  nations  sortaient  peu  a  peu  de  la  vieille 

Europe  et  voici  qu'à  son  tour  le  monde  est  devenu  trop  petit  pour  elles, 

La  politique  s’est  déplacée  avec  les  frontières  des  nations.  Elle  détend  maintenant  au 
monde.  C’est  dans  le  monde  entier  que  Se  jouent  les  intérêts  des  peuples,  et  1  avenir  de 

leur  grandeur.  .  A  ..  u 

Nous  sommes  dés  lors  obligés  de  suivre  avec  une  attention  qui  né  peut  se  relâcher  un 

instant  les  aftaîres  du  monde;  car  ce  sont  les  nôtres. 

Nous  sommes  surtout  obligés  de  donner  au  monde  ^Impression  que  rien  à  sa  surface 
ne  peut  se  faire  sans  nous  et  à  plus  forte  raison  contre  nous. 

Nous  sommes  enfin  obligés  de  donner  l’impression  que  partout  où  flotte  le  drapeau  de 
la  France,  la  France  tout  entière  est  derrière  son  drapeau. 

Cette  situation  nouvelle  nous  impose  des  devoirs  nouveaux,  il  faut  que,  i  esprit  public 
se  préoccupe  moins  des  affaires  intérieures  et  plus  des  affaires  extérieures.  11  faut  qu il 
fasse  trêve  aux  misérables  querelles  de  partis  qui  1  absorbent*  11  est  la  vigie  dé  la  Fiance. 

H  faut  qu’il  se  garde  tout  entier  pour  ce  rôle. 

Mais  la  France  ne  sera  respectée  dans  le  monde  qu'aütant  qu’on  la  sentira  forte  et  on 

ne  la  croira  forte  qu’antant  qu’on  la  saura  unie. 

Le  symbole  vivant  de  cette  unité,  c’est  Farinée  nationale.  C’est  elle  qui,  au-dessus  de 
nos  divisions  et  dé  nos  querelles,  travaillant  dans  l’abnégation  et  le  silence  à  la  grandeur 
de  la  Patrie,  Fincarne  devant  le  monde  et  la  représente. 

Les  partis  qui  voudraient  la  détruire  ne  s’aperçoivent  pas,  dans  leur  aveuglement,  qu  ils 
.  voudraient  détruire  la  France*  Us  poursuivent  de  leur  haine  Pesprit  militaire  et  ils  be  voient 
pas  que  l’esprit  militaire,  c’est  Fesprit  national . 

Ils  ne  voient  pas  que  la  puissance  militaire  de  la  France  c’est  sa  puissance  poli- 
ticiue  sa  puissance  économique,  sa  puissance  intellectuelle,  et  que,  le  jour  où  elle  îenon 
cerait  à  son  prestige  militaire,  elle  abdiquerait  du  même  coup  son  action  morale,  commer¬ 
ciale  et  industrielle. 

Par  ses  institutions  démocratiques,  par  la  féconde  agitation  de  ces  libertés,  par  le 
large  rayonnement  de  ces  penseurs,  elle  est  le  grand  foyer  de  lumière  qui  éclaire  les 

nations.  .  , 

Le  jour  où  la  France  ne  serait  plus  îa  France,  ce  foyer  s  éteindrait  et  le  progrès  11e  trou¬ 
verait  plus  son  chemin  dans  les  ténèbres  du  monde.  . 

Ne  touchons  donc  pas  à  la  puissance  militaire  de  la  France.  Veillons  jalousement  sur  elle. 
Elie  n’est  pas  seulement  la  garantie  de  notre  fierté  et  de  notre  indépendance.  Elle  n’est  pas 
seulement  la  garantie  de  la  paix.  Elle  est  la  condition  du  progrès  et  l’assurance  que  la  route 
par  où  s’avance  la  fraternité  humaine  reste  ouverte. 

Élevons  donc  l’armée  au  dessus  de  nos  querelles;  élevons-là  au-dessus  de  la  politique 
et  à  l’abri  des  plis  de  son  drapeau  tutélaire;  travaillons  à  élever  son  cœur. 

Ne  regardons  pas  les  partis  ni  les  hommes.  Regardons  la  France.  Elle  nous  dictera  la 
politique  à  faire.  Cette  politique,  ce  n’ost  celle  d’aucun  parti,  d’aucun  homme.  C’est  la 
sienne  C’est  la  politique  de  la  France  élargie  à  l’horizon  du  monde,  du  nom  le  plus  beau 
qui  soit,  elle  s’appelle  la  politique  nationale,  ou  simplement,  puisque  Nation  et  République 

ne  font  qu’un,  Sa  politique  républicaine.  , 

Ce  n’est  pas  seulement  la  politique  de  la  paix  au  dedans,  de  la  fierté  au  dehors,  c  est 

encore  la  politique  du  progrès,  .... 

L’erreur  des  partis  et  des  hommes,  c’est  de  s’imaginer  que  le  progrès  peut  être 
leur  œuvre.  Le  progrès  est  l’œuvre  d'une  force  qui  dépasse  les  individualités  humaines 
parce  qu’elle  les  embrasse  et  les  résume  toutes  dans  le  passé,  i’avemr  et  le  présent.  Cette 
force  s’appelle  l’humanité. 


L’œuvre  des  hommes  ne  peut  être  que  de  laisser  les  voies  libres  au  progrès  qui  s’ac¬ 
complit  tout  seul l. 

Mesurez  l'action  des  gouvernements  sur  le  progrès  et  coraparez-ia  à  celle  des  grandes  ] 
découvertes  de  la  science  et  même  à  l’effort  ignoré  du  travailleur  qui  dans  sa  tâche  quoti¬ 
dienne  forge  un  peu  chaque  jour  de  la  richesse  et  de  la  grandeur  de  la  France. 

La  politique  la  plus  hardie  et  la  plus  féconde,  ce  n’est  pas  celle  qui  prétend  tracer  sa 
route  au  progrès;  car  elle  risque  de  l'égarer  en  dehors  des  voies  qui  sont  les  siennes. 

La  politique  la  plus  hardie  et  la  plus  féconde,  c’est  celle  qui  se  contente  d’assurer  la 
sécurité  extérieure  et  la  paix  intérieure  du  pays,  d’assurer  la  bonne  administration  des 
finances  et  le  respect  des  droits  de  chacun.  Elle  assure  le  progrès  par  surcroît . 

Car  les  choses  marchent  et  trouvent  toutes  seules  leur  chemin.  Ainsi  la  pratique  fé¬ 
conde  des  associations  pénètre  de  plus  en  plus  nos  mœurs.  Elle  transforme  nos  habitudes. 

Sa  puissance  multiplie,  dans  toutes  les  branches  de  l’activité  humaine,  le  travail  de  la  pen¬ 
sée,  aussi  bien  que  l'effort  de  la  mutualité  et  de  la  production.  La  coopération  coordonne 
de  plus  en  plus  les  actions  dispersées  ;  elle  organise  de  plus  en  plus  l’ordre  économique 
et  social. 

Le  Parlement  n’a  pas  â  décréter  le  progrès,  mais  à  l’enregistrer  au  fur  et  à  mesure  qu’il 
s  accomplit.  On  se  trompe  ou  on  trompe  le  pays  quand  on  demande  au  Parlement  d’inscrire 
un  fait  dans  la  loi,  avant  que  la  pratique  ne  l’ait  inscrit  dans  les  mœurs.  Le  Parlement,  pas 
plus  que  personne,  n’a  le  pouvoir  d’anticiper  sur  le  temps. 

On  peut  demander  au  pouvoir  personnel  des  initiatives  que,  seul,  il  peut  prendre  en 
1  absence  de  tout  autre  pouvoir.  Dans  un  pays  de  liberté,  ces  initiatives  appartiennent  à  la 
liberté.  Quand  elles  sont  mûres,  la  volonté  populaire  les  fait  passer  du  domaine  des  faits 
dans  la  loi. 

loute  autre  méthode  ne  peut  aboutir  qu’à  l'impuissance,  au  désordre  ou  même  à  la 
régi ession,  soit  en  se  heurtant  à  des  nécessités  économiques,  soit  en  violentant  les  rapports 
naturels  des  choses. 

Lest  la  seule  doctrine  saine  et  féconde.  Elle  ne  considère  pas  la  loi  comme  une 
cause,  mais  comme  une  conséquence.  Elle  ne  prétend  pas  commander  aux  faits;  elle  les 
enregistre. 

Elle  est  à  la  fois  une  garantie  contre  la  Réaction  et  la  Révolution.  La  Réaction  et  la  Ré¬ 
volution  sont  une  meme  insurrection  contre  le  progrès.  La  Réaction  nie  le  progrès  dans  le 
passé  et  dans  le  présent;  la  Révolution  le  nie  dans  l’avenir. 

La  Réaction  et  la  dévolution  ont  le  même  moyen  *  la  contrainte,  la  contrainte  des 
esprits  et  la  contrainte  des  choses. 

Le  progrès  a  deux  instruments.  L’un  s’appelle  la  science,  l’autre  la  liberté  :  la  science 
qui  détermine  les  rapports  nécessaires  des  choses;  la  liberté  qui,  dans  l’ordre  déterminé 
par  la  science,  lait  éclore  tous  les  germes  possibles  et  réalise  par  l’action  libre  de  toutes  les 
initiatives  la  lente  évolution  du  devenir  social. 

G  est  pourquoi  la  République  doit  fonder  sa  politique  sur  ces  deux  bases  :  la  science  et 
la  liberté;  la  science  qui  étudie  l’infinie  complexité  des  combinaisons  naturelles  et  qui 
assigne  ses  limites  au  pouvoir  de  la  volonté  humaine  sur  les  choses;  la  liberté  qui  permet 
à  toutes  les  combinaisons  viables  et  fécondes  de  se  produire  et  d’éliminer  les  mauvaises. 

Ainsi  la  République  réalisera  véritablement  la  souveraineté  populaire.  Car  elle  laissera 
véritablement  à  la  Nation  le  soin  de  faire  la  loi,  en  ne  laissant  aux  pouvoirs  publics  que  le 
soin  de  l’écrire  sous  sa  dictée  et  d’en  prendre  acte. 

toute  autre  politique  ne  peut  conduire  qu'au  désordre  en  créant  l’antagonisme  de  la 
loi  écrite  et  de  cette  loi  vivante,  qui  s’appelle  la  Réalité.  Toute  autre  politique  est  décevante 
ou  dangereuse,  soit  qu  elle  condamne  le  pays  au  piétinement  sur  place,  soit  qu’elle  l’ac^ 
cule  à  la  réaction  par  un  brusque  retour  en  arrière  ou  qu'elle  la  précipite  par  une  pente 
trop  rapide  dans  le  gouffre  des  Révolutions. 

C’est  la  politique  de  la  sagesse;  c’est  la  politique  des  faits;  c’est  la  politique  des 
réalités  et  des  téalisations.  Elle  n  appartient  à  aucun  parti;  mais  elle  peut  satisfaire  tous 


-  53 


N*  1162 


les  partis  dans  ce  qu’ils  ont  de  désintéressé  et  de  sincère*  Elle  ne  bouleverse  rien, 
mais  elle  transforme  tout  et,  si  sa  marche  est  lente,  elle  est  sûre  et  n’a  d’autre  limite  que 
celle  du  Progrès, 


2e  circonscription  de  NICE 

M.  POULLAN 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin*  —  8.186  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Appelé,  il  y  a  quatre  ans,  au  grand  honneur  de  vous  représenter,  je  crois  avoir  rempli 
consciencieusement  le  mandat  que  vous  avez  bien  voulu  me  confier. 

Mes  votes  vous  sont  connus. 

Iis  témoignent  de  mon  fidèle  attachement  à  une  politique  résolument  républicaine, 
libérale  et  tolérante,  aussi  éloignée  de  la  réaction  que  de  la  révolution,  et  poursuivant, 
dans  Tordre  et  le  travail,  la  réalisation  des  réformes  sérieuses  ainsi  que  l'amélioration  du 
sort  des  plus  humbles. 

Ils  vous  diront  aussi  que  j’ai  été  partisan  de  toutes  les  mesures  susceptibles  d’aider  au 
relèvement  de  notre  agriculture,  de  notre  commerce,  de  notre  industrie,  capables,  en  un 
mot,  de  rendre  notre  chère  France  toujours  plus  grande  et  plus  prospère. 

Ils  vous  diront  enfin  que  je  me  suis  efforcé  de  maintenir  bien  haut  le  prestige  de  notre 
armée  qui,  pour  être  grande  et  respectée,  doit  rester  en  dehors  de  nos  luttes  politiques,  à 
Fabri  des  intrigues  des  partis. 

Quant  à  vos  intérêts  départementaux  et  communaux,  vous  savez  avec  quel  zèle  je  les  ai 
soutenus,  soit  auprès  des  pouvoirs  publics,  soit  au  sein  du  Conseil  général. 

Unissant  mes  efforts  à  ceux  de  tous  les  représentants  du  département,  j’ai  contribué  à 
faire  aboutir  la  question  si  importante  du  chemin  do  fer  Nice-Com,  dont  le  projet  a  été 
voté  par  la  Chambre  des  Députés, 

J’ai,  de  même,  largement  contribué  à  faire  adopter  par  notre  assemblée  département 
taie  le  principe  de  la  création  d’un  vaste  réseau  de  tramways  électriques* 

La  réalisation  de  ces  projets  marquera  pour  notre  circonscription  le  commencement 
d’une  ère  de  relèvement  économique,  de  bien-être  et  de  prospérité. 

Enfin,  vos  intérêts  particuliers  ont  constamment  trouvé  en  moi  un  défenseur  dévoué. 
J’ai  donné  à  chacun  l'appui  ou  le  conseil  qu'il  sollicitait,  sans  distinction  de  parti,  ne  me 
souciant  que  de  rendre  service  au  pins  grand  nombre. 

Chers  concitoyens! 

Vous  m’avez  vu  à  l’oeuvre,  à  vous  de  me  juger. 

Votre  verdict  me  dira  si  j’ai  loyalement  défendu  vos  principes  et  vos  intérêts. 

Je  l’attends  avec  la  confiance  que  donne  le  sentiment  du  devoir  accompli. 

Vive  la  France! 

Vive  la  Hépubliquel 

Vive  la  T  circonscription  de  Nice  ! 


Félix  POULLAN,  Député  sortant. 


Circonscription  de  PÜGET-THÉNIER5 

M.  BISCHOFFSIIEIM 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  4466  vois. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Je  viens  pour  la  troisième  fois  vous  demander  de  me  renouveler  ie  mandat  de  Député 
que  vous  m'avez  confié  pendant  huit  années  et  que  j'espère  avoir  rempli  de  mon  mieux  pour 
les  intérêts  généraux  de  la  Patrie,  pour  ceux  de  l'arrondissement  et  pour  le  bien  particulier 
de  tous  ceux  d'entre  vous  qui  ont  eu  recours  à  mon  intervention. 

Malgré  tous  mes  efforts,  les  affaires  les  plus  importantes  pour  l'arrondissement,  savoir  : 
le  chemin  de  fer  de  Digne,  l’adduction  des  eaux  potables,  l'hôpital,  quoique  fort  avancées, 
sont  encore  loin  d'être  terminées  :  il  me  serait  doux  d'y  consacrer  les  jours  qui  me  restent  à 
vivre  et  de  laisser,  derrière  moi,  quelques  traces  de  mon  passage  sur  cette  terre,  comme 
c'est  le  devoir  de  tout  homme  en  situation  de  ie  faire. 

Des  liens  déjà  anciens  d'amitié  et  d'estime  réciproquès  nous  unissent,  et  je  voudrais 
qu'il  eo  restât  un  bon  souvenir  dans  vos  cœurs. 

Je  ne  vous  parle  pas  de  politique,  car  nous  sommes  tous  ou  presque  tous  d'accord  : 
nous  sommes  les  enfants  de  la  Révolution,  observateurs  fidèles  des  principes  de  1789  et  des 
dix  commandements  de  Dieu,  Gela  suffit  pour  s'entendre  et  tout  le  reste  n'est  qu'ac- 
cessoire. 

J'attends  votre  verdict  avec  confiance  et*  quel  qu’il  soit,  je  vous  prie  de  me  croire,  mes 
chers  Concitoyens, 

Votre  cordialement  dévoué, 

R.^L.  BISCilOFFSHElM, 

Membre  de  l'Institut,  Député  sortant. 


—  SB  — 


N°  H  62 


ARDÈCHE 


Circonscription  de  LARGENTIÈRE 

M.  DÜCLAUX-MONTEIL 
Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  12.186  voix. 


Mes  chers  Compatriotes, 

Après  la  victoire  décisive  du  23  février,  les  Comités  d’Union  Libérale  Républicaine  de 
notre  circonscription  se  sont  assemblés,  et,  après  en  avoir  délibéré,  ils  ont,  par  des  déci¬ 
sions  motivées,  revêtues  des  signatures  les  plus  autorisées  et  rendues  publiques,  déclaré 
que  je  devais  à  nouveau  entrer  en  lice  et  accepter  en  leur  nom  le  combat. 

11  ne  pouvait  m’être  permis  de  me  dérober. 

J’ai  donc  l'honneur  de  solliciter  vos  suffrages. 

Depuis  trop  longtemps  je  proclame  mon  désir  de  voir  triompher,  dans  1  arrondisse¬ 
ment  de  Largentière,  cette  République  généreuse  et  tolérante,  cette  République  vraiment 
Française  que  tous  les  bons  citoyens  appellent,  pour  qu’il  me  semble  nécessaire  de  le  redire 
encore. 

La  Liberté  d’Enseignement  à  tous  les  degrés; 

La  Liberté  d’Association  égale  pour  tous; 

La  Liberté  Religieuse  accordant  satisfaction  entière  aux  croyants  de  tous  les  cultes  ; 

Le  Respect  de  l’Armée  ; 

La  Propriété  individuelle  maintenue  hors  de  toute  atteinte  ; 

Le  Travail  libre  ; 

Une  Administration  plus  économe  et  mieux  ordonnée  des  deniers  publics; 

Les  fonctionnaires  laissés  absolument  libres  et  astreints  seulement  aux  obligations  de 
leur  charge  ; 

L’Agriculture  et  l’Industrie  protégées  et  encouragées  ; 

La  recherche  incessante  mais  sage  de  tout  ce  qui  peut  rendre  meilleure  la  condition  de 
l’Être  humain  ; 

La  répartition  la  plus  équitable  des  impôts  ; 

La  simplification  de  tous  les  rouages  administratifs  par  une  large  décentralisation. 

Telles  sont  les  bases  de  mon  programme. 

Je  fais  appel  au  concours  de  tous,  m’engageant  à  être,  pour  tous,  un  mandataire  sou¬ 
cieux  de  ses  devoirs  et  résolu  à  se  montrer  le  bon  serviteur  de  la  Patrie. 

Vive  la  France  ! 

Vive  la  République! 

J.  DUCLAUX-MONTEIL, 

Maire  des  Vans,  Membre  du  Conseil  général  de  l’Ardèche, 
Candidat  Républicain  Libéral. 


—  56  — 


lrG  circonscription  de  PRIVAS 

M*  PERRÏN 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin*  —  8-057  voix* 


Mes  chers  Concitoyens, 

Vous  avez  bien  voulu,  a  deux  reprises,  m’honorer  de  votre  confiance* 

Cette  confiance,  je  me  suis  efforcé  de  m’en  rendre  digne  et  c’est  pourquoi  je  fais  un 
nouvel  appel  à  vos  libres  suffrages,  aux  suffrages  de  tous  les  citoyens,  soucieux  comme 
moi,  sans  arrière-pensée,  de  la  grandeur  et  delà  prospérité  de  la  République, 

Vous  me  connaissez  tous.  Vos  intérêts,  vos  aspirations,  vos  besoins  sont  les  miens* 

Mes  adversaires,  qui  sont  aussi  les  vôtres,  me  reprochent  surtout  d’être  un  paysan* 
Loin  de  m’en  offenser,  je  m’en  honore.  Paysan  je  suis,  paysan  je  veux  être,  avec  l’immense 
majorité  de  cette  vaillante  circonscription* 

électeurs. 

Vous  m’avez  vu  à  l’œuvre  au  cours  de  la  dernière  législature*  Vous  m’avez  suivi,  inva¬ 
riablement  acquis  à  toutes  les  réformes  tendant  à  réaliser  les  légitimes  revendications  de  la 
Démocratie. 

Si,  une  fois  de  plus,  vous  me  confiez  la  mission  de  vous  représenter,  j’aurai  à  cœur  de 
faire  aboutir  celles  de  ces  réformes  qui  me  paraissent  les  plus  urgentes,  et  qui  sont  : 

La  réduction  à  deux  ans  du  service  militaire,  égal  pour  tous. 

L’impôt  sur  le  revenu  permettant  d’alléger  les  lourdes  charges  qui  pèsent  sur  l’agri¬ 
culture, 

La  Caisse  de  retraites  pour  tous  les  travailleurs,  pour  ceux  des  champs  comme  pour 
ceux  des  villes,  ce  qui  sera  le  moyen  de  retenir  dans  la  petite  patrie  nos  laborieuses  popu¬ 
lations  que  disperse  et  effraye  l’incertitude  du  lendemain* 

Républicains, 

J’ai  soutenu  de  mes  votes  le  ministère  Waldeck-Rousseau,  parce  que,  ministère  de 
defense  et  d’action  républicaines,  il  a  su  entreprendre  et  poursuivre  cette  grande  œuvre,  par 
le  ralliement  de  toutes  les  forces  démocratiques. 

De  tels  ministères  auront  toujours  mon  appui,  comme  m’auront  pour  intraitable  adver¬ 
saire  toutes  les  coalitions  qui,  pareilles  à  celle  qui  fait  rage  aujourd’hui,  ne  visent,  derrière 
les  masques  trompeurs  dont  le  cléricalisme  tient  boutique,  que  la  confiscation  de  nos  pins 
chères  libertés,  prélude  de  la  guerre  civile,  sinon  de  la  perte  de  la  Patrie* 

Citoyens,  aux  urnes,  au  cri  de  :  Vive  la  République  républicaine! 

I*  PERRIM,  Député  sortant* 

Piésident  de  la  Société  ardéchoise  d’encouragement  à  l’agriculture. 


—  57  — 


N°  H  62 


2e  circonscription  de  PRIVAS  i 
M.  ASTIER 

Élu  au  lor  tour  de  scrutin.  —  10.719  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Répondant  aux  sollications  d’un  grand  nombre  d’entre  vous*  je  me  présente  de  nouveau 

h  vos  libres  suffrages*  , 

Depuis  quatre  ans  que  j’ai  l’honneur  de  vous  représenter  au  Parlement,  j  ai  conscience 

d'avoir  rempli  loyalement  mon  mandat.  Dans  tous  mes  actes,  je  me  suis  inspiré  «pnn- 
cipes  de  justice  et  de  liberté,  qui  sont  les  vôtres,  et  des  intérêts  de  la  Basse-Ardèche  a 
laquelle  nous  sommes  attachés  par  les  liens  de  la  naissance  et  de  affection,  e  vous  ai 
exposé  chaque  année,  comme  c’était  mon- devoir,  ma  conduite  politique  dans  de  nombreuses 

réunions  et  vous  avez  bien  voulu  l’approuver. 

Ce  que  j’étais  hier,  je  le  serai  demain.  Mon  programme  ne  variera  pas. 

Républicain  d’avant-garde,  je  considère  que  la  République  a  pour  devoir  de  te  nre  une 
main  sccourable  à  tous  ceux  qui  peinent  et  qui  souffrent,  aux  travailleurs  de  la  terre  et  de 
l'usine.  Je  considère  que  le  grand  principe  de  solidarité  humaine,  qui  domina  la  Révolution 
française,  doit  être  sa  règle  directrice  et  souveraine.  ,4  ■ 

C’est  pour  cela  que  je  veux  : 

1“  L’organisation  de  caisses  de  retraites  qui  garantissent  le  petit  cultivateur  et  l’ouvrier 
contre  ces  deux"redoutables  fléaux  :  l’invalidité  et  la  vieillesse;  r  , 

2°  L’impôt  sur  le  revenu,  qui  assure  une  meilleure  répartition  des  charges  fiscales 
dégrevantTa  propriété  foncière  et  en  demandant  davantage  à'  la  fortune  mobdière  (sup¬ 
pression  de  la  contribution  personnelle  et  de  l’impôt  des  portes  et  fenêtres) , 

*TÈtml»  en  pra.ique  de  «tes  les  mesurée  propre»  à  prévenir  on  k  régler  le.  c  ofl. 
qui  s’élèvent  entre  le  travail  et  le  capital,  notamment  l’adoption  de  la  loi  Berteaux,  que  ] 
reprise  après  son  échec  au  Sénat,  sous  forme  d’amendement,  avec  plusieurs  de  mes 
collègues,  et  qui  doit  donner  satisfaction  à  la  catégorie  si  intéressante  des  travailleurs  es 

CheTLadréduction  à  deux  ans  de  la  durée  du  service  militaire,  avec  abolition  de  toutes  les 
dispenses,  en  vue  de  demander  à  tous  les  Français,  riches  ou  pauvres,  le  même  sacn  î  - 

et  la  même  contribution  à  la  défense  de  la  patrie;  .  .  . 

5°  L’accession  de  plus  en  plus  facile  des  enfants  studieux,  si  humble  que  soit  leur  ori¬ 
gine,  à  l’enseignement  secondaire  et  à  l’enseignement  supérieur,  par  la  voie  du  concours 

^extension  des  bourses,  t 

Dans  cet  ordre  d’idées,  je  me  suis  prononcé  et  je  me  déclare  encore  pour  la  predo 

nance  de  l’esprit  laïque  et  le  contrôle  de  l’État  sur  les  établissements  libres. 

La  dernière  législature  a  déjà  abordé  résolument  ces  différentes  réformes.  U  faut  que 

la  prochaine  Chambre  les  consacre  définitivement;  .  ,  _  ,  .  ■ 

j’apporterai  particulièrement  mes  soins  à  défendre  les  intérêts  agricoles  de  notre  région 
L’organisation  du  crédit  et  de  l’enseignement  agricoles  dans  notre  departement,  les  créa  ion. 
de  syndicats  et  de  mutualités,  la  protection  contre  l’accaparement  des  produits  contre  es 
falsifications,  l’abaissement  des  tarifs  de  transport  par  chemins  de  fer  des  produits  agricoles 
et  des  matières  servant  à  l’agriculture,  auront  en  moi,  comme  par  le  passe,  un  interpret 
vigilant,  auquel  vous  pourrez  toujours  vous  adresser  en  toute  confianre.  ■ 


—  58  — 


Je  poursuivrai  : 

L’établissement  d’une  école  pratique  d’agriculture  au  Pradel, 

L’utilisation  de  notre  grand  neuve, 

Le  prolongement  jusqu’au  Puy  du  chemin  de  fer  de  Pradcs, 

La  mise  à  exécution  du  réseau  des  tramways  ardéchois, 

L’amélioration  de  nos  routes, 

La  création  d’un  courrier  d’Aubenas  au  Ch ey lard,  afin  d’accroître  ia  prospérité  écono¬ 
mique  de  la  Basse-Ardèche. 

Ce  que  j’ai  fait  dans  l’intérêt  de  nos  hôpitaux,  de  nos  écoles,  de  nos  chemins,  de  nos 
digues,  je  suis  prêt  à  le  faire  encore. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Ses  adversaires  articulent  contre  la  République  bien  des  reproches.  Comparez  le  pré¬ 
sent  et  le  passé.  Aucun  gouvernement  n’a  plus  fait  pour  l’amélioration  de  la  vie  matérielle 
et  morale.  Aucun  n’a  mieux  respecté  les  libertés  primordiales  du  citoyen.  Aucun  n’a  su 
assurer  à  la  France  une  période  de  paix  plus  longue  et  plus  fructueuse.  Aucun  n’a  contracté 
d’alliance  aussi  féconde  pour  la  paix  du  monde  et  la  prospérité  nationale.  Aucun,  depuis 
plus  d’un  siècle,  ne  s’est  imposé  plus  profondément  à  la  confiance  et  à  l’affection  du  pays. 

Je  suis  fier,  quant  à  moi,  d’avoir  pu,  grâce  à  vos  suffrages,  participer  à  cette  œuvre 
démocratique.  Je  serai  heureux,  si  vous  m’en  jugez  digne,  de  lui  continuer  mon  concours. 

Défendre  la  République  contre  ses  ennemis,  avoués  ou  cachés,  la  faire  aimer  par  une 
politique  réformatrice  des  abus,  réparatrice  des  injustices,  par  une  gestion  sévère  des 
deniers  publics,  par  ia  recherche  de  toutes  les  économies  compatibles  avec  la  loi  du  progrès 
social  :  il  n’est  pas,  à  mon  sens,  d’ambition  plus  haute  et  plus  légitime. 

Candidat  de  l’unanimité  du  parti  républicain,  mon  élection  ne  sera  pas  la  victoire  d’un 
homme,  elle  seratla  victoire  de  la_République  sur  la  coalition  de  ses  éternels  adversaires.  ■■  ’ 

ü  Vive  la  République  Démocratique!  Vive  la  France  1  Vive  la  Basse-Ardèche! 


Ve  circonscription  de  TQURNON 
M,  DE  GÀILHARD-BANCEL 
Élu  au  lMour  de  set u tin.  —  li.905  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Le  31  décembre  1899,' à  l’aurore  du  xx*  siècle,  9.430  d’entre  vous  m’honoraient  de  leurs 
suffrages.1 

C’est  sous  les  auspices  de  ces  9.450  vaillants  que  de[nouveau  je  viens  à  vous  aujourd’hui 
pour  l'élection  du  27  avril. 

Agriculteur,  j’ai  à  maintes  reprises  défendu  l’agriculture  par  ma  parole  et  par  mes 
votes. 

Je  l’ai  défendue  notamment  en  votant  pour  1®  maintien  du  privilège  des  bouilleurs  de 
cru  et  en  faisant -ajourner  la  loi  sur  tes  retraites,  ouvrières,  loi  mal  conçue,  mal  préparée 
qui  n’était  qu’un  trompe-l’œil,  un  moyen  de  remplir  avec  les  économies  des  travailleurs  les 
caisses  de  l’Etat  et  de  créer  une  nouvelle  armée  de  fonctionnaires;  qui  imposait  à  la  presque 


—  h9  — 


N°  14 63 


totalité  des  cultivateurs,  petits  propriétaires,  fermiers,  "métayers,  sous  peine  d’amendes 
énormes,  des  obligations  qu’ils  n’auraient  pas  pu  remplir. 

Certes,  partisan  des  caisses  de  retraites  pour  tous  ies  travailleurs,  avec  le  concours  des 
intéressés,  je  le  suis;  mais  j’entends  que  la  loi  qui  les  établira  ne  crée  pas  pour  eux  des 

charges  qu’il  leur  serait  impossible  de  porter. 

Catholique,  sans  froisser  les  croyances  de  personne,  j’ai  défendu  la  religion  à  laquelle 

les  sectaires  ont  livré  de  terribles  assauts.  Ils  ont  hélas!  réussi  :  les  Congrégations  reli¬ 
gieuses  ont  été  mises  hors  de  la  liberté  et  du  droit  commun  :  la  liberté  d’enseignement, 
garantie  indispensable  des  droits  des  pères  de  famille,  a  été  gravement  atteinte;  plus  gra¬ 
vement  encore  menacée  pour  l’avenir. 

Maintenant  c’est  à  la  France,  c’est  à  vous  qu’il  appartient  de  rendre  cette  menace  vaine 
et  de  réparer  le  mal  accompli  en  envoyant  à  la  Chambre  nouvelle  des  députés  décidés  à 
entreprendre  cette  œuvre  de  réparation. 

A  cette  œuvre,  je  travaillerai  de  mon  mieux  si  j’ai  l’honneur  d’être  de  nouveau  votre 
élu.  Je  continuerai,  bien  entendu,  à  défendre  vos  intérêts  agricoles;  je  revendiquerai  une 
liberté  plus  grande  pour  les  communes  et  je  ferai  tous  mes  efforts  pour  éviter  les  nou¬ 
veaux  emprunts  et  les  nouveaux  impôts,  auxquels  semble  avoir  voulu  nous  acculer  le  minis¬ 
tère  actuel,  qui  a  si  mal  géré  les  finances  du  pays  que  le  dernier  budget  se  solde  par  un 

déficit  de  3t\h  millions.  , 

le  m’associerai  à  toutes  les  mesures  qui  pourront  alléger  les  charges  militaires,  sans 
compromettre  la  défense  nationale.  Le  but  à  poursuivre  doit  être  le  service  d’un  an,  rendu 
possible  paT  l’organisation  d’une  armée  de  métier,  solidement  constituée  avec  des  rengages 

volontaires.  .  ,  .  , , 

Ai-je  besoin  de  vous  dire  que  je  combattrai  avec  tonte  mon  energœ  le  parti  judéo-ma¬ 
çonnique  qui,  avec  le  concours  des  socialistes,  s’est  emparé  de  la  République  et  prétend  en 
exclure  tout  ceux  qui  ne  veulent  pas  se  courber  sous  sa  tyrannie? 

Électeurs, 

A  cette  triple  alliance  des  ennemis  de  votre  liberté,  de  vous  droits  et  de  vos  croyances, 
vous  opposerez  l’union  étroite  et  solide  des  citoyens  qui  entendent  sauvegarder  leur  indé¬ 
pendance  d'homme  libres,  leur  dignité  de  pères  de  famille  et  leur  foi  de  chrétiens! 

Une  fois  encore  vous  protesterez  contre  ce  ministère  qui  a  voulu  se  venger  sur  l’Armée 
et  sur  la  Religion  de  n'avoir  pas  pu  faire  acquitter  un  traître,  comme  il  tente  de  se  venger 
sur  vous  de  l’élection  du  3i  décembre  1899,  en  jetant  dans  la  balance  électorale  les  bulle¬ 
tins  de  vote  d’un  canton,  où  il  se  flatte,  à  tort  peut-être,  d’avoir  pour  son  candidat  une 

importante  majorité.  .  onfl 

Vous  demeurerez  fidèle  à  vous-mêmes  et  le  27  avril  1902  comme  le  31  décembre  1899, 
vous  acclamerez,  en  me  donnant  vos  suffrages,  la  République  libérale,  la  République  ouverte 
à  tous  les  bons  Français. 

Vive  la  République  libérale! 

Vive  la  France  I 

H.  DE  G.MLHARD-BANCEL, 

Conseiller  général  de  l’Ardèche,  Député  sortant. 


-  GO  - 


2e  circonscription  de  TOURNON 

M.  Jules  ROCHE 

I 

Elu  au  1èr  tour  de  scrutin,  —  8,605  voix. 


Mes  chers  Compatriotes, 

Les  circonstances  dans  lesquelles  vous  êtes  appelés  à  voter  rendent  facile  votre  devoir 
et  votre  décision. 

Vous  n’avez  plus  à  vous  prononcer  sur  la  forme  du  Gouvernement  ;  la  République  est, 
et  ne  peut  pas  ne  pas  être.  Certains  de  ses  prétendus  «  défenseurs  n  sont  seuls  ses  dange¬ 
reux  ennemis,  pourraient  seuls  la  mettre  en  péril.  Vous  avez  à  dire  ce  que  la  République 
doit  être. 

Les  gouvernants  actuels  veulent  en  faire  un  instrument  de  despotisme,  je  suis  de  ceux 
qui  veulent  qu'elle  soit  un  instrument  de  liberté,  car  la  liberté  est  son  principe,  sa  raison 
d’être,  son  but.  Faire  de  la  liberté  le  noble  patrimoine  de  tous  les  Français  sans  exception 
est  la  mission  de  la  République,  Sans  la  liberté  elle  ne  serait  que  la  plus  odieuse  et  la 
plus  tyrannique  anarchie,  n’opprimant  pas  seulement  les  consciences  mais  ruinant  la 
Patrie  dans  tous  les  éléments  de  sa  vie  et  de  sa  force  ;  finances,  industrie,  commerce, 
travail,  armée,  garantie  de  sa  dignité  et  de  son  indépendance.  Le  spectacle  que  vous  avez 
sous  les  yeux;  les  abus,  les  excès  sans  nom  et  sans  nombre  dont  îa  majorité  parlementaire 
et  le  ministère  se  sont  rendus  coupables,  ne  le  prouvent  que  trop. 

Encore  quatre  années  d’une  pareille  politique,  et  l'on  chercherait,  sous  les  ruines 
accumulées  par  le  collectivisme  triomphant,  la  trace  de  vos  droits  les  plus  sacrés,  de  vos 
espérances  les  plus  chères  de  républicain*  et  de  Français, 

Eh  bien,  voulez-vous  vous  affranchir,  ou  vous  asservir  ? 

Telle  est  la  seule  question,  impliquant  toutes  les  autres,  posée  devant  vous  par  les 
événements;  ils  parlent  assez  haut  et  assez  clair  pour  que  tout  développement  soit  ici 
superflu. 

Pour  ou  contre  les  sectaires  ? 

Pour  ou  contre  les  jacobins  modernes? 

Pour  ou  contre  îa  tyrannie  parlementaire  ? 

Pour  ou  contre  le  cabinet  qui  détient  le  pouvoir,  —  pendant  quelques  jours  encore  ? 

Pour  ou  contre  la  révolution  sociale  dont  il  a  suivi  les  doctrines  et  favorisé  les 
desseins  ? 

Pour  ou  contre  la  ruine  budgétaire  ? 

Voilà  tout  le  débat,  Tranchezde,  dans  la  mesure  de  votre  pouvoir  ! 

Pour  moi,  mes  chers  compatriotes,  mon  choix  est  fait*  Vous  m’avez  vu,  parmi  vous, 
depuis  quarante  années,  défendre  la  liberté  envers  et  contre  tous,  sous  PEmpire,  après  le 
24  Mai,  après  le  16  Mai,  aux  temps  les  plus  difficiles,  sans  crainte  d’aucun  péril,  sans  peur 
d’aucune  force  :  ce  n’est  point  pour  l’abandonner  aux  entreprises  grossières  des  coalisés 
qui  l’assaillent  sous  le  masque  républicain,  aujourd’hui  qu’elle  est  plus  précieuse  que 
jamais. 

Elle  n’est  pas  seulement,  en  effet,  pour  chacun  de  nous,  le  bien  primordial,  source  de 
tous  les  autres,  la  marque  de  notre  dignité  humaioe  ;  mais  encore  elle  est  devenue,  par  la 
force  invincible  des  choses,  le  seul  terrain  où  puissent  se  rencontrer  désormais  tous  les 
bons  citoyens  désireux  de  mettre  fin  aux  discordes  du  passé,  —  mortelles  si  elles  se  proîon- 


N°  1162 


—  61  — 

geaient,  -  pour  travailler  loyalement  ensemble  à  l’œuvre  de  progrès  et  de  salut  national 

rme  nous  impose  à  tous  le  salut  de  la  Patrie.  > 

^  A  cette  tâche  sacrée  appartiennent  toutes  mes  forces,  toute  l’expérience  que  m  enseigna 
la  vie,  comme  jadis  lui  appartinrent,  —  mes  vieux  amis  républicains  des  heures  lointaines 
e’en  souviennent,  —  toutes  les  ardeurs  de  ma  jeunesse. 

Vive  la  liberté  l  Vive  la  République  1  Vive  la  France! 


Jules  ROCHE. 


—  02  — 


ARDENNES 


Circonscription  de  MÉZIÈRES 
M.  Albert  POULAIN 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  11.702  voix. 


Parti  socialiste  français.  - —  Fédération  des  travailleurs  socialistes  des  Ardennes. 

Citoyens,  vous  ôtes  appelés  à  vous  prononcer  sur  la  direction  économique  et  politique 
du  pays  par  le  choix  de  votre  mandataire  à  la  Chambre  des  Députés. 

Du  milieu  des  compétitions,  des  déclamations  et  des  surenchères  électorales,  deux 
politiques  se  dégagent  distinctement  : 

1°  La  politique  socialiste,  hardie  dans  ses  vues  généreuses,  courageusement  décidée  à 
détendre  par  tous  les  moyens  la  justice  et  le  droit  dans  la  forme  républicaine,  en  même 
temps  que  sagement  réformatrice  dans  ses  applications; 

2°  La  politique  de  favoritisme  et  de  privilèges,  imparfaitement  déguisée  sous  les 
étiquettes  les  plus  diverses,  plus  ou  moins  nuancées  d’un  républicanisme  de  circonstance, 
C  est  la  politique  de  toute  la  réaction  formant  bloc  contré  les  aspirations  de  plus  en  plus 
précises  de  la  démocratie  agricole  et  industrielle. 

Il  y  a  quatre  ans,  les  arrondissements  de  Mézières  et  Sedan  ont  affirmé,  sur  les  noms 
des  citoyens  Albert  Poulain  et  Lassalle,  leur  foi  en  une  politique  socialiste  ferme  et  clair¬ 
voyante  à  la  fois,  cependant  que  les  arrondissements  de  Rocroi  et  Rethel  donnaient  à  cette 
dernière  une  respectable  et  encourageante  minorité. 

C’est  Ûère  du  devoir  accompli  sans  parti  pris  et  sans  faiblesse  par  ses  deux  élus  que 
la  Fédération  des  Travailleurs  socialistes  des  Ardennes  s’adresse  avec  confiance  à  votre 
jugement. 

Dans  son  assemblée  plénière  des  groupements  et  délégués  des  communes,  elle  a  choisi 
a  unanimité,  pour  le  représentera  vos  suffrages,  le  citoyen  Albert  Poulain,  Député  sortant 
dont  le  dévouement  et  l’énergie  incontestablement  éprouvés  disent  assez  qu’il  saura 
défendre  e  programme  minimum  de  revendications  et  d’application  immédiate  uni  doit 
unir  tous  les  hommes  foncièrement  épris  de  justtà& 

PROGRAMME  DE  RÉFORMES 

Le  Parti  socialiste ,  repoussant  la  politique  du  tout  ou  rien,  a  un  programme  de 
réformes  dont  il  poursuit  dès  maintenant  la  réalisation.  ' 


Démocratisation  des  pouvoirs  politiques. 

1.  Suffrage  universel  direct,  sans  distinction  de  sexe,  et  dans  toutes  les  élections. 

2.  Reduct'on  du  temps  de  résidence. 


—  63 


N°  1162 


Scrutin  de  liste  avec  représentation  proportionnelle  dans  toutes  les  élections, 

3.  Mesures  législatives  pour  assurer  la  liberté  et  le  secret  du  vote. 

&  Droit  d’initiative  populaire  et  referendum. 

5.  Suppression  du  Sénat  et  de  la  présidence  de  la  République.  Les  attributions  actuelles 
du  président  de  la  République  et  du  Conseil  des  Ministres  seront  dévolues  à  un  conseil 

exécutif,  nommé  par  le  Parlement.  .  ,  .  .  ., 

6.  Réglementation  par  la  loi  du  mandat  législatif,  révocable  par  un  vote  de  la  moitié 

élus  un  des  électeurs  inscrits. 

7.  Admission  des  femmes  à  toutes  les  fonctions  publiques. 

8.  Liberté  absolue  de  la  presse  et  de  réunion,  sous  la  seule  garantie  du  droit  commun* 
—  Abrogation  de  toutes  les  lois  d’exception  sur  la  preste.  —  Liberté  des  associations 

civiles. 

9.  Pleine  autonomie  administrative  des  départements  et  des  communes,  sous  la  seule 
réserve  des  lois  garantissant  le  caractère  républicain,  démocratique  et  laïque  de  l’État. 


II 

Laïcisation  complète  de  l’État. 

1.  Séparation  des  Églises  et  de  l’État  ;  suppression  du  budget  des  cultes;  liberté  des 
cultes;  interdiction  de  l’action  politique  et  collective  des  Églises  contre  les  lois  civiles  et  les 
libertés  républicaines. 

2.  Suppression  des  congrégations;  nationalisation  des  biens  de  mainmorte  de  toute 
nature  leur  appartenant,  et  affectation  de  ces  biens  à  des  œuvres  d’assurance  et  de  solida¬ 
rité  sociales;  en  attendant,  interdiction  aux  congrégations  de  toute  entreprise  industrielle, 
agricole  et  commerciale. 


III 

Organisation  démocratique  et  humaine  de  la  justice. 


1.  Substitution  à  tous  les  tribunaux  actuels,  civils  on  criminels,  de  tribunaux  formés 
par  un  jury  pris  sur  la  liste  électorale  et  par  des  juges  élus  sous  des  garanties  de  compé¬ 
tence;  le  jury  sera  formé  par  voie  du  tirage  au  sort  sur  des  listes  dressées  par  le  suffrage 

universel.  '  , 

2.  Gratuité  de  la  justice.  Transformation  en  fonctions  publiques  des  offices  ministé¬ 
riels.  Suppression  du  privilège  des  avocats. 

3.  Instruction  et  expertise  contradictoires  à  tous  les  degrés  et  sur  tous  les  points* 

h.  Substitution,  au  caractère  de  représailles  et  de  vindicte  des  pénalités  actuelles, 
d’un  système  de  préservation  et  d’amendement  du  condamné. 


5.  Abolition  de  la  peine  de  mort. 

6.  Suppression  des  tribunaux  militaires  et  maritimes. 


IV 

Constitution  de  la  famille  conformément  aux  droits  individuels. 

1.  Abrogation  de  toutes  les  lois  qui  établissent  l’infériorité  civile  des  femmes  et  des. 
enfants  naturels  ou  adultérins. 

2.  Législation  plus  libérale  du  divorce.  Loi  sur  la  recherche  de  la  paternité. 


—  64  — 


V 

Éducation  humaine,  civique  et  professionnelle, 

1.  Gratuité  de  Renseignement  à  tous  les  degrés. 

2.  Entretien  des  enfants  à  la  charge  des  collectivités  pour  le  premier  degré  de  rensei¬ 
gnement, 

3-  Pour  Renseignement  secondaire  et  supérieur,  mise  à  la  charge  de  la  collectivité  de 
ceux  des  enfants  qui,  après  examen,  seront  reconnus  aptes  à  poursuivre  utilement  leurs 
études, 

4.  Création  d'un  enseignement  populaire  supérieur, 

5,  Monopole  de  Renseignement  aux  trois  degrés  par  RÉtat;  subsidiairement,  interdic¬ 
tion  Si  tout  membre  du  clergé  régulier  et  séculier  d’ouvrir  une  école  et  d’y  enseigner. 

VI 

Refonte  générale  du  système  dHmpôts  dans  un  sens  de  solidarité  sociale . 

1,  Abolition  de  tous  les  impôts  sur  les  objets  de  consommation  ;de  première  nécessité 
et  des  quatre  contributions  directes;  subsidiairement,  dégrèvement  de  toutes  les  petites 
cotes  foncières  et  des  petites  patentes. 

2,  Impôt  global  progressif  et  personnel  sur  les  revenus  supérieurs  à  3,000  francs. 

3,  Impôt  progressif  sur  les  successions,  J  a  progressivité  étant  calculée  à  la  fois  sur  le 
chiffre  de  la  succession  et  sur  l’éloignement  du  degré  de  parenté* 

4*  Faculté  pour  RÉtat  de  demander  à  certains  monopoles  une  part  des  ressources  qui 
lui  sont  nécessaires.  Diminution  des  gros  traitements. 

VII 

Protection  et  réglementation  légale  du  travail  dans  l'industrie ,  le  commerce  et 

P  agriculture. 

1.  Repos  d’un  jour  par  semaine,  ou  interdiction  pour  les  employeurs  de  faire  travailler 
plus  de  six  jours  sur  septJ 

2.  Limitation  de  la  journée  de  travail  à  huit  heures;  subsidiairement,  vote  de  toute 
disposition  diminuant  la  durée  de  la  journée  de  travail, 

3.  Interdiction  de  faire  travailler  les  enfants  âgés  de  moins  de  quatorze  ans;  système 
de  la  demi-journée  de  travail  pour  les  adolescents,  et  combinaison  du  travail  productif 
avec  l’instruction  et  l’éducation  des  adolescents. 

é.  Interdiction  du  travail  de  nuit  pour  les  femmes  et  les  adolescents.  Interdiction  du 
travail  de  nuit  pour  les  ouvriers  adultes  de  toutes  les  catégories  et  dans  toutes  les  indus¬ 
tries  où  le  travail  de  nuit  n’est  pas  absolument  nécessaire. 

5.  Législation  protectrice  du  travail  à  domicile. 

6.  Interdiction  du  marchandage  et  du  payement  en  nature  (économat).  Reconnais- 
sance  légale  de  la  mise  à  l’index. 

7.  Fixation,  par  l  accord  des  municipalités  et  des  corporations  ouvrières  de  l'industrie, 
du  commerce  et  de  Ragricullurè,  de  séries  de  prix  constituant  le  salaire  minimum* 

8.  Interdiction  aux  patrons  de  toute  réduction  de  salaire,  sous  forme  d’amende  ou 
autrement*  Intervention  des  ouvriers  dans  les  règlements  spéciaux  d’ateliers. 

9.  La  surveillance  des  ateliers,  fabriques,  usines,  mines,  chantiers,  services  publics, 
magasins,  etc,,  concernant  les  conditions  du  travail,  d’hygiène  et  de  sécurité,  sera  exercée, 
concurremment  avec  les  inspecteurs  de  RÉtat,  par  des  inspecteurs  élus  par  les  syndicats 
ouvriers* 


fiîi  — 


N°  1162 


10.  Extension  de  la  prud’homie  à  tous  les  salariés  de  l’industrie,  du  commerce  et  de 
l’agriculture. 

11.  Mise  en  régie  du  travail  des  condamnés.  Le  prix  de  tout  travail  effectué  sera  le 
prix  normalement  payé  aux  ouvriers  syndiqués. 

12.  Repos  légal  des  femmes,  six  semaines  avant  et  six  semaines  après  l’accouchement. 


VIII 

Assurance  sociale  contre  tous  les  risques  naturels  et  économiques. 

1.  Organisation  par  la  nation  d’un  système  d’assurance  sociale  s’appliquant  à  la  totalité 
des  travailleurs  de  l’industrie,  du  commerce,  de  l’agriculture,  contre  les  risques  de  maladie, 
d’accident,  d’invalidité,  de  vieillesse  et  de  chômage. 

2.  Constitution  du  fonds  d’assurance  sans  prélèvement  sur  les  salaires  ;  subsidiaire¬ 
ment,  limitation  du  prélèvement  opéré  sur  les  salariés  au  tiers  de  la  contribution  totale, 
les  deux  autres  tiers  devant  être  fournis  par  l’État  et  les  employeurs. 

3.  Amélioration  de  la  loi  sur  les  accidents  du  travail  et  son  application  sans  distinction 
de  nationalité. 

I j _  Participation  des  travailleurs  au  contrôle  et  au  fonctionnement  du  service  d’assu¬ 
rance. 

IX 

Extension  du  domaine  et  des  services  publics  industriels  et  agricoles  de  VÉtat , 
du  département  et  des  communes . 

1*  Nationalisation  des  chemins  de  fer,  des  mines,  de  la  Banque  de  France,  des  assu¬ 
rances,  des  raffineries  de  sucre  et  des  sucreries*  de  l'alcool,  de  la  grande  meunerie. 

2.  Organisation  d'un  service  public  de  placement  pour  les  travailleurs,  avec  le  concours 
des  Bourses  du  travail  et  des  organisations  ouvrières,  et  suppression  des  bureaux  privés. 

3,  Organisation  par  l'État  d'un  crédit  agricole, 

k*  Subventions  aux  communes  rurales  pour  les  aider  à  acheter  1  outillage  agricole 
collectif,  à  acquérir  des  domaines  communaux,  gérés  sous  le  contrôle  des  communes  par 
des  syndicats  de  travailleurs  ruraux,  et  à  créer  des  magasins  de  dépôt  et  de  warrants. 

5.  Organisation  des  services  communaux  de  l'éclairage,  de  Beau,  des  transports  en 
commun,  de  constructions  et  de  régie  d'habitations  à  bon  marché. 

6.  Administration  démocratique  des  services  publics  nationaux  et  communaux,  avec 
participation  des  organisations  ouvrières  à.  leur  fonctionnement  et  à  leur  contiôle,  avec  droit 
de  se  syndiquer  à  tous  les  salariés  de  tous  les  services  publics, 

7.  Service  national  et  communal  d'hygiène  et  renforcement  des  lois  qui  protègent  la 
santé  publique  ;  logements  insalubres,  révision  du  cadastre*  etc. 

X 

Politique  de  paix  internationale  et  adaptation  de  V organisme  militaire  à  la  défense 

du  pays . 

1.  Substitution  des  milices  à  l'armée  permanente  et  adoption  de  toutes  les  mesures, 
coco  ne  les  réductions  de  service  militaire,  qui  y  conduisent. 

2.  Refonte  et  adoucissement  du  Code  pénal  militaire;  suppression  des  corps  discipli¬ 
naires,  et  interdiction  de  prolonger  le  service  militaire  en  guise  de  pénalité, 

3.  Renonciation  à  toute  guerre  offensive  sous  quelque  prétexte  que  ce  soit, 

0 


—  66  — 

4,  Renonciation  à  tonte  alliance  qui  n'aurait  pas  pour  objet  exclusif  le  maintien  de  la 

paix, 

5.  Renonciation  aux  expéditions  militaires,  coloniales  ;  et  dans  les  colonies  actuelles 
ou  pays  de  protectorat,  soustraits  à  l'influence  des  missionnaires  et  au  régime  militaire, 
développement  d'institutions  protectrices  des  indigènes. 

Pour  la  Fédération  des  Travailleurs  socialistes  dos  Ardennes  : 

Le  Secrétaire . 

Pour  la  Fédération  des  Conseillers  municipaux  socialistes  des  Ardennes  : 

Le  Secrétaire, 


Circonscription  de  RETHEL 

M,  SANDRIQUE 

Elu  au  2e  tour  de  scrunm  —  6.150  voix. 


Chers  Concitoyens, 

3  ai  cru  devoir  céder  aux  sollicitations  de  nombreux  républicains  de  l'arrondissement 
et  j'ai  accepté  la  candidature  aux  élections  législatives. 

Connu  de  tous,  vivant  et  travaillant  depuis  de  longues  années  au  milieu  de  vous,  j'ai 
été  mêlé  aux  différentes  luttes  politiques  qui  se  sont  livrées  dans  notre  arrondissement;  il 
semblerait  donc  que  de  nouvelles  déclarations  seraient  superflues, 

Je  vous  dois  cependant  ma  profession  de  foi,  car  je  tiens  à  ce  qu'il  n’y  ait  entre  nous 
aucun  doute,  ni  aucune  équivoque. 

Je  suis  républicain  démocrate  et  c’est  à  ce  titre  que  les  républicains  de  l’arrondisse- 
ment  de  Retbel  m'ont  confié  leur  drapeau. 

J'accepte  de  le  défendre. 

Cultivateur  à  Saint- Qu emin-le-Petii,  j’ai  l’honneur  d’être  Conseiller  municipal  depuis 
22  ans  et  maire  depuis  1896.  r 

L’occasion  m’a  été  souvent  offerte  d’affirmer  mes  sentiments  républicains  *  je  n’y  ai 
jamais  failli.  J  3 

Appelé  par  les  républicains  du  canton  de  ChSteau-Porcien  aux  fonctions  de  Conseiller 
general  mon  mandat  a  été  renouvelé  en  1898;  j’ai  toujours,  dans  cotte  assemblée,  fait 
par  ie  de  la  majorité  républicaine  qui,  récemment,  me  donnait  une  nouvelle  preuve  de  sa 
confiance  en  m  élisant  membre  de  la  Commission  départementale. 

Quelles  que  puissent  être  les  insinuations  de  détracteurs  intéressés,  je  suis  républi¬ 
cain,  comme  je  l’étais  et  comme  je  le  serai  toujours.  * 

Mon  programme  peut  se  résumer  ainsi  • 

crati^r118  C°°S,““  TerS  P,“BHS  d"S  b  Se“  18  plus  rép“b,i“”  «  ■«  P*™  démo- 

Économies  sérieuses  dans  nos  finances  par  nn  contrôle  efficace  des  dépenses  néces- 
”°mbreM8S  *****  »*  ia  •**»  dos  gros 

ma.ieBdnPpo»voiîaiaÏ,bnf  ^  C°"de"“  indi,‘ll"e"e  “  s“™^rdant  ion.efois  la  „pré- 


67 


N°  H  62 


Impôt  progressif  sur  le?  affaires  de  pure  spéculation;  suppression  des  prestations  et 

de  l’impôt  des  portes  et  fenêtres.  .  ,  ,  . 

Service  militaire  de  deux  ans,  égal  pour  tous.  Suppression  des  périodes  de  vingt-huit 

jours  et  réduction  de  celle  de  treize  jours.  . 

Protection  du  travail  national  et  de  l'agriculture  contre  l’invasion  des  denrees  étran¬ 
gères  et  surtout  contre  la  spéculation. 

Retraites  applicables  aussi  bien  aux  ouvriers  agricoles  qu'aux  ouvriers  de  1  industrie. 
Réduction  des  frais  de  just’ce  et  révision  des  lois  dans  un  sens  plus  démocratique. 
Modification  à  apporter  à  la  loi  sur  les  successions. 

Tel  est  le  programme  sur  lequel,  si  je  suis  élu,  porteront  tous  mes  efforts. 

J’apporterai  à  sa  défense  la  volonté  tenace  et  l’énergie  du  travailleur  de  la  terre,  qui 
sait  ce  qu’il  veut,  et  ne  se  laisse  jamais  détourner  de  ce  qu’il  poursuit. 

Ou  me  fait  le  reproche  de  n’être  ni  un  savant,  ni  un  érudit,  je  n’en  disconviens  pas  ; 
mais  je  crois  avoir  ta  connaissance  et  la  pratique  des  affaires  qui,  appliquées  avec  jugement, 

valent  mieux  que  des  phrases  vides  et  sonores. 

Je  pense  avoir  montré  au  Conseil  général  que  je  pouvais  être  utile  à  notre  arrondisse¬ 
ment,  en  obtenant  l’augmentation  de  nos  bureaux  de  postes  et  la  création  de  réseaux  télé¬ 
graphiques  et  téléphoniques.  , 

Mes  efforts  pour  obtenir  la  construction  du  chemin  de  fer  de  la  vallee  de  1  Aisne  ont  ete 
couronnés  de  succès  et  j’ose  dire  que  je  suis  le  promoteur  de  la  ligne  Asfeld-Montcornet  et 
de  celle  projetée  entre  Wassïgny-Renneville,  Chaumont-Porcicn  et  Chateau-Porcieu. 

Lps  améliorations  concernant  le  service  vicinal  ont  toujours  trouve  en  moi  uu  ardent 
défenseur  et  je  n’ai  jamais  économisé  ni  mes  voyages,  ni  mes  démarches  pour  défendre  Les 

intérêts  de  mes  concitoyens  lorsqu’ils  étaient  justifiés.  . 

Cultivateur,  ayant  l’amcur  du  sol,  je  sais  par  expérience  tous  les  besoins  de  I  agri¬ 
culture  et,  vivant  au  milieu  des  patrons  et  des  ouvriers,  je  connais  leurs  intérêts  et  leurs 

espérances.  . 

C’est  pour  les  soutenir  devant  le  Parlement  que  je  sollicite  vos  sutlrages. 

Vive  la  République  1 

Vive  l’arrondissement  de  Rethel  ! 

Agréez,  mes  chers  Concitoyen*,  l’assurance  de  mon  entier  dévouement. 

Albert  SANDRIQUE, 

Maire  de  Saint-Quentia-le-PetU, 
Conseiller  général. 


Circonscription  de  ROCROI 

U.  DÜNÂIME 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin,  —  6*002  voix. 


Mes  chers  Coudtoyeris, 

Je  Tiens  TOUS  demander  le  renouvellement  du  mandat  que  TOUS  m'a.ea  confié  en  1893 

61  “Ve  mandat,  je  crois  l’.TOir  fidèlement  rempli  tant  au  point  de  vue  politique  qu'au  point 

de  vue  des  intérêts  de  notre  régien,  r  *  ip 

J’ai  maintenu  dans  son  intégralité  le  programme  que  vous  avez  approuvé  a  deux 
reprises:  celui  d’une  République  juste  pour  tous  ouverte  a  toutes  les  adhésions  loyales, 
respectueuse  de  ta  liberté  de  conscience. 


—  68  — 


Vous  me  connaissez  depuis  longtemps.  Entre  les  laborieuses  populations  de  l’arron¬ 
dissement  et  moi,  il  n’est  pas  besoin  de  longues  explications  ni  de  retentissantes  profes¬ 
sions  de  foi  ressemblant  à  une  table  des  matières. 

Notre  but  est  de  conserver  intact  le  patrïfnoine  qui  nous  a  été  légué  par  les  fondateurs 
de  la  République,  et  de  donner  aux  principes  républicains  leur  entier  développement. 

Respectueux  de  la  liberté  de  conscience,  nous  voulons  assurer  à  chacun  le  libre 
exercice  de  ses  croyances,  niais  aussi  interdire  au  clergé  l’ingérence  dans  le  domaine 
politique,  conserver  l’égalité  consacrée  par  la  loi  militaire  et  la  laïcité  consacrée,  par  la  loi 
scolaire. 

Nous  estimons  que  la  liberté  d’enseignement  à  tous  les  degrés  est  un  des  principes 
fondamentaux  de  la  doctrine  républicaine,  mais  aussi  que  l’État  doit  exercer  son  droit  sou¬ 
verain  de  contrôle  sur  tons  les  établissements  d’instruction,  et  exiger  de  tous  les  profes¬ 
seurs  libres  des  garanties  d'aptitude  et  de  capacité. 

Nous  voulons  assurer  aux  travailleurs  des  réalisations  immédiates  par  de  nouvelles 
lois  de  prévoyance  et  de  solidarité. 

La  nouvelle  Chambre  aura  à  s’occuper  principalement  des  questions  financières  et  des 
problèmes  sociaux. 

Elle  devra  pratiquer  une  politique  d'économies  qui,  réclamée  par  le  pays,  peut  seule 
assurer  les  ressources  indispensables  pour  la  réalisation  des  réformes  démocratiques  ; 
retraites  ouvrières,  réduction  du  service  militaire,  etc. 

Elle  devra,  par  une  réforme  financière  qui  ne  tendra  ni  à  l’inquisition,  ni  au  nivelle¬ 
ment  des  fortunes,  s’efforcer  de  mieux  proportionner  l’impôt  à  l’importance  des  fortunes 
acquises,  de  ménager  les  revenus  du  travail,  et  de  supprimer  les  impôts  iniques  :  la  pres¬ 
tation,  les  portes  et  fenêtres,  etc.,  etc. 

En  ce  qui  touche  les  questions  sociales,  la  première,  la  plus  importante,  est  l’organisa¬ 
tion  definitive  des  caisses  de  retraites  ponr  les  travailleurs.  Le  problème  est  difficile  à 
résoudre  ;  ma  s,  après  les  études  et  les  enquêtes  faites  depuis  deux  ans,  il  est  mûr  pour 
une  prompte  solution. 

La  Chambre  devra  également  faire  aboutir,  à  bref  délai,  une  réforme  qui  intéresse 
vivement  le  pays,  et  qui,  de  l’avis  des  hommes  les  plus  compétents,  ne  pourra  affaiblir  la 
puissance  militaire  de  la  France:  la  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans 

Au  point  de  vue  économique,  la  situation  de  l’agriculture  et  de  l’industrie  réclame  la 
sollicitude  des  pouvoirs  publics.  Le  Parlement  aura  le  devoir  de  rechercher  toutes  les 
mesures  propres  à  favoriser  le  travail  sous  toutes  ses  formes,  et  à  permettre  à  nos  produo 
teurs  de  lutter,  avec  succès,  eomre  la  concurrence  étrangère. 


Mes  chers  Concitoyens, 

«mrw  d^la  Mpublique’  Ie  succès  de  toutes  les  réformes  dépendent 

surtout  de  la  stabilité  du  Gouvernement.  Seule,  l’union  de  tous  les  républicains  peut 

assurer  cette  stabilité.  Cette  union  est  facile,  si  Fon  veut  écarter  résolument  les  rivalités 
de  personnes  et  les  querelles  de  secte  et  de  coteries 

Je  suis  sûr  que  vous  ratifierez  ce  programme  d’union  et  de  réformes  pratiques,,  parce 

’  V0U8/Tuvez  13  P°1UiqUe  d’immobilité’  Parce  que  vous  voulez  marcher 

dans  la  voie  du  progrès  démocratique,  parce  qu’enfin,  malgré  quelques  divergences  le 

parti  républicain  don  tenir  à  honneur,  après  avoir  fondé  la  République,  de  l’organiser  et  de 
la  faire  vivre ,  par  un  souci  constant  des  intérêts  du  peuple. 

Vive  la  France  î 
Vive  la  République  ! 

Henri  DUNA  IME, 

Docteur  en  droit,  Vice-président  du  Gonseil  général, 
Député  sortant,  candidat  républicain. 


~  t>a  — 


1162 


Circonscription  de  SEDAN 

M.  LASSALLE 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  3,627  voix. 


PARTI  SOCIALISTE  FRANÇAIS.  —  FÉDÉRATION  DES  TRAVAILLEURS  SOCIALISTES  DES  ARDENNES. 

Citoyens, 

Vous  êtes  appelés  à  vous  prononcer  sur  la  direction  économique  et  'politique  du  pays 
par  le  choix  de  votre  mandataire  à  la  Chambre  des  Députés. 

Du  milieu  des  compétitions,  des  déclamations  et  des  surenchères  électorales,  deux 
politiques  se  dégagent  distinctement  : 

1°  La  politique  socialiste,  hardie  dans  ses  vues  généreuses,  courageusement  décidée  k 
défendre  par  tous  les  moyens  la  justice  et  le  droit  dans  la  forme  républicaine,  eu  même 
temps  que  sagement  réformatrice  dans  ses  applications. 

2*  La  politique  de  favoritisme  et  de  privilèges,  imparfaitement  déguisée  sous  les  éti¬ 
quettes  les  plus  diverses,  plus  ou  moins  nuancées  d’un  républicanisme  de  circonstance, 
C!est  la  politique  de  toute  ïa  réaction  formant  bloc  contre  les  aspirations  de  plus  en  plus 
précises  de  la  démocratie  agricole  et  industrielle. 

Il  y  a  quatre  ans,  les  arrondissements  de  Mézières  et  de  Sedan  ont  affirmé,  sur  les 
noms  des  citoyens  Albert  Poulain  et  Lassalle,  leur  foi  en  une  politique  socialiste  iernm  et 
clair  voyante  à  la  fois,  cependant  que  les  arrondissements  de  Rocroi  et  Rethel  donnaient  à 
cette  dernière  une  respectable  et  encourageante  minorité. 

(Test  fière  du  devoir  accompli  sans  parti  pris  et  sans  faiblesse  par  ses  deux  élus  que  la 
Fédération  des  travailleurs  socialistes  des  Ardennes  s^dresse  avec  confiance  à  votre 
jugement. 

Dans  son  assemblée  plénière  des  groupements  et  délégués  des  communes,  elle  a  choisi 
a  Punanimité,  pour  le  représenter  à  vos  suffrages,  le  citoyen  Élysée  Lassalle,  Député  sortant, 
dont  le  dévouement  et  Pénergie  incontestablement  éprouvés  disent  assez  quTil  saura  défendre 
le  programme  minimum  de  revendications  et  d'application  immédiate  qui  doit  unir  tous  les 
hommes  foncièrement  épris  de  justice. 


PROGRAMME  DE  RÉFORMES, 

Le  Parti  socialiste ,  repoussant  la  politique  du  tout  ou  rien 7  a  un  programme  de  réformes 
dont  il  poursuit  dès  maintenant  la  réalisation . 


Démocratisation  des  pouvoirs  politiques. 

1,  Suffrage  universel  direct,  sans  distinction  de  sexe,  et  dans  tontes  les  élections. 

2.  Réduction  du  temps  de  résidence. 

Scrutin  de  liste  avec  représentation  proportionnelle  dans  toutes  les  élections. 


3.  Mesures  législatives  pour  assurer  la  liberté  et  le  secret  du  vote* 

4*  Droit  d'initiative  populaire  et  referendum* 

5*  Suppression  du  Sénat  et  de  la  présidence  de  la  République*  Les  attributions  actuelles 
du  président  de  la  République  et  du  Conseil  des  Ministres  seront  dévolues  à  un  conseil 
exécutif,  nommé  par  le  Parlement* 

6  Réglementation  par  la  loi  du  mandat  législatif,  révocable  par  un  vote  de  la  moitié 
plus  un  des  électeurs  inscrits* 

7-  Admission  des  femmes  dans  toutes  les  fonctions  publiques* 

8*  Liberté  absolue  de  la  presse  et  de  réunion,  sous  la  seule  garantie  du  droit  commun* 
—  Abrogation  de  toutes  les  lois  déception  sur  la  presse*  —  Liberté  des  associations 
civiles, 

9*  Pleine  autonomie  administrative  des  départements  et  des  communes,  sous  ia  seule 
réserve  des  lois  garantissant  le  caractère  républicain,  démocratique  et  laïque  de  Y&t at* 


II 

Laïcisation  complète  de  F  État. 

1,  Séparation  des  Églises  et  de  l'État;  suppression  du  budget  des  cultes:  liberté  des 
cultes  ;  interdiction  de  l'action  politique  et  collective  des  Églises  contre  les  lois  civiles  et  les 
libertés  républicaines* 

2*  Suppression  des,  congrégations  ;  nationalisation  des  biens  de  mainmorte  de  toute 
nafura  leur  appartenant,  et  affectation  de  ces  biens  à  des  œuvres  d'assurance  et  de  solida¬ 
rité  sociales;  en  attendant,  interdiction  aux  congrégations  de  toute  entreprise  industrielle^ 
agricole  et  commerciale* 

Iïl 

Organisation  démocratique  et  humaine  de  la  justia* 

î.  Substitution  à  tous  les  tribunaux  actuels,  civils  ou  criminels,  de  tribunaux  formés 
par  un  Jury  pris  sur  la  liste  électorale  et  par  des  juges  élus  sous  des  garanties  de  compé¬ 
tence;  le  jury  sera  formé  par  voie  de  tirage  au  sort  sur  des  listes  dressées  par  le  suffrage 
universel* 

2*  Gratuité  de  la  justice.  Transformation  en  fonctions  publiques  des  offices  ministé¬ 
riels.  Suppression  du  privilège  des  avocats- 

3.  Instruction  et  expertise  contradictoires  à  tous  les  degrés  et  sur  tous  les  points* 

4*  Substitution,  au  caractère  de  représailles  et  de  vindicte  des  pénalités  actuelles,  d'un 
système  de  préservation  et  d'amendement  du  condamné, 

5.  Abolition  de  ia  peine  de  mort, 

6,  Suppression  des  tribunaux  militaires  et  maritimes* 


IV 

Constitution  de  la  famille  conformément  aux  droits  individuels. 

1.  Abrogation  de  toutes  les  lois  qui  établissent  l'infériorité  civile  des  femmes  et  des 
enfants  naturels  ou  adultérins, 

2.  Législation  plus  libérale  du  divorce*  Loi  sur  la  recherche  de  la  paternité* 


71  - 


N°  H  62 


V 

Éducation  humaine ,  civique  et  professionnelle - 

{t  Gratuité  de  Renseignement  à  tous  les  degrés. 

2*  Entretien  des  enfants  h  la  charge  des  collectivités  pour  le  premier  degré  de  rensei¬ 
gnement* 

3,  Pour  Renseignement  secondaire  et  supérieur,  mise  à  la  charge  de  la  collectivité  de 
ceux  des  enfants  qui,  après  examen,  seront  reconnus  aptes  à  poursuivre  utilement  leurs 
études. 

k.  Création  d'un  enseignement  populaire  supérieur. 

5.  Monopole  de  Renseignement  aux  trois  degrés  par  l’État  ;  subsidiairement,  interdic¬ 
tion  à  tout  membre  du  clergé  régulier  et  séculier  d’ouvrir  une  école  et  y  enseigner. 

VI 

Refonte  générale  du  système  d'impôts  dans  un  sens  de  solidarité  sociale . 

l.  Abolition  de  tous  les  impôts  sur  les  objets  de  consommation  de  première  nécessité 
et  des  quatre  contributions  directes:  subsidiairement,  dégrèvement  de  toutes  les  petites 
cotes  foncières  et  des  petites  patentes. 

2.  Impôt  global  progressif  et  persomn  1  sur  les  revenus  supérieurs  à  3.000  francs, 

3.  Impôt  progressif  sur  les  successions,  la  progressivité  étas  t  calculée  à  la  fois  sur  le 
chiffre  de  la  succession  et  sur  l'éloignement  du  degré  de  parenté* 

4.  Faculté  pour  l’État  de  demander  à  certains  monopoles  une  part  des  ressources  qui 
lui  sont  nécessaires:  Diminution  des  gros  traitements* 

Vil 

Protection  et  réglementation  légale  du  travail  dans  l'industrie,  le  commerce 

et  lJ agriculture* 

L  Repos  d’un  jour  par  semaine,  ou  interdiction  pour  les  employeurs  de  faire  travailler 
plus  de  six  jours  sur  sept* 

2.  Limitation  de  la  journée  de  travail  à  huit  heures;  subsidiairement,  vote  de  toute 
i  disposition  diminuant  la  durée  de  fa  jouîmes  de  travail, 

3.  Interdiction  de  faire  travailler  les  enfants  âgés  de  moins  de  quatorze  ans,  système 
de  la  demi-journée  de  travail  pour  les  adolescents  et  combinaison  du  travail  productif  avec 
instruction  et  l’éducation  des  adolescents. 

/i*  interdiction  du  travail  dé  nuit  pour  les  femmes  et  les  adolescents*  Interdiction  du 
travail  de  nuit  pour  l  es  ouvriers  adultes  de  toutes  les  catégories  et  dans  ioutes  les  industries 
où  le  travail  de  nuit  n’est  pas  absolument  nécessaire* 

5*  Législation  protectrice  du  travail  à  domicile* 

6.  Interdiction  du  marchandage  et  du  payement  en  nature  (économat).  Reconnaissance 
légale  de  la  mise  à  l'index* 

7.  Fixation,  par  Raccord  des  municipalités  et  des  corporations  ouvrières  de  l'industrie, 
du  commerce  et  de  l'agriculture,  de  séries  de  prix  constituant  le  salaire  minimum* 

8*  Interdiction  aux  patrons  de  toute  réduction  de  salaires,  sous  forme  d'amende  ou 
autrement*  Intervention  des  ouvriers  dans  les  règlements  spéciaux  d’atchers* 

9.  La  surveillance  des  ateliers,  fabriques,  usines,  mines,  chantiers,  services  publics, 
magasins,  etc.,  concernant  les  conditions  du  travail,  d'hygiène  et  de  sécurité,  sera  exercée. 


concurremment  avec  les  inspecteurs  de  l’État,  par  des  inspecteurs  élus  par  les  syndicat 
ouvriers, 

10*  Extension  de  la  prud'homie  à  tous  les  salariés  de  l’industrie,  du  commerce  et  de 
l’agriculture* 

11.  Mise  en  régie  du  travail  des  condamnés.  Le  prix  de  tout  travail  effectué  sera  le 
prix  normalement  payé  aux  ouvriers  syndiqués, 

12,  Repos  légal  des  femmes,  six  semaines  avant  et  six  semaines  après  Paccou- 
chement. 


Vlli 

Assurance  sociale  contre  tous  les  risques  naturels  et  économiques , 

1,  Organisation  par  la  nation  d’un  système  d’assurance  sociale  s’appliquant  à  la  tota¬ 
lité  des  travailleurs  de  l’industrie,  du  commerce,  de  l'agriculture,  contre  les  risques  de 
maladie,  d'accident,  d’invalidité,  de  vieillesse  et  de  chômage, 

2,  Constitution  du  fonda  d’assurance  sans  prélèvement  sur  les  salaires;  subsidiaire¬ 
ment,  limitation  du  prélèvement  opéré  sur  les  salariés  au  tiers  de  la  contribution  totale,  les 
deux  autres  tiers  devant  être  fournis  par  i’Étatet  les  employeurs, 

3,  Amélioration  de  la  loi  sur  les  accidents  du  travail  et  son  application  sans  distinction 
de  nationalité, 

4,  Participation  des  travailleurs  au  contrôle  et  au  fonctionnement  du  service  d’assu¬ 
rance, 

II 

Extension  du  domaine  et  des  services  publics  industriels  et  agricoles  de  VÉtat^ 
du  département  et  des  communes , 

1-  Nationalisation  des  chemins  de  fer,  des  mines,  de  la  Banque  de  France,  des  assu¬ 
rances,  des  raffineries  de  sucre  et  des  sucreries,  de  l’alcool  et  de  la  grande  meunerie. 

2.  Organisation  d’un  service  public  de  placement  pour  les  travailleurs,  avec  le  concours 
des  Bourses  du  travail  et  des  organisations  ouvrières,  et  suppression  dts  bureaux  privés. 

3.  Organisation  par  l'État  d’un  crédit  agricole. 

4-  Subventions  aux  communes  rurales  pour  les  aider  à  ach  1er  l’outillage  agricole  col¬ 
lectif,  à  acquérir  des  domaines  communaux,  gérés  sous  le  contrôle  des  communes  par  des 
syndicats  de  travailleurs  ruraux,  et  à  créer  des  magasins  de  dépôt  et  des  warrants, 

5,  Organisation  des  services  communaux  de  l’éclairage,  de  l’eau,  des  transports  en 
commun,  de  constructions  et  de  régie  d’habitations  à  boa  marché. 

6,  Administration  démocratique  des  services  publics  nationaux  et  communaux,  avec 
participation  des  organisations  ouvrières  à  leur  fonctionnement  et  à  leur  contrôle,  avec 
droit  de  se  syndiquer  a  tous  les  salariés  de  tous  les  services  publics. 

7,  Service  national  et  communal  d’hygiène  et  renforcement  des  lois  qui  protègent  la 
santé  publique;  logements  insalubres,  révision  du  cadastre,  etc. 

X 

Politique  de  paix  internationale  et  adaptation  de  F  organisme  militaire  à  la  défense 

du  pays , 

1.  Substitution  des  milices  à  l’armée  permanente  et  adoption  de  toutes  les  mesures, 
comme  les  réductions  de  service  militaire,  qui  y  conduisent, 

2,  Refonte  et  adoucissement  du  Cote  pénal  militaire  ■  suppression  des  corps  discipli¬ 
naires,  et  interdiction  do  prolonger  le  service  militaire  en  guise  de  pénalité. 


™  73  — 


N°  1162 


3,  Renonciation  à  toute  guerre  offensive  sous  quelque  prétexte  que  ce  soit* 

fi*  Renonciation  à  toute  alliance  qui  n’aurait  pas  pour  objet  exclusif  le  maintien  de  la 

paix* 

5.  Renonciation  aux  expéditions  militaires,  coloniales  ;  et  dans  les  colonies  actuelles 
ou  pays  de  protectorat,  soustraits  à  l’influence  des  missionnaires  et  au  régime  militaire, 
développement  d’institutions  protectrices  des  indigènes* 

Pour  la  Fédération  des  Travailleurs  socialistes  des  Ardennes  : 

Le  Secrétaire. 

Pour  la  Fédération  des  Conseillers  municipaux  socialistes  des  Ardennes  ; 

Le  Secrétaire - 


Circonscription  de  VOUZIERS 
M.  Lucien  HUBERT 

Élu  au  lw  tour  de  scrutin.  —  7*537  voix. 


Mes  chers  Compatriotes, 

Fort  du  devoir  accompli,  je  me  présente  pour  la  troisième  fois  devant  vous. 

Au  point  de  vue  républicain,  vous  avez  pu  juger,  aux  heures  difficiles,  l'attitude  de 
votre  représentant* 

Au  lendemain  d’une  tentative  de  coup  d’État,  au  lendemain  de  l’attentat  d’Auteuil,  au 
lendemain  du  Fort-Chabrol,  alors  que  la  révolte  contre  la  loi  s’étalait  insolemment  en  plein 
cœur  de  Paris,  ayant  à  choisir  entre  l’ordre  ou  la  révolution,  je  me  suis  rangé,  avec  le  minis¬ 
tère  Waldcck-Rousseau,  du  côté  de  la  loi  républicaine,  du  côté  de  la  Constitution  démocra¬ 
tique,  du  côté  de  toutes  les  libertés  menacées  par  toutes  les  réactions. 

Au  point  de  vue  politique  générale,  mon  vote  a  été  acquis  a  toutes  les  mesures,  à  toutes 
les  propositions  républicaines*  Je  ne  suis  pas  tombé  pour  cela,  comme  voudraient  le  faire 
croire  mes  adversaires,  ni  dans  le  parti  du  drapeau  rouge,  ni  dans  le  parti  de  l’oppression. 

Les  lois  que  j’ai  votées  se  réclament  toutes,  et  de  la  liberté,  et  du  souci  de  défendre  la 
République  menacée. 

Je  n’ai  pas  voté  la  loi  des  associations  pour  écraser  les  congrégations,  mais  bien  pour 
prendre  les  garanties  nécessaires  contre  celles  qui,  se  transformant  en  ligues  politiques, 
pourraient  devenir  un  danger  public. 

Je  n’ai  pas  voté  l’abrogation  de  la  loi  Falloux  pour  attenter  à  quelque  liberté  que  ce 
soit,  mais  bien  pour  exiger  de  Renseignement  libre  les  diplômes  et  brevets  demandés  pour 
renseignement  de  l’État. 

Je  me  suis  d'ailleurs  disculpé  de  toutes  les  accusations  qu’on  a  pu  diriger  contre  moi 
dans  nombre  de  réunions  publiques,  où  l’accueil  chaleureux  que  j’ai  rencontré  ne  permet 
pas  do  douter  un  instant  de  F  issue  delà  bataille. 

La  part  modeste,  mais  honorable,  que  j’ai  prise  aux  travaux  parlementaires,  ne  vous 
est-elle  point  un  sûr  garant  que  vous  avez  eu,  depuis  cinq  ans,  un  représentant  soucieux 
des  destinées  de  son  pays  et  des  intérêts  de  son  arrondissement? 

Mes  interventions,  souvent  couronnées  de  succès,  notamment  lors  de  la  discussion  des 
budgets  de  l’Agriculture,  des  Travaux  publics,  de  la  Justice,  des  Affaires  étrangères,  de 


U) 


l'Instruction  publique,  de  l'Intérieur  ou  du  Commerce;  la  part  que  j'ai  prise  à  la  création 
de  l’armée  coloniale,  dans  l'intérêt  du  pays;  à  la  défense  de  la  métallurgie  ardermaise- 
dans  Hotérêt  du  département;  à  la  suppression  du  travail  des  prisons,  dans  l’intérêt  de 
l'arrondissement;  a  la  transformation  démocratique  des  prestations,  dans  ^intérêt  des  com¬ 
munes;  h  la  réhabilitation  du  malheureux  Lefèvre,  dans  l'intérêt  particulier  d’un  innocent, 
vous  prouvent  assez  que  mon  désir  de  remplir  entièrement  le  mandat  que  vous  m'aver 
confié  n'a  cessé  de  me  guider  depuis  cinq  ans. 

J'ai  le  droit  d'ajouter  que  mes  collègues  du  Parlement  ont  bien  voulu  reconnaître  mon 
ambition  d'étre  utile  en  m'envoyant  siéger  à  la  Commission  permanente  des  colonies,  une 
des  plus  importantes  Commissions  de  la  Chambre. 

C’est  cette  ambition,  jointe  à  l'expérience  acquise,  qui  me  pousse  à  me  présenter  une 
fois  de  plus  devant  vous. 

Mon  programme  n’a  pas  varié,  si  ce  n’est  qu'il  ne  contient  plus  certaines  promesses  de 
jadis,  que  nous  avons  été  profondément  heureux  de  réaliser  ;  notamment  le  dégrèvement 
des  boissons  hygiéniques;  la  diminution  du  taux  de  l’intérêt  légal  et  Ja  suppression  du  tra¬ 
vail  des  prisons. 

II  se  résumé  toujours  en  cette  formule  précise  et  claire  : 

Ni  timoré,  ni  téméraire  I 

Partie  politique* 

1.  —  Définition  exacte  des  pouvoirs  du  Sénat.  Limitation  au  droit  de  suspension  pour 
une  seule  législature  de  son  droit  d'opposition  aux  volontés  de  la  Chambre. 

2.  —  Contrôle  légal  du  travail  parlementaire.  Indemnité  des  Députés  et  Sénateurs  cal¬ 
culée  d’après  les  jours  de  présence  effective. 

3.  —  Libre  exercice  de  tous  les  cultes.  Maintien  de  la  loi  scolaire,  et  j'ajoute  dans  tout 
ce  qu'elle  a  de  républicain  et  de  démocratique. 

Partie  administrative . 

4<  —  Simplification  des  rouages  administratifs  par  la  décentralisation. 

5.  —  Amélioration  du  sort  des  modestes  serviteurs  de  l'État.  Respect  absolu  de  1$  loi 
sur  les  syndicats. 

Partie  judiciaire* 

6.  —  Réduction  des  frais  de  justice  et  des  lenteurs  de  ia  procédure.  Extension  de  ta 
compétence  des  jugeç  de  paix. 

Partie  militaire  et  coloniale. 

7.  —  Application  du  service  de  deux  ans, 

8.  —  Maintien  et  extension  pacifique  de  notre  empire  colonial  par  le  développement 
du  commerce  et  des  voies  de  communication,. 

Partie  agricole  et  économique* 

9.  —  Réfection  du  cadastre  îe  plus  rapidement  possible,  afin  d’assurer  une  répartition 
plus  équitable  de  l'impôt  foncier. 

10.  Établissement  sérieux  de  l'assurance  agricole  servant  de  base  au  crédit  agri¬ 
cole, 

îi.  -  Protectionnisme  complet  aussi  bien  contre  les  çnnenfis  de  l'iotérieur  que  contre 
ceux  de  l'extérieur. 


N°  \ 162 


—  io  — 

12.—  Répression  de  la  spéculation  frauduleuse  qui  fausse,  au  détriment  du  produc¬ 
teur,  la  loi  de  l’offre  et  de  la  demande. 

Extension  des  syndicats  agricoles  et  de  l’enseignement  agricole. 

-]f(- _  Développement  de  l'idée  mutualiste  qui  seule  est  capable  de  donner  un  plein 

essor  aux  bis  dont  la  République  a  doté  l’agriculture.  t 

15.  __  création  des  Chambres  d’agriciiîture  avec  très  large  représentation  de  la  petite 

culture  qui  forme  vraiment  le  parti  agrarien.  , 

_  institution  de  la  caisse  nationale  des  retraites  pour  la  vieillesse  et  les  invalides 

^7  _  Organisation  de  l’assistance  publique  dans  les  campagnes.  Création  d’asiles 

^  jg.  ■ _ Suppression  de  la  prestation  et  de  la  contribution  des  portes  et  fenêtres  et 

répartition  plus  équitable  de  l’impôt  foheier.  Révision  de  la  loi  sur  les  patentes,  qui  favorise 
les  grands  magasins  au  détriment  du  peiit  et  moyen  commerce. 

Partie  fiscale . 

19.  _ Diminution  dans  la  mesure  du  possible  des  impôts  de  consommation  qui  pèsent 

lourdement  sur  les  pauvres.  Suppression  des  octrois, 

20, —  Pour  compenser  les  diminutions  de  recettes  proveiaiüt  de  ces  dégrèvements, 

établissement  d’un  impôt  direct,  personnel  et  progressif,  sur  le  revenu,  qui  diminuera  les 
Chargés  èxcesriVës  qiii  pèsent  aujourd’hui  sur  ies  classés  laborieuses;  .  ....  , 

f  2i' _ Mise  à  Pétude  sérieuse  d’une  application,  sans  vexation  ni  inqüisiüôh,  dë  ce 

nouvel  impôt. 

Mes  chers  Compatriotes, 

A  r heure  tragique  où  la  République  naissante  se  trouva  mènacee,  un  cii  Cuéi^iquè 
retentit  dans  le  pays  envahi  :  «  La  pâttté  est  eh  dahgëtl  *  A  ce  cri,  groupés  autour  du  dra¬ 
peau  tricolore,  les  républicains  sauvèrent  la  FrahCè  !  . 

Aujourd’hui,  la  République  èstmenacéë  à  noüvéau.  Toütès  les  réactibns  vont  tenter,  aü 
27-avril,  ie  suprême  assaut  et  le  suprémè  attentat  contre  la  déhnberâtié! 

Par  toute  la  France,  les  cohortes  sbiàncent  !  Dans  l’ëspoir  de  vaincre,  elles  ont  tente 
de  monopoliser  le  patriotisme,  comme  si  le  drapeau  et  l’armée  n’appartenaient  pas  ù  tous 

les  Français!  s  .  ...  t 

Bons  citoyens,  levez-vous  en  màsëe,  comme  vos  ancêtres  de  1;93;  levez-vous  a  ce  cri 

qui  dominera  la  mêlée  -  «  La  République  est  en  danger I  » 

Ne  vous  laissez  pas  séduire  par  les  mots  brillants  et  lès  phrases  creuses. 

ArdeunaiSj  percez  à  jour  les  menées  de  vos  adversaires! 

On  vous  dira  que  nous  sommes  dès  révolutionnaires,  pour  vous  cacher  que  1  on  est 
dos  rétrogrades! 

On  vous  dira  que  l’on  hait  iin  ministère,  pour  vous  cacher  que  l’on  hait  la  Répu- 

blique  I  . 

A  vous  de  protester  de  toute  la  force  de  vos  convictions! 

La  République  que  l’on  fait  miroiter  à  vos  yeux  serait  celle  des  privilèges  et  des  grands 

intérêts  particuliers. 

Elle  aurait  une  tête  et  pas  de  cœur! 

Vous  choisirez  I 

Ou  la  Marianne  ardente  et  généreuse  de  1789  et  dë  18*8,  où  cette  pèle  comparse  dont 
la  cocarde  a  déteint  à  tous  les  contacts  et  qui,  par  peur  du  rouge,  n’a  plus  que  deux  cou¬ 
leurs  à  son  drapeau! 

Vive  la  France!  Vivent  les  Ardennes!  Vive  la  République! 

Lucien  HUBERT,  Député  sortant. 


-  76  — 


ARIÈGE 


Circonscription  de  FOIX 
M.  DELCASSÉ 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  13.735  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Pour  la  troisième  fois,  je  vous  demande  le  renouvellement  du  mandat  que  vous  m’avez 
confié  en  1889. 

Pendant  douze  ans,  comme  Député  ;  pendant  deux  ans  comme  Ministre  des  Colonies; 
pendant  quatre  ans,  comme  Ministre  des  Affaires  étrangères,  je  me  suis  appliqué  de  mon 
mieux  à  bien  servir  et  l’Ariège  qui  m’a  envoyé  au  Parlement,  et  la  France  dont  les  intérêts 
extérieurs  étaient  remis  à  ma  garde. 

Après  vos  représentants  élus,  conseillers  généraux,  conseillers  d’arrondissement,  maires 
et  conseillers  municipaux  qui  m’ont,  à  plusieurs  reprises,  manifesté  avec  tant  d’éclat  leur 
sympathie,  vous  direz  le  27  avril  si,  pour  améliorer  le  sort  de  nos  populations  pastorales, 
pour  favoriser  le  développement  de  nos  industries  minières  et  métallurgiques,  pour  étendre 
notre  réseau  vicinal,  pour  augmenter  notre  réseau  ferré,  pour  aider  nos  communes  à 
construire  ou  à  réparer  leurs  maisons  d’écoles  et  leurs  églises,  vous  jugez  que  les  efforts  de 
votre  Député  sont  restés  sans  résultat. 

Après  le  Pailement,  dont  la  confiance  persistante  a  été  pour  moi  un  précieux  soutien, 
vous  direz  encore  si,  après  s  être  noblement  employée  à  ramener  la  paix  enire  deux  nations 
amies,  après  avoir  pris  une  part  active  à  l’affranchissement  de  la  Crète;  après  avoir,  par 
1  annexion  d  immenses  territoires,  unifié  son  empire  africain,  dont  les  approches  sont  étroi¬ 
tement  surveillées;  après  une  sérié  d’accords  commerciaux  qui  ont  contribué  à  faire  passer 
en  quatre  ans  le  chiffre  de  ses  affaires  avec  l’étranger  de  huit  milliards  à  neuf  milliards; 
après  avoir,  dans  les  événements  de  Chine,  proposé  aux  Puissances,  d’abord  une  base  d’ac¬ 
tion  commune,  puis  une  base  de  négociations  qui  ont  obtenu  l’adhésion  unanime  ;  après 
avoir,  par  un  acte  énergique,  rétabli  son  influence  séculaire  en  Orient  ;  après  avoir,  par  un 
échange  d’explications  confiantes  et  de  procédés  amicaux,  renoué  avec  l’Italie  des  relations 
pleines  de  promesses  pour  l’avenir;  après  avoir  resserré  avec  la  Russie  une  alliance  qui 
s’affirme  partout  où  l’exigent  les  intérêts  de  la  France  et  de  la  Russie,  oui,  vous  direz  si 
vous  estimez  que  la  France  a  aujourd’hui  une  situation  moins  forte,  si  sa  parole  est  moins 
écoutée,  son  crédit  moins  solide,  en  un  mot  si  elle  pèse  moins  dans  les  conseils  du  monde 
qu’au  printemps  de  1898. 

Et  vous  direz  enfin  si,  en  apportant  en  juin  1899  au  chef  éminentdu  cabinet  de  défense 
républicaine  et  nationale  nia  collaboration  dévouée,  je  n’ai  pas  répondu  exactement  à  vos 
propres  sentiments. 

Plus  que  des  paroles,  est-ce  que  ce  passé,  est-ce  que  ces  actes  ne  sont  pas  la  plus  sûre 
garantie  qu  une  politique  franchement  républicaine,  que  les  réformes  démocratiques  ies 


—  77  —  N°  1162 

pïus  profondes  continueront  de  trouver  en  moi  un  partisan  non  seulement  convaincu  mais 
agissant? 

Le  27  avril,  comme  en  1877,  comme  en  1885,  comme  en  1889,  les  troupes  républi¬ 
caines  repousseront  le  même  assaut  que,  sous  des  masques  divers,  dans  notre  Ariôge 
comme  ailleurs,  dirige  le  même  ennemi.  Et,  le  lendemain,  poursuivant  sa  marche  mesurée 
mais  résolue  vers  le  progrès  infini;  secourable  aux  faibles  qui  attendent  d'elle  plus  qu'une 
stricte  justice  ;  assez  forte  pour  laisser  à  tous  les  citoyens  la  liberté,  mais  résolue  à  ne  pas 
tolérer  qu’un  pouvoir  rival  se  dresse  en  face  de  la  souveraineté  nationale;  attentive  à  tous 
dos  intérêts  extérieurs  que  doit  sauvegarder  une  diplomatie  prévoyante,  s'appuyant  sur 
l’armée  chaque  jour  mieux  outillée,  la  République,  inséparable  désormais  de  la  France 
elle-même,  conduira  la  Patrie  dans  l’accomplissement  de  ses  destinées  immortelles. 

Agréez,  mes  chers  concitoyens,  la  nouvelle  expression  de  mes  sentiments  affectueuse¬ 
ment  dévoués* 

DELCASSÉ, 

Ministre  des  Affaires  étrangères,  Député  sortant. 


Circonscription  de  FAMIERS 

M.  Albert  TOURNIER 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  1{J .7^5  voix. 


Chers  Concitoyens, 

Je  réponds  à  l'appel  des  anciens,  honneur  de  notre  parti,  et  des  jeunes,  sa  plus  chère 
espérance.  Les  premiers,  par  leur  persistant  effort  et  malgré  les  périls,  ont  réussi  à  fonder 
et  à  maintenir  la  République  ;  les  seconds  aspirent  à  donner  à  l'institution  républicaine  son 
légitime  développement*  Le  haut  idéal  des  uns  et  des  autres  trouvera  en  mol  un  défenseur 
énergique  et  fidèle. 

Dans  la  lutte  qui  va  s'engager,  je  eompte‘à  un  égal  degré,  pour  le  succès  certain,  sur 
le  dévouement  des  amis  qui  furent  toujours  clairvoyants  dans  leur  foi  et  sur  l'ardeur  plus 
grande  encore,  s’il  se  peut,  des  républicains  sincères  qui  n’ont  à  se  reprocher  aucune  dé¬ 
faillance,  mais  qui,  égarés  par  les  promesses  trompeuses  des  éternels  ennemis  de  la  démo¬ 
cratie,  ont  décidé  dans  le  fond  de  leur  âme  de  réparer  l'erreur  d'un  instant  par  un  vote 
clair  ei  précis. 

Mon  programme  reste  aujourd’hui  ce  qu'il  était  hier,  ce  qu’il  sera  demain.  Je  suis  pour  : 

L'abrogation  de  la  loi  Falloux; 

La  liberté  d’enseignement  certes  est  sacrée;  mais  nous  ne  pouvons,  en  conscience, 
considérer  comme  une  liberté  cette  étrange  licence  qui  consiste  à  échapper  à  tout  contrôle 
de  l’État,  visant  la  capacité  des  personnes  enseignantes,  leur  moralité,  leur  attachement  à 
la  Patrie  française.  Nous  ne  voulons  persécuter  personne,  mais  nous  entendons,  en  rame¬ 
nant  tous  les  citoyens  à  l’observation  des  lois,  mettre  à  l’abri  des  persécutions  de  l’avenir  la 
conscience  de  nos  enfants  et  le  libre  épanouissement  du  génie  de  la  France. 

Ayant  horreur  des  intolérants  et  des  sectaires,  nous  n’entendons  dans  aucune  manière 
troubler  qui  que  ce  soit  dans  sa  foi,  dans  ses  convictions  religieuses  ou  philosophiques* 
Nous  voulons  simplement  faire  rentrer  dans  Tordre  et  dans  Tobéissance  à  la  lot  commune, 
dans  la  patrie  ceux  qui,  trop  souvent,  échappent  à  tous  les  devoirs,  à  toutes  les  obligations 


—  78  — 

de  la  famille*  delà  défense  collective  ou  des  charges  fiscales  qui  sont  les  premiers  besoins 
do  pays. 

Je  suis  pour  : 

L’impôt  progressif  sur  le  revenu  ; 

Les  retraites  ouvrières  ; 

La  réduction  du  service  militaire  par  la  suppression  des  dispenses  et  Légalité  de 
tous  les  citoyens  devant  l'impôt  du  sang. 

Cette  déclaration  suffit  à  caractériser  forientation  générale  de  ma  conduite  prochaine 
au  Parlement; 

Dans  le  détail*  il  est  bien  entendu  que  je  suis  pour  toutes  les  réformes  qui,  d'une  ma¬ 
nière  ou  d’une  autre*  aboutiront  à  faire  de  la  République  une  réalité  par  l’abolition  de  tous 
les  privilèges*  le  plein  exercice  de  la  liberté  de  conscience  et  la  soumission  au  droit  com¬ 
mun  de  tous  les  citoyens  sans  exception. 

Je  suis  pour  tout  ce  qui  rendra  l’impôt  plus  juste  et  plus  humain,  en  faisant  disparaître 
de  notre  système  Qscal  ^injustice  fondamentale  de  la  progression  en  sens  inverse  de  la 
fortune. 

Je  suis  pour  tout  ce  qui  permettra  de  concilier  dans  le  service  militaire  les  exigences  de 
la  défense  nationale  avec  celles  non  moins  impérieuses  du  travail  et  de  la  prospérité  de  la 
patrie. 

Je  suis  pour  toutes  les  institutions,  toutes  les  créations  d’assistance,  de  prévoyance,  de 
solidarité  sociale  destinées  à  conjurer  tes  imsèrés  de  1  a  vieillesse,  de  la  maladie  ou  du  chô¬ 
mage  qui  attristent  les  derniers  jours  des  travailleurs  et  souvent  même  les  désespèrent 
dans  la  pleine  activité  de  leur  force  et  de  leur  santé. 

Pour  nous,  la  cause  de  la  liberté  est  intimement  liée  à  la  cause  du  bien-être  des  tra¬ 
vailleurs  des  villes  et  des  campagnes.  Les  réformes  que  nous  venons  d’indiquer  et  que  nous 
voterons,  bénéficieront  surtout  à  cette  partie,  la  plus  intéressante  de  la  nation,  qui,  trop 
souvent  encore,  vit  dans  l’incertitude  du  lendemain.  II  faut  que  la  rémunération  équitable 
d’un  travail  que  la  science  rendra  de  plus  en  plus  fructueux,  permette  pour  tous  l’accession 
à  la  propriété  individuelle,  garantie  suprême  de  l’indépendance. 

Agriculteurs  de  PAriège,  ouvriers  de  nos  campagnes,  je  connais  vos  souffrances  et  votre 
dur  labeur  quotidien;  de  longue  date,  avec  mes  émibents  ahiis  de  la  Ligue  de  la  petite  pro¬ 
priété,  j’ai  étudié  passionnément  les  moyens  les  plus  propres  à  modifier  cettfe  triste  situa¬ 
tion.  Mon  concours  le  plus  efficace  est  assuré  à  toutes  les  mesurés  législatives  qui  pourront 
améliorer  votre  sort.  Le  Gouvernement  de  îa  République  doit,  suivre  avec  sffilidtudë  sa 
meilleure  famille,  celle  des  ouvriers  et  des  cultivateurs,  de  la  naissance  à  la  mort.  Pour  ma 
part,  j’appuierai  dé  toutes  mes  forces  et  par  to Lis  les  moyens  les  projets  ayant  pouf  but: 

De  restreindre  les  dépenses  publiques;  d’enrayer  le  fonctionnarisme  ;  tlë  réduire  lar¬ 
gement  lés  droits  de  mutation  et  les  frais  de  justice  ; 

D’établir  des  droits  protecteurs  et  d’ouvrir  de  vastes  débouchés  pour  nos  belles  céréales 
et  notre  Magnifique  bétail;  d’autoriser  au  besoin  là  culture  du  tabaii  dans  la  région  ;  de  pro¬ 
pager  l’enseignement  agricole;  d’abaisser  les  tarifs  de  transport;  de  développer  les  sociétés 
d’assurances  et  de  crédit  agricoles  pouvant  servir  aux  petits  cultivateurs;  destituer  de 
petits  domaines  ruraux  insaisissables,  seul  moyen  d* empêcher  la  dispersion  des  familles  et 
la  dépopulation  de  nos  campagnes  ; 

D’encourager  les  subventions  généreuses  de  l’État  aux  Institutions  de  mutualité;  de 
créer  des  cànaux  d’irr igation  ■  de  développer  les  voies  de  grande  et  de  petite  vicin alité  èl 
d'installer  les  chemins  de  fer  dans  nos  cantons  les  plus  déshérités  des  Vallées  de  î’Àrize,  de 
là  Lèfcé  etdel’Hers. 

Cher  s  Concitoyens* 

Dans  une  République  démocratique,  iï  n’y  a  de  garantie  de  force  nationale  que  dans 
l’unioa  des  choyons  par  le  progrès  scientifique,  par  la  justice  et  par  le  travail.  Travaillons 


_  79 _  N°  1462 

donc  de  toutes  nos  forces  à  écarter  définitivement  les  aventuriers  et  les  exploiteurs.  Que, 
Bar  un  acte  de  son  énergique  volonté,  le  peuple  rejette  dans  leur  propre  néant  ses  ennemis 
masqués  sous  la  double  apparence  d’un  faux  patriotisme  et  d’un  libéralisme  d’emprunt,  et 
demain  ses  représentants  pourront  résolument  se  mettre  à  l’œuvre  pour  lui  assurer  assis¬ 
tance,  instruction,  justice,  sécurité  à  l’extérieur  et  à  l’intérieur,  sous  la  noble  devise:  Ordre 
et  Progrès  pour  la  Patrie  et  pour  l’Humanité. 

Vive  la  République! 

Albert  TOURNIER. 


Circonscription  de  SAINT-GIRONS 
M.  GALY-GASPARROU 

Élu  au  2°  tour  de  scrutin.  —  9.306  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Pendant  les  quatre  années  de  la  législature  qui  se  termine,  je  me  suis  attaché,  avec 
ma  conscience  d’honnête  homme  et  toute  ma  fermeté  de  républicain,  à  tenir  fidèlement  les 
engagements  que  j’avais  pris  envers  vous. 

îfies  actes  attestent  qu'en  aucune  circonstance  mon  concours  le  plus  actif  n’a  fait  défaut 
pour  la  réalisation  des  œuvres  d’intérêt  général,  ni  mon  appui  n’a  manqué  à  ceux  cl  entre 
vous  qui  ep  oDt  eu  besoin. 

Aussi,  est-ce  avec  la  satisfaction  du  devoir  accpmpli  que  je  sollicite  à  nouveau  vos  sut- 

fragCg  ^ 

La  communion  d’idées  et  de  sentiments  dans  laquelle  nous  sommes  toujours  restés, 
m’encourage  à  maintenir  les  principes  que  je  posais  dans  mon  programme  de  1S98  comme 
règle  directrice  de  ma  conduite* 

Ensemble,  noos  voulons  une  France  toujours  prospère  dont  les  fils  soient  de  plus  en 
plus  libres  et  unis,  en  ayant  toujours  en  vue  la  grande  œuvre  nationale  :  la  prépondérance 
de  la  Patrie, 

Notre  objectif  commnu  est  une  République  largement  libérale  et  profondément  réfor¬ 
matrice,  respectueuse  des  droits  de  tous,  soucieuse  du  sort  <\%s  classes  laborieuses  et  déshé¬ 
ritées,  poursuivant  la  réalisation  méthodique  de  tous  les  progrès  dans  l’ordre  social  et  écono¬ 
mique,  et  le  développement  constant  de  s  institutions  démocratiques* 

Vous  me  retrouverez  :  partisan  absolu  du  maintien  du  Concordat,  maïs  aussi  résolu  à 
ce  que  chacune  des  parties  liées  par  ce  contrat  en  respecte  la  lettre  et  F  esprit, 

11  convient,  ainsi  que  je  l’ai  déjà  affirmé  par  un  vote,  de  ramener  à  deux  ans  la  durée 
du  service  militaire,  afin  d’alléger  dans  la  mesure  du  possible  les  charges  du  pays  et  des 
familles,  tout  en  adoptant  les  mesures  nécessaires  pour  ne  pas  compromettre  la  force  de 
famée  qui  est  notre  sauvegarde. 

SMI  paraît  indispensable  d’entourer  de  garanties  notre  enseignement,  et  de  modifier 
dans  ce  sens  les  lois  scolaires  toujours  intangibles,  il  importe  aussi  et  surtout  de  ne  porter 
aucune  atteinte  aux  droits  et  à  la  liberté  des  pères  de  famille* 

Comme  je  n'ai  cessé  de  le  manifester  par  mes  votes,  la  réforme  de  l’impôt  est  une  né¬ 
cessité,  il  faut  donc  travailler  à  faire  reposer  notre  système  financier  sur  un  impôt  progressif 


—  80  — 

sur  le  revenu  établi  de  façon  à  entraîner  une  amélioration  sérieuse  du  sort  des  petits  con- 
tnbuables,  et  éviter  en  tout  et  partout  des  inquisitions  vexatoîres. 

L’agnculture  sera  l’objet  de  ma  sollicitude  comme  par  le  passé,  en  contribuant  à 
alléger- s^s  charges  de  toute  nature,  en  maintenant  les  droits  protecteurs  pour  résister 
a„d  c°ncurrence  étrangère,  en  développant  l’enseignement  agricole  et  en  créant  le  crédit 

l\rU!v  ■ 

Les  frais  de  justice,  les  droits  sur  les  petites  successions  et  les  petites  transactions  mé- 
rite  ut  aussi  une  judicieuse  attention» 

Je  suis  décidé  à  aborder  franchement  et  résolument  tous  les  problèmes  sociaux,  mais 
en  répudiant  énergiquement  les  théories  collectivistes. 

riestiCïf'V0US  tlire5qU’fn  l0Ut°  occasion’  J‘e  Prêterai  concours  à  tous  les  projets 
destinés  a  venir  en  aide  aux  populations  des  villes  et  des  campagnes  en  favorisant  la 

mutualité  et  en  créant  des  caisses  de  retraites  pour  la  vieillesse  et  les  invalides  du 

mjT^  *T0miT’  ^  m’attacherai  à  favoriser  constamment  le  développe- 
.  .  t  e  ou£lllaSe  national,  el  l’extension  de  toutes  les  voies  de  communications 
n°,re  —  «-«•.  »  même  temps  que  notre  « 

Quant  aux  intérêts  plus  immédiats  de  notre  arrondissement,  je  puis  assurer  gue  per¬ 
sonne  ne  leur  montrera  plus  de  dévouement.  q  P 

Et  ce  dévouement  sera  d’autant  plus  efficace  que  quatre  années  de  présence  auprès  des 
pouvoirs  publics  m’ont  donné  plus  d’expérience  et  plus  d’autorité. 

Chemins  de  fer  locaux,  voies  de  communication  de  toutes  sortes,  questions  forestières 
amélioration  des  pâturages,  regazonnement  des  montagnes,  tout  ce  qui,  en  un  mot  vous 
ouche  etvous  préoccupe  chaque  jour,  sera  dans  ravenirjcomme  U sT passé 
l’objet  de  ma  constante  sollicitude.  aans  le  passé' 

Je  ne  veux  pas  terminer,  mes  chers  concitoyens,  sans  vous  remercier  des  précieux 
de  sympathie  que  ïons  m,ayez  nrs  a  ™ezPr£e“ 

renouveler  au  cours  de  cette  période  électorale.  ae  me 

lnmnï?'e“UnP'llS!*1î.réC0“f0rt,lii‘DS  ces  b«“res  de  lotte  surtout,  oti  l’injustice  la  ca¬ 
que  es  tr  z::r  *■ do  - 

-J?  mau"ensn,'  mM  chm  Concitoyens,  c'est  votre  propre  cause  que  je  remets  entre  vos 

^  b  BéP"b"’“e  «"  »- 

tfest  aus  servitudes  du  passé  ou  aux  désordres  de  l’avenir  que  vMs  artveref  P 

1,arrMdiSSe““‘  de  “*<*»  P«  e, 'terme  ,n  ,én- 

A  vous  de  le  conserver. 

Vive  la  République! 


Léon  GALY-GASPARROU, 

Candidat  républicain, 

Député  sortant. 

Conseiller  général  du  canton  de  Massat, 
Ancien  membre  de  la  Commission  départementale. 


—  81 


N*  1162 


AUBE 


Circonscription  d’ARCIS 
M.  CASTILLARD 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  &.58é  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

J’ai  l’honneur  de  vous  représenter  à  la  Chambre  des  Députés  depuis  près  de  neuf  an¬ 
nées  et  j’ai  visité  fréquemment  toutes  les  communes  de  l’arrondissement  dans  le  but  de  vous 
exposer  mes  idées  politiques  et  économiques,  en  même  temps  que  je  me  rendais  compte  de 
vos  besoins. 

Je  n’ai  donc  pas  à  entrer  aujourd’hui  dans  de  longs  développements  pour  vous  faire 
connaître  ma  pensée . 

Aussi,  me  bornerai-je  à  vous  rappeler  que  j’ai  déjà  lutté  énergiquement  pour  la  dé¬ 
fense  de  l’agriculture,  envers  laquelle  les  pouvoirs  publics  n’ont  pas  fait  jusqu  ici 
leur  devoir  tout  entier,  puisqu’ils  n’ont  pas  suffisamment  protégé  les  produits  de  la  terre 
française  contre  la  concurrence  étrangère  et  contre  la  spéculation.  Je  me  propose,  par 
conséquent,  si  vous  voulez  bien  me  renouveler  mon  mandat,  de  poursuivre  avec  per¬ 
sévérance  la  tâche  que  j’ai  entreprise.  Je  ne  perdrai  pas  de  vue  notamment  1  organi¬ 
sation  du  Crédit  agricole  par  les  syndicats,  et  les  intérêts  des  bouilleurs  de  cru  qui, 
lorsqu’ils  distillent  les  fruits  de  leur  sol,  ne  font  qu’exercer  un  droit  injustement  appelé 
privilège . 

Je  mettrai  également  au  premier  rang  de  mes  préoccupations  : 

La  réduction  des  gros  traitements  et  la  suppression  des  emplois  inutiles,  afin  d’arrêter 
le  flot  montant  des  dépenses  publiques. 

La  réforme  dos  impôts  qui  reposent  sur  des  bases  inexactes  et  frappent  les  contri¬ 
buables  d’une  manière  improportionnelle  et  injuste. 

Le  maintien  absolu  de  la  propriété  individuelle. 

Les  lois  ouvrières  que  les  républicains  sincères  ont  à  cœur  de  mener  à  bien  et  le  per- 
fectionnement  des  lois  sur  le  travail  actuellement  existantes. 

La  réduction  du  service  militaire  dans,  la  mesure  où  elle  permettra  à  la  France  de 
conserver  une  armée  digne  d’elle  et  assez  forte  pour  faire  respecter  notre  grande  et  belle 

Patrie.  *  . 

Enfin,  comme  je  le  disais  déjà  en  1898,  j’aurai  toujours  en  vue  le  bien  public,  la  justice, 

l’ordre  et  le  progrès. 

Vive  la  France  !  Vive  la  République  ! 

Henry  CASTILLARD. 


il 


—  82  — 


Circonscription  de  BAR-SUR -AUBE 

M.  THÎERRY-DELANOUE 
JÎlu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  4.717  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

.Qf,,.En  ’î8ims  m’ave!!  nommé  votre  représentant  par  5.423  suffrages  contre  4.692  ;  en 
1893,  par  5,969  contre  3.536;  en  1898,  par  6.210  contre  2  512. 

Cette  progression  constante  est  pour  moi  une  manifestation  précieuse  de  votre 
confiance,  en  meme  temps  que  le  témoignage  touchant  d’une  sympathie  qui  n’oublie  pas  et 
qui  m  a  attaché  de  plus  eu  plus  à  notre  arrondissement. 

Vous  m’avez  donné  ainsi  l’encouragement  le  plus  puissant  à  vous  demander  le  renou- 
vellement  de  mon  mandat* 

En  1889  je  vous  ai  affirmé  mes  convictions  républicaines  ;  elles  n’ont  nas  changé  :  c’est 
comipe  républicain  et  comme  libéral  que  je  sollicite  de  nouveau  vos  suffrages 

mcmlp*ræ  ?uec’estla  République  qui  permet  de  donner,  sans  révolution 
ZS3T™  6  SiRlC"  nemaÜOn  p0Utique  ia  conforme  aux  vues  et  aux  intérêts 

Liberal,  parce  que,  hostile  aux  lois  déception,  j’estime  qu’une  liberté  sa^e  toLVmtP 
tenant  compte  des  aspirations  de  chacun  et  assurant  le  contrôle,  la  suprématie  du  pouvoir 
’  lequel  doit  exiger  de  tous,  les  mêmes,  garanties  de,  capacité,  de  mérite  et  d’obéissance 

sans  exclusion  des  uns  au  profit  des  autres,  j’estime,  dis-je,  qu’une  telle  liberté  est  la 

pieuve  qu  une  nation  est  capable  et  digne  d,e  se  gouverner  çjleémèffle 

Depuis  plus  de  12,  ans  quç  je  suis  votre  mandataire,  vous  me  connaissez  suffisamment 
pour  que  je  n’aie  pas  besoin  de  vous  parler  plus  longtemps  de  moi  •  polam  Æ™  a 
rappeler  quelques-uns  deiqes  votes,  aûn  de  vous  montrer  que,  si  je 

int'érê t<f  YUe  P°  contlru,ê  ^alemeat  à  m’inspirer  de  vos  besoins  et  à  défendre  vos 

intérêts,  au  point  de  vue  économique,  et  social.  *  are  vos 

3’ai  voté  ; 

Le  dégrèvement  des  vignes  phyiioxêrées,  10  juillet  1900,  22  février  1901  • 

Le  maintien  du  privilège  des  bouilleurs  de  cru  en  repoussant  le  contre-profit  Vaillant 
demandant  la  suppression  de  ce  privilège,  20  novembre  1900 :  1  J  ‘  V a  aflt 

Contre  l’amendement  Fleury-iîavann  soumettant  les  bouilleurs  de  cru  à  la  dérliratinn 
4  décembre  «00  obligation  qui  tend  à  introduire  l'exercice  chc*  la  b„u“,“«r  de  ’ 

Le  maintien  des  droits  anciens  sur  Palcool  pour  le  nronriptair^  k™  tt  .  j 
2/  novembre  1900,  et  contre  l'augmentation  des  droits  sur  l’alcool,  3  décembre  «00  ' 

L  affranchissement  de  tonte  déclaration  pour  les  prooriétaires  a  Ml  : , 

vin,,  marcs,  cidre»,  prune»,  prunelle»  et  JL,  4  dS™ “Z  “1*ta 

Les  mesure»  propres  à  faciliter  la  dénaturation  de»  alcools  ’dn  Nord  afin  de  leur 
assurer  u.lerge  débouché  ver,  l'industrie:  éclairage,  chauffage,  force  mo“r  e  “"de  e  ” 

«dé, :5,J  ”  llC0”'8  *  ™  le"’  (afnd 

Le  maintien  du  droit  réduit  sur  le  sucre,  et  contre  l’augmentation  dudit  droit  cour  le 

ia"B  la  "n!omma,ion  rami,i,,e'  r»»a>=^iSr’dpé  "ù: 


1162 


—  83  — 

Et  contre  l'ensemble  de  la  loi  sur  les  boissons  qui  Contient  cette  augmentation  exagérée 
des  droits  sur  l'alcool,  des  droits  sur  les  sucres,  la  défense  de  distiller  les  prunelles,  la 
menace  de  l'exercice  chez  le  propriétaire-récoltant,  11  décembre  1900  ; 

Le  principe  du  service  de  deux  ans  avec  l’espoir  que  f  administration  militaire  pourra 
ainsi  réduire  les  charges  qui  pèsent  sur  le  citoyen,  sans  compromettre  la  sécurité  de  la 
défense,  sans  porter  atteinte  à  nos  finances; 

La  réduction  de  la  durée  des  périodes  d'instruction  ; 

La  distribution  aux  troupes  de  vio,  bière,  cidre»  (amende  ment  Narbonne),  27  février  1902» 
rectifié  k  mars  1902; 

La  distribution  aux  troupes  de  viande  fraîche,  27  février  1902; 

L'amendement  Berthelot,  obligeant  à  voter  une  recette  correspondante  avant  toute 
dépense  nouvelle  ; 

Je  suis  toujours  pour  le  maintien  des  droits  de  douane  en  faveur  de  l'agriculture,  du 
commerce  et  de  l’industrie,  et  pour  le  relèvement  de  ces  droits  s'il  en  est  besoin,  afin  de 
mieux  protéger  nos  céréales  et  nos  produits  français  contre  la  concurrence  étrangère  ; 

Pour  le  maintien  de  la  propriété  individuelle;  contre  toutes  mesures  inquisitoriales, 
pour  la  liberté  de  conscience,  la  liberté  individuelle,  la  liberté  de  travail  et  des  conventions» 
contre  toute  réglementation  gênante»  exagérée,  telle  que  la  journée  de  huit  heures»  qui 
deviendrait  bientôt  îa  journée  de  six  heures,  puis  de  quatre,  de  deux,  et  enfin  l'idéal  rêvé 
par  les  paresseux:  être  payé  et  ne  rien  faire,  alors  que  nous  devons,  au  contraire,  nous 
efforcer  de  développer,  par  l'émulation,  le  goût  du  travail,  l'initiative,  bref,  les  forces  vives 
de  la  nation  ; 

Pour  l'amélioration  de  la  situation  des  ouvriers»  des  modestes  fonctionnaires,  avec  des 
économies  correspondantes,  ainsi,  du  reste,  que  nous  nous  proposons  de  le  faire  à  la 
session  d’août  du  Conseil  général,  en  ce  qui  concerne  les  cantonniers  du  service  vicinal, 
d'après  l'étude  que  doit  faire  la  commission  nommée  à  cet  effet,  sur  notre  demande,  ce 
mois-ci; 

Pour  le  développement  des  Sociétés  de  secours  mutuels,  qui,  sans  frais  de  gestion 
exagérés,  sans  la  création  d'une  nouvelle  catégorie  de  fonctionnaires,  par  un  groupement 
des  cotisations,  subventions,  dons  et  legs,  doivent,  grâce  à  ces  ressources  et  aux  revenus  de 
ces  ressources,  permettre  de  répartir  soit  des  secours  en  cas  de  maladie,  d'infirmité,  soit 
des  retraites  aux  citoyens  vraiment  travailleurs  et  économes. 

Tels  ont  été  mes  votes,  tels  sont  mes  desiderata;  et,  pour  finir,  laissez-moi  espérer 
que,  mieux  inspirée  des  vrais  intérêts  du  pays,  plus  économe  des  ressources  sans  cesse 
diminuées  des  contribuables,  la  prochaine  Chambre  saura  réduire  les  dépenses,  consolider 
l'équilibre  budgétaire,  afin  que,  nous  appuyant  sur  un  état  financier  prospère»  nous  puis¬ 
sions  poursuivre  sans  inquiétude,  .avec  calme,  le  développement  rationnel  de  nos  institutions 
démocratiques»  et  ^amélioration  du  sort  de  nos  populations  laborieuses- 

Vive  la  France  I 

Vive  la  République! 

THIERRY-DELàNOUE»  Député  sortant, 

Président  de  la  Société  d'Encouragement  à  l'Agriculture, 
Secrétaire  du  Conseil  général. 

Maire  de  Soulaines. 


-  84  - 


Circonscription  de  BAR-SUR-SEINE 

M.  Paul  MEUNIER 

Élu  au  2°  tour  de  scrutin.  —  6.706  voix. 


Chers  Concitoyens, 

Le  Congrès  du  parti  républicain,  qui  s’est  réuni  à  Bar-sur-Seine,  le  26  janvier,  m’a 
choisi  comme  candidat  aux  élections  législatives,  à  l'unanimité  des  700  élus  et  électeurs 
républicains  qui  s’y  trouvaient  réunis.  J’ai  accepté  cette  candidature.  Vous  me  connaissez 
tous. 

Je  suis  un  enfant  du  pays.  Je  l’ai  toujours  habité.  Je  remplis  dans  mon  pays  natal  des 
fonctions  électives,  depuis  que  j’ai  l’âge  d’éligibilité;  et,  à  Saîut-Parres,  ma  porte  a  toujours 
été  largement  ouverte  à  tous  ceux  qui  ont  eu  besoin  d’un  conseil  ou  d’un  service. 

Républicain,  j’approuve  hautement  les  mesures  prises  pendant  ces  trois  dernières 
années  pour  défendre  l’existence  de  notre  chère  République  contre  les  entreprises  crimi¬ 
nelles  de  ses  éternels  ennemis. 

Républicain,  je  demande  aujourd’hui  l’application  ferme  de  la  loi  sur  les  associations 
qui  doit  arrêter  l’intolérable  développement  de  la  main-morte,  l’abrogation  de  la  loi  Falloux 
et  le  vote  d’une  loi  pour  l’obligation  d’un  stage  scolaire. 

Partisan  du  maintien  absolu  de  la  propriété  individuelle,  je  demande  : 

I.  —  Des  lois  qui  protégeront  les  travailleurs  contre  tous  les  risques  qui  les  menacent 
(maladies,  accidents,  chômage,  misère,  vieillesse).  L’organisation  de  la  Caisse  des  retraites 
pour  les  travailleurs  agricoles  et  industriels. 

II.  —  La  réforme  fiscale,  par  une  plus  juste  répartition  des  charges  qui  pèsent  sur  le 
contribuable. 

Il  faut,  en  particulier,  frapper  la  grande  propriété  de  luxe  ou  de  pur  agrément  pour 
dégrever  la  propriété  agricole, 

HL  -  La  réduction  des  charges  budgétaires,  la  diminution  des  gros  traitements.  L’amé¬ 
lioration  incessante  du  sort  des  plus  humbles  fonctionnaires  de  l’État.  Il  faut  protéger 
notamment  les  instituteurs  et  les  institut! ices  laïques  et  compléter  l’admirable  effort  de  la 
République  pour  assurer  l’éducation  nationale  du  Peuple. 

IV.  —  Pour  l'Agriculture  : 

1“  La  protection  des  récoltes  contre  les  dégâts  causés  par  le  gibier  des  grandes  chasses. 
La  modification  du  code  forestier  pour  donner  aux  communes  plus  de  liberté  dans  l’admi¬ 
nistration  de  leurs  bois  et  dans  l’organisation  des  battues. 

2°  La  protection  des  blés  français  par  la  suppression  de  l’admission  temporaire  une 
répression  énergique  des  excès  de  la  spéculation. 

3°  La  protection  des  vius  français  par  la  libération  du  vin  (c’est-à-dire  le  vin 
circulant  partout  comme  le  blé,  sans  taxe,  ni  formalités)  et  par  l’application  des  lois  sur  la 
fraude, 

4°  La  taxation  différentielle  de  l’alcool,  avec  détaxe  au  profit  des  eaux-de-vie  de 
fruits. 

a"  La  modification  de  la  loi  des  boissons  pour  rétablir  dans  sa  plénitude  le  droit  des 
bouilleurs  de  cru,  qui  est  le  droit  que  doit  avoir  tout  propriétaire  récoltant  de  distiller 

de  consommer,  de  donner  ou  de  vendre  librement  le  produit  de  sa  récoke  transformé  en 
alcooli 


—  85 


N°  1162 


6°  La  suppression  des  pouvoirs  abusifs  que  la  régie  possède  pour  violer  le  domicile  des 
citoyens  et  leur  imposer  des  amendes  ruineuses, 

V.  —  La  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans,  et  la  suppression  des  périodes 
d'exercice  reconnues  inutiles* 

VL  —  Une  politique  de  paix  à  l'extérieur. 

C'est  sur  ce  programme  très  net  et  très  simple  que  je  fais  appel  à  Runion  de  tous  les 
républicains. 

Républicain  si 

Il  faut  serrer  nos  rangs  en  face  des  adversaires  de  la  République,  qui,  sous  des 
masques  divers,  cherchent,  une  seconde  fois,  à  tromper  le  suffrage  universel! 

Il  faut  que,  le  27  avril  prochain,  le  pénible  souvenir  de  l'élection  de  I S98  soit  à  jamais 
effacé  l 

Marchons  unis  pour  la  défense  de  la  République  et  pour  l'honneur  de  Parrondissement 
de  Bar-sur-Seine  I 

Vive  la  République  démocratique  1 

Paul  MEUNIER, 

Avocat  à  la  Cour  d'Appel, 

Délégué  cantonal, 

Officier  d'Académie, 

Maire  de  Saint-Parres-les-Vaudes. 


Circonscription  de  NOGENT-SUR  SEINE 

M.  BACHIMONT 

Élu  au  2*  tour  de  scrutin.  —  5,919  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Deux  fois,  en  1894  et  en  1898,  vous  m’avez  fait  le  très  grand  honneur  de  m'élire  votre 
Député; 

Vous  avez  fait  triompher  sur  mon  nom  le  programme  de  la  République  démocratique,  la 
politique  des  progrès  vraiment  républicains  et  des  réformes  sociales. 

En  jetant  un  regard  sur  tous  les  votes  que  jJai  émîs  et  sur  ma  conduite  politique,  per-  * 
sonne  ne  peut  douter  de  ma  fidélité  à  mes  promesses  et  de  mon  attachement  inébranlable 
aux  idées  que  j'ai  professées  et  défendues  toute  ma  vie,  de  mon  dévouement  à  la  démo¬ 
cratie. 

C'est  au  nom  de  ce  passé  que  je  viens  vous  demander  le  renouvellement  de  mon 
mandat. 

Je  demeure  partisan  résolu  : 

ÎQ  D’uae  plus  juste  répartition  des  charges  qui  pèsent  sur  le  contribuable,  convaincu 
que  l?on  ne  pourra  corriger  l'injustice  des  contributions  directes  basées  sur  les  signes  exté¬ 
rieurs  de  la  richesse  |que  par  un  impôt  progressif  sur  la  richesse  réelle,  sur  le  revenu,  et 


que,  par  là  .seulement,  il  sera  possible  d’arriver  à  supprimer  graduellement  et  successive¬ 
ment  les  impôts  de  consommation  qui  écrasent  le  travailleur; 

2*  De  la  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans;  do  service  égal  pour  tous  et  do  la 
suppression  de  toutes  les  dispenses; 

3°  De  la  suppression  .d’une  période  de  23  jours  et  de  la  période  de  13  jours,  charge 
énorme  et  inutile  autant  pour  l'État  que  pour  les  familles; 

If  Des  lois  de  prévoyance  et  d’assurance  contre  le  chômage,  la  maladie,  la  vieillesse; 

5°  De  la  Caisse  des  retraites  pour  les  travailleurs  atteints  par  la  vieillesse  ou  mis  dans 
l’impossibilité  de  travailler; 

6°  De  la  suppression  de  la  prestation  ; 

7°  D'une  protection  efficace  de  l’agriculture  ; 

8°  De  l’extension  de  la  compétence  des  juges  de  paix; 

9°  De  îa  réduction  et  de  la  suppression  graduelle  des  frais  de  justice. 

Notre  parti  a  fait  les  lois  scolaires,  il  a  commencé  et  poursuivi  l’ceuvre  de  la  solidarité 
sociale. 

Avec  lui  je  veux  défendre  la  laïcité  de  TÉtat  et  assurer  la  suprématie  du  pouvoir  civil 
Nous  voulons  défendre  la  République  contre  les  empiétements  du  cléricalisme  romain  et 
défendre  notre  démocratie  et  la  liberté  contre  ceux  qui  rêvent  de  restauration  d’un  pouvoir 
monarchique,  plébiscitaire  oti  théocratique. 

C’est  au  nom  du  parti  républicain  que  je  fais  un  pressant  appel  à  l’union  des  républi¬ 
cains  et  à  leur  clairvoyance, 

La  lutte  électorale  est  menée  par  les  mêmes  hommes  qui,  au  nom  de  l’Ordre  moral  au 
16  mai,  du  boulangisme,  en  1889,  donnèrent  l’assaut  à  la  République. 

Ils  s  intitulent  aujourd’hui  nationalistes,  progressistes,  libéraux,  mais  sous  ces  étiquettes 
diverses,  ce  que  nous  avons  en  face  de  nous,  c’est  comme  au  16  mai  et  en  1889,  la  coalition 
hypocrite  des  républicains  fatigués,  des  monarchistes,  des  bonapartistes,  des  césarienF,  des 
fauteurs  de  coup  d’État,  marchant  sous  la  bannière  au  cléricalisme* 

À  cette  coalition,  a  cette  cohue  qui  est  le  «  parti  sans  nom  »,  nous  opposerons  le  bloc 
des  républicains,  une  forte  discipline  et  la  solidarité  de  tous  ceux  qui  ont  combattu  pour  la 
défense  et  faction  républicaines. 

Tous  ceux  qui  veulent,  par  le  suffrage  universel,  obtenir  ou  conserver  : 

La  suprématie  du  pouvoir  civil;  —  La  laïcité  de  l’État;  —  Les  lois  d’assistance  et  de 
solidarité  sociale  ;  —  Le  service  militaire  égal  pour  tous; 

tous  ceux-îà  doivent,  sans  souci  des  nuances,  marcher  comme  autrefois  les  363,  la  main  dans 
la  main,  pour  défendre  le  programme  laïque,  réformiste  et  démocratique. 

Réaction,  cléricalisme  et  césarisme,  d’un  côté; 

Progrès  social,  liberté,  République  et  démocratie,  de  l’autre. 

Au  pays  de  choisir! 

BACH1MONT, 

Député  sortant. 

Maire  de  la  ville  de  Nogent-sur-Seine. 


Aux  dernières  élections,  un  factum  ignoble,  calomnieux,  fut  affiché  et  distribué  à  la  der¬ 
nière  heure. 

Je  mets  les  lecteurs  en  garde  contre  ces  louches  manœuvres. 

Je  n'y  répondrai  pas  plus  qu’aux  insinuations  et  aux  affirmations  mensongères  ou 
calomnieuses  des  journaux. 


1°-  adjoint  et  maire  de  la  ville  de  Nogent  depuis  plus  de  20  ans,  Député  depuis  8  ans 
tout  le  monde  sait  qui  je  suis  et  ce  que  je  suis.  A  toutes  ces  vilenies,  les  électeurs  de  Nogent 
répondaient  en  me  donnant  à  chaque  élection  une  majorité  de  plus  en  plus  imposante  • 
527  voix  .a  1894 ,  506  MU  en  1898  et  618  mU  eu  1900,  «  I*  électeur,  de  l'arroudiLmeuti 
4.983  voix  en  1894  et  5.149  en  1898. 


BÀCH1MONT. 


—  81  — 


N®  1162 

Je  crois  utile,  de  mettre  sous  les  yeux  des  électeurs  le  manifeste  de  ta  majorité  républi¬ 
caine  du  Sénat. 

Les  hommes  éminents  et  expérimentes  Qui  la  composent  ont  tracé  de  main  de  maître  et 
avec  autorité,  le  tableau  de  notre  situation  politique  actuelle.  Les  électeurs  républicains 
méditeront  ce  manifeste  et  s’eu  inspireront  dans  leur  vote. 


ManIFSSTE  Dit  l’UàUON  RÉPUBLICAINE  ET  DE.  LA,  ÇAUCHB  ftÉAIOCRAXtOOE  DU  SÉNAT. 


Appel  aux  électeurs. 

Chers  Concitoyens, 

La  République  va  subir  un  nouvel  assaut  de  la  part  de  ses  adversaires  coalisés.  Bien 
peu  d’entre  eux  auront  le  courage  d’arborer  leur  drapeau,  la  franchise  de  dévoiler  Leurs 
idées,  leur  véritable  programme  :  ce  ne  sera  qu’un  parti  sans  nom  retranché  derrière  les 
obscurités  et  les  perfidies  de  l’équivoque. 

Pour  troubler  le  pays,  iis  prodiguent  l’argent  ;  ils  se  vantent,  de  remporter  la  victoire, 
bien  que  dans  toutes  leurs  entreprises,  depuis  le  renversement  de  l’Empire,  ils  se  soient 
constamment  brisés  contre  le  bon  sens  avisé,  l’honnêteté  incorruptible  des  électeurs  français, 
leur  attachement  profond  et  réfléchi  aux  institutions  républicaines. 

Vainqueurs,  ils  se  déchireraient  entre  eux,  impuissants  à  rien  fonder.  11  importe  néan¬ 
moins  de  signaler  des  manœuvres  contre  lesquelles,  tous  les  républicains  sincères,  ont  le 
devoir  de  s’unir  dans  un  mouvement  irrésistible  de  solidarité  démocratique. 

Agiter  des  fantômes,  prévoir  des  catastrophes,  dénaturer  les  faits,  se  servir  des,  idées 
les  plus  hautes  et  les  plus  chères  à  la  nation  pour  les  réduire  à  leur  propre  taille,  les  ravaler 
jusqu  à  eu  faire  des  instruments  de  discorde;  mépriser  le  suffrage  universel  au  point  de  cher¬ 
cher  à  le  corrompre;  accumuler  les  mensonges  de  telle  façon  qu’il  devienne  difficile  de  dis¬ 
cerner  la  vérité;  représenter  la  France  couverte  de  ruines,  courant  à  la  banqueroute  et  en 
pi  oie  à  la  trahison,  tels  sont  les  principaux  moyens  employés  couramment  par  les  ennemis  de 
la  République.  Par  l'exagération  et  ia  mauvaise  foi  de  ces  attaques  ils  permettent  à  tous  les 
esprits  judicieux  de  les  reconnaître  aisément  sous  le  masque,  bien  qu’ils  se  répandent  en 
protestations  de  respect  pour  la  forme  du  Gouvernement. 

Non,  il  n’est  pas  vrai  que  la  France  soit  actuellement  la  nation  abaissée  qu’ils  nous 
dépeignent;  il  est  certain  au  contraire  que,  cessant  d’être  condamnée  à  l’isolement  et  au 
silence,  elle  s’est  relevée,  par  la  République,  du  triste  état  où  l’avaient  amenée  les  fautes 
du  pouvoir  personnel.  Elle  a  conclu  et  consolidé  une  alliance  qui  est  un  précieux  gage  de  la 
paix,  et  repris  son  rôle  et  son  influence  dans  les  conseils  du  monde. 

11  n’est  pas  vrai  que  l’amour  de  la  Patrie  soit  le  privilège  de  quelques-uns  •  il  est  certain 
au  contraire,  que  l’intolérable  prétention  de  monopoliser  le  patriotisme,  de  mettre  les 
Français  hors  du  patrimoine  commun,  héritage  des  souffrances  et  des  gloires  de  nos  pères 
est  une  cause  de  désunion  et  de  haine  entre  les  citoyens,  et,  par  suite,  d’affaiblisse¬ 
ment  de  la  Patrie. 

Il  n’est  pas  vrai  que  l’armée  ne  soit  pas  respectée  dans  son  honneur  et  dans  ses  intérêts 
qui  se  confondent  avec  l’Honneur  et  l’intérêt  de  la  Nation,  qu’elle  soit  affaiblie  et  désorga¬ 
nisée  ;  il  est  certain,  au  contraire,  que  l’armée  nationale  est  l’objet  de  la  sollicitude  et&de 
l affection  du  Parlement  et  du  pays;  il  est  certain  que  l’ordre  est  rétabli  à  tous  les  degrés 
la  ou  s’étaient  révélés  de  dangereux  symptômes  d’indiscipline  et  d’insubordination 

H  n’est  pas  vrai  que  la  France  soit  appauvrie  et  ruinée  ;  il  est  certain,  au  contraire,  que 
muti  ee,  rançonnée,  ruinée  à  la  suite  de  la  guerre  de  1870,  elle  a  refait  tout  son  outillage 
développé  le  réseau  des  voies  ferrées,  creusé  des  canaux,  approfondi  des  ports  et  dépensé 


—  88  — 

des  sommes  énormes  pour  renseignement  public,  l'armée,  la  marine,  et  aussi  pour  consti-  ! 
tuer  son  domaine  colonial. 

Les  deux  tiers  de  notre  dette  sont  à  la  charge  du  régime  du  Deux-Décembre  :  sous  ce 
régime  elle  s’est  augmentée  de  8  milliards;  les  conséquences  directes  de  la  guerre  ont  coûté 
en  outre  à  notre  pays,  d'après  les  calculs  de  l'honorable  M.  Léon  Say,  11  milliards  500  mil- 
lions.  C’est  donc  un  total  de  près  de  20  milliards  qui  constitue  îe  passif  du  pouvoir  personnel,  ; 
Ce  sont  encore  les  conséquences  de  la  guerre  de  1870  qui  nous  obligent  à  porter,  chaque  ; 
année,  à  notre  budget,  1  milliard  pour  la  défense  nationale. 

Il  est  certain,  cependant,  qu'actueilement  le  crédit  de  notre  pays  inspire  la  plus  grande 
confiance,  parce  que,  mieux  que  les  autres,  il  a  supporté  les  résultats  d’une  crise  universelle 
qui,  nous  pouvons  Pespérer,  touche  à  sa  fin. 

Il  n'est  pas  vrai  que  dans  notre  pays,  fermement  attaché  à  la  propriété  individuelle  et 
à  la  liberté,  le  souci  de  la  solidarité,  la  recherche  du  progrès  social  se  confondent  avec  le 
collectivisme  qui  rêve  en  vain  de  supprimer  la  propriété  individuelle  et  la  liberté,  mais  la 
démocratie  poursuit  avec  persévérance  l’amélioration  du  sort  des  travailleurs,  le  relèvement 
des  petits  et  des  humbles,  une  évolution  continue  vers  un  idéal  de  justice  et  de  pacification 
sociale. 

11  n'est  pas  vrai  que  la  liberté  de  conscience  et  la  liberté  des  cultes  soit  en  butte  à  la 
persécution.  Mais  il  était  nécessaire  de  soumettre  les  ordres  religieux  à  l'application  de  la 
loi, ainsi  que  l’exigeait  la  défense  delà  société  laïque,  telle  qu'elle  est  issue  de  la  Révolution 
française, 

H  est  certain  que  la  lutte  actuelle  est  plus  violente  et  plus  âpre  à  raison  des  rancunes 
et  des  ambitions  du  parti  clérical  qui  ne  défend  pas  ia  liberté,  mais  poursuit  la  domination  et 
pour  qui!  a  revanche  des  congrégations  est  l'enjeu  même  des  élections  législatives. 

Les  électeurs  républicains  ne  failliront  pas  à  leur  devoir,  ils  relèveront  comme  ils  le 
méritent  les  audacieux  défis  de  la  réaction  cléricale  et  du  nationalisme^  et  en  feront  défini¬ 
tivement  justice» 

« 

Vive  la  France!  Vive  la  République  1 

Pour  l'Union  républicaine  du  Sénat: 

MM.  Lourdes,  président;  Dubost  et  Raynal,  vice-présidents;  Mir,  ques¬ 
teur;  Théodore  Girard,  secrétaire;  Gazot,  Demolc,  Dusolier,  Guyot, 
Poirrier,  anciens  présidents;  Glamageran,  Ghaumié,  anciens  vice-pré-  J 
sidents;  Magnin,  ancien  président  de  la  gauche  républicaine;  Alle¬ 
mand,  Crozet-Fourneyron,  Deschanel,  A.  Perrier,  Ratier,  De  Sal, 
Trarieux,  Viseur,  membre  du  comité  de  direction. 

Pour  la  Gauche  démocratique  du  Sénat: 

MM.  Combes,  président;  Bonnefoy-Sïbour,  Leydet,  vice-présidents;  Rruel, 
questeur;  Béraud,  Miliiès-Lacroix,  secrétaires;  Bernard,  ancien  pré-  j 
aident;  Bizarelli,  Bizot  de  Fonteny,  Delpech,  Desmons,  anciens  prési-  ! 
dents;  Maxime  Lecomte,  ancien  président  ;  Alexandre  Lefèvre,  Savary, 
Léopold  Thézard,  membres  du  comité  de  direction. 


lrc  circonscription  de  TROYES 

M.  CHARONNAT 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  7. AU  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Je  viens  vous  demander  le  renouvellement  du  mandat  dont  vous  m’avez  déjà  honoré 
pendant  deux  législatures. 

Je  pourrais  me  dispenser  de  vous  faire  une  profession  de  foi,  car  vous  me  connaissez 
tous,  et  vous  savez  que,  depuis  vingt  ans,  je  suis,  dans  ce  département,  au  premier  rang 
des  défenseurs  de  la  République  et  des  serviteurs  de  la  démocratie. 

Mon  programme  est  celui  du  vieux  parti  républicain  dont  le  comité  radical-socialiste  de 
l’Aube  a  rappelé  les  principaux  articles  dans  le  manifeste  patriotique  qu  il  vient  d’adresser 
au  corps  électoral.  Je  l’accepte  dans  son  intégralité. 

La  lutte  est,  encore  une  fois,  comme  au  Seize  Mai,  engagée  entre  la  République  et  la 
coalition  de  toutes  les  factions  réactionnaires  :  royalistes,  bonapartistes,  ralliés,  césariens, 
nationalistes,  tous  plus  ou  moins  déguisés  en  républicains,  s’apprêtent  à  livrer  à  la  Répu¬ 
blique  un  assaut  suprême  sous  la  bannière  cléricale. 

Tout  est  mis  en  œuvre  pour  tromper  le  peuple,  effrayer  les  timides,  corrompre-  le 

suffrage  universel.  # 

Vains  efforts  î  la  démocratie  veille.  Elle  ne  se  laissera  ni  surprendre  ni  duper.  Elle 
saura  éviter  tous  les  pièges,  déjouer  toutes  les  manœuvres,  arracher  tous  les  masques  et 
repousser  tous  les  mensonges,  toutes  les  calomnies.  Elle  reconnaîtra  les  siens. 

L’œuvre  de  la  prochaine  législature  est  toute  tracée. 

La  Chambre  nouvelle  devra  d’abord  assurer  l’application  rigoureuse  de  la  loi  sur  es 
associations,  en  attendant  la  suppression  complète  des  congrégations  et  de  renseignement 
congréganiste  qui  inspire  aux  jeunes  générations  l’esprit  de  la  contre-révolution  et  la  haine 
de  la  République  et  de  ses  lois,  en  attendant  aussi  la  suppression  du  budget  des  cultes  et  la 
dénonciation  du  Concordat,  qui  ne  portera  aucune  atteinte  à  la  liberté  de  conscience  digne 
du  respect  de  tous. 

Elle  devra,  ensuite,  mettre  au  premier  rang  des  réformes  à  accomplir  : 

La  transformation  de  noire  inique  système  d’impôts,  improportionnel,  progressif  à 
rebours,  frappant  lourdement  sur  les  petits,  épargnant  les  gros,  sur  la  base  équitable  de 
l’impôt  global  et  progressif  sur  le  revenu,  facile  à  établir,  quoi  qu’on  en  dise,  sans  vexation 
ni  inquisition,  en  faisant  une  distinction  nécessaire  entre  la  fortune  acquise  et  la  fortune 
en  formation,  seul  impôt  véritablement  démocratique  et  seul  capable  de  donner  au  budget 
de  l’État  une  ampleur  et  une  élasticité  suffisantes  pour  faire  face  aux  dépenses  que  néces¬ 
sitent  les  réformes  économiques  et  sociales  que  la  démocratie  réclame  légitimement, 

La  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans,  avec  suppression  de  toutes  les  dispenses, 
à  la  seule  exception  de  celles  en  faveur  des  indispensables  soutiens  de  famille  ; 

La  création  des  retraites  ouvrières,  qui  assurera  aux  travailleurs  des  villes  et  des 
campagnes  le  pain  de  leurs  vieux  jours  ; 

La  décentralisation  administrative,  comportant  la  suppression  des  fonctions  inutiles. 

Mon  vote  est  acquis  d’avance  à  toutes  ces  réformes  nécessaires. 

Électeurs  de  la  lr*  circonscription  de  Troyes, 

Les  gages  de  dévouement  que  j’ai  donnés  à  la  démocratie  dans  le  passé  sont  pour  elle 
la  meilleure  des  garanties  pour  l’avenir. 

42 


-  90  - 

Si  vous  me  faites  Je  grand  honneur  de  me  continuer  votre  confiance,  vous  pourrez  être 
assurés  que  le  drapeau  dont  vous  me  confierez  à  nouveau  la  garde  sera  en  bonnes  mains* 
Vous  pouvez  compter  sur  moi  comme  je  compte  sur  vous* 

Vive  la  République  démocratique  et  sociale! 

CHARGNNÀT,  Député  sortant. 


Manifeste  du  Comité  d}  Union  radicale  et  socialiste  de  F  Aube* 

Citoyens, 

Vous  êtes  appelés,  le  21  avril  prochain,  à  nommer  vos  représentants  à  îa  Chambre  des 
Députés. 

Le  Comité  d’Union  radicale  et  socialiste  de  F  Aube  a  le  devoir  de  soutenir  et  de  recom¬ 
mander  à  vos  suffrages  les  Députés  sortants  qui  ont  vaillamment  soutenu  vos  revendica¬ 
tions  et  défendu  le  Gouvernement  dans  des  jours  que  vous  n’avez  point  oubliés,  quand  le 
Président  de  la  République  ôtait  insulté  et  frappé,  que  la  rébellion  était  dans  la  rue  et 
Fappel  au  coup  d’État  imprimé  dans  tous  les  journaux  de  la  réaction,  affirmé  même  dans 
1  Assemblée  et  affiché  sur  les  murs  de  Paris- 

Cette  situation  est  à  l’état  latent  aujourd’hui  :  elle  renaîtrait  demain  si  votre  discerne¬ 
ment,  si  votre  fermeté  n’y  mettaient  bon  ordre. 

C’est  vous  dire  que  l’heure  est  grave  et  pleine  de  périls. 

Le  Seize  Mai  et  le  boulangisme  peuvent  à  peine  être  comparés  au  nationalisme  à  cette 
coalition  de  rancunes,  de  déceptions  et  de  haines  où  l’on  voit  «  d’anciens  membres  de  la 
Commune  coudoyer  un  ancien  ministre  de  h  guerre,  où  d’anciens  ministres  congédiés  par 
le  Seize  Mai  se  réconcilient  avec  la  réaction,  où  un  membre  de  l’Académie  française  frotte 
ses  palmes  vertes  aux  blouses  blanches  des  camelots  ». 

m,vw  "e  C0ali;i0n  marche,  sous  la  bannière  du  parti  clérical,  à  l’assaut  de  la  société 
.v.  '  n°  P°ur  detruiru .1  esprit  laïque  et,  s’il  est  possible,  jusqu’au  nom  de  la  Révolution 
française  qui  nous  a  faits  indépendants  et  libres. 

calomnie  *HM  **  V°ir  &  i,œuvre’  ce  parti  clérica!-  et  se  servir  de  son  arme  favorite  :  la 

11  vous  dira  que  la  France  court  à  ia  banqueroute,  alors  que  c’est  elle  qui  supporte  le 
mieux,  a  1- heure  actuelle,  la  crise  économique  qui  frappe  l’Europe  entière. 

après  187?  eiïIVrnVr  RtétPïliqUe  3  apfU7ri  notre  P3?3-  a,ors  ^e,  rançonné  et  ruiné 
S/ %  si!  a  reconstitué  notre  matériel  de  guerre,  développé  nos  chemins  de  fer,  nos 
canaux,  et  dépensé  des  sommes  éaormes  pour  l’instruction  de  nos  enfants. 

vous  dira  qu’il  a  le  monopole  du  patriotisme,  qu’il  adore  l’armée  alors  cru’il  la 

Min*8  d’une  iahW**  *  ^  pronunciamientos>  (lliand  un  ministre  de  la  guerre  rèpubli- 

I  ne  main  ferme,  mais  peut-être  trop  paternelle,  a  remis  le  bon  ordre  dans  les 

affectueLeri!icitudeetBbIe*’  ^  t0U'e  ^  °CCaSi°n’  *  manifCSté  P°Ur  nos  soIdat3  h  plus 

ztâËâ  “ï*"1 ie  rr 

richesse  pabiique.  ’  11  p0rle  4  ce!  de“  *°"™s  de  ]> 

il  ‘mp6,S’  >l0ra  qm’  "*"*é*“"  |>  «*"*  Parasitaires, 

Ses  candidats  sont-ils  partisans  de  l’impôt  global  et  progressif  sur  le  revenu ï 

II  vous  dira  qu  il  est  parnsan  des  retraites  ouvrières,  sans  vous  faire  connaître  avec 

quelles  ressources  il  les  alimenterait.  e  avec 

h  lihEerïdff.nPar-i  dériCai’  puisqü’à  lui  seul  H  résume  le  nationalisme,  affirmera  que 
la  liberté  de  conscience  est  menacée,  que  la  liberté  des  cultes  est  entravée,  alors  que 


—  91  —  N*  1162 

le  Gouvernement  n’a  jamais  été  aussi  tolérant,  on  pourrait  même  dire  aussi  faible 
qu’aujourd’hui. 

Qu’est-ce  que  cette  loi  sur  les  associations,  sinon  an  simple  avertissement  aux  con¬ 
grégations  trop  entreprenantes  qui  devraient  être  purement  et  simplement  supprimées* 

Mais  patience,  ce  que  n’a  pas  fait  le  Gouvernement  d’aujourd’hui,  celui  ne  demain  le 
réalisera*  Et  c’est  contre  ce  Gouvernement  que  des  efforts  inouïs  sont  faits  par  avance,  car 
c’est  celui-là  qu’on  craint.  On  ne  recule  devant  aucun  moyen.  Vous  avez  vu  dans  ce  pays 
les  quêtes  à  domicile  pour  la  bonne  cause,  faites  par  les  familiers  de  l’autel,  et  même  par 
les  femmes,  qui  sont  devenues  des  agents  électoraux  sous  la  direction  des  bons  pères  en 
disponibilité. 

Vous  connaissez  les  candidats  de  la  Croix,  du  journal  des  moines  ligueurs  dont  une 
édition  se  publie  dans  toute  la  France. 

Ces  candidats  dans  notre  département  sont  ceux  des  modérés  que  cette  alliance  ne 
permet  même  plus  de  qualifier  de  républicains. 

Nous  l’affirmons  encore  une  fois,  citoyens,  si  ces  candidats  et  leurs  pareils  étalent 
nommés  en  majorité,  ce  serait  la  guerre  dans  l’Assemblée  et  bientôt  dans  là  rue. 

Mais  vous  ne  le  permettrez  pas.  Si  Paris  manquait  à  sa  mission,  les  départements, 
comme  au  temps  du  boulangisme,  opposeraient  une  invincible  résistance  au  parti  de  l’équi¬ 
voque,  au  parti  inspiré  par  les  curés,  par  l’Église,  par  le  pape,  en  un  mot  par  les  éternels 
ennemis  de  la  pensée  libre,  de  l’essor  de  Pesprit  humain,  du  progrès  moral  et  matériel 
des  nations, 

A  cette  coalition  incapable  de  gouverner  et  d’assurer  la  paix  si  nécessaire  an  pays, 
opposons  le  bloc  des  forces  républicaines  et  démocratiques  animées  de  l'esprit  de  solidarité 
et  de  liberté. 

Le  comité  radical  et  socialiste  de  l’Aube,  d’accord  avec  les  candidats  qu'il  recommande 
aux  électeurs,  estime  que  le  meilleur  moyen  de  combattre  cette  coalition  est  de  donner 
satisfaction  aux  aspirations  républicaines  et  de  s’engager  résolument  dans  la  voie  des 
réformes  démocratiques  et  sociales  dont  quelques-unes  ont  été  préparées  par  la  dernière 
législature. 

Parmi  ces  réformes  qui  ne  sauraient  se  confondre  avec  le  collectivisme  qui  n’est,  à 
l’heure  actuelle,  qu’un  rêve,  peut-être  généreux,  le  Comité  place  au  premier  rang  ; 

1°  L’appîication  rigoureuse  de  la  toi  sur  les  associations.  —  2°  La  suppression  des  biens 
de  main-morte  ei  l’emploi,  autant  que  possible,  de  ces  biens  à  la  dotation  de  la  caisse  des 
retraites  ouvrières.  —  3*  La  séparation  des  Églises  et  de  l’État  et  l’emploi  des  fonds  deve¬ 
nus  disponibles  à  la  dotation  également  de  la  caisse  des  retraites  ouvrières.  —  If  l /abroga¬ 
tion  de  la  loi  Failoux.  —  5° Le  service  militaire  de  deux  ans  avec  la  suppression  de  toutes  les 
dispenses.  —  6°  L'organisation  du  crédit  agricole.  —  T  L'impôt  global  et  progressif  sur  le 
revenu.  —  8°  La  transformation  des  services ’pub lies  des  chemins  de  fer,  des  mines,  de  la 
Banque  de  France,  etc.  —  9Ü  La  réduction  des  gros  traitements  et  îa  suppression  de  tous 
les  emplois  inutiles. 

Le  Comité  d’union  radicale  et  socialiste  fait  appel  à  tous  les  républicains,  à  tous  ies 
démocrates,  pour  se  grouper  autour  de  lui  et  soutenir  ses  candidats,  en  vue  de  la  réalisa¬ 
tion  de  ce  programme  minimum  si  véritablement  démocratique. 

Améjiorer  le  sort  de  tous  les  travailleurs,  né  jamais  détacher  sa  pensée  des  petits,  des 
faibles,  des  humbles,  tel  est  le  but  de  ceux  qui  ont  l’honneur  de  se  présenter  à  vos  suf¬ 
frages  avec  l’espoir  de  réaliser,  dans  un  prochain  avenir,  la  solution  dêliiiitive  et  pacifique 
du  problème  social. 

Vive  la  République  démocratique  et  soc  jais! 

Le  Comité  d'union  radicale  et  socialiste  * 


—  92  ~ 


2*  circonscription  de  TROYES 

M. ARBOUIN 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  7.348  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 


Je  viens  solliciter  de  vos  libres  suffrages  le  renouvellement  du  mandat  que  vous  m’avez 
fait  l’honneur  de  me  confier  en  1909. 

Ai-je  besoin  de  vous  faire  une  longue  profession  de  foi  ? 

Je  ne  le  crois  pas. 

Mes  idées,  mes  principes,  mes  actes  politiques  vous  les  connaissez. 

Depuis  plus  de  vingt  ans,  je  défends  avec  mon  journal  la  République  et  je  me  flatte 
d’avoir  contribué,  pour  une  large  part,  à  la  diffusion  des  idées  de  progrès  démocratique 
dans  notre  département. 

Mon  dévouement  à  la  cause  républicaine  m'a  valu,  me  vaut  encore  force  injures  de  la 
part  de  la  réaction  ;  j’en  suis  fier.  Je  m’hoDoredes  calomnies  dont  se  montrent  si  prodigues 
à  mon  égard  les  ennemis  de  nos  institutions;  si  j’avais  trahi  la  République  à  leur  profit, 
soyez  certains  qu’ils  me  jugeraient  dignes  de  leurs  éloges. 

Vous  m’avez  confié,  il  y  a  deux  ans,  la  défense  de  vos  intérêts  au  Parlement  :  je  crois 
avoir  justifié  votre  confiance  par  mes  votes,  par  la  part  active  que  j’ai  prise  aux  délibéra¬ 
tions  du  groupe  radical-socialiste  ainsi  qu’aux  travaux  de  diverses  commissions,  par  le  soin 
persévérant  que  j’ai  apporté  à  l’étude  de  vos  légitimes  réclamations,  par  l’empressement 
avec  lequel  je  vous  ai  toujours  fait  obtenir  les  satisfactions  qui  vous  étaient  dues. 

Mon  programme,  vous  le  savez,  est  celui  du  parti  radical-socialiste.  Ce  programme, 
dont  la  réalisation  est  enfin  commencée, contient  une  série  d’articles  dont  l’application  nous 
dotera  successivement  des  lois  qui  assureront  : 

1"  La  refonte  totale  de  notre  système  fiscal,  aussi  inique  que  suranné,  par  l’établisse¬ 
ment  de  l’impôt  global  et  progressif  sur  le  revenu  ; 


du  budget  des  cultes  et  la  dénoncia- 


2"  L  abrogation  de  la  loi  Falioux,  la  suppression 
tion  du  Concordat; 

3"  La  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans  ; 

h°  L’organisation  des  caisses  de  retraites  pour  les  ouvriers  des  villes  et  des  campagnes- 

5*  La  protection  de  l’agriculture  et  de  la  viticulture  par  la  répression  de  i 'accaparement 
et  la  réglementation  légale  des  Bourses  de  Commerce,  la  modification  du  régime  des  près- 
tâtions,  le  développement  de  l’emploi  de  l’alcool  industriel,  la  diminution  des  droits  de 
mutation,  1  extension  des  syndicats  et  des  caisses  d’assurances  et  de  crédit  agricoles  la 
suppression  des  droits  sur  l’alcool,  et,  par  suite,  de  la  régie,  comme  conséquence  de  l’éta¬ 
blissement  de  l’impôt  sur  le  revenu; 

6°  La  décentralisation  administrative,  condition  préalable  des  économies  budgétaires. 

J  arrête  m!  cette  énumération.  Je  pourrais  ciler  d’autres  réformes,  mais  je  dois  me 
borner  a  indiquer  les  plus  urgentes,  celles  qui  peuvent  être  réalisées  par  la  prochaine 
législature,  si  le  pays,  comme  tout  le  fait  espérer,  envole  à  la  Chambre  une  majorité  ferme¬ 
ment  républicaine  et  résolument  réformiste. 


Mes  chers  Concitoyens, 

L’muvre  que  le  Parlement  a  accomplie  depuis  trois  ans  avec  le  concours  du  Gouvernement 
vous  est  connue;  elle  constitue  un  très  réel  progrès,  mais  elle  est  loin  d’être  complète.  La 


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Chambre  qui  |disparaît  lègue  à  celle  qui  lui  succédera  une  série  de  propositions  et  de  projets 
mûrement  étudiés  et  du  plus  haut  intérêt  pour  la  démocratie  républicaine. 

la  réaction  cléricale  veut,  non  seulement  taire  obstacle  aux  réformes  préparées,  mais 

encore  détruire  celles  qui  ont  été  réalisées  depuis  trois  ans;  elle  veut  surtout  sauver  cet 

instrument  de  domination  par  excellence  qui  lui  échappe  :  la  congrégation.  Aussi  a-t-elle 
engagé  une  lutte  violente  et  sans  précédent  peut-être  contre  la  République. 

°  Vous  avez  à  vous  prononcer  entre  elle  et  nous.  Vous  avez  à  choisir  entre  la  politique  de 
recul  et  la  politique  de  progrès,  entre  le  parti  de  l’Église,  servi  par  la  tourbe  des  faux 
républicains,  et  le  parti  de  la  France  démocratique. 

Croire  que  vous  hésiterez  serait  vous  faire  injure. 

Le  27  avril,  vous  assurerez  par  vos  votes  le  triomphe  de  la  République  et  la  déroute 
de  la  réaction» 

Vive  la  République  démocratique  et  sociale! 

G*  ARBOUIN,  Député  sortant. 

(Suit  le  Manifeste  du  Comité  d^nion  radicale  et  socialiste  de  l'Aube,  déjà  publié  à  la 
suite  du  programme  de  M.  Charonnat.  —  Voy.  ci-dessus.) 


Manifeste  de  la  Ligue  de  Défense  républicaine  de  V  Aube » 

Électeurs  républicains. 

Au  moment  ou  toutes  les  forces  de  la  réaction  se  coalisent  contre  la  République,  à 
Pheure  ou  la  stabilité  de  nos  institutions  démocratiques  est  encore  une  fois  menacée,  la 
Ligue  de  Défense  Républicaine  de  PAube  a  le  devoir  de  vous  adresser  un  appel  qui,  certai¬ 
nement,  sera  entendu. 

Fondée  en  dehors  de  tout  esprit  de  secte  et  dans  le  seul  but  de  grouper  les  citoyens 
fermement  résolus  à  combattre,  sous  quelque  forme  qu’il  se  présente  et  de  quelque 
masque  qu’il  se  couvre,  le  cléoicalisme,  c’est- à-dire  Pennemi  le  plus  redoutable  de  la 
France  moderne,  largement  ouverte  à  tous  les  républicains  conscients  du  péril  théocratique 
sans  cesse  renaissant,  radicaux,  socialistes,  la  Ligue  de  Défense  Républicaine  de  1  Aube  n  a 
demandé  à  aucun  de  ses  adhérents,  vous  le  savez,  le  sacrifice  de  ses  opinions  personnelles 
et  de  ses  préférences  en  ce  qui  touche  Porganisalkm  de  la  démocratie. 

Elle  s’est  bornée  à  rallier  les  partisans  de  la  suprématie  du  pouvoir  civil,  les  défenseurs 
de  l'État  laïque  contre  le  pouvoir  occulte  et  irresponsable  de  L’Église;  elle  les  a  conviés  à 
unir  leurs  efforts  pour  renverser  l'obstacle  clérical  qui,  en  tout  temps,  a  bat  ré  et  qui  barre 
encore  la  route  au  progrès  républicain.  . 

Plus  que  jamais  cette  union  est  nécessaire  :  plus  que  jamais  nous  avons  le  devoir  de 

marcher  coude  à  coude  et  d’opposer  à  Pâmée  de  Rome  le  front  compact  de  Parmée  répu¬ 
blicaine» 

Atteint  dans  ses  œuvres  vives  par  la  loi  sur  les  associations,  le  cléricalisme  comprend 
que  sa  cause  est  irrémissiblement  perdues  si  les  élections  du  27  avril  lui  sont  défavorables, 
aussi  ne  recule-t-il  devant  rien  pour  conjurer  le  péril  dont  il  est  menacé»  Jamais  il  n’a  mené 
même  aux  temps  du  24mai  et  du  16  mai,  une  campagne  aussi  acharnée  contre  la  Répu¬ 
blique,  t  .  . 

Jamais  il  n’a  organisé  avec  autant  de  scélératesse  ni  poussé  à  un  aussi  haut  point  de 
perfectionnement  cette  machine  de  guerre  dont  personne  ne  possède  mieux  que  lui  les  se¬ 
crets  ;  la  calomnie  ;  jamais,  grâce  à  la  puissance  de  Pargent  dont  il  dispose,  il  n’a  porté  plus 
loin  les  ravages  de  la  corruption.  Il  en  est  arrivé  à  embrigader  des  femmes  et  à  en  faire  des 

agents  électoraux,  .  .  .. 

Il  n’est  pas  de  mensonges  qu’il  ne  répande  dans  nos  campagnes.  Il  fait  courir  le  bruit 

que  la  République  conduit  la  France  à  la  ruine  et  que  lui  seul  est  à  même  de  rétablir  nos 


finances.  C’est  le  langage  qu’ii  tenait  en  1851  et  il  n’est  pas  étonnant  que  les  impérialistes 
fassent  chorus  aujourd’hui  encore, 

Souvenez-nons,  électeurs  républicains.  Souvenez-vous  des  Te  Deum  chantés  par  le 
clergé  en  l’honneur  du  régime  impérial,  de  ce  régime  qui,  né  dans  le  sang  du  Deux-DM 
cembre,  a  fini  dans  la  boue  de  Sedan,  Souvenez-vous  de  quel  prix  la  France  a  payé  la  pro&J 
périté  factice  dont  elle  jouissait  sous  le  second  Empire,  Souvenez-vous  du  sang  français  j 
ven?è  en  1870  !  Souvenez-vous  des  15  milliards  que  nous  a  coûté  la  dictature  impériale,  t 
Souvenez-vous  de  nos  provinces  perdues  ! 

Le  parti  clérical,  qui  fut  le  complice  du  crime  de  décembre,  nous  parle  aujourd’hui  de 
liberté.  ïl  nous  parle  aussi  de  sa  sollicitude  pour  les  intérêts  économiques  du  pays: 

Il  a  un  système  d’économies  :  ce  système,  il  est  tout  prêt  à  l’appliquer;  il  l’applique-  '; 
rail,  nTen  doutez  pas,  dès  le  lendemain  de  son  arrivée  au  pouvoir  si,  par  impossible,  iepavs  j 
venait  à  lui  livrer  ses  destinées Jl  supprimerait  le  budget  de  l’Instruction  publique. 

L’instituteur,  comme  on  Pa  vu  en  Belgique  après  le  triomphe  de  la  réaction  catholique, 
serait  chassé  de  l'école  et  remplacé  par  le  frère  ignorantin.  L’œuvre  scolaire  de  la  troisième 
République  aérait  abolie. 

La  campagne  que  poursuivent,  en  ce  moment,  les  cléricaux  n’a  pas  d’autre  but.  Il 
s’agit  de  sauver  les  Congrégations  et  avec  elles  cette  prétendue  liberté  de  l’enseignement  j 
qui,  entre  leurs  mains,  est  l’arme  la  plus  terrible  contre  la  démocratie  républicaine. 

Électeurs  républicains, 

La  République  est  arrivée  à  un  tournant  de  notre  histoire.  L’heure  est  venue  où  de  i 
votre  volonté*  dépendra  son  orientation  définitive  vers  la  liberté  ôu  vers  la  réaction. 

Vous  direz,  par  vos  votes,  si  nous  devons  entrer  résolument  dans  la  voie  du  progrès,  ; 
marcher  en  avant  ou  reculer  ; 

Vous  direz  si  vous  entendez  faire  le  jeu  de  ^obscurantisme,  si  vous  Voulez  priver  vos  l 
enfants  des  bienfaits  de  l’instruction  et  les  vouer  à  Pignorance; 

Vous  direz  s’il  n’est  pas  temps  de  procéder  aux  mesures  destinées  à  préparer  les  ré¬ 
formes  qui  nous  permettront  de  faire  l’économie  du  budget  des  cultes; 

Vous  direz  enfin  si,  dans  ia  lutte  actuellement  engagée  entre  la  Révolution  française, 
dont  nous  sommes  les  fils  dévoués,  et  la  contre-révolution,  le  parti  républicain  doit  rester  ^ 
fidèle  à  sa  tradition  historique  ou  la  déserter,  si  la  démocratie  doit  céder  le  pas  à  la  sacer- 
doej  atie  ou  si  la  liberté  doit  à  jamais  briser  le  joug  de  Rome  et  consacrer  la  victoire  de  la 
France  moderne  sur  les  représentants  du  passé* 

Vive  la  République! 

Le  Comité  de  la  Ligue  de  Défense  Républicaine 
de  l'Aube* 

(Suit  le  Manifeste  de  VUnion  Républicaine  et  de  la  Gauche  démocratique  du  Sénats 
déjà  publié  à  la  suite  du  programme  de  M*  Bachimont*  —  Voy,  d-dessus.) 


NM  162 


tes: 

le 

lé¬ 

s¬ 

ais 

le. 


-  95  - 

AUDE 


ir&  circonscription  de  l'arrondissement  de  CARCASSONNE 
:f'  M.  SAUZÈDE 

«  f 

ie  Élu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  5.799  vok, 

ne  ! 


il  f 

sut  I  Citoyens , 

Le  grand  parti  démocratique  m'a  confié  le  soin  de  soutenir  le  programme  républicain 
quels  corps  électoral,  par  d’écrasantes  majorités,  a  acclamé  dans  toutes  les  consultations 
de  ces  dernières  années;  les  délégués  de  toutes  les  communes  de  la  circonscription  ont 
pensé  que  ce  programme  devait  encore  triompher  sur  le  nom  d’un  Républicain  connu, 
éprouvé  et  sans  reproche,  capable  de  rallier  toutes  les  bonnes  volontés  et  de  grouper  en  un 
lg  iodestructible  faisceau  toutes  les  forces  vives  de  la  démocratie. 

Désigné  à  l’unanimité  par  le  Congrès  Radical  et  Socialiste,  comme  candidat  unique  aux 
m  Élections  du  27  avril,  j'ai  accepté  cet  honneur  et  ce  devoir  dans  l’intérêt  de  l’union  de  tous 
|  les  sincères  Républicains  et  aussi  dans  l'intérêt  des  besoins  de  notre  pays, 
j  Mon  programme,  vous  le  connaissez,  c’est  celui  qui  comporte  les  réformes  politiques, 
j  économiques  et  sociales,  acceptées  par  les  Républicains  de  la  première  heure,  abandonnées 
e  par  les  timides  on  par  ceux  dont  les  vertus  s’affaiblissent  avec  l’âge,  mais  poursuivies  sans 

çT  relâche  par  les  Républicains  convaincus  et  qui  ne  veulent  rien  abdiquer  de  leurs  espoirs  et 

r„  j  de  leurs  revendications. 

ja  Tout  le  monde  aujourd’hui  se  réclame  de  la  République;  les  candidats  les  plus  arriérés 
n’hésitent  pas  à  se  qualifier  de  Républicains,  parce  qu’ils  sentent  que  la  France  est  invinci¬ 
blement  attachée  au  régime  et  qu'un  gouvernement  de  réaction  est  impossible  aujourd’hui 
et  pour  jamais  à  la  Nation  française.  Mais  les  Électeurs  ne  s’y  trompent  pas;  sans  se  fier  à 
l’étiquette,  ils  vont  droit  au  programme  et  savent  vite  percer,  sous  l’apparence  dont  on  vou¬ 
drait  les  abuser,  les  Réactionnaires  et  les  Conservateurs. 

Non,  on  ne  peut  se  dire  Républicain,  sous  prétexte  qu’on  l’était  la  veille,  pas  plus  qu’on 
l  n’a  le  droit  de  prétendre  à  ce  litre,  en  se  présentant  comme  un  rallié,  quand  on  se  déclare 
contre  les  Lois,  contre  les  Institutions  et  contre  l’esprit  même  de  la  République. 

Mais,  fidèles  à  la  tradition  et  à  la  pensée  démocratiques,  les  Électeurs  ont  droit,  en  ces 
temps  de  crise,  de  réclamer  d’autres  réformes  que  les  réformes  purement  politiques.  Dans 
notre  circonscription  comme  dans  les  arrondissements  et  les  départements  voisins,  le 
propriétaire  et  ie  paysan  souffrent  cruellement  de  la  mévente  des  céréales  et  du  vin.  C’est 
pourquoi  tous  ceux  qui  sollicitent  vos  suffrages  vous  apportent  des  consolations  ou  vous 
offrent  des  remèdes,  même  quand  leur  profession,  leur  passé  ou  leurs  aspirations  les 
empêchent  de  connaître,  autrement  que  par  ouï-direj  les  maux  qui  vous  accablent,  les 
fraudes  qui  vous  ruinent  et  les  lois  qu’il  vous  faudrait. 

Propriétaire  récoltant,  comme  la  plupart  d’entre  vous,  je  sais  par  expérience  les 
besoins  que  nous  ayons  et  la  nécessité  qu’il  y  a  de  se  défendre,  en  ce  moment  décisif  et 
périlleux  pour  l’avenir  de  nos  cultures. 


A  la  Mairie  de  Carcassonne  où  je  suis  depuis  onze  ans,  dont  six  en  qualité  de  Maire, 
au  Conseil  Général  où  la  confiance  des  Électeurs  m’a  appelé,  je  me  sois  efforcé  d’atténuer, 
dans  la  mesure  du  possible,  les  effets  de  la  crise  que  nous  traversons*  Pour  les  ouvriers  de 
la  ville,  d’accord  avec  le  Conseil  municipal,  j’ai  dressé  un  programme  de  grands  travaux 
qui  devaient  servir  à  la  prospérité  générale  et  donner  du  pain  aux  travailleurs  de  notre 
cité*  Certains  de  ces  travaux  ont  été  exécutés,  d’autres  ne  le  sont  pas  encore  et  pour  des 
motifs  qui  ne  me  sont  pas  personnels.  Trop  souvent  arrêté  par  les  caprices  ou  la  mauvaise 
volonté  des  Commissions  supérieures,  dont  je  ne  pouvais  vaincre  les  résistances,  j  ai  estimé 
qu’un  mandat  de  Député  me  permettrait  de  défendre  avec  plus  d’autorité  les  intérêts  de 
mes  chers  Concitoyens* 

Pour  les  ouvriers  des  campagnes  et  les  propriétaires,  je  me  suis  attaché  à  la  réalisa* 
tion  d’un  vœu  que  j’ai  fait  adopter  par  les  Assemblées  délibérantes,  où  j’ai  l’honneur  àt 
siéger,  par  la  Société  d’ Agriculture  démocratique  de  l’Aude,  dont  je  suis  un  des  Vice-Prési* 
dents,  et  que  je  suis  allé  soumettre  aux  Ministres  à  Paris  avec  la  représentation  de  l’Aude,  à 
l’occasion  de  l’ouverture  de  l’Exposition  universelle*  Ce  vœu,  qui  peut  devenir  une  réalité, 
si  le  Gouvernement  et  les  Chambres  veulent  me  suivre,  est  ainsi  conçu  :  «  La  vente  de  tout 
vin  ne  provenant  pas  de  la  fermentation  du  raisin  frais,  est  rigoureusement  interdite  sur  le! 
territoire  français.  » 

J’estime  que  toutes  les  lois  protectrices  de  la  viticulture  sont  obscures  oo  impuissantes, 
que  les  paragraphes  ou  les  amendements  dont  on  les  surcharge  sont  autant  de  fissures  par 
où  V habileté  des  fraudeurs  peut  se  glisser  et  que  nous  avons  besoin  d’un  texte  clair,  précis 
et  ne  pouvant  donner  lieu  à  des  interprétations  diverses.  Celui  que  je  propose  ne  saurait 
être,  je  crois,  plus  limpide  et  plus  concis. 

Je  voudrais,  en  outre,  empêcher  la  fraude  en  la  frappant  de  pénalités  sévères,  comme 
d’une  amende  de  5*000  à  100,000  francs;  de  peines  d’emprisonnement  au  cas  de  récidive^ 
de  la  destruction  des  appareils  ayant  servi  à  la  fabrication  des  vins  et  de  la  confiscation 
des  locaux  ayant  servi  à  abriter  ces  appareils,  au  profit  de  la  Caisse  nationale  des  retraites 
pour  les  travailleurs* 

Enfin,  je  voudrais  organiser  une  surveillance  exercée  par  les  propriétaires  eux-mêmes, 
qui  formeraient  une  Commission  de  contrôle,  composée  de  délégués  élus  par  les  intéressés 
pour  venir  en  aide  aux  employés  de  l’État  dont  ils  seraient  les  auxiliaires  vigilants  et  actifs. 

La  fraude  nous  ruine,  c’est  à  la  fraude  que  nous  devons  déclarer  la  guerre,  c’est  elle 
que  nous  devons  vaincre,  avec  l’aide  de  l’État,  mais  aussi  avec  nos  propres  forces* 

A  côté  de  ces  lois  répressives  et  urgentes,  mon  désir  est  d’arriver  au  monopole  de  l’al¬ 
cool  par  l’État,  monopole  dont  la  majorité  d’entre  vous  sont  partisans.  Vous  connaissez  cette 
question  et  je  n’ai  pas  à  la  développer  davantage.  Je  suis  convaincu  que  les  ressources  ainsi 
réalisées  par  le  Trésor  public  serviraient  à  un  dégrèvement  dont  la  terre,  qui  en  a  tant 
besoin,  profiterait  largement. 

Mon  programme  contient  le  projet  de  percement  du  Canal  des  Deux-Mers,  Vous  n’igno¬ 
rez  pas  tous  les  services  que  rendrait  au  Pays  l’exécution  de  cette  grande  pensée.  Le  creu* 
seraent  d’un  canal  reliant  l’Océan  à  la  Méditerranée  est  indispensable  à  la  défense  nationale, 
à  la  production  et  an  travail  français  ;  il  étendrait  notre  clientèle  de  consommateurs  et 
répandrait  l’aisance  dans  nos  régions.  Le  Comité  et  la  Société  nationale  du  Canal  inter- 
maritime  m’a  fait  l’honneur  de  me  nommer  Président  du  Combe  de  Carcassonne  et  je  con¬ 
sacrerai  mes  effons  à  faire  aboutir  cette  grande  œuvre  que  je  considère  comme  la  fortune 
du  Pays* 

Parmi  les  projets  moins  grandioses,  mais  également  utiles  aux  besoins  de  notre  Pays, 
je  rappellerai  le  vœu  adopté  par  le  Conseil  municipal  de  Carcassonne,  le  Conseil  général  de 
l’Aude  et  la  Société  départementale  démocratique  de  l’Agriculture,  concernant  la  culture  du 
tabac  dans  l’Aude,  qui  permettrait  au  département  de  réaliser  par  cette  production  des 
bénéfices  appréciables. 

Il  est  aussi  une  question  qui  m’a  depuis  longtemps  préoccupé*  L’admirable  plaine 
d’Ahonne  manque  d?irfigatiou  normale  et  nécessaire,  il  est  facile  d’arriver  à  Parrosement 


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N"  1162 


des  terres  par  des  rigoles  qu’alimenterait  le  canal  du  Midi,  il  suffirait  d’un  peu  de  bonne 
volonté  et  c’esi  la  bonne  volonté  qui  manque  trop  souvent  à  nos  Beprésentants. 

Enfin,  depuis  plusieurs  années,  j’ai  le  désir  de  doter  notre  pays  d’un  camp  militaire 
qui  serait  établi  à  Alzonne,  réunirait  au  centre  de  la  circonscription  une  armée  de  cent 
mille  hommes  et  serait  un  débouché  énorme  pour  les  produits  de  notre  sol  :  vins,  bois, 
céréales  et  fourrages. 

L’Administration  de  la  Guerre  s’est  montrée  favorable  à  ce  projet;  une  réunion  de  fous 
les  Maires  des  Communes  intéressées  s’est  déjà  tenue  à  Carcassonne,  le  Député  de  l’Arron¬ 
dissement,  à  cette  époque,  prié  de  meure  son  influence  au  service  de  nos  vœux,  n’hésita 
pas  à  rejeter  nos  demandes  et  me  dit  ironiquement,  quand  je  le  pressais  de  faire  aboutir 
nos  desseins,  que  j’aurais  loisir  de  m’en  occuper  moi-même  quand  je  serais  Député  à  sa 
place. 

J’ai  pris  acte  de  cette  parole  et  j’espère,  avec  votre  concours,  arriver  à  cette  éclatante 
démonstration  qu’uu  Député  peut,  quand  il  veut,  faire  du  bien  à  son  pays. 

Je  n’ai  pas  hésité  en  187®,  quand  aucune  obligation  ne  m’y  contraignait,  à  défendre  le 
sol  de  la  France  envahie  ;  je  saurai  aujourd’hui,  avec  la  même  abnégation,  défendre  la  Répu¬ 
blique  menacée  par  des  gens  qui,  sous  prétexte  de  libertés,  veulent  détruite  la  Liberté,  et 
sous  couleur  de  patriotisme,  rêvent  la  destruction  de  la  République. 

En  même  temps  que  mes  convictions  démocratiques,  je  vous  ai  exposé,  mes  chers 
Concitoyens,  les  principaux  projets  économiques  que  j’ai  l’ambition  de  voir  réaliser.  Ces 
projets  ne  sont  pas  chimériques,  ils  ont  été  profondément  étudiés  et  leur  utilité  a  été  incon¬ 
testablement  établie  ;  il  s’agit  seulement  d’en  poursuivre  la  réalisation  avec  ténacité  et  avec 
vigueur.  Pour  atteindre  ce  but,  vous  pouvez  compter  sur  mon  dévouement  opiniâtre  à  vos 
intérêts  et  mon  affection  ardente  pour  la  ville  où  je  suis  né  et  la  région  où  j  ai  toujours 
vécu.  Vous  savez  que  j’ai  toujours  tenu  ce  que  j’avais  promis. 

Une  République  forte  et  respectée,  une  organisation  économique  plus  morale  et  plus 
juste,  la  défense  de  l’ouvrier,  de  l’usine,  du  commerce  et  des  champs,  la  protection  effi¬ 
cace  de  l’agriculture  et  de  la  viticulture  de  l’Aude,  voilà  ce  que  je  souhaite  de  toutes  les 
forces  de  mon  être,  voilà  ce  que  nous  ferons  en  unissant  nos  efforts,  si  vous  voulez  m  ac- 
corder  votre  confiance. 

Vive  la  République  Démocratique  et  Sociale  1 

Jules  SAUZÈDE, 

Pr  o  p  riétaire-V  i  tien  1  teu  r . 

Maire  de  Carcassonne,  Conseiller  général  de  l’Aude. 


2*  circonscription  de  CARCASSONNE 
M.  THÉRON 

Élu  au  lor  tour  de  scrutin.  —  7.43A  voix. 


Citoyens, 

Dans  un  admirable  élan  d’enthousiasme,  le  Congrès  républicain  d’Union  radicale  et 
socialiste,  réuni  le  13  avril  1902,  à  Capendu,  a  acclainèà  runanimité,  la  candidature  unique 
du  citoyen  Ferdinand  Théron,  Député  sortant. 


13 


—  98  — 


Citoyens  , 

Ce  haut  et  légitime  témoignage  d’estime  et  de  sympathie  rendu  par  500  délégués  au 
représentant  intègre  qui  n’a  jamais  failli  à  son  mandat,  sera  certainement  sanctionné  par 
le  corps  électoral. 

Au  bloc  hybride  qui,  parti  des  modérés  pour  arriver  jusqu’à  l’extrême  droite,  se  rue 
aujourd’hui  à  Tassant  delà  République,  vous  opposerez  énergiquement  le  bloc  de  tous  les 
sincères  démocrates  de  la  circonscription. 

Pour  obtenir  cette  dernière  et  décisive  victoire,  vous  ne  pouviez  avoir  de  plus  digne 
porte-drapeau  que  le  Citoyen  Thêron?  dont  le  passé  vous  répond  de  l’avenir* 

Citoyens, 

Votez  donc  en  masse,  le  27  avril,  pour  le  candidat  unique  du  Congrès  de  Capendu, 
c’est-à-dire  pour  la  République  contre  la  Réaction. 

Pour  le  bureau  du  Congrès  ; 

(Suivent  les  signatures.) 


Circonscription  de  CASTELNAUDARY 

M,  le  marquis  de  LAURENS-CASTELET 
Élu  au  T  tour  de  scrutin,  —  4.767  vont. 


Citoyens, 

,  *8  suis  Mes  convictions  hautement  affirmées  depuis  plus  de  douze  ans 

n  on  pas  varie,  lous  mes  actes  ont  prouvé  ma  sollicitude  pour  les  déshérités  pour  les  tra 
▼ailleurs.  Mais,  pas  plus  que  moi,  vous  ne  confondrez  la  République  avec  un  gouvernement 

Sn  LÜS  llbenéS  !  hbertés  individl,elles’  liberté  d«  travail,  liberté  d’associa- 

tion,  hbeité  densmgnement;  —  qui  a  semé  parmi  nous  la  défiance  et  la  haine-  —  oui  a 

ruine  hndusme  et  l’agriculture;  -  qui  nous  mène  à  la  banqueroute  et  qui  après  avoiî 
lïtTange"  f"  ^  C°UleürS  ^  168  Sa”S'pa'rie  à  sa  «M».  les  a  abaissées  devant 
U  République  ne  doit  pas  être  plus  longtemps  la  proie  de  spéculateurs  avides  ou  de 
pourZ,!  S"!  tf*"  8,18  'l0i,  8,re  ’6rilaW““'  ia  ^«rn.tneni  a,  ions,  par  ,ô»t 

“2* m’h0™ïez  de  ’""'"*«*>■)«  travaillerai  de  toutes  me»  forces  h  la  réalisation 
cmiqne  ,U8  ’°U"  ““  “  “  d’a‘«r.  ' Am  régime  sincèrement  démo! 

nantiSlSt  èa”‘ 1,ei'i,S  'l8.'0“!  -levant  l'impèt  elle  proporlion- 

d  T»ï:  “e  J;"1'*  26  <l8  "  “  ie  ,8M'  aetre  arrondÜen,  d”  20  S ,7 

de  centimes  départementaux  annuels;  —  économie  budgétaire  r>ar  u  iw»i  V  <- 
administrative  la  diminution  du  nombre  de»  fonctionnaires,  l’in Jdjon  dn  cnmoTd“ 
traitements  èt  là  réduction  des  gros  appointements. 

Réforme  de  la  Loi  militaire  réduisant  à  une  année  la  durée  du  service  obligatoire  pour 


99  - 


N°  1162 


tous,  diminuant  les  périodes  d'iMtruction  de  2$  jours  et  supprimant  les  13  jours,  rendant 
ainsi  aux  travaux  de  l'agriculture  et  de  l'industrie  plus  de  30Ü.0ÛÛ  jeunes  gens  par  an.  Des 
engagements  volontaires  assureraient  la  solidité  des  cadres  et  îa  présence  sous  les  drapeaux 
des  effectifs  nécessaires  à  la  défense  du  territoire. 

Réforme  des  Lois  ouvrières  favorisant  le  développement  des  syndicats  professionnels 
et  des  mutualités,  garantissant  les  travailleurs  des  villes  et  des  campagnes  contre  iss  fata¬ 
lités  du  chômage  involontaire,  de  la  maladie,  de  la  vieillesse. 

Afin  de  poursuivre  efficacement  la  réalisation  de  cet  idéal  d'équité  sociale,  il  ne  faut 
pas  que  nous  ayons  a  redouter  des  dissensions  intérieures  ou  des  conflits  avec  ^Étranger, 
il  faut  en  finir  avec  ies  vexations,  les  [violations  do  droit,  les  persécutions  d'où  viennent 
toutes  nos  discordes.  Il  faut  que  notre  année,  honorée  de  tous,  tenue  en  dehors  des  luttes 
politiques,  ne  soit  pas  plus  longtemps  désorganisée,  outragée  par  des  traîtres  ou  des  incons¬ 
cients.  Unie  à  Fintérieur,  respectée  à  l’extérieur,  la  France  reprendra  le  cours  de  ses  glo¬ 
rieuses  destinées  ;  notre  pays  redeviendra  le  soldat  du  Droit  ot  F  artisan  du  Progrès. 

Mon  programme  se  résume  en  ces  mots  jusqu’ici  profanés  : 

Liberté  —  Égalité  —  Fraternité. 

Vive  la  France  î 

Vive  la  République  démocratique  libérale! 

O.  DE  LAURENS-CASÏELÈT. 


- 1 


Circonscription  de  LIMOUX 
M.  DUJÀRDIN-BEAUMETZ 
Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  10.316  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Je  viens  pour  la  quatrième  fois  solliciter  vos  libres  suffrages. 

Je  le  fais  avec  confiance,  car  je  sais  combien  vos  cœurs  répondent  au  mien. 

Depuis  que  vous  avez  bien  voulu  me  confier  le  drapeau  de  la  République,  c’est  par  des 
majorités  toujours  plus  considérables  que  vous  m'avez  envové  à  la  Chambre  des  Députés, 
En  me  donnant  cette,  marque  d’estime  dont  je  sens  tout  le  prix,  vous  avez  voulu  aussi 
montrer  combien  la  politique  sage,  honnête,  indépendante  et  réformatrice  avait  assis, 
dans  notre  pays,  la  République  sur  des  bases  indestructibles 

Soldat  du  parti  radical,  je  veux  avec  lui  la  révision  de  la  Constitution  qui  seule  petit 
assurer  dans  le  vote  de  nos  lois  la  prépondérance  du  suffrage  universel. 

Je  n’ai  jamais  cessé  depuis  treize  ans  de  demander  le  vote  d’un  impôt  général  sur  le 
revenu  qui,  seul,  peut  introduire  plus  de  justice  dans  la  répartition  des  charges  publiques 
et  corriger  en  partie  les  inégalités  fiscales  dont  nous  souffrons. 

Les  lois  sur  l'instruction  laïque  reateront^rhoimeur  de  la  troisième  République  i  elles 
ont  déjà  fait  disparaître  la  plus  grande  partie  de  l’œuvre  néfaste  de  l'Assemblée  de  1349  ; 
nous  devrons  les  compléter  par  des  dispositions  nouvelles  qui  assureront  le  contrôle  effectif 
et  réel  de  l’État  sur  les  établissements  libres. 

J'estime  en  outre  qu’il  importe  de  faire  cesser  une  inégalité  qui  o'a  que  trop 
exigeant  de  ceux  qui  y  professent  les  titres  universitaires,  sans  lesquels-on  ne  ne  ensei¬ 
gner  dans  les  établissements  de  l’État. 


9 

-  fii 


—  100  — 


Membre  pendant  huit  ans  de  la  Commission  de  l'armée  3  fai  pu,  par  une  étude  appro¬ 
fondie,  me  convaincre  que  ie  service  militaire  de  deux  ans,  égal  pour  tous,  sans  exemptions 
ni  dispenses,  donnerait  à  la  France  une  armée  mieux  préparée  aux  devoirs  qui  lui  incom¬ 
bent.  l’estime  que,  sous  le  régime  actuel,  un  nombre  trop  considérable  de  dispensés  ne 
passe  qu’un  an  sous  les  drapeaux.  Je  voterai  donc  le  service  de  deux  ans. 

Aucun  républicain  ne  saurait  oublier  que,  devant  une  Europe  monarchique  en  armes, 
nos  braves  soldats  auront  peut-être  un  jour  l’honneur  de  défendre  non  seulement  le  terri¬ 
toire  national,  mais  aussi  les  institutions  libres  que  la  Nation  s’est  données. 

Ai-je  besoin  de  dire  que  je  veux  une  armée  forte,  disciplinée,  respectueuse  de  la 
Constitution  républicaine  et  de  la  loi,  aussi  résolue  à  réprimer  les  attentats  criminels  des 
césariensque  dédaigneuse  des  attaques  et  des  injures  de  quelques  égarés. 

J’ai  voté  et  je  voterai  toutes  les  réformes  sociales  destinées  à  améliorer  le  sort  des  tra¬ 
vailleurs,  à  assurer  à  leur  vieillesse  le  repos  des  derniers  jours,  et  prendrai  dans  toutes 
les  circonstances  la  défense  du  faible  et  du  déshérité. 

Je  resterai  toujours  un  défenseur  résolu  de  la  propriété  et  de  la  liberté  individuelles* 
Je  repousse  de  la  manière  la  plus  nette  les  doctrines  collectivistes, 

La  Révolution  française  a  fait  de  tous  les  hommes  des  citoyens  égaux  et  libres;  elle  a 
fait  disparaître  dans  des  étreintes  fraternelles  les  inégalités  qui,  avant  elle,  séparaient  les 
hommes  ;  je  réprouve  donc  ceux  qui,  contrairement  à  ces  principes,  veulent  ressusciter  ce 
qu’ils  appellent  tt  la  lutte  des  classes  >j  et  contisqueraient  au  bénéfice  de  l’État,  par  «  la 
socialisation  des  moyens  de  productions  et  d’échanges  »,  les  champs  que,  vos  pères  et  vous, 
avez  défrichés* 

Je  considère  que  ces  théories,  si  elles  étaient  mises  en  application,  entraîneraient  la 
ruine  du  pays  et  ne  seraient  qu’une  résurrection  plus  moderne  de  Lactique  servage  au 
bénéfice  exclusif  des  plus  audacieux  qui  deviendraient  les  dirigeants. 

Si  je  vous  dis  mon  opinion  sur  ces  questions,  c’est  que  pour  la  première  fois  elles 
s’affirment  devant  le  corps  électoral  limouxin. 

Mais  un  péril  bien  autrement  réel  nous  étreint,  je  veux  parier  de  celui  qui  est  créé  par 
la  situation  agricole  et  viticole. 

C’est  à  le  conjurer  que  vos  Députés  ont  employé  tous  leurs  efforts  et  j’y  oonsacrerai  à 
nouveau  toutes  mes  forces. 

Si  notre  bonne  volonté  s’est  heurtée  à  des  difficultés  de  toute  nature,  si  les  résultats 
obtenus  n’ont  pas  été  ceux  que  nous  aurions  désirés,  c’est  que  les  défenseurs  de  la  viticul¬ 
ture  étaient  en  minorité  à  la  Chambre  et  que  les  lois  intéressant  la  viticulture  qui  ont  été 
votées  jusqu1  ici  n’ont  été  que  des  lois  occasionnelles  et  transactionnelles. 

En  fait,  aucun  d’entre  nous,  faisant  ou  ayant  fait  partie  du  Parlement,  n’a  pu  faire 
voter  une  loi  défendant  complètement  nos  intérêts. 

Nos  sociétés  d’agriculture,  nos  comices  agricoles  avaient  été  unaùimes  pour  demander 
le  vote  de  la  loi  des  boissons  et,  pour  ne  pas  compromettre  le  sort  de  la  réforme,  de  la 
voter  sans  amendement. 

Grâce  à  nos  efforts,  elle  a  été  votée  et,  quels  qu’en  soient  les  inconvénients,  cette  loi 
aura  toujours  eu  pour  avantages  de  faire  supprimer  plus  de  150  millions  d’impôts  qui 
pesaient  sur  le  vin,  d’augmenter  considérablement  sa  consommation  et  de  le  faire  pénétrer 
dans  des  régions  où  il  était  presque  inconnu. 

J’ai  fait  partie  de  la  Commission  viticole  et  ai  pu  me  rendre  un  compte  exact  de  la 
situation  d’aujourd’hui  et  des  périls  de  demain.  Cette  Commission  avait  proposé  des 
mesures  que  la  majorité  de  la  Chambre,  appuyée  par  le  Gouvernement,  a  refusé  de  discuter; 
ce  n’est  là,  je  l’espère,  qu’un  échec  momentané  et  je  ferai  tous  mes  efforts  pour  faire 
adopter  ces  mesures  par  la  nouvelle  Chambre. 

Je  réclamerai  notamment  : 

1°  La  liberté  pour  les  propriétaires  de  distiller  leurs  récoltes  sans  l’intervention  de  la 
régie  ; 


N°  1162 


—  101  — 

2°  L'établissement  d’un  tarif  différentiel  entre  le*  eaux-de-vie  de  vin  et  les  alcools 

L’application  complète  et  immédiate  de  la  loi  sur  la  suppression  des  octrois; 
h°  La  suppression  absolue  des  vins  de  raisins  secs;  ,  . 

50  Le  vin  pour  le  soldat,  dont  tous  les  députés  de  l'Aude  et  moi  avons  pris  l’initiative  ; 

6°  La  suppression  complète  du  sucrage  des  vendanges  ; 

70  La  réduction  et  rufliücatkm  des  tarifs  de  transports  avec  retour  gratuit  des  fuis 

g*  L’application  rigoureuse  des  lois  existantes  sur  le  mouillage  en  attendant  le  vote  de 
la  nouvelle  loi  visant  les  fraudes  sur  les  denrées  alimentaires  ; 

9°  L’améiioration  de  ia  mutualité  agricole  ; 

10°  L’ ouverture  de  nouveaux  débouchés  à  l’étranger  par  des  modifications  aux  traites 

de  commerce  existants  ;  *  , 

11°  Suppression  totale  de  la  licence  pour  ics  petits  propriétaires  qui  débitent  leur  \i  . 

Toutes  ces  mesures  seraient  inutiles  si  la  fraude  continuait  a  sexeicei  au  gran  joui. 
Je  demanderai  que  les  fraudeurs,  à  quelle  classe  qu’ils  appartiennent,  soient  rigoureuse¬ 
ment  poursuivis,  et  je  n’hésiterai  pas  à  interpeller  le  Gouvernement  s’il  ne  faisait  pas  tou 

son  devoir. 

Électeurs, 

Vous  pouvez  peser  tous  mes  actes  et  tous  mes  votes.  Je  n’en  regrette  aucun. 

Je  suis  aujourd’hui  ce  que  j’étais  hier,  je  serai  demain  ce  que  je  suis  aujourd  hui. 

En  parcourant  vos  campagnes,  j’ai  retrouvé,  groupés  autour  de  moi,  ces  vaillants 
Citoyens  avec  lesquels  nous  avons  fait  triompher  le  drapeau  républicain  en  , 

6t  1898* 

Nous  n’avons  jamais  vu  dans  nos  rangs  ceux  qui  nous  attaquent  aujourd’hui.  Iis  étaient 
alors  les  auxiliaires,  les  agents  et  complices  de  certains  hommes  politiques  qui  pretendaien 
asservir  notre  arrondissement. 

Par  le  scrutin  du  27  avril,  vous  les  renverrez  à  leurs  maîtres. 

Vive  la  République  ! 

Étienne  BEMJMETZ,  Député  sortant, 
Candidat  républicain  démocrate. 


lro  circonscription  de  NARBONNE 
M.  ALDY 

Élu  au  2°  tour  de  scrutin  —  6.191  voix. 


Citoyens, 

Républicain  Socialiste,  s’inclinant  devant  la  détermination 
ont  eu  à  désigner  un  autre  candidat  pour  l’élection  législa- 
mon  nom.  J’ai  accepté  la  candidature  comme  un  honneur  et 

comme  un  devoir. 


Les  représentants  du  Parti 
irrévocable  du  citoyen  Ferroul, 
tive.  Leur  choix  s’est  porté  sur 


—  m  — 


Dans  les  circonstances  que  nous  traversons,  je  dois  aux  électeurs  des  déclarations 
nettes  et  précises. 

Au  point  de  vue  politique,  mon  programme  est  celui  da  parti  républicain  d’avant-garde 
comportant  : 

Les  mesures  propres  à  assurer  la  liberté  et  Je  secret  du  vote; 

La  laïcisation  complète  de  l’État  par  la  suppression  du  budget  des  cultes; 

Llnstructioi  laïque  et  gratuite  à  tous  les  degrés; 

L'abrogation  de  la  loi  Fallotix; 

L'application  de  la  loi  des  congrégations  et  l'interdiction  an  clergé  de  toute  action  poli- 
tique  et  collective  contre  les  lois  civiles  et  les  libertés  républicaines; 

La  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans, 

Au  point  de  vue  économique,  c’est  le  programme  socialiste  que  je  soutiendrai,  poursui¬ 
vant  la  transformation  d'un  état  social  où  la  richesse  des  tins  est  faite  de  la  misère  des 
autres,  en  une  société  toute  d’égalité,  de  justice  et  de  solidarité,  sans  oublier  qu’en  atten¬ 
dant  il  faut  réaliser  pour  le  prolétariat  les  améliorations  auxquelles  il  a  droit  : 

Règlementation  légale  du  travail; 

Interdiction  du  marchandage; 

fixation  de  la  durée  de  la  journée  de  travail,  avec  sa  garantie  nécessaire,  le  minimum 
du  salaire; 

Organisation  des  retraites  ouvrières; 

Caisses  de  prévoyance  contre  le  chômage; 

Assurance  sociale  contre  tous  les  risques  naturels  et  économiques,  s’appliquant  &  la  to ta 


liîé  des  travailleurs,  avec  extension  à  l’agriculture  de  la  loi  sur  les  accidents; 

Répartition  plus  équitable  des  charges  publiques,  refonte  du  système  fiscal,  application 
de  1  impôt  global  et  progressif  sur  le  revenu; 

Nationalisation  des  grands  moyens  de  production,  de  transport  et  de  crédit,  tels  que  les 
mines,  les  chemins  de  fer,  la  Banque  de  France  etc. 

Mais  un  autre  devoir  non  moins  impérieux  s’impose  à  celui  qui  sera  votre  élu  :  c’est  de 
meure  fin,  par  tous  les  moyens,  à  la  crise  terrible  qui  pèse  sur  notre  région. 

Après  ce  qui  a  été  fait,  après  la  loi  sur  les  boissons  qui  doit  être  améliorée,  après  la 
suppression  des  droits  d’octroi  qui  doit  être  complétée,  il  faut  anéantir  la  fraude,  l’un  des 
plus  redoutables  ennemis  de  la  viticulture,  et  supprimer  les  traitements  de  faveur  aux  pro¬ 
duits  concurrents  étrangers. 

II  faut  réaliser  notamment  ; 


103  — 


N°  1162 


Citoyens, 

Voilà  les  grandes  lignes  de  mon  programme  : 

Défense  étroite  de  nos  intérêts  régionaux; 

Poursuite  incessante  des  réformes  économiques  et  sociales; 

Défense  énergique  et  développement  logique  des  institutions  républicaines  contre  Pas- 
saut  de  toutes  les  réactions. 

En  face  de  ce  programme  se  dresse  la  coalition  des  ennemis  de  la  République. 
Électeurs, 

A  vous  de  choisir*  De  votre  choix  dépend  T  avenir  de  la  Démocratie, 

Vive  la  République  Démocratique  et  Sociale  I 

Félix  ÀLDYj 

Avocat j  Vice-Président  du  Conseil  général  de  l’Aude, 

Adjoint  an  Maire  de  Narbonne,  Candidat  du  Congrès  Républicain  Socialiste, 


2°  circonscription  de  NARBONNE 
M  Albert  SÀRRAUT 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin  —  7435  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Le  suffrage  un  anime  des  républicains  radicaux  et  socialistes  dé  notre  circonscription 
m’a  fait  le  grand  honneur  de  me  désigner  à  votre  choix-  Dans  le  congrès  où  Us  ont  à  la  fois 
traduit  avec  force  vos  aspirations  républicaines  et  affirmé  énergiquement  vos  revendications 
viticoles,  les  mandataires  autorisés  de  nos  quatre  cantons  nvont  jugé  digne,  dans  la  lutte 
actuelle,  de  porter  le  drapeau  de  la  vrais  République  et  de  soutenir  la  juste  cause  de  vos 
intérêts  matériels.  Je  garde  le  ferme  espoir  que  votre  verdict  ratifiera  leur  décision* 

Le  double  programme  d’action  républicaine  et  de  protection  viticole  que  j’ai  pris  l3 en¬ 
gagement  de  défendre,  je  vous  Lai  nettement  exposé  dans  le  libre  débat  des  réunions  pu¬ 
bliques  et  contradictoires. 

Au  moment  où  vous  allez  rendre  voire  jugement  souverain,  je  tiens,  dans  une  affirma¬ 
tion  nouvelle,  h  préciser  le  caractère  des  réformes  politiques,  économiques  et  sociales  à  la 
réalisation  desquelles,  si  je  suis  élu,  je  consacrerai  le  constant  effort  d'une  volonté  ferme  et 
laborieuse. 

Programme  politique  et  social  : 

Au  point  de  vue  politique,  d'abord,  je  suis  et  je  reste  nettement  de  ceux  qui  veulent 
défendre  la  République  contre  les  attaques  furieuses  de  la  coalition  réactionnaire,  conduite 


—  404  — 

une  fois  de  plus  par  la  congrégation  à  l’assaut  de  nos  lois  et  de  nos  institutions.  Libre  à 
certains  républicains  inconscients  de  ne  pas  reconnaître,  sous  le  masque  nationaliste,  les 
éternels  adversaires  cêsariens  et  cléricaux  qu’ils  combattirent  au  2é  mai,  au  16  mai,  à 
l’époque,  boulangiste;  libre  à  certains  candidats,  usurpateurs  audacieux  du  titre  de  répu¬ 
blicains,  de  pactiser  avec  cette  coalition  et  de  chercher  à  lui  livrer,  en  échange  de  ses  suf¬ 
frages  les  clefs  de  la  République  1  Les  démocrates  sincères  de  cette  circonscription  ne  se-  j 
ront  pas  dupes  des  équivoques  misérables  derrière  lesquelles  certains  voudraient  abriter 
leur  faiblesse  ou  leur  défection.  Sur  un  programme  de  réformes,  l’union  de  tous  les  vrais  ^ 
républicains  s’affirme  indissoluble  dans  cette  circonscription,  comme  elle  s’affirme  dans  la 
France  tout  entière,  devant  le  parti  sans  nom  qui  rassemble  toutes  les  factions  hétéro-  f 
dites  de  la  contre-Révolution, 

Mais  une  politique  de  défense  ne  peut  suffire  à  la  République.  Celle-ci,  d  ailleurs,  m  j 
se  défendra  bien  qu’en  devenant  réellement  républicaine,  tfest-à-dire  en  réalisant  les  ré-  ; 
formes  toujours  promises  et  si  souvent  avortées  que  la  démocratie  attend  d’die  depuis 
longtemps. 

Et  d’abord,  issue  du  suffrage  universel,  la  République  se  doit  de  P  affranchir  de  toutes 
les  atteintes  et  de  toutes  les  contraintes  :  il  faut  qu'une  loi  efficace,  protectrice  de  la  cons¬ 
cience  et  de  la  dignité  des  travailleurs,  assure  promptement  la  liberté  et  le  secret  du 
vote. 

La  République  doit  garantir  aussi  le  respect  de  la  liberté  de  conscience  et*  pour  cela, 
s’opposer  à  ce  que  Pon  enseigne,  dans  certains  établissements  privilégiés  par  une  loi  de 
réaction,  les  haines  de  religion  et  les  haines  de  race  qui  divisent  si  profondément  les 
générations  nouvelles.  C’est  pourquoi  le  Parlement  devra  voter  l'abrogation  de  la  loi 
Falloux. 

La  République  doit  aux  citoyens  français  Légalité  et  la  justice.  Elle  les  réalisera  tout 
d’abord  devant  l’impôt.  Le  système  actuel  d’impôts  reste  léger  aux  riches,  trop  lourd  aux 
pauvres;  il  pèse  surtout  d’un  poids  énorme  sur  l’agriculture  et  le  domaine  rural.  L'impôt 
progressif  sur  le  revenu  net  réparera  cette  injustice  en  proportionnant  plus  équitablement 
les  charges.  Il  constituera  essentiellement  le  grand  dégrèvement  des  c  mpagnes  et  delà 
propriété  rurale,  écrasée  à  l’heure  actuelle  par  la  criante  iniquité  de  P  impôt  .oncier,  dont  il 
permettra  de  réaliser  la  suppression. 

La  République  doit  encore  établir  Légalité  devant  l’impôt  du  sang  par  la  réduction  à 
deux  ans  du  service  militaire,  qui  pèse  de  son  poids  le  plus  lourd  sur  la  classe  laborieuse 
des  campagnes  et  des  villes  ;  Légalité  aussi  devant  la  justice,  èn  allégeant  par  une  procé¬ 
dure  plus  simple,  plus  rapide  et  moins  coûteuse,  «  l’impôt  sur  les  procès  »,  qui  ménage  les 
plaideurs  riches  et  écrase  le  plaideur  pauvre  sous  des  frais  de  justice  exorbitants. 

La  République,  enfin,  doit  aborder  résolument  Létude  et  la  solution  des  grandes  ques-  [ 
tiens  sociales,  étendre  sa  protection  bienfaisante  sur  la  classe  laborieuse  par  un  ensemble  ; 
d’œuvres  de  prévoyance  et  d’assurance  qui,  complétant  le  généreux  effort  de  la  mutualité,  j 
préviendront  et  répareront  à  Lavenir  tous  les  risques  sociaux,  chômage,  maladie,  vieillesse. 
L’un  des  premiers  actes  de  la  législature  prochaine  devra  être  d’organiser  enfin  la  caisse 
générale  des  retraites  ouvrières,  aussi  bien  pour  les  travailleurs  agricoles  que  pour  les  tra¬ 
vailleurs  des  villes. 

La  main-d'œuvre  française  a  besoin  d’être  protégée.  L’épargne  et  le  travail  de  l’ouvrier 
devront  être  garantis  contre  Laccaparement  de  la  haute  finance,  contre  les  manœuvres 
d’agiotage  et  la  domination  sans  cesse  croissante  des  pouvoirs  d’argent.  Défenseur  de  la 
propriété  individuelle,  c’est  pour  la  mieux  affermir  aux  mains  de  ceux  qui  la  possèdent  que 
je  suis  partisan  de  mesures  législatives  empêchant  la  constitution  de  grands  monopoles 
particuliers  ayant  le  caractère  de  féodalités  nouvelles  ;  je  pense  donc  qu’il  faudra  faire  ren¬ 
trer  dans  le  domaine  de  LÉtat  certains  grands  monopoles  et  services  publics,  tels  que  les 
mines,  chemins  de  fer,  canaux,  au  fur  et  à  mesure  que  l’exigeront  les  intérêts  de  la 
production  agricole,  comme  ceux  de  la  production  industrielle  et  de  la  défense  na¬ 
tionale. 


—  108  — 


a»  1162 


La  défense  viticole  : 

Propriétaire-viticulteur  et  représentant,  au  Conseil  général,  de  populations  exclusive¬ 
ment  viticoles,  j’ai  depuis  longtemps,  vous  le  savez,  dévoué  mon  effort  à  l’étude  des  causes 
multiples  de  la  crise  qui  nous  a  si  cruellement  atteints  et  à  l’examen  des  mesures  capables 
de  prémunir  la  viticulture  contre  le  reiour  d’un  semblable  et  si  douloureux  phénomène 
économique.  Je  vous  ai,  dans  mes  réunions,  exposé  le  résultat  de  mes  travaux  et  de  mes 
recherches;  j’ai  dissipé  les  équivoques  et  les  mensonges  propagés  au  sujet  de  la  crise  dans 
le  pays  au  moyen  de  statistiques  fausses,  de  chiffres  erronés,  d’affirmations  impudentes  et 

d’arguments  de  mauvaise  foi.  _ 

La  viticulture  doit  être  protégée  dans  le  présent  et  dans  l’avenir  par  un  ensemble  de 
mesures,  par  une  série  de  réformes  constituant  un  programme  de  défense  précis,  net  et 
complet.  Ces  mesures  et  ces  réformes,  je  les  résume  : 

1.  Répression  des  fraudes  sous  toutes  leurs  formes  par  la  stricte  et  vigoureuse  appli¬ 
cation  des  lois  existantes.  , 

Vote  immédiat  par  la  Chambre  de  la  loi,  déjà  votée  par  le  Sénat,  qui  réprime  sévère¬ 
ment  les  falsifications  des  denrées  agricoles  et  notamment  du  vin. 

2.  Extension  nouvelle  donnée  au  marché  de  la  consommation  du  vin  en  France;  sup¬ 
pression  radicale  des  droits  d'octroi  ;  diminution  et  unification  des  tarifs  de  transports  ; 
établissement  d’un  tarif  commun  à  base  kilométrique  décroissante  ;  distribution  quoti¬ 
dienne  de  vin  au  soldat,  avec  latitude,  pour  les  ordinaires,  de  faire  des  achats  directs  et  de 
gré  à  gré  avec  les  propriétaires  ;  facilités  plus  grandes  données  aux  récoltants  pour  parti¬ 
ciper  aux  adjudications  de  fournitures  de  vivres  pour  les  services  publics. 

3.  Extension  du  marché  extérieur  par  le  renouvellement  des  traités  de  commerce  ac¬ 
cordant  à  nos  vins  des  tarifs  de  douane  plus  avantageux. 

If.  Modification  du  régime  des  alcools;  établissement  d’une  taxe  différentielle  sur¬ 
taxant  l’alcool  d’industrie  destiné  à  la  consommation,  afin  de  restituer  le  marché  à  nos 
eaux-de-vie  ;  primes  à  la  dénaturation  des  alcools  d’industrie  allant  aux  usages  industriels; 
stricte  application  de  l’article'  8  de  la  loi  de  1872  sur  les  acquits  de  couleur;  suppression 
de  l’article  10  de  la  loi  des  boissons  en  ce  qui  concerne  la  distillation  des  vins. 

5 .  Crédit  agricole  réorganisé  sur  des  bases  plus  larges  et  plus  démocratiques  -,  créa¬ 
tion  de  caisses  d’assurances  agricoles  avec  le  concours  de  l’Etat;  faculté  plus  grande  donnée 
aux  caisses  d’épargne  de  faire  emploi  de  leurs  fonds  en  faveur  des  caisses  de  crédit 
agricole  ;  modification  de  la  loi  sur  les  warrants  dans  un  sens  plus  favorable  à  ia  vit! 

culture.  ,  . 

6.  Mesures  générales  intéressant  l’agriculture  :  création  de  chambres  d  agriculture, 

servant  d’intermédiaire  entre  l’agriculture  et  les  pouvoirs  publics;  réfection  du  cadastre; 
diminution  des  frais  de  mutation  pour  la  moyenne  et  la  petite  culture;  réforme  du 
régime  hypothécaire;  révision  de  la  loi  sur  la  chasse  et  la  pêche  dans  un  sens  plus  démo¬ 
cratique,  l 

7.  Dégrèvement  de  la  propriété  foncière  dans  ^arrondissement  de  Narbonne  par  une 

nouvelle  évaluation  parcellaire. 

Mes  chers  Concitoyens, 

IL  faut  parler  net  et  faire  tomber  les  masques.  Vous  avez  à  choisir  entie  nous  et  des 
adversaires  incapables  d’avouer  la  politique  qu’ils  servent  et  qui,  par  leur  résistance  égoïste 
à  toutes  les  réformes,  sont  largement  responsables  des  maux  dont  vous  avez  souffert.  Vous 
avez  à  choisir  entre  ceux  pour  qui  le  mandat  électif  ne  peut  être  qu’une  simple  fonction 
honorifique,  et  ceux  qui  veulent  au  contraire  consacrer  à  P  exercice  de  ce  mandat  et  à  la  dé¬ 
fense  de  vos  intérêts  une  fidélité  infatigable  et  le  dévouement  passionné  d  un  coeui  qui 
a  partagé  vos  peines  et  vécu  vos  souffrances. 

là 


—  406  — 

Depuis  près  de  quatorze  ans,  par  la  plume  et  par  la  parole,  j’ai  lutté  sans  trêve  pour 
vos  aspirations  démocratiques  et  pour  vos  besoins  économiques. 

Au  sein  de  Passediblée  départementale,  fai  défendu  sàns  défaillances  les  intérêts  géné¬ 
raux  de  notre  circonscription.  Au  Parlement,  je  consacrerai  à  la  même  tâche  toute  Parieur 
d’une  conviction  ardente  et  profonde,  et  toute  Pènergie  d’une  volonté  résolument  indépen¬ 
dante  et  libre. 

Vive  la  République  démocratique  éï  sociale  î 

Albert  SAEEÀUT, 

Docteur  en  droit,  propriétaire-viticulteur, 
Conseiller  général  du  canton  de  Lézîgnau, 
Membre  de  la  Société  démocratique 
d’encburageinent  à  PAgriculture; 


—  107  — 


N*  1162 


AVEYRON 


Circonscription  d’ESFALION 

M.  MÀSSÀBÜÀU 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin*  —  7,256  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Vous  m’avez  élu,  il  y  a  quatre  aps,  pquf  ^éfpitdfre  toutes,  Iqs  gp\  §qqt  la  base  de 

la  République  et  protéger  Fa^mée  contre  les  entreprises  du  sypçiic^  ïgdéq-maçonq|qpg 
formé  pour  réhabiliter  Dreyfus.  Malgré  les  manoeuvres  d’un  ministère  constitué  $ans  ||| 
unique  bnf,  le  traître  fut  condaniqé  une  secqpde  fois. 

Alors,  pour  se  maintenir  au  pouvoir,  Waldçcjç-Rqussqau,  squs  prétexta  (Je  dqfendrq 
la  République,  se  mit  à  la  compromettre,  malgré  les  protesf^îqqs  de  scs  anciens  amis 
Ribot,  Méline,  Charles  Ferry,  Renault-Morlière  et  de  Marcère,  qui  furent  avec  Gambetta 
les  pères  de  la  République  et  parmi  lesquels  seront  choisis  sûrempRt  (e£  iqipistres  de 
demain. 

Çes  républicains,  et  ceux  qui,  comme  moi,  les  suivaient,  furent  mis  à  Finrîex* 

Et  pour  gouverner  sans  nous,  M.  Waldeck-Rousseau  fit  appel  à  ces  socialistes  qui  vou¬ 
laient  également  partager  et  l’ usine  des  villes  et  le  champ  deux  fois  sacré  que  le  paysan  a 
reçu  de  ses  pères  et  qu'il  transmet  à  ses  enfants  k  force  dé  privation  et  de  travail* 

Cette  majorité  factice,  qui,  quoi  qu’il  arrive,  ne  se  retrouvera  plus  dans  deux  mois,  a 

voté 

1°  La  lot  sur  les  boissons  qui  a  ruiné  pos  compatriotes  parisiens  ty  accru  le  déficit; 

T  La  loi  contre  les  Congrégations  par  laquelle,  malgré  la  promesse  ijypqçnte  d’une 
autorisation  toujours  révocable,  vous  verrez  vos  frères  et  vos  sçpurs  chassés  de  leur  cquvqnt 
Fun  après  Fautre,  et  sans  bruit  venir  successivement  vous  réç|aiqey  Jpur  place  au  foyep ; 

3°  La  loi  prescrivant  dans  trois  ans  l’expulsion  des  soqurs  eqsdgnantps  de  tqqtes  yqq 
écoles  publiques. 

Et,  dans  la  prochaine  Chambre,  les  frapcs-mqçoqs  qui  soutiennent  le  mmjstèçe 
comptent  faire  voter  le  stage  scolaire  jpaginé  par  M.  Wald^k-Rousseau  pour  suppr^pp  îq 
droit  du  père  d'élever  son  fils  à  sa  guise  et  interdire  le§  fppctions  publiques  aux  éiqve^ 
frères  et  des  sœurs. 

Et  comme  la  politique  jacobine  amène  toujours  le  déficit,  il  leur  a  spfli  de  depx  ans  de 
pouvoir  pour  élever  ce  déficit  à  345  millions  (Rapport  général  au  Sénat,  par  A*  Dubq^t)  alor^ 
que  le  budget  de  18?q,  préparé  par  le  ministère  Méïine,  avait  dqnné  76  millions  d’excé- 
dental  Nous  courons  ainsi  à  la  banqueroute  et  à  la  rqiqq. 

Le  pays  comprend  si  bien  le  péril  qu’il  sc  lèvq  ppiir  le  cqn jurer,  flqqs  un  élan  incoqqq 
depuis  1871, 

Néanmoins,  la  faction  qui  nous  opprime  p[étqn$  s'imposer  de  force.  Promesses, 
menaces,  délations,  intimidations  et  mensonges  de  tout  genre  sont  mis  en  oeuvre  par  ces 


—  108  — 


gens  qui  jouent  leur  dernière  carte,  et  avec  lesquels  les  fonctionnaires  auraient  tort  de  se 
solidariser. 

On  me  combat  ainsi  parce  que,  suivant  le  vœu  de  la  majorité  du  Conseil  général  et 
celui  de  mes  électeurs,  jTai  défendu,  avec  tous  nos  députés,  un  seul  excepté,  la  liberté  de 
conscience  combattue  par  le  ministère  dont  M,  Talon  est  aujourd'hui  le  porte-drapeau. 

Pour  ne  pas  heurter  de  front  nos  populations  amies  de  l'ordre  et  jalouses  de  leurs 
croyances  religieuses,  suivant  un  mot  d'ordre  partout  habilement  exécuté,  ce  candidat 
nouveau  fait  taire  les  amis  compromettants,  prêche  partout  la  modéraiion  et  promet  la 
liberté. 

Car,  ce  que  l'on  veut  avant  tout,  c’est  notre  défaite  qui  serait  le  désaveu  par  nos  élec¬ 
teurs  de  nos  si  vives  protestations,  l'absolution  de  la  conduite  du  ministère  et  l'encourage¬ 
ment  formel  à  continuer. 

En  face  d'un  adversaire  qui  persiste  à  rester  le  candidat  de  l'équivoque  en  arborant 
d3un  c6té  mon  programme  et  en  se  proclamant  de  l'autre  l'homme  de  ce  ministère  dont  il 
approuve  sans  réserves  tous  les  actes  dans  sou  journal,  en  Face  de  cet  homme  qui  veut 
être  à  la  fois  chien  et  loup,  je  vous  dirai  :  Si  le  Gouvernement  voulait  réellement  autoriser 
les  Congrégations,  il  l'aurait  fait  avant  les  élections  et  ne  nous  aurait  pas  laissé  cette  arme 
redoutable.  L’expulsion  des  sœurs  est  seulement  différée  dans  un  but  électoral  I 

A  vous  tous  qui  aimez  les  déclarations  nettes  et  les  situations  franches,  je  dirai  encore  : 
Si  vous  approuvez  le  louche  syndicat  qui  depuis  bientôt  trois  ans,  pour  l'unique  profit  des 
Francs-Maçons  et  des  Juifs,  persécute  nos  croyances,  désorganise  notre  année,  ruine  nos 
finances  et  veut  accaparer  la  République  en  faisant  élire  une  Chambre  à  sa  dévotion ,  votez 
pour  mon  adversaire. 

Sit  au  contraire,  vous  voulez  la  liberté  de  conscience  et  l'indépendance  du  vote,  ta 
défense  des  contribuables  contre  les  hudgétivores,  le  peuple  maître  dans  la  République 
affermie,  votez  pour  moi  qui  serai  avec  le  ministère  de  demain. 

Chers  concitoyens, 

Dans  l'ardeur  de  la  lutte,  je  n'ai  pas  oublié  ce  coin  du  Rouergue,  où  je  suis  né,  et  que 
je  représente. 

Après  trois  ans  d'efforts,  j'ai  obtenu  pour  notre  département,  sur  la  cote  mobilière,  un 
dégrèvement  annuel  de  80*000  francs  qui  s'ajoute  à  celui  toujours  maintenu  sur  les  petites 
cotes. 

Le  chemin  de  fer  d’Espalkm,  juste  réparation  d'une  trop  longue  injustice,  serait,  vous 
disait-on,  il  y  a  quatre  ans,  privé  de  toute  subvention  si  j'étais  élu.  L’inscription  au  budget 
de  trois  millions  cinq  cent  cinquante  mille  francs  de  crédits,  qui  permettent  de  travailler 
sans  relâche  à  cette  ligne  dont  les  derniers  lots  doivent  se  terminer  dans  trois  ans  vous 
prouve  ce  que  valait  cette  affirmation. 

J'ai  obtenu  du  Ministre  des  Travaux  publics  la  mise  à  fétude  de  la  rectification  de  la 
route  d'Espalion  à  Laguiole,  complément  indispensable  de  la  voie  ferrée. 

J'ai  dénoncé  à  la  tribune  l'entrée  dn  bétail  italien,  rétablie  par  ce  traité  qu'a  fait  voter 
malgré  nous  M.  Délaissé,  et  que  des  tarifs  de  chemin  de  fer  dont  j'ai  demandé  la  révision 
transportent  meilleur  marché  que  le  bétail  du  pays.  Pour  seconder  nos  vaillants  viticulteurs 
dans  la  crise  qu'ils  traversent,  j'ai  été  Pua  des  promoteurs  du  vin  aux  soldats. 

Père  de  famille  comme  la  plupart  d'entre  vous,  je  veux  îe  service  militaire  d’un  an  qui 
avec  un  noyau  de  rengagés  fera  une  armée  forte  tout  en  rendant  à  la  terre  ses  travailleurs 
deux  ans  plus  tôt. 

J’estime  qu’avec  un  budget  qui  dépasse  trois  milliards  et  demi  le  Gouvernement  doit  se 
suffire,  avec  un  peu  d’ordre  et  d’économie,  et  je  ne  cesserai  de  protester  contre  le  gaspil¬ 
le  et  l’accroissement  des  dépenses,  car  c’est  en  deimier  lieu  la  masse  des  paysans  qui 
payera  toujours  les  places  et  les  faveurs  promises  à  quelques  privilégiés. 

Le  dégrèvement  des  impôts  qui  écrasent  l'agriculture  vous  était  promis  il  y  a  quatre 


N*  U  62 


—  109  — 

ans  par  nos  adversaires,  qui,  une  fois  nommés,  n'ont  plus  pensé,  malgré  nos  réclamations, 
qu’à  persécuter  les  Congrégations*  Ce  dégrèvement,  nous  le  ferons  par  des  économies. 

4  Je  continuerai,  en  outre,  comme  par  le  passé  à  faire  aboutir  vos  revendications,  bien 
que  certains  proclament  mon  impuissance  avec  la  même  inconscience  qui  leur  fait  affirmer 
au  pays  que  1* attitude  politique  de  ses  représentants  Ta  privé  de  chemins,  tandis  qu’ils  che¬ 
minent  sur  ces  belles  routes  ouvertes  [par  nos  devanciers  et  dont  nos  amis  du  Conseil 
général  complètent  sans  cesse  le  réseau* 

Les  secours  aux  églises  et  presbytères,  les  concessions  de  livres  et  de  matériel  aux 
écoles  publiques,  les  nombreux  services  rendus  à  ceux  qui  m'ont  sollicité  prouvent  que  j'ai 
su  faire  triompher  les  justes  revendications* 

À  vous  maintenant  de  me  juger* 

Entre  la  dictature  d'hier  et  la  République  libérale  de  demain,  vous  choisirez  aisément, 
et  vous  irez  aux  urnes,  avec  la  France  entière,  pour  vous  affranchir  d'une  tyrannie  sectaire 
et  assurer  le  triomphe  de  la  République  pour  tous  et  le  règne  de  la  liberté. 

J.  MASSÀ13UAU, 

Avocat  au  barreau  d'Espalion,  Député  sortant. 


Circonscription  de  MILLAU 

M*  BÀLITRÀftD 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin*  —  8*255  voix, 


La  lutte  qui  va  s'engager  sera  décisive  pour  les  destinées  de  la  République,  à  laquelle 
toutes  les  Réactions  coalisées  s'apprêtent  à  livrer  un  furieux  assaut.  M'osant  plus  l'attaquer 
de  front,  elles  empruntent  l'étiquette  républicaine  pour  surprendre  votre  vigiiance.  Mais  la 
Démocratie  saura  déjouer  le  piège;  et  reconnaissant  dans  les  rangs  de  nos  adversaires  tous 
les  ennemis  de  la  République,  d'un  revers  de  sa  main  puissante  elle  fera  sauter  leur 
masque  et  jettera  à  terre  leurs  perfides  combinaisons* 

Les  Républicains  de  l'arrondissement  de  Millau  m'ont  confié,  cetle  fois  encore,  la 
garde  du  drapeau  menacé*  C'est  en  leur  nom  que  je  viens  de  nouveau  faire  appel  à  votre 
concours  et  solliciter  vos  suffrages* 

je  n'aurais  rien  à  retrancher  de  mon  programme  de  1898,  si  plusieurs  des  réformes 
qui  y  étaient  inscrites  n'avaient  été  accomplies  au  cours  de  la  dernière  législature*  II  faut 
citer  notamment  la  loi  du  26  février  1901,  qui,  en  opérant  la  déduction  du  passif  dans  le 
calcul  des  droits  de  succession,  a  réalisé  un  dégrèvement  évalué  à  63  millions  par  an  au 
profit  des  petits  héritages;  et  la  loi  du  29  décembre  1901,  qui  a  presque  complètement 
dégrevé  les  boissons  hygiéniques* 

Parmi  les  questions  qui  restent  pendantes,  je  persiste  a  placer  au  premier  rang  celle 
de  l’impôt  sur  le  revenu. 

Suppression  de  l’impôt  foncier,  de  l'impôt  des  portes  et  fenêtres  et  de  la  contribution 
personnelle-mobilière  ;  remplacement  par  un  impôt  général  et  progressif  sur  le  revenu, 
supporté  seulement  par  les  contribuables  ayant  plus  de  2*500  francs  de  revenu  net  :  telles 
sont  les  grandes  lignes  de  cette  réforme,  qui  nous  dégrèverait  dans  l'Aveyron  de  la  moitié 
au  moins  de  nos  impositions* 

Je  prends  formellement,  sans  restrictions  ni  réticences,  l'engagement  delà  voter*  Si  l'on 
me  présente  un  projet  qui  me  semble  défectueux,  je  ne  dirai  pas,  comme  d'autres  :  Il  est 


m 


mauvais,  repoussons-le,  —  Non  t  Je  dirai  !  S’il  est  imparfait,  corrïgeons-le;  unissons  nos 
efforts  pour  l’améliorer,  mais  donnons  enfin  au  peuple,  aux  paysans  et  aux  ouvriers,  cette 
réformé,  si  impatiemment  attendue! 

Je  voterai  également  la  loi  sur  les  retraites,  qui  est  déjà  venue  en  discussion  devant  la 
Chambre,  mais  que  les  manœuvres  réactionnaires  ont  aussi  réussi  à  faire  ajourner. 

Mon  concours  est  également  acquis  à  toute  proposition  ayant  pour  but  ; 

L’allégement  des  charges  excessives  qui  pèsent  sur  l’Agriculture  ? 

L’organisation  et  le  développement  du  Crédit  agricole  ; 

La  suppression  des  primes  allouées  aux  grands  raffmeurs  de  sucres; 

L’extension  des  droits  et  de  la  capacité  des  syndicats  professionnels, et  en  général  toute 
mesure  propre  à  favoriser  îa  mutualité,  l’assurance,  la  prévoyance  et  à  prévenir  les  inconvé¬ 
nients  du  chômage  ; 

Le  règlement  amiable  des  différends  relatifs  aux  conditions  du  travail; 

La  réduction  des  gros  traitements  et  la  suppression  des  emplois  inutiles; 

L’amélioration  dp  sort  des  petits  employés  et  particulièrement  celui  des  instituteurs 
publics,  par  une  loi  assurant  à  ces  vaillants  pionniers  de  J’œuvre  républicaine  une  situation 
digne  de  leurs  services; 

La  protection  de  la  liberté  du  vote  et  la  répression  de  la  corruption  électorale  ; 

La  réduction  à  deux  ans  de  la  durée  du  service  militaire,  déjà  adoptée  en  principe  par 
la  Chambre  des  Députés; 

La  suppression  des  treize  jqurs  e|  la  y^duction  des  vipgt-ijuit  jours . 

Eu  ce  qui  concerne  la  question  religieuse,  dont  nos  adversaires  cherchent  à  faire  un 
instrument  d’agitation  politique,  je  me  déclare  partisan  sincère  de  la  liberté  de  conscience, 
héritage  sacré  de  la  Révolution  française  que  la  République  a  toujours  respecté;  je  crois  à  la 
nécessité  du  maintien  du  Concorda^  J'estimp  sçulcmpqt  que  le  domaine  de  la  Religion  doit 
être  séparé  de  celui  de  la  Politique,  et  que  1  Etat  a  le  droit  et  le  devoir  de  prendre  les 
mesures  nécessaires  pour  assurer  la  défense  des  institutions  républicaines  et  la  suprématie 
du  pouvoir  civiL 

La  loi  Falloux  devra  être  abrogée,  et  remplacée,  non  par  un  monopole  d’Éta|  qui  serait 
une  atteinte  à  la  liberté,  mais  par  des  dispositions  législatives  instituant,  dans  les  établis¬ 
sements  d’enseignement  libre,  le  contrôle  effectif  de  l’Etat  et  l’égalité  des  gradps  univer¬ 
sitaires. 

Si  j’envisage  enfin  notre  politique  extérieure,  je  crois  que  le  pays  doit  se  féliciter  de  la 
manière  dont  elle  a  été  conduite  dans  ces  dernières  armées.  Tous  les  bons  Français  ont  vu 


avec  bopheur  se  resserrer  chaque  jour  davantage  les  liens  qui  nous  unissent  à  la  Russie’ 
La  dernjère  visite  du  Tzar  en  France,  les  grandioses  revues  de  Dunkerque  et  de  Bêtheny, 


ont  permis  à  nos  alliés  et  au  monde  entier  de  juger  de  la  puissance  et  des  progrès  continus 
de  not|e  admirable  armée,  objpt  de  la  constante  sollicitude  do  Gouvernement  de  la  Répu¬ 
blique.  Enfin  le  prochain  voyage  du  Président  de  la  République  en  Russie,  va  donner  à 
l’alliance  franco-russe,  une  nouvelle  et  éclatante  consécration.  Mon  concours  eït  acquis  à 
cette  politique  qui,  tout  en  assurant  la  paix  de  l’Europe,  a  rendu  à  la  France  son  rang  dans 
les  conseils  du  monde. 

Tel  est,  mes  chers  concitoyens,  le  programme  que  je  défendrai,  si  vous  m’en  confiez 
le  mandat.  J’ai  la  profonde  conviction  qu’il  répond  aux  aspirations’  de  la  grande  majorité 

du  rmvfi.  fit  rme  ta  scrutin  rln  9*7  ^ 1  ™  .  .  ^  , 


du  pays,  et  que  le  scrutin  du  27  avril  se  terminera  par  une  magnifique  victoire 


blicaine. 

Vive  la  République  démocratique  I 

André  BAJMTRANJ), 

Avocat,  Conseiller  général  du  canton  de  Millau. 


141  — 


N®  «62 


1'*  circonscription  de  RODEZ 
M.  LACOMBE 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  ~  7.682  voix. 


Mes  chers  Compatriotes, 

Égaré  par  d’odieux  mensonges  et  falsifié  par  une  scàndalfetisé  pressibn,  le  Scrutin  de 
1898  m’éloigna  momentanément  de  la  Chambre  des  Députés,  où  j’avais  fait  œuvre  Utile  et 
rendu  quelques  services  à  mon  pays. 

Poursuivi,  même  après  la  défaite,  par  lé  plus  incroyable  acharnement,  j’ai  réussi  à 
faire  éclater  la  vérité  et  à  triompher  de  mes  persécuteurs. 

Les  juridictions  administratives  et  judiciaires  les  plus  élevées  l’ont  reconnu,  ainsi  que 
mes  concitoyens  de  Rodez,  dont  vous  connaissez  les  verdicts  éclatants  et  répétés. 

Ces  circonstances  m’ont  imposé  le  devoir  de  m’arracher  à  un  repos  bien  gagné,  pour 
entreprendre  une  nouvelle  campagne  qui,  tout  en  récompensant  l’héroïque  fidélité  de 
6.Ü00  électeurs,  va  permettre  à  tous  ceux  dont  la  conscience  fut  un  moment  troublée  de 
coopérer  librement  à  une  œuvre  de  justice  et  de  réparation. 

C’est  dans  ces  conditions,  essentiellement  honorables,  que  je  viens  faire  appel  à  votre 
bienveillant  suffrage. 

Ne  pouvant  rééditer  leurs  accusations  contre  l’honnêteté  de  ma  vie,  mes  adversaires 
voudraient  me  faire  passer  pour  un  démolisseur  d’églises  et  un  destructeur  de  couvents  : 
mensonges  et  calomnies!  Les  trompeurs  de  1898  n’ont  pas  perdu  l’habitude  de  mentir  i  ils 
ont  changé  la  formule,  voilà  tout. 

Un  coup  d’œil  donné  sur  les  édifices  et  les  couvents  de  la  ville  de  Rodez,  que  j’admi¬ 
nistre  depuis  seize  ans,  et  sur  les  églises  netlvés  et  restaurées  de  nos  communes  suffit  pour 
constater  que  jamais  le  culte  religieux  ne  fut  plus  libre,  ni  mieux  subventionné  :  rien  ne 
sera  changé  à  ce  régime. 

Ajoutez  à  cela  que  je  ne  suis  ni  un  impie,  ni  un  franc-maçon,  et  que  je  suis  en  train 
de  poursuivre,  devant  les  tribunaux,  les  journaux  qui  m’ont  donné  cette  dernière  qualifi¬ 
cation,  dont  on  fait  un  épouvantail  absurde  mais  diffamatoire.  Jouissant  de  ma  pleine 
liberté,  je  n’obéis  qu’à  ma  conscience. 

De  son  côté,  le  Gouvernement,  respectueux  des  décisions  judiciaires  et  de  la  volonté 
des  électeurs,  a  mis  fin  à  la  politique  tracassière  qui  déchirait  notre  pays.  11  a  reconnu  ses 
véritables  amis  ;  pour  eux  s’ouvre  une  ère  d’influence  conciliatrice  et  pacifique  dont  leurs 
concitoyens  profiteront. 

Vous  n’attendez  pas  de  moi  un  programme  détaillé.  Ma  vie  d’homme  publie,  tout 
entière  consacrée  au  service  de  mes  concitoyens,  est  ma  meilleure  caution. 

Relisez  dans  ie  Courrier  l'expoàé  complet  fait,  il  y  a  qüatre  ans,  de  nies  travaux  légis¬ 
latifs  ;  vous  y  verrez  que  je  fus  à  la  Chambre  l’un  des  promoteurs  de  l’impôt  global  et 
progressif  sur  le  revenu,  du  service  de  deux  ans  avec  Suppression  des  dispenses,  et  dé 
nombreux  projets  inspirés  par  l’intérêt  que  je  porte  à  la  cause  des  travailleurs  et  du  petit 
cultivateur,  tels  que  la  réduction  dü  taux  légal  de  l’intérêt  et  les  dégrèvements  des  charges 
qui  pèsent  sur  les  familles  nombreuses. 

Deux  questions  sont  venues  depuis  à  l’ordre  du  jour  :  celle  des  Associations  et  celle  de 
l’Enseignement  secondaire. 

La  loi  de  1850  ne  répond  plus  aux  nécessités  sociales  présentes.  Je  voterai  sa  révision 


—  112  — 

dans  1©  sens  le  plus  démocratique  et  aussi  pour  fortifier  les  droits  de  l'État  par  l’égalité  de 
grades  et  i'uniférmité  de  contrôle, 

La  loi  sur  les  associations  n’est  pas  une  mesure  révolutionnaire;  elle  placera  les 
congrégations  dans  une  situation  régulière  et  légale  qui  leur  donnera  des  garanties  qu’elles 
n'avaient  pas.  Elles  Font  compris,  puisqu’elles  se  sont  conformées  à  la  loi  en  demandant 
immédiatement  V autorisation,  qui  ne  leur  sera  pas  refusée.  Ceux  qui  vous  disent  ou  écrivent 
le  contraire  vous  trompent  pour  essayer  de  troubler  vos  consciences  h  la  veille  du  vote. 

Chers  Concitoyens, 

Vous  irez  au  scrutin  en  hommes  libres,  éclairés  et  conscients  de  leurs  devoirs. 

Effacer  l’œuvre  néfaste  des  calomniateurs  de  1898  ;  réparer  leurs  injustices  atroces, 
voter  en  même  temps  pour  un  homme  influent,  utile  et  conciliant,  telle  est  la  tache  magni¬ 
fique  et  l’œuvre  sainte  qui  vous  est  dévolue. 

Je  sais  que  vous  n’y  faillirez  pas. 

Le  scrutin  du  27  avril  sera  la  revanche  du  droit  et  le  triomphe  de  la  vérité. 

Veuillez  agréer,  chers  Concitoyens,  l'assurance  de  mes  sentiments  toujours  dévoués. 

Vive  la  République  î 

Louis  LACOMRE, 

Avocat, 

Propriétaire-Agriculteur, 

Maire  et  Conseiller  général  de  Rodez , 
Chevalier  de  la  Légion  d’honneur. 


2e  circonscription  de  RODEZ 
M,  GAFF1ER 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  ■—  8,607  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

La  forme  du  Gouvernement  n’est  plus  en  discussion,  la  République  est  définitivement 
fondée,  elle  est  intangible. 

Il  s’agit  seulement  de  choisir  entre  deux  Républiques  : 

L’une  libérale,  décentralisatrice,  économe  des  deniers  du  contribuable; 

L’autre  intolérante  et  sectaire,  entrant  dans  les  voies  du  collectivisme,  accroissant 
constamment  les  fonctions  de  l’État,  créant  des  monopoles  publics,  augmentant  Le  nombre 
des  emplois,  et,  par  voie  de  conséquence,  faisant  peser  sur  le  pays  des  charges  de  plus  en 
plus  lourdes  qu’il  ne  pourra  bientôt  plus  supporter. 

Entre  ces  deux  Républiques  mon  choix  n’a  jamais  été  douteux;  vous  avez  mes  votes 
pour  me  juger. 

En  1898,  j’ai  dû  mon  élection  aux  laboureurs  et  aux  vignerons;  c’est  à  eux  qu’en  toute 
confiance  je  viens  demander  le  renouvellement  de  mon  mandat. 

Je  veux  qu’ils  soient  libres  dans  le  choix  des  éducateurs  de  leurs  enfants;  je  repousse 
le  stage  scolaire. 


—  113  — 


N°  1162 

Je  veux  que  plus  tard  le  service  militaire  leur  garde  ce3  mêmes  enfants  le  moins  de 
temps  possible  et  j’ai  voté  le  principe  de  la  réduction  à  deux  ans  du  service  militaire,  sous 
réserve  des  mesures  à  prendre  pour  ne  pas  affaiblir  la  force  de  l’armée,  sauvegarde  de  notre 
indépendance. 

Au  point  de  vue  des  intérêts  matériels,  je  veux  le  maintien  des  droits  protecteurs  et 
la  péréquation  des  charges  qui  pèsent  sur  les  immeubles  ruraux  et  sur  la  fortune  mobilière. 

Dans  les  scrutins  des  21  novembre  1890  et  h  juillet  1901,  j’ai  voté  la  discussion  immé¬ 
diate  de  l’établissement  d'un  impôt  sur  le  revenu. 

Au  cours  de  la  législature,  je  me  suis  spécialement  occupé  de  deux  projets  intéressant 
notre  région  et  je  suis  intervenu  à  la  tribune  pour  les  faire  aboutir  : 

1°  Le  dégrèvement  des  vignes  phyiloxérées  et  non  replantées,  dégrèvement  voté  par 
la  Chambre,  mais  que  le  Sénat  n’a  pas  encore  adopté; 

2°  L’augmentation  des  crédits  destinés  à  la  construction  de  nos  chemins  vicinaux. 

Je  continuerai  à  poursuivre  la  réalisation  de  ces  deux  mesures. 

Comme  par  le  passé,  vous  me  trouverez  obligeant  et  serviable  envers  chacun  de  vous. 

Votre  Député  sortant, 

E.  GAFFIER. 


Circonscription  de  SAINT-AFFRIQUE 

M.  de  CASTELNAU  j 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  7.729  voix. 


Mes  chers  Compatriotes, 

Je  viens  solliciter  vos  suffrages  pour  avoir  le  droit  de  vous  servir  et  de  servir  mon  pays. 

Voilà  toute  mon  ambition  ! 

M' n  programme,  vous  le  connaissez.  Je  l’ai  exposé  dans  toutes  les  communes  de 
l’arrondissement. 

Vous  savez  que  vous  n’avez  pas  à  trancher  une  question  de  forme  de  gouvernement. 

La  République  n’est  pas  en  cause. 

Elle  est,  ta  France  la  veut,  je  la  veux  avec  elle. 

■Il  s’agit  de  savoir  :  si  la  liberté  pour  tous,  si  l’égalité  de  tous  les  citoyens  devant  la  loi, 
si  le  respect  des  droits  les  plus  sacrés  des  consciences,  resteront  la  base  de  nos  institutions 
républicaines,  ou  si,  se  mettant  en  contradiction  avec  leur  nature,  elles  deviendront  un 
régime  de  despotisme,  d’intolérance  et  d’anarchie  ! 

C’est  à  vous  de  résoudre  la  question  ! 

Voulez-vous  que  la  République  soit  la  négation  de  toute  idée  religieuse  ? 

L’onnemie  irréductible  delà  liberté  d’enseignement  sous  toutes  ses  formes? 

La  destruction  de  toutes  nos  congrégations  religieuses  et  de  toutes  nos  écoles  libres? 

L’organisation  de  la  ruine  de  toutes  les  forces  vives  de  la  patrie  :  agriculture,  commerce, 
industrie,  travail,  armée? 

Et  le  triomphe  prochain  des  doctrines  du  collectivisme  qui  consommeraient  la  destruction 
du  pays? 

Ou  voulez-vous,  au  contraire,  que,  soustraite  au  joug  des  sectaires,  elle  devienne  : 

Le  règne  de  la  vraie  liberté  et  de  la  paix  des  consciences? 


15 


—  114  — 

L’instrument  de  la  prospérité  nationale  par  une  sage  gestion  de  nos  finances,  actuelle¬ 
ment  en  désarroi,  et  ^allégement  dés  charges  écrasantes  qui  pèsent  sur  vous? 

La  pacification  des  conflits  sociaux  par  l’amélioration  progressive  du  sort  des  travail^ 
leurs,  l'assurance  de  leur  avenir,  le  respect  de  tons  leurs  droits! 

Et  enfin,  la  sauvegarde  suprême  de  l'idéal  de  Patrie,  ciment  nécessaire  d5un  peuple  qui 
veut  rester  grand  et  fort  ! 

A  vous  de  répondre  ! 

A  vous  de  choisir  ; 

Entre  une  politique  néfaste,  la  politique  jacobine  et  rétrograde,  qui  atteint  tqutes  vos 
libertés,  les  droits  de  vos  consciences  et  vod  intérêts  les  plus  précieux  ; 

Et  la  politique  libérale  et  progressive  qui  veut  vous  conserver  intact  le  patrimoine 
de  1780; 

Défendre  tout  ce  que  vous  avez  de  plusr citer  ;  î 

Marcher  en  avant  par  la  liberté  et  la  paix  de  tous  vers  le  développement  pormai  de 
notre  régime  démocratique  ; 

Et  assurer  à  l'intérieur  et  à  l’extérieur  les  nobles  destinées  de  la  fortune  de  la  France 
par  la  stabilité  et  l'honnêteté  de  ses  institutions. 

Inspirez-vous  sans  crainte  de  votre  amour  et  de  votre  dévouement  envers  notre  bien- 
aimé  pays  et  marchez  au  scrutin  comme  un  seul  homme  aux  cris  de  ; 

Vive  la  Liberté  ! 

Vive  la  vraie  République  française  ! 

Léonce  de  CASTELNAU. 


1T0  circonscription  de  VILLEFRANCHE-DE-ROUERGUE 

M.  CIB1EL 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  7.008  voix 


Mes  chers  Concitoyens,  1 

*  V  v  „ 

Depuis  trois  ans,  une  majorité  néfaste  s'est  formée  dans  la  Chambre  des  Députés  et 
maintient  au  pouvoir  un  ministère  qui  compromet  gravement  les  intérêts  vitaux  de  notre 
pays. 

Devant  le  danger  qui  menace  !a  France  par  la  désorganisation  de  l'armée,  par  le 
gaspillage  et  le  désordre  dans  les  finances,  par  les  attaques  contre  toutes  les  libertés,  —  il 
ne  s’agit  plus  que  de  la  défense  de  la  société  et  du  salut  public.  La  question  de  forme  gou¬ 
vernementale  ne  peut  être  posée.  La  République  demeure  hors  de  discussion. 

U  ne  reste  en  présence  que  deux  partis  : 

D'un  cété,  la  coalition  des  radicaux,  socialistes,  collectivistes,  qui  ont  toujours  soutenu 
ce  funeste  ministère  Waldeck-Millerand  et  sont  aujourd'hui  ses  protégés  et  ses  candidats 
officiels  ; 

De  l’autre,  T  union  de  tous  les  hommes  d’ordre,  de  liberté  et  de  progrès,  républicains, 
libéraux,  conservateurs  de  toute  nuance,  confondus  dans  la  patriotique  pensée  d’arracher 
la  France  à  la  tyrannie  sectaire  de  ceux  qui  l’oppriment  et  la  ruinent. 

Entre  les  deux  programmes,  le  choix  ne  peut  être  douteux  :  en  ce  qui  me  concerne,  je 
n’hésite  pas,  et,  ainsi  que  je  Tai  fait  jusqu’ici,  je  suis  disposé  à  soutenir  tout  ministère 


_  |jg  _  N°  1162 

moasrS  qui  donnera  d«  »êri,u»e»  gsranti.»  k  ion»  lea  grand»  intérêts  socianr  menacés  O» 

déii  compromia.  conscience,  pour  la  liberté  absolue  de  père  de  (amille  de 

je  suis  pour  .  fantg  .  _  r  le  ^oit  d’association  reconnu  a  tous, 

aux^aïques^omme  aux  Congrégations  religieuses  elles-mêmes  ;  -  P^r  |a  Pr^cct^n  ^S 
SêTreligieux;  -  pour  l’égalité  de  tous  devant  la  loi  comme  devant  les  charges 

PUl)' Jeveux  que  l’armée,  maintenue  en  dehors  de  toute  politique,  cesse  d’être  en  botteaux 
vexation^  et  à ta  délation  dont  elle  est  depuis  trop  longtemps  victime  et  qu’elle  pu  sse  se 
consacrer  en  paix  à  sa  grande  tâche,  la  protection  du  territoire  et  le  maintien  du  près  ic 

la  ^Désireux  d’alléger  les  charges  si  lourdes  que  le  service  militaire  fait  peser  sur  nos 
oonuïïüons  V  serai  heureux  de  soutenir  tous  les  projets  ayant  pour  but  la  diminut.on  de 
la  durée  du  service  militaire  et  des  périodes  d’instruction,  et  que  les  chefs  de  1  armee  juge- 

teSOL°am«foia”tUin  du  sort  de  tous  les  ouvrière  agricole»  et  industriel»  par  la  création  de 
de  retraite  et  l'extension  dé  la  mUtualité-j 

"  poursuivrai  l’allégement  des  charges  qui  pèsent  Si  lourdement  sur  tous  les  contn- 
huables  et  surtout  sur  les  populations  rurales;  et  déjà,  par  la  modilicat.on  de  la  repart,  ion 
de  U  contribution  mobilière,  que  j’ai  votée,  le  département  de  l’Aveyron  a  bénéficié 
dégrèvement  de  82.000  francs.  C’est  peu  de  chose,  sans  doute;  mais  de  plus  grand 
notre  système  financier  sont  possibles,  et  je  mettrai  tous  mes  efforts  aies 

’ïireja‘ OTuvitrè.  juste  de  soumettre  il-impot  toute»  le»  diirérente»  souk.»  de  rerenu». 
truelles  au’elles  soient  :  mais  je  considérerais  comme  une  souveraine  imprudence  1  établisse- 
ment  de  Pimpôt  global  progressif,  préconisé  par  les  socialistes-collectivistes.  Let  împo 
Terait  le  prélude  et  l’instrument  tout  trouvé  de  la  confiscation  des  fortunes  privées,  par  eux 
poursuivi*^  il  amènerait  fatalement  l’émigration  des  capitaux  français  à  »  * * 

grand  préjudice  de  l’agriculture,  de  l’industrie  et  du  commerce,  déjà  si  fortement  éprouvés, 
5K  les  intérêts  et  enlèverait  au  pays  le  calme  si  nécessaire  au  développement 
de  sa  prospérité  intérieure  et  de  sa  légitime  influence  dans  le  monde. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Dans  l’exercice  du  mandat  dont  vous  m’avez  honoré  depuis  de  longues  années,  je  me 
suis  toujours  inspiré  de  ces  principes  d’ordre,  d’économie,  et  de  sage  bberté  _ J  a  ia 
conscience  d’avoir  servi  vos  intérêts  de  tous'mes  efforts  et  de  tout  mon  dévouement,  et  de 

n’avoir  pas  démérité  de  votre  confiance . 

J’espère  que  vous  voudrez  bien  cette  fois  encore  me  la  témoigner  en  ma 

suffrages. 


Votre  tout  dévoué* 


Alfred  CIBIEL, 

Député  sortant. 


-  116  — 


2"  circonscription  de  VILLEFRANGHE-DE-ROUERGUE 

M.  MARUÉJOULS 

Élu  au  lcc  tour  de  scrutin.  — 7.630  voix. 


Mes  chers  Compatriotes, 

J'ai  l’honneur  de  solliciter  de  votre  confiance,  éclairé e  le  n»T  u  , 

e?votre0nomUe  ^  ^  d°1S’  ^  ren0uveilemeDt  du  mandai  que  j’exerce  depuis  treize  ans 

n  ai  pas  voûlii,  dans  les  cirron^fan^e  °  5  ^  c  croiSj  kien  remplie;  mais  je 

mois  «Murent me.  ac  es ms^rs/mtTTnto'r'^e.mo^lf  ’  ““  <leP"i!  P’“! 
vouli,  m’adresser  dires, amen,  à  vo' .™.S  üS.  „Z  ' '  '  P™  W 

sympathie,  de  confiance  et,  je  puis  le  dire  aussi,  de  iesplcl  a  tant  de 

Le  grand,  grief  que  mes  adversaires  m’imoutent  ,  i 

Ste'"-*  P“>  “»  «  ’««  ™P-«r?Sf  “ 

IniurSs^^èïÜI,  e  ’ ‘  ft  ‘Tm0ir  :  ,es  Cl“e“ra 

congres,  les  scènes  scandales  3-mS  Si  !“  t  i  Mp"bli’"e  an  sortir  du 

sa  canne  sur  îe  Chef  de  l’État  avec  nrrr.iw™  i  10  Jeieau  put  se  permettre  de  lever 
tort  Chabrol  s’élevant  comme  Tm  "-f*  '« 

Reuilly  Où  l’on  essayait  d’entraîner  ven  l’FK^L  L  v"  teulatrve  du  coup  d’État  de 
tion  violente  des  réunions  publkmes  et  de  il'  pcnÉral  a  Ja  Jête  de  ses  troupes,  I’agita- 
civiîe.  Nous  avons  cru  qu’il  était  de  notre  devoir  dW  ressem ’iait  au  P™logue  d’une  guerre 
bout  ceux  qui  acceptaient  la  re-morsaHHm  m  i  er’ de  EOUlemr)  de  défendre  jusqu’au 

no  lo  regrettons  pas,  SKEÏÏ&'ÏÏÎÎ  £.  “  *  T*  *  *»»  *" 

qui,  dans  des  conjonctures  parfois  difficile^  *  minti  ei  Juser  les  votes  de  ceux 

défendre  l’État  republi  a L  danf  r  ^  T  *a*  Ie  Pre^'  devoir  était  de 

momentanés.  P  “  '  ‘‘a“  h  Pm0Me  «“  9“‘  «  épient  les  représentants 

Ceci,  c’est  le  passé. 

matériels  à  il veme î1'  *  “"“f 
pouvoir,  quoi  qu’il  arrive,  au  ministère  de  demain,  P  paSÊCra  le 

Pour  préparer  cet  avenir  prochain,  il  faudra  d’abord  décider  si  la  Fru,™  7 

TSTT  fc  ””~' 

s,  elle  vent  commuer  son  ce„„e  fie  pr  è  '  (HfcadpXrnSST**  “ 

fie  fi IZ  ™  18  Ch°"  ’  j'BSPêre  *“  s'“  »  »  ^  aura  irCs  peu 

Quant  é  moi,  je  resterai  ce  que  je  suis  depuis  treize  ans: 

Adversaire  des  idées  communistes  ou  collectivistes  mie  ïp 
partisan  au  contraire  fie  ,a  propriété  privée,  nettemeni  Ses, lie  auf  moy^  vmitte"  emi 


11  i 


N°  1-162 


politique  de  surenchère,  mais  passionnément  préoccupé  da  progrès,  et  avant  tous  les  autres 
du  progrès  social. 

Je  l'ai  suffisamment  prouvé,  soit  au  Parlement,  comme  rapporteur  des  principa’es  lois 
ouvrières,  soit  au  Conseil  supérieur  du  Travail  où  j'ai  ôté  envoyé  par  la  désignation  una¬ 
nime  de  mes  collègues  de  la  Chambre,  y  compris  ie  groupe  socialiste,  soit  dans  mon  passade 
au  pouvoir  ou  je  fus  le  premier  ministre  qui  ait  déposé  un  projet  de  lbi  sur  les  retraites 
question  que  tous  les  partis  depuis  lors  ont  mis  dans  leur  programme,  que  de  nombreuses 
commissions  étudient  en  tenant  compte  des  modifications  que  la  prudence  exige  ou  eue  la 
solidarité  impose,  et  qui  devra  être  solutionnée  dans  la  prochaine  législature. 

iibené9  6t  6n  particu!ier  de  la  liberté  de  conscience,  je  veux 
JLtat  et  1  Eglise  trai  tant  loyalement  sous  le  régime  concordataire  ;  mais,  défenseur  jaloux 
des  droits  de  l’État,  j'ai  estimé  qu’il  importait  à  la  Société,  telle  qu’elle  est  issue  de  “a 
dévolution  française,  de  soumettre  les  ordres  religieux  à  la  loi.  La  plupart  ont  adhéré  et 
demandé  à  être  autorisés,  d’autres  ont  préféré  se  dissoudre.  L’avenir  dira  de  quel  côté  étaient 
la  prudence  et  la  sagesse.  J’estime  que  les  véritables  ennemis  des  congrégations  sont  moins 
ceux  qui  veulent  pour  elles  une  situation  legale,  que  ceux  qui  leur  prêchent  la  révolte  pour 

LimTs  T  PMte'Xte  a  0pp0Sltl0ns  vmm  et  une  raison  pour  éveiller  et  égarer  à  ffiur 
profit  les  plus  légitimes  scrupules  et  les  passions  les  plus  nobles, 

La  France  n’est  ni  appauvrie  ni  ruinée,  comme  on  vous  le  répète,  et  son  crédit  est 
ui  qui  inspire  le  plus  de  confiance  dans  le  monde  entier.  C’est  un  motif  pour  examiner 
.  a  ' q“4S  a  courir’  S1  la  reparution  de  l’impôt  est  aussi  équitable  qu’on  pourrait  lé 
Sfm  >n  ‘  G  !'  pr6occî|patl°n  ^  fait  voter  le  Principe  de  l’impôt  sur  le  revenu  chaque 
■  ^  ,  ae  t!  ProPose  a  la  Chambre.  Nous  fûmes  bien  peu  nombreux  au  début  80  à 
peine,  c  était  do  temps  du  ministère  Bibot.  Nous  serions  aujourd’hui  la  majorité  et’ dans 

“ Bioirs  d°  co"pter  pres<i1"  ,o“  ™s  “»&«  *>  «Æ’ctfs 

Il  n’est  pas  vrai  que  1  armée  ne  soit  pas  respectée  dans  son  honneur  et  dans  ses 
mtérèis,  qui  se  confondent  avec  l’honneur  et  l’intérêt  de  la  nation.  Il  est  certain  au  contraire 
q  elle,  a  toujours  été  l’objet  de  la  sollicitude  et  de  l’affection  du  Parlement  Si  ie  me  rallie 
““  "  faU  16  Sénat’  à  la  réduct‘on  du  «rtlce  militaire  à  2 

e  toutes  les  dispenses,  l’incorporation  des  services  auxiliaires,  et  les  rengagements  avec 

sera  pas^oins  fn  JT  ,nf?rieBrs’  c’est  parce  j’ai  ,a  conviction  profonde  qu’elle  n’en" 
sera  pas  moins  forte,  moins  compacte,  moins  prête  à  remplir  tout  son  devoir. 

natri„L'“  D’e.f  pas’  ^’en  disent  ses  détracteurs  qui  se  déclarent  cependant  les 
triste  atatP^  axce  leDC0’  URe  na‘10n  abaissée  et  humiliée.  Relevée  par  la  République  du 

«I» Le  „ui>r  “enée  183  'Mf  <h'  P°"ÏOir  perSOmel-  elle  et  coSid” 

monde  vil  ?  \  ““  préci*vx  &&  de  paix  et  repris  son  rôle  et  son  influence  dans  ie 

Mmm  '  ■  aD mon  Paasage  aux  affaires,  j’ai  négocié  et  conclu  avec  l’Ithlie  les  accords 

nouveau  ^ d Te  n™  ?  pré!l.,de  de  relatio:]S  politiques  autrefois  si  troublées  et  un  gage 

Ministre  **  COril?h'*  entre  Ies  deux  plus  grandes  nations  de  la  race  lafine. 

j’ai  fait  tons  “™rcc  Pendant  la  Penode  de  préparaiion  de  l’Exposition  Universelle, 

»nde  f  *  d^a  France  et  du  mondé 

pour  protester  f reiquement 

rapporteur  îh  chS™ }°S^ddoûts  tb  travail>  dont  j’eus  le  grand  honneur  d’ètre  le 

Cèïaestfauv  >«  Députés’,  corapor£e  des  charges  nouvelles  pour  l’agriculture. 

pour  les  ouvriers  a°  j*cu  teurf  nont  nen  à  voir  avec  cette  loi  qui  est  faite  exclusivement 

Les  agriculteurïoi0,  -1'^118/1'12’/151^5’  manufaclures-  mines,  carrières,  transports,  etc.,  etc. 

‘ri  par  les  articles  d.  'ÏÏT  •“  -f1”.  r"SiS  comrae  ils  !’étaieQt  avant  la  Promulgation  de  cette 
a  articles  du  Code  civil  qui  se  rapportent  à  cette  matière. 

je  suis:rr:rutiell?meiit  je  sui3  rauach6  ‘jar  tr°p  de  iiens  ^  ««•  ^ 

1  u  entreprendre  jamais  quoi  que  ce  fût  qui  puisse  nuire  à  ses  intérêts  vitaux; 


—  118  — 

fai  voté  toutes  les  lois  qui  dans  ma  pensée  pouvaient  être  profitables  à  l’agriculture.  le 
continuerai  avec  la  même  sollicitude  et  le  regret  seulement  qu’il  y  ait  parfois  des  fatalités 
économiques  qui  dominent  et  paralysent  la  bonne  volonté  du  législateur. 

Mes  chers  Concitoyens, 

L’œuvre  de  vos  élus  pendant  la  prochaine  législature  doit  être  de  tenir  en  respect  les 
tentatives  de  régression  égoïste,  de  s’adonner  d’un  cœur  ardent  à  la  tâche  nécessaire, qui 
est  de  travailler  à  la  prospérité  de  ce  pays,  d’administrer  jalousement  ses  finances,  de 
rétablir  la  paix  dans  les  esprits,  de  se  consacrer  à  l’étude  des  réformes  démocratiques  qui 
sont  la  raison  d’être  de  la  République.  J’y  mettrai  tous  mes  soins  si  vous  renouvelez  mon 
mandat. 

Vive  la  République  ! 

Émile  MARUÉJOULS, 

Officier  de  la  Légion  d’honneur, 
ancien  Ministre  du  Commerce  et  de  l’Industrie, 
Président  du  Conseil  général  de  l’Aveyron,  ? 

Député  sortant, 

Candidat  républicain. 


—  119  — 


1162 


BOUCHES-DU-RHONE 


Ve  circonscription  d'AIX 
M.  Gabriel  BARON 

Élu  au  2S  tour  do  scrutin.  —  6.659  voix. 


Citoyens, 

Je  viens  solliciter  vos  suffrages  pour  l’élection  du  27  avril. 

Vous  me  connaisseü.  Vous  savez  qui  je  suis,  quelles  sont  mes  doctrines  politiques  et 
mes  idées  socialistes.  Vous  savez  quelle  a  été  mon  attitude  dans  l’accomplissement  des 

divers  mandats  politiques  que  j’ai  exercés  jusqu’à  ce  jour.  Vous  savez  quelle  sera  la  ligne 

de  conduite  que  je  suivrai  si  vous  m’envoyez  à  la  Chambre.  C’est  donc  en  pleine  connaissance 
de  cause  que  vous  aurez  à  vous  prononcer  dans  quelques  jours  sur  mon  nom. 

Je  demeure  ce  que  j’ai  été  jusqu’à  aujourd’hui,  c’est-à-dire  un  républicain  socialiste 
fermement  attaché  à  la  défense  des  larges  réformes  dont  le  programme  intégral  de  ce  parti 
comporte  la  réalisation.  Je  ne  négligerai  rien  pour  hâter  l’heure  de  cette  réalisation  qui 
doit  apporter  au  prolétariat  des  villes  et  au  prolétariat  des  champs  plus  de  sécurité  et  plus 
(I0  bien-être 

Mais,  en  attendant  que  cette  heure  sonne,  je  n’aurai  garde  d’oublier  le  devoir  plus 
immédiat  et  plus  pressant  qui,  à  cette  heure  de  danger  pour  la  République,  incombe  au 
parti  socialiste,  qui  est  par-dessus  tout  un  parti  d’avant-garde.  Je  coopérerai  de  toute  ma 
vigueur  et  de  toute  mon  énergie  à  la  défense  nécessaire  des  institutions  de  liberté  qui, 
seules,  sont  susceptibles  de  permettre  le  développement  et  les  progrès  de  l’idée  socialiste, 
tout  en  déclarant  bien  haut  que  je  ne  ferai  fléchir  en  aucune  circonstance  ma  conscience  de 
militant,  et  que  je  n’accepterai,  sous  aucun  prétexte,  de  pactiser  avec  les  féodalités  finan- 
cières  et  avec  les  puissances  cosmopolites  de  For. 

Fermement  décidé  à  soutenir  le  programme  socialiste  et  à  défendre  îa  République, 
je  ne  mettrai  pas  moins  d’ardeur  à  prendre  devant  la  Chambre  la  défense  des  intérêts 

d’Àix  et  de  sa  circonscription.  ... 

Vous  n’ignorez  pas.  citoyens,  à  quelles  nombreuses  et  puissantes  atteintes  ces  intérêts 
se  trouvent  exposés.  Vous  ne  voudrez  pas  confier  à  d'autres  qu’à  un  des  vôtres,  le  soin  de 
prendre  en  mains  une  cause  qui  vous  tient  tant  et  si  justement  à  cœur. 

Depuis  le  jour  où  vous  m'avez  fait  pour  la  première  fois  1  honneur  de  m’accorder  votre 
précieuse  confiance,  j’ai  la  conviction  de  d’avoir  pas  cassé  un  instant  de  m  occuper  des 
grandes  questions  qui  concernent  ou  la  prospérité  matérielle  ou  le  prestige  intellectuel  de 
notre  cher  arrondissement.  En  particulier  les  deux  plus  importantes,  celle  du  Gana  du 
Verdon  et  celle  des  Facultés  ont  provoqué  mon  action  ferme  et  incessante. 

La  réalisation  du  projet  de  tramway  d’Aix-Marseille,  et  la  suite  favorable  donnée 
sur  mes  rapports,  par  rassemblée  départementale,  aux  affaires  intéressant  la  ville  Aix 
ainsi  que  les  diverses  communes  des  cantons  de  Gardanne,  de  Peyrolles  et  de  Trets, 
vous  ont,  d’autre  part,  témoigné  de  mon  dévouement  à  votre  cause.  A  ce  point  au  vue 


—  120  — 


comme  au  point  de  vue  politique,  mon  passé  vous  donne  des  garanties  qui  dicteront  votre 
devoir  électoral. 

Je  m’adresse  donc  en  toute  confiance  et  en  toute  franchise  aux  bons  citoyens,  soucieux 
comme  moi  de  leurs  intérêts,  et  comme  moi,  dévoués  à  la  République  sociale.  Mon  ambition 
la  plus  haute  est  d’obtenir  aujourd'hui  leur  cou  fiance,  comme  elle  sera  demain  de 
mettre  toute  l’ardeur  de  mon  ame  à  remplir  dignement  le  mandat  qu’ils  m’auront 
confié. 

Vive  l'arrondissement  d’Aix  I 

Vive  la  République  sociale  î 

Gabriel  BARON, 

Conseiller  général  du  canton  Nord  d’Aix, 

Candidat  de  la  Fédération  départementale  socialiste* 


2e  circonscription  d’AIX 
M.  Camille  PELLETAN 
Elu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  7.371  voix. 


Citoyens, 

Après  avoir  eu  pendant  21  ans,  l’honneur  de  vous  représenter  à  la  Chambre,  je  viens 
vous  demander  vos  suffrages  pour  la  sixième  fois. 

Jusqu’ici,  chacune  de  nos  élections  avait  été  marquée  par  des  luttes  acharnées. 
Aujourd’hui  nos  adversaires  n’osent  plus  affronter  le  combat.  Cela  prouve  que  ni  vous' 
ni  moi,  n’avons  laissé  à  personne  l’espérance  qu’on  ferait  fléchir  notre  fidélité  au  drapeau 
de  la  démocratie.  r 

Je  n’ai  pas  à  vous  parler  de  nouveau  de  mon  programme.  La  première  fois  que  je 
suis  venu  à  vous,  j’ai  tenu  à  honneur  de  me  lier  par  un  mandat  impératif  dont  vous 
vous  rappelez  les  clauses.  C’est  le  programme  républicain  radical-socialiste  et  anticlérical  ; 
celui  que  nous  a  légué  la  Révolution  ;  celui  que  nos  pères  défendaient  jadis  sur  les  barricade* 
au  temps  des  monarchies  déchues  ;  celui  dont  la  République  doit  au  pays  la  réalisation 
trop  longtemps  attendue. 

Il  contient  toutes  les  revendications  destinées  à  égaliser  les  impôts,  â  assurer  le  pain 
de  la  vieillesse  aux  travailleurs,  à  faite  prévaloir  la  cause  des  intérêts  populaires  agricoles 
et  ouvriers,  sur  celle  des  intérêts  privilégiés  ;  à  désarmer  les  entreprises  incessantes  de 
i  bghse  catholique  contre l’Etat  laïque  ;  et  à  affranchir  notre  démocratie  du  honteux  pouvoir 
de  I  argent.  Le  mandat  subsiste  tout  entier  :  Nous  n’y  avons  jamais  failli,  ni  vous,  ni  moi: 
bous  n  avons  rien  a.  y  ajouter,  ni  rien  à  retrancher. 

Il  nous  reste  a  le  faire  triompher,  puisque,  hélas  on  a  si  longtemps  traîné  d’ajournement 
en  ajournement  les  promesses  faites  à  la  Nation.  Je  continuerai  à  y  employer  tons  mes 
efforts,  toute  mon  énergie,  toute  ma  passion.  Vous  m’avez  adopté,  il  y  a  près  d’un  quart  de 
smcle,  comme  enfant  de  cette  Provence  qui  marche  à  l’avant-garde  de  la  démocratie.  J’espère 
rester  digne  de  cette  adoption,  ^ 

Vive  ia  République  démocratique  et  sociale  ! 

Camille  PELLETAN,  Député  sortant, 
Candidat  républicain  radical-socialiste. 


—  121  - 


N»  1162 


Circonscription  d' ARLES 
M.  Henri  MICHEL 

Élu  au  2'  tour  de  scrutin.  —  10.431  vois. 


Aux  Électeurs  Républicains  Radicaux-Socialistes  de  l’arrondissement  d  Arles. 

Citoyens, 

Lorsaue  en  1808,  je  suis  venu  dans  l'arrondissement  d’Arles,  j’étais  pour  vous  un 
inconnu.  En  m’accordant  vos  suffrages,  c'est  à  mes  éminents  amis  Camille  Pelletan  et  Lagnel 

eue  vous  avez  t'ait  crédit,  beaucoup  plus  qu’à  raoi-mome.  , 

Aujourd’hui  je  pourrais  encore,  en  me  présentant  à  vous,  me  placer  sous  leur  haut 
patronage,  comme  bous  le  patronage  de  la  Fédération  radicale  et  radicale-socahste  fondée 
l’an  dernier  à  Paris  et  dont  j’ai  l’honneur  de  faire  parue.  J’aime  mieux  me  présenter  à  vous 
sous  le  patronage  de  mes  actes.  Ai-je  fidèlement  et  consciencieusement  rempli  mon  mandat, 

mon  double  mandat,  politique  d’abord,  d’affaires  ensuite?  ....... 

Voilà  la  question  que  je  pose  aux  électeurs  républicains,  radicaux  et  socialistes  qui  on 
bien  voulu  m’honorer  de  leur  confiance  au  premier  tour  comme  au  second  tour  de  scrutin 

Mes  votes  vous  les  connaissez.  Sur  1.400  et  plus  que  j’ai  été  appelé  à  émettre,  même 
mes  adversaires  les  plus  irréductibles  sont  obligés  de  déclarer  qu’on  ne  peut  m’en  reprocher 
aucun 

Et  quant  aux  intérêts  de  l’arrondissement  d’Arles,  je  crois  en  avoir  pris  la  défense  avec 

assez  de  vigueur  et  d’énergie  pour  ne  pas  redouter  sur  ce  point  les  critiques.  - 

Au  sein  de  la  Commission  de  la  Marine,  comme  au  sein  de  la  Commission  du  Travail,  ou 
l’estime  de  mes  collègues  de  la  Ch  ambre  m’a  fait  entrer,  je  me  suis  attaché  sans  bruit  a  faire 

œuvre  uüle.  .  ,  , 

Dans  la  Commission  de  la  Marine,  j’ai  contribué  autant,  peut-être  plus  qu  aucun  autre, 

à  l’organisation  du  corps  du  contrôle,  qui  permettra  désormais  au  Parlement  et  au  pays 
d’étre  pleinement  éclairés  sur  les  dépenses  exagérées  et  pas  toujours  justifiées  ue  la  marine. 
J’ai  pris  part  à  la  refonte  de  cette  loi  sur  l’inscriptioD  maritime,  devenue  si  onereuse  et  si 

lourde  pour  nos  braves  inscrits  maritimes,  marins  et  pécheurs.  .  .  . 

Dans  la  Commission  du  Travail,  j’ai  collaboré  aux  divers  projets  de  loi  intéressant  la 
classe  ouvrière  et  prolétarienne  :  Bureaux  de  placement,  loi  sur  les  sièges  des  femmes 
employées  dans  les  magasins,  projet  de  loi  sur  l’hygiène  et  la  sécurité  des  travailleurs.  J  ai 
contribué  pour  une  très  large  part  à  faire  admettre  le  principe  de  la  journée  de  huit  he 
pour  la  durée  du  travail  dans  les  mines.  J’ai  énergiquement  soutenu  la  loi  Ber  eaux  re  a  i 
aux  agents  des  trains,  mécaniciens,  chauffeurs  et  ouvriers  des  chemins  L  cr‘  , 

Au  point  de  vue  des  affaires,  aucune  des  questions  intéressant  1  arrondissement  d  A.  es 
ne  m’a  laissé  indiffèrent.  J’ai  fait  accorder  à  l’hospice  de  Saint-Rémy  la  subvention  so  .et  te 
par  la  municipalité  pour  la  réfection  de  sa  toiture.  Pour  Chateaurenarrl,  j  ai 
relâche  à  l’amélioration  des  conditions  de  transport  pour  les  fruits,  légumes  et  pn  :  >  . 

qui  oVa  valu  F  honneur  d’ôtrs  nommé  membre  de  la  Commission  supeneuio  tes 
centrales  de  Paris.  Pour  Noves  et  pour  le  canton  d’Orgon,  je  suis  énergiquement  intervenu 
afin  darrôter  les  ravagea  de  celte  terrible  rongeuse  qui  s'appelle  la  Durance-  a  r  0  env 
talion  des  eaux  de  la  Durance  a  fait  l'objet,  de  ma  pari,  d'une  étude  sérieuse  et  apprmon  1  ■ 

IG 


—  122  — 

Enfin  ai~je  besoin  de  rappeler  que  j’ai  eu  la  satisfaction  immense  de  faire  voter  leCanal  des 
Baux  si  impatiemment  attendu  depuis  tant  d'années,  et  de  faire  aboutir,  en  dépit  de  toutes 
les  résistances,  le  Canal  de  Marseille  au  Rhône  avec  débouquement  à  Arles,  qui  rendra  la 
vie  a  notre  magnifique  cité  artésienne? 


Citoyens, 


L  œuvre  accomP^e>  surtout  au  point  de  vue  économiquej  politique,  social, 
coté  de  ce  qui  reste  à  faire  et  qu’on  peut  résumer  ainsi  ; 


n’est  rien  à 


Programme . 

Travailler  de  toutes  mes  forces  à  consolider  l’œuvre  de  la  législature  qui  vient  de  finir 
par  application  intégrale,  sans  esprit  de  persécution,  mais  aussi  sans  faiblesse  et  sans 
défailla pce,  de  la  loi  sur  les  associations  et  par  l’abrogation  de  la  néfaste  loi  Falloux  • 

Poursuivre  la  séparation  des  Églises  et  de  l’État,  la  suppression  du  budget  des  Cultes  et 
de  l’ambassade  du  Vatican  ;  6  tl 

Réviser  la  Constitution  dans  le  sens  le  plus  large,  en  supprimant  le  Sénat  et  en  créant 
une  Chambre  unique  élue  au  scrutin  de  liste  et  soumise  au  renouvellement  partiel; 

B  a  iser  impôt  progressif  sur  le  revenu,  qui  permettra  de  répartir  d’une  façon  plus 
équitable  et  plus  juste  les  charges  fiscales,  jusqu’ici  lourdes  aux  pauvres,  légères  aux  riches 
par  la  reforme  complète  de  l’impôt  foncier,  par  la  suppression  de  la  cote  personnelle  el 

nrnnôtT;  T?;  inA  'eCtS  qUi  frappent  t0utes  ies  m"tières  servant  i  l’alimentation,  de 
1  impôt  des  portes  et  fenêtres; 

Reviser  le  cadastre; 

innr^Sür  C  aeglce  mi‘itaire  à  deux  ans,  puis  à  un  an;  supprimer  les  treize  et  vingt-huit 
jours,  abolir  les  conseils  de  guerre,  au  moins  en  temps  de  paix;  refondre  complètement 
pour  le  rendre  moins  odieux  et  moins  inhumain,  le  Code  militaire  absolument  suranné-  ’’ 

Fr- dU  G°uvernemeQt  républicain,  si  un  conflit  est  sur  le  point  d’éclater  entre  la 
France  et  une  autre  nation,  quelle  qu’elle  soit,  avant  d’en  venir  à  la  guerre  l'obligation  de 

soumettre  le  différend  au  tribunal  arbitral  créé  par  la  conférence  de  La  Haye  et  rendre  ainsi 
la  guerre  de  plus  en  plus  impossible;  «aye,  et  rendre  amst 

arraées^permanentes^  '‘ÎOn  '*  rSd"C,i°n  d“  armements  et  P‘"s  “«I  <»  «uppresaioa  de, 
Nationaliser  les  mines,  la  Banque  de  France,  les  chemins  de  fer- 
aiie  rentier  dans  le  domaine  de  l’État  certains  monopoles  et  services  publics  au  fur  et 

fnZsr 1  eï,eero"‘ lea  in,ér6t!  dB  "  détens‘  nati™a'e  «  * ia 

Briser  la  puissance  que  donnent  à  la  ploutocratie  financière,  par  la  spéculation  et  l’aeio 
tage  le  maniement  et  la  concentration  des  grands  capitaux-  P  1  dgl0' 

Organiser  la  participation  aux  bénéfices- 

*""**  81  18  dé,e,We”“‘  1»  *PMi  corporatifs,  professionnel,  o. 

iimetoZ S  “«SZk  11  ,?r  '“f  P°“r  vieille,!<> si  et  ,i  légi- 

-  rr  disncs  d'in,ért*  ,rav,ill8"rs  d,s  8hamps  ,d 

Reformer  et  compléter  l’organisation  du  crédit  agricole  ; 

Creer  des  chambres  d’agriculture; 


—  423 


N°  H  62 


Développer  Renseignement  agricole; 

■Accorder  à  l'agriculture  une  protection  sage  et  éclairée  qui  défende  nos  produits  natio¬ 
naux  contre  l'avilissement  des  prix  provoqué  par  la  concurrence  étrangère; 

Ouvrir  à  nos  vins  des  débouchés  nouveaux  ; 

Rechercher  et  appliquer  tous  les  moyens  propres  à  enrayer  et  à  faire  cesser  cette  crise 
vinicole  ruineuse  pour  notre  arrondissement  comme  pour  tous  les  départements  du  Midi. 

Pour  me  résumer  en  quelques  mots  : 

Mener  le  bon  combat  contre  le  cléricalisme,  contre  les  entreprises  césariennes,  contre 
les  pouvoirs  d’argent  pour  la  cause  de  la  justice  sociale  et  le  triomphe  de  la  République  des 
travailleurs. 

Telles  sont  les  grandes  lignes  de  mon  programme. 

Au  surplus,  je  n’abandoune  aucune  des  réformes  qui  figuraient  déjà  dans  mon  pro¬ 
gramme  de  1898  et  qui  n’ont  pas  encore  été  réalisées. 

Citoyens, 

En  ce  qui  concerne  plus  spécialement  l'arrondissement  d’Arles,  je  demanderai  qu’on 
étende  d'une  façon  formelle  aux  ateliers  des  chemins  de  fer  l’application  de  la  loi  de  1898 
sur  l'hygiène  et  la  sécurité  des  travailleurs,  afin  de  prévenir  les  accidents  si  nombreux  et  si 
graves  qui  se  produisent  chaque  jour. 

Je  veillerai  avec  un  soin  jaloux  à  ce  que,  dans  la  réglementation  des  eaux  de  la 
Durance,  les  intérêts  des  diverses  parties  de  Parrondissement  d’Arles  soient  pleinement 
sauvegardés. 

Je  défendrai  avec  la  dernière  énergie  nos  divers  canaux  contre  les  empiétements  ou  les 
prétentions  injustifiées  de  nos  voisins. 

Je  poursuivrai  auprès  des  Pouvoirs  publics  la  réduction  des  tarifs  de  grande  et  de  petite 
vitesse  pour  le  transport  de  nos  fruits,  légumes  et  primeurs,  ainsi  que  la  création  des  trains 
rapides  de  pénétration  en  Allemagne,  permettant  d’ouvrir  à  nos  produits  agricoles  des 
débouchés  nouveaux. 

Membre  de  la  Commission  supérieure  des  Halles  centrales,  je  m'appliquerai  à  servir 
sur  le  grand  marché  de  Paris  les  intérêts  de  nos  agriculteurs  producteurs  et  expéditeurs. 

Enfin  je  travaillerai  de  toutes  mes  forces  à  l’affranchissement  complet  des  ouvriers 
agricoles  soumis  encore  dans  la  Camargue  à  un  véritable  joug  humiliant  et  dégradant  en 
raison  de  règlements  plus  que  surannés,  non  encore  abolis  par  une  loi  quoique  tombés  en 
désuétude,  grâce  à  mon  intervention  auprès  du  Ministre  de  la  justice. 

Citoyens, 

Mon  passé  yous  est  un  garant  pour  l’avenir.  S’il  est  vrai  que  c’est  par  les  actes  beau¬ 
coup  plus  que  par  les  paroles  que  les  hommes  politiques  doivent  être  jugés,  je  crois  avoir 
le  droit  de  dire  que  j'ai  scrupuleusement  suivi  la  ligne  de  conduite  politique  que  j'avais 
promis  de  suivre  et  que  j’ai  loyalement,  passionnément  servi  les  intérêts  de  l’arrondisse¬ 
ment  et  je  ne  crains  pas  d’être  démenti  en  affirmant  que  le  député  a  tenu  les  promesses  du 
candidat. 

J'attends  donc  avec  confiance  votre  verdict,  c’est-à-dire  le  verdict  du  suffrage  universel. 

Vive  la  République  démocratique  et  sociale! 

Vive  l'arrondissement  d’Arles  I 


Henri  MICHEL,  Député  sortant. 


—  124  — 


!;e  circonscription  de  MARSEILLE 

M.  CARNAUD 

Élu  au  2°  tour  de  scrutin*  —  6.431  voix. 


i 

Le  Comité  républicain  de  r  Union  socialiste  de  la  1”  circonscription  adresse  aux  élec¬ 
teurs  le  manifeste  suivant  : 

Citoyens, 

Jamais  des  élections  législatives  n’avaient  présenté  un  aussi  haut  intérêt  pour  le  pays. 

La  République  est  arrivée  à  ce  point  de  maturité  où  il  faut  qu’elle  réalise  en  faveur  de 
Ja  classe  des  travailleurs  les  réformes  si  longtemps  attendues.  C’est  ce  qui  explique,  contre 
elle,  l’acharnement  de  tous  les  partis  de  réaction  qui  veulent  l’étrangler  ou  la  domestiquer 
pour  qu’elle  ne  puisse  plus  tenir  ses  promesses* 

Faisons  bonne  garde  autour  d’elie  et  n’envoyons  au  Parlement,  pour  la  défendre  et 
P  aider  dans  son  oeuvre  tutélaire,  que  des  républicains  éprouvés.  Sachons  déjouer,  par  notre 
clairvoyance,  les  savantes  combinaisons  qui  viennent  de  s’échafauder  dans  la  i™  circons¬ 
cription  pour  nous  imposer  le  recul  alors  que  nous  aspirons  de  toutes  nos  forces  vers  le 
progrès* 

Électeurs,  en  votant  pour  le  citoyen  Maximilien  Carnaud,  député  sortant,  vous  volerez: 
pour  le  candidat  de  la  République  et  vous  serez  sûrs  de  ne  pas  vous  tromper. 

IL  n’a  jamais  déserté  la  cause  des  faibles  et  des  opprimés*  11  a  défendu  énergiquement, 
à  la  tribune  de  la  Ghambre  et  dans  le  pays,  la  cause  de  renseignement  laïque  et  républi¬ 
cain,  Fondateur  et  secrétaire  du  groupe  parle  me  otaire  de  Renseignement,  à  cote  de  l’intègre 
citoyen  Brisson,  il  a  donné  au  combat  contre  le  cléricalisme  toute  sa  vigueur  et  a  organisé, 
à  la  Chambre ,  ïa  défaite  irrémédiable  des  partisans  de  la  loi  Fallous.  C’est  ce  qui  explique 
la  campagne  d'injures  qui  a  été  inaugurée  contre  lui  et  qui  a  eu  le  confessionnal  pour  point 
de  départ* 

Carnaud  a  contribué  à  réaliser  la  journée  do  huit  heures  pour  certaines  catégories 
d'ouvriers,  11  a  défendu  un  admirable  projet  de  loi  organisant  une  caisse  de  retraites  pour 
la  vieillesse.  Membre  de  la  Commission  du.  canal  du  Rhône  a  Marseille,  il  a  contribué  au 
vote  par  le  Parlement  de  ce  projet  si  utile  pour  le  développement  de  notre  commerce  mar¬ 
seillais. 

Défenseur  de  la  Corse  délaissée,  pour  laquelle  il  s’engage  à  conquérir  un  service  de 
transports  digne  d’elle,  par  voie  d'adjudication,  défenseur  des  ouvriers,  des  marins,  des 
pêcheurs,  des  douaniers,  des  instituteurs,  des  facteurs,  il  a  toujours  été  contre  le  capita¬ 
lisme  et  pour  les  travailleurs. 

En  un  mot,  son  œuvre  législative  a  dépassé  toutes  les  espérances.  Aussi,  sommes-nous 
sûrs  de  votre  approbation,  en  le  présentant  de  nouveau  à  vos  libres  suffrages. 

Aux  urnes  pour  Marseille  et  pour  la  République I 


(Suivent  les  signatures). 


125  — 


N*  1162 


Le  citoyen  Caraaud  adresse,  d’autre  part,  le  manifeste  suivant  à  ses  électeurs  : 

Mes  chers  Concitoyens, 

De  1893  à  1898,  le  parti  socialiste,  fortement  uni,  a  renversé  les  ministères  de  défail¬ 
lance  républicaine,  Casimir-Périer,  Dupuy,  Ribot  et  Méline.  Je  revendique  hautement  ma 
part  de  collaboration  à  cette  œuvre  nécessaire  de  destruction. 

De  1899  à  1902,  le  parti  socialiste  divisé,  mais  non  pas  impuissant,  a  refusé  de  pactiser 
avec  la  réaction,  pour  renverser  le  Gouvernement  de  défense  républicaine.  Je  revendique 
hautement  ma  part  de  responsabilité  dans  cette  œuvre  non  moins  nécessaire  de  conser- 
vation. 

Ce  que  je  souhaite  ardemment  pour  l’avenir,  c’est  l’union  nouvelle  de  tous  les  socia¬ 
listes,  et  l’accession  aux  affaires  d’un  cabinet  de  gauche,  qui  évite  les  fautes  commises  par 
le  Gouvernement  actuel  et  achève  les  réformes  qu’il  a  su  commencer. 

C’est  à  cette  œuvre  féconde  que  je  me  propose  de  travailler  de  toutes  mes  forces. 

Vive  Marseille  1  Vive  la  République  sociale! 


Maximilien  CARNAÜD. 
Député  sortant. 


2e  circonscription  de  MARSEILLE 


M.  CADENAT 


Élu  au  1er  tour  de  scutin.  —  6.470  voix. 


Comité  de  l’Union  Socialiste. 


Citoyens, 


Le  Comité  de  l’Union  Socialiste,  constitué  par  les  délégués  de  tous  les  bureaux  de  vote 
de  la  29  circonscription,  réunis  en  congrès,  présente  à  vos  libres  suffrages  la  candidature  * 

du  citoyen  Bernard  Cadenat,  député  sortant. 

issu  de  la  classe  ouvrière  à  la  défense  de  laquelle  il  a  consacré  toute  une  existence  de 
dévouement  et  d’abnêgaiion,  cet  humble  ira  cessé  de  mériter  fa  confiance  que  la  vaillante 
démocratie  de  la  2*  circonscription  lui  a  accordée  à  maintes  reprises*  Conseiller  municipal 
en  1886,  réélu  en  1892  et  adjoint  au  maire  de  Marseille,  il  est  élu  député  en  1898,  par 
8,ù&8  suffrages. 

A  la  Chambre,  où  Bernard  Cadenat  fait  partie  de  trois  grandes  Commissions  :  Commis¬ 
sion  du  Commerce  et  de  l’Industrie,  —  Commission  du  travail, —  Commission  des  Octrois, 
il  contribue  à  Tètude  et  à  l'élaboration  de  toutes  les  lois,  ayant  pour  but  la  défense  des  inté¬ 
rêts  généraux  de  la  population  e£  plus  particulièrement  celles  intéressant  : 

La  création  d’un  port  franc  et  d'un  canal  de  Marseille  au  Rhône;  la  modification  à  la  loi 
sur  les  accidents;  la  réduction  de  la  journée  de  travail;  la  création  des  retraites  ouvrières; 
l’abolition  des  armées  permanentes;  l’amélioration  de  la  situation  des  [petits  employés  des 
postes  et  des  télégraphes,  des  chemins  de  fer,  ainsi  que  des  marins  et  des  pêcheurs* 

A  la  tribune,  malgré  le  Rapporteur  du  Budget  et  le  Ministre  de  la  Guerre,  il  fait  adopter 
deux  amendements  augmentant  de  0  fr,  le  salaire  des  ouvriers  civils  de  la  Guerre;  il 


—  126  — 


obtient  une  brigade  supplémentaire  de  40  facteurs  des  postes,  rédamée  depuis  longtemps 
par  le  commerce  marseillais,  et,  dans  la  discussion  sur  la  marine  marchande,  il  fait  adopter 
au  profit  des  marins,  le  prélèvement  de  5  pour  100  des  primes  accordées  aux  armateurs! 

En  présence  de  ce  passé  et  des  candidats  inconnus  et  sans  expérience  qu’on  nous 
oppose,  vous  n’hésiterez  pas  à  ratifier  notre  choix. 

Vous  hésiterez  d’autant  moins  qu’à  l’heure  où  dans  toute  la  France,  la  réaction  clérico- 
nationaliste tente  un  effort  suprême  contre  la  République,  la  26  circonscription  de  Marseille, 
fidèle  à  son  passé,  tiendra  à  honneur  d'écraser  au  premier  tour  la  réaction  coalisée.  Elle 
affirmera  de  nouveau  sa  foi  ardente  en  la  République  Sociale  en  votant  en  masse,  le  27  avril, 
pour  le  citoyen 

Bernard  CADENÀT,  Député  sortant. 

Pas  d’abstentions,  Citoyens!  Aux  Urnes,  au  cri  de  Vive  la  République  Sociale! 

(Suivent  les  signatures.) 

Citoyens, 

Le  27  avril,  vous  allez  choisir  un  représentant  à  1a  Chambre  des  Députés.  Convaincu 
d’avoir  rempli  le  mandat  que  vous  m’avez  confié  en  1898,  à  la  satisfaction  générale,  je  n’hé¬ 
site  pas  à  vous  en  demander  le  renouvellement. 

Je  me  présente  à  nouveau  à  vos  suffrages,  avec  le  programme  intégral  du  Parti  Socia¬ 
liste,  que  j’ai  toujours  défendu  durant  mes  25  années  dé  lutte  : 

Entente  et  organisation  internationale  des  travailleurs  eu  parti  de  classe,  pour  la  con¬ 
quête  des  pouvoirs  publics  et  la  socialisation  des  moyens  de  production  et  d’échange. 

Adversaire  résolu  des  tueries  périodiques  qui  ensanglantent  l’humanité,  je  poursuivrai 
sans  relâche  la  réalisation  et  le  fonctionnement  d’un  tribunal  arbitral,  ébauché  à  peine  à 
la  conférence  de  La  Haye,  pour  juger  tous  différends  entre  nations. 

En  attendant  la  réalisation  du  vœu  maintes  fois  exprimé  par  la  Ligue  de  la  Paix,  le 
désarmement  général,  je  poursuivrai  la  réduction  à  un  an  du  service  militaire  égal  pour  tous 
les  Français,  sans  aucun  cadre  donnant  un  caractère  d’armée  prétorienne. 

Considérant  en  outre  que  les  périodes  de  28  et  de  13  jours  sont  inutiles  et  désastreuses 
pour  l’ouvrier  et  l’employé,  pour  le  commerce  et  l’industrie,  je  proposerai,  comme  je  l’ai 
déjà  proposé  maintes  fois,  la  suppression  de  ces  périodes  d’exercices. 

Comme  membre  de  la  Commission  du  Travail,  j’ai  eu  à  m’occuper  des  diverses  et  nom¬ 
breuses  lois  concernant  les  ouvriers.  Je  continuerai,  comme  par  le  passé,  en  attendant  la 
transformation  sociale,  à  apporter  à  l’étude  de  ces  lois  le  dévouement  et  le  zèle  que  nul  ne 
me  conteste  : 

Retraites  ouvrières  à  50  ans  sans  cotisation,  sans  prélèvement  sur  les  salaires  ;  repos 
hebdomadaire  ;  modifications  à  la  loi  sur  les  accidents  ;  réduction  de  la  journée  de  travail  • 
salaire  minimum;  impôt  progressif  sur  le  revenu,  sur  les  successions,  etc.,  etc. 

Comme  membre  de  la  Commission  du  Commerce  et  de  l’Industrie,  j’ai’ pu  connaître  les 
desiderata  du  commerce  en  général,  et  du  commerce  marseillais,  en  particulier 

Délégué  de  ladite  Commission  pour  étudier  le  fonctionnement  des  ports  francs  d’Eu¬ 
rope,  je  me  suis  rendu  compte  de  l’intérêt  considérable  pour  notre  ville  à  ce  que  la  Chambre 
future  adopte  les  conclusions  favorables,  relatives  à  l’établissement  de  ces  ports  et  zones 
franches,  que  nous  avons  formulées. 

Cette  réalisation,  comme  celle  du  Canal  de  Marseille  au  Rhône,  atténuerait  la  désas¬ 
treuse  situation  faite  à  notre  ville  par  le  régime  protectionniste  instauré  par  M  Méline  et  ses 
acolytes. 

Ces  deux  questions,  comme  toutes  celles  pouvant  développer  le  commerce  de  Marseille 
(chemins  de  fer,  canaux,  etc*),  seront  l'objet  de  mes  efforts  constants  à  la  Chambre  si  vous 
me  renouvelez  le  mandat  que  je  sollicite. 

Ai-je  besoin  de  rappeler  que  l’intéressante  corporation  des  pêcheurs  et  inscrits  mari- 


\ 


—  127— 


N°  1162 

times  sera  l’objet,  comme  par  le  passé,  de  ma  constante  sollicitude  ?  Ils  ont  des  preuves 
déjà  de  mon  dévouement  à  leur  cause  par  ce  que  j’ai  pu  obtenir  en  leur  faveur.  le  n’ou¬ 
blierai  pas  surtout  de  réclamer  avec  instance  l’abrogation  de  la  loi  oppressive  sur  la  caisse 
de  prévoyance. 

Ai-je  de  même  besoin  de  rappeler  aux  employés  de  chemins  de  fer,  que  je  poursuivrai 
avec  ténacité  le  vote  de  la  loi  qu’ils  attendent  depuis  si  longtemps  î 

Les  ouvriers  civils  de  l’État,  des  manufactures,  de  la  Guerre,  connaissent  trop  mon 
dévouement  à  leur  cause  pour  que  j’insiste. 

Citoyens, 

Élu  pour  la  première  fois,  en  1886,  conseiller  municipal;  réélu  en  1892,  et  désigné 
par  mes  collègues  aux  fonctions  d’adjoint;  élu  député  en  1898,  j’ai,  nul  ne  le  conteste, 
apporté  à  l’accomplissement  de  ces  mandats  toutlezèle,  tout  ledévouement,  toute  l’énergie 
dont  je  suis  capable. 

Certain,  convaincu  de  ne  pas  avoir  démérité  de  mes  électeurs,  d’être  toujours  en  par¬ 
faite  communion  d’idées  avec  la  vaillante  population  de  la  2°  circonscription  de  Marseille, 
toujours  à  l’avant-garde  de  la  République  et  du  Socialisme,  j'attends  avec  confiance  le  résultat 
du  scrutin  de  dimanche  prochain. 

Vive  la  République  sociale  ! 

Bernard  CADEiNAT,  Député  sortant. 


3"  circonscription  de  MARSEILLE 
M.  J.  THIERRY 

Élu  au  Ier  tour  de  scrutin.  —  10.435  voix. 


Comité  Républicain  Progressiste 

Citoyens, 

.  11  y  a  ?Mtr*  ans>  nous  a™ns  l’honneur  de  présenter  à  vos  suffrages  la  candidature  du 

citoyen  J.  Thierry. 

.  Le  ProS™mrae  de  notre  candidat,  largement  conçu  et  brillamment  développé  dans 
vingt-sept  réunions  publiques,  faisait  ressortir,  par  la  netteté  des  déclarations  qu’il  corite- 
naît,  la  hauteur  des  vues  et  la  loyauté  de  caractère  de  son  auteur. 

De  lu  votre  confiance  ;  de  là  aussi,  par  conséquent,  le  succès  de  J.  Thierry. 

Aujourd’hui,  le  même  Comité,—  qui  s’est  adjoint  de  nombreux  membres  provenant  des 
^ ureaux  nouveHement  annexés  à  la  circonscription,  —  dans  la  fierté  de  l’œuvre  accomplie 
par  e  député  de  votre  choix,  vient  vous  demander  d’accorder  au  citoyen  i.  Thierry  le 
enouvellement  du  mandat  que  vous  lui  aviez  confié. 

Le  maQ1feste  que  vous  lirez  ci-dessous  voùs  fera  connaître,  et  l’importauce  de  la  tâche 
J  a  remplie  par  le  citoyen  J.  Thierry,  et  combien  sont  grands  encore  les  efforts  qui  restent 
^  airc  poui  que  notie  République,  triomphant  enfin  des  difficultés  qui  jusqu’ici  ont  entravé 
Eisrc  Cj  poursuive  sa  carrière  dans  la  voie  des  réformes  tant  désirées* 

j.rr„  6  mamfe®*e  Ëst  donc  un  compte  rendu  et  un  programme.  II  reflète  le  court  mais  déjà 
n  passé  dun  ardent  serviteur  du  pays,  et  il  permet  de  juger  de  la  sûreté  de  coup 


m  — 


d’œii,  jeté  en  avant  par  un  législateur  animé  des  sentiments  dont  se  sont  honorés  les 
hommes  illustres  de  toutes  les  démocraties. 

En  raison  de  tout  cela,  vous  direz  avec  nous  que  le  citoyen  J,  Thierry  a  sa  place 
marquée  parmi  les  représentants  de  la  République  :  renvoyer  siéger  an  Parlement  est  m 
devoir. 

Citoyens, 

Pour  remplir  ce  devoir  pour  accomplir  cette  haute  obligation  civique,  nous  vous 
convions  donc  à  voter  en  masse,  ati  scrutin  du  27  avril,  pour  le  citoyen 

h  THIERRY,  député  sortant, 

{Suivent  les  signatures). 

Chers  Concitoyens, 

Vous  connaissez  mon  programme  de  189 S,  vous  savez  qu’il  n’a  pas  varié  et  que  je  suis 
resté,  dans  mes  actes  et  mes  votes,  fidèle  au  mandat  que  vous  m’avez  confié. 

Soucieux  des  véritables  intérêts  de  Marseille,  je  n'ai  cessé  de  travailler  à  la  défense  du 
patrimoine  moral  et  matériel  de  notre  grande  cité.  Désigné  par  la  confiance  de  mes  collè¬ 
gues,  fai  été  deux  fois  rapporteur  du  budget  du  commerce  et  de  l’industrie  ;  j’ai  été  chargé 
du  rapport  de  la  marine  marchande;  je  suis  enfin  intervenu  dans  toutes  les  questions  qui 
intéressent  notre  vitalité  commerciale  ou  industrielle  à  tous  les  degrés  :  mutualité,  ports 
francs,  services  maritimes  postaux,  blés,  mais,  vins,  graines  oléagineuses,  finances  publi-  \ 
ques,  réforme  des  patentes,  dont  j’ai  eu  à  m’occuper  plusieurs  fois  à  la  tribune  et  sans 
relâche  à  la  Commission  des  Douanes  et  dans  les  autres  commissions.  Pénétré  de  la  néces* 
site  de  doter  notre  pays  d’un  programme  économique  et  de  lui  assurer  un  réseau  de  voles 
navigables  et  l’amélioration  de  nos  ports,  j’ai  participé  aux  études  de  la  Commission  des 
grands  travaux  publics,  où  j’ai  été  le  rapporteur  du  canal  de  Marseille  au  Rhône  et  des  1 
travaux  des  ports  de  Marseille  à  Cette, 

Dans  toute  la  mesure  de  mes  forces  je  me  suis  occupé  de  nos  autres  questions  locales 
et  nationales,  organisation  des  conseils  de  prud’hommes,  caisses  de  retraite,  repos  hebdo¬ 
madaire  des  ouvriers  et  employés,  réglementation  libérale  du  droit  d’association  et  des 
conditions  du  travail,  et,  sacrifiant  la  politique  stérile  aux  intérêts  que  je  représente,  j’ai 
toujours  mis  au  premier  plan  la  discussion  de  nos  besoins  économiques. 

Je  vous  demande  le  renouvellement  de  mon  mandat,  en  précisant,  après  l'œuvre 
accomplie^  les  difficultés  de  demain  et  l'attitude  qu’elles  commandent. 

Je  continuerai  à  défendre,  contre  les  préjugés  aveugles  de  la  majorité  agrarienne,  la 
liberté  du  commerce  et  de  l’industrie,  conditions  essentielles  de  notre  avenir.  Fidèle  aux 
principes  de  la  Révolution  et  à  la  Déclaration  des  Droits  de  l'Homme,  je  demanderai  que 
chaque  citoyen  soit  admis  aux  fonctions  publiques,  suivant  ses  mérites  et  ses  vertus,  et  que 
la  liberté  règne  pour  tous,  aussi  bien  dans  Renseignement  que  dans  le  domaine  général  de 
la  conscience;  je  continuerai  à  défendre  toutes  les  traditions  libérales,  la  protection  de  notre 
influence  et  de  nos  intérêts  en  Orient,  la  défense  et  la  consolidation  de  notre  domaine  colo- 
nial,  le  respect  du  drapeau  chez  nous  et  au  dehors  et  le  prestige  de  la  France  dans  1® 
monde,  A  l’intérieur,  je  poursuivrai  avec  mes  amis  politiques  une  réglementation  plus  métho-  ; 
dique  et  plus  féconde  du  travail  parlementaire,  une  limitation  plus  sage  do  nos  dépensa 
et  un  équilibre  plus  sincère  de  notre  budget,,  la  restitution  au  Pouvoir  Exécutif  de  ses  attri¬ 
butions,  Hndêpendance  du  pouvoir  judiciaire  et  tout  ce  qui  peut  faire  une  République 
mieux  ordonnée  et  s’ imposant  définitivement  à  la  confiance  des  Français,  par  l'exercice 
d’une  autorité  ferme,  prudente  et  impartiale,  si  nécessaire  pour  notre  concorde  et  notre 
prospérité-  Je  poursuivrai  une  meilleure  répartition  de  l’impôt  annuel  et  successoral,  ; 
comportant,  avec  une  équitable  exonération  à  la  bas^j  des  proportions  qui  rassurent 


—  129  — 


N3  1162 


l’épargne  et  3a  propriété  individuelle  ;  je  rechercherai  toutes  les  améliorations  des  condi¬ 
tions  du  travail  national,  réalisables  sans  hostilité  systématique  contre  le  capital,  bien 
persuadé  que  l’ouvrier  et  remployé  ont  plus  à  attendre  de  l'amélioration  progressive  de  la 
législation  et  des  mœurs  publiques  que  de  la  lutte  des  classes  et  de  réformes  hâtives  et 
ruineuses  pour  tous. 

Je  fais  appel  à  tous  les  républicains  qui  veulent  s’unir  avec  moi  pour  la  sauvegarde  et 
la  véritable  défense  des  institutions  républicaines. 

Vive  Marseille!  Vive  la  République! 

J.  THIERRY,  Député  sortant, 

Membre  du  Conseil  supérieur  de  T  Assistance  publique, 
Membre  du  Conseil  supérieur  des  Voies  navigables. 


4e  circonscription  de  MARSEILLE 

M*  Henri  BRISSON 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  6-640  voix. 


Comité  de  défense  et  d’action  républicaine  radicale,  radicale- socialiste  et  socialiste. 

Citoyens, 

Devant  la  coalition  hétérogène  de  toutes  les  forces  réactionnaires  se  ruant  à  Passant  de 
la  République  dans  la  4°  circonscription  de  Marseille,  les  républicains  de  toutes  nuances 
qu’anime  la  foi  républicaine  ont  estimé  que,  pour  repousser  ce  déchaînement  désespéré  de 
la  réaction,  il  convenait  de  présenter  un  homme  qui,  par  l'autorité  de  son  nom,  fut  à  même 
de  faire  l’union  du  parti  républicain  tout  entier. 

C'est  pour  cela  que  nous  présentons  à  vos  suffrages  le  citoyen  Henri  Brisson. 

Sans  abdiquer  une  parcelle  du  programme  de  chacun  de  nous,  sans  faire  la  moindre 
concession  sur  les  principes  qui  nous  sont  chers,  pénétrés  du  danger  que  court  la  Répu¬ 
blique,  nous  avons  fait  appel  à  l’un  de  ses  plus  vaillants  défenseurs,  à  Rhommedont  le  nom 
symbolise  :  honnêteté  politique,  conviction  démocratique,  lutte  die  l’esprit  laïque  contre 
Fobscuraritisme,  diffusion  des  principes  généreux  de  la  Révolution  française  opposés  à  un 
nationalisme  équivoque  et  étroit. 

Aussi,  Citoyens,  vous  saurez  accomplir  voire  devoir  de  républicains, 

La  lutte  est  nettement  engagée  : 

République  ou  réaction  ? 

Vous  voterez  pour  la  République  ! 

Vous  voterez  pour  Henri  Brisson. 

(Suivent  les  signatures). 


17 


—  430  - 


5fi  circonscription  de  MARSEILLE 

M,  EXPERT 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin*  7.3^3  voix* 


COMITÉ  RÉPUHLICAUt  DÉMOCRATE . 

Citoyens, 

Vous  connaissez  ma  politique*  Elle  repose  sur  les  principes  de  la  Révolution  Française 
et  de  la  Déclaration  des  Droits  de  lElommeï  C’est  dire  que  je  me  présente  à  vos  suffrages  en 
défenseur  résolu  de  la  propriété  et  de  la  liberté  individuelles,  de  la  liberté  de  conscience  et 
de  la  liberté  d’enseignement! 

Marseillais  de  race*  né  au  sein  même  du  peuple,  j’en  connais  les  besoins  et  les  aspira¬ 
tions*.*! 

Le  cours  normal  de  la  vie  a  fait  naître  de  graves  problèmes  sociaux*  Pour  les  résoudre 
les  Collectivistes-Internationalistes  n’ont  qu’un  remède  :  le  bouleversement  de  la  société! 
Ils  compromettent  les  intérêts  du  peuple  au  lieu  de  les  défendre  utilement;  c’est  pourquoi 
je  me  déclare  l’adversaire  irréductible  de  leurs  doctrines.  La  grève  générale  et  la  révolution 
ne  sont  pas  des  moyens  de  solutionner  les  difficultés  économiques  qui  nous  préoccupent. 
C’est  par  des  réformes  sages  et  pratiques,  immédiatement  réalisables,  dont  tout  le  monde 
reconnaît  la  nécessité,  qu’on  amènera  cet  apaisement  social  tant  désiré  et  qui  seul  assurera 
la  tranquillité  intérieure  et  la  grandeur  de  la  France* 

.Ces  réformes,  je  les  précise  dans  les  propositions  suivantes  : 

Création  de  retraites  ouvrières  et  d’asiles  pour  la  vieillesse; 

/Participation  de  l’ouvrier  et  de  Remployé  aux  bénéfices ^ 

Développement  de  Pépargne  et  de  la  mutualité* 

M’intéressant  au  .mil  de  tous  les  travailleurs  qui,  par  leur  labeur,  contribuent  à 
facoFoi  s  sement  de  la  prospérité  nationale,  je  veux  assurer  aussi  la  vitalité  du  commerce  et 
de  d’industrie  par  : 

La  suppression  de  la  patente  pour  les  petits  commerçants  ; 

La- diminution  générale  des  impôts.; 

La  création  d’un  port  franc  à  Marseille  ; 

L  établissement  de  voies  de  navigation  intérieure  par  la  créa  lion  de  nombreux  cajiauï 
et  notamment  la  création  du  canal  de  Marseille  au  Rhône  ; 

L'abaissement  des  tarifs  de  chemins  de  fer; 

La  mise  en  valeur  de  notre  domaine  colonial  ; 

L  application  la  plus  large  du  système  des  traités  de  commerce  pour  parer  aux  inconvé¬ 
nients  du  protectionnisme* 

En  ce  qui  concerne  l’ordre  général,  je  demanderai  ; 

La  diminution  du  fonctionnarisme: 

La  suppression  des  sinécures  administratives; 

La  réforme  du  recrutement  de  la  magistrature  et  rétablissement  d’un  concours  pour  y 
être  admis  ; 

La  diminution  des  frais  de  justice; 

La  révision  des  codes  ; 

La  refonte  et  l'unification  des  lois  éparses. 


431  — 


N°  1162 


1p  crois  citoyens,  que  la  strie  des  réformes  insérées  dans  mon  programme  est  de 
JJ  à  saiisMre  îoutes  les  revendications  populaires!...  11  faut  à  la  France,  il  faut  a 
.  ‘üj.  'I10n  fies  représentants  qui  affichent  sur  les  murs  des  programmes  chimériques 

ïr*  SÆ  tremplin»  il  ’.or.„x,  m,i8  <!«.  I**»»  ^ 

d..n|a“p  “la  paix  intérieureen  — «  la  prép«adér»„=e  d.  génie  na„o„al  aux  le 

l'heure  ert  grave  et  aolennelle,  tfoubliex  paa  qu'il  s'agit  des  libertés  et  des 

întérÉs  les  olus  chers  de  la  patrie  et  de  la  cité.  ,  . 

Vous  les  consoliderez  en  faisant  dignement  votre  devoir  le  27  avril  procnain. 

Aux  urnes,  pas  d’abstentions I  Vive  Ta  France I  Vive  la  Hépubfique!  Vive  Marseille! 

J.-B.  RIPERT- 

Citoyens, 

Vous  venez  de  lice  la  profession  de  foi  si  catégorique  et  si  franche,  du  citoyen 

J"B'l5srÎ’’mtéra  de  la  cité  et  dans  Piutêrêt  général  le  besoin  impérieux  se  fait  sentir 
d’élire  dans  la  5“  circonscription  un  représentant  d’un  républicanisme  sincère,  amm^d  un 
amour  profond  pour  les  classes  ouvrières  et  pour  toutes  les.  classes  sociales  sans  exception. 

Ce  réoubUcain  et  ce  démocrate,  c’est  le  citoyen  Bipert  .  .  . 

Vous  délaisserez  pas  plus  longtemps  triompher  à  Marseffle  Le  collectivisme  interna  no- 
Jk"  éî  la  déshonore.  Vona.  assumez.  lé  olomph.  dé  celu,  qm  c  c«ta. 
depuis  si  longtemps  avec  tant  cîe  courage  et  tant  de  vigueur.  L  attitude  admirab  e  t  u  ci  i 
Bipert  à  l’HÔtcl  de  Ville,  où  sans  relâche  il  s’est  élevé  contre  la  politique  et  1  administration 
néfaste  du  citoyen  Flaissières  et  de  sa  majorité,  donne  la  mesure  de  son  ta  en  , 

iralenr  et  de  la' solidité  de  ses  convictions  politiques  ! 

Ouvriers,  négociants,  industriels  et  petits  patrons  5  Aucun  de  vous  u  a  perdu  e  souve¬ 
nir  des  dernières  grèves  désastreuses  soutenues  par  Flaissieres  au  grand  détriment  du  po  . 

a»%  grand  proût  d» po,.  de  «...  Mae,  dé 
inconsciente  qui  consiste  à  exploiter  les  misères  da  peuple  dans  un  but  électoral. • ... 

C  “éos  ”i  “„s  voulez  u  ne  fols  pour  , op.es  délivrer  Ma, seffle  de  la  bon,*  dp  colleePe 

visme  internationaliste,  votez  tous  en  masse  poui  *e  citoyen 

l.-B.  RIPERT 

Avocat,  Conseiller  municipal, 


"  Tfaitfsm^son  nom  triomphant  de  l’urne,  vous  aurez  confié  vos  intérêts-  à  un 
honnête  homme,  à  un  enfant  de  Marseille,  à  un  citoyen  qui  a 
blicain  et  à  un  démocrate,  devant  la  loyauté  et  la  sincérité 

Citoyens,  pas  d’abstentions,  aux  urnes  pour  le  citoyen  J.-B.  Ripert,  candidat  du  part 

républicain  démocratique  de  !a  5e  circonscription. 

\'ive  la  France!  Vive  la  République!  Vive?  Marseille  L 


Suivent  les  signatures. 


—  132  — 


6e  circonscription  de  MARSEILLE 

M.  Antide  BOYER 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  7.612  voix. 


RÉUNION  DU  CONGRÈS  SOCIALISTE  DU  6  AVRIL. 

Le  citoyen  Antide  Boyer  assiste  au  Congrès. 

Répondant  à  un  camarade  qui  demande  ce  qu’il  pense  du  mandat  impératif,  il  répond 
que  non  seulement  il  en  est  partisan,  mais  encore  il  l’a  déjà  pratiqué  quand  il  était 
député  de  la  5°  circonscription  en  consultant  les  président  et  secrétaire  de  son  comité, 
chaque  fois  qu’il  devait  prendre  position  dans  une  question  spéciale. 

C’est  au  milieu  d’acclamations  enthousiastes  que  le  citoyen  Boyer  termine  son  exposé. 

La  discussion  est  ensuite  ouverte  sur  le  programme. 

Le  citoyen  Antide  Boyer  communique  le  programme  qu’il  était  chargé  de  défendre  dans 
la  5”  circonscription  ;  il  fait  justement  remarquer  que,  contrairement  à  certains  républi¬ 
cains  timorés,  ce  programme  est  celui  qu'il  avait  il  y  a  17  ans,  dit  qu’il  s’honorait  de  ne  pas 
l’avoir  abandonné,  tout  en  l’augmentant  d’articles  plus  en  rapport  avec  la  marche  en  avant 
de  Fhumanité. 


1.  —  Politique.  —  Révision  de  la  Constitution  par  une  Constituante.  Amnistie  géné¬ 
rale  pour  les  délits  politiques  et  faits  connexes.  Mandat  impératif  et  referendum  populaire, 
Autonomie  communale  et  liberté  individuelle.  Liberté  de  presse,  de  réunion,  d 'association 
de  conscience,  etc.  Séparation  des  Églises  et  de  l'État.  Dénonciation  du  Concordat  etc’ 
Réformes  administratives.  Epuration  du  personnel.  Suppression  des  sinécures.  Diminution 
des  gros  traitements.  Amélioration  du  sort  des  anciens  militaires  employés  civils.  Suppres¬ 
sion  des  conseils  d  arrondissement  et  des  sous-préfectures.  Instruction  intégrale  gratuite  à 
tous  les  degrés.  Augmentation  des  bourses  scolaires  pour  les  enfants  des  familles  peu  for¬ 
tunées.  Justice  gratuite  à  tous.  Jury  au  correctionnel.  Extension  de  la  compétence  des  juges 
de  paix.  Fin  des  guerres  de  conquêtes.  Réduction  du  service  militaire  à  deux  ans,  puis  à 
un  an,  pour  tous  indistinctement.  Préparation  d’une  organisation  d’arbitrage  international. 

IL  —  finances.  Impôt  progressif  sur  le  capital  et  sur  le  revenu.  Refus  de  tout 
nouvel  impôt.  Abolition  des  contributions  indirectes.  Révision  des  patentes.  Suppression  de 
l’impùt  sur  les  portes  et  Lfenôtres,  des  prestations  et  des  cotes  mobilières  sur  les  petits 
loyers.  Amortissement  de  la  dette  par  des  économies  constantes.  Mise  en  adjudication  des 
bureaux  de  tabac.  Suppression  des  pensions  civiles  votées  sous  les  anciens  régimes  Unifi¬ 
cation  des  pensions  de  retraites  à  tous  les  militaires  (y  compris  la  proportionnalité  due  aux 
soldats  ayant  servi  quatorze  ans  et  aux  employés  civils  des  administrations  publiques")  Aue- 
mentation  à  5  0/0  du  taux  d’intérêt  à  servir  aux  petits  déposants  des  caisses  d’épargne  et 
aux  sociétés  de  secours  mutuels  et  de  retraites,  ° 

111.  —  Reformes  sociales.  —  Exécution  des  décisions  des  congrès  ouvriers.  Abolition  de 
tous  privilèges  et  monopoles  Retour  à  la  nation  de  la  Banque  de  France,  deschemins  de 
fer,  des  usines,  canaux,  etc,,  à  organiser  en  service  public  au  profit  de  tous.  Organisation 
du  crédit  au  travail,  aux  Sociétés  de  producliou  et  règlement  des  coparticipations  Organi- 


—  133  — 


N°  1162 


sation  :  1°  de  retraites  pour  les  vieillards,  les  infirmes  et  invalides  du  travail  ;  2üde  secours 
et  d’assurance  contre  les  accidents,  la  maladie  et  le  chômage;  3°  d’assistance  et  d’asile  pour 
les  enfants  abandonnés  et  pour  les  invalides. 

Gestion  des  caisses  ouvrières  restituées  aux  travailleurs.  Intervention  des  ouvriers  dans 
les  règlements  d’atelier.  Augmentation  des  droits  des  tribunaux  de  prud’hommes  étendus  aux 
employés  de  toute  catégorie.  Diminution  des  heures  légales  de  travail.  Fixation  d’un  mini¬ 
mum  de  salaire.  Abrogation  des  bureaux  de  placement  privés  et  organisation  pour  pla¬ 
cement  gratuit  par  les  bourses  de  travail,  les  syndicats  et  les  mairies.  Interdiction  du 
travail  aux  enfants  au-dessous  de  U  ans.  Défense  du  travail  de  nuit,  sauf  pour  quelques 
branches  d’industrie  exigeant  un  travail  ininterrompu.  Hygiène  et  salubrité  dans  les  ateliers, 
usines  et  manufactures.  Sanction  de  la  liberté  absolue  des  chambres  syndicales  ouvrières, 

ÏY.  —  Navigation  et  agriculture,  — Refonte  des  lois  sur  la  marine  marchande  pour  l’amé¬ 
lioration  du  sort  des  inscrits  maritimes  et  modification  des  règles  de  discipline  à  bord, 
Sailors’home.  Réorganisation  des  règlements  de  la  Caisse  des  invalides  de  la  Marine  et  des 
pensions  des  soldiers  et  demi-soldiers.  Révision  des  lois  et  règlements  sur  la  prud3homie 
de  la  pêche.  Chasse  aux  marsouins.  Patronat  réservé  aux  Français  soumis  à  la  loi  du  recru¬ 
tement  militaire. 

V,  —  Réformes  locales  (Commerce  et  industrie).  —  Adoption  du  programme  des  com¬ 
merçants  et  magasiniers  contre  le  protectionnisme,  au  sujet  de  l’éclairage  et  de  la  distribu¬ 
tion  de  la  force  motrice  à  bon  marché  (grande  et  petite  voirie),  concernant  les  réformes 
fiscales,  des  boissons,  des  faillites,  etc.,  et  enfin  Rabaissement  du  prix  du  transport  et  des 
taxes  postales.  Travail  libre  sur  les  quais  et  dans  les  docks.  Création  de  ports  sud.  Achève¬ 
ment  de  la  gare  du  Prado. 

Tous  les  articles  du  programme  sont  adoptés  en  bloc,  ainsi  que  les  articles  suivants  : 

1.  Abrogation  de  la  loi  Falloux,  proposée  par  le  citoyen  Àntide  Boyer; 

2.  Suppression  des  13  et  28  jours. 

3.  Incompatibilité  des  fonctions  militaires  et  des  fonctions  électives.  Cessation  du 
cumul  des  deux  rétributions. 

h.  Suppression  du  privilège  des  avocats. 

5.  Suppression  et  retour  à  l’État  des  charges  d’avoués  et  de  notaires  et  huissiers. 

0,  Amélioration  de  la  loi  sur  les  accidents  du  travail  dans  on  sens  plus  en  rapport  avec 
les  besoins  de  la  classe  ouvrière. 

7,  Application  intégrale  des  tarifs  à  la  série  en  ce  qui  concerne  les  salaires. 


—  134  - 


CALVADOS 


Circonscription  de  BAYEUX 

M.  le  bai’ ou  Maurice  GERARD 
Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  7,ùü3  voix. 


Messieurs  et  chers  Concitoyens, 

Ma  candidature  à  Sélection  du  27  avril  vous  est  déjà  connue. 

Elle  vous  a  été  annoncée  par  celui  qu'en  1831  vous  choisissiez  pour  votre  Député  et 
que  depuis,  avec  une  fidélité  qui  a  honoré  l’élu  et  les  électeurs,  vous  n'avez  cessé  de  main* 
tenir  comme  représentant  de  vos  propres  convictions 

Je  tiens  à  vous  dire  tout  d’abord,  que  je  m'efforcerai  surtout  de  suivre  l'exemple  de 
mon  père,  mes  sentiments  et  mes  principes  étant  eu  tous  points  les  siens. 

A  mon  tour,  je  dois  examiner  avec  vous  la  situation  de  la  France,  à  cette  heure  de 
consultation  nationale. 

Toute  équivoque  est  impossible.  Notre  pays  est  malheureusement  partagé  entre  ceux 
qui  approuvent  les  actes  d'un  gouvernement  soutenu  par  une  majorité  de  la  Chambre  dont 
les  pouvoirs  expirent,  et  ceux  qui,  dans  leur  patriotisme,  réprouvent  une  politique  funeste 
à  nos  intérêts  moraux  et  matériels.  Je  suis  de  ces  derniers. 

Depuis  trois  ans,  nous  avons  assisté  aux  efforts  tentés  pour  disculper  un  crime  envers 
la  patrie,  crime  deux  fois  proclamé  et  pourtant  gracié! 

Nous  avons  vu  l'exil  infligé  à  de  bons  Français,  et  récemment  une  loi  d'exception 
engendrer  3a  persécution  religieuse,  prélude  probable  d'une  antre  loi  qui  enlèverait  au  père 
le  droit  de  choisir  les  éducateurs  de  ses  enfants,  sous  peine  de  leur  fermer  les  carrières 
de  l'État, 

La  liberté  d'enseignement  est  cependant  îa  meilleure  garantie  de  T  émulation  des 
maîtres  et  de  l'éducation  de  la  jeunesse, 

La  sauvegarde  de  ces  libertés,  leur  défense  contre  l'influence  néfaste  de  la  secte 
maçonnique  qui  espère,  mais  en  vain,  anéantir  la  Foi,  soutien  et  consolation  des  hommes, 
tel  devra  être,  à  mon  avis,  le  devoir  de  votre  mandai  aire, 

11  devra  se  préoccuper  aussi  de  voir  notre  armée  protégée  contre  ceux  qui  la  veulent 
asservir,  ou  qui  cherchent  à  ébranler  son  admirable  esprit  de  discipline,  par  des  théories 
indignes  de  tout  cœur  français. 

En  ce  qui  concerne  nos  intérêts  matériels,  agriculteur  moi-même,  rural  par  mes  goûta 
et  mes  occupations  préférées,  je  m'attacherai  spécialement,  ainsi  que  j'ai  cherché  à  le  faire 
jusqu'ici,  comme  conseiller  général  et  dans  d'autres  occasions,  aux  questions  ayant  trait  à 
notre  production  beurrière,  qu'une  loi,  dont  mon  père  a  eu  sa  part  d'initiative,  garantit 
contre  l'addition  occulte  de  la  margarine ,  mais  qui  doit  encore  lutter  contre  une  formidable 
concurrence  et  le  mélange  de  beurres  étrangers  qu'on  fait  passer  pour  nôtres;  à  notre 
élevage  de  bestiaux  et  de  chevaux;  aux  précautions  et  traitements  sanitaires  qui  peuvent 


—  135  — 


N°  1162 


mettre  à  l’abri  de  la  fièvre  aphteuse  nos  exploitations,  sans  entraver  nos  transactions.  Je 
^  Serai  pas,  pour  cela,  les  intérêts  commerciaux  de  Bayeux  et  de  nos  chefs-beux  de 
c-mtons  si  intimement  liés  d’ailleurs  à  la  prospérité  de  notre  agriculture.  .. 

La  teire  L  ia  source  de  la  vie,  celui  qui  l’exploite  doit  être  encourage  protégé;  U 
doit  pouvoir  faire  ce  qu’il  entend  de  sa  récolte  et  la  transformer  a  sa  guise  :  son  do“* 
doit  être  inviolable,  et  comme  conséquence,  le  maintien  du  droit  des  boud  eurs  c-  _ 

Le  intangible  ;  mais  il  faut  admettre  la  répression  de  la  fraude  et  celle  de  la  falsiücation, 

œ  fl  Nous  devonsLïhlter  le  dégrèvement  des  alcools  dénaturés  pour  que  emPloïés  a 
, -éclairage,  au  chaulfage,  à  l’industrie,  ils  puissent  remplacer  le  pétrole,  produit  étranger, 

pi  cela  au  prolit  de  notre  agriculture.  ,  ,  -  • 

Celui  qui  travaille  la  terre  a  droit  aussi  à  notre  sollicitude,  et  dans  les  lois  qui  J  ■ 
ment  se  préparent  pour  assurer  à  l’homme  qui  l’aura  mérité,  un  repos  exempt  de  “> 
ZrieVrural  devra  être  favorisé.  Ne  sera-ce  pas  aussi  uu  moy  en  de  repeupler  nos  cam¬ 
pâmes  trop  désertées  et  de  rendre  à  l’agriculture  les  forces  qm  la  quittenU 
P  b  Nos  vaillants  marins  peuvent  être  assurés  de  mon  désir  quil  soit  donne  a  leur 
tence  de  labeur  et  de  péril  les  refuges  qui  leur  sont  dus,  et  que  ceux  qui  sont  devenus 
insuffisants  soient  complétés.  Je  m’associerai  aussi  à  toute  mesure  qui  pouirai  a  0 
w  bénéfices  de  nos  barques  de  pêche  et  le  commerce  de  nos  ports, 

“S  ûuancea,  h  suffit  que  je  vous  dis.  ce  q»?,  ch.q.e  ann  e,  ,ous  apprend  avec 
une  surprise  le  plus  souvent  désagréable  b  la  feuille  d  avertissemen  ».  o 
nos  ünpbf^st  croissante,  et  malgré  cela  le  déficit  est  constaté  officiellement  dans  notre 
budget;  seules  des  économies  peuvent  en  rétablir  l’équilibre.  ,  .  . 

Cet  exposé  trop  long,  quoique  bref,  vous  mettra  a  meme  de  juge  *  - 

«lulmuSpSeà  yllrttls^-  Si  VOUS  me  Mes  lo  grand  honneur  de  me  nomme 
votre  Député,  adversaire  de  l'esprit  de  parti  qui  sacrifie  tout  a  la  P°  ‘“W  p  d 

donner  mon  concours  aux  hommes  résolus  a  s’unir  pour  le  bien,  la  paix,  la  prosp 
pays,  pour  le  respect  et  la  victoire  des  idées  libérales. 

Puisse  rester  vraie  notre  vieille  devise  «  Dieu  protège  la  France,  » 

Veuillez  croire 3  Messieurs  et  chers  Concitoyens,  à  tout,  mon  dévouement. 

Baron  Maurice  GÉRARD, 

Conseiller  général  du  canton  de  Trévières, 
Maire  de  Maisons. 


l,c  circonscription  de  CAEN 

M.  DELABREE 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  7.337  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

En  me  donnant  en  1S9S  an  nombre  de  voix  tel  qoe  beaocoup  me  crurent 
avez  nettement  prouvé  voire  attachement  aux  principes  que  je  soutiens.  Vous  ni  .ppoilet 
cette  fois  une  majorité  assez  compacte  pour  imposer  nettement  votre  voluiitè. 

Je  n’ai  pas  de  profession  de  foi  nouvelle  à  faire,  ne  changeant  pas  d  opinion  a  chaq 

période  législative. 


—  436  — 


Mes  déclarations  sont  en  1902  ce  qu'elles  furent  en  1898  : 

Opposition  ferme  aux  gaspillages  financiers,  à  tort  contestés  en  1898,  surabondamment 
démontrés  en  1902  ; 

Opposition  absolue  aux  impôts  et  aux  emprunts  nouveaux  ; 

Retrait  des  lois  contraires  à  la  liberté  de  Renseignement  et  au  droit  dissociation; 

Examen  approfondi  et  vote  de  la  loi  sür  le  recrutement,  en  vue  d'une  diminution  de 
durée  du  service  militaire,  tout  en  maintenant  intacte  la  sécurité  nationale; 

Étude  sérieuse  et  vote  de  lois  sur  les  retraites  ouvrières  donnant  les  garanties  néces¬ 
saires  au  travailleur  de  la  campagne  comme  à  celui  de  la  ville; 

Vote  de  lois  améliorant  le  sort  des  employés  de  chemins  de  fer; 

Révision  de  la  loi  vexatoire  des  boissons;  suppression  des  licences,  détaxe  de 
Falcool ; 

Examen  de  lois  protectrices  du  petit  commerce  ; 

Protection  de  l'agriculture  et  révision  complète  de  la  loi  du  service  sanitaire. 

Elu  au  Conseil  d'arrondissement  et  au  Conseil  général  comme  républicain,  c'est  comme 
républicain  que  j'ai  réclamé  vos  suffrages,  il  y  a  quatre  ans,  et  que  je  les  réclame  encore 
aujourd'hui. 

Ou  ne  trouvera  pas  un  seul  de  mes  actes  en  opposition  avec  mes  déclarations.  Mais  je 
ne  veux  pas  d'une  république  fermée  et  devenue  la  proie  de  quelques  privilégiés. 

Je  suis  nettement  opposé  au  Ministère  Waldeck- Rousseau,  association  bizarre  de  socia¬ 
listes  et  d'anciens  modérés.  Pour  se  maintenir  au  pouvoir,  il  imagina  la  Haute  Cour,  exigea 
le  lendemain  même  de  sa  condamnation,  la  grâce  d’un  traître  déjà  rappelé  en  France  par  le 
ministère  Dupuy,  prolongea  une  agitation  criminelle  dans  le  pays.  Tous  ses  actes  sont  la 
négation  de  la  liberté,  de  l'égalité  et  de  la  fraternité. 

Je  vous  sais,  comme  moi,  convaincus  que  la  France  ne  pourra  être  prospère  à  Finté- 
rieur  et  respectée  au  dehors  tant  qu'elle  sera  la  proie  des  cosmopolites  qui  la  mettent  en 
coupe  réglée. 

Aussi,  dans  le  choix  que  vous  allez  faire  d'un  député,  négligeant  vos  sympathies  per¬ 
sonnelles,  choisissez  avant  tout  îe  candidat  qui  votera  conformément  à  vos  convictions. 

Du  suprême  effort  tenté  de  tous  côtés  dépendra  l'avenir  de  la  France. 

P.  DELARBRE, 

Candidat  de  la  «  Patrie  française  », 

Officier  d'académie, 

Conseiller  général,  —  Conseiller  municipal  de  Troarn, 

Membre  de  la  Société  d'agriculture  et  de  commerce  de  Caen. 


2e  circonscription  de  CAEN 

M.  Fernand  ENGERAND 
Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  6,091  yoix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Mon  nom  seul  vous  dit  déjà  qui  je  suis  I 

Vous  avez  connu  mon  père.  Vous  avez  pu  apprécier  sa  loyauté,  sa  haute  indépendance, 
sa  noble  fidélité  à  des  opinions  librement  acceptées.  Les  ouvriers,  les  petits,  les  humbles 


—  137  — 


N*  1162 


savent  quel  ami  dévoué  et  désintéressé  ils  ont  perdu  en  le  perdant.  C/e st  avec  une  légitime 
fierté  que  je  me  recommande  d’un  tel  patronage  et  que  j’accepte  tous  les  devoirs  qu’il 
comporte. 

Je  ne  suis  pas,  moi  non  plus,  de  ceux  qui  cachent  leur  drapeau  ;  ma  candidature  n’est 
pas  à  double  face  :  je  tiens  à  votre  estime  plus  encore  qu’à  vos  suffrages. 

Avec  moi,  vous  saurez  au  moins  pour  qui  vous  votez.  Mon  programme  politique  est 
simple  et  net  ;  en  deux  mots,  le  voici  : 

Je  demande  que  le  Chef  de  l’État  soit  élu  par  le  suffrage  universel,  c’est-à-dire  par  le 
pays  tout  entier,  qui  pourra  dès  lors  le  choisir  pour  lui,  —  au  lieu  d’être  élu,  à  Versailles, 
par  quelques  députés  et  sénateurs,  qui  le  choisissent  pour  eux. 

C’est  là,  j’en  ai  la  profonde  conviction,  la  réforme  essentielle,  celle  qui  entraînera 
toutes  les  autres;  ce  sera  le  salut,  parce  que  c’est  le  droit;  et  c’est  pour  faire 
prévaloir  cette  revendication  démocratique  que  je  réclame  la  révision  de  la  Constitution 
de  1875. 


Électeurs  ! 

Il  faut  prendre  la  France  comme  elle  est.  Nul  aujourd’hui  ne  conteste  la  forme  du 
Gouvernement  :  mais  tout  le  monde  déclare  qu’il  faut  que  cela  change. 

La  confiance  n’est  nulle  part  ;  les  rapports  entre  citoyens  sont  tendus  et  nous  vivons 
dans  uue  réelle  atmosphère  de  guerre  civile;  vous  êtes  écrasés  d’impôts;  la  terre  dépréciée 
ne  nourrit  plus  le  paysan  ;  l’ouvrier,  ne  pouvant  plus  vivre  à  la  campagne,  s’en  va  vers  les 
villes...  Jamais  la  misère  ne  fut  plus  grande,  et  pourtant  la  terre  n’est  pas  moins  fertile*  et 
votre  énergie,  votre  ardeur  au  travail  n’ont  pas  diminué  ! 

Cette  crise,  dont  vous  ressentez  si  durement  les  atteintes,  c’est  au  régime  parlemen¬ 
taire  que  vous  le  devez,  à  ce  régime  parlementaire,  dont  la  politique  constante  fut  dirigée 
contre  les  campagnes.  C’est  parce  que  l’on  vous  a  fait  de  mauvaise  politique  que  vous  avez 
fait  de  mauvaises  affaires. 

Aujourd’hui,  le  Chef  de  l’État  irresponsable  n’a  aucune  autorité  ;  la  souveraineté  est 
partout,  la  responsabilité  nulle  part.  Tout  le  pouvoir  est  concentré  entre  les  mains  du 
Parlement,  qui  ne  représente  que  les  intérêts,  trop  souvent  équivoques,  d’une  coterie;  les 
intérêts  du  pays  sont  entièrement  sacrifiés. 

Les  républicains  parlementaires,  qui  soutiennent  et  que  soutient  le  Ministère,  trouvent 
ce  régime-là  très  supportable;  nous  autres,  nationalistes  plébiscitaires  et  antiministériels, 
estimons  que  le  pouvoir  parlementaire  sans  contrepoids  est  encore  plus  intolérable  que 
l’absolutisme  monarchique. 

Mais  le  mal  n’est  pas  uniquement  dans  les  hommes,  il  est  surtout  dans  les  institutions  ; 
ce  n’est  pas  seulement  le  charbon  qui  est  mauvais,  c’est  aussi  la  machine! 

Nous  avons  à  l’heure  actuelle  800  gouvernants;  je  trouve  que  c’est  trop  de  799.  Que 
serait,  je  vous  le  demande,  une  entreprise  agricole  qui  aurait  800  patrons? 

Il  faut  donner  un  chef  responsable  à  la  République,  un  représentant  au  pays,  un  défen¬ 
seur  au  peuple  I 

Et  pour  que  ce  chef  soit  vraiment  l’homme  de  la  nation,  le  plus  simple  c’est  que  la 
nation  le  choisisse  elle-même  et  lui  délègue  expressément  toute  l’autorité  dont  il  aura 
besoin  pour  défendre  les  intérêts  du  pays. 

Le  jour  où  le  peuple  aura  parlé,  les  partis  n’auront  plus  qu’à  se  taire.  Nous  ne  verrons 
plus  de  ces  effrontées  conspirations  contre  la  patrie  :  nous  ne  verrons  plus  les  forces  vives 
de  la  nation  systématiquement  compromises,  l’armée  en  butte  aux  pires  outrages,  les  droits 
sacrés  de  la  conscience  méconnus,  la  liberté  du  père  de  famille  menacée,  le  principe  même 
de  la  propriété  contesté  ;  nous  ne  verrons  plus  une  minorité  sectaire,  obéissant  à  des  inspi¬ 
rations  occultes,  opprimer  une  majorité  passive  et  résignée;  par-dessus  tout,  nous  ne 
verrons  plus  l’influence  de  l’étranger  prévaloir  en  maîtresse  dans  les  directions  de  notre 
politique  intérieure. 


18 


—  438  — 

La  concorde,  enfin,  pourra  renaître,  car  il  n’y  aura  plus  qu’un  grand  parti  national,  sans 
vainqueurs  m  vaincus,  s’élevant  au-dessus  de  tous  pour  les  réconcilier,  et  notre  luance 
unie  retrouvera  des  destinées  dignes  de  son  passé. 

Électeurs  de  la  T  circonscription  de  Caen  1 

Rappelez-vous  donc  la  période  de  prospérité  que  nos  campagnes  ont  connue  quand  la 
France  était  sagement  gouvernée;  rappelez-vous  cette  époque  bénie,  où  le  colza  et  la 
dentelle  faisaient  entrer  par  an  plus  de  cinquante  millions  dans  notre  région»  où  l’on  ne 
voyait  pas  de  malheureux  dans  les  villages,  où  l’ouvrier  était  petit  propriétaire*  où  le  travail 
de  ia  terre  était  le  plus  rémunérateur  comme  il  est  le  plus  noble. 

Pourquoi  donc  les  mêmes  causes  ne  produiraien t-elles  pas  les  mêmes  effets?  Gest  a 
vous  en  rendre  le  bienfait  que  tendront  tous  mes  efforts,  toute  mon  énergie* 

Vous  savez  qui  Je  suis,  vous  savez  ce  que  je  veux;  vous  savez  d’où  je  viens,  vous  savez 
où  je  vais.  Décidez  donc,  dans  votre  souveraine  indépendance,  si  je  suis  votre  homme  et  si 
la  franchise  irest  pas  auprès  de  vous  la  meilleure  des  politiques. 

Ce  que  je  sollicite  de  vos  libres  suffrages,  ce  n’est  pas  un  vain  titre,  ce  n’est  pas  une 
sinécure:  c’est  un  poste  de  combat, 

.  Démocrates  de  tous  les  partis,  groupons-nous  et  restons  unis  au  cri  de  ; 

Tout  par  le  peuple  et  pour  le  peuple! 

EnGAGEMEM'S  ELECTORAUX, 

Mes  chers  Concitoyens, 

Voici  comment  je  compte  défendre  les  intérêts  de  notre  circonscription,  si  vous  m  ho¬ 
norez  de  vos  suffrages: 

Mon  programme  ne  comporte  point  de  vagues  promesses;  je  prends  vis-à-vis  de  vous 
des  engagements  précis  que  je  sais  pouvoir  tenir, 

Nos  campagnes  sc  dépeuplent  1  Chaque  année  la  main-d’œuvre  devient  plus  difficile* 
L’ouvrier  agricole,  voyant  diminuer  les  sources  du  travail,  est  forcé  de  s’en  aller  vers  les 
villes,  à  la  grande  joie  des  socialistes,  dont  j’ai  toujours  combattu  les  fausses  doctrines. 
Nos  cultivateurs,  écrasés  de  charges  et  d'impôts,  se  demandent  s'ils  trouveront  bientôt  les 
bras  dont  ils  auront  besoin. 

Il  faut  retenir  l’ouvrier  à  la  campagne  en  lui  procurant  le  supplément  de  travail  dont  il 
a  été  dépossédé.  Aussi,  au  début  de  cette  législature,  je  demanderai  au  Gouvernement  de 
protéger  efficacement  le  travail  rural  et  spécialement  les  petites  industries  paysannes,  de 
faciliter  leur  organisation  et,  comme  cela  existe  déjà  dans  d’autres  pays,  de  créer  des 
ateliers  ruraux  où  les  ouvriers  trouveraient  du  travail  pendant  1T hiver. 

La  femme,  elle  aussi,  doit  pouvoir  gagner  sa  vio  en  restant  au  village.  Actuellement, 
au  sortir  de  l’école,  faute  de  savoir  un  raétier3  les  jeunes  filles  sont  forcées  de  s’en  aller  en 
place  dans  les  villes. 

Je  réclamerai  une  organisation  pratique  de  renseignement  professionnel  et  un  allége¬ 
ment  préalable  des  programmes  scolaires  de  façon  que  l’apprentissage  puisse  être  très 
avancé  à  ia  sortie  de  l’école* 

Dans  le  même  ordre  d’idées,  je  demanderai,  lors  de  la  discussion  du  prochain 
budget,  l’ouverture  d’un  crédit  de  cent  mille  francs  pour  faciliter  le  relèvement  de  la 
dentelle* 

Enfin,  le  service  militaire  personnel  et  obligatoire  trop  prolongé  entrave  les  carrières, 
détache  les  populations  du  travail  des  champs,  dépeuple  les  campagnes  et  donne  la  fureur 
des  emplois  »* 

D’accord  avec  beaucoup  de  nos  officiers,  je  suis  partisan  d©  la  réduction  à  un  an  du 
service  militaire,  par  suite  de  la  formation  d’une  armée  de  métier,  constituée  au  moyen 
de  primes  de  rengagement,  de  hautes  payes  et  d’avantages  conférés  aux  engagements  à 
long  terme. 


N«  4162 


—  439  — 

Mnc  IM  valeurs  peuvent  être  assurés  de  mon  dévouement  absolu  ;  ils  n’ont,  d’ailleurs 
pas  SlTr.*  personnels  ne  concnrrenoen,  le.  lenrs  ou  ne  mettent 

““u^pe^l'éïlitt  devant  l’impôt  n'ealste  pins;  les  charges  totales  vendront  la 
culture  impossible;  le  dégrèvement  de  l’impôt  foncier  doit  dire  réclamé  énergiquement 

“°SNoÏe8  élevage  traverse  une  crise  sérieuse.  Depuis  huit  ans,  le  dépôt  de  remon‘e  de 

r  N  t  -w  ?S',H8  chevaux  de  moins  que  pendant  la  période  correspondante.  Les  achats 

quement  sacrifié;  les  bénéfices  tmvont^qo’a^intemlc^iarre^  ^  ^  „  tosioI1  da 

prochain  budget, demanderai  au  Gouvernement  d’inviter  les  commission^  des  remontes 

il  semble  que, 

«ri£  rarrpftœs  'J*  - 

révision.  nva  eu  pour  effet  que  d’encourager  la  contrefaçon  eUa 

imP<Sûe  loi  a  été  particulièrement  injuste  pour  les  débitants  «  le 

véritable  iniquité  a i  été® ^ ^ J^ir  compte  p^uTÎ’avenir  aux  intéressés 

également  la  suppression  de  la  licence, 

qui  est  une  seconde  patente.  .  .  .  .  des  boissons  devraient  être  modifiées  dans 

AUS7'^^n8viS^icS  éSotualité  se  réalise,  je  ne  me  placerai 
un  sens  plus i  libéral  et  moins '  .  ’  e  dans  respèce,  k  santé  publique,  et  je 

qu’au  point  de  vue  de  1  intér  t  g  en  fouruisBant  au  consommateur  les  eaux-de- 

ri^rîôX  les  plus  intensives,  donner  le  pion  efitcacemeu,  le,  progrès  de 

devrait  etre  réalibt  par  fouctibnnalies,  et  en  réduisant  les  gros  traitements  de 

SiSÏÏ  et  B0S 

prévoyance  moins  ouéreusecIJJlusfacüe.  dépopulation  de  nos  campagnes  a  été 

-née,  nous  constaton.  que  la  saison  tond  do 


—  4*0  — 


sc  limiter  au  seul  mois  d’août;  la  date  des  vacances  scolaires 


en  est 


plus  en  plus  à 
cause* 

t  i  ,pre,nds  donc  PenSaDement  de  demander  au  Gouvernement,  dans  la  première  année 
de  la  législature,  de  moins  multiplier  les  petits  congés  au  cours  de  l’année  pour  étendre  la 
duiee  des  grandes  vacances  du  15  juillet  au  commencement  d’octobre. 

Il  m  a  semble  que  la  solution  de  ces  diverses  questions  présentait  une  importance  plus 
particulière  pour  notre  circonscription. 

St  vous  me  choisissez  pour  votre  député,  vous  me  trouverez  à  Caen  ou  à  Langrune 
a  votre  disposition,  prêt  à  défendre  vos  autres  intérêts,  et  je  n’hésiterai  pas  à  monter  à  là 
tribune  pour  y  faire  entendre  vos  justes  revendications, 

Fernand  ENGËRAND, 

Licencié  en  droit  et  ês  lettres, 

Membre  de  la  Société  des  Agriculteurs  de  France, 
Lauréat  de  l’Académie  Française. 


Circonscription  de  FALAISE 

M.  PAULMIER 

Élu  au  lfr  tour  de  scrutin.  —  7.735  voix. 


Mes  chers  Concitoyens  j 

Je  viens,  pour  la  cinquième  fois,  vous  demander  le  renouvellement  du  mandat  de 

interrupüon,V°US  “  If*  ^  *  **  V0U8  m’aV6Z’  depuis  lors’  contiMé  sans 

J’ai  conscience  d’être  toujours  resté  fidèle  aux  engagements  que  j’ai  pris  devant  vous 
et  de  n  avoir  jamais  deserte  les  grands  principes  que  vous  m’avez  chargé  de  défendre 
Je  ne  pus  que  répéter  ce  que  je  vous  disais  en  1898.  Deux  politiques  sont  en  présànce- 
une  politique  libérale,  sage  et  modérée,  s’appuyant  sur  les  idées  de  justice,  d’ortre  et  dé 
liberté,  respectant  les  droits  de  chacun,  cherchant  à  rapprocher  les  hommes  au  lieu  de  les 

attaché!  C  6  P< '  ^  qUÎ  CS*  mienne;  C’est  à  eJ!e  <Iue  ™is  resté  constamment 

A  cette  doctrine  on  en  oppose  une  autre  :  la  doctrine  du  parti  radical-socialiste  La 
politique  de  ce  parti,  basée  sur  la  suspicion  et  la  haine,  prêche  la  guerre  des  classes  excite 

les  citoyens  les  uns  contre  les  autres,  inquiète  tous  les  intérêts,  menace  notre  sécurité  à 

1  m  eneur  et  notre  prestige  a  l’étranger,  promet  tout  aux  travailleurs  et  ne  leur  donne  rien 
Cette  politique,  je  1  ai  toujours  réprouvée  ;  j’en  serai  toujours  l’adversaire  résolu 

C  est  elle  qu  a  pratiquée  depuis  trois  ans  le  Ministère  néfaste  qui  nous  gouverne  -  vous 
avez  vu  son  œuvre  ;  vous  pouvez  juger  des  résultats!  8  ’  0  8 

Vous  voulez  la  liberté! 

Le  Ministère  l’a  violée  sous  toutes  ses  formes. 

Vous  voulez  la  justice  ! 

Le  Ministère  l’a  foulée  aux  pieds  en  toute  circonstance. 

Vous  avez  le  respect  de  l’Armée  et  le  culte  du  Drapeau! 


—  m  — 


Nû  1162 


Le  Ministère  les  a  laissés  outrager  et  traîner  dans  la  boue.  Il  a  lui  meme,  sans  motifs, 
par  vengeance  et  par  rancune,  brisé  l'épée  de  nos  meilleurs  officiers. 

Vous  voulez  le  commerce  florissant  et  l’industrie  prospère! 

Les  lois  socialistes  conçues  par  H.  Millerand  menacent  Tun  et  l'autre. 

Vous  voulez  des  économies  et  Tordre  dans  nos  finances  I 

Les  contribuables  savent  ce  que  leur  coûte  ce  Ministère  I 

Voilà  ce  qu'a  donné  le  Cabinet  Waltfeck-André-Millerand  ;  voilà  pourquoi  je  l'ai,  en  toute 
occasion,  combattu  avec  la  dernière  énergie. 

Quel  est  le  citoyen  vraiment  patriote  qui  pourrait  m'en  blâmer? 

La  parole  est  aujourd’hui  rendue  à  la  Nation.  Elle  prononcera  contre  ces  hommes  une 
condamnation  irrémédiable  et  sans  appel! 

Ce  que  nous  voulons,  nous,  c’est  le  respect  de  la  liberté,  de  la  Justice,  de  la  Religion, 
de  TArméft  ; 

C’est  la  réduction  de  la  durée  du  service  militaire,  combinée  avec  une  loi  sur  les  cadres 
et  une  loi  sur  les  rengagements,  de  façon  à  diminuer  tes  charges  qui  pèsent  sur  les 
citoyens,  sans  compromettre  en  rien  notre  défense  nationale. 

Ce  que  nous  voulons,  ce  sont  des  lois  qui  protègent  l'agriculture,  qui  assurent  aux 
bouilleurs  de  cru  le  maintien  de  leurs  droits,  qui  dim  in  ne  ot  le  taux  exagéré  des  licences,  qui 
favorisent  le  commerce,  qui  améliorent  le  son  des  classes  ouvrières. 

Ce  que  nous  voulons  enfin,  c'est  une  poliLique  d’apaisement  et  de  concorde  qui  répare 
les  ruines  amoncelées  par  ce  Ministère  dreyfusard  et  franc-maçon  qui  n’a  que  trop 
duré! 

C’est  à  l’accomplissement  de  cette  tâche,  mes  chers  Concitoyens,  que  j'emploierai  tous 
mes  efforts,  si  vous  voulez  bien  me  continuer  votre  confiance. 

Comme  par  le  passé,  vos  intérêts  seront  toujours  également  l'objet  de  mes  constantes 
préoccupations.  Le  tramway  qui  s’achève  et  qui,  cette  année,  sera  ouvert  au  public,  vous 
prouve  avec  quelle  persévérance  et  quelle  énergie  je  poursuis  la  réalisation  des  travaux  qui 
peuvent  vous  être  utiles'.  Il  en  sera  de  même  pour  toutes  les  questions  qui  vous  touchent. 

Vous  m’avez  vu  à  l'œuvre.  Depuis  dix-sept  ans  que  je  siège  au  Parlement,  vous  avez  pu 
vous  rendre  compte  si  j’ai  fidèlement  rempli  mon  mandat.  Si,  comme  je  l'espère,  tel  est 
votre  sentiment,  vous  m'apporterez  vos  suffrages  le  27  avril  prochain,  et  ferez  une  fois  de 
plus  sortir  mon  nom  triomphant  du  scrutin. 

Veuillez,  mes  chers  Concitoyens,  croire  à  toute  ma  reconnaissance  et  à  l'expression  de 
mon  inaltérable  dévouement. 


Ch.  PAU  LM  IER, 

Conseiller  général,  Député  sortant* 


Circonscription  de  LISIEUX 
M.  Henri  LÀNIEL 

Eln  au  tour  de  scrutin.  —  7*702  voix* 


Mes  chers  Concitoyens, 

Au  lendemain  des  élections  générales  de  1898,  je  vous  disais,  en  vous  remerciant  des 
suffrages  dont  vous  m* aviez  honoré,  que  je  m'efforcerais  de  développer  de  plus  en  plus  parai 
nous  i 'esprit  de  concorde  et  d'union  dont  fa  vais  fait  la  règle  de  ma  vie  politique* 

Les  événements  si  divers  et  si  graves  qui  ont  marqué  la  législature  qui  va  prendra 
devaient  rendre  difficilement  réalisable  celte  partie,  pourtant  bien  simple,  de  moi 
programme* 

Quelques  jours  en  effet  après  îa  réunion  de  la  Chambre  nouvelle  éclatait  la  déplorai 
affaire  Dreyfus  qui  coupait  la  France  en  deux  et  dont  les  conséquences  devaient  se  îaiit 
sentir  sur  la  politique  générale  du  pays  pendant  les  quatre  ans  de  la  législature. 

Sans  elle,  les  portes  du  gouvernement  ne  se  fussent  certainement  pas  ouvertes  devanï 
le  chef  du  parti  collectiviste-révolutionnaire.  Sans  elle,  les  ennemis  de  notre  armée  n’eu&- 
sent  pas  osé  relever  la  tête* 

Au  milieu  de  toutes  ces  tristesses,  j'ai  certainement  répondu  aux  sentiments  de  im¬ 
mense  majorité  d'entre  vous  en  me  séparant  nettement  des  détracteurs  de  cette  armée,  a 
restant  ardemment  attaché  au  culte  de  notre  cher  et  glorieux  drapeau* 

Inébranlable  dans  l'altitude  indépendante  que  j'ai  prise  dès  le  premier  jour,  scrupuleu¬ 
sement  tidèle  au  programme  que  vos  libres  suffrages  ont  par  deux  fois  sanctionné,  je  m¥ 
nore  d'avoir  toujours  marché  mon  droit  chemin,  n'ayant,  je  le  proclame  bien  haut,  d'auto 
guide  que  ma  conscience,  d'autre  but  que  le  bien  générai  de  mon  pays  et  la  sauvegarde  b 
tous  vos  intérêts. 

Estimant  que  la  République  sans  la  liberté  ne  serait  que  la  parodie  de  la  République, 
j'ai  sans  cesse  marché  dans  les  rangs  des  défenseurs  de  toutes  les  libertés  :  libertés relt- 
gfifuses,  libertés  scolaires,  libertés  agricoles,  libertés  ouvrières* 

C'est  par  respect  pour  les  libertés  religieuses  que  je  me  suis  refusé  à  voter  une  loi  insti¬ 
tuant  un  régime  d'exception  pour  les  congrégations  d’hommes  et  de  femmes  :  pour  elles, 
comme  pour  tous  les  Français,  je  n'admets  qu'un  régime,  celui  de  la  loi  égale  pour  tous,  di 
droit  commun  applicable  a  tous. 

C'est  par  respect  pour  les  libertés  scolaires  que  je  me  suis  refusé  à  créer  une  lat! 
originelle  atteignant  les  enfants  dans  leurs  droits  civils  en  punition  des  opinions  de  lenfl 
parents. 

G'est  par  respect  pour  les  libertés  agricoles  que  j'ai  lutté  pour  le  maintien  du  (M 
imprescriptible  des  cultivateurs  de  tirer  de  leur  récolte  le  parti  qui  leur  convient. 

La  loi  des  boissons  de  décembre  19Ü0  a  formellement  consacré  les  droits  des  bouille 
de  cru. 

Les  dispositions  relatives  aux  boissons  hygiéniques  sont  en  outre  de  nature  à  facile 
très  sensiblement  F  écoulement  de  nos  pommes* 

Je  V ai  volée  pour  ces  deux  motifs  primordiaux  et  surtout  parce  que  si  elle  avait  écOT 
le  privilège  des  bouilleurs  de  cru  eût  été  immédiatement  et  radicalement  supprimé. 

Mais,  au  cours  de  sa  discussion,  j’ai  formellement  repoussé  l'aggravation  des  licence 
des  débitants  et  l'augmentation  des  droits  sur  l’alcool,  comme  j'ai  d'ailleurs  constatant 
repoussé  tout  nouvel  impôt. 


—  m  — 


m  4162 


tirait 

fuir: 

eyac! 

l’eus- 

l'in* 


juleu- 

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'autre 

■deè 

liqnf? 

;  rdi- 

.  insii* 
elles, 
js,  1] 

e  tan 
s  lm 


.  .  „ 4  „..r  derniers  points,  pleinement  justiûê  mon  attitude  et3  dans 

'Jfè  ttmeT Trésor,  il  n'est  pas  possible  de  songer  à  maintenir  le  droit  sur  l’alcool  à 

^«vantsuree  principe  économique  que  les  impôts  indirects  sont  d’autant  plus 
dS  que  leur  taux  est  moins  élevé,  j’estime  qu’il  faut  non  seulement  ramener  ce 

droit  à  156  par  la  science  au  point  de  vue  de  l’emploi 

.  .^“dénaturés  pour  l’éclairage,  le  chauffage  et  la  force  motrice  permettent  d’affirmer 
que  d’immenses  débouchésmdustrie^ssoiit  J  *  de a ^  ouvm  a  cm*  daris  ]a 

»  “  ‘"d”8triel,e  dcs 

en  même  tempe  une  source  très  in.port.nle  de  prospérité  pour  notre  région  et 

su  garantie  de.  ■’j”1  “rls™“  cmëflo'toM^puin  admettre,  ce  contre  quoi  je  n'ai  cessé,  ne 
Ce  que,  dans  la  situation  actu  ,3  P  vexatoires  de  l’administration  de 

cesse  et  ne  cesserai  encore  e  proies  ,  ,  use  pégard  de  nos  cultivateurs  de  pro- 

OM’les'ouvriera  se  syndiquent  ou  ne  se  syndiquent  pas,  qu’ils  travaillent  ou  tassent 

-  *■ 

autour  de  nous  les  campagnes  se  dépeuplent,  les  affaires  languissent,  les  usines 
*  ^Greye^en  l'expérience  d’un  homme  qui  depuis  vingt-cinq  ans 

la  vie  agricole,  commerciale  et  industrielle  du  pays,  i  aut'P®“^  re  d  its  et  tous  ses 
périté  matérielle,  renoncer  enfin  à  menacer  sans  cesse  tous  les  droits 

que  l’esprit  d’entreprise  soit  encouragé  par  la  «âcn'ita&L  Ù^recom  pensé . 

Il  faut  que  le  travail  sous  toutes  ses  formes  soit  laf^^;^^ésûiu_ 

Si  une  Chambre  composée  de  députés  intègres,  sa^es,  _  confiance  renaîtra 

ment  dans  cette  voie,  les  discordes  passées  seront  vite  °u  /  .  ’  ,  (pone  République 

d’elle-même  et  les  Français  marcheront  la  main  ans  a  mai  ^  .ce  et  jjonté,  la 

bienveillante  à  tous,  bienfaisante  aux  faibles,  faite  de  liberté,  ] 

Kêpublique  des  travailleurs  et  des  patriotes. 

Veuillez  agréer,  mes  chers  Concitoyens,  l’assurance  de  mon  profond  attachement  et  de 
mes  sentiments  les  plus  dévoués. 

Henri  LAN  I  EL, 

Manufacturier,  maire  de  Beuvillers, 
Député  sortant. 


:entf- 

nmtf 


—  144 


Circonscription  de  PONT-L’ÉVÊQUE 

M.  Ernest  FLAND1N 

Élu  au  2°  tour  de  scrutin.  —  S.2/i5  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

.le  ne  crois  pas  utile  de  vous  parler  de  moi  longuement;  ayant  toujours  vécu  au  milia 
de  vous,  beaucoup  d’entre  vous  me  connaissent.  La  confiance  dont  in’a  honoré  le  canton  | 
Pnnt-l’Évêquc  en  me  renouvelant,  depuis  sept  ans,  le  mandat  de  Conseiller  général,  le  sou¬ 
venir  de  mon  père  qui  eut  le  grand  honneur  de  représenter,  à  )a  Chambre  des  Députés 
notre  arrondissement,  vous  seront,  je  l’espère,  de  suffisantes  garanties. 

Les  intérêts  de  notre  vallée  d’Auge  ont  toujours  tait  l’objet  de  mes  préoccupations,! 
l’Assemblée  départementale  et  comme  Secrétaire  du  Syndicat  des  bouilleurs  de  cru,  je  n'ai 
jamais  cessé  de  défendre  la  cause  des  bouilleurs,  si  intimement  liée  à  la  prospérité  di 
pays.  L’expérience  a  démontré  que  la  loi  du  29  décembre  1900  lésait  à  la  fois  les  produc¬ 
teurs  d’alcools  naturels,  les  négociants  et  les  débitants.  Les  droits  écrasants  perçus  sur 
l’alcool,  l’élévation  exorbitante  des  licences  paralysent  le  commerce,  sans  profit  pour  !t 
Trésor.  Tout  le  monde  reconnaît  que  la  révision  de  cette  loi  s’impose  à  bref  délai. 

Les  besoins  de  nos  cultivateurs  et  ceux  de  nos  herbagers  me  sont  également  connus: 
tous  ont  particulièrement  souffert,  pendant  l’épidémie  de  fièvre  aphteuse,  de  l’application 
de  la  loi  de  1881,  si  inutile  dans  ses  effets  et  si  onéreuse  pour  nos  finances. 

De  nombreuses  et  utiles  améliorations  sont  également  nécessaires  pour  développer  [a 
prospérité  de  nos  ports,  trop  longtemps  sacrifiés  aux  grands  ports  voisins,  de  notre  marine 
de  pêche  et  de  nos  bains  de  mer.  Votre  représentant  devra  revendiquer,  avec  énergie,  la 
part  à  laquelle  ils  ont  droit  dans  la  répartition  des  fonds  publics. 

Si  toutefois  la  défense  des  intérêts  locaux  doit  être  l’objet  de  la  sollicitude  de  votre 
Député,  celle  de  la  Patrie  et  des  principes  qui  en  sont  la  sauvegarde  est  son  devoir  le  plus 
sacré. 

Une  minorité  de  sectaires,  secondée  par  le  parti  socialiste,  conduit,  depuis  bientôt  trois 
ans,  notre  pays  à  la  ruine  morale  et  matérielle. 

On  nous  avait  promis  la  liberté  pour  tous  ;  elle  n’existe,  en  réalité,  que  pour  quelques 
milliers  de  Juifs  et  de  Francs-Maçons  qui  prétendent  gouverner  la  France. 

C’est  au  nom  de  la  liberté  que  l’on  veut  priver  les  pères  de  famille  du  droit  de  choisir 
l’éducation  qui  leur  convient  pour  leurs  enfants  ; 

C’est  au  nom  de  la  liberté  que  d’in  offensifs  citoyens  sont  expulsés  de  leur  pays  à  cause 
de  leurs  convictions  religieuses  ; 

C’est  au  nom  de  la  liberté  que  de  nombreux  Français,  dont  le  seul  crime  est  d’aimer 
leur  Patrie  et  de  rêver  une  République  meilleure,  sont  dénoncés,  exilés  ou  tenus  pour 
suspects; 

C’est  au  nom  de  la  liberté  que  de  paisibles  cultivateurs  sont  menacés  d’être  privés  du 
droit  de  tirer  de  leur  récoltes  tout  Je  profit  qu’elles  comportent. 

On  nous  avait  promis  une  ère  de  prospérité  et  jamais  les  impôts  n’ont  été  plus  lourds, 
jamais  la  Dette  publique  ne  s’est  accrue  davantage.  Le  commerce,  l’industrie,  l’agriculture 
déclinent  chaque  année  au  profit  des  nations  étrangères  ; 

On  nous  avait  promis  une  armée  forte  et  respectée,  capable  de  garantir  nos  frontières, 
et  nous  avons  vu  frapper  ses  chefs  les  meilleurs  et  les  plus  estimés.  Nous  avons  vu  insulter 


—  145  — 


N°  11(52 


le  Drapeau  et  troubler  impunément  la  France  entière  pour  un  oflicier  deux  lois  condamne 

comme  traître  à  son  pays,  et  cependant  gracié,  malgré  les  arrêts  de  la  justice  militaire  ; 

On  avait  promis  aux  ouvriers  d’améliorer  leur  sort  et  jamais  le  travail  na  été  plus 
rare,  jamais  les  grèves  n’ont  été  plus  nombreuses,  jamais  la  vie  n’a  présenté  pour  eux  de 

plus  dures  conditions.  .  ,  .  „„„ 

lnaugurer  une  République  digne  de  ce  nom,  fondée  sur  la  souveraineté  du  peuple,  res¬ 
pectueuse  de  toutes  les  libertés,  unie  pour  le  bien  commun;  développer  l’industrie  et  le 

commerce;  améliorer  le  sort  des  travailleurs  en  encourageant  les  mutualités;  alléger  les 

charges  militaires  sans  compromettre  les  intérêts  sacrés  de  la  défense  nationale;  tel  est,  en 
résumé,  à  mon  avis,  le  programme  que  doivent  se  proposer  tous  les  bons  citoyens. 

C’est  à  vous,  Électeurs,  qu’il  appartient  d’apporter,  sans  révolution,  un  remède  au 
déplorable  état  de  choses  actuel  en  choisissant  des  représentants  qui  ne  cherchent,  dans  la 
politique,  ni  la  satisfaction  d’une  vulgaire  ambition,  ni  celle  de  leur  intérêt  personne  . 

Ernest  FLAND1N, 


Docteur  en  droit,  Avocat  à  la  Cour  d’appel, 
Conseiller  générai  du  Calvados. 
Candidat  de  la  «  Patrie  Française  ». 


Circonscription  de  VIRE 

M.  Jules  DELAFOSSE 


Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  9.030  voix. 


Mes  chers  Compatriotes, 

Il  y  a  quatre  ans,  au  lendemain  de  ma  défaite,  je  vous  adressais  des  adieux  que  je 
croyais  définitifs. 

Le  devoir  patriotique  a  modifié  ma  décision. 

Je  fais  encore  une  fois  appel  à  vos  suffrages,  non  pas  pour  chercher  une  revanche  dont 
je  ne  sens  pas  le  besoin,  mais  pour  contribuer,  dans  la  mesuie  (  e  mes  oices, 

vrance  de  ma  patrie.  .  .  e  ,ÛO  fûr 

Voici  trois  années  qu’un  ministère,  né  de  l’affaire  Dreyfus,  coalise  en  lui  tous  les  fer¬ 
ments  malfaisants  ou  malsains  qui  conspirent  c  antre  notre  nationalité. 

A  chacun  des  éléments  qui  le  composent  correspond  un  attentat  contre  le  génie  de  notie 

race  et  la  puissance  de  notre  nation. 

Dreytusiste,  il  désorganise  l’armée; 

Franc-maçon,  il  proscrit  avec  la  liberté  d’enseignement  l’éducation  religieuse  afin  d 
former  par  l’irréligion  obligatoire  des  générations  qui  soient  semblables  a  lui  ; 

Socialiste,  il  fomente  la  haine  des  classes  et  nous  mène  à  1  invasion  collectiviste  qui 

n’est  elle-même  que  la  préface  de  l’anarchie  et  de  la  guerre  civile;  , 

Sectaire,  il  proscrit  avec  les  républicains  qui  les  professent,  les  principes  cs>en  îe  s 
la  Révolution  française,  le  droit,  la  justice,  la  liberté,  1  égalité,  et  ait  c  e  a  epu 

elle-même  une  imposture;  r 

Prodigue  et  désordonné,  il  ruine  nos  finances,  endette  1  État  et,  pour  com 
brèches,  condamne  les  contribuables  à  Paugmentation  indéfinie  de  1  impôt. 

Eh  bien,  je  suis  le  candidat  de  toutes  ces  causes  sacrifiées  contie  e  minist  re  re^ 
siste  et  contre  l’œuvre  antinationale  qu’il  poursuit. 


19 


J’ai  voulu  que  notre  arrondissement  s'associât  à  l’effort  libérateur  que  font,  en  ce 
moment,  tous  les  collèges  électoraux  pour  sauver  la  France  de  ce  fléau*  Ma  candidature  n’a 
pas  d’autre  objet. 

On  vous  dira  que  je  veux  renverser  la  République.  C’est  un  mensonge  doublé  d’une 
absurdité.  La  République  n’est  pas  en  cause,  et  je  ne  r m  présente  pas  contre  elle. 

Ma  seule  ambition  est  d’aider  les  patriotes  à  rétablir,  dans  la  République  purifiée  et 
pacifiée,  les  principes  d’ordre^  de  liberté,  de  justice,  d’intégrité  et  d’économie  sans  lesquels 
elle  n’est  qu’une  mascarade* 

Je  conserve  les  convictions  et  les  croyances  qui  furent  les  conseils  de  toute  ma  vie. 
Mais  elles  ne  sont  pas  incompatibles  avec  une  République  libérale,  ordonnée  et  juste*  Si  je 
contribue  à  la  rendre  meilleure,  elle  n’en  sera  que  plus  forte  et  c’est  elle,  en  somme,  qui 
en  aura  l’honneur  et  le  profit* 

J’ai  fait  taire  en  moi  tout  esprit  de  parti  pour  n’écouter  que  la  voix  du  devoir  présent* 

Ma  candidature  s’adresse  à  tous  ceux  qui  sont  capables  du  môme  effort  pour  la  déli¬ 
vrance  et  le  salut  de  la  patrie. 

J’ai  voulu  la  rendre  si  large  et  si  haute  que  tout  républicain  libéral  et  patriote  pût,  en 
toute  sécurité,  voter  pour  moi* 

Je  jure  que  sa  confiance  ne  sera  pas  trompée  ! 

Jules  DEL4FOSSE, 

Ancien  Député, 

Chevalier  de  la  Légion  d’honneur, 
Candidat  indépendant  et  libéral. 


—  147  — 


N*  1162 


CANTAL 


Circonscription  d’AURILLAC 
M.  Adrien  BASTID,  décédé,  remplacé  par  M.  R1GAL. 


Voy.  Élections  partielles. 


Circonscription  de  MAURIAC 

M.  Fernand  BRUN 

Élu  au  1”  tour  de  scrutin.  —  7.125  voix. 


Chers  Concitoyens, 

C’est  par  une  majorité  de  ft.fcOO  voix  que  vous  m’avez  investi,  aux  élections  de  1898,  du 

landat  de  vous  représenter  à  la  Chambre  des  Députés. 

Ce  témoignage  de  confiance,  aussi  éclatante  que  spontanée,  m’imposait  de  grands 
evoirs  envers  vous;  c’est  parce  que  j’ai  le  sentiment  d’avoir  fait  tous  mes  efforts  poui 
ester  diene  nue  je  viens  peur  la  seconde  fois  solliciter  vos  suffrages. 

^^Avec  môi^vous6 TOUS  «L  décla*,  partisans  résoins  A.  P**»  *  réformes  qu, 

.nie  peut  permet.™  à  la  ltèpnbli<|ne  d’atteindre  à  l'idéal  d'égalité,  de 

lié  soaiales  qu'elle  doit  poursuivre  sans  relâche.  Avec  mot  vous  vous  él  es  prononces  pour 

a  refonte  complote  de  notre  système  d’impôts  et  pour  rétablissement  d'un 

;t  progressif  sur  le  revenu  substitué  à  nos  impôts  directs,  si  injus  es  reTte  léCTis— 

épartis.  Il  n’a  pas  dépendu  de  moi  que  le  Parlement  n’ait  accompli  au  cour  .  * 

ature,  cette  réforme  essentielle  que  je  persiste  à  considérer  comme  la  base •  pr » 

le  tous  les  progrès  sociaux,  réclamés  et  attendus  depuis  longtemps  pai  no 

aborieuse  a 

Vous  savez  que  chaque  année,  au  moment  de  la  discussion  du  budget.  avec  une  persé¬ 
vérance  que  rien  n’a  pu  décourager,  je  suis  monté  à  la  tribune  pour  rappe  p  l’année 

eurs  promesses  et  les  sommer  de  les  accomplir.  Vous  savez  avec  qu.  e  w  *  ’  com, 

lernière  encore,  j’ai  réclamé  la  discussion  immédiate  d  un  projet  o  re  0  financière 
)lète,  que  j’avais  présenté  moi-même  et  auquel  des  hommes  d’une  compétence  financière 

ndiscutable  n'avaient  pas  dédaigné  de  collaborer. 


Nous  nous  sommes  heurtés  à  la  résistance  d'une  majorité  indifférente  ou  hostile,  dont 
les  événements  avaient  détourné  l'attention  vers  des  préoccupations  nouvelles.  Mais  je  reste 
obstinément  résolu,  si  vous  me  faîtes  l'honneur  de  m'élire,  à  recommencer  demain  nos 
tentatives  avortées. 

Plus  heureux  clans  la  réforme  des  droits  de  succession,  nous  avons  réussi,  mes  amis  et 
moi,  à  faire  voter  par  les  deux  Chambres,  et  à  faire  appliquer  une  loi  discutée  depuis  plus 
de  20  ans  et  qui  sera  l'honneur  de  cette  législature,  parce  qu'elle  consacre  ce  double  prin¬ 
cipe  de  justice  fiscale,  la  déduction  du  passif  grevant  les  successions,  et  la  progression  des 
tarifs,  progression  encore  trop  limitée  à  mon  sens,  mais  dont  une  majoration  raison- 
nable  et  normale,  apportera  des  ressources  nouvelles  à  notre  budget,  d'un  équilibre  trop 
mal  assuré. 

Ces  nouvelles  ressources,  nous  ne  pouvons  les  attendre  que  de  l'impôt  progressif  sur 
les  gros  revenus  et  les  gros  héritages,  et  seules,  elles  peuvent  permettre  les  dégrèvements 
promis  aux  petits  contribuables:  seules  aussi,  elles  peuvent  nous  procurer  les  moyens  de 
mener  à  bonne  fin  les  autres  réformes  de  notre  programme  démocratique  : 

La  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans,  dont  nous  avons  arrêté  les  bases  et  qui 
ne  diminuera  point  la  force  de  notre  armée  nationale,  pourvu  que  les  vides  de  notre  effectif 
soient  comblés  au  moyen  de  rengagements,  ou  bien  par  la  suppression  des  dispenses,  dont 
bénéficient  sans  raison  certains  privilégiés,  sous  réserve  en  tout  cas  que  l'État  assurera 
l'existence  des  familles  nécessiteuses  privées  de  leurs  soutiens. 

L'institution  de  la  caisse  des  retraites  des  travailleurs  des  champs,  de  l'atelier  ou  de  la 
mine,  que  1  âge  ou  les  infirmités  ont  réduits  à  la  misère,  au  moyen  d'une  large  participation 
de  l'État. 

J'estime  aussi  qu'il  y  a  lieu  de  compléter  notre  législation  ouvrière,  notamment  les  lois 
sur  les  accidents,  sur  la  réglementation  du  travail  des  femmes,  des  enfants,  des  ouvriers 
des  mines  et  de  certaines  industries  spéciales. 

Une  commission  extra-parlementaire  vient  d'étudier  avec  soin  la  rédaction  des  frais  de 
justice;  ii  importe  que  ses  résolutions  reçoivent  une  prompte  sanction. 

Les  grands  problèmes  qui  sollicitent,  avant  tout,  l'attention  de  vos  législateurs,  ne 
doivent  pas  cependant  leur  faire  perdre  de  vue  la  nécessité  de  défendre  la  République 
contre  ses  adversaires  irréconciliables,  que  nulle  concession  ne  saurait  désarmer.  Ferme¬ 
ment  résolu  à  maintenir  la  suprématie  du  pouvoir  civil  contre  les  empiétements  de  l'Église, 
j'estime  que  la  République  a  le  devoir  et  le  droit  de  se  mettre  en  garde  contre  certaines 
congrégations  militantes,  qui  restent  en  lutte  ouverte  et  constante  contre  elle. 

Je  persiste  à  penser  cependant  —  et  l'expérience  à  cet  égard  semble  m'avoir  donné 
raison  —  que  sous  sa  forme  actuelle  la  loi  des  associations  est  d'une  application  difficile, 
puisqu'on  ne  l'a  pas  encore  appliquée  et  que  l'œuvre  de  police  et  d'épuration  nécessaire 
devrait  être  accomplie  de  préférence,  non  par  les  deux  Chambres  qui  ont  un  rôle  législatif 
plus  haut  et  plus  noble  à  remplir,  mais  par  Je  Gouvernement  lui-même,  après  avis  du 
Conseil  d'Etat. 

Je  crois  aussi  que  les  nécessités  de  la  défense  républicaine  ne  sauraient  justifier  à 
l’heure  actuelle,  aucune  atteinte  ans  libertés  que  la  République  elle-même  a  conquises  :’la 
liberté  de  conscience  et  la  liberté  d’enseignement.  Je  n’ai  pas  cru  qu’il  fût  permis  de  priver 
les  pères  de  famille  du  droit  de  diriger  à  leur  gré  l’éducation  de  leurs  enfants;  mais  je  serai 
d’accord  avec  la  grande  majorité  des  républicains,  pour  remplacer  par  une  législation  nou¬ 
velle  les  derniers  vestiges  de  la  loi  Falloux;  exiger,  dans  les  établissements  libres  l’équi¬ 
valence  des  grades  universitaires;  rétablir  l’inspection  qui  est  tombée  en  désuétude- 
«  exercer  une  surveillance  et  une  répression  sévères,  afin  d’empêcher,  que  dans  ces 
établissements  libres,  l’instruction  ou  l’éducation  soient  donnés  dans  un  sens  hostile  à  l’État 
républicain  ». 

Profondément  dévoué  à  la  défense  de  vos  intérêts  agricoles,  dont  on  ne  saurait  concéder 
h  personne  le  monopole,  surtout  à  ceux  qui,  se  renfermant  dans  un  égoïsme  jaloux,  ont 
garde  toute  leur  vie  pour  eux  seuls  le  fruit  de  leurs  expériences  et  de  leurs  recherches 


—  149  — 


N°  H62 


comme  par  le  passé  à  ce  que  notre  bétail  et  nos  produits  agricoles  soient  éner¬ 


giquement  protégés  contre  la  concurrence  étrangère;  que  des  débouchés  suffisants  leur 
restent  ouverts;  que  les  subventions  de  l’Etat  pour  nos  concours  soient  maintenues  et  s’il 
est  possible  augmentées.  Je  m’efforcerai,  comme  je  l’ai  déjà  tenté,  de  vulgariser  les  idées 
de  prévoyance,  d’assurance  et  de  mutualité  agricoles,  par  lesquelles  pourraient  être  réa¬ 
lisées,  dans  notre  beau  Cantal,  tant  d’améliorations  fécondes  et  de  progrès. 

Toujours  préoccupé  de  procurer  de  nouveaux  moyens  de  communications  et  de  trans¬ 
ports,  aux  populations  de  certaines  parties  de  l’arrondissement,  jusqu’ici  déshéritées  et  qui 
subissent  encore  les  conséquences  des  lourdes  fautes  du  passé,  j’ai  eu  la  grande  satisfaction 
d’obtenir  des  pouvoirs  publics  l’ouverture  des  travaux  de  construction  de  la  ligne  de  chemin 
de  fer  de  Bort  à  Neussargues,  la  mise  à  l’étude  du  prolongement  de  la  ligne  Tulle- 
Argentat  par  Fléaux,  vers  Salers.  Tous  mes  efforts  tendront  à  l’achèvement  de  ces  deux 
grandes  œuvres,  qui  compléteront,  d’une  façon  si  heureuse,  le  réseau  de  nos  chemins  de 
fer  cantaliens. 

Chers  Concitoyens, 

Une  campagne  odieuse  de  calomnies  et  de  mensonges,  menée  par  une  presse  immonde, 
soutenue  par  des  ressources  pécuniaires  auxquelles  je  ne  puis  songer  à  opposer  les  miennes, 
vient  de  s’engager  contre  l’homme  qui  n’a  encouru  d’autre  reproche  que  d’avoir  loyalement 
observé  les  engagements  qui  le  liaient  envers  vous. 

Pour  me  défendre  contre  les  accusations  les  plus  infâmes,  contre  les  attaques  les  plus 
perfides,  je  n’ai  que  l’ardeur  de  mon  âge,  l’inébranlable  fermeté  de  mes  convictions  répu¬ 
blicaines,  la  sécurité  de  ma  conscience  et  le  dévouement  de  mes  amis. 

Avec  votre  clairvoyance  et  votre  bon  sens,  cela  suffit  pour  vaincre  et  pour  assurer,  le 
27  avril,  le  triomphe  de  la  Démocratie. 

Vive  la  République! 


Fernand  BRUN,  Député  sortant, 


Conseiller  général, 


Maire  de  Riom,  Président,  du  comice  agricole, 
Avocat  à  la  Cour  d’appel  de  Paris. 


Circonscription  de  MURAT 


M.  le  comte  Stanislas  de  CASTELLANE 


Élu  au  1er  tour  de  scrutin. —  3.917  voix. 


Mes  chers  concitoyens, 

Cent  ans  après  la  Révolution  française,  le  règne  de  la  Liberté,  de  l’Égalité,  de  la 
Fraternité  est  toujours  à  l’état  d’ébauche. 

On  a  été  riche  en  promesses  et  pauvre  en  actes  ;  on  a  déçu  Vos  espoirs  et  lassé  votre 
patience. 

Plusieurs  d’entre  vous  m’ont  demandé  d’assumer  la  tâche  de  soutenir  à  la  Chambre 
des  Députés  la  cause  d’une  République  vraiment  républicaine  et  démocratique  et  les  intérêts 
particuliers  à  l’arrondissement  de  Murat.  Ils  l’ont  fait  parce  que  je  suis  Auvergnat 


—  im  — 

moi-même,  parce  q m  je  suis  Vun  des  vôtres,  parce  que  nos  intérêts  comme  nos  sentiments 
sont  communs. 

C’est  pourquoi  je  pose  ma  candidature  au  siège  attribué  à  votre  représentant. 

Si  yous  m’élisez,  je  prends  ies  engagements  suivants  dont  vous  me  donnerez  acte 
le  27  avril: 

1°  Tout  ce  qui  affaiblirait  les  institutions  que  la  France  s5 est  librement  donnée  compro¬ 
mettrait  l’hérüage  intangible  de  la  Révolution  française.  Républicain  avant  tout,  je 
défendrai  donc  la  République  contre  les  attaques  ouvertes  ou  dissimulées  dont  elle  est 
incessamment  l'objet  de  la  part  de  prête  ridants  à  un  trôné  à  jamais  détruit  aussi  bien  que 
de  la  part  des  sectes  collectivistes  et  révolutionnaires  ; 

2 0  Notre  organisation  fiscale  rogne  sur  le  strict  nécessaire  du  pauvre,  mais  épargne  le 
superflu  du  riche.  Démocrate,  je  m'attacherai  à  la  réalisation  d’un  système  d’impôts  qui 
établira  l’équité  fiscale  en  surtaxant  les  grandes  fortunes  pour  détaxer  dans  la  mesure  du 
possible  les  petits  contribuables  ; 

3°  La  liberté  d'enseigner  m’est  aussi  sacrée  que  la  liberté  de  penser  dont  elle  est  le 
corollaire.  Mais  exiger  de  l’éducateur  des  titres  de  capacité  et  des  garanties  de  moralité 
n’est  point  y  porter  atteinte  ;  c’est  la  sauvegarder.  Au  premier  rang  des  garanties  de 
moralité  requises  pour  enseigner  ,  il  faut  placer  le  respect  des  lois  qui  sont  la  raison  d’être  de 
la  République  et  la  base  de  la  société  moderne.  Libéral,  je  m’associerai  à  toutes  les  mesures 
qui  assureront,  dans  ces  conditions,  la  liberté  de  renseignement  ; 

4°  <!  Nul  ne  doit  être  inquiété  pour  ses  opinions,  même  religieuses,  pourvu  que  leur 
manifestation  ne  trouble  pas  l’ordre  public  établi  par  les  lois  ».  La  Déclaration  des  Droits 
de  l’homme,  en  son  article  10  à  la  rédaction  duquel  mon  aïeul  a  collaboré,  pose  ainsi  les 
bases  de  la  liberté  de  conscience.  Je  m’y  référerai.  Je  ne  tolérerai  aucune  mesure  de  nature 
à  restreindre  dans  sa  liberté  l’exercice  des  cultes,  quels  qu’ils  soient,  mais  je  ne  permettrai 
pas  non  plus  l’intrusion  des  choses  de  la  religion  dans  la  politique; 

5°  L’armée  est  l’image  de  la  Nation  républicaine  debout  pour  la  défense  de  ïa  Patrie, 
Patriote,  je  la  veux  forte  et  honorée. 

Issu  d’une  famille  de  soldats,  en  votant  le  service  de  deux  ans,  j’aurai  la  certitude  que 
l’Armée  française  ne  cessera  pas  d’être  ïa  première  armée  du  monde  et  l’objet  de  tous  les 
respects  ;  vous  pouvez  en  être  assurés  ; 

T  La  France  compte  5.5'53,êÛ0  agriculteurs.  Leurs  intérêts  et  leurs  besoins  ont 
toujours  été  négligés  par  les  Chambres. 

6°  Rien  ou  à  peu  près  rien  n’a  été  tenté  pour  améliorer  leur  sort.  Je  m’attacherai  à 
remédier  a  cet  état  de  choses  non  seulement  par  la  réforme  de  l’impôt,  mais  en  défendant 
encore  et  en  votant  toute  mesure  relative,  directement  ou  indirectement  : 

a)  A  la  révision  ou  à  la  réforme  du  cadastre  ; 

b)  Au  développement  du  crédit  agricole  ; 

c)  Au  régime  douanier  et,  consécutivement,  à  l’encouragement  et  à  la  protection  de 
l’agriculture  ; 

d)  A  l’organisation  de  marchés  de  reproducteurs  et  de  syndicats  d’élevage  ; 

e)  Aux  oeuvres  de  prévoyance  et  de  mutualité  ; 

f )  Aux  assurances  agricoles,  etc  ,  etc... 

8°  Parmi  bien  d’autres  encore,  une  réforme  s’impose  :  la  constitution  de  pensions  de 
retraites  pour  la  vieillesse. 

Je  les  voterai,  persuadé  qu’elles  seront  un  inappréciable  bienfait  pour  nos  populations 
rurales  comme  pour  la  population  des  villes  et  qu'on  peut  trouver  la  solution  du  problème 
qu’elles  soulèvent  dans  les  œuvres  de  mutualité  ; 

9®  Aucune  des  réformes  que  je  viens  d'énumérer  n’est  possible  ni  efficace  si  nous 
^améliorons  pas  nos  finances  publiques.  Elles  sont  dans  un  état  déplorable  auquel  il  faut 
obvier  avant  tout  sons  peine  de  vous  leurrer  encore  de  promesses  illusoires.  Je  m’efforcerai 
d’y  remédier  en  veillant  à  ce  que  la  plus  stricte  économie  soit  apportée  par  le  Gouverne- 


N“  H62 


—  iBl  — 

ment  dans  l’établissement  des  divers  budgets,  et,  aussi,  en  m’attachant  à  obtenir  du 
parlement  qu’il  renonce  à  des  méthodes  de  travail  reconnues  vicieuses,  et  n'engage  plus 
une  dépense  avant  d’avoir  créé  les  ressources  destinées  à  y  faire  face.  Uhe  réforme  du 
règlement  de  la  Chambre  est  nécessaire  dans  ce  sens. 

Mes  chers  concitoyens, 

Si  les  représentants  que  voua  allez  élire  réalisent  ce  programme  avant  l’expiration  de 
leur  mandat,  ils  pourront  se  représenter  devant  vous,  en  1906,  le  front  haut,  la  conscience 
en  paix,  avec  la  certitude  d’avoir  accompli  œuvre  utile. 

Pour  moi,  je  suis  résolu  à  mette  tout  le  zèle,  tout  le  dévouement,  toute  l’activité  dont 
je  suis  capable  au  service  de  la  France,  notre  grande  patrie,  et  de  notre  petite  patrie 
cantalienndpour  le  triomphe  de  la  République. 

Vive  la  République  démocratique  ! 

Stanislas  de  CASTELLANE, 

Maire  de  Marcenat. 


Circonscription  de  SAINT-FLOUR 

M.  le  comte  Jean  de  CASTELLANE,  dont  l’élection  a  été  annulée,  a  été  remplacé 

par  M.  HUGON. 


Voy .  Élections  partielles. 


CHARENTE 


lrc  circonscription  cEANGOULÉME 

M,  LAROCHE-JOUBERT 

j 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  8.537  voix. 


Messieurs  et  chers  Concitoyens, 

Le  mandat  de  Député  que  vous  m’avez  confié  pour  la  première  fois  le  14  septembre  1884 
et  que  vous  m’avez  renouvelé  sans  cesse  depuis  lors  en  1885,  en  1889,  en  1893  et  en  1898, 
est  sur  le  point  d’expirer. 

Fort  de  ma  conscience  de  mandataire  fidèle,  je  me  présente  pour  la  sixième  fois  à  vos 
libres  suffrages. 

J’affirrne  de  nouveau  mon  adhésiou  sans  réserve  et  sans  arrière-pensée  à  la  République, 
qui  est,  j’en  suis  de  plus  en  plus  convaincu,  la  forme  de  Gouvernement  nécessaire  pour  une 
grande  démocratie  pacifique  comme  la  nôtre,  la  seule  qui  soit  compatible  avec  la  doctrine 
de  la  souveraineté  du  suffrage  universel. 

Mais  i!  lia  suffit  pas  que  le  mot  «  République  »  soit  inscrit  en  tête  de  notre  constitution 
politique  pour  que  les  maux  dont  nous  souffrons  prennent  fin,  pour  queles  scandales  ne  suc¬ 
cèdent  plus  aux  scandales,  pour  que  les  dépenses  publiques  cessent  de  s’accroître,  pour 
que  nos  charges  diminuent,  pour  que  la  prospérité  succède  enfin  aux  misères  dont  le  poids 
nous  accable. 

La  bonne  volonté  des  républicains  parlementaires,  comme  ceux  que  l’honorable 
M.  Mèline  avait  groupés  autour  de  lui  dans  un  ministère  que  j’ai  soutenu  résolument,  n’a 
pas  suffi  à  rendre  la  prospérité  au  travail  national,  la  sécurité  à  la  Patrie  :  tout  au  plus 
sont-ils  parvenus  à  ralentir  les  progrès  du  mal  qu’engendre  fatalement  le  parlementarisme. 

L’expérience  qui  s’en  est  poursuivie,  au  cours  de  la  législature  qui  prend  fin,  a  démon¬ 
tré  au  contraire  avec  la  dernière  évidence  que  le  régime  parlementaire,  appliqué  par  des 
hommes  comme  ceux  qui  composent  le  ministère  Waldeck-Rousseau,  est  incompatible  avec 
l'esprit  démocratique  qui  animait  les  émancipateurs  de  1789. 

La  révision  de  la  constitution  s’impose  donc,  mais  sans  révolution,  sans  violence. 

Lorsque  le  peuple  français  tout  entier,  convaincu  comme  nous,  imposera  cette  révision 
à  ses  mandataires,  nous  organiserons  les  pouvoirs  publics  sur  la  base  de  l’exercice  réel  et 
direct  des  droits  du  suffrage  universel,  nous  rendrons  au  peuple  l’élection  du  Chef  de 
1  État;  nous  introduirons  le  referendum  dans  toutes  les  grandes  questions  intéressant  la 
Nation,  le  Département,  la  Commune  î  nous  réveillerons  l’esprit  public  dans  nos  provinces 
par  une  décentralisation  sagement  ordonnée,  et  nous  verrons  alors  le  régime  plébiscitaire 
triomphant  nous  donner  la  puissance  et  la  prospérité  admirables  qu’il  procure  depuis 
125  ans  à  la  République  des  États-Unis. 

Mais,  en  attendant  cette  révision  libératrice,  je  suis  avec  tous  les  bons  Français  grou¬ 
pés  dans  un  superbe  élan  pour  chasser  du  pouvoir  les  sectaires  qui  compromettent  de  plus 
en  plus  la  République  et  la  France  avec  elle. 


N°  1162 


—  m  — 

De  tous  les  points  de  notre  chère  Patrie,  du  Nord  au  Sud,  de  l’Est  à  l’Ouest,  un  cri  de 
protestation  s’élève  contre  ceux  qui,  sous  prétexte  de  défendre  la  République  que  personne 
ne  discute  plus,  atlaquent  la  Patrie  dans  ses  traditions,  dans  sa  foi,  dans  ses  libertés  essen- 

tiellcs* 

Les  plus  honorés  parmi  les  républicains,  des  Français  illustres,  des  poètes,  de^  soldats 
glorieux,  preonent  la  tète  du  mouvement  et  se  font  les  porte-paroles  de  ^indignation 
publique* 

Les  femmes  elles-mêmes  sont  debout  pour  défendre  Pâme  de  leurs  enfants. 

Tous  les  citoyens  enfin,  quelles  que  soient  leurs  opinions  d'hier,  se  lèvent  pour  sauver 

la  patrie* 

Je  suis  avec  eux  contre  le  ministère  de  ruine  nationale  qui  a  réveillé  l'affaire  Dreyfus, 
qui  est  fauteur  de  la  loi  néfaste  dite  des  boissons* 

Je  suis  avec  eux  contre  les  sectaires  qui  déchirent  une  à  une  toutes  les  pages  de  la 
Déclaration  des  droits  de  l'homme. 

Je  suis  avec  eux  pour  rendre  à  îa  France  : 

La  paix  sociale,  par  la  liberté  pour  tous  les  travailleurs  syndiqués  ou  non,  par  le  déve¬ 
loppement  de  l'association  sous  toutes  ses  formes  ; 

La  paix  extérieure  par  une  politique  étrangère  à  la  fois  ferme  et  prudente,  par  de 
solides  alliances  maintenues  avec  soin  ; 

La  paix  religieuse,  par  le  respect  des  convictions  d’autrui,  par  l'interprétation  bienveil¬ 
lante  du  Concordat; 

La  Justice,  par  une  magistrature  indépendante,  devant  laquelle  les  puissants  et  les 
forts  devront  s'incliner  aussi  bien  que  les  petits  et  les  faibles; 

La  Liberté,  par  le  respect  des  droit»  de  chacun  et  l'abandon  du  détestable  système  de 
favoritisme  et  d'arbitraire  administratifs,  qui  nous  rappelle  les  plus  mauvais  jours  de  notre 
histoire* 

Je  veux  une  République  qui  répartisse  avec  équité  Les  charges  publiques  proportion¬ 
nellement  aux  ressources  et  à  la  fortune  de  chaque  citoyen  : 

Qui  arrête  le  gaspillage  financier,  précurseur  de  la  banqueroute  ; 

Qui  protège  la  propriété  individuelle  contre  les  menaces  du  communisme  et  du  collec¬ 
tivisme,  dont  le  chef  incontesté,  M-  Millerand,  est  au  ministère  ; 

Qui  défende  l'armée  contre  les  attaques  si  injustes  dont  elle  est  Pobjet;  contre  l'intro¬ 
duction  de  la  politique  dans  ses  rangs  ; 

Qui  allège,  dans  îa  mesure  compatible  avec  l'intérêt  supérieur  de  la  défense  nationale, 
les  charges  si  lourdes  du  service  obligatoire,  en  réduisant  la  durée  des  périodes  d’appel 
des  réservistes  et  des  territoriaux,  et  en  autorisant  des  engagements  volontaires  avec  prime, 
qui  permettront  de  limiter  jusqu'à  un  an  la  durée  du  service  militaire,  ainsi  que  j  en  ai 
fait  adopter  le  vœu  l'année  dernière  par  le  Conseil  général  et  que  je  Pai  voté  cette  année  à 
la  Chambre  ; 

Qui  permette,  par  îa  mutualité,  aux  travailleurs  des  champs  et  de  Patelier  parvenus  an 
terme  de  leur  carrière  sans  avoir  pu  s'assurer  des  ressources  suffisantes,  de  finir  tranquil¬ 
lement  leurs  vieux  jours  au  milieu  des  leurs,  sans  être  pour  eux  une  charge  trop  lourde* 

Le  ministère  Waldeck- Rousseau  a  effrayé  tous  les  intérêts,  il  a  excité  tous  les  appétits, 
toutes  les  passions  subversives* 

Prisonnier  du  cosmopolitisme  et  de  la  franc-maçonnerie  ténébreuse  et  oppressive,  il  a 
porté  la  main  sur  vos  libertés  les  plus  chères  ; 

Liberté  de  conscience  ; 

Liberté  d'association  ; 

Liberté  d'enseignement  ; 

Liberté  du  père  de  famille  ; 

Liberté  individuelle. 

Toutes  les  branches  de  l'activité  nationale  en  souffrent;  les  revenus  de  chacun  dimi¬ 
nuent;  par  suite  le  commerce  est  moins  actif,  les  produits  de  l'industrie  sont  moins  dernan- 

20 


dés,  elle  répand  autour  d’elle  moins  de  salaires,  elle  achète  moins  de  matières  premières, 
et  ainsi  le  mal  que  ressentent  l'industrie  et  le  commerce  retombe  lourdement  sur  l’agricul¬ 
ture,  source  de  toutes  les  productions. 

Elle-même  ainsi  atteinte  diminue  ses  achats  et  la  souffrance  de  chacune  des  branches 
de  la  production  nationale  multiplie  celle  des  autres. 

D’autre  part,  la  création  des  emplois  publics  est  de  plus  en  plus  Intense,  alors  qu'il 
faudrait  diminuer  dans  une  large  mesure  le  nombre  des  fonctionnaires  dont  les  traitements 
accumulés  finiraient  par  ruiner  le  pays. 

Les  dépenses  publiques,  les  impôts  s’accroissent  par  centaines  de  millions  chaque 
année,  et  cependant  ils  sont  impuissants  à  payer  les  dépenses  engagées  par  un  gouverne¬ 
ment  sans  contrôle, 

Les  deux  derniers  budgets  se  soldent  par  un  déficit  de  plus  de  5ÛÛ  millions. 

En  combattant  ceux  qui  font  cette  détestable  politique,  j’ai  défendu  les  intérêts  du 
commerce,  de  l'agriculture  et  de  l’industrie. 

Les  candidats  du  ministère,  les  candidats  officiels  ne  pourraient  que  continuer  celte 
politique  désastreuse,  que  ce  soit  avec  M,  Waldeck-Rousseau  ou  que  ce  soit  avec  d’autres 
Ministres  pris  dans  une  majorité  animée  des  mêmes  appétits. 

Ces  candidats  officiels,  une  fois  élus,  continueraient  à  être  les  complaisants  du  pouvoir 
au  lieu  d’en  être  les  contrôleurs  sévères,  comme  c’est  le  devoir  des  mandataires  du  Peuple* 
Si,  résistant  aux  entreprises  de  la  candidature  officielle,  qui  sont  une  offense  pour  des 
citoyens  libres  et  éclairés,  vous  me  faites  l’honneur  de  me  confier  de  nouveau  le  mandai  de 
député,  vous  aurez  montré  une  fois  de  plus  que  vous  savez  vous  élever  au-dessus  de  l'es¬ 
prit  de  secte  et  de  coterie,  pour  ne  voir  que  le^  intérêts  véritables  de  la  République,  et  par¬ 
dessus  tout  ceux  de  notre  chère  Patrie,  dont  la  défense  a  inspiré  tous  les  actes  de  ma  vie 
publique  depuis  18  années* 

Quel  que  soit  votre  verdict,  croyez,  mes  chers  concitoyens,  à  mon  plus  entier  dévoue¬ 
ment, 

L -Edgar d  L PROCHE- JOÜBERT, 

Conseiller  général.  Député  sortant,  Candidat  anti-ministériel. 


2a  circonscription  d’ANGOULÊME 

M,  MULAG 

Elu  au  2e  tour  de  scrutin,  —  9.398  voix. 


Messieurs  les  Électeurs, 

Vous  m'avez  élu,  l’an  dernier,  député  de  la  2*  circonscription  d’Angoulême,  et  vous 
l’avez  fait  avec  un  élan  qui  a  nettement  marqué  que  vous  entendiez  rompre  avec  les  agita¬ 
tions  stériles  et  vous  détourner  des  hommes  au  service  des  factions* 

Vous  n'avez  pas  changé  depuis  ;  tout  confirme  que  l’évolution  s’accentue. 

Habitués  depuis  trente  ans  à  entendre  les  mêmes  calomnies,  toujours  confondues,  les 
mêmes  prédictions,  toujours  démenties,  vous  ne  vous  détournerez  ni  de  la  République,  ni 
des  Républicains  sincères  qui  la  servent  en  servant  vos  intérêts. 

Vous  saurez  déchirer  les  masques* 

Mon  programme  est  encore  celui  de  l'an  dernier. 


—  135  — 


N®  1162 


Les  garanties  que  je  vous  offre  sont  celles  de  mon  passé.  Vous  les  trouverez  dans  mon 
esprit  d’ordre,  dans  mon  amour  du  travail. 

Vous  nie  rendrez  cette  justice  que  j’ai,  au  Parlement,  conformé  mes  actes  à  mes  enga¬ 
gements  et  que  je  me  suis,  au  plus  haut  point,  montré  soucieux  des  intérêts  industriels, 
commerciaux  et  agricoles  du  pays. 

Tous,  vous  reconnaîtrez  que  dans  la  question  capitale  pour  notre  département  —  j'ai 
nommé  la  question  viticole  —  de  laquelle  dépend  le  bien-être  commun  de  nos  populations 
rurales  et  urbaines,  je  me  suis  montré  résolu,  et  que  j  ai  pris  franchement  les  initiatives 

nécessaires.  ....  ... 

Ge  que  j’ai  été  hier  sur  le  terrain  politique  comme  sur  le  terrain  economique,  je  le 

serai  demain,  je  le  serai  toujours.  , 

Je  ne  suis  point  l’homme  d’une  secte,  mais  le  serviteur  d’un  parti  qui  appelle  à  lui  tous 

les  hommes  de  bonne  volonté. 

Je  ne  suis  point  l’artisan  des  haines  qui  déchirent  le  pays,  des  haines  que  nos  adver¬ 
saires  attisent,  mais  l’homme  qui  s’efforce  de  les  calmer  en  dissipant  les  malentendus. 

Mon  programme  est  encore  contenu  dans  l’appel  de  V Alliance  Républicaine  démocra¬ 
tique  ou  vous  trouverez  le  grand  nom  de  Carnot. 

Voici  ce  que  l’Alliance  des  bons  citoyens  et  des  bons  Français  vous  demande  de 

consacrer  dans  le  scrutin  du  27  avril  ; 

u  Une  République  ordonnée  et  vraiment  libérale,  basée  sur  injustice  égale  pour  tous, 
en  même  temps  que  secourable  aux  faibles  -, 

«  Respectueuse  de  tous  les  droits,  mais  résolument  réformatrice,  économe  de  nos 
deniers  ; 

«  Anticléricale,  mais  non  antireligieuse;  j 

«  Antinationaliste,  mais  gardienne  vigilante  de  l’honneur  et  de  la  puissance  de  la 

patrie  * 

«  Confiante  dans  le  loyalisme  de  l’Armée  nationale,  chargée,  sous  la  suprématie  du 
pouvoir  civil,  de  défendre  le  sol,  fe  drapeau  et  la  Constitution  ; 

t(  Adversaire  des  utopies  communistes  on  collectivistes  ;  nettement  hostile  aux  moyens 
violents,  à  la  politique  de  surenchère,  mais  constamment  et  passionnément  préoccupée  de 
tous  les  progrès  et  avant  tous  les  autres  du  progrès  social-  n 

Gel  appel  sera  entendu  des  électeurs  de  la  2e  circonscription  comme  ü  sera  entendu  de 

tout  le  pays.  .  #  , 

Et  dans  une  législature  féconde,  les  véritables  Républicains  assureront  a  la  France  la 

paix  et  la  prospérité* 

A,  MU  LAC,  Député  sortant, 

Conseiller  général.  Maire  cTAngoulème, 

Directeur  de  la  Caisse  nationale  du  Crédit  agricole, 
Décoré  de  la  Médaille  militaire. 


Messieurs  les  Électeurs, 

Les  Comités  qui  ont  soutenu  la  candidature  de  M.  Mulac  depuis  dix  ans  adjurent  les 
Républicains  des  cantons  d’AugouISms,  d’Hiersac,  de  Rouillas  et  de  Saint-Aroant-de-Boixe 

de  répondre  à  cette  simple  question  ;  • 

M,  Mulac  a-t-il  trompé  une  seule  fois  la  confiance  de  ses  électeurs  ;  a-t-il  menti  a  son 
programme?  n1  est-il  pas  resté  le  républicain  intègre^  courageux,  serviable  et  fidèle  qui 

honore  son  parti  en  servant  loyalement  la  France? 

Pour  ceux  que  de  vaines  clameurs  ou  dfedieus.es  calomnies  auraient  pu  ébranler,  ne 


—  156  — 


fût-ce  qu'un  instant,  nous  extrayons  de  la  profession  de  foi  de  notre  député  en  1901,  les 
passages  suivants  ; 

«  L'esprit  qui  forme,  soulève  et  déchaîne  les  factions  est  invariablement  l'esprit  clé- 
rical.  Comme  toujours  la  main  de  certaines  congrégations,  n’ayant  de  religieux  que  la  forme, 
a  été  saisie  dans  les  dernières  agitations  Ces  congrégations  entendent  faire  échec  au  droit 
moderne,  à  la  liberté  humaine,  à  l’indépendance  des  consciences*  Je  m’associerai  aux 
mesures  de  défense  en  discussion  devant  le  Parlement  et  qui  visent  les  seules  congréga¬ 
tions  dont  le  rôle  est  purement  politique, 

«  Nous  ne  menaçons  les  convictions  de  personne.  Si  nous  avons  conquis  la  liberté  de 
conscience  pour  nous,  ce  n'est  pas  pour  la  refuser  aux  aurres. 

«  Le  devoir  essentiel  de  TÉtat  est  de  fortifier  l'unité  du  pays.  Point  de  prospérité  dans 
la  division  et  les  haines.  Je  fais  appel  à  tous  les  bons  citoyens,  d’où  qu!ils  viennent,  pourvu 
que  leur  adhésion  soit  sincère, 

«  C'est  par  la  démocratie  que  la  France  prospérera,  Nous  devons  l'éclairer,  l'instruire 
et  Païmer*  Je  tiens  que  tous  les  concours  qui  s’en  réclament  doivent  être  appelés  à  la  ges¬ 
tion  des  affaires  publiques.  En  s'y  exerçant,  chacun  discernera  mieux  le  juste  du  faux,  le 
possible  de  îa  chimère.  Point  de  lutte  de  classes.  Tous  unis  dans  le  même  esprit  de  frater¬ 
nité  et  de  justice. 

«  Les  œuvres  d'assistance,  de  mutualité  et  de  prévoyance  doivent  tenir  là  meilleure 
place  dans  nos  préoccupations.  Il  faut  assurer  le  pain  et  la  dîgoitê  des  vieux  jours  au  tra¬ 
vailleur  :  à  celui  qui  féconde  le  sol,  notre  première  richesse,  comme  à  l'ouvrier  des  villes 
qui  transforme  et  ajoute  à  la  fortune  publique, 

«  Il  faut  simplifier  nos  rouages  administratifs  et  judiciaires.  Le  temps,  c'est  de  l'ar¬ 
gent  Il  faut  enrayer  résolument  PaugmentaCon  des  dépenses  et  supprimer  celles  dont 
l'expérience  a  démontré  la  stérilité, 

«  Nos  impôts  atteignent  un  chiffre  qu'il  n'est  pas  possible  de  dépasser,  La  contribution 
des  patentes  pèse  trop  lourdement  sur  le  commerce  et  l'industrie.  De  plus,  elle  est  inégale* 
Le  dégrèvement  total  du  principal  de  l'impôt  Foncier  doit  être  poursuivi, 

«  Notre  agriculture,  si  éprouvée,  si  vaillante  et  si  digne,  est  en  voie  de  relèvement- 
Une  loi  mauvaise  est  venue  atteindre  la  viticulture,  en  même  temps  que  îe  commerce 
général  des  eaux-de-vie,  au  moment  où  la  reconstitution  du  vignoble  mérite,  au  contraire, 
d'être  encouragée,  J'ajouterai  mes  protestations  à  celles  qui  se  sont  déjà  produites^  jusqu'à 
pleine  satisfaction. 

«  Les  agriculteurs  savent  qu'aucune  des  questions  qui  les  intéressent  ne  m'est  restée 
étrangère.  Je  suis  Lun  des  deux  fondateurs  du  premier  syndicat  agricole  et  viticole  qui  ait 
fonctionné  en  Charente  ;  l'un  des  fondateurs  de  la  Caisse  régionale  de  Crédit  agricole  du 
département,  qui  va  disposer  d'un  capital  de  600.000  francs, 

a  Le  commerce  d^s  eaux-de-vie  de  Cognac  demande  qu'on  protège  sa  marque,  et  les 
viticulteurs  qu'on  ne  puisse  adultérer,  leurs  produits,  la  réputation  commerciale  de  nos 
eaux-de-vie  naturelles,  comme  la  question  même  de  la  reconstitution  du  vignoble  charcu¬ 
tais,  en  dépendent.  Je  m’attacherai  à  faire  régler  cetîe  importante  question,  à  faire  appli¬ 
quer,  en  un  mot,  une  législation  protectrice  des  intérêts  viticoles. 

a  Le  service  militaire  constitue  une  charge  lourde.  Des  projets  tendent  à  le  réduire. 
Aucune  question  n'est  plus  giave;  elle  ne  saurait  être  résolue  avec  légèreté.  Je  m'associerai 
à  toute  atténua tioo  compatible  avec  notre  sécurité,  » 

Bien  qu'il  ait  siégé  huit  mois  à  peine,  M.  Mulac  a  tenu  parole.  Quand  il  n'a  pu  prendre 
l'initiative  de  celles  des  réformes  qui  figuraient  déjà  à  l'ordre  du  jour  de  la  Chambre,  il  les 
a  votées.  On  trouve  son  nom  au  bas  de  toutes  les  propositions  contenues  dans  sa  profession 
de  foi,  El  s'est  associé  notamment  à  la  motion  qui  demande  au  Ministre  de  la  Guerre  de 
préparer  un  projet  sur  le  service  de  deux  ans. 

Aux  CO*  servateurs  de  bonne  foi,  aux  électeurs  que  n'aveugle  pas  l'esprit  d'opposition 


—  187  — 


1162 


systématique,  à  ceux  qui  ont  voulu  voir  le  député  à  l’œuvre  avant  de  voter  pour  lui,  nous 
dirons  ; 

Ouvrez  le  Journal  Officiel;  compulsez  les  votes  de  M.  Mulac;  examinez  la  situation 
des  partis  ;  lisez  les  discours  prononcés  par  notre  député  ;  voyez  avec  quelle  vigueur  et 
quelle  habileté  il  est  intervenu  dans  les  questions  charentaises;  rendez-vous  compte  de 
la  place  distinguée  qu’il  s’est  faite  à  la  Chambre  ;  interrogez  vos  voisins  sur  le  crédit  dont  il 
jouit  auprès  du  Gouvernement,  et  décidez  en  toute  sincérité  si  l’honneur  et  les  intérêts  de 
notre  circonscription  sont  en  bonnes  mains* 

Ce  verdict,  nous  l'attendons  avec  confiance  de  la  sagacité  du  corps  électoral  Tous  se 
souviendront  qu’en  1893,  notre  candidat  obtint  5.777  voix;  qu’en  1898,  les  suffrages  répu¬ 
blicains  s'élevèrent  à  7.0/f9,  et  que,  Tannée  dernière,  le  parti  de  la  raison,  de  la;  paix  et  de 
la  liberté,  auquel  M.  Mulac  est  reste  fidèle,  triompha  sur  son  nom  avec  8.395  électeurs, 
alors  que  les  ennemis  de  Tordre  et  de  Ta  République  obtenaient  péniblement  5,1  £*7  suf¬ 
frages. 

Ce  n'est  pas  quand  les  grappes  foisonnent  et  mûrissent  à  pleins  sarments  que  le 
vigneron  songe  à  arracher  sa  vigne. 

Pour  les  Comités  Républicains  de  la  2e  circonscription  : 

(Suivent  les  signatures.) 


Circonscription  de  BABJBEZIEUX 

M.  Georges  GERAJLD 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  6,401  voix* 


Messieurs  et  chers  Concitoyens, 

Le  mandat  que  vous  avez  bien  voulu  me  confier  le  27  octobre  dernier  prend  légalement 
fin  ;  j'ai  l’honneur  d'en  solliciter  le  renouvellement* 

Vos  représentants  doivent  se  consacrer  aux  réformes  utiles  en  évitant  les  mesquine* 
querelles  des  partis  et  les  discussions  stériles,  mais  aussi  en  veillant  avec  un  soin  Jaloux  à 
la  garde  de  nos  institutions  démocratiques. 

G'est  ce  que  j’ai  fait,  toujours  placé,  dans  la  plénitude  de  mon  indépendance,  à  égale 
distance  de  tous  les  excès,  contre  la  réaction  et  contre  la  révolution* 

j’offre  au  contrôle  de  tous  les  Républicains,  de  tous  les  hommes  de  bonne  foi,  mes 
efforts  personnels  et  mes  actes  au  cours  des  six  mois  pendant  lesquels  je  viens  de  vous 
représenter.  Ils  y  trouveront  la  fidèle  exécution  du  programme  économique,  social,  financier, 
d'ordre,  de  progrès  et  de  liberté  sur  lequel  j'avais  sollicité  vos  suffrages* 

Mon  programme  reste  le  même.  Et  toujours  fidèle  à  vous,  mes  chers  concitoyens,  et  à 
moi-même,  je  continuerai  de  me  rendre,  comme  par  le  passé,  dans  toutes  vos  communes, 
estimant  que  le  devoir  d’un  mandataire  est  de  rester  en  communication  constante  avec  ses 
commettants,  tant  pour  connaître  et  satisfaire  leurs  intérêts  que  pour  recevoir  leurs  conseils* 

Je  me  suis  appliqué  : 

À  assurer  le  développement  de  nos  voies  de  communication  :  chemins  de  fer  et 
tramways.  Les  résultats  que  j'ai  déjà  obtenus  pour  la  ligne  de  chemin  de  fer  de  Barbezieux 
à  Saint-M ariens  vous  prouvent  ce  que  peut  une  volonté  ferme,  résolue  à  se  consacrer  à  l’in¬ 
térêt  général  bien  entendu; 

A  préparer  et  obtenir  la  modification  de  cette  inique  loi  des  boissons,  si  préjudiciable 


—  158  — 


à  nos  intérêts  J'ai  combattu  sans  relâche  cette  loi  désastreuse;  je  continuerai,  ne  négligeant 
d'autre  part  aucune  occasion  d’affirmer  le  respect  dû  au  «  droit  »  du  bouilleur  d’être  maître 
chez  soi  ; 

À  dégager  nos  habitants  des  campagnes  des  formalités  trop  onéreuses,  compliquées, 
inutiles*  vexatoires  en  ce  qui  concerne  la  propriété,  la  régie,  la  chasse,  la  pêche;  à  leur 
faciliter,  en  retour,  Le  bénéfice  et  la  jouissance  des  faveurs  auxquels  ils  ont  droit,  comme  je 
Fai  fait  pour  îa  taxe  militaire,  les  améliorations  postales  à  ia  campagne,  les  28  et 
13  jours,  etc. 

À  favoriser  notre  commerce  extérieur  par  le  retour  aux  traités  de  commerce. 

L/impôt  du  sang  est  sacré,  mais  il  doit  de  plus  en  plus  se  mieux  adapter  aux  exigences 
de  notre  vie  moderne. 

J'ai  demandé  ie  service  de  deux  ans,  mais  avec  cette  réserve  que  ceux  qui  assumeront 
la  lourde  responsabilité  des  événements  de  guerre  auront  l'initiative  et  la  préparation  des 
réformes  militaires  en  temps  de  paix. 

Nous  les  avons  provoquées, 

A  cette  discussion  se  joindra  forcément,  comme  parties  constitutives  d'un  même  tout, 
la  question  du  remaniement  des  périodes  de  28  et  13  jours. 

L’existence  de  la  misère  prouve  que  tous  les  progrès  politiques  et  sociaux  sont  loin 
d’être  accomplis.  L’effort  du  législateur  doit  tendre  constamment  à  atténuer,  sinon  à  faire 
disparaître*  la  détresse  publique  et  privée. 

Est-ce  à  dire  qu’il  faut  imposer  à  l’État  l'obligation  de  former  et  de  fournir  le  salaire? 
Je  ne  le  pense  pas.  L’humanité  n’est  ni  une  caserne  ni  une  prison. 

Je  suis  pour  l’initiative  individuelle  contre  cette  manie  de  tout  enrégimenter  et  de  tout 
soumettre  à  un  mot  d’ordre.  C’est  par  l’initiative  individuelle,  mise  au  service  de  ridée 
mutualiste  si  riche  déjà  en  résultats  féconds,  que  ces  r  complexes  et  délicats  problèmes 
sociaux  doivent  être  abordés  et  résolus. 

Au  préalable  il  importe  d’arrêter  les  dépenses  publiques;  on  parle  beaucoup  d’écono¬ 
mies  :  elles  sont  nécessaires.  Je  reste  partisan  de  la  diminution  des  gros  traitements,  de  la 
suppression  des  sinécures  ou  des  fonctions  inutiles. 

A  quoi  sert  d’économiser  d’un  côté  si  on  s’ingénie  à  dépenser  follement  de  l’autre? 
L’économie  la  plus  sérieuse  à  faire,  celle  qui  est  la  préface  de  toutes  les  autres,  c'est  sur 
les  députés  eux-mêmes  qu’il  faut  îa  réaliser  par  la  suppression  de  l’initiative  parlementaire 
en  matière  de  dépenses  publiques. 

Les  députés  ont  le  devoir  d’arrêter,  de  contrôler  les  dépenses  et  non  pas  le  devoir  de 
les  provoquer;  de  consentir,  mais  non  d’offrir  l'impôt. 

Le  mouvement  d’opinion  créé  dans  tout  le  pays  en  faveur  de  cette  réforme  par  la  Ligue 
des  contribuables  contre  l’augmentation  des  dépenses*  ligue  à  laquelle  j'appartiens  depuis 
longtemps*  me  permet  de  croire  que  la  législature  prochaine  nous  donnera  satisfaction  sur 
ce  point  esseatieL 

Cette  réforme  est,  en  effet,  la  clef  de  toutes  les  autres.  Elle  est  surtout  indispensable 
pour  obtenir  notamment  1e  dégrèvement  de  la  terre  et  une  plus  équitable  répartition  de 
l’impôt  depuis  si  longtemps  demandée,  toujours  ajournée. 

Ainsi  maintenue  par  sou  activité  industrielle  et  commerciale,  sa  prospérité  économique 
et  financière,  son  développement  social  à  la  tête  de  la  civilisation;  appuyée  sur  une  armée 
et  une  marine  disciplinées  et  respectées,  placées  hors  des  attaques  et  des  passions  poli¬ 
tiques;  grandie  par  le  sentiment  profond  et  inaltérable  de  son  unité,  notre  Fauce  bien- 
aîmée,  fidèle  à  une  alliance  justement  populaire,  solennellement  scellée  hier  comme  il  y  a 
quatre  ans  et  comme  elle  le  sera  de  nouveau  demain  à  l’occasion  du  voyage  de  notre  vénéré 
Président  en  Russie,  sera  prête  aux  grands  devoirs  de  l’avenir. 

Républicain  résolu,  jaloux  des  conquêtes  réalisées,  et  patriote,  mon  amour  des  institu¬ 
tions  libres  se  marie  avec  le  culte  de  drapeau.  L’idée  de  Patrie  m'apparaît  comme  une  des 
plus  nobles,  des  plus  nécessaires,  et  toute  tentative  de  nature  à  l’obscurcir  dans  les  esprits 
serait,  à  mes  yeux,  criminelle  et  odieuse. 


Partisan  d’une  politique  stable,  d’économie,  d’ordre  et  de  progrès  dans  le  travail  et 
dans  la  liberté,  largement  libérale,  tolérante,  hardiment  réformatrice;  adversaire  déclaré 
et  réfléchi  de  tout  despotisme  césarîen  ou  jacobin,  comme  de  toutes  les  utopies  collecti¬ 
vistes  qui  aont  la  négation  des  principes  d  e  1789  :  liberté,  égalité,  fraternité,  propriété 
individuelle;  respectueux  de  toutes  les  croyances,  repoussant  toute  entreprise  contre  la 
foi  et  contre  la  raison,  sans  permettre  à  qui  que  ce  soit  d'empiéter  sur  les  droits  légitimes 
du  pouvoir  civil  souverain,  j’appelle  de  tous  mes  vœux  la  fin  des  dissensions  cruelles  qui 
depuis  trop  longtemps  déchirent  mon  pays* 

Convaincu  qu'une  politique  d’union,  d’apaisement,  de  réconciliation  nationale,  est 
indispensable  au  moment  où  le  monde  entier  livre  un  assaut  furieux  à  notre  agriculture,  à 
notre  industrie  et  à  notre  commerce,  c’est  en  toute  confiance  que  je  vous  offre  de  mettre  en 
commun,  aujourd’hui  comme  hier,  ces  pensées  de  grandeur  nationale,  ces  pensées  d’avenir, 
faisant  appel  à  tous  les  patriotes,  à  tous  les  démocrates  char  en  tais. 

Croyez,  mes  chers  Concitoyens,  en  toutes  circonstances,  ù  mon  entier  dévouement- 

Georges  GÉRÀLD, 

Propriétaire  à  la  Garde-à-Rôtard,  Conseiller  municipal  de  Condéon, 
Conseiller  général  de  la  Charente,  Avocat, 

Ex-chef  adjoint  du  cabinet  du  Président  de  la  Chambre  des  Députés, 

Député  sortant* 

p -S,  —  Je  me  suis  nettement  expliqué  devant  mes  électeurs,  dans  toutes  les  com- 
mares  ;  je  condamne  et  réprouve  toute  manœuvre  de  la  dernière  heure.  Je  méprise  toute 
attaque  qui  n’aura  pas  été  loyalement  portée  devant  moi  et  les  électeurs  dans  nos  réunions 
publiques,  où  nos  adversaires  ont  toujours  été  régulièrement  convoqués  par  mes  soins, 
sans  jamais  m'avoir  convié  à  leurs  réunions  que  j  ai  recherchées. 

Doivent  être  seules  considérées  comme  émanant  de  moi  les  affiches  qui  porteront  mon 
visa  et  ma  signature. 

G.  G* 


Circonscription  de  COGNAC 

M.  Guneo  D’ORNANO 

Elu  au  icv  tour  de  scrutin.  —  voix. 


Monsieur  et  cher  Concitoyen, 

Député  de  notre  libre  et  intelligent  arrondissement  de  Gognac  depuis  vingt- six  ans  ; 
ayant  reçu,  lors  de  mou  terrible  accident  de  chemin  de  fer,  les  témoignages  sympathiques  de 
tout  le  monde,  —  de  mes  anciens  adversaires  comme  de  mes  amis,  —  j’ên  suis  arrivé  à  ne  plus 
me  croire  l’adversaire  politique  de  personne.  Ce  que  je  demande  à  la  République,  c’est  de 
faire  le  bonheur  de  tous. 

Attaché  à  mes  principes  démocratiques  bien  connus,  moi  qui  ai  toujours  été  1  homme  du 
suffrage  universel,  —  je  la  voudrais  libérale,  tolérante,  paciûque,  ouverte  à  tous,  vraiment 
féconde  en  progrès  sociaux  pour  les  travailleurs,  comme  la  veulent  les  dévoués  conseilers 
généraux  de  nos  quatre  cantons.  Puissions-nous,  sous  celte  forme  de  Gouvernement,  accroître 
la  puissance,  la  prospérité  de  la  grande  patrie  française  et  de  notre  petite  patrie  charentai.se! 


160  — 


Pendant  la  législature  qui  vient  de  finir,  ai-je  fait  autre  chose,  comme  député,  que  m’ap¬ 
pliquer  à  cela?  Je  n'ài  cessé  d'être  attentif  aux  intérêts  de  chacun  :  intérêts  matériels,  Inté¬ 
rêts  moraux. 

Au  point  de  vue  de  nos  intérêts  moraux,  je  m’honore  d'avoir  été  de  ceux  qui,  du  haut 
de  la  tribune  française,  ont  lutté  contre  certains  chefs  sectaires  de  la  franc-maçonnerie 
judaïsante;  je  m- honore  d’avoir  livré  le  bon  combat  pour  ces  nobles  causes  :  la  liberté  des 
cultes  et  la  paix  religieuse;  la  liberté  d’association  avec  égalité  pour  tous;  la  liberté  d’en¬ 
seigner  ;  la  liberté  du  travail  ;  la  propriété  individuelle  protégée  contre  le  socialisme  collec¬ 
tiviste;  la  liberté  de  conscience  dans  Tannée,  protégée  contre  les  «  sans  patrie  »  et  contre 
les  traîtres. 

Voyez  mes  votes  ï  Sur  toutes  ces  questions,  ils  sont  d'accord  avec  ceux  d’anciens 
Ministres  de  la  République,  demeurés  patriotes  et  libéraux,  qui  s'appellent  ;  Cavaignac, 
Ribot,  Méline,  de  Mahy,  Jules  Roehe,  Henry  Bouclier,  Poincaré,  Jules  Legrand,  et  qui,  sur  les 
bancs  de  la  gauche  ou  du  centre,  ont  eux  aussi  combattu  comme  mol  et  comme  mes  élo¬ 
quents  collègues  de  droite,  pour  ces  libertés  nécessaires. 

Lisez  mes  discours!  Vous  verrez  que  j'ai  revendiqué  ces  libertés  pour  tout  Le  monde, 
en  démocrate  logique,  au  nom  des  «  Droits  de  l'homme  et  du  citoyen  »,  c'est-à-dire  en  vertu 
du  pur  idéal  de  cette  Révolution  française  pour  laquelle  mon  grand-père,  qui  commandait 
dans  les  armées  de  la  première  République  une  demi-brigade,  tombait  en  1798  glorieuse¬ 
ment  atteint  de  cinq  blessures. 

J'ai  moi-même  combattu  pour  la  patrie,  en  1870-1871,  comme  officier  de  mobiles.  Et 
c'est  parce  que  je  suis  partisan  d’une  armée  forte,  qui  j'ai  voté,  3e  2k  février  dernier,  pour 
Furgence  de  la  proposition  de  Feltre,  approuvée  parle  général  du  Barail,  présentée  par  mon 
collègue  et  ami  Lasies,  réduisant  (grâce  à  dos  engagements  volontaires  avec  prime)  la  durée 
obligatoire  du  service  militaire  à  un  an  pour  tous. 

Au  point  de  vue  de  nos  intérêts  charentais,  et  toujours  opposé  à  l'augmentation  persis¬ 
tante  des  impôts,  j’avais  lutté  victorieusement  depuis  1876  contre  la  surtaxe  de  l'alcool.  Mes 
discours  sont  là.  En  1900,  une  coalition  formée  par  le  Ministère  actuel  a  pu  établir  cette 
surtaxe  fatale.  C'est  Fodieuse  loi  Caillaux-Monïs  qui  a  troublé  ainsi,  non  seulement  notre 
arrondissement,  mais  toute  la  viticulture  française,  et  qui  menace  partout  de  ruine  le  com¬ 
merce  des  eaux-de-vie.  Seul  de  tous  les  Députés  (avec  mon  collègue  et  ami  Laroche- Joubert) 
j'ai  pu  obliger  ce  Ministère  à  atténuer,  par  six  amendements  imposés,  quelques-uns  des 
nombreux  vices  de  Ja  loi  des  boissons.  Mais,  pour  détruire  cette  loi,  il  faut  détruire  ce  Minis¬ 
tère.  C'est  à  vous  de  le  dire  par  votre  vote  et  d'agir  en  ce  sens  autour  de  vous. 

Quant  à  la  Régie,  j'ai  obtenu  contre  elle  trois  lois,  constituant  trois  progrès  pour  nous. 
L’an  dernier,  la  Revue  vinicolc  écrivait  ceci,  à  l'occasion  de  mes  noces  d’argent  législatives: 
«  Hommage  à  M.  Guneo  d'Ornano,  le  seul  Député  qui  ait  pu,  depuis  1816,  obtenir  quelques 
atténuations  aux  rigueurs  iniques  de  la  législation  des  boissons.  »  Le  journal  des  Chambres 
de  commerce  s'associait  à  cet  hommage  par  un  article  que  je  joins  à  ma  lettre. 

Cet  hommage,  que  les  principaux  organes  de  la  viticulture  et  do  commerce  des  boissons 
ont  tenu  à  publier,  me  ramène  à  ce  que  je  vous  disais,  Monsieur  et  cher  concitoyen,  et 
montre  que  j'ai  toujours  placé  au-dessus  des  querelles  politiques  vos  intérêts  matériels  et 
moraux,  dont  j'ai  été  le  défenseur  toujours  énergique  et  souvent  heureux,  non  point  seules 
ment  par  des  promesses  faciles,  mais  par  des  actes. 

Il  vous  appartient,  comme  électeur,  de  me  soutenir  par  votre  suffrage  libre  et  de  me 
donner,  par  votre  concours  intelligent,  une  force  nouvelle  pour  continuer  à  vous  représenter 
avec  intégrité,  à  vous  défendre  avec  autorité,  à  vous  servir  avec  plus  de  succès  que  tout 
autre,  vous  le  voyez,  et  assurément  avec  plus  d’expérience  puisque,  —  un  des  plus  anciens 
de  la  Chambre,  —  voilà  que  j'entre  dans  la  27e  année  de  ma  vie  de  tribune,  avec  Tunique 
ambition  de  vous  servir  encore. 


Votre  fidèle  Député  et  ami, 


C.  d'QRNANO. 


—  161  — 


N*  H63 


Circonscription  de  CONFOLENS 
M.  BÀBÀDD-LÂGROZE 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  10pij2!  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Depuis  onze  années,  par  vos  votes  répétés,  et  avec  des  majorités  toujours  croissantes, 
vous  m’avez  fait  l'honneur  de  m’envoyer  représenter  vos  intérêts  au  Parlement,  où  j’ai  à  la 
fois  conscience  d’avoir  loyalement  rempli  mon  mandat,  et  le  légitime  orgueil  de  pouvoir 
continuer  à  vous  y  servir. 

Disciple  des  Babaud-Uribière,  des  Marrot,  des  Duclaud  et  des  Nassaad,  ]  ai  toujours 
été  et  je  suis  toujours  un  républicain  convaincu;  et  c’est  aujourd  hui  comme  autrefois  que, 
sans  compromission  aucune,  je  reste  le  candidat  de  concentration  républicaine,  et  quà  ce 
titre  je  viens  à  nouveau  solliciter  vos  suffrages. 

Membre  depuis  hnit  années  de  la  Commission  permanente  des  douanes,  je  me  suis 
spécialement  occupé  de  toutes  les  questions  agricoles  qui  intéressent  si  passionnément  notre 
pavs  et  le  Confolentais  en  particulier. 

*  le  me  suis  également  associé  à  toutes  les  mesures  qui  ont  été  prises  en  faveur  des 
ouvriers,  des  humbles  et  des  petits,  et  notamment  à  toutes  ces  lois  d’assistance  et  d’hy¬ 
giène,  qui  sont  comme  la  mise  en  œuvre  de  l’idée  même  de  solidarité  nationale. 

Rappellerai-je  que  j’ai  voté  aussi  sans  hésiter  ces  lois  nouvelles,  essentiellement  justes, 
de  la  réforme  si  longtemps  attendue  des  droits  de  la  succession,  et  les  dégrèvements  annuels 
accorJés  aux  petits  propriétaires  dont  la  cote  foncière  n’excède  pas  25  francs. 

Partisan  résolu  de  l’ordre  et  de  la  paix  sociale,  j’ai  loyalement  accordé  mon  concours 
au  Ministère  actuel,  qui  par  sa  fermeté  et  son  énergie,  a  su  conjurer  l’émeute  qui  menaçait 
la  République  et  outrageait  à  Auteuil  son  auguste  représentant. 

Je  me  suis  également  associé  à  toutes  les  mesures  qui  ont  pour  but  de  consolider  notre 
armée  nationale,  —  notamment  en  votant  cette  loi  sur  Vannée  coloniale  qui  était  sur  le 
chantier  depuis  pins  de  vingt  ans  -  et  de  la  démocratiser  en  permettant  aux  officiera  qui 
sortent  du  rang  d'atteindre  plus  aisément  les  plus  hauts  grades  —  et  en  votant  la  loi  sur  le 
service  de  deux  ans,  qui,  de  l'avis  des  hommes  les  plus  compétents,  ne  désorganisera  pas 

la  défense  du  pays.  ,  ,  ,  . 

J'ai  également  adhéré  à  la  politique  financière  de  la  législature  qui  finit,  qui  se  traduit 
par  m  excédent  net  de  86  millions.  Et  si  le  résultat  de  la  dernière  année  est  moins  brillant, 
il  me  sera  facile  de  dégager  ma  responsabilité,  en  rappelant  que  fai  voté  contre  la  loi  sur 
les  sucres,  et  avec  tous  mes  collègues  de  la  Charente,  contre  la  loi  des  boissons,  causes 

principales  du  déficit.  . 

Dans  la  mesure  de  mes  forces,  j'ai  essayé  enfin  de  défendre,  en  toute  occasion,  la  Répu¬ 
blique  et  les  intérêts  dont  vous  m'aviez  chargé.  Dédaigneux  des  injures  et  des  aboiements 
du  carrefour,  j'ai  l'intention,  mes  chers  concitoyens,  de  persévérer  dans  ma  ligne  de  conduite, 
si,  comme  j'en  ai  le  ferme  espoir,  vous  m'accoTdez  votre  confiance  le  27  avril  prochain. 

Vive  la  République 

Antoine  BÀBABD^LAGROZE* 


ai 


Circonscription  de  RUFFEC 

M.  Félix  MA  ROT  , 

lîlu  au  l°r  tour  de  scrutin  —  6.S80  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Me  voici,  tklèle  au  rendez-vous  que  vous  m’aviez  fixé,  sollicitant  à  nouveau  vos  suf¬ 
frages  ;  je  n’ai  pas  déserté;  ii  n'y  aura  pas  non  pins  de  déserteurs  parmi  vous. 

Honoré  de  votre  confiance  aux  élections  municipales  de  Ru  liée  comme  aux  élections  du 
Conseil  d’arrondissement  d’Àigre,  bien  enfant  du  pays,  quoi  qu’ou  en  dise,  et  bien  ré:olu  à 
y  demeurer  attaché,  je  viens  continuer  à  défendre  avec  vous  le  même  drapeau,  la  vraie 
République,  celle  d,e  la  liberté  pour  tous. 

Nous  réclamerons  ensemble  plus  que  jamais,  pour  nos  adversaires,  comme  pour  nous- 
mêines,  ces  libertés  aujourd’hui  contestées  par  de  trop  nombreux  eésarieus  d’extrême 
gauche  ; 

Liberté  do  conscience,  liberté  d’association,  liberté  d’enseignement,  enfin  liberté  du 
vote,  base  du  suffrage  universel  qu’entravent  si  fortement  les  diverses  pressions  adminis¬ 
tratives  exercées  sur  les  fonctionnaires  et  les  particuliers,  la  candidature  officielle  pratiquée 
sans  aucune  vergogne. 

Nous  voulons  ensemble  plus  de  liberté,  en  même  temps  que  nous  voulons  aussi  plus 
d’économies,  moins  de  dépenses  insuffisamment  justifiées  par  des  utilités  électorales. 

La  décentralisation  nous  y  aidera  en  favorisant  la  diminution  de  ce  fonctionnarisme 
envahissant  que  la  politique  électorale  des  places  à  tous  aura  tant  contribué  à  accroître.  Ce 
sont  ià  économies  réalisahies,  faciles  à  augmenter  encore  par  la  diminution  de  certains  trop 
gros  traitements,  économies  doublement  avantageuses  :  pour  le  contribuable  qui  aura  moins 
a  payer,  pour  le  petit  fonctionnaire  lui  même,  cantonnier,  facteur,  etc.,  qui  pourra  voir 
élever  son  traitement  souvent  insulfisant  aujourd’hui. 

La  suppression  de  l'initiative  parlementaire  en  matière  de  dépenses,  l’examen  plus 
attentif  des  divers  budgets  nous  permettront,  avec  des  excédents  au  lieu  de  déficits,  de 
tenter,  plus  sérieusement  que  jusqu’ici,  une  répartition  plus  équitable  de  l’impôt,  qui  frappe 
toujours  beaucoup  trop  la  terre  par  rapport  à  la  fortune  mobilière. 

Diminution  des  frais  de  justice,  par  l’augmentation  de  compétence  des  juges  de  paix,  à 
condition  que  leur  mode  de  recrutement  soit  d’abord  modifié;  diminution  du  service  mili¬ 
taire,  pourvu  que  les  réengagements  et  les  cadres  soient  d’abord  réorganisés;  réduction 
possible  sans  doute  dus  périodes  d’instruction,  sans  porter  aucune  atteinte  à  la  force  de 
noue  armée  nationale  compromise  par  les  actes  d’un  Ministre  de  la  Guerre,  qu’applaudis¬ 
sent  si  vivement  tous  les  contempteurs  de  notre  force  militaire,  nécessaire  au  maintien  de 
la  paix;  encouragement  de  toutes  les  œuvres  de  mutualité,  qui  résoudront  vraiment  cette 
question  des  retraites  ouvrières,  industrielles  gt  agricoles,  et  permettront  d’améliorer  aussi 
cette  loi  mai  fade  des  accidents  du  travail  ;  réforme  de  la  loi  des  boissons  si  désastreuse  pour 
les  Cbarentes,  esc.,  toutes  ces  questions  deyront  encore  solliciter  l’attention  du  législateur. 

Électeurs, 

L  heurë  est  grave.  Il  faut  tous  manifester,  dire  si  vous  êtes  pour  la  politique  d’asservis¬ 
sement  ou  pour  la  politique  de  liberté;  pour  la  politique  d’économie,  ou  pour  la  politique 
de  déficit  ;  pour  la  politique  d’abaissement  ou  pour  la  politique  de  relèvement. 


—  163  — 


H  62 


Votre  opinion  ne  me  paraît  pas  douteuse,  vous  serez  certainement  avec  moi  contre  un 
Ministère  qui  n*'a  su  que  pratiquer  cyniquement  une  politique  odieusement  sectaire. 

Vive  la  France  1  Vive  la  République!  Vive  la  liberté  î  Vive  l’arrondissement  de  Rulîecî 

Félix  MARQT, 

Propriétaire  à  Fouqueure  et  à  Tusson, 

Directeur  du  Journal  de  Ruffec, 

Conseiller  municipal  de  la  ville  de  Ruffec, 
Conseiller  d'arrondissement  du  canton  d’Àigre, 
Membre  de  P  Association  nationale  républicaine. 


1  m 


_ . _ 


—  164 


CHARENTE-INFÉRIEURE 


Circonscription  de  JONZAC 

M.  MARCHAND,  dont  l’élection  a  été  annulée,  a  été  remplacé  par  M.  LARQU1ER. 


Voy.  Élections  partielles. 


, 

Circonscription  de  MARENNES 

M.  GARNIER,  élu  Sénateur,  remplacé  par  M.  TORCHUT. 


Voy.  Elections  partielles. 


Circonscription  de  ROCHEFORT 
M.  BRAUD 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  ~~  8.235  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Vous  êtes  de  nouveau  appelés  à  élire  un  député. 

De  nombreux  candidats,  de  nuances  politiques  différentes,  sollicitent  vos  suffrages. 

Votre  devoir,  avant  de  fixer  votre  choix  et  de  voter,  est  de  vous  enquérir  du  passé  et 
des  opinions  de  chacun  d’eux. 

Déjà,  plus  de  douze  cents  républicains  venus  des  diverses  communes  de  notre  arron¬ 
dissement,  réunis  en  Congrès  à  Rochefort,  le  23  mars  1902,  ont  exprimé  leurs  sentiments 
en  me  désignant  encore  pour  être  le  porte-drapeau  du  parti  républicain-radical. 

Je  les  remercie  du  fond  du  cœur  de  la  nouvelle  marque  de  confiance  et  de  vive 
sympathie  qu’ils  m’ont  donnée  en  cette  circonstance,  en  faisant  en  même  tempB  sur  mon 
nom  une  imposante  manifestation  républicaine. 

Si  vous  ratifiez  leur  choix,  vous  pouvez  être  assurés  que  je  ne  faillirai  pas  à  mon  devoir 


N»  1162 


—  168  — 

niinnarai  à  lutter  avec  énergie  pour  la  défense  de  vos  intérêts  et  le  triomphe  de  nos 
institutions,  aujourd’hui  encore  menacées  par  les  ennemis  irréconciliables  de  la  République 

dém°M?Sur  politique  n’a  pas  changé;  je  suis  aujourd’hui  ce  que  j’ai  toujours  été: 
un  patriote  sincère,  un  républicain  convaincu,  ennemi  irréductible  des  compromissions 
inurhps  et  malhonnêtes. 

Vous  tue  connaissez  depuis  mon  enfance;  je  n’ai  jamais  quitté  le  pays  ;  toute  ma  vie 
s’est  écoulée  au  milieu  de  vous  ;  vous  avez  donc  pu  me  voir  à  l’œuvre  et  vous  rendre  compte 
avec  uuel  dévouement  je  me  suis  toujours  consacré  à  la  chose  publique. 

Mon  programme  est  le  vôtre,  puisque  vous  l’avez  sanctionné  à  plusieurs  reprises.  Je  le 
maintiens  dans  toute  son  intégralité  et  je  prends  l’engagement  d'y  conformer  mes  votes,  si 
vous  me  faites  encore  l’insigne  honneur  de  me  confier  le  mandat  de  député. 

Parmi  les  réformes  ou  les  améliorations  qui  seront  l’objet  de  mes  préoccupations,  je 

tiens  à  indiquer  celles-ci  :  .  ...  ,  • 

Révision  dans  un  sens  démocratique,  de  la  loi  concernant  la  réforme  des  boissons,  loi 
si  néfaste  aux  intérêts  de  notre  département,  tant  au  point  de  vue  viticole  qu’au  point  e 

Amélioration  de  la  situation  des  cantonniers  et  des  petits  fonctionnaires  et  employés 
de  l’État. 

Unification  des  retraites.  Diminution  des  gros  traitements. 

Création  d’une  caisse  de  retraite  pour  les  ouvriers  des  villes  et  des  campagnes,  avec  le 
concours  des  sociétés  de  prévoyance  et  de  mutualité. 

Mise  en  pratique  du  crédit  mutuel  agricole. 

Extension  des  Sociétés  de  secours  mutuels  et  révision  de  la  loi  les  concernant. 

Réforme  de  la  prestation  en  nature. 

Construction  de  la  ligne  ferrée  de  Surgères  à  Royan,  par  Cabariot. 

Réduction  à  deux  années  du  service  militaire. 

Réduction  de  la  contribution  mobilière,  trop  élevée  dans  certaines  localités. 

Je  n’oublierai  pas  non  plus  que  les  ouvriers  de  nos  arsenaux  attendent  toujours  le  juste 

relèvement  de  leurs  salaires,  promis  depuis  longtemps. 

Je  ne  cesserai,  en  outre,  d’appeler  l’attention  des  pouvoirs  publics  sur  notre  arsenal, 
si  délaissé  depuis  quatre  années,  et  sur  nos  ports  de  commerce,  à  la  prospérité  desquels 

est  intimement  lié  le  bien-être  du  pays.  , 

Mon  premier  devoir  sera  de  demander  de  nouveaux  crédits  pour  continuer  les  travaux 
d’approfondissement  de  la  Charente,  et  la  construction  de  bassins  a  cote  de  notre  établisse- 
ment  maritime  -  ceux  actuels  étant  insuffisants  -  pouvant  recevoir  tous  les  navires  de 
guerre  à  armer  ou  à  désarmer. 

Enfin,  partisan  résolu  des  réformes  sociales  conçues  dans  1  esprit  de  la  Révolution 
française,  tous  mes  efforts  tendront  à  accroître  la  liberté  de  chaque  citoyen  et  a  donner  aux 
humbles  de  nouveaux  moyens  d’action  légitimes  pour  pouvoir  lutter  moins  péniblement 
contre  les  difficultés  de  la  vie. 

Mais, respectueux  de  la  propriété  individuelle  et  du  droit  du  père  de  famille  de  disposer 
à  son  gré  des  fruits  de  son  travail,  je  combattrai  sans  relâche  les  dangereuses  utopies 
collectivistes,  comme  les  entreprises  du  nationalisme  et  du  cléricalisme,  qui  sont  également 
un  péril  pour  la  liberté  des  citoyens  et  l’avenir  de  la  République. 

Ni  cléricalisme,  ni  nationalisme,  ni  collectivisme,  telle  est  ma  devise.  J’espère  quelle 

sera  aussi  la  vôtre. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Vous  suivez  peut-être  l’odieuse  et  répugnante  campagne  menée  contre  moi  pour 
assouvir  de  basses  rancunes. 

Mes  adversaires  aux  abois  m’abreuvent  journellement  d’outrages.  Je  ne  m  abaisserai  a 


—  166  — 

relever  ni  leurs  lâches  calomnies,  ni  leurs  ignobles  mensonges,  le  m’en  rapporte,  pour  en  1 
faire  bonne  justice,  à  votre  patriotisme  éclairé  et  à  votre  bon  sens  bien  connu. 

Je  suis  convaincu  que  vous  ne  vous  laisserez  pas  égarer  par  d’aussi  viles  manœuvra  I 
et  que  vous  direz,  en  toute  indépendance,  si  je  mérite  encore  ou  non  votre  confiance. 

Aux  urnes  !  Pas  d’abstentions  ! 

Vive  la  République  démocratique! 

Ernest  BRAUD, 

Chevalier  de  la  Légion  d’honneur,  Officier  d’ Académie, 

Maire  de  Rochefort,  ancien  Député, 

Conseiller  général  de  la  Charente-Inférieure, 

Président  d’honneur  de  la  Société  d’encouragement  à  l’agriculture,  I 


Circonscription  de  LA  ROCHELLE 
M.  CHARRUYER 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  9482  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Deux  fois  déjà  vous  m’avez  fait  le  grand  honneur  de  me  désigner  pour  vous  représenter 
a  la  Lnambre  des  Députés, 

années 'ïienS  ******  16  ren0üvetlemen£  du  que  je  tiens  de  vous  depuis  huit 

ob.in?!Si“  ««““gZnï1 :  Pl“‘  "”P°rli"n*S  ^  de"0,“  ^  réS0",'!  "  de  13  ** 

La  réforme  de  la  loi  sur  Renseignement, 

T0p01'  *  ««ivemtaire,  mi.  jw™ 

que  1  Etat  a  le  droit  et  le  devoir  de  soumettre  tous  les  établissements  d’enseignement  à  sa 

des  i  «m»  « 

omitra  proahbte  à  "•  *”* 

La  réduction  du  la  durée  du  service  militaire  à  deux  ans. 

Je  crois  cette  réduction  possible,  sans  nuire  à  l’organisation  de  la  défense  nationale 
n  supprimant  les  nombreux  cas  de  dispense  qui  existent  aujourd’hui.  Cette  réforme  s’im¬ 
pose  en  raison  de  son  caractère  démocratique  et  de  l’aide  qu’elle  apportera  à  l’agriculture 
Je  considéré  egalement  comme  très  urgent  le  vote  des  lois  relatives  à  •  ° 

La  création  de  chambres  consultatives  d’agriculture; 

La  réduction  des  frais  de  mutation  et  de  transmission  de  petite  propriété- 
La  réduction  des  frais  de  justice;  P  P  P  ,e’ 

L  extension  de  la  compétence  des  juges  de  paix 

En  vue  d’une  répartition  plus  équitable  de  l’impôt,  je  m’associerai  à  toute  mesure  oui 

,ex8iion' dc  ,e”ir  *■ 

«  t“Æ:;3aSSB  ’”1  a  T*  la  cri,e  m  «  «■ 


^  1 67 


N*  1162 


U  convient  également  de  modifier  la  loi  du  21  avril  1898  qui  a  institué  la  Caisse  de 
prévoyance  entre  les  marins,  contre  les  risques  et  accidents  de  leur  profession,  de  façon  à 
atténuer  l'inégalité  de  traitement  qu'elle  impose  aux  inscrits  maritimes,  au  regard  des 
ouvriers  qui  bénéficient  de  la  loi  du  9  avril  1898  sur  les  accidents  du  travail. 

J’aurai  le  continuel  souci  de  poursuivre,  par  la  voie  pacifique  et  légale,  la  solution  des 
problèmes  sociaux  ayant  pour  objet  d'améliorer  le  sort  des  travailleurs  de  la  mer,  des  villes 
et  des  campagnes. 

En  un  mot,  mes  chers  Concitoyens,  si  j'ai  encore  mérité  votre  confiance,  je  consacrerai, 
comme  par  le  passé,  tout  mon  temps  et  tous  mes  efforts  à  la  défense  de  vos  intérêts  et 
conserverai  toujours  comme  principal  objectif  la  grandeur  de  la  France  et  la  prospérité  de 
la  République. 


Vive  la  France  !  Vive  la  République  ! 


E.  CHÀRRÜYER, 

Conseiller  général,  Député  sortant. 


lro  circonscription  de  SAINTES 
M.  LAURAINE 

filu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  7.733  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Le  mandat  que  vous  m'avez  confié  prend  fin-  Je  viens  en  solliciter  le  renouvellement  . 

Au  service  de  vos  intérêts  depuis  quatre  ans,  j’ai  apporté  toute  la  somme  de  travail 
que  mes  forces  m'ont  permis  de  dépenser. 

Vous  ne  m'ayez  ja niais  trouvé,  ni  par  mon  attitude,  ni  par  mes  votes,  en  contradiction 
avec  le  programme  sur  lequel  vous  m'avez  élu  en  1898, 

Ce  programme  reste  mon  programme. 

En  politique,  —  dans  la  plénitude  de  mon  indépendance,  —  j'ai  toujours  agi  en  répu¬ 
blicain. 

Dans  mes  rapports  avec  vous,  je  n’ai  jamais  fait  de  distinction  entre  mes  amis  et  mes 
adversaires. 

Tous  m'ont  trouvé  désireux  de  dispenser  une  justice  égale,  et  votre  député,  —  s'il  n'a 
pas  fait  tout  le  bien  qu'il  aurait  voulu  faire  — s'arroge  du  moins  le  mérite  de  n'avoir  jamais 
fait  ni  cherché  à  faire  de  mal  à  personne. 

La  République  doit  être  démocratique,  c'est-à-dire  le  gouvernement  du  peuple. 

Elle  doit  être  sagement  maïs  incessamment  réformatrice. 

Vos  représentants  doivent  être  pénétrés  des  principes  de  solidarité  sociale  :  il  y  a  dans 
notre  société  un  devoir  de  tous  envers  tous. 

Leur  sollicitude  doit  être  appelée  sur  les  institutions  de  prévoyance  sociale  :  celui  qui 
succombe  doit  être  soutenu  par  Faide  de  tous.  Celui  qui  travaille  doit  être  encouragé,  puis 
protégé  contre  les  risques  qui  le  menacent,  et  ainsi  aidé,  arriver  à  faire  sortir  de  son  tra¬ 
vail  sa  petite  p  ropriété  individu  elle. 

La  plus  grande  extension  doit  être  donnée  à  la  mutualité,  aux  associations  de  coopé¬ 
ration,  aux  syndicats  professionnels.  La  question  des  retraites  pour  les  ouvriers  des  villes 
et  des  campagnes  doit  être  enfin  résolue* 


—  168 


L'impôt  doit  être  réparti  plus  justement  et  proportionnellement  aux  forces  de  chacun, 
sans  procédés  vexatoiresou  inquisitoriaux. 

Vos  charges  sont  lourdes.  Je  n’ai  jamais  voté  ni  ne  voterai,  à  l’avenir,  d’imp6ts 
nouveaux* 

Des  économies  sont  nécessaires.  J’ai  toujours  voté  la  diminution  des  gros  traitement 
et  la  suppression  des  sinécures  et  des  fonctions  inutiles. 

Le  lourd  impôt  du  sang  est  sacré,  mais  il  doit  être  limité  aux  exigences  de  la  défense 
nationale* 

J’ai  voté  pour  le  service  de  deux  ans,  pour  la  suppression  des  13  jours  et  la  réduction 
à  20  jours  des  28. 

La  République  doit  respecter  foutes  libertés. 

Je  m’incline  devant  toutes  les  croyances  religieuses  comme  devant  toutes  les  convic¬ 
tions  sincères* 

Mais  lorsqu’un  représentant  du  cuite  ravale  la  grandeur  de  son  ministère  de  paix  au 
point  de  venir  se  jeter  dans  nos  luttes  pour  semer  la  discorde  et  prêcher  la  haine,  —  ser¬ 
vant  ainsi  cette  détestable  politique  qui  s'appelle  le  cléricalisme,  —  il  est  de  notre  devoir 
d'opposer  à  cette  politique  la  nôtre,  celle  de  la  Révolution  Française,  la  politique  de  la  libre 
conscience,  de  la  pensée  libre  et  de  la  tolérance* 

C’est  la  théorie  de  nos  pères,  qui  renvoyaient  le  maire  à  sa  mairie,  le  prêtre  à  son 
autel. 

La  loi  du  30  décembre  1900  sur  le  régime  des  boissons  porte  à  nos  intérêts  un  grave 
préjudice. 

J’ai  combattu  sans  relâche,  avec  une  énergie  mêlée  parfois  d’indignation,  cette  loi  dé¬ 
sastreuse* 

Je  ne  désarmerai  que  lorsqu’elle  aura  disparu  de  nos  codes* 

La  Régie  des  Contributions  indirectes  ne  se  borne  pas  à  percevoir  l’impôt.  Elle  inquiète  - 
de  ses  tracasseries  de  braves  gens  qui  ne  songent  pas  à  frauder  le  trésor* 

Aussi  bien  comme  votre  représentant  que  comme  rapporteur  de  la  réforme  des  lois  de 
Régie,  je  me  suis  efforcé  de  poursuivre  ces  abus*  Vous  me  trouverez  toujours  déterminé  à 
les  combattre. 

Mes  chers  concitoyens, 

Je  n’appartiens  à  aucune  coterie  ;  je  ne  dois  et  ne  veux  relever  que  de  vous. 

Je  fais  appel  à  vos  suffrages.  Je  ne  vous  demande  qu’une  chose  :  mettez  à  voter  pour 
moi  autant  d’empressement  que  j’en  ai  mis  en  toutes  circonstances  à  vous  défendre  et  à 
vous  être  utile. 

Vive  la  République  Démocratique  ï 

Octave  LAURAINE,  Député  sortant, 
Propriétaire-viticulteur,  avocat,  docteur  en  droit. 

P.-S.  —  Je  m’explique  loyalement  devant  mes  électeurs  dans  toutes  leurs  communes. 

Je  dédaigne  après  cela  les  attaques  et  les  manoeuvres  de  la  dernière  heure*  Je  n’y  réponds 
pas. 


—  169  - 


N°  -H  62 


2“  circonscription  de  SAINTES 
M.  Gabriel  DENIS 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  6.729  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Convaincu  que  je  n'ai  pas  cessé  de  mériter  votre  confiance,  je  viens  solliciter  le  renou¬ 
vellement  de  mon  mandat. 

j’ai  soutenu,  dans  l’intérêt  supérieur  du  pays,  un  ministère  d’union  et  de  défense  répu¬ 
blicaines. 

Seul  il  pouvait  faire  face  aux  circonstances  critiques  que  nous  avons  traversées. 

Seul  ikpouvait  ramener  l’ordre  dans  les  esprits  et  la  tranquilité  dans  la  rue. 

Seul  il  pouvait  assurer  le  succès  de  l’Exposition  universelle  et  grouper  22.000  maires 
dans  une  manifestation  inoubliable  de  paix  et  de  concorde. 

Seul,  par  sa  stabilité,  il  pouvait  affermir  nos  bonnes  relations  avec  l’étranger  et  res¬ 
serrer  les  liens  de  notre  alliance  avec  la  Russie. 

Loi  des  boissons.  —  Lois  de  finances. 

Partisan  de  la  politique  générale  de  ce  ministère,  je  n’ai  cependant  pas  hésité  à  me  sé¬ 
parer  de  lui  quand  nos  intérêts  économiques  sont  enjeu. 

j>ai  voté  contre  lui  sur  cette  loi  des  boissons  si  néfaste  à  l’avenir  de  notre  viticulture  et 
ri  préjudiciable  aux  intérêts  du  Trésor. 

Contre  cette  loi  funeste,  née  de  la  coalition  des  intérêts  du  Midi,  de  l’Est  et  du  Nord, 
j’ai  lutté  sans  relâche,  avec  tous  les  représentants  des  Charentes  à  la  Chambre  et  au 
Sénat. 

J’en  poursuivrai  avec  la  dernière  énergie  la  révision. 

le  m’efforce  de  la  préparer  dans  la  «  Commission  de  la  crise  viticole  ». 

Élu,  par  mon  bureau,  à  l’unanimité,  membre  de  cette  commission,  j’ai  fait  adopter  le 
principe  d’une  taxe  différentielle  entre  les  alcools  d’industrie  et  les  eaux-de-vie  de  vin. 

Comme  préliminaire  à  cette  réforme  et  à  la  mise  en  vigueur  de  la  loi  de  1872  sur  les 
acquits  de  couleur,  je  voterai  la  loi  sur  les  fraudes  commerciales. 

le  voterai  tout  traité  de  commerce  destiné  à  faciliter  l’écoulement  de  nos  produits  à 
l’extérieur. 

Je  m’occuperai  tout  spécialement  du  Crédit  agricole,  qui,  organisé  sur  des  bases  plus 
larges,  permettra  la  vente  des  récoltes  à  un  prix  rémunérateur  en  facilitant  la  résistance  à 
la  baisse  des  cours. 

Des  réformes  fiscales  s’imposent. 

J’ai  protesté  et  protesterai  sans  répit  contre  les  abus  intolérables  de  la  régie,  inquisi¬ 
toriale  et  tracassière  sans  profit  pour  l’État.  Je  demanderai  la  suppression  de  la  brigade 
volante  et  des  primes  aux  agents  de  la  régie. 

Il  est  une  autre  réforme  indispensable  au  soulagement  de  nos  cultivateurs  :  c’est  le 
dégrèvement,  non  plus  partiel,  mais  total,  de  l’impôt  foncier  sur  la  propriété  non  bâtie.  Mon 
vote  est  acquis  d’avance  à  ce  dégrèvement,  comme  à  toute  proposition  qui  aura  pour  objet 
la  suppression  de  nos  charges. 

Je  demanderai  de  restreindre  le  droit  d’initiative  en  matière  de  dépenses  budgé¬ 
taires. 

22 


Loi  sur  les  Associations * 


La  loi  sur  les  Associations,  en  appliquant  les  règles  du  Concordat,  n'a  fait  que  sou¬ 
mettre  les  congrégations  au  droit  commun. 

En  la  votant,  je  n’ai  obéi  à  aucun  sentiment  d'hostilité  religieuse  î  la  religion  n’était 
point  en  cause. 

Je  ne  me  suis  inspiré  que  du  danger  de  laisser  s’établir  en  France,  sans  autorisation 
légale,  des  congrégations  dirigées  par  des  supérieurs  étrangers  (allemands,  italiens  ou  espa¬ 
gnols)  et  susceptibles  de  devenir  des  foyers  de  conspiration  contre  les  institutions  et  les  lois 
de  la  République. 


Lois  militaires . 


Je  suis  partisan  du  service  militaire  de  deux  ans,  sous  réserve  des  garanties  indispen¬ 
sables  à  la  défense  nationale. 


Dans  cet  ordre  d’idées,  j’ai  déjà  voté  et  je  suis  prêt  à  soutenir  encore  la  suppression  de 
la  période  de  treize  jours* 


Projets  divers. 

J’ai  déposé  une  proposition  de  loi  pour  l’obtention  de  permis  de  chasse  journaliers.  Je 


ne  négligerai  pas  cette  réforme,  pas  plus  que  les  intérêts  particuliers  de  nos  cantons,  aux¬ 
quels  je  me  suis  efforcé,  d’ailleurs,  de  donner  des  preuves  de  ma  constante  sollicitude. 

Enfin  je  m’engage  à  voter  tous  les  projets  de  loi  favorables  à  l’assistance  et  à  la  mu¬ 
tualité. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Ne  perdez  pas  de  vue  que,  dans  Réfection  qui  se  prépare,  derrière  toutes  les  promesses 
et  les  critiques  de  détail,  c’est  la  République  qui  est  en  cause. 

Nos  adversaires  se  sentent  impuissants  à  l’attaquer  de  face  ;  ils  visent  à  la  discréditer 
dans  les  hommes  qui  la  défendent. 

Ne  pouvant  la  détruire  pour  y  substituer  le  régime  de  leurs  rêves,  ils  veulent  la  con¬ 
quérir  afin  de  restaurer  ensuite,  à  la  faveur  de  Pétiquette  républicaine^  un  gouvernement 
de  réaction.  Vous  ne  serez  pas  dupes  de  ces  artifices. 

Dans  le  candidat  vous  discernerez  l’homme  politique.  Républicains  de  conviction  ou  de 
raison,  vous  voterez  pour  un  Républicain. 

C’est  à  ce  titre  que  je  fais  appel  à  vos  suffrages. 

'J’ai  conscience  de  les  avoir  mérités  par  la  loyauté  de  mon  attitude  et  par  mon  dévoue¬ 
ment  à  vos  personnes. 

Il  est  impossible  que  la  réaction  Remporte  dans  une  circonscription  électorale  qui  a 
donné  au  candidat  républicain,  il  y  a  quatre  ans,  plus  de  1,000  voix  de  majorité. 

La  journée  du  27  avril  sera  une  nouvelle  et  plus  éclatante  victoire  pour  là  République. 

Vive  la  France  î 

Vive  la  République  î 


Gabriel  DENIS,  Député  sortant, 

Maire  do  Sablouceaux,  Conseiller  général. 
Membre  du  Conseil  supérieur  de  l’Agriculture. 


—  17  1 


N*  1162 


Circonscription  de  SAÎNT-JEAN-DANGÉLY 
M>  REVEILLAUD 

Élu  au  2°  tour  de  scrutin.  —  10.613  vois:. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Aux  élections  de  1893,  grâce  à  l'admirable  discipline  que  mes  électeurs  d'alors  obser¬ 
vèrent,  à  mon  exemple,  au  second  tour  de  scrutin,  nous  eûmes  la  joie  de  conquérir  à  la 
République  cet  arrondissement  de  Salnî-Jean-d'Angély  trop  longtemps  asservi,  comme  un 
fief,  aux  tenants  d'un  régime  qui  nous  a  conduits  à  Sedan,  à  Metz  et  à  l’invasion. 

Aux  élections  de  1898,  le  succès  que  nous  étions  en  droit  d'escompter  ne  couronna 
point  nos  efforts,  malgré  les  9.825  suffrages  qui  se  comptèrent  sur  mon  nom. 

Il  s'agit,  cette  fois,  mes  chers  Concitoyens,  de  prendre  une  revanche  définitive  de  cet 
échec  momentané  et  accidentel.  11  faut  que  le  27  avril,  au  plus  tard  le  il  mai,  tous  les  répu¬ 
blicains  se  retrouvent,  la  main  dans  la  main,  unis  pour  assurer  de  nouveau  la  victoire  de  la 
cause  républicaine  dans  notre  pays. 

Est-il  besoin,  mes  chers  Concitoyens,  que  je  vous  expose  à  nouveau  longuement  mon 
programme?  Vous  le  connaissez.  Je  viens  de  le  développer,  une  lois  de  plus,  dans  toutes 
vos  communes,  il  se  résume  en  ces  mots  :  Liberté,  Justice,  Solidarité,  Progrès  continu. 

Respectueux  de  toutes  les  libertés,  je  prise  avant  tout  la  liberté  de  confidence,  et  m  in¬ 
clinerai  toujours  devant  les  convictions  sincères. 

Aussi  opposé  aux  solutions  violentes  ou  aux  utopies  irréalisables  qu'à  la  réaction 
aveugle  ou  au  conservatisme  borgne,  je  veux  avec  vous  les  réforme?  équitables  qui,  comme 
je  vous  Pai  dit,  sont  le  meilleur  moyen  d'empêcher  les  mécontentements  populaires  et  les 
grondements  d'orage  dToù  sortent  les  révolutions. 

Au  point  de  vue  général,  je  demanderai  ou  j'appuierai,  dans  les  Commissions  ou  à  la 
tribune  de  la  Chambre  ; 

La  réduction  du  service  militaire  de  trois  ans  à  deux  ans,  assuré  par  la  suppression 
de  toutes  les  dispenses,  sauf  celles  accordées  aux  soutiens  de  famille  et  aux  fils  de  veuves 
nécessiteuses. 

La  suppression  des  13  jours  et  la  réduction  à  20  jours  des  28. 

La  réforme  des  frais  de  justice  ;  la  réduction  des  frais  de  mutation  et  de  transmission 
de  la  petite  propriété  ;  la  réduction  du  port  des  lettres. 

La  diminution  des  gros  traitements  et  la  suppression  de  toutes  les  fonctions  inutiles. 

L'organisation  d'une  Caisse  nationale  de  retraites  pour  les  vieux  travailleurs  des  champs 
ou  de  râtelier,  avec  participation  de  l'État,  et  avec  le  concours  des  Sociétés  de  prévoyance 
et  de  mutualité, 

La  modification  de  la  loi  sur  la  chasse,  par  la  substitution  du  permis  an  mois,  à  la 
semaine  ou  à  la  journée,  aux  permis  actuels  qui  privent  les  petits  du  plaisir  de  la  chasse 
et  qui  favorisent  le  braconnage  et  la  destruction  du  gibier. 

Je  ne  veux  plus  de  charges  nouvelles.  Le  pays  a  soif  d  économies.  Je  demanderai  la 
restriction  de  l’initiative  parlementaire  en  matière  de  dépenses  publiques. 

Enfin,  vous  savez  mes  idées  au  sujet  de  la  réforme  nécessaire  de  noire  système  d  im¬ 
pôts.  Le  gouvernement  de  la  République  en  étudie  actuellement  le  projet.  Je  me  prononcerai, 
avec  lui,  pour  le  dégrèvement  des  quatre  contributions  directes,  et  mémo  pour  la  suppres¬ 
sion  totale  de  l'impôt  sur  les  propriétés  non  bâties,  —  et  leur  remplacement  par  un  impôt 
sur  le  revenu.  Cette  mesure  soulagera  l'agriculture  et  le  petit  commerce,  aujourd'hui  trop 


—  172  — 


chargés.  On  peut  concevoir  sur  ce  point  différents  systèmes;  mais  je  déclare  hautement 
que  je  veux  cet  impôt  sur  le  revenu  sans  taxalion  arbitraire  et  sans  vexation  d'aucune 
sorte. 

Au  point  de  vue  de  nos  intérêts  régionaux,  je  veux,  avec  vous,  la  refonte  de  la  loi  sur 
les  boissons. 

Je  veux  que  l'on  détaxe,  comme  on  a  fait  des  vins,  nos  eaux-de-vie  des  Gharentes  et  que 
Ton  détourne  vers  les  emplois  industriels  les  trois-six  du  Nord  et  autres  alcools. 

Je  veux  aussi  une  loi  qui,  garantissant  nos  marques  de  «  Cognacs  »,  prohibera  les 
fraudes3  qui  ont  tant  nui  au  crédit,  jadis  si  grand,  de  nos  eaux-de-vie  charentaises. 

Je  pousserai  à  Panification  des  services  des  Ponts-et-Ghaussêes  et  de  la  Vicinalité  qui 
nous  permettra  d'obtenir,  à  l'exemple  de  la  Charente,  l'amélioration  de  nos  routes. 

Je  m’efforcerai  de  faire  compléter  le  réseau  de  nos  voies  ferrées,  de  manière  à  desser¬ 
vir  plusieurs  localités  importantes  et  présentement  déshéritées,  comme  Chives,  Fontaine- 
Cbalandray,  Beauvais,  Brizam bourg.  Les  Nouilîers,  Tonnay-Boutonne,  Dampierre,  etc,,  etc. 

Je  continuerai  de  demander,  et  j'espère  obtenir  toujours  plus,  des  subventions  de  l’État, 
pour  encourager  nos  Sociétés  de  secours  mutuels,  nos  Sociétés  d'assurances  contre  la  mor¬ 
talité  du  bétail,  etc.,  etc. 

J'encouragerai  dans  nos  cantons,  la  création  des  Caisses  de  crédit  et  des  Syndicats 
agricoles  et  viticoles. 

Bref,  mes  efforts  et  mon  activité  parlementaire  seront  acquis  à  toutes  les  mesures  qui 
pourront  contribuer  à  la  prospérité  de  notre  cher  pays  de  Saintonge. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Vous  me  connaissez  maintenant.  Vous  savez  qui  je  suis,  ce  que  je  pense,  ce  que  je 
veux.  Je  vous  promets  de  soutenir  et  de  défendre,  avec  tout  le  dévouement  dont  je  suis 
capable,  vos  intérêts  généraux  et  particuliers.  Je  compte  sur  vous;  de  votre  côté,  comptez 
sur  moi.  Et  tous  ensemble  et  d'un  même  cœur,  nous  saurons  faire  triompher  et  servir  la 
cause  de  la  Patrie  et  de  la  République  démocratique. 

Vive  la  République  1 

Eug,  ÏIÉVEILLÂUD, 

Avocat,  Publiciste,  Directeur  politique  de  là  Franche  Parole , 
Propriétaire  à  Saint-Jean-d’Àngély, 


Scrutin  de  ballottage. 

Mes  effets  Concitoyens, 

Vive  l'arrondissement  de  Saint-Jean-d'Angély  qui,  par  l'affirmation  des  10,738  suffrages 
qui  se  sont  répartis  sur  mon  nom  et  sur  celui  de  mon  honorable  compétiteur,  M.  le  Dr  Guil- 
laud,  vient  de  donner  ù  la  cause  républicaine  une  si  belle  revanche  sur  l’échec  d'il  y  a 
quatre  ans,  et  pour  le  second  tour,  une  si  belle  promesse  de  victoire  I 

Aux  7.066  électeurs  qui,  dès  ce  premier  tour,  se  sont  de  nouveau  comptés  sur  mon  nom, 
je  dois  un  remerciaient  tout  particulièrement  cordial  et  je  le  leur  envoie  du  fond  du  cœur. 

Mais,  ce  même  remerciaient,  je  me  prépare  à  le  donner  aux  3,672  électeurs  de  M.  le 
Dr  Guiilaud  qui,  dans  cette  lice  électorale,  ont  cumbatiu  h  côté  de  nous,  comme  des  émules, 
comme  des  alliés,  pour  la  même  cause,  sous  le  même  drapeau* 

Je  suis  profondément  convaincu  que  pas  un  d'eux  ne  manquera,  le  11  mai,  a  l'appel 
du  devoir  et  de  la  discipline  républicaine,  disons  mieux:  à  l'appel  de  la  République  elle- 


N"  1162 


—  173  — 

même,  conviant  tous  ses  défenseurs  à  se  rallier  au  drapeau,  quelque  soit  celui  qui  a  l'hon¬ 
neur  de  le  porter.  .  . 

Par  sa  belle  lettre  de  désistement  en  ma  faveur,  l’honorable  Dr  Guillaud  vieut  de  tracer 

l’exemple  à  suivre.  Tous  s’y  rallieront  d’un  même  cœur.  Tous  voudront  le  triomphe  définitif 
contre  le  parti  sans  nom  des  agitateurs  et  des  brouillons  qui,  de  quelque  nom  qu’ils  se 
parent,  sont,  au  fond,  les  plus  dangereux  ennemis  de  l’ordre  et  de  la  paix  sociale. 

A  la  coalition  de  toutes  les  ignorances,  de  tous  les  préjugés,  de  toutes  les  réactions 
aveugles,  de  toutes  les  conjurations  monarchiques,  cléricales  et  liberticides,  mal  masquées 
sous  le  faux  nez  de  la  République...  sans  républicains,  nous  opposerons  le  bloc  inébran¬ 
lable  de  notre  majorité  républicaine  de  près  de  onze  mille  voix,  qui,  grossi  des  nombreuses 
abstentions  qui  se  sont  produites  dimanche  dans  nos  rangs,  donneront,  au  second  tour,  un 
total  compact  de  près  de 'douze  mille  voix. 

ftos  Sénateurs,  nos  Députés,  nos  Conseillers  généraux  et  d’arrondissement,  nos  Maires 
républicains  vous  adressent  avec  moi  l’appel  unanime  de  leur  voix  respectée. 

Tous  les  vrais  républicains,  tous  les  vrais  patriotes,  tous  les  bons  Français  l’enten¬ 
dront. 

Tous  aux  urnes  !  Pas  d’abstentions  I 

Le  11  mai,  nous  pourrons  saluer  et  fêter  ensemble  le  triomphe  définitif  de  la  cause 
républicaine  dans  notTe  cher  arrondissement. 

Encore  une  fois,  vive  la  République  !  Vivent  les  Républicains  de  l’arrondissement  de 
Saint-Jean-d’Angély  ! 

Eug.  RÉVEILLAUD, 

Avocat,  Publiciste,  Propriétaire  à  Saint-Jean-d’Angély, 
Candidat  de  la  concentration  républicaine. 


CHER 


lrc  circonscription  de  BOURGES 
M.  DEBAUNE 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  10.319  voix. 


Aux  Électeurs 


Citoyens  ! 

Désigné  par  le  Congrès  radical  du  9  mars  1902,  comme  candidat  aux  élections  législa¬ 
tives  pour  la  première  circonscription  de  Bourges,  je  me  présente  à  vos  libres  suffrages. 

Vous  savez  qui  je  suis.  Déjà,  on  1893,  j’ai  eu  le  très  grand  honneur  de  meneraveevous 
le  bon  combat  contre  toutes  i es  forces  réactionnaires  coalisées,  représentées  parle  prince 
Auguste  d’Arenberg  ;  un  déplacement  de  trois  cents  voix  eût  suffi  pour  nous  assurer  la 
victoire. 

Aujourd’hui,  en  face  dos  périls  de  l’heure  présente,  en  face  de  l’ennemi  sans  cesse 
renaissant,  toujours  désireux  de  renverser  la  République,  vous  me  confiez  encore  une  fois 
le  drapeau  de  la  Démocratie.  Soyez  persuadés  que  tous  mes  efforts  tendront  à  faire  triom¬ 
pher  les  principes  républicains,  à  arracher  le  masque  de  ceux  qui,  cléricaux,  monarchistes, 
nationalistes,  ou  transfuges  du  libéralisme,  se  cachent  derrière  la  personne  du  prince  Pierre 
d’Arenberg. 

Ma  profession  de  foi  sera  courte. 

Ennemi  des  luttes  de  classes,  respectueux  du  principe  de  la  propriété  individuelle,  je 
veux  l'union  féconde  et  durable  du  capital  et  du  travail,  union  qui  peut  seule  procurer  à 
la  France  la  prospérité  commerciale,  industrielle  et  agricole,  à  l’ouvrier  l’aisance  et  le 
bien-être. 

Préoccupé,  avant  tout,  de  donner  ies  solutions  les  plus  équitables  aux  questions 
ouvrières,  je  réclamerai  la  création,  dans  le  délai  le  plus  court,  de  la  Caisse  des  retraites 
ouvrières,  par  des  moyens  conformes  à  la  justice  sociale  comme  aussi  à  la  solidité  des 
finances  publiques. 

Partisan  de  la  réduction  des  heures  de  travail,  compatible  avec  les  nécessités  de  l’in¬ 
dustrie  nationale,  je  suis  également  tout  acquis  à  la  création  de  conseils  d’arbitrage  entre 
patrons  et  ouvriers,  afin  d’apaiser  les  conflits  du  capital  et  du  travail. 

Ami  sincère  de  toutes  les  libertés,  et  par-dessus  tout  respectueux  des  convictions 
intimes  de  chacun,  je  suis  adversaire  du  monopole  en  matière  d’enseignement,  mais,  per¬ 
suadé  que  l’Etat  a  pour  devoir  de  veiller  à  l’unité  morale  de  la  jeunesse  française,  je  réclame 
un  contrôle  sérieux  et  efficace  de  l’enseignement  libre,  ainsi  que  l’abrogation  des  derniers 
vestiges  de  la  loi  Falloux,  instrument  de  division  et  de  réaction. 

Anticlérical,  mais  non  antireligieux,  je  suis  opposé  à  toute  ingérence  du  clergé  dans 


—  m  —  W*  1162 

les  affaires  publiques,  partisan  de  toutes  les  mesures  propres  à  assurer  la  défense  de  la 
société  laïque,  telle  qu'elle  est  issue  de  la  Révolution  Française, 

La  durée  du  service  militaire  réduite  à  deux  ans  avec  suppression  absolue  des  dis¬ 
penses  :  la  diminution  des  vingt-huit  jours;  la  suppression  des  treize  jours;  la  création 
d’une  caisse  de  secours  pour  les  familles  nécessiteuses  ayant  leurs  enfants  à  l'armée,  voilà 
le  terrain  sur  lequel  je  me  placerai  au  point  de  vue  militaire. 

Les  frais  de  justice  diminués,  les  formalités  de  la  procédure  abrégées  doivent  égaie- 
ment  faire  partie  d'un  programme  vraiment  démocratique. 

J'y  ajouterai  la  disparition  des  emplois  inutiles,  la  réduction  des  dépenses  qui  doivent 
ramener  l'équilibre  et  La  plus-value  dans  nos  budgets. 

Tout  en  étant  partisan  de  l'impôt  sur  le  revenu,  je  déclare  que  cet  impôt  ne  peut  être 
établi  qu’aprèsde  sérieuses  études,  qu'il  ne  doit,  en  aucun  cas,  revêtir  un  caractère  vexa- 
toire,  qu'il  faut,  avant  de  îe  mettre  en  pratique,  améliorer  notre  situation  au  point  de  vue 
financier.  Les  grandes  réformés  financières  se  font  dans  les  années  de  prospérité  bud¬ 
gétaire. 

Plus  de  justice,  moins  d'arbitraire,  une  répartition  plus  équitable,  le  dégrèvement  du 
travailleur  au  détriment  de  ceux  qui  n'ont  que  la  peine  de  naître,  voilà  ce  que  je  réclamerai 
eu  matière  d'impôts. 

Pour  les  travailleurs  des  champs  comme  pour  les  ouvriers  des  villes,  je  demanderai  le 
pain  pour  leurs  vieux  jours  ;  la  protection  du  foyer  rural  et  des  produits  du  travail  agricole, 
l'organisation  du  crédit  agricole,  Pinsaisissabilité  des  outils  de  travail,  l'application  de  La 
loi  sur  les  accidents  du  travail  aux  ouvriers  de  la  culture. 

Pour  les  instituteurs,  les  petits  employés,  les  cantonniers,  serviteurs  dévoués  de  la 
Démocratie,  je  réclamerai  l'amélioration  du  traitement  et  l'augmentation  des  pensions  de 
retraite. 

Tous  mes  efforts  tendront  au  développement  de  la  Mutualité,  le  meilleur  remède  aux 
entraînements  du  socialisme  révolutionnaire. 

Afin  de  mener  à  bonne  fin  des  réformes  tant  de  fois  promises  et  toujours  ajournées, 
f  appel  le  de  tous  mes  vœux  l'accord  parfait  entre  les  pouvoirs  publics,  une  meilleure  mé¬ 
thode  de  travail  de  la  part  de  la  Chambre,  le  vote  du  Budget  avant  la  fin  de  l'exercice  cou- 
rant,  la  suppression  du  vote  par  procuration,  l'abandon  du  système  des  interpellations  à 
jet  continu,  interpellations  qui  pour  la  plupart  n'aboutissent  jamais,  soulèvent  les  passions 
et  jettent  le  discrédit  sur  le  régime  parlementaire. 


Citoyens  t 

Le  devoir  des  électeurs  est  d'envoyer  à  la  Chambre  une  majorité  groupée  autour  d'un 
programme  de  réformes  démocratiques,  bien  décidée  à  suivre  un  ministère  de  concentra¬ 
tion  répubücaiue  et  de  pacification  des  esprits. 

Si  vous  me  faites  l'honneur  de  me  confier  le  mandat  que  je  sollicite  de  vos  suffrages, 
c'est  à  cette  majorité  que  j'apparliendrai,  n'ayant  qu'un  désir,  consacrer  toutes  mes  forces, 
tout  mon  dévouement  à  l'amélioration  du  sort  des  petits  et  des  humbles. 

Soucieux  du  bon  renom  de  notre  pays  devant  l'Étranger,  je  veux  une  armée  forte,  res¬ 
pectée  et  respectueuse  du  Gouvernement  de  la  République;  n’ayant  qu'un  but  :  la  défense 
de  nos  frontières,  la  protection  de  nos  libertés  et  de  nos  droits. 

C'est  appuyée  sur  elle,  ainsi  que  sur  notre  puissante  marine,  que  la  France  pourra 
lutter  avantageusement,  par  des  moyens  tout  pacifiques,  avec  ses  rivales,  réclamer  l'appli¬ 
cation  des  règles  d’arbitrage  entre  nations,  élaborées  a  la  conférence  de  La  Haye,  mettre  en 
valeur  son  empire  colonial  et  faire  un  jour  reconnaître  ses  droits  imprescriptibles  sur  nos 
provinces  perdues... 


-  176  — 

En  un  mot,  après  avoir  été,  en  17893  pour  les  autres  nations,  ^initiatrice  do  la  liberté, 
rester  le  champion  des  idées  de  justice,  do  progrès  et  de  fraternité  humaine. 

Vive  la  France! 

Vive  la  République  Démocratique  1 

L.  DEBAUNE, 

’  Vice-Président  du  Conseil  général  du  Cher, 

Maire  des  AïX-dJÀngiî!om 


2e  circonscription  de  BOURGES 

M*  Iules-Louis  BRETON 
Élu  au  isr  tour  de  scrutin,  —  9,617  voix. 


Citoyens, 

Pour  la  seconde  fois  nous  venons  présenter  à  vos  suffrages  la  candidature  de  notre 
ami  et  Député  sortant  Jules-Louis  Breton, 

Tous  vous  connaissez  le  citoyen  Breton  ;  vous  Pavez  vu  à  l'œuvre  depuis  qu’il  nous 
représente  si  dignement  à  la  Chambre  ;  vous  pouvez  et  ygus  devez  maintenant  le  juger  sur 
ses  actes  et  sa  conduite  d’élu, 

Remplissant  fidèlement  ses  engagements,  que  ses  adversaires  qualifiaient  si  dédai¬ 
gneusement  de  vaines  et  trompeuses  promesses  électorales,  il  est  venu  chaque  année  dans 
toutes  les  communes  de  notre  circonscription  vous  rendre  compte  du  mandat  que  vous  lui 
ayez  confié. 

Go  mandat  il  Pa  rempli  en  toutes  circonstances  avec  le  plis  grand  dévouement  et  le 
plus  grand  courage. 

Assistant  régulièrement  aux  séances  de  la  Chambre,  déposant  de  nombreuses  propo¬ 
sitions  de  lois  et  de  nombreux  amendements,  montant  fréquemment  à  la  tribune  pour 
défendre  nos  idées  généreuses  et  nos  intérêts  matériels,  propageant  partout  nos  doctrines 
républicaines  et  socialistes,  luttant  sans  relâche  pour  arracher  quelques  parcelles  de  réforme 
et  activer  dans  la  plus  grande  mesure  possible  révolution  sociale,  il  a  toujours  considéré  la 
haute  fonction  qu’il  devait  à  votre  confiance  comme  un  poste  de  travail,  de  combat  et  de 
devoir. 

En  un  mot,  le  citoyen  Breton  a  toujours  rempli  son  devoir  de  représentant  du  peuple 
dans  toute  son  intégrité;  à  vous,  citoyens,  de  faire  le  vètre  en  affirmant  une  fois  de  plus 
vos  idées  républicaines  et  socialistes  en  votant  pour  le  citoyen  : 

Jules-Louis  BRETON, 

Député  sortant, 

Candidat  Républicain  Socialiste. 

Pour  le  Comité  électoral  républicain  socialiste 
de  la  2°  circonscription  de  Bourges, 

(Suivent  les  signatures). 


-  177  - 


N°  1162 


Parti  socialiste  français, 

DECLARATION  DE  PRINCIPES 
Votée  au  4B  Congrès ,  tenu  à  Tours ,  tes  2 r  3  et  h  mars  1902. 

Le  socialisme  procède  tout  ensemble  du  mouvement  de  la  démocratie  et  des  formes  nou¬ 
velles  de  la  production.  Historiquement  et  dès  le  lendemain  de  la  Révolution  française,  les 
prolétaires  se  sont  aperçus  que  la  Déclaration  des  Droits  de  Phomme  resterait  illusoire 
sans  une  transformation  sociale  de  la  propriété.  Gomment,  en  effet,  «  la  liberté,  la  pro¬ 
priété*  la  sûreté  »  pourraient-elles  être  garanties  à  tous  dans  une  société  où  des  millions 
de  travailleurs  ne  possèdent  que  leurs  bras  et  sont  obligés,  pour  vivre,  de  vendre  leur  force 
de  travail  à  la  minorité  possédante?  C'est  donc  pour  étendre  à  tous  les  citoyens  les  garanties 
inscrites  dans  la  Déclaration  des  Droits  que  notre  grand  Babeuf  a  demandé  la  propriété 
commune,  garantie  du  bonheur  commun.  Le  communisme  êtait/pour  les  prolétaires  les  plus 
hardis,  ^expression  suprême  delà  Révolution. 

Entre  le  régime  politique  issu  du  mouvement  révolutionnaire  et  le  régime  économique 
de  la  société ,  il  y  a  une  contradiction  intolérable.  Dans  Tordre  politique  la  démocratie  se 
réalise  :  tous  les  citoyens  participent  également,  au  moins  en  droit,  à  la  souveraineté;  le 
suffrage  universel  est  le  communisme  du  pouvoir  politique.  Dans  Tordre  économique,  au 
contraire,  c’est  une  minorité  qui  est  souveraine.  C’est  Toligarchie  du  capital  qui  possède, 
dirige,  administre,  exploite. 

Les  prolétaires  sont  reconnus  aptes,  comme  citoyens,  à  gérer  les  milliards  du  budget 
national  et  communal.  Comme  travailleurs,  dans  Tatelier,  il  ne  sont  qu’une  multitude  pas¬ 
sive  qui  n’a  aucune  part  dans  la  direction  des  entreprises;  ils  subissent  la  domination 
d’une  classe  qui  leur  fait  payer  cher  une  tutelle  désormais  inutile  et  arbitrairement  pro¬ 
longée,  La  tendance  irrésistible  des  prolétaires  est  donc  de  faire  passer  dans  Tordre  écono¬ 
mique  la  démocratie  partiellement  réalisée  dans  Tordre  politique.  De  même  que  tous  les 
citoyens  possèdent  et  manient  en  commun,  démocratiquement,  jle  pouvoir  politique,  ils 
doivent  posséder  et  manier  en  commun  le  pouvoir  économique  et  les  moyens  de  production. 

Il  doivent  nommer  eux-mèmes  les  chefs  du  travail  dans  les  ateliers,  comme  ils  nomment 
les  chefs  du  gouvernement  dans  la  cité  et  réserver  à  ceux  qui  travaillent  et  à  la  commu¬ 
nauté  tout  le  produit  du  travail. 

Cette  tendance  de  la  démocratie  politique  à  s'élargir  en  démocratie  sociale  a  été  for¬ 
tifiée  et  précisée  par  toute  Tévolution  économique.  À  mesure  que  le  régime  capitaliste  déve¬ 
loppait  ses  effets,  le  prolétariat  prenait  conscience  de  Topposition  irréductible  de  ses  inté¬ 
rêts  essentiels  aux  intérêts  de  la  classe  socialement  dominante  et,  à  la  forme  bourgeoise  de 
la  démocratie,  il  opposait  de  plus  eu  plus  l’entière  et  profonde  démocratie  communiste. 

Tout  espoir  d’universaliser  la  propriété  et  l’indépendance  par  la  multiplication  des  petits 
producteurs  autonomes  a  disparu.  La  grande  industrie  est,  de  plus  en  plus,  la  loi  de  la  pro¬ 
duction  moderne.  Par  l'élargissement  des  marchés  du  monde,  par  la  facilité  croissante 
des  transports,  par  la  division  du  travail,  par  Inapplication  grandissante  du  machinisme, 
par  la  concentration  des  capitaux,  Timmense  production  concentrée  ruine  peu  à  peu  ou 
subordonne  les  petits  et  moyens  producteurs.  Là  même  où  le  nombre  des  petits  industriels, 
des  petits  commerçants,  des  petits  propriétaires  paysans  ne  diminue  pas,  leur  importance 
relative  dans  l’ensemble  de  la  production  décroît  sans  cesse.  Ils  tombent  sous  la  dépendance 
du  grand  capital.  Même  les  propriétaires  paysans  qui  semblent  avoir  retenu  un  peu  d'auto¬ 
nomie  sont  de  plus  en  plus  en  plus  livrés  aux  forces  écrasantes  du  marché  universel  que 
manie  sans  eux  et  contre  eux  le  capitalisme. 

Pour  la  vente  de  leurs  blés,  de  leurs  vins,  de  leur  betteraves,  de  leur  lait,  ils  sont  de 

23 


plus  on  plus  à  la  merci  des  grands  intermédiaires  ou  des  grandes  industries  de  la  meunerie, 
du  sucre,  de  l’aRool,  qui  dominent  et  rançonnent  le  travail  paysan.  Les  prolétaires  indus¬ 
triels,  ayant  perdu  à  peu  près  toute  chance  de  s’élever  individuellement  au  patronat  et 
condamnés  ainsi  à  une  dépendance  éternelle,  sont,  en  outre,  soumis  aux  crises  incessantes 
de  chômage  et  de  misère  que  déchaîne  la  concurrence  déréglée  des  grandes  forces  capita¬ 
listes. 

L’immense  progrès  de  la  production  et  de  la  richesse  largement  usurpée  par  des 
classes  parasitaires,  n’a  pas  abouti  pour  les  travailleurs,  poqr  les  prolétaires,  à  un  progrès 
équivalent  de  bien-être  et  de  sécurité.  Des  catégories  entières  de  salariés  sont  brusquement 
jetées  dans  l’extrême  misère  par  le  renouvellement  incessant  de  l’outillage  et  par  les 
déplacements  et  les  transformations  brusques  de  l’industrie. 

Le  capitalisme  lui-même  avoue  le  désordre  du  régime  actuel  de  la  production, .puisqu’il 
essaie  de  la  régler  à  son  profit  par  les  syndicats  capitalistes,  par  les  trusts.  Même  s’il  par¬ 
venait  à  discipliner,  en  effet,  toutes  les  forces  de  production,  ce  ne  serait  qu’en  portant  au 
plus  haut  degré  la  domination  et  le  monopole  du  capital. 

11  n’y  a  qu’un  moyen  d’assurer  l'ordre  et  le  progrès  continu  de  la  production,  la  liberté 
de  tous  les  individus  et  le  bien-être  croissant  de  tous  les  travailleurs,  c’est  de  transféra-  à 
la  collectivité,  à  la  communauté  sociale,  la  propriété  des  moyens  capitalistes  de  production. 

Le  prolétariat,  tous  les  jours  plus  nombreux,  toujoui  s  tnieux  préparé  à  une  aciioo -d’en¬ 
semble  par  la  grande  industrie  eile-même,  comprend  que  c’est  dans  le  collectivisme  ou  le 
communisme  qu’est  pour  lui  le  moyen  nécessaire  de  salut.  II  s’oppose  comme  classe  opprimée 
et  exploitée  à  toutes  les  forces  d’oppressiuu  et  d’exploitation,  à  tout  le  système  de  propriclé 
qui  le  ravale  à  d'être  qu’un  instrument.  Il  n’atiend  pas  sa  libération  de  la  bonne  voion Lé  des 
dirigeants  on  de  la  générosité  spontanée  dès  classes  possédantes,  mais  de  la  pression  con¬ 
tinue,  méthodique,  qu’il  exerce  sur  les  privilégiés  et  sur  les  pouvoirs  publics.  Il  se  propose 
comme  but  final  non  pas  mie  amélioration  partielle,  mais  la  transformation  totale  de  la 
société.  Et  comme  il  ne  reconnaît,  aucun  droit  à  la  propriété  capitaliste,  il  ne  se  sent  lié  à  elle 
par  aucun  contrat.  11  est  décidé  à  lutter  contre  elle  à  fond  et  jusqu’au  bout,  et  c’est  en  ce 
sens  que,  même  quand  il  use  des  moyens  légaux  que  la  démocratie  met  en  ses  mains,  le 
prolétariat  est  et  doit  rester  une  classe  révolutionnaire. 

Déjà,  par  la  conquête  du  suffrage  universel,  par  la  conquête  et  l’exercice  du  droit  de 
se  coaliser  pour  fa  grève  et  du  droit  de  se  syndiquer,  par  les  premières  lois  de  réglemen¬ 
tation  du  travail  et  d  asimiance  sociale,  le  prolétariat  a  commencé  à  réagir  contre  les  funestes 
effets  du  régime  capitaliste.  Il  continuera  ce  grand  et  incessant  effort,  mais  il  ne  cessera 
la  lutte  que  îûrsque  la  propriété  capitaliste  aura  été  résorbes  par  la  communauté,  et  lorsque 
l’antagonisme  des  classes  aura  pris  fin  par  la  disparition  des  classes  elles-mêmes,  récon¬ 
ciliées  ou  plutôt  unifiées  dans  la  production  et  la  propriété  communes. 

Comment  s’accomplira  la  suprême  transformation  du  régime  capitaliste  en  régime  col¬ 
lectiviste  ou  communiste  ?  11  est  impossible  a  1  esprit  humain  de  déterminer  d’avance  Je 
mode  selon  lequel  s  accomplira  3  Histoire.  La  Révolution  démocratique  et  bourgeoise,  qui  a 
eu  sûû  origine  dans  le  grand  mouvement  de  la  France  de  1789,  a  abouti,  selon  les  pays,  par 
les  voies  lés  plus  diverses.  Le  vieux  système  féodal  a  cédé,  tantôt  à  l’évolution  pacifique  et 
lente,  tantôt  à  la  force.  La  bourgeoisie  révolutionnaire,  selon  les  lieux  et  les  temps,  a  pro¬ 
cédé  tantôt  à  P  expropriation'  brutale  et  sans  indemnité,  tantôt  au  rachat  des  servitudes  féo¬ 
dales,  Nul  ne  peut  savoir  selon  quel  mode  la  servitude  capitaliste  sera  abolie. 

L’essentiel,  c’est  que  le  prolétariat  soit  toujours  prêt  à  l’action  la  plus  vigoureuse  et  la 
plus  efficace.  Il  serait  dangereux  d’écarter  l’hypothèse  d’événemeuts  révolutionnaires  qui 
peuvent  être  suscites  ou  par  la  résistance  ou  même  par  l’agression  criminelle  des  privi¬ 
légiés.  Il  serait  funeste,  sur  la  loi  du  seul  mot  de  Révolution,  de  négliger  les  grandes  forces 
d’action  légale  oont  dispose  dans  la  démocratie  ie  prolétariat  conscient  et  organisé.  Ces 
moyens  légaux,  souvent  conquis  par  la  Révolution,  -représentent  une  accumulation  de  force 
révolutionnaire,  un  capital  de  révolution  qu’il  serait  insensé  de  ne  pas  faire  valoir.  Trop 
souvent  les  travailleurs  négligent  de  tirer  parti  des  moyens  d'action  que  la  démocratie  et  la 


—  179  — 


N*  1162 


République  mettent  en  .leurs  mains,  lis  oe  demandent  pas  à  Faction,  syndicale,  à  Faction 
coopérative,  au  suffrage  universel  tout  ce  que  ces  forces  d'action  peuvent  donner.  11  rt’y  a 
pas  de  formule,  il  n’y  a  pas  de  mécanisme  qui  puisse  dispenser  la  classe  ouvrière  de  l'effort 
constant  d’organisation  et  d'éducation. 

L’Idée  de  la  grève  générale,  des  grèves  générales,  est  invinciblement  suggérée  aux  pro¬ 
létaires  par  F  ampleur  croissante  de  l’organisation  ouvrière. 

Ls  ne  désirent  pas  la  violence,  qui  est  bien  souvent  l’effet  d’une  organisation  insuffi¬ 
sante  et  d’une  éducation  rudimentaire  du  prolétariat.  Mais  ils  commettraient  une  grande 
faute  en  n’usant  pas  de  ce  puissant  moyen  d’action  qui  coordonne  les  forces  ouvrières  au 
service  de  gran  ls  intérêts  ouvriers  ou  sociaux.  Us  doivent  se  grouper,  s’organiser  pour  être 
en  état  de  faire  sentir  toujours  plus  fortement  à  la  classe  privilégiée  le  vide  que  [peut  sou¬ 
dain  creuser  dans  la  vie  économique  des  sociétés  le  brusque  arrêt  du  travail  fatigué  d’une 
exploitation  sans  fin. 

Us  peuvent  par  là  arracher  à  l'égoïsme  des  privilégiés  de  grandes  réformes  d'un  intérêt 
ouvrier  général  et  bâter  la  transformation  complète  d’une  société  injuste.  Mais  la  formule 
de  la  grève  générale,  comme  la  grève  partielle,  comme  Faction  politique,  oe  vaut  que  par 
1ü  progrès  de  l’éducation,  de  la  pensée,  de  la  volonté,  dans  la  classe  ouvrière,. 

Le  Parti  socialiste  défend  dans  la  République  on  moyen  nécessaire  de  libération  et 
d’éducation.  Le  socialisme  est  essentiellement  républicain.  On  peut  dire  qu’il  ect  la  Répu¬ 
blique  elle-même,  puisqu'il  est  l’extension  de  la  République  au  régime  de  la  propriété  et  du 
travail. 

Le  parti  socialiste  a  besoin,  pour  L’organisation  du  monde  nouveau,  d’esprits  libres, 
affranchis  des  superstitions  et  des  préjugés.  Il  demande  poqr  tous  les  êtres  humains,  pour 
tous  les  individus,  et  il  leur  garantit,  la  liberté  absolue  de  penser  et  d’écrire,  d'affirmer 
leurs  croyances  ;  il  oppose  à  toutes  les  religions,  à  tous  les  dogmes,  à  mutes  les  Églises, 
aussi  bien  qu’aux  conceptions  de  classe  de  la  bourgeoisie,  le  droit  illimité  de  la  pensée 
libre,  la  conception  scientifique  de  (‘univers  et  un  système  d’éducation  publique  exclusive¬ 
ment  fondé  sur  la  science  et  sur  la  raison. 

Aîosî  habitués  à  la  pensée  libre  et  à  la  réflexion*  les  citoyens  seront  à  l'abri  des 
sophism  3S  de  la  réaction  capitaliste  et  cléricale*  Les  petits  industriels,  les  petits  çommer- 
çants,  les  petits  propriétaires  paysans  cesseront  de  croire  que  ç’est  le  socialisme  qui  veut 
les  exproprier.  Le  Parti  so:ialiste  hâtera  l’heure  où  les  petit  propriétaires  paysans, 
ruinés  par  la  mévente  de  leurs  produits,  criblés  d’hypothèques  et  toujours  sous  le  coup  de 
F  expropriation  judiciaire,  cppoprendroût  enfin  les  avantages  de  l’association  généralisée  et 
systématisée  et  réclameront  eux-môüies  comme  m  bienfait  la  socialisation  de  leur  lopin  de 
terre. 

M  ds  il  serait  inutile  de  préparer  à  l'intérieur  de  chaque  nation  une  organisation  de  jus- 
tic- et  de  paix,  si  les  rapports  des  nations  entre  elles  restaient  livrés  à  toutes  les  entreprises 
de  h  force,  à  toutes  les  suggestions  des  convoitises  capitalistes.  Le  parti  socialiste  veut  la 
paix  entre  les  nations,  il  condamne  toute  politique  d’agression  et  de  guerre,  qu’il  s’agisse  de 
guerre  continentale  ou  de  guerre  coloniale.  Il  maintient  constamment  à  l’ordre  du  jour  des 
pays  civilisés  le  désarmement  simultané.  Et,  en  attendant  le  jour  de  la  paix  définitive  entre 
les  nations,  il  combat  l’esprit  militariste  en  acheminant  de  tout  son  effort  le  système  des 
armées  permanentes  au  système  des  milices.  II  veut  protéger  contre  toute  surprise  le  terri¬ 
toire  et  l’indépendaqee  de  la  nation.  Mais  toute  politique  offensive  et  tout  instrument  offensif 
sont  condamnés  à  fond  par  lui.  L’eptente  étroite  des  travailleurs,  des  prolétaires  de  tous 
le*  pays  est  nécessaire,  aussi  bien  pour  refouler  les  forces  d’agression  et  de  guerre  que 
pour  préparer,  par  une  action  concertée,  l'avènement  général  du  socialisme.  L’accord  entre 
es  prolétaires  militants  de  tous  les  pays  préparera  l'avènement  d’une  humanité  libre  où  la 
diversité  des  na  ions,  au  lieu  d’être  un  principe  de  lutte  et  de  haine,  sera  un  principe 
d  émulation  fraternelle  dans  Funiversel  progrès  humain. 

L’est  dans  ce  sens  et  pour  ces  raisons  que  le  Parti  socialiste  a  formulé  dans  ses  congrès 
a  règle  et  le  but  de  son  action  :  entente  internationale  des  travailleurs;  organisation  poli- 


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tique  et  économique  du  prolétariat  en  parti  de  classe  pour  la  conquête  dû  pouvoir  et  la 
socialisation  des  moyens  de  production  et  d'échange,  c’est-à-dire  transformation  de  la 
société  capitaliste  en  société  collectiviste  ou  communiste. 

Vu  :  le  candidat, 

Jules-Louis  BRETON,  Député  sortant, 

Candidat  de  la  Fédération  Socialiste  autonome  du  Cher, 
adhérente  au  Parti  socialiste  français. 


irÊ  circonscription  de  SAINT-AMAND 
M,  PÀJOT 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  9.5^1  voix. 


Citoyens, 

Depuis  bientôt  dix-sept  ans,  je  suis  votre  représentant  à  la  Chambre  des  Députés, 

Convaincu  d’être  resté  digne  de  la  confiance  dont  vous  m'avez  toujours  honoré  dans 
toutes  les  circonstances  de  ma  vie  politique,  je  viens,  une  cinquième  fois,  solliciter  vos 
suffrages  pour  les  élections  du  27  avril. 

Mon  programme  vous  est  aussi  connu  que  ma  personne  :  c’est  celui  de  tous  les  répu¬ 
blicains  sincères,  et  je  me  suis  demandé  s’il  était  indispensable  de  vous  le  présenter  à 
nouveau. 

Il  est  bien  entendu  que,  de  ce  programme,  je  n’abandonne  aucun  des  points  non  en¬ 
core  résolus,  ou  susceptibles  d’être  améliorés*  Mais  il  en  est  que  j’ai  particulièrement  à 
cœur  de  faire  aboutir  dans  le  plus  bref  délai  possible. 

De  ce  nombre  sont  : 

1°  La  réforme  de  l’impôt  global  et  progressif  sur  le  revenu  ou  îe  capital,  clef  de 
toutes  les  autres  réformes,  qui  réclament  des  dépenses  nouvelles  pour  leur  mise  en  appli¬ 
cation* 

2°  Les  réformes  militaires. 

Impôt  du  sang  payé  par  tous  les  hommes  valides,  sans  privilèges  ou  dispenses  d’au¬ 
cune  sorte,  et  comme  conséquence  le  service  actif  abaissé  à  deux  années,  en  attendant  que 
la  diminution  forcée  de  l’effectif  des  armées  européennes  permette  de  la  limiter  à  une  seule 
classe,  c’est-à-  dire  à  une  année,  sans  pour  cela  avoir  recours  à  une  armée  prétorienne  ou 
de  métier. 

Ces  réformes  doivent  également  comprendre  l’unité  d’origine  pour  tous  les  officiers,  et 
ia  suppression  des  conseils  de  guerre  en  temps  de  paix. 

3°  Toutes  les  réformes  sociales  intéressant  le  travail  rural  ou  industriel. 

Une  meilleure  règlementation  ;  la  retraite  pour  la  vieillesse  ou  les  invalides;  l’as¬ 
surance  contre  le  chômage;  le  bénéfice  de  la  loi  des  accidents  pour  tous  les  travail¬ 
leurs,  etc.,  etc. 

Tous  les  monopoles  entre  les  mains  de  l’État  ; 

Mines,  chemins  de  fer,  Banque  de  France,  alcool,  raffinerie,  etc. 

5°  Réforme  de  Renseignement  :  Enseignement  essentiellement  laïque. 

Tous  les  enfants  de  la  France  égaux*  suivant  leur  intelligence,  devant  Renseigne- 


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—  181  — 

ment  gratuit  à  tous  ses  degrés  :  l’État  seul,  chargé  de  l’enseignement  primaire  et  secon¬ 
daire  ; 

Amélioration  du  sort  du  petit  personnel  enseignant. 

6°  Enfin  la  suppression  de  toutes  les  congrégations,  autorisées  ou  non  : 

La  séparation  des  Égl.ses  et  de  l’État,  entraînant  la  suppression  du  Budget  des 

Cultes.  . 

Toutes  ces  réformes,  qui  n’ont  pu  qu’être  abordées,  mais  non  réalisées  par  la  faute 

d’anciens  républicains  ou  réputés  tels,  qui  ligués  étroitement  aujourd’hui  avec  nos  pires 
adversaires,  ont  accumulé  devant  elles  tous  les  obstacles;  ces  réformes  constituent  le  pro¬ 
gramme  d’action  de  tous  les  républicains  qui  veulent  faire  bloc  contre  la  réaction,  et  mettre 
la  République  à  l’abri  de  leurs  attaques. 

La  question  est  bien  posée  sans  hésitation,  sans  équivoque.  Nous  allons  à  la  bataille 
notre  drapeau  largement  déployé. 

Nous  crions  au  bloc  réactionnaire  : 

Arrière  les  boDnets  à  poil  de  tous  genres  !  la  cléricaille!  La  moinerie!  Et  les  faux  ré¬ 
publicains!  Notre  intime  union  vous  mettra  une  fois  de  plus  en  déroute  le  27  avril. 

Et  enfin  soulagés,  nous  pourrons  crier  à  pleins  poumons  : 

Vive  la  République  démocratique  et  sociale  !  !  I 

C.  PAJOT,  Député  sortant, 

Candidat  du  bloc  républicain, 
Républicain  radical  socialiste. 


2°  circonscription  de  SAINT-AMAND 
M.  LESAGE 

Élu  au  2°  tour  de  scrutin.  —  5.170  voix. 


Citoyens  et  chers  Compatriotes, 

C’est  par  plus  de  8.500  suffrages  que  vous  m'aviez  donné,  il  y  a  quatre  ans,  la  mission 
de  vous  représenter  à  la  Chambre  des  Députés.  —  J’ai  conscience  d’avoir  rempli  mon  man¬ 
dat  en  toute  loyauté  ;  aussi,  sollicité  par  un  grand  nombre  d’entre  vous,  je  viens  avec  con¬ 
fiance  vous  en  demander  le  renouvellement. 

Vous  connaissez  ma  vie  tout  entière  passée  au  milieu  de  vous,  mon  attitude  politique, 
mes  votes  à  la  Chambre,  mon  dévouement  sans  réserve  aux  intérêts  de  notre  région  et  à 
vos  personnes.  —  Ils  seront  pour  vous  mes  répondants  et  mes  cautions. 

Je  n’ai  rien  abandonné  du  programme  que  vous  avez  ratifié  en  1898,  qui  est  celui  de 
la  vraie  République  et  des  réformes  sociales  en  faveur  du  monde  du  travail,  auquel  j’ap¬ 
partiens. 

Au  premier  rang  de  ces  réformes  je  place  :  \ 

Celles  qui  auront  pour  effet  d’assurer  aux  ouvriers  âgés  ou  infirmes  la  pension  de  re¬ 
traite  à  laquelle  leur  donne  droit  leur  travail  agricole  ou  commercial  ; 

La  réforme  de  notre  régime  fiscal,  qui  doit  avoir  pour  base  l’impôt  payé  par  les  riches, 
se  traduisant  par  un  impôt  progressif  sur  le  capital  et  le  revenu  ; 

La  réduction  à  deux  ans  du  service  militaire  pour  tous  les  citoyens  sans  distinction,  et 


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f‘  r  conséquent  !a  suppression  de  toutes  dispenses,  mais  avec  le  droit  à  u  re  indemnité  pour 
les  familles  pauvres  qui  ont  un  enfant  sous  les  drapeaux; 

Suppression  des  13  et  des  28  jours  ; 

Instruction  laïque  et  gratuite  à  tous  les  degrés;  —  abrogation  complète  de  la  loi 
Falloux, 

Séparation  des  Églises  et  de  l’Etat;  —  suppression  du  budget  des  cultes. 

Pour  me  résumer,  je  m’associerai  à  toutes  les  lois  sociales  et  ouvrières,  estimant  que  le 
progrès  n’a  pas  de  limites. 

Partisan  de  la  propriété  individuelle,  qui,  seule,  peut  assurer  l’indépendance  des 
citoyens,  j.e  considère  de  mon  devoir  d’en  favoriser  l'accès  aux  travailleurs  delà  terre  -  \] 
convient  de  donner  à  l’ouvrier  industriel,  -  lesalariè  actuel,  -  par  l’association  et  la 

participation  aux  bénéfices,  les  moyens  de  devenir  c propriétaire  du  capital  et  de  l’in- 
ci  u  s  trie  . 

Mais  j’estime  en  mè  ne  temps,  qu’il  faut  combattre  le  développement  des  monopoles 
capitalistes  qui  sont  un  danger  public,  tels  les  chemins  de  fer,  les  mines,  et  qui,  dans  l’in- 
leiet  <te  U  collectivité  des  citoyens,  doivent  faire  retour  à  la  nation*  , 

Tels  sont,  citoyens,  les  points  essentiels  sur  lesquels  porteraient  mes  efforts  à  la  nou¬ 
velle  législature. 

Si  vous  ^estimez  que  les  liens  de  confia  ice.et  de  sympathie  qui  nous  unissent  depuis  de 
suffrages31111483  ^  d0IVent  FS  être  romPus>  V0lis  ie  direz  en  m’hohoram  à  nouveau  de  vos 

Citoyens, 

Une  coalition  des  plus  habiles,  des  plus  trompeuses,  s’est  formée  sous  l’étiquette  de 
«  Nationalisme  ».  -  Elle  constitue  le  bloc  de  toutes  les  réactions  :  monarchistes,  césariens, 
cléricaux,  et,  pour  mieux  surprendre  vos  suffrages,  se  dit  républicaine 


A  vous,  républicains,  de  la  déjouer. 

Vive  la  République  démocratique  et  sociale  ! 


Casimir  LESAGE, 
Cultivateur, 

Conseiller  général.  Dépu  té  sortant. 
Candidat  radical  socialiste. 


Circonscription  de  SANCERRB 

M.  Henry  MARET 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  12.81/j  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Cului  qui  rst  présmté  à  vos  suffrages  vous  est  connu  de  longue  date. 

11 J  3  lon.gt®mps  que  j’ai  l’honneur  de  vous  représenter  et  que  nous  combattons 
ensemble  pour  la  République  et  pour  le  progrès. 

icarg7  de  Ti!es  calomnies’  de  mensonges  et  d’injures  dirigée  contre  moi  a  déjà 
été  jugée  et  condamnée  par  vous.  Nous  ne  nous  abaisserons  ni  les  uns  ni  les  autres  jusqu’à 


—  483 


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relever  tous  ces  outrages,  qui  ne  prouvent  que  la  rage  de  nos  éternels  adversaires  décidés 
à  ne  reculer  devant  rien  pour  vous  tromper. 

Ni  les  essais  de  corruption,  ni  l'achat  de  certaines  consciences  n’enlameront  notre  con¬ 
fiance  réciproque.  Vous  savez  qui  je  suis  ;  je  sais  qui  vous  êtes  ;  la  République  triomphera 
une  fois  de  plus  dans  l’arrondissement  de  Sancerre  aux  élections  du  27  avril. 

Citoyens, 

L’heure  est  décisive.  Tous  les  vieux  partis,  unis  dans  un  suprême  effurt,  sentent  qu’ils 
sont  arrivés  à  leur  dernière  bataille.  C’est  pourquoi  ils  veulent  à  tout  prix  arrêter  notre 
œuvre  et  troubler  l’organisatiou  définitive  de  cette  République  qui  lui  échappe. 

Vous  ne  tomberez  dans  aucun  des  pièges  qui  vous  sont  tendus;  vous  saurez  recon¬ 
naître,  comme  vous  l’avez  fait  jusqu’ici,  où  sont  vos  vrais  défenseurs,  ceux-là  qui  se  sont 
constamment  dévoués  à  la  cause  du  peuple,  aux  intérêts  du  faible,  à  la  démocratie  et  à  la 
liberté. 

Vos  représentants  n'ont  pas  seulement  dans  la  dernière  législature,  sauvé  la  Répu¬ 
blique  menacée;  ils  ont  en  outre  élaboré  un  certain  nombre  de  lois  importantes  et  fécondes. 
Mais  il  reste  beaucoup  à  faire.  Il  reste  à  mener  à  bien  cette  loi  sur  les  retraites  ouvrières  si 
impatiemment  attendue  par  les  travailleurs;  il  reste  à  voter  le  service  de  deux  ans  ;  il  reste 
à  réformer  d’une  part  l’impôt,  de  l’autre  la  justice.  Tout  ce  travail  interrompu  doit  être 
immédiatement  repris. 

Il  le  sera  si  vous  envoyez  à  la  Chambre  une  majorité  de  républicains  éprouvés  ayant 
en  hoireur  les  hâbleries,  décidés  à  suivre  jusqu’au  bout  la  ligne  qu’iJs  n’ont  jamais  aban¬ 
donnée.  Au  bloc  formé  par  nos  ennemis,  nous  devons  opposer  une  indissoluble  union. 
Défiez-vous  des  trahisons  et  des  traîtres;  qu’un  seul  drapeau  conduise  une  même  armée  et 
que  les  fauteurs  de  divisions  disparaissent,  chassés  par  votre  souffle  souverain. 

A  ce  prix,  nous  aurons  la  victoire,  et  nous  pourrous  faire  porter  à  l'arbre  tous  ses 
fruits,  à  la  République  tous  ses  progrès  l 

Vive  la  République  démocratique  et  sociale  ! 

Henry  MARET,  Député  sortant, 

Candidat  de  tous  les  Comités  républicains, 
Républicain  radical  socialiste. 


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CORRÈZE 


lra  circonscription  de  BEI  VE 
M.  LÂCHÀUD 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  8,894  voix. 


Citoyens, 

Le  9  mai  1898,  plus  de  9,000  d'entre  vous  m’appelaient  à  l’honneur  de  représenter  notre 
circonscription  au  Corps  législatif  :  vous  avez  ainsi  affirmé,  par  uue  majorité  de  00  suf¬ 
frages,  votre  ferme  volonté  de  voir  le  Gouvernement  suivre  une  politique  nettement  répu¬ 
blicaine,  exempte  de  toute  équivoque  et  de  toutes  compromissions  avec  les  adversaires  de 
nos  institutions. 

Je  n’ai  à  l’heure  actuelle  rien  à  retrancher  du  programme  républicain  que  je  vous  avais 
soumis,  que  vous  avez  sanctionné  et  que  j’ai  soutenu  de  mes  votes» 

Je  veux  aujourd’hui  ce  que  je  voulais  hier.  Je  viens  donc  à  nouveau,  et  en  toute  con¬ 
fiance,  solliciter  vos  suffrages. 

Sortie  victorieuse  des  assauts  des  24  et  16  Mai  et  de  toutes  les  tentatives  dictatoriales, 
la  République  voit  encore  ligués  contre  elle  le  nationalisme,  les  plébiscitaires,  la  réaction 
cléricale  qui,  fidèles  au  pacte  signé  il  y  a  quatre  années  et  toujours  la  main  dans  la  main, 
n'ayant  pas  le  courage  d’arborer  franchement  leur  drapeau,  de  dévoiler  leurs  visées,  s’a¬ 
britent  sous  l’étiquette  républicaine  pour  essayer  de  capter  votre  confiance  I 

Toutes  ces  intrigues,  ces  obscurités,  ces  perfidies  qui  attristent  les  consciences  ne  sau¬ 
raient  altérer  votre  attachement  à  la  République, 

Je  reste  fidèle  à  mon  programme  qui,  au  point  de  vue  financier,  comporte  à  la  fois  et 
les  économies  budgétaires  et  la  diminution  des  impôts  qui  pèsent  si  lourdement  sur  les 
petits: 

L’égalisation  des  charges  suivant  les  facultés  de  chacun. 

L’impôt  sur  le  revenu.  N'est-il  pas  souverainement  juste  que  ceux  qui  possèdent  leplus 
payent  le  plus? 

La  suppression  de  l’impôt  foncier,  car  il  faut  dégrever  ce  sol  qui,  après  nous  avoir 
nourri  tous,  contribue  encore  pour  une  si  lourde  part  aux  charges  de  l’État. 

La  suppression  des  octrois,  qui  font  renchérir  la  vie  des  ouvriers, 

La  suppression  de  la  contribution  des  portes  et  fenêtres,  impôt  inique,  qui  nous  force  à 
payer  l’air  et  la  lumière,  et  au  même  prix  pour  la  chaumière  du  pauvre  que  pour  la  demeure 
somptueuse  du  riche. 

La  suppression  des  prestations,  vestiges  du  passé, 

La  disparition  du  privilège  des  bouilleurs  de  cru  qui,  favorisant  la  fraude,  fait  perdre 
chaque  année  plus  de  200  millions  au  Trésor. 

Je  voterai  la  diminution  des  tarifs  de  transport  et  une  plus  large  dotation  pour  notre 
réseau  vicinal,  qui  est  une  véritable  source  de  fortune  pour  nos  cultivateurs. 


Ml 


N°  1162 


—  185  — 

Je  voterai  aussi  l'extension  des  attributions  des  juges  de  paix  et  la  diminution  des  frais 
de  justice. 

En  ce  qui  concerne  la  population  ouvrière,  si  souvent  opprimée  par  le  capitaine 
voterai  les  modifications  qui  pourront  sauvegarder  sa  liberté,  assurer  son  bien-être  et 
garantir  sa  sécurité. 

Aux  ouvriers  de  l'industrie  et  aux  employés  de  commerce,  le  repos  hebdomadaire  est 
absolument  indispensable.  J'en  voterai  encore,  si  besoin  est,  l'obligation  légale. 

Partisan  convaincu  de  toutes  les  lois  d'assistance  et  de  prévoyance  sociales,  je  n'ou¬ 
blierai  pas  que  ce  sont  les  plus  humbles  qui  ont  le  plus  de  droits  à  la  sollicitude  des  pou¬ 
voirs  publics,  la  solidarité  humaine  étant  une  condition  essentielle  de  la  République  elle- 
même. 

Pour  les  retraites  ouvrières,  j’appuierai  de  mon  vote  la  proposition  Escudier,  qui 
implique  à  la  fois  la  participation  de  l'État,  du  patron  et  de  l'ouvrier. 

Sans  porter  atteinte  à  la  liberté  individuelle,  nous  devons  conserver  intactes  les  préro¬ 
gatives  de  l'État,  et  quoi  que  l’on  ait  pu  dire,  la  liberté  de  conscience  et  la  liberté  du  culte 
n'ont  rien  de  commun  avec  la  loi  Falloux,  dont  l'abrogation  s’impose.  Que  le  prêtre  reste 
dans  l'église  et  ne  descende  jamais  dans  l’arène  politique. 

Je  voterai  la  réduction  du  service  militaire  à  deux  années,  bien  convaincu  que  cette 
réduction  ne  saurait  porter  atteinte  à  une  bonne  organisation  de  notre  armée,  ni  diminuer 
en  rien  sa  puissance,  les  cadres  étant  obtenus  à  l’aide  de  primes  et  des  avantages  accordés 
aux  sous-officiers  rengagés. 

Suppression  des  périodes  d’exercices  de  13  jours. 

Avec  ces  modifications,  j'estime  que  les  dispenses  peuvent  disparaître  :  les  unes,  con¬ 
cernant  les  riches,  n'étant  pas  justes;  les  autres,  celles  des  soutiens  de  famille,  en  accor¬ 
dant  aux  parents  nécessiteux  un  secours,  qui  permettra  de  pouvoir  se  passer  de  l’enfant 
présent  sous  les  drapeaux. 

Les  quatre  années  que  j’ai  passées  au  Palais-Bourbon,  je  les  ai  employées  non  seule¬ 
ment  à  défendre  la  République,  mais  j'ai  travaillé  encore,  vous  le  savez,  à  améliorer  le  sort 
du  soldat  à  la  caserne.  Je  me  suis  efforcé  de  rechercher  les  moyens  susceptibles  de  dimi¬ 
nuer  dans  l’armée  cette  mortalité  effrayante  qui  menace  chacun  de  vos  fils  pendant  qu’il 
paye  l'impôt  du  sang.  J’ai  obtenu  bien  des  résultats  déjà,  mais  il  reste  encore  beaucoup  à 
faire. 


Électeurs, 

Telle  sera  ma  ligne  de  conduite,  si  j'ai  de  nouveau  l'honneur  de  vous  représenter. 
Enfant  de  Brive,  aimant  bien  mon  pays,  soucieux  de  ses  intérêts  et  profondément 
attaché  à  tous  mes  devoirs,  je  continuerai  l'œuvre  commencée,  en  travaillant  de  mon  mieux 
pour  la  France  et  pour  la  République! 

Vive  la  République  ! 


Docteur  LACHAUD, 

Conseiller  général,  Député  sortant. 
Candidat  radical. 


2e  circonscription  de  BRIVB 

M.  BU  SS  1ERE 

Élu  au  tour  de  scrutin.  —  10.4&Ü  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Aux  élections  du  8  mai  1898,  par  9224  suffrages  contre  5105  vous  acclamiez  Sut  mon 
nom  la  politique  du  parti  républicain  radical. 

Vous  répondiez  aux  violences,  aux  injures,  aux  mensonges  de  nos  adversaires*  méli- 
nistes,  cléricaux  et  réactionnaires  par  une  imposante  manifestation  d'union*  d'indêpendancè 
et  de  fermeté  démocratiques. 

Après  quatre  années  d’une  législature  laborieuse*  troublée,  mais  qui  n'sùra  pas  été 
inféconde,  je  viens  vous  rendre  mes  comptes  et  solliciter  le  renouvellement  dè  mon 
mandat 

Ai-je  tenu  mes  engagements? 

Sur  un  seul  des  articles  de  mon  programme  ai-je  failli  k  mes  devoirs  ? 

Ne  m’avez -vous  pas  trouvé  toujours  actif,  toujours  ardent,  toujours  dévoué  pour 
défendre  la  politique  réformatrice  ?  Pour  soutenir  les  intérêts  de  tous,  ceux  des  amis  dé  la 
veüle  comme  ceux  des  amis  du  lendemain? 

Ainsi  qu'en  1898  je  suis  partisan  : 

**  De  l'impôt  global  et  progressif  sur  le  revenu. 

2°  De  la  réduction  dn  service  militaire  à  deux  ans  et  de  la  suppression  des  treize  jours, 

3°  Des  lois  de  prévoyance  sociale  et  de  solidarité  humaine  ;  des  retraites  pour  les  vieux 
travailleurs, 

4°  D’une  sérieuse  et  efiïcace  organisation  du  crédit  agricole. 

5*  De  la  révision  de  la  Constitution  dans  un  sens  démocratique  et  réformateur, 

6°  De  l'abrogation  de  la  loi  Faiioux;  de  toutes  les  mesures  pouvant  enrayer  la  prépon¬ 
dérance  abusive  des  sectes  cléricales  et  assurer  la  suprématie  de  l'instruction*  de  l'éduca¬ 
tion*  de  l'esprit  laïque  et  républicain* 

Électeurs* 

C’est  un  enfant  du  peuple;  c’est  un  Corrézien,  e est  un  modeste  travailleur  comme  vous 
qui  fait  de  nouveau  appel  aux  suffrages  des  républicains. 

A  vos  libres  consciences*  a  votre  fi  ère  indépendance,  je  ne  ferai  pas  l'injure  de  croire 
qu'elles  se  laisseront  efflèbreï  par  la  Corruption,  par  les  violences  et  les  calomnies,  parle 
cortège  méprisable  et  honteux  de&  camelots  nationalistes. 

Entre  votre  compatriote,  votre  ami,  démocrate  sincère  qui  a  fait  ses  preuves,  et 
l'étranger,  l'inconnu,  le  protégé  du  cléricalisme,  de  3a  réaction,  des  nobles  et  des  curés* 
votre  choix  n'est  pas  douteux. 

Vive  la  Corrèze  aux  Gorréziens! 

Vive  la  République  démocratique  et  sociale! 

E*  BUSSIÈRE*  Député  sortant, 

Conseiller  général,  Maire  de  Donzenac* 


lre  circonscription  de  TULLE 


M.  ROUBY, 

Élu  au  2 13  tour  de  scrutin.  —  6.8QÛ  VQi* 


Chers  Concitoyens, 

Depuis  près  de  quinze  ans,  j’occupe  les  fonctions  de  Maire  et  de  Conseiller  général,  et 
F  expérience  que  j’ai  acquise  dans  la  gestion  des  affaires  de  la  commune  et  du  département 
me  permettra  de  repiplir  utilement  le  mandat  que  j'ambitionne. 

Mon  existence  s7est  écoulée  tout  entière  au  milieu  de  vous;  nos  intérêts  sont  communs 
et  splidaires.  L’exercice  de  ma  profession,  en  me  mettant  en  contact  journalier  avec  nos 
populations,  m’a  initié  à  leurs  misères,  à  leurs  besoins,  et  fourni  l’occasion  de  connaître 
leurs  aspirations  ;  je  pourrai  donc  en  connaissance  de  cause  leur  servir  d  interprète. 

Notre  système  fiscal  a  fait  son  temps,  il  pèse  sur  les  contribuables  d’autant  plus  lour¬ 
dement  qu’ils  sont  plus  malheureux,  et  doit  être  remanié  de  fond  en  comble.  Les  atténua¬ 
tions  qui  y  ont  été  apportées,  n’ont  pas  corrigé  ses  imperfections  et  ont  au  contraire 
aggravé  la  situation  des  habitants  du  chef-lieu  de  notre  département.  Il  est  indispensable 
que  les  droits  frappant  la  mutation  et  la  transmission  des  immeubles  soient  considérable¬ 
ment  réduits  et  que  les  quatre  contributions  directes  soient  supprimées  ;  cest  a  1  impôt 
sur  le  revenu  qu’il  convient  de  demander  les  ressources  nécessaires  pour  réaliser  cette 
réforme. 

Notre  agriculture  n’est  pas  suffisamment  protégée,  nos  tarifs  douaniers  favorisent 
surtout  la  grande  culture  et  elle  bénéficie  exclusivement  des  primes  attribuées  à  la  culture 
de  Sa  betterave  et  à  Importation  des  sucres.  Si  la  République  doit  être  le  Gouvernement 
du  pain  à  bon  marché,  elle  ne  saurait  plus  longtemps  encourager,  au  détriment  de  nos 
éleveurs  et  pour  servir  le  commerce  des  eaux-dc-vie  de  Cognac,  l’importation  des  viandes 
salées  d'Amérique,  et  laisser  s'avilir  les  cours  de  nos  foires. 

L'insuffisance  de  notre  réseau  ferré  contribue  à  éloigner  de  nous  les  acheteurs.  11  y 
aura  lieu  de  le  compléter  en  prolongeait  dans  la  direction  du  Cantal  la  ligne  de  1  Lille  à 
Argentât,  et  en  reliant  par  des  tramways  départementaux  les  chefs- lieux  des  cantons 
déshérités  aux  chemins  de  fcr  déjà  existants. 

Dans  le  même  ordre  d'idées,  la  construction  du  canal  de  la  Loire  à  la  Garonne,  par  le 
Chavanon  et  la  Dordogne,  serait  un  bienfait  pour  notre  région,  II  y  a  lieu  d’espérer  que  les 
décisions  de  la  Chambre  ajournant  indéfiniment  l’exécution  de  ce  travail,  seront  révisées 
au  cours  de  la  prochaine  législature;  mais  en  attendant,  l’État  devra  mettrp  pq  service  des 
ponts  et  chaussées,  des  crédits  suffisants  pour  entretenir  ïa  navigation  de  la  Dordogne, 
rendre  praticable  le  chemin  de  rive  et  supprimer  les  obstacles  qui  s  opposent  à  la  remonte 
du  poisson. 

Si  vous  me  donnez  le  droit  de  parler  en  votre  nom,  j’appellerai  tout  spécialement 
F  attention  des  pouvoirs  publics  sur  ces  différentes  affaires,  et  ferai  tous  mes  efforts  pour 
qu’elles  reçoivent  une  solution  favorable  ;  un  certain  nombre  de  réformes  s’imposent  égale** 
mrmt  et  je  m’emploierai  à  les  faire  aboutir  : 

Réduction  à  deux  ans  de  la  durée  du  service  militairej  avec  faculté  de  se  libérer  au 
bout  d’un  an  pour  tous  les  cultivateurs  qui  prendront  l’engagement  de  rester  aux  champs 
pendant  dix  ans; 

Suppression  des  octrois. 


—  188  - 


Réduction  des  frais  de  justice  ? 

Diminution  des  gros  traitements; 

Suppression  de  l’initiative  parlementaire  en  matière  d’augmentation  de  dépenses. 

Je  donnerai  à  l’État  le  monopole  de  la  rectification  de  T  alcool  qui,  procurant  au  Trésor 
une  ressource  annuelle  supérieure  à  501}  millions,  permettra,  sans  augmenter  les  charges 
publiques  : 

De  diminuer  ïe  prix  des  licences  de  débitants; 

De  pourvoir  à  toutes  les  œuvres  de  prévoyance  et  de  solidarité  sociales  (Caisse  des 
retraites  en  faveur  des  travailleurs  des  villes  et  des  campagnes)  ; 

D’accueillir,  avec  toutes  ses  conséquences  financières,  la  proposition  de  loi  Berteaux 
relative  aux  employés  de  chemins  de  fer;  ' 

D’assurer  du  travail,  en  supprimant  les  licenciements,  aux  ouvriers  de  nos  établisse¬ 
ments  nationaux  et  notamment  de  la  manufacture  d’armes  de  Tulle, 

Je  voterai  la  révision  de  la  Constitution,  pour  assurer  la  prépondérance  des  élus  du 
suffrage  universel,  et  la  loi  sur  les  incompatibilités  parlementaires. 

Pi  of  on  dément  attaché  à  nos  institutions  républicaines  et  démocratiques,  je  m’associerai 
à  toutes  les  mesures  qui  auront  pour  objet  de  les  affermir,  de  les  développer  et  de  consa¬ 
crer  la  suprématie  du  pouvoir  laïque,  seul  capable,  à  mon  avis,  de  maintenir  la  paix 
publique  et  de  mettre  un  terme  à  nos  divisions. 

Les  électeurs  du  canton  de  Lapleau,  qui  me  voient  à  l’œuvre,  en  m’accordant  à  chaque 
nouvelle  consultation  1  unanimité  de  leurs  suffrages,  ont  prouvé  que  je  suis  digne  de  leurs 
sympathies.  Si  comme  eux,  comme  mes  collègues  du  Conseil  général  qui  m’ont  choisi  pour 
siéger  à  leur  bureau,  vous  voulez  bien  m’honorer  de  votre  confiance,  je  m’appliquerai  à  la 
justifier  en  consacrant  à  la  défense  de  vos  intérêts  et  de  vos  droits  toute  mon  activité  et  tout 
mon  dévouement. 

Docteur  H.  ROUE  Y, 

Maire  de  Lapleau,  secrétaire  du  Conseil  général. 
Candidat  républicain  radical* 


2e  circonscription  de  TULLE 
M.  TAVÉ 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin,  _  10.365  voix* 


Électeurs, 

Les  élections  de  1398,  dans  la  Corrèze  comme  dans  tout  le  pays,  se  sont  faites  au  cri 
de  :  A  bas  Méline!  Vous  ne  pouvez  pas  renier  le  verdict  par  lequel  vous  avez  condamné  ses 
hommes  et  sa  politique. 

Cette  politique  de  défaillance  et  de  complicité  avec  les  partis  rétrogrades,  que  Gambetta 
eût  flétrie  de  toute  la  véhémence  de  son  souffle  républicain,  cette  politique  née  de  l’esprit 
nouveau  a  eu  pour  résultat  de  ranimer  l’audace  de  la  réaction  cléricale  et  d’engendrer  le 
nationalisme  dont  nous  voyons  aujourd’hui  les  exploits. 

Vous  écarterez  de  la  République  l’un  et  l’autre  danger,  et,  fidèles  au  vieil  esprit  répu¬ 
blicain,  vous  laisserez  passer,  eu  les  dédaignant,  les  mensonges,  les  calomnies  et  les 
manœuvres  de  la  dernière  heure;  vous  réclamerez  avec  moi  l’évolution  pacifique  de  la 


N*  1162 


—  189  — 


République  vers  la  Justice  et  l'Égalité  et  les  réformes  démocratiques  qui  sont  sa  raison 
d’être  : 

Impôt  progressif  sur  le  revenu  pour  réformer  Tinjusiice  de  l’impôt  actuel,  c'est-à-dire  ; 
décharger  les  petits,  ménager  la  fortune  moyenne,  et  demander  davantage  à  la  richesse,  au 
luxe,  au  superflu; 

Abrogation  de  la  loi  Falloux  et  du  Concordat  pour  assurer  la  suprématie  définitive  de 
PÉtat  laïque,  en  respectant  la  liberté  de  conscience  et  de  l’exercice  des  cultes; 

Service  militaire  réduit  à  deux  ans,  puisque  nos  ennemis  eux-mêmes  savent  s’en  con- 
tenter; 

Organisation  démocratique  du  crédit  agricole  mis  à  la  portée  des  petits  cultivateurs; 

Retraites  pour  les  travailleurs  des  villts  et  des  campagnes,  afin  de  leur  procurer  au 
moins  le  strict  nécessaire  à  P  heure  de  la  vieillesse  ; 

Lois  de  prévoyance  et  de  solidarité  sociales;  car  si  nous  sommes  attachés  au  principe 
de  la  propriété  individuelle  dont  nous  ne  voulons  ni  commencer,  ni  préparer  la  suppres¬ 
sion,  nous  entendons  hâter  l’évolution  par  laquelle  le  travailleur  de  la  terre  ou  de  batelier 
aura  la  propriété  de  son  outil  et  la  légitime  rémunération  de  son  travail. 

Le  pays  tout  entier,  n’en  doutez  pas,  se  prépare  à  faire  triompher  cette  politique.  La 
Corrèze  ne  voudra  pas  rester  en  arrière  et  la  circonscription  de  Tulle-Word  reprendra  sa 
place  à  l’avant-garde  de  la  République.  C’est  cette  politique  qu’elle  acclamera  sur  mon  nom. 
Je  suis  un  enfant  du  peuple  et  j’en  suis  fier,  un  enfant  du  pays  vivant  au  milieu  de  vous, 
qui  connaît  vos  besoins  et  vos  intérêts  et  saura  les  défendre* 


Vive  la  République  ! 


I.  TAVÉ? 

Avocat,  Maire  de  Tulle,  chevalier  de  la  Légion  d’honneur5 
Candidat  radical-socialiste. 


Circonscription  d'USSEL 
M*  DELMAS 

Élu  au  1èr  tour  de  scrutin.  —  6*671  voix. 


Chers  Concitoyens, 

Je  sollicite  le  renouvellement  du  mandat  de  Député,  dont  par  deux  fois  vous  m’avez 
honoré,  et  c’est  avec  confiance  que  je  fais,  une  fois  encore  appel  à  vos  suffrages. 

J’ai  conscience,  en  effet,  d’être  resté  fidèle  à  mes  engagements,  à  nos  convictions  com¬ 
munes,  et  d’avoir  toujours  porté  haut  et  ferme  le  drapeau  de  la  République  radical»  et  des 
revendications  populaires;  mes  adversaires,  eux-mêmes,  rendent  hommage  à  mon  attitude 
politique,  puisque,  pour  me  discréditer  auprès  de  vous,  ils  en  sont  réduits  à  falsifier  mes 
votes  et  à  dénaturer  mes  intentions. 

Je  me  suis,  contrairement  à  ce  qu’ils  affirment,  associé  à  toutes  les  mesures  qui  ont  eu 
pour  but  d’augmenter  le  bien-être  de  nos  soldats  et  j’ai  accordé  au  Ministre  de  la  Querre  les 
crédits  suffisants  pour  améliorer  leur  ordinaire  et  introduire  le  vin  dans  leur  alimentation, 

Tai  refusé  de  signer  l’amendement  aux  termes  duquel  l’indemnité  des  Députés  devait 
être  portée  à  15.000  francs,  et  c’est,  par  conséquent,  à  tort  que  le  Journal  officiel  me  fait 


—  190  — 

figurer  au  nombre  des  rares  membres  de  la  Chambre  qui  ont  donné?  en  séance?  leur  adhé¬ 
sion  à  cette  proposition. 

Les  chemins  de  fer  contribuent  dans  une  large  mesure,  à  ïa  prospérité  du  pays?  ils 
donnent  un  nouvel  essor  à  l'agriculture?  au  commerce  et  à  l'industrie.  D'accord  avec  mon 
ami,  le  sénateur  Dellestable?  j'ai  fait  le  nécessaire  pour  activer  la  construction  de  la  ligne 
Felletin-Ussel;  dès  qu’elle  sera  livrée  à  l'exploitation,  nous  demanderons  la  déclaration 
d'utilité  publique  de  son  complément,  Ussel-Bort,  déjà  concédé  à  la  Compagnie  d’Orléans  et 
ferons  les  démarches  les  plus  pressantes  pour  obtenir  le  raccordement  à  Bugeat  de  Fem- 
branchement  Seilhac-Treignac. 

îl  conviendra  de  compléter  les  lignes  d'Ëtat  par  un  réseau  d’intérêt  local  :  au  mois  d’août 
prochain,  le  Conseil  général  statuera  sur  cette  importante  question  qui  n'a  pu  aboutir  jus-' 
qu’à  ce  jour?  malgré  le  vote  favorable  de  la  majorité  de  mes  collègues,  parce  qu’elle  avait 
été  mal  engagée  Je  pense  et  nTai  pas  cessé  de  penser,  quoi  qu'on  dise,  qu'il  y  a  lieu  de  doter 
de  voies  ferrées  les  Gantons  déshérités  ou  imparfaitement  desservis  de  notre  arrondisse¬ 
ment  et,  dans  cet  ordre  d'idées,  j’ai  proposé  l’établissement  à  titre  d'essai  de  la  ligue 
Usseï-Neuvic  et  le  classement  d'un  chemin  de  fer  reliant  Bugeat  par  Tarnac,  Peyrelevade  et 
Sornac  au  tronçon  Felletin-UsseL  Mais  le  réseau  projeté  comporte  une  étendue  trop  consi¬ 
dérable  pour  être  construit  en  une  seule  fois,  Lrs  pouvoirs  publics  se  refusera ient  à  l'ad¬ 
mettre  et  opposeraient  comme  ils  l'ont  déjà  fait,  une  fin  de  non  recevoir  à  nos  délibéra¬ 
tions.  Il  sera  indispensable  (c'est  l'opinion  que  j'ai  toujours  soutenue  et  à  laquelle  je  suis 
toujours  attaché,  parce  quelle  me  paraît  seule  pratique  et  raisonnable),  de  répartir  nos 
lignes  en  plusieurs  catégories?  de  les  exécuter  successivement,  ep  dormant  la  priorité  à 
celle  qui  doit  traverser  les  cantons  de  notre  arrondissement  privés  de  chemins  de  fer  et 
ayant  un  développement  de  quatre-vingt-quinze  kilomètres  environ. 

Je  epois,  &her$  Gqqeijpyens,  avoir  fait  justice  des  accusations  destinées  à  surprendre 
votre  bonne  foi  :  estrij  ujtile  que  je  expose  mon  programme?  Vous  le  connaissez  et  lui 
avez  donné  votre  approbation  en  I8QZ1  et  en  1898;  vous  le  sanctionnerez  de  nouveau  par  vos 
votes,  car  sa  réalisation  aura  pour  effet  de  consolider  le  Gouvernement  de  la  République, 
auquel  vous  êtes  profondément  attachés,  et  de  donner  satisfaction  à  vos  légitimes  aspi¬ 
rations. 

La  loi  sur  les  associations  a  soumis  les  congrégations  religieuses  au  droit  commun;  elle 
a  mis  fin  à  la  situation  privilégiée  qui  leur  permettait  de  confisquer  à  ieur  profit  une  partie 
de  la  fortune  privée,  de  constituer?  pour  ainsi  dire,  un  État  dans  l'État,  et  de  se  substituer, 
par  une  concurrence  déloyale,  au  clergé  régulier  î  elle  a,  enfin?  raffermi  le  pouvoir  laïque 
et  assuré  définitivement  sa  prépondérance.  L'abrogation  de  la  loi  Falloux?  complétera  les 
résultats  déjà  acquis  et,  grâce  à  Fiaitiative  du  Ministère  de  défense  républicaine  auquel  je 
me  félicite  d'avoir  prêté  le  plus  dévoué  concours?  il  nous  sera  désormais  possible  d'envi¬ 
sager  l'avenir  sans  inquiétude  et  de  travailler  en  paix  à  faire  aboutir  les  réformes  si  impa¬ 
tiemment  attendues. 

Si  vous  renouvelez  mon  mandat,  je  continuerai  à  réclamer  eu  prpiuièfg  ligqe  : 

L'établissement  de  l'impôt  progressif  sur  le  revenu,  qui?  frappant  les  citoyens  suivant 
leurs  forces  contributives,  fera  pénétrer  la  justice  dans  la  répartition  des  charges  fiscales  et 
permettra  tout  d'abord  de  supprimer  le  principal  de  l'impôt  foncier?  les  contributions  mobi¬ 
lières  des  portes  et  fenêtres  et  le  droit  proportionnel  perçu  sur  les  patentables; 

La  réduction  à  deux  ans  de  la  durée  du  service  militaire  dans  l'armée  active  qui? 
sans  compromet! re  l'intérêt  sacré  de  la  défense  nationale,  allégera  notre  agriculture,  La 
création  de  caisses  de  retraites,  pour  les  travailleurs  des  villes  et  des  campagnes.  L'organb 
satiou  du  crédit  et  de  l'assurance  agricoles.  L'extension  de  la  compétence  des  juges  de 
paix.  La  diminution  des  droits  qui  grèvent  la  transmission  dés  propriétés.  La  réduction  des 
frais  de  justice  qui  absorbent  le  plus  net  de  l'avoir  des  petits  justiciables.  Le  vote  de  la  loi 
Berteaux,  destinée  à  améliorer  le  sort  des  employés  de  nos  chemins  de  fer  et  à  donner,  par 
suite,  une  sécurité  plus  grande  aux  voyageurs. 


—  m  ~  N*  4:162 

Datis  l'avenir  comme  par  le  passée  vous  ne  ferez  jamais  en  vain  appel  â  mon  dévoue¬ 
ment  et  je  servirai  toujours  la  cause  des  humbles  et  des  malheureux. 

Chers  Concitoyens, 

Sous  le  couvert  de  l'étiquette  progrèssisiè,  les  forces  coalisées  de  la  réaction  monar¬ 
chiste  et  cléricale ,  avec  I1  énergie  que  donne  le  désespoir,  livrent  aujourd'hui  un  suprême 
assaut  à  nos  institutions  démocratiques  et  laïques.  Vous  ne  serez  ni  les  dupes  ni  les 
complices  de  vos  éternels  adversaires  et  saurez  les  démasquer.  Vous  ne  livrerez  point  la 
place  à  l'ennemi,  et,  fidèles  à  vos  traditions,  à  votre  passé,  vous  repousserez  victorieuse¬ 
ment  ses  attaques  au  cri  répété  de  : 

Vive  la  République  radicale! 

A.  DELMAS,  Député  sortant, 

Maire  et  Conseiller  général  de  Meymac,  officier  d'académie. 
Candidat  républicain  radical. 


—  192  — 


CORSE 


Circonscription  d’AJAGGIO 

M.  Emmanuel  ARÈNE 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  10.08k  voix. 


Mes  chers^Concitoyens, 

Nous  nous  connaissons  depuis  trop  longtemps  pour  que  j’aie  besoin,  en  venant  solli¬ 
citer  le  renouvellement  de  mon  mandat,  de  vous  faire  de  longues  phrases  et  de  longues 
protestations. 

Je  suis  né  au  milieu  de  vous,  je  suis  des  vôtres  par  le  sang,  par  la  race,  par  toutes  les 
fibres  de  mon  cœur,  et  c’est  à  votre  confiance  autant  qu’à  mon  travail  que  je  dois  d’être  ce 
que  je  suis,  et  d’avoir  pu,  en  plus  d’une  circonstance,  défendre  avec  quelque  autorité  notre 
Corse,  le  cher  pays  passionnément  aimé. 

L’attachement  filial  que  je  lui  ai  témoigné  dans  le  passé,  je  le  lui  témoignerai  encore 
dans  l’avenir,  je  le  lui  témoignerai  jusqu’à  mon  dernier  souffle.  Je  ne  suis  pas  de  ces  can¬ 
didats  exempts  de  modestie  qui  croient  leur  élection  nécessaire  à  l’intérêt  supérieur  de  la 
Patrie.  J’ai  seulement  conscience  de  pouvoir,  à  Paris,  dans  la  Presse  comme  au  Parlement, 
servir  autant  que  personne  les  intérêts  de  la  Corse  et,  en  me  présentant  devant  mes 
électeurs  de  l'arrondissement  d’Ajaccio,  je  tiens  à  proclamer,  en  leur  nom  comme  au  mien, 
combien  sont  coupables  ceux  qui,  pour  de  mesquines  questions  de  personnes,  voudraient 
réveiller  entre  telle  on  telle  ville,  entre  telle  ou  telle  partie  du  département,  des  rivalités 
et  même  des  haines  qui,  grâce  au  Ciel,  sont  depuis  longtemps  éteintes. 

Je  répudie  hautement,  quant  à  moi,  d’aussi  abominables  tentatives.  Elles  constituent  à 
mes  yeux  un  crime  de  lèse-Patrie.  La  Corse,  depuis  le  Cap  jusqu’à  Bonifacîo,  a  besoin  pour 
être  forte  de  ne  former,  si  je  puis  dire  ainsi,  qu’un  seul  corps  et  qu’une  seule  âme.  Nous 
sommes  un  trop  petit  point  dans  l’espace  pour  nous  rapetisser  et  nous  affaiblir  encore  en 
nous  fractionnant  et  en  nous  divisant  entre  nous. 

C’est  faire  le  jeu  de  nos  éternels  adversaires  que  de  nous  prêter  à  d’aussi  misérables 
calculs.  Battus  partout  sur  le  terrain  politique.  Us  essaient  maintenant  d’exploiter  le  patrio¬ 
tisme  de  telle  ou  telle  contrée  de  la  Corse.  Je  plains  les  républicains  qui  se  laisseraient 
prendre  à  des  pièges  aussi  grossiers.  Pour  ma  part,  enfant  d’Ajaccio,  investi  de  la  confiance 
de  mon  arrondissement  d’origine,  je  n’oublie  pas  que  j’ai  eu  le  grand  honneur  de  repré¬ 
senter  à  la  Chambre  d’autres  arrondissements  de  notre  île.  Je  n’oublie  pas  que  j’ai  eu  la 
bonne  fortune  d’être  élu  à  l’unanimité  président  du  Conseil  général  de  la  Corse,  et  je  sais 
le  devoir  que  de  telles  manifestations  et  qu’une  telle  situation  m’imposent. 

Mon  patriotisme  comme  mon  esprit  de  justice  et  mon  ardent  désir  d’union  me  les  ren¬ 
dront  faciles  à  remplir.  Je  n’aurai  pour  cela  qu’à  rester  fidèle  à  mon  caractère,  et  à  appli¬ 
quer  en  matière  d’intérêt  général  le  principe  qui,  vis-à-vis  des  intérêts  privés,  a  été  la  règle 
de  toute  ma  vie  ;  faire  le  plus  de  bien  possible  à  tout  le  monde,  et  ne  jamais  faire  de  mal 
à  personne.  . 


—  193  —  N0,  1162 

Cet  hommage  que  me  rend  ma  conscience,  je  sais  que  tous  mes  compatriotes,  à  quelque 
parti  qu’ils  appartiennent,  me  le  rendent  également.  Et  c’est  un  honneur  qui  suffit  à  ma 
fierté  de  Corse  et  de  républicain. 

Veuillez  agréer,  mes  chers  Concitoyens,  l’assurance  de  mon  inaltérable  dévouement. 

Emmanuel  ARÈNE,  Député  sortant, 
Président  du  Conseil  général  de  la  Corse. 


Circonscription  de  BASTIA 
B.  lé  colonel  ASTIMA 
Élu  au  2°  tour  de  scrutin,  —  8.142  voix. 


Mes  chers  Amis, 

Malgré  le  grand  malheur  qui  m’a  frappé  l’année  dernière  et  le  désir  légitime  que 
j’aurais  eu  de  me  reposer  des  luttes  ardentes  deees  vingt-cinq  dernières  années,  sur  les 
vives  instances  d’un  très  grand  nombre  d’entre  vous,  je  n’ai  pas  hésité  h  solliciter  de  nou¬ 
veau  les  libres  suffrages  des  électeurs  républicains; 

Déserter  à  cette  heure  notre  drapeau  eût  étéjune  lâcheté,  et  le  vieux  lutteur  que  vous 
avez  toujours  trouvé  3ur  la  brèche  à  l’heure  du  danger  reprend  son  poste  de  combat; 

Qui  je  suis?  Vous  me  connaissez. 

Ce  que  je  veuxï  voué  le  savez. 

Sincèrement  attaché  à  nos  institutions  républicaines,  je  resterai  ce  que  j’ai  été,  ce  que 
je  suis,  un  républicain,  un  démocrate  sagement  et  profondément  réformateur,  un  soldat 
voulant  une  France  grande  et  forte,  une  armée  puissante  et  disciplinée. 

Les  intérêts  de  notre  chère  Corse  et  surtout  ceux  de  la  ville  de  Bastia,  je  les  défendrai 
énergiquement  et  efficacement  aussi,  je  l’espère,  car  je  suis  assuré  d'avoir  pour  soutenir 
nos  revendications,  comme  je  l’ai  eu  par  le  passé,  le  concours  dévoué  de  mon  éminent  ami 
M.  Emmanuel  Arène  et  celui  de  tous  mes  autres  collègues  de  la  Corse. 

Parmi  les  projets  que  je  m’efforcerai  de  faire  aboutir,  je  citerai  notamment  l’amélio¬ 
ration  de  nos  services  maritimes  postaux,  l’achèvement  du  port  de  Bastia,  l’assainissement 
de  la  côte  orientale  et  l’achèvement  de  notre  réseau  de  voies  ferrées. 

Et  maintenant,  républicains,  aux  urnes!  Contre  l’effort  de  tous  les  ennemis  de  la  Répu¬ 
blique  coalisés  sachons  marcher  unis  et  sans  défaillance.  L’heure  est  décisive  :  un  assaut 
violent  est  livré  de  tous  les  côtés  à  la  République.  Sachons,  le  27  avril,  maintenir  nos  posi¬ 
tions  et  la  victoire  est  à  nous. 

Vive  la  France  ! 

Vive  la  Corse  I 

Vive  la  République  f 

Colonel  ASTIMÀ,  Député  sortant. 
Conseiller  général. 


25 


—  194  _ 

SmUiu  de  ballottage. 

Mes  chers  Amis, 

Par  4.394  voix,  vous  m’avez  fait  arriver  premier  aux  élections  du  27  avril,  et  les  désis¬ 
tements  qui  ee  sont  produits  de  la  part  de  mes  concurrents  me  laissent  seul  candidat  au 
deuxième  tour  de  scrutin*  Je  viens  donc,  à  nouveau,  solliciter  vos  suffrages  pour  dimanche 
prochain  et  vous  demander  d’achever  l’oeuvre  que  vous  avez  si  bien  commencée. 

Élu  de  Patron  disse  ment,  je  consacrerai  tous  mes  efforts  et  toute  mon  expérience  aux 
affaires  qui  intéressent  et  préoccupent  si  justement  notre  chère  ville  de  Bastia,  et  puisqu'il 
nous  a  été  impossible,  pendant  la  dernière  législature,  de  mener  à  bonne  Un  les  deux  ques¬ 
tions  si  importantes  de  l’assainissement  de  la  plaine  orientale  et  des  services  maritimes 
postaux,  je  m’efforcerai  de  provoquer  au  plus  tôt  la  solution  la  plus  favorable  aux  intérêts 
de  notre  arrondissement, 

Ai-je  besoin  d’ajouter,  mes  chers  amis,  que,  grâce  à  l’ententente  qui  existe  entre  tous 
les  représentants  de  notre  chère  Corse,  grâce  surtout  au  concours  que  mon  jeune,  vaillant 
et  fidèle  ami,  Emmanuel  Arène,  sera  heureux  de  nous  donner,  ma  lâche  sera  rendue  plus 
facile  et  que  nous  verrons  enfin  la  réalisation  de  nos  vœux  les  plus  chers. 

Vive  la  République  I 

Vive  la  Corse! 

Vive  Bastia  ! 

Colonel  ASTI  MA, 


Circonscription  de  GALVI 
M.  MALASPINA  , 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin*  —  3.749  voix* 


Mes  chers  Compatriotes, 

Je  vous  remercie  de  Péclatante  manifestation  que  vous  venez  de  faire  sur  mon  nom* 
Elle  m'impose  des  devoirs  plus  stricts,  plus  impérieux  encore  que  par  le  passé. 

Au  lendemain  des  élections  de  1898,  je  vous  disais  que  mon  programme  se  résumait 
an  deux  articles  :  l'établissement  de  communications  rapides  et  à  hon  marché  avec  le  conti¬ 
nent  et  Passainissement  de  nos  plaines, 

Pai  la  conscience  d’avoir  rempli  ce  double  engagement,  et  vos  libres  suffrages  viennent 
de  le  dire  bien  haut.  Certes,  les  résultats  obtenus  ne  sont  qu’un  commencement;  mais 
avec  de  P  énergie  et  de  la  persévérance  nous  arriverons  à  surmonter  toutes  les  difficultés. 
On  commence  à  comprendre  dans  ce  pays  que  de  tous  les  régimes  qui  se  sont  succédé  au 
pouvoir  depuis  un  siècle,  c’est  la  République  qui  a  fait  le  plus  pour  la  Corse,  et  par  une 
pente  insensible  les  adversaires  de  jadis  sont  devenus  les  amis  d’aujourd’hui. 

Ce  n’est  pas  seulement  à  propos  des  services  maritimes  postaux  que  je  suis  partisan  de 
la  porte  ouverte.  C’est  surtout  en  politique  qu'il  ne  faut  pas  se  murer.  Nos  rangs  doivent 
s’ouvrir  devant  tous  ies  hommes  de  bonne  volonté  qui,  fermant  les  yeux  au  passé,  viennent 
à  nous  les  mains  loyalement  tendues,  et  cette  union  d’éléments  si  longtemps  divisés  sera 
féconde  pour  le  bien  public. 

Je  suis  de  ceux,  et  je  le  dis  avec  fierté,  dont  la  vie  politique  est  une  ;  aux  heures  de 


—  195  —  N°  U  62 

danger,  j’ai  toujours  fait  mon  devoir  pour  la  défense  de  nos  idées.  Au  lendemain  des  inci¬ 
dents  d’Auteuü,  où  motte  vénéré  Président  fut  insulté  et  menacé  par  une  bande  de  musca¬ 
dins,  j’eus  Fhormeur  de  déposer  devant  la  Chambre  une  motion  que  notre  parti  tout  entier 
vota  par  acclamation-  Cette  motion  affirmait  la  nécessité  d’une  politique  de  défense  répu* 
hlicaine.  Le  mot  eut  quelque  fortune  et  la  chose  aussi. 

Ce  passé  me  donne  le  droit  de  vous  dire  :  Mettez  fin  à  ces  querelles  stériles,  souvenir 
maudit  des  vieilles  factions  blancs  et  noirs,  qui  ont  ruiné  notre  pays-  Unissez-vous  dans  la 
Eépublique  pour  l’effort  commun.  Vous  aurez  fait  votre  devoir,  comme  |e  fais  le  mien  en 
vous  adressant  cet  appel. 

T.  MALAS  PIN  A  t 
Député  de  Calvi. 


Circonscription  de  GGRTE 

M.  GIACOBBI,  élu  Sénateur,  remplacé  par  M.  GÀYINL 


Voy,  Elections  partielles. 


Circonscription  de  SARTÈNE 
M.  GABR1ELLI 

Élu  au  lor  tour  de  scrutin,  —  5.955  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Vos  sentiments  républicains  sont  connus  de  la  Corse  entière. 

Avant  comme  depuis  l'avènement  de  la  République,  vous  avez  toujours  été  Payant- 
garde  de  la  Démocratie  insulaire* 

Vous  venez  aujourd’hui  de  donner  un  exemple  admirable  d’abnégation  en  prenant 
l’initiative  de  ma  candidature. 

Vous  m’acclamez  comme  l’un  des  vôtres,  non  pas  tant  pour  rendre  un  public  hommage 
au  magistrat  qui  a  dirigé  pendant  neuf  années  Faction  publique  dans  votre  arrondissement, 
que  pour  maintenir  en  Corse  Punité  du  parti  républicain,  un  instant  menacée  par  de  regrets 
tables  erreurs  que  chacun  aura  à  cœur  de  réparer. 

Je  suis  profondément  touché  de  votre  accueil  sympathique  et  prends  l’engagement 
d’honneur  de  ne  jamais  m’écarter  de  la  ligne  de  conduite  politique  que  vous  m’aurez 
tracée. 

Pénétré,  comme  vous,  d’un  esprit  largement  progressiste  et  entièrement  dévoué  à  la 
cause  démocratique,  je  suis  partisan  de  toutes  les  réformes  pratiques  sagement  étudiées  et 
conformes  aux  vœux  du  pays. 

Je  place  toutefois  au  premier  rang  de  mes  préoccupations  les  intérêts  de  votre  arrondis- 


—  196  -  | 

sement,  que  je  connais  à  fond  et  à  la  défense  desquels  je  vous  promets  d’apporter  toute  ma 
bonne  volonté,  toute  mon  énergie. 

Les  liens  de  parenté  et  de  fraternelle  affection  qui  m’unissent  à  Emmanuel  Arène  vous 
sont  un  sûr  garant  que  mon  aotion  ne  restera  pas  stérile  et,  à  côté  de  ce  guide  expérimenté, 
de  cet  ami  cher  entre  tous,  j’ai  l’espoir  de  pouvoir  servir  de  mon  mieux  la  Corse  et  la  ïlépg* 
blique, 

Thadée  GABRlELLî, 

Conseiller  général, 

Procureur  de  la  République  à  Ajaccio, 


COTE-D’OR 


lra  circonscription  de  BEAU  NE 

M.  G.4MUZET 

Élu  au  2°  tour  de  scrutin  —  10.097  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Depuis  quelque  temps  déjà,  un  grand  nombre  de  mes  concitoyens  de  la  lfe  circons¬ 
cription  de  Beaune  minvitaient  à  poser  ma  candidature  à  la  députation. 

Mais  avec  mes  Collègues,  Conseillers  d’arrondissement  et  ia  majorité  des  Conseillers 
généraux,  j'aurais  préféré  soutenir  celle  d’un  vieil  ami  de  Pierre  Joigneaux,  d’un  vieux  démo¬ 
crate  aimé  et  respecté  parmi  nous.  Monsieur  Ghauvelot-Girard,  Conseiller  généra!  de 
Beauoe-Sud,  qui  a  reculé,  non  pas  devant  le  bon  combat  (car  il  marche  avec  nous),  maïs 
devant  les  fatigues  d’uoe  campagne  électorale. 

Avec  l'appui  de  la  grande  majorité  des  élus  des  cantons,  je  me  présente  à  vous,  comme 
républicain  socialiste. 

Enfant  du  peuple,  je  soutiendrai  avant  tout  les  intérêts  et  les  droits  des  travailleurs, 
en  poursuivant  la  réalisation  des  réformes  sociales  et  surtout  des  réformes  économiques 
qui  auront  pour  but  d'améliorer  le  sort  des  classes  laborieuses. 

Respectueux  de  toutes  les  convictions  sincères,  je  lutterai  énergiquement  mais  loya¬ 
lement  contre  les  arrivistes  do  la  politique,  qui,  tantôt  modérés,  tantôt  avancés,  suivant 
les  temps  et  les  milieux,  ne  cherchent  qu'à  duper  les  uns  et  l  is  autres  pour  satisfaire  leur 
égoïsme. 

Dans  les  assemblées  élues  dont  je  fats  partie,  j’ai  toujours  soutenu  la  cause  républi¬ 
caine  et,  confiant  dans  votre  verdict,  je  ne  vous  ferai  qu’une  seule  promesse  :  celle  de  con¬ 
tinuer  dans  cette  voie,  en  défendant  avec  ardeur  les  intérêts  agricoles  et  viticoles  de  notre 
circonscription j  et  toutes  les  réformes  qui  auront  pour  but  d'assurer  la  paix  entre  les 
peuples,  le  bonheur  entre  les  hommes  et  la  grandeur  de  la  République. 


Vive  la  République  î 


E.  CÀMUZET, 

Maire  de  Vosne-Romanée,  Conseiller  d'arrondissement, 
Candidat  républicain  socialiste. 


Proguam  iîe. 

Défense  des  intérêts  de  l'agriculture  et  de  la  viticulture,  —  Impôt  progressif  sur  le 
revenu  permettant  d’alléger  et  même  de  supprimer  les  impôts  de  consommation,  —  Amor¬ 
tissement  de  la  dette  publique,  —  Réforme  des  prestations,  —  Création  de  chambres  con¬ 
sultatives  d'agriculture,  de  caisses  départementales  d'assurances  contre  l'incendie,  la  grêle 


—  198  ~ 

et  îa  mortalité  du  bétail,  Révision  du  cadastre,  —  Referendum  sur  les  grosses  questions 
^intérêt  communal  ou  national,  —  Diminution  des  frais  de  justice,  —  Élection  du  Sénat 
par  le  suffrage  universel  (toujours  avec  le  mandat  de  9  ans),  —  Scrutin  de  liste,  représen¬ 
tation  proportionnelle,  —  Suppression  des  sinécures  et  du  salariat,  —  Diminution  du 
nombre  des  fonctionnaires,  —  Diminution  des  gros  traitements  et  amelioration  des  traite¬ 
ments  modestes,  —  Organisation  des  retraites  ouvrières,  —  Égalité  do  service  militaire  ; 
service  de  2  ans,  —  Liberté  de  conscience  et  séparation  des  Églises  et  de  l3État,  —  Large 
décentralisation,  —  Création  de  conseils  cantonaux,  —  Enseignement  intégral  gratuit  à  tous 
les  degrés,  —  Abrogation  de  la  loi  Falloux, 


2°  circonscription  de  BEAUNE 
AL  François  CARNOT 
'  Élu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  6.554  voix. 


V 


Mes  chers  Concitoyens, 

Si  je  viens  aujourd’hui  solliciter  vos  suffrages,  ce  n’est  ni  par  ambition,  ni  par  intérêt, 
vous  le  savez. 

Depuis  un  siècle  les  miens  ont  consacré  tout  ce  qu’ils  avaient  de  force  et  de  dévoue¬ 
ment  à  la  Patrie  et  à  la  République  :  à  mon  tour,  je  suivrai  leur  exemple. 

Refusant  toutes  les  autres  candidatures  qui  m’étaient  offertes,  c’est  ici,  dans  notre  cher 
pays  de  Côte-d’Or,  si  fidèle  au  souvenir  de  ceux  qui  Font  honoré,  que  j'ai  voulu  venir  me 
mettre  au  service  de  cette  démocratie  dont  je  suis  fier  d’être  le  fils. 

Libre  de  tout  engagement,  de  toute  compromission  avec  qui  que  ce  soit,  je  veux  une 
République  puissante  et  respectée,  un  gouvernement  de  principes  et  de  reformes  tout  à  la 
fois,  respectueux  des  traditions  sérieuses  et  nécessaires,  mais  résolu  à  regarder  en  face  tous 
les  problèmes  sociaux,  à  faire  aboutir  toutes  les  réformes  que  commandent  la  justice  et  la 
solidarité  humaine. 

Ma  politique  générale  se  résume  dans  la  vieille  formule  républicaine  :  ni  réaction,  ni 
révolution  ;  je  répudie  également  les  dangereuses  utopies  du  collectivisme  et  de  la  tyrannie 
socialiste,  et  les  entreprises  césariennes  ou  dictatoriales  plus  ou  moins  dissimulées  :  Je 
veux  la  République,  rien  que  la  République  et  aux  mains  des  républicains  I 

Résolument  opposé  à  toute  ingérence  des  clergés,  quels  qu’ils  soient,  dans  la  politique 
du  pays,  je  défendrai  contre  tout  empiétement  les  prérogatives  nécessaires  de  la  société 
civile;  mais  je  m’opposerai  avec  une  égale  énergie  à  toute  atteinte  portée  à  îa  liberté  de 
conscience,  aux  convictions  ou  aux  croyances  de  qui  que  ce  soit. 

Dans  les  questions  d’enseignement,  je  demanderai  que  l’État  n’abdique  pas  sas  droits 
de  contrôle  et  de  surveillance  des  écoles  libres  ;  il  faut  au  contraire  que  l’inspection  de 
l’État  s’y  exerce  largement  ;  il  faut  aussi  exiger  des  professeurs  libres  les  mêmes  grades 
universitaires  et  les  mêmes  garanties  de  capacités  que  l’on  demande  aux  professeurs  de 
l’État. 

Mais  sous  ces  réserves,  qui  sauvegardent  les  droits  absolus  de  l’État,  nous  ne  devrons 
pas  hésiter  entre  la  liberté  de  Renseignement  proclamée  par  la  Révolution  le  25  Frimaire 
an  IX,  et  le  monopole  universitaire  créé  par  Napoléon  Ier  comme  instrument  de  domination 
et  de  tyrannie. 

Je  n’ai  pas  la  prétention  de  connaître  toutes  les  questions  qui  peuvent  être  mises  en 
discussion,  et  d’y  apporter  la  solution  immédiate,  la  panacée  universelle  ;  j’aime  mieux 


—  199  — 


H°  1162 


m’efforcer  de  tenir  plus  que  je  n’aurai  promis,  [que  de  promettre  ce  que  je  ne  pourrais 
réaliser. 

Mais  il  est  cependant  des  questions  sur  lesquelles  je  tiens  à  vous  préciser  mon  opi¬ 
nion  : 

L  —  Service  de  deux  ans  :  je  voterai  toutes  les  mesures  préparant  la  réduction  du 
service  militaire  à  deux  années,  sans  porter  préjudice  aux  nécessités  sacrées  de  la  défense 
nationale. 


Il _ Retraites  ouvrières  :  c'est  surtout  par  la  mutualité,  par  l’esprit  de  prévoyance  et 

d’économie  que  ce  problème  pourra  être  résolu;  il  ne  fout  pas  'que  PÉtat  fasse  tout,  dans 
les  retraites  ouvrières  ;  car  l'État  n’est  en  somme  que  l’ensemble  des  contribuables,  dont 
les  agriculteurs  forment  plus  de  ïa  moitié,  et  il  serait  profondément  injuste  de  faire  payer 
aux  travailleurs  de  la  campagne  les  retraites  des  ouvriers  des  villes  dont  les  salaires  ou  les 
gains  sont  bien  supérieurs  aux  leurs. 

III,  —  Réformes  financières  :  il  faut  remettre  enfin  à  l’ordre  du  jour  la  réforme  de 
Fimpôt  foncier,  si  écrasant  "pour  nos  campagnes;  il  faut  reviser  Pimpôt  des  patentes,  qui 
pèse  si  lourdement  sur  les  petits  commerçants. 

Il  faut,  avant  tout,  rétablir  l’équilibre  budgétaire,  si  compromis  par  les  gaspillages  du 
Parlement,  et  n’accepter  une  dépense  nouvelle  qu’en  échange  d’une  nouvelle  recette  ou 
d’uoe  économie  nouvelle  pour  la  payer.  Il  faut  sortir  enfin  des  théories  creuses  et  des  pro¬ 
messes  irréalisables,  pour  aboutir  à  de  vraies  réformes  et  non  à  des  expédients  budgétaires 
qui  ne  créent  de  ressources  que  sur  le  papier. 

IV,  —  Réformes  administratives  :  suppression  des  services  administratifs  inutiles;  ré¬ 
duction  du  nombre  des  fonctionnaires,  et  liquidation  rapide  des  pensions  de  retraite.  — 
Réglementation  par  des  lois  des  conditions  de  l'avancement,  pour  éviter  les  abus  du  favori¬ 
tisme.  —  Décentralisation  administrative  ;  extension  des  pouvoirs  des  départements  et 
surtout  des  communes  en  matières  financières.  — -  Extension  de  la  compétence  des  juges  de 


paix.  —  Réforme  de  l’abus  des  formalités  judiciaires. 


V.  —  Questions  agricoles  :  développement  du  crédit  agricole  et  des  caisses  d’assurances 
mutuelles  contre  la  mortalité  du  bétail ,  contre  l’incendie,  contre  la  grêle,  —  Protection  de 
la  petite  propriété  par  l’autorisation  du  partage  en  valeur,  —  Protection  du  travail  agricole 
parle  maintien  intégral  du  tarif  minimum  dans  les  conventions  commerciales.  —  Régle¬ 
mentation  des  marchés  à  terme  pour  supprimer  l’agiotage  des  marchés  fictifs,  —  Répres¬ 
sion  des  fraudes  sur  les  produits  agricoles. 

Fournitures  à  l’armée  par  les  producteurs  français,  et  adjudications  ou  achats  directs 
par  lots  fractionnés.  Abaissement  des  octrois  sur  les  boissons  hygiéniques.  Distinction  entre 
les  alcools  de  vin  ou  de  fruits  et  les  alcools  d’industrie. 

Caisses  mutuelles  de  retraites  pour  les  ouvriers  agricoles,  etc. 

Voici,  mes  chers  Concitoyens,  quelques-unes  des  réformes  pratiques  à  la  réalisation 
desquelles  je  suis  prêt  à  consacrer  tout  mon  temps  et  toute  mou  énergie. 

J’ai  confiance  dans  l’avenir,  où  j’espère  voir  disparaître  le  souvenir  des  divisions  et  des 
haines  qui  ont  assombri  le  passé. 

J’ai  foi  dans  îa  politique  d’apdisement,  d’union,  de  travail  et  de  liberté,  qui  fera  la 
France  forte  contre  tous,  et  la  République  indestructible. 

Mes  chers  Concitoyens,  cette  politique-là  est  la  mienne;  j’ai  la  conviction  que  l’immense 
majorité  du  pays  la  comprend  et  l’approuve,  et  je  viens  en  toute  confiance  solliciter  de  vous 
le  mandat  d’aller  la  défendre  au  Parlement, 

Vive  la  République  1 


François  CARNOT, 


Conseiller  général  de  la  Côte-d’Or, 
Candidat  républicain. 


—  200  — 


Circonscription  de  CHATILLON-SUR  SEINE 

M.  PETIT 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  5.S2Û  voix. 


Mes  chers  Coti citoyens, 

Répondant  aux  sollicitations  d’un  grand  nombre  dé  mes  amis  des  divers  Cantons 
du  ChàtiUonnais,  fai  cru  devoir  accepter  la  candidature  aux  élections  du  27  avril 
prochain. 

Originaire  de  l’arrondis  sement^  où  fai  toute  ma  famille  et  tous  mes  intérêts#  je  ne 
suis  pas  un  inconnu  pour  vous. 

Inutile  de  vous  dire  que#  fils  d’instituteur  primaire,  j’ai  été  élevé  dans  des 
idées  vraiment  républicaines  et  démocratiques.  D’ailleurs  mon  attitude  au  cours  des 
diverses  débats  politiques  auxquels  j’ai  pu  être  mêlé,  vous  est  un  gage  de  ïa  sincérité 
de  mes  opinions. 

Le  respect  de  la  liberté  de  conscience  me  paraît  pouvoir  être  concilié  avec  le 
désir  de  voir  s’affirmer  de  plus  en  plus  la  suprématie  du  pouvoir  civil  sur  (es  ordres 
religieux; 

le  suis  partisan  de  la  loi  qui  a  consacré  le  droit  d’association,  et  dont  une  application 
équitable  et  vigilante  sera  pour  l’État  une  garantie  contre  la  puissance  des  congrégations 
et  contre  le  développement  dâs  biens  de  main-morte. 

Je  demande  i’abrogatiôH  de  là  loi  Fallonx  qui  subsiste  encore  tout  entière  pour 
l’enseignement  secondaire,  et  qui  a  eu  pottr  résultat  de  créer  une  profonde  division  dans  la 
jeunesse  française. 

Je  suis  ennemi  des  doctrines  collectivistes  e£  révolutionnaires  dont  la  notice  en 
pratique  mènerait  la  France  à  sa  ruine.  Mais  je  pense  que  dans  une  République 
vraiment  démocratique,  le  Gouvernement  ne  doit  s'appuyer  que  sur  des  républicain» 
sincères. 

Au  point  de  vue  fiscal#  il  me  semble  queramortissement  de  la  dette  publique  peut  être 
réalisé  par  des  économies  budgétaires,  par  la  suppression  des  fonctionnaires  inutiles  et 
par  la  réduction  des  gros  traitements. 

Et  j’estime  qu’il  serait  désirable  que  la  Chambre  prît  l’habitude  de  voter  le  budget  en 
son  temps  normal,  de  façon  à  éviter  au  pays  les  douzièmes  provisoires. 

L’agriculture  et  la  viticulture,  qui  traversent  une  crise  sérieuse,  ont  tous  les  droits  à  la 
sollicitude  des  pouvoirs  publics*  La  suppression  des  prestations  et  l’établissement  d’une 
vicinal! té  unique,  la  révision  du  cadastre,  une  nouvelle  évaluation  de  la  propriété  foncière 
pour  réaliser  plus  de  justice  dans  l’impôt#  la  répression  rigoureuse  des  accaparements  et 
des  coalitions  qui  faussent  le  cours  des  produits  agricoles,  la  création  de  Chambres 
d  agriculture,  telles  sont  les  principales  améliorations  que  réclament  les  intérêts  supérieurs 
du  pays  et  de  notre  région  en  particulier. 

Je  voudrais  voir  la  question  sociale  résolue  par  la  création  des  caisses  de  retraites 
ouvrières  basées  sur  la  mutualité,  mais  à  condition  que  cette  institution  fût  étendue  aux 
ouvriers  agricoles» 

En  demandant  la  réduction  de  la  durée  du  service  milhaire  à  S  ans,  nous  voulons 
proclamer  l’éga  ité  de  tous  les  citoyens  devant  les  besoins  de  !a  défense  nationale. 

Telles  sont,  mes  chers  Concitoyens,  quelques-unes  des  réformes  que  la  démocratie 
laborieuse  a  le  droit  d’inscrire  dans  ses  revendications  et  a  l’accomplissement  desquelles  je 
me  dévouerais  de  mon  mieux* 


—  201  - 


N°  1162 


Mes  chers  Concitoyens, 

Si  vous  me  faites  l’honneur  do  me  choisir  pour  votre  m an da taire ,  je  me  montrerai 
digne  de  votre  confiance  en  me  consacrant,  avec  toute  l’énergie  dont  je  puis  être 
capable,  à  la  défense  des  intérêts  de  notre  arrondissement,  de  la  France  et  de  la 
République. 

Vive  la  République  démocratique  I 

Georges  PETIT, 

Industriel,  maire  de  Voulantes, 

Conseiller  général, 

Délégué  de  PAIliance  républicaine  démocratique. 


lrc  circonscription  de  DIJON 

H.  BÛUHEY-ALLEX 

Élu  au  T' tour  de  scrutin.  —  10. 442  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Le  Comité  électoral  socialiste  de  la  première  circonscription  de  Dijon  m’ayant  choisi 
à  une  très  grosse  majorité  comme  candidat  aux  élections  législatives  du  27  avril  prochain, 
j’ai  accepté  ce  poste  de  combat.  Sans  me  dissimuler  les  difficultés  de  la  tâche,  sans  me 
préoccuper  des  chances  de  succès,  je  me  présente  à  vos  libres  suffrages  avec  le  programme 
du  Parti, 

Ce  programme,  je  l'accepte  dans  tonte  son  intégralité,  ayant  horreur  des  réticences 
habiles  qui  ne  trompent  personne,  et  ayant  pleine  confiance  dans  le  bon  sens  de  mes 
concitoyens. 

Aujourd’hui,  pas  plus  qu’en  1893  et  en  1898,  ils  ne  se  laisseront  effaroucher  par  révo¬ 
cation  du  spectre  rouge  ou  du  partage  des  terres, 

A  la  veille  d’étre  ruinés  par  le  collectivisme  des  capitalistes,  syndiqués  pour  avilir  les 
prix  des  denrées  qu’ils  nous  achètent  et  majorer  d’uns  façon  exorbitante  les  produits  qu’ils 
accaparent j  iis  n’oublieront  pas  que,  seul,  le  socialisme  est  capable  de  les  sauver. 

Quel  homme  politique  sensé  peut-il  du  reste,  maintenant,  se  dire  républicain  sans  se 
déclarer  socialiste  ? 

L’agitation  politique  de  ces  20  dernières  années  et  le  malaise  économique  dont 
nous  souffrons  si  cruellement  aujourd'hui,  démontrent  de  la  façon  la  plus  évidente  qu’on  a 
fait  fausse  route  jusqu’alors  en  essayant,  pour  toute  politique,  d’enrayer  l’essor  du  prolétariat 
en  marche  vers  son  émancipation. 

Nos  prétendus  hommes  d’état,  représentants  de  la  bourgeoisie,  n’ont  pas  compris, 
n’ont  pas  pu  ou  pas  voulu  comprendre  les  aspirations  populaires,  ni  les  transformations 
sociales  qui  s’imposent* 

Vingt  fuis,  ils  se  sont  succédé  au  pouvoir  :  les  radicaux  remplaçant  les  opportunistes, 
les  opportunistes  remplaçant  les  radicaux  et  toujours,  malgré  leur  talent  incontestable  et 
leur  bonne  volonté  évidente,  ils  ont  constamment  abouti  au  même  résultat  :  la  démonstra¬ 
tion  claire  et  irréfutable  de  la  plus  parfaite  impuissance,  la  faillite  lamentable  de  tout  le 
vieux  programme  républicain. 


26 


Aussi,  encouragés  par  une  pareille  attitude,  les  réactionnaires,  ralliés  peut-être,  niais 
non  convertis  et  jamais  découragés,  ont  failli  il  y  a  3  ans  s’emparer  du  pouvoir  et  il  n’a 
fallu  rien  moins  que  ia  vigoureuse  intervention  des  cohortes  ouvrières  et  socialistes  pour 
rétablir  l’ordre  clans  la  rue,  sauver  la  République  et  ramener  ainsi  la  confiance  et  Lespoir 
dans  les  rangs  de  la  bourgeoisie  républicaine  affolée* 

L’expérience  a  assez  duré.  Dans  f  intérêt  même  de  la  République,  ne  la  continuons  pas. 
Que  le  monde  des  travailleurs  prenne  hardiment  en  main  la  direction  de  ses  propres 
affaires,  et  que,  dans  l'impossibilité  de  les  gérer  directement,  il  en  charge  au  moins  dos 
représentants,  issus  de  scs  rangs,  de  sa  classe,  sachant  ce  dont  U  souffre,  connaissant  ce 
qu’il  veut,  et  possédant  l’énergie  et  la  volonté  de  faire  aboutir  les  réformes  sociales, 
toujours  promises,  mais,  hélas  !  toujours  attendues. 

En  thèse  générale,  nous  poursuivons,  après  Légalité  politique  proclamée  en  18 48, 
Légalité  économique  des  citoyens  par  la  suppression  du  salariat,  par  la  réunion  dans  les 
memes  mains  du  capital  et  du  travail,  par  la  socialisation  des  moyens  de  production  ; 
mais,  sans  perdre  de  vue  un  seul  instant  ce  splendide  idéal  que  verront  se  réaliser  nos 
petils-enfants,  noos  n’oublions  pas  pour  autant  les  réformes  immédiatement  réalisables. 

Le  programme  du  Parti,  arrêté  par  le  récent  Congrès  de  Tours  contient  à  ce  sujet  les 
déclarations  les  plus  formelles  et  les  plus  précises,  mais,  en  ce  qui  concerne  la  prochaine 
législature,  nous  pensons  que  les  efforts  de  vos  représentants  devront  principalement  se 
porter  sur  les  points  suivants  : 

1°  Le  scrutin  de  liste,  avec  la  représentation  proportionnelle  et  le  renouvellement 
partiel  pour  enrayer  les  corruption  s  électorales,  relever  le  prestige  de  la  Chambre,  permettre 
la  représentation  directe  des  principales  fractions  de  Topinion  publique,  et  assurer  L  esprit 
de  suite  et  la  continuité  dans  les  travaux  parlementaires; 

2Û  La  liberté  de  conscience,  par  la  séparation  des  Églises  et  de  LÉCat  et  la  suppression 
du  budget  des  cultes  ; 

3°  L'unité  d’enseignement,  pour  sauvegarder  les  droits  de  Tentant  et  la  liberté  des 
pères  de  famille  ;  pour  faire  cesser  les  funestes  divisions  actuelles,  conséquences  fatales 
de  l'enseignement  congréganiste,  opposé  partout  à  renseignement  laïc; 

kt}  La  réduction  du  service  militaire  à  2  ans  et  égal  pour  tous  ;  à  i  an  si  possible,  pour 
arriver  enfin  à  la  suppression  des  armées  permanentes  qui  ruinent  les  nations,  et  à  l'orga¬ 
nisation  des  milices  nationales,  lesquelles,  par  Ténormo  réduction  des  charges  militaires 
qui  en  résulterait,  rendraient  la  France  forte  et  invincible  en  même  temps  que  riche  et 
prospère  ; 

5°  L’impôt  sur  le  revenu  global  et  progressif,  seul  moyen  de  faire  contribuer  chaque 
citoyen  au  payement  des  charges  publiques  en  proportion  de  sa  fortune  et  des  avantages 
qu'il  retire  de  l’organisation  sociale  ; 

6”  Suppression  progressive  des  impôts  indirects,  qui  réalisent  de  façon  si  ironique 
Légalité  des  pauvres  et  des  riches  devant  l’impôt  ; 

T  Le  droit  à  la  retraite,  reconnu  à  tous  les  vieux  travailleurs  sans  distinction  de  sexe 
et  de  métier  : 

8°  La  suppression  des  prestations,  cet  odieux  prolongement  des  corvées  ;de  Lancien 
régime  ; 

9tJ  La  suppression  des  octrois,  forme  d’impôt  injuste,  tracassière  et  surannée  ; 

10°  La  libre  circulation  du  vin  au  môme  titre  que  tous  les  produits  de  la  terre  ; 

i!ü  La  révision  de  la  loi  des  boissons  aûn  de  sauvegarder  dans  la  mesure  du  possible 
les  droits  des  bouilleurs  de  cru,  soit  en  conservant  leur  ancien  privilège,  soit  en  organisant 
des  distilleries  communales,  soit  par  tout  autre  moyen  propre  à  rétablir  Légalité  entre  les 
bouilleurs  et  leur  permettant  de  distiller  leurs  produits  dans  des  conditions  à  déterminer. 
En  aucun  cas  et  à  aucun  prix,  leurs  intérêts  ne  devront  être  sacrifiés  aux  intérêts  du  syndicat 
des  gros  distillateurs  du  Nord  ; 

12*  Établissement  d'un  droit  différentiel  de  50  francs  par  hectolitre  sur  les  alcools  de 
vins  et  de  fruits,  considérés  comme  alcools  de  bouche,  et  dont  la  taxe  serait  ramenée  à 


203  - 


N°  1162 


170  francs  ;  les  alcools  d’industrie  étant  plus  spécialement  réservés  pour  les  usage 
industriels,  chauffage,  éclairage,  etc. 

Citoyens, 

Voilà  ce  que  nous  voulons,  voilà  le  programme  que  nous  vous  soumettons  et  que  tous, 
travailleurs  dos  campagnes,  commerçants  et  ouvriers  de  la  ville,  vous  ferez,  nous  en  avons 
le  ferme  espoir,  triompher  le  27  avril  prochain. 


Vive  la  République  démocratique  et  sociale  1 


BOWIEY-ALLEX, 

Conseiller  général, 
Maire  de  Villers-la-Faye, 
Candidat  socialiste. 


2e  circonscription  de  DIJON 

M.  MOTEAU 

Élu  au  1CT  tour  de  scrutin.  —  8.817  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Le  mandat  que  vous  m’avez  confié  touche  à  sa  fin.  Voulez-vous  me  le  renouveler? 

Denuis  quatre  ans  que  j’ai  l’honneur  de  vous  représenter,  vous  avez  appris  a  me  con¬ 
naître  l’ai  conscience  d’avoir  toujours  agi  conformément  à  ce  que  je  considéra, s  comme  mon 
devoir,  et  d’avoir  toujours  défendu  ce  que  j’ai  pensé  être  vos  intérêts,  toutes  les  fois  qui. 
n’étaient  pas  contraires  aux  intérêts  généraux  du  pays.  Je  vous  annonçais,  en  1898  mon 
intention  de  m’attacher  particulièrement  aux  réformes  qui  pouvaient  amener  plus  de  bien 
être  parmi  les  travailleurs  et  dans  les  campagnes:  développement  des  institutions  de  pré¬ 
voyance  et  d’assistance,  retraites  ouvrières,  révision  du  cadastre,  enseignement  profes- 
rimïtréL  industriel  et  agricole,  réforme  de  nos  lois  civiles  en  ce  qu'elles  ont  de  suranné, 
suppression  do  vagabondage  «  de  la  mendicité,  etc  A»  aet  qadatcoo 
dénosé  plusieurs  propositions  de  loi  dans  ce  sens,  et  si  je  n  ai  pu  faire  davantage,  cesl  que 
ia  politique,  au  cours  de  la  législature  qui  finit,  n’a  pas  laissé  suffisamment  de  place  aux 

Ülit‘ SiSTOulmr!envoCyeTà  la  Chambre,  je  commuerai  à  cet  égard  dans  la  même  voie  Vous 
pouvez  compter  sur  toute  ma  bonne  volonté.  Je  vous  ai  consacre  tout  mon  temps  et  toutes 
mes  peines  J’ai  laissé  de  côté  tout  ce  qui  n’était  pas  l’exercice  de  mon  mandat.  Je  ne  m  en 
fais  pas  gloire,  car  je  considère  que  c’est  de  la  simple  honnêteté  de  la  part  d  un  represen- 

tailt  Je  suis  fermement  résolu  à  rester  fidèle  à  cette  ligne  de  conduite  et  à  faire  toitf  mon 
possible  pour  améliorer  la  situation  de  l’agriculture  et  des  cultivateurs.  Mais  je  ne  vous  lerai 
pa^de  belles  promesses  :  c  est  trop  facile,  et  je  laisse  ce  procédé  aux 
charlatans  qui  cherchent  à  se  faire  une  position  en  dupant  les  électeurs.  Ceuxri .vous  pro 
mettront  tout  ce  que  vous  voudrez  :  de  vous  faire  vendre  voue  blé,  vo  re  houblon  vos 
laines,  vos  betteraves,  votre  vin,  aux  prix  les  plus  fantastiques  Au ‘  ^z- 

traient  n’importe  quoi;  cela  ne  leur  coûte  pas  plus,  et  ils  nen  font  pas  davantaQe.  Cioyez 


_ 


moi,  mes  amis,  défiez-vous  do  ces  gens-là;  et  de  ceux  qui  affectent  de  déplorer  telle  ou  telle 
mévente  agricole,  en  rendant  responsable  de  cette  mévente  le  député  qu’ils  combattent.  Ils 
promettent  de  faire  cesser  un  pareil  état  de  choses,  comme  si  cela  dépendait  d’eux  et 
comme  si  le  député  qu’ils  attaquent  n’eût  pas  été  intéressé  tout  le  premier  à  le  faire  cesser! 
Défiez-vous  aussi  de  ces  hommes  sans  principe  ?,  anciens  boulangistes,  qui  s'affublent 
aujourd’hui  de  Tétiquette  républicaine,  mais  qui  sont  en  réalité  des  agents  nationalistes, 
patronnés  et  soutenus  par  la  coalition  des  réactionnaires,  dont  beaucoup,  d’ailleurs,  se 
disent  également  républicains  pour  les  besoins  de  la  cause. 

Maïs  vous  êtes  trop  éclairés  pour  que  j’aie  besoin  d’insister  sur  ce  point-  Reste  à  exa¬ 
miner  ma  conduite  politique.  Là  encore,  j’ai  conscience  d’avoir  fait  mon  devoir  et  de  vous 
avoir  loyalement  représentés*  Aucun  homme  de  bonne  foi  nej>eut  m’accuser  de  û’être  pas 
resté  fidèle  à  ce  que  je  vous  avais  promis.  Je  m’étais  engagé  à  repousser  toute  tentative  de 
mise  en  pratique  des  théories  collectivistes:  je  l’ai  fait  et  je  vous  le  promets  encore.  Je 
m’étais  engagé  aussi  à  défendre  les  institutions  républicaines  contre  leurs  ennemis  quels 
qu’ils  fussent  ;  et  je  ne  pense  pas  qu’on  puisse  m’accuser  d’y  avoir  manqué.  C’est  même  cela 
qui  m’a  valu  les  attaques,  les  calomnies  et  les  insultes  de  la  réaction  et  des  cléricaux, 
furieux  de  voir  que  je  ne  consentais  pas  à  faire  leur  jeu.  Mes  votes  en  faveur  de  la  loi  sur 
les  associations  les  ont  surtout  exaspérés,  et  c’est  depuis  lors  qui1! J  s  me  traitent  de  sectaire 
et  m’accusent  do  porter  atteinte  à  la  liberté  de  conscience.  Un  sectaire  est  celui  qui  se 
décide  aveuglément  par  esprit  de  secte  ou  par  esprit  de  parti  :  je  o’agis  point  ainsi.  Aucune 
de  mes  décisions  n’est  prise  qu’après  mure  réflexion  et  en  pleine  indépendance. 

Et  quant  à  la  liberté  de  conscience,  comment  pourrais-je  y  porter  atteinte,  moi  qui  con¬ 
sidère  que  c’est  la  première  de  toutes  les  libertés?  Moi  qui  ne  permets  à  personne  de 
s’occuper  de  ce  que  je  puis  penser  en  matière  religieuse,  et  qui  ne  me  permets  pas  à  moi- 
même  de  m’occuper  des  opinions  religieuses  de  qui  que  ce  soit  ?  D’autre  part,  m’a-t-on 
entendu  parler  autrement  qu’avec  respect  et  reconnaissance  des  Petites-Sœurs  des  pauvres, 
par  exemple,  qui  se  consacrent  au  soulagement  des  vieillards  indigents,  ou  des  religieuses 
qui  s’en  vont  soigner  nos  soldats  et  nos  marins  sur  les  champs  de  bataille  ou  dans  nos 
colonies  les  pins  malsaines?  Mais  est-ce  porter  atteinte  à  la  liberté  de  conscience  que  de 
mettre  un  terme  à  l’entreprise  de  dissolution  sociale,  à  l’action  réactionnaire  et  antilibérale 
de  certaines  congrégations,  véritables  foyers  de  guerre  civile,  pour  qui  la  religion  n’est 
qu’un  prétexte,  et  dont  la  puissance  néfaste,  si  on  l’eût  iâissée  s’accroître,  pouvait,  d’un 
jour  à  l’autre,  détruire  toute  l’œuvre  de  la  société  moderne  et  nous  ramener  de  cinq  siècles 
en  arrière?  En  m’opposant,  par  mes  votes  dans  cette  loi  des  associations,  au  danger  que 
ces  congrégations  faisaient  courir  à  la  République  et  même  à  la  Patrie,  je  suis  certain  d’avoir 
agi  en  bon  citoyen  et  de  n’avoir  en  rien  attenté  la  liberté  de  conscience. 

Au  surplus,  je  suis  en  relations  constantes  avec  plusieurs  milliers  d’entre  vous*  Je  puis 
dire  que  je  juge  ma  conduite  politique  dTaprès  vos  appréciations,  et  je  suis  fier  de  constater 
qu’un animèjnent  rues  correspondants  m’ont  félicité  de  la  voie  que  j’ai  suivie  sans  faiblesse. 
Que  ceux  d’entre  vous  qui  sont  d’un  avis  différent  vote  ni  contre  moi  ;  je  neveux  représenter 
que  des  citoyens  dont  j’aie  la  confiance. 

Par-dessus  tout,  né,  comme  tous  mes  ascendants,  dans  la  Côte-dTÔr,  dont  ma  famille 
est  originaire  et  qu  elle  n’a  jamais  quittée,  je  tiens  à  conserver  l’esiime  et  la  sympathie 
qu’ils  y  ont  acquises  par  leur  probité  et.  leur  loyauté;  et  j’aimerais  mille  fois  mieux  ne 
jamais  rentrer  au  Parlement  que  de  renoncer  à  cette  estime  et  à  cette  sympathie  de  mes 
compatriotes. 

Allez  donc  librement  au  scrutin,  mes  chers  concitoyens,  volez  en  toute  indépendance. 
J’attends  avec  confiance  votre  décision. 

Alfred  MllTEÀU,  Député  son  an  r, 

Conseiller  général, 

Candidat  d’Union  républicaine. 


_ 205  —  N°  1162 


Circonscription  de  SE  MUR 

M.  DEBUSSY 

Elu  au  lEr  tour  de  scrutin.  —  8.567  voix. 


Mes  cliers  Concitoyens, 

Le  mandat  que  vous  m’avez  confié  en  1898  est  expiré  ;  je  viens  vous  en  demander  le 
renouvelle  ment. 

J'ai  conscience  d’avoir  été  fidèle  à  mes  promesses.  En  sincère  républicain,  préoccupé 
uniquement  de  l'intérêt  général,  je  me  suis  appliqué,  pendant  cette  législature,  à  servir  de 
nm  mieux  mon  pays  et  la  République. 

Au  Parlement,  membre  de  plusieurs  grandes  Commissions,  notamment  de  la  Commis¬ 
sion  des  douanes,  j’ai  soutenu,  toujours  avec  succès,  les  intérêts  de  l’industrie  et  de  l’agri- 
culture. 

Appelé  au  Comité  consultatif  des  chemins  de  fer,  f  y  ai  défendu,  comme  à  la  tribune  de 
la  Chambre,  les  intérêts  généraux  du  pays  contre  les  exigences  des  grandes  compagnies* 

Mon  programme  reste  le  même  qu’en  1898,  puisqu’une  partie  seulement  des  réformes 
que  je  demandais  alors  ont  pu  aboutir  ;  la  faute  en  revient  à  l'obstruction  nationaliste  qui, 
par  des  interpellations  sans  nombre,  a  fait  perdre  à  la  Chambre  un  temps  précieux* 

C\5£t  ainsi  que  la  prochaine  législature  devra  faire  aboutir  trois  réformes  importantes 
qui  devraient  être  déjà  votées,  ce  sont  ; 

Le  service  militaire  de  deux  ans  ; 

La  loi  sur  les  retraites  ouvrières* 

L’impôt  sur  le  revenu  en  remplacement  de  la  cote  personnel  le-mobilière,  des  portes  et 
fenêtres  et  d’une  partie  de  l’impôt  foncier  sur  la  propriété  rurale  non  bâtie* 

Ces  questions,  mûres  pour  passer  du  domaine  de  la  discussion  dans  celui  delà  pratique, 
sont  assurées  démon  concours  le  plus  actif.  Il  faudra  voter  la  loi  des  patentes,  adoptée  par 
le  Sénat,  qui  diminue  le  petit  patenté. 

Il  faudra  enfin,  dans  l’ordre  judiciaire,  étendre  la  compétence  du  juge  de  paix,  abréger 
la  lenteur  de  la  procédure  et  réduire  les  frais  de  justice* 

Je  voudrais  aussi  que  le  contrôle  financier  du  Parlement  fut  élargi* 

Comme  précédemment,  je  me  consacrerai  à  l’étude  des  intérêts  économiques  de  notre 
pays* 

La  concurrence  entre  Les  nations  devient  chaque  jour  plus  ardente,  en  raison  de  1  aug¬ 
mentation  de  la  production  ;  il  faut  donc,  tout  en  garantissant  notre  production  nationale, 
chercher  à  ouvrir  des  débouchés  nouveaux. 

G’est  à  cette  œuvre  que  la  République,  enfin  débarrassée  de  ses  éternels  ennemis,  se 
consacrera. 

Ai-je  besoin  de  vous  dire  que,  partisan  de  la  liberté  de  conscience,  je  voterai  toute  loi 
qui  assurera  la  liberté  des  Églises  dans  l’État  laïque  souverain* 

Ce  programmé  sera  réalisable  dans  la  prochaine  législature  si  la  nouvelle  Chambre 
commence  par  modifier  son  règlement  et  se  protège  contre  les  agitations  stériles  des  partis 
et  les  interpellations  inutiles.  La  réforme  parlementaire  sera  la  clef  des  autres. 

Telles  sont  dans  les  grandes  lignes  les  réformes  que  je  m’engage,!  si  non  a  faire  triompher, 
du  moins  à  appuyer  par  ma  parole  et  par  mes  votes* 

Je  ne  me  laisserai  détourner  ni  de  mon  but,  ni  de  mon  idéal*  Mon  but  est  celui  de  la 
démocratie  laborieuse:  la  prospérité  économique  de  notre  pays,  l1  amélioration  constante 


206  ~ 


du  sort  des  humbles  et  des  travailleurs,  en  un  mot,  révolution  continue  du  progrès  social, 
Mon  idéal  est  l’idéal  républicain  :  le  règne  de  la  justice  et  de  la  bonté,  de  la  concorde  et  de 
l'union. 

Pour  réaliser  ce  programme  limité  mais  précis,  je  fais  appel  à  toutes  les  forces  delà 
démocratie. 

Vivent  les  réformes  démocratiques  ï 
Vive  la  République  ! 

À.  DEBUSSY,  Député  sortant, 
Candidat  républicain  radical, 


—  207  — 


N°  1162 


COTES-DU-NORD 


lrc  circonscription  de  DÏNAN 
M.  JACQÜEMIN,  décédé,  remplacé  par  M.  BAUDET 


Voy.  Élections  partielles. 


2°  circonscription  de  DINAN 
H.  de  LÀRGENTÀYE 

Élu  an  1er  tour  de  scrutin.  —  0.379  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Profondément  indigné  comme  vous,  du  honteux  gouvernement  qui  nous  opprime,  j’ai 
accepté  d’être  encore  une  fois  le  représentant  de  tous  les  honnêtes  gens,  de  tous  les 
hommes  d’ordre  du  pays.  Point  besoin  de  longues  phrases  pour  exposer  mon  programme  * 
c’est,  à  l’heure  qu’il  est,  le  programme  des  patriotes  de  tous  les  partis  dans  la  h  tance  en¬ 
tière. 

La  religion  catholique  respectée  et  la  liberté  religieuse  pour  tous. 

L’armée  et  le  drapeau  national  inis  au-dessus  de  toutes  les  querelles  do  parti  et  pro¬ 
tégés  contre  la  trahison  et  les  insultes  des  sans-patrie* 

L’agriculture  secourue  enfin  d’une  façon  efficace,  et  protégée  contre  les  impôts  toujours 
croissants. 

Les  économies  remplaçant  le  gaspillage  effréné  de  nos  finances* 

U  ire  politique  libérale  à  l’intérieur;  une  politique  extérieure  vraiment  nationale,  per¬ 
mettant  à  notre  patrie  de  conserver  dans  le  monde  la  place  qu’elle  ne  tarderait  pas  a  perdre 
sous  la  direction  des  panamistes  et  des  dreyfusards. 

La  France,  en  un  mot,  délivrée  de  la  tyrannie  des  Juifs  et  des  francs-maçons. 

Voilà  ce  que  je  veux,  ce  que  je  ne  cesserai  de  réclamer  énergiquement,  vous  le  voulez 
comme  moi  et  vous  Y  a  fermerez  une  fois  de  plus  en  me  confiant  pour  la  sixième  fois  1  hon¬ 
neur  de  vous  représenter. 

RIÜUST  do  LÂRGENTAYE, 

Député. 


lrc  circonscription  de  GUINGAMP 


M.  le  vicomte  du  RQSCOÀT 
Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  6.612  vois. 


Messieurs, 

Si  je  n’avais  écorné  que  mes  goûts  ou  mes  intérêts,  je  n’aurais  jamais  renoncé  à  la  vie 
tranquille  et  respectée  que  je  mène  au  milieu  de  vous. 

Mais  les  circonstances  sont  graves,  toutes  nos  libertés  sont  nrnacèesou  détruites.— 
Ce  que  l’on  croyait  irréalisable,  il  y  a  seulement  quatre  ans,  est  dépassé  et  bien  au  delà 
Religieux  ou  religieuses  vivent  ^ous  la  perpétuelle  menace  de  dispersion  et  de  confiscation! 
Ceux  d’entre  eux  qui  ne  sont  point  encore  en  exil  attendent  leur  sort  de  nos  élections  pro¬ 
chaines. 

t  j 

Le  collège  de  Guingamp,  les  écoles  libres  de  nos  commîmes,  malgré  lo  nombre  de  leurs 
.élèves  et  leurs  succès,  sont  menacés  de  fermeture. 

Et  pendant  ce  temps  nos  finances  sont  gaspillées.  —  Les  déficits  succèdent  aux  déficits, 
malgré  les  impôts  les  plus  écrasants. 

L’agriculture  et  le  commerce  ploient  sous  le  poids  de  ces  charges. 

Le  Gouvernement  est  le  premier  à  détruire  l’industrie  en  y  développant  la  grève. 

A  l’extérieur,  nous  n’avons  ni  politique  suivie,  ni  prestige,  ni  influence. 

La  Russie  prend  notre  argent  et,  sauf  quelques  politesses,  que  nous  donne-t-elle  eu 
échange  1 

L’Angleterre  nous  a  fait  reculer  à  Fachoda  et  conteste  nos  droits  à  Terre-Neuve. 

L’armée  et  la  marine,  sauvegarde  de  notre  territoire  et  de  notre  honneur,  sont,  depuis 
deux  ans  surtout,  en  butte  aux  attaques  les  plus  violentes. 

Nos  généraux  sont  sacrifiés  ou  mis  en  disgrâce,  nos  officiers  surveillés  comme  des  mal¬ 
faiteurs  ;  et  uue  horde  de  sans-patrie  peut  impunément  exciter  les  conscrits  contre  leurs 
chefs,  insulter  notre  patriotisme  et  s'attaquer  au  drapeau  tricolore  lui-même,  qu’ils  veu¬ 
lent,  disent-ils,  enfouir  dans  le  fumier  ! 

Où  cela  s’arrêtera-t-il  ? 

Chacun  se  sent  menacé  dans  sa  religion,  dans  ses  intérêts,  dans  ses  affections,  daus 
son  patriotisme. 

hn  présence  de  cette  situation  inquiétante  —  devant  les  déceptions  du  passé,  —  car 
ce  n  était  là  ni  ce  que  vous  désirez  ni  ce  que  l’on  vous  avait  promis,  beaucoup  de  notables 
de  cette  circonscription  sont  venus  me  demander,  par  deux  fois,  de  poser  ma  candidature. 
Je  n’ai  pas  cru  devoir  refuser. 

Presque  tous  parmi  vous  me  connaissent,  au  moins  de  nom. 

Us  savent  que  depuis  trente  ans  je  cultive  moi-même  mes  terres.  Ma  vie  s’est  écoulée 
ainsi  au  milieu  des  cultivateurs  ;  leurs  intérêts  sont  les  miens  et  je  compte  parmi  eux 
beaucoup  de  mes  meilleurs  amis  et  de  mes  plus  fermes  soutiens. 

lis  savent  que  j’ai  toujours  été  partisan  du  commerce  local  et  de  la  petite  industrie  du 
pays,  rendus  plus  difficiles  chaque  jour  par  les  accaparements  do  toute  sorte,  les  hausses 
et  les  baisses  factices  et  les  spéculations  de  tout  genre. 

Ils  savent  enfin  que  je  suis  un  catholique  sincère  et,  si  j’ai  horreur  de  l’ostentation  reli¬ 
gieuse,  je  n  ai  jamais  eu  peur  d’affirmer  hautement  et  toujours  mes  sentiments  ehré- 
liens  t 

Trois  fois  élu  conseiller  général,  maire  de  ma  commune  depuis  de  longues  années,  jJai 


N°  1 162 


—  209  =3 

toujours  défendu  avec  énergie,  souvent  avec  succès,  les  intérêts  généraux  et  particuliers 

nui  m’ont  été  confias.  #  , 

^  Libéral  je  l’ai  été  et  je  le  resterai.  La  liberté  d’enseignement,  —  la  liberté  de  cons¬ 
cience  —  la  liberté  d’association,  —  le  respect  du  suffrage  universel,  —  le  libre  accès  de  tous 
à  toutes  les  carrières,  sans  autre  considération  que  le  mérite  des  candidats,  —  l’économie 
dans  les  finances,  la  diminution  graduelle  du  nombre  exagéré  des  fonctionnaires,  1  allége¬ 
ment  des  charges  militaires,  tel  est  le  programme  que  je  défendrai. 

La  République  est  depuis  trente  ans  le  Gouvernement  de  la  France.  Au  heu  de  discus¬ 
sions  inutiles,  n’est-il  pas  préférable  que  tous  les  hommes  d’ordre  s’entendent  pour  la  rendre 
libérale  l’arrachant  ainsi  aux  mains  des  francs-maçons  et  des  socialistes  qui  conduisent 
aujourd’hui  la  France  aux  abîmes  et  nous  ramèneraient  fatalement  à  la  violence  et  a 

'  ^"our6  moi,  si  vous  m’envoyez  à  la  Chambre,  j’appuierai  toute  proposition  libérale 
d’où  qu’elle  vienne,  n’ayant  qu’un  but  et  qu’un  désir,  la  grandeur  et  la  prospérité  au 

^'c’est  sur  ces  derniers  mots  que  je  m’arrête.  D’un  bout  de  la  France  à  l’autre,  un  grand 
mouvement  se  produit  en  ce  moment,  sans  distinction  d’opinion,  pour  une  politique  vrai¬ 
ment  française  de  modération  et  de  liberté.  .  ,  .  . . 

C’est  cette  politique  que  nous  ferons  triompher  ensemble  si  vous  le  voulez  b  en. 

Je  vous  demande  de  vous  unir  contre  le  despotisme  etla  tyrannie  du  ministère  actuel, 
et  de  marcher  au  scrutin  comme  des  soldats  marchent  au  combat. 


Pour  la  religion,  la  patrie  et  la  liberté, 


Vicomte  du  ROSCOAT. 


2e  circonscription  de  GUINGAMP 

M.  Louis  OLLIVIER 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  7.250  voix. 


Ligues  de  la  Patrie  française  f.t  de  l’Action  libérale. 
Dieu  et  Patrie. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Les  élections  qui  se  préparent  vont  résoudre  une  question  vitale  pour  le  pays 
r  B  TI!  restera-t-elle  la  proie  des  Francs-Maçons,  des  Juifs  et  des  sectaires  qui 
La  République  ,  ^  gouvernement  de  véritable  liberté,  soucieux  des 

SLÏÏÏÏÏ  ZZlfZLtl  de  l’ordre  «  ,c  respeç,  de  la  Rc,if  n,  sans 

-  nln  ne  saU.  da£  —en.  Apre,  avoir 

Depuis  p  '“ie“"  ’l  jer  m  otocier  juif,  deux  fois  çoudamnè,  le  moistte  n’a  vécu 
bouleversé  le  paj  P  S  prosCription’.  Ses  derniers  méfaits  ont  été  de  chasser  de  leurs 
que  de  de  prononcer  la  confiscation  de  leurs  biens.  - 

Actuellement3,  c’est  la  liberté  d’ens’eignement  dont  ses  partisans  ont  voté  la  suppression 

27 


210  — 


pour  n’obéir  encore  qu’à  leurs  haines  antireligieuses  et  pour  empêcher  les  pères  de  famille 
d’élever  leurs  enfants  suivant  leurs  principes  et  dans  leur  foi, 

Toutes  nos  libertés  sont  ainsi  compromises:  liberté  de  conscience,  liberté  d’association, 
liberté  de  la  parole  et  de  la  charité. 

La  liberté  du  travail  est  journellement  troublée  par  les  grèves  ;  la  propriété  menacée 
par  les  socialiste, s  ;  te  commerce  et  l’agriculture  ruinés  par  la  spéculation  juive  et  l’augmen¬ 
tation  continuelle  de  nos  impôts  ;  —  et,  cependant,  le  ministère  est  obligé  d’avouer  un 
déficit  déplus  de  200  millions  qu’il  faudra  combler  par  de  nouveaux  emprunts  entraînant 
de  nouvelles  charges,  —  Enfin  l’armée,  notre  sauvegarde  à  tous,  n’est  même  pas  épargnée. 
Sur  des  délations  inavouables,  nos  meilleurs  officiers  sont  sacrifiés  et  les  journaux  ministé¬ 
riels  ne  cessent  de  les  insulter.  Les  services  sont*  désorganisés  et  les  soldats  ouvertement 
encouragés  à  l’indiscipline  par  les  sans-patrie. 

Rapprochés  par  le  danger  commun,  tous  ceux  qu’anime  le  sentiment  de  l’ordre  et  de  la 
liberté  ont  oublié  leurs  anciennes  querelles.  Républicains  et  libéraux,  tous  se  sont  dressés 
contre  un  ministère  de  discorde  sociale  et  de  ruine,  pour  se  rallier  autour  du  drapeau  delà 
France,  avec  la  Liberté  pour  but,  et  pour  devise  :  Dieu  et  Patrie. 

C’est  à  ce  grand  parti  nationaliste  que  j’appartiens;  et,  de  même  que  vous  avez  désigné 
pour  vous  représenter,  à  des  titres  divers,  presque  tous  les  membres  de  ma  famille  depuis 
plus  de  80  ans,  je  viens  vous  demander  de  me  faire  l’honneur  de  me  choisir  pour  soutenir 
vos  revendications  libérales  contre  les  exploiteurs  de  la  France. 

Avec  ces  hommes  courageux  qui  ont  fondé  les  ligues  de  la  Patrie  française  et  de  l’Action 
libérale,  Jules  Lemaître,  J.  Piou,  F.  Coppée,  Cavaignac,  le  générai  Mercier  et  tant  d’antres, 
je  veux  que  la  République  soit  vraiment  nationale,  je  veux  la  paix  religieuse  au  lieu  de  la 
persécution,  la  propriété  défendue,  l’armée  respectée. 

Avec  tous  ceux  qui  veulent  opposer  la  véritable  fraternité  aux  revendications  haineuses 
du  socialisme,  je  désire  poursuivre  l’amélioration  du  sort  des  travailleurs,  en  diminuant  les 
charges  publiques,  en  recherchant  le  meilleur  moyen  de  réduire  le  service  militaire  sans 
nous  affaiblir,  et  en  développant,  par  une  organisation  plus  féconde  de  la  mutualité,  toutes 
les  institutions  d’assistance  et  de  prévoyance  sociales  qui  sont  nécessaires  au  soulagement 
de  la  vieillesse  et  de  l’infortune. 

A  vous,  mes  chers  Concitoyens,  de  prendre  désormais  ta  décision  que  vous  dictera  votre 
conscience.  Soyez  persuadés  qu’en  volant  pour  moi  vous  voterez  pour  la  liberté  contre  les 
sectaires. 

Votre  tout  dévoué, 

L.  OLLIVIER, 

Avocat,  Docteur  en  droit, 

Conseiller  général  des  Côtes-du-Nord. 


lr*  circonscription  de  LANNION 
M.  DERR1EN 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  5.913  voix. 

Mes  chers  Concitoyens. 

Je  me  présente  de  nouveau  à  vos  libres  suffrages.  Je  viens  vous  demander  le  renou¬ 
vellement  du  mandat  dont  vous  avez  bien  voulu  m’honorer  déjà  à  deux  reprises,  en  mai  1897 
et  en  mai  1898. 


N°  1162 


—  211  — 

»  cette  époque,  je  vous  disais  qu’indépendant  et  patriote  je  placerai  toujours  les 
'nrprêts  de  la  France  au-dessus  des  intérêts  de  parti  et  que  je  soutiendrai  les  ministères 
modérés  contre  les  entreprises  néfastes  du  radicalisme  et  du  socialisme. 

Fidèle  à  cette  déclaration,  j’ai  soutenu  le  ministère  que  présidait  M.  Méline,  et  j 
tm.inurs  combattu  le  ministère  Waldeck-Rousseau-Millerand.  Mes  votes  en  font  foi. 

J  Mon  atUU.de  sera  la  même  si  vous  me  faites  l'honneur  de  me  réélire-,  mon  premier 
devoir  à  la  Chambre  sera  de  m’unir  aux  patriotes  et  aux  libéraux  pour  arracher  le  pouvoir 
an  ministère  funeste  qui  le  détient,  hélas  I  depuis  trop  longtemps. 

^Partisan  de  la  liberté  pour  tous,  je  n’admets  pas  que  contrairement  aux  principes  de 
la  Révolution  Française,  la  loi  crée  des  catégories  entre  les  citoyens  français  et  qu  el  e 
enlève  à  quelques-uns  le  droit  d’enseigner,  de  vivre  et.  môme  de  pr.er  en  commun,  sous  le 

fallacieux  prétexte  qu’il  portent  un  costume  religieux. 

N’est-ce  pas  à  la  loi  qu’il  appartient  surtout  de  respecter  le  domaine  sacie  de  la 

“"lai"  donc  voté  avec  tous  les  républicains  libéraux  contre  la  loi  sur  les  associations, 
Darce  qu’elle  viole  audacieusement  les  principes  de  justice,  de  liberté  et  d  égalité. 

P  Ce  n’est  pas  assez  pour.la  majoritéjradicale-socia liste  qui  nous  gouverne  d  avoir  porté 
atteinte  à  la  liberté  d’association,  elle  veut  encore  supprimer  une  autre  de  nos  liberté 
plus  chères,  la  liberté  de  l’enseignement.  Le  vote  émis  par  la  Chambre  des  Députes, 

13  février  dernier,  ne  laisse  aucun  doute  à  cet  égard. 

Soyez  donc  persuadés,  mes  chers  Concitoyens,  que  si  cette  majorité  conserve  e  pouvoir, 
c’en  sera  bientôt  fait  de  vos  écoles  libres.  On  ne  tardera  pas  à  fermer  ces  établissements 
norissants  de  Frères  et  de  Sœurs  qui  ne  coûtent  rien  aux  communes  et  auxquels  vous  êtes 

si  attachés. 

Parlerai-ie  de  vos  intérêts  matériels  ? 

Vivant  au  milieu  de  vous,  je  connais  les  besoins  de  l’agriculture  Je  sais  qu  elle  SouRre 
depuis  longtemps  et  qu’elle  menace  de  succomber  sous  le  poids  des  charges  qui  1  accablent, 

c’narces  fiscales  et  charges  militaires.  ,  ,  ,  , - 

C’est  en  effet,  sur  nos  papulations  rurales  et  ouvrières  que  pèse  le  plus  lourdement  la 

loi  du  15  juillet  1889,  qui  a  créé  le  service  militaire  obligatoire  de  trois  ans. 

Aussi  voterai-je  la  réduction  de  ce  service,  non  pas  à  deux  ans,  mais  a  un  au.  >  . 

Je  joindrai  également  mes  efforts  avec  ceux  des  amis  de  l’agriculture,  comme  je  n  ai 
cessé  de  le  faire  à  la  Chambre,  non  seulement  pour  assurer  l’adoption  des  mesures  qui 
protègent  les  produits  agricoles  et  en  facilitent  l’écoulement,  mais  encore  pour  repousser 
Lt  nouvel  impôt  qui  viendrait  aggraver  les  charges  des  cultivateurs  et  celles  des  contn- 

bUabJ’estime,  en  effet,  qu’il  est  plus  que  temps  de  mettre  un  frein  au  flot  montant  des 
dépenses  putiUques^tat  ^  ^  de  2  milliards  817  millions  ;  il  dépasse,  en  1902, 

3  milliards  600  millions.  Nous  payons  donc  800  millions  par  an  de  Plus  ^u  e"  Jr^ant 
accroissement  de  dépenses  coïncidant  avec  la  décroissance  des  recettes  n  est-.l  pas  effrayant, 
et  ne  risque-t-il  pas,  s’il  continue,  de  faire  sombrer  la  fortune  de  la  France? 


Mes  chers  Concitoyens, 

L’heure  est  décisive.  Il  ne  s’agit  pas  de  discuter  l’existence  de  la  République  ;  elle  est  la 
forme  légale  du  gouvernement,  et  elle  ne  sera  pas  mise  en  question.  11  s, a5lt  de |  faT 
France  restera  ou  non  entre  les  mains  des  radicaux  socialistes  qui  ne  jugent  qu  à  désorga¬ 
niser  l’armée,  qu’à  supprimer  nos  libertés  les  ptus  précieuses,  et  qui,  si  on  ne  les  arrête, 
ne  tarderont  pas  à  nous  mener  au  collectivisme  et  à  la  ruine. 


—  212  — 


Je  fais  donc  appel  à  tous  ceux  qui  voient  le  péril  et  qui  veulent  le  conjurer  ;  je  les 
adjure  d'associer  leurs  votes  à  ceux  de  tous  les  Français  qui  tiendront  à  honneur  d'envoyer 
siéger  à  la  nouvelle  Chambre  des  hommes  dont  la  devise  sera  : 

Bîe,ut  Patrie  et  Liberté. 

Henry  DERRÏEN, 

Avocat,  Docteur  en  droit, 
Député  sortant. 


2e  circonscription  de  LÀNNION 

M*  LE  TROÀDEC 

Eîu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  5.6^6  voix. 


Mes  chers  Compatriotes, 

Vous  ôtes  appelés,  le  27  avril,  à  élire  votre  député  :  je  viens  à  nouveau  solliciter  vos 
suffrages. 

Deux  fois  déjà,  en  1893  et  en  1898,  vous  m’avez  fait  le  grand  honneur  de  me  choisir 
pour  vous  représenté  au  Parlement;  si  vous  m’y  envoyez  encore,  je  continuerai  à  y  remplir 
mon  devoir  de  mon  mieux,  comme  je  Fai  fait  jusqu'à  présent,  en  honnête  homme  et  eu 
bon  père  de  famille. 

J’y  défendrai  toujours  de  mes  votes  le  Gouvernement  de  ta  République, 

Je  suis  républicain  de  sentiments  et  républicain  de  raison. 

Je  connais,  par  les  leçons  de  l’histoire,  les  fautes  impardonnables  de  nos  rois  et  de  nos 
empereurs;  et  je  ne  veux  pas,  pour  mon  pays,  que  ces  fautes  puissent  se  reproduire. 

Je  n’oublie  pas  que  le  second  Empire,  à  lui  seul,  a  augmenté  notre  dette  de  près  de 
20  milliards;  et  je  n’oublie  pas  non  plus  que,  depuis  trente-deux  ans  qu'elle  existe,  la  Répu¬ 
blique,  tant  décriée  par  la  réaction,  ne  fait,  en  somme,  que  payer  les  folies  des  régimes  qui 
Font  précédée,  et  guérir  les  blessures  faites  par  eux  à  notre  France. 

Si  nos  impôts  sont  trop  lourds,  oe  n’est  pas  à  elle  qu'il  faut  en  faire  Je  reproche  :  c'est 
aux  empires  déchus  et  aux  royautés  mortes  qu’en  incombe  la  responsabilité. 

Mais  nous  devons  restreindre  nos  dépenses  dans  une  sage  mesure;  et  j’estime  que  le 
premier  devoir  de  la  Chambre  nouvelite,  son  devoir  le  plus  impérieux,  sera  d’alléger  chaque 
année  nos  charges  budgétaires* 

Je  m'engage,  pour  ma  part,  à  voter  toutes  les  économies  réalisables. 

Je  voterai  toutes  les  lois  qui  favoriseront  F  agriculture  et  la  marine. 

Je  voterai  celte  loi  de  justice  et  d'humanité  qui  assurera  un  peu  de  pain  dans  leurs 
vieux  jours  aux  ouvriers  des  villes  et  aux  travailleurs  des  campagnes. 

Je  voterai  la  réduction  du  service  militaire,  la  loi  de  deux  ans  et  la  suppression  des 
treize  jours.  Je  voterai  ia  liberté  de  l’enseignement,  sous  le  contrôle  vigilant  de  FÉtat. 

Tous  me  connaissez  assez, mes  chers  Compatriotes,  pour  qu’il  ne  me  soit  vraiment  pas 
nécessaire  de  me  défendre  contre  toutes  les  calomnies  perfidement  répandues  contre  moi 
par  ceux  qui  n’ont  jamais  pu  me  pardonner  d’avoir  fait  triompher  le  parti  républicain  dans 
nôtre  circonscription* 

Nos  adversaires,  désespérant  de  nous  vaincre  tant  que  nous  resterons  unis,  essayent 
par  tous  les  moyens  en  leur  pouvoir  de  jeter  la  division  dans  nos  rangs,  —  Ils  font  parti- 


—  213  — 


N"  H  62 


calièrement  tous  leurs  efforts  pour  tâcher  de  vous  faire  croire  que  je  suis  l’ennemi  de  la 

A  ceux  qui  vous  disent  cela,  vous  pouvez  répondre  hardiment  ou  qu’ils  se  trompent 
ou  qu’ils  veulent  vous  tromper,  ce  qui  est  plus  probable  parce  qu’ils  ont  intérêt  à  le 

faire  é 

Je  n’ai  jamais  été,  je  ne  suis  pas  et  je  ne  . serai  jamais  Tennemi  de  la  Religion- 
Je  suis  de  ceux  qui  savent  respecter  toutes  les  opinions  comme  toutes  les  croyances, 
pourvu  qu'elles  soient  sincères. 

Je  suis  Penneini  du  cléricalisme,  ce  qui  n'est  pas  du  tout  la  môme  chose* 

Le  cléricalisme  n'est  que  l’hypocrisie  de  la  Religion;  et  comme  tout  ce  qui  est  hypocrite 
et  faux,  il  est  méprisable  et  haïssable. 

Paix  à  ceux  qui  prient  1  Guerre  à  ceux  qui  sous  la  masqua  de  la  religion  ne  poursuivent 
que  la  domination  du  peuple! 


Mes  chers  Compatriotes, 

Dans  quelques  jours,  la  République  va  avoir  à  supporter  un  nouvel  assaut  furieux  de  la 
part  de  ses  ennemis  qui  décidément  ne  désarmeront  jamais,  je  le  crois. 

Pour  être  forts,  restons  unis. 

Restons  unis,  je  vous  en  conjure,  pour  la  défense  du  patrimoine  commun,  du  patri¬ 
moine  sacré  de  la  démocratie.  Restons  les  fils  de  891 

Lorsque  sonnera  Pheure  de  la  bataille,  marchons  en  rangs  serrés  sous  les  nobles  plis 
du  drapeau  tricolore;  et,  si  nous  le  voulons  bien,  nous  remporterons  encore  une  nouvelle 
victoire  aux  accents  immortels  de  notre  Marseillaise . 

En  terminant,  je  vous  demande  à  tous  ne  n’apporter  dans  la  lutte  aucune  passion  trop 
vive  ni  surtout  aucun  sentiment  de  hairie,  Combattons-nous  aujourd’hui  à  visage  découvert, 
loyalement,  sans  colère,  sans  violence  et  sans  amertume,  afin  que  nous  puissions  demain 
oublier  sans  aucune  peine  nos  dissentiments  et  nos  querelles  pour  ne  plus  nous  souvenir 
que  d’une  chose  :  c'est  que  nous  sommes  avant  tout  les  enfants  d’une  même  patrie  et  des 
frères  du  même  pays  breton  [ 

Paul  LE  TROADEC, 

Député  des  Côtes-du-Nord. 


Circonscription  de  LGUDÉAG 
M*  MÀNDO 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  14,972  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Il  y  a  bientôt  quatre  ans  vous  me  fîtes  le  grand  honneur  de  me  choisir  pour  représenter 
l'arrondissement  de  Loudéac  a  la  Ghambre  des  Députés, 

J'ai  conscience  d'avoir  tenu  mes  engagements  en  travaillant  sans  relâche  pour  me 
maintenir  à  la  hauteur  du  mandat  dont  vous  m'aviez  investi;  aussi,  est-ce  avec  confiance 
que  je  me  présente  h  vos  suffrages  pour  vous  en  demander  le  renouvelJemeot. 

Vous  m'avez  vu  à  l'œuvre.  Par  mes  acteSj  par  mes  discours,  par  mes  votes,  vous 


—  214  — 

savez  désormais  comment  j’entends  défendre  vos  intérêts,  vos  idées,  vos  libertés  et  vos 
droits. 

Las  nombreux  témoignages  de  vive  sympathie  qui  me  sont  donnés  partout,  depuis  le 
commencement  de  la  période  électorale,  attestent  la  solidité  des  liens  qui  nous  unissent  et 
une  manière  de  voir  commune  sur  l’œuvre  à  poursuivre  dans  notre  circonscription,  où  la 
République  n’est  plus  sérieusement  contestée* 

Vivement  désireux  de  contribuer  à  cette  fusion  des  classes  qui  fera  de  notre  Patrie  unè 
grande  famille  abritée  sous  le  drapeau  tricolore,  je  persévérerai,  si  je  suis  réélu  le  27  avril, 
daus  une  politique  franchement  républicaine,  progressive,  démocratique,  inspirée  par  de 
profonds  sentiments  d’honnêteté,  de  tolérance  et  de  justice  pour  tous. 

Fort  de  mon  indépendance,  voulant  seulement  le  bien  général  de  mon  pays,  je  conti¬ 
nuerai  à  répudier  les  agitations  stériles  aussi  bien  que  les  théories  collectivistes,  dont 
les  doctrines  habilement  présentées  sont  devenues  un  danger  pour  nos  institutions 
républicaines. 

Pour  assurer  dans  le  calme  le  développement  de  nos  affaires  agricoles,  eommcrciales  ou 
industrielles,  il  faut  un  gouvernement  ferme,  un  ministère  repoussant  nettement  les 
mesures  sectaires. 

Il  faut  que  le  Parlement,  dont  les  membres  sont  trop  nombreux,  devienne  une  Chambre 
laborieuse,  discutant  avec  méthode  pour  étudier  sérieusement  les  graves  questions  d’où 
dépend  îa  prospérité  du  pays. 

Notre  armée  nationale  doit  rester  forte  et  respectée  afin  de  maintenir,  dans  un  but 
aussi  sage  que  patriotique,  notre  précieuse  alliance  avec  la  grande  nation  russe. 

Les  finances  publiques  exigent  une  gestion  économique  pour  éviter  un  déficit  qui 
pourrait  devenir  inquiétant. 

J’aurai  toujours  le  respect  de  la  liberté  des  consciences,  du  travail,  de  Renseignement] 
de  la  propriété  individuelle,  des  pratiques  religieuses  et  du  droit  dissociation. 

Un  vrai  représentant  de  la  démocratie  doit,  à  mon  sens,  rechercher  l’améliora  don  du 
sort  des  malheureux  et  des  humbles.  Sans  vouloir  entrer  dans  la  nomenclature  de  pro¬ 
messes,  souvent  plus  faciles  à  faire  qu’à  tenir,  je  ne  puis  cependant  oublier  que  je  sais 
avant  tout  le  député  des  laboureurs  et  je  liens  à  dire  qu’aucun  progrès  réalisable  ne  me 
trouvera  indifférent. 

L’agriculture,  si  éprouvée,  demande  la  réduction  du  service  militaire  pour  lui  rendre 
les  bras  dont  elle  a  besoin.  Je  suis  partisan  de  cette  réforme  avec  les  mesures  que  le 
conseil  supérieur  de  la  guerre  jugera  nécessaire  à  la  sécurité  comme  à  l’honneur  de 
notre  pays. 

Je  désire  le  développement  du  crédit  agricole,  la  création  de  caisses  d’assurances 
contre  les  intempéries  et  la  mortalité  du  bétail,  la  représentation  de  Tagriculture  avec  une 
importante  modification  des  lois  sur  la  police  sanitaire  des  animaux,  en  vue  de  diminuer  les 
frais  et  de  simplifier  les  formalités, 

La  solution  pacifique  des  questions  ouvrières  peut  se  poursuivre  par  le  développement 
de  la  mutualité,  de  la  prévoyance,  par  l’organisation  dTun  système  général  de  retraites 
pour  les  travailleurs  des  villes  et  des  campagnes. 

Nommé,  dans  cette  dernière  législature,  membre  des  importantes  commissions  du 
commerce,  de  l’industrie,  de  l’élevage,  des  courses  de  chevaux;  faisant  partie  du  groupe 
de  la  petite  culture,  de  différents  Jurys  aux  concours  des  races  bovine  et  chevaline  de 
l’exposition  universelle,  j’ai  pris  une  part  active  à  leurs  travaux.  Aujourd’hui,  mon  réel 
désir  est  de  pouvoir  mettre  à  profit  les  connaissances  spéciales  que  j’y  ai  développées  et 
l’expérience  que  j’en  ai  rapportée. 

J’irai  dire  à  haute  voix  les  lourds  impôts  qui  pèsent  sur  ygs  champs,  vos  magasins, 
vos  ateliers,  vos  commerces  et  les  justes  revendications  de  ceux  qui  veulent  encore  rester 
à  cultiver  la  terre  fertile  de  Bretagne. 

Afin  de  donner  du  travail  à  nos  ouvriers,  je  continuerai  à  demander  la  prompte 


_  215  — 


N*  1162 


exécution  de  nos  chemins  de  fer  et  principalement  des  lignes  de  Loudéàc  à  La  Brohinière, 
de  Rostrenen  a  Quin  t  in  et  de  Saînt-Brieuc  à  La  Tantouille-Gollmée-Merdrignac* 

Pour  obtenir  vos  votes,  il  n’est  pas  nécessaire  que  je  continue  des  déclarations  déjà 
longues. 

Sachant  bien  qn’en  dehors  d’une  période  électorale  de  vingt  jours  je  suis  toujours  de 
cœur  comme  de  pensée  au  pays,  et  le  plus  souvent  possible  au  milieu  de  vous,  je  puis  sans 
doute  compter  que  vous  m’excuserez  si  je  me  trouve  dans  l’obligation  de  parcourir  très 
rapidement  les  60  communes  de  notre  arrondissement. 

En  continuant  à  m’honorer  de  vos  suffrages,  vous  me  donnerez  d’autant  plus  d’autorité 
pour  défendre  vos  intérêts  et  les  réformes  exposées  récemment  à  la  tribune  dans  mon 
dernier  discours,  que  vous  me  les  aurez  accordés  plus  nombreux. 

C/est  donc  aux  urnes  que  je  vous  convoque  tous,  mes  chers  Compatriotes,  à  remplir 
sans  abstention  vos  devoirs  de  citoyens  français. 

Dans  l’espoir  que  vous  répondrez  à  mon  appel,  veuillez  agréer,  avec  mes  remercie¬ 
ments  anticipés,  l’expression  de  mon  entier  dévouement. 

E.  MÀNDO,  Député, 

Candidat  républicain 


lre  circonscription  de  SAINT-BRIEUG 

M.  Louis  ARMEZ 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin  —  S .  0ü8  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Vous  me  connaissez  maintenant  depuis  trop  longtemps  pour  ajouter  foi  aux  mensonges 
et  aux  calomnies  que  l’on  répand  sur  mon  compte. 

On  vous  dit  d’abord  que  je  suis  un  ennemi  de  la  religion.  L’accusation  n’est  pas 
nouvelle. 

Depuis  vingt-six  ans  que  vous  m’honorez  de  votre  confiance,  on  vous  répète,  à  chaque 
élection,  que,  si  je  suis  élu,  je  ferai  fermer  les  églises  et  chasser  les  prêtres  de  leur  pres¬ 
bytères. 

Toutes  les  églises  sont  ouvertes  et  jamais  le  clergé  n’a  été  plus  libre  qu’aujourd’hui,  et 
ils  sont  plus  nombreux  qu’on  ne  pense,  les  prêtres  qui  se  sont  adressés  à  moi  avecconfîance 
et  auxquels  j’ai  rendu  service,  car  lorsqu’ils  ne  font  pas  de  politique  et  qu’ils  se  renferment 
dans  l'exercice  de  leur  ministère,  ils  sont,  à  mes  yeux,  des  citoyens  comme  les  autres,  méri¬ 
tant  les  mêmes  égards. 

Croyez-moi,  mes  chers  Concitoyens,  les  gens  qui  fout  du  mal  à  la  religion,  ne  sont  pas 
ceux  qui,  comme  moi,  voudraient  qu’elle  fut  laissée  en  dehors  de  nos  querelles  politiques 
et,  par  suite,  respectée  de  tous,  mais  bien  ceux  qui  s’cn  prétendent  les  défenseurs  et  qui, 
en  réalité,  ne  s’en  servent  que  comme  un  moyen  de  satisfaire  leurs  intérêts  ou  leurs 
ambitions. 

J’ajoute  que,  depuis  que  je  suis  Député,  j’ai  toujours  voté  le  budget  des  cultes,  le  main¬ 
tien  de  l’ambassade  française  au  Vatican  et  les  crédits  demandés  par  le  Gouvernement  pour 
les  missions  qui  contribuent  à  propager  en  Orient  la  langue  et  Pinfluence  françaises. 


-  216  — 


On  fait  aussi  grand  bruit  de  la  liberté  des  pères  de  famille,  mais  il  vous  suffira  de 
regarder  autour  de  vous  pour  voir  de  quel  côté  sont  les  amis  sincères  de  la  liberté* 

Pour  moi,  je  11e  connais  aucun  père  de  famille  qui  ait  été  menacé  d’être  privé  de  sm 
pain  s’il  n’envoyait  pas  ses  enfants  aux  écoles  laïques,  tandis  que  vous  en  connaissez  sass 
doute  beaucoup  que  ceux  dont  ils  dépendent  obligent  à  envoyer  leurs  enfants  aux  écoles 
congréganistes,  sous  peine  de  se  voir  retirer  leurs  moyens  d’existence. 

Ce  sont  donc  mes  amis  et  moi  et  non  pas  mes  adversaires  qui  sommes  les  véritables 
partisans  de  la  liberté  de  conscience. 

Quant  à  la  loi  sur  les  associations,  la  plupart  des  personnes  qui  la  critiquent  de  l'ont 
probablement  jamais  lue,  sans  quoi,  celles  qui  sont  de  bonne  foi  reconnaîtraient  que  la 
nouvelle  législation  qui,  d’ailleurs,  règle  la  situation  de  toutes  les  associations,  qu'elles 
soient  civiles  ou  religieuses,  est  beaucoup  plus  libérale  que  Fancienne,  puisqu’il  étuît aupa¬ 
ravant  interdit  à  plus  de  vingt  personnes  de  se  réunir  sans  s’exposer  à  des  poursuites. 

Mais  ne  trouvez-vous  pas  juste  que  l’on  ait  cru  devoir  obliger  les  membres  des  congré¬ 
gations  à  se  soumettre  aux  lois  du  pays,  comme  les  autres  citoyens? 

Dans  la  situation  que  la  France  occupe  dans  le  monde,  une  armée  puissante  est  nèm* 
saire  à  notre  sécurité  et  à  notre  indépendance  ;  elle  est  la  meilleure  garantie  du  maintien 
de  la  paix  au  milieu  de  laquelle  nous  vivons  depuis  trente  ans. 

Pour  rester  forte  et  pour  pouvoir  remplir  sa  noble  mission,  l’armée,  soumise  au  pouvoir 
civil,  doit  être  respectée  de  tous;  aussi  personne  ne  déplore  plus  que  moi  les  injures  qui 
lui  sont  parfois  adressées. 

Mais  je  crois,  et  c’est  aussi  l’opinion  de  beaucoup  d’hommes  compétents,  qu’on  pourrait 
sans  danger  réduire  la  durée  du  service  militaire,  à  la  condition  de  prendre  auparavant  Ieï 
mesures  necessaires  pour  favoriser  les  rengagements. 

Il  ne  faut  pas  vous  effrayer  d’un  déficit,  d’ailleurs  passager,  qui  a  été  constaté  en  190! 
et  qui  tient  à  deux  causes  principales  dont/  les  contribuables  auraient  mauvaise  grâce  à  se 
plaindre. 

D’abord,  îa  nouvelle  loi  sur  les  boissons  a  eu  pour  résultat  de  rendre  le  produit  des 
impôts  indirects  très  inférieur  aux  prévisions. 

En  second  Heu,  par  suite  de  la  bonne  récolte  de  1900,  il  est  entré,  en  1901,  moins  de 
blés  étrangers  que  les  années  précédentes,  et  les  recettes  de  la  douane  ont,  elles  aussi,  été 
plus  faibles  qu’on  ne  l’avait  prévu;  mais  les  cultivateurs  ne  peuvent  que  se  féliciter  de  celle 
diminution  de  l’importation  des  céréales  étrangères. 

D’ailleurs,  je  suis  contribuable  comme  vous,  et,  par  conséquent,  tout  aussi  intéressé 
que  vous  à  toutes  les  économies  compatibles  avec  la  bonne  marche  des  services  publics, 
c’est  pourquoi  j’ai  voté  l’amendement  Berthelet,  qui  a  pour  but  de  restreindre  l’initiative  du 
Parlement  en  matière  de  dépenses  ;  mais,  lorsque  les  Députés  votent  des  augmentations  de 
crédits,  ils  ne  font,  sachez-le  bien,  que  céder  aux  pressantes  sollicitations  des  électeurs  qui 
leur  adressent  constamment  des  demandes  ayant  pour  résultat  de  grossir  les  dépenses. 

Au  point  de  vue  social,  je  pense  que  le  devoir  dJun  Député  n’est  pas  de  rester  sourd  i 
aux  plaintes  de  ceux  qui  travaillent  et  qui  souffrent,  mais  qu’il  doit  au  contraire  les  écouter 
avec  bienveillance,  tâcher  de  discerner  ce  qu'il  y  a  de  juste  et  de  réalisable  dans  les  aspi¬ 
rations  des  travailleurs,  et  accomplir  de  bonne  grâce  les  réformes  pacifiques  qui  sont  la 
meilleur  moyen  d’éviter  les  révolutions  violentes* 

Je  n'ai  pas  besoin  de  vous  dire,  mes  chers  Concitoyens,  que  si,  comme  je  n’en  doute 
pas,  vous  continuez  à  m'accorder  votre  confiance,  j’apporterai  à  la  défense  de  vos  intérêts  | 
le  même  dévouement  que  par  le  passé  et  peut-être  un  peu  pl  us  d’expérience  que  n’en  pour-  j 
raît  avoir  un  jeune  étranger,  nouveau  venu  dans  notre  département. 

Louis  ARMEZ,  Député, 

Candidat  républicain, 

Président  du  Conseil  généra!  des  Côtes-d  mNonir 
Président  du  Comice  agricole  de  Paîmpol- 


2°  circonscription  de  SAINT -BRIEUC 


U.  LIMON 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  12,536  voix. 


Messieurs  et  chers  Concitoyens, 

Ma  candidature  est  sortie  d’une  réunion  de  libéraux  où  toutes  les  communes  de  la  cir¬ 
conscription  étaient  représentées. 

Mon  programme  politique  est  celui  de  la  Patrie  française  et  de  l’Action  libérale.  Je 
veux  la  République,  mais  une  République  libérale,  ouverte  à  tous,  où  la  belle  devise  : 
Liberté,  égalité,  fraternité,  ne  servira  pas  uniquement  à  décorer  les  façades  de  nos 
monuments. 

Je  suis  nationaliste  et  nettement  antiministériel  :  il  est  temps  que  la  franc-maçonnerie 
cesse  d’exploiter  notre  pays  au  profit  de  ses  créatures. 

Je  voterai  le  rétablissement  des  libertés  confisquées  par  le  cabinet  actuel  :  liberté  de 
conscience,  liberté  d’association  pour  tous  sous  une  loi  commune,  liberté  du  travail,  lijpertê 
d’enseignement. 

Il  est  intolérable  que  le  père  de  famille  ne  puisse  pas  élever  ses  enfants  suivant  ses 
convictions. 

L’expulsion  des  religieuses  privera  les  hôpitaux  de  leurs  meilleurs  auxiliaires  et  les 
écoles  de  maîtresses  dévouées. 

La  folie  des  laïcisations  froisse  les  sentiments  catholiques  du  pays  et  ruine  les  contri¬ 
buables. 

La  République  ne  doit  pas  appartenir  à  une  coterie.  Je  volerai  donc  contre  le  stage 
scolaire  et  contre  le  monopole  universitaire.  Les  fonctions  de  l’État  doivent  être  accessibles 
à  tous  les  citoyens,  comme  le  veut  la  Déclaration  des  Droits  de  l’homme. 

Le  fonctionnaire  doit  à  l’État  le  travail  pour  lequel  il  est  rétribué;  en  dehors  de  ses 
fonctions,  il  redevient  citoyen  libre.  Les  dénonciations  dontilest  trop  souvent  l’objet  aujour¬ 
d’hui  doivent  être  méprisées  par  un  Gouvernement  digne  de  ce  nom. 

Les  institutions  de  prévoyance  et  de  mutualité  destinées  à  améliorer  le  sort  des  travail¬ 
leurs,  doivent  être  encouragées  et  développées. 

Les  officiers  en  butte,  depuis  f  affaire  Dreyfus,  aux  insultes  des  sans-patrie,  sont  las 
d’être  vilipendés  par  la  presse  ministérielle.  11  faut  que  cela  finisse,  La  Bretagne,  qui  fournit 
à  Parmée  ses  meilleurs  soldats  et  à  la  marine  ses  meilleurs  marins,  répondra  avec  moi  aux 
intellectuels  :  Honneur  à  Parmée!  Respect  au  drapeau! 

La  défense  nationale  impose  de  lourdes  charges  aux  travailleurs,  spécialement  aux  cul¬ 
tivateurs.  13  est  du  devoir  des  représentants  du  pays  de  chercher  à  les  atténuer,  tout  en 
laissant  à  l’armée  sa  force  pour  la  défense  de  la  patrie  et  1©  maintien  de  son  prestige. 

Sera-ce  le  service  de  deux  ans,  sera  -ce  le  service  d'un  an  seulement  qui  finira  par 
l’emporter,  dès  qu’une  loi  sur  les  rengagements  aura  formé  des  cadres  solides?  C’est  ce 
qu’étudieront  les  militaires  compétents  et  les  représentants  du  pays.  Mon  concours  dans  ce 
sens  leur  est  acquis. 

L’agriculture  est  la  source  de  toute  richesse,  Ses  produits,  comme  ceux  du  commerce  et 
de  l’industrie,  ont  droit  à  une  équitable  protection  contre  l’invasion  des  produits  étrangers. 

Il  existe  des  lois  pour  la  répression  des  accaparements*  j’en  demanderai  la  stricte 
application. 

Les  gaspillages  officiels  ont  conduit  nos  finances  à  une  situation  effrayante.  D’anciens 


Ministres  de  la  République,  comme“;MM.  JuleS|Roche  et  Ribot,  nous  annoncent  que  ,1a  '  ban¬ 
queroute  est  imminente,  si  le  suffrage  universel  n’y  met  bon  ordre  eu  élisant  des  Députés 
économes. 

C’est  Pagrieuiture  surtout  qui  souffre  de  Pétât  déplorable  de  nos  finances.  Elle  n’est 
cependant  représentée  à  la  Chambre  que  par  20  Députés  sur  584.  On  y  trouve  400  avocats 
ou  médecins  ! 

Electeurs  de  la  2°  circonscription  de  Saint-Briéuc, 

C’est  précisément  entre  un  avocat,  un  médecin  et  un  cultivateur  que  vous  avez 
à  choisir. 

L’avocat  et  3e  médecin,  autrefois  d’accord  pour  la  fondation  d’un  journal,  semblent 
aujourd’hui  se  combattre. 

M,  Riücho  est  de  ceux  qui  nous  ont  valu  le  docteur  Boyer  et  ses  doctrines.  Il  rPest  pas 
nationaliste...  évidemment  parce  que  cela  déplairait  au  Ministère. 

Entre  ces  trois  candidats,  je  suis  convaincu  que  vous  donnerez  la  préférence  au  culti¬ 
vateur,  qui  vit  parmi  vous  depuis  JO  ans  et  a  voué  sa  vie  au  relèvement  de  notre  agricul¬ 
ture  trop  délaissée. 

a.  LIMON, 

Cultivateur,  Conseiller  général. 
Candidat  républicain  nationaliste. 


CREUSE 


Circonscription  d'AUBUSSON 

M.  MéZIÈRE,  élu  Sénateur,  remplacé  par  M.  SIMON  ET. 


Voyez  Élections  partielles. 


Circonscription  de  BOURG  A  NEUF 

M.  DESFARGES 


Élu  au  let  tour  de  scrutin.  —  5.395  voix. 


Chers  Concitoyens, 

Plus  de  huit  années  se  sont  écoulées,  depuis  que  vous  m’avez  fait  . l’honneur,  pour  la 
première  fois,  de  me  choisir  pour  votre  mandataire  à  la  Chambre  des  Députés,  me  confiant 

ainsi  la  lourde  charge  de  défendre  vos  intérêts. 

À  ce  moment-là,  comme  en  1898,  je  vous  ni  fait  connaître,  par  dos  réunions  publiques 
et  par  mes  professions  de  foi,  mes  aspirations  politiques,  économiques  et  sociales  f  tous  mes 
discours  a  la  Chambre,  tous  mes  votes  et  tous  mes  actes  ont  été  la  consécration  J.  s  théo¬ 
ries  que  je  vous  exposais,  ce  sont  aussi  les  vôtres  et  celles  de  notre  anondissement  qui  a 

toujours  marché  à  Pavant-garde  de  la  démocratie. 

Depuis  plus  de  vingt  années,  depuis  que  jTai  l’âge  d'homme,  je  défends  de  mon  mieux 
les  intérêts  des  travailleurs  ;  je  les  ai  détendus  pendant  pins  de  douze  années  au  Conseil 
des  prud’hommes  de  Paris,  où  j'étais  le  représentant  des  ouvriers,  je  les  défends  depuis 
plus  de  huit  années  à  ia  Chambre  des  Députés  ;  je  n*en  tire  nulle  vanité,  car  je  n  ai  fait  à 
que  mon  devoir 7  mais  je  veux  le  rappeler  cependant,  puisqu’il  faut  opposer  des  actes  a  des 
paru  1  e  s  ■ 

Je  suis,  ce  que  j’ai  toujours  été,  un  républicain  socialiste  convaincu,  partisan  résolu, 
comme  au  premier  jour,  des  réformes  sociales  pour  l’amélioration  toujours  plus  complète 
de  la  classe  ouvrière 

Dans  cette  dernière  législature,  j’ai  proposé  et  fait  voter  par  la  Chambre  des  Députés 
une  réduction  de  cinquante  pour  cent  sur  les  tarifs  de  chemins  de  fer  en  faveur  t  es  mi 
grants,  et  ce  n’est  point  de  ma  faute  si  cette  mesure  n’est  pas  encore  devenue  une  réalité, 
  différentes  reprises,  je  suis  intervenu  dans  la  discussion  de  la  loi  sur  les  consens  de 
prud'hommes,  et  j’ai  obtenu  des  modifications  à  plusieurs  articles  de  cette  loi  ouvrière. 


—  22â  _ 

J  ai  déposé  et  fait  voter  une  proposition  de  loi  en  faveur  des  pères  et  mères  de  famille 
dont  les  enfants  sont  victimes  d’accidents  du  travail.  Cette  proposition  est  actuellement 
devant  le  Sénat. 


J  ai  fait  voter  également  par  la  Chambre  un  projet  de  résolution  autorisant  la  ville  de 
Guéret  à  réaliser  une  somme  de  deux  cents  mille  francs  pour  la  construction  d’un  musée. 

J  ai  obtenu  la  création,  dans  six  communes  de  notre  arrondissement,  de  bureaux  de 
acteurs  receveurs  des  postes.  Quelques  autres  communes  sont  en  instance  pour  en  obtenir; 
jb  rn  efforcerai  de  ieut  faire  accorder  satisfaction  le  plus  promptement  possible,  ainsi  que 
poui  Je  service  des  courriers,  J’ai  aussi  obtenu  des  subventions  pour  plusieurs  constructions 
scolaires  et  des  concessions  de  livres  pour  un  grand  nombre  d’écoles. 

^  Si  je  n ai  pu  encore  obtenir  j* exécution  du  chemin  de  fer  à  voie  normale  de  lîourganeuf 
a  Felletîn,  je  n’en  ai  pas  moins,  avec  les  sénateurs  Viîlard  et  Renard,  fait  de  nombreuses 
et  pressantes  démarches  à  cette  effet  auprès  des  pouvoirs  publics,  et  je  les  continuerai  jus¬ 
qu  a  ce  que  satisfaction  soit  accordée  à  la  population  si  digne  d’intérêt  de  cette  région. 

De  plus,  je  demanderai  instamment  l’approbation  du  Ministre  des  Travaux  publics  du 
projet,  dont  1  étude  est  achevée,  d’un  chemin  de  fer  départemental  d’Àuzances  à  Saint- 
Léonard,  dont  le  tracé  traverse  tout  notre  arrondissement,  et  est  appelé  à  donner  satisfac¬ 
tion  à  de  grands  intérêts  agricoles. 

Joutes  les  questions  commerciales,  industrielles  et  agricoles  seront  Fobjet  de  mon 
attention,  et  je  m’efforcerai  de  réaliser  le  programme  suivant  ; 

1°  Caisse  de  retraite  pour  les  vieux  travailleurs,  lois  de  prévoyance  et  de  solidarité 
sociales  ; 

2°  Réforme  do  l’assiette  de  l’impôt  ;  impôt  progressif  sur  le  revenu  global,  avec  dégrè¬ 
vement  à  la  base  ;  6 

311  Réduction  du  service  militaire  à  deux  ans; 

4°  Revision  de  îa  Constitution  par  une  Constituante,  afin  d’assurer  la  prépondérance  du 
suffrage  universel  ; 

.»  Séparation  des  Églises  et  de  l'État,  liberté  absolue  de  conscience,  suppression  du 
budget  des  cultes,  et  retour  à  la  Nation  des  biens  dits  de  mainmorte; 

6n  Réduction  des  gros  traitements  ; 

~i  Exploitations  par  l’État  des  chemins  de  fer  et  des  mines; 

B°  Révision  des  patentes; 

9°  Suppression  des  prestations  ; 

1CT  Loi  sur  les  incompatibilités  parlementaires,  pour  interdire  aux  Sénateurs  et  aux 
Députés  de  faire  partie  de  sociétés  financières  ayant  des  rapports  d’intérêt  avec  l’État. 

Voila,  ;  n  résumé,  les  principaux  points  du  programme  sur  lequel  je  réglerai  ma  ligne 
de  conduite,  si  vous  me  faites  l’honneur  de  m’accorder  à  nouveau  votre  confiance. 


Mes  chers  ConcitoyeDs; 

Le  parti  collectiviste  m’oppose  un  candidat,  car  je  suis  resté  fidèle  aux  engagements 
que  java, s  pris  devant  vous  en  1893  et  en  1898  ;  je  remercie  ceux  de  mes  vieux  amis  poli¬ 
tiques  qui  m  ont  conservé  leur  confiance,  et  la  sympathie  si  touchante  que  j’ai  rencontrée 
l  ans  toutes  es  communes  que  j  ai  pu  visiter  dans  cette  trop  courte  période  électorale,  me 

faites 8  qUe  63  °  eCteiirS  Savent  rendre  ^ustice  à  ceux  <ïui  rendent  fidèles  aux  promesses 

Non  il  n’est  pas  vrai  que  dans  notre  pays,  si  fermement  attaché  à  la  propriété  indi¬ 
viduelle  et  a  la  liberté,  le  souci  de  la  solidarité,  la  recherche  du  progrès  Portai  se  con- 

StïSpî. ,C?ÏT,#meî  ^  ?"  en>ain  ClS  SUpprimer  la  individuelle  qui 

,  a  ^d<  .  ?  Iber.t0î  T13  a  cleinocralie  poursuit  avec  persistance  l’amélioration  du 

VP1..d  e-UrS;  6  r6  fV0mi  nt  des  petlts  et  des  humbles,  par  une  évolution  continue 

vers  un  idéal  de  justice  et  d’amélioration  sociale. 

Aujourd’hui  pas  plus  que  hier,  je  ne  crois  aux  mots  sauveurs  et  aux  coups  de  baguette 


—  221  — 


N°  1162 


magique;  il  est  beau  de  développer  des  idées  philosophiques,  mais®  est  préférable,  avant 
tout,  de  permettre  aux  travailleurs  do  vivre  dans  des  conditions  meilleures;  je  ne  suis  pas 
prophète  pour  prévenir  l’avenir,  je  suis  un  réaliste,  c’est  un  mandat  de  réformes  immédia¬ 
tement  pratiques  que  je  souscris,  je  suis  de  mon  temps,  j’ai  soif  de  résultats,  et  c’est  pour¬ 
quoi  sans  jamais  perdre  de  vue  l’idéal  d’absolue  justice  qui  anime  et  soutient  tout  socia¬ 
liste  digne  de  ce  nom,  je  ne  saurais  me  résoudre  à  enfermer  le  monde  du  travail  dans  une 
doctrine  et  dans  des  affirmations  philosophiques  d’espérances  sans  lendemain. 

Vous  me  connaissez  tous,  vous  savez  qui  je  suis,  un  homme  d’avant-garde,  qui  a  fait 
ses  preuves  de  dévouement  irréductible  à  la  démocratie,  un  enfant  du  peuple,  un  ouvrier, 
qui  est  resté  avec  le  peuple. 

Je  ne  veux  être  le  complaisant  de  personne,  et  n’ai  jamais  consenti  à  me  servir  de  mon 
mandat  de  Député  pour  faire  du  mal  à  qui  que  ce  soit,  je  préfère  rendre  service  lorsque  je 

le  puis.  . 

Je  ne  consens  pas  davantage  à  me  mettre  sous  la  férule  quotidienne  d’une  discipline 
de  coterie,  je  ne  dois  de  compte  qu’à  mes  électeurs,  et  au  Comité  qui  soutient  ma  candi¬ 
dature  dans  notre  arrondissement. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Je  ne  répondrai  à  aucune  des  attaques  de  la  dernière  heure  ;  du  reste,  je  dédaigne  celles 
qui  me  sont  personnelles;  j'ai  conscience  d’avoir  de  mon  mieux  rempli  mon  devoir  en  me 
tenant  à  l’écart  de  toutes  compromissions  et  des  intrigues  politiques;  aussi  j’attends  votre 
verdict  avec  confiance. 

Vive  la  République  démocratique  et  sociale! 

Antoine  DESFARGES, 

Député  sortant, 

Candidat  républicain  socialiste. 


Circonscription  de  BOUSSAC 
M.  Jean  IODEE 

Elu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  5.226  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Je  suis  un  enfant  du  pays;  je  suis  né  dans  le  canton  de  Boussac,  que  j’ai  toujours 
habité.  Agriculteur  comme  la  plupau  d’entre  vous,  j’ai  tonte  ma  vie  travaillé  à  cette  pro¬ 
fession;  aussi  je  connais  ie  dur  labeur,  la  persévérance  tenace  et  l’économie  qu’il  faut  aux 
paysans  pour  n’être  pas  plus  pauvres  à  la  fin  de  l’année  qu’au  commencement. 

Sans  vous  promettre,  citoyens,  que  cotte  situation  peut  être  changée  du  jour  au  lende¬ 
main,  je  veux  voua  signaler  les  réformes  urgentes,  équitables,  qui  s’imposent  immédia¬ 
tement. 

Réforme  complète  de  l’impôt  qui  frappe  actuellement  surtout  les  pauvres,  par  les 


-  222  - 

prestations,  portes  et  fenêtres,  contributions  personnelle  et  mobilière,  et  aussi  par  les 
droits  établis  sur  les  denrées  alimentaires. 

le  demande  l'établissement  d'an  impôt  progressif  sur  la  fortune,  aussi  bien  sur  l’argent 
ou  fortune  mobilière  que  sur  la  fortune  immobilière,  l’une  et  l’autre  devant  supporter  les 
mêmes  impôts. 

La  fortune  en  capitaux,  qui  échoppe  presque  totalement  à  l’impôt,  est  aussi  ou  plus 
considérable  que  la  fortune  immobilière;  quand  elle  sera  atteinte,  on  pourra  créer  une  caisse 
de  retraites  pour  les  travailleurs  do  toutes  catégories,  aussi  bien  agricole  qu’industrielle. 
On  pourra  aussi  supprimer  les  prestations  qui  sont  restées  pour  nous  rappeler  l’ancienne 
corvée  qui  frappait  si  durement  nos  pères. 

Je  croîs  aussi  que  l’État  doit  garder  la  directio  n  de  l'instruction  des  citoyens  :  je  suis 
partisan  de  l’abolition  complète  de  la  loi  Falloux. 

Je  suis  aussi  partisan  de  l’égalité  devant  l’impôt  du  sang.  Réduction  du  service  mili¬ 
taire  à  2  années  et  suppression  complète  des  dispenses,  avec  indemnité  pour  les  familles 
nécessiteuses  dont  le  üIb  serait  l’indispensable  soutien. 

Je  suis  également  partisan  de  la  séparation  des  Églises  et  de  l’État,  et,  par  suite,  delà 
suppression  du  budget  des  cultes. 

Voici  donc,  Citoyens,  les  réformes  à  réaliser  immédiatement  ; 

1"  Impôt  progressif  sur  la  fortune,  tant  mobilière  qu’immobilière; 

2"  Retraites  aux  travailleurs  de  toutes  catégories  ; 

3“  Abrogation  complète  de  la  loi  Falloux; 

Service  militaire  égal  pour  tous  et  réduit  à  2  ans,  avec  suppression  des  28  et 
13  jours; 

5°  Rachat  des  chemins  de  fer  par  l’État,  aûn  d’en  pouvoir  abaisser  les  tarifs  pour  favo¬ 
riser  l’agriculture;  J 

6°  Réduction  des  gros  traitements  et  diminution  du  nombre  des  fonctionnaires,  sauf 
ceux  appartenant  à  l’enseignement,  aux  postes  et  aux  chemins. 

Citoyens,  aux  élections  de  1898,  vous  avez  prouvé  votre  attachement  à  la  démocratie 
en  envoyant  siéger  à  la  Chambre  des  Députés  le  regretté  Aucouturier  qui,  lui  aussi,  était 
un  modeste,  un  ouvrier. 

Vous  ne  vous  déjugerez  pas. 

Je.  suis  comme  Lui  de  cette  classe  et,  si  je  deviens  votre  élu,  je  vous  promets  que  je  sou¬ 
tiendrai  toujours  et  en  toute  occasion  les  réformes  que  je  vous  ai  indiquées.  Elles  sont 
toutes  de  justice  et  ne  peuvent  être  ajournées  plus  longtemps  sans  exposer  la  République 
aux  plus  graves  périls. 

Jean  JUDET, 

Maire  de  Lavaufranche,  Conseiller  général, 
Candidat  républicain  radical-socialiste. 


—  223  - 


N°  H  62 


Circonscription  de  GUÉRET 
M. DEFUMADE 

Élu  au  '2°  tour  do  scrutin.  —  9. 1 89  voix. 


Mes  cliers  Concitoyens, 

En  venant  solliciter  vos  suffrages,  j’ai  le  devoir  de  vous  faire  une  profession  de  foi  nette 
et  précise. 

Mon  passé  de  républicain  sincère  vous  est  connu.  Conseiller  général  depuis  la  fondation 
de  la  troisième  République,  j’ai  lutté  contre  les  hommes  du  2h  et  du  16  mai,  j’ai 
combattu  le  boulangisme  comme  je  combats  actuellement  le  nationalisme  allié  à  la  réac¬ 
tion,  et  j’ai  toujours  été  associé  aux  mesures  démocratiques  proposées  à  l’assemblée  dépar¬ 
tementale, 

Pendant  la  législature  de  1893  à  1898,  à  la  Chambre  des  Députés,  le  seul  ministère 
que  j’ai  soutenu  a  été  le  ministère  radical  Bourgeois,  et  j’ai  par  mes  votes  refusé  ma 
conliance  au  cabinet  Mèline,  qui  était  hostile  à  toutes  les  réformes  demandées  par  la  démo¬ 
cratie.  J’ai  constamment  fait  partie  du  Comité  d’aciion  pour  Jes  réformes  républicaines,  à  la 
tête  duquel  étaient  MM.  Bourgeois  et  Goblet. 

Au  mois  de  juin  dernier,  je  me  suis  fait  inscrire  au  Congrès  républicain,  radical  et 
radical-socialiste,  dont  le  but  ôtait  de  réunir  en  un  seul  faisceau  toutes  les  forces  éparses 
du  parti  républicain  contre  l’éternel  adversaire  de  la  démocratie,  caché  aujourd’hui  sous  le 
masque  du  nationalisme. 

Le  programme  de  ce  Congrès,  entièrement  conforme  à  mes  principes,  comprend  : 

L’impôt  global  et  progressif  sur  le  revenu,  qui,  devant  être  un  impôt  de  rempla¬ 
cement,  déchargera  tous  les  travailleurs  et  sera  particulièrement  le  grand  dégrèvement  des 
villages  ; 

Le  service  militaire  de  deux  ans,  égal  pour  tous  ; 

La  séparation  des  Églises  et  de  l’État,  rendue  enfin  possible  par  la  loi  sur  les  asso¬ 
ciations  ; 

L’abrogation  de  la  loi  Falloux  ; 

Le  rachat  des  chemins  de  fer  par  l’État,  ce  qui  permet  Ira  d’abaisser  les  tarifs  de 

transport; 

La  création  d’une  caisse  de  retraites  pour  les  travailleurs  de  l’industrie  et  de  l’agri¬ 
culture. 

Je  veux  la  réalisation  de  toutes  ces  réformes  dans  le  large  esprit  de  la  Révolution 
de  1789  et  de  la  Déclaration  des  Droits  de  l’homme,  en  respectant  la  liberté  de  conscience 
et  la  tolérance,  qui  sont  les  principes  fondamentaux  de  la  démocratie.  Mais,  à  aucun  prix, 
je  n’admettrai  qu’on  puisse  empiéter  sur  les  droits  de  la  société  civile,  qui  doit  se  défendre 
contre  les  entreprises  cléricales  et  réactionnaires. 

banni  les  autres  réformes  dont  je  suis  partisan,  je  citerai  notamment;  la  suppression 
des  emplois  inutiles;  la  réduction  des  gros  traitements  ;  l’extension  de  la  compétence  des 
juges  de  paix  et  la  diminution  des  frais  de  justice;  la  suppression  des  sous-préfectures  et 
des  petits  tribunaux;  l’organisation  d’un  fonds  de  secours  contre  la  maladie,  les  accidents, 
l’invalidité  et  le  chômage  pour  les  travailleurs  do  tout  ordre;  la  suppression  du  marchan¬ 
dage,  réforme  qui  intéresse  particulièrement  les  ouvriers  creusois;  le  rétablissement  du 


—  224  — 


scrutin  de  liste  et  le  vote  des  émigrants  par  correspondance;  l'interdiction  aux  députés  de 
voter  à  la  Chambre  les  uns  pour  les  autres  par  procuration, 

Je  ne  réclame  pas  la  suppression  du  Sénat;  mais  je  veux  la  prépondérance  de  la 
Chambre  sur  le  Sénat,  c’est-à-dire  du  suffrage  universel  sur  le  suffrage  restreint.  De  plus, 
je  veux  l'extension  du  collège  électoral  appelé  à  nommer  les  sénateurs. 

Parmi  les  impôts  que  doit  remplacer  et  faire  disparaître  l’impôt  sur  le  revenu,  je 
nommerai  en  première  ligne  ia  taxe  personnelle-mobilière  et  l'inique  impôt  des  portes  et 
fenêtres.  Les  prestations*  vestige  anti-démocraliquc  de  l’ancienne  corvée,  doivent  aussi 
disparaître* 

11  faut  protéger  le  petit  commerce  contre  ïa  concurrence  envahissante  des  grands 
magasins.  Je  proposerai  notamment  la  réduction  des  patentes,  qui  écrasent  le  petit  négo¬ 
ciant.  Je  suis  aussi  partisan  du  dégrèvement  total  des  boissons  hygiéniques  (Vin,  cidre, 
bière)  et  de  la  suppression  du  privilège  des  bouilleurs  de  cru. 

Je  voterai  la  suppression  des  Conseils  de  guerre  en  temps  de  paix  et  le  renvoi  des  délits 
militaires  devant  les  tribunaux  civils.  Daus  la  situation  actuelle  de  l’Europe  et  tant  que  les 
nations  monarchiques  ne  désarmeront  pas,  il  est  indispensable  à  la  République  française 
d’avoir  une  armée  exercée,  capable  de  faire  face  à  l’envahisseur  éventuel*  Mais  je  suis 
l’adversaire  déterminé  des  expéditions  lointaines.  Le  domaine  colonial  de  la  France  est 
assez  vaste,  et  je  réprouve  ces  guerres  inutiles  et  cruelles  où  une  nation  prodigue,  avec  son 
or,  le  meilleur  du  sang  de  ses  enfants.  C'est  pourquoi  fai  voté  à  la  Chambre  contre  l’expé¬ 
dition  de  Madagascar. 

Je  soutiendrai  comme  par  le  passé  renseignement  laïque  et  populaire,  ainsi  que  foules 
les  mesures  législatives  susceptibles  de  développer  la  mutualité  et  la  solidarité  entre  les 
citoyens. 

En  ce  qui  concerne  l’agriculture,  dont  je  me  suis  occupé  toute  ma  vie,  je  favoriserai  de 
toutes  mes  forces  la  création  et  le  développement  des  associations  entre  agriculteurs.  Je 
favoriserai  surtout  l'extension  de  la  petite  propriété,  et  je  demanderai  le  dégrèvement  de 
l  a  contribution  foncière,  au  moyen  de  l’impôt  sur  le  revenu  qui  frappera  enfin,  comme 
c’est  justice,  la  fortune  mobilière.  Je  me  suis  déjà  occupé  et  je  m’occuperai  de  nouveau  de 
la  création  d'une  Banque  de  crédit  agricole,  qui  consentirait  des  prêts  à  un  taux  réduit  aux 
petits  cultivateurs. 

Telles  sont  quelques-unes  des  réformes  dont  je  voudrais  la  réalisation. 

Je  n’ai  pas  la  prétention  de  traiter  ici  toutes  les  questions.  Mais  je  vous  promets  de 
voter  toujours  conformément  aux  intérêts  généraux  du  pays,  de  la  République  et  des  tra¬ 
vailleurs.  Élu,  je  profiterai  de  toutes  les  occasions  qui  me  permettront  de  me  trouver  bu 
communication  avec  Jes  électeurs  de  mon  arrondissement. 

Mes  chers  Concitoyens* 

Je  ne  vous  ferai  pas  mon  éloge*  Vous  me  connaissez.  J'ai  continuellement  habité  au 
milieu  de  vous,  je  suis  creusois  par  l'origine  et  par  le  cœur,  et  je  n’ai  eu,  je  n’ai  toujours 
qu’un  désir  et  qu’une  ambition;  mériter  votre  esnme  en  me  consacrant  tout  entier  à  la 
défense  de  vos  intérêts. 

C’est  dans  ces  sentiments  que  je  me  présente  à  vos  suffrages. 

Si  vous  me  faites  l’honneur  de  m'élire,  je  vous  en  serai  reconnaissant,  et  votre  voté 
sera  pour  moi  un  encouragement  précieux.  Si  je  ne  suis  pas  élu,  je  n’en  continuerai  pas 
moins  à  défendre  la  grande  cause  républicaine,  et  je  crierai  encore  avec  vous  : 

Vive  la  République  démocratique! 

Vive  la  Creuse! 

Â.  DEFÜMADE, 

Vice-Président  du  Conseil  général  de  la  Creuse, 
Candidat  républicain  libéral. 


—  225  — 


N°  1462 


Aux  ÉLECTEURS  DU  CANTON  DE  GUÉRET. 

Mus  chers  Concitoyens, 

Je  considère  que,  si  le  député  a  pour  devoir  de  s’attacher  à  la  défense  des  intérêts 
généraux  de  la  nation,  il  doit.aussi  donner  sa  sollicitude  aux  affaires  locales  qui  intéressent 
son  arrondissement. 

Aussi,  pendant  la  législature  de  1893  à  1898,  je  n’ai  pas  négligé  les  intérêts  du 
canton  de  Guéret.  Je  me  suis  notamment  occupé  du  chemin  de  fer  de  Guéret  a  la  Châtre 
et  du  maintien  de  l’école  normale  de  garçons,  qu’il  était  sérieusement  question  de 
supprimer. 

Si  je  suis  élu,  je  me  joindrai  âmes  collègues  du  Parlement  pour  réclamer  renvoi  a 
Guéret  du  78°  de  ligne  tout  entier. 

Je  demanderai  avec  insistance  qu’un  concours  régional  agricole  ait  lieu  prochainement 
à  Guéret,  où  il  n’y  en  a  pas  eu  depuis  1886. 

A.  D. 


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S'il 


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DORDOGNE 


lra  circonscription  de  BERGER  AG 

M.  rie  LA  BATUT 

É?u  ao  lsr  tour  de  scrutin,  —  10*101  voix. 


Mes  chers  Concitoyens* 

Depuis  vingt-deux  ans  que  je  suis  entré  dans  la  vie  politique,  j  aijléjà  eu  trop  souvent 
I1  occasion  d’affirmer  mes  idées*  j'ai  été  trop  mêlé  à  toutes  les  luttes  du  parti  républicain 
pour  qu’il  soit  nécessaire  de  vous  faire  un  long  exposé  de  principes. 

Mieux  que  les  programmes  retentissants,  les  actes  et  le  passé  des  candidats  permettent 
de  les  juger.  t 

En  m’appelant  en  1398  pour  la  quatrième  fois  h  vous  représenter  à  la  Chambre  des 
Députés  par  près  de  4*000  voix  do  majorité*  vous  m’avez  donné  un  témoignage  d’estime  et 
de  confiance  qui  m’a  été  particulièrement  précieux  et  dont  je  me  suis  efforcé  de  me  rendre 
digne  dans  l’accomplissement  de  mon  mandat. 

Ce  mandat,  je  crois  Y  avoir  fidèlement  et  honorablement  rempli  7  soit  au  point  de  vue 
des  intérêts  locaux,  soit  au  point  de  vue  politique. 

En  ce  qui  concerne  les  intérêts  locaux,  vous  savez  qu’aucune  commune  ne  s'est 
adressée  au  député  de  la  circon;  cription  sans  avoir  son  concours  empressé  et  efficace,  !l 
suffit  d'ailleurs,  pour  juger  dos  résultats  obtenus  de  se  rendre  compte  des  créations  et 
améliorations  faites  depuis  quelques  années  dans  la  circonscription  :  églises,  écoles,  hos¬ 
pices,  ponts,  chemins,  bureaux  de  poste,  bureaux  télégraphiques,  etc. 


Au  point  de  vue  politique*  fidèle  à  mon  programme  qui  est  le  vôtre,  j’ai  voté  toutes 
les  lois  marquant  une  réforme  étudiée,  un  pmg>  ès  réfléchi*  Eu  un  mot  fai  suivi  résolument 
une  politique  de  progrès  républicain.  Mes  votes  sont  là  pour  l'attester. 

Et  maintenant  que  devra  être  l'oeuvre  de  la  prochaine  législature  ? 

La  nouvelle  législature  devra  avoir  à  cœur  de  développer  la  législation  sociale  de  la 
République.  D’abord,  il  faudra  constituer  la  Caissedes  retraites  ouvrières*  Malgré  les  efforts 
d’une  bor  ne  volonté  commune,  le  problème  n’a  pu  être  résolu  par  la  Chambre  actuelle? 
mais  la  démocratie  ne  peut  pas  laisser  plus  longtemps  sans  solution  cette  question  de  la 
vieillesse  souffrante  et  malheureuse  ;  il  y  a  là  un  devoir  de  justice  et  de  solidarité  à  remplir 
avec  le  concoure  des  sociétés  de  secours  mutuels. 

Il  y  aura  lieu  également  d'assurer  le  fonctionnement  régulier  du  crédit  agricole  et  des 
assurances  agricoles  fondées  sur  le  même  principe  fécond  do  la  mutualité. 

Do  nombreuses  questions  surgiront  intéressant  les  rapports  du  capital  et  du  travail,  d| 
Pouvrier  et  du  patron.  Elles  devront  êtreétudi^es  sous  V ÎQspiraiion  du  double  principe  de  la 
paix  sociale  et  du  respect  de  la  propriété  individuelle  dont  Têcolc  coi  h  caviste  se  déclare  si 
audacieusement  J 5 adversaire. 

Les  questions  fiscales  n’auront  pas*  dans  la  prochaine  Chambre,  une  importance 


.\  ?■  '  M  :ÆÊÊÈÈëSë&  ÛîM 


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N°  1162 


moindre  que  les  problèmes  sociaux.  Elle  devra  sentir  plus  que  jamais  le  besoin  de  donner 
au  pays  des  finances  bien  coordonnées,  prospères  et  solides. 

De  toutes  les  réformes,  la  plus  urgente,  la  plus  nécessaire  continuera  à  être  celle  de 
l’impôt.  Mais,  comme  je  l’ai  déjà  dit,  nous  ne  devons  pas  avoir  l'illusion  qu’il  soit  possible, 
ni  désirable,  de  détruire  dans  leurs  fondements  mêmes  des  institutions  fiscales,  qui  ont 
pour  elles  une  expérience  séculaire.  On  doit  les  renouveler  et  les  rajeunir  au  gré  des  néces¬ 
sités  modernes,  sans  inquisition  ni  arbitraire. 

Nous  devons  nous  attacher  à  mieux  proportionner  l’impôt  à  l’impottance  des  fortunes 
acquises,  à  ménager  les  revenus  du  travail,  à  corriger  par  la  réfection  du  cadastre  les  iné¬ 
galités  choquantes  qui  continuent  à  subsister  dans  la  contribution  foncière. 
b  Nous  devons  modifier  l’assiette  des  frais  de  justice  qui  achèvent  trop  souvent  de  ruiner 
les  plaideurs  et  qui  enrichissent  parfois-  d’une  façon  excessive  certains  hommes  d’affaires, 
alors  qu’ils  permettent  aux  autres  à  peine  de  vivre. 

J'appuierai  de  nouveau  de  mon  vote  la  loi  sur  les  patentes,  votée  par  le  Sénat,  afin  de 
dégrever  et  de  mieux  protéger  le  petit  commerce  que  je  n’ai  cessé  de  défendre. 

U  y  a  aussi  les  économies  qui  doivent  être  la  préoccupation  cons  tau  te  du  législateur. 
Mais  pour  faire  des  économies  sérieuses,  il  faut  réviser,  réorganiser  notre  administration, 
en  simplifier  les  rouages  en  décentralisant  les  services  publics. 

Je  continuerai  à  être  pour  la  création  du  permis  de  chasse  journalier,  pour  le  dévelop¬ 
pement;  et  l’affranchissement  de  toutes  les  initiatives  privées. 

Enfin,  fidèle  à  la  tradition  du  parti  républicain,  qui  a  réduit  de  sept  ans  à  cinq  ans, 
puis  de  cinq  ans  à  trois  ans  la  durée  du  .-oivice  nnlitaiim,  je  voterai  toutes  les  réductions  de 
cet  impôt,  le  plus  grave  de  tous,  qui  seront  compatibles  avec  les  nécessités  de  la  défense 
nationale.  Je  crois  une  nouvelle  réduction  du  service  militaire  possible  et  mon  adhésion  y 
est  acquise  d’avance. 

Aucune  considération  d’ordre  électoral  et  d’intérêt  personnel  no  pourrait,  comme  on  l’a 
si  bien  dit,  m’arracher  cet  engagements!  je  n’avais  la  conviction  profonde  que  l’àrméo  dans 
laquelle  le  pays  tout  entier  met  soc  honneur  et  sa  confiance  n’en  sera  pas  moins  forte, 
moins  compacte,  moins  solide,  moins  prête  à  remplir  son  devoir. 

La  République  de  1789  a  proclamé  la  liberté  de  conscience  et  la  liberté  de  renseigne¬ 
ment,  j’y  resterai  fidèle,  tout  en  défendant  la  suprématie  du  pouvoir  civil,  base  essentielle 
des  sociétés  modernes. 

Si  la  législature  réalise  le  programme  que  je  viens  de  tracer,  elle  sera  vraiment  utile. 
Par  les  réformes  pratiques  que  j’indique,  elle  satisfera  les  aspirations  do  notre  démocratie 
et  défiera  tout  à  la  fois  l’esprit  de  réaction  et  l’esprit  de  révolution. 

Cie  programme,  à  la  fois  de  liberté  et  de  progrès,  est  en  même  temps  un  programme 
d’union,  de  concorde  et  de  concentration  entre  tous  les  républicains. 

Autour  de  ce  programme  j'appelle  tous  les  hommes  de  bonne  volonté,  tous  les  citoyens 
pour  lesquels  la  République  est  le  gouvernement  nécessaire  de  la  démocratie.  Je  les  y 
convie  pour  la  prospérité  et  la  grandeur  de  la  Patrie. 

Vive  la  France!  Vive  la  République! 

F,  de  LA  BATUT, Docteur  en  droit, 

Jugo  honoraire  au  Tribunal  de  la  Seine, 
Président  du  Conseil  général  de  la  Dordogne, 
Député  sortant. 


—  228  — 


2e  circonscription  de  BERGERAC 

M.  CLAMENT 

ÉIq  au  iCT  tour  de  scrutin.  —  7.277  yoIx, 


Mes  chers  Concitoyens, 

Pour  la  quatrième  fois,  fai  l’honneur  de  solliciter  de  votre  bienveillance  le  renouvelle¬ 
ment  de  mon  mandat.  Votre  accueil  si  chaleureux  et  si  cordial,  les  sympathies  de  plus  en 
plus  nombreuses  que  vous  voulez  bien  me  témoigner,  la  certitude  que  j’ai  d’avoir  mis  tous 
mes  efforts  à  l’accomplissement  de  mon  devoir  me  permettent  d’espérer  que  nous  sommes 
de  plus  en  plus  eu  communion  d’idées. 

En  189 S,  vous  avez  bien  voulu  irr accorder  7.625  voix,  contre  4 h 256  à  M.  de  Lortal  ;  aussi, 
c’est  avec  une  entière  confiance  que  je  viens  de  nouveau  faire  appel  à  vos  libres  suffrages, 
à  votre  jugement  éclairé,  à  votre  amitié. 

Mon  unique  souci  sera  comme  par  le  passé  de  servir  vos  intérêts  et  de  défendre  la 
République. 

Élevé  à  la  campagne,  ayant  exercé  la  médecine  dans  le  canton  de  Laforce  en  suivant 
l’exemple  de  mon  père  qui,  pendant  50  ans,  avait  soigné  les  riches  et  les  pauvres  avec  le 
même  dévouement,  je  connais  vos  besoins.  Propriétaire  et  viticulteur,  vos  intérêts  sont  les 
miens. 

Ma  maison  est  ouverte  franchement  à  ceux  qui  me  font  le  plaisir  de  venir  me  voir  êtes 
n’est  pas  un  Député  enorgueilli  de  sa  situation  que  vous  rencontrez,  c’est  un  voisin,  un  ami, 
un  enfant  du  peuple  comme  vous, qui  n’a  qu’un  désir;  vous  être  agréable  et  vous  prouver  sa 
reconnaissance  en  mettant  à  votre  disposition  son  inlluence  auprès  de  l’administration  et 
des  pouvoirs  publics.  La  haine  et  la  rancune  ne  sont  pas  mon  fait;  c’est  toujours  une  main 
loyale  que  je  tends,  tani  pis  pour  ceux  qui  me  trompent. 

Nous  sommes  de  trop  vieilles  et  bonnes  connaissances  pour  que  vous  vous  laissiez 
prendre  aux  grossières  calomnies  de  mes  adversaires  qui  tronquent  mes  votes  et  les  pré¬ 
sentent  sous  un  jour  faux.  On  vous  dit  que  j’ai  voté  contre  les  secours  aux  vieux  travailleurs, 
alors  que  c  est  moi  qui  ai  le  premier,  en  1892,  fait  adopter  par  le  Conseil  général  les  secours 
à  domicile  aux  vieillards  indigents  et  infirmes:  j'ai  mis  trois  ans  à  faire  triompher  mon 
oeuvre.  En  1897,  à  la  Chambre,  M.  Barthou,  Ministre  de  l’Intérieur,  a  donné  satisfaction  à 
l’amendement  que  j’avais  présenté  à  ce  sujet,  et  il  y  a  actuellement  de  ce  fait  plus  de 
300  veillards  secourus  dans  notre  département.  Voilà  la  vérité  l  Ceux  qui  diraient  le  con¬ 
traire  mentiraient  impudemment.  Il  en  est  de  même  de  leurs  autres  allégations. 

Tous  les  quatre  ans,  on  essaie  de  me  faire  passer  pour  un  ennemi  de  la  religion,  c’est 
toujours  la  même  rengaine,  la  même  niaiserie  hypocrite,  la  seule  tactique  dos  réactionnaires; 
décidément  ils  n’ont  pas  Fimagination  fertile I  J’ai  prouvé  par  mes  votes,  par  mes  actes,  par 
mes  paroles  que  fêtais  un  partisan  résolu  delà  liberté  de  conscience,  —  respectueux  de  la 
religion,  des  prêtres  qui  l’enseignent  et  de  ceux  qui  la  pratiquent  avec  conviction. 

Où  sont  les  curés  poursuivis,  même  parmi  ceux  qui  ont  le  tort  de  prêcher  contre  le  Gou¬ 
vernement?  Où  sont  les  églises  démolies?  Pour  ma  part,  j’en  vois  beaucoup  de  nouvellement 
construites  ou  réparées  grâce  aux  subventions  que  j’ai  pu  faire  obtenir;  vous  avouerez  que 
c’est  une  manière  nouvelle  d’être  Pennerai  de  la  religion  que  de  favoriser  la  construction 
des  églises  ;  je  n’insiste  pas,  ce  serait  faire  injure  à  votre  bon  sens. 

J’ai  toujours  voté  le  budget  des  cultes  et  je  suis  opposé  à  la  séparation  des  Églises  et  de 


_  229  _  N*  1162 

l’État,  justement  parce  que  je  veux  que  chacun  ait  la  faculté  de  suivre  sa  religion  a 

S°n  jlfsuis  partisan  de  la  liberté  de  l’enseignement,  avec  le  contrôle  et  la  surveillance  de 
l’État  Je  suis  opposé  au  monopole  de  l’État  en  ce  qui  touche  l’instruction.  Ce  monopole  avait 
Été  institué  par  le  premier  Empire,  il  est  contraire  au  dogme  républicain  :  c’est  de  la  con¬ 
currence  que  naît  l’émulation.  Cette  mesure  est  d’ailleurs  condamnée  par  des  hommes 
comme  Léon  Bourgeois  et  Clémenceau  et  par  l’Université  tout  entière,  désireuse  de  prouver 

la  supériorité  de  son  enseignement.  _  . 

La  loi  sur  les  associations,  dont  on  a  essayé  de  vous  faire  un  épouvantail,  a  uniquement 
cour  but  d'imposer  aux  congrégations  non  autorisées  la  loi  de  leur  pays,  comme  à  tous  les 
citoyens.  L’Espagne  prépare  une  loi  sur  les  associations  et  elle  existe  déjà  en  Italie.  Qu  y 
a-t-il  d’extraordinaire  à  ce  que  le  Gouvernement  de  la  République  en  ait  également  reconnu 
la  nécessité.  11  y  avait  d’ailleurs  plus  de  800  congrégations  autorisées  qui  s’inclinaient  devant 
la  loi  pourquoi  les  congrégations  non  autorisées  ne  feraient-elles  pas  de  mémeî  Elles  pré¬ 
fèrent  quitter  la  France  1  Alors  elles  partent  volontairement.  Les  premières  les  valent  bien 
sans  doute,  car  parmi  elles  nous  trouvons  les  petites  sœurs  des  pauvres,  les  sœurs  de  cha¬ 
rité  qui  sedévouent  avec  un  zèle  à  toute  épreuve  au  soulagement  de  la  misère  et  pour  les¬ 
quelles,  nous  le  disons  très  haut,  nous  avons  tous  un  sentiment  de  respect  1 

Nous  avons  voté  on  principe  le  service  militaire  de  deux  ans,  c’est  une  loi  acquise.  Je 
suis  partisan  de  la  réduction  des  deux  périodes  de  28  jours  et  pour  la  suppression  des 
15  jours  :  j'ai  voté  ces  deux  mesures. 

le  m’emploierai  de  mon  mieux  —  et  j’ai  déjà  commencé^- à  faire  mieux  desservir  notre 
région  au  point  de  vue  postal  :  augmentation  du  nombre  des  facteurs  dans  les  localités  des¬ 
servies  insuffisamment  et  tardivement;  création  de  facteurs-receveurs  dans  les  communes 
importantes. 

A  l’assemblée  départementale,  je  joindrai  mes  efforts  à  ceux  de  vos  conseillers  gene¬ 
raux  pour  l’établissement  de  lignes  de  tramways  reliant  les  centres  déshérités  avec  les  villes 
ou  la  voie  ferrée. 

Je  continuerai  à  faire  obtenir  des  subventions  pour  construction  et  réparations  des 
églises,  des  écoles  et  des  mairies,  reconnues  nécessaires  par  les  conseils  municipaux. 

Liberté  de  la  chasse,  ou  tout  au  moins,  si  nous  ne  pouvons  vaincre  les  régions  du  Noid 
et  du  Centre  on  les  propriétés  sont  gardées  et  où  la  chasse  ne  présente  aucun  intérêt  pour 
le  simple  particulier,  nous  nous  efforcerons  de  faire  aboutir  le  permis  journalier  à  Û  fr.  25. 
L’amendement  de  M.  Lasies  n’a  pas  été  adopté,  nous  Pavons  voté  bien  qiril  fût  présenté  par 
un  nationaliste,  ce  qui  vous  prouve  que  lorsqu'il  s’agit  de  questions  intéressant  ma  circon- 

scription;  je  sais  faire  abstraction  de  la  politique. 

Indépendant,  je  n’ai  jamais  été  inféode  à  aucune  coterie,  J?ai  voté  pour  ou  contre  les 
Ministères  qui  se  sont  succédé,  suivant  que  leurs  actes  étaient  ou  n’étaient  pas  conformes 
aux  intérêts  de  notre  région  et  aux  désirs  politiques  de  mes  électeurs  et  amis. 

Supprimer  les  mesures  vexatoires  contre  la  pêche  et  établir  un  arrêté  clair  et 
équitable* 

Création  de  Chambres  d’agrïculture  par  arrondissements* 

Réduction  des  formalités  et  des  frais  au  sujet  des  warrants. 

Augmenter  la  compétence  des  juges  de  paix  pour  diminuer  les  frais  écrasants  des 
procès  devant  les  tribunaux  de  première  instance. 

J’ai  déjà  voté  la  suppression  des  petites  patentes,  la  loi  est  adoptée  par  le  Sénat,  elle 
n’a  plus  qu’a  être  discutée  de  nouveau  à  la  Chambre,  Si  lo  mandat  de  la  Chambre  avait  été 
de  six  ans,  il  y  a  beaucoup  de  lois  qui  sont  étudiées  et  qui  auraient  pu  être  votées  -  entre 
autres  ma  proposition  de  loi  *  rectification  des  erreurs  et  omissions  de?  actes  de  l’état  civil 
gratuitement  par  les  juges  de  paix. 

Nous  voulons  tous  des  économies  et  nous  y  arriverons  par  la  décentralisation  des  ser¬ 
vices.  Si  le  budget  de  la  France  était  morcelé  entre  les  départements  et  soumis  aux  Conseils 


généraux,  il  pourrait  être  examiné  de  plus  prés,  minutieusement,  et  on  trouverait  moyeu  de 
faire  des  économies  qui  s’imposent. 

Créer  des  ressources  par  lo  monopole  de  l'alcool  qui  procurerait  deux  avantages  à  notre 

région  :  , 

in  Los  propriétaires,  qui  lo  voudraient,  vendraient  leurs  vins  à  l’Etat  pour  k  distilla¬ 
tion;  m  serait  une  manière  d’éconior  nos  vins  dont  le  placement  devient  de  plus  en  plus 
difficile  avec  ^abondance  des  récoltes  et  la  qualité  inférieure  de  certaines  années.  Si  l'État, 
à  une  époque  fixe,  achetait  les  vins  comme  il  achète  les  tabacs,  je  crois  que  tout  le  monde 
y  trouverait  son  profit* 

2°  Avec  le  produit,  qui  s'élèverait  k  plusieurs  centaines  de  millions,  on  pourrait  arriver 
à  supprimer  Limpôt  foncier  et  a  créer  une  caisse  de  r  traite  pour  les  vieux  travailleurs* 

Réforme  de  Pimpùt  foncier  :  je  suis  partisan  de  f  éluda  de  tout  système  qui  demandera 
davantage  au  superflu  et  moins  aux  petites  bourses,  à  condition  qu’il  ne  soit  ni  arbitraire, 
ni  inquisitorial*  Je  vous  avais  promis  de  ne  pas  voter  d’impôt  nouveau  j’ai  tenu  parole*  J’en 
prends  de  rechef  Rengagement* 

Électeurs, 

Méfiez-vous  du  nationalisme  qui  n’a  ni  programme  ni  doctrine,  c’est  nue  coalition  de 
déceptions  et  de  rancunes,  d’ambitions  et  iRappétitsi 

Méfiez-vous  de  ces  faux  républicains  qui  ne  sont  soutenus  que  par  les  royalistes,  les 
bonapartistes  et  les  cléricaux*  Ils  sont  indignes  du  suffrage  universel  ceux  qui  essaient  de  le 
tromper  avec  des  étiquettes  d'occasion! 

Leur  triomphe  même  d’un  jour,  ce  serait  la  guerre  civile  et  religieuse,  la  menaça  inces¬ 
sante  de  la  guerre  étrangère! 

La  République  que  nous  défendons  est  la  République  conciliante  et  ferme,  ennemie  de 
la  réaction  et  de  k  Révolution,  elle  vous  a  donné  30  années  de  paix  au  dehors  et  de  tran¬ 
quillité  au  dedans  ;  conservez-la,  c'est  notre  intérêt  à  tous  ! 

Électeurs, 

Vous  direz  le  27  si  j’ai  tenu  mes  promesses,  si  j'ai  servi  vos  intérêts,  si  je  suis  digne 
de  représenter  ce  pays  où  j©  suis  né  et  que  j’aime  par-dessus  tout. 

Le  Républicain  de  toujours  que  vous  avez  nommé  en  1890  n’a  pas  changé  et  il  vous 
demande  d’affirmer  encore  une  fois  sur  son  nom  votre  profond  attachement  à  nos  institu¬ 
tions  démocratiques. 

Je  vous  prie  d’agréer,  mes  chers  Concitoyens  et  amisn  l’assurance  de  mon  affectueux  et 
cordial  dévouement. 

Vive  la  République  démocratique! 

Docteur  CLAMENT, 

Maire  de  Laforce, 

Conseiller  générais  Député  sortant* 


—  234  - 


N»  4462 


Circonscription  de  NONTRON 

M.  SIREYJQL 

Élu  au  2°  tour  du  scrutin.  —  42.151  voix. 


Chers- Concitoyens, 

M  Albert  Theu lier,  l’homme  loyal  et  probe  qui  nous  a  si  longtemps  représentés,  a 
résolu  vous  !e  savez,  d’abandonner  la  vie  politique.  Dans  sa  retraite  volontaire,  il  emporte 
les  rearets  du  plus  grand  nombre  et  l’estime  profonde  de  tous. 

Si  i’ose  aujourd’hui  vous  demander  sa  succession  à  Sa  Chambre  des  Députés,  cest  que 
je  me  sens  soutenu  par  la  sympathie  précieuse  dont  cet  ami  bienveillant  m’a  toujours 

^"^arrondissement  de  Nontron,  essentiellement  agricole,  il  faut  comme  député  un 
homme  du  pays,  ayant  vécu  dans  nos  campagnes,  au  milieu  de  nos  cultivateurs,  connaissant 

leurs  besoins*  au  courant  du  leurs  désirs.  ~ 

J’aupartiens  à  une  très  modeste  famille  d’agriculteurs  i  mon  pète  est  originaire  do  Cor- 
gnac,  près  Ihiviers,  où  il  possède  quelque  bien;  il  réside  à  Saint-Priest-les-Fougères,  dans 
le  canton  de  Juinilhac,  où  je  suis  né;  j’habite  rnui-mème  à  Saint-Pardoux  et  ma  fami  e  a 

des  intérêts  à  Abjat,  dans  le  cauton  de  Nontron.  _ 

Maire  de  Saint-Pricst-les-Fougères  pendant  huit  ans,  maire  de  Saint-Pafdoux  depuis 
six  aus  secrétaire  du  Conseil  général  et  membre  de  la  Commission  départementale,  j  ai  été 
maléaux  affaires  de  toutes  les  communes  de  notre  arrondissement,  et  plusieurs  des  maires, 
mes  collègues,  vous  diront  que  j’ai  toujours  soutenu  avec  énergie  les  Intérêts  qu  ils  ont  ion 

La  ville  de  Nontron  a  la  bonne  fortune  de  posséder  déjà  un  sénateur  l  houorab k 
M.  Dusolier.  Moire  arrondissement  étant  très  vaste  et  très  étendu,  il  paiaît.  juste  que  c 
député  de  la  circonscription  soit  pris  en  itehorS  du  chef-lieu;  c’est,  du  reste,  l’avis  de  nom- 

breux  électeurs  de  Nontron  disposés  a  voter  pour.  moi. 

Ne  vous  semble-t-il  pas,  mes  cprs  Concitoyens*  qu’à  ccs  divers  titres  et  pour  ces 
divers  motifs  je  peux  représenter  notre  arrondissement  dans  son  entier,  sans  sacn  er 
jamais  ses  intérêts  généraux  à  des  préférences  locales,? 


Pr q gr amm &  politique. 

Mon  programme  politique  est  très  simple  : 

J’ai  toujours  été3  jo  suis  et  je  serai  toujours  un  républicain  sincère. 

Né  dans  lus  rangs  de  la  démocratie  rurale,  j’ai  été  élevé  avec  le  respect  et  rameur  de  la 
République,  En  1881,  jeune  étudiant  de  20  ans,  je  soutenais,  dans  le  canton  de  Jumi  hac, 
la  candidature  de  M.  Dusolier  aux  élections  législatives;  plus  tard,  je  combattais  le  mouve¬ 
ment  boul a n gi ste  ;  depuis,  j’ai  été  l’adversaire  de  la  politique  néfaste  des  Kibot,  des 
Méliue;  de  tous  ceux  qui  ont  voulu  faire  de  la  République  un  régime  sans  force  et  sans 
autorité,  à  l’image  d’une  monarchie  constitutionnelle  où  seraient  encore  aggravés  les  défauts 

du  parlementarisme.  ,  . 

Partisan  do  toutes  les  réformes  démocratiques,  }5ai  applaudi  en  1896  à  la  constitution 

du  cabinet  présidé  par  M.  Léon  Bourgeois  et  j’ai  regretté  sa  chute* 

Pai  salué  de  grand  cœur  P  arrivée  aux  affaires  de  M.  Waideck- Rousseau  dont  lo  nu  us 
tèru  énergique  a  su  faire  respecter  le  chef  de  PÉtat,  défendre  la  République  conüo  Ils 


conspirateurs  du  dedans  et  du  dehors,  affirmer  les  droits  de  la  société  laïque  et  assurer  h 
tranquillité  et  l’ordre  intérieurs. 

Si  je  suis  votre  élu,  je  ne  soutiendrai  qu’un  ministère  composé  de  républicains  sans 
compromissions  et  sans  patronages  suspects,  s’inspirant  des  mêmes  principes  d’action  et 
de  défense  républicaines,  exigeant  de  tous  les  fonctionnaires  un  dévouement  absolu  à  la 
République. 

Mais  indépendant  avant  tout,  libre  de  tous  liens,  je  ^appartiendrai  jamais  —  et 
je  n’ai  d’ailleurs  jamais  appartenu  —  à  aucune  secte,  à  aucune  coterie;  j’estime  que  le 
véritable  esprit  républicain  exclut  tout  esprit  de  secte,  qu’aucun  obstacle  ne  doit  gêner  la 
libre  expression  de  la  volonté  souveraine  du  peuple  et  qu’un  gouvernement  peut  être  ferme 
et  énergique  tout  en  restant  très  libéral. 

Fils  reconnaissant  de  notre  grande  Révolution,  je  veux  le  respect  des  immortels  prin¬ 
cipes  qu’elle  nous  a  enseignés  :  Liberté  individuelle.  Liberté  de  conscience,  Liberté  du 
travail,  Droit  de  propriété. 

Enseignement. 

Les  diverses  questions  qui  se  rattachent  à  l’enseignement  passionnent  aujourd’hui  tous 
les  esprits.  La  République  est  responsable  de  la  direction  intellectuelle  du  pays,  et  cette 
direction,  elle  l’exerce  surtout  par  l’intermédiaire  des  membres  de  renseignement  à  tous 
les  degrés.  La  situation  de  ceux-ci  doit  être  relevée  et  mise  en  rapport  avec  la  haute  et 
noble  mission  qui  leur  incombe.  En  échange,  il  faut  exiger  d’eux  toutes  les  qualités  morales 
et  le  plus  pur  patriotisme. 

Mais  le  monopole  de  renseignement  par  l’État  serait  une  faute.  En  matière  d’éducation, 
il  est  juste  et  nécessaire  de  respecter  la  liberté  de  chacun.  Par  contre,  l’État  a  le  devoir 
d'exercer  sur  Renseignement  libre  un  contrôle  sérieux.  11  devra  exiger  des  maîtres  de  cet 
enseignement  les  mêmes  diplômes  que  ceux  exigés  des  maîtres  universitaires;  et  de  plus, 
comme  il  ne  faut  pas  que  l’enfant  puisse  être  élevé  dans  la  haine  des  principes  démocra¬ 
tiques,  il  sera  indispensable  que  F ê dotation  de  tous  les  Français  sans  exception,  riches  et 
pauvres,  repose  à  l’avenir  sur  un  fonds  commun  d’idées  qui  seront  la  sauvegarde  néces¬ 
saire  de  l’harmonie  sociale  et  do  Pu  dite  nationale. 

Programme  économique . 

À  mon  avis,  le  programme  d’un  député  républicain  représentant  des  campagnes  doit  se 
résumer  en  ces  mots  :  Économies  budgétaires.  —  Diminutions  des  impôts  qui  écrasent 
F  agriculture.  —  Amélioration  du  sort  des  ouvriers  agricoles,  —  Adoption  des  mesures 
propres  à  favoriser  la  vente  du  bétail  et  des  produits  agricoles.  —  Construction  on  achève¬ 
ment  des  chemins  vicinaux,  —  Production  du  petit  commerce, 

A  la  Chambre,  on  s'occupe  de  trop  de  choses  et  pas  assez  des  besoins  de  l’agriculture  ; 
les  impôts  vont  sans  cesse  en  augmentant,  nos  régions  se  dépeuplent,  le  bien-être  dispa¬ 
raît,  car  l’argent  des  campagnes  va  vers  les  villes  ;  la  situation  de  tous  les  agriculteurs 
grands  et  petits,  propriétaires,  métayers  et  ouvriers  menace  de  devenir  misérable  à  bref 
délai;  les  députés  ont  le  tort  d’oublier  qu’en  France  les  grandes  villes,  les  centres  miniers, 
le  corps  des  fonctionnaires  ne  sont  pas  tout.  Il  faut  d’abord  tenir  compte  des  intérêts  de 
l’agriculture  et  du  petit  commerce.  Permettez-inoi  de  vous  signaler  brièvement  les  réformes 
qui,  dans  ce  sens,  me  semblent  les  plus  urgentes. 

É c o no m le  et  m o d i fie dtio n s  de  notre  systè m e  d 1  imp ots. 

Le  Parlement  doit  procéder  a  un  contrôle  sérieux  de  l’emploi  des  deniers  publics  et 
supprimer  toutes  les  dépenses  inutiles;  une  stricte  économie  permettrait  peut-être  d'équî- 
libier  le  budget  et  de  dégrever  l’agriculture  sans  déplacement  trop  sérieux  d’impôts.  Mais  il 
ne  faut  pas  s’effrayer  du  progrès,  ni  hésiter  à  remanier  un  système  fiscal  qui  remonte  à 


N°  H62 


—  233  — 

t  ans  si  cela  est  reconnu  indispensable,  lorsqu’on  aura  réalisé  toutes  les  économies 
ensables  on  devra,  pour  diminuer  l’impôt  foncier,  faire  supporter  au  capital  une  part  des 
charges  publiques.  Toutefois,  l’impôt  sur  le  capital  ne  pourra  être  établi  qu’aux  conditions 
rivantes  '  1°  il  devra  coïncider  avec  une  diminution  sérieuse  du  budget  des  dépenses; 

2»  en  aucun  cas,  il  n’aura  un  caractère  d’inquisition  vis-à-vis  des  personnes,  ni  d’injustice 
ou  de  spoliation  à  l’égard  de  la  richesse  acquise. 

Suppression  de  l'initiative  parlementaire  en  matière  de  dépenses. 

Le  droit  de  proposer  des  dépenses  devrait  ^appartenir  qu'au  Gouvernement  seul;  les 
Chambres  n'auraient  que  la  faculté  de  réaliser  des  économies  sur  les  propositions  budgé¬ 
taires  et  ne  pourraient  demander  aucun  crédit  nouveau,  ni  aucune  augmentation  de  crédit. 
On  ne  verrait  plus  alors  certains  députés  faire  de  la  surenchère  électorale  aux  dépens  des 
contribuables. 

Biniifàuîion  du  îiomhre  des  fonctionnaires  et  réduction  des  gros  traitements. 

Le  sort  de  certaines  catégories  de  petits  employés  doit  être  amélioré,  mais  il  est  pos¬ 
sible  de  réaliser  de  grosses  économies  sur  l’ensemble  du  personnel  des  fonctionnaires. 
Bien  des  traitements  sont  scandaleusement  élevés,  bien  des  fonctions  sont  inutiles,  et,  en 
Francs,  la  manie  du  fonctionnarisme  est  à  la  veille  de  constituer  un  danger  sérieux  en  nous 
acheminant  au  parasitisme  d'État,  véritable  plaie  de  notre  société  contemporaine. 

Adoption  du  service  miliaire  de  2  ans . 

Reconnu  suffisant  par  les  hommes  compétents. 

Suppression  des  périodes  de  28  jours  et  de  13  jours  et  de  la  taxe  militaire - 

La  taxe  militaire  est  injuste  et  vexatoire.  Quant  aux  périodes  d'exercices,  tous  les 
réservistes  savent  qu’on  n'cn  retire  pas  grand  profit  au  point  de  vue  de  1  instruction  mili¬ 
taire;  on  pourrait  les  remplacer  par  de  simples  appels  de  3  ou  ê  jours  qui  habituel  aient  le 
réserviste  à  se  déplacer  et  le  prépareraient  à  une  mobilisation  éventuelle,  tout  en  permet¬ 
tant  aux  généraux  de  faire  mouvoir  les  masses  qu’ils  auront  à  commander  en  cas  de  guerre. 
On  conserverait  ainsi  à  l'agriculture  des  forces  précieuses  et  on  supprimerait  bien  des  mala¬ 
dies  souvent  mortelles  qui  atteignent  nombre  de  réservistes  au  retour  des  manœuvres. 

Réforme  de  notre  polüique  coloniale . 

La  France  possède  aujourd'hui  assez  de  colonies,  trop  peut-être,  et  il  est  urgent  de 
s'arrêter  dans  la  voie  des  expéditions  lointaines.  Que  de  travaux,  tramways,  chemins,  etc., 
auraient  pu  être  exécutés  avec  les  centaines  de  millions  dépensés  au  lonkïn,  a  Madagascar, 
en  Chine  et  ailleurs  1  Et  en  même  temps  que  d'existences  humaines  épargnées  ï 

Diminution  des  frais  de  justice . 

La  justice  est  trop  lenle  et  trop  coûteuse;  il  faudrait  augmenter  la  compétence  des 
juges  de  paix,  activer  le  zèle  des  tribunaux  et  diminuer  les  frais  de  procédure. 

Développement  delà  mutualité  sous  toutes  ses  formes  %  et  retraites  ouvrières 

La  question  des  retraites  ouvrières  est  à  l'ordre  du  jour  et  intéresse  tous  les  iiavaïl- 
leurs;  mais,  parmi  les  projets  présentés,  la  plupart  seraient  ruineux  pour  les  finances 
publiques  et  irréalisables.  Or,  cette  question  peut  être  résolue  sans  participation  trop  oné¬ 
reuse  de  l'État  au  moyen  du  développement  des  institutions  de  mutualité  et  de  prévoyance; 

30 


234  - 


développement  sur  lequel  repose  en  partie  notre  avenir  social.  L'assistance  des  vieillards  à 
domicile  doit  en  outre  recevoir  ia  plus  grande  extension  possible, 

Diminution  des  tarifs  de  transport  sur  les  chemins  de  fer , 

Pour  tous  les  produits  de  l'agriculture,  et  établissement  de  tarifs  décroissants  en  raison 
des  distances;  les  compagnies  de  chemins  de  fer  sont  des  sociétés  financières  trop  puis¬ 
santes  contre  lesquelles  doivent  lutter  les  représentants  de  l'agriculture,  du  commerce  et 
de  l'industrie. 

Loi  sur  les  accidents  du  travail, 

La  loi  sur  les  accidents  du  travail  est  mal  faite  :  daus  bien  des  cas,  elle  va  contre  les 
intérêts  de  l'ouvrier  et  le  plus  souvent  elle  peut  être  une  cause  de  ruine  pour  le  petit  entre¬ 
preneur  ou  pour  le  propriétaire*  Elle  doit  être  étudiée  de  nouveau  et  modifiée. 

Tramways  et  chemins  vicinaux , 

Il  ne  suffit  pas  de  dégrever  la  propriété  dans  son  ensemble,  il  faut  encore  que  l'agri¬ 
culture  soit  secondée  par  la  multiplication  des  voies  de  communication.  Au  Conseil  générai, 
fai  toujours  poussé  à  la  construction  des  chemins  vicinaux,  et  f estime  qu’il  reste  encore 
beaucoup  a  faire  de  ce  côté*  On  sait  que  fai  fait  adopter  le  principe  de  la  construction  du 
tramway  de  Thiviers  à  Saint- Yrieix  par  Jumilhac,  et  la  continuation  de  celui  de  Saînt-Par- 
doux  à  la  Haute-Vienne  par  Champs-Romain,  Saint-Saud,  Abjat  et  Piégut,  SI  je  suis  élu 
député,  le  mandat  législatif  me  donnera  une  autorité  nouvelle  pour  faire  aboutir  définitive¬ 
ment  ces  projets  qui  sont  une  œuvre  de  réparation  et  de  justice  à  Pégard  de  populations 
déshéritées.  Avant  tout,  on  doit  achever  ce  premier  programme;  plus  tard,  d'autres  lignes 
devront  encore  être  étudiées;  celle  notamment  de  Larochebeaucourt  à  Piégut  par  Mareuil 
etNontron;  celle  de  Brantôme  à  Thiviers,  celle  de  Saînt-Saud  à  Jumilhac  par  La  Coquille, 
et  enfin  celle  de  Piégut  à  Bussière-Badit  et  la  Charente,  La  construction  de  ces  Signes 
deviendra  possible  le  jour  prochain  où  l'on  substituera  à  la  traction  par  la  vapeur  la  traction 
électrique,  beaucoup  plus  économique  et  nécessitant  une  voie  d'un  établissement  moins 
coûteux. 

Protection  du  petit  commerce , 

Le  commerce  de  nos  petites  villes,  celui  de  nos  bourgs  et  même  de  nos  villages  est 
menacé  par  la  concurrence  que  lui  font  les  grands  magasins  de  Paris  et  les  vastes  bazars 
installés  dans  toutes  les  villes  importantes  par  des  sociétés  pl  us  ou  moins  cosmopolites. 
Ainsi  le  monopole  du  commerce  de  détail  tend  de  plus  en  plus  à  passer  entre  les  mains  des 
gros  capitalistes.  Cette  situation  est  pleine  de  danger.  Si  Von  n'y  prend  garde,  bientôt  tous 
les  centres  commerciaux  de  notre  arrondissement  et  ceux  de  la  France  entière  verront  leurs 
magasins  se  fermer;  nos  campagnes  n'auront  plus  ni  marchands  drapiers,  ni  merciers,  ni 
épiciers,  ni  tailleurs,  ni  cordonniers,  ni  aucun  de  ces  nombreux  artisans  de  notre  prospérité 
nationale  :  tout  nous  viendra  de  Paris  ou  des  grands  bazars.  J'estime  que  le  Parlement  doit 
par  les  mesures  les  plus  énergiques  s'opposer  k  cette  mine  de  notre  commerce  de  détail  et 
de  nos  petites  industries  locales.  Je  prend  dos  aujourd'hui  l'engagement  de  combattre  de 
toutes  mes  forces  et  par  tous  les  moyens  le  monopole  des  grands  magasins  et  des  sociétés 
financières  et  de  travailler  au  dégrèvement  des  patentes  du  petit  commerce. 

Électeurs, 

Le  Député  d'un  arrondissement  rural  ne  doit  pas  devenir  un  Parisien;  il  doit  rester  un 
campagnard.  Si  vous  me  nommez  député,  je  remplirai  fidèlement  mon  mandat,  j'assisterai 


—  2:ui  — 


N°  \  162 


à  toutes  les  séaüees  do  la  Chambre,  mai»  jo  passerai  près  de  vous  tout  le  temps  qui  ne  sera 
nas  mis  par  les  débats  parlementaires,  environ  cinq  mois  par  an. 

D’ailleurs,  j’aime  trop  mon  pays  natal  et  je  ne  suis  pas  assez  riche  pour  me  plaire  a  la 
vîe  de  Paris  Pendant  les  vacances,  je  parcourrai  tout  l’arrondissement,  vous  me  verrez  a 
toutes  les  réunions  importantes  :  fêtes  publiques,  comices,  foires,  etc.,  je  resterai  en  com¬ 
munication  constante  avec  vous,  je  tiendrai  à  honneur  d'être  le  serviteur  fidèle  do  cette 

démocratie  à  laquelle  je  suis  fier  d’appartenir.  f  ■ 

Et  à  U  Chambre  je  n’aurai  d’antre  souci  que  de  faire  de  la  République  le  gouvernement 

des  travailleurs  sages  et  laborieux,  d’autre  idéal  que  d’introduire  dans  nos  lois  plus  de  jus¬ 
tice  plus  de  solidarité  sociale,  plus  de  fraternité  démocratique. 


Vive  la  République  I 


XV  SÎREYJOL. 


Secrétaire  du  Conseil  général  de  la  Dordogne, 
Membre  de  la  Commission  départementale. 
Ancien  maire  de  Saint-Friest-les-f  ougéres, 
Maire  de  Samt-Pardoux-la-Rivière,  • 
Président  d’honneur  du  comice  agricole  de  Saint- 
Pardoux-la-Rivière. 


lre  circonscription  de  PÉRIGUEUX 

M. SAÜMANDE 


Elu  au  2e  four  de  scrutin.  —  8.178  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Fort  des  marques  de  sympathie  et  de  confiance  qui  me  sont  venues  de  toutes  les  com¬ 
munes  de  ma  circonscription,  je  viens  de  nouveau  solliciter  vos  suilrages- 

Mon  appel  s’adresse  indistinctement  à  tous  les  républicains  qui,  comme  moi,  sont  dé¬ 
terminés  à  lutter  aussi  bien  contre  la  réaction  cléricale  que  contre  les  utopies  révolution¬ 
naires. 

Les  deux  législatures  pendant  lesquelles  j’ai  eu  l  honneur  de  vous  représenter  ont 
assez  fait  connaître  mon  attitude  politique  pour  que  je  n’aie  pas  besoin  de  longues  décla¬ 
rations  : 

Le  ministère  Waldeck-Rousseau  a  été  constitué,  vous  le  savez,  mes  chers  Concitoyens, 
dans  un  moment  où  la  République  a  couru  un  véritable  danger.  Les  réactionnaires,  les 
nationalistes,  tous  les  parfis  violents  et  perturbateurs  avaient  déchaîné  le  désordre  dans  la 
rue  et  organisé  partout  la  rébellion.  On  insultait,  on  frappait  même  le  Président  de  la  Répu¬ 
blique.  On  sommait  les  généraux,  à  la  tête  de  leurs  troupes,  de  se  prêter  à  un  coup 
d’État  I 

M.  Waldeck-Rousseau  a  étouffé  l’insurrection,  ramené  le  calme  et  fait  respecter  de  tous 
nos  institutions  et  leur  vénéré  représentant. 

J’ai  soutenu  le  Gouvernement  dans  cette  œuvre  de  défense  républicaine  et  de  pacifica¬ 
tion  sociale.  Quels  sont  donc  les  républicains  vraiment  dignes  de  ce  nom  qui  oseraient  m’en 
blâmer  ï 


—  236  — 

En  m’associant  à  l’œuvre  législative  du  ministère,  je  n’ai  voté  que  les  projets  de  loi 
qui  m’ont  paru  répondre  aux  véritables  aspirations  du  pays,  notamment  ceux  ayant  trait 
au  dégrèvement  des  boissons  hygiéniques,  à  la  création  de  l’armée  coloniale,  à  la  constitu¬ 
tion  des  caisses  régionales  du  crédit  agricole,  à  l’amélioration  de  la  situation  des  chauffeurs, 
mécaniciens  et  employés  des  chemins  de  fer  (loi  Berteaux),  à  l’organisation  de  la  caisse  des 
retraites  ouvrières,  mais  en  excluant  l’obligation. 

J’ai  voté  aussi  la  loi  sur  les  associations,  non  point  pour  qu’elle  fût  un  instrument  de 
persécution  nouvelle,  comme  on  l’a  dit  mensongèrement,  mais  parce  que,  tout  en  donnant 
aux  citoyens  une  liberté  religieuse  et  précieuse,  elle  maintient  aux  congrégations  respec¬ 
tueuses  de  la  loi  l’exercice  de  leurs  droits  légitimes. 

Avec  les  hommes  les  plus  éminents  du  parti  républicain,  notamment  M,  Léon  Bour¬ 
geois,  avec  l’Université  tout  entière,  je  ne  suis  pas  partisan  du  monopole  de  l’enseignement 
pai  1  État,  Je  ne  puis  non  plus  m’associer  à  la  disqualification  à  vie  des  enfants  que  des 
parents,  des  tuteurs,  n’auraient  pas  voulu  ou  pu  envoyer  dans  un  lycée  * 

Partisan  résolu  de  tout  ce  qui  peut  alléger  les  charges  qui  pèsent  sur  les  agriculteurs  et 
les  ouvriers,  je  voterai  la  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans. 

Je  ne  perdrai  pas  de  vue  que  nous  avons  besoin,  pour  sauvegarder  notre  territoire  et 
notre  indépendance,  d’nne  armée  et  d'une  marine  fortes  et  respectées,  mais  aussi  étran* 
gères  aux  querelles  politiques  que  dévouées  à  leur  pays. 

Joutes  les  réformes  capables,  sans  blesser  aucun  droit,  d’améliorer  le  sort  des  travail- 
leurs  obtiendront  mon  concours.  Nul  pins  que  moi  n’est  décidé  à  favoriser  une  politique  qui 
s’attachera  à  réaliser  des  économies  et  à  répartir  plus  équitablement  Timpôt  en  dégrevant 
le  travail  et  frappant  Poisivetè,  mais  sans  instituer  l'arbitraire  et  l'inquisition.  Je  favoriserai 
autant  qu’il  me  sera  possible  toutes  les  oeuvres  qui  auront  pour  base  et  pour  but  la  mutua¬ 
lité  et  l’assistance. 

Pour  mener  à  bien  cette  entreprise  de  perfectionnement  social,  je  veux  un  gouverne¬ 
ment  solide,  s’appuyant  sur  toutes  les  forces  républicaines  du  Parlement,  de  façon  à  pou¬ 
voir  durer  et  gouverner  en  dehors  du  concours  des  partis  extrêmes. 

Mes  chers  Concitoyens, 

le  resterai  ce  que  j’ai  été  jusqu’ici  :  profondément  dévoué  à  vous  tous  et  à  chacun  de 
vous.  Vous  m’avez  vu  à  Pœuvre.  Vous  savez  combien  il  m’est  agréable  d’intervenir  quand 
vous  me  le  demandez,  pour  faire  prévaloir  vos  justes  droits. 

Fils  d’ouvrier,  je  sais  quels  sont  mes  devoirs  envers  la  démocratie  laborieuse  de  la  ville 

et  de  la  campagne  :  je  n’oublierai  jamais  mon  origine,  et  mon  ambition  sera  d’en  rester 
toujours  digne. 

Je  compte  sur  vous  comme  vous  pouvez  compter  sur  moi. 

Vive  la  Bépubliquel 


G,  SAUMÂNDE. 


237  — 


Na  1162 


2e  circonscription  de  PÉRIGUEUX 

M.  GH  A  VOIX 

Élu  au  lür  tour  de  scrutin,  7.311  voix. 


Monsieur  et  cher  Concitoyen, 

En  présence  du  vote  unanime  des  membres  du  Congrès,  je  n’ai  pas  cru  devoir  dé¬ 
cliner  l'honneur  de  lutter  contre  toutes  les  réactions  coalisées.  J’ai  senti  que  le  parti  répu¬ 
blicain  s’était  ressaisi, .  que  l'or  et  les  libations  ne  feraient  point  cette  fois  leur  œuvre 
néfaste  de  1898  et  que  mon  devoir  était  de  joindre  mes  efforts  aux  vôtres  pour  le  triomphe 
des  idées  démocratiques. 

Mais  j’entends  rester  devant  vous  ce  que  j'ai  été  devant  le  Congrès.  Je  veux  tenir  le 
mandat  de  député  de  votre  propre  volonté  ;  je  ne  saurais  le  ramasser  au  milieu  des  pro¬ 
messes,  des  visites  et  des  requêtes  à  votre  domicile. 

Veuillez  donc  bien  vous  prononcer  simplement  sur  le  programme  très  court  que  je  sou¬ 
mets  à  votre  approbation. 

Je  veux,  —  comme  mou  passé  Ta  prouvé,  —  le  citoyen  libre  de  penser,  d’écrire,  de 
parler,  d’exercer  son  culte,  —  soucieux  autant  de  ses  devoirs  que  de  ses  droits,  —  sous  le 
contrôle  de  la  Constitution  républicaine  hors  de  toute  atteinte.  Mais  je  ne  me  laisserai  pas 
émouvoir  par  les  fausses  invocations  à  la  liberté  d’habiles  adversaires  qui,  du  reste,  ne 
m’ont  jamais  épargné  leurs  coups,  et  je  vous  demande  de  vous  en  rapporter  à  mon  expé¬ 
rience  déjà  longue  s’il  s’agit  de  prendre  des  mesures  que  je  croirai  utiles  au  maintien  de  la 
République,  J’ai  vu  dès  le  premier  jour  ce  que  deviendrait  le  boulangisme,  —  ce  n’est 
pas,  croyez-le,  pour  me  laisser  prendre  à  sa  caricature  sans  tête  qu’on  nomme  le  natio¬ 
nalisme. 

Je  ne  donnerai  ma  confiance  qu'à  un  ministère  décidé  à  gouverner  comme  tout  gouver¬ 
nement  digne  de  ce  nom  et  qui  trouvera  sa  majorité  seulement  dans  les  rangs  du  parti 
républicain  tout  entier.  D'une  façon  générale,  je  me  tiendrai  éloigné  aussi  bien  des  utopies 
les  plus  séduisantes  que  des  flatteries  indignes  d’un  élu  qui  se  respecte  et  que  des  idées 
frappées  au  coin  de  la  routine  ou  des  préjugés  de  classes. 

Je  voua  affirme  que  mes  deux  premières  préoccupations,  devant  lesquelles  s’inclineront 
toutes  autres  considérations,  seront  de  maintenir  la  France  riche  et  puissante  pour  être  sûr 
qu’elle  aura  toujours  des  alliés  sans  lesquels  l’équilibre  européen  aurait  chance  d’être 
rompu.  Sans  chauvinisme  bruyant,  maisavec  fermeté,  je  ne  laisserai  toucher  ni  à  son  crédit, 
ni  à  son  honneur, 

En  ce  qui  touche  son  crédit  :  1"  Je  n’hésiterai  pas  à  restreindre  le  droit  d’initiative 
parlementaire  pour  arrêter  le  vote  dés  dépenses  que  le  Sénat,  lui-même,  ne  peut  pas  tou¬ 
jours  enrayer  en  dernière  heure  ;  2°  Je  voterai  l’égalité  de  l’impôt  sur  la  fortune  acquise, 
c’est-à-dire  sur  le  capital,  en  dégrevant  le  travail,  en  frappant  l’oisiveté  et  en  atteignant 
chacun  suivant  ce  qu’il  possède.  Cette  mesure,  juste  entre  toutes,  devrait  être  acceptée 
aussi  bien  par  ceux  qui  voudraient  à  tort  s’en  tenir  au  régime  inique  de  nos  impôts  actuels 
que  par  ceux  qui  rêvent  d’un  nivellement  des  fortunes  par  une  véritable  spoliation. 

En  ce  qui  touche  la  puissance  de  la  France,  je  tendrai  vers  un  désarmement  pro¬ 
gressif  et  prudent,  d’accord  avec  les  nations  européennes,  en  vue  surtout  de  diminuer 
nos  charges,  d’arrêter  l’é migration  des  campagnes  vers  les  villes  et  la  dépopulation,  dans 


un  pays  où  la  vie  de  Ja  caserne  nous  donne  souvent  des  hommes  dégoûtés  de  la  vie  des 
champs. 

En  attendant,  quand  la  question  de  la  réduction  du  service  militaire  sera  discutée,  je 
n’iraï  jamais  jusqu'à  faire  de  Farinée  une  simple  garde  nationale.  Je  voterai  pour  le  service 
de  deux  ans. 

Pour  préparer  la  paix  publique,  fatalement  troublée  à  l’heure  actuelle  par  des  adver¬ 
saires  qui  ne  veulent  pas  se  décider  à  être  de  leur  temps  et  à  accepter  les  idées  modernes 
d'affranchissement  de  Pesprlt  humain,  je  voterai  le  monopole  de  Renseignement  par  l’État 
Je  voterai,  comme  conséquence,  les  mesures  qui  permettront  à  Tentant  du  peuple  de 
s’élever  par  son  intelligence  et  par  son  travail  aux  situations  autrefois  réservées  aux  privi¬ 
légiés  de  la  fortune.  Ce  monopole  sera  le  seul  moyen  pratique  de  préparer  la  génération 
qui  me  suivra  à  Inapplication  sincère  de  la  devise  «  Liberté,  Égalité,  Fraternité  ».  Parmi  les 
réformes  de  renseignement,  je  place  en  première  ligne  le  programme  des  écoles  rurales, 
afin  de  donner  aux  enfants  des  campagnes  des  notions  à  la  fois  théoriques  et  pratiques 
d’agriculture. 

Enfin,  je  consacrerai  tous  mes  efforts  à  développer  dans  la  deuxième  circonscription  les 
œuvres  de  mutualité  et  d’assistance  avec  la  ténacité  dont  j’ai  fait  preuve  quand  il  s’est  agi, 
autrefois,  de  doter  nos  régions  de  voies  ferrées  dont  elles  avaient  alors  un  si  pressant  be¬ 
soin.  Je  crois,  en  effet,  plus  que  jamais*  que,  comme  Fa  dit  Edmond  About,  k  s’il  est  un 
principe  qui  puisse  faire  des  miracles,  c’est  certainement  celui  de  la  mutualité  ».  C’est  par 
lui  que  nous  arriverons  à  résoudre  les  questions  des  retraites  ouvrières,  du  crédit,  des  assu¬ 
rances,  et*  d’une  façon  générale,  toutes  les  questions  sociales.  Il  m'est  démontré  actuelle¬ 
ment  que  s’en  remettre  à  P  État*  ce  serait  favoriser  seulement  quelques  travailleurs  ou  se 
heurter  à  un  échec  aussi  lamentable  que  coûteux.  Je  voudrais*  en  un  mot,  éviter  pour  les 
retraites  ouvrières  les  erreurs  que  ^expérience  nous  a  fait  constater  à  propos  delà  loi  sur 
accidents,  qui  a  besoin  de  modifications  importantes.  Aussi,  me  paraît-il  juste  et  indispen¬ 
sable  d’avoir  recours  aux  sociétés  de  secours  mutuels  et  aux  syndicats  agricoles  pour  orga- 
niser  les  caisses  de  retraites.  En  attendant  !e  fonctionnement  normal  de  ces  caisses,  il  est 
évident  que  l’État,  les  départements  et  ies  communes  devront  alimenter  largement  les 
œuvres  d’assistance  en  faveur  des  vieillards  ou  dès  infirmes  malheureux*  aussi  bien  dans 
les  campagnes  que  dans  les  villes. 

Au  point  de  vue  économique,  j’ai  été,  je  suis  et  je  resterai  protectionniste. 

A  mon  avis,  le  cumul  des  mandats  électifs  devrait  être  interdit.  J’ai  toujours  appliqué  ce 
principe  pour  mon  propre  compte;  je  l'appliquerais  encore  si  j’étais  votre  élu. 

Vous  direz  le  27  avril  si  ces  idées  sont  les  vôtres.  Mais  si,  d’aventure,  votre  situation 
ne  vous  permet  pas  de  manifester  hautement  votre  opinion,  laissez  dire  ceux  qui  essayeront 
de  vous  entraîner  vers  la  réaction,  vers  les  idées  de  l’ancien  temps.  Acceptez  leurs  conseils, 
leurs  menaces*  leur  vin,  leur  argent;  mais,  souvenez-vous  qu’au  cours  d’une  vie  de  labeur, 
j’ai  toujours  pensé  plus  aux  autres,  —  surtout  aux  humbles  et  aux  malheureux,  —  qu’à  moi- 
même. 

Sachez,  —  je  le  dis  bien  haut*  —  que  je  mérite  de  laisser  passer  les  injures  et  les  ca¬ 
lomnies  comme  la  lime  de  la  fable  se  laissait  effleurer  par  les  dents  du  serpent  impuissant 
à  la  mordre. 

Votez  donc  librement  pour  celui  qui,  rentré  dans  le  rang  après  notre  échec  de  1898* 
a  travaillé  pour  vivre  sans  rien  demander  à  l’État  et  qui,  jusqu’à  son  dernier  souffîe! 
—  ne  serait-ce  que  par  tradition  de  famille*  —  aimera  le  peuple  et  défendra  la  Répu¬ 
blique. 

Daignez  agréer,  Monsieur  et  cher  Concitoyen*  l’expression  de  mes  sentiments  les  plus 
dévoués. 

H.  GHAVOIX. 

Ce  programme  a  été  approuvé  par  les  bureaux  des  cinq  comités  cantonaux  de  la  2°  cir¬ 
conscription. 


—  239  — 


N°  H  62 


Circonscription  de  RIBÉRAG 

M.  POURTEYRON 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  8.424  voix, 


Mes  chers  Concitoyens, 

A  deux  reprises,  vous  m’avez  confié  le  soin  de  vous  représenter  au  Parlement. 

Convaincu  d’avoir  fidèlement  rempli  mon  mandat,  je  viens  vous  en  demander  le 
renouvellement* 

Élu  comme  républicain,  je  ne  croyais  plus  avoir  à  défendre  cette  forme  de  gouverne¬ 
ment  après  les  25  années  de  paix  et  de  prospérité  qu'elle  nous  a  données. 

Assise  sur  les  libres  suffrages  du  peuple,  la  République  a  pourtant  vu,  dans  Ces 
dernières  années,  se  lever  de  nombreux  adversaires  qui,  malgré  des  aspirations  contraires, 
Munissent  pour  lui  donner  Passant, 

Comme  au  Seize-Mai,  comme  sous  le  boulangisme,  tous  les  anciens  partie  aidés  de 
quelques  mécontents,  se  coalisent  sous  le  nom  trompeur  du  Nationalisme. 

Vous  démasquerez  cette  manoeuvre  et  vous  saurez  reconnaître  tout  le  bien  matériel  et 
moral  qui  résulte  pour  ia  France  du  fonctionnement  régulier  de  nos  institutions* 

A  l 'intérieur,  la  stabilité  ministérielle,  après  avoir  permis  de  rétablir  Tordre  dans  la 
rue  et  le  calme  dans  les  esprits,  a  favorisé  la  réalisation  de  réformes  depuis  longtemps 
attendues  et  le  vote  de  certaines  lois  dont  Pappiication  était  provoquée  par  l'accroissement 
incessant  de  Taciion  congréganiste* 

La  loi  des  Associations  a  étendu  la  liberté  de  réunion  et  en  a  réglé  Pexercice.  Plutôt 
que  de  se  soumettre  h.  la  loi  française,  certaines  congrégations,  plus  politiques  que 
religieuses  et  plus  commerçantes  que  charitables,  ont  mieux  aimé  chercher  une  résidence 
à  l'étranger.  Leurs  membres  se  sont  exilés  volontairement.  Les  statuts  des  autres  seront 
examinés  par  la  Chambre  avec  une  scrupuleuse  attention  et  une  parfaite  impartialité* 

La  loi  sur  les  successions  fait  disparaître  une  iniquité  séculaire. 

La  loi  des  boissons,  en  répandant  Pusage  du  vin,  a  atténué  pour  l'agriculture  les  effets 
d’un  désastre  résultant  de  la  surproduction  vinieole* 

La  réglementation  de  l'admission  temporaire  des  blés,  en  empêchant  la  spéculation,  a 
régularisé  les  cours  et  assuré  le  pain  à  des  prix  normaux. 

La  réforme  des  octrois  et  des  taxes  indirectes  permet  aux  habitants  des  villes  des 
approvisionnements  plus  faciles  sans  nuire  aux  producteurs  agricoles. 

Nous  sommes  franchement  résolus  à  continuer  dans  ce  sens*  Nous  avons  à  cœur  de 
faire  aboutir  le  projet  de  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans  ;  cette  réforme  peut  être 
opérée,  croyons-nous,  sans  compromettre  la  sécurilé  du  pays  et  la  puissance  de  la  France,  à 
condition  d'être  entourée  de  toutes  les  garanties  nécessaires  :  par  la  formation  de  cadres 
solides,  par  le  rengagement  des  sou  s-officier  s  et  soldats  et  par  la  suppression  des  dispenses. 
Mais  il  faudra,  peut-être,  augmenter  les  charges  d’un  budget  déjà  bien  lourd.  Comment  y 
faire  lace?  Par  une  politique  d’économies  sévères,  par  une  révision  efficace  des  dépenses 
administratives,  par  une  décentralisation  sérieuse. 

Une  autre  question  d’ordre  différent  est  aussi  posée  depuis  longtemps  et  a  reçu  un 
commencement  de  solution:  c’est  la  réforme  de  l’enseignement  secondaire*  À  mon  avis, 

1  btat  doit  en  garder  scrupuleusement  le  contrôle,  sans  recourir  au  monopole  universitaire, 
qui  supprimerait  une  concurrence  utile*  Peu  à  peu,  nous  avons  vu  disparaître  tous  les 


articles  de  la  loi  de  LS50  qui  avait  soumis  l'enseignement  à  Pesprit  clérical  et  à  la  direction 
du  clergé*  il  n'en  reste  plus  que  le  principe  de  la  liberté,  de  tradition  républicaine.  Comme 
on  a  supprimé  dans  renseignement  primaire  la  lettre  d'obédience,  de  môme  tout  le  monde 
est  d'accord,  la  Commission  et  le  Gouvernement,  pour  imposer  à  tous  les  établissements 
secondaires  l'inspection  régulière,  pour  exiger  l'équivalence  des  grades  et  la  surveillance 
permanente  de  l'Etat  laïque* 

Les  retraites  ouvrières,  étudiées  par  la  Commission  d'assurance  et  de  prévoyance  de  la 
Chambre,  donneront  encore  lieu  à  de  nouveaux  travaux;  l'intérêt  considérable  du  sujet 
l'imposera  aux  méditations  du  législateur*  Pour  ma  part,  acceptant  ce  généreux  principe, 
je  ne  consentirai  pourtant  pas  à  voter  de  nouvelles  charges  qui  pèseraient  sur  tous  les 
travailleurs  au  profit  de  quelques-uns  ;  mais  j'appuierai  toute  tentative  pour  favoriser 
l’épargne  et  aider  l’ouvrier  à  se  constituer,  avec  ses  économies,  une  retraite  pour  ses  vieux 
jours. 

Au  dehors,  notre  domaine  colonial,  conquis  par  la  République,  n'a  plus  besoin  d'être 
entendu*  Pour  en  assurer  la  garde,  une  armée  coloniale  a  été  créée.  Nos  administrateurs 
peuvent  désormais  donner  libre  carrière  à  leurs  facultés  d'organisateurs  et  mettre  en 
valeur  ces  vastes  territoires.  La  Métropole  y  trouvera  des  débouchés  devenus  indispen¬ 
sables  à  son  commerce  et  à  son  industrie?  la  fortune  et  le  prestige  de  la  France  continueront 
à  s’accroître* 

Après  ce  rapide  exposé,  est-il  besoin  d'ajouter  que  je  continuerai  h  défendre  le 
Gouvernement  républicain,  que  tous  mes  efforts  tendront  à  développer  son  action  vers  le 
progrès  démocratique  ? 

Ennemi  déclaré  du  collectivisme,  qui  prêche  la  lutte  des  classes,  l'expropriation  sans 
indemnité,  la  suppression  de  la  liberté  individuelle,  etc*..,  je  poursuivrai,  au  contraire,  la 
réalisation  des  œuvres  de  mutualité,  d'assurance,  d'assistance  par  F  union  du  capital  et  du 
travail,  par  la  concorde  et  la  solidarité.  Avec  les  dégrèvements  agricoles,  la  création  de 
Sociétés  contre  la  mortalité  du  bétail  et  autres  mesures  utiles  énumérées  dans  des 
programmes  antérieurs,  nous  arriverons  à  améliorer  le  sort  de  nos  ouvriers  des  champs  et 
à  arrêter  Pêmigration  vers  les  villes  et  la  dépopulation  des  campagnes. 

Résumant  enfin  notre  programme  en  deux  mots,  nous  dirons:  pas  de  nationalisme,  pas 
de  collectivisme. 


Électeurs, 

On  cherchera  à  vous  effrayer  par  le  spectre  de  la  révolution  sociale! 

Regardez  autour  de  vous:  Voyez  les  pays  monarchiques  en  proie  au  désordre  de  la  rue 
et  à  la  guerre  civile;  voyez  l’Espagne,  l’Italie  et  la  Belgique!  Au  contraire,  la  France,  calme 
au  milieu  des  agitations  voisines,  vient  de  terminer  dans  une  inoubliable  apothéose  son 
Exposition  universelle,  dont  les  22.000  maires  de  France  ont  pu  admirer  l'éclat;  après 
avoir  reçu  son  puissant  allié  au  milieu  de  sa  flotte  à  Dunkerque,  à  la  tète  de  son  armée  aux 
champs  de  Bétheoy,  elle  voit  resserrer  les  liens  de  son  amitié  par  le  voyage  du  Président  de 
la  République  dans  la  capitale  russe. 

Les  gouvernements  qui  ont  préparé  de  pareils  résultats  méritent  mieux  que  des  injures 
et  des  calomnies.  Ils  ont  droit  à  l'approbation  de  tous  les  Français,  et  tous  les  républicains, 
qu’ils  soient  de  la  défense,  de  l’action  ou  de  la  concentration  républicaine,  tons  leur  doivent 
un  hommage  sincère  et  un  appui  efficace. 

Vive  la  République  ! 

ÜT  P.  POURTEYRON, 

Maire  de  Sairit«Vincent-de-Gonnezac, 
Vice-Président  du  Conseil  général  de  3a  Dordogne, 
Député  sortant. 


Circonscription  de  SARL  AT 

M.  SARRAZIN 

Elu  au  2*"  tour  de  scrutin.  —  13.352  voix. 


Chers  Concitoyens, 

La  question  qui  se  pose  pour  l'élection  du  27  avril  est  bien  nette. 

Entre  la  République  des  satisfaits  et  celle  des  déshérités,  entre  la  République  du 
piétinement  sur  place  et  celle  des  réformes  démocratiques,  entre  le  candidat  à  qui  la 
réaction  apporte  son  concours  et  celui  dont  la  politique  ne  s’appuie  que  sur  le  parti 
exclusivement  républicain,  vous  êtes  appelés  à  choisir. 

Votre  choix  ne  saurait  être  douteux. 

Le  Comité  républicain  d’arrondissement,  pensant  que  j’étais  toujours  digne  de  votre 
confiance,  m’appelle,  une  fois  encore,  à  être  le  porte-drapeau  de  la  République  dans 
l’arrondissement  de  Sarlat.  A  la  suite  de  cette  décision,  j’ai  l’honneur  de  solliciter  vos 

suffrages,  . 

Conscient  d’avoir  rempli  mon  mandat  avec  fidélité,  de  n  avoir  jamais  négligé  les 

intérêts  de  notre  contrée,  je  n’ai  cessé  de  m’inspirer  aussi  des  intérêts  supérieurs  de  la 
France*  C’est  pourquoi  F  un  des  premiers,  et  sans  restriction,  j’ai  apporté  mon  concours  au 
ministère  Walrïeck-Roiisseau, 

C’est  sous  ce  ministère  qu’ont  été  votées  les  lois  relatives  aux  boissons  hygiéniques,  à 
Inorganisation  de- Farinée  coloniale,  aux  successions,  à  l’amnistie,  aux  associations,  ainsi 
que  la  loi  du  15  décembre  1900  sur  les  caisses  régionales  de  crédit  agricole. 

L’œuvre  à  poursuivre  est  encore  considérable.  EUe  doit  être  animée  du  souffle  de 
fraternité  et  de  solidarité.  Elle  constitue  la  base  de  mon  programme  ; 

Suppression  complète  de  la  taxe  militaire  ; 

Réduction  du  service  militaire  à  deux  ans,  avec  suppression  de  la  période  des 
treize  jours* 

Suppression  de  Pimpot  des  portes  et  fenêtres,  de  la  cote  personnelle  et  mobilière, 
dégrèvement  total  de  l'impôt  foncier,  et  remplacement  de  ces  impôts  par  un  impôt  genêt  ai 
sur  le  revenu  qui,  frappant  beaucoup  plus  le  revenu  du  capital  acquis  que  celui  du  capital 
en  voie  de  formation,  pèsera  d’autant  moins  sur  le  contribuable  que  ceiui-ci  aura  une 
nombreuse  famille.  Cet  impôt  est  destiné  à  procurer  un  grand  soulagement  à  nos  agricul¬ 
teurs,  puisqu’il  fait  les  riches  porter  le  poids  le  plus  lourd  des  charges  de  FÉtat; 

Création  de  la  caisse  des  retraites  s’appliquant  aux  ouvriers  des  villes  et  d^s 
campagnes  ; 

Monopole  de  la  rectification  de  F  alcool  d’industrie,  monopole  ne  touchant  en  rien  au 
privilège  des  bouilleurs  de  cru  et  au  régime  des  eaux-de-vie  de  vin,  mais  destiné  a 
améliorer  la  qualité  de  Talcool  et,  par  là  même,  à  favoriser  l’hygiène  publique  ; 

Diminution  des  frais  de  justice  et,  dans  ce  but,  extension  de  la  compétence  des  juges 
de  paix  ; 

Organisation  nouvelle  de  la  magistrature  tendant  à  assurer  son  indépendance  ; 

Abolition  du  pourcentage  dans  les  classes  inférieures  pour  i  avancement  des  insti¬ 
tuteurs  ; 

Modification  du  régime  des  prestations; 

Permis  de  chasse  à  prix  réduit  ; 

Amélioration  de  la  lot  sur  la  pèche; 


-  242  ~ 

Développement  des  œuvres  de  mutualité  :  création  de  caisses  d'assurances  et  de  secours 
contre  les  intempéries  frappant  l’agriculture  ; 

Dépression  énergique  des  fraudes  sur  les  produits  agricoles  et  viticoles  ; 

Réduction  des  tarifs  de  transport,  par  chemins  de  fer,  des  produits  agricoles  et  des 
matières  servant  à  l’agriculture  ; 

Protection  des  intérêts  des  éleveurs  contre  l'importation  des  bestiaux; 

Entrer  dans  ta  voie  des  économies  et,  pour  atteindre  ce  résultat,  exercer  un  contrôle 
sevôre  sur  les  dépenses  de  nos  grandes  administrations,  supprimer,  par  la  décentralisation, 
un  grand  nombre  de  fonctionnaires,  tel  est  encore  lé  devoir  du  Parlement. 

Je  voterai  le  scrutin  de  liste  avec  diminution  du  nombre  des  Députés. 

I- artisan  du  stage  scolaire,  j’estime  que  l’État  a  le  droit  d’exiger  de  tous  les  aspirants  à 
nos  ecolos  spéciales  et  à  des  fonctions  publiques  qu’ils  aient  passé  trois  ans  dans  les 
collèges  ou  lycées  de  l’Université,  à  moins  qu’ils  n’aient  fait  leurs  études  au  foyer  domes¬ 
tique.  L’Etat,  en  outre,  surveillera,  par  des  inspections  répétées,  les  établissements 
d  enseignement  secondaire  congréganiste,  où  les  professeurs  devront  Être  pourvus  des 
mêmes  litres  et  des  mêmes  grades  que  les  professeurs  universitaires. 

Je  ne  perdrai  pas  de  vue  les  voies  de  communication,  chemins  de  fer  et  tramways 
a  rétablissement  desquelles  les  cantons  de  l’arrondissement  sont  intéressés,  en  même 
temps  que  je  m’efforcerai  d’assurer  un  meilleur  mode  de  nomination  des  experts  des  tabacs 
et  de  faire  aboutir  le  projet  d’amélioration  de  la  navigabilité  de  la  Dordogne,  depuis 
Libourne  jusqu’à  Souillac. 

lei  est,  chers  Concitoyens,  mon  programme. 

Il  s’inspire  de  mon  attachement  à  notre  pays  Sarladais,  de  l’esprit  de  justice  et  d’éauité 
sur  lequel  est  baéée  la  République, 

Dr SARRÀZIN, 

Licencié  en  droit,  Maire  de  Sarlat, 
Vice-Président  du  Conseil  général, 
Député  sortant. 


-  ,  vÿr-v. 


— - __ — « — —— — « — - - — « - — 


DOUBS 


Circonscription  de  BAUME 

M.  le  marquis  de  MOUSTIER 
Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  7,937  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

En  1889,  un  homme  politique,  qui  prétend  jouer  en  ce  pays  le  rôle  de  chef  du  parti 
républicain,  résumait  et  caractérisait  ainsi,  en  Tapprouvant,  tout  mon  programme  poli-* 
tique  : 

La  République  pour  gouvernement; 

La  liberté  pour  moyen  ; 

Pour  but,  le  progrès  et  la  moralité  de  la  démocratie  française. 

Vous  aurez  à  décider,  le  21  avril  prochain,  qui,  de  lui  ou  de  moi,  a  manqué  à  ce  pro¬ 
gramme  d’union  et  de  liberté,  autour  duque^s'étaient  groupées,  il  y  a  treize  ans,  toutes  les 
forces  du  parti  républicain  dans  ^arrondissement  de  Baume,  moins  la  plus  infime  des 
minorités,  / 

C’est  à  la  politique  et  au  candidat  de  cette  minorité  que  M.  le  sénateur  Bernard  se  rallie 
aujourd’hui. 

Personne  n’osera  dire  que,  depuis  treize  ans,  le  Gouvernement  de  la  République  n’a 
pas  été  assuré  de  mon  plus  constant  loyalisme. 

Je  resterai,  vis-à-Yis  des  institutions  républicaines,  un  serviteur  aussi  franc  et  aussi 
dévoué  que  je  Lai  été  jusqu’ici,  de  Raven  môme  de  mes  adversaires. 

Je  pense,  comme  il  y  a  treize  ans,  que,  dans  une  République  et  dans  une  démocratie,  le 
levier  de  toutes  les  réformes  doit  être  la  liberté.  Ma  conduite  politique,  pendant  tou  le  la 
législature  qui  vient  de  finir,  vous  a  démontré  que  je  ne  vous  fais  fias  là  une  vaine  pro¬ 
messe,  car  tous  mes  actes  ont  été  dictés  par  cette  déclaration. 

Je  crois  avoir  toujours  donné  la  preuve  de  l’intérêt  passionné  que  je  porte  au  progrès 
de  la  démocratie,  tant  par  mes  votes  à  la  Chambre  que  par  l'action  que  j’ai  constamment 
exercée  au  milieu  de  vous,  en  faveur  du  développement  de  toutes  les  oeuvres  de  mutualité, 
de  progrès  agricole  et  social,  et  d’assistance. 

J1  ai  montré  aussi,  en  tonte  dreona tance,  le  respect  que  je  professe  pour  les  libres  déci¬ 
sions  du  suffrage  universel* 

Je  proteste,  de  la  façon  la  plus  énergique,  contre  les  moyens  que  je  vois  employer  par 
certains  partis  ou  par  certains  hommes  pour  le  démoraliser. 

C’est  le  démoraliser,  en  effet,  que  de  ne  pas  lui  parler  clairement  et  franchement  et 
de  doser  habilement  ses  déclarations  politiques,  suivant  le  canton,  la  commune  ou  rélec¬ 
teur  qui  vous  écoutent. 

C’est  le  démoraliser  que  d’abuser  de  l’autorité  précaire  qu’on  possède  pour  inquiéter 
les  fonctionnaires  qui  font  leur  devoir;  que  de  répandre  dans  une  circonscription  électorale 


—  244  — 


des  promesses  souvent  contradictoires  et  trop  abondantes,  en  tout  cas,  pour  qu’on  puisse 
faire  honneur  aux  engagements  qu'on  a  pris. 

il  n’est  pas  moral,  non  plus,  d’exagérer  les  moyens  d’iniluence,  fort  limités  souvent, 
dont  oo  dispose,  pour  mieux  tromper  le  corps  électoral. 

Quant  à  la  charité,  elle  ne  saurait  se  justifier  que  si  elle  est  un  ac:te  constant  et  désin¬ 
téressé  dans  la  vie  d'un  homme,  mais  vous  réprouvez  tous  cette  générosité  intermittente 
qui  fleurit  seulement  dans  les  années  de  printemps  électoraux* 

J’aurai  à  peine  besoin,  je  pense,  d’insister  auprès  de  vous  sur  les  solutions  politiques, 
financières  ou  économiques,  auxquelles  je  donnerai  mon  concours  résolu. 

Sous  ce  rapport,  mon  passé  vous  répond  de  mon  avenir. 

Je  repousserai  toute  mesure  qui  porterait  une  atteinte,  directe  ou  indirecte,  à  la  liberté 
d’instruction  et  à  la  liberté  religieuse.  C’est  dans  une  pensée  semblable  que  j’ai  voté  la 
réforme  de  l’impôt  des  successions,  et,  si  je  m’y  arrête,  c’est  afin  de  montrer  que  le  parti 
auquel  j’appartiens  ne  recule  pas  à  prendre  l’initiative  utile  des  réformes* 

La  loi  des  boissons,  excellente  dans  ses  intentions,  a  provoqué  de  justes  réclamations 
de  divers  ordres. 

il  en  une  qui  touche  particulièrement  un  grand  nombre  d’entre  vous,  c’est  la  régle¬ 
mentation  du  privilège  des  bouilleurs  de  cru,  que  l’on  avait  promis  de  respecter* 

Je  crois  que,  sous  ce  rapport,  vos  représentants  doivent  intervenir  énergiquement  pour 
s’opposer  à  toute  mesure  qui  restreindrait  le  droit  des  bouilleurs  de  cru  et  les  soumettrait  à 
d’intolérables  inquisitions. 

Au  demeurant,  ce  serait  vous  tromper  que  de  vous  promettre,  au  point  de  vue 
financier,  des  réformes  sérieuses  et  rapides,  si  le  Parlement  ne  s’occupe  pas,  avant  tout  de 
prendre  des  mesures  énergiques  pour  rétablir  un  équilibre  réel  et  sincère  dans  le  budget 
de  l’État* 

Ce  n’est  pas  avec  des  budgets  en  déficit,  comme  ceux  de  ces  dernières  années,  que  l’on 
entreprend  un  vaste  programme  de  réformes  financières. 

Vous  reconnaîtrez  ceux  qui  cherchent  sincèrement  à  faire  aboutir  ces  réformes,  au 
zèle  qu’ils  apporteront  à  restreindre  les  dépenses  et  à  travailler  à  ramener  les  excédents 
de  recettes. 

Pour  atteindre  un  but  aussi  nécessaire,  je  défendrai,  avec  la  même  fermeté,  les  antres 
libertés  nécessaires  contre  les  attaques  qu’elles  auront  à  subir. 

Au  point  de  vue  financier*  je  me  suis  prononcé,  il  y  a  quatre  ans,  contre  la  formule  de 
Pimpôt  global  et  progressif  sur  le  revenu,  avec  une  déclaration  et  une  taxation  qui  ne 
pouvaient  être  que  vexatoires* 

Le  temps  a  fait  rapidement  justice  de  cette  conception*  Mais  je  reconnais  qu’il  est 
nccesaire  de  remanier  profondément  le  système  actuel  des  contributions  directes  et  d’y 
introduire  plus  d'égalité,  plus  d’équité,  plus  de  justice. 

Je  reconnais  qu’il  est  nécessaire  d’atténuer  certaines  des  impositions  indirectes  qui 
pèsent  sur  les  objets  de  consommation  de  première  nécessité. 

Nous  n’hésiterons  pas  à  demander  que  l’on  restreigne  et  que  Pon  supprime,  s’ille  faut, 
l’initiative  parlementaire  en  matière  d’ouvertures  de  crédits. 

Tous  les  partis  ont  inscrit  dans  leur  programme  les  lois  de  progrès  social.  L’une  des 
plus  importantes,  celle  des  retraites  ouvrières,  a  échoué  dans  la  dernière  législature;  nous 
aurons  à  la  reprendre  avec  la  volonté  de  la  faire  aboutir,  mais  nous  refusons  à  l’État  le  rôle 
d’assureur  universel  ;  nous  repoussons  l’obligation  pour  l’ouvrier  de  faire  des  versements 
pour  la  retraite,  et  nous  pensons  que  c’est  aux  mutualités  qu’il  faut  s’en  remettre  pour 
l’organisation  des  caisses  de  retraites. 

L’État  ne  doit  intervenir  que  pour  apporter  aux  mutualités  son  concours,  ses  encoura¬ 
gements  et  contrôler  leurs  opérations. 

Au  point  de  vue  militaire,  la  prochaine  Chambre  sera  saisie  des  projets  de  réduction  du 
service* 


_  245  -  N°  1162 

Il  n’est  personne  qui  ne  se  déclare  tout  au  moins  séduit  par  la  perspective  de  cette 


Vive  la  République  ! 


Marquis  de  MOOSTIER,  Député  sortant, 
Candidat  républicain  progressiste  ou  libérai. 


lr6  circonscription  de  BESANÇON 


M.  BEAUQU1ER 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  6.é65  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 


seront  pas  réalisées. 

Je  crois  pouvoir  me 
aux  plus  importantes. 


aux  mus  iiuuui  laiiLca*  ....  . 

D'abord  la  décentralisation,  qui  comporte  la  simplification  des  louages  si  c  inoisem  i 
compliqués  de  notre  administration  î  la  réduction  du  nombie  des  fonctionnaires,  o 
l'armée  va  toujours  augmentant,  et  la  restitution  aux  pouvoirs  locaux  de  toutes  les  at  li¬ 
bations  dont  l'État  les  a  dépouillés.  Cette  réforme  capitale,  dont  les  conséquences  son 
incalculables,  et  qui  réaliserait  des  économies  considérables,  se  formule  ainsi  «  a  'ta  es 
seuls  intérêts  nationaux,  aux  régions  et  aux  communes  les  intérêts  régionaux  et  coin  mu 


Le  service  militaire  réduit  à  deux  ans,  avec  la  suppression  de  toutes  les  dispenses  ainsi 


que  Tappel  inutile  des  13  jours. 

La  séparation  des  Églises  et  de  l'État,  que  j'ai  votée  chaque  année,  à  chaque  gis  a  ure. 

L’enseignement  interdit  aux  ecclésiastiques  de  tout  ordre,  prêtres  ou  congréganistes, 
en  d'autres  termes,  la  faculté  d'enseigner  exclusivement  accordée  aux  instituteurs  ou  pru 
fesseurs  laïcs  en  possession  de  grades  universitaires. 

L'impôt  global  et  progressif  sur  le  revenu. 

Les  retraites  pour  les  travailleurs  des  villes  et  des  champs,  quand  la  vieillesse  ou  es 
infirmités  leur  ont  enlevé  leurs  forces. 


L’égalité  des  hommes  et  des  femmes  (levant  le  Code  civil 

Depuis  bien  des  années  déjà,  je  m’efforce  par  tous  les  moyens  en  mon  pouvoir  de 
faire  prévaloir  l’idée  de  l’arbitrage  occasionnel  ou  permanent  pour  tous  les  différends  qui  p  ^ 
vent  surgir  entre  les  nations,  et  qui,  si  souvent,  sont  des  causes  de  guerres  aussi  ruineuses 
qu’absurdes,  Jo  continuerai  à  persévérer  dans  cette  voie  pacifique,  encouragé  par  les  pro¬ 
grès  indiscutables  déjà  accomplis  dans  les  esprits*  sinon  dans  les  faits* 

En  ce  qui  concerne  plus  particulièrement  les  intérêts  de  Besançon,  et  notamment  ceux 
do  notre  industrie  horlogèresi  malheureusement  éprouvée,  je  continuerai  à  les  défendre  et 
aies  favoriser,  comme  j’ai  toujours  fait,  quoi  qu’en  puissent  dire  mes  ennemis  politiques, 
que  je  mets  au  défi  de  fournir  la  preuve  du  contraire* 

Électeurs, 

Vous  savez,  pour  l’avoir  constaté  par  vous-mêmes,  que  mes  promesses  sont  sincères  et 
que  mes  votes  ont  toujours  été  conformes  à  mes  engagements;  —  il  n’a  manqué  jusqu’ici  à 
ces  réformes  qu’une  majorité  pour  les  faire  aboutir*  La  seule  chance  que  vous  ayez  de  les 
voir  réalisées,  c’est  de  continuer  à  envoyer  au  corps  législatif  des  députés  qui  soient  de 
fermes  républicains,  et  j’aime  à  croire  que  vous  me  comptez  au  nombre  de  ceux-là- 

Vive  la  République  réformatrice! 

Ch*  BEAUQUIER,  Député  sortant* 


2e  circonscription  de  BESANÇON 
M.  JANET 

Élu  au  Ier  tour  de  scrutin*  —  7.028  voix* 


Mes  chers  Compatriotes, 

Cédant  aux  sollicitations  qui  m  ont  été  adressées  par  votre  député  sortant,  la  presque 
unanimité  de  vos  conseillers  généraux  et  d’arrondissement  et  par  un  grand  nombre  de 
maires  de  la  circonscription,  j’ai  accepté  l’honneur  d’être  le  porte-drapeau  du  vieux  parti 
républicain* 

Comme  Gambetta,  comme  Jules  Ferry,  je  suis  partisan  d’une  République  ouverte  à 
tous  les  hommes  de  convictions  sincères  qui  s’y  rallient  sans  arrière-pensée,  prêts  à  la 
défendre  contre  tous  ses  ennemis. 

Suivant  la  belle  expression  de  M  Waïdecî-Rousseaû,  les  élections  prochaines  ramène¬ 
ront  certainement  à  la  Chambre  une  majorité  exempte  de  tout  patronage  suspect,  une  majo¬ 
rité  qui  ne  cherchera  sa  force  que  dans  l’appui  des  républicains*  C’est  de  cette  majorité  que 
je  ferai  partie  si  vous  me  choisissez  pour  votre  représentant* 

le  réprouve  nettement  les  doctrines  collectivistes,  qui  constituent  la  plus  décevantes 
des  utopies  et  dont  le  triomphe  éphémère  serait  certainement  suivi  d’une  violente  réaction. 

Plein  de  déférence  pour  l’armée  nationale*  à  laquelle  j’appartiens  en  qualité  de  chef 
d’escadron  d’artillerie  territoriale,  j’estime  qu’elle  doit  rester  en  dehors  et  au-dessus  de 
tous  les  partis,  se  bornant  à  travailler  en  silence  à  la  grandeur  de  la  Patrie. 

Je  serai  respectueux  de  toutes  les  convictions  religieuses  et  partisan  de  la  liberté  de 
conscience  la  plus  absolue,  mais  je  combattrai  toujours  l’ingérence  du  clergé  dans  les  ques~ 
tiens  politiques* 


—  247  - 


n°  tm 


Je  me  prononcerai  en  faveur  de  la  liberté'  dVnseignement,  ce  qui  veut  dire  que  ]e  serai 
liustile  à  rétablissement  du  monopole  de  l'État  en  cette  matière. 

Je  voterai  la  suppression  des  impôts  directs  et  leur  remplacement  par  un  impôt  sage¬ 
ment  progressif  sur  le  revenu,  qui  ne  demandera  rien  à  la  misère,  demandera  peu  à  la 
petite  aisance  et  davantage  à  la  richesse. 

Je  réclamerai  la  création,  pour  tous  les  travailleurs  vieux  ou  infirmes,  d'une  retraite 
qui  leur  permettra  de  finir  dignement  une  vie  de  labeur,  sans  tomber  à  la  charge  de  la 
charité  publique. 

Je  suis  partisan  de  la  plus  large  réduction  delà  durée  du  service  militaire,  compatible 
avec  les  nécessités  de  la  défense  nationale. 

j’estime  qu'il  faut  arriver  à  une  diminution  importante  des  frais  de  justice  et  à  une 
grande  simplification  de  la  procédure. 

Je  voudrais  que  les  prestations,  au  lieu  d’être  réparties  brutalement  par  tête,  le  soient 
d’après  les  facultés  contributives  "de  chacun,  c’est-à-dire  au  centime  le  franc. 

J’insisterai  pour  que  l'application  delà  loi  sur  les  boissons  soit  faite  avec  la  plus  grande 
tolérance  possible,  en  laissant  aux  cultivateurs  toutes  les  facilités  pour  distiller  librement 
les  produits  de  leur  récolte* 

Je  soutiendrai  tontes  les  dispositions  de  nature  à  apporter  un  allègement  aux  charges 
des  familles  nombreuses. 

Je  m'efforcerai  de  venir  en  aide  à  l'agriculture,  qui  traverse  actuellement  une  si  pénible 
crise,  par  le  développement  de  l'association,  de  renseignement  professionnel,  l'organisation 
du  crédit  rural,  Ja  réduction  des  droits  de  mutation  sur  les  petites  ventes.  L'amélioration  du 
sort  du  cultivateur  sera  Tune  de  mes  pkis  constantes  préoccupations. 

Je  fais  appel,  pour  la  réalisation  de  ces  réformes,  à  l'ensemble  du  parti  républicain, 
estimant  que,  dans  notre  grande  famille  démocratique,  il  peut  bien  y  avoir  des  divergences 
secondaires,  mais  jamais  de  divisions  profondes. 

D'origine  franc-comtoise,  connaîsssant  depuis  longtemps  vos  besoins,  vos  inspirations, 
mis  par  mes  fonctions  administratives  en  contact  constant  avec  l'ouvrier  et  le  paysan,  je 
serai  heureux  de  consacrer  toute  mon  activité  à  la  défense  de  vos  intérêts. 

Si  vous  m’accordez  vos  suffrages,  je  me  donnerai  tout  entier  à  mon  mandat  de  député 
et  viendrai  habiter  au  milieu  de  vous,  chaque  fois  que  les  travaux  parlementaires  me  le 
permettront.  Ma  porte  vous  sera  largement  ouverte  et  je  mettrai  à  votre  disposition  toute 
ma  bonne  volonté  comme  toute  mon  influence. 

Vive  la  République  démocratique! 

Léon  JANET, 

Ingénieur  en  chef  au  Corps  des  Mines, 

Chef  d'escadron  d'artillerie  territoriale,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur, 
Conseiller  municipal  de  Saint-Vit,  candidat  républicain  démocrate. 


Circonscription  de  MONTBÉLIARD 

M,  BORNE,  élu  Sénateur,  remplacé  par  M,  RÉVILLE. 


Voy.  Elections  partielles. 


Circonscription  de  PONTARLIER 

M.  Georges  GROSJEÀN 
Elu  au  2e  tour  de  scrutin,  —  6.ÛS5  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

IJai  l’honneur  de  solliciter  vos  suffrages. 

Pour  la  seconde  fois  depuis  peu  d'années,  la  France  traverse  une  crise  humiliante. 

Si  ce  fut  sa  vieille  honnêteté  qui  protesta  contre  les  scandales  du  Panama,  c'est  son  bon 
sens  autant  que  son  patriotisme  qui  ont  jusqu'ici  résisté*  à  la  campagne  antinationale  que 
seconde  et  dirige  un  ministère  à  la  naissance  duquel  a  présidé  Dreyfus. 

Le  premier  de  ces  crimes,  qui  est  resté  impuni  et  qui  fut  h  peine  et  trop  tard  flétri, 
n'était  qu'un  vol  ;  —  le  second,  c’est  la  trahison  favorisée.  Naguère,  il  s'agissait  seulement 
de  nous  appauvrir  ;  on  veut  maintenant  nous  dégrader,  nous  livrer  et  nous  ruiner. 

Depuis  trois  ans,  la  Nation —  la  vraie,  celle  qui  travaille  et  n’agiote  pas  —  repousse  avec 
dégoût  la  politique  sectaire  et  haineuse  d’une  coterie  en  possession  du  pouvoir  et  qui 
essaie  de  confondre  les  destinées  de  la  République  avec  les  siennes. 

Je  n’ai  pas  à  rappeler  ici  la  suite  trop  longue  de  leurs  attentats  contre  la  Liberté  et 
contre  la  Patrie,  dont  consciemment  ou  non  ils  ont  amoindri  la  dignité  et  la  sécurité. 

La  parole  va  être  donnée  dans  quelques  jours  au  Pays,  Vous  aurez  a  dire  ce  que  vous 
pensez  du  passé  et  ce  que  vous  voulez  pour  l'avenir; 

Quant  à  moi,  je  vous  dois  un  programme,  mais  les  grandes  lignes  seules  en  peuvent 
être  profilées  dans  le  cadre  étroit  d'une  profession  de  foi. 

Si  loin  que  je  remonte  vers  mes  plus  anciens  souvenirs,  je  ne  me  connais  que  répu¬ 
blicain  :  je  suis  tel  par  les  origines  et  par  la  réflexion.  Nul  ne  f  erait  plus  que  moi  résolu  à 
défendre  la  République,  si  elle  était  menacée. 

Mais  je  prétends  que  la  République  soit  démocratique  et  française. 

Elle  doit  être  la  chose  de  tous  les  citoyens,  non  l'abri  momentané  d'étrangers  qui  y  par* 
lent  en  souverains,  ouïe  patrimoine  de  nouveaux  venus,  a  peine  et  trop  facilement  natu¬ 
ralisés. 

La  République  sera  libérale.  Elle  aura  le  respect  de  tous  les  cultes,  sans  permettre  à 
aucun  d'empiéter  sur  la  souveraineté  de  l’État,  et  sans  tolérer  encore  moins  l’ingérence  des 
sectes  dans  toutes  les  mesures  du  Gouvernement.  Elle  gardera  bien  d'attribuer  à  l'Univer¬ 
sité  un  monopole  dont  ceUe-ci  serait  la  première  victime.  Toutes  les  associations  seront 
égales  devant  la  loi  et  dans  la  liberté.  Je  revendique  pour  tous  les  citoyens  le  droit  de 
penser  et  d'agir  selon  leurs  convictions  et  leurs  croyances,  et  celui,  plus  sacré  encore,  de 
dernier  une  éducation  de  leur  choix  à  leurs  enfants,  sans  exposer  ceux-ci  à  se  voir  plus 
tard,  contrairement  aux  principes  de  la  Déclaration  des  Droits  de  l'homme,  refuser  l'admis¬ 
sion  aux  emplois  publics. 

Pour  conserver  la  paix,  il  faut  être  forts.  Le  souci  d’institutions  militaires  qui  soient 
solides,  mais  qui  soient  légères  autant  que  possible  a  la  Nation,  me  conduit  à  vouloir  le 
servir  d'un  an  obligatoire  pour  tous,  combiné  avec  l'organisation  d'un  corps  de  vétérans. 
Ce  système  de  recrutement  nous  donnera,  avec  de  bonnes  réserves,  une  année  de  choc 
excellente. 

Le  collectivisme  est  une  erreur  allemande  dangereuse.  Tout  ministère  qui  le  consacre, 
sous  quelque  prétexte  que  ce  soit,  comme  parti  du  Gouvernement,  eu  faisant  place  à  Tun  de 
ses  représentants,  doit  être  sur  l'heure  renversé. 


N"  4162 


—  249  — 

Les  problèmes  sociaux  doivent  être  abordés  avec  un  sentiment  profond  de  solidarité, 
loyalement,  généreusement,  bravement.  Les  sociétés  libres,  telles  que  les  mutualités, 
offrent  une'solution  à  bien  des  questions  douloureuses.  Il  faut  leur  donner  une  législation 
pratique  qui  aide  à  leur  développement  continu. 

Organiser  sur  de  meilleures  bases  la  collaboration  nécessaire  du  travail  et  du  capital 
est  désormais  le  premier  devoir  des  parlements.  Le  sort  des  ouvriers  sera  amélioré  par  la 
constitution  de  caisses  de  retraite  et  de  chômage.  Il  ne  faut  pas  différer  non  plus  à  donner 
aux  syndicats  professionnels  une  bonne  loi  qui  leur  permette  de  devenir  propriétaires.  Il  est 
temps  aussi  de  défendre  les  salaires  contre  la  concurrence  étrangère.  Est-il  juste  que  ^ou¬ 
vrier  étranger,  qui  est  dispensé  du  service  militaire,  continue  à  prendre  chaque  année  un 
milliard  de  salaires  à  la  France? 

L’agriculture  succombe  sous  le  poids  des  charges  fiscales.  Elle  doit  être  soulagée  immé¬ 
diatement.  Il  faut  remanier  l’impôt  des  prestations  ainsi  que  la  taxe  foncière,  et  supprimer 
l’impôt  hypothécaire.  Les  formalités  judiciaires  pour  les  ventes  d’immeubles  sont  longues  et 
onéreuses.  Il  importe  d’y  substituer  une  procédure  rapide  et  peu  coûteuse.  La  sécurité  du  titre 
foncier  doit  être  assurée  par  la  création  du  Grand-livre  de  la  propriété  foncière. 

En  pacifiant  le  monde  du  travail,  on  rendra  à  l’industrie  la  sécurité  dont  elle  ne  peut 

se  passer. 

Le  taux  excessif  des  transports  dits  d’exportation  en  chemin  de  fer  est  l’une  des  causes 
les  plus  certaines  de  l’infériorité  de  notre  grand  commerce.  On  pourrait  le  réduire  de 
moitié.  Je  m’efforcerai  de  lui  donner  cet  avantage. 

La  condition  première  de  toute  réforme,  si  modeste  soit-elle,  est  dans  le  rétablissement 
de  l’ordre  financier.  Pour  réaliser  celui-ci,  des  mesures  énergiques  ne  peuvent  plus  être 
différées.  Il  ne  suffit  pas  de  les  concevoir  ;  il  faudra  les  appliquer  sans  pusillanimité  ni  fai- 

b  1 6  S  S  6  „ 

Il  sera  expédient  de  limiter  l'initiative  parlementaire  en  matière  de  crédits  :  je  voterai 
cette  réforme. 

Une  surveillance  plus  exacte  dans  la  réception  des  marchés  passés  par  les  grandes 
administrations  publiques  ;  un  contrôle  plus  minutieux  des  déoenses  de  la  guerre  et  de  la 
marine,  donneraient  des  économies  considérables  :  je  les  exigerai. 

La  suppression  de  toutes  les  fonctions  inutiles,  en  tenant  compte  des  droits  acquis,  est 
dans  le  vœu  de  tous  :  je  la  réclamerai. 

La  diminution,  dans  une  très  large  mesure,  des  traitements  fastueux  dont  jouissent 
certains  fonctionnairesj  tels  que  les  trésoriers-payeurs  généraux,  permettra  d  assurer  à 
maints  petits  employés  des  retraites  proportionnelles  ou  une  amélioration  de  leur  sort  :  je 
poursuivrai  ce  résultat  sans, me  lasser. 

L'impôt  sur  les  revenus  est  en  principe  juste  et  équitable,  mais  les  moyens  d  appli¬ 
cation  pratiques  en  sont  difficiles.  11  ne  faut  pas  que  cette  taxe  soit  inquisitoriale  ni  que, 
reposant  sur  la  déclaration,  elle  laisse  échapper  ces  fortunes  mondiales  dont  l'action  se  fait 
sentir  partout  et  qui  ne  sont  situées  nulle  part.  Un  impôt  direct  sur  les  signes  extérieurs 
de  la  richesse  obtiendrait  mon  suffrage. 

Une  refonte  de  l'organisation  administrative  et  judiciaire  est  urgente.  1  en  présenterai 
et  défendrai  le  projet  devant  la  Chambre. 

L’œuvre  réformatrice  qui  s’impose  à  la  bonne  volonté  et  au  courage  de  vos  représen¬ 
tants  doit  être  complétée  par  une  réforme  parlementaire  prudente,  maie  sérieusement 
voulue! 

Je  demeure  partisan  du  régime  représentatif,  mais  je  veux  qu’il  soit  de  plus  en  plus 
inspiré  de  l’esprit  de  la  démocratie  française,  qui  tend  toujours  vers  l'ordre*  la  liberté  et  le 
progrès. 

Le  vote  obligatoire  et  la  représentation  des  minorités  feraient  vraiment  de  la  Chambre 
l'image  du  pays  légal.  La  réduction  du  nombre  des  députés  et  l'interdiction  du  vote  par  pro¬ 
curation  sont  des  bienfaits  dont  on  reconnaît  la  nécessité  et  1  urgence,  L  élection  des  députés 
au  scrutin  de  liste  élèverait  le  niveau  des  caractères  et  des  intelligences  dans  la  Chambre, 

32 


—  PO  — 

La  compétence  des  assemblées  départementales  et  communales  doit  être  étendue.  Le 
cumul  des  mandats  do  député  ou  de  sénateur  avec  celui  de  conseiller  généra]  est  a  prohiber, 
—  ^appuierai  toute  proposition  qui  aurait  pour  objet  l’eusemble  de  cet  arrondissement  et 
sa  prospérité  seront  Pubjet  de  toute  mon  étude  et  de  mes  plus  persévérants  efforts. 

Électeurs,  mes  ehers  Concitoyens, 

Nous  luttons  pour  la  Patrie  et  pour  la  Liberté.  Cette  pensée  soutient  notre  constance, 
La  République  que  nous  voulons  est  celle  dont  rêva  Gambetta  :  secourable  et  propice  aux 
humbles  ;  rude  et  incommode  aux  traîtres7  aux  concussionnaires  et  à  leurs  complices;  juste 
envers  tous  ;  pacifique  mais  armée  pour  la  Paix. 

Vive  la  Nation  1 
Vive  ia  France î 
Vive  la  République  l 

Georges  GROSJEÀN, 

Ancien  juge  au  Tribunal  de  Versailles, 

Candidat  républicain  libéral,  antiministériel. 


—  251  — 


W°  1162 


DROME 


Circonscription  de  DIE 

M.  FERRÏER 

Élu  au  2°  tour  de  scrutin,  7.674  vois. 


Citoyens, 

Cédant  à  ^initiative  d'un  grand  nombre  d’arais  républicains  de  tous  les  cantons  de 
Farrondissement  de  Die  m'encourageant  à  poser  ma  candidature  à  l'élection  législative  du 
27  avril  19Ü2,  je  viens  me  présenter  à  vous  et  vous  demander  vos  suffrages. 

Électeurs, 

Vous  me  connaissez  tous:  fils  d'ouvrier,  ouvrier  moi-même,  depuis  quarante  afisje 
travaille  pour  l'agriculture,  c’est-à-dire  que  la  profession  que  j’êxeree  se  lie  intimement  à 
cette  industrie-  Les  perfectionnements  apportés  dans  la  fabrication  de  mes  instruments 
agricoles,  les  travaux  importants  de  viticulture  que  j'ai  fait  exécuter  ont  été  l'objet  de  nom¬ 
breuses  récompenses  dans  les  concours,  les  comices  agricoles,  et  de  la  part  des  sociétés 
d'agriculture. 

Le  31  décembre  1888,  j'ai  été  fait  chevalier  du  Mérite  agricole. 

En  dehors  de  cette  profession,  l'exerce  depuis  plus  de  trente  ans  des  fonctions  publi¬ 
ques  et  gratuités. 

Depuis  trente-quatre  ans,  sans  interruption,  je  suis  vice-président  ou  président  de  la 
société  de  secours  mutuels <r  La  Fraternité  »,  en  môme  temps  que  président  de  la  société  de 
retraites  des  sapeurs-pompiers. 

En  récompense  des  services  rendus  à  la  cause  mutualiste,  j'obtenais,  lors  du  passage 
du  regretté  président  Carnot  à  Valence,  la  médaille  d'argent  de  la  mutualité  et,  le  14  juil¬ 
let  1900,  au  nom  du  Président  de  ta  République,  k  médaille  d'or  qui  est  la  plus  haute 
récompense  décernée  aux  mutualistes. 

Je  veux  donc  placer  en  tête  de  mon  programme  : 

1"  Mesures  tendant  à  favoriser  le  développement  de  la  mutualité  que  je  crois  être  le 
meilleur  moyen  pour  préparer  la  solution  des  graves  problèmes  sociaux  de  notre  époque. 

2Q  Réduction  du  service  militaire  à  deux  ans,  égal  et  obligatoire  pour  tons. 

8°  Empire  colonial  :  assez  de  possessions  lointaines,  plus  d  expansion;  notre  empire 
est  assez  vaste,  sachons  coloniser  ;  ne  faisons  pas  toujours  le  jeu  de  nos  adversaires  et 
favorisons  nos  nationaux. 

4°  Retraites  ouvrières.  —  Nous  sommes  partisan  d  assurer  dans  des  conditions  pra¬ 
tiques  les  retraites  à  la  vieillesse. 

11  faut  faire  là  une  large  part  à  l’esprit  humanitaire  qui  doit  nous  engager  à  nous 
porter  une  aide  réciproque  et  bienveillante  :  l’ouvrier  des  champs,  comme  l'ouvrier  de 


—  2S|  — 

Batelier,  qui  a  créé  et  produit  sa  vie  durant,  doit  avoir  du  pain  sur  ses  vieux  jours,  lorsque 
ses  forces  le  trahissent. 

5e  Respect  absolu  de  la  propriété  individuelle, 

6°  Dégrèvement  de  l'impôt  foncier;  arriver  à  des  tarifs  protecteurs  qui  nous  permet¬ 
tent  de  lutter  contre  la  concurrence  étrangère, 

7°  Impôt  sur  les  revenus  du  capital  ;  alléger  les  revenus  du  travail,  demander  davan¬ 
tage  au  superflu,  moins  à  l’utile,  et  rien  au  nécessaire»  à  l’indis pensable,  selon  le  projet  de 
Phonorable  Léon  Bourgeois, 

Choix  des  fonctionnaires. 

9°  Faire  observer  le  Concordat  ou  le  dénoncer  pour  arriver  à  la  séparation  des  Églises 
et  de  l’État. 

10°  Suppression  des  périodes  des  28  jours  ou  réduction  à  la  moitié  de  la  durée, 

11°  Accessibilité  gratuite  de  l’enseignement  secondaire  et  supérieur  par  de  nombreuses 
bourses  délivrées  aux  enfants  pauvres  intelligents. 

Membre  du  Comité  exécutif  de  la  Fédération  de  la  Drôme,  j’ai  voté,  dans  la  mémo¬ 
rable  journée  du  29  septembre  1901,  tous  les  vœux  présentés  à  rassemblée  générale.  Vous 
me  verrez  toujours  marcher  de  Pavant  pour  la  réalisation  des  réformes  attendues  par  les 
travailleurs. 

Électeurs, 

Au  20  janvier  1901,  les  électeurs  de  la  ville  de  Die  m’ont  élu  conseiller  municipal  ;  le 
21  juillet  suivant,  c’était  le  canton  qui  m’envoyait  siéger  à  rassemblée  départementale  et, 
à  la  session  d’août,  mes  collègues  du  Conseil  général  me  nommaient  membre  de  la  Com¬ 
mission  départementale. 

À  vous,  électeurs  de  l'arrondissement,  de  me  venger  de  tontes  les  calomnies  dont  paï 
été  abreuvé  pour  avoir  soutenu  la  politique  de  mon  ami  Louis  Blanc, 

Chers  Concitoyens, 

Rappelez-vous  qu’à  la  veille  d’une  élection,  les  belles  paroles  d’un  candidat,  les  pro¬ 
grammes  sont  quelque  chose  quand  les  promesses  sont  tenues;  mais,  au-dessus.  Il  faut 
envisager  aussi  le  passé  du  candidat. 

Je  vous  donne  comme  garantie  trente  années  de  dévouement  à  la  démocratie.  Ma  vie 
politique  est  pure,  sans  tache,  sans  défaillance,  sans  compromission,  n’ayant  jamais  changé 
mon  fusil  d’épaule. 

À  vous  de  juger  si,  par  ma  conduite  passée,  je  suis  digne  d’obtenir  vos  suffrages. 

Croyez  bien  que,  quoi  qu’il  advienne,  je  serai  toujours  un  fidèle  serviteur  de  la  Répu¬ 
blique. 

FERRIER  Adolphe,  Conseiller  général, 

Membre  de  la  Commission  départementale  et  du  Comité  exécutif 
de  la  Fédération  de  la  Drôme, 


—  253  — 


Nû  1162 


Circonscription  de  MONTÉLIB1AR 

AL  Antoine  GRAS 

Éiu  an  VT  tour  de  scrutin»  —  8,759  voix. 


Electeurs, 

Je  viens,  pour  la  troisième  fois,  poser  ma  candidature  à  la  députation. 

Je  me  présente  sous  le  couvert  et  les  auspices  du  ministère  Waldeck-Rousseau,  dont 
l’avènement  aux  affaires,  dans  les  circonstances  quasi  tragiques  que  tout  le  monde  connaît, 
a  rendu  un  service  immense,  à  la  République  et  à  la  Patrie.  Ledit  ministère,  en  effet,  après 
avoir  mis  à  la  raison  les  fauteurs  de  désordre  et  de  coups  d’Etat,  s’est  mis  résolument  à 
l’œuvre  et  a  fait  adopter  par  la  Chambre  un  grand  nombre  de  lois,  d’une  importance  consi¬ 
dérable,  telles  que  lès  lois  ouvrières,  la  réforme  hypothécaire,  les  lois  sur  les  successions, 
les  boissons,  les  associations,  etc.,  etc.  On  peut  ajouter  qu’il  a  sagement  administré  les 
finances  de  l’État,  et  qu’au  point  de  vue  diplomatique,  son  action  a  été  aussi  habile  que 

prudente, 

G’ost  donc  avec  raison  que  tons  les  républicains  dignes  de  ce  nom,  se  sont  fortement 
groupés  autour  de  lui. 

Mon  programme  est  le  suivant  : 

Service  militaire  réduit  à  deux  ans,  avec  suppression  des  dispenses. 

2°  Impôt  global  et  progressif  sur  le  revenu. 

r  Caisse  de  retraite  pour  les  travailleurs  âgés  ou  invalides, 

îf  Nationalisation  de  certains  grands  services  publics,  comme  la  Banque  de  France, 
le?  chemins  de  fer,  les  mines,  etc. 

5°  Dénonciation  du  Concordat,  c’est-à-dire  l’Église  libre  dans  l’Etat  libre. 

6°  Abrogation  de  la  loi  Falloux. 

Application  de  la  loi  sur  les  associations. 

8°  Épuration  des  fonctionnaires* 

9°  Subordination  du  pouvoir  militaire  au  pouvoir  civil. 

1Û°  Réformes  agricoles,  canaux  du  Rhône,  etc. 

On  dit  que  je  veux  détruire  la  propriété,  la  religion,  P  armée,  la  Patrie;  autant  d’absur¬ 
dités,  autant  de  calomnies. 

La  propriété  :  Je  sois  l’ennemi  déclaré  du  collectivisme  et  le  partisan  résolu  de  la 
propr  i  été  i  n  cl  ivi  d  ne  1 1  e . 

La  religion  :  Je  combats  l’Église  en  tant  que  pouvoir  politique  qui  voudrait  dominer  le 
monde  et  opprimer  les  consciences,  mais  j’ai  le  profond  respect  du  sentiment  religieux, 
aussi  vieux  que  le  monde,  du  sentiment  religieux,  pur  et  sublime  élan  de  Famé  vers  la 
divinité. 

L’armée  :  Je  me  suis,  occupé  spécialement,  à  la  Chambre,  de  questions  militaires.  Je  ne 
veux  pas,  il  est  vrai,  d’une  armée  de  conquêtes  à  outrance,  de  coups  de  force  et  de  coups 
d'État ;  mais  je  respecte  l’armée  en  tant  qu’elle  se  consacre  exclusivement  à  la  défense  de 
aos  frontières,  de  nos  foyers  et  de  nos  institutions. 

LaPatrie  :  descendant  de  ceux  qui,  en  92,  ont  repoussé  l'Europe  entière  coalisée  contre 
nous  et  sauvé  la  Patrie,  la  Patrie  m’est  sacrée,  et  je  lui  appartiens  tout  entier,  corps  et 
âme.  Les  ennemis  de  la  Patrie  sont  plutôt  les  descendants  des  émigrés,  de  Quîberon  et  de 
Coblentz,  des  traîtres  de  1815  et  de  1870. 


2S4  — 


Électeurs, 


Le  nationalisme,  ramassis  dè  toutes  les  réactions  coalisées  contre  la  Démocratie  et  la 
République,  ne  craint  pas,  par  ses  provocations  insensées  et  criminelles,  de  pousser  à  la 
guerre  avec  P  étranger;  le  nationalisme  médite  et  rêve  de  faire  revivre  les  guerres  de  reli¬ 
gion,  dont  le  souvenir  est  présent  à  toutes  vos  mémoires;  le  nationalisme  s'agite  désespé¬ 
rément  dans  toute  la  France  et  tente  un  suprême  effort  pour  renverser  et  détruire  le  magni 
tique  édifice  élevé,  au  prix  de  tant  de  labeurs,  par  nos  pères  de  80. 

Donc,  haut  les  cœurs  1  Debout,  tous,  républicains  et  patriotes,  pour  défendre,  avec  la 
dernière  énergie,  nos  libertés  menacées  et  la  Patrie  en  danger! 


Vive  la  Patrie  Républicaine  ! 

Vive  la  République  démocratique  I 


A.  GRAS. 


Circonscription  de  NYONS 

M.  L.  BERTRAND 

Elu  au  2e  lourde  scrutin,  —  /g. 657  voix. 


Chers  Concitoyens, 

De  nombreux  républicains  de  nos  cantons  ont  vivement  insisté  auprès  de  moi  pour  me 
décider  à  poser  ma  candidature,  convaincus  que  je  pourrais  déterminer  la  Victoire  prochaine, 
qui  sera  pour  l'arrondissement  de  Nyons  une  véritable  délivrance,  en  sortant  résolument, 
dans  la  lutte  contre  la  réaction,  le  drapeau  de  la  République, 

3’aurais  pu  décliner  un  honneur;  je  ne  pouvais  me  dérober  à  l'accomplissement  d'un 
devoir,  et  je  réponds  à  l'appel  qui  m'a  été  adressé. 

Électeurs  républicains. 

Vous  me  connaissez.  Voilà  près  de  trente  ans  que,  sans  défaillance,  je  défends  au  milieu 
de  vous  les  idées  franchement  démocratiques. 

En  1876,  en  plein  Ordre-Moral,  je  luttais  déjà  dans  une  élection  à  la  Chambre  des 
Députes  contre  M.  le  comte  de  Suarez  d'Aulan  et  je  ralliais  sur  mon  nom  près  de  4.0ÜÛ  süfj 
frages. 

Deux  foisj  en  1880  et  en  188ô,  je  l'ai  battu,  dans  son  propre  canton,  à  une  très  forte 
majorité,  aux  élections  du  Conseil  général#  et  tout  récemment  encore  les  partisans  du  Députe 
actuel,  sûrs  de  la  défaite,  n'ont  pas  même  osé  engager  la  lutte  contre  moi  h  l’élection  dépars 
temeutale  du  15  décembre  dernier. 

Ce  sont  là  dés  antécédents  politiques  et  d'heureux  présages  du  meilleur  augure  qui 
doivent  nous  inspirer  à  tous  courage  et  confiance. 

A  la  coalition  des  monarchistes  et  des  réactionnaires  de  toute  couleur  qui  ne  réCüdeflt 
devant  aucun  moyen  pour  tromper  le  pays  et  s'affublent  même  d’ün  masque  républicain,  il 
faut  opposer  plus  que  jamais  l'union  étroite  de  tous  les  démocrates,  combattant  à  arnteS 
loyales,  à  visage  découvert,  et  répudiant  la  corruption  par  l'argent,  aussi  déshonorante  pour 
l'électeur  que  pour  l'élu. 


_ _ 


N°  1162 


—  2S5  — 

Les  décisions  du  Congrès  de  Nyons,  qui  assurent  T  union  et  la  discipline,  sont  d'ailleurs 
Je  plus  sûr  garant  do  la  déroute  finale  de  nos  adversaires. 

Mon.  programme  est  celui  que  toute  la  démocratie  delà  Drôme  a  sanctionné  au  Congrès 
départemental  du  29  septembre  dernier,  et  que  depuis  1871  nos  représentants  fidèles  ont 
invariablement  soutenu.  C'est  celui  de  nos  dévoués  Sénateurs  et  Députés  républicains  dont 
je  m'honore  d'être  l'ami* 

Trois  réformes  me  paraissent  s'imposer,  avant  toutes  les  autres,  à  la  législature  pro¬ 
chaine.  ' 

C'est  d'abord  la  réforme  démocratique  de  l'impôt,  qui,  en  étendant  à  tous  les  revenus  la 
forme  progressive  déjà  adoptée  pour  les  successions,  permettra  de  dégrever  notablement  les 
petits  contribuables  et  tout  particulièrement  les  populations  rurales. 

C'est  ensuite,  pour  alléger  les  charges  qui  pèsent  sur  la  nation,  la  réduction  du  service 
militaire  limité  à  deux  ans  et  égal  pour  tous,  sans  dispense  d’aucune  sorte,  sauf  pour  les 
véritables  soutiens  de  famille. 

C'est,  enfin,  la  loi  sur  les  retraites  en  faveur  des  vieux  travailleurs  qui  devra  donner  le 
pain  des  derniers  jours  non  seulement  aux  ouvriers  des  villes,  mais  encore  à  ceux  des 
champs  et  aux  petits  propriétaires  de  nos  campagnes  dont  j’ai  à  cœur  de  servir  à  tous  égards 
les  intérêts* 

Pour  accomplir  ces  grandes  mesures,  auxquelles  il  convient  d'ajouter  la  défense  résolue 
de  notre  enseignement  laïque,  il  importera  d'assurer  l’union  du  parti  républicain  autour 
d'un  Ministère  stable,  énergique,  décidé  à  poursuivre  sans  trêve  la  sécularisation  complète 
de  PÉtat,  garantie  de  l'indépendance  de  la  société  civile  et  sauvegarde  de  la  liberté  de 
conscience. 

Citoyens, 

Contre  tous  les  factieux,  monarchistes,  nationalistes  ou  autres,  qui  foulent  aux  pieds  la 
Constitution,  calomnient  les  pouvoirs  publics,  outragent  le  chef  respecté  de  l'État,  cherchent 
à  réveiller  les  passions  religieuses  pour  les  exploiter,  provoquent  sans  cesse  ia  perturbation 
et  le  désordre,  veulent  la  guerre,  unissons-nous,  républicains  des  cantons  de  rfyons,  du  Buis, 
de  Remuzat  et  de  Séderon,  oublions  tome  rivalité  locale,  toute  préférence  personnelle,  et  ne 
songeons  qu'à  fortifier  le  Gouvernement  de  la  République  dont  le  maintien  est  indissoluble¬ 
ment  lié  à  la  prospérité  nationale,  à  la  paix  générale  et  à  la  grandeur  de  la  France  I 

Vive  la  République  démocratique  I 

Lucien  BERTRAND, 

Propriétaire  à  Séderon,  conseiller  général 
de  la  Drôme. 


1™  circonscription  de  VALENCE 
M.  MÀURICE-FAÜRE,  élu  Sénateur,  remplacé  par  M*  MAL1ZÀRD. 


Voy\  Élections  partielies* 


—  256  — 


241  circonscription  de  VALENCE 

M.  Charles  C1IABËRT 

Elu  au  lçr  tour  de  scrutin.  —  10,903  voix. 


Citoyens, 

Vous  êtes  appelés  à  exercer  le  droit  suprême  que  vous  confère  le  suffrage  universel, 
c’est-à-dire  à  manifester  votre  sentiment  sur  la  direction  à  donner  aux  affaires  du  pays. 

Partout,  les  pires  ennemis  de  la  République  essaient  par  îa  puissance  de  l’argent  autant 
que  par  la  calomnie  et  l'injure,  de  jeter  le  trouble  daus  les  esprits  et  de  déconsidérer  tous 
ceux  que  la  démocratie  honore  de  sa  confiance. 

Ils  se  disent  audacieusement  les  seuls  patriotes,  les  seuls  républicains,  comme  si  le 
patriotisme  était  leur  monopole  et  comme  si  tous  leurs  actes  ne  donnaient  pas  un  éclatant 
démenti  à  leur- prétendue  conversion  républicaine. 

Mais  vous  ne  sauriez  être  dupes  de  manœuvres  aussi  perfides.  Vous  prouverez  qu'à  vos 
yeux  l’avenir  et  la  grandeur  de  la  France  reposent  sur  raffermissement  et  le  développement 
de  la  République  ;  que  vous  avez  horreur  des  aventures  et  des  coups  d'État,  et  que  vous 
entendez  au  contraire  fortifier  le  libre  régime  qui  a  su  remédier  aux  fautes  de  l'Empire, 
reconstituer  nos  belles  armées  de  terre  et  de  mer,  relever  notre  pays  aux  yeux  du  monde,  eî 
lui  procurer  trente  années  de  paix  et  de  prospérité. 

Deux  partis  sont  en  présence  ;  d’un  côté,  la  coalition  monarchiste  et  cléricale,  déguisée 
sous  le  faux  nom  de  nationalisme  qui,  comme  au  Seize-Mai  et  au  temps  du  boulangisme, 
prépare  un  nouvel  assaut  de  la  République.  —  De  Fautre,  le  bloc  des  républicains  sincères 
qui,  étroitement  unis,  n'ont  jamais  cessé  de  combattre  pour  le  progrès  démocratique,  pour 
les  réformes  sociales,  et  pour  une  politique  énergique  de  défense  et  d’action  républi¬ 
caines. 

C'est  entre  ces  deux  partis  que  vous  aurez  à  vous  prononcer. 

Convaincu  d’avoir  répondu  à  vos  aspirations  les  plus  ardentes,  persuadé  d'avoir  fidèle¬ 
ment  suivi  le  programme  que  vous  avez  acclamé  sur  mon  nom,  en  1899,  par  plus  de 
10,000  suffrages,  je  n’hésite  pas  à  vous  demander  le  renouvellement  de  mon  mandat. 

Les  questions  qui  doivent  attirer  plus  particulièrement  l'attention,  et  dont  la  solution 
s'impose  à  bref  délai,  sont  les  suivantes  : 

1°  Abrogation  de  la  loi  Falloux; 

2  Respect  absolu  de  la  liberté  de  conscience  et.  comme  conséquence,  laïcité  complète 
de  l’État  j 

3°  Impôt  progressif  sur  le  revenu,  sans  vexation  ni  inquisition; 

h°  Abaissement  à  deux  ans  de  la  durée  du  service  militaire  obligatoire  pour  tous  sans 
exception,  sauf  pour  les  véritables  soutiens  de  famille;  —  réduction,  si  ce  n’est  suppres¬ 
sion,  des  périodes  de  28  et  13  jours;  —  interdiction  de  soumettre  les  réservistes  aux 
fa ligues  dos  grandes  manœuvres; 

5"  Suprématie  absolue  du  pouvoir  civil  sur  tous  les  autres  pouvoirs; 

6  Lois  d  assistance  et  de  solidarité  sociales  ;  —  Institution  de  caisses  de  retraites  pour 
tous  les  travailleurs  des  villes  et  des  campagnes;  —  Création  d’asiles  pour  ies  vieillards 
infirmes  ou  nécessiteux; 

7a  Maintien  et  développement  des  syndicats  professionnels; 


N°  H  62 


—  â57  — 

8°  Développement  des  sociétés  de  secours  mutuels,  attribution  de  subventions  plus 

importantes^^  ^  ^  magisLratures  simplification  d u  Code  de  procédure,  diminution  des 

frais  de  justice,  extension  de  la  compétence  des  juges  de  paix; 

10”  Décentralisation  administrative,  extension  des  franchises  communales,  réduction 
du  nombre  des  emplois  publics,  interdiction  du  cumul  des  fonctions  salariées,  recrutement 
des  fonctionnaires  parmi  les  républicains  sincères  seulement; 

li°  Réduction  des  dépenses  au  strict  minimum,  tout  en  tenant  compte  des  besoins  de 
la  défense  nationale  et  des  services  indispensables  de  l'État  ; 

12°  Diminution  des  gros  traitements  civils  et  militaires; 

13°  Protection  de  Fagriculture  et  de  la  sériciculture;  —  Adoption  de  mesures  plus  effi¬ 
caces  pour  remédier  à  la  concurrence  des  produits  étrangers; 

14®  Révision  du  cadastre; 

155  Protection  du  petit  commerce  et  de  la  petite  industrie  contre  le  monopole  désastreux 
des  grandes  sociétés  financières  et  des  grands  magasins; 

16e  Amélioration  sérieuse  du  service  des  grandes  Compagnies  de  chemins  de  fer  et  de 
celui  des  tramways  départementaux,  tant  pour  les  voyageurs  que  pour  les  marchandises;  — 
Extension  de  notre  réseau  de  tramways  par  la  création  des  lignes  de  Romans  à  Grand-Serre, 
par  Mours,  Peyrios,  etc,,  et  de  Saint-VaMer  à  Beaurepaire,  par  Anneyron,  avec  embranche¬ 
ment  de  cette  localité  sur  Saint-Rambert; 

17°  Arbitrage  international;  —  Eu  préconiser  et  en  rechercher  les  moyens  d’applica¬ 
tion  4  Met  d’aplanir  pacifiquement  les  différends  de  peuple  à  peuple,  d’éviter  les  calamités 
de  la  guerre  et  de  provoquer  le  désarmement  général. 

Citoyens, 

Vous  aurez  conscience  de  votre  devoir*  Vous  vous  souviendrez  qu’un  peuple  qui  s  aban¬ 
donne  à  la  réaction  est  voué  à  la  décadence,  si  ce  n’est  aux  pires  désastres,  comme  ceux  de 
1870.  L’avenir  de  la  France  et  de  la  République  est  entre  vos  mams, 

La  politique  de  nos  adversaires  se  résume  en  trois  mots  : 

Césarisme!  Cléricalisme!  Asservissement î 

Opposez-leur  résolument  la  nôtre,  qui  signifie  : 

République!  Liberté  de  conscience!  Affranchissement  1 

Notre  belle  circonscription  ne  saurait  manquer  a  son  passé  républicain.  Grâce  à  vous, 
elle  comptera  bientôt  un  nouveau  et  mémorable  triomphe. 

Vive  la  République  démocratique  ! 

Charles  GHABERT,  Député  sortant. 

Maire  de  Saint-Donat,  vice-président  du  Conseil  général 
de  la  Drôme. 


—  258  — 


EURE 


Circonscription  des  ANDELYS 

M.  Louis  PASSY 

Élu  au  leT  tour  de  scrutin  —  9*805  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Je  viens  encore  une  fois  solliciter  vos  bienveillants  suffrages. 

Dans  cette  courte  déclaration,  je  n’introduirai  pas  de  programme. 

D’abord  les  candidats  font,  au  moment  des  élections,  des  promesses  qu’ils  ne  peuvent 
pas  tenir  et  parfois  se  donnent  des  opinions  qu’ils  n’ont  pas.  Telle  n’a  pas  été  ma  conduite  : 
vous  me  rendrez  cette  justice.  Sous  vos  yeux  et  avec  votre  appui,  je  suis  resté  le  même: 
libéral  sous  l’empire  comme  sous  la  République,  défenseur  de  l’ordre,  de  la  propriété,  de 
Parmée  et  du  travail  national. 

J’ai  toujours  cherché  les  moyens  d’améliorer  le  sort  du  plus  grand  nombre  et,  person¬ 
nellement,  j’ai  toujours  été  l’ami  de  tous  ceux  qui  travaillent  tt  qui  souffrent. 

Aujourd’hui,  en  deux  mots,  voici  la  situation  politique  : 

Le  Gouvernement,  pour  se  faire  une  majorité  parlementaire,  a  fait  une  alliance  avec 
les  socialistes  et  les  révolutionnaires  et  a  rompu  avec  les  Républicains  modérés  et  libéraux! 
Cette  majorité,  sous  prétexte  de  réformes,  a  voulu  tout  bouleverser  à  la  fois.  Le  désordre 
s  est  introduit  dans  les  lois,  qui  sont  fabriquées  comme  des  coups  d’Érat,  pour  servir  les 
uns  ou  pour  nuire  aux  autres.  Le  budget  de  l’État  lui-même,  dont  l’établissement  est  le 
premier  devoir  du  député,  s’est  achevé  en  toute  hâte  par  la  constatation  d’un  déficit,  le 
vote  d’un  emprunt  et  la  menace  d’impôts  nouveaux. 

Cela  suffit  pour  vous  montrer  les  périls  de  demain. 

Dans  cette  grave  situation,  il  faut  que  les  représentants  du  Peuple  substituent,  à  la 
politique  de  division  pratiquée  par  le  ministère  actuel,  une  direction  nouvelle  des  affaires 
publiques  qui  garantisse  la  liberté  de  tous  et  la  sécutïté  désintérêts  et  assure,  parla 
paix  publique,  la  prospérité  des  affaires. 

Veuillez  m’accorder,  encore  une  fois,  les  témoignages  d’une  confiance  qui,  depuis 
trente  ans,  ne  s’est  jamais  démentie. 


Louis  PASSY,  Député  sortant* 


—  259 


N°  1162 


Circonscription  de  BERNAY 

M.  Camille  FOUQUET 
Élu  au  lor  tour  de  scrutin.  —  8.987  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Depuis  dix-sept  ans  voî  libres  suffrages  m’ont  désigné  pour  vous  représenter  et  pour 
défendre  vos  intérêts  au  Parlement. 

Connaissant  la  constance  de  vos  sympathies,  la  fidélité  de  votre  dévouement,  je  viens 
cette  fois  encore  faire  appel  à  votre  confiance. 

Mon  programme  ne  varie  pas. 

C’est  un  programme  de  tolérance,  de  respect  pour  toutes  les  convictions  sincères. 

Il  m’a  été  facile  de  le  maintenir,  d’autant  plus  que  je  me  suis  senti,  dans  toutes  les 
circonstances,  soutenu  par  une  communauté  de  vues,  de  pensées,  d’aspirations  qui  chaque 
jour  s’est  accentuée  davantage. 

En  effet,  nous  souhaitons,  vous  et  moi,  que,  par  l’union  patriotique  de  tous,  la  France 
continue  sa  glorieuse  expansion  dans  le  monde. 

Ne  demandons-nous  pas  ensemble  que  notre  chère  Patrie  soit  défendue  contre  la  trahi¬ 
son,  quelle  que  soit  la  forme  qu’elle  prenne  pour  menacer  la  sécurité  du  pays? 

Ne  demandons-nous  pas  les  un3  et  les  autres  que  le  pouvoir  et  l’administration 
soient  également  équitables,  également  bienveillants  pour  tous  les  citoyens  ? 

Ne  sommes-nous  pas  d’accord  pour  venir  en  aide  à  l’indigence,  à  la  vieillesse,  à  la 
maladie,  par  une  législation  sagement  protectrice;  mais  sans  imposer  aux  contribuables 
des  charges  écrasantes,  sans  entraver  aucun  concours,  aucune  initiative? 

Ne  désirons-nous  pas  que  la  France  cesse  enfin  d’être  livrée  à  l'exploitation  d’accapa¬ 
reurs  et  de  spéculateurs,  dont  l’Agriculture,  l’Industrie  et  le  Commerce  sont  journellement 
victimes  ? 

Électeurs, 

Souvenez-vous  que  la  forme  du  Gouvernement  n’est  pas  en  cause. 

Le  débat  est  plus  haut. 

11  s’agit  de  savoir  si  l’on  veut  laisser  le  pouvoir  à  une  secte  politique  dont  le  ministère 
actuel  est  l’instrument. 

Il  s’agit  de  savoir  si  la  Nation  restera  à  la  merci  de  ceux  qui,  complices  inconscients  de 
l’étranger,  désorganisent  notre  vaillante  Armée,  à  la  plus  grande  joie  de  nos  ennemis. 

Il  s’agit  de  savoir  si  vous  voulez  être  gouvernés  par  ces  faux  démocrates  qui,  au  lieu  de 
chercher  par  de  sages  dispositions  à  établir  la  concorde,  la  confiance,  la  solidarité  entre  le 
capital  et  le  travail,  ne  songent  qu’à  entraîner  les  travailleurs  de  la  terre  et  de  l’atelier 
dans  les  grèves,  dans  ces  luttes  fratricides  qui  ne  peuvent  profiter  qu’à  nos  concurrents  du 
dehors. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Vous  me  trouverez  toujours  résolu  à  défendre,  comme  par  le  passé  t 

Les  intérêts  de  l’agriculture  par  toutes  les  mesures  de  protection  qui  lui  sont  indispen¬ 
sables,  par  le  maintien  intégral  du  droit  des  bouilleurs  de  cru  ; 


Les  intérêts  du  commerce  far  la  révision  de  certaines  licences,  de  certaines  patentes 
qui  garantissent  mal  le  petit  commerce  contre  l'empiétement  des  grands  magasins* 

*Les  intérêts  de  l'industrie  par  tout  ce  qui  peut  contribuer  au  développement  de  son 
exportation,  par  tout  ce  qui  peut  maintenir  une  harmonie  féconde  entre  les  patrons  et  les 
ouvriers. 

Et  ces  derniers  savent  que  fai  toujours  combattu  une  réglementation  tracassière  des 
heures  de  travail,  auxquelles  la  libre  intelligence,  la  force  physique,  les  nécessités  de  l’exis-* 
tence  doivent  seules  imposer  une  limitation  raisonnable. 

Souvenez-vous  encore  qu’en  ajoutant  au  budget  ordinaire  de  l’État  (3  milliards  602  mil¬ 
lions)  les  dépenses  des  communes  (309  millions  en  1899)—  les  dépenses  des  départements 
(79k  millions  en  190G)?—  le  budget  de  l’Algérie  (65  millions),  —  les  dépenses  des  Compaq 
gnies  de  chemins  de  fer  pour  le  compte  de  l'Etat  (156  millions),— les  dépenses  des  budgets 
annexes  :  chemins  de  fer  de  l'État,  chemins  de  fer  coloniaux,  budgets  de  la  Caisse  natio¬ 
nale  d’épargne,  des  Monnaies  et  Médailles,  budgets  de  l'Imprimerie  nationale,  de  la  Légion 
d’honneur,  budget  de  la  Caissedes  Invalides  de  la  Marine,  budget  de  l'École  centrale  des 
Arts  et  Manufactures  (147  millions),  les  dépenses  accessoires  figurant  dans  divers  articles 
de  la  loi  de  finances  pour  inscription  de  pensions  de  retraite,  pour  subventions  aux  che¬ 
mins  vicinaux,  aux  établissements  d’enseignement  primaire  et  secondaire,  aux  chemins  de 
fer  d’intérêt  local  (27  millions),  —  les  crédits  supplémentaires  dont  le  total  s'est  élevé 
depuis  neuf  années  (1891-1899),  en  moyenne,  à  84  millions  par  an,  défalcation  faite  des 
annulations  de  crédits;  souvenez-vous,  dis-je,  qu'on  atteint  le  chiffre  fabuleux  de  5  mil¬ 
liards  18k  millions  de  dépenses  annuelles. 

Est-ce  le  moment,  en  vérité,  de  jeter  le  désordre  dans  nos  finances  par  des  mesures 
aléatoires  et  irréalisables?  Je  vous  en  fais  juges  en  vous  promettant  de  combattre  toutes  les 
utopies  financières  qui  ruineraient  le  pays  sans  enrichir  personne. 

Puisse  la  législature  prochaine  ouvrir  enfin  aux  cœurs  français  cet  idéal  de  paix,  de 
liberté,  de  fraternité,  de  tolérance  religieuse  sans  lesquelles  un  pays  ne  peut  atteindre  de 
hautes  destinées  I 

Agréez,  Messieurs  et  chers  Concitoyens,  l'assurance  de  mes  sentiments  très  profonde* 
ment  dévoués. 

Camille  FOUQUËT,  Député  sortant, 

Vice-Président  de  la  Société  libre  d' Agriculture 
de  l’Eure  (Section  de  Bernay). 


lrô  circonscription  d’ËVREUX 
M.  ÏSAMBÀRÛ 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  7/800  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Vous  êtes  appelés,  au  scrutin  du  27  avril  1902,  à  élire  un  député  pour  une  durée  de 
quatre  ans. 

Depuis  douze  ajis,  vous  m’avez  donne  trois  fois  votre  confiance.  Je  viens  encore  solli¬ 
citer  vos  suffrages,  pour  rester  fidèle  au  programme  de  la  République  démocratique. 

M'ayant  jamais  manqué  à  ma  parole,  je  ne  juge  pas  à  propos  d’aller  défendre  mes  actes 


—  26  Lt- 


N°  H  62 


dans  les  réunions  publiques.  De  même  je  ne  répondrai  pas  aux  journaux  réactionnaires  qui 

m  at  J^compte  suMe  ' bon  sens  des  électeurs  et  sur  la  fermeté  du  parti  républicain  si  uni,  si 

«nmVM'pnx  K  *i  groupé,  dan3  nos  cinq  cantons. 

Dans  cette  législature,  j’ai  fait  partie  de  la  majorité  qui  a  soutenu  le  gouvernemcn  de 
défense  républicaine,  formé  à  la  fin  du  mois  de  juin  1899,  sous  la  présidence  du  conseil  de 

M’  Wj>àfvotéRles8proTets  de  loi  présentés  par  le  Gouvernement,  par  exemple  sur  la  liberté 
des  associations  et  les  mesures  prises  à  l’égard  de  la  fortune  et  de  'enseignement  des  con- 
tlZZ  «tic  loi  ne  porte  atteinte  ni  au  culte  religieux,  ni  au  culte  séculier.  J’ai  repoussé 
plusieurs  propositions  de  loi,  émanant  de  l’initiative  parlementaire,  motions  et  resolutions, 

nui  niaient  aucune  utilité  pour  la  prospérité  du  pays  agricole  industrie  et  commercial 

q  a  la  séance  du  5  juillet  1901,  daus  la  discussion  du  projet  de  loi  sur  les  contributions 
directes  de  l’exercice  de  1902,  à  l’article  3,  j’ai  voté  contre  l’amendement  Le  Moigne,  adop  é 
l'r  la  majorité  de  la  Chambre.  La  conséquence,  dans  l’arrondissement  d  Lvreux,  pour  la 
contribution  personnelle-mobilière  a  été  une  augmentation  considérable,  de  laquelle  je  ne 

sms  dans  la  première  circonscription  d’Évreux,  que  j’avais  voté  la 

proposition  de  loi  sur  le  travail  des  enfauts  et  des  femmes  (22  décembre  1899), qui  a  amené, 
pour  les  ouvriers  adultes,  la  journée  de  dix  heures  et  demie.  Or,  j’étais  alors  en  congé  îê- 
Llier  depuis  le  19  décembre  jusqu’au  23  décembre,  qui  fut  le  dernier  jour  de  seance 
extraordinaire  de  l’année  1899.  Par  conséquent,  je  n’ai  pas  vote  cette  proposition  de  loi  im¬ 
parfaite  D’ailleurs,  mon  intention  n’a  jamais  été  d’apporter  d’entraves  a  la  liberté  du  tra¬ 
vail  quand  les  conditions  d’hygiène  sont  remplies.  La  réduction  des  heures  de  uavad 
entraîne  une  réduction  du  salaire,  et  gêne  le  patron  et  l’ouvrier  dans  leur  œuvre. 

Pour  les  mines  de  houille,  la  journée  de  huit  heures,  dans  quatre  ans,  est  une  question 

SPédLtrmée  française  est  organisée  pour  la  défense  du  pays.  Elle  fera  tout  son  devoir  au 
jour  du  danger.  Se  défiant  du  Nationalisme,  elle  continuera  d’être  ce  quelle  est  vraiment  : 

l'armée  nationale. 

Quand  je  me  suis  présenté  au  scrutin  du  27  avril  1890,  je  disais  aux  Électeurs  : 

«  Nous  voulons  une  France  puissante  et  fière,  une  République  de  travail  et ^de  progrès, 
un  Parlement  réformateur,  un  Gouvernement  respecte,  un  Peuple  éclairé,  des  fonction 
naires  dévoués,  une  presse  honnête,  des  lois  claires  et  des  améliorations  sociales.. .  . 

«  La  France  se  développant  pacifiquement  sous  la  garde  de  sa  vaillante  armee...  ne 
Hnît  ûtrp  une  terre  in£rate  pour  aucun  de  ses  enfants. 

«  C’est  eeue  politique  de  concorde  et  de  progrès,  de  réformes  démocratiques  et  d  in¬ 
térêt  national,  que  je  suis  prêt  à  suivre  en  votre  nom  si  vous  m’en  donnez  le  mandat. . . 

«  Dans  nos  luttes  politiques,  j’ai  toujours  combattu  aux  rangs  avancés,  »  ayant  d 
culte  que  pour  la  France  et  pour  la  Liberté,  car  Patrie  et  République,  cest  toute  ma  pro- 
fession  de  foi.  » 

Je  suis  toujours  dans  ces  sentiments;  toute  ma  conduite  passée  vous  l’a  prouvé.  . 
Je  vous  adresse,  mes  chers  Concitoyens,  mon  salut  cordial  et  mon  cri  de  ralliement . 

Vive  la  République  ! 

Ed.  ISÀMBARD,  Député  sortant. 


i 


262  — 


2''  circonscription  d’ÉVREUX 


M.  Modeste  LEROY 


Elu  au  l9r  tour  de  scrutin.  —  6.576  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 
Mes  chers  Électeurs, 


Vous  êtes  appelés  à  élire,  le  27  avril,  vos  représentants  à  la  Chambre  des  Députés. 

Je  viens  vous  demander  de  vouloir  bien  me  renouveler  le  mandat  que  vous  m'avez 
confié  deux  fois  déjà. 

Pour  recommander  ou  pour  défendre  ma  candidature,  je  n’aurai  pas  recours  à  Pélo- 
quence  d'étrangers. 

Je  vis  au  milieu  de  vous  et  avec  vous.  Je  prends  part  à  toutes  vos  joies  et  à  toutes 
vos  fêtes.  Je  connais  vos  aspirations  politiques  et  vos  sentiments  et  vons  connaissez  les 


miens. 


Les  longues  conversations  électorales,  les  longues  professions  de  foi,  entre  vieux  amis 
politiques  tels  que  nous,  sont,  je  crois,  superflues. 

Nous  ne  sommes  ni  des  intransigeants,  ni  des  collectivistes,  mais  nous  voulons  que  la 
République  soit  forte  et  qu’elle  soit  respectée. 

Nous  voudrions  sincèrement  voir  l’union  et  la  concorde  régner  entre  tous  les  Français- 
nous  ne  fermons  notre  porte,  ni  les  portes  de  la  République  à  personne  ;  mais  nous  sommes 
des  républicains  bien  résolus  à  n’être  ni  dupes,  ni  complices  de  la  coalition  monarchiste, 
qui  reve  follement,  une  fois  de  plus,  de  faire  rétrogader  le  Peuple  Français,  de  nous  re¬ 
mettre  —  fût-ce  au  prix  de  la  plus  effroyable  des  guerres  civiles  —  sous  le  joug  du  gouver- 
vernement  personnel  et  monacal.  6 

Je  ne  ferai  pas  à  nos  adversaires  l’honneur  de  discuter  leurs  attaques,  de  protester 
contre  leurs  calomnies  variées.  Je  ne  veux  en  relever  qu’une,  afin  de  vous  permettre  d'ap¬ 
précier  jusqu  ou  va  leur  impudence  et  leur  mépris  pour  le  jugement  et  le  bon  sens  du  corps 
électoral  de  notre  circonscription. 

niuiiaucç,  u ai  je  aérai  toujours  ce  que  j7ai  été  toujours  : 

”n  rin’,K,,'’'’:"  plaçant  l’existence  et  l’intérêt  de  la  République  au-dessus  de 

Un  démocrate  conciliant  pour  les  personnes,  inflexible  sur  les  nrinrir.es  • 


cotre  commerce  le  calme  sans  lequel  il  n’est  point  d’affaires,  c’est-à-dire  pas  de  prospé- 
Tité  _  de  donner  la  sécurité  du  lendemain  et  la  continuité  de  vues  qui,  tout  récemment 
encore,  ont  mis  la  France  en  état  de  consolider  ses  alliances  et  de  se  créer  dans  le  monde 
des  amitiés  nouvelles* 

Vous  direz,  lu  27  avril,  si  ces  idées  sont  les  vôtres* 

Quel  que  soit  votre  verdict}  mes  chers  Concitoyens,  après,  comme  avant,  croyez  à  mon 
cordial  dévouement, 

Lu-Modeste  LEROY, 

Docteur  en  droit,  Conseiller  générai, 
Député  sortant. 


Circonscription  de  LOUVIERS 

M.  de  BOURY 

Elu  au  leT  tour  de  scrutin.  —  S* 031  voix* 


Mes  chers  Concitoyens, 

Voici  deux  ans  que,  par  une  imposante  majorité,  vous  m’avez  appelé  à  l’honneur  de 
vous  représenter  à  la  Chambre  des  Députés, 

Je  vous  disais  alors  que  mon  programme  républicain  serait  exclusivement  un  pro¬ 
gramme  de  concorde,  de  tolérance,  de  modération  et  d’apaisement* 

Je  vous  promettais  de  m'attacher  à  l’étude  des  questions  agricoles,  industrielles  et 
commerciales,  qui  intéressent  au  plus  haut  point  notre  prospérité  et  notre  grandeur 
nationales* 

Je  m’engageais  à  m'associer  aux  réformes  pratiques  qui  pourraient  être  tentées  pour 
améliorer  le  sort  de  ta  classe  ouvrière* 

Je  déclarais  eofin  que  par  de  sérieuses  économies,  Fon  devait  enrayer  l’accroissement 
constant  de  nos  charges* 

Au  lendemain  du  scrutin,  en  vous  exprimant  ma  profonde  reconnaissance,  j'ai  tendu 
loyalement  la  main  à  mes  adversaires;  je  vous  ai  affirmé  que  mon  vœu  le  plus  cher  était 
de  ne  compter  parmi  vous  que  des  amis,  d’être  le  député  de  tous,  et  le  mandataire  impar* 
tiai  de  vos  intérêts. 

Je  viens  aujourd’hui  vous  demander  le  renouvellement  de  mon  mandat  :  c’est  à  vous 
de  décider,  mes  chers  Concitoyens,  si  j’ai  été  fidèle  à  mon  programme  et  à  mes  engage¬ 
ments,  —  si,  depuis  deux  ans,  j’ai  consacré  mon  temps  et  mon  activité  à  la  défense  de  vos 
intérêts,  —  et  si  je  mérite  encore  votre  confiance  et  voire  sympathie. 

Quelle  est,  actuellement,  la  situation  politique?... 

Au  lieu  de  demeurer  attachée  aux  grands  principes  de  liberté  et  de  tolérance,  la 
Chambre,  agitée  de  passions  contradictoires,  a  donné  le  lamentable  spectacle  de  ses  divi¬ 
sions,  de  son  imprévoyance  et  de  son  impuissance. 

Le  ministère,  dans  lequel  M*  Millerand  est  le  représentant  influent  du  collectivisme, 
en  est  arrivé,  par  une  politique  violente  et  arbitraire,  jusqu’à  menacer  nos  libertés  les  plus 
essentielles* 


—  264  — 

Notre  situation  financière  est  compromise  par  des  réformes  d’impôts  mat  étudiées  et 
dangereuses  ;  le  déficit  a  remplacé  tes  plus-values  des  années  précédentes;  pour  le 
budget  qui  vient  d'être  voté,  l’équilibre  n’existe  que  sur  le  papier. 

Nous  devons  revenir  à  une  doctrine  de  gouvernement  plus  saine,  plus  prudente  et  plus 
conforme  aux  aspirations  du  pays. 

Avec  les  chefs  éminents  du  parti  républicain  progressiste  auquel  j’appartiens,  je  crois 
fermement  que  nous  ne  pouvons  pas  rester  au  point  où  nous  en  sommes;  qu’il  faut  des¬ 
cendre  la  pente  révolutionnaire  au  risque  de  toucher  le  fond  de  l’abime,  ou  bien  nous 
ressaissir,  par  une  politique  de  liberté,  de  paix  et  de  progrès  démocratique. 

Voici  quel  doit  être,  à  mon  sens,  te  programme  de  la  Chambre  prochaine  : 

En  matière  financière,  réparer  les  mécomptes  des  réformes  hâtivement  conques, 
telles  que  la  déplorable  loi  des  boissons,  qu’il  faudra  modifier,  et  la  récente  répartition  de 
la  contribution  personnelle-mobilière,  qui  suscite  partout  de  si  légitimes  protestations  ;  le 
pays  est  plus  avide  de  voir  diminuer  les  dépenses  que  de  voir  créer  de  nouvelles  méthodes 
d’impôts. 

Au  point  de  vue  militaire,  s’opposer  énergiquement  à  tout  ce  qui  peut  affaiblir  ou 
diviser  l’armée,  à  tout  ce  qui  peut  introduire  la  politique  dans  son  sein,  ou  compromettre 
la  discipline  nécessaire  ;  étudier  sérieusement  la  question  de  réduction  du  temps  de 
service  militaire,  mais  ne  réaliser  cette  réforme  qu’à  la  condition  expresse  et  préalable 
do  voter  auparavant  des  bis  efficaces  sur  les  cadres  et  sur  les  engagements  volontaires. 

Au  point  de  vue  politique,  repousser  toute  alliance  et  toute  compromission  avec 
le  collectivisme,  et  écarter  tout  ce  qui  peut  jeter  parmi  nous  des  germes  de  division  et  de 
discorde. 

Je  suis  convaincu  que  le  meilleur  moyen  d’assurer  utilement  le  progrès  matériel  et 
moral  du  pays,  c’est  de  s’occuper  sérieusement  de  ses  intérêts  agricoles  et  économiques; 
c’est  d’être,  avant  tout,  soucieux  de  la  bonne  gestion  de  nos  finances  ;  c’est  de  chercher  un 
idéal  de  paix  et  de  concorde,  eu  respectant  la  liberté  politique,  la  liberté  du  travail,  la 
liberté  de  conscience  et  la  liberté  d’enseignement;  c’est  enfin  de  réaliser  un  peu  plus 
de  justice  sociale,  par  l’indispensable  harmonie  dn  capital  et  du  travail,  et  non  pas  en  les 
ameutant  l’un  contre  l’autre. 

Tels  sont,  mes  chers  Concitoyens,  les  principes  dont  je  continuerai  de  m’inspirer  si, 
par  vos  suffrages,  vous  me  faîtes  l’honneur  de  renouveler  le  mandat  que  je  tiens  de  votre 
confiance. 

Soyez  assurés  que  j’emploierai  toute  mon  activité  et  tout  mon  dévouement  à  resserrer 
encore  les  liens  solides  et  durables  qui  m’unissent  à  vous. 

Charles  de  BOURY,  Député  sortant. 


Circonscription  de  PONT-AUDEMER 

M.  le  comte  d’OSMOY 
Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  8.122  voix. 


Messieurs  et  chers  Concitoyens, 

De  tous  les  points  de  notre  arrondissement  on  a  fait  appel  à  mon  concours  pour  com¬ 
battre  le  ministère  et  sa  politique.  Je  réponds  à  cet  appel,  comme  y  eût  répondu  mon  père 
que  vous  n’avez  pas  oublié  et  qui  fut  candidat  libérai  sous  l’empire,  l’un  des  363  soue 


N°  1162 


—  265  — 

la  République  et  le  chef  incontesté,  jusqu’à  sa  mort,  du  parti  républicain  dans  notre 

département.  . 

Élevé  à  son  école,  héritier  de  ses  traditions,  je  serai  le  fidèle  continuateur  de  la 

politique  républicaine  et  libérale  qu’il  a  fait  triompher  dans  notre  cher  arrondissement  de 

Pont-Audemer.  .  .  , 

Celui  qui  devait  la  représenter  ayant  cru  devoir  l’abandonner  aujourd’hui,  je  reprends 

le  drapeau. 

Ce  ne  sont  pas  deux  hommes  qui  sont  en  présence;  ce  sont  deux  politiques. 

L’une,  la  politique  du  ministère,  vous  pouvez  la  juger  à  ses  œuvres  :  le  collectivisme 
dans  le  Gouvernement,  les  libertés  d’association,  d’enseignement  et  du  travail  frappées 
ou  menacées,  nos  finances  compromises  par  un  déficit  de  500  millions  en  deux  ans,  l’indus¬ 
trie  découragée  par  les  projets  et  les  lois  de  M.  Millerand,  l’agriculture  succombant  sous  des 
charges  chaque  jour  croissantes,  la  division  et  la  guerre  partout,  la  République  confisquée 
par  une  secte  qui,  sous  prétexte  de  défense  républicaine,  prétend  exclure  les  républicains 
les  plus  éprouvés. 

Je  sais  bien  que  ceux  qui  ont  été,  depuis  trois  ans,  les  plus  fidèles  soutiens  de  cette 
politique  essayent  aujourd’hui  de  la  désavouer,  mais  vous  ne  vous  laisserez  pas  prendre  à 
cette  manœuvre  et  vous  jugerez  qu’il  est  nécessaire  de  changer  la  majorité  de  la  Chambre 
pour  modifier  la  politique. 

A  cette  politique,  j’oppose  celle  du  vieux  parti  républicain. 


Électeurs, 

Je  veux  une  République  respectueuse  de  toutes  les  libertés,  en  même  temps  que 
progressiste. 

Je  suis  l’adversaire  du  collectivisme,  qui  est  le  pire  ennemi  de  là  République. 

Je  demande,  pour  les  ouvriers  et  avec  eux,  la  liberté  du  travail,  n’admettant  pas  ces 
réglementations  qui  provoquent  des  grèves  par  la  diminution  des  salaires. 

Je  repousse  la  grève  obligatoire  —  car  la  majorité  ne  peut  imposer  le  chômage  à  la 
minorité  —  aussi  bien  que  la  retraite  obligatoire  prélevée  sur  le  modique  salaire  de 
l’ouvrier,  car  c’est  avec  le  concours  des  sociétés  de  secours  mutuels  et  en  augmentant  les 
subventions  de  l’État,  que  la  question  des  retraites  doit  être  résolue. 

Au  point  de  vue  financier,  j’estime  qu’il  faut  en  finir  avec  le  gaspillage  et  qu  on  ne 
réalisera  les  économies  qui  s’imposent  qu’en  supprimant  l’initiative  des  députes  en  matière 
budgétaire.  Je  crois  également  qu’il  faudra  remanier  la  loi  sur  les  boissons,  cette  loi  si 
malheureuse  de  M.  Caillaux. 

Au  point  de  vue  agricole,  suivant  les  traditions  de  M.  Méline,  je  défendrai  les  taiils 
de  1892,  dont  le  ministère  actuel  s’est  montré  l’adversaire  déclaré.  Je  demanderai  la  pro¬ 
tection  des  graines  oléagineuses  et  le  vote  du  projet  sur  les  conseils  d  agriculture.  Ai-je 
besoin  de  vous  dire  en  outre  que  je  défendrai  votre  droit  de  faire  bouillit  vos  cidres? 

Ayant  appartenu  à  l’armée,  que  je  veux  forte  et  respectée  dans  1  intérêt  de  la  lMance, 
j’ai  ressenti,  plus  que  tout  autre,  les  attaques  dont  elle  a  été  l’objet.  En  ce  qui  concerne 
la  durée  du  service,  je  suis  partisan  d’une  réduction  qu’on  pourrait  obtenir  en  fortifiant 
les  cadres  et  en  multipliant  les  rengagements,  et  je  suis  prêt  à  appuyer  cette  proposition 
dans  la  mesure  compatible  avec  notre  sécurité  nationale. 

Faire  la  France  toujours  plus  grande  et  plus  prospère  par  une  sage  gestion  des 
finances,  fortifier  l’armée,  rapprocher  les  citoyens,  les  élever  par  1  instruction  et  le  bien- 
être,  assurer  la  paix  politique,  la  paix  économique  et  la  paix  sociale.  Tel  doit  êtie,  sui¬ 
vant  moi,  le  programme  républicain. 

Ce  fut  la  politique  de  Gambetta,  de  Jules  Ferry.  C’est  la  politique  pour  laquelle  com- 

3/i 


battent  MM.  Mêline,  Poincaré  et  Ribot  Ce  fut*  jusqu’en  1899,  celle  de  M,  Waldeek-Rousseau 
et  de  M.  Loriot.  Ce  fut  enfin  celle  de  mon  regretté  père»  sous  le  patronage  duquel  je  place 
ma  candidature. 

Mes  che  rs  Concitoyen  s, 

Si  tous  me  faites  Fhonneur  de  m* envoyer  au  Parlement*  je  vons  donne  ma  parole 
de  soldat  que  je  demeurerai  fidèle  à  cette  politique. 

Comte  Tanngüy  O'GSMOY 

Conseiller  général  de  REnre, 

Ancien  lieutenant  de  vaisseau, 

Chevalier  de  la  Légion  d’honnetir. 

Candidat  républicain  progressiste,  antîrnijtïlstêfiël. 


267  — 


N°  1162 


EURE-ET-LOIU 


lr0  circonscription  de  CHARTRES 

M.  LHOPITEAU 

Élu  au  l*r  tour  de  scrutin.  —  6.389  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

A  deux  reprises  différentes  vous  m’avez  honoré  de  votre  confiance  et  vous  avez  donne 

votre  adhésion  à  mon  programme  d’Union  Républicaine. 

C’est  avec  le  même  programme  que  je  viens  de  nouveau  mettre  à  votre  disposition  mon 

dévouement  et  mon  activité.  ■  . 

Jamais  l’union  des  Républicains  n’a  été  plus  nécessaire  pour  résister  a  1  assaut  déses¬ 
péré  de  tous  les  adversaires  de  la  République. 

Tous,  vous  me  connaissez  personnellement. 

Je  vous  ai  bien  souvent  exposé  mes  idées  et  mes  opinions. 

11  me  suffira  de  vous  en  rappeler  ici  sommairement  les  points  les  plus  importants.  ^ 
Aucune  réforme  sérieuse  ne  peut  être  tentée  et  réalisée  que  par  un  Gouvernement  sur 
du  lendemain,  soutenu  par  une  majorité  résolue  et  animé  de  sentiments  profondément 
démocratiques.  Celte  maJorUe,  Ces.  à  gauche  e,  n„u  a  droi.e  quMl  1»  tau.  chercher,  eu 
dehors  tout  à  la  fois  des  rétrogrades  et  des  révolutionnaires. 

Par  l’exemple  de  1851  et  par  le  douloureux  souvenir  de  Sedan,  vous  savez  que  toute 
doctrine  plébisci.aire  conduirait  infailliblement  la  France  au  césarisme  et  à  sa  perte. 

Pour  tenir  à  l’extérieur  le  rang  qui  lui  convient,  un  grand  pays  comme  le  notie  a 

^^LeterviceTe^e^rans,  égal  pour  tous,  donnera  à  notre  armée  plus  de  cohésion  et  lui 

aSSUrditpl^rPte  nécessaire  dans  le  rang  seulement;  elle  l’est  à  tous  les  degrés 

et  elle  devient  plus  indispensable  encore  à  mesure  qu’on  s’élève  dans  la  hiérarchie.  L  ar¬ 
mée  nationale  doit  être  la  fidèle  gardienne  des  lois  de  la  République  et  1  auxiliaire  loyale 

du  Gouvernement  que  le  Pays  a  choisi  dans  sa  souveraineté.  .  .  ,  . 

Au  point  de  vue  fiscal,  l’injuste  répartition  des  contributions  directes  devient  de  plus 
en  plus  choquante.  Par  l’impôt  sur  le  revenu,  établi  sans  inquisition  m  vexaUon  o 
mettra  en  pratique  la  formule  de  la  Révolution  :  «  Chacun  selon  ses  facultés  •>  et  on  dégrè¬ 
vera  la  terre  de  l’excessif  fardeau  qu’elle  supporte. 

Au  point  de  vue  agricole,  le  maintien  des  tarifs  douaniers  protecteurs  de  1  agriculture 

s’impose  comme  une  nécessité  vitale  et  nationale.  ,  , 

La  condition  essentielle  et  suffisante  pour  que  des  économies  soient  faites  dans  e 
budget  national  est  de  choisir  un  mandataire  fermement  résolu  a  ne  voter  aucune  aug¬ 
mentation  de  dépense  quand  même  une  économie  correspondante  aurai  été  r^al'sjea 

Je  me  borne  à  citer  quelnues  réformes  auxquelles  mon  concours  a  toujour»  été  acquis 

Réduction  des  frais  de  justice  ; 


—  268  — 


Retraites  ouvrières  assurées  avec  ie  concours  des  mutualités,  l’accès  en  étant  libre  aux 
journaliers  et  aux  artisans  ■ 

Suppression  du  vagabondage  par  l’ouverture  de  maisons  du  travail  et  la  réforme  du 
régime  pénitentiaire  ; 

Suppression  des  prestations  ; 

Création  des  Chambres  d’agriculture  départementales; 

Développement  des  mutualités  agricoles  ; 

Liberté  de  conscience  assurée  h  tous,  l’État  ne  protégeant  aucun  culte; 

Surveillance  rigoureuse  par  l’État  de  tous  établissements  renseignement  au  point  de 
vue  de  Renseignement  de  la  morale  et  du  respect  de  la  Constitution  républicaine;  égalité 
des  grades  universitaires;  abrogation  de  ce  qui  reste  de  la  loi  Falloux; 

Liberté  du  travail  pour  les  adultes;  application  individuelle,  et  non  aux  ateliers,  des 
lois  protectrices  des  mineurs  et  des  femmes;  distinction  entre  les  mines,  usines  et  manu¬ 
factures  et  les  autres  professions. 

Au  poiut  de  vue  local  et,  d’ailleurs,  dans  l’intérêt  général,  je  reprendrai  le  projet 
d  achèvement  du  réseau  d’Ltat  (Ligne  de  Paris  a  Chartres  par  Gallardon)  dont  je  m’occupe 
depuis  20  ans,  auquel  j’ai,  depuis  h  ans,  consacré  tous  mes  elTorts  et  que,  malgré  la  résis¬ 
tance  acharnée  des  grandes  Compagnies,  j’avais  réussi  à  conduire  tout  près  de  h  solution, 

telles  me  paraissent  être,  mes  chers  Concitoyens,  les  idées  principales  qui  devront 
guider  votre  Représentant* 

Vous  avez  à  l'a  ire  nu  choix  libre  et  éclairé. 

Votre  confiance  doit  aller  à  celui  que  vous  jugerez  le  mieux  préparé  et  le  plus  apte  à 
défendre  vos  intérêts* 

Vous  mûrirez  avec  calme  votre  décision* 

Vous  contrôlerez  par  vous- mêmes  les  votes  de  votre  Représentant  et  vous  les  apprécie¬ 
rez,  non  pas  isolément,  mais  dans  leur  ensemble* 

Une  troisième  fois  votre  éln,  j’accueillerai  votre  nouveau  témoignage  de  confiance  aux 
cris  de  : 

Vive  la  République! 

INI  Réaction  I  Ni  Révolution  1 


Gustave  LHOPITEAU,  Député  sortant* 


2e  circonscription  de  CHARTRES 
M*  DE  SAINT-PÔL 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin*  —  6*705  voix* 


Je  sollicite  vos  suffrages  pour  défendre  à  la  Chambre  des  Députés  les  intérêts  généraux 
du  Pays  et  représenter  spécialement  les  intérêts  de  l’agriculture,  des  habitants  de  nos  cam¬ 
pagnes,  cultivateurs  et  commerçants,  ouvriers  agricoles  et  d’industrie* 

Peu  des  représentants  actuels  aux  Chambres  ont  vécu  et  travaillé  parmi  nous;  la  plupart 
ne  connaissent  pas  nos  besoins  et  ne  nous  soutiennent  pas* 

Mous,  travailleurs  de  la  terre,  sommes  les  plus  écrasés  de  charges  et  d’impôts,  ceux 
qui  jouissent  le  moins  des  satisfactions  de  la  vie,  ceux  dont  le  travail  est  le  plus  pénible  et 
le  moins  rémunéré  ;  nous  sommes  les  ouvriers  les  plus  calmes,  les  plus  sages,  ne  nous 
mettant  jamais  en  grève,  et,  cependant,  nos  plaintes  sont  presque  toujours  dédaignées. 


N°  H  62 


-  269  - 


Je  veux  faire  valoir  les  droits  des  ouvriers  de  la  terre,  qui  sont  les  travailleurs  les  plus 
nombreux  de  notre  pays;  je  veux  combattre  les  manœuvres  de  la  spéculation,  qui  avilissent 
les  prix  de  nos  produits,  ruinent  l’agriculture  et  les  industries  agricoles,  pour  constituer  des 
gains  scandaleux,  des  fortunes  trop  rapidement  édifiées  à  des  agioteurs  sans  scrupules  et 
peu  intéressants. 

Je  veux  rappeler  que  la  France  est  une  nation  agricole,  que  du  prompt  relèvement  de 
son  agriculture  dépend  la  prospérité  du  commerce  et  de  l’industrie  et  par  conséquent  la 

"^Cultivateur  pratiquant,  travaillant  parmi  vous,  témoin  quotidien  de  l’état  de  malaise 
dont  souffre  notre  région  tout  agricole,  je  connais  vos  besoins  ;  je  me  sens  l’énergie  de  vous 
défendre,  de  gagner  à  notre  juste  cause  toutes  les  bonnes  volontés. 

Républicain  libéral,  tout  attaché  à  la  forme  républicaine  de  la  France,  je  demande  la 
liberté  pour  tous,  la  liberté  de  penser  selon  sa  conscience,  la  liberté  des  convictions  reli¬ 
gieuses,  j’entends  que  tous  en  jouissent  sans  restrictions. 

Je  veux  le  respect  de  la  propriété,  base  de  l’existence  du  Pays,  et  je  désapprouve  les 
théories  anarchistes  avec  lesquelles  on  tente  de  tromper  nos  populations  ouvrières  et 


d’abuser  de  leur  bonne  foi. 

Je  veux  un  gouvernement  républicain  sage,  économe,  tolérant,  prévoyant,  soucieux  de 
la  dignité  de  la  France. 

Au  lieu  de  voir  les  différentes  fractions  de  notre  parti  républicain  user  leurs  forces 
dans  des  luttes  de  factions,  stériles  et  funestes  pour  la  bonne  conduite  des  affaires 
publiques,  j’aspire  à  ne  voir  en  France  qu’un  seul  parti  :  celui  de  tous  les  Français  s’accor¬ 
dant  au-dessus  de  tout  pour  travailler  à  la  prospérité,  à  la  grandeur  de  notre  nation. 

Je  suis  profondément  patriote,  très  attaché  à  l’armée;  je  veux  l’armée  honorée,  res¬ 
pectée,  à  l’abri  des  rancunes  qui  l’affaiblissent  et  la  désorganisent  :  je  considère  les 
attaques  contre  l’armée,  sauvegarde  de  l’indépendance  du  pays  et  de  l’honneur  national, 
comme  des  attaques  contre  la  Patrie  elle-même. 

Électeurs  des  Gantons  d’Auneau,  de  Courville,  d’illiers,  de  Jauville  et  de  Voves, 

Je  m’engage  à  défendre  particulièrement  les  intérêts  de  nos  populations  agricoles  et  à 
émettre  des  votes  conformes  aux  opinions  de  ceux  qui  m’auront  confié  le  mandat  de  les 
représenter  à  la  Chambre  des  Députés.  Beaucoup  d’entre  vous  me  connaissent  et  savent 
que,  si  je  sollicite  ce  mandat,  c’est  pour  le  remplir  avec  conscience,  énergie  et  dévouement. 


DE  SA1NT-POL, 


Cultivateur,  maire  de  Pézy,  canton  de  Voves  (Eure-et-Loir), 
Membre  du  Conseil  d’arrondissement  de  Chartres, 
Candidat  républicain  libéral. 


Circonscription  de  GHATEAUDUN 

M.  Louis  BAUDET 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  8.413  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Celui  autour  de  qui  les  Électeurs  venaient  se  grouper  en  rangs  plus  serrés  à  chaque 
consultation  du  suffrage  universel,  notre  regretté  Gustave  Isambert,  nous  a  été  subitement 
enlevé  au  milieu  d’une  période  électorale  qui  promettait  aux  républicains  sincères  unsuccès 
plus  brillant  encore  que  les  précédents. 


—  270  — 


Un  groupe  important  de  ses  amis,  réunis  au  lendemain  de  sa  mort,  m'a  désigné  pour 
tenir,  au  cours  de  la  lutte  actuelle,  le  drapeau  républicain. 

Si  beaucoup  d'entre  tous  ne  me  connaissent  pas  personnellement,  ils  savent,  du  moins, 
que,  Maire  de  Chàteaudun  depuis  dix  années,  j'ai  toujours  lutté  vigoureusement  pour  le 
triomphe  des  idées  de  progrès  et  contre  le  retour  offensif  de  la  réaction. 

Je  suis  partisan  de  ïa  loi  sur  les  retraites  ouvrières,  sur  l'assistance  obligatoire  des 
vieillards. 

Je  pense  qu'il  faut  mettre,  dans  la  répartition  de  l'impôt,  un  peu  plus  de  justice  et  h 
proportionner  davantage  aux  ressources  réelles  do  chacun,  et  je  crois  que,  seul,  Pimpot 
basé  sur  le  revenu  permettra  de  soulager  les  petits  contribuables,  en  leur  tenant  compte 
de  la  surcharge  que  leur  imposent  les  contributions  indirectes. 

Opposé  à  tout  ce  qui  paraîtrait  de  nature  à  porter  atteinte  h  la  propriété  individuelle,  je 
voudrais  en  voir  faciliter  Paccès  au  plus  grand  nombre  par  la  diminution  des  charges  qui 
grèvent  les  mutations  des  petites  propriétés. 

L'agriculture,  notre  grande  Industrie  nationale ,  me  trouvera  toujours  dévoué  à  ses  inté¬ 
rêts  et  prêt  à  voter  toutes  les  mesures  destinées  à  la  protéger  contre  des  concurrences  que 
les  conditions  du  commerce  générai  rendent  chaque  jour  plus  difficiles  à  soutenir, 

La  durée  du  service  militaire  devrait  être  réduite  pour  tous  dans  la  mesure  compatible 
avec  le  maintien  d'une  année  assez  forte,  par  l'instruction  et  par  le  nombre,  pour  nous  per¬ 
mettre  de  ne  redouter  aucune  attaque. 

Enfin,  l'abrogation  de  la  loi  Falloux  et  la  surveillance  étroite  des  établissements  libres 
d'instruction  me  paraissent  des  mesures  absolument  indispensables. 

Ce  ne  sont  pas  certes  là  toutes  les  réformes  désirables  et  possibles  dans  notre 
organisation  sociale,  et  cependant  ce  serait  déjà  beaucoup  si  Ton  pouvait  les  réaliser  dans 
le  cours  de  la  prochaine  législature. 

Pour  y  arriver,  il  faut  que  vous  envoyiez  à  la  Chambre  une  majorité  républicaine  réso¬ 
lue  à  les  faire  aboutir. 

Si  vous  me  faites  l'honneur  de  m'élire,  dans  des  réunions  aussi  nombreuses  que  pos¬ 
sible,  je  vous  rendrai  compte,  chaque  aonée,  du  mandat  que  vous  voudrez  bien  me  confier 
et  viendrai  recueillir  vos  observations* 

Les  attaques  que  m'ont  prodiguées  les  réactionnaires  avant  même  que  j'eusse  posé  ma 
candidature,  me  désigneront  à  vos  suffrages  comme  un  républicain  ferme  et  convaincu. 

Vive  la  République! 

Louis  BAUDET, 

Maire  de  Châteaudun, 


—  271  — 


N°  1162 


Circonscription  de  DREUX 
M.  VIOLLETTE 

Élu  au  2*  tour  de  scrutin.  —  8.507  voix. 


Comités  républicains  démocratiques  de  l’arrondissement  df.  Dreux. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Le  Congrès  des  Comités  républicains  démocratiques  m’a  fait  l’honneur  de  me  proposer 

h  CaudlsemWait  au  Congrès,  qu’issu  d’une  vieille  famille  de  la  Beauce,  je  donnais 
ainsi  satisfaction  à  ce  sentiment  si  humain  qui  porte,  comme  par  instinct,  les  Électeurs  vers 

UU  CLedctnsrès  voulait  encore  un  candidat  dont  les  convictions  fussent  sincères  et  ardentes 
et  il  trouvait,  dans  mon  jeune  passé,  la  preuve  que  je  saurais,  sans  faiblir  jamais,  servir 

avec  dévouement  et  passion  la  cause  de  la  République  démocratique  ! 

Et  puisque  certains  seraient  tentés  de  m’en  laire  outrage,  qu’il  me  soit  permis  de 
déclarer  que  je  considère  comme  un  honneur  d’avoir  été,  pendant  deux  ans  et  demi,  le  col¬ 
laborateur  du  Ministre  du  Commerce  du  Cabinet  actuel;  je  réclame  donc  une  part  propor¬ 
tionnée  à  l’importance  de  ma  collaboration  dans  les  injures  qui  sans  compter,  ont  été  pro¬ 
diguées  à  ceux  qui,  dans  un  jour  de  péril,  se  sont  unis  en  vue  de  la  Defense  et  de  1  Action 

républicaines. 


Mes  chers  Concitoyens, 

C’est  ceite  politique  qui  vient  de  donner  au  pays  trois  ans  de  paix  et  dé  tranquillité,  que 
je  veux  voir  se  poursuivre  dans  l’avenir. 

Les  conservateurs  m’accusent  d’être  «  Collectiviste-Révolutionnaire  »,  mais,  par  contre, 

les  révolutionnaires  me  traitent  de  «  Sale  bourgeois  »1 

Également  éloigné  de  la  politique  de  piétinement  comme  de  la  politique  de  «  lout  ou 
Rien  »,  je  maintiendrai  jusqu’au  bout  que  c’est  seulement  par  l’union  des  républicains  et 
de  tous  les  Républicains,  que  la  République,  enfin  maîtresse  de  ses  destinées,  pourra  faire 
évoluer  notre  société  dans  la  paix  et  dans  la  concorde,  vers  des  formes  de  plus  en  plus 
pénétrées  de  justice  et  d’équité. 

Travailleurs, 

Tout  l’effort  de  la  démocratie  doit  tendre  de  plus  en  plus  à  relever  le  sort  des  travail¬ 
leurs,  et  aussi  bien  des  travailleurs  des  usines  que  de  ceux  des  champs  et  des  magasins, 
ainsi  que  des  petits  artisans,  des  petits  commerçants  et  des  cultivateurs. 

Il  faut  faire  comprendre  à  chacun  d’eux  que  c’est  par  suite  d’un  immense  malentendu, 
qu’ils  se  sont  trop  souvent  armés  les  uns  contre  les  autres.  t 

Ils  sont  tous  solidaires,  ceux  qui,  à  un  titre  quelconque,  créent  la  richesse  nationale. 

A  l’heure  où  la  propriété  individuelle,  où  qu’elle  soit,  est  si  menacée  par  le  déveluppc- 

iiietit  inouï  de  la  grande  propriété  capitaliste,  il  est  indispensable  do  prendre  dos  mesures 

énergiques  pour  protéger  le  travail  de  tous,  en  même  temps  que  l'existence  de  cette  pro¬ 
priété  individuelle  qui  est  la  condition  même  de  la  liberté. 


» 


Cultivateurs  et  Journaliers  agricoles, 

En  présence  de  la  crise  agricole  qui  s'aggrave  chaque  jour,  Ü  est  nécessaire  d’adopter 
pour  l’agriculture  —  celte  clef  de  voûte  de  Tédifice  social  —  une  politique  raisonnable  et 
raisonnée. 

M,  Méline,  dans  son  discours  du  30  mars  dernier,  à  Remiremont,  osait  dire  «  qu’il  res¬ 
tait  peu  de  choses  à  faire  pour  l’agriculture  au  point  de  vue  législatif  ?>. 

On  voit  bien  que  chez  les  riches  capitalistes,  dont  il  est  devenu  îe  prisonnier,  tout  est 
pour  le  mieux  dans  le  meilleur  des  mondes  ! 

S'il  avait,  comme  moi,  parcouru  les  campagnes,  rencontré  à  chaque  pas  des  maisons  en 
ruine,  des  hameaux  désertés  et  partout  des  signes  de  tristesse  et  de  deuil,  U  se  serait  peut* 
être  avisé  qu’il  est  de  toute  urgence  d’agir. 

Il  faut  donc  dégrever  le  cultivateur  de  ses  frais  généraux  par  la  réforme  générale  de 
l’impôt,  la  révision  du  cadastre,  l’extension  de  la  compétence  des  juges  de  paix  et  nue  légis¬ 
lation  sérieuse  sur  les  dégâts  commis  par  Je  gibier.  11  faut  aussi  substituer  à  la  responsa¬ 
bilité  civile  illusoire  de  ceux  qui,  lors  des  chasses  à  courre,  ravagent  les  récoltes,  une 
responsabilité  pénale. 

Il  sera  aussi  très  naturel  de  frapper  d’un  impôt  spécial  et  les  chasses  gardées  et  les 
chasses  à  courre. 

11  faut  aussi  aller  à  une  législation  de  faveur  pour  l’extension  de  cette  petite  propriété, 
dont  la  possession  seule  assure  à  la  campagne  l’indépendance  et  la  stabilité.  Il  ne  faut  donc 
pas  reculer  devant  le  dégrèvement  complet  des  petites  transactions  foncières  et  la  transmis¬ 
sion  des  petits  héritages,  et  la  reconnaissance  d’un  droit  au  fermier  sur  la  plus-value  qu’il 
donne  â  la  terre.  11  sera  indispensable  aussi  de  penser  à  tous  les  riverains  de  L’Àvre,  qui 
attendent  encore  leurs  indemnités. 

11  faut  aussi  une  législation  tendant  à  consolider  la  petite  propriété  dans  les  mains  de 
ceux  qui  l’ont  encore,  notamment  par  ia  modification  de  la  législation  si  monstrueuse  de  la 
saisie  immobilière,  de  la  législation  sur  la  licitation  des  biens  de  mineurs,  et  par  ia  déter¬ 
mination  d’un  domaine  familial  qui  ne  pourra  jamais  être  saisi. 

11  faut  enfin  le  développement  du  réseau  de  chemins  de  fer  et  de  tramways  dont  cer* 
tains  de  nos  cantons  ont  tant  besoin. 

L’expulsion  des  nomades  étrangers  sera  une  véritable  délivrance  pour  les  cam¬ 
pagnes. 

La  révision  de  notre  législation  sur  l’accaparement,  et  l’interdiction  du  marchéfietif  qui 
n’est,  en  réalité,  qu’un  pari  à  la  baisse  ou  â  la  hausse,  réprimera  efficacement  les  agisse¬ 
ments  éhontés  des  agioteurs  et  des  spéculateurs. 

Commerçants  et  Artisans, 

Vous  avez  aussi  droit  à  la  sollicitude  de  la  République. 

Il  ne  faut  pas  à  ce  point  de  vue  hésiter  à  réclamer  la  modification  absolue  de  la  légis¬ 
lation  des  patentes,  la  suppression  de  la  concurrence  faite  à  la  main-d’œuvre  libre  par  le 
travail  des  prisons  et  des  ouvroirs,  la  modification  de  îa  législation  sur  les  faillites  et  sur 
les  protêts. 

Au  point  de  vue  général. 

Il  faut  réclamer  : 

L’impôt  sur  le  revenu  établi  sans  inquisition  et  sans  vexation,  le  même  dont  M.  Méline, 
au  Conseil  général  des  Vosges,  en  1871,  disait  déjà  :  «  Il  ne  paraît  pas  douteux  que  impôt 
sur  le  revenu  se  présente  comme  ia  seule  issue  raisonnable  dans  La  situation  financière  où 
se  trouve  cotre  pays  », 


La  loi  sur  la  Caisse  des  retraites,  que  M.  Joseph  Dubois  ne  peut  arriver  à  qualifier  de 


N°  1162 


—  27S  — 

«  vaste  escroquerie»  qu’en  omettant,  par  ignorance  ou  par  mauvaise  foi,  que  le  versement 
n’est  pas  demandé  seulement  pour  assurer  une  retraite,  mais  aussi  éventuellement  et  a 
tout  âge,  une  rente  annuelle  d’invalidité  et  d’infirmité  et  en  omettant  de  dire  aussi  que  le 
législateur  laisse  le  choix  au  travailleur  entre  l’opération  à  capital  aliéné  et  l’opération  a 
capital  réservé,  dans  laquelle  il  reste  propriétaire  de  l'intégralité  de  ses  versements.^ 

La  réduction  à  deux  ans  du  service  militaire,  sans  dispense,  sauf  pour  les  soutiens  de 
famille,  la  suppression  des  13  jours,  la  suppression  de  la  première  période  de  28  jours 
pour  les  sapeurs-pompiers,  et  la  réforme  des  Codes  de  justice  militaire,  si  ügoureux  en 

temps  de  paix.  ^  _  »,  , 

La  réduction  des  gros  traitements  de  certains  fonctionnaires  et  le  relèvement  d 

de  tous  ces  petits  fonctionnaires  indispensables  au  fonctionnement  d’une  société  cm  îs  e 
{instituteurs,  employés  des  postes,  facteurs,  cantonniers,  etc*)*  ^ 

La  non-inscription  au  casier  judiciaire  des  délits  de  chasse  et  de  pèche,  dont  la  compé¬ 
tence  serait  restituée  aux  Tribunaux  de  simple  police. 

L’ extension  à  tous  les  degrés  de  l’enseignement  laïque  dans  TEtat  laïque, 

La  représentation  proportionnelle  des  minorités  et  le  referendum  communal* 


Mes  chers  Concitoyens, 

Tous  ceux  qui  ont  entendu  mon  honorable  concurrent,  M.  Joseph  Dubois,  savent  com- 
ment  se  résume  son  programme  :  «  Sans  doute  tout  est  à  faire,  mats  nen  n’est  posai 1  e.  » 
C’est  par  une  politique  aussi  follement  réactionnaire  et  intransigeante  qu  en  b  ^  » 

le  parti  clérical,  maître  du  pouvoir  depuis  huit  ans,  vient  d’arriver  à  déchaîner  la  révolu- 

tl0tl  Adversaire  résolu  de  la  guerre,  et  aussi  bien  de  la  guerre  continentale  et  coloniale,  que 
de  la  guerre  civile,  je  veux  en  finir  avec  une  politique  qui}  ici  meme,  nous  a  con  lu  s,  i  y 
trois  ans,  à  la  veille  d’un  coup  d’État  et  qui  a  manqué  nous  amener,  il  y  a  cinq  ans,  u 

guerre  qui  aurait  ensanglanté  le  monde!  ; 

Brisons  donc  pour  toujours,  et  par  un  effort  souverain,  la  coalition  c  erica  e,  na  1 
liste  et  conservatrice,  pour  le  salut  de  1a  France  et  de  la  République! 


Vive  la  République! 


Maurice  VIOLLETTE, 


Docteur  en  Droit,  Avocat  à  la  Cour  d’Appel  de  Paris, 

Ancien  Chef  du  Secrétariat  du  Ministre  du  Commerce  et  de  l’Industrie, 
Candidat  désigné  par  le  Congrès. 


85 


Circonscription  de  NOGENT-LE-ROTROU 
M,  Paul  MSGMANËL. 
iîlu  au  lor  tour  de  scrutin.  —  7.854  voix. 


Chers  Concitoyens  et  Amis, 

Vous  m’avez  élu  en  1885:  Vous  m’avez  réélu,  sans  concurrent,  en  1889,  en  1893 
en  1898. 

La  Chambre,  à  son  tour,  m’a  accordé  sa  confiance  eu  m’appelant,  par  cinq  élections 
successives,  à  l’insigne  honneur  de  la  présider. 

Sur  toutes  les  questions  actuellement  süütnises  au  Suffrage  universel,  —  constitution¬ 
nelles,  sociales,  religieuses,  financières,  agricoles,  militaire-;,  etc.,  — je  me  suis  expliqué 
maintes  fois,  en  detail,  à  la  Chambre,  ici  ou  ailleurs,  dans  mes  discours,  dans  mes  écrits. 
Kt  il  n’est  pas  une  de  vos  communes  où  je  n’aie  fréquemment  exposé  mes  idées.  Ces  idées, 
j’y  suis  toujours  fidèle.  Je  viens,  de  nouveau,  me  mettre  à  votre  disposition. 

Mais  ce  qui,  à  mes  yeux,  domine  tout,  c’est  l’application  des  lois  constitution¬ 
nelles  et  la  réforme  du  travail  législatif.  J'ai  essayé  de  le  montrer  une  fois  de  plus,  le 
6  avril,  au  bauquet  de  Nogent.  L'application  complète  de  la  Constitution  eût  épargné  à  la 

F iance  des  cnses  3ui  1Vjtu  profondément  agitée,  notamment  de  1887  à  1889,  et  plus  récem- 
ment  encore. 

Fils  adoptif  de  l’arrondissement  de  Nogent-le-Rotrou,  fort  de  votre  affection,  je  conti¬ 
nuerai  de  marcher  droit  dans  ma  ligne,  et  de  me  donner  tout  entier  à  vous,  à  lia  France,  à 
la  République. 

Vive  la  France  î 

Vive  ïa  République! 


Paul  DESGÜANEL; 


—  275  — 


N”  1102 


FINISTÈRE 


lrc  circonscription  de  BREST 

M,  ISNARD 

Elu  au  2?  tour  de  scrutin.  —  8.172  voix. 


Chers  Concitoyens, 

Il  y  a  quatre  ans  je  suis  v<  nu  devant  vous  on  réunion  publique,  tout  seul,  sans  appui, 
sans  coterie  politique  autour  de  moi,  et  je  vous  ai  dit  ce  que  j'étais,  ce  que  je  croyais.  Isolé 
dans  la  lutte  ardente  de  4898,  je  ne  pouvais  rien  sans  vous.  Vous  avez  senti  ce  qu'il  y  avait 
de  sincérité  dans  ma  parole,  et  vous  avez  eu  foi  en  mou  dévouement  ;  d'un  vigoureux  poup 
d'épaule  le  peuple  brestois  a  fait,  du  fils  d'un  proscrit  de  51,  le  député  de  Brest.  Ce  fut  une 
éclatante  victoire  républicaine  î 

Depuis  j'ai  loyalement  et  fidèlement  servi  la  République  :  avec  le  ministère  Waldeck- 
Rousseau,  je  Fai  défendue  contre  les  attaques  de  toutes  les  réactions  coalisées  pour 
sa  perte. 

Que  Ton  discute  mes  actes  politiques,  soit  î  c'est  humain  et  juste  ;  mais  je  ne  permets 
pas  que  Fun  mette  en  doute  ma  volonté  de  bie  n  faire,  et  mon  dévouement  aux  intérêts  gé¬ 
néraux  du  pays  et  de  la  cirer  user iption  que  j'ai  Fhonneur  de  représenter. 

Ma  porte  fut  ouverte  à  toutes  les  infortunes,  h  toutes  les  souffrances.  Tous,  sans  dis¬ 
tinction  départis,  de  confessions,  de  conditions  sociales,  du  plus  grand  au  plus  petit,  ont 
trouvé  en  moi  un  défenseur  ardent,  jamais  découragé. 

Ma  politique  a  été  celle  d'un  républicain  convaincu  :  tous  mes  vopes  politiques  sont 
d'accord  avec  le  programme  adopté  par  7.100  voix  républicaines,  et  je  crois  avoir  été,  parmi 
les  députés  de  celte  législature,  un  de  ceux  qui  ont  le  mieux  compris  la  situation  politique, 
et  le  mieux  voté. 

Me  voilà  de  nouveau  devant  vous  avec  le  même  programme,  avpc  la  même  politique. 

j'ai  donné  la  mesure  de  mon  savoir-faire  et  de  ma  courtoisie,  et  avec  ce  programme  et 
cette  politique,  sagement  compris  et  conduits,  j'ai  dignement  et  utilement  représenté  Brest, 
J'en  ai  donné  également  3a  mesure  à  mes  collègues  du  Palais-Bourbon,  qui  m'ont  fait  petto 
année  l'insigne  honneur  de  m'envoyer  siéger  à  la  Commission  du  budget. 

J’ai  donné  à  Brest  1\  xemple  de  Funion  et  de  la  concorde  parce  quTiI  nous  faut  la  paix 
politique  pour  faire  de  Brest  la  grande  cité,  la  grande  ville  militaire  et  commerciale!  Brest 
a  besoin  du  dévouement  de  tous  ses  enfants l 

Coupable  aurait  été  le  député  Sectaire,  le  député  politicien  qui  les  aurait  divisés  en 
frères  ennemis  l 

Vous  apprécierez  î 

Je  suis  donc  devant  vous  clans  la  position  iFun  homme  qui  a  conscience  d'avoir  fait  son 


—  276 


devoir' et  qui,  sans  appréhension,  vient  vous  dire  :  «  Vous  aviez  mis  votre  confiance  en  moi! 
Voilà  ce  que  j’ai  fait  du  mandat  que  vous  m’aviez  confié.  Avais-je  mérité  cette  confiance?  La 
mérité-je  encore? 

Votre  bulletin  de  vote  me  répondra* 

Vive  Brest  ! 

Vive  la  République  ! 

Je  n’ai  pas  voté  le  mandat  de  6  ans,  parce  que  c’est  au  suffrage  universel  à  indiquer  la 
durée  du  mandat  et  non  à  l’élu* 

Môme  programme  politique  qu’en  1898  — des  réformes,  mais  avec  un  esprit  de  sagesse 
indispensable  à  toute  innovation*  L’expérience  m’a  démontré  qu’il  y  a  trop  de  députés  à  la 
Chambre  —  30  Û  suffisent. 

L’expérience  m'a  démontré  également  que  la  politique  qui,  actuellement,  est  au 
premier  plan  des  préoccupations  de  la  Chambre,  doit  devenir  l’accessoire  et  non  le 
principal* 

D’abord  les  affaires!  D’abord  notre  agriculture,  notre  commerce,  notre  industrie,  nos 
ouvriers,  c’est-à-dire  nos  forces  nationales  de  travail  ;  la  mise  en  valeur  de  nos  colonies:  le 
perfection  n  cm  eut  toujours  croissant  de  notre  armee  et  de  notre  marine;  1  adoucissement  de 
toutes  les  misères;  la  vie  et  la  vieillesse  assurées  anx  travailleurs  par  les  retraites  ouvrières, 
l’amélioration  des  salaires;  le  développement  incessant  de  nos  arsenaux  militaires,  etc*,  en 
un  mot  la  marche  en  avant  dans  le  progrès  sous  toutes  ses  formes* 

Mon  oeuvre  parlementaire  de  1898  a  1902* 

Je  reçois  les  félicitations  du  parti  socialiste  pour  l’invalidation  Bartissol,  élection  dont 
j’étais  rapporteur*  Les  premières  questions  maritimes  dont  je  m'occupe  sont  :  l’augmenta¬ 
tion  des  salaires  ouvriers,  l’examen  des  magasiniers,  l’hospitalisation  des  commis  de 
direction  s. 

Je  poursuis  la  réoccupation  de  Pontaaezen  par  les  troupes  de  la  marine* 

Je  fais  adopter  par  la  Chambre  un  amendement  relevant  les  chapitres  salaires  du  budget 
de  la  marine  de  1*000  francs  à  titre  d’indication* 

Je  fais  rejeter  par  la  Chambre  le  projet  de  loi  Berry  tendant  à  déclarer  fériés  les  30  dé¬ 
cembre  1898  et  2  janvier  1399*  —  Je  reçois,  à  ce  sujet,  les  félicitations  du  comité  ouvrier 
du  port  de  Brest. 

Je  plaide,  pour  les  syndicats  de  la  ville,  Palfaire  Corre,  et  je  fais  obtenir  à  la  veuve  une 
indemnité  et  une  pension. 

J’obtiens  gain  de  cause  pour  l’examen  des  magasiniers. 

J’obtiens  une  augmentation  de  57.000  francs  pour  rélargissement  du  cadre  des  commis 
et  magasiniers  —  quelque  temps  après  j’obtiens  la  fusion  de  deux  corps  —  c’est  le  point 
de  départ  de  la  réorganisation  des  corps  secondaires*  Je  suis  heureux  d’avoir  apporté  la 
première  pierre  à  l’édifice. 

J’obtiens  la  rentrée  des  troupes  à  la  caserne  de  Pontanezen,  —  à  ce  sujet  le  Conseil 
municipal  de  Lambézellec  me  vote  des  félicitations  à  l’unanimité. 

J’obtiens  de  M*  Lockroy,  la  promesse  d’une  somme  de  500.000  francs  pour  les  travaux 
de  dragage  du  port  de  commerce* 

j’obtiens  du  Ministre  du  Commerce  une  indemnité  pour  les  ouvriers  typographes 
syndiqués. 

Je  pense  que  la  question  du  bassin  de  radoub,  déjà  avancée,  grâce  au  dévouement  et 
au  concours  de  personnalités  bien  connues  à  Brest,  doit  faire  l’objet  d’un  efiort,  d’une 
action  commune,  et  j’écris  en  ce  sens  aux  pouvoirs  élus  de  Brest* 

MM*  Delobeau  et  lsnard,  assistés  du  Conseil  municipal  et  delà  Chambre  de  Commerce, 


—  2771— 


N*  Uhz 


donnent  à  ce  sujet  une  réunion  à  la  salie  de  la  Bourse,  et  précisent  les  démarches  faites  et 

Us  résultats  déjà  obtenus. 

On  peut  dire  qu’à  l’heure  actuelle  la  question  de  notre  bassin  de  radoub  est  définitive¬ 
ment  résolue  :  une  lettre  récente  de  M.  le  Ministre  dn  Commerce  m’avise  que  le  dossier  est 
aux  Finances  pour  avis  du  Ministre,  et  qu’après  un  avis  du  Conseil  d’Etat  sur  1  emprunt  de  la 
Chambre  de  Commerce  la  période  d’exécution  pourra  commencer.  .  .  . 

le  rappelle  pour  mémoire  que,  comme  rapporteur,  nommé  par  la  commission  de  la 
marine  de  la  loi  sur  l’outillage  des  ports  militaires,  j’ai  pu  obtenir  et  faire  voter  un  fonds 
de  concours  de  2  millions  de  la  marine.  J’ajoute  que  j’ai  eu  la  bonne  fortune  de  faire  voter 
dans  sa  presque  intégralité  le  projet  de  loi  du  Gouvernement,  et  que  le  port  de  Brest  a  etc 
favorisé  particulièrement  —  en  effet  le  programme  des  travaux  à  exécuter,  en  une  période 
de  6  ans  au  port  de  Brest,  est  fixé  par  la  loi,  et  porte  les  crédits  affectés  a  ces  travaux  a  une 

somme  de  27  millions.  .  , 

M  Vibert  me  remercie,  au  nom  du  Comité,  de  mon  intervention  dans  la  question  du 

chômage  des  ouvriers  de  la  direction  d’artillerie,  et  du  bon  résultat  si  promptement 

Au  nom  de  la  population  tout  entière  de  Saint-Pierre-Quilbignon,  pétitionnant,  contre 
la  nomination  d’un  commissaire  pour  la  commune,  j’agis  auprès  des  pouvoirs  pu¬ 
blics  et,  avec  le  concours  du  Sous-Préfet  et  de  la  municipalité,  j’obtiens  satisfaction.  Ln 
vote  spontané  de  félicitations  du  Conseil  municipal  de  cette  commune  mest  adressé  par 
Il  Maire* 

Avec  le*  groupe  de  Députés  des  ports,  nous  poursuivons  le  relèvement  de  10  0/0  des  sa¬ 
laires  :  nous  demandons  un  million  —  la  commission  du  budget  nous  offre  fiOO  .000  francs. 
Sur  l’avis  du  port  de  Toulon  et  de  Brest  nous  maintenons  notre  amendement,  et,  la  commis¬ 
sion  retirant  alors  son  offre,  la  Chambre  le  rejette.  , 

En  1900  le  groupe  des  ports  propose  par  voie  d’amendement  les  crédits,  necessaires, 
afin  d’allouer  une  majoration  de  salaire  de  10  centimes  par  jour  et  par  enfant  âge  de  moins 
de  3  ans  à  chaque  ouvrier  comptant  au  moins  cinq  ans  de  services.  (Voir  1  Officiel  des  20  et 

En  1901,  la  commission  du  budget,  sur  l’avis  du  Ministre,  nous  accorde  3/5.000  francs 
destinés  à  payer  les  primes  à  la  capacité.  Ce  que  nous  demandons,  c’est  un  relèvement  ge- 
néral  de  la  moyenne  des  salaires. 

.  Une  nouvelle  somme  de  375.000  francs  est  inscrite  au  budget  de  1902  -  en  tout,  en 
deux  ans.  750 * 0QG  francs* 

Depuis  les  85.000  francs  obtenus  par  l’amiral  Vallon  en  1896,  nous  n’avions  eu  aucuns 

majoration  de  salaires.  ,  , 

À  la  discussion  du  dernier  budget  de  la  marine,  le  groupe  des  députes  pai  organe  e 
M,  Guieysse  et  par  le  mien,  nous  avons  fait  voter  par  la  Chambre  deux  amendements  im¬ 
portants,  l’un  concernant  la  suppression  du  travail  à  la  tâche,'  l'autre  invitant  le  Ministre  e 
la  Marine  à  demander  les  crédits  nécessaires  pour  le  relèvement  des  salaires  (voir  les  deux 
discours  de  MM.  ïsnard  et  Guieysse  à  VQfficiel,  séance  du  21  février  1902  ),  rsous  ne  pouvions 
mieux  terminer  la  législature.  J'ai  également  ces  jours-ci  soutenu  à  la  Chambre  un  amen 
dement  tendant  à  la  démolition  des  forts  de  Brest.  Je  l'avais  déposé  pour  tenir  en  échec  e 
projet  de  loi  du  Ministre  de  la  Guerre,  et  faire  comprendre,  si  possible,  dans  le  déclassement 
de  certaines  places  fortes,  celui  des  fronts  de  terre  de  Brest.  La  discussion  de  cet  amen  e 
ment  (voir  Officiel  du  25  mars  Î9Q2)  a  donné  l'occasion  au  Ministre  de  s  engager  devant  a 
Chambre  à  faire  étudier  la  question  préalable  des  forts  d'arrêt. 

J'avais  antérieurement  reçu  â  ce  sujet  les  remercie menls  de  la  Chambre  commerce 
et  du  Conseil  municipal  de  Brest,  ce  dont  je  m'honore  grandement,  car  c'est  la  preuve 
indéniable  de  la  sollicitude  constante  de  votre  député  pour  les  intérêts  de  ses  commettants. 

Mous  avons  obtenu  au  dernier  budget  une  augmentation  de  20  centimes  pour  les 
ouvriers  auxiliaires  des  poudreries  nationales* 


—  278  - 

Je  .crois  avoir  rendu  de  grands  services  au  commerce  brestois  en  donnant  tout  n, 
concours  a  1  exposition  de  Brest,  pour  laquelle  j’ai  obtenu  toutes  les  autorisations.  * 
Création  d’uu.e  recette  auxiliaire  des  postes  au  port  de  commerce. 

Même  création  à  Gu  tiers. 

Solution  de  la  question  de  compétence  du  (tribunal  des  prud’hommes  —  le  décrétés, 
en  préparation  au  Ministère  du  Commerce.  tel 

^ 7él'er  mail,tenaQt  ks  réf™3  tesMatim  et  administratives  que  le  M 

fait  lîfVdHCk"  rS"aU’  SraCe  a  r‘ippui  d'ul,e  maj°rité  compacte,  dont  je  m’honore  d’avoir 
fait  pai  ti.e  depuis  trois  ans,  a  pu  mener  il  bien? 

h*  IÆ*posiitioi)  -  la  Ioi  «J*  associations  -  la  réforme  des  successions  -  celle  du  rén* 
hypotliecaire  --  nos  succès  .diplomatiques  -  l’alliance  russe -le  rapprochement  avec  l’haÏ 
eauatedücomfnTO  franco-américains  —  nos  écoles  françaises  à  l’étranger  -  les 
chemins  de  fer  de  la  Chine,  de  Syrie,  d’Asïe-Mineure  -  l’armée  coloniale  -  la  défense  des 
cotes  —  les  reformes  importantes  dans  l’armée  et  la  marine,  etc.,  etc  » 

en  rés7é  mon  œuvre  parlementaire.  Ce  qui  nous  reste  à  faire,  c’est  de  groupe 
mnrHtS?  t”03  b°n"eS  voloûtes  dans  une  action  commune.  Notre  raison,  nos  intérêts  pri- 

mordiaux,  notre  patriotisme  nous  îe  commandent  î  " 

Protection  du  commerce  et  de  l’industrie! 

Retraites  ouvrières  civiles  1 

Majoration  des  salaires  des  ouvriers  des  arsenaux! 

Développement  constant  de  notre  outillage  maritime! 

Brest,  tête  de  ligue  des  frausatlan tiques! 

Brest,  port  franc!  plus  de  fortifications! 

Brest,  grande  ville  militaire  et  commerciale! 

Vive  Brest  ! 

Vive  ia  République! 

A.  ISNARD,  Député  sortant. 


2S  circonscription  de  BREST 
M.  V1LLIERS 

Iüu  au  l0t  tour  do  scrutin.  —  10.906  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

des  SrJtlaÆ,è”e  l01S  que  Ie  soi!icite  l’bonneHf  de  vous  représenter  à  la  Chamfire 

a  Ï0B  8,iïraees’ ie  " “ia  w  a,oir  1 

intérim  VSùfe",  ™  É&T  '**  "  ***  *  “  P?rle"ont  ™ 

Vous  m’avez  vu  à  l’œuvre. 

Ce  n’est  donc  plus  sur  des  promesses,  c’est  sur  mes  actes,  c’est  sur  mes  votes  c’est 
sur  mon  attitude  que  vous  pouvez  me  juger.  ’ 

La  confiance  dont  vous  avez  bieu  voulu  m’honçjrer,  je  me  puis  efforcé  de  la  mériter. 

ports  consTants^c  vous!Ut  deV0Uement' t9ute  m0Q  activité,  et  je  me  suis  tenuen  rap- 


—  279  — 


N°  1162 


Rendre  service  à  tous  indistinctement,  sans  me  préoccuper  des  opinions  personnelles, 
lellc  a  été  et  telle  sera  toujours  ma  ligne  de  conduite. 

Et  maintenant,  est-il  besoin  de  plus  longues  explications? 

Vous  me  connaissez. 

^  Profondément  dévoué  aux  intérêts  de  la  démocratie,  je  me  suis  efforcé*  en  toutes  cir¬ 
constances,  d'améliorer  la  situation  du  cultivateur,  de  l'ouvrier,  du  petit  commerçant, 

La  défense  de  l'agriculture,  qui  traverse  en  ce  moment  une  crise  douloureuse  et  sans 
précédents j  a  toujours  été  Tune  de  mes  constante*  préoccupations  A  différentes  reprises, 
jsai  plaidé  sa  cause  et  j'ai  tenu  à  me  faire,  devant  le  Parlement*  l'interprète  des  revendica- 
dons  des  agriculteurs  de  ce  pays. 

Les  ouvriers,  eux  aussi,  que  j'ai  appris  à  connaître*  dont  je  respecte  le  dur  labeur*  et 
aux  souffrances  desquels  je  compatis,  savent  qu'ils  peuvent  compter  sur  mon  dévouement. 
Je  leur  eu  ai  donné  des  preuves ; 

Les  intérêts  des  inscrits  maritimes  et  des  marins-pêcheurs  ont  également  été  l'objet  de 
ma  sollicitude,  et,  il  y  a  quelques  semaines  a  peine,  j'unissais  mes  efforts  à  ceux  de  mes 
collègues  représentant  comme  moi  des  populations  maritimes,  pour  modifier  le  système  qui 
grevait  si  lourdement  toute  une  catégorie  de  petits  contribuables. 

Il  reste  certainement  beaucoup  à  faire*  mais  il  serait  puéril  d’étaler  à  vos  yeux  cette 
énumération  de  réformes  à  accomplir  qu’on  appelle  un  programme  électoral  ;  l'expériente 
a  mon  Ere  à  tous  que  ces  formules  sont  forcément  incomplètes  et  vagues  et  que  ie  meilleur 
programme  d'un  candidat  résulte  de  ses  actes  antérieurs,  de  sou  caractère  et  de  son  passé. 

Il  en  est  cependant  qu'il  conviendra  de  reprendre  dans  la  prochaine  législature  et  d'ins¬ 
crire  au  premier  rang.  Plusieurs  d'entre  elles  auraient  déjà  pu  aboutir  si,  depuis  trois  ans, 
ndtis  n'avions  été  gouvernés  par  un  ministère  phis  préoccupé  de  se  maintenir  au  pouvoir 
que  de  poursuivre  la  grande  œuvre  des  améliorations  promises  au  pays. 

Au  lieu  de  la  loi  sur  le  dégrèvement  de  l'impôt  foncier,  on  nous  a  donné  la  loi  sur  les 
associations. 

Au  lieu  de  la  loi  sur  la  révision  de  l’impôt  des  patentes,  sur  la  création  de  la  caisse  des 
retraites  ouvrières,  sur  l'organisation  de  l’assistance  des  vieillards,  on  nous  propose  le  stage 
scolaire. 

Autrement  dit,  on  a  relégdê  dü  Sèéoiid  plan  les  qiiëstiotts  ouvrières,  agricoles,  écono¬ 
miques  et  sociales  pour  assurer  jusqu'à  la  fin  de  la  législature  l’existence  ministérielle. 

Électeurs, 

Le  ministère  de  M.  Waldeck-Rousseau,  je  l'ai  combattu,  et  je  m'en  honore,  avec  tous 
les  vrais  libéraux,  avec  la  presque  unanimité  des  députés  de  notre  département,  avec  des 
hommes  qui  s'appellent  Mèline,  Ribot,  de  Mun,  G  ivaignac,  Krantz,  général  Mercier,  etc., etc. 

Si  vous  approuvez  toutes  ces  lois  néfastes,  lois  de  proscription  et  de  liaiue  qui  marque¬ 
ront  dans  fliistoire  les  hommes  de  la  soi-disant  défense  républicaine  ; 

Si  vous  ÜpptouVeZ  la  désorganisation  dë  notré  armée,  l'expulsion  des  religietrô,  la  juri¬ 
diction  de  la  Haute  Cour,  la  loi  sur  les  assuciations,  le  projet  de  loi  sur  lë  étage  Scolaire,  cë 
n’est  plus  ïiiol  qu’il  fëül  èhdifeir  pour  votre  représentant 

91  voü*  vblîlez,  au  Cbritraire,  éloigner  à  jamais  ces  appels  à  k  haine  et  à  la  discordé,  si 
volifc  voulez  la  liberté  pouf  tous,  pour  le*  catholique*  doktne  pour  le  libre  pentiëut,  si  vous 
voulëz  que  notre  vaillante  arméb  ëoit  terme  éloignée  de  ttos  divisions  et  de  nos  querelles, 
si  vous  vouléé  que  le  drapeati  tricolorè  reste  l'emblème  de  notre  unité  nationale,  le  sym¬ 
bole  de  nos  tegrêts  et  de  nos  espérances,  Vous  le  proclamerez  le  27  avril  en  vous  comptant 
sur  moa  nom. 

Plus  de  politique  Vaine.  Des  Ibis  pour  l'amêSIdration  de  la  classé  ouvrière,  dès  lois  pour 
dé  l'àgriébltùre  et  k  défense  dü  cbmrhëréë,  de  l'indu  Atrie  fràhçake. 

Voilà  ce  que  demande  le  pays. 


—  280  — 


Mes  chers  Concitoyens* 

Je  vous  connais  assez  pour  savoir  que  ces  sentiments  sont  les  vôtres.  Mais,  pour  fe 
faire  triompher,  il  est  nécessaire  que  tous  ceux  qui  ont  au  cœur  Famour  de  la  Patrie,  qui 
veulent  défendre  leur  conscience  et  leur  liberté,  sachent  se  lever  en  masse  et  marcher  en 
rangs  serrés  et  compacts. 

A  la  coalition  ministérielle  et  collectiviste,  opposons  la  coalition  patriotique  et  libérale, 

Aujourd’hui,  la  question  n’est  plus  politique  ;  elle  est  sociale.  Bien  aveugle  qui  ne  veut 
pas  le  voir. 

Deux  principes  sont  en  présence  :  celui  de  la  République  radicale  socialiste  et  sectaire, 
celui  de  la  République  libérale,  tolérante,  largement  ouverte  à  tous,  respectueuse  des  droits 
et  des  libertés  de  chacun. 

Depuis  dix  ans,  j'ai  soutenu  de  mes  votes  tous  [es  ministères  modérés  qui  se  sont  suc* 
cédé  au  pouvoir. 

Aux  républicains  libéraux  mon  concours  nJa  jamais  fait  défaut. 

Cette  politique,  je  continuerai  à  la  suivre,  car  elle  me  paraît  répondre  aux  intérêts  et 
aux  aspirations  du  pays* 

En  m’honorant  de  nouveau  de  vos  suffrages,  vous  trouverez  en  moi  un  ami  sincère  du 
cultivateur  et  de  l’ouvrier,  un  patriote  ardent,  un  catholique  convaincu,  un  libéral  enfin, 
qui  ne  désire  que  Y union  salutaire  de  tous  les  bons  Français  sur  le  terrain  constitutionnel, 
afin  de  ramener  dans  notre  chère  patrie  une  ère  de  paix  et  de  prospérité,  si  nécessaire 
après  ces  dernières  années  de  bouleversement  et  d’affaissement  moral. 

Veuillez  agréer,  mes  chers  Concitoyens,  l'assurance  de  mes  sentiments  les  plus  dévoués, 

Émile  VI  LU  ERS. 


3*  circonscription  de  BREST 
M.  l’abbé  GÀYBÀUD 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin*  —  8,671  voix* 


Électeurs, 

A  trois  reprises  vous  m’avez  fait  l'honneur  de  me  choisir  pour  votre  représentant  à  la 
Chambre  des  députés. 

Conformément  au  mandat  que  j’avais  reçu  de  vous,  j’ai  été,  du  premier  jour  au  dernier, 
un  adversaire  résolu  de  îa  politique  antireligieuse  et  antipatriotîque  du  ministère  actuel, 
en  même  temps  qu'un  défenseur  énergique  de  la  liberté  intégrale  d’association  et  d’en* 
geignement.  Mes  adversaires,  eux-mêmes,  ne  peuvent  me  reprocher  aucun  de  mes  votes.,, 

J’ai  fait,  de  plus,  tout  mon  possible  pour  bien  servir  les  intérêts  particuliers  de  la  cir¬ 
conscription.  Les  nombreux  électeurs  qui  ont  eu  recours  à  moi  peuvent  en  rendre  témoi¬ 
gnage. 

Mon  programme  vous  est  connu  :  liberté  religieuse,  protection  des  intérêts  des  culti¬ 
vateurs,  des  marins  et  des  ouvriers,  économies  dans  les  dépenses  de  î’État,  allègement  des 
charges  militaires,  diminution  et  répartition  plus  juste  des  impôts. 

Partisan  convaincu  d’uue  démocratie  chrétienne*  je  ne  cesserai  jamais  de  combattre  la 


N°  H  62 


—  281  — 

Franc-Maçonnerie,  qui  fait  la  guerre  à  la  religion  et  à  la  liberté,  et  le  socialisme,  qui  veut  la 
lutte  des  classes. 

■  Pas  plus  aujourd’hui  qu’en  1897,  je  ne  viens  à  vous  de  moi-même  et  en  mon  nom  per¬ 
sonnel.  Une  assemblée  de  conseillers  généraux  et  de  conseillers  d’arrondissement,  de  maires, 
de  conseillers  municipaux  et  d’électeurs  notables,  réunis  à  Lannilis,  le  2  avril,  m  a  désigné 
unanimement  pour  être  candidat  aux  élections  prochaines.  En  votant  pour  moi,  c’est  donc 
avec  vos  élus,  avec  les  hommes  qui  ont  votre  confiance,  que  vous  voterez. 

Électeurs, 

Je  connais  la  fidélité  de  vos  sentiments.  Le  scrutin  du  27  avril  prouvera  que  l’union 
entre  nous  est  plus  solide  et  plus  forte  que  jamais. 

Vive  la  France! 

Vive  la  République  ! 

Chanoine  GAYRAUD,  Député  sortant. 


lr*  circonscription  de  GHATEAULIN 

M.  Gabriel  MIOSSEC 

Élu  au  l6r  tour  de  scrutin.  —  7.325  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Voilà  bientôt  deux  ans  que  vous  m’avez  fait  le  grand  honneur  de  me  choisir  pour  vous 
représenter  à  la  Chambre.  Partageant  vos  intérêts  et  vos  sentiments,  j’ai  conscience  d’être 
resté  pendant  cette  période  leur  représentant  dévoué.  J’ai  été  ainsi  amené  à  combattre 
l’œuvre  du  Ministère  actuel  et  à  repousser  les  principales  lois  qu’il  nous  a  présentées  :  la 
loi  sur  les  associations,  la  loi  sur  les  retraites  ouvrières  et  la  loi  sur  les  boissons. 

La  politique  de  ces  dernières  années  s’explique  par  l’entrée  d  un  collectiviste  au  sein 
du  Gouvernement  et  la  nécessité  où  il  s’est  trouvé,  pour  cette  cause,  de  subir  le  concours  des 
plus  avancés,  ainsi  que  des  radicaux  et  de  tous  les  sectaires  du  Parlement. 

Nous  avons  vu  la  collaboration  du  Gouvernement  avec  un  parti  qui  ne  se  cache  pas  de 
vouloir  détruire  l’esprit  militaire  et  les  armées  permanentes  et  qui  oses  attaquer  à  la  Patrie 
elle-même  comme  à  une  institution  surannée.  Nous  avons  vu  un  ministre  de  la  Guerre, 
choisi  pour  sa  tournure  spéciale  d’esprit,  refuser  à  l’armée  le  droit  d’avoir  d  autres  opinions, 
d’autres  croyances  que  les  siennes,  y  introduire  la  délation  et  oflrir  l’avancement  en  prime 
aux  complaisances  politiques. 

L’arrivée  au  pouvoir  d’un  ministre  socialiste  a  déterminé  une  recrudescence  de  grèves 
et  aggravé  la  violence  de  ces  conflits. 

En  faisant  entrevoir  la  révolution  sociale,  l’alliance  collectiviste  a  donné  naissance  à 
un  sentiment  d'insécurité  qui  paralyse  le  commerce  et  l’industrie  et  qui  n’est  pas  étrangei 
à  la  crise  que  nous  traversons.  Nous  avons  en  outre,  pour  comble  de  malheur,  un  ministre 
des  Finances  dont  la  gestion  fantaisiste  nous  laisse  à  combler  un  déficit  de  deux  cent 
soixante  millions. 

En  demandant  leur  appui  aux  radicaux,  le  ministère  a  du  obéir  à  leurs  exigences  hai¬ 
neuses  et  iuaugurer  la  détestable  politique  des  persécutions.  On  a  vu  les  opinions  et  les 

36 


^  282  — 

croyances  des  fonctionnaires  et  jusqu'à  celles  de  leurs  familles  épiées  et  dénoncées.  Ou  a 
refusé  la  liberté  d'association  à  toute  une  catégorie  de  citoyens  et  on  vent  supprimer  \$ 
liberté  (renseignement  en  se  défendant  de  vouloir  porter  atteinte  à  la  liberté  de  conscience, 
dont  elle  est  le  complément  ei  la  sauvegarde. 

Nos  institutions  inspirent  au  pays  une  confiance  toujours  plqs  grande,  11  faut  donc 
cesser  de  défendre  la  République  contre  un  danger  imaginaire,  rqmpre  toute  alliance  dis¬ 
solvante  avec  ïe  collectivisme  fit  pacifier  les  esprits  pn  gouvernant  avec  fermeté  et 
sagesse. 

Il  faut  faire  moins  dé  politique  pure  et  réserver  une  place  plus  large  aux  lois  écono¬ 
miques,  agricoles,  industrielles  et  commerciales. 

Au  point  de  vue  agricole  notamment,  il  reste  à  dégrever  la  petite  propriété,  à  assurer 
fa  réforme  hypothécaire  et  l'insaisissabilité  du  bien  de  famille,  à  organiser  les  chambres 
d’agricultiire,  à  développer  renseignement  agricole  en  le  mettant  à  la  portée  d’un  plus 
grand  nombre. 

Les  retraites  ouvrières  ont  une  organisation  toute  trouvée  dans  les  sociétés  de  secours 
mutuels,  admirable  instrument  de  solidarité  qu'il  faut  propager  en  les  encourageant  par  de 
larges  subventions. 

Il  est  nécessaire  de  diminuer  les  frais  de  justice  et  de  simplifier  la  procédure. 

Sl  l'on  veut  que  famée  assure  la  défense  nationale,  il  est  urgent  de  la  garantir  des 
attaques  violentes  et  perfides  dirigées  contre  elle  ;  c'est  le  premier  devoir  du  Gouver¬ 
nement. 

La  réduction  du  service  militaire  ne  peut  être  entreprise  qu’avec  prudence  et  par  éche¬ 
lons,  en  organisant  fortement  les  cadres,  en  éprouvant  d'abord  le  nombre  de  rengagements 
possibles,  en  ne  risquant  rien  qui  puisse  diminuer  nos  effectifs  et  compromettre  la  sécurité 
de  la  Patrie. 

La  situation  budgétaire  demande  des  remèdes  prompts  et  énergiques  si  l’on  ne  veut 
qu'elle  devienne  ruineuse.  Il  faut  arrêter  l'augmenta tion  des  dépenses,  réserver  au  Gouver¬ 
nement  seul  V initiative  des  ouvertures  budgétaires.  Il  faut  rétablir  nos  finances  non  par  une 
loi  sur  îe  revenu  qui  ferait  fuir  les  capitaux,  mais  par  une  gestion  ss^ge  et  économe,  par  la 
réduction  du  fonctionnarisme,  par  une  décentralisation  énergique  qui  simplifierait  les 
rouages  de  notre  administration. 

Il  faut  reviser  la  loi  sur  les  boissons  et  abolir  le  privilège  des  bouilleurs  de  cru. 

L'achèvement  du  réseau  ferré  de  notre  région  continuera  d’être  l'objet  de  mes  constantes 
préoccupations. 

Partisan  d'une  politique  sincèrement  libérale  qui  fasse  aimer  la  République  à  tous,  en 
respectant  les  droits  et  la  liberté  de  chacun  et  en  réalisant  progressivement  toutes  les 
réformes  sociales  légitimes,  je  me  présente  de  nouveau  avec  confiance  à  vos  suffrages. 

Vive  la  République  ! 

Vive  la  Liberté  ï 


2*  circonscription  de  CHATEAUUN 

M.  DUBUISSON 

Élu  au  !°*  tour  de  scrutin.  —  fi. 762  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Le  Congrès  des  délégués  républicains  dej-la  ^circonscription  électorale  de  Parrondisse- 
ment  de  Ghâteaulin,  réuni  à  Carbaix  le  16  mars  1902,  ayant  approuvé  ma  conduite  à  la 
Chambre  de*  députés  et  m'ayant  désigné  comme  candidat  républicain  à  l'élection  du 


—  -283  — 


97  avril  le  viens  vous  soumettre  le  programme  que  j’ai  développé  devant  le  Congrès,  pro- 
27  avril,  j  robation  unanime  et  que  vous  connaissez  déjà,  car  les  principes 

*»  de  1902  n,esl  “ réali,é 

que  celui  de  1898. 

Républicain  de  la  veüle,  je  veux  un  Gouvernement  sagement  progressiste,  liberal,  mais 
aSSe™r^I  Llm^ermetè  laTéaction  monarchique  et  la  révolution  collec- 

tlVIS]e  suis  opposé  à  la  révision  de  la  Constitution  et  à  la  dénonciation  du  Concordat. 

Défenseur  de  la  liberté  de  conscience,  adversaire  du  cléricalisme,  je  suis  partisan  de 
la  suprématie  du  pouvoir  civil  qui,  étranger  à  toutes  les  querelles  confessionnelles  a  le 
devO  r  d’assurer  à  chaque  citoyen  le  libre  exercice  du  culte  de  son  choix  et  dont  le  rôle  est 
de  s’occuper  du  Gouvernement  du  pays  et  nbn  des  affaires  religieuses  comme  le  rôle  du 
pouvoir  religieux  est  de  s’occuper  des  affaires  de  la  religion  et  non  des  affaires  du  Gou- 

— x  l’économie  dans  les  finances  et  j’ai  fait  à  la  Chambre  des  députés  tout  mon  pos¬ 
sible  pour  eu  réaliser,  convaincu  que  l’équilibre  du  budget  est  la  condition  indispensable 

de  notre  prospérité.  .  .  j  , 

Je  suis  opposé  à  l’impôt  sur  le  revenu,  à  la  suppression  des  octrois,  au  rachat  des  che¬ 
mins  de  fer  par  l’État,  comme  à  l’établissement  dé  tout  nouveau  monopole. 

Je  suis  partisan  de  la  diminution  des  frais  de  justice,  des  droits  de  mutation  et  de  un 
nôt  foncier  sur  la  propriété  non  bâtie. 

Je  désire  qu’on  découvre  une  combinaison  financière  permettant  d  assurer  une  retraite 
aux  vieux  travailleurs  sans  imposer  au  pays  de  trop  lourdes  charges. 

Je  suis  prêt  à  voter  la  réduction  de  la  durée  du  service  militaire,  mais  a  la  Condition 
qu’il  n’en  résultera  aucune  diminution  de  la  puissance  de  l’armée,  car  l’armée,  garantie  de 
notre  indépendance  et  de  notre  sécurité,  doit  être  forte  et  respectée. 

Je  veux  le  maintien  d’une  paix  honorable. 

Membre  et  trésorier,  depuis  187/,.  du  Comice  agricole  de  Chàteauneuf,  fondateur  de  la 
première  société  d’assurance  mutuelle  agricole  du  département,  j’ai  toujours  fait  tout  ce 
que  j’ai  pu  pour  soutenir  les  cultivateurs  et  jé  voterai  toutes  les  lois  qui  pourront  leur  être 

utiles 

Je  ne  Vous  fefai  pas  de  promesses,  je  n’ën  ai  jamais  fait  ;  Si  jé  Süis  élu,  je  défendrai  de 
mon  mieux  vos  intérêts. 

Ce  programme,  qui  a  reçu  en  1898  votre  approbation,  je  vous  le  soumets  de  notiveaü 
avec  confiance,  persuadé  qu’en  1902  vos  opinions  comme  les  miennes  sotlt  restées 
inébranlables  et  que  voüs  êtes  toujours  aussi  dévoués  à  la  République  qui  a  tout  fait  pour 
les  cultivateurs. 

Vive  la  République  ! 


Docteur  DUBUISSON. 


—  284  — 


lre  circonscription  de  MORLAIX 
M.  CLOÂREC 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  9.086  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 


En  me  présentant  à  nouveau  à  vos  suffrages  Je  viens  de  vous  demander  de  vouloir 
bien  me  confier  pour  la  seconde  fois  le  mandat  législatif. 

Pendant  la  courte  période  que  j'ai  passée  au  Palais-Bourbon,  je  me  suis  dévoué  avec 
ardeur  à  vos  intérêts,  et  je  crois  avoir  consciencieusement  rempli  mon  devoir. 

C’est  à  vous  de  ratifier  par  votre  vote  la  marque  de  confiance  que  vous  m’avez  déjà 
donnée  et  de  me  permettre  de  continuer  Pceuvre  que  je  poursuis  d’accord  avec  vous, 
c’est-à-dire  le  relèvement  de  notre  pays  au  point  de  vue  commercial,  agricole  et 
industriel. 

Si  vous  me  faites  l'honneur  de  m’élire,  je  me  consacrerai  à  l'étude  de  toutes  les 
questions  qui  auront  principalement  pour  but  de  venir  en  aide  aux  cultivateurs,  et  je 
suis  persuadé  que  nous  arriverons  à  faire  aboutir  leurs  revendications  si  justes  et  si 
équitables. 

Je  voterai  toutes  les  mesures  qui  tendront  à  la  diminution  du  temps  passé  s))us  les 
drapeaux,  sans  toutefois  compromettre  la  sécurité  nationale. 

Partisan  absolu  de  toutes  les  libertés,  je  voterai  toutes  les  mesures  qui  assure¬ 
ront  la  liberté  d  enseignement,  sous  le  contrôle  de  l’État  et  avec  équivalence  des  titres 
universitaires. 


Je  combattrai  le  collectivisme  et  le  sectarisme  sous  toutes  ses  formes,  je  n’envisagerai 
toujoms  que  1  intérêt  général  de  la  République  et.  de  la  France,  et  dans  mes  votes,  j’agirai 
comme  par  Je  passé,  ne  m’attachant  pas  aux  hommes,  mais  aux  idées,  entendant  toujours 
conserver  ma  liberté  absolue,  n’étant  inféodé  à  aucun  groupe. 

Si  vous  partagez  ma  manière  de  voir,  vous  voudrez  bien  me  témoigner  votre  confiance 
5e  27  avril  et  vous  pouvez  compter  sur  mon  entier  dévouement  pour  la  défense  de  tous  vos 
intérêts. 


Vive  la  République  I 

Émile  CLOAREC, 

Candidat  républicain, 

Maire  dePIoujean,  Député  sortant. 


2e  circonscription  de  MORLAIX 

M,  le  comte  de  MON 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  13.Ô33  voix. 


M.  le  comte  de  Mun  n’a  pas  publié  de  profession  de  foi. 


—  285  — 


N°  1462 


lre  circonscription  de  QUIMPER 
M.  HÉMON 

Élu  au  1er  tour  de  srutin.  —  7.519  voix. 


Chers  Concitoyens, 

Depuis  que  la  lrt  circonscription  de  Quimper  existe,  j’ai  le  grand  honneur  de  la 
représenter. 

M’auriez-vous  jusqu’à  ce  jour  conservé  votre  confiance,  si  je  n’avais  rien  fait  pour 
la  mériter  ?  Ceux  qui  le  prétendent  me  semblent  avoir  de  vous  et  de  votre  intelligence  une 
étrange  opinion. 

Je  ne  vous  ai  jamais  prodigué  les  promesses,  mais  je  me  suis  efforcé  d’être,  en  toute 
circonstance,  le  représentant  consciencieux  de  vos  idées,  le  gardien  vigilant  de  vos  intérêts. 
Sans  trop  de  prétention,  je  crois  vous  avoir  tous  habitués  à  compter  sur  la  loyauté  de  ma 
parole  ;  peut-être  jugerez-vous  cette  garantie  préférable  à  beaucoup  de  celles  qui  vous 
sont  offertes  en  ce  temps  électoral. 

Ma  vie  s’est  passée  tout  entière  sous  vos  yeux  ;  aussi  ne  suis-je  point  inquiet  de 
l’accueil  que  vous  ferez  aux  inventions  mensongères  —  toujours  les  mêmes  —  que  la  haine 
réactionnaire  se  plaît  à  reprendre  contre  moi  à  l’approche  de  chaque  élection. 

Comment,  par  exemple,  peut-on  sérieusement  me  dénoncer  à  votre  réprobation 
comme  un  ennemi  des  intérêts  religieux  ?  Est-ce  parce  que  j’ai  toujours  soutenu,  d’accord 
en  cela  avec  tous  les  républicains  du  Finistère,  que  les  ministres  du  culte  ne  sont  point  à 
leur  place  sur  le  terrain  électoral  et  que  la  religion  elle-même  risque  de  perdre  beaucoup 
à  être  mêlée  aux  querelles  dont  un  intérêt  politique  est  l’enjeu  ? 

Cette  opinion  était  depuis  longtemps  celle  de  beaucoup  d’excellents  catholiques  ;  vous 
l’avez  vue  formulée  avec  éclat,  en  ces  derniers  temps,  par  toute  une  série  de  lettres 
épiscopales  ;  enfin,  èlle  vient  de  recevoir,  de  la  bouche  même  du  pape  Léon  XIII,  la  suprême 
consécration.  Que  peuvent  alors  me  reprocher  mes  adversaires,  si  ce  n’est  d’avoir  trop  eu 

raison  contre  eux  ? 

Quand  on  admet  la  liberté  de  conscience  —  et  comment  ne  pas  l’admettre  ?  on  ne 
saurait  être  hostile  à  la  liberté  des  cultes  ni  à  la  liberté  d’enseignement,  qui  ne  sont 
que  des  manifestations  extérieures  de  la  première.  Je  n’ai  donc  hésité  d’aucune  façon 
à  me  prononcer  pour  la  liberté  d’enseignement,  sous  les  réserves  indispensables  qu’exigent 
l’intérêt  de  l’enseignement  lui-même  et  les  droits  supérieurs  de  l’Etat.  A  moins  de 
dénaturer  audacieusement  mes  paroles  et  mes  votes,  il  est  impossible  de  m’attribuer 
d’autres  sentiments. 

Dois-je  parler,  par  ailleurs,  de  mon  programme  politique  ?  Je  n’en  ai  pas  d’autre  à 
vous  soumettre  que  celui  qui  a  été  tant  de  fois  sanctionné  par  vos  suffrages.  Etre  fidèle  à 
.soi-même,  n’est-ce  pas  la  vraie  façon  d’être  fidèle  à  ses  électeurs. 

Je  vous  l’ai  dit  à  une  autre  époque  :  «  Dans  l’ordre  social,  comme  dans  l’ordre  politique, 
notre  République  est  l’héritière  de  la  Révolution  française.  Elle  a  mission  de  reprendre  en 
tous  points  cette  œuvre  interrompue  et  de  lui  donner,  à  un  siècle  d’intervalle,  son  légitime 
couronnement.  » 

Une  telle  conception  de  l’œuvre  républicaine  doit  forcément  conduire  à  traiter  en 
ennemis  tous  les  ennemis  de  la  société  moderne,  que  ce  soit  l’intérêt  révolutionnaire  ou 
l’intérêt  réactionnaire  qui  pousse  en  avant  les  démolisseurs. 

«jNi  révolution,  ni  réaction!  »  c’était  la  devise  qui  avait  prévalu  dans  le  parti 


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républicain  jusqu’à  ces  dernières  années,  et  j’ai  résolument  soutenu  de  mes  votes  les 
ministères  qui  Font  mise  en  pratique.  iNon  moins  résolument,  j’ai  cessé  d’être  ministériel 
le  jour  où  je  me  suis  trouvé  en  faée  fcFUn  Ministère  qui,  par  le  seul  fait  de  sa  composition, 
rompait  ouvertement  avec  cette  tradition  de  notre  parti.  Aucune  erreur  ne  pouvait  être 
plus  grave,  selon  moi,  que  d’introduire  officiellement  aux  affaires  des  représentants 
de  cet  esprit  de  collectivisme  doctrinaire  qui  me  paraît  être  tout  Fopposô  de  Fesprit 
républicain. 

Quoiqu’elle  ait  causé  beaucoup  de  mal,  Terreur  n’est  point  encore  irréparable.  Je 
conçois,  pour  mon  compte,  et  j’espère  voir  se  constituer  bientôt,  si  les  résultats  électoraux 
le  permettent,  une  majorité  franchement  et  largement  républicain e,  groupant  ensemble 
tous  les  défenseurs  sincères  de  la  société  moderne,  tous  les  hommes  pénétrés  des  nécessités 
pratiques  de  gouvernement. 

Mon  éminent  ami  M,  Méline  exprimait  récemment  le  vœu  que  la  Chambre  future, 
faisant  taire  les  querelles  de  politique  intérieure,  vouât  ses  quatre  années  d’existence, 
à  résoudre  quelques-unes  des  plus  importantes  questions  qui  touchent  à  la  situation 
extérieure  économique,  financière  et  militaire  de  la  France.  J’applaudis  à  son  initiative, 
et  nul  plus  que  moi  ne  serait  disposé  à  la  suivre.  Puisse-t-elle  trouver  au  Parlement  de 
Fécho 1 

Entre  les  questions  urgentes  qui  ont  un  instant  paru  à  Fordre  du  jour  de  la  dernière 
législature,  la  Chambre  nouvelle  n’aura  que  l’embarras  du  choix. 

Les  grandes  mesures  d’assistance  et  de  prévoyance  sociales  déjà  réalisées  par  la 
République  sont  pour  elle  un  véritable  titre  d'honneur.  D’autres  lois  doivent  suivre  et 
compléter  cette  œuvre  si  bien  commencée:  tout  d'abord,  la  création  de  l’assistance  pour 
les  vieillards  et  les  infirmés  ;  ensuite,  le  développement  des  mutualités  ouvrières,  auquel 
il  me  paraît  bon  de  subordonner  la  question  des  retraites,  engagée  dans  une  voie  pêu 
pratique  Fan  dernier. 

L’agriculture  est  fondée  à  réclamer  !e  vote  de  certaines  lois  d’intérêt  secondaire,  restées 
en  suspens:  elle  sait,  d’ailleurs,  que  si  des  dégrèvements  prochains  peuvent  être  effectués, 
Piinpôt  foncier  semble  devoir  être  le  premier  à  en  profiter. 

Les  marins-pêcheurs  ont  eu  leur  part  des  améliorations  législatives  les  plus  récentes. 
Une  loi  sur  ^inscription  maritime  réduit  de  7  ans  la  durée  du  service  des  inscrits  et 
supprime  les  appels  de  28  jours.  Une  disposition  spéciale  introduite  dans  la  loi  de  finances 
de  1902  donne  satisfaction  aux  plaintes  qui  s’étaient  élevées  contre  le  fonctionnement  de  la 
Caisse  de  prévoyance  des  marins,  en  dispensant  les  patrons  du  versement  auquel  ils 
étaient  assujettis  pour  leurs  hommes  et  en  réduisant  notablement  le  montant  des  verse¬ 
ments  à  opérer  par  ces  derniers.  Enfin,  la  loi  qui  vient  d’ôtte  adoptée  sur  la  mari  no 
marchande  crée,  en  fàVeur  de  la  Caisse  des  Invalides,  des  ressourcés  nouvelles.  qui  profite¬ 
ront  aux  derùi-soldiers. 

La  question  de  Tabrèviatkm  du  service  militaire  est  sérieusement  mise  à  Fétude,  Il 
est  à  souhaiter  qu’elle  aboutisse  ;  mais  c’est  un  devoir  élémentaire  de  prendre  les  plus 
rigoureuses  précautions  pour  qu’il  n’en  résulte  aucune  atteinte  à  là  solidité  de  l’armée, 
de  cette  armée  que  la  République  s’énorgueillit  d’avoir  élevée  à  un  haut  degré  de 
puMahce  et  sur  laquelle  nous  nous  sommes  habitués  à  faire  reposer  üoU  plus  chères 
espérances  d’avenir. 

11  y  a  deux  ans,  le  régime  fiscal  des  boissons  a  été  réformé  par  Une  loi  qui  a  sacrifié 
Fintérôt  général  à  celui  de  certaines  régions,  à  a  nombre  desquelles  n’est  assurément  pas 
là  nôtre.  Daüs  ie  détail  comme  dans  l’ensemble,  Lavais  refusé  mes  votes  à  dette  réforme 
hâtive  et  mal  Conçue  ;  c’est  dire  que  je  serais  tout  prêt  à  en  voter  la  révision. 

En  ce  qui  concerne  la  gestion  de  nos  finances,  je  me  suis  toujours  déclaré  partisan 
d’une  politique  de  stricte  économie  ;  sür  ce  point  comme  sur  les  autres,  j’ai  scrupuleuse¬ 
ment  conformé  mes  votes  parlementaires  aux  déclarations  que  je  vous  avais  faites.  Ce  n’est 
pas  sans  regret  qu’il  m’est  arrivé  parfois  de  repousser  des  augmentations  do  dépenses  qüi 
se  présentaient  soüS  les  plus  séduisantes  apparences  ;  mais  le  souci  de  l’équilibre  badge- 


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taire  m’a  paru  devoir  primer  tout  le  reste.  Pour  l’honneur  du  suffrage  universel,  je  me 
refuse  à  croire  que  ce  soit  en  dilapidant  les  finances  publiques  ou  en  désorganisant  l’armée 
nationale  qu’on  gagne  ses  faveurs. 

Telles  sont,  chers  Concitoyens,  les  explications  que  j’ai  cru  vous  devoir,  au  moment  où 
voua  êtes  appelés  à  prononcer  sur  mon  compte  un  nouveau  jugement. 

Comme  au  temps  du  boulangisme,  vous  voyez  formée  contre  moi  une  coalition  dans 
les  rangs  de  laquelle  se  confondent  tous  les  débris  dés  vieux  partis  que  la  République  a 
vaincus.  Réactionnaires  étaient  les  coalisés  de  1889,  réactionnaires  sont  ceux  d’aujourd’hui  ; 
il  n’y  a  de  changement  que  dans  leur  enseigne  électorale,  qu’ils  prennent  soin  d’adapter 
aux  besoins  du  moment.  Toujours  battus,  ils  ne  se  lassent  pas  de  revenir  à  la  charge,  et 
c’est  merveille  de  les  voir,  après  25  années  d’attente,  guetter  encore  l’heure  propice  uù  ils 
pourront  mettre  la  main  sur  la  lre  circonscription  de  Quimper. 

Électeurs  républicains,  vous  avez  résisté  à  la  violence  ;  vous  avez  éventé  les  ruses  et 
déjoué  les  intrigues  ;  saurez-vous  aussi  bien  vous  défendre  contre  les  manœuvres 
corruptrices  qui  déshonorent  cette  campagne  électorale  et  font  le  scandale  des  honnêtes 
gens  ? 

Quel  mépris  vous  témoignent  ces  réactionnaires  qui  se  flattent  de  former  ici  à  leur 
profit  une  majorité  électorale  en  remplaçant  la  discussion  des  idées  et  des  intérêts  légitimes 
par  un  cynique  appel  à  la  débauche  et  à  la  mendicité  ! 

Chers  concitoyen»,  soyez  bons  gardiens  de  l’honneur  de  cette  circonscription  républi¬ 
caine  !  25  années  durant,  elle  a  victorieusement  tenu  tête  aux  assauts  réactionnaires  : 
ne  permettez  pas  qu’il  soit  dit  qu’en  un  jour  de  défaillance  elle  s’est  livrée  à  prix 
d’argent  ! 

Louis  HÉMON,  Député  sortant. 
Conseiller  général  du  Finistère. 


2e  circonscription  de  QUIMPER 
M.  LE  BAIL 

Élu  au  1”  tour  de  scrutin.  —  12.501  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Appelé  par  le  cfioix  unapime  de  500  délégués  républicains,  réunis  à  Quimper  le 
22  mars  dernier,  à  l’honneur  de  porter  le  drapeau  do  la  République  dans  la  2"  circonscrip¬ 
tion  de  l’arropdissement  de  Quimper,  je  vous  dois  compte  de  mon  programme  politique. 

La  lutte  prochaine  va  mettre  en  présence,  d’un  côté,  les  républicains  qui  veulent  le 
maintien  des  lois  de  défense  et  d’organisation  de  la  République  et  la  réalisation  progressive 
des  réformes  promises  à  la  démocratie  ;  de  l’autre,  le  parti  sans  nom  qui,  se  couvrant  du  masque 
républicain,  espère  égarer  et  tromper  l’opinion  et  s’emparer  d’un  pouvoir  qui  ne  serait  avec 
lui  que  confusion,  trouble  et  anarchie.  Composé  d’hommes  appartenant  à  toutes  les  opi¬ 
nions,  s’il  était  en  majorité  demain,  il  ne  saurait  que  détruire  et  serait  impuissant  à  rien 
fonder. 

Électeurs, 

Ce  sont  ces  mêmes  hommes  suspects  qui  étaient  entrés  au  Conseil  des  Cinq-Cents 
en  1797  et  à  l’Assemblée  législative  en  1849.  Souvenez-vous  que  ces  Assemblées  ont  abouti 


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à  l'avènement  du  pouvoir  personnel  et  à  l’empire,  c’est-à-dire  à  la  [suppression  de  toutes 
nos  libertés,  à  i’inva&ion,  au  démembrement  et  à  la  ruine  de  la  patrie. 

La  République  que  je  sers  et  que  je  défends  est  celle  qui  a  proclamé  les  Droits  de 
l’homme  et  du  citoyen,  qui  a  donné  à  la  France  le  suffrage  universel. 

Plus  récemment,  elle  s’est  appelée  la  Défense  nationale  ;  elle  a  présidé  à  la  libération 
du  territoire,  à  l’organisation  de  notre  enseignement  laïque,  au  relèvement  de  nos  forces 
maritimes  et  militaires;  elle  a  associé  sa  politique  étrangère  à  celle  d'un  puissant  pays 
devenu  notre  ami  et  notre  allié  1  Et  je  ne  parle  pas  des  travaux  publics  qui  ont  été  partout 
entrepris  depuis  31  ans,  de  l’extension  donnée  à  notre  voirie  ferrée  et  à  nos  chemins 
publics,  de  notre  agriculture  protégée  et  encouragée,  des  lois  ouvrières  qui  ont  marqué  une 
série  d’étapes  vers  le  mieux  social,  de  notre  domaine  colonial  agrandi,  de  la  longue  période 
de  paix  qu’elle  a  assurée  aux  pays. 

Aveugles  ceux  qui  méconnaîtraient  l'importance  et  la  grandeur  de  son  œuvre! 

Cette  République,  qui  est  la  mienne,  doit  être  dans  l'avenir  : 

La  réforme  parlementaire  et  l’amélioration  des  méthodes  de  travail  de  nos  Assem¬ 
blées; 

L’ordre  et  l’économie  dans  les  finances  et  l'amortissement  de  notre  dette; 

La  réorganisation  administrative  et  judiciaire  avec  les  notables  économies  qui  en 
résulteront  ; 

Le  contrôle  sévère  des  dépenses  de  nos  grands  services  publics; 

La  répartition  plus  équitable  de  l’impôt  entre  tous  les  citoyens. 

Électeurs, 

Si  vous  me  nommez  votre  représentant,  je  m’attacherai  à  préserver  la  République  des 
dangers  et  des  obstacles  qui  pourraient  ralentir  ou  arrêter  sa  marche  vers  le  progrès  poli¬ 
tique*  ou  social. 

Le  premier  de  ces  dangers  est  le  cléricalisme. 

Je  veux  garantir  à  tous  les  citoyens  la  liberté  de  conscience  et  maintenir  à  chacun 
d’eux  le  droit  de  pratiquer  librement  sa  religion.  Le  prêtre  est  maître  absolu  dans  son 
église,  mais  il  doit  s’interdire  toute  ingérence  dans  le  domaine  du  temporel,  où  doit  s’exercer 
sans  obstacle  la  prééminence  nécessaire  de  l’État  laïque,  qui  n’est  autre  chose  que  la  puis¬ 
sance  publique  chargée  de  la  garde  et  de  l’application  des  lois,  de  toutes  les  lois. 

Il  faut  que  le  prêtre,  qui  doit  être  l’homme  de  tous,  comprenne  qu’en  se  mêlant  aux 
querelles  des  partis  il  s’attire  fatalement  les  représailles  du  vainqueur. 

J’estime  que  le  Concordat  peut  continuer  à  être  appliqué  dans  un  esprit  de  tolérance 
mutuelle  jusqu’au  jour  où  l’Église  et  l’État  réclameront  leur  indépendance. 

Je  ne  veux  pas  toucher  à  la  liberté  de  l’enseignement  ni  porter  atteinte  au  droit  du  père 
de  famille,  mais  l’État  a  le  droite!  le  devoir  d’exiger  des  maîtres  de  renseignement  libre 
des  garanties  de  capacité,  de  surveiller  et  de  contrôler  l’instruction  donnée  dans  ces  établis¬ 
sements  et  enfin  de  n’admettre  dans  ses  administrations  civiles  que  des  fonctionnaires  qui 
auront  été  préparés,  par  un  stage  dans  ses  lycées  et  ses  collèges,  à  le  servir  et  non  à  b 
combattre. 

Le  second  de  ces  dangers  est  b  collectivisme. 

La  Déclaration  des  Droits  proclame  que  les  droits  de  l’homme  en  société  sont  la  liberté, 
l'égalité,  la  sûreté,  la  propriété. 

Au  Heu  de  chercher  à  supprimer  la  propriété,  il  faut  la  protéger  et  en  faciliter  l’acces¬ 
sion  au  plus  grand  nombre  par  des  mesures  législatives  favorables  et  par  le  développement 
des  institutions  de  coopération  et  de  crédit. 

Dans  le  domaine  social,  je  désire  l’union  et  non  la  lutte  des  classes  et  des  intérêts,  la 
conciliation  pacifique  et  fraternelle  du  capital  et  du  travail. 

Les  lois  sociales  de  1a  troisième  République  ont  amélioré  le  sort  de  l’ouvrier. 


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Il  importe  de  les  compléter  par  la  loi  sur  les  retraites  ouvrières  en  tenant  compte  à  la 
fois  des  trois  grands  intérêts  engagés  dans  la  réforme  :  l’intérêt  social,  l’intérêt  fiscal  et 
l’intérêt  économique  du  pays. 

En  attendant  que  la  loi  projetée  produise  ses  eflets,  i!  faut  organiser  sur  des  bases  plus 
larges  et  plus  humaines  l'assistance  des  vieillards  et  des  infirmes  dans  les  villes  et  dans  les 
campagnes.  Ce  sera  l’honneur  de  la  troisième  République  d’avoir  assuré  une  amélioration 
de  leur  triste  condition  à  ces  invalides  et  à  ces  vaincus  de  la  vie,  dont  un  homme  d’Etat 
disait  il  y  a  déjà  50  ans  :  «  Le  monde  est  fatigué'  de  voir  des  misérables.  « 

La  situation  des  marins  est  digne  de  la  sollicitude  du  législateur. 

La  dernière  Chambre  a  voté  avant  de  se  séparer,  dans  sa  séance  du  25  mars,  une 
réforme  attendue  depuis  longtemps  :  l’adoption  du  nouveau  projet  de  loi  sur  l’inscription 
maritime.  Il  importe  de  compléter  ces  mesures  heureuses  par  une  réorganisation  de  la  loi 
sur  la  Caisse  de  prévoyance. 

Grâce  aux  ressources  que  procure  la  nouvelle  législation  sur  la  marine  marchande,  il 
sera  possible  d’exouérer  ces  inscrits  maritimes  de  leurs  versements. 

Je  demanderai  encore  que  la  loi  du  9  avril  1898  sur  les  accidents  du  travail  leur  soit 
applicable  et  qu’une  amélioration  soit  apportée  aux  pensions  de  demi-solde,  qui  avaient  déjà 
subi  en  1881  tin  notable  relèvement. 

Les  questions  agricoles  ont  toujours  tenu  une  large  place  dans  mes  goûts  et  mes  préoc¬ 
cupations.  Notre  agriculture  florissante  est  la  base  de  la  prospérité  nationale. 

Ü  est  essentiel  de  maintenir  en  sa  faveur  nos  lois  de  protection  et  nos  tarifs  douaniers. 
Outre  qu’elles  sont  la  sauvegarde  de  sa  prospérité,  elles  procurent  au  Trésor  un  chiffre 
important  de  recettes, 

La  création  des  chambres  cantonales  d’agriculture  s’impose.  Cette  institution  aura  pour 
but  de  renseigner  sans  cesse  le  gouvernement  sur  les  souffrances,  les  vœux  et  les  besoins 
de  l’agriculture  et'de  vulgariser  la  pratique  des  institutions  d’assurance,  de  mutualité  et  de 
crédit  agricole  qui  ne  sont  pas  encore  entrées  dans  les  mœurs  des  populations  rurales. 

Le  dernier  des  périls  est  le’nationalisme. 

Le  nationalisme  est  une  des  formes  de  la  réaction. 

Ce  qu’il  poursuit  par  une  voie  détournée,  c’est  non  l'amour  exclusif  de  la  patrie  et  de 
son  armée,  mais  bien  la  conquête  du  pouvoir  politique  au  profit  du  bénéficiaire  inconnu  qui 
le  recueillerait. 

11  est  trop  long  de  rappeler  tout  ce  que  la  République  a  fait  pour  l’armée.  Elle  a  été 
depuis  31  ans  son  orgueil  et  sa  suprême  pensée! 

Le  patriotisme  est  la  vertu  commune  de  tous  les  bons  Français  sans  distinction  de  parti 
il  en  est  bien  peu  qui  soDgent  sincèrement  à  détruire  l’armée. 

L’armée  m’est  toujours  apparue  comme  le  foyer  du  désintéressement  et  des  énergies 
nationales.  Je  la  veux  forte  et  respectée.  Elle  doit  ignorer  nos  divisions  politiques  et  ne  voir 
que  les  frontières.  Je  la  veux  subordonnée  au  pouvoir  civil. 

L’armée  doit  être,  en  outre,  dans  une  démocratie,  la  fidèle  représentation  du  pays. 
L’officier  français,  qui  est  un  bon  instructeur,  doit  tendre  de  plus  en  pins  à  devenir  un 
éducateur.  C’est  par  son  affection  pour  ses  hommes,  par  l’influence  de  l’exemple  et  la  direc¬ 
tion  morale,  qu’il  doit  imposer  au  soldat  son  autorité  dans  la  grande  famille  militaire. 
L’armée  ainsi  comprise  ne  ferait  qu’un  seul  corps  et  une  seule  âme  et  la  confraternité  des 
armes  durant  la  paix  assurerait  la  solidarité  dans  le  combat  à  l’heure  du  danger. 

Je  suis  favorable  au  service  de  deux  aDS  qui  nous  donnera  des  troupes  homogènes; 
mais,  à  une  armée  sans  cesse  rajeunie,  il  faut  des  cadres  nombreux,  expérimentés,  capables 
de  réaliser,  par  leur  permanence  dans  le  rang  et  par  leur  élasticité,  l’équilibre  et  la  cohé¬ 
sion  dans  notre  organisation  militaire. 

La  nouvelle  loi  sur  le  recrutement  devra  doue  être  précédée  de  mesures  préparatoires 
destinées  à  réaliser  le  renforcement  de  nos  cadres  inférieurs  de  sous-officiers  et  de 

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caporaux;  elle  devra  également  rendre  le  service  militaire  égal  pour  tous  et  supprimer  les 
dispenses,  en  accordant  toutefois  des  secours  aux  familles  nécessiteuses  des  soutiens  de 
famille. 


Électeurs 

C’est  par  ramour  de  la  patrie  et  Funion  de  tous  les  républicains,  par  îa  tolérance  civile 
et  le  mutuel  respect  des  opinions;  c'est  en  élevant  nos  âmes  pour  iebien  général  au-dessus 
des  impulsions  étroites  de  Fintérêt  personnel  ;  c’est  par  la  connaissance  exacte  de  nos  droits 
et  la  pratique  quotidienne  de  nos  devoirs  sociaux  que  nous  pourrons  rendre  la  République 
forte  et  réaliser  progressivement  dans  les  lois  et  dans  les  mœurs  notre  idéal  démocratique 
de  paix,  de  justice  et  de  fraternité  sociale. 

Vive  la  France  1  Vive  la  République  ! 

Le  candidat  du  Congrès  républicain, 
Georges  LE  BAIL, 

Conseiller  général,  maire  de  Piozéyet 


Circonscription  de  QUIMPERLÉ 

M.  J.  de  KEïULÏGÜ 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  11.620  voix. 


Mes  chers  Compatriotes, 

Quand,  à  plusieurs  reprises,  des  amis  étrangers  à  notre  circonscription  m’ont  engagé 
à  poser  ina  candidature  au  Sénat,  je  leur  ai  sur  Fheure  et  toujours  répondu  : 

«  Aussi  longtemps  que  les  électeurs  de  l'arrondissement  de  Quimperlé  me  garderont 
leur  confiance  tout  entière,  je  n’abandonnerai  pas  volontairement  le  poste  d’honneur  où 
leurs  libres  suffrages  me  maintiennent  depuis  1889  par  des  majorités  plus  considérables  à 
chaque  nouveau  scrutin.  » 

C’est  dans  ce  sentiment  qiFaprès  y  avoir  été  convié  par  un  grand  nombre  de  vos  élus, 
je  viens  solliciter  le  renouvellement  de  mon  mandat. 

Si  le  temps,  loin  d'affaiblir  les  liens  qui  m’unissent  à  vous,  n’a  servi  qu’à  les  fortifier, 
les  événements  qui  se  sont  succédé  depuis  douze  ans  n’ont  en  rien  modifié  non  plus  mes 
idées  politiques  ni  ma  conception  de  ce  que  réclament  l’intérêt  immédiat  et  Favenir  du 
pays. 

Malgré  les  crises  parfois  douloureuses  et  les  difficultés  graves  qui  ont  marqué  ces 
dernières  années,  je  reste  en  effet  fermement  convaincu  que  seule  la  République  offre 
aux  bons  citoyens,  désireux  d’union  et  de  paix,  ua  large  terrain  de  rapprochement  et 
d’entente  pour  la  défense  des  libertés  qui  nous  sont  chères  et  la  sauvegarde  des  principes 
indispensables  à  l’existence  d’une  grande  nation  comme  la  France. 

Ma  vie,  en  grande  partie  passée  au  milieu  de  vous,  la  communauté  de  nos  intérêts, 
mes  actes  et  mes  votes  me  dispenseraient  peut-être  d’une  plus  longue  déclaration. 

J’estime  cependant  qu’à  Fheure  actuelle  les  électeurs  sont  en  droit  d’attendre  de  qui 
sollicite  leurs  suffrages  des  précisions  plus  formelles  que  jamais  et  ne  laissant  aucune 
prise  à  l’équivoque. 

Et  puisqu’il  nous  a  été  donné  de  voir  remettre  en  question  les  garanties  essentielles  de 


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—  2ÎH  — 

l'indépendance  et  de  la  dignité  humaines,  je  déclare  que,  soucieux  autant  que  personne  de 
ne  laisser  porter  atteinte  ni  aux  prérogatives  de  la  société  civile,  ni  aux  droits  de  l’État,  je 
n’en  suis  pas  moins  partisan  convaincu  de  la  liberté  de  conscience  avec  sen  complément 
nécessaire  :  la  liberté  d’enseignement,  et  partisan  non  moins  résolu  de  la  liberté  du  travail 
comme  du  maintien  de  la  propriété  individuelle. 

La  République  que  nous  soutenons  et  que  nous  voulons  conserver  doit  être  tolérante 
et  respectueuse  de  toutes  les  convictions  sincères. 

Elle  doit  vous  assurer  : 

La  paix  sociale  par  le  maintien  de  l’ordre  public  et  par  une  administration  vigilante, 
équitable  pour  tous  et  soucieuse  des  intérêts  dont  elle  a  la  charge  ; 

La  paix  religieuse  par  le  maintien  du  Concordat  loyalement  observé  de  part  et  d’autre. 

Ce  double  bienfait,  tout  homme  impartial  voudra  bien  le  reconnaître,  n’a  pas  été  refusé 
à  noire  arrondissement  depuis  le  jour  où  vous  m’avez  appelé  à  vous  représenter. 

Cette  politique  d’apaisement  et  de  concorde,  je  m’honore  d’avoir  travaillé  de  mon 
mieux,  dans  le  passé,  à  la  faire  prévaloir  parmi  nous. 

Mon  ambition,  pour  l’avenir,  est  d’y  collaborer  encore  avec  tous  les  bons  citoyens  qui 
pensent  que,  sans  le  calme  dans  les  esprits  et  sans  la  paix  au  dedans  comme  au  dehors, 
nulle  affaire  ne  saurait  prospérer,  nulle  entreprise  ne  peut  réussir. 

Quand  aux  doctrines  collectivistes,  antisociales  et  antinationales,  dont  le  triomphe, 
fut-il  éphémère,  aurait  pour  conséquences  immédiates  et  certaines  la  ruine  de  tous  et 
l’abaissement  de  la  patrie,  je  crois  inutile  d’affirmer  ma  résolution  de  les  combattre  en 
toute  occasion  avec  la  dernière  énergie. 

Ouvriers  ou  patrons,  agriculteurs  ou  marins,  industriels  ou  commerçants,  et  ceux  qui 
vivent  du  produit  de  leur  travail  et  ceux  qui  bénéficient  d’une  fortune  déjà  acquise,  tous  ont 
un  égal  besoin  de  se  sentir  assurés  du  lendemain  et  garantis  dans  leurs  situations  comme 
dans  leurs  biens  contre  les  entreprises  des  perturbateurs  de  profession. 

Nécessaires  au  développement  des  affaires,  l’ordre  et  la  paix  ne  sont  pas  moins  indis¬ 
pensables  pour  réaliser  les  améliorations  sociales  et  ouvrières,  tous  les  progrès  démocra¬ 
tiques,  en  un  mot,  que  nous  avons  à  cœur  d’accomplir. 

Ce  n’est  en  effet  ni  dans  le  choc  des  passions  contraires  ni  sous  le  coup  de  l'intimi¬ 
dation  et  de  la  menace  que  sc  peuvent  élaborer  des  réformes  vraiment  dignes  de  ce  nom. 

Qu’il  s’agisse  de  secourir  l’invalidité  ou  la  vieillesse  des  travailleurs,  d’améliorer  notre 
système  d’impôts  ou  d’administration,  de  développer  l’activité  économique  et  la  puissance 
productive  du  pays,  c’est  seulement  dans  le  calme  des  esprits  et  par  la  conciliation  des 
intérêts  en  présence  que  se  dégagent  et  s’appliquent  les  solutions  efficaces  et  durables. 

Au  cours  de  la  législature  qui  vient  de  prendre  fin,  je  n’ai  jamais  refusé  mon  adhésion 
aux  projets  de  réformes  saines  et  pratiques,  mais,  de  même  que  je  me  suis  refusé  à  toute 
compromission  avec  le  parti  socialiste-collectiviste  sur  le  terrain  politique,  de  même 
aussi  j’ai  repoussé  sans  un  moment  d’hésitation  ses  dangereuses  conceptions  éconono- 
miques  dont  le  triomphe,  d’ailleurs  impossible  dans  ce  pays  du  bon  sens  par  excellence 
qa’est  la  France,  aboutirait  aux  plus  cruelles  déceptions  et  bientôt  à  la  misère  générale. 

le  regrette  qu’une  plus  large  part  de  l’activité  parlementaire  n’ait  pu  être  consacrée 
aux  questions  intéressant  l’agriculture,  le  commerce  et  l’industrie,  à  la  recherche  des 
mesures  propres  à  les  encourager  et  à  les  soutenir  dans  leur  lutte  chaque  jour  plus  rude 
contre  la  concurrence  étrangère  et  je  veux  espérer  que,  dans  la  Chambre  prochaine,  l’élude 
des  lois  d’affaires  prendra  enfin  le  pas  sur  les  stériles  débats  de  la  politique. 

A  l’une  des  dernières  séances  de  la  législature,  j’ai  eu  du  moins  la  satisfaction  de 
voter,  après  y  avoir  collaboré  dans  la  Commission  de  la  marine,  un  projet  de  loi  destiné 
à  atténuer  les  charges  des  inscrits  maritimes.  Le  temps  a  malheureusement  manqué  au 
Sénat  pour  T’adopter  à  son  tour.  Mais  la  proposition,  ipprise  devant  la  nouvelle  Chambre, 
devra  être  résolue  dans  un  sens  ausri  favorable  que  possible  à  ces  vaillantes  populations  du 
littoral,  si  dignes,  elles  aussi,  de  la  bienveillance  des  pouvoirs  publics. 

Les  questions  importantes,  dont  l’étude  va  s’imposer  au  Parlement  dès  la  rentrée,  sont 


—  292  — 


d’ailleurs  si  nombreuses  que  je  ne  saurais  songer  à  les  passer  toutes  en  revue  en  ce  moment 
Toutefois,  il  en  est  deux,  l’état  de  nos  finances  et  la  réduction  du  service  militaire,  dont  la 
gravité  rend  une  courte  déclaration  nécessaire. 

En  ce  qui  concerne  nos  finances,  la  situation,  sans  être  dangereuse }  réclame  cependant 
lu  plus  sérieuse  attention  et  une  prudence  d’autant  pins  grande  que  les  charges  du 
contribuable,  loin  de  décroître,  ont  atteint  des  limites  que  Pod  ne  saurait  impunément 
dépasser* 

Certains  remaniements  d’impôts  mal  conçus,  insuffisamment  étudiés  et  qui  ont  fatale¬ 
ment  abouti  à  de  lourds  mécomptes,  comme  la  loi  des  boissons,  mais  surtout  ^exagération 
des  dépenses  publiques, Jolies  sont  les  deux  principales  causes  d’un  état  de  choses  auquel 
il  importe  de  porter  remède  sans  retard  comme  sans  faiblesse. 

C'est  par  de  profondes  et  larges  économies  que  l’équilibre  budgétaire  momentanément 
compromis  doit  être  rétabli. 

Et  si,  pour  mettre  un  frein  aux  entraînements  de  la  Chambre  des  Députés,  il  faut  en 
venir  à  limiter  Pinitiative  parlementaire  en  matière  de  dépenses,  je  voterai  sans  hésiter 
toute  mesure  capable  de  protéger  les  contribuables  contre  des  prodigalités  trop  souvent 
inspirées  par  l’intérêt  électoral* 

Quant  à  la  réduction  du  service  dans  l’armée,  je  suis  prêt  à  l’étudier,  en  considérant 
d’abord  et  avant  tout  la  sécurité  de  la  patrie.  Un  allégement  des  charges  militaires  que  îe 
pays  a  dû  s’imposer  ne  paraît  pas  impossible,  mais  je  n'y  consentirai  que  si  l’expérience 
nous  donne  la  double  certitude  d’obtenir  des  engagements  assez  nombreux  et  de  cons¬ 
tituer  des  cadres  assez  solides  pour  que  la  diminution  do  temps  de  service  n’ait  en  aucun 
cas  comme  conséquence  la  diminution  des  effectifs  ou  l’affaiblissement  de  l’armée* 

Sur  ce  terrain,  du  moins,  l'accord  sera  facile  entre  tous  les  bons  Français.  Tous  vou¬ 
dront  témoigner  de  leur  constante  sollicitude  pour  cette  armée,  symbole  de  l’unité  nationale 
et  sauvegarde  de  notre  indépendance,  qui  s'imposa  à  notre  respect  par  ses  vertus  et  la 
grandeur  de  sa  mission. 

Maintenue  en  dehors  de  nos  querelles  politiques,  à.  l’abri  des  délations,  elle  sera  pro¬ 
tégée  contre  les  attaques  sans  nom  dont  elle  fut  trop  souvent  l’objet  en  ces  dernières 
années.  Mais  insister  sur  ce  sujet  serait  inutile  entre  Bretons, 

De  ces  deux  questions,  capitales  pour  F  avenir  de  notre  pays  :  la  situation  de  nos 
finances  et  \t  durée  du  service  militaire,  la  Chambre  prochaine  voudra  aborder  Fétude  sans 
délai  si,  comme  j’en  ai  la  ferme  espérance,  l’immense  majorité  des  Français  condamne  et 
repousse  définitivement,  dans  quelques  jours,  sectaires  et  agitateurs,  politiciens  et  révolu¬ 
tionnaires,  affirmant  par  là  sa  volonté  de  vivre  et  de  travailler  en  paix. 

Ordre,  progrès,  liberté, 

En  cos  trois  mots  se  résume,  mes  chers  Compatriotes,  la  politique  républicaine  que, 
personnellement,  j’entends  soutenir  et  m’efforcer  de  faire  triompher  si  vous  m’honorez  de 
vos  suffrages. 

Si  c’est  également  la  vôtre,  comme  je  le  crois,  vous  n’hésiterez  pas  à  îe  dire  le  27  de 
ce  mois. 

Plus  nombreux  seront  vos  votes,  plus  grande  aussi  sera  mon  autorité  pour  défendre 
vos  idées  et  vos  intérêts. 

Me  souvenant  de  vos  précédents  témoignages  de  sympathie  et  certain  d’avoir  toujours 
fidèlement,  rempli  mes  engagements  envers  vous,  j'attends  avec  confiance  le  résultat  du 
scrutin  qui  va  s1  ouvrir . 

J.  DE  KERJÉGU,  Député  sortant. 

Président  du  Conseil  général  du  Finistère* 


—  293  — 


N8  M62 


GARD 


circonscription  d’ALAIS 
M.  Marias  DEVÈZE 

Élu  au  lw  tour  de  scrutin.  —  8-205  voix. 


Citoyens, 

Nous  présentons  à  vos  suffrages  le  programme  du  citoyen  Marias  Devèze,  Député 
"e  programme  est,  au  fond,  le  même  que  celui  que  vous  avez  approuvé  il  y  a 

o  u  s vo ns  riei^mo  difi  é*;  nous  avons  simplement  ajouté  -  ^  I^  qu^tio^  api¬ 
coles,  sur  les  questions  militaires  et  d’enseignement,  -  des  articles  qui,  loin  de  1  atténuer, 
l'aggravent  et  lui  donnent  un  caractère  encore  plus  avance  _  ûes 

Ce  programme,  tel  que  nous  le  présentons,  a  déjà  été  soumis  aux  délibérations  des 

Comités  locaux  et  cantonaux. 

Le  Comité . 


Programme  politique  : 

l,  _  Réalisation  du  principe  démocratique . 

r  Révision  de  la  Constitution  dans  le  sens  démocratique  -  2°  Suppression  du  Sénat  - 
î*  Législation  du  mandat  impératif  et  formation^  Comité  P^nt  éh^rr  la  ^ge 
universel,  qui  aurait  le  droit  de  briser  le  député  infidèle  a  son  manda t  -  4 
du  referendum  pour  les  questions  principales  &  Autonomie  comm  i  ■  .  ■ 

aeciv»  -  7-  Abrogation  dos  lois  .or  la  presse  £ 

desûreté  générale,  dites  scélérates,  qui  constituent  nue  atteinte  duocte 
itotna-  i  Suppression  des  sous-préfectures  -  9“  Diminution  des  gros  traitements, 
augmentation  des  petits  -  10°  Épuration  du  personnel,  de  façon  a  assurer  aux  msti  u  ions 
républicaines  des  fonctionnaires  dévoués* 

U.  _  Reconnaissance  du  principe  de  la  laïcisation  de  l’htat. 

1“  Abrogation  du  Concordat;  suppression  du  budget  des  cultes;  séparation  des  Églises 

et  de  l’État  —  2»  Retour  de  la  nation  des  biens  de  mainmorte  —  3“  Laïcité  complète  dan 
et  ue  t  Ltat  i  neu  i.«  Sunoression  de  la  loi  Falloux  et  monopole  de 

l’administration  et  dans  l’enseignement  —  k  suppression  u  £  , 

l’enseignement  par  l'État.  Gratuité  de  l’enseignement  a  tous  les ^  degrés  g™  ^ 

enfants  du  peuple  puissent,  dans  l’intérêt  de  la  nation,  développer  les  trésors  d  g 
enfermés  dans  leur  esprit. 


294 


lïï.  —  Réformes  militaires. 

1°  Abolition  des  armées  permanentes  (armement  général  du  peuple)  et,  en  attendant,  I 
réduction  du  service  militaire  à  deux  ans  —  2°  Secours  aux  familles  nécessiteuses  des 
citoyens  sous  les  drapeaux  —  3°  Suppression  des  vingt-huit  et  treize  jours-  Suppression  des 
Conseils  de  guerre. 

Programmé  économique  : 


L  —  Progî'amme  général. 

1°  Socialisation  des  grandes  exploitations,  qui  sont  le  résultat  d’un  travail  social  et 
auxquelles  la  plupart  du  temps  l’État  fournit  des  secours  sons  la  forme  de  subventions,  de  | 
primes  ou  de  garanties  d’intérêt  du  capital,  telles  que  les  Compagnies  de  chemins  de  fer,  1 
les  Compagnies  maritimes,  les  Compagnies  minières,  etc,  —  2Q  Abolition  des  impôts  indi¬ 
rects  et  leur  remplacement  par  un  impôt  progressif  sur  le  revenu  —  3*  Augmentation  de  b 
taxe  qui  frappe  les  gros  héritages  et  les  héritages  collatéraux,  suppression  de  tout  droit  sur 
les  héritages  directs  pour  les  fortunes  ne  dépassant  pas  20.000  francs  —  4a  Retraite  pour  | 
tous  les  travailleurs,  aussi  bien  pour  ceux  de  l’industrie  que  pour  ceux  de  l’agriculture  —  | 
5°  Organisaiion  de  l’assistance  publique  et  médicale  dans  toutes  les  communes—  6°  Liberté 
de  la  pêche  et  de  la  chasse  avec  les  engins  ordinaires  et  en  dehors  des  temps  prohibés, 
dans  l’intérêt  général. 


IL  —  Protection  de  la  petite  propriété. 


1°  Mise  entre  les  mains  des  petits  propriétaires  des  instruments  de  travail  perfec¬ 
tionnés,  qui  fout  la  supériorité  de  la  grande  pr  opriété-  Formation,  avec  le  concours  de  l’État, 
de  Syndicats  chargés  de  donner  aux  petits  cultivateurs  les  fumures,  les  engrais,  les  se¬ 
mences  à  un  prix  minimum  et  d’écouler  les  récoltes  sans  l’intervention  de  tierces  personnes, 
prenant  pour  elles  la  meilleure  part  du  bénéfice  —  3°  Création  d’une  Banque  agricole  prê¬ 
tant  sur  garantie  des  récoltes  futures  —  4°  Suppression  de  fartîcle  2102  du  Code  civil 
donnant  aux  propriétaires  un  privilège  sur  les  récoltes  et  suppression  de  la  saisie-brandon,  J 
c’est-à-dire  des  récoltes  sur  pied.  Constitution,  pour  le  cultivateur,  d’une  réserve  insaisis¬ 
sable  comprenant  les  instruments  aratoires,  les  quantités  de  récoh  es,  fumiers  et  têtes  de 
bétail  indispensables  à  l’exercice  de  son  métier  —  5°  Minimum  de  salaire  fixé  par  les 
Syndicats  agricoles  et  les  Conseils  municipaux  pour  les  ouvriers  agricoles  —  6°  Abolition  j 
des  prestations  en  nature  —  7"  Création  de  prud’hommes  agricoles. 


I1L  —  Protection  de  la  viticulture. 

1°  Suppression  complète  et  absolue  des  octrois  —  2°  Imposition  d’un  tarif  minimum  et  ! 
unique  pour  le  transport  des  produits  agricoles,  de  façon  que  les  vins,  par  exemple,  soient  | 
vendus  au  même  prix  dans  le  Œord  que  dans  le  Midi  de  la  France  —  3°  Monopole  de  l’alcool 
à  l’Etat  —  4*  Suppression  du  droit  de  circulation. 


IV,  —  Protection  de  ta  sériciculture. 

1°  Établissement  d’un  droit  sur  les  cocons  étrangers,  soies  grèges  et  soies  ouvrées  — 
2Ü  Primes  attribuées,  non  pas  sur  la  quantité  des  cocons  récoltés,  mais  sur  la  quantité  de 
graines  mises  en  incubation,  afin  que  le  sériciculteur  qui  a  la  douleur  de  voir  sa  chambrée 
périr  au  moment  de  la  bruyère  ait  au  moins  une  faible  récompense  des  efforts  perdus  — 
3°  Attribution,  dans  les  mauvaises  récoltes,  aux  communes  éprouvées,  des  b  millions  ré¬ 
servés  pour  la  prime  à  la  sériciculture  —  k°  Suppression  de  la  prime  pour  la  filature  des 
cocons  étrangers  tant  que  la  récolte  française  n’aura  pas  été  achevée  —  5°  Attribution,  sous 


—  293  — 


N°  1162 


îa  forme  de  Caisses  de  secours,  d'une  partie  de  la  prime  destinée  à  la  filature,  aux  ouvrières 
tileuses,  dont  les  efforts  augmentent  à  mesure  que  Routillage  se  transforme, 

Y,  — -  P  f  vlectio  n  des  o  uv  ri  ers  e  t  petits  e  mp  lo  yés . 

1°  Repos  d'un  jour  par  semaine  accordé  à  tous  les  employés  et  ouvriers  —  2°  Réduction 
delà  journée  de  travail  à  huit  heures —  3°  Interdiction  du  travail  des  enfants,  dans  les 
ateliers  privés,  au-dessous  de  quatorze  ans  —  FixaLion  d*un  minimum  de  salaire;  relève¬ 
ment  du  salaire  de  la  femme  —  5°  Interdiction  légale  aux  patrons  d'employer  des  ouvriers 
étrangers  à  un  salaire  inférieur  à  celui  des  ouvriers  français  {Surveillance  protectrice  dos 
apprentis  par  les  corporations  ouvrières)  —  6°  Intervention  des  ouvriers  dans  les  règle¬ 
ments  spéciaux  des  divers  ateliers.  Suppression  des  amendes.  Restitution  aux  ouvriers  de 
1s  gérance  de  leurs  Caisses  de  secours  mutuels  et  de  prévoyance.  Révision,  en  faveur  des 
salariés,  de  la  loi  sur  les  accidents  et  son  application  à  tous  les  travailleurs  de  l’industrie  et 
de  l’agriculture.  Extension  des  droits  des  Syndicats  professionnels  de  façon  à  leur  donner 
la  faculté  de  posséder. 

Le  candidat  s'enga ge,  en  outre,  à  défendre  au  sein  du  Parlement  toutes  les  résolutions 
votées  par  les  Congrès  ouvriers  ;  Chambres  syndicales,  groupes  corporatifs,  mineurs,  mé¬ 
tallurgistes,  employés  de  chemins  de  fer,  employés  de  commerce,  etc.,  et  à  prêter  son 
concours  le  plus  dévoué  au  développement  des  Syndicats. 

Mari  us  DEVÈZE,  Député  sortant. 

(Suivent  les  signatures  du  Comité  central  et  dn  Comité  électoral.) 


2e  circonscription  d1  AL  AI  S 
M.  de  RAMEL 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  9.343  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Les  circonstances  dans  lesquelles  vous  allez  émettre  votre  vote  le  27  avril  vous  dictent 
votre  devoir,  auquel  vous  ne  faillirez  pas. 

Vous  condamnerez  la  politique  anti-libérale  et  sectaire  des  hommes  qui  sont  au  pou¬ 
voir  et  qui,  au  lieu  d'accomplir  les  réformes  et  les  progrès  si  nécessaires  à  la  protection  du 
travail  national,  au  développement  de  notre  industrie  et  de  notre  commerce,  à  la  protec¬ 
tion  de  notre  agriculture  et  à  ^amélioration  du  sort  des  travailleurs,  ont  semé  la  discorde 
et  les  dissensions  dans  le  pays,  et  suscité  des  divisions  religieuses  profondes  qui  semblaient 
effacées.  Ils  ont,  en  effet,  au  mépris  de  la  liberté  et  des  principes  d’égalité  dissous  et  dis¬ 
persé  les  associations  religieuses  vouées  aux  soins  des  misères  humaines.  Rien  plus,  ils 
prétendent  encore,  contrairement  a  la  liberté  de  conscience  et  au  droit  sacré  des  pères  de 
famille,  maîtres  de  R  éducation  de  leurs  enfants,  nous  enlever  d’une  façon  absolue,  par 
^abrogation  de  la  loi  de  1850  (loiFalloux),  le  droit  de  créer,  de  conserver  et  d'entretenir, 
même  a  nos  frais,  des  écoles  libres  congréganistes,  et  interdire  aux  Frères  et  aux  Sœurs, 
éducateurs  de  la  jeunesse,  le  droit  d’enseigner. 

Vous  îlétrirez  par  vos  votes  ces  violations  de  liberté,  ces  odieux  attentats  contre  la 
güïï  scie  nee  h  u  ma  i  n  e . 


Contemplant  l’œuvre  de  destruction  et  de  désorganisation  des  forces  sociales  accomplie 
par  la  coalition  disparate  qui  nous  opprime,  vous  reconnaîtrez  que  c'est  grâce  à  ces  lottes 
intestines  qui  agitent  et  troublent  le  pays,  qu’elle  se  maintient  au  pouvoir  et  y  règne  despo¬ 
tiquement,  ruinant  les  finances  publiques  par  l’accroissement  des  dépenses,  écrasant  le 
contribuable  d'impôts,  accumulant  les  emprunts  nouveaux  et  les  déficits,  an  profit  de 
amis  et  de  sa  politique  étroite,  au  détriment  de  l'ensemble  des  contribuables. 

Oublieux  de  l’intérêt  public,  ces  hommes  ne  gouvernent  que  pour  une  très  petite  frac¬ 
tion  franc-maçonne  et  sectaire,  et  non  pour  la  grande  France,  laborieuse,  pacifique,  libé¬ 
rale  et  patriote,  qui,  le  27  avril,  aura  enfin  le  droit  de  faire  entendre  sa  voix  et  d'imposer 
ses  volontés,  en  orientant  la  politique  de  la  France  vers  la  pacification  sociale  et  T  union 
féconde  des  bonnes  volontés. 

Ce  n'est  qu'à  ce  prix  qu'il  sera  possible  au  pays  de  reprendre  sa  marche  vers  le  progrès 
et  de  relever  son  prestige  diminué  aux  yeux  de  l’Europe,  de  réaliser  des  réformes  néces¬ 
saires  à  sa  prospérité  comme  à  sa  grandeur  morale,  et  de  marcher,  comme  jadis,  à  la  lête 
des  nations,  qui,  pendant  que  nous  nous  épuisons  en  querelles  stériles,  réforment  leur 
législation  dans  un  sens  libéral,  en  développant  leur  production  et  leur  prospérité  natio¬ 
nales. 

La  politique  néfaste  du  Gouvernement  qui  se  dit  de  Défense  républicaine,  condamne, 
plus  qu'aucune  démonstration  doctrinale,  les  vices  d’un  régime  qui  se  meurt  de  l'excès  de 
parlementarisme  et  du  défaut  de  contrepoids  dans  la  constitution  de  l'organisme  gouverne¬ 
mental,  Le  pouvoir  exécutif  y  est  sans  autorité,  comme  sans  stabilité,  et  l'oligarchie  parle¬ 
mentaire,  inconstante  ou  asservie,  a  détruit  elle-même  les  garanties  de  liberté  qu’on  était 
en  droit  d'attendre  de  la  représentation  nationale. 

Aussi,  nul  ne  peut  contester  que  la  réorganisation  des  pouvoirs  publics  sur  des  bases 
plus  stables  et  mieux  équilibrées  s'impose  par  la  révision  de  la  constitution,  révision  que 
je  n’ai  jamais  cessé  de  demander,  et  que  j’ai  réclamée  devant  la  Chambre,  lorsque  la  ques¬ 
tion  s’est  posée. 

Convaincu  qu'une  Constitution  n’est  forte  et  incontestée  que  lorsqu’elle  est  librement 
acceptée  par  le  pays,  j'ai  réclamé  et  je  demande  encore  la  consultation  nationale,  qui  seule 
peut  mettre  un  terme  à  nos  dissensions  politiques  et  à  nos  querelles  de  parti. 

Électeurs! 

Vous  me  connaissez,  vous  savez  que,  fidèle  aux  principes  d'ordre  et  de  liberté,  soucieux 
des  intérêts  dont  vous  m’avez  confié  la  garde,  je  m'y  suis  consacré  tout  entier.  II  vous 
appartient  de  décider  s’il  vous  convient  de  me  donner  un  nouveau  mandat  pour  les 
défendre* 

An  point  de  vue  financier.  —  L’allégement  de  l'impôt  des  patentes  au  profit  des  petits 
commerçants  s'impose,  comme  l'allégement  de  l'impôt  fonder,  au  profit  du  petit  proprié¬ 
taire. 

Partisan  de  l'impôt  sur  le  revenu,  comme  régulateur  d'une  meilleure  répartition  delà 
contribution,  je  ne  le  comprends  que  comme  devant  remplacer  les  autres  impôts  actuelle¬ 
ment  mal  répartis  et  je  repousse  les  procédés  vexatoi  res  et  arbitraires  sur  lesquels  voulaient 
l'asseoir  ceux  qui  prétendent  l’ajouter  aux  impôts  existants. 

Au  point  de  vue  agricole.  —  J'ai  su  obtenir  à  îa  sériciculture  la  juste  protection  et  les 
encouragements  qui  lui  étaient  dûs,  en  faisant  porter  à  0  fr,  60  la  prime  de  50  centimes 
qu'on  lui  contestait  et  qu’une  première  fois  nous  avions  si  péniblement  acquise,  alors  que 
le  Gouvernement  voulait  ou  la  réduire  ou  la  supprimer. 

J’ai  pu,  par  mes  efforts  et  mon  initiative,  amener  un  dégrèvement  de  35  millions  de 
l'impôt  foncier,  encore  trop  lourd  pour  l’agriculteur,  qui  n'arrachc  que  péniblement,  au  sol 
ingrat,  de  maigres  produits.  Je  suis  partisan  résolu  de  la  suppression  totale  du  principal  de 
l’impôt  foncier  au  profit  de  la  petite  propriété,  pour  ne  laisser  supporter  à  la  terre  que  les 
centimes  additionnels  généraux,  départementaux  et  communaux  qui  pèsent  déjà  sur  elle. 


N°  i 162 


—  297  — 

Je  considère  que  l’agriculture  ne  saurait  se  développer  sans  que  des  sacrifices  soient 
faits  pour  venir  au  secours  des  communes  impuissantes  à  constiluer  le  réseau  de  leurs 
chemins  vicinaux,  pour  que  le  département  prenne  à  sa  charge,  comme  je  l’ai  fait  décider 
au  Conseil  général  du  Gard,  l’entretien  delà  grande  vicinalité,  en  supprimant  les  presta¬ 
tions  et  les  contributions  imposées  aux  communes,  qui  disposeront  ainsi  de  la  totalité  de 

leurs  revenus  pour  les  chemins  communaux. 

Je  reste  convaincu  de  la  nécessité  d’organiser  le  crédit  rural  et  de  développer  les 
Syndicats  agricoles,  et  d’établir  la  Caisse  de  retraites  au  profit  des  travailleurs  des  champs. 

*  Déjà,  j’ai  obtenu  un  crédit  pour  l’étude  de  la  maladie  du  châtaignier  et  de  celle  du 

mûrier;  je  veillerai  à  la  poursuite  de  ces  études. 

Au  point  de  vue  industriel.  —  J’ai  pu  contribuer  à  obtenir  à  notre  industrie  minière, 
dont  la  prospérité  est  si  étroitement  liée  au  sort  du  mineur  lui-même,  la  fourniture  exclusive 
des  charbons  de  la  Marine  française  et  des  services  subventionnés,  et  la  diminution  des 
prix  de  transport  sur  Marseille,  diminution  qu’il  y  a  lieu  de  réclamer  encore  pour  le  trans¬ 
port  des  charbons  destinés  à  la  navigation;  r 

Au  point  de  vue  ouvrier.  —  Je  me  suis  attaché  depuis  douze  ans,  avec  une  ténacité  qui 
ne  s’èst  jamais  découragée,  à  la  création  d’une  Caisse  de  retraite  des  travailleurs,  appli¬ 
cable  aussi  bien  à  ceux  de  l’agriculture  que  de  l’industrie,  à  l'artisan,  au  petit  propriétaire 
et  au  petit  commerçant,  qu’à  celui  qui  loue  ses  services,  et  c’est  dans  ce  sens  que  j’ai  pré¬ 
senté  une  proposition  de  loi  prise  en  considéraiion  par  la  Chambre  et  adoptée  dans  ses 
dispositions  principales  par  la  Commission  de  prévoyance  et  d’assurance,  dont  j’ai  eu 
l’honneur  de  faire  partie  depuis  deux  législatures. 

C’est  dans  ce  sens  aussi  que  j’ai  soutenu  un  amendement  étendant  a  tous  les  travail¬ 
leurs  les  dispositions  du  projet  de  loi  du  Gouvernement,  qui  ne  s’appliquait  qu’à  une 
catégorie  restreinte  d’ouvriers.  Je  continuerai  cette  œuvre,  à  laquelle  je  me  suis  attaché  et 
que  j’ai  le  ferme  espoir  de  mener  à  bonne  fin,  par  la  constitution  d’une  caisse  de  retraite 
qui  assurera  le  fonctionnement  d’une  institution  si  nécessaire  à  la  vieillesse  des  travail- 
leurs. 

En  ce  qui  concerne  la  retraite  des  mineurs.  —  J’ai  constaté  l’insuffisance  des  résultats 
donnés  par  la  loi  de  1894,  et  j’ai  formulé  une  proposition  modifiant  cette  législation,  assu¬ 
rant  un  minimum  de  retraite,  allouant  aux  orphelins,  qui  actuellement  sont  sans  droits,  les 
avantages  que  l’humanité  et  la  prévoyance  commandent,  et  garantissant  pendant  la  période 
transitoire  un  minimum  de  360  francs  de  pension  aux  ouvriers  qui  actuellement,  trop  âgés 
pour  bénéficier  du  plein  de  la  loi,  sont  réduits  à  recevoir  une  pension  dérisoire. 

Convaincu  que  si  l’intervention  législative  doit  être  prudente  et  réservée  dans  la 
réglementation  du  travail,  sous  peine  d’atteindre  souvent  cruellement  par  une  diminution 
des  salaires  les  intérêts  de  l’ouvrier  qu’elle  veut  protéger,  et  de  compromettre  l’existence 
même  de  l’industrie  à  laquelle  l’ouvrier  est  attaché,  j’ai  cependant  voté  la  loi  du  repos 
hebdomadaire  et  la  réduction  progressive  de  la  journée  du  mineur  à  8  heures,  en  laissant 
à  l’industrie  minière  le  temps  nécessaire  pour  essayer,  par  ses  transformations,  de  réaliser 

le  desideratum  sans  diminution  des  salaires  et  sans  diminution  de  la  production.  L'expé¬ 
rience  de  la  première  période  nous  dira  si  l’ouvrier  de  notre  bassin  minier  y  trouve  un 
réel  avantage,  et  lui-même  appréciera  la  conséquence  de  cette  réglementation  subordonnée 
à  l’expérience  qui  en  aura  été  faite. 

En. ce  qui  concerne  le  service  militaire.  —  Désireux  de  n  affaiblir  on  rien  la  force  de 
notre  glorieuse  armée,  mais  convaincu  qu’on  peut  alléger  les  charges  du  service  militaiie 
sans  nuire  à  la  défense  nationale,  j’ai  demandé  et  obtenu  en  principe  la  îéduction  du* ser¬ 
vice  des  28  jours  en  21  jours. 

J’ai  également  voté  et  proposé,  par  voie  d’amendement,  la  réduction  du  service  actif  à 
un  an,  subordonné  au  recrutement  volontaire  d  un  nombre  de  rengagés  avec  piime  snlli- 
sant  pour  maintenir  nos  effectifs  et  encadrer  par  des  soldats  et  sous-offleiers  expérimentés 
nos  jeunes  troupes. 

Enfin,  en  ce  qui  concerne  la  crise  viticole.  —  Je  suis  résolu  à  appuyer  les  mesures 


38 


concertées  parles  Congrès  viticoles  pour  venir  au  secours  de  cette  branche  si  importante 
de  notre  production  régionale,  de  même  que  je  suis  disposé  à  appuyer  les  légitimes  reven¬ 
dications  du  syndicat  des  débitants  de  boissons,  délibérées  par  la  Commission  delà 
Chambre  syndicale  de  F  arrondissement  d’Alàis. 

Electeurs  1 

Déçus  dans  vos  sentiments  libéraux  et  patriotiques  ;  résolus  à  défendre  la  liberté  de 
conscience  contre  le  sectarisme;  la  tolérance  contre  l’arbitraire  et  le  despotisme;  l’économie 
dans  nos  finances  contre  le  gaspillage  ;  décidés,  comme  moi,  à  refuser  tout  emprunt  et  tout 
impôt  nouveau,  et  à  consacrer  les  ressources  de  la  France  aux  œuvres  d’intérêt  général 
propres  a  développer  son  activité  nationale  et  sa  prospérité,  et  à  améliorer  le  sort  des  tra¬ 
vailleurs,  vous  vous  retrouverez  compacts  et  unis,  au  scrutin  du  27  avril* 

Vous  voterez  librement,  comme  vous  Pavez  toujours  fait,  et  vous  montrerez  à  ceux  qui 
vous  outragent  en  doutant  de  votre  liberté,  et  cherchent  à  vous  intimider  par  ieur  violence 
et  leurs  manœuvres  que,  Citoyens  libres,  vous  revendiquez  la  Liberté  pour  tous,  et  que  vous 
voulez  que  nous  la  défendions  ensemble. 

Vive  la  France  1  Vive  la  Liberté  1  i  I 

Fernand  de  RAMEL, 

Chevalier  de  la  Légion  d’honneur. 

Député  sortant, 

Conseiller  général  du  Gard, 

Avocat  au  Conseil  d’Etat  et  à  la  Cour  de  Cassation* 


lia  circonscription  de  NIMES 

M,  François  FOURNIER 
Elu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  9.fi54  yoIx, 


COMITÉ  D’UNION  SOCIALISTE  RÉVOLUTIONNAIRE 

11  y  a  quinze  mois,  lorsque  nous  présentions  Fournier  à  vos  suffrages,  nous  affirmions 
que  ce  modeste  et  ce  vaillant  continuerait,  dans  son  nouveau  poste,  la  tradition  de  sa  vie 
entière,  faite  de  labeur,  d’abnégation  et  de  dévouement  à  la  classe  prolétaire  et  à  la  Répu¬ 
blique.  N’avions-nous  pas  dit  vrai? 

Vous  avez  investi  Fournier  de  votre  confiance,  11  vous  a  représentés  pendant  un  an  à  la 
Chambre.  Examinons  ensemble  son  œuvre.  Pas  un  ne  fut  plus  assidu  aux  séances,  pas  un 
ne  se  passionna  davantage  pour  l’action  législative,  il  consacra  toute  sa  robuste  intelli¬ 
gence  et  tous  scs  efforts  aux  travaux  de  la  Chambre,  auxquels  il  fut  vite  initié* Ses  collègues 
accueillirent  avec  une  sympathique  déférence  ce  probe  travailleur,  que  îa  démocratie 
nîmoise,  dans  un  mouvement  d’admirable  concorde,  avait  porté  a  la  plus  haute  des  situa¬ 
tions.  Et.  bientôt,  par  la  franchise  de  son  caractère,  par  la  rectitude  de  son  jugement,  la 
dignité  de  sa  vie  et  sa  probité  politique,  Fournier  avait  conquis  Festime  de  tous  ses  col¬ 
lègues* 

En  un  an,  il  affronta  plusieurs  fois  la  tribune  et  intervint  brillamment  dans  les  discus¬ 
sions  du  budget,  de  la  loi  sur  le  repos  hebdomadaire,  etc.  11  a  soutenu  toutes  les  réformes 


—  299  — 


n°  \m 


réclamées  par  !e  prolétariat  et  s’est  fait  Fardent  défenseur  de  ses  anciens  camarades,  les 
employés  des  chemins  de  fer,  auxquels  l’unissent  les  liens  de  la.  plus  étroite  confraternité. 
On  a  essayé  de  répand'rc,  à  ce  sujet,  un  odieux  mensonge,  en  disant  que  Fournier  avait  vote 
contre  la  lui  Berteaux,  comme  si  on  pouvait  faire  mentir  Y  Officiel,  comme  si  on  pouvait 
faire  croire  que  Fournier  est  capable  d’un  acte  pareil. 

Partout  où  te  devoir  a  commandé,  s’est  trouvé  Fournier.  ïl  a  continué,  Député,  la  pro¬ 
pagande  dans  le  pays  qu’il  avait  commencée  étant  simple  militant. 

b  Délégué  par  le"  groupe  socialiste  parlementaire  pour  soutenir  la  candidature  radicale 
Mulac,  dans  le  siège  de  Déroulède,  il  fit  dans  cotte  circonscription  une  tournée  triomphale 
de  conférences,  qui  se  termina  par  le  triomphe  du  radical  Mulac.  A  l’appel  enflammé  du 
député  prolétarien,  les  travailleurs  avaient  tous  compris  leur  devoir  et,  en  masse,  avaient 

écrasé  le  nationalisme.  , 

Sans  rien  abdiquer  de  'ses  idées,  sans  rien  retrancher  de  son  programme,  plus  fidèle 
qu’aucun  à  ses  engagements,  plus  dévoué  que  personne  au  prolétariat,  Fournier  n’a  jamais 
perdu  de  vue  l’intérêt  républicain.  11  a  toujours  eu  en  vue  l’intérêt  de  Ja  République,  et  l’a 
toujours  servie  avec  fidélité. 

Tel  est  l’homme,  telle  est  l’œuvre! 

Personne  ne  pourra  rien  reprocher  à  Fournier.  Aucun  grief  ne  peut  être  invoqué 

contre  lui.  .  ,  ...  , 

Vous  lui  aviez  confié  un  mandat,  il  l’a  fidèlement  rempli.  La  democraac  de  Mmes  ne 
sera  pas  ingrate.  Déjà  un  mouvement  d’opinion  profond,  irrésistible,  s’est  dessiné  en  faveur 
de  Fournier.  «  On  ne  peut  rien  lui  reprocher,  disent  les  honnêtes  gens  de  tous  les  partis, 

:  nous  voterons  pour  lui  !  »  C’est  le  mot  delà  situation.  Le  corps  électoral  doit  demeurer 
fidèle  aux  élus  qui  l’ont  servi  avec  fidélité,  comme  Fournier.  Renverser  un  député  qui  n  a 
pas  démérité,  pour  le  remplacer  par  un  inconnu,  serait  plus  qu  une  imprudence.  Les  tra¬ 
vailleurs  de  Nîmes  demeureront  fidèles  b.  leur  Député. 


Appel  du  Candidat. 


Citoyens, 


Il  y  a  à  peine  quatorze  mois  que  vous  m’avez  confié  l'honneur  de  vous  représenter  a  la 
Chambre  des  Députés. 

Cet  honneur,  je  viens  le  solliciter  une  deuxième  fois. 

La  conscience  que  j’ai  d’être  toujours  resté  fidèle  à  mes  idées  est  pour  moi  un  précieux 

encouragement.  ;  ,, 

Mes  actes  répondent  mieux  que  .  toutes  les  affirmations  ou  déclarations,  car  ils  con¬ 
stituent  une  garantie  formelle  et  intangible  pour  le  corps  électoral.  C’est  par  mes  actes  que 

vous  pouvez  méjuger.  ,  , 

Comme  il  y  a.  quatorze  mois,  je  suis  et  reste  profondément  républicain  socialiste. 

Je  considère  que  le  Socialisme  est  la  plus  haute  expression  de  l’idéal  républicain,  puis¬ 
qu’il  ne  le  cantonne  pas  dans  le  domaine  exclusivement  politique,  mais  1  étend  au  domaine 
.économique  et  social. 

C’est  donc  à  juste  titre  que  je  me  réclame  du  principe  essentiel  de  la  Déclaration  des 
Droits  de  T  Homme  et  du  Citoyen,  qui  proclame  l’égalité  politique  et  sociale  de  tous  les 
citoyens,  principe  qui  restera  purement  illusoire  tant  que  la  transformation  sociale,  basée 
sur  le  but  scientifique  du  socialisme,  ne  sera  pas  un  fait  accompli. 

Ce  but  scientifique  consiste  à  socialiser,  autrement  dire  républicaniser,  les  moyens  de 
production.  En  dehors  de  quoi,  il  n’y  a  ni  sécurité  ni  liberté  pour  les  travailleurs  qui,  de 
plus  en  plus,  se  débattent  au  milieu  de  crises  économiques,  viticoles,  agricoles  ou  inlus^ 
trieiles,  conduisant  à  la  ruine,  an  chômage,  â  la  misère,  qu’une  société  civilisée,  puis¬ 
samment  outillée  pour  la  production,  ne  devrait  plus  subir. 


Gela  implique  la  suppression  de  la  contradiction  flagrante  qui  existe  entre  le  régime 
politique  issu  du  mouvement  révolutionnaire  de  1789,  et  îe  régime  économique  de  la 
société  actuelle,  encore  si  profondément  attaché  par  les  racines  à  la  société  féodale  que 
voulut  détruire  l'immortelle  Révolution  Française. 

Aussi,  nous  ne  cessons  de  proclamer  que  : 

La  liberté  doit  être  la  loi  du  monde, 

La  science  son  moteur , 

Le  socialisme  son  organisation  économique. 

Nous  ne  pourrons  atteindre  ce  but  qu’en  débarrassant,  d’abord,  les  esprits  de  tous  les 
préjugés  religieux,  en  donnant  une  instruction  purement  rationnelle,  fondée  sur  la  science 
et  la  raison. 

C'est  pour  atteindre  ce  but  que  nous  avons  fondé  le  groupe  parlementaire  de  rensei¬ 
gnement,  dont  je  m’honore  de  faire  partie. 

Ce  groupe,  présidé  par  M.  Brisson,  a  adopté  la  formule  suivante  : 

«  Égalité  des  enfants  devant  l’instruction  ». 

Chaque  citoyen  pourra,  ainsi,  prendre  conscience  de  sa  propre  individualité;  il  agira 
par  le  raisonnement  et  non  en  vertu  des  préjugés  religieux  ou  sociaux  qui,  si  profondément 
encore,  obscurcissent  notre  société  moderne. 

Je  suis  partisan  de  toutes  les  réformes  immédiates,  qui  sont  pour  le  monde  des  pro¬ 
ducteurs  un  acheminement  toujours  fécond  vers  l’idéal  poursuivi  par  nous. 

C’est  pour  cela  que  : 

j’ai  voté  l’impôt  sur  le  revenu, 

J'ai,  par  la  parole  etpar  mes  votes,  détendu  la  loi  des  retraites  ouvrières, 

La  loi  «  Berteaux-Jaurès  »  pour  les  agents  des  chemins  de  1er, 

Tout  ce  qui  était  de  nature  à  remédier  à  la  cris  3  viticole* 

La  loi  du  repos  hebdomadaire, 

La  démocratisation  de  Tannée  et  la  réduction  du  service  militaire. 

Enfin,  je  me  suis  as-ociê  à  toutes  les  propositions  de  loi  d’assistance  et  d'assurance 
sociales  qui  sont  venues  en  discussion  durant  le  court  laps  de  temps  pendant  lequel  j’ai 
siégé. 

Voulant  libérer  la  conscience  humaine  de  toutes  les  fadeurs  mystiques, 

J  ai  voté  la  loi  des  associations  ainsi  que  la  proposition  Allemane  ; 

La  suppression  du  droit  d’enseigner  aux  congrégations  religieuses*  en  votant  la  propo¬ 
sition  Lafferre. 

Enfin  fai  pris  la  parole  contre  le  budget  des  cultes  et  j'ai  voté  pour  sa  suppression 
immédiate. 

J'ai  voté  la  motion  Brisson,  tendant  à  l’abrogation  de  la  loi  Falloux. 

L’ensemble  de  ces  mesures  constitue  pour  moi  l'effort  qu’immédiatement  nous  devons 
faire  pour  l’émancipation  politique  de  l’individu*  qui  permettra  de  relever  sa  condition 
sociale  jusqu’à  sa  complète  émancipation  parle  socialisme. 

Citoyens,  ce  que  j’ai  fait,  je  suis  prêt  à  le  refaire  si  vous  m'accordez  le  précieux  stimu¬ 
lant  de  votre  confiance,  dont  plus  que  jamais  je  m’appliquerai  avec  soin;à  être  digne. 
J’attends  votre  verdict  avec  calme  et  confiance. 

Sus  à  la  Réaction  î  Vive  la  République  Sociale! 

François  FOURNIER,  Député  sortant. 


—  301 


N°  H  62 


2‘  circonscription  de  NIMES 
H.  Gaston  DOUMERGUE 
Elu  au  l"  tour  de  scrutin.  —  10.735  voix. 


Citoyens, 

Vous  m’avez,  à  deux  reprises,  confié  l’honneur  de  vous  représenter  à  la  Chambre  des 

Députés.  .  , .  „  . 

r Pt  honneur,  je  viens  le  solliciter  une  troisième  lois. 

j’y  suis  encouragé  par  la  conscience  que  j’ai  d’être  toujours  resté  fidèle  aux  idees  qui 
m'ont  déjà  valu  votre  confiance. 

Ces  idées  vous  les  connaissez  par  mes  actes,  encore  mieux  que  par  mes  déclarations 
et  nar  mes  promesses.  Les  plus  beaux  mots  peuvent  tromper.  Les  actes  sont  une  garantie. 
Placez  les  miens  en  regard  des  affirmations  de  principe  les  plus  généreuses  et  les  plus 
démocratiques  et  jugez- moi  sur  eux.  Je  les  livre  sans  crainte  a  votre  critique. 

Je  tiens  cependant,  par  ce  temps  où  l’équivoque  fleurit  prodigieusement  et  ou  les  plus 
belles  étiquettes  ne  servent  trop  souvent  qu’à  dissimuler  des  tendances,  des  manœuvres  ou 
des  projets  réactionnaires,  à  vous  exposer  encore  une  fois  les  principes  directeur  de  ma 
conduite  politique  et  à  vous  dire  l’idéal  démocratique  et  social  dont  tous  mes  efforts 
tendront  à  poursuivre  la  réalisation. 

Je  me  présente  à  vous  comme  radical-socialiste  :  radical,  parce  que  cette  étiquette 
contient  une  affirmation  républicaine  non  équivoque  et  que  je  crois  qu’une  affirmation  pré¬ 
cisé  sur  ce  point  est  aujourd’hui  plus  nécessaire  que  jamais;  socialiste,  parce  que  je  ne 
recule  devant  aucune  des  conséquences  sociales  des  idees  et  des  pnncipes  qui  on^ 
triomphé  avec  la  Révolution  et  qui  sont  inscrits  dans  1  immortelle  Déclaration  des  Droit, 
de  l’homme  et  du  citoyen;  parce  que,  loin  de  vouloir  contrarier  l’évolution  qui  se  poursuit 
vers  un  régime  où  la  répartition  des  biens,  des  produits  et  des  jouissances  aura  lieu  d  une 
façon  plus  conforme  à  l’esprit  de  justice  et  beaucoup  plus;  en  rapport  avec  le  travai.  de 
chacun,  mes  efforts  tendront,  au  contraire,  à  en  assurer  pacifiquement  les  étapes  par  une 
série  de  réformes  politiques,  économiques  et  sociales  répondant  aux  besoins  les  pins  c 

Lains  et  les  plus  immédiats  de  la  Démocratie, 

Mais  je  ne  me  cantonne  pas  dans  une  formula,  parce  que  je  considère  que,  s  il  est 
téméraire  de  nier  l’évolution  et  de  vouloir  la  contrarier,  il  ne  l’est  pas  moins  de  pretendie 
en  déterminer  mathématiquement  la  marche  par  avance  et  lui  assigner  un  terme,  n 
essayant  d’enfermer  un  idéal  dans  une  formule,  on  finit  par  ly  ètoufïer,  car  la  lettre 

devient  bientôt  plus  imposante  que  l’esprit.  ,  . 

Au-dessus  de  tout,  je  continuerai  donc  à  placer  la  défense  de  la  République.  - 
très  imprudent  de  croire  que  celle-ci  n’est  plus  menacée.  Elle  a  gardé  ses  memes  adver¬ 
saires.  Les  divers  travestissements  sous  lesquels  ils  se  dissimulent  ne  les  rendent  que 
plus  dangereux.  Mais  on  les  reconnaît  aux  efforts  qu’ils  font,  tant  pour  maintenir  dans  nos 
institutions  et  dans  nos  lois  les  dispositions  réactionnaires  qui  s  y  uouvent  encoi e  que  poui 
en  faire  disparaître  les  réformes  que  des  majorités  républicaines  et  inspirées  de  J  esprit 

laïque  ont  réussi  à  y  introduire,  .  _  ,  ,  . 

Pour  défendre  la  République,  il  faut  donc  continuer  a  apurer  nos  institutions  et  nos 
lois  de"  tout  ce  qu’elles  contiennent  encore  de  réactionnaire,  comme  la  loi  falloux,  par 
exemole,  en'même  temps  qu’il  est  nécessaire  de  compléter  la  législation  concernant  la 
laïcité  de  l’enseignement,  le  régime  des  associations,  les  biens  de  main-moi  te,  lin  .epen 


I 


dance  de  PÉtat  visà-vis  des 
lion  politique. 

Mais  il  ne  servirait  de  rien  d’avoir  émancipé  politiquement  l’individu,  si  Ion  ne  pour- 
suivait- en  même  temps  son  émancipation  économique,  et  si,  après  avoir  relevé  sa  condition 
politique,  on  ne  travaillait  pas  à  relever  sa  condition  sociale. 

À  cette  émancipation  complète,  des  obstacles  s’opposent  qui  proviennent  d’une  féoda- 
litè  nouvelle  et  puissante  :  la  Féodalité  financière.  L’ancienne  féodalité  s’appuyait  sur  des 
privilèges,  la  nouvelle  féodalité  s’appuie  sur  des  monopoles.  13  y  a  donc  lieu  de  lui  retirer 
ces  monopoles  dans  toutes  les  circonstances  où  ceux-ci  affectent  le  caractère  d’un  service 
public  et  où  il  apparaît  clairement  qu’ils  n’ont  pu  se  constituer  qne  grâce  h  une  concession 
ou  à  une  intervention  directes  ou  indirectes  de  l’État,  on  par  suite  de  l’exploitation  abusive 
d’une  situation  particulière  du  marché  des  valeurs  on  des  produits. 

La  propriété  individuelle,  qui  est  la  garantie  de  Fin  dépendance  et  de  la  dignité  humaine 
et  quTI  faut  défendre  et  favoriser  quand  elle  est  le  résultat  de  l’industrie,  du  travail  et  de 
l’esprit  d’économie  personnels,  n’a  rien  à  voir  avec  ces  monopoles.  Ceux-ci  en  sont  la  néga¬ 
tion.  C’est  à  ses  dépens  qu’ils  se  sont  constitués,  ainsi  qu'aux  dépens  de  la  collectivité  tout 
entière.  C’est  donc  à  celle-ci  qu’ils  doivent  revenir  afin  qu’elle  les  gère  et  lés  exploite  dans 
Pintérè  de  tous. 

L’intérêt  de  tous,  Fémancipatîon  intégrale  de  tous  par  la  collaboration  et  par  les  efforts 
de  tous,  telle  est  en  effet  la  raison  d’être  de  la  République  et  la  fin  que  nous  devons  pour¬ 
suivre. 

Mais  nous  ne  l’atteindrons  qu’en  faisant  passer  dans  la  conscience,  non  pas  seulement 
d’une  catégorie  de  citoyens,  mais  dans  la  conscience  générale,  l’idée  de  la  solidarité  sociale, 
et  en  créant  toute  une  législation  basée  sur  cette  idée. 

La  solidarité  est  un  devoir  social  qu’il  faut  enfin  inscrire  clans  nos  lois^  Dominé  par 
l’idée  de  justice,  le  devoir  de  solidarité  assigne  â  nos  effort»  les  plus  prochains  la  tâche  de 
réaliser  toutes  les  réformes  qui  permettront  à  Pètre  humain  de  développer  toute  sa  person¬ 
nalité  et  ses  aptitudes. 


D’où  la  nécessité  d’établir  la  gratuité  de  renseignement  à  tous  les  degrés  et  de  limiter 
le  temps  do  travail  pour  permettre  à  chacun  de  cultiver  ses  facultés  personnelles. 

Mais  il  ne  suffit  pas  de  permettre  à  l’homme  de  s’instruire,  ü  faut  assurer  son  existence 
matérielle.  C’est  encore  un  devoir  de  solidarité  :  de  créer  des  assurances  pour  Renfonce, 
la  vieillesse,  la  maladie,  les  incapacités  naturelles  et  de  prémunir  les  travailleurs-,  par  des 
organisations  appropriées,  contre  le  chômage  involontaire,  contre  les  crises  économiques  et 
en  général  contre  tous  les  risques  sociaux. 

Chacun  des  membres  de  la  collectivité  doit  y  contribuer  dans  ïa  mesure  où  il  le  peut, 
et  cette  mesure  ne  peut  être  établie  que  d’après  les  ressources.  C’est  ce  qui  justifie  l3impdt 
progressif  sur  le  revenu  et  qui  le  fait  apparaître  comme  ïa  sanction  naturelle  du  devoir  de 
solidarité. 

Tels  sont,  Citoyens,  les  principes  et  les  idées  dont  je  continuerai  à  m’inspirer  dans 
l’avenir,  si  vous. me  renouvelez  votre  confiance;  telles  sont  les  réformes  politiques,  écono¬ 
miques  et  sociales  à  la  réalisation  desquels  je  consacrerai  tous  mes  efforts. 

Si  je  n’ai  pas  énuméré  d’antres  réformes,  comme  la  réduction  du  service  milita  ri  e  et  la 
suppression  des  conseils  de  guerre  en  temps  de  paix,  par  exemple,  c’est  parce  que  les  ayant 
votées  dans  le  passé,  vous  êies  assurés  que  je  continuerai  h  les  soutenir  dans  l’avenir. 


Mais  le  souci  des  réformes  politiques,  économiques  et  sociales  ne  me  fera  point 
négliger  les  intérêts  particuliers  de  nos  régions  si  douloureusement  éprouvées  par  la  crise 
viticole.  Ces  intérêts,  je  les  ai  défendus  au  cours  de  la  législature  qui  vient  de  finir,  avec 
tonte  l'énergie  dont  j’étais  capable,  en  réclamant  avec  insistance  l’exécution  des  canaux 
d’irrigation,  en  soutenant  la  réforme  des  boissons,  en  essayant  de  faire  adopter  la  taxe 
différentielle  sur  les  alcools.  Je  continuerai  â  les  défendre  et  &  réclamer,  en  même  tenios 
qu’une  organisation  pratique  du  crédit  agricole,  ïa  diminution  des  frais  de  transport  par 
rétablissement  de  barèmes  à  base  kilométrique  décroissante. 


N“  f 102 


—  <i03  — 

•  \ 

En  cette  matière  encore,  je  vous  livre  mes  actes.  Et  c’est  parce  que  je  sais  que  ces  actes 
valent  mieux  pour  vous  que  des  mots  et  que  des  promesses  que  j’attends  avec  une  absolue 
confiance  le  verdict  que  vous  prononcerez. 

Vive  la  République  démocratique  et  sociale! 

Gaston  DGUMERGUE,  Député  sortant, 

Candidat  républicain  radical  socialiste. 


Circonscription  d’UZÉS 
M.  Pierre  POISSON 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin,  —  10.990  voix. 


Citoyens, 


L’élection  du  27  avril  va  permettre  à  l’arrondissement  d’Uzès  de  choisir  entre  deux 

L’une  qui  n’a  de  républicaine  que  le  nom,  s’appuie  ouvertement  sur  la  coalition  de 
tous  les  anciens  partis  réactionnaires.  Faîte  d’équivoques,  elle  ne  peut  aboutir  qu’à  l’agita¬ 
tion,  à  la  stérilité,  à  l’impuissance. 

L’autre,  qui  se  rattache  à  la  véritable  tradition  républicaine,  veut  grouper,  en  dehors 
de  la  réaction,  tous  les  républicains  sincères  pour  une  œuvre  de  défense  politique  et 

d’action  sociale.  _  ,  .  ,  ,  ,  . 

C’est  cette  dernière  politique  qui  a  triomphé  au  Congrès  do  lîagnols,  ou  toutes  les  frac¬ 
tions  du  parti  républicain  étaient  représentées  et  où  se  trouvait  réunie  l’immense  majorité 

de  vos  élus  (Conseillers  généraux,  Conseillers  d’arrondissement  et  Maires). 

C’est  comme  le  représentant  de  cette  politique  que  je  vous  demande  vos  libres  suf¬ 
frages.  ,  ,, 

Radical-socialiste  de  principes,  je  me  réclame  du  grand  programme  démocratique, 
programme  de  justice,  de  solidarité  sociale  et  de  protection  des  travailleurs  -  tel  qu’il  a 
été  défini  avec  une  admirable  ampleur  de  vues  par  les  Brisson,  les  Bourgeois,  les  Camille 


Pelletan,  les  Doumergue.  .  ,  ,  ,  ...  . 

Avec  eux  et  comme  eux  je  suis  partisan  de  la  suprématie  absolue  et  de  l'indépendance 
du  pouvoir  civil,  seul  représentant  de  la  souveraineté  populaire  par  rapport  à  tous  les 
autres  pouvoirs,  —  de  la  simplification  des  rouages  administratifs  par  une  décentralisation 
qui  rendrait  aux  régions  et  aux  communes  plus  d  indépendance  et  plus  de  uet^  d„  la 
réduction  des  frais  de  justice  et  de  l’extension  de  la  compétence  des  Juges  de  paix,  —  de 
l’abrogaiion  de  la  loi  Falloux  qui  permettra  à  la  République  de  créer  pour  l’enseignement 
secondaire,  comme  elle  l’a  déjà  fait  pour  l’enseignement  primaire  et  l’enseignement  supé¬ 
rieur.  une  législation  républicaine,  —  de  la  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans  avec 
la  suppression  de  toutes  les  dispenses  et  de  la  réduction  des  vingt-huit  jouia  à  vingt  ci  un, 
avec  suppression  des  treize  jours,  —  de  l'impôt  progressif  sut  le  révenn,  qui  allègeta  les 
charges  qui  pèsent  si  lourdement  aujourd’hui  sur  la  classe  laborieuse  et  notamment  sur  Ls 
populations  agricoles  (prestations,  impôt  foncier,  contribution  des  portes  et  ienôtres,  per- 
sonne  Ile-mobilière),  —  des  retraites  pour  tous  les  travailleurs  sans  distinction;  —  de  toutes 
les  mesures  qui  favorisent  le  développement  des  institutions  de  mutualité  et  de  piévoyanct. 


—  304  — 


Mais,  en  dehors  des  questions  de  politique  générale,  je  ne  négligerai  pas  Ja  défense  de 
vos  interets  régionaux  et  spécialement  de  ceux  de  l'agriculture. 

Protection  des  travailleurs  agricoles  contre  l’agiotage,  la  spéculation,  l'accaparement, 
et  entre  autres  celui  des  écorces  de  chêne  vert,  qui  déprécie  la  valeur  des  coupes»—  Dôve* 
loppement  des  syndicats  agricoles  et  du  crédit  agricole.  —  Représentation  légale  de  l’agri¬ 
culture  dans  les  conseils  du  Gouvernement,  —  Suppression  des  octrois.  —  Abolition  du 
droit  de  circulation  sur  les  vins.  —  Monopole  de  l’alcool*  —  Établissement  d'un  droit  sur 
les  cocons  étrangers.  —  Majoration  des  primes  à  la  sériciculture  française.  —  Protection  des 
cultivateurs  de  blé,  de  betterave,  de  mil  à  balai  et  de  fenouil. 


Citoyens., 

Quelles  que  soient  les  insinuations  de  nos  adversaires,  vous  en  avez  fait  justice.  Vous 
savez  de  quel  côté  se  trouvent  les  véritables  représentants  des  intérêts  généraux  de  la  France 
et  de  la  République.  La  concentration  des  forces  républicaines  qui  s5est  opérée  dans  Larron^ 
dissement  d’Uzès  y  est  un  sûr  garant  du  triomphe  définitif,  non  pas  de  cette  république 
bâtarde  de  tous  et  pour  tous  qui  n’a  été  jusqu'à  présent  que  celle  des  réactionnaires,  mais 
de  la  République  des  républicains  et  des  travailleurs. 


Vive  la  République  ! 


Pierre  POISSON, 

Candidat  républicain  radical-socL  liste. 
(Élu  du  Congrès  de  Bagnoîs), 


Circonscription  du  VIGAN 

M.  PASTRE 

Élu  au  Ier  tour  de  scrutin.  —  7.847  voir- 


Citoyens, 

t.  Après  quatre  années  d'un  mandat  consciencieusement  rempli,  je  viens  avec  confiance 
solliciter  à  nouveau  vos  suffrages. 

Tel  vous  m’avez  vu  sur  la  brèche  en  1898,  tel  vous  rue  retrouverez  en  1902,  avec  le 
drapeau  pur  et  sans  tache  dont  vous  m'avez  confié  la  garde  et  le  programme  de  vos  légitimes 
revendications  que  je  me  suis  efforcé  de  faire  aboutir. 

Les  précieux  témoignages  de  confiance  et  d'amitié  qui  me  parviennent  depuis  l’ouver¬ 
ture  de  la  période  électorale  attestent  la  solidité  des  liens  qui  nous  unissent  et  de  tels 
encouragements  suffisent  à  dédommager  des  mensonges  et  des  insinuations  malveillantes 
des  comités  dmsionnisfes, 

A  cette  heure  la  situation  politique  est  très  nette  dans  Y  arrondissement.  Les  attaqués 
mensongères  sans  cesse  renouvelées  de  nos  adversaires  indiquent  le  devoir  strict  de  tous 
les  républicains  socialistes. 

La  vaillante  démocratie  cévenole  veut  enfin  se  libérer  des  patronages  suspects.  Elle  est 
décidée  à  redevenir  maîtresse  de  scs  destinées.  Elle  ne  veut  pas  plus  de  la  tyrannie  des 
anciennes  coteries  que  du  choix  imposé  par  une  minorité  nationaliste. 

Elle  peut  compter  sur  toute  mon  énergie  et  sur  tout  mon  dévouement. 


305  — 


N°  H  62 


Vous  me  connaissez  aujourd’hui. 

Vous  m’avez  vu  à  l’œuvre  pendant  quatre  ans. 

Sur  toutes  les  questions  et  les  réformes  qui  intéressent  tout  le  prolétariat  et  la  démo¬ 
cratie  cévenole,  mes  votes  et  mon  attitude  passée  vous  sont  un  sûr  garant  pour  mes  votes 

et  mon  altitude  à  venir. 

Il  ne  saurait  y  avoir  l’ombre  d’une  équivoque. 

Notre  parti  repousse  la  politique  du  tout  ou  rien  et  il  se  présente  à  la  fois  comme  le 
plus  pratique  et  le  plus  idéaliste. 

11  a  toujours  défendu  dans  la  République  un  moyen  nécessaire  de  libération  et  d  éduca¬ 
tion,  et  il  a  formulé  la  règle  et  le  but  de  son  action  en  affirmant  l’entente  internationale  des 
travailleurs  par  l’organisation  politique  et  économique  du  prolétariat  en  vue  de  la  conquête 
du  pouvoir  et  de  la  socialisation  des  moyens  de  production  et  d’échange. 

A  cette  œuvre,  je  vous  promets,  comme  par  le  passé,  d’employer  tous  mes  efforts  pour 
faire  sortir  de  l’ancien  ordre  de  choses  un  état  social  nouveau  et  meilleur  où  régnerait  plus 
d’harmonie,  plus  de  justice,  plus  de  vraie  solidarité. 

Fidèle  aux  engagements  pris  et  aux  convictions  de  toute  une  vie  politique  pleine  de 
désintéressement,  je  me  dresse  en  face  de  mes  concurrents  et  de  mes  adversairos,  la  tête 
haute  et  fière,  avec  la  légitime  satisfaction  du  devoir  accompli. 

Consultez  le  Journal  officiel,  compulsez  les  travaux  parlementaires  de  votre  député 
sortant,  qui  défient  toute  critique  impartiale,  et  examinez  de  très  près  son  attitude  politique, 
pure  de  toute  compromission. 

Pour  réduire  à  néant  toutes  les  allégations  mensongères,  relisez  mon  programme  qui 
est  littéralement  le  même  que  vous  avez  acclamé  en  1898. 

Il  est  impossible  d’accréditer  que  j’ai  renié  ma  signature  et  trahi  mes  engagements. 

Et  vous  ferez  prompte  justice  des  insinuations  calomnieuses  de  mes  adversaires  pris  en 
flagrant  délit  de  mensonges. 


PROGRAMME 

* 

I.  —  Programme  politique . 

1.  Révision  de  la  Constitution  :  suppression  du  Sénat. 

2.  Abrogation  des  lois  scélérates  et  de  toutes  les  lois  entravant  la  liberté  des  citoyens. 

3.  Suppression  du  budget  des  cultes. 

4.  Mandat  impératif. 

5.  Établissement  du  referendum  pour  que  le  peuple  souverain  puisse  toujours  se  pio- 
nonéer  sur  les  questions  capitales  qui  l’intéressent. 

6.  Magistrature  élective.  —  Réduction  des  frais  de  justice. 

7.  Simplification  de  la  procédure  et  extension  de  la  compétence  des  juges  de  paix. 

8.  Pas  de  traitements  supérieurs  à  12.000  francs  et  inférieurs  à  1.200  francs.  -- 
Suppression  de  tous  les  emplois  inutiles. 

9.  Réduction  du  service  militaire  à  deux  ans,  pour  tous.  —  Révision  du  Code  militaire 
en  attendant  l’abolition  des  armées  permanentes. 

Instruction  intégrale  et  gratuite  à  tous  les  degrés. 

//.  —  Programme  économique  et  social . 

1.  Annulation  des  contrats  ayant  aliéné  la  fortune  publique  ;  retour  4  1  État  des  mines, 
canaux,  chemins  de  fer,  banque,  et  remise  à  la  nation  des  grands  monopoles,  grands  moyens 
de  production  organisés  en  services  publics. 

2.  Impôt  progressif  sur  les  revenus  dépassant  3.000  francs. 

3.  Abolition  de  tout  impôt  foncier  sur  les  propriétés  d’une  valeur  inférieure  à 
10.000  francs. 


i 


39 


4.  Réduction  des  droits  de  succession  en  ligne  directe. 

5.  Organisation  générale  et  immédiate  des  retraites  et  des  soins  dé  maladie  pour  les 
travailleurs  des  deux  sexes*  (Projet  Escqyer,  accordant  5ÛÛ  francs  de  pension  k  soixante  ans). 

6.  Réduction  de  la  journée  de  travail  à  huit  heures. 

7.  Protection  de  l'ouvrière  —  à  travail  égal,  salaire  égal* 

8  *  Liberté  et  développement  des  syndicats  professionnels, 

9.  Modijication  dé  la  loi,  non  encore  promulguée,  sur  les  accidents  du  travail. 

10.  Réglementation  des  conditions  du  travail  dans  les  filatures,  les  Garderies,  les  tan¬ 
neries  et  autres  usines  de  la  région. 

Il  *  Interdiction  légale  pour  les  patrons  d’occuper  des  ouvriers  et  ouvrières  étrangers  à 
un  salaire  inférieur  à  celui  des  ouvriers  français. 

12.  Révision  des  cadres* 

13.  Institution  du  crédit  et  de  l’assurance  agricole. 

14.  Création  d'associations  de  petits  propriétaires  pour  Rachat  de  machines  agricoles, 
d'engrais,  de  semences  et  de  plants,  et  pour  l'écoulement  des  produits,  devenu  de  pjus  en 
plus  difficile. 

15.  Abolition  de  tous  les  droits  sur  les  denrées  de  première  nécessité  et  réforme  de 
Pimpôt  sur  Jes  boissons. 

10.  Révision  de  la  loi  sur  la  chasse  et  la  pêche  dans  un  sens  pïas  démocratique. 

Citoyens, 

Aux  urnes  donc  le  27  avril  1 

Debout  pour  la  défense  de  la  République  ! 

J'attends  avec  couliance  votre  verdict.  Certain  qu'une  fgis  dg  plus,  en  rangs  serrés, 
vous  assurerez  le  triomphe  de  la  Vérité  et  de  la  République  démocratique  et  sociale  ! 

Ulysse  PÀSTRE,  Député  sortant. 


_  307  — 


N°  1162 


GARONNE  (HAUTE-) 


Girconsription  de  MURET 

M.  Honoré  LEYGUE 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  11.866  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Choisi  par  le  Congrès  républicain  radical  de  l’arrondissement  comme  candidat  à  l’élec¬ 
tion  du  27  avril,  i’ai  l’honneur  de  solliciter  à  nouveau  vos  suffrages.  . 

Mes  sentiments  n’ont  pas  changé,  mon  programme  est  le  mêmequ  en  1898  ;  j  appuierai 

de  mon  vote  et  de  tous  mes  eflorts  toüte  mesure  de  progrès. 

Au  cours  de  la  dernière  législature  plusieurs  réformes,  depuis  longtemps  attendues, 
ont  enfin  abouti  :  déduction  du  passif  et  introduction  du  principe  de  la  progressivité  dans 
les  droits  de  succession,  amélioration  de  l’organisation  du  crédit  agricole,  législation  h 

raie  des  sociétés  de  secours  mutuels,  etc.,  etc.  .  ,  ,  , 

Si  les  réformes  importantes  de  la  réduction  du  service  militaire  a  deux ^ans  de i  l  impôt 
progressif  sur  le  revenu  et  des  retraites  des  travailleurs  n  ont  pu  etre  réalisées  la  faute  en 
est  aux  partis  rétrogrades  qui,  par  des  coalitions  négatives  ont  rendu,  pour  un  temps, 
stériles  les  efforts  des  républicains  de  progrès.  .  ,  •  : 

Représentant  un  arrondissement  agricole,  j’ai  porté  toute  mon  attention  aux  lois  qui 
pouvaient  améliorer  la  malheureuse  situation  des  agriculteurs.  . 

Les  conditions  économiques  avaient  entraîné  sur  le  ble  une  crise  qui  semblait  sa 
issue,  l’élévation  des  droits  de  douane  n’ayant  produit  aucun  effet:  la  réforme  de  1  admis- 
sion  temporaire  a,  en  partie,  remédié  à  cet  état  de  choses.  .  f  .. 

La  crise  des  vins  a  entraîné  le  vote  de  la  loi  sur  les  boissons  qui  quoique  imparfaite 
et  à  compléter,  a  cependant,  dès  1901,  relevé  la  consommation  de  dix  millions  d  hecto¬ 
litres.  Il  y  aura  lieu,  dans  la  prochaine  législature,  par  un  progrès  nouveau,  d  établir  enfin 

la  libre  circulation  du  vin.  .  .  -  ,  „  .  . 

Fidèle  à  mes  engagements,  j’ai  Voté  toutes  les  propositions  ou  projets  qui  donnaient 

satisfaction  à  vos  intérêts  légitimes  et  répondaient  au  mandat  républicain  radical  que  vous 

m’aviez  confié.  .  .  .  ,  ,  ,  „ 

J’ài  cru  devoir  aussi  m’employer  de  mün  mieux  à  la  réalisation  du  projet  du  canal  des 

Deux-Mers.  Cette  œuvre  nationale  apportera  dans  notre  département  et  dans  tout  le  Sud- 

Ouest  la  richesse  et  la  prospérité.  . 

Enfin,  chargé  par  mes  collègues  du  rapport  sur  les  marchés  a  terme,  j  ai  dépose  une 
proposition  qui,  adoptée,  mettra  un  terme  aux  agissements  par  lesquels  les  agioteurs,  les 
spéculateurs  sans  scrupules  règlent,  à  votre  détriment,  les  couis  de  vos  pro  uits. 


Citoyens  1 

Le  gouvernement  de  défense  républicaine,  que  je  m’honore  d’avoir  soutenu  de  mes 
votes,  es*  résolument  entré  dans  ïa  voie  des  réformes  ;  par  la  loi  sur  les  associations, 
prélude  nécessaire  de  la  réorganisation  de  l’enseignement,  il  a  assuré  à  tout  jamais  Tindé- 
pendanc*  de  l’esprit  humain  et  la  suprématie  du  pouvoir  civiL 

L’importance  de  cette  loi,  sa  portée  dans  l’avenir,  ont  soulevé  les  colères  de  tous  les 
partis  déchus. 

Se  parant  d’un  républicanisme  trompeur,  ces  partis  unis  contre  toutes  les  réformes, 
impuissants  pour  toute  organisation  féconde,  tentent,  dans  un  assaut  suprême,  de  mettre 
la  main  sur  le  pouvoir  pour  jeter  les  républicains  hors  de  la  République, 

Électeurs  ! 

Vous  ne  vous  laisserez  pas  surprendre  par  cette  manœuvre  trop  grossière  pour  être 
habile.  Vous  verrez  vos  libertés  menacées,  les  conquêtes  de  la  Démocratie  compromises,  la 
marche  en  avant  arrêtée-.,  peut-être  le  retour  du  pouvoir  personnel  qui  a  déjà  accumulé 
tant  de  ruines  et  de  désastres  sur  notre  pays  ;  et  le  27  avril,  en  signifiant  à  toutes  Vss  réac- 
tions,  de  quelque  masque  qu’elles  s’alTublent,  votre  volonté  souveraine,  vous  voterez  une 
fois  de  plus  pour  la  République  radicale  qui,  seule,  peut  être  pour  la  Démocratie  l’instru¬ 
ment  de  progrès  incessant  que  réclament  ses  intérêts,  ses  aspirations  et  son  idéal  l 

Vive  la  République  ! 

Honoré  LEYGUK, 

Ancien  élève  de  l’École  polytechnique,  propriétaire-agriculteur. 
Conseiller  général,  Député  sor tant. 


lrâ  circonscription  de  SAINT-GAUDENS 
U.  BEP&4ALE 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  7,803  voix. 


Citoyens, 

Le  parti  sans  nom  composé  de  toutes  les  épaves  du  suffrage  universel,  qui,  à  l’époque 
du  boulangisme,  essaya  d’escalader  le  pouvoir,  fente  aujourd’hui  un  nouvel  assaut  contre 
nos  institutions* 

Retranchés  dans  les  privilèges  que  leur  ont  accordés  des  lois  préparées  et  votées  par 
eux  depuis  bientôt  un  siècle,  les  favorisés  de  la  fortune  annoncent  l’intention,  non  seule¬ 
ment  do  ne  rien  abandonner  de  leurs  prérogatives,  mais  encore  de  réduire  les  libertés  que 
la  République  nous  a  données,  d’instaurer  au  Gouvernement  ces  idées  cléricales  qui  sont  la 
négation  elle-même  de  l’esprit  de  la  Révolution. 

A  la  veille  des  élections,  à  l’heure  de  la  grande  consultation  qui  va  tous  vous  réunir 
dans  vos  comices  le  2/  avril,  ils  n’osent  môme  pas  se  présenter  devant  yüus  avec  un  pro¬ 
gramme  clair  et  précis.  Unis  dans  la  haine  de  la  République,  ils  ne  pourraient  que  se 
diviser  le  jour  où  ils  passeraient  de  la  parole  à  l’acte. 


—  309  — 


»  102 


Mais  comme  il  importe  cependant  de  duper  les  électeurs,  ils  s’efforcent  de  cacher  sous 
la  sonorité  des  mots  le  vide  de  leur  pensée. 

Éternels  ennemis  de  la  liberté  politique,  ils  se  présentent  aujourd’hui  comme  les  dé¬ 
fenseurs  des  droits  de  l’homme  et  du  citoyen;  fils  soumiset  servilesde  l’Église,  iis  réclament 
en  son  nom  la  liberté  de  l'enseignement;  internationalistes  de  la  haute  banque,  de  la 

grande  industrie,  de  la  grande  propriété,  ils  se  proclament  des  patriotes  et  contestent 
bruyamment  le  patriotisme  des  autres. 

Leurs  efforts  et  leurs  manœuvres  ne  tromperont  personne.  Le  bons  sens  français  fera 
comme  il  convient  justice  de  ces  sophismes.  Vous  irez  à  un  programme  simple,  immédia¬ 
tement  réalisable. 

Vous  irez  à  ceux  qui  vous  promettent  l’allégement  de  vos  charges  par  une  juste  et 
équitable  répartition  des  impôts;  à  ceux  qui  veulent  que  chaque  contribuable  contribue  aux 
dépenses  de  l’État  suivant  ses  ressources,  à  ceux  qui  pensent,  comme  vous  le  pensez  vous- 
mêraes,  que  l’établissement  de  l’impôt  progressif  sur  le  revenu  ouvrira  à  notre  pays  une  ère 
nouvelle  de  développement  et  de  prospérité. 

Vous  accorderez  votre  confiance  à  ceux  qui  demandant  l’organisation  du  crédit  et  de 
l’assurance  agricoles,  exigent  que  la  réalisation  de  cette  œuvre  ne  soit  pas  pour  les  action¬ 
naires  des  grandes  compagnies  une  cause  d’enrichissement  et  pour  les  grands  tenanciers 
un  instrument  de  domination,  à  ceux  qui  entendent  réserver  à  l’État,  représentant  de  tous, 
le  monopole  de  cette  gigantesque  entreprise. 

Vous  serez  avec  ceux  qui,  réclamant  la  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans,  sont 
résolus  à  bannir  de  la  loi  militaire  tous  les  privilèges  que  la  loi  actuelle  a  maintenus  au 
profit  de  quelques-uns,  à  faire  que  l’impôt  du  sang,  le  plus  lourd  et  le  plus  terrible,  pèse 
également  sur  les  épaules  de  tous;  avec  tous  ceux  aussi  qui,  soucieux  d’assurer  aux  travail¬ 
leurs  de  l’atelier  et  du  champ  le  repos  de  leurs  vieux  jours,  veulent  mener  à  bonne  fin 
cette  loi  sur  les  retraites  ouvrières  depuis  si  longtemps  sur  le  chantier. 

Patriotes  conscients  et  sincères,  soucieux  de  la  grandeur  et  de  la  prospérité  de  notre 
beau  pays,  vous  estimerez  qu’il  est  temps  de  mettre  un  terme  aux  empiétements  de  ces 
puissantes  congrégations  qui  se  sont  lentement  infiltrées  dans  toutes  les  grandes  adminis¬ 
trations,  enserrant  comme  d’un  inextricable  réseau  toute  notre  organisation  politique  et 
sociale;  vous  ne  voudrez  plus  que  la  Fraüce  écolière,  celle  en  qui  sommeillent  les  destinées 
de  la  Patrie,  soit  divisée  en  deux  camps  ennemis,  appelés  plus  tard  à  en  venir  aux  maiDs, 
pour  ou  contre  la  République,  et  vous  acclamerez  ceux  qui  réclament  pour  l’État  seui  ou 
pour  ses  délégués  le  monopole  de  l’enseignement. 

Citoyens, 

C’est  sur  ces  quelques  grandes  questions  : 

Impôt  progressif  sur  le  revenu. 

Organisation  du  crédit  et  de  l’assurance  agricoles  par  l’État. 

Création  des  caisses  de  retraites  pour  les  travailleurs. 

Service  militaire  de  deux  ans  égal  pour  tous  sans  exception  ni  réserve. 

Reprise  par  l’État  du  monopole  de  l’enseignement  par  l’abrogation  de  la  loi  Falloux, 
que  va  s’ouvrir,  dans  toutes  les  circonscriptions  de  France,  une  immense  consultation. 

Quelque  réduit  que  soit  ce  programme,  il  est  encore  assez  vaste  pour  occuper  une 
législature,  et  il  n’est  pas  utile  d’avoir  à  l’heure  présente  de  plus  hautes  et  de  plus  loin¬ 
taines  ambitions. 

Citoyens, 

L’heure  est  grave.  Partout,  sous  la  conduite  et  sous  la  direction  de  celui  qui  fut  pendant 
quatre  années  votre  représentant,  l’armée  réactionnaire  se  groupe,  s’organise  et  ee  disci¬ 
pline.  L’assaut  suprême  sera  donné  le  27  avril.  Que  chacun  soit  à  son  poste  :  toute  hésita¬ 
tion  serait  une  désertion  ;  toute  défaillance  serait  une  trahison. 


Au  bloc  des  forces  aristocratiques  et  rôtrogades,  opposons  le  bloc  de  l’armée  démocra- 
tique  et  républicaine. 

Vous  êtes  au  poste  d’honneur,  Citoyens,  c’est  à  vous  qu’est  échue  la  tache  de  décapiter 
ramée  ennemie* 

Cest  une  œuvre  nationale  que  ïa  France  attend  de  yous. 

Le  scrutin  du  27  avril  sera,  j'en  suis  sûr,  eu  môme  temps  qu'une  affirmation  nouvelle 
de  sa  foi  républicaine,  la  revanche  de  la  France  contre  la  domination  de  Home, 

Vive  la  République  démocratique  et  sociale! 

Jean  BEPMÀLE, 

Avocat,  maire  de  Saint-Gaudens,  conseiller  général. 


2e  circonscription  de  SAINT-GÂUBENS 
M*  RUAI] 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  il. 044  voix* 


Mes  chers  Concitoyens, 

La  République  subit  en  ce  moment  un  dernier  assaut  de  la  part  de  ses  ennemis  coali¬ 
sés.  L'attaque  qui  se  déchaîne  contre  nos  institutions,  est  plus  dangereuse  peut-être 
qu'aucune  de  celles  dont  la  démocratie  a  triomphé  pendant  Tordre  moral,  au  16  Mai,  à 
Tépoque  du  boulangisme*  Un  parti  sans  nom,  formé  des  oppositions  jadis  les  plus  inconci¬ 
liables  et  toujours  les  plus  disparates,  se  retranche  derrière  les  obscurités  et  les  perfidies 
de  l'équivoque.  l\  ne  recule  devant  aucun  moyen ÿ  si  odieux  soit-il,  pour  arriver  à  ses  fins. 
Exploitant  les  sentiments  les  plus  généreux  et  les  plus  élevés,  il  proclame  la  PatHe  sa 
chose  comme  si  elle  «'appartenait  point  à  tous  les  Français,  et  ose  ravaler  le  patriotisme 
au  rang  d'une  industrie  politique.  Aussi  bien  ü  cherche  à  exciter  les  sentiments  le» 
plus  bas,  V égoïsme  et  la  peur. 

En  face  de  ce  bloc  de  la  contre-révolution,  tous  ceux  qui  veulent  la  pensée  libre,  la 
justice  et  la  paix  sociale,  tous  les  républicains  sans  distinction  de  parti  ou  d’épithète,  se 
sont  groupés  en  un  seul  faisceau  pour  la  défense  du  patrimoine  commun.  Pendant  trois  ans, 
déjouant  toutes  les  manœuvres,  ils  ont  soutenu,  sans  hésitation  comme  aussi  sans  défail¬ 
lance,  un  ministère  qui  a  rendu  au  pays  la  sécurité  intérieure,  opposé  aux  entreprises  des 
factieux  la  force  de  la  loi,  réalisé  parmi  les  promesses  républicaines  quelques-uns  des 
articles  du  programmé  commun. 

Aujourd'hui  cette  union  dont  Fexemple  ne  sera  pas  perdu  par  la  démocratie  républi¬ 
caine  est  rendue  plus  que  jamais  nécessaire  dans  les  masses  profondes  de  la  nation. 

Mais  nous  considérons  que  dans  la  bataille  la  défense  passive  ne  saurait  suffire. 

Aux  déclamations  bruyantes  et  stériles  du  nationalisme,  nous  opposons  un  programme 
de  réformes  que  la  démocratie  laborieuse  place  au  premier  rang  de  ses  préoccupations. 

La  réforme  fiscale  par  rétablissement  d'un  impôt  général  et  progressif  sur  le  revenu 
qui,  frappant  véritablement  tous  les  revenus  du  capital,  allégera  les  charges  du  travail  et 
constituera  le  seul  dégrèvement  efficace  des  villages. 

La  réforme  du  service  militaire  par  sa  réduction  à  deux  ans  avec  suppression  des  dis¬ 
penses,  de  manière  que  l'égalité  des  charges  assure  plus  étroitement  encore  Funion  de 
l'Armée  et  de  la  Patrie  républicaine. 


La  réforme  de  renseignement  par  l’abrogation  de  la  loi  Falloux,  c’est-à-dire  rafûrmation 
du  droit  éminent  de  l’État  laïque  eji  matière  d’éducation  de  la  jeunesse. 

La  réforme  de  la  législation  ouvrière  dans  le  but  de  soustraire  de  plus  en  plus  les  tra¬ 
vailleurs  aux  risques  qui  les  menaçent  et  de  les  faire  accéder  à  la  propriété  individuelle, 
garantie  nécessaire  de  la  liberté  et  de  l’activité  humaine. 

Mes  chers  Compatriotes, 

Par  deux  fois,  à  d’écrasantes  majorités,  vous  m’avez  envoyé  au  Parlement  pour  vous 
représenter,  malgré  les  efforts  désespérés  de  la  candidature  officielle  et  de  la  corruption. 
La  lutte  soutenue  en  commun  pour  la  défense  de  l’esprit  républicain  a  resserré  entre  nous 
les  liens  d’une  estime  et  d’une  confiance  réciproques.  Grâce  à  cette  étroite  entente,  nous 
avons  dispersé  nos  adversaires,  détruit  leurs  cadres  et  groupé  en  une  même  famille  tous 
les  républicains  de  bonne  volonté.  Fort  du  devoir  accompli,  dédaigneux  des  attaques  men¬ 
songères  de  la  réaction,  j’attends  sans  inquiétude,  de  la  souveraineté  nationale,  le  renou¬ 
vellement  de  mon  mandat  de  Député. 

Vive  la  République  des  Républicains  ! 

Vive  la  Démocratie! 

Joseph  RUAU,  Député  sortant, 

Avocat,  conseiller  général,  maire  d’Aspet. 


lre  circonscription  de  TOULOUSE 
M.  Raymond  IÆYQW 

Élu  au  1er  tour  do  scrutin.  —  9.383  voix. 


PROGRAMME  DU  COMITÉ  CENTRAL  RÉPUBLICAIN  RADICAL  SOCIALISTE  DE  TOULOUSE, 

ACCEPTÉ  PAR  M.  RAYMOND  LEYGUE. 

Partie  politique . 

Révision  de  la  Constitution  ; 

Scrutin  de  liste  avec  mandat  de  quatre  ans  ; 

Abrogation  de  la  loi  Falloux  et  monopole  de  Renseignement  à  tous  les  degrés  par 
l’État; 

Séparation  des  Églises  et  de  l’État,  dénonciation  du  Çonçordat  et  suppression  <Ju  budget 
des  cultes; 

Suppression  de  toutes  les  congrégations  religieuses  et  retour  à  l’État  de§  biens  de 
mainmorte  ; 

Décentralisation  administrative  :  autonomie  de  la  commune  et  du  département; 

Epuration  du  personnel  administratif  et  soumission  absolue  des  fonctionnaires  aux  lois 
de  la  République  ; 

Réduction  du  service  militaire  à  deux  ans. 


Partie  économique . 

Impôt  global  et  progressif  sur  le  revenu  ; 

Mise  aux  enquêtes  du  canal  des  Deux-Mers  ; 

Application  obligatoire  du  décret  Miilerand  à  tous  les  travaux  publics  (commune,  dépar¬ 
tement,  Etat); 

Mesures  rigoureuses  contre  les  agioteurs  et  les  accapareurs  ; 

Racliat  des  chemins  de  fer  et  des  mines; 

Transformation  en  services  publics  des  grandes  industries  qui,  constituées  en  mono¬ 
pole,  sont  de  nature  à  affecter  la  liberté  et  le  bien-être  individuel  du  plus  grand  nombre; 

Hetraite  pour  les  travailleurs  à  l’aide  des  bénéfices  résultant  du  monopole  des  as su- 
rances  exploité  par  l’État,  des  sommes  provenant  du  budget  des  cultes  supprimé,  etc. 


2e  circonscription  dé  TOULOUSE 

M.  CALVINHAC,  décédé,  a  été  remplacé  par  M.  SERRES, 


Voy.  Élections  partielles* 


3e  circonscription  de  TOULOUSE 
M*  GRUPPI 

Élu  au  2°  tour  de  scrutin.  —  8.376  voix* 


Citoyens, 

11  y  a  quatre  ans,  vousTm’avez  confié^  par  dix  mille  suffrages  la  mission  de  vous  repré¬ 
senter.  Fier  d’un  tel  honneur  j’ai  consacré  tous  mes  efforts,  toute  Inexpérience  que  j’ai  pu 
acquérir  pendant  une  vie  laborieuse,  à  l’exécution  de  mon  mandat. 

J’aspire  aujourd’hui  à  l’honneur  de  vous  représenter  une  seconde  fois. 

Ai-je  rempli  mon  devoir  dans  la  législature  qui  s’achève? 

Quelle  sera  ma  ligne  de  conduite  dans  la  législature  qui  va  s’ ouvrir  ? 

Jetons  un  regard  sur  le  passé. 

Avant  tout  j’ai  été,  nul  n’ose  le  nier,  accessible  à  tous,  profondément  dévoué  à  mes 
électeurs. 

Maintenant  ai-je  rempli  les  promesses  de  mon  programme? 

11  débutait  par  ces  mots  :  «  Vous  voulez  avant  tout  une  politique  fermement  républi¬ 
caine,  une  politique  sincère  de  progrès  démocratiques.  » 

C’était  clair;  et  cela  voulait  dire  que  le  jour  où  des  républicains  abusés  écouteraient 
les  espérances  factieuses  de  la  droite,  se  prêteraient  aux  manœuvres  d’un  parti  qui  s’est 
appelé  tour  à  tour  le  parti  du  16  Mai,  !e  parti  boulangiste  et  le  parti  nationaliste,  ce  jour-là 
je  resterais  avec  les  fermes  républicains  J 


Nc  il  62 


—  313  - 

C’est  ce  que  j'ai  fait,  j'en  suis  fier,  et  je  revendique  comme  un  titre  précieux  à  votre 
confiance  les  attaques  dont  je  suis  l’objet  de  la  part  des  éternels  ennemis  du  peuple. 

Ils  m'attaquent  parce  que  j'ai  refusé  de  trahir  la  République  avec  eux. 

*  Ils  m'attaquent  parce  qu'ils  savent  que  je  serai  inébranlable  dans  cette  politique 
d'action  démocratique,  dont  la  condition  essentielle  est  la  défense  de  nos  institutions. 

u  Vous  voulez,  disais-je  ensuite,  que  le  Parlement  soit  une  assemblée  calme  et  labo¬ 
rieuse  r  discutant  avec  méthode.  » 

Pai  été  laborieux,  je  me  suis  appliqué  à  des  travaux  utiles  et  mes  collègues  m'ont 
honoré  bien  au  delà  de  mes  mérites  en  m'appelant  à  siéger  dansées  Commissions  les  plus 
importantes,  en  me  confiant  même  la  présidence  de  deux  grandes  Commissions  qui  ont 
mené  à  bien  des  réformes  utiles,  en  m  appelant  à  siéger  à  la  Commission  du  budget. 

Paî  promis,  il  y  a  quatre  ans,  aux  agriculteurs,  le  maintien  du  tarif  des  douanes  et 

j’ai  tenu  cette  promesse. 

Je  leur  ai  promis  de  travailler  à  la  réfection  du  cadastre,  à  la  réforme  hypothécaire. 

J'ai  tenu  ces  promesses  et  je  peux  dire  que  l’étude  de  la  réforme  hypothécaire,  confiée 
à  Fune  des  Commissions  que  j'avais  P  honneur  de  présider,  estaujourdhui  sur  le  point 

d’aboutir.  , 

j’ai  voté  toutes  les  lois  favorables  à  l'agriculture  :  la  loi  si  importante  sur  I  admission 
temporaire,  les  lois  sur  le  crédit  agricole?  et  comme,  dans  la  discussion  relative  aux 
retraites  ouvrières,  le  sort  des  ouvriers  agricoles  me  paraissait  négligé,  j’ai  déposé  en  leur 
faveur  un  amendement  que  le  Gouvernement  s’est  ensuite  approprié. 

Je  demandais  en  1898  que  la  police  rurale  fût  réorganisée.  Aussitôt  à  la  Chambre  je 
me  suis  mis  à  l’oeuvre,  et  j'ai  élaboré  une  proposition  de  loi  sur  le  vagabondage  qui  a  reçu 
l'approbation  de  ceux-là  même  qui  m’attaquent  aujourd'hui;  projet  dont  je  poursuivrai 
l'adoption  dès  le  début  de  la  législature  prochaine  si  je  suis  encore  votre  député. 

Je  vous  disais  en  1898  :  «  3e  veux  faire  aboutir  la  loi  sur  les  successions  qui  consacrera 
le  principe  si  juste  de  la  déduction  des  dettes.  »  J’ai  voté  cette  loi  qui  est  un  des  titres 
d'honneur  de  la  dernière  Chambre. 

Je  m'étais  déclaré  partisan  d’une  politique  d'économies  financières.  J'ai  voté  l'amende¬ 
ment  Berthelet  qui  impose  certaines  limites  aux  augmentations  de  dépenses  provenant  de 
l  initiative  parlementaire.  Membre  de  la  Commission  du  budget,  je  me  suis  appliqué,  dans 
chacune  des  branches  de  notre  immense  administration,  a  voter  les  réductions  de  crédits. 
Dans  les  rapports  qui  m’étaient  confiés,  j’ai  réalisé  des  économies  sérieuses  et  je  me  suis 
engagé  nettement  dans  la  politique  de  suppression  des  fonctionnaires  inutiles. 

Je  disais  encore  dans  mon  programme  de  1898  :  «  Je  veux  la  liberté  des  consciences, 
le  respect  des  croyances  religieuses.  Je  repousse  l'ingérence  du  clergé  dans  ia  politique,  je 
volerai  le  budget  des  cultes,  m 

J'ai  tenu  ces  promesses  ;  j’ai  voté  le  budget  des  cultes,  et,  loin  de  porter  atteinte  aux 
croyances  religieuses,  je  oie  suis  borné  à  défendre  les  droits  de  !  État  laïque  en  votant  une 
loi  libérale  sur  les  associations,  loi  qui  ne  supprime  pas,  qui  ne  persécute  pas  les  congré¬ 
gations,  mais  exige  leur  obéissance  à  la  loi  en  les  soumettant  à  la  juste  exigence  d  une 
autorisation. 

Je  demandais  encore,  il  y  a  quatre  ans,  que  la  question  du  service  militaire  de  deux 
ans  fût  mise  à  l’étude.  L’étude  a  été  faite  et  fai  voté  le  principe  du  service  de  deux  ans,  la 
suppression  de  toutes  les  dispenses. 

Je  demandais  enfin  qu’une  nouvelle  forme  d’impôt  mît  fin  à  l’injuste  régime  fiscal  dont 
souffre  notre  agriculture. 

Désigné  par  mes  collègues  pour  faire  partie  de  la  Commission  de  l’irnpôt  sur  le  revenu, 
j’ai  travaillé  avec  eux  à  la  solution  d’un  problème  dont  la  crise  financière  que  nous  traver¬ 
sons  n’a  pas  facilité  la  solution,  mais  qui  doit  aboutir. 

Tels  sont,  dans  leur  ensemble,  les  engagements  que  j'ai  pris  et  les  travaux  que  j'ai 
effectués. 


40 


—  31  h  — 

Papule  que  la  vie  parlementaire  ne  m’a  jamais  distrait  du  souci  de  nos  intérêts 
régionaux. 

Et  je  revendique  comme  un  honneur  d’avotr  pu,  au  cours  de  ces  quatre  années  labo¬ 
rieuses,  développer  les  services  et  les  travaux  d'intérêt  public  dans  nos  diverses  communes, 
assurer  la  création  de  voies  ferrées  dans  des  régions  jusqu'ici  privées  de  tout  moyen  com¬ 
mode  de  transport. 

Voilà  pour  le  passé* 

Envisageons  maintenant  l'avenir. 


Électeurs, 

La  Chambre  prochaine  doit  être  avant  tout  soucieuse  de  venir  au  secours  de  l'agricul¬ 
ture  éprouvée. 

Améliorer  la  situation  des  travailleurs  ruraux,  enrayer  le  mouvement  de  dépopulation 
des  campagnes,  prévenir  ou  atténuer  les  crises  désastreuses  comme  celle  que  nous  subis¬ 
sons,  relever  et  maintenir  à  un  taux  rémunérateur  le  prix  des  vins  et  des  céréales,  tel  esl 
le  but  auquel  votre  représentant  doit  tendre  de  tous  ses  efforts. 

Comment  atteindre  ce  but? 

Par  le  maintien  énergique  de  la  politique  de  protection  douanière; 

Par  rabaissement  des  tarifs  de  chemins  de  fer; 

Par  la  répression  énergique  des  fraudes  et  des  falsifications  ; 

Par  Ja  lutte  à  outrance  contre  les  accapareurs  et  les  spéculateurs  ; 

Par  le  développement  de  la  mutualité,  des  syndicats  agricoles,  du  crédit  rural; 

Par  la  diminution  des  charges  fiscales  de  toute  sorte  qui  pèsent  sur  le  travailleur 
agricole,  sur  le  petit  propriétaire,  notamment  par  la  réduction  de  PimpOt  foncier,  Ja  sup¬ 
pression  de  la  cote  mobilière  et  de  la  contribution  des  portes  et  fenêtres. 

Mais  il  faut  équilibrer  le  budget  et  compenser  de  semblables  dégrèvements.  Ce  ne 
sera  possible  que  par  l’établissement  d’un  impôt  global  et  progressif  sur  le  revenu  ;  impôt 
établi  suivant  le  système  déjà  tacitement  admis  en  France  pour  3’assiettede  la  contribution 
mobilière.  Cet  impôt,  qui  fonctionne  déjà  dmne  manière  satisfaisante  dans  plusieurs  pays 
étrangers,  devra  épargner  les  plus  petits  revenus,  frapper  modérément  les  revenus  du 
travail  et  tenir  compte  au  contribuable  de  ses  charges  de  famille.  Il  devra  être  établi, 
comme  dans  la  loi  sur  les  successions,  suivant  une  progression  sage  et  mesurée  qui  per¬ 
mettra  de  compenserai!  profit  des  humbles  les  écrasantes  charges  de  Pimpôt  indirect. 

Pour  améliorer  le  sort  des  travailleurs,  d'autres  réformes  s’imposent  ; 

Service  de  deux  ans  et  suppression  de  toutes  les  dispenses  ; 

Diminution  des  périodes  de  ^8  jours  et  de  13  jours; 

Développement  des  lois  d’assistance  et  de  prévoyance;  retraites  pour  la  vieillesse  au 
profit  des  ouvriers  et  employés  de  l’agriculture  ; 

Organisation  d’une  justice  cantonale  réellement  gratuite  ; 

Renonciation  de  l’État  aux  perceptions  qu’il  tire  de  la  ruine  des  justiciables; 

Simplilicatioo  des  procédures  d’exécution;  diminution  des  droits  qui  pèsent  sur  les 
ventes  judiciaires  de  petits  immeubles,  sur  les  petites  successions* 

Travailleurs  agricoles, 

C’est  par  un  tel  ensemble  de  mesures  que  je  m’efforcerai  d'améliorer  votre  sort. 

Sur  le  terrain  religieux,  je  maintiendrai  le  respect  du  à  vos  croyances  et  la  liberté  de 
vos  consciences,  sans  jamais  souffrir  que  te  clergé  s’ingère  dans  la  politique.  Je  voterai  le 
budget  des  cultes. 

hn  matière  d  enseignement,  je  favoriserai  de  fout  mon  pouvoir  l’oeuvre  républicaine  à 
laquelle  nos  instituteurs  s  appliquent  avec  tant  de  succès  et  de  dévouement 

Je  n’ai  jamais  songé  à  priver  te  père  de  famille  du  droit  qui  lui  appartient  de  donner 


—  31  îl  — 


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et  de  faire  donner  l’enseignement  religieux  à  ses  enfants.  En  votant  le  principe  de  l’abro¬ 
gation  de  la  loi  Falloux,  je  n’ai  pas  entendu  établir  le  monopole  universitaire,  mais  je  veux 
que  le  droit  supérieur  de  l’État  en  matière  d’enseignement  ne  soit  pas  délégué  sans  contrôle 
aux  ennemis  de  nos  institutions  républicaines. 

Électeurs, 

Telles  sont  les  idées  dont  je  serai  à  la  Chambre  le  serviteur  énergique  et  Mêle. 

J’ai  participé  à  l’étude  et  à  la  préparation  de  plusieurs  des  réformes  que  je  viens  d’éuu- 
mérer.  Je  continuerai  avec  ardeur  ma  tâche  si  vous  m’accordez  votre  confiance. 

Adversaire  déclaré  de  la  Révolution  sociale,  je  poursuivrai  l’œuvre  de  travail  fécond, 
d’union  républicaine,  à  laquelle  je  me  suis  consacré. 

je  veux  une  France  libre  et  prospère,  respectée  au  dehors,  fière  de  sa  vaillante  armée, 
pacifique  et  laborieuse.  Je  veux  que  la  politique  républicaine  puise  sa  force  et  son  élan  dans 
l’amour  du  peuple;  que,  dans  un  sentiment  de  solidarité  sociale,  elle  donne  de  plus  en  plus 
aux  petits  et  aux  déshérités  les  moyens  de  s’élever,  de  développer  leur  instruction,  d’amé¬ 
liorer  leur  sort. 

Malgré  les  agitations  et  les  crises,  malgré  l’incorrigible  effort  des  anciens  partis,  j’ai 
une  foi  invincible  dans  l’avenir,  dans  te  développement  de  nos  institutions  démocratiques. 

Vive  la  République  ! 

Jean  CRUPPl,  conseiller  général, 

Député  sortant. 


Circonscription  de  VILLEFR ANCHE 

M,  Edmond  CAZE 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  7.701  voix. 

Messieurs, 

Resté  fidèle  au  mandat  que  vous  m’avez  confié,  celui  de  défendre  la  République  des 
républicains,  je  vous  demande  de  rester  fidèles  à  vous-mêmes. 

Je  vous  appelle  à  vous  grouper  autour  du  drapeau  politique  que  vous  m’avez  confié  pour 
la  première  fois  il  y  a  vingt-six  ans. 

Avez- vous  des  motifs  de  le  déserter  ?  Non  certes  i  Car  le  Gouvernement  que  vous  avez 
fondé  ot  défendu  contre  les  assauts  des  partis  vaincus,  vous  a  assuré  l’amélioration  des 
conditions  morales  et  matérielles  de  la  vie,  mieux  qu’aucun  des  régimes  qui  l’ont  précédé, 
par  : 

La  protection  agricole  contre  la  concurrence  étrangère  ; 

Le  développement  de  la  circulation  et  le  bon  marché  des  moyens  de  transport; 

La  gratuité  de  l’école  ; 

La  gratuité  de  l’assistance  médicale  ; 

L’égalité  devant  l’impôt  du  sang  par  le  service  militaire  obligatoire  pour  tous; 

Et,  quoi  qu’en  disent  les  polémiques  passionnées,  la  liberté  de  conscience  et  le  respect 
de  la  religion  et  de  scs  ministres. 

Le  passé  doit  vous  rassurer  pour  l’avenir. 

Vous  ne  devez  pas  vous  laisser  impressionner  par  les  prédictions  sinistres  qui  vous 
menacent  de  je  ne  sais  quelle  politique  de  dévastation  sociale.  Dites-vous  bien  qu’un  Gou- 


i 


—  3  HJ  — 


yernement  qui*  depuis  1876,  a,  sous  vos  yeux,  dans  Tarroudissement  de  Villefranche,  aidé 
de  ses  subventions  à  réparer  ou  reconstruire  quarante  églises,  n’est  pas  un  Gouvernement 
qu’on  puisse  accuser  de  les  vouloir  démolir. 

Vous  devez,  au  contraire,  donner  à  ce  Gouvernement  la  force  de  mener  à  bien  les 
œuvres  législatives  dont  il  a  laborieusement  préparé  la  réalisation. 

La  réforme  du  régime  fiscal ,  et  notamment  le  dégrèvement  de  l’impôt  foncier  par 
l'impôt  sur  le  revenu. 

La  réforme  de  la  loi  organique  du  service  militaire,  réforme  qui  portera  sur  la  durée  da 
service  et  sur  les  périodes  des  vingt-huit  et  des  treize  jours,  et  qui  a  été  longuement  étudiée 
par  la  Commission  de  l’armée,  dont  j’avais  l’honneur  de  faire  partie.  Ces  études  nous  ont 
conduits  à  envisager  deux  solutions  portant  la  réduction  à  deux  ans  ou  à  un  an,  entre  les¬ 
quelles  le  choix  de  la  prochaine  législature  sera  déterminé  par  le  souci  d’assurer  à  l’armée 
son  maximum  de  force. 

La  réforme  des  lois  sur  l’enseignement  par  l'abrogation  de  la  loi  Fa Houx, sans  retour  au 
monopole  de  l’État. 

L’organisation  des  retraites  pour  la  vieillesse  assurant  au  travailleur  des  champs, 
comme  à  l’ouvrier  de  l’usine,  la  sécurité  et  la  paix  de  ses  derniers  jours. 

Toutes  œuvres,  Messieurs,  d’intérêt  national,  de  pacification  et  de  conservation  sociale, 
que  la  République  poursuit  au  milieu  d’une  liberté  de  discussion  qu’aucun  régime  n’a 
jamais  aussi  complètement  maintenue  et  respectée 

Edmond  GAZE, 

Maire  de  Toutens, 

Ancien  sous-secrétaire  d’État  au  Ministère  de  l’Agriculture, 
Président  de  la  Société  nationale  d’encouragement  à  l'Agriculture. 


317 


N°  1162 


GERS 


Circonscription  d'AUCH 
M.  DECKER-DAV1D 

Élu  au  1er  tour  du  scrutin.  —  7,209  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Lorsque,  pendant  près  de  neuf  ans,  on  a  eu  l’honneur  de  représenter  ud  arrondissement 
auquel  on  tient  par  sa  famille,  ses  relations,  ses  intérêts,  il  est  inutile  de  faire  une  longue 
profession  de  foi. 

Vous  connaissez  ma  vie  privée,  mon  passé  à  la  Chambre, 

Mes  votes  valent  mieux  pour  l’avenir  que  des  promesses  vagues,  des  programmes  vides 
et  des  engagements  faciles  à  éluder. 

Entre  vous  et  moi,  il  n’y  a  ni  surprises  ni  malentendu- 

Je  n'ai  jamais  manqué  à  mes  engagements,  vous  le  savez.  Je  suis  ailé  au-devant  des 
réformes  démocratiques  autant  que  ma  raison  et  ma  conscience  me  1  ont  permis.  Je  ne 
ferai  ni  autrement  ni  plus.  Je  suis  incapable  de  vous  tromper  et  vous  êtes  trop  intelligents 
pour  qu’on  puisse  faire  de  vous  des  dupes. 

Tel  je  suis,  tel  vous  me  connaissez,  tel  je  resterai. 

Républicains  ! 

Dans  les  moments  difficiles  îa  République  m’a  trouvé  sans  défaillances,  au  rang  de  ses 
plus  fidèles  et  plus  fermes  défenseurs. 

Mais  il  ne  suffit  pas  de  s’opposer  au  retour  qu’on  a  essayé  de  faire  en  arrière,  il  faut 
encore  aller  de  l’avant,  prouver  que  la  République  n’est  pas  un  Gouvernement  de  recul  et 
de  piétinement  et,  au  contraire,  qu’il  est  le  seul  qui  puisse  faire  aboutir  les  réformes 
sociales. 

Agriculteurs! 

Ayant  les  mêmes  besoins,  vivant  au  milieu  de  vous,  j’ai  pu  au  Parlement  parler  en 
votre  nom,  discuter  vos  droits,  présenter  vos  revendications,  et  quelquefois  les  faire 
tiiom  plier. 

Honoré  de  la  présidence  du  groupe  parlementaire  de  la  défense  des  intérêts  de  la 
petite  et  de  la  moyenne  culture,  j’ai  contribué  à  l’étude  et  au  vote  des  lois  sur  le  crédit 
agricole,  les  warrants,  la  répression  contre  les  fraudes  et  les  accaparements  ^  les  créations 
de  caissses  d’assurances  et  de  secours  contre  la  mortalité  du  bétail.  Les  questions  de 
transports  des  produits  agricoles  ont  particulièrement  attiré  notre  attention  et  ont  nécessité 
de  notre  part  des  démarches  nombreuses  auprès  des  pouvoirs  publics  afin  d’obtenir  satis¬ 
faction. 


—  318  — 

La  réforme  des  boissons  a  été  votée*  et  j'ai  réclamé  la  taxe  différentielle  dégrevant  les 
eaux-de-vie  de  vins* 

Électeurs  ! 

J'ai  réclamé  et  voté  la  réduction  du  service  militaire  pour  tous,  la  loi  de  deux  ans 
appliquée  indistinctement  à  tous  les  Français,  ainsi  que  la  diminution  des  vingt-huit  jours 
et  la  suppression  totale  des  treize  jours. 

j'ai  volé  la  réforme  démocratique  de  l’impôt,  depuis  si  longtemps  attendue,  en  vue 
d’égaliser,  non  pas  les  fortunes,  mais  les  charges  conformément  au  revenu  net  de  chacun, 
comme  le  demande  lui-même  aujourd’hui  M.  le  marquis  de  Gontaut-Biron. 

Maïs  je  veux  en  plus  que  celte  réforme  comporte  à  sa  base  des  dégrèvements  et  des 
exemptions  ;  un  minimum  de  revenu  ne  seia  pas  imposé.  Chacun,  suivant  le  principe  posé 
par  la  Constituante,  ne  participera  aux  charges  publiques  que  progressivement  à  ses  facultés 
sans  mesures  vexatoires  ni  inquisitoriales. 

Je  veux  la  paix  religieuse  qui  résulte  de  la  liberté  de  conscience  et  des  cultes,  comme 
la  suprématie  de  Renseignement  laïque* 

Je  veux  la  liberté  du  citoyen  dans  La  jouissance  de  ses  biens,  en  assurant  le  respect  de 
la  propriété  individuelle. 

Ensemble  nous  voulons  une  France  de  plus  en  plus  prospère,  dont  les  Fils  soient  de 
plus  en  plus  libres,  unis,  réconciliés  pour  la  plus  grande  gloire  de  notre  pays*  Voilà  le  but 
suprême, 

La  République  nous  en  a  rapprochés.  Je  n’en  veux  pour  témoignage  que  notre  puissant 
crédit,  que  notre  armée  réorganisée  et  cette  alliance  dont  les  affirmations  répétées  ont  eu 
en  notre  chère  Gascogne  un  si  gFand  écho. 

Chers  Concitoyens  ! 

Je  n’abandonne  rien  de  mon  programme  politique  de  1893  et  de  1898. 

Vous  avez  pu  me  juger  non  plus  sur  des  promesses,  mais  sur  des  actes* 

Aujourd'hui,  comme  aux  élections  dernières,  je  fais  appel  à  tous  ceux  qui,  sans  arrière- 
pensée,  ont  loyalement  adhéré  à  nos  institutions. 

Nous  avons  le  même  but,  la  même  foi,  le  même  idéal. 

Unissons-nous  le  27  avril  pour  le  triomphe  de  la  grande  idée  démocratique. 

Vive  la  France  î  Vive  la  République  des  réformes  ! 

Paul  DECKER- DAVID,  Députe  sortant. 

Ingénieur  agronome, 

Conseiller  général  du  canton  de  Vic-Fezensac, 

Membre  du  Conseil  supérieur  de  PAgriculture. 


310  - 


N”  1162 


Circonscription  de  CONDOM 
M.  LA.SIES 

Elu  au  1er  tour  do  scrutin.  —  8.713  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Pour  la  deuxième  fois  je  viens  vous  demander  de  vouloir  bien  m'accorder  le  témoignage 
de  votre  confiance . 

]1  y  a  quatre  ans,  j’ai  signé  un  programme  que  vous  avez  approuvé.  Je  l’ai  suivi  sans 
jamais  m’eu  écarter,  voulant  mériter  l’estime  de  tous  par  une  inébranlable  fidélité  aux 
engagements  pris. 

Ces  engagements  sont  toujours  ies  mêmes. 

Je  suis  de  ceux  qui  ne  changent  pas. 

En  politique  : 

Je  resterai  le  défenseur  des  droits  de  la  souveraineté  nationale.  Le  Peuple  jouissant  de 
la  plénitude  de  ses  droits  et  de  sa  liberté,  telle  a  été  et  telle  reste  la  doctrine  que  je 
défends.  Le  Peuple  est  majeur  depuis  la  Révolution,  il  sait  ce  qu’il  veut  et  ce  qu’il  fait. 

J’estime  donc,  me  conformant  aux  principes  de  nos  pères  de  1789,  qu’il  doit  désigner 
lui-méme  tous  les  candidats  à  toutes  les  fonctions  publiques. 

Je  veux  que  le  Peuple  soit  appelé  à  désigner  lui-même  non  seulement  ses  conseillers 
municipaux,  ses  conseillers  généraux  et  ses  députés,  mais  encore  les  sénateurs  et  le  chef 
de  l’État. 

Je  ne  défends  pas  une  dynastie  ou  un  homme,  je  défends  un  droit,  jurant  de  m'in¬ 
cliner  devant  la  volonté  du  Peuple  quel  que  soit  soit  son  verdict. 

Pas  de  privilèges  | 

Tous  les  citoyens  sont  égaux  devant  l’impôt,  ils  doivent  être  égaux  devant  le  vote. 

Tel  est  mon  programme  politique.  Il  est  esse?  large  pour  être  accepté  par  tous  les 
démocrates. 

Citoyens! 

Pendant  if  ans,  sans  défaillance,  vous  m’avez  vu  prendre  le  parti  de  la  France  contre 
ceux  qui  se  sont  mis  à  la  remorque  d’un  juif  millionnaire,  deux  fois  condamné  pour  avoir 
trahi  sa  patrie. 

Pendant  4  ans,  vous  m’avez  toujours  vu  prendre  la  défense  des  ouvriers,  des  paysans, 
des  travailleurs  contre  les  bandits  de  la  spéculation  et  de  l’accaparement. 

il  n’est  pas  une  réforme  démocratique  que  je  n’ai  votée  : 

Suppression  des  13  jours.  —  Réduction  des  28  jours.  —  Permis  de  chasse  à  0  fr.  25  le 
dimanche.  —  Service  d’un  an.  —  Obligation  pour  les  députés  d’assister  aux  séances,  etc. 

Toujours  et  partout  j’ai  défendu  la  noblesse  du  travail  contre  l’odieuse  noblesse  d’ar¬ 
gent,  les  droits  de  notre  race  contre  l’intrusion  des  étrangers. 

Dans  la  loi  des  boissons  : 

J’ai  lutté  mot  par  mot,  article  par  article,  contre  cette  loi  abominable  que  le  ministère 
actuel  persiste  à  maintenir  comme  s’il  se  plaisait  à  jeter  un  défi  à  votre  misère! 

Cette  loi,  il  faut  qu’elle  disparaisse,  il  faut  que  les  droits  scandaleux  imposés  à  nos 
eaux-de-vie  soient  supprimés. 

Je  suis  assez  indépendant  et  assez  énergique  pour  aboutir  à  faire  triompher  vos  justes 
revendications. 


J'ai  réussi  à  faire  voter  ia  «  loi  des  mélasses  »  qui,  si  elle  avait  été  appliquée  immé¬ 
diatement  faisait  cesser  la  crise  qui  nous  ruine,  rehaussait  le  prix  de  nos  armagnacs  en 
enlevant  des  marchés  un  million  d'hectolitres  d  alcool  de  mélasses  dont  la  concurrence 
ruine  notre  pays  et  empoisonne  les  masses  ouvrières* 

Cette  loi,  qui  ne  gêne  qu’une  douzaine  de  spéculateurs,  je  l’ai  fait  voter  à  la  Chambre* 
Elle  a  été  enterrée  dans  les  cartons  du  Sénat;  à  vous,  électeurs,  de  juger  si  dans  cette 
circonstance  votre  député  a  fait  son  devoir. 

Je  suis  et  reste  le  défenseur  irréductible  du  privilège  des  bouilleurs  de  cru-  —  Pas  de 
gabelou  s  dans  nos  domiciles!!!  —  Le  paysan  doit  rester  maître  chez  lui!! 

Dans  la  loi  sur  les  associations,  j’ai  demandé  la  liberté  pour  tous  et  ne  veux  pas  que 
des  citoyens  français  soient  mis  hors  la  loi  parce  qu’ils  se  réunissent  pour  pratiquer  leur 
religion* 

Je  ne  veux  pas  que  la  République  soit  exploitée  par  une  poignée  de  sectaires  qui  en  ont 
chassé  ceux-là  mêmes  qui  Pavaient  fondée  et  qu'ils  traitent  de  réactionnaires  parce  qu’ils 
persistent  à  vouloir  faire  de  la  politique  de  principes  et  refusent  fièrement  de  prêter  la  main 
à  une  politique  d'expédients. 

Je  veux  que  l'État  soit  au-dessus  de  toutes  les  sectes,  de  toutes  les  factions,  veillant  au 
respect  des  droits  et  des  libertés  de  tous. 

Je  veux  que  vos  consciences  soient  libres,  que  tous  les  citoyens  aient  le  droit  de  penser 
comme  ils  l’entendent,  de  croire  et  de  prier  si  cela  leur  plaît* 

Je  n’impose  ma  foi  chrétienne  à  personne,  mais  je  l'affirme  hautement.  Je  prétends  la 
garder  intacte  et  la  léguer  à  mes  enfants* 

L'intelligence 7  la  volonté,  le  sang  de  nos  enfants  appartiennent  à  la  nation,  mais  leur 
cœur  et  leur  âme,  les  pères  de  famille  seuls  doivent  en  avoir  la  garde* 

La  liberté  de  conscience,  la  liberté  d'association,  la  liberté  d'enseignement  sont  des 
libertés  sacrées.  Toujours  je  les  défendrai. 

Citoyens  ! 

J'ai  fait  mon  devoir  fièrement,  défendant  votre  cause  en  honnête  homme*  L'écharpe 
que  m'aviez  confiée,  je  vous  la  rapporte  intacte  et  sans  éclaboussures* 

Je  n'aurai  jamais  qu'un  but,  mériter  la  confiance  de  mes  amis  et  Y estime  de  mes  adver¬ 
saires*  Votre  estime  et  votre  confiance  sont  ia  seule  fortune  que  je  puisse  léguer  à  mes 
enfants* 

Je  ne  saurais  en  envier  de  plus  grande  et  de  plus  noble.  Comme  par  le  passé,  je  conti¬ 
nuerai  à  défendre  tous  les  travailleurs  contre  tous  les  exploiteurs  de  la  haute  finance* 

Pendant  les  4  années  qui  vont  suivre,  avec  tous  les  braves  gens,  sans  distinction  de 
parti,  je  laisserai  de  côté  les  luttes  stériles  de  la  politique* 

La  France  a  besoin  de  repos.  Tous  unis  par  le  même  sentiment,  nous  nous  efforcerons 
de  ramener  lâ  paix  et  le  calme  dans  notre  chère  Patrie,  de  remédier  à  la  misère  qui  nous 
désole,  en  allégeant  1  m  charges  trop  lourdes  qui  pèsent  sur  la  terre  par  un  système  d’impôts 
plus  équitable  et  plus  démocratique. 

Nous  essayerons  d’assurer  aux  affaires  la  sécurité  du  lendemain,  dans  l'ordre,  dans  le 
travail  et  dans  la  liberté* 

Vive  le  Peuple!  Vive  la  dation  1 

J*  LÀSIES,  Député  sortant* 


—  321 


N°  1162 


Circonscription  de  LEO  T  O  U  RE 

M,  TH  IEB  R  Y-GAZES 

Élu  au  2n  tour  de  scrutin*  —  6,451  voix* 


Mes  chers  Concitoyens, 

La  République  est  en  danger! 

Ses  éternels  ennemis,  légitimistes,  orléanistes,  bonapartistes,  tentent  aujourd'hui  un 
dernier  effort  pour  anéantir  l'œuvre  de  la  Révolution  française,  sous  le  fallacieux  prétexte 
de  renverser  le  Ministère! 

Le  parti  sans  nom  qui,  au  16  mai,  voulait  étouffer  nos  libertés  sous  la  bannière  de 
l'Ordre  moral;  la  coalition  monstrueuse  qui,  en  1889,  fomenta  le  Boulangisme;  les  descen¬ 
dants  des  émigrés,  les  apologistes  des  coups  d'État  ;  les  fidèles  du  drapeau  blarçc  et  les 
hommes  du  2  Décembre  et  de  Sedan,  tous  les  défenseurs  des  régimes  qui  ont  diminué  et 
ruiné  la  Nation  s'appellent  aujourd'hui  :  Nationalistes  ! 

À  cette  heure  grave,  tous  les  Républicains  doivent  être  a  leur  poste  de  combat! 

C'est  pourquoi  j'ai  répondu  à  l'appel  des  Républicains  qui  ont  jugé  ma  candidature 
nécessaire  pour  écraser  définitivement  ïa  réaction  dans  notre  vaillant  arrondissement* 

Vous  n'avez  pas  oublié  que,  pendant  cinq  années,  j'ai  constamment  conformé  mes 
votes,  mes  discours  au  Parlement  et  mes  actes  politiques  à  mes  promesses  et  à  mes  enga¬ 
gements  solennels* 

Je  o1  ai  jamais  cessé  de  défendre  par  ma  parole  et  par  mes  votes  les  grandes  réformes 
démocratiques  et  sociales* 

La  révision  de  la  Constitution  dans  un  sens  démocratique  pour  accorder  la  prépondé¬ 
rance  aux  élus  du  suffrage  universel; 

La  diminution  des  gros  traitements  et  la  suppression  des  fonctionnaires  inutiles  ; 

Les  membres  de  l'enseignement  public  à  tous  les  degrés,  professeurs  et  instituteurs, 
les  facteurs  des  postes  et  des  télégraphes,  les  agents  subalternes,  les  cantonniers,  les 
anciens  militaires  blessés  et  réformés,  tous  les  humbles  et  les  petits  ont  été  P  objet  de  ma 
soîlicitudc  constante  et  je  m'honore  d’avoir  fait  adopter  par  la  Chambre  de  notables  amélio¬ 
rations  en  leur  faveur  . 

Si  je  suis  de  nouveau  votre  élu,  la  plus  grande  partie  de  mes  efforts  sera,  comme  par 
le  passé,  consacrée  à  la  défense  de  Fagri culture,  à  son  encouragement  et  à  son  relè¬ 
vement; 

L'impôt  progressif  et  global  sur  le  revenu,  qui  ne  sera  pas  un  impôt  de  plus,  mais  qui, 
au  contraire,  remplacera  tous  les  impôts  qui  frappent  la  terre  et  la  propriété  rurale  :  impôt 
foncier,  impôt  des  portes  et  fenêtres,  Impôt  mobilier  et  impôt  des  patentes, 

La  suppression  des  entrepôts  fictifs  ; 

Le  monopole  de  l'importation  des  blés  par  l'État  afin  que  le  blé  puisse  être  vendu  au 
prix  minimum  de  18  à  20  francs; 

Les  retraites  ouvrières  pour  les  travailleurs  des  campagnes  comme  des  villes  ; 

La  libre  circulation  du  vin  au  même  titre  titre  que  le  blé; 

La  répression  énergique  de  la  falsification  du  vin  ; 

Le  vin  au  soldat  ; 

L'alcool  de  vin,  seul  livré  à  la  consommation,  avec  le  droit  pour  le  propriétaire  de  dis- 
fil  1er  librement  sa  récolte; 

La  taxe  différente  sur  l'alcool  d'industrie; 

41 


—  322  — 


Le  crédit  agricole  alimenté  par  une  somme  de  cinq  cent  militons  mis  a  la  disposition 
des  agriculteurs  par  la  Banque  de  France; 

Los  assurances  agricoles  par  FÉtat;  sans  augmentation  d'impôts,  aOn  de  garantir  aux 
cultivateurs  le  produit  de  leurs  récoltes  ;  ' 

Le  rachat  des  chemins  de  fer  par  î -État; 

La  diminution  des  tarifs  de  transport  des  engrais  et  des  produits  du  sol; 

La  création  du  canal  des  Deux-Mers  partant  de  Bordeaux; 

La  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans  sans  aucune  dispense,  tous  les  Français 
devant  également  payer  l’impôt  du  sang; 

La  simplification  de  la  procédure  et  la  diminution  des  frais  de  justice  par  Pextension 
de  la  compétence  des  juges  de  paix; 

Enfin,  toutes  les  propositions  destinées  à  frapper  la  haute  spéculation  qui  ruine  Fagri- 
culteur,  je  les  défendrai  sans  cesse. 

Je  voterai  l’abrogation  do  la  loi  Fàlloux  pour  assurer  a  tous  renseignement  rationnel, 
seul  moyen  de  Faire  une  France  unie  et  grande. 

Telles  sont  les  principales  réformes  que  la  prochaine  législature  devra  réaliser, 

POur  atteindre  ce  but  : 

Républicains,  tous  d e bout  î 

Que  votre  volonté  souveraine  s’affirme  dansde  calme :e.t  l’union. 

Vive  la  République  démocratique  et  sociale  ! 

Thierry  CAZE5, 

Ancien  Député. 


Circonscription,  de  LOMBEZ 

le  marquis  de  PINS 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin,  —  5,088  voix* 

\ 


Mes  chers  Concitovens, 


Le  27  avril,  vous  êtes  appelés  à  voter, 

La  consultation  nationale  emprunte  aux  circonstances  pnésen tes  une  Importance. excep¬ 
tionnelle. 

Nous  marchons  à  la  ruine  morale  et  à i la o  uine  matérielle, 

La  Constitution  de  1875  a  doté  la  France  d'un  régime  parlementaire  qui,  peu  k  peu,  est 
devenu  un  régime  d'intrigues*  de  corruption  et  surtout  d’irresponsabilité. 

De  là,  une  grande  partie  de  nos  maux, 

11  faut  un  pouvoir  fort,  responsable  devant  la  Nation,  et  je  me  déclare  partisan  de 
l’élection  du  chef  de  l’État  par  le  peuple  librement  consulté. 

11  appartenait  au  Ministère  actuel,  dit  de  défense  républicaine^  et  qui  devrait  plutôt 
s’appeler  de  guerre  civile  et  de  guerre  sociale,  de  nous  mener  au  bord  de  Fabîme. 

Obéissant  servilement  aux.  ordres  des  francs-maçons  et  des  sans-patrie,  la  majorité 
ministérielle  s’est  efforcée  d’arracher  du  cœur  du  peuple  ces  deux  vertus  qui  font  sa  fpce ^ 
le  patriotisme  et  la  foi. 


—  323 


iN  1 1  0<i 


File  a  violé  le  droit  le  plus  précieux,  la  liberté  individuelle,  en  expulsant  les  religieux 
Pt  les  religieuses  pour  s’emparer  de  leurs  biens,  portant  ainsi  la  plus  grave  atteinte  au  croit 
L  lonriété  car,  après  les  religieux,  ce  sera  le  tour  de  tous  les  propriétaires. 

La  liberté  dé  renseignement  n’existe  plus.  Il  a  été  décidé  que  l’enfant  appartient  é 
1-État  avant  d’appartenir  à  son  père,  qui  ne  pourra  plus  l’élever  comme  il  lui  plaît. 

C'est  un  vol  monstrueux. 

L’armée  a  été  abandonnée  au  génie  malfaisant  d’un  Ministre  de  la  Guerre  odieux  qui 
a  accepté  la  triste  mission  de  k  démolir  au  lieu  de.  la  défendre  et  qui  livre  nos  officiers  aux 

pires  outrages  et  aux  pires  délations.  . 

Qu’a-t-elle  fait  pour  le  Peuple,  cette  majorité,  pour  les  petits,  pour  les  humbles  î 
Rien, 

L’agriculture  n’a  rien  reçu,  après  tant  de  promesses  1  . 

La  loi  des  boissons  est  venue  consommer  sa  ruine,  en  empêchant  les  viticulteurs  (  e 
distiller  leur  récolte,  et  elle  a  surtout  encouragé  la  fraude  sur  les  vins,  auxquels  elle  devait 

apurer  "des  débouchés  dans  les  grandes  villes. 

En  revanche,  la  Chambre  a  voté  le  principe  de  l’impôt  progressif  sur  le  revenu,  sans 
oser  aller  jusqu’au  bout  de  cette  mesure  de  confiscation  qü’on  vous  promet  à  nouveau. 

Car  l’impôt  progressif  sur  le  revenu  frapperait  le  pauvre  en  même  temps  que  le  riche 
et  serait  un  épouvantable  arbitraire.  -  Le  mot  est  de  M-  Waldeck-Rousseau 

Mais, si  elle  n’a  rien  fait  de  bon,  elle  a  augmente  la  dette  du. pays,  de  18J3  a  1902, 
six  cent  cinquante-huit  millions,  et  de  .plus  d’un  milliard  en  dix  ans;  ce  sont  leschiftres 
officiels  donnés  au  Sénat  par  le  rapporteur  général  'du  budget. 

Si  je  suis  votre  élu,  je  prends  Rengagement  de  travailler  de  toutes  mes  forces  au  rélè- 

ventent  moral  et  matériel  de  notre  Patrie.  ,  .  , 

Entre  autres  réformes,  je  veux  le  service  militaire  d’un  an  qui,  bien  organisé,  nous 
donnera  une  armée  de  métier  excellente  et  rendra  à  nos  campagnes  les  bras  qui  ui 
manquent,  en  allégeant  l’impôt  le  plus  lourd,  1  impôt  du  sang.  ... 

Je  suis  pour  toutes  les  lois  qui  doivent  venir  en  aide  d’une  façon  effective  a  notre  agri¬ 
culture  en  détresse,  et  frapperont  les  spéculateurs  qui  l’ exploitent. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Si  vous- en  avez  assez  d’être  volés,  trompés,  persécutés  par  de  fauxi.amis  du  Peuple, ale 
faux  démocrates;  si  vous  voulez  sauver  votre  pays  de  la  misère  et  de  la  révolution,  confier 
ses.  destinées  à  d’honnS  tes 'gens,  vous  le  direz 'par  votre  bulletin  dévote.  • 

C’est !le  drapeau  national,  ce  sont  vos  croyances,  vOtrediberte  et  vos  biens  qu  î  o 

de  défendre  ! 


Marquis  DE  .PINS. 

Conseiller  général,  nnaire  dïe  iMoïtfbruii. 


Circonscription  de  MIRANDE 


M,  NOULENS 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin,  — 9.619  voix* 


Mes  chers  Concitoyens, 

Désigné  à  l’unanimité  par  le  Congrès  de  Mirande,  où  toutes  les  fractions  du  paiti  répu¬ 
blicain  avaient  envoyé  des  délégués,  je  me  présente  à  vos  suffrages  avec  le  mandat  de 
soutenir  devant  vous  un  programme  d’union  républicaine  et  de  progrès  démocratique,  avec 
la  mission  de  défendre  la  M[  ublique  contre  la  coalition  des  anciens  partis,  dont  les  entre¬ 
prises  de  réaction  sont  pins  actives  que  jamais,  malgré  une  adhésion  apparente  à  la 
République. 

Je  n’ai  pas  b  m’autoriser  spécialement  de  tel  ou  tel  groupe  de  l’opinion  républicaine  : 
il  me  suffit  d’être  le  candidat  d'un  Congrès  gui  résumait  en  lui  le  parti  républicain  tout 
entier.  Vous  savez  d’ailleurs  que  les  étiquettes  ne  signifient  rien  :  le  bon  sens  populaire 
n’est  pas  dupe  des  mots;  il  qualifie  les  candidats  non  pas  sur  ropinion  qu’ils  s’attribuent, 
mais  sur  le  programme  qu'ils  soutiennent. 

Jugez-moi  donc  sur  mon  programme  : 

L’impôt  fonder,  la  contribution  mobilière,  l’impôt  des  portes  et  fenêtres  et  celui  des 
patentes  doivent  être  remplacés  par  l’impôt  global  et  progressif  sur  le  revenu  avec 
exemption  complète  des  salaires  et  exemption  aussi  large  que  possible  des  revenus  agri¬ 
coles. 

Le  monopole  par  l’État  de  la  vente  des  eaux-de-vie  de  raisins  et  autres  fruits  propres  à 
la  distillation  procurerait  des  ressources  considérables  au  Trésor,  permettrait  au  consom¬ 
mateur  de  boire  des  alcools  inoffensifs  et  assurerait  aux  viticulteurs  la  vente  de  leurs  eaux- 
de-vie  à  des  cours  rémunérateurs,  qu'ils  ne  connaissent  plus  depuis  la  loi  néfaste  sur  les 
boissons, 

La  réduction  des  dépenses  coloniales  et  des  dépenses  intérieures,  notamment  par  la 
réduction  du  nombre  des  fonctionnaires  et  par  la  diminution  des  gros  traitements,  complé¬ 
terait  ces  deux  mesures  financières. 

Nous  vou’ons  la  réduction  du  service  militaire  à  deux  années  comme  pouvant  être  seule 
obtenue  immédiatement. 

Nous  n'admettons  la  création  d'une  caisse  des  retraites  ouvrières  que  si  les  ouvriers 
agricoles,  qui  sont  les  plus  intéressants  à  nos  yeux,  sont  appelés  à  en  profiter  au  même 
titre  que  ceux  des  grandes  villes  et  des  usines. 

Il  faut  enfin  supprimer  l’abus  qui  consiste  à  permettre  aux  députés  de  se  faire 
remplacer  dans  les  votes  de  la  Chambre  par  leurs  collègues  ou  leurs  amis  en  cas 
d  absence. 

Respectueux  de  toutes  les  libertés,  qu’il  s’agisse  de  la  liberté  religieuse  ou  de  la  liberté 
d’enseignement,  profondément  attaché  aux  intérêts  de  l’agriculture,  il  me  parait  inutile 
d’ajoùter  que  je  résisterai  à  toute  atteinte  portée  au  droit  de  propriété  et  que  j’ai  b  coeur  le 
maintien  de  la  grandeur  et  du  prestige  de  la  France. 


-  32  o  — 


N®  H  62 


Électeurs, 

je  m’adresse  à  votre  bonne  foi  pour  juger  mon  programme,  pour  faire  justice  des 
sophismes  par  lesquels  on  cherche  à  vous  égarer. 

Républicains  de  toute  nuance,  demandez-vous  si  mon  idéal  démocratique,  en  répondant 
à  de  justes  aspirations,  constitue  une  menace  pour  personne. 

Et  quand  vous  aurez  réfléchi,  vous  ne  douterez  pas  de  moi  et  vous  vous  unirez  pour 
assurer  le  27  avril  le  triomphe  des  idées  démocratiques! 


Vive  la  République  ! 

J.  NOULENS, 

Auditeur  de  lre  classe  au  Conseil  d’État, 

Candidat  du  congrès  républicain. 

* 


GIRO.VIÆ 


Circonscription  de  BAZAS 

M.iÉmâè  CONSTANT 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  7.820  vois. 


Mes  chers  Concitoyens, 

M’autorisant  de  l’ordre  du  jour  voté  le  8  février  dernier  par  la  presque  unanimité  des 
Conseillers  généraux,  des  Conseillers  d’arrondissement  et  des  Maires  républicains  de  l’arron¬ 
dissement  de  Bazas,  j’ai  l’honneur  de  me  présenter  pour  la  troisième  fois  à  vos  libres  suf¬ 
frages. 

Mon  programme  vous  le  connaissez  :  C’est  un  programme  d’union  républicaine  et  de 
progrès  démocratique. 

Mes  actes  politiques  et  mes  votes  depuis  huit  ans,  toujours  conformes  à  mes  premiers 
engagements,  sont  pour  vous  la  meilleure  garantie  de  ia  fermeté  de  mes  convictions  et  la 
meilleure  indication  de  mes  idées  et  de  mes  tendances. 

Vous  savez  que,  comme  vous,  je  veux  une  République  ouverte  à  toutes  les  adhésions 
sincères  et  loyales,  et  respectueuse  de  toutes  les  libertés.  Mais  si  le  premier  devoir  de  tous  les 
citoyens  est  de  s’incliner  devant  la  Loi,  la  première  obligation  pour  tout  républicain  est 
d’accepter  les  principes  fondamentaux  sur  lesquels  repose  notre  société  moderne,  et  de 
défendre  l’œuvre  réformatrice  accomplie  depuis  187a  par  les  Chambres  républicaines,  sous 
l’inspiration  des  Gambetta,  des  Jules  Ferry  et  des  Waldeck-Rousseau.  Quiconque  n’admet 
pas  la  souveraineté  du  peuple,  ia  suprématie  du  pouvoir  civil  sur  tous  les  autres  pouvoirs, 
militaire  ou  religieux,  l’intangibilité  des  lois  scolaire  et  militaire,  doit  rester  suspect  à  la 
démocratie. 

A  cette  œuvre  de  défense  des  conquêtes  déjà  réalisées  sur  l’esprit  de  réaction,  doit 
s’ajouter  une  œuvre  d’action  républicaine  et  de  progrès  social  à  laquelle  la  prochaine 
Chambre  ne  saurait  se  soustraire  sans  faiblir  à  ses  devoirs  et  sans  mettre  en  péril  le  régime 
parlementaire. 

La  France  du  xx°  siècle  doit  poursuivre  d’un  effort  continu  la  réalisation  d’une  Société 
meilleure,  dont  la  culture  intellectuelle  et  morale  sera  toujours  plus  haute  et  la  vie  maté¬ 
rielle  plus  facile  et  plus  heureuse. 

Mais  les  progrès  dans  l’ordre  social  ne  doivent  s’accomplir  que  par  la  mise  en  pratique 
des  principes  de  mutualité,  de  solidarité  et  de  fraternité,  qui,  en  dehors  de  tant  d’œuvres 
dues  à  l'initiative  privée,  ont  inspiré  les  dernières  lois  sur  les  sociétés  de  secours  mutuels 
et  le  projet  sur  les  retraites  ouvrières,  qui  a  occupé  plusieurs  séances  de  cette  dernière 
législature,  et  qu’il  appartiendra  à  la  Chambre  prochaine  de  faire  aboutir.  Toute  atteinte  a 
la  propriété  individuelle  serait,  en  effet,  funeste  à  la  République  et  mènerait  rapidement  le 
pays  à  la  ruine. 

Sans  entrer  dans  une  énumération  détaillée  des  réformes  dont  on  peut  attendre  » 


N°  1 1 62 


—  327  — 

réalisation  de  la  prochaine  Chambre,  il  noua  sera  permis  de  citer  la  réduction  du  service 
militaire  à  2  ans,  le  rachat  du  Midi  et  de  l’Ouest,  qui  nous  permettra  d’obtenir  des  tarifs 
nlus  réduits  pour  le  trahsport.de  nos  produits  agricoles,,  et  le  permis  de  chasse,  à  15  francs 
avec  permis  à5G  centimes:  pour,  une  journée,,  dont  la  dernière,  législature  a  consacré  le 

défense  des  intérêts  agricoles  devra  rester  au  premier  rang  des  préoccupations  de 
□os  représentants,  qui  auront  pour  devoir  impérieux  de  trouver  une  solution  à  la  crise  vitb 
cole  qui  sévit  si  durement  sur  nos  régions  du  Sud-Ouest  et  du  Midi. 

Enfin  iV importe  au  plus  haut  point  de  mettre  un  terme  à  l’accroissement  des  dépenses 
publiques  et  à  l’expédient  des  douzième  provisoires.  Le  premier  devoir  du  Parlement  n’est- 
il  pas  de  voter  en  temps  voulu  des  budgets  en  équilibre?' 

Mes  chers  Compatriotes, 

Si  vous  partagez1  a  l’égard1  de  votre  Député  sortant1  le  sentiment'  de  vos  divers  repré¬ 
sentants  républicains,  Maires,  Conseillers  d’arrondissement  et  Conseillers  généiaux,  sur 
l(  |a  façon  dont  il  a  rempli  son  mandat,  soit  au  point  de  vue  politique,,  soit  au  point  de 
vue  de1  la-défense  des  intêrêts  cle  l’arrondiseement,  »  vous-  le  direz:  par.  vos-  suffrages  le 
27  avril. 

L’heure  est  solennelle  :  Toutes  les-  réactions  coalisées  tentent,  un  suprême  assaut 
contre  la  République! 

Laissant  à  d’autres  *  les  patronages  suspects  je  n’entends  puiser  ma  force,  consolent 
du  devoir  loyalement  accompli,  que  dans  l’appui  de  tous  les  républicains. 

Vive  la  République  ! 

Émile  GQINSTÀ'MT,  Député  sortant. 


Circonscription  de  BLAYE 

M.  Pierre  DUPUY 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  7  * Z|0£|  voix. 


Mes  chers  Compatriotes, 

Les  électeurs  républicains  de  l'arrondissement  de  Rlaye  se  proposaient  de  renouveler 
le  mandat  de  leur  ancien  député  M.  Goujon,  dont  jo  salue  respectueusement  la  mémoire. 

Ils  ont  aujourd’hui  à  faire  un  au  ire  choix. 

La  date  prochaine  des  élections  commandait  une  prompte  décision.  MM.  les  Conseillers 
généraux,  les  Conseillers  d’arrondissement  et  les  Maires  des  quatre  chefs-lieux  de  canton 
m’ont  fait  le  grand  honneur  de  penser  que  T  accord  de  tous  les  républicains  pouvait  se  taire 
sur  mon  nom. 

C’est  avec  leur  appui  que  je  viens  solliter  vos  suffrages  et  vous  soumettre  mon  pro¬ 
gramme. 

Républicain  de  famille  et  de  conviction,  je  n’accepte  pas  seulement  le  principe,  mais 
aussi  les  institutions  et  les  lois  d  ï  la  République,  dont  ^application  doit  être  faite  loyale¬ 
ment,  sans  faiblesse  et  sans  passion. 

Je  suis  respectueux  de  la  liberté  de  conscience  et  partisan  du  maintien  du  Concordat. 


—  328  - 


L'enseignement  doit  être  libre,  mais  entouré  des  garanties  nécessaires  de  capacité  des 
professeurs  et  du  contrôle  efficace  de  l’État. 

Ma  candidature  est  née  de  Punion  de  tous  les  républicains. 

Éloigné  de  toutes  les  réactions,  quelles  que  soient  leurs  étiquettes,  je  suis  également 
l’adversaire  du  collectivisme,  qui  est  la  négation  du  droit  de  propriété  individuelle  et  de  la 
liberté  du  travail. 

Je  voterai  le  service  militaire  réduit  à  deux  ans. 

Tout  en  maintenant  intact  et  en  développant  sagement  le  patrimoine  républicain,  la 
prochaine  Chambre  devrait  s’appliquer  surtout  : 

A  ouvrir  dans  notre  immense  empire  colonial  des  débouchés  pour  nos  produits  indus¬ 
triels  et  agricoles  ; 

A  faire  une  politique  de  rigoureuse  écononomie  et  de  dégrèvement  des  charges  qui 
pèsent  si  lourdement  sur  la  propriété  rurale; 

A  poursuivre  et  à  compléter  l'œuvre  d'assistance  et  de  prévoyance  en  faveur  de  tous  les 
travailleurs, 

La  prospérité  de  la  viticulture  est  le  point  dominant  pour  notre  arrondissement. 

Toutes  les  questions  qui  s’y  rattachent  seront,  l’objet  de  ma  part,  d’une  sollicitude  et 
d'une  étude  constantes* 

Sans  relâche,  je  poursuivrai  rabaissement  des  droits  de  douane  qui  frappent  nos  \m 
à  leur  entrée  dans  les  pays  étrangers  et  la  modération  des  tarifs  de  transports  de  chemins 
de  fer. 

Je  demanderai  l’application  rigoureuse  des  lois  actuelles  et  le  vote  du  projet  de  loi 
déposé  à  la  Chambre  pour  la  répression  des  fraudes  et  des  falsifications* 

Mon  concours  et  mes  efforts  sont  acquis  à  toutes  les  mesures  législatives  et  administra¬ 
tives  tendant  à  empêcher  la  production  des  vins  artificiels  qui,  trop  souvent,  prennent  dans 
la  consommation  îa  place  des  vins  de  notre  cher  arrondissement  de  Blaye. 

J’appuierai  toute  législation  et  toute  réglementation  de  nature  à  identifier  nos  vios  et, 
nos  eaux  de-vie  avec  indication  obligatoire  de  l’espèce  et  de  l'origine,  afin  qu'aucune  substi¬ 
tution  ne  puisse  être  faite  au  préjudice  de  nos  vins  et  de  nos  eaux-de-vie. 

D’ailleurs,  nos  intérêts  sont  communs  ;  en  défendant  les  vôtres,  je  défendrai  les  miens. 

Mes  chers  Compatriotes,  vous  me  connaissez;  vous  savez  que  je  suis  un  fils  de  la  démo¬ 
cratie  blayaise,  un  travailleur,  l’un  des  vôtres. 

Mon  dévouement  est  également  et  au  même  titre  assuré  à  chacune  des  communes  de 
l’arrondissement* 

Je  compte  sur  vos  suffrages,  et  je  vous  dis  simplement  et  loyalement  :  j’ai  la  volonté  et 
la  force  de  justifier  votre  confiance. 

Vive  l’arrondissement  de  Blaye ï 

Vive  la  République! 

Pierre  DUPüY, 

Propriétaire,  avocat  à  la  Cour  d'appel. 


—  329  — 


iNc  1162 


1VG  circonscription  de  BORDEAUX  * 

M,  Charles  CHAI) MET 
Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  6.944  voix. 


Mes  chers  Concitoyens , 

Désigné  par  les  Comités  républicains  de  la  lre  circonscription,  et  fort  des-  6.886  voix 
obtenues  il  y  a  quatre  ans,  Je  viens  à  nouveau  solliciter  vos  libres  suffrages. 

L’équivoque  qui  avait  naguère  assuré  ïe  triomphe  de  nos  adversaires  est  aujourd’hui 
dissipée.  Les  républicains  dont  on  avait  surpris  la  bonne  foi  sont  maintenant  éclat;  és.  Ils 
ne  sont  plus  les  dupes  d’épithètes  fallacieuses  qui  nous  divisent  pour  l’unique  profit  de  la 
réaction. 

Mes  opinions  ont  pu  être  travesties  par  mes  adversaires  :  elles  nront  jamais  varié. 

Je  suis  respectueux  de  la  liberté  de  conscience.  Mais  je  ne  l’entends  point  comme  les 
cléricaux,  qui  réclament  la  liberté  pour  eux  seuls.  Je  veux  Légalité  de  toutes  les  religions 
et  de  toutes  les  croyances  philosophiques  devant  la  loi  civile,  le  réclame  l’application  loyale 
mais  stricte  du  Concordat.  Je  ne  suis  donc  pas  anti-religieux,  mais  je  suis  résolument  anti¬ 
clérical.  Je  lutterai  sans  relâche  contre  ceux  qui  prétendent  mettre  au  service  d’un  culte 
quelconque  la  puissance  de  l'État!  Je  défendrai,  contre  les  entreprises  des  congrégations, 
les  intérêts  sociaux  et  les  droits  de  la  République. 

Mais  je  n’entends  pas  m’absorber  dans  des  querelles  politiques  a  la  fois  stériles  et 
dangereuses. 

Je  me  consacrerai  surtout  a  la  discussion  des  questions  économiques  et  sociales  que 
j’étudie  avec  passion  depuis  plus  de  quinze  ans. 

Convaincu  de  la  nécessité  de  réduire  les  frais  généraux  du  pays,  je  demanderai  qu’on 
enlève  aux  députés  le  droit  d’engager  des  dépenses  et  qu’on  simplifie  nos  services  admi¬ 
nistra!  ifs  par  une  décentralisation  prudent /,  mais  non  timide. 

Au  point  de  vue  économique,  je  réclamerai  la  conclusion  de  traités  de  commerce,  la 
création  d’un  port  franc  (que  j’ai  le  premier  inscrit  dans  un  programme  électoral),  l’amé¬ 
lioration  de  nos  voies  navigables,  la  réduction  des  tarifs  de  transport,  l’établissement  d’un 
chemin  de  fer  de  ceinture  et  d’un  pont  au  cours  du  Médoc,  en  un  mot  toutes  les  mesures 
que  j’ai  déjà  indiquées  pour  faire  de  Bordeaux  une  grande  ville  industriel  le  où  nos  ouvriers 
trouveront  du  travail  et  des  salaires,  nos  capitaux  des  bénéfices  et  -  notre  marine  le  fret 
nécessaire  à  sa  prospérité, 

Dévoué  au  progrès  social,  je  soutiendrai  énergiquement  toutes  les  réformes  qui 
peuvent  améliorer  le  sort  des  travailleurs,  mais  je  ne  laisserai  compromettre  ni  la  liberté 
du  travail,  ni  la  propriété  individuelle.  J’accepte  T  intervention  de  l’État  chms  tous  les  cas 
où  il  faut  suppléer  ou  encourager  l’initiative  privée,  notamment  pour  l'institution  décaissés 
du  chômage  et  de  retraites  ouvrières,  mais  je  ne  ne  cesserai  pas  de  combattre  le  collecti¬ 
visme  et  toutes  les  doctrines  qui  placeraient  notre  démocratie  sous  la  tyrannie  de 
l'État, 

Mes  chers  Concitoyens, 

J’ai  un  passé  politique,  économique  et  social  qui  est,  pour  l’avenir,  une  sure  garantie. 
Vous  m’avez  vu  à  V œuvre  toutes  les  fois  qu’il  a  fallu  défendre  les  intérêts  de  Bordeaux  ou 

-  42 


—  330  — 

de  la  banlieue  et  ceux  de  la  République,  Vous  pouvez  compter  que  je  les  défendrai  toujours 
avec  îa  môme  énergie  et  le  même  dévouement. 

Vive  la  République! 

Charles  CHAUMET. 


Appel  aux  électeurs. 

Chers  concitoyens, 

Nous  recommandons  à  vos  suffrages  la  candidature  du  citoyen  Charles  Chaumet. 

En  présence  de  la  coalition  de  toutes  les  forces  réactionnaires,  cléricales  et  nationa¬ 
listes,  il  importe  de  faire  dès  le  premier  tour  Tunkm  sincère  et  loyale  de  tous  les 
républicains. 

Cette  union  nécessaire,  nous  vous  demandons  de  la  réaliser  sur  le  nom  de  Charles 
Chaumet.- 

Ses  adversaires  eux-mêmes  rendent  hommage  à  la  probité,  à  l'intelligence,  au  talent 
et  au  dévouement  de  ce  fils  du  peuple  qui  saura  défendre  vaillamment  les  intérêts  de 
Bordeaux  et  de  la  démocratie. 

Citoyens,  pas  d'abstentions!  11  ne  faut  pas  de  ballottage!  Votez  au  premi  r  tour 
pour  Charles  Chaumet,  candidat  républicain. 

(Suivent  les  signatures.) 


21  circonscription  de  BORDEAUX 


M.  BÀLLÀNDE 

Élu  au  T  tour  de  scrutin,  —  7.302  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Républicain,  libéral,  progressiste,  j’ai  été  désigné  par  les  républicains  anti-mi  nistédeîs 
pour  être  leur  candidat  aux  élections  législatives  contre  les  partisans  ou  1-s  imitateurs  d’un 
ministère  «Rabaissement  national  et  de  «  déchéance  »  républicaine. 

Si  je  n’avais  consulté  que  mes  goûts  et  mon  intérêt,  je  n’aurais  jamais  fait  le  sacrifice 
de  mon  repos  pour  me  lancer  dans  les  luttes  électorales, 

Mais  il  y  a  péril  pour  nos  libertés  primordiales,  pour  notra  industrie  et  notre 
commerce,  pour  nos  finances,  pour  nos  forces  militaires  ;  on  a  fait  appel  à  mon  dévouement 
j’obéis. 

Mes  opinions,  mon  attitude  n’ont  jamais  varié- 

Dépourvu  de  toute  ambition  personnelle,  j’opposerai  sans  faiblesse  à  la  politique  des 
compromissions  celle  des  principes. 

Aa  nom  sacré  de  la  Patrie  noua  appelons  tous  les  Français,  sans  distinction,  à  s’unir 
loyalement  pour  le  progrès,  par  la  liberté,  dans  la  République. 

Un  pays  ne  vit  pas  de  politique  et  il  peut  en  mourir. 

Négociant-armateur,  membre  de  la  Chambre  de  commerce,  je  m’emploierai  de  toutes 


1 


mes  forces,  étant  votre  élu,  à  faire  obtenir  aux  questions  économiques  la  place  qu'il  est 
urgent  de  leur  donner  et  a  provoquer  les  mesures  destinées  à  rendre  à  notre  port  son 
antique  prospérité. 

Ami  des  travailleurs,  travailleur  moi-môme,  j’étudierai  toutes  les  réformes  sociales^ 
caisses  de  retraites  et  autres,  avec  impartialité  et  dans  un  esprit  pratique,  m’efforçant 
de  concilier  les  intérêts  légitimes  du  travail  et  du  capital,  qui  n’est  qu’un  travail 
accumulé. 

La  méthode  qui  m’a  permis  de  concilier  ces  deux  intérêts  dans  ma  maison  depuis  des 
années,  en  faisant  participer  tout  mon  personnel  aux  bénéfices,  est  une  garantie  des  dispo¬ 
sitions  dans  lesquelles  j’aborderai  ces  questions. 

Mais  en  matière  sociale,  je  veux,  autant  que  possible,  voir  l'initiative  individuelle 
primer  la  volonté  trop  absolue  de  l’État. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Respectueux  de  toutes  les  croyances,  de  toutes  les  convictions  sincères,  je  veux  plus 
dé  liberté,  plus  d’égalité,  plus  de  fraternité,  même  pour  ceux  qui  ne  pensent  pas 
comme  moi. 

Ainsi,  la  France  redeviendra  la  première  nation  du  monde,  le  foyer  le  plus  intense  des 
idées  de  justice  et  d’humanité. 

Vive  la  France! 

Vive  la  République! 


A.  BALLANDE, 

Ancien  juge  au  Tribunal  de  commerce, 
Membre  de  la  Chambre  de  commerce. 


PROGRAMME. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Dans  ma  profession  de  foi,  je  n'ai  fait  qu'esquisser  les  grandes  lignes  de  mon  pro¬ 
gramme.  Comme  il  importe  que  vous  soyez  bien  fixés  sur  le  compte  de  celui  qui  prétend  à 
l’honneur  de  vous  représenter,  je  liens  à  vous  indiquer  quelle  sera  mon  attitude  au  triple 
point  de  vue  politique,  social  et  économique  : 


Programme  politique . 

Partisan  de  la  politique  de  principes  et  désireux  de  voir  se  former  de  grands  courants 
d’opinion  au  [seuil  de  nos  Assemblées  délibérantes,  je  demanderai  le  rétablissement  du 
scrutin  de  liste  pour  l'élection  des  députés.  Ainsi,  les  citoyens  pourront  affirmer  leurs  pré¬ 
férences  pour  des  idées  et  non  plus  pour  des  personnes;  ainsi,  le  gouvernement,  porté  au 
pouvoir  par  les  élus  du  peuple,  saura  clairement  ce  qu’on  attend  de  lui  et  trouvera  dans  la 
majorité  un  appui  suffisant  pour  réaliser  cette  stabilité  ministérielle  acquise  dans  ces  der¬ 
niers  temps,  il  est  vrai,  mais  au  prix  de  déconcertantes  et  houteuses  compromissions. 

J’emploierai  aussi  mes  efforts  à  poursuivre  la  réduction  du  nombre  des  députés,  pour 
permettre  à.  la  Chambre  de  travailler  d’une  façon  plus  utile  et  plus  recueillie  aux  grands 
problèmes  qui  se  posent  devant  elle. 

Les  députés,  voyant  leur  responsabilité  augmentée,  parce  fait  que  les  mandants  seront^ 


phts  nombreux,  mettront  probablement  plus  de  sérieux  dans  l'accomplissement  de  leur 
mandat,  et  les  électeurs,  ayant  moins  de  représentants  à  nommer,  pèseront  davantage  la 
portée  de  leurs  votes- 

le  serai  respectueux  de  la  liberté  de  conscience  de  tous  les  citoyens;  et,  sous  le  con¬ 
trôle  impartial  de  l’État,  je  défendrai  la  liberté  d’enseignement  contre  toutes  mesures  ten¬ 
dant  à  la  réduire  par  des  voies  détournées. 

Notre  droit  administratif  enchaîne  le  département  et  la  commune  en  des  lois  centrali¬ 
satrices  qui  nous  viennent  des  régimes  autocratiques  du  début  de  ce  siècle.  Je  m’efforcerai, 
tout  en  laissant  à  PÉtat  un  sérieux  contrôle,  de  rendre  ces  deux  organismes  plus  libres  de 
leurs  actes  et  particulièrement  en  matière  financière. 

Je  suis  Pennemi  du  cumul  des  fonctions  publiques,  car  je  crois  que  le  nombre  des 
citoyens  aptes  à  les  bien  remplir  est  assez  grand  pour  réserver  à  chacune  d’elles  un  titu¬ 
laire  spècial  qui  remplira  mieux  son  mandat. 

Je  suis  partisan  de  la  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans,  voire  même  à  quinze 
mois.  J’estime  que  cette  réduction  peut  parfaitement  se  concilier  avec  les  exigences  de  la 
défense  nationale,  à  condition  que  des  mesures  préalables  soient  prises  progressivement 
pour  assurer  la  constitution  de  cadres  solides,  grâce  à  T  extension  des  rengagements. 

No i  finances  sont  dans  un  lamentable  état;  je  veillerai  autant  qu’il  sera  en  mon  pouvoir 
à  la  bonne  gestion  de  celles-ci,  et  je  préconiserai  une  politique  d'économies  faciles  à  réali¬ 
ser  par  la  suppression  d’un  grand  nombre  de  fonctionnaires  inutiles  et  de  pas  mal  de  siné¬ 
cures  où  l’on  case  les  fruits  secs  de  la  politique.  Je  demanderai  en  outre  la  suppression  de 
l'initiative  parlementaire  en  matière  de  dépenses. 

Programme  social. 

Au  point  de  vue  social,  mon  attention  se  portera  particulièrement  sur  les  lois  tendant  à 
améliorer  le  sort  des  ouvriers. 

Je  favoriserai  les  associations  syndicales  libres  et  les  corporations. 

Je  demanderai  que  la  faculté  tf  acquérir  a  titre  gratuit  et  onéreux  leur  soit  accordée 
dans  la  plus  large  mesure,  ce  qui  favorisera  leurs  efforts  dans  la  poursuite  du  but  écono¬ 
mique  et  social  qu’elles  visent, 

La  loi  sur  les  accidents  du  travail,  excellente  dans  son  principe'  est  pleine  d’imperfec¬ 
tions  de  détail.  J’en  demanderai  la  refonte  pour  lui  donner  une  sphère  d'application  plus 
étendue  et  la  rendre  plus  équitable. 

Les  travailleurs  ne  voient  point  encore  leur  vieillesse  à  l’abri  du  besbin,  je  m’efforcerai 
de  faire  aboutir  la  loi  sur  les  caisses  de  retraites. 

A  ce  point  de  vue,  je  soutiendrai  de  mes  votes  tout  projet  équitable  comportant  la  créa¬ 
tion  de  caisses  de  retraites  régionales  ou  syndicales  que  les  travailleurs  géreront  eux- 
mêmes  avec  le  contrôle  et  l’appui  de  PÉtat. 

L’homme  n’est  point  une  machine,  son  corps  et  son  intelligence  ont  besoin  de  repos. 

Je  soutiendrai  tout  projet  de  loi  dont  le  but  sera  de  rendre  obligatoire  un  jour  de  repos 
hebdomadaire.  Je  puis  me  flatter,  sur  ce  point  encore,  d’avoir  payé  d’exemple. 

Je  demanderai  que  le  bénéfice  des  lois  ouvrières  soit  étendu  aux  employés  de  com¬ 
merce.  1 

Toutes  les  réformes  sociales  seront  examinées  par  moi  avec  la  plus  grande  impartialité 
et  j’emploierai  mon  action  a  les  faire  triompher  pourvu  qu’elles  soient  justes  et  pratiques. 

Programmé' ;  économique. 

Je  ?ens  bien  que  mon  titre  le  plus  sérieux  à  vos  suffrages  est  l’expérience  acquise  au 
cours  des  vingt  années  depuis  lesquelles  je  suis  chef  de  maison. 


333  — 


N°  1162 


Je  sui-,  avant  tout,  un  homme  d’affaires,  et  je  crois  que  vous  n’avez  pas  de  qualité  plus 
osQpntielle  à  exiger  d’un  candidat. 

,)a:  tenu  à  être  formel  sur  le  terrain  politique,  mais  la  situation  économique  est  mau¬ 
vaise  '  grave,  non  moins  urgente,  et  je  viens  vous  déclarer  que  je  ne  donnerais  pas  mon 
anmii  à  un  ministère  qui,  tout  en  méritant  ma  confiance  en  politique,  paraîtrait  systémati- 
nuement  engagé  dans  une  voie  néfaste  pour  l’avenir  économique  au  pays. 
q  I  e  régime  ultra-protectionniste  de  ces  dernières  années  nous  a  été  funeste. 

Il  faut  chercher  le  remède  dans  l’extension  de  nos  libertés  commerciales,  le  rétablis- 
sement  de  celles  dont  nous  nous  sommes  privés,  et  le  retour  aux  traités  de  commerce,  mais 
à  la  condition  qu’ils  nous  assurent  des  avantages  réciproques. 

La  meilleure  tactique  pour  arriver  à  la  réalisation  de  nos  desiderata  n  est  pas,  je  crois, 
de  former  des  groupes  opposés,  pour  perpétuer  la  lutte  entre  les  représentants  des  ports  et 
ceux  de  l’intérieur;  nous  risquerions  d’avoir  indéfiniment  le  dessous. 

Ici  encore,  nous  devons  faire  appel  au  sentiment  de  solidarité  et  prouver  a  ceux  qui 
nous  combattent,  et  qui  s’imaginent  être  les  seuls  défenseurs  du  travail  national,  que  nous 
nous  en  préoccupons  autant  qu’eux. 

Cette  preuve  nous  pouvons  la  fournir.  . 

11  est  permis  d’affirmer  que  les  traités  de  commerce  seraient  moins  décriés  par  ceux 
nui  les  attaquent  si,  dans  un  passé  plus  ou  moins  récent,  nos  intérêts  avaient  été  défendus 
vis-à-vis  de  l’étranger  ptr  des  mandataires  plus  compétents  ou  plus  indépendants. 

En  attendant,  nous  pouvons  trouver  une  sérieuse  compensation  dans  la  mise  en  valeur 

et  l'exploitation  de  notre  domaine  colonial.  .  , 

Bordeaux  est  malheureusement  loin  d’avoir  pris,  au  point  de  vue  commercial  et  indus¬ 
triel  le  rang  qui  aurait  dû  lui  revenir,  quand  le  mouvement  d’expansion  coloniale  de  ces 
dernières  années  nous  a  donné  la  Tunisie,  le  Tonkin,  le  Dahomey,  le  Congo  et  Madagascar. 

On  avait  prétendu  que  nous  ne  savions  plus  coloniser,  que  les  Français  et  leurs  capi¬ 
taux  n’auraient  plus  le  courage  d’aller  tenter  fortune  au  loin,  surtout  en  terre  française  ! 

Comme  l’exemple  a  démenti  cette  assertion,  intéressée  de  la  part  de  quelques-uns . 
Mais  combien  il  est  regrettable  aussi  de  constater  déjà  des  déconvenues,  des  insuccès,  dont 
le  nombre  et  l’importance  risquent  de  compromettre  cet  admirable  mouvement,  fruit  de 

tant  d’efforts  et  de  si  cruels  sacrifices.  . 

Que  faut-il  pour  y  remédier?  Que  les  gens  du  métier  succèdent  aux  coloniaux  «  en 

Il  est  à  peine  besoin  de  vous  rappeler  que  toutes  les  entreprises  commerc.ales  et 
industrielles  sont  solidaires,  que  le  développement  des  unes  profite  aux  autres,  que  tous  les 
citoyens,  même  rentiers,  bénéficieraient  de  la  prospérité  générale,  que  tous  souffrent  du 
marasme  des  affaires. 

Cet  axiome  m’autorise  à  appeler  un  instant  votre  attention  sur  1  importance  que  revêt 
pour  nous  la  question  des  intérêts  du  Port,  à  qui  Bordeaux  doit  sa  vie. 

A  ce  point  de  vue  une  œuvre  utile  (décentralisation  progressive  et  extension  des  préro¬ 
gatives  des  Chambres  de  commerce)  s’offre  à  la  sollicitude  de  vos  représentants. 

J’ai  activement  participé  en  188A  à  la  fondation  du  syndicat  pour  les  améliorations  et 

la  défense  du  port  de  Bordeaux.  , 

Je  suis  heureux  d’évoquer  ici  la  mémoire  de  son  regretté  défenseur,  Théophile  Labat, 
fier  d’avoir  été  son  disciple.  Je  rappelle  ses  théories  dont  l’exactitude  est  aujourd’hui  si 
hautement  démontrée  par  les  faits. 

Nous  avons  à  lutter'maintenant  contre  la  concurrence  des  appointements  de  Pauillac. 

Je  n’ai  jamais  voulu  en  reconnaître  la  nécessité. 

Je  soutiens  que  Bordeaux  peut  être  un  port  d’escale,  aussi  bien  qu  Anvers,  où  sept  c  es 
plus  grandes  lignes  de  navigation,  qui  donnent  à  ce  port  son  importance,  ne  {ont  que  tou¬ 
cher. 

Je  ne  méconnais  pas  les  difficultés  qu’il  y  a  à  faire  remonter  les  navires  des  granc  s 


—  334  - 

lignes  jusqu’à  Bordeaux;  mais  elles  ne  sont  pas  plus  insurmontables  qu’à  llambourc 
Anvers,  Londres  et  Glasgow. 

Voilà  le  progrès  à  réaliser  si  nous  voulons  justifier  et  exploiter  plus  tard,  avec  profit  un 
port  franc  à  Bordeaux. 

Si  nous  améliorons  en  même  temps  le  réseau  fluvial  de  la  Garonne  et  de  ses  affluents 
nous  ramènerons  ainsi  la  vie  dans  notre  rade,  nous  ferons  refleurir  les  professions  mari¬ 
times,  les  industries  existantes  se  développeront  et  il  s’en  créera  de  nouvelles. 

Le  devoir  d’un  député  ne  se  borne  pas  seulement  à  discuter  les  projets  de  loi  qui  inté¬ 
ressent  si  rarement,  hélas  !  l'amélioration  du  régime  économique  du  pays  :  le  représentant 
d’un  grand  port  doit  encore  défendre  avec  vigilance  les  intérêts  généraux  de  ses  maniants 
auprès  des  pouvoirs  publics,  et  il  doit  plaider  devant  l’opinion  en  faveur  dès  entreprises 
auxquelles  est  lié  l’avenir  de  sa  région. 

loute  mon  expérience,  tout  mon  dévouement,  toute  ma  volonté,  je  les  mettrai  au  ser¬ 
vice  de  cette  cause. 

André  BALLANDE, 

Négociant  -  arm  aieu  r. 

Candidat  républicain  libéral,  progressiste,  anti-ministériel. 


3“  circonscription  de  BORDEAUX 

M. DORMOY 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  8.583  voix. 


Citoyens, 

Républicain  inébranlable,  né  dans  cette  troisième  circonscription,  élevé  parmi  vous, 
ayant  pour  ainsi  dire  vécu  avec  vous,  travaillant  à  vos  côtés,  j’ai  l’honneur  de  solliciter  vos 
suffrages. 

Mon  programme  politique  se  résume  en  quelques  mots  : 

Ni  réaction,  ni  révolution  ! 

République  avant  tout  et  quand  même! 

Par  elle,  je  veux  que  soit  assuré  le  triomphe  de  la  Liberté,  de  l’Égalité,  de  la  Fraternité, 
de  la  Tolérance,  de  la  Justice,  de  la  Concorde. 

Pas  d’agitation  stérile,  mais  une  patriotique  action  pour  assurer  à  la  France  la  :  rospé- 
ritô  agricole,  commerciale  et  industrielle,  qu’elle  réclame  à  grands  cris. 

Moins  de  politique,  plus  d’affaires,  plus  de  travail  ! 

Citoyens, 

Si  je  suis  votie  élu,  je  m  emploierai,  avec  l’activité  d’un  travailleur  et  lacompôleuco 
d’un  homme  d’affaires,  à  l’amélioration  de  noire  régime  financier  et  de  notre  situation  éco¬ 
nomique. 

las  de  dépenses  inutiles,  la  suppression  de  l’initiative  parlementaire  en  matière  d’auge 
memaiion  des  dépenses,  le  vote  du  budget  en  temps  utile,  des  traités  de  commerce  à  longs 
terme,. ,  des  entrepôts  spéciaux,  un  port  franc,  voilà  des  réformes  indisj  ensables  à  l'heure 


actuelle  pour  permettre  à  nos  finances  de  prospérer,  a.  notre  commerce  de  se  développer,  à 
notre  port  de  ne  pas  mourir  d’inanition. 

Tous  mes  efforts  tendront  'a  en  obtenir  la  prompte  réalisation. 

Des  améliorations  sociales  sont  urgentes  pour  tous  les  modestes  travailleurs  qui  gagnent 
leur  pain  avec  leur  cerveau,  leur  plume  ou  leurs  bras. 

A  tous  je  rappelle  que  j’ai,  pendant  longtemps,  partagé  leur  pénible  labeur  et  leurs 
dures  fatigues!  C'est  clans  cette  collaboration  qu’est  née  l’amicale  sympathie  que  j’ai  pour 
eux,  et  Tardent  souci  de  travailler  à  l’amélioration  de  leur  sort. 

Je  n’ai  pas  besoin  de  leur  faire  de  longues  promesses,  ils  me  connaissent,  ils  peuvent 
compter  sur  moi. 

La  réduction  à  d  ux  ans  de  ia  durée  du  service  militaire,  le  développement  de  l’initia¬ 
tive  individuelle,  la  protection  des  œuvres  de  mutualité  et  des  associations  ouvrières, 
l'organisation  de  la  retraite  pour  la  vieillesse,  auront  toutes  mes  préoccupations. 

Pas  de  haines,  pas  de  discordes;  de  la  confiance,  de  l’affection  ! 

Pas  de  lutte  de  classes,  mais  une  union  plus  étroite  entre  le  capital  et  le  travail  ! 

C’est  une  démocratie  puissante  et  libre,  consciente  de  sa  force,  mais  soucieuse  de  ses 
devoirs,  qui  seule  peut  faire  glorieuses  et  grandes  la  patrie  et  la  République. 

C’est  en  démocrate,  en  patriote,  en  républicain,  que  je  sollicite  vos  suffrages. 

Vive  la  République! 


Albert  DORMCXY, 

Ingénieur-constructeur,  conseiller  municipal, 
Juge  au  Tribunal  de  commerce. 


Comité  central  Républicain  de  la  3°  circonscription  (Bordeaux-Bègles) 
Appel  aux  Électeurs. 


Citoyens, 

Nous  pré  entons  à  vos  suffrages  le  citoyen  Al  >ert  Dormoy,  enfant  de  votre  circonscrip¬ 
tion,  dont  la  carrière  s’est  déroulée  sous  vos  yeux. 

Fils  d’un  vieux  républicain  longtemps  votre  élu,  vous  connaissez  sa  foi  politique  et  ses 
inébranlables  convictions  républicaines. 

C’est  un  travailleur,  un  hommes  d’affaires,  que  vous  avez  envoyé  au  Tribunal  de  Com¬ 
merce,  au  Conseil  municipal,  et  qui  partout,  vous  le  savez  bien,  vous  a  dignement 
représentés. 

Votre  confiance  lui  sera  encore  accordée. 

Vous  en  ferez  votre  Député  pour  déf  ndre  au  Parlement  vos  intérêts  politiques,  écono¬ 
miques  et  financiers. 

Nul  ne  connaît  mieux  que  lui  vos  aspirations  et  les  besoins  de  la  région. 

Son  activité,  sou  énergie,  son  indépendance,  vous  garantissent  un  dévouement  pro¬ 
fitable. 


Citoyens, 

Trop  d’électeurs  se  désintéressent  des  lut  es  politiques,  et  font  ainsi  le  jeu  des  ennemis 
de  nos  institutions. 

Le  moment  est  grave. 

11  faut  arrêter  le  flot  clérical  et  col  ectiviste,  qui  monte  et  menace  d’anéantir  nos 
libertés. 


Nous  faisons  appel  h  tous  les  républicain  s,  à  tous  ceux  qui  ont  foi  dans  la  République 
et  veulent  rendre  immortelle  sa  devise  : 

Liberté,  Égalité,  Fraternité, 

Vive  la  République  ! 


Le  Comité  central.  {Suivent  les  signatures.) 


4°  circonscription  de  BORDEAUX 
M.  Albert  DEGRÀIS 

Élu  au  lor  tour  de  scrutin.  —  8,7iâ  voix. 


Messieurs  et  chers  Concitoyens, 

J’ai  l'honneur  de  solliciter  pour  la  troisième  fois  vos  suffrages,  après  avoir  été  pour  la 
troisième  fois  désigné  à  votre  confiance  par  le  Congrès  républicain  électoral  de  la  quatrième 
circonscription  de  Bordeaux. 

Je  me  présente  donc  sous  le  même  patronage  et  je  me  présente  aussi  avec  un  pro- 
gramme  qui  n’a  pas  varié.  Ni  réaction,  ni  révolution,  disais-je  en  1897  et  en  1898.  Je  re¬ 
prends,  en  la  confirmant,  cette  déclaration.  Aussi  bien,  je  n'ai  pas  cessé  d’y  conformer  mes 
actes.  Je  disais  encore  :  union  de  tous  les  républicains;  exclusion,  dans  l’oeuvre  défensive 
et  dans  l'œuvre  réformatrice  de  ia  République,  de  ce  qui  les  divise.  Je  le  dis  toujours.  C'est 
pour  avoir  maintenu  avec  fermeté  ces  principes  contre  les  ardeurs  impatientes  des  uns  et 
les  tentatives  factieuses  des  autres  que  le  cabinet  de  défense  et  d’action  républicaines  dont 
je  fais  partie  a  mérité  pendant  trois  ans  l'inébranlable  confiance  du  Parlement. 

La  Chambre  prochaine  aura  de  grands  devoirs  à  remplir.  Il  est  des  réformes  écono¬ 
miques  et  agricoles  que  sa  devancière  nTafait  qu’ébaucher.  Elle  devra  les  poursuivre  et  les 
compléter.  11  n’en  est  pas  de  plus  importante,  pour  notre  région,  que  celle  ayant  pour  objet 
de  favoriser  la  vente  de  nos  vins.  En  faisant  voter  la  loi  si  impatiemment  attendue  sur  le 
dégrèvement  des  boissons  hygiéniques,  le  Gouvernement  a  inauguré  la  série  des  mesures 
propres  à  porter  remède  aux  maux  dont  nous  souffrons» 

En  adoptant,  malgré  l’opposition  du  ministre  des  finances,  un  amendement  qui  jetait  le 
trouble  dans  la  répartition  de  l’impôt  personnel  et  mobilier,  le  Parlement  avait  commis  une 
erreur.  Il  s’en  est  aperçu  et  il  Fa  heureusement  réparée.  Les  contribuables  dont  la  cote 
mobilière  ne  dépasse  pas  125  francs,  part  de  FÉtat,  sont  dégrevés  d’office  pour  1902  de 
l’augmentation  mise  à  leur  charge.  Le  ministère  des  finances  s’occupe  de  la  mise  à  exécu¬ 
tion  de  cette  loi  de  FÉtat» 

Les  dépenses  publiques  suivent  une  progression  qu’il  importe  d’arrêter.  Le  pays  ré¬ 
clame  des  économies.  Si,  pour  les  lui  procurer,  il  est  nécessaire  de  restreindre  le  droit  d'ini¬ 
tiative  qui,  en  matière  de  crédits,  appartient  à  la  Chambre  des  Députés,  je  n’hésiterai  pas 
à  voter  cette  sage  mesure.  Je  n’hésiterai  pas  non  plus  à  voter  la  réduction  à  deux  ans  du 
service  militaire,  dont  le  principe  a  été  adopté  par  le  gouvernement,  mais  dans  les  con¬ 
ditions  indiquées  par  le  président  du  conseil  et  le  ministre  de  la  guerre. 

Messieurs,  les  graves  devoirs  de  ma  charge  ne  m’ont  pas  fait  perdre  de  vue  ceux  que 
j’ai  contractés,  comme  député,  yis-à-vis  des  électeurs  de  la  quatrième  circonscription.  Je  ne 
crois  pas  que  mon  intervention  ait  été  en  vain  sollicitée  pour  la  solution  des  questions  qui 
vous  intéressaient. 


—  337  — 


N9  1162 


Dans  ces  conditions,  je  viens  avons  le  front  haut  et  ia  conscience  tranquille. 

Républicains,  si  vous  pensez  qu’au  cours  de  ma  longue  carrière,  je  ne  suis  pas  sans 
avoir  rendu  des  services  k  la  République,  objet  de  votre  culte  et  du  mien  ;  patriotes,  si 
vous  pensez  qu’un  ancien  ambassadeur  de  France  ne  peut  pas  ne  pas  avoir  le  souci  de  la 
grandeur  et  de  la  gloire  de  la  nation;  Girondins,  si  vous  pensez  que  vos  intérêts  sont  bien 
placés  dans  les  mains  d’un  enfant  du  pays,  ancien  préfet  de  la  Gironde,  vous  le  direz  en  me 
donnant  un  nouveau  mandat. 

Albert  DECRAIS, 

Ministre  des  Colonies,  Député  sortant, 
Élu  du  Congrès  républicain. 


5"  circonscription  de  BORDEAUX 
M.  CAZAUV1EILH 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  8.139  vois. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Le  mandat  que  vous  m’aviez  confié  il  y  a  quatre  ans  est  expiré. 

Je  viens  avec  confiance  vous  en  demander  le  renouvellement, 

Pendant  ces  quatre  années  de  législature,  les  préoccupations  de  votre  député  ont  été 
sérieuses. 

Rappelez-vous  toutes  les  coalitions  des  ennemis  de  la  République  pour  la  renverser, 
l’élection  si  agitée  du  Président  Loubet,  l’accueil  qui  lui  fut  fait  à  Paris  à  son  retour  de  Ver¬ 
sailles,  la  scène  odieuse  des  courses  d’Auteuil,  le  débordement  d  injures  et  d’outrages 
inondant  les  républicains.  Jamais,  depuis  les  16  et  2/i  niai,  secousse  réactionnaire  ne  fut 
plus  violente. 

Aussi,  ai-je  considéré  comme  un  devoir  de  prêter  mon  concoure  au  Ministère  de  défense 
républicaine,  auquel  le  vénéré  Président  Loubet  crut  devoir,  dans  ces  temps  troublés,  con¬ 
fier  la  garde  du  drapeau. 

Qui  veut  aujourd’hui  se  souvenir  de  tout  cela?  Ne  suffit-il  pas  à  quelques-uns  de  faire 
un  grief  aux  républicains  comme  moi,  d’avoir,  pour  défendre  nos  institutions,  imposé  si¬ 
lence  à  leurs  préférences  personnelles  ? 

Mais  tournons  la  page.  L'histoire  du  passé  n’intéresse  guère  plus  personne. 

Sollicitant  à  nouveau  vos  suffrages,  je  dois  vous  dire  ce  que  je  veux. 

Il  faut  apporter  dans  nos  finances  une  économie  sérieuse,  et,  pour  cela,  réglementer 
l’initiative  parlementaire  en  ce  qui  concerne  les  augmentations  de  dépenses. 

11  convient  de  ne  toucher  qu’avec  prudence  à  l’équilibre  de  nos  impôts,  car  nous  savons 
tous  par  expérience  ce  que  nous  coûte  l’amendement  Le  Moigne,  adopté  par  le  Parlement 
dans  un  moment  de  surprise. 

Si  cette  erreur  financière  est  heureusement  réparée  aujourd'hui,  il  convient  qu’elle  ne 
se  reproduise  pas. 

Notre  système  d’impôts  doit  assurément  être  remanié,  mais,  toutefois,  sans  l’adoption 
de  mesures  arbitraires  ou  inquisitoriales. 

Gardienne  vigilante  de  notre  honneur,  l’armée  doit  être  fortement  organisée.  Il  n’est 

ùS 


—  338  — 

pas  cle  sacrifices  que  je  ne  sois  prêt  à  faire  pour  elle  !  Je  voterai  le  service  militaire 
de  deux  ans,  en  assurant  sérieusement  le  i*é  cru  te  ment  des  cadres  inférieurs. 

Je  suis  pour  la  liberté  de  renseignement,  n'admettant  pas  ^obligation  du  stage  sem 
laîi  e,  mais  réclamant  pour  l’État  ie  droit  de  contrôle  dans  les  établissements  d’instruction 
libre  dont  les  professeurs  devront  être  pourvus  de  grades  universitaires. 

Appelé  à  me  prononcer  sur  les  demandes  des  congrégations,  je  le  ferai  sans  parti  pris, 
décidé  à  accorder  l'autorisation  à  toutes  les  associations  religieuses  dont  les  membres  sau¬ 
ront  rester  étrangers  a  nos  luttes  politiques* 

Les  questions  sociales  feront  l’objet  de  ma  constante  préoccupation. 

Déjà  le  Parlement  a  donné  aux  ouvriers  des  preuves  de  sa  sollicitude;  il  devra  con¬ 
tinuer  son  œuvre  par  une  loi  sur  les  retraites  permettant  à  chacun  de  s’assurer  des  res¬ 
sources  pour  ses  vieux  jours  et  organisant  l’assistance  pour  les  vieillards  infirmes  et  indi¬ 
gents. 

Le  règlement  de  la  Chambre  doit  être  modifié,  afin  de  permettre  la  discussion  de  pro¬ 
jets  de  loi  depuis  longtemps  déposés,  comme  ceux  qui  concernent  l’extension  de  ia  compé¬ 
tence  des  juges  de  paix  et  la  création  de  chambres  électives  d’agriculture* 

Mais  un  pays  ne  vit  pas  seulement  de  politique. 

La  5e  circonscription  a  des  intérêts  agricoles  et  maritimes  à  défendre. 

Les  populations  viticoles,  justement  préoccupées  de  la  crise  actuelle,  attendent  des 
mesures  efficaces  pour  la  conjurer,  et  parmi  celles-ci  je  place  au  premier  rang  le  vote  défi¬ 
nitif  de  la  loi  sur  les  fraudes,  déjà  adoptée  par  le  Sénat. 

Pour  faciliter  l’écoulement  de  nos  vins,  il  paraît  utile  d'ouvrir  des  négociations  avec 
les  nations  étrangères,  en  vue  d’introduire  des  modifications  dans  nos  traités  de  com¬ 
merce  , 

11  sera  nécessaire  d’établir  une  taxe  différentielle  entre  les  eaux-de-vie  de  vin  et  les 
alcools  d’industrie,  réservant  aux  premières  la  consommation  alimentaire,  et  aux  autres  le 
chauffage,  l’éclairage  et  la  force  motrice. 

La  réglementation  du  privilège  des  bouilleurs  de  cru  sera  le  corollaire  forcé  de  cette 

mesure. 

Peur  nos  marins,  dont  la  condition  est  si  digne  d'intérêt,  il  faut  modifier  complètement 
ie  foctionnement  de  leur  caisse  de  prévoyance,  et  adopter  d’une  façon  définitive  la  loi  sur 
l’inscription  maritime  déjà  votée  par  la  Chambre. 

Cette  loi  réduit  la  durée  du  service  militaire  et  permet  de  compter,  pour  la  pension  de 
demi-solde,  la  totalité  de  la  navigation  dans  les  eaux  abritées. 

Pour  faire  aboutir  toutes  ces  réformes  utiles,  il  convient  de  constituer  à  la  Chambre 
future  un  grand  parti  de  gouvernement,  d’où  seraient  exclus  seulement  les  partisans  de  la 
réaction  et  les  adeptes  de  P  utopie  collectiviste. 

La  concentration  républicaine  s’impose*  Mon  concours  est  acquis  au  ministère  qui  la 
la  réalisera. 

Vive  la  République  I 


Dr  René  CAZÀUVIEILB,  Député  sortant. 


339  — 


N°  1162 


6°  circonscription  de  BORDEAUX 

M.  CAZ EAUX-CAZALET 
Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  8.198  voix. 


Chers  Concitoyens, 

J’ai  l’honneur  de  me  présenter  à  vos  suffrages  sous  le  patronage  d’électeurs  républi¬ 
cains  et  de  viticulteurs  des  quatre  cantons  de  la  6°  circonscription. 

Mon  programme  politique,  social  et  économique,  publié  par  les  journaux,  se  résume 
ainsi  : 

Fils  et  petit-fils  de  républicains,  je  veux  le  maintien  de  la  République  et  de  la  supré¬ 
matie  du  pouvoir  civil,  une  application  libérale,  mais  ferme  des  lois  existantes. 

Partisan  convaincu  de  toutes  les  libertés,  je  veux  la  liberté  de  l’enseignement,  et  la 
liberté  de  conscience  comme  toutes  les  autres. 

Soucieux  du  bien-être  de  tous  les  travailleurs,  je  désire  que  l’État  subventionne  et 
encourage  l’initiative  privée,  fasse  des  lois  pour  résoudre  toutes  les  questions  d’assistance, 
de  solidarité,  de  retraites  pour  la  vieillesse,  par  l’association. 

Je  repousse  le  socialisme  d’État  qui  vise  la  règlementation  des  affaires  privées,  l’exploi¬ 
tation  des  monopoles.  Je  repousse  le  collectivisme. 

L’un  et  l’autre  paralyseraient  l’initiative  privée,  provoqueraient  la  création  de  nouveaux 
fonctionnaires  et  de  nouveaux  impôts. 

Il  faut,  au  contraire,  mettre  un  frein  à  l’accroissement  continu  des  dépenses  publiques. 
J’estime  qu’il  y  a  luu  dans  ce  but  de  cesser  d’appeler  en  toutes  choses  le  concours  de  l’État 
et  qu’il  est  nécessaire  de  modifier  le  règlement  de  la  Chambre  pour  modérer  le  droit  d’ini¬ 
tiative  des  députés  en  matière  d'impôts. 

J’estime  encore  qu’il  faut  écarter  les  prétendues  réformes  qui  surchargeraient  les 
uns  sans  favoriser  la  situation  des  autres  et  que  l’amélioration  du  sort  des  contribuables 
doit  être  poursuivie  par  voie  de  dégrèvement. 

Enfin,  pour  diminuer  les  charges  qui  pèsent  sur  les  agriculteurs  et  les  travailleurs,  je 
désire  la  réduction  du  service  militaire  a  deux  ans,  mais  à  la  condition  que  des  mesures 
seront  prises  pour  éviter  l’affaiblissement  de  l’armée,  qui  est  la  garantie  de  la  sécurité  de 
tous  et  de  la  paix. 

Des  réformes  s’imposent  pour  favoriser  l’acquisition  et  la  conservation  de  la  propriété 
par  la  petite  épargne. 

Chers  Concitoyens, 

La  viticulture,  dont  les  intérêts  sont  ceux  des  agriculteurs,  des  ouvriers  et  des  com¬ 
merçants  des  quatre  cantons  de  la  6°  circonscription,  subit  une  crise  sans  précédents. 
Encore  quatre  années  de  perdues  et  ce  pays  subirait  des  ruines  irréparables. 

Pour  remédier  à  cette  situation,  si  j’étais  votre  représentant,  je  demanderais  ; 

La  répression  des  fraudes  ; 

La  défense  des  vins  de  la  Gironde  contre  l'envahissement  et  Pusurpation  des  vins  d'ail¬ 
leurs  ; 

La  réforme  du  régime  des  alcools  ; 

Des  traités  commerciaux  qui  garantissent  aux  commerçants  et  aux  viticulteurs  français 
la  stabilité  des  tarifs,  le  respect  de  leurs  marques  et  la  répression  de  la  concurrence 
déloyale  ; 


-  340  — 


Des  Chambres  d’agriculture  pour  la  défense  des  intérêts  agricoles  do  pays  ; 

Une  action  de  l’administration  de  l’É tat  en  vue  de  rechercher  les  moyens  d’accroître  la 
qualité  des  vins  ; 

Des  lois  rendant  efficace  et  pratique  le  concours  de  l’État  pour  les  associations  de  cré- 
dit  agricole. 


Chers  Concitoyens , 


Si  vous  croyez  que  la  politique  doit  céder  le  pas  aux  questions  économiques  et  à  la 
défense  de  vos  intérêts; 

Si  vous  crov-ez  qu’il  soit  indispensable  d’élire  dans  ce  but  un  homme  qui  est  a  la  fois 
républicain  et  viticulteur  : 

Si  vous  croyez  que  mes  convictions  et  prés  de  vingt  années  de  travaux  continuels  pour 
doter  la  viticulture  de  méthodes  de  reconstitution  et  de  culture,  et  que  dix  années  d’efforts, 
souvent  heureux,  pour  défendre  les  intérêts  des  viticulteurs  contre  tant  d’intérêts  con¬ 
traires*  me  désignent  à  votre  choix,  je  me  mets  à  votre  disposition. 

Si  je  suis  votre  élu,  je  m’efforcerai  d’être  à  la  Chambre  ce  que  j’ai  été  dans  ce  pays  : 
un  défenseur  de  la  viticulture. 

Décidé,  cependant,  à  ne  négliger  aucuns  partie  du  mandat  :  ni  la  défense  des  travail¬ 
leurs,  ni  les  intérêts  de  îa  6e  circonscription,  si  spéciaux  qu’ils  soient,  je  ne  bornerai  pas 
mon  travail  aux  questions  viticoles.  Je  ferai  pour  les  quatre  cantons  ce  que  j’ai  déjà  fait 
pour  celui  que  j’ai  fiiou  neur  de  représenter.  Je  défendrai  leurs  intérêts  avec  une  conscien¬ 
cieuse  énergie. 

Vive  la  République  ! 

G-  CAZEAUX-CÀZÂLET, 


Conseiller  général,  maire  de  Cadillac, 

Président  du  Comice  viticole  et  agricole  du  canton  de  Cadillac. 


APPEL  DU  COMITE 

Messieurs  les  Électeurs  et  chers  Concitoyens, 

Des  élections  législatives  vont  avoir  lieu  et,  dans  la  Gironde,  une  nouvelle  circonscrip¬ 
tion  vient  d’être  constituée.  Elle  est  totalement  rurale  et  totalement  viticole,  mais  composée 
de  cantons  qui,  dans  le  passé,  n’avaient  pas  entre  eux  de  liens  électoraux  étroits.  H  est 
donc  nécessaire  d’envisager  avec  une  attention  toute  spéciale  quelles  conditions  essentielles 
s’imposent  à  nous  pour  le  choix  que  nous  allons  imprimer  à  ce  groupe  électoral  nouveau, 
libre  de  tous  engagements  antérieurs. 

La  circonscription  se  trouvant  composée  de  cantons  nettement  dévoués  à  la  République, 
on  ne  peut  songer  à  choisir  qu’un  candidat  nettement  républicain,  et,  pour  parler  claire¬ 
ment  à  une  heure  où  tant  d’épithètes  diverses  vient  altérer  la  valeur  du  qualificatif,  au  lieu 
de  la  préciser,  un  candidat  dont  les  sentiments  républicains  soient  antérieurs  à  toute  clas¬ 
sification  passagère,  et  assez  solides  pour  subsister  intacts  après  l’épuisement  des  courants 
artificiels  du  moment,  c’est-à-dire  ;  républicain  de  toujours  et  pour  toujours. 

A  côté  de  cette  condition  préalable,  une  autre  condition,  d’intérêt  public  elle  aussi, 
s’impose  à  nous. 

Viticole  dans  toute  son  existence  à  travers  les  siècles,  ce  pays  subit  une  crise  terrible 
et  sans  précédents.  D’heureux  qu’il  était  par  la  vigne,  et  malgré  les  plus  héroïques  efforts, 
il  est  tombé  dans  une  ruine  désolante,  causée  naguère  par  des  fléaux  naturels,  maïs  causée 
aussi  et  surtout  par  les  conditions  défavorables  et  injustes  où  l'agriculture  est  systématique¬ 
ment  maintenue  par  les  pouvoirs  publics. 

J1  est  indispensable  pour  remédier  à  cela,  que  ce  grand  département  ait,  dans  sa 


N°  1162 


—  341 

rpDrésentation,  ua  homme  auquel  sa  notoriété  spéciale  de  compétence  viticole  constitue, 
dans  le  Parlement,  une  autorité  exceptionnelle.  C’est,  évidemment,  à  une  circonscription 

telle  que  la  nôtre  qu’il  appartient  de  le  fournir. 

Ce  républicain  incontesté,  cet  agriculteur  incontesté,  il  a  paru  tellement  désigné  par 
ses  convictions  et  par  ses  mérites  éminents  que  son  nom,  dès  le  premier  jour,  a  été  pro¬ 
noncé  par  le  plus  grand  nombre  :  c’est  M.  G.  Cazeaux-Cazalct. 

Conseiller  général,  élu  par  le  suffrage,  que  l’on  peut  dire  unanime,  d’un  canton  tradi¬ 
tionnellement  dévoué  à  la  République,  M.  Cazeaux-Cazalet,  à  l’assemblée  départemental, 
a  montré  comment  ses  opinions  politiques  savent  s’allier  à  une  pratique  sage,  libéra  e, 
prudente  des  affaires  publiques.  Aussi  éloigné  du  sectarisme  entreprenant  que  de  la  fai¬ 
blesse  par  indécision  ;  aussi  hostile  au  socialisme  désorganisateur  qu’à  une  reaction  révo¬ 
lutionnaire  vers  le  passé,  il  est  l’homme  qui,  du  fond  de  sa  conscience,  s’inspire  sans  cesse 
du  bien  général  réel,  qui  vise  le  progrès  dans  l’ordre,  étant  convaincu  que  le  bien-être  de 
chacun  et  la  prospérité  du  pays  sont  solidaires  et  naissent  de  la  sécurité  sociale  et  de 

Pactivité  paisible.  , 

Cette  prospérité,  en  ce  qui  concerne  la  Gironde,  il  a  montré  qu  il  la  voyait  surtout  dan. 
le  développement  incessant  et  bien  étudié  de  la  force  productrice  de  notre  région,  dans 
cette  viticulture  dont,  au  milieu  de  fléaux  terribles,  il  a  été  l’un  des  soutiens  les  plus  var¬ 
iants  et  les  plus  éclairés,  comme  en  témoigne  notamment  sa  lutte  victorieuse  contre  le 
black-rot. 

C’est  lui,  Messieurs,  que  nous  proposons  à  vos  suffrages,  convaincus  que  nous  sommes 
que  la  chose  publique,  à  tous  les  sens  du  mot,  ne  peut  trouver  un  défenseur  ni  plus  indé¬ 
pendant,  ni  meilleur,  ni  plus  justement  honoré  que 


M.  G.  CAZEAUX-CAZALET 

Conseiller  général,  Maire  de  Cadillac,  Président  du  Comice  viticole  de  Cadillac, 
Chevalier  de  la  Légion  d’Honneur, 

Commandeur  de  l’ordre  du  Mérite  agricole. 


Vive  la  République! 


(Suivent  les  signatures.) 


Circonscription  de  LESPARRE 

M.  le  comte  du  PERIER  de  LARSAN 


Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  8.048  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Le  Congrès  républicain  de  notre  arrondissement,  composé  des  conseillers  généraux, 
conseillers  d’arrondissement,  maires,  adjoints  et  délégués  de  nos  divers  comités,  ma 
désigné  à  l’unanimité  comme  candidat  républicain  aux  élections  législatives  qui  auront  lieu 

le  27  avril  prochain.  .  .  ,  ,  . 

C’est  la  quatrième  fois  que  je  suis  investi  d’un  pareil  honneur,  et  si  je  le  dois  en  partie 

à  mon  dévouement  aux  intérêts  de  notre  pays  de  Médoc,  ainsi  qu’aux  services  que  j  ai  pu 


—  342  — 

être  assez  heureux  pour  rendre  à  mes  concitoyens,  je  l’attribue  aussi  à  la  fermeté  de 
mes  convictions  politiques  qui,  contrairement  à  d’audacieuses  affirmations,  n’ont  jamais 
varié* 

Lorsqu’on  1869  vous  m’avez  élu  pour  la  première  fois  contre  le  candidat  des  adversaires 
de  ïa  République,  je  me  présentais  à  vos  suffrages  comme  républicain,  ce  que  j’étais  depuis 
ma  jeunesse,  à  une  époque  où  la  République  ^existait  encore  que  dans  nos  espérances  j 'et 
tout  récemment,  mes  collègues  républicains  de  la  Chambre  des  Députés,  même  les  plus 
avancés,  me  récompensaient  de  Pancienneté  de  mes  convictions,  en  me  déléguant  à  l’una¬ 
nimité  pour  les  représenter  à  ^inauguration  du  monument  Baudin. 

Messieurs,  je  suis  resté  ce  que  j’étais  en  1889;  je  veux  comme  alors  le  maintien  de  h 
République,  mais  je  la  veux  pour  la  France  entière,  et  non  comme  le  privilège,  comme  la 
chose  de  quelques-uns,  d'une  coterie,  d’une  secte.  Les  plis  de  son  drapeau  sont  assez  larges 
pour  abriter  tous  les  Français, 

Je  veux  la  République  avec  la  liberté,  sans  laquelle  elle  ne  serait  qu'un  leurre  et  un 
mensonge  ;  et  j’entends  ïa  liberté  donnée  à  tout  le  monde  :  liberté  de  conscience,  la  première 
de  toutes,  liberté  du  travail,  de  la  presse,  d'association,  Renseignement,  de  réunion,  la 
liberté  enfin  n’ayant  de  limite  que  celle  du  voisin,  et  qui  deviendrait  de  la  licence  si  elle  ne 
respectait  pas  celle-ci.  Et  chaque  fois  qu’une  disposition  législative  a  été  proposée  «oit  par 
un  Gouvernement,  soit  par  l’initiative  parlementaire,  qui  m’a  paru  porter  atteinte  aces 
libertés,  je  n’ai  pas  hésité  à  la  repousser* 

Je  veux  en  même  temps  l’ordre  et  le  respect  de  l'autorité,  la  protection  de  tous  les  droits 
légitime  ment  acquis* 

Aces  principes,  je  vous  ai,  en  1889,  en  1893,  en  1898,  promis  d’être  fidèle*  Que  Fou 
prenne  tous  mes  votes  depuis  que  j’appartiens  au  Parlement,  il  n’en  est  pas  un  qui  ne  soit 
conforme  aux  engagements  pris  devant  vous. 

Parmi  ces  engagements  était  celui  d’une  indépendance  absolue  dans  l’accomplissement 
de  mon  mandat.  Elle  a  dicté  mon  attitude  en  présence  d’un  Ministère  qui*  oublieux  des  doc¬ 
trines  si  éloquemment  soutenues  précédemment  par  son  chef,  n’hésita  pas  à  admettre  pour 
la  première  fois  dans  le  Gouvernement  du  pays  l’élément  révolutionnaire,  en  faisant  appel 
au  principal  protagoniste  des  doctrines  collectivistes  dans  le  Parlement*  Ma  conscience  m’a 
imposé  de  refuser  souvent  ma  confiance  à  ce  Ministère,  quelque  regret  que  j’éprouvasse  de 
me  séparer  d’amis  personnels  qui  en  faisaient  partie*  Mais  j’estime  que  j’aurais  menti  aux 
engagements  pris  devant  vous,  si  je  ne  m’étais  opposé  à  l’expérience  de  confier  le  pouvoir 
aux  ennemis  déclarés  de  toute  société,  expérience  que  n’avait  jusqu'alors  voiïlu  accepter 
aucun  cabinet,  même  exclusivement  radical,  comme  ceux  que  présidaient  MM*  Brisson, 
Bourgeois  ou  Floquet* 

Fidèle  à  la  devise  des  fondateurs  de  la  troisième  République  :  «  Ni  réaction,  ni  révolu¬ 
tion  je  n’ai  pu  admettre  que  les  adversaires  de  la  propriété  fussent  appelés  à  diriger  une 
société  dont  ^organisation  repose  précisément  sur  l’existence  de  la  propriété  individuelle, 
proclamée  par  les  principes  de  1789,  et  inscrite  dans  i’ïmmortelle  Déclaration  des  Droits  de 
l’homme. 

Aujourd’hui  plus  que  jamais  s’affirme  ta  nécessité  de  lutter  contre  le  parti  de  la  destruc¬ 
tion  sociale,  qui  serait  en  même  temps  la  destruction  de  toute  liberté,  de  toute  initiative 
généreuse,  le  ravalement  de  l’être  humain  an  rôle  de  rouage  dans  un  machinisme  socialisé 
que,  bien  entendu,  régiraient  et  qu’exploiteraient  ceux  qui  veulent  persuader  au  peuple  de 
l’accepter. 

G’est  à  cette  lutte  que  je  vous  convie  de  vous  associer,  en  me  donnant  pour  la  quatrième 
fois  une  confiance  que  j  ai  la  conviction  de  Ravoir  pas  trahie  j  ot  Fiesue  de  ïa  bataille  élec¬ 
torale  sera  d’autant  plus  significative*  aura  d’autant  plus  de  retentissement,  que  nous  l’en¬ 
treprenons  contre  celui  qui  se  dit  le  chef  du  parti  collectiviste  dans  la  Gironde,  et  qui  a  osé 
lever  dans  notre  arrondissement  le  drapeau  rouge  pour  l’opposer  à  notre  drapeau  national, 
la  drapeau  tricolore* 

Vous  avez  donc  à  vous  prononcer  entre  le  défenseur  de  la  liberté*  de  la  propriété,  de 


—  343  —  N°  4162 

l’ordre,  de  notre  armée,  que  nous  avons  vue  si  odieusement  attaquée  par  le  parti  qui  a  te 
cynisme  de  's'appeler  lui-môme  le  parti  des  sans-patrie,  et  d’autre  part  îe  champion  de  la 
destruction  sociale,  le  représentant  d’un  collectivisme  qui  aurait  pour  conséquence  inéluc¬ 
table  la  misère  générale,  définitive,  et  l’asservissement  de  l’humanité. 

Je  sais  que  votre  choix  ne  saurait  être  douteux. 

Messieurs,  après  les  considérations  que  j’ai  cru  devoir  vous  soumettre  sur  la  campagne 
électorale  qui  vient  de  s’ouvrir,  permettez-moi  de  vous  rappeler  rapidement  les  actes  de  ma 
vie  politique  depuis  la  dernière  consultation  nationale. 

J’avais  pris  l’engagement  de  m’opposer  à  toute  augmentation  d’impôts  inutiles,  de 
refuser  mon  vote  à  toute  demande  de  crédit  quelconque  que  le  Gouvernement  ou  la  Commis¬ 
sion  du  budget  repousseraient,  de  ne  me  prêtera  aucune  surenchère  intéressée  dans  le  gas¬ 
pillage  de  nos  finances,  dussent  m'en  vouloir  les  quelques  individualités  qui  en  auraient 
bénéficié,  au  préjudice  de  la  masse  des  contribuables. 

J’ai  tenu  parole,  et  vous  ne  m’avez  pas  vu  figurer  parmi  ceux  qui,  cédant  â  un  marchan¬ 
dage  peu  glorieux,  ont  contribué  à  mettre  nos  finances  dans  l’état  lamentable  où  elles  sc 
débattent. 

Je  persisterai  dans  mon  attitude,  certain  de  servir  vos  intérêts  en  joignant  mes  efforts 
à  ceux  des  bons  citoyens  qui,  espêrons-le,  réussiront  à  sauver  nos  finances  d’un  déficit 
devenu  effrayant  et  de  la  banqueroute  inévitable,  si  nous  ne  nous  arrêtions  dans  la  voie 
des  dépenses  inutiles. 

Nos  lois  militaires  ont  été,  pendant  la  précédente  législature,  l’objet  des  discussions  les 
plus  sérieuses,  et  ii  semble,  d’après  l’avis  des  hommes  compétents,  spécialement  de  la  Com¬ 
mission  de  l’armée,  qu’elles  puissent  être  modifiées  sous  certains  rapports,  afin  de  constituer 
uu  noyau  puissant  de  sous-officiers,  de  caporaux  ou  brigadiers  et  d’engagés  volontaires  pour 
un  temps  à  déterminer,  dans  lesquels  viendraient,  en  temps  de  guerre,  s’encadrer  la  masse 
de  nos  soldats. 

Cette  nouvelle  organisation  de  notre  armée  pourrait  avoir  pour  conséquence  une  réduc¬ 
tion  du  service  militaire. 

Je  compte  l’appuyer  dans  toute  la  mesure  que  permettront  les  intérêts  de  notre  défense 
nationale. 

Mais  le  Député  d’un  arrondissement  n’a  pas  seulement  à  s’occuper  de  politique  générale; 
il  est  aussi  le  défenseur  des  intérêts  régionaux  du  pays  qu’il  représente,  et  le  protecteur 
naturel  de  ceux  de  ses  électeurs  qui,  isolés,  seraient  trop  faibles  pour  faire  valoir  leurs  droits 
,  légitimes. 

A  cette  double  tâche,  j’ai  la  conscience  de  n’avoir  pas  manqué. 

Représentant  un  pays  essentiellement  agricole  et  surtout  viticole,  je  me  suis  par 
dessus  tout  occupé  à  la  Chambre  des  Députés  des  questions  qui  intéressaient  l’agri¬ 
culture. 

Membre  de  la  Commission  des  douanes  depuis  douze  ans,  j’ai  combattu  l’exagération 
de  nos  tarifs  douaniers,  tout  en  réclamant  pour  nos  agriculteurs  des  tarifs  qui  leur  assu¬ 
rassent,  non  pas  un  privilège  et  un  monopole  sur  les  marchés,  mais  uno  juste  équivalence 
de  charges  avec  leurs  concurrents  étrangers.  Rapporteur  de  cette  Commission,  j’ai  fait 
adopter  la  loi  qui  renouait  nos  relations  commerciales  avec  l’Italie,  et  qui  modifiait  dans 
une  heureuse  proportion  les  taxes  douanières  frappant  les  vins  étrangers  entrant  en 
France. 

Membre  de  la  Commission  d’agriculture,  j’ai  été  l’un  des  collaborateurs  de  la  loi  des¬ 
tinée  à  réprimer  les  fraudes  dans  lesventes.de  denrées  alimentaires,  loi  de  première  néces¬ 
sité  pour  la  vente  de  nus  vins,  et  dont  la  discussion,  entamée  d’abord,  n’a  pu  se  terminer  à 
cause  de  l’obstruction  que  lui  a  faite  M.  Millerand,  Ministre  du  Commerce,  Député  de  Bercy, 
dans  le  but  de  protéger  les  trafics  de  ses  électeurs  parisiens. 

Membre  du  groupe  viticole  à  la  Chambre  des  Députés,  j’en  ai  été  élu  président  il  y  a 
huit  ans,  et  toujours  réélu  depuis.  En  son  nom  j’ai  proposé  et  contribué  à  faire  voter  la  sup¬ 
pression  des  octrois  frappant  les  vins  à  leur  entrée  dans  les  villes,  octroi  dont  les  droits 


I*g 


I 


I 


—  344  — 

s'élevaient  parfois  à  40  francs  par  barrique,  Fai  réclamé  aussi  de  la  façon  la  plus  énergique 
que  nos  jeunes  soldats  reçussent  quotidiennement  une  certaine  quantité  de  vin  quand  ils 
sont  sous  les  drape  aux,  au  lieu  de  Peau  qui  est  leur  seule  boisson. 

Pour  défendre  la  sincérité  des  produits  de  nos  vignobles,  j'ai  déposé  moi-même,  et, 
comme  rapporteur  de  la  Commission  chargée  de  l’examiner,  fait  adopter  après  une  lutte 
très  vive  la  loi  ayant  pour  objet  de  réprimer  la  fabrication  des  vins  artificiels.  Depuis  lors, 
grâce  aux  mesures  dont  j’ai  obtenu  le  vote,  les  usines  dans  lesquelles  on  fabriquait  du  vin 
avec  des  raisins  secs  et  antres  produits  exotiques  ont  dû  fermer  leurs  portes. 

Enfin,  appelé  à  faire  partie  des  comités  d’admission  et  d’installation  de  la  classe  de  la 
viticulture  à  l’Exposition  universelle  de  1900,  comités  dans  lesquels  figuraient  des  viticul¬ 
teurs  de  toutes  les  contrées  viticoles  du  monde  entier,  j’ai  eu  1  honneur  d  être  désigné  par 
l’unanimité  de  leurs  suffrages  comme  président  de  cette  classe.  Ce  que  j’ai  fait  à  ce  titre, 
et  la  part  que  j’ai  su  donner  à  l’Exposition  des  vins  de  Bordeaux  dans  ces  grandes  assises 
du  travail  international,  ceux  d’entre  vous  qui  ont  visité  l'Exposition  de  1900  pourront  vous 
en  instruire. 

J’ai  pris  part  également  au  développement  de  toutes  les  mesures  pouvant  assurer  par 
une  généreuse  mutualité  P  existence  tranquille  du  travailleur  devenu  vieux,  auquel  des 
événements  malheureux  m'auraient  pas  permis  de  ramasser  les  ressources  nécessaires  pour 
la  fin  de  sa  vie.  Cette  organisation  de  la  mutualité,  qui  se  développe  de  plus  en  plus,  éiait 
indispensable,  après  l’échec  de  Sa  loi  présentée  par  le  Gouvernement  sur  les  retraites 
ouvrières,  loi  mal  conçue,  inapplicable,  qui  n’était  qu’un  trompe-l’œil,  et  que  la  grande 
majorité  des  ouvriers  repoussaient  énergiquement. 

Eafin,  permettez-moï  de  vous  rappeler  (les  circonstances  m’y  obligent)  que  jamais  mon 
concours  n’a  été  demandé  par  l’un  d’entre  vous  pour  une  cause  légitime,  sans  que  je  ne  me 
sois  mis  à  sa  disposition  pour  défendre  ses  droits,  et  cela  quel  qu’il  fût,  fort  ou  faible,  les 
faibles  surtout,  qui,  plus  que  tous  autres,  ont  besoin  d’appui. 

C’est  donc  avec  une  entière  confiance  que  je  me  présente  pour  la  quatrième  fois  à  vos 
suffrages  : 

Comme  républicain,  ce  que  j’ai  été  toute  ma  vie; 

Comme  défenseur  de  vos  droits  et  de  vos  libertés,  que  le  régime  socialiste  ferait  dispa¬ 
raître  sous  un  nivellement  brutal  et  despotique; 

Gomme  représentant  de  notre  viticulture,  dont  les  intérêts  n’ont  cessé  d’occuper  lapins 
grande  partie  de  mon  temps  et  de  mou  activité  depuis  que  je  suis  votre  Député,  et  qui 
seraient  singulièrement  défendus  entre  les  mains  de  mon  concurrent,  marchand  de  bière 
à  Bordeaux,  étranger  h  notre  pays  ; 

Enfin,  comme  appui  et  protecteur  de  tous  ceux  qui,  sans  distinctions  de  rang  et  de 
situation,  ont  quotidiennement  besoin  de  mon  concours. 

Et  je  vous  invite  à  vous  grouper  avec  moi  autour  de  notre  glorieux  drapeau  tricolore,  que 
nous  opposerons  à  l’odieuse  loque,  emblème  de  toutes  les  guerres  fratricides  entre  citoyens, 
et  qui  n’est  rouge  que  parce  qu’elle  a  été  traînée  dans  le  sang  du  peuple. 

Vive  la  France!  Vive  la  République î 

Comte  du  PÉRI  ER  de  LARSÂN,  Député  sortant. 


. 


345 


N*  1162 


1™  circonscription  de  LIBOURNE 
M.  Joseph  BRISSÛN,  dont  Sélection  avait  été  annulée,  a  été  réélu* 

Voy.  Élections  partielles* 


2°  circonscription  de  LIBOURNE 
M,  Guillaume  CHÀSTENET 
Élu  au  l*f  tour  de  scrutin,  —  8*420  voix* 


Mes  chers  Concitoyens, 

Après  m'avoir  deux  fois  investi  de  votre  confiance  et  avant  de  m’en  renouveler  le 
précieux  témoignage,  il  vous  appartient  de  juger  plus  encore  mes  actes  que  mes 
paroles. 

Mon  programme,  auquel  je  me  suis  scrupuleusement  conformé,  est  au  surplus  toujours 
le  môme. 

Je  n'ai  rien  à  retrancher  à  ce  que  je  disais  il  y  a  quatre  ans,  si  ce  n'est  ce  qui  a  trait  à 
certaines  réformes  réalisées  depuis,  comme  celle  de  l’impôt  des  boissons;  rien  à  y  ajouter 
—  si  ce  n'est  la  nécessité  peut-être  plus  pressante  encore  de  défendre  la  République, 
c’est-à-dire  l'ordre,  la  liberté  et  le  progrès,  contre  ces  deux  périls  engendrés  l’un  de 
l'autre  et  sans  cesse  renaissants  pour  la  menacer  tour  à  tour  :  le  césarisme  et  la 
démagogie* 

Maintenir  la  Constitution  en  s’efforçant  d'en  améliorer  le  fonctionnement; 

Assurer  la  stabilité  des  pouvoirs,  sans  laquelle  il  ne  saurait  y  avoir  d’action  progres¬ 
siste  efficace  ; 

Réagir  contre  les  excès  d’une  centralisation  excessive; 

Favoriser  tous  les  développements  de  l’activité  nationale  et  surtout  notre  production 
agricole,  en  éclosant  avec  prudence  les  mouvements  économiques  trop  brusques,  tout  en 
cherchant  des  débouchés  à  l'extérieur; 

Améliorer  le  sort  de  la  classe  ouvrière  par  le  développement  des  institutions  de  pré¬ 
voyance,  de  mutualité  et  de  solidarité  sociale  ; 

Se  montrer  intransigeant  sur  les  principes  d'économie  stricte,  nécessaires  à  alléger 
les  charges  trop  lourdes  que  notre  budget  fait  peser  sur  la  production  agricole. 

Tels  étaient  les  principaux  articles  de  ma  déclaration.  Il  n’est  pas  un  de  mes  votes  qui 
ne  s'en  soit  inspiré* 

Par  différentes  propositions,  dont  quelques-unes  sont  devenues  textes  de  lois,  par  des 
rapports  et  des  interventions  à  la  tribune,  vous  savez  les  efforts  que  j'ai  faits  dans  le  sens 
de  l'amélioration  de  notre  législation  administrative,  civile  et  commerciale ,  de  la  simplifi¬ 
cation  des  procédures  et  de  la  diminution  des  frais  qu’elles  entraînent.  Je  n’ai  jamais 
cessé  de  lutter  pour  garantir,  soit  nos  intérêts  régionaux,  soit  les  grands  intérêts  de  la 
nation , 

Préoccupé  de  lapdéfense  des  contribuables,  je  me  suis  associé  à  toutes  les  tentatives 

M 


—  346  — 

qui  tendent  à  sacrifier  Finitiàiive  des  députés  en  matière  budgétaire,  au  souci  supérieur 
de  nos  finances  publiques,  il  faudra  y  revenir  à  la  prochaine  législature* 

Nous  aurons  aussi  à  organiser  le  service  militaire  de  deux  ans.  J’en  ai  voté  le  principe, 
les  hommes  les  plus  compétents  ayant  déclaré  qu’à  la  condition  de  renforcer  ses  cadres, 
notre  armée  n’en  serait  point  affaiblie. 

Mon  ambition  s’est  toujours  portée  plus  volontiers  vers  l’étude  des  questions  positives 
et  pratiques,  qui  peuvent  rapprocher  toutes  les  bonnes  volontés,  que  vers  les  luttes  vaines 
et  stériles  de  la  politique  passionnelle. 

Je  suis  de  ceux  qui  se  sont  efforcés  d’offrir  la  base  la  plus  large  à  l’action  républicaine 
par  une  politique  conciliante,  ouverte  à  tous  les  concours  et  à  tous  les  ralliements  sincères, 
mais,  par  cela  même  qu’une  telle  générosité  ne  va  pas  sans  quelques  dangers,  elle  nous 
crée  plus  impérieusement  le  devoir  de  nous  grouper  autour  de  nos  institutions  lorsqu’elles 
sont  attaquées. 

Nous  devons  relever  plus  âprement  encore  les  insolents  défis  d’un  parti  sans  nom, 
surtout  funeste  aux  vrais  intérêts  nationaux,  dont  le  syndicat  misérable,  après  avoir 
échoué  dans  les  coups  de  force,  fait  appel  au  mensonge,  à  la  ruse  et  au  déguisement  et, 
mettant  en  œuvre  le  produit  de  ses  quêtes,  se  flatte  que  pour  avoir  la  France  il  la  faille 
acheter, 

La  France,  dédaigneuse  et  souveraine,  regardera  passer  cette  mascarade,  puis 
reprendra,  dans  la  paix,  l’ordre  et  le  travail,  sa  marche  nécessaire  vers  le  progrès 
démocratique. 

Vivo  la  République! 

Guillaume  CHASTENET,  Député  sortant. 


APPEL  DU  CONGRES  RÉPUBLICAIN, 


Chers  Concitoyens, 

À  l’unanimité  des  trois  ceoî  cinquante  délégués  présents,  le  Congrès  républicain,  nota¬ 
blement  agrandi,  cette  année,  et  composé  des  conseillers  généraux,  d’arrondissement,  des 
maires,  adjoints  et  conseillers  municipaux  de  toutes  les  communes  de  la  circonscription, 
a  désigné,  pour  la  troisième  fois,  M.  Chastenet,  député  sortant,  comme  candidat  du  parti 
républicain  aux  élections  législative^  du  27  avril. 

La  tâche  du  Congrès  était  facile,  et  son  devoir,  pour  ainsi  dire,  tout  tracé. 

Par  sa  fidélité  aux  principes  et  aux  idées  que  nous  défendons;  par  sa  haute  compé¬ 
tence  dans  ]es  affaires  3t  ses  ajJtitudes  en  matière  économique  et  financière;  par  son  amour 
dti  travail  et  son  dévouement  à  la  démocratie  rurale,  M.  Chastenet  a  déjà  rendu  à  notre 
région  d’importants  services  et  acquis  ainsi  des  droits  à  notre  reconnaissance. 

Nous  Pavons  vu  à  l’œuvre  depuis  1897.  Son  passé  nous  répond  de  son  avenir. 

Notre  vaillant  député  sortant  a  surtout  marqué  sa  place  à  la  Chambre  en  prenant  une 
part  active  à  la  discussion  du  budget  et  à  l’élaboration  d’un  certain  nombre  de  lois  intéres¬ 
sant  l’agriculture,  Y  amélioration  du  sort  de  l’ouvrier  et  les  finances  de  l’État. 

M.  Chastenet  est  un  travailleur  infatigable.  Ses  adversaires  eux-mêmes  sout  obligés  de 
le  reconnaître.  C’est,  en  outre,  un  ferme  républicain  que  nous  trouvons  toujours  prêt  a 
lutter  contre  les  entreprises  de  la  réaction  cléricale. 

Aussi,  comme  il  est  visé  par  toutes  les  forces  de  la  coalition  réactionnaire  1  Et  comme 
il  est  bien  l'homme  quelle  veut  abattre  et  arracher  au  Parlement  I 

Pour  arriver  à  ce  but,  pour  essayer  de  vous  tromper,  tous  les  moyens,  même  les  plus 
déloyaux,  sont  mis  en  œuvre. 

Mensonges,  calomnies,  outrages,  ce  salaire  habituel  des  dévouements,  sont  répandus  à 
flots  contre  M.  Chastenet. 


N°  H  62 


—  347  — 

Si  c’cst  un  honneur  pour  lui  d’être  ainsi  le  point  de  mire  de  l'ennemi,  il  vous. appar¬ 
tient  de  venger  votre  député  des  attaques  passionnées  dont  il  est  l’objet. 

Électeurs! 

L’heure  présente  est  décisive!  Tous  les  vieux  partis,  unis  dans  un  suprême  effort, 
seutent  qu’ils  vont  livrer  leur  dernière  bataille. 

Après  le  16  Mai,  après  le  Boulangisme,  vous  avez  à  repousser  un  troisième,  et  peut- 
être  le  plus  dangereux  assaut,  contre  l’État  laïque,  la  société  moderne  et  les  conquêtes  de 
la  Révolution. 

Si  les  assaillants  changent  aujourd’hui  de  nom,  vous  avez  encore  devant  vous  les 
mêmes  adversaires.  Hier  boulangistes,  aujourd’hui  nationalistes,  toujours  réactionnaires. 

Défiez-vous  de  ces  hommes  qui  poussent  la  perfidie  jusqu’à  prendre  un  titre  qu'ils 
n’ont  pas  le  droit  de  porter  :  celui  de  républicain,  et  qui  ne  cherchent  à  entrer  dans  la 
République  que  pour  la  détruire. 

Vous  saurez  déjouer  leurs  intrigues  et  démasquer  toutes  leurs  hypocrisies. 

Soulevez  le  masque  républicain  dont  ils  se  couvrent  pour  vous  tromper  et,  derrière  le 
nationalisme,  vous  reconnaîtrez  les  cléricaux,  royalistes,  bonapartistes  :  tous  les  ennemis 
de  la  République. 

Ni  la  corruption  effrontée,  ni  le  spectacle  répugnant  de  certaines  consciences  vendues 
n’ébranlera  votre  fermeté  et  ne  troublera  votre  clairvoyance  habituelle. 

A  la  coalition  des  forces  du  passé,  vous  opposerez  l’union  indissoluble  et  invincible  de 
toutes  les  forces  de  la  démocratie  républicaine  vivante  et  agissante. 

Électeurs  républicains! 

Depuis  cinq  ans,  votre  représentant  fait  son  devoir.  A  vous  de  faire  le  vôtre. 

Allez  au  scrutin  avec  confiance,  avec  discipline.  La  victoire  est  certaine. 

Votez  tous  pour  le  candidat  du  Congrès,  M.  Guillaume  Chasteqet,  péputé  sortant, 
et  la  journée  du  27  avril  comptera  dans  notre  circonscription  parmi  les  grandes  dates 
républicaines. 

Vive  la  République  ! 

(Suivent  les  signatures.) 


Circonscription  de  I|A  RÉOLE 
MJ  CHA1GNE 

Elu  au  2°  tour  de  scrutin.  —  6.606  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Désigné  par  le  Comité  de  défense  et  d’action  républicaines  de  l’arrondissement  de 
La  Réole  et  parle  Comité  républicain  de  cette  ville,  comme  candidat  aux  élections  législatives 
(lu  27  avril,  j’ai  l’honneur  de  solliciter  vos  libres  suffrages. 

Né  et  élevé  au  milieu  de  vous,  j’ai  appris  à  connaître  vos  besoins  par  la  connaissance 
de  mes  besoins  propres. 


—  348  — 


Élu  conseiller  de  la  Société  des  Viticulteurs  de  France  pour  la  région  du  Sud-Ouest, 
j’ai  étudié  les  questions  qui  intéressent  plus  particulièrement  nos  régions  agricoles  et 
viticoles*  J’ai  présenté  plusieurs  rapports  sur  ces  questions  devant  l’assemblée  générale  de 
mes  collègues  et  dans  les  congrès  de  viticulture. 

Instruit  à  l'école  des  républicains  aimés  de  notre  pays,  fiiffaud,  Gélineau,  Pubcreau, 
pour  ne  parler  que  des  morts,  j’ai,  dans  Tavenir  de  la  démocratie,  une  foi  ardente, 
passionnée*  Je  crois  fermement  que  nous  trouverons,  dans  son  organisation  rationnelle, 
la  solution  des  problèmes  qui  se  posent  a  nos  sociétés  contemporaines* 

A  cette  démocratie,  nous  assignerons  pour  fins  la  liberté,  Tordre,  Inspiration 
au  progrès,  Famour  de  la  patrie,  J  a  solidarité,  et,  pour  couronnement,  la  justice* 

La  liberté  démocratique  nous  donnera  la  liberté  de  conscience  et,  comme  conséquence, 
la  liberté  politique  qui  comporte,  avec  des  formes  judiciaires  régulières,  la  liberté  de  la 
parole  et  de  la  presse,  la  liberté  d'association  sous  la  réserve  de  la  mainmorte  et  de  la 
sécurité  de  TÉtat,  la  liberté,des  cultes,  en  affirmant  la  prééminence  du  pouvoir  civil  sur 
l’oligarchie  ecclésiastique. 

Dans  Tordre  démocratique  nous  trouverons,  par  le  respect  d'une  légalité  en  perpétuelle 
évolution,  la  suppression  définitive  de  toute  action  révolutionnaire* 

L'aspiration  au  progrès  démocratique  nous  fera  rechercher  un  idéal  de  plus  en  plus 
haut  d'émancipation  de  Tindividu,  dans  Tordre  moral  et  intellectuel,  comme  dans  Tordre 
politique  et  économique. 

L’amour  de  la  patrie,  de  son  intégrité  territoriale,  nous  attachera  à  avoir  une  armée 
de  plus  en  plus  solide,  et  tenue,  de  plus  en  plus,  en  dehors  des  luttes  de  la  politique  et  des 
disputes  des  partis. 

A  la  solidarité  et  à  la  justice,  nous  demanderons,  enfin,  une  société  chaque  jour 
plus  fraternelle  où  le  bonheur  11e  sera  complet  pour  les  uns  que  s  il  est,  à  la  fois,  la 
résultante  et  la  cause  du  bonheur  des  autres  ;  et,  ainsi,  s'évanouira  d’elle-mème  Tutopie 
collectiviste. 

En  appliquant  ces  principes  à  Timpôx,  nous  ne  demanderons  rien  au  nécessaire,  noua 
demanderons  peu  à  Tutile,  et  la  plus  grande  part  au  superflu. 

C'est  ainsi  que  nous  serons  amenés  à  examiner  si  nous  ne  devrons  pas  chercher  dans 
les  consommations  de  luxe,  monopolisées  par  TÉtat,  comme  le  tabac  et  l’alcool,  une 
véritable  contribution  volontaire*  Par  le  monopole  du  tabac,  TÉtat  touche  300  millions  par 
an  ;  il  toucherait  plus  d'un  milliard  grâce  au  monopole  de  Talcool.  Ce  dernier  monopole, 
conjurant  le  grave  danger  que  l'alcoolisme  fait  courir  à  notre  race,  assurerait  la  vente, 
aujourd’hui  compromise,  de  nos  récoltes  de  vin. 

Sous  le  bénéfice  des  mêmes  principes,  nous  devrons  rechercher  les  économies  à  faire 
dans  toutes  les  administrations,  diminuer  le  nombre  des  fonctionnaires  sans  désorganiser 
les  services  publics,  alléger  les  charges  qui  pèsent  si  lourdement  sur  les  classes  rurales 
par  la  remise  du  principal  de  l'impôt  fonder  aux  communes. 

Nous  devrons  permettre  a  toutes  les  intelligences  l'accession  à  Instruction  intégrale 
en  faisant  accorder  les  bourses  au  mérite  et  en  ne  lesrépartissant  pas  sur  recommandations 
et  par  faveur. 

Noos  devrons  réduire  à  2  ans  la  durée  du  service  militaire  après  avoir  pris  les 
mesures  qui  permettront  de  ne  pas  compromettre  la  solidité  de  notre  armée  nationale. 

Nous  devrons  développer  les  institutions  de  prévoyance  et  de  mutualité,  créer,  par  le 
concours  des  libres  initiatives  et  de  TÉtat,  des  caisses  de  retraite  pour  les  invalides  du 
travail  industriel  et  agricole,  organiser,  d'une  manière  plus  complète,  l’assistance  de  ceux 
qui  naissent  à  la  vie  et  de  ceux  qui  vont  la  quitter* 

Nous  devrons  diminuer  les  frais  de  justice,  simplifier  la  procédure,  étendre  la  compé¬ 
tence  des  juges  de  paix* 

Nous  devrons  encore  encourager  l’agriculture,  l’éclairer,  la  défendre  par  l'organisation 
du  Crédit  agricole,  par  la  création  de  chambres  consultatives  d’agriculture  et  par  la 
suppression  du  vagabondage,  cette  plaie  de  nos  campagnes, 


N°  1162 


—  349  — 

Plus  particulièrement,  nous  aurons  à  faire  adjoindre  à  notre  école  d’agriculture,  une 
école  pratique  de  viticulture  et  d’œnologie,  en  attendant  la  création  d’une  école  nationale 
s’occupant  des  mêmes  objets.  Notre  région  serait  ainsi  dotée  d’établissements  de  haut 
enseignement  uniques  en  Europe  et  susceptibles  d’augmenter,  plus  que  toutes  les  mesures 
déjà  prises,  la  renommée  et  l’écoulement  de  nos  vins.  Je  n’insiste  pas  sur  les  bénéfices 
que  retireraient  de  cette  création  la  ville  de  La  Réole  et  l’arrondissement  tout  entier. 

11  y  aura  lieu  d’examiner  aussi,  au  point  de  vue  de  l’accroissement  des  dépenses,  s  il 
ne  serait  pas  nécessaire  de  ne  discuter  les  projets  émanant  de  1  initiative  parlementaire  et 
engageant  les  finances  qu’à  la  condition  expresse  que  ces  mêmes  projets  fussent  basés  sur 
des  ressources  libres. 

Je  prends  enfin  l’engagement  formel  de  venir,  chaque  année,  rendre  compte  de 
mon  mandat. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Mon  énumération  est  certainement  incomplète  ;  mais  à  chaque  jour  suffit  sa  peine, 
et  nous  pouvons  être  assurés  de  réaliser  les  aspirations  de  la  démocratie  si  nous  savons 
établir  dans  notre  pays,  qui  le  désire  ardemment,  un  régime  de  liberté,  de  solidarité  et  de 
justice. 

Vive  la  République  démocratique  ! 

G.  CHA1GNE, 

Procureur  de  la  République, 

Officier  de  l’Instruction  publique, 

Chevalier  du  Mérite  agricole, 

Conseiller  élu  de  la  Société  des  Viticulteurs  de  France 
pour  la  région  du  Sud-Ouest. 


HÉRAULT 


13C  circonscription  de  BÉZIERS 
M.  LAFFERRE 

Elu  au  tour  de  scrutin,  —  11.727  voix. 


Citoyens, 

Vous  m’avez  fait  l'honneur,  il  y  a  quatre  ans,  de  me  nommer  votre  représentant  à  la 
Chambre  des  Députés,  Je  vous  domaode  de  dire  si  j’ai  conservé  votre  confiance. 

Vous  connaissez  mon  programme,  c’est  celui  de  la  République  démocratique  et  sociale  ; 
celui  adopté  par  les  Délégués  des  communes  au  Congrès  du  9  mars  et  que  je  reproduis  plus 
loin. 

Nous  en  avions  déjà  arrêté  ensemble  tous  les  articles,  lorsqu’on  1898  je  me  suis  lié  à 
vous  par  un  mandat  impératif  qui  demeure  toujours  intact* 

Des  adversaires  qui  n*ont  pas  le  courage  d’avouer  la  politique  qu'ils  servent  essayent 
de  vours  persuader  que  je  n’ai  défendu  ni  vos  intérêts  locaux  ni  vos  intérêts  économiques. 

Vos  intérêts  locaux?  Demandez  à  vos  élus,  à  vos  municipalités,  si  j’ai  jamais  failli  à  mes 
promesses,  soit  qu’il  s’agit  d’un  chemin  de  fer  d’intérêt  général,  dont  la  déclaration  d'uti¬ 
lité  publique  vient  d'être  votée  par  les  deux  Chambres,  aux  prix  d'efforts  prolongés,  soit 
qu3ü  s’agit  d’autres  questions  multiples,  h  l’heureuse  solution  desquelles  j’ai  consacré  tout 
mon  dévouement. 

Vos  intérêts  économiques?  Je  voudrais  bien  savoir  quelle  est  celle  des  questions  vitales 
intéressant  la  viticulture  et  le  commerce  des  boissons  sur  lesquelles  je  n’ai  pas  donné  mon 
opinion  consciencieuse  et  éclairée,  soit  dans  vingt  articles  de  journaux,  soit  dans  les  nom¬ 
breux  discours  que  j’ai  prononcés  au  cours  d’une  première  législature. 

Est-ce  que  je  n’ai  pas  défendu  vos  intérêts  économiques,  qui  sont  les  miens,  lorsque 
j’ai  demandé  à  la  tribune  lé  relèvement  des  tarifs  de  douane  sur  les  vins,  lorsque  j’ai  pris 
part  a  la  discussion  de  la  réforme  des  boissons,  lorsque  j’ai  amorcé,  au  cours  d’une  inter¬ 
pellation,  la  discussion  delà  loi  sur  les  mistelles  et  lorsque,  dans  la  discussion  du  budget, 
j’ai  réclamé  le  vote  des  projets  de  loi  destinés  à  améliorer  l'organisation  du  Crédit 
agricole  ? 

Au  surplus,  vous  savez  ce  qui  se  cache  derrière  les  mauvaises  querelles  que  l’on  me 
cherche. 

Des  ambitions  prématurées  et  des  ambitions  déçues  se  coalisent  contre  le  Député  sor- 
tant5  escomptant  les  voix  de  la  réaction,  toujours  prête  à  voter  pour  quiconque  se  déclarera 
hostile  à  un  ministère  qui,  s’il  a  fait  voter  la  loi  sur  les  boissons,  a  fait  voter  aussi  et  appli¬ 
quer  avec  rigueur  la  loi  sur  les  associations. 

La  crise  viticole  n’est  pour  eux  qu’un  prétexte.  Tous  les  viticulteurs  savent  que  je  puis 
opposer  à  toutes  leurs  critiques  des  actes  et  des  faits,  et  que  l’outrecuidance  de  tous  les 
sauveurs  de  la  viticulture  n’a  d’égale  que  l'indigence  de  leurs  idées  économiques. 


N°  1162 


-  361  - 

Où  est  leur  talisman  viticole?  Quels  remèdes  proposent-ils  que  nous  n’ayons  déjà  pro¬ 
posés  ou  fait  aboutir  ?  Quelle  garantie  vous  donnent-ils  de  leur  aptitude  ù  faire  mieux  que 
nous? 


Citoyens, 

Républicains  radicaux-socialistes  et  socialistes,  j’ai  défendu  YOtrc  programme  commun 
et  soutenu  très  haut  votre  idéal. 

Viticulteurs,  j’ai  défendu  sans  prétention,  mais  avec  fermeté,  nos  communs  intérêts. 

Fonctionnaires  de  tout  ordre,  j’ai  défendu  vos  droits  et  fait  respecter  votre  dignité. 

Instituteurs,  modestes  serviteurs  de  l’État,  cantonniers,  douaniers,  auprès  desquels  on 
essayeen  vain  de  me  calomnier,  vous  à  qui  la  République  mesure  encore  trop  parcimonieu¬ 
sement  le  pain  de  vos  familles,  vous  savez  que  l’on  ment  quand  on  prétend  que  mon  vote  a 
pu  faire  défaut  à  la  défense  de  vos  intérêts. 

Employés  des  chemins  de  fer,  vous  savez  qu’adversaire  des  états-majors  des  grandes 
Compagnies,  j’ai  L toujours  été  avec  vous  dans  l’action  syndicale  et  dans  la  lutte  parle- 
mentaire. 

Travailleurs  manuels  et  intellectuels,  vous  ferez  tomber  tous  les  masques  et  vous  écar¬ 
terez  toutes  les  perfidies. 

Vive  la  République  démocratique  et  sociale! 

Louis  LAFFERRE,  Député  sortant* 


Programme  du  Congrès  du  9  mars,  accepté  par  le  Citoyen  Lafferre. 

Programme  politique. 

Révision  de  la  Constitution  dans  le  sens  le  plus  démocratique  ; 

Suppression  du  Sénat; 

Dénonciation  du  Concordat;  Suppression  du  budget  des  cultes; 

Complément  de  la  loi  sur  les  associations  ;  suppression  de  toutes  les  congrégations 
comme  contraires  au  droit  naturel,  avec  retour  à  la  Nation  des  biens  de  main  morte,  qui 
devront  être  consacrées  à  des  œuvres  d’assistance  sociale; 

Abrogation  de  la  loi  Falloux; 

Impôt  progressif  sur  le  revenu  et  révision  de  la  législation  fiscale  ; 

Suppression  de  l’héritage  en  ligne  collatérale,  sauf  volonté  formelle  du  testateur; 
Création  des  retraites  ouvrières  ; 

Réduction  du  service  militaire  à  deux  ans; 

Décentralisation  administrative  ;  extension  des  pouvoirs  communaux  ; 

Réduction  des  gros  traitements;  suppression  des  sinécures; 

Limitation  du  rôle  de  l’armée  à  la  défense  du  sol  national  ; 

Suppression  des  conseils  de  guerre  en  temps  de  paix  et  réforme  du  Code  de  justice 
militaire; 

Maintien  de  la  validité  des  projets  de  loi  d’une  législature  à  l’autre; 

Rétablissement  du  scrutin  de  liste  ; 

Abolition  de  la  peine  de  mort  ; 

Suppression  de  toutes  les  peines  corporelles  revêtant  un  caractère  barbare  et  infamant 
employées  aux  compagnies  de  discipline  et  surveillance  incessante  de  celles-ci  par  l’autorité 
militaire; 

Réduction  des  frais  de  justice  ; 

Suppression  du  privilège  des  avocats; 

Réforme  démocratique  du  jury; 


332  — 


Attribution  aux  communes  du  monopole  des  pompes  funèbres  ; 

Révision  de  la  loi  sur  les  réhabilitations  ; 

Suppression  des  lois  scélérates. 

Programme  économique * 

Unification  et  réduction  des  tarifs  de  transport; 

Attribution  à  l'Étal  du  monopole  de  Falcool  ; 

Abolition  des  droits  encore  existants  sur  les  boissons  hygiéniques; 

Suppression  de  la  Régie  ; 

Développement  du  crédit  agricole,  à  Raide  des  subventions  de  l’Etat; 

Développement  des  syndicats  ou  des  sociétés  coopératives  de  production; 

Abolition  des  primes  de  l'industrie  sucrière,  en  attendant  R  attribution  du  monopole  à 
l’État  ; 

Interdiction  pour  les  congrégations  de  se  livrer  à  des  opérations  industrielles  ou  com~ 
merciales  ; 

Réforme  du  Code  civil  et  commercial  ; 

Nationalisation  de  la  Banque  de  France,  des  mines,  chemins  de  fer,  pétroles  et 
sucres  ; 

Journée  de  huit  heures; 

Extension  de  la  prudJhoraie  à  tous  les  salariés  et  repos  hebdomadaire  obligatoire  ; 
Suppression  des  bureaux  de  placement  payants  et  leur  remplacement  par  des  bureaux 
gratuits  gérés  par  les  syndicats  à  titre  de  service  public; 

Gérance  absolue  des  Caisses  d’épargne  par  les  conseils  des  directeurs; 

Exécution  la  plus  rapide  possible  du  canal  des  Deux-Mers 


2°  circonscription  de  BÉZIERS 
M.  AUGÉ 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  11 .171  voix. 


Citoyens, 

Par  deux  fois  en  moins  de  six  ans,  vous  m’avez  fait  l’honneur  de  me  désigner,  par  plus 
de  onze  mille  suffrages,  pour  votre  représentant  à  la  Chambre  des  Députés. 

J’ai  la  conscience  d’avoir  fidèlement  rempli  mon  mandat. 

Mes  engagements  politiques,  je  les  ai  tenus. 

Point  de  réaction,  avais-je  dit  ;  point  de  collectivisme,  mais  défense  de  la  République 
et  progrès  incessant. 

Telle  était  ma  devise.  J’y  ai  conformé  ma  conduite  de  tous  les  jours,  à  côté  de  mes  amiB 
Bourgeois  et  Brisson,  nos  chefs  de  groupe. 

J’affirme,  sans  crainte  d’être  démenti,  que  j’ai  utilement  défendu  les- intérêts  écono¬ 
miques  de  notre  belle  circonscription. 

Rachat  des  canaux  du  midi  ;  loi  des  octrois  ;  tarifs  de  transports  ;  rapports  commerciaux 
avec  les  pays  étrangers  concurrents  ;  augmentation  des  droits  de  douane  sur  les  vins 
étrangers  ;  suppression  complète  des  droits  d’octroi  sur  les  vins  à  leur  entrée  dans  les 
grandes  villes,  notamment  Paris  et  Lyon,  etc.,  autant  de  choses  pour  lesquelles  j’ai  eu 
Thonneur  de  combattre  à  la  tribune  de  la  Chambre  avec  profit  —  je  puis  le  dire  —  pour 


353  — 


N*  H  62 


notre  Midi,  après  avoir  énergiquement  discuté  dans  les  commissions  dont  fai  été  rapporteur 
pour  les  projets  les  plus  importants,  notamment  pour  l'octroi  de  la  ville  de  Paris. 

Toutes  les  réformes  politiques,  économiques  et  sociales  ont  été  l'objet  de  mes  préoccu¬ 
pations. 

Les  électeurs  de  la  2e  circonscription  de  Béziers  suivent  assez  attentivement  les  débats 
parlementaires  pour  qu’il  soit  nécessaire  d'entrer  ici  dans  d’inutiles  détails. 

Ils  savent  combien  je  désire  assurer  la  protection  des  faibles  et  des  laborieux  par  des 
lois  ouvrières  réglant  l'organisation  du  travail,  par  des  lois  de  prévoyance  et  d’assurance 
permettant  à  tous  les  travailleurs  d’ètre  garantis,  non  plus  seulement  contre  les  accidents, 
mais  aussi  contre  le  chômage,  la  maladie,  la  vieillesse- 

rai  pris  la  part  active  que  personne  n’ignore  à  la  réforme  des  boissons  qui  a  amené 
une  augmentation  considérable  de  la  consommation  du  vin:  elle  se  chiffre,  cette  année,  par 
neuf  millions  d’hectolitres. 

J’ai  pu ?  par  deux  fois,  faire  voter  par  la  Chambre  le  vin  aux  soldats.  Cette  réforme, 
battue  en  brèche  par  le  Sénat,  a  été  définitivement  abandonnée  par  la  Chambre.  Malgré 
mon  intervention  réitérée,  elle  a  repoussé  également  les  propositions  formulées  en  faveur 
de  nas  produits.  J’ai  voté  alors  contre  l’ensemble  de  la  loi  des  finances  présentée  par  le 
ministre,  apportant  ainsi  devant  le  Parlement  la  protestation  suprême  et  indignée  du  Midi 
viticole. 

Lorsque  la  crise  économique  s’est  déclarée,  fai  apporté  mon  concours  a  toutes  les 
propositions  capables  de  l’atténuer  et  j’ai  présenté  le  seul  système  qui,  de  l’avis  des  gens 
compétents  et  sans  parti  pris,  pourrait  encore  rendre  au  Midi  sa  prospérité  perdue. 

Les  associations  agricoles  de  l’Hérault  ayant  cru  au  dernier  moment  devoir  abandonner 
mon  projet  pour  se  rallier  à  ïa  taxe  différentielle  des  alcools,  j’ai  subi  cette  décision  pour  ne 
pas  émietter  les  forces  d’ailleurs  insuffisantes  appelées  à  défendre  cette  proposition. 

Rejetée  par  la  Chambre,  j’ai  voulu  ouvrir  une  discussion  nouvelle  et  livrer  un  suprême 
combat  que  j’ai  du  d’ailleurs  abandonner,  ne  cédant  qu’a  la  force. 

Une  seule  industrie  vit  encore  dans  le  canton  nord  de  notre  circonscription,  c’est  celle 
des  draps  de  troupe  qui  occupe  de  nombreux  ouvriers.  J’ai  tour  à  tour,  h  la  tribune  et  par 
des  démarches  successives,  défendu  cette  industrie  menacée. 

Ma  sollicitude  est  restée  vigilante  dans  L’intérêt  de  nos  mineurs  et  j’ai  voté  pour  eux 
toutes  les  lois  favorisant  leur  sort. 

Défenseur  de  la  propriété  individuelle,  je  désire  rendre  accessible  à  tous  la  petite 
propriété  et,  en  premier  lieu,  diminuer  les  droits  de  transmission  et  tes  frais  de  justice. 

Je  le  dis  bien  haut  avec  le  vénéré  Brisson,  l’avenir  de  la  démocratie  c’est  la  diffusion, 
ce  n’est  pas  l’anéantissement  de  la  propriété. 

En  un  mot,  mes  chers  Concitoyens,  vous  m’avez  vu  a  l’œuvre.  II  vous  est  facile  de  me 
juger  sans  hésitation  comme  sans  parti  pris. 

Mon  programme  d’hier  reste  mon  programme  de  demain,  mais,  comme  h  chaque  jour 
suffit  sa  peine,  c’est  dans  cet  esprit  que  je  vous  présente  le  programme  minimum  suivant, 
qui  est  celui  du  Comité  central  d’union  radicale-socialiste  dont  j’ai  l’honneur  d’être  membre. 

Réformés  politiques , 

Décentralisation  administrative  et  extension  des  pouvoirs  municipaux;  extension  des 
concours  et  des  bourses  pour  renseignement  secondaire  et  supérieur;  séparation  des  Eglises 
et  de  l’État;  application  stricte  de  la  loi  sur  les  associations  ;  abrogation  de  la  loi  Falloux ; 
réforme  du  code  militaire  ;  suppression  des  conseils  de  guerre  en  temps  de  paix  ;  règlement 
paï  l’arbitrage  des  conflits  qui  pourraient  se  produire  entre  la  France  et  les  autres  pays; 
réduction  du  service  militaire  a  deux  ans  ;  suppression  des  treize  jours  ;  révision  de  la 
Constitution  pour  assurer  la  prépondérance  du  suffrage  universel  et  la  réalisation  des 
réformes  démocratiques. 

h  5 


—  334  — 


Réformes  économiques. 

"iS&irc  î»  «  œî 

S9$rSS:HEîSîSS^ 

diverses  parties  dis  département» 

Réformes  sociales- 

Développement  des  syndicats  et  de  toutes  les  œuvres  d’association,  de  mutualité  et  de 
solidarité.  Journée  de  huit  heures  ®i  repos  h, bdomad aire  obligatoire;  rachats  des  chemins 
de  ter  ;  retraites  pour  les  travailleurs  des  villes  et  des  campagnes. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Je  suis  mal  à  l’aise  pour  établir  la  longue  nomenclature  de  mes  travaux  quotidiens  au 
Parlement  J’ai  essayé  de  l’indiquer  plus  haut  ;  j’ajoute  que  j’ai  vote  toutes  les  lois  no 
acheminant,  sans  secousses,  vers  l’idéal  qui  doit  assurer  le  bien-être  ces  ^vadleurs^ 

T0uS  les  électeurs  de  la  circonscription  m’ont  suivi  avec  assez  d  attention  poui  me 
juger-  mes  adversaires  avec  le  parti  pris  de  critique,  mes  partisans  avec  le  droit  de  contrôle 
sur  leur  élu.  Jusqu’au  jour  de  la  lutte,  les  plus  exigeants  ont  été  contraints  de  s  incliner 
devant  les  ello’s  tenta,  et  l’œuvre  .ocoœplic  Seules,  lee  passions  entre,., lé.»  peuvent 
aujourd’hui  susciter  des  contradicteurs.  Je  les  attends.  Le  jugement 
gens  me  suffit.  J’ose  dire  avec  fierté  que  j’ai  pour  moi  ma  conscience  de  répub heam, 
philanthrope  et  de  défenseur  passionné  et  convaincu  de  la  viticulture  méridionale, 

11  ne  faut  pas  que  l’élection  du  27  avril  soit  une  élection  de  combat  entre  républicains. 
Que  ceux  qui  ne  trouvent  pas  nos  divisions  assez  dangereuses  pour  la  République  réflé¬ 
chirent  mieux  à  la  responsabilité  effrayante  qu’lis  encourent. 

Qu’ils  entendent  le  cri  d’alarme  et  l’appel  à  l’union  poussé  tous  les  jours  par  lesdoyens 
de  la  démocratie.  Cette  union  s’impose  si  nous  voulons  conserver  nos  conquêtes,  si  nous 

voulons  les  augmenter.  ...  ,.  ,  , 

Aujourd’hui  que  des  irréductibles  ennemis  de  la  Révolution  française  et  de 

République  n’osent  plus  affronter  la  lutte  que  le  visage  couvert  du.masque  républicain  le 
manque  de  cohésion  serait  un  crime  et  une  désertion  s’attachant  comme  une  flétrissure  au 
front  de  ceux  qui  ne  sauraient  pas  soutenir  ceux  qui  ont  tout  sacrifié  a  la  defense  de  la 

République  eu  péril.  .  ,  *  . 

Deux  fois  élu,  l’avais  pris  des  engagements  solennels  devant  le  corps  électoral.  Je 

ai  tltus,  Si  vous  mTaccordez  votre  confiance,  je  ne  cesserai  d’y  répondre  en  vous  donnan 
encore  et  toujours  ce  qui  me  reste  de  force  et  de  dévouement  pour  défendre  en  meme  temps 
le  drapeau  de  la  République  avancée  et  celui  tle  la  viticulture  méridionale,  qui  sont  tous 
deux  plus  qua  jamais  menacés. 

Vive  la  République  1 

Justin  AUGÉ, 

Viticulteur,  Député  sortant, 

Candidat  de  l’Union  radicale  et  radicale-socialiste 


—  385  — 


N°  1162 


Circonscription  de  LODEVE 

M.  Paul  VIGNE 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  7.218  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Nous  voici  à  la  veille  de  la  grande  bataille.  L’enthousiasme  qui  précède  les  belles 

victoires  asûte  l’arrondissement  tout  entier. 

Une  joie  profonde,  la  joie  des  réconciliations  éclatantes  amme  et  souleY^ous  1 
cœurs  républicains.  Et  il  a  suffi  pour  cela  que  la  reaction  relevât  la  tete  et  fit_ 
monter  à  l’assaut  do  la  République,  derrière  son  chef  héréditaire,  M.  Leroy -Beauh'.  . 

oui!  b.“  «  1Ï7»,  en  1881,  un  1883,  un  1885,  eu  1889,  en  1898,  nul  leenoue 
législatives;  battu  dans  le  canton  de  Louas  et  dans  le  canton  de  Lodève  aux  éjjctw  _ 
Conseil  général  ;  battu  naguère  encore,  dans  la  personne  de  M.  Pierre,  par  les  o  !cp 
co  llet  petite  commune  natale,  Olmèt-.t-Villecun,  qui  ne  voulurent  pas  de  lu.  comme 
conseiller  municipal  ;  battu  comme  bouUngiste,  comme  orléaniste,  comme  monarch  ste, 
comme  prétendu  libéral,  le  voici  aujourd'hui  poussé  par  la  coalition  ûationalisteet  se 
recommandant  à  la  fois  de  Mèline,  l’aiïameur  du  paysan,  de  Derpulède  et  de  Marce 

orotégé  pàr  DrumoiH  et  par  Miïlevoye.  .  , 

Et  cette  fois  encore,  Citoyens,  il  ne  prétend  avoir  qu'une  arme,  a  ca  omme 

Comme  tons  les  candidats  réactionnaires  et  nationalistes,  il  essaye,  lui  cUis&i,d  LXpïoiteL 
une  crise  économique  qu'il  a  contribué  puissamment  à  eiéer,  et  e  metiie  a  pio 
malheurs  passagers  qui  en  sont  le  résultat. 


Viticulteurs  de  la  plaine, 

Vous  n’oublierez  pas  que,  dans  la  lutte  engagée  par  vos  représentants  à  la  Chambre 
pour  trouver  une  solution  à  la  crise,  vous  n’avez  pas  eu  d’ennemis  plus  acharnes  et  p  us 

redoutables  que  les  amis  de  M.  Leroy- Beau  lieu,  ,  .  ,ioc 

C’est  malgré  leurs  efforts  inouïs  que  nous  avons  obtenu  le  vme  de  la  réfc  _ 

boissons,  la  suppression  des  octrois  et  la  réduction  du  droit  de  circulation;  et  c est  maigre 
eux  que  nous  ferons  aboutir  les  légitimes  revendications  de  la  viticulture  que  poursuit  avec 
tant  d’activité  le  comité  du  Vin  de  France,  dont  j’ai  la  satisfaction  d’être  1  un  des  présidents 

d  h°  Nous" les  avons  vus  se  dresser  contre  nous  avec  une  violence  sans  pareille,  quand  nous 
avons  voulu  obtenir  le  vin  aux  soldats,  et  c’est  malgré  leurs  manœuvres  les  plus  déloyales, 
que  nous  avons  obtenu  la  suppression  du  14  0/0  sur  les  mélasses  allant  a  la  distillation, 

La  taxation  différentielle  des  alcools,  qui  eût  été  un  remède  efficace  a  la  crise,  n  a 
pas  trouvé  de  plus  infatigables  adversaires,  et,  c’est  à  eux,  à  eux  seuls,  que  nous  devons 
110lre  échec. 

Vous  n’oublierez  pas  non  plus  qu’après  le  vote  de  la  Chambre,  invitant  le  gouvernement 
à  préparer  te  rachat  des  chemins  de  fer,  ce  qui  eiit  été  le  seul  moyen  d’obtenir  les  réduc¬ 
tions  de  tarifs  de  transport  depuis  si  longtemps  réclamées  par  la  viticulture,  un  homme  s  est 
dressé  pour  essayer  de  détruire  par  une  campagne  de  presse  les  elfe. s  e  ce  \ote  emo 
craîicme-  Et  cet  homme,  c'est  M.  Leroy-Beaulieu. 

Et  à  vous,  ouvriers  de  Lodève*  je  dirai  :  «  Ou  était  et  que  faisait  M.  Leroy-Beaulieu, 


—  356  — ' 

lorsque,  en  1806,  j’obtenais  la  participation  de  vos  usines  aux  adjudications  pour  la  fourni¬ 
ture  des  ministères  des  colonies,  des  finances  et  de  l’agriculture  ;  lorsque,  en  1899,  j’obtins 
leur  participation  dans  les  conditions  les  plus  avantageuses  aux  adjudications  des  postes  et 
télégraphes  ;  lorsque,  quelque  temps  après,  j’obtenais,  après  des  eflbris  inouïs,  la  proroga- 
tîondes  marchés  de  la  guerre,  pour  quatre  ans  ;  lorsque,  enfin,  il  y  a  quelques  semaines  à 
peine,  à  la  tête  d’une  délégation  de  vos  patrons,  je  faisais  toutes  les  démarches  nécessaires 
pour  obtenir,  conformément  à  leur  désir,  que  la  durée  des  marchés  du  mois  d’août  prochain 
soit  fixée  à  six  ans? 

Où  était  et  que  faisait  M.  Leroy-Beaulieu?  Il  était  à  Lodève,  dirigeant  les  troupes 
stipendiées,  les  laquais  de  plume  qu’il  a  cliargès  de  la  plus  infâme  des  campagnes. 

Citoyens, 

A  cette  campagne  de  calomnies  et  d’insultes  grossières,  nous  n’avons  répondu  et  ne 
répondrons  que  par  le  plus  profond  dédain,  ou  plutôt  le  suffrage  universel  répondra,  le 
27  avril,  en  écrasant  une  fois  de  plus  le  candidat  de  toutes  les  réaeiions  et  en  assurant, 
d’une  façon  définitive,  dans  l'arrondissement  de  Lodève  le  triomphe  de  la  République 
démocratique  et  sociale. 

Paul  VI G  NÉ, 

Conseiller  général, 

Député  sortant, 

Candidat  de  PUnîon  radicale  et  socialiste* 


lre  circonscription  de  MONTPELLIER 

M*  MAS 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin*  —  7*982  voix* 


Comité  de  Défense  Républicaine  et  d1  Union  Radicale-Socialiste* 

Mes  chers  Concitoyens, 

Le  Congrès  du  27  mars  dernier  a  été  une  éclatante  manifestation  du  parti  républicain 
de  la  lrti  circonscription  de  Montpellier*  En  me  désignant  comme  candidat  unique,  il  a  voulu 
contre  le  bloc  réactionnaire  affirmer  Tunion  puissante  de  tous  ceux  qui  veulent  la  pensée 
fibre,  la  justice  et  la  paix  sociale* 

le  n'avais  d'autre  titre  à  cette  désignation  que  d’avoir  travaillé,  pendant  dix  ans  de  vie 
politique,  à  atténuer  d’abord,  à  dissiper  ensuite  les  malentendus  qui  séparaient  les  répu¬ 
blicains  au  détriment  de  la  cause  dont  ils  étaient  tous  les  vaillants  défenseurs*  C’est  le 
seul  titre  que  je  prétends  invoquer. 

L’union  est  plus  nécessaire  que  jamais*  Mous  n’avons  plus  en  Lice  de  nous  des  adver¬ 
saires  fiers  d’arborer  le  drapeau  royaliste  et  de  tomber  noblement  avec  lui*  Aujourd’hui,  ils 
prennent  leurs  candidats  parmi  ceux  dont  l’ambition  nTa  pas  trouvé  son  compte  dans  le 
pacte  d’union  et  de  défense  républicaines* 

ils  ont  fait  leurs  conditions  I 

A  celte  politique  de  compromissions,  d’équivoques  et  de  mensonges,  nous  opposons 
une  politique  de  franchise  et  de  loyauté,  celle  de  tous  les  vrais  républicains  :  de  ceux  pour 


—  357  — 


1182 


qui  le  est  à  droite  et  non  à  gauche  ;  pour  qui  aimer  la  liberté  n'est  pas  asservir 
l’État  et  la  pensée  modernes  devant  le  cléricalisme  qui  mène  et  agite  toutes  les  réactions, 
mais  préparer  sans  cesse  le  jour  où  les  Églises  seront  libres  dans  FÉtat  laïque  souverain  ; 
de  ceux  enfin  pour  qui  ia  paix  sociale  n’est  pas  dans  la  compression  ou  l’écrasement  du  pro¬ 
létariat,  mais  dans  l’allégement  des  charges  fiscales  et  sociales  qui  Faccablent  et  dans  son 
affranchissement  intégral  par  le  savoir,  l’union  syndicale  et  la  réalisation  progressive  des 
reformes  légitimes  qu’il  réclame, 

La  crise  viticole  dont  vous  souffrez  encore  si  cruellement  ne  doit  pas  être  seulement 
conjurée  dans  le  présent.  Il  conviendra,  pour  garantir  l'avenir,  de  réaliser  sans  retard  les 
réformes  que  j’énumère  dans  mou  programme  économique,  et  d’établir,  à  l’exemple  des 
départements  du  t^ord,  une  entente  nécessaire  qui  se  manifestera  par  l’étroite  union  des 
députés  de  la  région.  Je  m’engage,  si  je  sais  votre  élu,  à  y  contribuer  de  toutes  mes 


forces. 

D’ailleurs,  mon  activité  ne  m’appartiendra  plus  ;  elle  sera  consacrée  tout  entière  à  la 
Ville  de  Montpellier,  ma  ville  d’adoption,  qui,  jusqu’ici,  m’a  donné  tant  de  preuves  de  son 
attachement,  et  à  tous  ces  cantons  de  la  montagne  et  de  la  plaine,  où  s’agite,  dans  le  rude 
combat  pour  la  vie,  une  population  active,  industrieuse,  désireuse  de  poursuivre  son  œuvre 
dans  le  calme  et  la  paix  que  lui  assureront  les  institutions  républicaines. 

Vous  ne  voudrez  certainement  pas  courir  les  aventures  à  la  suite  de  ces  faux  libéraux 
qui  prétendent  vous  surprendre  et  vous  tromper.  D'un  côté  la  réaction  avec  ses  menaces  et 
ses  périls  ;  de  l’autre  le  parti  républicain  qui  vous  a  donné  plus  de  trente  ans  de  calme  et 
de  tranquillité.  Votre  choix  n'est  pas  douteux.  Le  premier  vote  delà  nouvelle  circonscription 
de  Montpellier  sera  une  victoire  pour  la  République  démocratique  et  sociale. 


Programme 

(Ce  programme  comporte  des  réformes  d’ordre  politique,  économique  et  social). 

Réformes  politiques  : 

Appropriation  du  système  de  gouvernement  aux  idées  républicaines. 

Décentralisation  administrative  et  extension  des  pouvoirs  municipaux. 

Dénonciation  du  Concordat  et  liberté  des  cultes  sous  l’autorité  des  lois. 

Application  stricte  de  la  loi  sur  les  associations. 

Abrogation  de  la  loi  Falloux, 

Extension  des  concours  et  des  bourses  pour  l’enseignement  secondaire  et  supérieur. 
Défense  des  droits  de  FUniversité  de  Montpellier, 

Réforme  du  Code  militaire. 

Suppression  des  conseils  de  guerre  en  temps  de  paix. 

Suppression  de  toutes  les  peines  corporelles  ayant  un  caractère  barbare  et  infamant* 
Abolition  de  la  peine  de  mort. 

Règlement  par  l’arbitrage  des  conflits  qui  pourraient  se  produire  entre  la  France  et  les 
autres  pays. 

Conclusions  de  traités  d’arbitrage  permanents  par  lesquels  les  États  s'engageront  à 
faire  résoudre  leurs  différends  par  l’arbitrage. 

Réduction  du  service  militaire  à  deux  ans, 

Suppression  des  treize  jours. 


Réformes  économiques  : 

Impôt  progressif  sur  le  revenu  et  révision  de  la  législation  fiscale. 
Répression  de  la  fraude  et  limitation  du  droit  de  transaction. 


—  358  — 

Taxes  différentielles  sur  les  alcools  de  vin  et  d’industrie. 

Attribution  à  l’État  du  monopole  de  PalcooL 

Révision  des  iraitès  decommejce  pour  Sa  pénétration  du  vin  dans  les  pays  étrangers^ 
en  parti  eu  lier  en  Russie, 

Exécution  rapide  des  canaux  du  Rhône. 

Amélioration  des  conditions  de  la  production  de  la  sériciculture  et  de  la  filature. 
Révision  du  code  forestier. 

Établissement  plus  équitable  de  l’impôt  foncier,  en  particulier  sur  les  bois. 

Moyens  de  communications  faciles  par  le  chemin  de  fer,  la  traction  électrique  entre  les 
diverses  parties  de  la  circonscription  et  le  chef-lieu. 

Réformes  sociales  : 

Développement  des  syndicats  et  de  toutes  les  œuvres  d'association*  de  mutualité, 
solidarité  et  de  secours  mutuels* 

Création  de  prud’homies  agricoles. 

Journée  de  huit  heures  et  repos  hebdomadaire  obligatoire. 

Lois  contre  ^alcoolisme. 

Rachat  des  chemins  de  fer. 

Nationalisation  des  mines. 

Retraites  ouvrières. 

Vive  la  lrô  circonscription  de  Montpellier  ! 

Vive  la  République  ! 


Auguste  MAS, 


Le  Comité  : 

(Suivent  les  signatures). 


2°  circonscription  de  MONTPELLIER 

M.  BÉNÉZECH 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  8.699  voix. 


Le  Comité  central  socialiste  présente  aux  électeurs,  suivant  la  décision  du  Congrès 
socialiste  du  9  mars,  le  citoyen  Jean-Baptiste  Bénézech,  ouvrier  typographe,  député 
sortant. 

Les  républicains,  les  socialistes  de  la  circonscription  savent  avec  quelle  vaillance 
notre  camarade  Bênézech  a  toujours  combattu  pour  les  idées  d'avant-garde  et  avec  quelle 
fermeté  de  conviction  il  a  poursuivi  à  la  Chambre  des  députés,  où  Renvoya  la  confiance 
populaire,  l’idéal  de  liberté,  de  justice  et  de  fraternité. 

Il  fut  indépendant  emre  tous,  s’inspirant  seulement  de  1  intérêt  du  pays,  et  refusant 
d'abaisser  un  instant,  alors  que  des  intrigues  parlementaires  s’ourdissaient  dans  Fombre, 
le  drapeau  dont  il  avait  la  garde. 

Nulle  part  on  ne  le  vit  solliciter  des  faveurs  ;  mais  il  fut  toujours  là  où  il  s’agissait  des 
intérêts  collectffsdes  associations /des  communes,  du  département,  de  la  région. 

Assidu  aux  séances  du  Parlement,  il  p  nmifc,  mieux  que  personne,  discuter  à  fond  les 
questions  locales  et  générales  et  Yofer  comme  il  convient. 


- - - - - - - \ - — 


N"  il 62 


—  3u9  — 

Tmitle  temps  de  sa  législature,  il  reste  l’homme  probe  et  sincère  que  nous  avons  connu 
.  i  Bourse  du  travail,  aux  Congrès  fédératifs  ou  socialistes,  à  l'assemblée  communale, 
Mêle  à  tout  ce  qu’il  a  promis,  logique  avec  ses  idées,  avec  les  nôtres,  avec  la  pensee  nette¬ 
ment  républicaine. 

Si  l’on  connaît  l’homme,  on  connaît  amsi  le  programme. 

Denuis  plus  de  trente  ans,  Dénézech  le  soutient,  sans  avoir  rien  abandonné  jamais. 

Le!  électeurs  ont  compris  que  la  République  devait  toujours  aller  en  avant,  et  que  les 

réactionnaires  étaient  seuls  à  s’elïrayer  du  socialisme.  . 

C’est  vers  le  socialisme  que  marchent  tous  les  démocrates  sincères,  tous  ceux  qui 
«pillent  le  progrès,  tous  ceux  qui  désirent  le  bien-être  du  peuple,  tous  ceux  qui  veulent  que 

chacun  ait  le  droit  à  la  plus  haute  vie.  _  , 

Nous  voulons  -  Bènôzech  le  veut  avec  nous  —  des  réformes  profondes  et  non  des 
remèdes  superficiels,  nous  voulons  que  l’ouvrier  ait  le  produit  intégral  de  l’œuvre  qu . 
accomplit,  nous  voulons  que  le  travail  apporte  aux  travailleurs  l’existence  a  laquelle  ils  ont 

16  dr«e"st  pour  terminer  cette  besogne  de  justice  et  d’égalité  dont  les  fondations  furent 
cimentées  par  le  sang  du  peuple  lors  de  toutes  les  Révolutions,  que  nous  avons  choisi  notre 

Cam  Tous  ceaxtïuf  ont  à  cœur  de  faire  avec  vous  une  République  meilleure  et  fraternelle 
voteront' pour  Jean -Baptiste  Bsnèzech,  ouvrier  typographe,  Député  sortant. 

Le  Comité. 


3°  circonscription,  de  MONTPELLIER. 

M.  Jacques  SALIS 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  5.966  voix. 


Comité  radical-socialiste  de  défekse  républicaine  et  Comité  central  socialiste 

Révision  de  la  Constitution  dans  un  sens  vraiment  républicain  et  démocratique. 
Séparation  des  Églises  et  de  l’État.  J-  Abrogation  du  Concordat.  -  Suppression  du 

budget  des  cultes.  ,  ,  ,  .  r,  „ 

Adhésion  complète  à  la  loi  sur  les  associations,  à  l’abrogation  de  la  loi  Falloux,  en  vue 

de  l'interdiction  d'enseigner  aux  membres  des  congrégations. 

Service  militaire  réduit  à  deux  ans,  obligatoire  et  égal  poui  tous» 

Développement  des  institutions  de  secours  et  de  prévoyance. 

Réforme  et  répartition  plus  équitable  de  V impôt. 

Extension  de  la  compétence  des  juges  de  paix. 

Réduction  des  frais  de  justice. 

Impôt  progressif  et  global  sur  le  revenu. 

Unification  des  pensions  de  retraites  pour  les  marins,  anciens  militaires  et  douanier*. 
Organisation  des  caisses  de  retraites  ouvrières  donnant  satisfaction  aux  justes  aspira¬ 
tions  de  tous  les  travailleurs. 

Suppression  complète  du  livret  d'ouvrier  et  application  rigoureuse  de  la  loi  sur  le 
travail  des  femmes  et  des  enfants. 

Amélioration  du  sort  des  instituteurs,  suppression  du  pourcentage;  et  amélioration 


-  360  — 

aussi  du  sort  des  maîtres  répétiteurs  de  nos  collèges,  dignes,  à  tous  égards,  de  la  sollicitude 
des  pouvoirs  publics. 

Les  délits  de  pêche  jugés  par  les  prud'hommes  pêcheurs. 

Suppression  des  prestations. 

Organisation  du  crédit  à  l’agriculture  et  au  travail. 

Suppression  dt.js  droits  de  mutation  sur  les  propriétés  au-dessous  de  5,000  francs. 
Impôt  spécial  sur  la  grande  propriété  pour  alimenter  les  Caisses  de  retraites. 
Suppression  de  l’impôt  foncier  pour  les  propriétaires  cultivant  eux-mêmes,  et  diminution 
de  cet  impôt  pour  ceux  dont  la  terre  est  grevée  d'hypothèques. 

Réduction  du  taux  légat  et  conventionnel  de  l’intérêt  de  l'argent- 
Révision  des  traités  de  commerce. 

Création  de  bons  de  chasse  quotidiens. 

Révision  d es  Conventions  avec  les  grandes  compagnies. 

Abaissement  des  tarifs  de  transport. 

Développement  des  voies  de  communication  et  grands  travaux  publics. 

Révision  de  la  loi  sur  les  patenter 

Développement  de  l’enseignement  professionnel,  commercial,  industriel  et  agricole. 
Répression  sévère  en  matière  de  fraudes  sur  les  boissons  et  produits  alimentaires. 
Monopole  de  l’alcool  entraînant  nécessairement  la  suppression  du  privilège  des  bouil¬ 
leurs  de  cru. 

Amélioration  de  la  loi  sur  les  boissons  et  réduction  des  droits  de  circulation. 

Création  de  prud'hommes  agricoles. 

Organisation,  par  R  État  ou  Je  département, de  conférences  professionnelles  et  agricoles. 
Révision  du  cadastre. 

Enfin,  la  loi  Berteaux-Jaurès,  dont  notre  candidat  Jacques  Salis  est  un  des  collabora¬ 
teurs  et  des  signataires. 

Vu  :  le  candidat, 

SALIS. 


Circonscription  de  SAINT-PONS 

M.  RAZ1MRÀUD 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  8.047  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Mon  appel  à  l’union  de  toutes  les  forces  républicaines,  pour  les  opposer  à  la  réaction 
unie  et  disciplinée,  a  été  entendu.  Cette  union  s’est  faite  loyalement,  au  grand  jour,  sans 
aucun  froissement,  sans  aucune  compromission.  En  la  constatant,  la  réaction  a,  en  môme 
temps,  constaté  son  impuissance  et  elle  s’est,  paraît-il,  résignée  à  déserter  la  lutte  pour 
s’éviter  une  défaite  certaine.  Mous  devons  être  tous  fiers  de  ce  résultat,  dû  an  bon  sens  et  au 
patriotisme  désintéressé  de  tous  les  républicains  de  notre  arrondissement.  Je  serai  fier  de 
recevoir  d’eux  le  mandat  d’apporter  encore  une  fois  a  la  Chambre  des  députés  les  légitimes 
revendications  de  la  démocratie  républicaine. 

.Rai  confiance  que  le  grand  exemple  que  vous  venez  de  donner  sera  suivi  dans  toutes 
les  circonscriptions  de  notre  chère  France. 

J’ai  confiance  que  le  suffrage  universel,  écœuré  des  louches  compromissions  qui  as 


N*  1162 


-  361  — 

nouent  sous  scs  yeux,  saura  «  écarter  les  perfides  »  et  empêcher  la  coalition  méliniste, 
réactionnaire  et  cléricale  d’entrer  dans  la  place  en  se  parant  de  couleurs  républicaines  ; 
car  aujourd’hui,  plus  encore  qu’en  1898,  la  réaction,  sous  toutes  ses  formes,  ancien  parti 
sans  nom  du  2è  Mai  et  du  16  Mai,  boulangiste  en  1889,  nationaliste  en  1902 .  va  tenter  un 
suprême  effort  pour  conquérir  le  gouvernement  à  l’aide  de  machinations  jésuitiques  et  livrer 
la  République  à  la  congrégation. 

J’ai  confiance  que  les  élections  de  1902  donneront  une  imposante  majorité  au  vrai  paru 
républicain  pour  qu’il  puisse  faire  aboutir  le3  réformes  politiques,  économiques  et  sociales, 
réclamées  depuis  de  longues  années  par  la  démocratie  tout  entière  et  dont  la  réalisation  a 
toujours  été  entravée  par  la  coalition  des  républicains  défaillants  et  des  réactionnaires  de 
toute  sorte,  inféodés  au  cléricalisme  et  à  la  féodalité  financière. 

Je  maintiens  mon  programme  de  1898  dans  toutes  celles  de  ses  parties  qui  n’ont  pas 
reçu  une  solution  définitive  dans  la  législature  qui  va  prendre  fin. 

Dans  ces  deux  dernières  années,  le  Parlement  a  voté  notamment  : 

La  réforme  des  successions  qui  a  fait  passer  dans  la  loi  le  principe  de  la  progression, 
la  réforme  du  régime  hypothécaire,  «  précieuse  aux  petits  patrimoines  »,  la  réforme  du 
régime  des  boissons,  attendue  par  toute  la  viticulture  depuis  plus  de  vingt-cinq  ans,  la  loi 
sur  la  durée  du  travail  dans  les  ateliers  et  manufactures...  et  l’importante  loi  du 
1er  juillet  1901,  qui,  malgré  ses  lacunes  et  ses  imperfections,  consacre  la  liberté  des  asso¬ 
ciations  en  les  soumettant  au  droit  commun,  arrête  le  développement  des  congrégations 
religieuses  en  attendant  leur  suppression  complète,  et  prépare  la  solution  des  problèmes  de 
l’enseignement  et  de  la  séparation  des  Églises  et  de  l’État.  Enfin,  le  projet  de  loi  relatif  aux 
retraites  ouvrières  aurait  été  voté  par  la  Chambre  si,  par  suite  d’une  habile  manœuvre  du 
centre  et  de  la  droite,  la  discussion  n’en  avait  été  inopinément  interrompue. 

Le  vote  de  cette  loi  importante  s’impose  dans  la  prochaine  législature,  à  laquelle  le 
parti  radical-socialiste  demandera,  en  outre,  de  se  prononcer: 

Sur  la  révision  partielle  de  la  Constitution,  pour  assurer  la  prépondérance  du  suffrage 
universel;  sur  l’abrogation  intégrale  de  la  loi  Falloux  avec  interdiction  absolue  d’enseigner, 
soit  aux  congrégations  existantes,  en  attendant  leur  disparition,  soit  aux  membres  des 
congrégations  dissoutes;  sur  la  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans,  égal  pour  tous, 
avec  suppression  des  treize  jours  ;  sur  l’établissement  de  l’impôt  unique,  global  et  progressif 
sur  le  revenu,  basé  sur  la  déclaration  dans  les  mêmes  conditions  qu’en  matière  de  succes¬ 
sions,  en  remplacement  de  tous  les  impôts  directs  actuellement  existants  ;  sur  la  décentra¬ 
lisation  administrative  avec  extension  des  pouvoirs  des  Conseils  généraux  et  des  Conseils 
municipaux  ;  sur  la  réforme  judiciaire,  l’épuration  du  personnel,  la  diminution  des  frais  de 
justice  et  la  simplification  de  la  procédure  civile;  sur  la  révision  du  Code  forestier;  sur  la 
suppression  des  Conseils  de  guerre  en  temps  de  paix  et  la  réforme  du  Code  de  justice  mili¬ 
taire;  sur  la  création  de  Chambres  d’agriculture  et  sur  le  développement  des  syndicats  et  de 
toutes  les  œuvres  d’association,  de  mutualité  et  de  solidarité  ;  et  enfin  sur  la  nationalisation 
des  chemins  de  fer,  de  la  Banque  de  France  et  des  mines. 

Mais,  avant  tout,  il  y  aura  lieu  de  prendre  d’urgence  les  mesures  reconnues  indispen¬ 
sables  pour  mettre  fin  à  la  crise  sans  précédent  qui  ruine  la  viticulture  et  qui,  en  se  prolon¬ 
geant,  porterait,  par  répercussion,  un  coup  mortel  à  la  prospérité  de  la  France  entière.  Ce 
n’est  pas  seulement  un  intérêt  régional,  c’est  un  intérêt  véritablement  national  qui  convie 
le  Gouvernement  et  le  Parlement  à  s’atteler  à  cette  œuvre,  déjà  depuis  trop  longtemps 
différée. 

Bien  coupables  sont  les  viticulteurs  qui  ont  agite  le  spectre  de  la  surproduction  du  vin 
naturel  et  qui,  dans  un  but  intéressé*  ont  créé  sur  cette  question  une  agitation  aussi  mal¬ 
saine  qu’  intempestive  dont  le  résultat  le  plus  certain  a  été  d  aggraver  la  crise. 

il  faut  le  dire  bien  haut,  parce  que  c’est  l'exacte  vérité  :  il  iry  a  pas,  il  n’y  a  jamais  eu 
surproduction  du  vin  naturel  ;  il  y  a  eu,  il  y  a  encore  et  il  y  a  seulement  multiplication  à 
l’infini*  par  la  fraude,  d’un  liquide  qui,  vin  naturel  à  la  sortie  de  la  cave  du  producteur, 
n  a  trop  souvent  que  le  nom  de  vin  lorsqu’il  est  livré  à  la  consommation. 


46 


-  m  — 


Los  moyens  pratiques  de  mettre  fin  ù  la  crise  actuelle  et  d’en  prévenir  lé  retour  sont  : 
d'abord  et  surtout  la  recherche  persistante  et  la  répression  séyére  des  fraudes  pratiquées 
tant  sur  le  vin  que  sur  les  alcools  ^industrie,  vendus  et  livrés  à  la  consommation  comme 
alcools  de  vin  ;  ensuite  l'interdiction  aux  agents  de  la  régie  de  transiger  sur  les  fraudes 
fiscales  qui  sont  la  conséquence  de  fraudes  commerciales;  Rétablissement  de  taxes  düTé- 
rentielles  sur  les  alcools  de  vin  et  sur  les  alcools  d'industrie,  en  attendant  ^attribution  à 
I-État  du  monopole  de  la  fabrication  et  de  la  vente  de  T  alcool  ;  Remploi  des  alcools  dhndus- 
trie  à  Réclairage,  au  chauffage  et  à  la  production  de  la  force  motrice,  facilité  pur  le  dégrè¬ 
vement  de  l'alcool  français  dénaturé  et  Fiai  position  d'un  droit  d'accise  sur  le  pétrole; 
Punifieatiôû  et  la  réduction  des  tarifs  de  transport  du  vin;  la  suppression  complète  des 
droits  d’octroi  sur  les  boissons  hygiéniques,  les  mesures  propres  à  faciliter  l’exportation 
des  vins  et,  enfin,  la  pUe  en  relations  directes  des  producteurs  et  des  consommateurs  au 
moyen  de  vastes  entrepôts  de  vente  créés  dans  les  grands  centres  avec  le  concours  et  sous 
le  contrôle  de  l’État* 

Le  devoir  des  représentants  des  régions  viticoles  sera  de  réclamer  ces  mesures, 
sans  délai  et  ayec  opiniâtreté,  jusqu'à  ce  que  ia  viticulture  ait  obtenu  complète  satis¬ 
faction* 


Républicains  de  l’arrondissement  de  Saint-Pons, 

L’ab^e  uçe  probable  c)è  èompétifreuTg  ps  doit  pas  êirg  ppur  vous  une  cause  d*a]is* 
tentiorç. 

IJ  importe  que  le  scrutin  du  21  avril  déipoiifrp  la  puissance  invincible  de  notre 
démocratie  républicaine  ef  obligé  la  réaction  à  renoncer  à  jappais  à  tput  retour 
offensif. 

Je  compte  sur  vous  ;  vous  savez  de  longue  date  que  vous  pauyez  compter  sur  mqi  çü 
toutes  cireou^nces* 

Vive  l’arrondissement  de  Saint-Pons  ! 

Vive  la  République  républicaine  1 

Jules  RAZIMBAUD,  Député  sortant. 

Candidat  de  TUnion  radicale  et  radicale-socialiste* 


Chers  Condtoy0£i&, 

Je  viens  défendre,  dans  L'arrondissement  de  Fougères*  la  cause  de  la  République  et 
celle  de  la  liberté. 

Depuis  trois  ans  ces  nobles  causes  ont  été  trahies  par  le  Ministère: 

Et  trahir  la  liberté,  gouverner  contre  les  sentiments  du  peuplé n’ësf-ce  paé  mécon¬ 
naître  et  fouler  aux  pieds  les  principes  mêmes  du  régime  républicain  ? 

Vous  savez  ce  qui  a  été  fait  * 

Liberté  dé  ebü&ciedcè  Vidée  ; 

Liberté  de  travail  méconnue; 

Liberté  d’enseignement  menacée  ; 

Armée  désunie  et  désorganisée  ; 

Trois  cent  cinquante  millions  de  déficit. 

Et  vous  savez  aussi  ce  qui  n’a  pas  été  fait  ; 

Réforme  du  service  militaire  ; 

Organisation  du  Crédit  agricole; 

Lois  sur  les  retraités  ouvrières  ; 

Lois  d’assurances  contre  le  chômage; 

Économies  promises. 

Citoyens, 

Fils  ëi  petit-fils  dé  rongerais,  ente  ht  du  sot  breton, 

Àppëïé  par  un  grand  nombre  d’entre  vous  darïâ  cet  arrondissement,  berteàu  de  Ma 
farnïllëj  je  me  présenté  Moi-même  à  vos  étiffragës  en  dehors  de  tonte  coterie. 

Jé  ne  vièhs  pas  fairé  ühé  céiivré  de  dmsiotf*  Mais  line  œuvre  dé  concorde  [et  d’üûlôti 
entre  tous  les  bons  Français. 

Je  Me  présenté  en  partisan  réêdlü  de  ia  liberté  d’associâttan  pour  tétiS,  de  La  liberté 
d’ëïisèlgneifterit  pour  tous,  de  la  liberté  de  travail  pour  tdùs. 

Jë  Vêüx  que  lë  ParleMëfft  se'  moütre  Soucieux  dé  la  fdftürtë  ptibliqUie, 

Je  demande  que  Le  budget  soit  sincère,  que  ütfusvoyibïis  dair  danâ  nos  finances  et  quë 
nous  rfchoïïcions  à  fa  politique  des  ëmpruüis. 

S’il  faut  février  natté  système  d’impôts-  que  cètté  révision  se  fasse  sageMèht,  àvëe  ùn 
sduc!  constant  dé  répartition  équitable. 


—  364  — 

Je  demande  l’examen  sérieux  et  l’étude  approfondie  des  questions  touchant  les  intérêts 

d6b  7  es  t  urgent' quE)6  ce  s  questions  aboutissent  et  je  suis  disposé  à  y  consacrer  tous  mes 

eff°7e  veux  qu’elles  soient  mises  à  l’étude  dès  la  rentrée  des  Chambres  et  non  à  la  veille 
des  élections. 

Moins  de  politique  et  un  peu  plus  de  réformes. 

le  demande  encore  que  l’armée  soit  enün  respectée  et  que  prenne  fin  cette  abominable 
campagne  entreprise  contre  elle  avec  la  complicité  occulte  du  gouvernement. 

ja  demande  qu’on  rende  au  Peuple  sa  foi  dans  les  destinées  du  pays. 

Ami  très  ferme  delà  paix,  je  m’oppose  à  toute  atteinte  portée  a  la  dignité  de  ma  P atne. 

le  veux  que  la  France  soit  forte  et  confiante  en  sa  force. 

Je  crois  que  le  représentant  d’un  pays  doit  être  en  contact  permanent  avec  ses  élec¬ 
teurs,  autant  pour  les  consulter  sur  leurs  besoins  et  leurs  intérêts  que  pour  leur  aire 
connaître  le  fonctionnement  des  lois  et  leur  rendre  compte  de  son  mandat.  . 

•Enfin  j’estime  qu’il  doit  prendre  part  aux  discussions  à  la  Chambre  et  ne  point  s  en¬ 
fermer  dans  le  silence  ou  une  abstention  aussi  prudente  que  stérile. 

Je  suis  prêt  à  mettre  au  service  de  l’arrondissement  et  de  la  France  toute  ma  jeunesse, 
toute  mon  activité  et  ce  que  j’ai  pu  acquérir  de  connaissances  en  dix  années  d  études  et 
deux  ans  d’enseignement  du  droit  public  et  privé. 

Vive  la  France! 

Vive  la  République  ! 

A  bas  le  Ministère  1 

A.  LEFAS. 

Docteur  en  Droit, 

Ancien  chargé  de  cours  à  la  faculté  d  Aix. 


Circonscription  de  MONTFORT 

M.  JEHAN IN 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  7.565  yoix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Cédant  à  de  nombreuses  et  pressantes  sollicitations,  encouragé  par  de  précieuses  sym¬ 
pathies  venues  de  tous  les  points  de  l’arrondissement,  je  me  présente  à  vos  suffrages. 

je  ne  suis  un  inconnu  pour  aucun  de  vous.  Ma  vie,  toute  de  travail,  s’est  écoulée  au 
milieu  de  vous,  dans  un  pays  auquel  je  sois  attaché  par  les  liens  de  la  .naissance  et  de  1a 

Conseiller  municipal,  adjoint  et  maire  de  Bècherel  depuis  le  6  janvier  1878,  conseiller 
d’arrondissement  et  conseiller  général  depuis  le  lor  décembre  1889,  j’ai  acquis,  par  une 
longue  pratique  des  affaires,  la  connaissance  approfondie  de  toutes  les  questions  adminis¬ 
tratives,  communales  et  départementales. 

J’ai  aussi  prouvé,  par  les  services  que  j’ai  pu  rendre  dans  l’accomplissement  de  ces 
divers  mandats,  ce  dont  je  suis  capable  pour  le  bien  de  l’arrondissement  tout  entier. 

Président  du  Comice  agricole  du  canton  dé  Bécherel.  depuis  de  longues  annèes}  vivan. 


—  365  — 


N°  1162 


m  milieu  de  nos  vaillantes  populations  agricoles,  je  connais  leurs  moindres  besoins,  et  je 
lurs  heureux  de  m’en  inspirer  en  m'associant  par  mes  votes  à  toutes  les  mesures 
J  tendront  au  relèvement  du  cours  des  blés  et  à  une  vente  plus  avantageuse  de  tous  les 

^^Prôstdentet1  fondateur  d’une  Société  d’assurance  mutuelle  contre  la  mortalité  des  bes¬ 
tiaux,  je  m’appliquerai  à  créer  et  é  développer  ces  assurances  appelées  a  rendre  tant  de 
rip ^ÈFvic6s  à  nos  cultivateurs. 

"  Commerçant  et  industriel,  rien  de  ce  qui  touche  aux  grands  intérêts  du  commerce  et 
de  l'industrie  ne  m’est  indifférent.  J'appuierai  de  mon  vote  favorable  toutes  les  lois  dest 
„w  à  les  protéger  au  même  titre  que  l’agriculture. 

Mêlé  à  la  rude  existence  des  travailleurs  de  la  ville  et  des  champMrava.lleur  m01- 
raème,  je  placerai  au  premier  rang  de  mes  préoccupations  l’amélioration  de  leur  condition 

S°MJe  suis  un  patriote  aimant  et  respectant  l’armée,  voulant  qu’elle  soit  forte,  grande  et 
honorée  comme  la  Patrie.  Je  suis  de  ceux  qui  pensent  que  sans  l’afiaiblir  il  serait  po^b  e, 
par  une  série  de  mesures  préparatoires,  de  réduire  à  deux  ans  la  durée  du  service  militaire 

en  la  rendant  Obligatoire  pour  tous  sans  distinction.  .  ,  _ 

Je  suis  fermement  attaché  au  Gouvernement  de  la  République,  qui  est  le  Gouverne¬ 
ment  légal  de  la  France  depuis  plus  de  trente  ans.  Je  considère  comme  des  révolutionnaires 
ceux  qui,  sous  le  titre  de  conservateurs,  ne  rêvent  que  le  renversement  du  Gouvernement 
établi  par  la  volonté  librement  et  continuellement  exprimée  par  le  peuple,  pour  substituer 

au  régime  actuel  le  pouvoir  d’un  roi  ou  d’un  empereur. 

je  ne  suis  inféodé  à  aucun  homme,  à  aucun  ministère.  Je  sms  un  homme  libre,  et  indé¬ 
pendant  de  toute  coterie  et  de  toute  attache,  n’obéissant  qu’aux  inspirations  de  ma  con¬ 
science  qui  m’a  toujours  clairement  tracé  mes  devoirs  envers  mon  pays,  envers  mes  élec- 

lmr  Panistn  résolu  de  la  liberté  de  conscience,  de  la  liberté  des  cultes,  je  veux  la  liberté 

"T»;  ^^^«aire,  pas  plus  que  je  n’ai  été  dreyfusard  Je  suis  un 
libéral,  respectueux  de  toutes  les  convictions  sincères,  attache  a  toutes  les  idées  d  ord  e, 
de  modération,  de  progrès,  de  liberté  et  de  justice. 

Mes  chers  Concitoyens, 

L’heure  est  décisive.  La  France  tout  entière,  malgré  un  dernier  et  violent  assaut  de 

toutes  les  réactions  coalisées,  s’apprête  à  acclamer  la  République.  ....  t 

L’arrondissement  de  Montfort  voudra  la  suivre  dans  ce  mouvement  irrésistible  et 
tiendra  à  honneur  de  se  donner  un  représentant  républicain  qui  puisse  servir  ses  mteré  s. 

Vous  voterez  contre  uu  candidat  qui  n’habite  pas  même  votre  arrondissement,  et  qm 
pour  capter  vos  suffrages,  n’ose  même  pas  arborer  franchement  son  drapeau,  ni  se  dire  Le 

qu’il  est,  un  monarchiste  intransigeant.  ,  .  niiv 

Ne  cédez  ni  à  la  menace,  ni  à  l’intimidation.  Fermez  1  oreille  aux  calomnies  aux 
outrages,  aux  diffamations.  Souvenez-vous  que  la  Révolution  française  a  Tait  des  enfants  du 
peuple  les  égaux  des  nobles,  et  que  devant  l’urne  nous  sommes  tous  égaux  et  maîtres  de 

^  ÀgUseÏSen  citoyens  libres  et  indépendants,  conscients  de  vos  droits.  Vous  êtes  le 
nombre,  soyez  la  force,  et  que  le  27  avril  soit  un  jour  de  libération  définitive  et  d  affran- 

chissemeot  pour  notre  cher  arrondissement*  ; 

En  masses  serrées  et  compactes,  sans  peur  et  sans  défaillance,  allez  tous  à  uni 

cri  dej:  Vive  la  République  I  A  jEHANIN> 

Conseiller  général,  maire  de  Bécherel, 
Président  du  Comice  agricole! 


3ti6  -, 


Circonscription  de  REDON 
M.  le  lieutenant-colonel  du  HALGOUET 
Élu  au  let  tour  de  scrutin,  —  12.984  voix 


Messieurs  les  Électeurs, 

bepuis  sept  ans,  vous  m’avez  honoïê  à  deux  reprises  de  voé  suffrage^,  me  donnant  ?r 
1895,  10,900  voix,  en  1898,  13.300  voix. 

Vous  mé  connaissez. 

il  ri*est  donc  pas  besoin  entre  iious  de  longs  discours,- de  vastes  programmes,  ni  dt 
vagues  promesses. 

Vous  connaissez  mes  votes. 

Vous  savez  que,  dans  cette  Chambre  qui  s'en  va,  j'ai  défendu  avec  les  modérés  et  h 
libéraux  de  tous  les  partis,  contre  ce  ministère  néfaste  qui  va  s’en  aller  : 

La  liberté  du  père  de  famille; 

La  liberté  d'enseignement; 

La  liberté  des  associations,  y  compris  celle  des  congrégations  religieuses  enseignantes 
et  charitables,  qui  comptent  dans  leur  rang  tant  d’ènfahts  de  notre  catholique  Bretagne; 

L’armée,  c’est-à-dire  la  patrie  (die  même  ; 

L’ordre  et  l’éconorhie  dans  nos  financés, 
tout  cela  menacé,  ou  compromis,  ou  abandonné  par  le  susdit  ministère. 

Je  suis  sur  d’avoir  été  sur  tous  cés  points  votre  dévoué  mandataire,  votre  fidèle  inter¬ 
prète. 

D’autre  part,  j'ose  dire  que  personne  plus  que  nioi  n’a  pris  souci  de  vos  intérêts  régio¬ 
naux  et  locaux,  particulièrement  des  voies  de  communication.  Les  projets  de  tramways,  le 
chemin  de  fer  de  Messac  à  Ploërmel,  etc.,  ont  été  l’objet  oti  de  mob  ihitiativé  ou  de  mes 
soins  assidus. 

Sur  de  nouvelles  préoccupations  qui  se  font  jour,  vous  avez  le  droit  de  connaître  mon 
sentiment. 

La  question  des  retraites  ouvrières  a  été  mal  engagée;  ellle  né  Se  résoudra  d’une  façon 
satisfaisante  que  par  une  bonne  loi  d’assistance  d’abord,  et  par  le  libre  développement,  à 
favoriser  par  l'État,  des  institutions  de  prévoyance  et  de  mutualité. 

Quant  à  la  réduction  du  service  militaire,  j’ai  voté,  lé  24  février  dernier,  là  motion  par 
laquelle  la  Chambre  a  admis  le  principe  du  service  de  deux  ans,  en  entourant  cette  réformé 
de  précautions  dont  la  Commission  de  l’armée  —  j’en  faisais  partie  —  à  proclamé  la  néfces* 
sité. 


Mes  cüer3  Concitoyens, 

Je  vous  le  disais  il  y  a  quatre  ans,  je  le  répète  aujourd’hui  :  tel  j’ai  été,  tel  je  serai. 
Vous  le  savez,  et  c’est  la  cause  des  nombreux  témoignages  d’affection  que  je  reçois  de 
vous,  et  que  vous  viendrez  encore  apporter  le  27  à  votre  dévoué 

Lieutenant-colonel  du  HALGOUEÎ1, 

Conseiller  général  du  canton  de  Redon, 

Maire  de  Renac,  Député  sortant. 


—  367 


N°  1162 


lri  pircpTiscriptian  de  HENNES 

ftL  LE  HÉRISSÉ 

Élu  au  1er  tour  de  scruiin.  —  9.545  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 


Je  viens  vous  demander  de  me  confier  une  cinquième  fois  le  mandat  de  vous  repré¬ 
senter  à  la  Chambre  des  Députés. 

Au  cours  de  la  dernière  législature,  les  intérêts  sacrés  de  la  Patrie  et  de  la  Liberté  ont 
été  mis  en  péril,  il  a  fallu  livrer  une  rude  bataille  ^ux  internationalistes  et  aux  sectaires  : 
je  me  suis  levé  pour  les  combattre. 

Demain  j’agirais  de  même,  car  je  crois  le  maintien  de  la  Patrie  française  nécessaire  au 
bonheur  de  Phumanité,  je  crois  la  liberté  d’autrui  la  meilleure  garantie  de  notre  propre 
liberté. 

Dès  1893  je  vous  disais  :  «  le  veux  la  liberté  de  croire  et  de  penser.  Je  continuerai  q 
combattre  aussi  bien  ceux  qui  voudraient  imposer  leurs  croyances  que  les  philosophes  qui, 
sous  l’impulsion  d’associations  soi-disant  philanthropiques,  tendent  h  créer  dans  ce  p^y^ 
une  irréligion  d’Élat.  n 

Au  cours  de  ces  dernières  années,  je  n'ai  fait  que  me  conformer  strictemen|  à  çg{t£ 
déclaration. 

Si  vous  me  renvoyez  siéger  au  Parlement,  je  réclamerai  : 

La  révision  de  ia  Constitution  par  une  Assemblée  Constituante  ;  c’est  ja  hase  4e 
les  réformes  politiques,  économiques  et  sociales;  c’est  par  elle  seulement  qu'on  pourra 
débarrasser  la  République  des  hontes  d’un  parlementarisme  déshonorant; 

La  réforme  de  l’impôt,  sans  laquelle  aucune  amélioration  sociale  n’est  possible; 

L’organisation  de  la  caisse  des  retraites  pour  les  travailleurs  par  le  système  mixte  de 
la  répartition  et  de  la  capitalisation,  de  manière  à  rendre  immédiate  son  application  ; 

La  réduction  à  deux  ans  du  service  militaire  dans  les  conditions  où  j’en  ai  fait  voter  le 
principe  par  la  Chambre  il  y  a  quelques  semaines; 

La  réforme  de  la  loi  des  boissons,  cause  de  ruine  pour  le  commerce,  le  trésor  et  la 
santé  publique  ; 

L’amnistie  des  condamnés  politiques  :  il  est  inique  de  voir  de  bons  Français  en  exil 
quand  4es  voleurs  et  de$  traîtres  sont  en  liberté; 

Je  voterai,  comme  je  Fai  toujours  fait,  le  maximum  des  réformes  sociales  compatibles 
ayec  le  maximum  de  libertés  publiques. 

Avec  un  tel  programme  je  ne  puis  être  que  l’adversaire  résolu  des  hommes  qui,  en  ce 
moment  au  pouvoir,  exploitent  la  République  au  mieux  des  intérêts  de  leur  coterie,  oubliant 
que  le  premier  devoir  d’un  Gouvernement  républicain  est  de  savoir  gouverner  au  nom  et 
dans  l’intérêt  du  pays  tout  entier. 

Je  ne  puis  être  que  Fadversaire  résolu  des  hommes  qui  ont  laissé  traîner  dans  la  boue, 
sans  oser  la  défendre,  notre  chère  armée,  sauvegarde  de  pos  libertés  publiques,  suprême 
espoir  de  ceux  qui  n’oublieront  jamais. 

Ces  gens  ont  fait  à  la  France  un  mal  énorme;  puisse-t-il  se  constituer  demain  une 
majorité  républicaine  pour  le  réparer  î 

C’est  le  vœu  le  plus  ardent  de  mon  cœur  français  et  républicain# 


Yive  la  République  1 


R.  Le  üÉRissjî, 

Député, 

V}çe-prgsi4fii}t  4b  (IflBgejl  général. 


—  368  — 


2e  circonscription  de  RENNES 

M.  René  BRICE 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin*  —  13.534  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 


Le  mandat  que  vous  m’avez  fait  l'honneur  de  me  confier  en  1898  ayant  pris  lin,  je 
viens  de  nouveau  solliciter  voa  suffrages* 

Nous  nous  connaissons  depuis  trop  longtemps  pour  qu'il  soit  besoin  entre  nous  k 
longues  explications» 

La  République  à  laquelle  je  demeure  fermement  attaché  doit  être  un  gouvernement  de 
liberté,  de  tolérance  et  de  progrès. 

Notre  magnifique  armée,  si  disciplinée  et  si  vaillante,  nous  est  la  meilleure  garantie 
du  maintien  de  la  paix  et  du  maintien  de  nos  alliances. 

La  Chambre  prochaine  sera  appelée  à  résoudre  les  plus  graves  problèmes.  11  lui  appar¬ 
tiendra  notamment  de  préparer,  en  multipliant  les  encouragements  aux  œuvres  de  mutua¬ 
lité,  l'organisation  des  retraites  ouvrières,  de  s'appliquer  à  rendre  possible,  par  des  avan¬ 
tages  suffisants  accordés  aux  réengagements  et  sans  porter  atteinte  aux  nécessités  de  la 
défense  nationale,  la  réduction  de  la  durée  du  service  militaire;  de  réaliser  sur  les 
dépenses  publiques  les  économies  indispensabies  pour  permettre,  à  l'avenir,  d'équilibrer 
le  budget  sans  emprunts  et  sans  impôts  nouveaux. 

Mon  amour  pour  la  Patrie,  mon  dévouement  absolu  aux  intérêts  agricoles  de  notre 
département,  ma  conviction  profonde  que  de  la  prospérité  de  l'agriculture  dépend  la  pros¬ 
périté  même  de  la  France,  dicteront  tous  mes  votes. 

Heureux  lorsque  je  trouve  une  occasion  d'être  mile  à  quelqu'un  d'entre  vous,  toujours 
à  votre  disposition  à  tous,  je  compte  sur  vous,  mes  chers  Concitoyens,  comme  vous  poims 
compter  sur  moi. 


Veuillez 

dévoués. 


agréer,  mes  chers  Concitoyens,  l'assurance  de  mes  sentiments  les  plus 

René  BRICE,  Député  sortant, 

Président  du  Conseil  général  <Tl  Ile-et-Vilaine. 


lre  circonscription  de  SAINT-MAL.O 
M.  LA  CHAMBRE 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin»  —  6.358  voix. 


Messieurs  les  électeurs  et  chers  Compatriotes, 

Au  dernier  moment,  un  certain  nombre  d'entre  vous  sont  venus  me  dire  qu'en  présence 
d’un  ministère  qui  menace  tous  les  intérêts  et  toutes  les  libertés,  les  déclarations  des 
candidats  qui  sollicitent  vos  suffrages  ne  sont  pas  suffisamment  catégoriques,  et  ils  ^ 
pressent  de  prendre  en  main  le  drapeau  de  l'indépendance* 


N°  H6â 


—  369  — 

Si  Thoiiorable  M,  Jouanjan,  dont  la  profession  de  foi  a  paru  en  dernier  lieu,  s’était 
déclaré  nettement  anti-ministériel,  je  n'aurais  pas  cédé  à  ces  instances,  son  programme 
pouvant,  dans  une  certaide  mesure,  comme  celui  de  l’honorable  M,  Bourdas,  donner  satis¬ 
faction  aux  aspirations  essentielles  des  libéraux  et  des  patriotes. 

Mais,  non  seulement  il  ne  se  proclame  pas  anti-ministériel,  il  a  pour  ce  ministère 
néfaste  des  flatteries  qui  permettent  de  tout  craindre. 

Dès  lors*  je  n’hésite  pas,  et  me  voici. 

Vous  connaissez  mon  nom.  En  politique,  il  signifie  ■  opposition  énergique,  implacable, 
à  la  politique  sectaire,  collectiviste,  anti-libérale  et  anti-française  du  ministère  actuel.  En 
affaires  :  dévouement  sans  bornes  à  tous  les  intérêts  de  notre  cher  pays,  au  dedans  et  au 
dehors,  particulièrement  à  Terre-Neuve. 

Qu’a  jouterai-je,  mes  chers  Compatriotes,  qui  caractérise  mieux  ma  candidature? 

Libéral  et  anti-ministériel,  je  veux  avec  vous  :  la  liberté  de  conscience  pour  tous  les 
citoyens,  la  liberté  intégrale  de  renseignement,  la  liberté  du  père  de  famille  de  faire  élever 
ses  enfants  par  les  éducateurs  de  son  choix,  la  liberté  d’association,  la  liberté  du  travail, 
entravée  en  ce  moment  par  une  loi  tyrannique  dont  vous  avez  déjà  ressenti  les  effets  ;  le 
respect  de  Tannée,  outragée  par  des  suspicions  imméritées;  la  cessation  d’un  odieux 
système  de  délation  contre  des  fonctionnaires  et  des  officiers  sans  reproches;  l’égalité  de 
tous  les  citoyens  devant  l’État  et  devant  la  loi;  je  veux  qu’un  frein  soit  mis  aux  accrois¬ 
sements  d’impôts  qui  pèsent  si  lourdement  sur  l’agriculture,  le  commerce  et  l’industrie;  je 
veux  une  modification  des  lois  répressives  sur  la  pêche,  si  dures  pour  les  populations  de  la 
côte,  et,  enfin,  le  développement  des  institutions  de  prévoyance  pour  les  ouvriers  mis  par 
l’ège,  la  maladie  ou  les  infirmités  dans  l’impossibilité  de  gagner  leur  vie. 

En  matière  gouvernementale,  je  considère  que  la  nation,  maîtresse  de  ses  destinées, 
a  incontestablement  le  droit  de  choisir  la  forme  de  son  Gouvernement,  Depuis  trente- 
deux  ans,  dans  ses  scrutins,  elle  a  manifesté  son  attachement  à  la  République  ;  je  m’incline 
loyalement  devant  l’expression  de  sa  volonté  et  m’engage  à  la  respecter.  Si  je  suis  élu,  je 
me  ferai  un  devoir  d’associer  mes  efforts  à  ceux  des  députés  qui,  avec  MM.  Ribot,  Méline, 
Poincaré  et  Gavaignac,  veulent  ramener  la  République  dans  les  voies  du  patriotisme  et  de  la 
liberté. 


Messieurs  les  électeurs  et  chers  Compatriotes, 

Mon  langage  vous  le  dit  assez  :  en  cédant,  malgré  l’heure  tardive,  aux  instances  pres¬ 
santes  dont  je  suis  Lob]  et  et  qui  m’ont  si  vivement  touché,  je  n’ai  qu’un  but  :  vous  offrir 
nu  moyen  de  protester  sans  réserves  contre  la  politique  d’un  ministère  qui  soulève  l’indi¬ 
gnation  et  les  inquiétudes  de  la  France  entière. 

Que  tous  les  libéraux,  que  tous  les  hommes  résolus  à  secouer  le  joug  sectaire,  maçon¬ 
nique  et  dreyfusard  s’unissent  sur  mon  nom  :  ils  peuvent  être  assurés  qu’ils  auront  au 
Parlement  un  représentant  qui  saura  défendre  en  leur  nom  et  sans  défaillance  les  intérêts 
de  la  Patrie  et  ceux  de  la  Liberté. 

11  me  paraît  superflu  d’ajouter,  mes  chers  Compatriotes,  que  si  vous  me  faites  le  grand 
honneur  de  m’appeler  à  vous  représenter,  je  multiplierai  mes  efforts  pour  me  rendre  utile 
à  notre  cher  pays  et  à  chacun  de  ceux  d'entre  vous  qui  feront  appel  à  mon  activité  et  à  mon 
dévouement. 

Charles  LA  CHAMBRE,  fils, 

Avocat, 

Membre  de  la  Société  des  Agriculteurs  de  France, 
Candidat  libéral  anti-ministériel. 


kl 


2e  circonscription  de  SAINT-MALO 

M.  ROBERT  SURCOUF 
Élu  au  l81'  tour  de  scrutin.  —  10.645  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Quatre  années  éga  rées  sans  relâche  à  3a  défense  de  vos  intérêts,  et  au  cours  des¬ 
quelles  il  mJa  été  donné  de  vous  prouver  à  maintes  reprises  mou  dévouement,  me  permet¬ 
tront  de  ne  vous  adresser  qu'une  courte  profession  de  foi. —  \ous  pourrez  aujourd  nui  juger 
votre  député  sur  des  aef  s.  -  Il  s  honore  de  n'avoir  point  trompé  votre  confiance. 

Fidèle  aux  engagements  pris  vis-à-vis  de  vous,  je  sms  demeuré  le  républicain  loyal 
qui  fit  appel  dans  ceîte  circonscription  à  lsunion  républicaine,  et  dem  ie  plus  vif  désir  est  de 
la  voir  S"  réaliser  complète  dans  ia  prochaine  Chambre.  —  Ni  réaction,  ni  révolution,  telle 
fut,  il  y  a  quatre  ans,  la  formule  qui  servit  de  base  à  mon  attitude  pn Inique.  Lest  de 
cette  môme  formule  que  je  me  réclame  aujourd'hui. 

:Les  événements  qui  se  sont  déroulés  depuis  1898  n’ont  point  médité  notre  tâche. 

Tout  en  ayant  la  ferme  conviction  dsétre  resté  un  bon  et  sincère  républicain,  j  ai  manb 
festé  par  mes  votes  que  je  n’approuv&is  pas  F  orientation  donnée  à  la  politique  généiale 
dans  ces  deux  dernières  années. 

-  J’ai  fait  preuve,  en  le  faisant,  d'une  indépendance  et  d’un  libéralisme  que  je  reven¬ 
dique  comm"  les  premiers  devoirs  d’un  député  qui  tient  a  rester  en  conformité  do  scntU 
monts  avec  iTmmense  majorité  de  ses  électeurs  et  à  conserver  -toujours  sa  personnalité. 

Mais  au^si  cette  indépendance  rn’a  permis  d’éviter  le  parti-pris,  qui  devient  dans  le 
Parlement  la  lactique  la  plus  déplorable  et  la  plus  préjudiciable  aux  intérêts 4u  pays. 

pai  pris  mon  bien  où  je  l’ai  trouvé,  sans  me  préoccuper  de  savoir  qui  nie  1  apportait,  et 
j’ai  reconnu  le  bien  fondé  de  plus  d’une  réforme  ;  si  je  n’ai  pas  donné  mon  appui  à  len- 
semble  des  tendances  manifestées,  j’ai  conscience  d’avoir  fait  passer,  avant  tout,  la  préoc¬ 
cupation  de  bien  servir  notre  beau  pays,  soucieux  de  demeurer  éloigné  des  conflits  de 
politique  lopale  pour  me  consacrer  entièrement  et  plus  librement,  comme  cotait  mon 
devoir,  à  rintérêt  général. 

Passionnément  attaché  à  la  défense  de  nos  droits  à  Terre-Neuve,  dévoué  à  nos  arma- 
leurs  et  à  nos  pêcheurs,  je  crois  n’avoir  rien  négligé  pour  sauvegarder  leurs  intérêts  et  ceux 
de  notre  marine. 

Patriote  toujours  et  désirant  notre  belle  armée  forte  et  respectée,  je  suis  néanmoins 
disposé  à  concilier  ces  sentiments  avec  la  réduction  du  service  militaire,  lorsque  ceux  qui 
ont  la  garde  de  cotte  armée  m’auront  donné  toute  garantie  que  sa  force  n’en  sera  pas  dimi¬ 
nuée  et  que  notre  territoire  demeurera  à  T  abri  de  toute  surprise. 

Aux  ouvriers,  aux  travailleurs  de  tous  ordres,  aux  petits,  aux  humbles,  j’ai  toujours 
prêté  mon  appui  sans  réserves,  heureux  d’avoir  pu  leur  être  bien  souvent  utile. 

Ma  'disposition  naturelle  à  rendre  service,  comme  aussi  mes  sentiments  de  démocrate 
convaincu  de  l’œuvre  à  accomplir  pour  donner  à  la  classe  laborieuse  plus  de  justice  et  de 
bien-être,  m’ont  puissamment  aidé  dans  celte  œuvre. 

Je  ne  méconnais  pas  les  réformes  que  la  solution  de  îa  question  sociale  impose  encore 
à  tout  esprit  clairvoyant  et  je  suis  de  ceux  qui  s’efforceront  de  les  faire  aboutir  en  tenant 
un  compte  équitable  des  intérêts  engagés  et  en  faisant  la  part  de  ce  qui  est  juste  et  raison¬ 
nable,  de  ce  qui  est  excessif  ou  illusoire. 

Mes  chers  Électeurs,  vous  m’avez  vu  à  l’œuvre.  Vos  encouragements  sont  venus  souvent 
me  prouver  que  nous  étions  complètement  d’accord  et  m’ont  soutenu  dans  IVxercicc  de 
mon  mandat. 

Je  viens  vous  demander  un  témoignage  nouveau  de  votre  confiance. 


- - - - - - - - - - - 


—  371  — 


N°  1162 


Plus  nombreux  vous  vous  compterez  sur  mon  nom  et  plus  vous  me  donnerez  d’autorité 
^'^Votm  trouverez  toujours  en  moi  un  député  consciencieux  et  un  compatriote  dévoue. 


Vive  la  République  I 


ROBERT  SURCOUF,  Député  sortant, 

Secrétaire  de  la  Chambre  des  Députés, 
Candidat  républicain. 


Circonscription  de  VITRÉ 

\ 

M.  le  comte  LE  GON1DEC  DE  TR  AI  SS  AN 


Mes  chers  Concitoyens, 

Depuis  tant  d’années  que  nous  nous  connaissons,  après  tant  de  marques  de  confiance 
oue  vous  m’avez  données,  est-il  nécessaire  de  vous  faire  une  profession  de  foi . 
q  Vous  savez  qui  je  suis  :  mes  votes  au  Parlement  établissent  que  ma  préoccupation  pre¬ 
mière  a  toujours  été  de  sauvegarder  les  intérêts  sacrés  de  la  religion  et  de  la  patrie. 
Adversaire  résolu  du  Ministère  actuel. 

Qui  insulte  nos  croyances, 

Oui  bafoue  et  traîne  l’armée  dans  la  boue, 

Qui  conduit  laFrance  à  la  ruine  par  son  gaspillage  éhonté  et  avoué  des  deniers  publi  , 
Qui  grève  l’agriculture  d’impôts. 

Qui  porte  atteinte  aux  principes  mômes  de  la  propriété,  .  ,  . 

J,  veux,  et  je  l’ai  prouvé  pendant  la  durée  déjà  longue  de  mon  mandat  législatif,  la 

liberté  pour  tous  : 

Liberté  de  conscience* 

Liberté  Renseignement  ; 

Liberté  d'association; 


La  liberté  d* association  !  . 

Elle  u’existe  pas  :  nos  religieux  vont  prendre  la  route  de  l’exil,  leurs  biens  confisques 

seront  demain  vendus  aux  enchères. 

La  liberté  de  l’instruction! 

Elle  râle  :  après-demain,  peut-être  plus  de  frères,  plus  de  sœurs. 

11  y  a  quatre  ans,  je  vous  avais  dit  que  je  ne  voterais  pas  d’imuôis  nouveaux. 

l’ai  tenu  parole  et  ce  n’est  pas  de  mon  fait  si  la  feuille  du  percepteur  est  plus  chargée 

Les  auteurs  de  ces  augmentations,  ce  sont  les  faux  amis  des  ouvriers,  des  .ai ailleurs 
des  cultivateurs,  de  tous  ceux  qui  peinent,  et  qu’ils  trompent  sciemment  en  leur  laisaut 
des  promesses  q  Rit  s  savent  irréalisables. 

Ce  qu’ûs  appellent  l’ordre  et  le  progrès,  n’est  que  le  retour  en  arriéré,  la  barrière 
opposée  au  succès  du  commerce  et  de  lïndusiric,  la  perturbation  jetée  dans  notre  orgam- 

Le  27  avril,  vous  affirmerez  que,  comme  moi,  vous  voulez  la  liberté  pour  ious,  la 
liberté  de  conscience,  la  liberté  d’enseignement,  la  liberté  d’association. 

Vous  protesterez  contre  la  franc^piaçomaerie  et  les  sectaires  qui  iiou^  ommeot. 

Anti  ministériel  ? 

Je  veux  Dieu  respecté  en  ses  prêtres, 

La  Patrie  respectée  en  ses  défenseurs. 

O,  LL  GONIDEG  DE  TBAÏSSAN,  Député  sortant* 


INDRE 


Circonscription  du  BLANC 


M.  G,  DE  BEÀUREGÀRD 


Élu  aa  1er  tour  de  scrutin.  —  8,508  voix. 


Chers  Concitoyens, 

Il  y  a  quatre  ans,  battu  à  223  voix,  par  le  mensonge,  l'injure  et  ïa  calomnie,  je  vous 
disais  au  revoir  et  vous  donnais  rendez-vous  pour  la  revanche. 


L'heure  est  arrivée,  et  de  nouveau  j'ai  l'honneur  de  solliciter  vos  suffrages. 

La  République  n'est  pas  en  jeu;  elle  est  devenue  et  restera  indéfiniment  le  gouverne¬ 
ment  legal  du  pays,  et  tous  les  bons  citoyens  doivent  s'y  rallier;  mais  i!  s'agit  de  la  façon 
dont  une  coterie  dite  de  Défense  républicaine  applique  sa  magnifique  maxime. 

La  lutte  aujourd'hui  existe  entre  deux  partis  :  celui  des  Dreyfusards,  des  Juifs,  des 
Francs-Maçons,  des  Sectaires  qui  ont  'supprimé  toutes  les  libertés,  décapité  l'armée  de  ses 
meilleurs  chefs,  laissé  insulter  Je  drapeau,  et  qui  ont  infligé  à  la  France  la  honte  de  Fashoda 
et  le  traité  anglo-japonais. 

Les  hommes  qui  sont  à  sa  tête  ont  vendu  Ja  Patrie  à  l’étranger,  réhabilité  un  traître, 
écrasé  le  peuple  d'impôts,  se  sont  engraissés  à  ses  dépens,  n1  ont  rien  fait  pour  l'ouvrier  et 
conduisent  le  pays  à  la  banqueroute  après  avoir  détruit  l'œuvre  de  Défense  nationale  exé¬ 
cutée  par  Gambetta,  Thiers,  Félix  Faure  et  Carnot. 

Voilà  le  bilan  du  ministère  Waideck-Rousseau  dont  M.  Leglos,  candidat  officiel,  se  dé¬ 
clare  partisan. 

Quant  à  l’autre  parti,  il  s'appelle  la  République  du  Peuple;  il  no  veut  ni  Juifs  ni  Etran¬ 
gers  à  sa  tête,  il  veut  la  France  vivant  en  paix,  grande  au  dedans,  respectée  au  dehors, 
dirigée  par  des  hommes  d'ordre  et  de  liberté,  ayant  le  culte  de  Farinée  et  de  la  Patrie. 

Ce  parti  se  réclame  des  principes  des  hommes  de  89  et  des  républicains  de  48  et  il 
appliquera  à  tous,  sans  distinction,  la  devise  républicaine  en  marchant  résolument  dans  la 
voie  du  progrès  et  de  toutes  les  améliorations  sociales;  c'est  celui  auquel  j'appartiens,  que 
j'ai  toujours  soutenu  et  que  je  défendrai  tant  que  j'aurai  une  goutte  de  sang  dans  les  veines. 


Électeurs, 


C'est  aux  actes  qu'on  juge  les  hommes. 

Examinez  comment  autrefois  j'ai  rempli  mon  mandat  lorsque  j'étais  député,  et  com¬ 


ment  aujourd'hui  mon  successeur  vient  de  remplir  le  sien. 


Patriotes, 


Souvenez-vous,  avant  de  déposer  votre  buîlelin  dans  l'urne,  qu'il  s'agît  de  la  Patrie,  et 


—  373 


No  nés 


que  !a  France  est  arrivée  au  tournant  qui  doit  la  conduire  au  salut  ou  à  F  abîme  ï 
Et  maintenant.,  votez  ! 

Vive  la  Patrie  ! 

Vive  l'arrondissement  du  Blanc  I 

Vive  la  République  nationale  et  française! 

G.  de  BEAU REGARD. 


lr0  circonscription  de  CHATEAUROUX 

M.  BELLIER 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  9,937  voix* 


Mes  chers  Concitoyens, 

L’imposante  réunion  de  Républicains  qui  a  eu  lieu  le  23  février  dernier,  à  Châteauroux, 
et  où  étaient  représentées  h  îa  fois  toutes  les  communes  de  la  1™  circonscription  et  tous  les 
groupements  dont  l’ensemble  constitue  notre  grand  parti,  m'a  fait  l'honneur  de  me  dési¬ 
gner  pour  opposer  le  drapeau  de  la  République  démocratique,  dans  la  prochaine  lutte  élec¬ 
torale,  à  la  bannière  de  toutes  les  réactions  coalisées. 

Je  n’ai  aucune  ambition  personnelle,  vous  le  savez.  Et  si  j'ai  consenti  à  négliger  mes 
intérêts  privés,  ce  n'est  que  pour  obéir  à  un  devoir  et  soutenir  nos  idées. 

Vous  n'ignorez  pas  non  plus  de  quel  esprit  conciliant  je  suis  animé  et  avec  quelle  bonne 
volonté  et  quelle  impartialité  je  me  suis  toujours  efforcé,  chaque  fois  que  je  le  pouvais,  de 
rendre  service  à  ceux  d’entre  vous  qui  pensaient  avoir  besoin  de  mon  concours  pour  faire 
valoir  leurs  revendications,  leurs  mérites,  leurs  titres  ou  leurs  droits. 

Aussi,  lorsque  vous  entendrez  nos  adversaires  me  traiter,  les  uns  de  sectaire  ou  de 
révolutionnaire,  les  autres  d'ambitieux  sans  caractère,  sans  indépendance  et  sans  convic¬ 
tion?,  vous  vous  direz,  sans  aucun  doute,  que  l'aveuglement  des  passions  politiques  fait 
commettre  à  mes  détracteurs  dis  écarts  de  plume  et  des  excès  de  langage  qui  ôtent  toute 
espèce  de  valeur  à  leurs  attaques. 

Républicain  convaincu,  je  suis,  par  tradition  de  famille,  partisan  de  toutes  fes  réformes 
et  de  tous  les  progrès  réalisables,  dans  l'ordre  politique,  dans  Fordre  économique  et  dans 
l’ordre  social. 

Mon  programme  est  celui  des  vieux  républicains,  auquel  les  Comités  et  Groupes  radi¬ 
caux  sont  restés  fidèlement  attachés. 

II  comprend  l'intégralité  des  réformes  réclamées  par  la  démocratie  depuis  vingt-cinq 
ans  et  que  Fopposition,  tantôt  ouverte  et  tantôt  dissimulée  —  mais  toujours  active  —  des 
anciens  partis  rétrogrades,  a  réussi,  jusqu'à  présent,  à  empêcher  d'aboutir. 

Parmi  ces  réformes,  il  en  est  une,  celle  de  notre  système  d’impôts,  qui  devrait  être 
réalisée  depuis  six  ans  au  moins. 

Le  Ministère  radical  de  1895,  que  présidait  M.  Léon  Bourgeois,  en  avait  sérieusement 
abordé  Fètude,  lorsque  s'est  formée  —  précisément  pour  entraver  et  retarder  cette  œuvre 
utile  entre  toutes  — .  la  coalition  que  nous  voyons  encore  exister  aujourd'hui,  entre  une  par¬ 
tie  de  l'ancien  groupe  dirigé  par  M.  Mêline  et  tous  les  groupes  cléricaux,  bonapartistes  ou 
monarchistes. 

Cette  coalition,  formée  d'hommes  qui  représentent,  non  pas  les  intérêts  des  travail¬ 
leurs,  mais  les  intérêts  des  gros  détenteurs  de  la  fortune,  pour  lesquel  notre  système 


—  374  — 

actuel  d’impôts  —  si  lourd  aux  bourses  petites  ou  moyennes  —  constitue  une  situation 
privilégiée,  tend  à  empêcher  l’avènement  d'un  régime  fiscal  établissant  un  plus  juste  équi¬ 
libre  dans  la  répartition  des  charges  publiques  entre  les  contribuables. 

Elle  tend  à  mettre  les  Républicains  dans  l’impossibilité  de  réaliser,  de  longtemps,  vers 
l’idéal  de  la  justice,  en  matière  d’impôt,  un  progrès  depuis  longtemps  accompli  dans  la  plu- 
part  des  pays,  même  monarchiques,  qui  nous  entourent. 

Avec  l’aide  de  journaux  vendus  au  syndicat  des  grosses  fortunes,  ou  appartenant  à 
quelques-uns  des  syndiqués  les  plus  riches,  les  ennemis  des  réformes  n’ont  pas  cessé  de 
diriger,  contre  les  démocrates,  une  campagne  où  la  violence,  la  grossièreté,  la  diffamation, 
le  dénigrement  sytématique  et  mensonger  jouent  le  principal  rôle. 

Leur  but  est  de  s’opposer  à  ^accomplissement  de  toute  réforme  sérieuse  en  faisant 
élire,  sous  l'étiquette  libérale  ou  nationaliste,  des  réactionnaires  déguisés,  qui  ne  veulent 
pas  de  réformes, 

ESt-il  besoin  d'ajouter  que  Fomente  ne  s’est  faite,  entre  les  monarchistes,  les  bona¬ 
partistes,  les  plébiscitaires,  les  soi-disant  libéraux  et  les  prétendus  progressistes,  qu’au 
prix  des  compromissions  les  plus  dangereuses  pour  l’ensemble  de  l’œuvre  déjà  réalisée  par 
la  République, 

Non  seulement  on  repousse  toute  idée  de  réforme  nouvelle,  mais  encore  on  veut  dé¬ 
truire  nos  lois  scolaires,  nos  lois  ouvrières,  la  loi  d'association,  qui  fait  rentrer  dans  le  droit 
commun  les  congrégations  qui  s’occupaient  beaucoup  moins  de  religion  que  de  politique  et 
de  commerce.  On  rêve,  en  un  mot,  de  détruire  tout  l’édifice  actuel  et  de  nous  faire  une 
république  sur  le  modèle  d’une  vieille  monarchie,  une  république  de  l’administration  de 
laquelle  seraient  exclus  les  républicains,  en  attendant  que  Ton  essaye  de  restaurer,  sur  m 
nom  quelconque  de  chercheur  d’aventures,  le  pouvoir  personnel. 

En  présence  de  telles  manœuvres,  comment  les  électeurs  ne  se  rendraient-ils  pas 
compte  qu’ils  vont  avoir  à  vaincre,  comme  au  Seize-Mai,  comme  au  moment  de  la  période 
boulangisie,  une  nouvelle  et  dernière  tentative,  plus  acharnée  que  jamais,  dirigée  contre 
Fexistence  même  de  la  République,  par  ses  implacables  ennemis. 

Cette  nouvelle  tentative  de  renversement  de  nos  institutions  est  d’autant  plus  perfide 
que  toute  la  coalition  se  donne  Fapparenee  d’accepter  ia  forme  républicaine  et  que,  en 
ayant  Pair  d’être  ralliée  à  la  République,  elle  voudrait  se  faire  passer  pour  posséder,  à  elle 
seule,  le  monopole  du  patriotisme. 

Personne  ne  s’y  trompera. 

Les  partis  coalisés  contre  nous  ont  contracté  entre  eux  une  alliance  d’intérêts.  Ils  dis¬ 
posent  de  capitaux  considérables.  Ils  emploient  ces  capitaux  à  répandre  des  pamphlets,  des 
brochures,  des  journaux  propageant  le  mensonge  et  la  calomnie  dans  tontes  les  circonscrip¬ 
tions  électorales  où  ils  ont  à  combattre  la  candidature  d’un  républicain.  Ils  poussent  ^im¬ 
pudeur  jusqu’à  essayer  de  corrompre  certains  électeurs  par  des  dons  dont  le  caractère  est 
ignominieux,  et  d’intimider  d’autres  citoyens  par  la  pression  et  la  menace. 

Les  électeurs  berrichons  feront  bonne  justice  de  ces  procédés  honteux  et  outrageants* 

Pour  moi,  mes  cher^  Concitoyens,  je  m’engage,  si  vous  m’accordez  votre  confiance,  à 
siéger  parmi  les  républicains  qui  entendent  poursuivre  la  réalisation  des  réformes  démo¬ 
cratiques  et  sociales  et  qui  ne  repoussent,  en  principe,  aucun  progrès  réalisable. 

Je  n’accepie  qu’une  étiquette  :  celle  de  républicain  radical,  partisan  résolu  de  l’union 
de  tous  les  républicains  contre  la  coalition  réactionnaire,  partisan  aussi,  par  conséquent,  de 
la  discipline  absolue  pour  le  %a  tour  de  scrutin. 

Je  résumerai  mon  programme  d’affaires  eu  quelques  mots.  Je  voterai  les  lois  utiles  à 
l’agriculture,  à  l’industrie,  au  commerce  ;  les  lois  intéressant  la  défense  nationale  et  de 
nature  à  assurer  la  force  de  nos  armées  et  le  respect  de  nos  frontières* 

Je  voterai  toutes  les  mesures  favorisant  la  mutualité  et  l’épargne  ?  toutes  les  lois  amé¬ 
liorant  la  situation  des  ouvriers  et  assurant  des  retraites  à  tous  les  travailleurs  âgés,  aussi 
bien  de  la  ville  que  de  la  campagne. 


N°  H 62 


—  375  — 


Je  volerai  la  réforme  de  l’impôt,  dont  l’étude  devra  être  reprise  le  plus  lot  possible. 

Je  voterai  les  lois  en  faveur  de  la  décentralisation  administrative  et  les  réformes  qui, 
en  réorganisant  les  services  publics  de  manière  à  réduire  les  frais  généraux  d'administra¬ 
tion,  permettront  d'augmenter  les  traitements  des  petits  fonctionnaires  (instituteurs,  facteurs, 
cantonniers  elc.),  sans  imposer  de  nouvelles  charges  aux  contribuables. 

Je  voterai  la  loi  réduisant  à  deux  ans  la  durée  du  service  militaire  actif,  et  ne  conservant 
ie  bénéfice  de  la  dispense  qu’au  profit  des  vrais  soutiens  de  famille.  Je  voterai  enfin  la  loi 
réduisant  la  durée  des  périodes  d’instruction  des  réservistes  et  des  territoriaux,  dans  la 
mesure  compatible  avec  le  maintien  de  ia  bonne  instruction  de  notre  armée  de  seconde 

ligne. 

J’apporterai  donc  mon  concours  à  tons  les  projets  de  réforme  constituant  un  progrès  ou 
une  économie  utile. 

En  revanche,  je  ne  m’associerai  pas  à  la  création  ■d’impôts  nouveaux,  et  je  repousserai 
toute  motion  tendant  à  augmenter,  au  moyen  de  campagnes  lointaines,  onéreuses  et  meur¬ 
trières,  l’étendue  du  domaine  colonial  de  la  République. 

Persuadé  que  la  bonne  entente  entre  tous  les  représentants  d’un  département  est  la 
garantie  la  meilleure  de  la  bonne  gestion  de  ses  intérêts,  je  vous  promets,  enfin,  si  je  suis 
votre  élu.  d’agir  le  plus  possible  d’accord  avec  mes  collègues  républicains  des  autres  cir¬ 
conscriptions  et  avec  nos  sénateurs  républicains. 

Grâce  à  cette  union,  qui  nous  donnera  une  grande  force,  notre  cher  pays  pourra  enfin 
jouir  pleinement  des  avantages  que  ne  peut  luj  procurer  une  représentation  parlementaire 
trop  divisée. 

Croyez,  mes  chers  Concitoyens,  à  ma  bonne  volonté  et  à  mon  dévouement  le  plus 
entier. 

Vive  la  République  démocratique  ! 

EËLLÏEft  (Joseph), 

Négociant, 

Maire  de  Ghàteaurotix, 

Ancien  juge  au  Tribunal  de  commerce, 

Président  de  la  section  des  Prévoyants  de  l'Avenir  de  Châteauroux. 


2e  circonscription  de  CHATEAUROUX 

M.  Al  ban  DAVID 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  7,364  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

A  la  veille  des  dernières  élections  générales,  je  vous  disais  que  votre  verdict  serait  la 
juste  condamnation  de  la  politique  rétrograde  suivie  par  le  ministère  Méline,  je  viens  \ous 
dire  aujourd’hui,  avec  la  même  confiance,  que  votre  verdict,  cette  fois,  sera  la  non  moins 
juste  approbation  de  la  politique  suivie  par  le  ca  ine  Wal  ieck-Rousseau, 

Ce  qui  donne  aux  élections  actuel  tes  une  import  nce  particulière,  c  e^t  que  nous  assis* 
tons  à  r effort  le  plus  considérable  qu’aient  jamais  tenté  la  réaction  et  le  Cléricalisme 
coalises  pour  donner  un  dernier  assaut  aux  institutions  républicaines. 


—  376  — 


Le  péril  de  la  situation  réside  en  celle  circonstance  que  nous  n’avons  pas  en  face  de 
nous  des  adversaires  combattant  avec  loyauté  sous  un  drapeau  hardiment  déployé.  Aujour¬ 
d’hui,  pour  capter  la  confiance  des  électeurs,  tes  ennemis  les  plus  acharnes  de  la  Répu- 
blique  n’hésitent  pas  à  se  dire  républicains.  C’est  au  nom  de  la  liberté  qu'ils  préparent  la 
victoire  de  l’arbitraire,  et  c’est  en  criant  à  la  persécution  qu’ils  se  flattent  d’assurer  le 
triomphe  de  l’intolérance* 

Mais  vous  ne  vous  laisserez  pas  prendre  à  cette  grossière  manœuvre*  Vous  n’aurez  pas 
de  peine  à  distinguer  ceux  qui  ont  blanchi  au  service  de  la  République,  en  suivant,  sans  s’en 
écarter  d’uue  ligne,  la  voie  que  la  continuité  de  vos  suffrages  leur  a  tracée,  des  hommes 
pour  qui  le  républicanisme  n’est  qu’un  masque,  et  le  libéralisme  un  travestissement* 

Je  n’ai  pas  besoin  de  beaucoup  de  paroles  pour  vous  rappeler  que  j'ai  tenu,  et  au  delà, 
tous  les  engagements  que  j’ai  pris  envers  vous  en  1898. 

j’ai  voté  toutes  les  lois  favorables  au  développement  du  commerce,  de  l’industrie  et  de 
l’agriculture  dans  le  département  de  Flndre* 

J’ai  obtenu,  quoi  qu’on  en  ait  pu  dire,  la  construction  de  la  ligne  du  Blanc  à  Argent, 
avec  des  modifications  au  tracé,  qui  ont  eu  pour  conséquence  la  création  des  tramways 
départementaux. 

Préoccupé  de  l’amélioration  du  sort  des  travailleurs,  j’ai  voté  pour  la  réduction  des 
heures  de  travail  dans  les  mines  et  dans  les  manufactures,  ainsi  que  pour  le  dégrèvement 
des  boissons  hygiéniques. 

J’ai  voté  la  loi  sur  les  associations,  cette  loi  qui  déchaîne  les  fureurs  des  cléricaux  et 
qui  a  le  mérite  de  défendre  efficacement  la  société  civile  contre  l’envahissement  de  ces 
congrégations  qui  ne  tendaient  à  rien  moins  qu’à  créer  un  État  dans  l’Etat. 

Je  reste  partisan  de  la  réduction  du  service  à  deux  ans  et  aussi  de  la  réduction  des 
périodes  d’exercice  en  tant  que  cette  réduction  est  compatible  avec  le  bon  fonctionnement 
de  notre  organisation  militaire. 

J’aurais  voté  Fini pôt  sur  le  revenu  et  l’abrogation  de  la  loi  Falloux,  j’aurais  définiti¬ 
vement  libéré  nos  enfants  do  l’éducation  congréganiste,  j’aurais  également  voté  la  loi  sur 
les  retraites  ouvrières,  si  un  système  d’obstruction  savamment  organisé  au  Parlement  par 
nos  adversaires  n’avait  pas  empêché  ces  projets  de  loi  d’aboutir 

Ces  projets  figuraient  déjà  sur  mon  programme  de  1898,  je  les  maintiens  sur  mon 
programme  de  1902*  Vous  penserez  avec  moi  que  le  meilleur  moyen  d’obtenir  ces  impor¬ 
tantes  réformes  est  d'envoyer  au  Parlement  l’homme  qui  vous  donne  la  garantie  de  tous  ces 
votes  dans  cet  ordre  d’idées* 

Comme  en  1898,  je  m’engage  à  défendre  la  République  dans  ses  lois  et  dans  son  esprit, 
contre  la  coalition  réactionnaire  et  cléricale.  Je  m’engage  à  demander  la  révision,  dans  le 
sens  républicain,  d’une  constitution  qui  fut  l’œuvre  d  une  Assemblée  monarchiste  et  qui 
fait  trop  souvent  obstacle  aux  progrès  dont  nous  poursuivons  la  réalisation. 

Électeurs, 

Tout  mon  passé  m’autorise  à  venir  encore  cette  fois  solliciter  vos  suffrages*  Vous  le 
savez,  j’ai  consacré  le  meilleur  de  ma  vie  au  triomphe  de  l’idée  républicaine  et,  vous  le 
savez  aussi,  je  suis  prêt  à  consacrer  tout  ce  qui  me  reste  de  force  et  d’énergie  à  la  consoli¬ 
dation  des  conquêtes  que  nous  avons  faites  sur  les  partis  rétrogrades*  Marchons  donc  au 
combat  avec  la  même  confiance  qu’en  1898,  en  poussant  comme  alors  le  cri  de  : 

Vive  la  République  démocratique! 


ALban  DAVID, 

Maire  d’EcueilIé,  Député  sortant. 


Circonscription  de  LA  CHATRE 
M.  DE  SAINT-MARTIN 
Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  8.436  voix. 


Messieurs  et  chers  Concitoyens, 

Depuis  vingt-six  ans,  vous  m’avez  constamment  honoré  de  vos  suffrages  ;  nous  avons 
triomphé  ensemble  de  toutes  les  attaques.  Vous  avez  ainsi  donûé  un  rare  et  précieux 
exemple  de  fermeté  et  d’indépendance.  Je  manquerais  à  la  reconnaissance  que  je  vous  dois, 
si  j’abandonnais  le  poste  que  vous  m’avez  confié,  tant  qu*  mes  forces  me  permettront  de 
défendre  vos  libertés  et  vos  intérêts. 

Je  n’ai  rien  à  changer  aux  déclarations  que  je  vous  adressais  à  chacune  .des  élections 
précédentes. 

Je  ne  combats  pas  la  République,  mais  je  veux  qu’elle  soit  gouvernée  par  des  hommes 
honnêtes,  patriotes  et  désintéressés. 

Pour  être  respectée  de  tous,  elle  doit  se  montrer  fidèle  à  sa  grande  devise  de  liberté, 
d’égalité  et  de  fraternité,  au  lieu  d’être  un  Gouvernement  de  tyrannie,  d’injustice  et 
de  haine  . 

J7aï  toujours  pensé  que,  pour  conserver  l'autorité  et  l'indépendance  nécessaires  à 
l'exercice  du  pouvoir,  le  Président  de  la  République  doit  être  élu  par  le  peuple,  au  lieu 
d’être  choisi  par  le  Sénat  et  la  Chambre,  dont  il  devient  ainsi  le  prisonnier, 

11  ne  faut  pas  que  le  Gouvernement  puisse  tomber  aux  mains  de  politiciens  avides  et 
sans  scrupules  qui,  après  avoir  flétri,  sous  tontes  les  formes,  les  privilèges  de  l'ancien 
régime,  cherchent  à  les  faire  revivre  à  leur  profit  et  veulent  devenir  les  rois  du  joui. 

Pendant  la  législature  précédente,  je  m’étais  associé,  avec  on  véritable  soulagement, 
après  tant  d'anuées  de  luttes  stériles,  à  la  politique  d'apaisement,  de  modération  etd'union, 
qui  avait  donné  au  pays  un  repos  auquel  aspirent  tous  les  esprits  soucieux  du  bonheur  de 
la  France. 

Je  regrette  que  le  Ministère  actuel  ait  violemment  rompu  avec  ces  tendances  libérales. 

La  politique  arbitraire  et  dissolvante  qu’il  suit  aveuglément,  sans  raison  avouable,  est 
aussi  contraire  à  F  honneur  qifà  la  fortune  du  pays* 

La  liberté  de  conscience,  la  liberté  d’enseignement,  la  liberté  dissociation  sont  con¬ 
damnées  par  les  sectaires  qui  inspirent  le  Ministère,  Les  lois  qu'il  a  fait  YOter  sont,  pour  a 
plupart,  mauvaises  ou  incomplètes  ;  elles  ont  déjà  soulevé  les  protestations  de  ceux  pour 
lesquels  elles  semblent  avoir  été  laites.  Les  grandes  réformes,  si  souvent  annoncées,  ne 
sont  que  des  illusions  destinées  à  tromper  les  espérances  de  ceux  qui  souffrent.  Les  trans¬ 
formations  d'impôts,  mal  étudiées,  mal  appliquées,  n'ont  abouti  qu  à  des  charges  plus 
lourdes,  mal  réparties  entre  les  contribuables* 

L'état  des  finances  publiques  inquiète  tous  les  hommes  qui  ont  l'expérience  des 
affaires  ;  tous  les  revenus  diminuent,  le  déficit  augmente  chaque  année;  le  commerce  et 
^industrie  sont  menacés  sans  trêve  par  des  agitateurs  intéressés;  les  grèves  sans  cesse 
renaissantes  favorisent  la  concurrence  étrangère  ;  la  liberté  du  travail  est  compromise  en 
même  temps  par  des  excitations  révolutionnaires  et  par  une  réglementation  désastreuse 
qui  appauvrit  l'ouvrier,  sous  prétexte  de  le  protéger*  On  a  fait  à  l'agriculture  des  promesses 
sans  nombre,  qui  n'ont  jamais  été  tenues*  On  laisse  impunément  glorifier  Fanarchie, 
absoudre  la  trahison,  nier  la  patrie  et  insulter  le  drapeau  national,  pendant  que  le  drapeau 
rouge  est  audacieusement  promené  devant  les  pouvoirs  publics*  L'armée,  qui  est  la  dernière 

m 


—  m 


sauvegarde  de  l'ordre  et  de  l'existence  du  pays,  est  attaquée  chaque  jour,  sans  une  protesta¬ 
tion  de  ceux  qui  ont  mission  de  ja  défendre. 

Tel  est  te  résultat  des  trois  années  de  ce  régime  néfaste* 

Le  mal  est  grand;  espérons  qu’il  ne  sera  pas  irréparable  et  que  la  France,  en  repre¬ 
nant  possession  d'elle-même,  restera  un  grand  pays,  puissant  et  glorieux  dans  le  monde* 

En  dehors  de  la  politique  générale,  ai-je  besoin  de  vous  rappeler  mes  appréciations, ou 
mes  votes  sur  les  questions  qui  vous  intéressent  particulièrement? 

Comme  par  le  passé,  je  suis  contraire  à  tout  emprunt  et  à  tout  impôt  nouveau*  le  me 
suis  opposé  à  l'exagération  des  entreprises  lointaines;  je  me  suis  associé  à  toutes  les  pro¬ 
positions  qui  pouvaient  améliorer  efficacement  le  sort  des  malheureux  et  des  petits  par 
l'assistance  et  la  mutualité,  et  je  veux  que,  dans  les  iois  qui  pourront  être  votées,  les  mômes 
avantages  noient  assurés  aux  ouvriers  des  campagnes  et  à  ceux  des  villes* 

J’accepte  le  service  militaire  de  deux  ans,  avec  rétablissement  des  garanties  néces** 
sabres  à  l'instruction  et  à  la  solidité  de  notre  armée  ;  mais  je  tiens  absolument  au  maintien 
des  dispenses  de  famille  inscrites  dans  la  loi  actuelle  et  qui  ne  pourraient  être  supprimées 
sans  compromettre  les  situations  les  plus  dignes  d'intérêt. 

J'avais  demandé,  dès  1S86,  la  suppression  des  périodes  des  vingt-huit  et  treize  jours* 
Je  constate  avec  plaisir  que  la  plupart  de  ceux  qui  me  l'ont  reproché  si  longtemps  se  mn\ 
tardivement  convertis  et  ont  fini  par  être  de  mou  avis. 

Pour  me  combattre,  mes  adversaires  n'ont  jamais  su  que  dénaturer  mes  opinions  et 
mes  actes*  Us  n'ont  jamais  pu  discuter  sérieusement  les  votes  émis  pendant  ma  longue 
carrière,  lis  ne  peuvent  me  mettre  en  contradiction  avec  raoUméine,  ou  avec  les  eemimentj 
du  pays. 

La  politique  que  j’ai  fermement  suivie  est  une  politique  de  paix,  dé  progrès,  de  liberté, 
de  justice  pour  tous,  sans  distinction  de  parti. 

Je  lui  resterai  fidèle,  comme  je  vous  resterai  dévoué,  si  vous  me  faites  l'honneur  de 
me  choisir  encore  pour  votre  Député. 

A.  DE  SAINT-MARTIN, 

Député  de  l'Indre. 


Circonscription  dISSOVPUN 

M.  Jacques  DUFOUR 

Élu  au  2°  tour  de  scrutin,  «r  6.383  voix. 


Citoyens, 

Par  plus  de  six  mille  cinq  cents  suffrages,  vous  m'aviez  chargé  de  représenter  etde. dé¬ 
fendre  à  la  Chambre  dès  Députés  les  idées  et  le  programme  socialistes. 

J’ai  conscience  de  n'avoir  jamais  failli  à  nies  engagements  et  au  devoir  que  vous  iftVies 
imposé  :  aussi,  c'est  avec  la  plus  grande  confiance  que  je  sollicite  le  renouvellement  de 
mandat  dont  vous  m'ave?  honoré. 

Sans  jamais  abandonner  me  parcelle  de  mes  convictions  politiques  et  économiques,  je 
me  suis  appliqué,  à  travers  les  circonstances  difficiles  de  la  vie  parlementaire,  b  toujours 
servir  vos  intérêts  et  ceux  du  pays  tout  entier, 

Né  au  milieu  de  vous,  ne  ygub  ayant  jamais  quittés,  pas  même  au  moment  où  les  ravages 


N*  H 62 


—  m  — 

du  phylloxéra  jetaient  ïa  misère  la  plus  noire  au  foyer  de  la  vaillante  :  et  laborieuse  popula¬ 
tion  Vigneronne  da  notre  arrondissement,  vous  me  connaissiez  avant  que  je  fusse 

votre  élu,  . 

Dans  les  longues  années  qui  se  sont  écoulées  et  pendant  lesquelles  j’ai  eu  le  grand 
honneur  de  vous  représenter  soit  à  l'Assemblée  communale,  au  Conseil  général  et  à  la 
Chambre,  vous  avez  pu  me  suivre  pas  à  pas  et  au  gfand  jour. 

Ce  que  j’étais  hier,  je  le  suis  aujourd’hui  et  te  serai  demain  ;  mes  actes,  mes  votes,  ma 
vie  tout  entière  ne  sont-ils  pas  une  profession  de  foi  et  mes  seuls  répondants  et 
caution  ? 

Camarades, 

Si  vous  estimez  que  le  lien  de  confiance  qui  nous  unit  et  rattachement  que  vous  avez  à 
la  cause  des  travailleurs  ne  doivent  pas  ëitë  romans,  vous  me  le  direz  en  renouvelant  vos 
suffrages. 

Vive  le  Prolétariat  organisé  l 
Vive  la  République  sociale  ï 

Jacques  DUFOUR* 

Conseiller  général  de  Pt'ndre, 
Député  sortant. 


—  380  — 


INDRE-ET-LOIRE 


Circonscription  de  CHINON 

M.  LEFFET 

Elu  au  ltjr  tour  de  scrutin.  —  13.090  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Daus  quelques  mois,  il  y  aura  neuf  ans  que  vous  m’avez  fait  l’honneur  de  me  désigner 
pour  relever,  dans  le  Chinonais,  ledrapeau  républicain,  qu’un  moment  d’erreur  avait  fait 
tomber  entre  les  mains  de  la  réaction. 

Je  crois  avoir  loyalement  rempli  le  mandat  que  vous  m’aviez  donné.- 

Aujourd’hui,  ce  mandat  va  prendre  lin;  c’est  avec  confiance  que  je  viens  vous  demander 
de  le  renouveler. 

Comme  en  1895  et  en  1898,  Fappui  unanime  de  vos  sénateurs  et  de  tous  vos  repré¬ 
sentants  républicains  dans  le  Chinonais  m’est  acquis  ;  je  puis  le  dire  sans  orgueil,  mais 
avec  üerté. 

L’heure  est  difficile,  décisive:  ce  n’est  pas  le  moment  de  déserter  la  lutte.  Vous  me 
truuverez  toujours  sur  la  brèche,  prêt  à  défendre  avec  toute  mon  énergie  le  parti  républi¬ 
cain  auquel  j’ai  l'honneur  d’appartenir.  Tous  les  adversaires  de  la  République  sc  sont  coali¬ 
sés  dans  le  but  de  la  renverser  ;  vous  connaissez  les  moyens  déloyaux  qu’ils  emploient, 
leurs  e (Torts  seront  vains! 

Haut  les  cœurs,  mes  chers  Concitoyens,  face  à  l'ennemi  commun  1 

Les  républicains  de  19G2  ne  sont  pas  encore  décidés  à  abandonner  les  libertés  si  vail¬ 
lamment  et  si  chèrement  acquises  par  leurs  ancêtres. 

Mon  programme,  mes  chers  Concitoyen  s,  vous  le  connaissez  tous,  les  actes  valent  mieux 
que  toutes  les  belles  paroles  ;  je  n'ai  donc  pas  à  insister  : 

Lois  scolaires  améliorées  le  plus  possible.  —  Vote  du  service  de  deux  ans.  —  Protec¬ 
tion  efficace  de  tout  ce  qui  concerne  l'agriculture,  —  Répartition  plus  équitable  des  charges 
fiscales,  avec  Fimpôi  sur  ie  revenu,  sans  inquisition  et  sans  mesures  vexatoires.  —  Vote  de 
l’ensemble  des  lois  agricoles,  sociales  et  ouvrières,  etc. 

Tels  sont  les  points  principaux  que  je  liens  à  signaler  à  votre  attention. 

Les  injures,  les  calomnies,  les  mensonges  si  chers  à  nos  adversaires,  vôtre  représen¬ 
tant  les  dédaigne  et  les  méprise;  il  peut  passer  partout  la  tète  haute;  il  n’a  jamais  été 
l’homme  d'aucune  compromission,  s’il  a  une  promesse  à  vous  faire,  c'est  de  poursuivre, 
dans  l’avenir,  la  ligne  de  conduite  que  vous  connaissez  et  dont  il  rie  s’est  jamais  écarté. 

Je  n’ajouterai  rien,  mes  chers  Concitoyens,  vous  savez  qui  je  suis,  car  depuis  27  ans 
j’habite  au  milieu  de  vous;  ou  pourra  employer  toutes  les  perfidies  et  autres  moyens 
inavouables  contre  moi,  j'en  suis  convaincu,  on  ne  parviendra  pas  à  me  faire  passer  à 
vos  yeux  pour  un  révolutionnaire,  un  ennemi  de  la  propriété  et  de  la  prospérité  de  mon 
pays. 


N°  1162 


—  381  — 

Partisan  du  bon  ordre,  du  progrès  et  de  la  liberté,  mon  ambition  est  de  chercher 
à  améliorer,  dans  la  mesure  du  possible,  le  sort  des  travailleurs  des  villes  et  des 

me  faites  l’honneur,  mes  chers  Concitoyens,  de  m’envoyer  au  Palais-Bourbon 
pour  une  troisième  législature,  vous  pouvez  être  assurés  de  me  trouver,  dans  1  avenir 
Smme  par  le  passé,  toujours  prêta  défendre  la  République,  vos  intérêts  et  ceux  de  notre 

arM>  vtus^fligerez  une  fois  de  plus  dansleChinonais,  aux  pires  ennemis  de  nos  institutions, 
une  nouvelle  et  éclatante  défaite. 


Aux  urnes’  Pas  d’abstentions! 
Vive  la  République! 


LEFFET’  Dépoté  sortant, 

Candidat  républicain  indépendant, 
Chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 


Circonscription  de  LOCHES 

M.  Alphonse  CilAUTEMPS 
Elu  au  l"r  tour  de  scrutin,  —  9.910  voix. 


Chers  Concitoyens, 

Le  Congrès  républicain  de  Loches  m’a  fait  l’honneur,  par  un  vote  unanime,  de  me 
confier  pour  les  prochaines  élections  législatives,  le  drapeau  de  la  République. 

le  me  soumets  à  cette  décision,  et  j’entre  résolument  dans  la  lutte  électorale,  tais  n 
mes  idées  politiques  le  sacrifice  d’une  situation  tranquille  et  honorée. 

Procureur  de  la  République  à  Tours  depuis  plusieurs  années,  ayant  par  des  liens  e 
famille  de  solides  attaches  dans  voire  région,  je  n’étais  pas  un  inconnu  pour  un  gram 
nombre  d’entre  vous;  vous  m’avez  désigné  parce  que  vous  connaissiez  mon  dévouenient  a 
la  République,  parce  que  vous  saviez  que  vous  trouveriez  en  moi,  non  pas  un  républ  cam 
d’étiquette  mais  un  démocrate  sincère,  profondément  attache,  par  toutes  ses  origines  e  pai 
son  propre  passé,  a  l’idéal  de  justice  sociale  et  de  liberté  politique  qui  const.tue  le  fond  de 
la  tradition  républicaine  et  le  véritable  esprit  républicain.  , 

C’est  contre  cette  tradition  et  contre  cet  esprit  que  les  partis  de  réaction  mènent  aujour¬ 
d’hui  une  campagne  furieuse,  accusant  le  parti  républicain  d’avoir  mal  gère  les  affaires  du 
navs  et  affichant  la  prétention  de  vouloir  sauver  la  République  en  en  chassant  les  Repa 
blicains.  L’histoire  de  ces  trente  dernières  années  démontre  l’injustice  et  l’audace  deconcer- 

tante  dJune  telle  entreprise,  ^ 

La  République  avait  trouvé  la  France  mutilée,  ruinée,  isolee  ;  elle  en  a  ait  une  nation 

assez  forte  pour  que  son  alliance  fût  recherchée  par  un  autre  grand  pays;  elle  a  agrandi  le 
territoire  national  de  ces  vastes  domaines  qu’elle  a  conquis  dans  toutes  les ’  j|gs 
monde  et  dans  lesquels  elle  trouvera  un  élément  de  puissance  politique  et  de  nche  se  .co- 
nomique.  Son  œuvre  extérieure  ne  l’a  pas  distraite  de  ses  devoirs  envers  les  ^ 
envers  tous  ceux  qui  travaillent,  à  l’atelier  comme  dans  les  champs;  elle  a  fait  d  utiles 


I 

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—  382  — 

lois  d’assistance,  elle  a  répandu  l'instruction  à  flots,  elle  a  développé  et  protégé  la  mutualité 
sous  toutes  ses  formes.  (Test  cette  œuvre  qu'il  s’agît  de  conserver  et  de  développer,  et  nul 
besoin  n’existe  delà  confier  à  ceux  qui  profitent  de  difficultés  passagères,  d’ailleurs  corn¬ 
ai  unes  à  tous  les  pays  d’Europe,  pour  dénier  au  Gouvernement  et  aux  Chambres  de  la  Répu¬ 
blique  toute  compétence,  tout  dévouement,  tout  patriotisme* 

Le  patriotisme  n’est  le  monopole  d’aucun  parti,  et  ceux-là  ne  sont  pas  les  vrais  amis  de 
l’armée  qui  ne  craignent  pas  de  la  mêler  aux  luttes  politiques» 

Chers  Concitoyens, 

Vous  attendez  avant  tout  de  votre  député  qu’il  soit  résolu,  et  je  le  serai*  à  favoriser 
toute  mesure  que  pourra  nécessiter  la  défense  de  la  République, 

Absolument  respectueux  de  Ja  liberté  dé  conscience  de  chacun,  et  convaincu  que  la  reli¬ 
gion!  comme  toute  manifestation  de  fa  conscience  individuelle,  doit  être  libre,  je  considère 
cependant  comme  lois  de  défense  républicaine  toutes  celles,  telles  que  la  loi  scolaire,  la  lot 
militaire  et  la  loi  sur  les  associations,  qui  ont  pour  objet  de  confiner  la  religion  dans  les 
temples  et  d’affranchir  la  société  civile  de  tente  ingérence  théocratique.  En  permettant  au 
Parlement  de  dissoudre  certaines  congrégations,  qui  sont  moins  des  ordres  religieux  que 
des  associations  de  conspirateurs  politiques,  la  République  ne  fera  pas  autre  chose  que  ce 
qu’ont  fait  toutes  les  monarchies  d’Europe,  et  même  un  pape. 

Je  sais  gré  au  Gouvernement  actuel  d’avoir  rétabli  l’ordre  dans  la  rue  et  mérité  h 
haine  des  ennemis  delà  République» 

Cette  œuvre  de  défensive  une  fois  assurée,  il  appartiendra  à  la  prochaine  Chambre  de 
mener  à  bien  certaines  réformes  depuis  longtemps  discutées  et  mûries, 

La  plus  urgente  de  toutes  est  celle  de  l’impôt  :  il  est  temps  de  procéder  à  la  révision  de 
notre  système  fiscal  en  faisant  l’application  du  principe  de  la  progression  ;  il  est  juste  que 
le  superflu  paye  plus  que  le  nécessaire,  que  les  petits  contribuables  soient  dégrevés,  qu’il 
soit  tenu  compte  des  charges  de  famille»  La  déclaration  obligatoire  du  revenu  et  les  moyens 
tracassiers  qu’elle  comporte  heurteraient  violemment  nos  habitudes,  mais  le  revenu  peut 
être  apprécié  par  ses  signes  extérieurs» 

Le  pays  réclame  l’égalité  devant  l’impôt  du  sang;  ie  service  militaire  peut  sans 
inconvénient  être  réduit  h  deux  ans  par  la  suppression  de  toutes  dispenses» 

Le  problème  des  pensions  de  la  vieillesse  doit  être  enfin  rêsôtti,  en  y  faisant  concourir 
Le  plus  possible  les  sociétés  de  secours  mutuels. 

1^  poursuivrai  la  simplification  de  la  procédure  judiciaire  et  la  réduction  des  frais  de 
justice  ;  Rabaissement  à  dix  centimes  de  la  taxe  d’affranchissement  des  lettres  ;  réorganisa¬ 
tion  plus  complète  du  crédit  agricole  ;  le  développement  de  renseignement  agricole  à  tous 
Les  degrés  et  dès  l’école  primaire;  la  création  des  Chambres  d'agricu'turi  ;  la  diminution  des 
tarifs  de  chemins  de  fer  pour  les  transports  intéressant  l’agriculture* 

Je  m’attacherai  par  dessus  tout  a  empêcher  toute  nouvelle  augmentation  dès  impôts; 
je  chercherai,  dans  une  large  décemr  ilisation  administrative  et  dans  la  suppression  dés  em¬ 
plois  inutiles,  les  économies  sans  lesquelles  le  crédit  de  la  France  pourrait  être  mis  èn 
périL 

Adversaire  résolu  des  doctrines  collectivistes,  qui  aboutiraient  â  supprimer  toute  liberté 
individuelle  et  toute  initiative,  et  nous  feraient  une  vie  de  misère  et  d’esclavage,  je  suis 
toutefois  un  partisan  déterminé  de  l’intervention  de  l’État  au  profit  des  faibles',,  c'est-à-dire 
de  J  a  femme,  de  Pendant  et  du  vieillard. 

Tel  est,  mes  qhers  Concitoyens,  l’esprit  dans  lequel,  si  j’avais  l’honneur  d’êire  votre 
représentant,  j’aborderaîs  les  problèmes  actuellement  posés  devant  l’opinion  publique;  je 
déploierais,  à  en  poursuivre  la  solution,  toute  mon  énergie  et  tout  mon  dévouement.  Je 
rendrais  compte  de  mon  mandat  chaque  année,  dans  les  chefs-lieux  des  six  cantons. 

Enfin,  j’ai  pris,  devant  le  Congrès,  Rengagement  dt’honneur  do  m'établir  définitivement 
dans  votre  arrondissement;  je  tiendrais  ma  promesse. 


— - 


N'  1162 


—  m  ~ 

La  République,  menacée  par  une  coalition  réactionnaire,  compte  sur  vos  libres  ^suf¬ 
frages.  Le  27  avril,  vous  tiendrez  à  affirmer  une  fois  de  plus  vos  convictions  démocra¬ 
tiques. 

Vive  la  République  ! 

Alphonse  CHAUTEMPS, 
Magistrat, 

Candidat  républicain  radical, 
Candidat  du  Congrès  républicain 


lr*  circonscription  de  TOURS 
M.  DRAKE 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  12.262  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Eai  l’honneur  de  solliciter  de  vous  le  renouvellement  de  mon  mandat. 

Depuis  plus  de  huit  ans,  vous  m’avez  vu  à  l’œuvre. 

Au  Parlement,  j’ai  participé,  avec  toute  l’activité  dont  je  suis  capable,  aux  travaux  lé¬ 
gislatifs.  J’ai  pris  part  à  de  nombreuses  discussions.  J’ai  été  membre  de  plusieurs  Commis¬ 
sions  importantes  :  de  la  Commission  des  octrois,  qui  peu  à  peu  a  consacré  1  ailiancbisse- 
ment  du  vin  à  l’entrée  de  presque  toutes  les  villes  de  France,  et  complété  ainsi  le  dégrè¬ 
vement  des  boissons  hygiéniques  ;  de  la  Commission  de  prévoyance  où  j’ai  défendu,  au 
sujet  des  retraites  ouvrières,  le  système  de  la  liberté  et  de  l’encouragement  à  l’initiative 
individuelle,  contre  lo  système  du  Gouvernement,  qui  était  l’impôt  et  l’obligation.  L’enquête 
de  1901,  faite  auprès  des  intéressés,  m’a  donné  raison. 

Dans  les  débats  politiques,  je  n’ai  jamais  déserté  le  programme  républicain  auquel  vous 
avez  donné  votre  confiance  en  1893  comme  en  1898.  Il  se  résume  en  ces  mots  ;  liberté, 
tolérance,  progrès,  sans  réaction  ni  révolution. 

C’est  sur  ce  programme  que  le  pays  doit  se  prononcer  à  nouveau  en  face  d’un  G  ou  ver- 
nement  qui  s'est  fait  L'instrument  servile  de  la  tyrannie  jacobine,  qui  a  placé  le  collectif 
visme  au  pouvoir*  et  qui  a  réduit  le  parti  radical  à  n3être  plus  rien  sans  l'appui  des  collec¬ 
tivistes,  auxquels  le  pays  est  livré. 

Les  destinées  du  pays  et  do  la  République  sont  entre  vos  mains. 

Si  vous  êtes  contre  le  collecti visme  qui  supprime  la  propriété  individuelle,  si  vous  êtes 
contre  le  régime  des  grèves  qui  ruinent  le  travailleur,  si  vous  êtes  pour  la  protection  du 
travail  par  l'ordre  et  le  progrès  ; 

Si  vous  repoussez  le  monopole  de  l'éducation  par  l'Etat,  et  si  vous  soutenez,  avec  les 
plus  illustres  républicains,  la  liberté  d’enseignement  ; 

Si  vu  us  êtes  contre  le  désordre  financier,  qui,  gràc?  aux  complaisances  du  Gouverne¬ 
ment  pour  les  surenchères  électorales,  a  creusé  le  déficit,  ouvert  le  grand  livre  de  l'em* 
prunt,  et  augmenté  les  impôts;  si  vous  voulez  T  économie  dans  le  budget; 

Si  vous  êtes  opposés  à  TanèamUsement  de  Tannée  que  les  internationalistes  veulent 
transformer  en  milice;  et  si,  tout  en  réduisant  le  service  militaire  à  deux  ans*  vous  exigez 
les  précautions  nécessaires  pour  maintenir  les  cadres  et  les  effectifs,  assurer  1  instruction 
des  soldats  et  sauvegarder  la  force  militaire  du  pays  ; 


—  384  — 


Si  vous  voulez  que  de  meilleures  habitudes  parlementaires,  qu’un  règlement  plus  sé¬ 
vère  rendent  véritablement  efficace  le  rôle  du  Parlement  ; 

Votez  encore  une  fois  pour  moi  î 

Ce  programme  est  le  mien. 

Le  scrutin  du  27  avril  a  une  importance  capitale. 

Le  peuple,  —  qui  est  souverain,  dont  la  volonté  est  la  véritable  loi,  qui  a  môme  le 
droit,  s’il  le  jugeait  nécessaire,  de  demander  jusqu’à  la  révision  de  îa  Constitution  —  le 
peuple  jugera  la  politique  qui  depuis  trois  ans  nous  a  courbés  sous  le  joug  sectaire  et  a 
vidé  notre  trésor  public, 

La  vraie  défense  républicaine  c’est  la  défense  des  contribuables,  de  l’armée,  de  la 
patrie  et  de  toutes  nos  libertés. 

Vive  la  République  î 

Jacques  DRÀKE,  Député  sortant. 

Conseiller  général  de  Montbazon, 
Conseiller  municipal  de  Tours -Centre, 
Candidat  républicain . 


2e  circonscription  de  TOURS 
M.  TiPHÀlNE 

Elu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  13.971  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

En  me  représentant  à  vos  suffrages,  après  onze  années  de  mandat,  je  viens  vous  de¬ 
mander  si  j’ai  accompli  le  devoir  républicain  que  vous  m’avez  confié. 

Nous  nous  connaissons  depuis  longtemps.  Notre  programme  commun  comporte  de 
nombreuses  réformes,  qui  doivent  aboutir  rapidement,  si  nous  ne  voulons  pas  décourager 
la  démocratie, 

La  plus  urgente  de  ces  réformes  est  celle  de  notre  système  fiscal,  qui  frappe  lourde¬ 
ment  les  faibles  et  ménage  les  puissants.  Le  fardeau  est  léger  pour  la  fortune  acquise, 
excessif  pour  les  revenus  du  travail.  L’impôt  est  écrasant  pour  la  masse  des  culti¬ 
vateurs. 

Ne  méritent-ils  point  un  allégement  de  leurs  charges?  Ils  ne  ^obtiendront  efficacement 
que  par  l’impôt  progressif  sur  le  revenu  qui  les  déchargera  et  sera  le  grand  dégrèvement 
des  campagnes. 

Les  réformes  sociales  réclament  aussi  de  promptes  solutions. 

Les  conditions  du  travail  se  sont  transformées.  La  puissance  de  l’argent  est  devenue 
telle  qu’elle  tend  à  tout  accaparer  au  détriment  des  consommateurs  et  des  travailleurs. 

Ët  pendant  ce  temps,  le  petit*  qu’il  soit  cultivateur,  commerçant,  ouvrier  ou  retraité, 
succombera  parce  qu’il  est  faible  et  isolé,  s’il  n’est  secouru  par  des  lois  protectrices  et  hu¬ 
maines,  Il  faut  améliorer  son  sort  dans  la  lutte  pénible  qu’il  soutient  pour  la  vie  et  créer  un 
ensemble  d’organisations  de  prévoyance  et  d’assurance  qui  le  mettront  à  l’abri  des  risques 
sociaux  et  rassureront  son  courage. 

Tel  je  comprends  le  devoir  social;  et,  empruntant  le  langage  de  M.  Goblet,  je  dirai  : 
«  C’est  pourquoi  un  grand  nombre  de  radicaux  dont  je  suis,  ajoutent  à  leur  titre  celui  du 


—  38n  — 


N°  I 1 62 


socialiste,  et,  tout  en  repoussant  formellèment  le  collectivisme,  qui  est  la  négation  de  la 
propriété  individueile,  n'en  sont  pas  moins  les  adversaires  résolus  des  monopoles  capita¬ 
listes  et  les  partisans  d?uoe  meilleure  organisation  du  travail*  » 

Dans  Tordre  politique,  le  vote  de  la  loi  contre  les  congrégations  a  pris  une  importance 
capitale  :  il  devra  mettre  fin  au  développement  de  ces  associations  dangereuses, qui  bravent 
toute  autorité  et  tendent  à  créer  un  État  dans  l'État* 

L'abrogation  de  la  loi  Falloux,  qui  a  livré  l'enseignement  aux  jésuites,  est  attendue 
comme  une  mesure  de  défense  républicaine* 

Peut-on  souffrir  plus  longtemps  que  «  deux  jeunesses,  moins  séparées  par  leur  con¬ 
dition  sociale  que  par  l'éducation  qu'elles  reçoivent,  grandissent  sans  sc  connaître  jus¬ 
qu’au  jour  ou  elles  se  rencontrer  ont  si  dissemblables  qu'elles  risqueront  de  ne  plusse 
comprendre  »  ? 

La  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans  pour  tous  est  admise  en  principe;  elle  sera 
votée  par  l'assemblée  de  demain. 

Au  premier  rang  de  nos  préoccupations }  nous  plaçons  les  intérêts  de  10  millions  de 
cultivateurs  t  L’agriculture  est  la  principale  source  de  Infortune  nationale.  Le  législateur 
doit,  sans  relâche,  rechercher  les  moyens  pratiques  pour  éviter  ou  abréger  les  crises  agri¬ 
coles  et  pour  assurer  enfin,  à  ceux  qui  travaillent  la  terre  et  font  vivre  les^autres,  une  pros¬ 
périté  stable  qui  profitera  à  tons* 

Promise  depuis  longtemps,  la  loi  *  sur  les  boissons  est  enfin  votée*  Elle  est  excellente. 
En  supprimant  les  droits  d'entrée  sur  les  vins,  en  abolissant  l'exercice  chez  les  débi¬ 
tants  et  en  consacrant  le  droit  des  bouilleurs  de  cru,  elle  a  été  une  loi  de  délivrance  et  de 
libération. 

A  cette  loi,  dont  le  texte  paraît  si  clair,  T  Administration  a  donné  une  interprétation 
étroite  et  antilibérale*  D'où  poursuites,  procès,  amendes  contre  de  nombreux  bouilleurs  de 
bonne  foi  qui  avaient  compris  la  loi  comme  nous-même. 

La  question  a  été  portée  dans  les  réunions,  dans  la  presse,  à  la  tribune,  devant  les  tri¬ 
bunaux.  Elle  devra  revenir  devant  la  Chambre  de  1902  pour  y  recevoir  les  modifications 
nécessaires. 

Par  ces  quelques  lignes,  j'ai  voulu  donner  un  aperçu  de  la  politique  républicaine  que 
j'ai  soutenue . 

Grâce  à  l'union  féconde  et  à  la  fidélité  du  parti  radical  et  du  parti  radical  socialiste, 
le  ministère  Waldeck-Rousseau  s'est  affirmé  et  a  triomphé  contre  toutes  les  coalitions 
réactionnaires  pendant  trois  années  :  durée  qu'aucun  cabinet  n'avait  pu  atteindre  jus¬ 
qu'ici. 

Puisse  le  suffrage  universel  donner  à  ce  parti  de  gouvernement  réformateur  et  anticlé¬ 
rical  la  majorité,  qui  permettra  de  continuer  l’œuvre  commencée  et  d'imprimer  à  la  Répu¬ 
blique  la  direction  la  plus  conforme  aux  revendications  de  la  démocratie  I 

A.  TIPHA1ÎNE, 

Maire  de  Monnaie, 

Conseiller  général  de  Vouvray, 

Président  du  Comice  agricole  populaire  de  l'arrondissement 
de  Tours, 

Député  sortant* 


49 


ISERE 


V*  circonscription  de  GRENOBLE 

M.  Gustave  RIVET 

Elu  au  1er  tour  cto  scrutin.  —  7,736  voix. 


Électeurs^ 

Pour  la  sixième  fois*  je  sollicite  vos  suffrages. 

Depuis  bientôt  vingt  ans,  j’ai  l’honneur  de  vous  représenter*  et  j’ai  fait  tons  [mes  efforts 
pour  bien  défendre  vos  intérêts  ot  bien  servir  la  République.  Fort  de  ma  conscience,  je  vais 
la  tête  haute  et  je  n’ai  que  mépris  pour  ies  injures,  les  attaques,  les  calomnies  et  les  men¬ 
songes  inspirés  par  la  plus  insigne  mauvaise  foi,  par  les  plus  basses  ambitions,  —  et  h  qui 
leur  origine  enlève  toute  importance  et  tout  crédit* 

Vous  me  connaissez,  —  aussi  np  ferai-je  pas  une  longue  profession  de  foi* 

Je  n’ai  pas  besoin  de  rappeler  et  d’énumérer  toutes  les  réformes  que  nous  voulons 
poursuivre  et  réaliser* 

Je  dirai  simplement  comme  par  le  passé,  je  réclamerai  : 

La  réforme  démocratique  de  T  impôt* 

La  réduction  du  service  militaire,  sans  toutefois  affaiblir  notre  armée  et  ébranler  la 
securité  nationale. 

Pour  défendre  et  protéger  l'agriculture,  je  voux  toute  la  série  des  lois  élaborées  et  pré¬ 
parées  par  le  groupe  agricole  dont  je  fais  partie. 

Je  veux  toutes  les  lois  qui  doivent  assurer  la  suprématie  de  l’État  laïque  et  préparer  la 
séparation  du  TÉglise  et  de  l’État. 

Avec  la  création  des  Caisses  de  retraites,  je  veux  toutes  les  améliorations  sociales  qui 
n  attentent  ni  à  la  liberté,  ni  à  ia  propriété  individuelle* 

Je  suis  pour  la  paix  et  la  fraternité  contre  la  lutte  de  classes,  pour  l’union  féconde  du 
capital  et  du  travail  contre  les  semeurs  de  haines,  de  grèves,  d’agitation  si  nuisibles  à  la 
prospérité  nationale*  Je  suis  contre  les  prédicateurs  de  spoliations,  de  violences,  de  ban¬ 
queroute  et  de  révolutions, 

A  T  attaque  de  toutes  les  réactions  cachées  sous  le  masque  nationaliste,  aux  menaces  et 
aux  dangers  du  collectivisme  révolutionnaire,  opposons  la  ligue  des  braves  gens,  des  bous 
démocrates,  des  sincères  républicains* 

Dauphinois,  tenons  liant  et  ferme  le  drapeau  de  la  vraie  République  de  progrès  et  de 
réformes,  d’ordre  et  de  travail,  de  Justice  et  de  paix  sociales  I 

Vivo  la  République  ! 

Gustave  RIVET,  Député  sortant, 
Vice-président  du  Conseil  général* 


2'-  circonscription  de  GRENOBLE 
U.  FICHAT 

Elu  au  2*  tour  do  scrutin,  12.894  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Depuis  trente-cinq  ans  que  j’appartiens  à  la  vie  publique,  soit  comme  Conseiller  d  ar¬ 
rondissement,  soit  comme  Conseiller  général  de  l’Isère,  j'ai  toujours  lutté  dans  notre  dépar¬ 
tement  pour  îa  République  contre  toutes  les  Réactions. 

Contre  les  Réactions  dans  le  passé , 

Enfant  du  peuple,  ayant  vécu  ia  vie  du  travailleur  des  champs  durant  toute  ma  jeu¬ 
nesse,  privé  moi-même  d’instruction  jusqu'à  l’âge  de  quinze  ans,  fai  compris  de  bonne 
heure  que  la  République  devait  être  le  Gouvernement  d’une  grande  et  généreuse  Démo¬ 
cratie  comme  la  nôtre,  parce  qu’elle  favoriserait,  de  plus  en  plus,  l'ascension  du  Peuple  en 
améliorant  son  sort  matériel  et  moral. 

Aussi  ai-je  lutté  de  toutes  mes  forces  contre  l’Empire  en  soutenant,  dès  1869,  le  pre¬ 
mier  candidat  républicain  du  déjbrtnmeut,  M,  Riondel,  qui  se  portait  contre  le  candidat 
officiel  de  l’Empereur.  M.  Champoïiion.  Simple  fonctionnaire,  je  fus  alors  menacé  d’une 
révocation  par  la  Préfecture,  révocation  qui  aurait  été  suivie  d’effets,  si  M.  Blondel  et  le 
parti  républicain  n’avaient  triomphé.  * 

Plus  tard,  en  1877,  j’ai  combattu  la  réaction  royaliste,  et,  dans  mon  propre  canton,  je 
menai  une  empagne  énergique  contre  le  10  Mai  et  l’Ordre  Moral,  dont  les  promoteurs  pré¬ 
tendaient  restaurer  la  monarchie  et  renverser  la  République, 

Enfin,  aux  côtés  de  M.  Aristide  Rey,  je  n’ai  pas  hésité  à  combattre  la  réaction  cléricale, 
lorsqu’aux  dernières  élections  législatives,  M.  Riessy  se  présenta  à  nos  suffrages,  et  j  ac¬ 
compagnais  dans  toutes  les  communes  de  mon  canton  le  vieux  républicain  Aristide  Rey,  qui 
voulait  bien  me  considérer  comme  un  vieil  ami  politique  et  comme  son  plus  ancien  com¬ 
pagnon  de  luttes. 

Le  Petit  Dauphinois,  d’ailleurs,  le  reconnaissait,  et  dans  son  numéro  du  20  juillet  1895 
il  rendait  lui-même  hommage  «  à  mon  dévouement  avéré  et  ancien  à  la  République  ». 

Or,  aujourd’hui,  une  nouvelle  rêactmn  menace  la  démocratie,  c’e.st  la  réaction  collec¬ 
tiviste. 


Une  nouvelle  réaction  :  le  Collectivisme. 

Après  avoir  puisé  ses  théories  en  Allemagne,  qui  se  garde  bien  de  les  mettre  en  psa- 
tique,  le  collectivisme  révolutionnaire  a  répandu  ses  doctrines  en  franco  et  voudrait  faire 
de  la  République  une  tyrannie  insupportable. 

Il  voudrait  rendre  -l’État  maître  absolu  de  la  terre,  de  l’industrie  et  du  commerce. 

Il  voudrait  donner  à  l’Kiat  le  droit  do  réglementer  la  famille,  pour  arriver  peu  à  peu  à 
la  faire  disparaître,  en  prônant  l’union  libre,  en  enlevant  l'éducation  des  enfants  à  leuis 
parents  et  eu  supprimant  l’héritage. 

11  voudrait,  enfin,  la  suppression  des  frontières  et  l’intcniationalismo,  rêve  utopique 
réalisable  peut-être  dans  deux  cents  ans,  mais  qui,  pour  1  instant)  ferait  de  la  Franco  ia 
proie  de  l’étranger,  et  nous  rendrait  bientôt  tributaire  donations  qui  augmentent,  de  joui  en 
jour,  leurs  forces  militaires. 


—  388  — 


■ 


Devant  le  Collectivisme,  l’Union  s’impose. 

Devant  les  dangers  d’une  pareille  doctrine  révolutionnaire,  le  parti  républicain  tout 
entier  comprit  que  l’union  s’imposait. 

Déjà,  grâce  à  cette  union,  il  avait  barré  la  route  aux  collectivistes  de  Grenoble,  lors  des 
élections  municipales  de  1900,  et  sa  victoire  avait  été  éclatante. 

A.  la  veille  des  prochaines  élections  législatives,  la  même  union  avait  été  réalisée.  Il  y 
a  trois  mois,  à  peine,  les  républicains,  écartant  toutes  questions  irritantes  de  personnes  et 
de  parti,  avaient  décidé  d’oppser  un  candidat  unique,  M.  le  docteur  Girard,  à  M.  Zévaês. 
Entre  ces  deux  candidats,  la  défaite  du  collectivisme  était  assurée. 

Or,  c’est  â  ce  moment  môme,  qu’une  coterie,  «  La  Ligue  des  Droits  de  l’homme  »,  a  cru 
bon  de 'diviser  le  parti  républicain  en  présentant  aux  suffrages  des  électeurs  un  jeune 
homme,  M.  Vallier,  faisant  appel  aux  seuls  radicaux  socialistes  pour  combattre  le  collecti¬ 
visme. 

Qu’était  donc  M.  Vallier? 

Un  jeune  homme  qui,  il  y  a  deux  ans  à  Grenoble,  figurait  en  tête  de  la  liste  des  collec¬ 
tivistes  aux  élections  municipales  de  1900  et  qui  réunissait  sur  son  nom  â.500  suffrages 
révolutionnaires. 

Un  jeune  homme  qui  a  pour  tout  passé  politique  d'avoir  pendant  quatre  ans  combattu  à 
côté  des  collectivistes,  en  flétrissant,  à  l'exception  du  Droit  du  Peuple ,  tonte  îa  presse  répu¬ 
blicaine  :  Petit  Dauphinois,  Réveil  du  Dauphiné f  Progrès  et  Lyon  Républicain,  tous  arti¬ 
sans  de  la  concentration. 

Et  c'est  ce  jeune  homme  qui,  non  content  de  briser  FUiiion  républicaine,  excommunie 
de  la  République  tous  ceux  qui  n'en  ont  pas  sa  conception. 

On  ni' a  demandé  de  réaliser  cette  Union* 

C'est  alors  que  de  nombreux  républicains  sont  venus  me  trouver,  mettant  en  avant 
mun  passé  républicain  et  les  services  que  j’ai  rendus  au  département  depuis  trente- 
cinq  ans. 

Ils  m'ont  prié  de  faire  appel  à  tous  les  républicains,  sans  distinction  d'épithètes. 

Sans  ambition,  mais  conscient  de  mon  devoir  à  remplir,  j'aï  accepté. 

J'ai  mis  toutefois  une  condition. 

C'est  que  je  n'aurais  à  subir  le  mot  d'ordre  d'aucun  comité,  d'aucune  coterie,  d'aucune 
ligue. 

Je  me  suis  présenté  simplement  aux  électeurs,  soutenu  par  le  Réveil  du  Dauphiné,  le 
plus  ancien  organe  du  parti  républicain  dans  l’Isère. 

l'ai  visité  toutes  'es  communes, 

le  me  suis  rendu  dans  tous  les  quartiers  de  Grenoble, 

Partout  j'ai  dit  ce  que  j'étais. 

Partout  on  a  bien  voulu  me  réserver  le  meilleur  accueil* 


XIDN  PROGRAMME 

Dans  ces  conditions,  mon  programme  ne  peut  être  qu'un  programme  d'union. 

H  se  résume  en  deux  mots  : 

«  Faire  appel  à  tous  les  républicains  pour  lutter  contre  le  collectivisme,  en  substituant 
aux  promesses  chimériques  des  révolutionnaires  des  réformes  démocratiques  immédia¬ 
tement  réalisables.  » 

Agir  autrement  serait  faire  œuvre  de  division. 

Repousser  telle  ou  telle  fraction  du  parti  républicain  serait  un  crime. 

Malgré  mon  passé  et  mes  trente  années  de  lutte  pour  la  République,  je  n'en  exclurai 
jamais  personne. 


M.  Waldeck-Kousseau,  d’ailleurs,  le  disait  très  justement  dans  son  grand  discours  de 
Bordeaux  en  1 897  : 

«  S’il  en  est  qui  croient  que,  même  par  les  plus  éclatants  services,  on  peut  acquérir  sur 
la  République  une  sorte  de  droit  de  priorité  et  de  domaine  privé  im partageable,  il  faut 
hardiment  répondre  que,  si  grands  qu’aient  été  ces  services,  ils  ne  peuvent  conférer  ni 
droit  de  préférence,  ni  privilèges. 

«  La  République  ne  peut  être  qu’ouverte  ou  fermée. 

«  Fermée  !  c’est  la  tyrannie  passagère  et  c’est  aussi  la  négation  de  son  principe. 

«  Ouverte,  c’est  la  liberté  avec  toutes  ses  conséquences  ». 

C’est  sur  ce  terrain  que  je  place  ma  candidature. 

Dauphinois,  je  fais  appel  à  tous  ceux  qui  veulent  sauvegarder  notre  pays  des  funestes 
effeis  des  doctrines  révolutionnaires. 

Travailleur,  arrivé  par  mon  travail  persévérant,  je  m'adresse  à  tous  ceux  qui  croient 
que  des  jeunes  gpns  ont  assez  bouleversé  notre  circonscription  et  trompé  les  travailleurs, 
dont  ils  n’ont  jamais  partagé  les  peines,  ni  vécu  la  vie  laborieuse  et  pénible. 

Républicain,  ayant  consacré  trente  ans  de  ma  vie  au  service  du  département,  je  livre 
mon  passé  tout  entier  à  votre  appréciation. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Si  vous  croyez  que  l’heure  est  enfin  venue  de  grouper  toutes  les  forces  des  travailleurs 
dauphinois  et  républicains  contre  ia  dernière  réaction  qui  nous  menace,  la  réaction  collée* 
tivisie,  je  vous  demande  de  faire  votre  devoir  comme  nous  l'avons  fait  nous- même  en 
1869,  en  1877  et  en  1898,  avec  les  chefs  du  parti  républicain  de  l’Isère. 

Je  compte  sur  votre  patriotisme  et  sur  votre  foi  invincible  dans  l’avenir  de  la  République  . 
et  de  la  France! 

F.  PICHAT, 

Architecte,  maire  de  Saint-Laurent-du-Pont, 
Conseiller  géuéral;'de  l’Isère. 


PlIOCR.WIME  DE  M.  PlCÏUT. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Je  suis  de  ceux  qui  ont  fondé  le  parti  républicain  dans  l’Isère  et  je  crois  l’heure  venue 
pour  tous  les  travailleurs  de  s’unir  dans  la  République,  de  plus  en  plus  forte  et  de  plus  en 
plus  soucieuse  d’abandonner  les  luttes  de  parti  et  l’action  révolutionnaire,  pour  chercher  à 
améliorer  pratiquement  leur  sort  matériel  et  moral, 

Ati  point  de  vue  politique. 

Défense  de  la  République  contre  tous  les  périls  qu’elle  pourrait  courir.  Je  l’ai  dérendue 
en  1877,  en  1893  et  en  1898.  Je  suis  prêt  encore  à  la  défendre. 

Au  point  de  vue  social. 

Protection  du  travail  national  contre  la  concurrence  étrangère. 

Répression  sévère  de  l’agiotage  et  des  opérations  frauduleuses  de  Bourse,  favorisant 
aux  dépens  du  travail  national  la  réalisation  de  fortunés  scandaleuses  et  injustes. 

Nécessité  de  restreindre  immédiatement  les  dépenses  nationales,  afin  de  diminuer 
l’impôt  et  d’arrêter  le  déCcit  qui  nous  écrase. 

Fortifier  le  pays  contre  les  attaques  d’ennemis  qui  augmentent  chaque  jour  leurs  forces 


militaires,  en  plaçant  l'année  en  dehors  de  la  politique  et  en  la  composant  de  plus  en  plus 
de  soldats  de  carrière.  Ainsi  sauvegardée,  et  de  l'avis  même  de  ses  chefs,  l'armée  peut 
diminuer  le  temps  de  service  militaire.  C’est  dire  que  je  voterai  ïc  service  de  deux  ans. 

Pour  les  ouvriers  : 

©rganisation  des  retraites  ouvrières,  qui  doivent  être  le  premier  souci  de  la  législature. 

Établissement  de  l'obligation  du  repos  hebdomadaire. 

Organisation  des  Conseils  départementaux  du  travail  élus  par  les  patrons  et  par  les 
ouvriers,  destinés  à  régler,  par  profession,  toutes  les  questions  intéressant  le  travail  (salaire, 
heures  de  travail}. 

Protection  de  la  femme  et  de  l'enfant,  à  l'usine,  à  l'atelier,  au  magasin* 

Développement  des  mutualités  et  de  l'instruction  professionnelle  ouvrière. 

Approbation,  en  principe,  et  sous  réserve  des  économies  urgentes  et  nécessaires  u 
réaliser  dans  tous  les  services  nationaux i  des  revendications  formulées  par  les  employés 
de  chemins  do  fer,  eu  ce  qui  concerne  les  pensions  de  retraite,  les  congés,  les  salaires  et 
appointements,  les  amendes,  la  prud’homie  et  les  conseils  du  travail  Ces  réformes  ont  été 
acceptées  par  une  lettre  que  j'ai  adressée  au  Président  du  Syndicat  de  Grenoble,  le 
18  avril  1902. 

Pour  les  commerçants  : 

Défense  du  petit  commerce  contre  tous  les  monopoles. 

Modification  des  patentes  grevant  d’une  façon  inégale  le  grand  magasin  et  le  petit 
commerce. 

Approbation  des  revendications  si  justes  formulées  par  le  Syndicat  des  limonadiers  et 
des  débitants,  et  acceptées  par  moi  dans  une  lettre  du  9  avril  au  Président  du  Syndicat  de 
Grenoble. 

Pour  les  cultivateurs: 

Protection  de  la  vie  du  cultivateur  en  lui  appliquant  les  avantages  des  retraites  ouvrières 
dont  on  voudrait  l'exclure. 

Protection  de  la  terre  par  la  diminution  des  frais  de  ventes  judiciaires  d’immeubles, 
des  droits  de  mutation  sur  les  ventes  de  propriétés  rurales  et  par  la  réforme  de  l'impôt 
foncier* 

Protection  de  la  vente  des  produits  ruraux,  blés  et  récoltes,  par  le  maintien  des  tarifs 
douaniers  et  par  l'interdiction  pour  l’Écat  d'acheter  les  objets  d'alimentation  de  l'armée  à 
d'autres  qu'à  des  cultivateurs  français. 

Je  soumets  ce  programme  à  tous  les  électeurs  sérieux,  à  tous  les  républicains  qui  ont 
vécu,  comme  moi  depuis  50  ans,  de  la  vie  du  travailleur  et  qui  veulent,  avec  la  liberté  pour 
tout  le  monde,  moins  de  politique  stérile  et  plus  de  réformes  pratiques. 

Vive  la  République  démocratique  ! 

Vive  la  France  ! 


PI  GIIÀT, 

Conseiller  général  de  l'Isère, 
Candidat  d'Uniou  républicaine. 


3e  circonscription  de  GRENOBLE 


M»  VOGELI 

Élu  au  1er  tour  du  scrutin,  —  7-625  voix. 


M,  Vogeli  n’a  public  aucun  programme  électoral.  La  pièce  suivante  a  été  adressée  aux 
électeurs  par  les  soins  de  son  Comité* 

CANDIDATURE  DE  CONCENTRATION  ET  D*UNI0N  RÉPUBLICAINES 

Adresse  à  M .  VOGELI 

A  AL  Félii  VOOjBliï,  ancien  Député,  Conseiller  générai  du  canton  de  Cl  elles. 

Monsieur  et  cher  Collègue, 

Par  votre  situation  personnelle  indépendante,  par  votre  limite  culture  intellectuelle, 
par  vos  grandes  qualités  de  cœur,  par  votre  passé  et  votre  autorité  politique  dans  ce  pays, 
vous  ôtes  au-dessus  des  vaines  satisfactions  que  donnent  les  fonctions  publiques.  CTest  donc 
à  fa  cçôm  plisse  nient  d'un  véritable  devoir  que  nous  vous  appelons  en  vous  demandant  de 
nous  donner  votre  nom,  synonyme  de  vrai  républicanisme  et  de  loyauté  politique,  en  vous 
demandant  d’accepter  la  candidature  aux  prochaines  élections  législatives  dans  la  3°  cir¬ 
conscription. 

Républicain  d'origine  et  de  tradition,  fondateur  du  «  Réveil  du  Dauphiné  »,  organisa¬ 
teur  du  parti  républicain  dans  FIsère,  vous  avez  acquis  des  titrés  et  des  droits  à  la  recon¬ 
naissance  de  vos  concitoyens;  mais  vous  avez  aussi  encouru  des  responsabilités  qui  vous 
obligent  à  rester  à  la  tête  de  ceux  à  qui  vous  avez  appris  à  aimer  la  République  et  à  la  con¬ 
sidérer  comme  le  gouvernement  nécessaire. 

Votre  passé,  les  luttes  sou  tenues ,  les  diverses  manifestations  de  votre  vie  publique, 
vous  permettent,  —  à  vous  que  Gambetta  honorait  de  son  amitié,  à  vous  qui  êtes  dans  ce 
département  le  fidèle  continuateur  de  sa  politique,  —  de  dédaigner  toutes  les  insinuations 
intéressées,  de  vous  placer  au-dessus  des  mesquines  querelles  de  coterie,  de  réaliser 
fanion  large  de  tous  les  républicains  que  n’aveugle  pas  l'esprit  sectaire,  et  de  mériter  la 
confiance  de  ions  ceux  qui,  à  quel  titre  que  se  soit,  se  réclament  de  la  grande  idée  répu¬ 
blicaine. 

Mais  si  nous  nous  adressons  aujourd’hui  à  vous,  si  nous  faisons  un  nouveau  et  pressant 
appel  à  votre  dévouement,  ce  n’est  pas  uniquement  parce  que  vous  êtes  un  républicain  sans 
tache,  sans  compromissions  et  sans  défaillances  qui  a  su  imposer  lé  respect  à  tous  par  une 
carrière  noblement  remplie,  c’est  aussi  parce  que  nous  savons,  ayant  été  à  même  de  les 
apprécier,  les  grands  services  que  vous  avez  déjà  rendus  à  notre  circonscription  et  que  vous 
lui  rendrez  encore  lorsque  les  électeurs*  revenus  d'une  surprise  habilement  préparée  et 
dont  ils  ont  été  les  premiers  h  reconnaître  les  effets,  vous  auront  rendu  au  Parlement  la 
place  que  vous  y  avez  occupée  si  dignement  et  de  façon  si  profitable  aux  intérêts  de  vos 
concitoyens. 

Pendant  les  quatre  années  que  vous  avez  été  à  la  Chambre,  le  représentant  de  notre 
région,  vous  y  avez  conquis  une  situation  honorable  par  votre  assiduité,  votre  travail,  votre 
savoir  et  votre  caractère.  Ifavez-vous  pas  été  membre  de  beaucoup  de  Commissions  très 


importantes?  IN  'avez-vous  pas  été  membre,  pendant  deux  années  consécutives,  de  la  Com¬ 
mission  du  budget,  toujours  composée  de  l’élite  de  la  représentation  nationale,  et  vos  col¬ 
lègues  do  celte  Commission  ne  vous  ont-ils  pas  désigné,  à  deux  reprises,  comme  rapporteur 
du  Budget  dos  Postes  et  Télégraphes,  qui  comporte  une  dépense  de  250  millions  ? 

Vous  avez  apporté  à  la  Chambre  les  mêmes  qualités  de  précision,  de  méthode,  de  fran¬ 
chise,  qui  vous  ont  fait  une  place  prépondérante  dans  notre  Assemblée  départementale,  où 
vous  représentez,  depuis  vingt-cinq  ans,  les  électeurs  du  canton  de  Ciel  les.  Au  Conseil  gé¬ 
néral,  vous  prenez  part  à  toutes  les  discussions  importantes,  apportant  le  concours  si  pré¬ 
cieux  de  vos  connaissances  financières  et  Tautorilé  de  votre  grande  expérience,  où  tous 
vos  collègues  vous  apprécient  et  vous  respectent. 

Dans  l’intérêt,  supérieur  de  la  ftépublique,  comme  dans  l’intérêt  spécial  de  notre  cir¬ 
conscription,  il  faut  en  finir  avec  la  politique  de  coterie,  avec  la  politique  de  haine  et  de 
rancune,  dont  tous  les  résultats  se  limitent  à  des  déplacements  de  fonctionnaires,  petits  ou 
grands,  et  à  des  vexations  sans  trêve  ni  merci. 

Connaissant  votre  esprit  large  et  tolérant,  l’estime  et  la  sympathie  que  vous  accordent 
tous  les  honnêtes  gens,  nous  estimons  que  vous  seul  pouvez  faire  dans  notre  circonscription, 
la  concentration  et  Punion  véritable  entre  les  républicains  qui  veulent  pour  tous  Injustice 
et  la  liberté. 

Quelles  que  soient  les  divergences  qui  peuvent  exister  entre  nous  sur  certains  points 
de  la  politique,  nous  nous  sommes  unis  dans  la  même  pensée  pour  vous  offrir  la  candida¬ 
ture;  car  nous  savons,  grâce  â  votre  passé,  quelle  confiance  nous  pouvons  avoir  dans  vos 
convictions  et  votre  loyauté.  En  agissant  ainsi,  nous  avons  conscience  de  faire  œuvre  utile 
et  juste,  de  servir  les  intérêts  de  nos  régions  et  de  répondre  aux  sentiments  de  la  très 
grande  majorité  des  électeurs  de  la  3e  circonscription. 

Faites  votre  devoir  en  acceptant. 

Les  électeurs  sauront  faire  le  reste* 

àmàr,  conseiller  général  du  canton  de  Vi)Iard-de-Lans  ; 

Charbonnier,  conseiller  général  du  canton  de  Bourg-d’Qisans  ; 

Chion-Ducollet,  conseiller  général  du  canton  de  La  Mure; 

David,  conseiller  général  du  canton  de  Valbonnais; 

Durand-Savotat,  sénateur,  conseiller  général  du  canton  de  Mooestier- 
de-Clermont. 

Acceptation  de  M .  VOGELJ 

Voici  la  lettre  que  Mt  Vogeli  fa  adressée  à  ses  collègues  au  Conseil  général,  MM.  Àmàr, 
Charbonnier,  Chion-Ducollet,  David  et  Dur.and-Savoyat  ; 

«  Chers  Collègues* 

«  le  vous  ai  exposé  souvent  les  motifs  d'ordre  tout  à  fait  personnel  qui  m’avaient  fait 
résister  aux  nombreuses  sollicitations  dont  je  suis  l’objet  depuis  six  mois,  aussi  bien  qu’aux 
vôtres.  Vous  insistez  cependant  :  vous  parlez  des  responsabilités  que  m’a  créées  un  long 
passé. 

«  Puisque  vous  pensez  que  je  puis  encore  être  utile  à  notre  circonscription  et  que  IV 
nion  des  républicains  peut  se  faire  sur  mon  nom,  puisque  vous  faites  appel,  non  pas  seule¬ 
ment  au  dévouement,  mais  au  devoir,  j’accepte  et  je  suis  avec  vous. 


a  F.  VOGELI  *  « 


—  393  — 


N°  1162 


Circonscription  de  SAINT-MARCELLIN 

M.  CHENAVAZ 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin,  —  11,053  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Les  nombreux  témoignages  de  sympathie  et  de  confiance  que  m'ont  adressés,  depuis 
trois  mois,  les  associations  et  comités  républicains  de  l’arrondissement  de  Saint-Marcellin  ; 
les  manifestations  toutes  spontanées  des  représentants  (maires  et  adjoints)  de  plus  de 
80  communes  de  nos  cantons,  ainsi  que  de  plusieurs  Conseils  municipaux,  reconnaissant 
avec  quel  entier  dévouement  J’avais  consacré  tous  mes  efforts,  souvent  avec  un  plein  succès, 

—  au  service  et  à  la  défense  des  affaires  communales  et  des  intérêts  de  leurs  administrés, 
_  me  font  un  devoir  de  solliciter  de  nouveau  le  renouvellement  du  mandat  que  vous  m'a¬ 
vez  confié  en  1895  et  1898. 

Dédaignant  la  campagne  de  dénigrement  d’adversaires  de  mauvaise  foi,  de  spécu¬ 
lateurs  professionnels  de  mensonge  et  d’imposture,  appliqués  à  dénaturer  mes  actes  ou  à 
falsifier  mes  votes  et  leur  signification,  je  prétends  avoir  prouvé  que  je  suis  toujours  resté 
fidèle  aux  traditions,  aux  programmes,  à  Fesprit  républicains  et  démocratiques. 

Pendant  la  dernière  législature,  j'ai  adhéré  et  collaboré  à  cette  imposante  concentra¬ 
tion  qui  a  groupé  toutes  les  forces  démocratiques,  sincèrement  et  avant  tout  républicaines, 
autour  du  drapeau  que  tenaient  avec  tant  de  fermeté,  de  vaillance  et  de  supériorité, 
MM.  Émile  Loubet  et  Waldeck-Kousseau,  pour  repousser  les  assauts  du  nationalisme,  du 
césarisme  et  de  tous  les  partis  de  désordre,  de  la  démagogie  réactionnaire  ou  anarchiste 
révolutionnaire. 

Cette  union,  cette  concentration  républicaine,  en  assurant  l’affermissement  de  nos 
institutions,  a  bientôt  dispersé  les  bandes  nationalistes  de  cléricaux  honteux,  se  dissi¬ 
mulant  sous  des  appellations  républicaines  diverses  et  se  parant  d’un  patriotisme  de  parade 
et  de  faux  a  loi. 

Sous  l’égide  d’une  majorité  exclusivement  républicaine,  résolu  à  repousser  toutes  les 
attaques  de  la  contre-révolution,  le  Parlement  a  pu,  par  un  travail  fécond,  donner  au  pays 
quelques  réformes  importantes  ;  la  réforme  des  boissons,  première  tentative  efficace  contre 
la  législation  de  1816;  la  réforme  des  droits  de  succession,  liquidés  seulement  sur  l’actif, 
déduction  faite  des  dettes;  la  suppression  des  octrois,  de  l’exercice;  la  loi  sur  les  sociétés 
de  secours  mutuels;  sur  la  limitation  des  heures  de  travail  pour  les  enfants  et  les  femmes 
dans  les  usines;  sur  les  accidents  du  travail;  sur  le  payement  des  salaires,  etc.,  etc. 

Le  Parlement  a  pu  surtout  assurer  aux  mains  du  gouvernement,  une  arme  assez  puis- 
saute  pour  tenir  en  respect,  en  attendant  des  ipesures  plus  énergiques,  le  pouvoir  occulte 
des  congrégations  internationales,  envahissant  et  menaçant  de  dominer  la  société  civile  et 
d’absorber  la  fortune  nationale. 

Une  majorité  fermement  républicaine  et  plus  réformatrice  est  nécessaire  dans  la 
nouvelle  législature  pour  compléter  et  améliorer  l’œuvre  de  ses  devancières.  Le  suffrage 
universel  y  pourvoira. 

21ie  réalisera,  enfin,  nous  F  espérons,  ces  grandes  réformes  toujours  attendues,  toujours 
réclamées  par  la  démocratie  :  la  réforme  de  l'impôt,  par  l’impôt  progressif  sur  le  revenu, 
remplaçant  les  contributions  des  portes  et  fenêtres,  la  contribution  mobilière,  l’impôt  fon¬ 
cier  sur  les  propriétés  non  bâties,  —  pour  réaliser  la  réfection  du  cadastre  ;  —  la  loi  sur  les 
retraites  ouvrières,  étendue  aux  travailleurs  agricoles  et  aux  petits  propriétaires,  oilti- 


50 


—  394  — 


vateurs,  dont  les  labeurs  incessants,  exposes  h  tant  d’aléa,  ne  produisent  que  des  revenus 
inférieurs  aux  salaires  de  la  plupart  des  ouvriers  industriels;  —  la  réforme  de  la  loi  mili¬ 
taire,  réduisant  à  deux  ans  le  service  militaire  égal  pour  tous;  suppression  des  28  et  13 
jours,  ainsi  que  les  dispenses  et  exemptions  militaires,  sauf  pour  les  soutiens  de  famille. 

Des  mesures  énergiques  de  préservation  sociale  devront  être  prises  contre  les  spécula¬ 
teurs  et  accapareurs,  pour  enrayer  ces  trusts  internationaux,  formidable  fléau  qui  menace 
la  fortune,  la  liberté  et  l’indépendance  nationales* 

C'est  à  cette  œuvre  que  je  sollicite  l’honneur  de  collaborer  pour  la  défense  de  notre 
agriculture,  de  notre  commerce  et  de  notre  industrie,  sans  oublier  le  patrimoine  intellectuel 
et  moral  de  notre  race,  fécondée  par  la  Révolution  française* 

Je  m’inspirerai,  en  un  ihot,  des  aspirations  et  des  desiderata  proclamés  dans  le  mani¬ 
feste  du  Congrès  des  républicains,  des  radicaux  et  des  radicaux-socialistes,  sons  lus 
auspices  des  représentants  aimés  et  vénérés  de  la  Démocratie  républicaine  :  les  Goblet 
Léon  Bourgeois,  Brïsson,  Camille  Pelletan,  Isambert.  auprès  desquels  j’avais  i’hormeur  de 
siéger. 

Egalement  éloigné  des  fauteurs  de  réaction  cléricale  et  des  prédicateurs  de  la  lutte  de 
classe  et  de  la  suppression  de  la  propriété  individuelle,  c’est  par  la  fraternité  et  la  solidarité 
républicaine;  c’est  par  le  respect  de  la  liberté  et  de  la  propriété  individuelle,  par  l’égale 
répartition  des  charges  publiques,  que  j’espùre  collaborer  à  raffermissement  de  la  Répu¬ 
blique  démocratique  anticléricale* 


Vive  la  République  I 


Octave  CHE3NÀY.4Z, 

Conseiller  général  de  P  Isère, 
Député  sortant* 


ITe  circonscription  de  LA  TOUH-DU-PIN 
M.  BAJQN 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  9.U33  voix* 


Mes  chers  Concitoyens, 

Pins  que  jamais  il  est  nécessaire  que  l’œuvre  d’accomplissement  des  promesses  répu¬ 
blicaines  engagées  à  nouveau  par  un  gouvernement  républicain  soit  énergiquement  pour¬ 
suivie*  11  faut  que,  dans  une  assemblée  où  seront  impuissantes  les  minorités  réactionnaires, 
la  politique  des  réalisations  succède  à  la  politique  stérile  des  ajournements* 

Sur  plusieurs  questions  essentielles  nous  pouvons  espérer  la  majorité. 

Il  faut  abroger  la  funeste  loi  Falloux,  germe  de  la  division  entre  les  Français* 

Il  faut,  par  l'adoption  d’un  système  d’impôt  sur  le  revenu,  qui  ne  doit  plus  rencontrer 
aujourd’hui  la  résistance  du  Sénat,  modifier  les  charges  injustement  réparties  de  l’impôt 
actuel* 

Il  faut  y  joindre  l’adoption  prochaine  des  lois  organisant  les  retraites  pour  la  vieillesse, 
l’assistance  publique  pour  les  travailleurs  des  villes  et  des  campagnes* 

L'allégement  des  charges  militaires  et  la  diminution  de  cet  impôt  du  sang  qui  pèse  d’un 
poids  si  lourd  sur  la  classe  la  plus  pauvre  et  Ja  plus  laborieuse  de  la  nation  doivent  être 
poursuivis  et  réalisés  sans  délai  par  la  réduction  à  deux  ans  de  temps  du  service  militaire 
et  la  suppression  ou  la  réduction  des  périodes  d’exercices. 


m  — 


N°  H  62 


Telles  sont  les  solutions  immédiates  ou  prochaines  que  devra  réaliser  ia  législature,  si  le 
suffrage  répond  aux  espérances  de  la  République. 

Il  va  sans  dire  qu’en  ce  qui  concerne  la  protection  spéciale  de  l’agriculture  et  du  travail 
national  notre  action  ne  doit  pas  être  moins  résolue.  Soit  qu’il  s'agisse  de  la  culture  du  blé, 
que  la  loi  récente  des  admissions  temporaires  a  pour  objet  d'améliorer  ;  soit  qu’il  s’agisse 
de  cette  industrie  capitale  dans  notre  région,  le  tissage  de  la  soie,  que  j’ai  défendu  et  que  je 
défendrai  toujours  de  tous  mes  efforts;  soit  qu’il  s’agisse  de  la  culture  spéciale  du  tabac, 
tout  mon  concours  est  acquis  sans  réserve  à  ces  intérêts  légitimes  des  agriculteurs,  des 
industriels  et  des  ouvriers. 

Ces  intérêts,  j’ai  eu  l'honneur  de  les  défendre,  tant  dans  les  commissions  qu’à  la  tribune, 
par  mes  votes  et  par  la  parole.  Si  vous  m’en  confiez  à  nouveau  la  charge,  je  compte  les 
défendre  encore  en  toutes  les  circonstances  utiles,  en  ne  les  séparant  jamais  de  la  grande 
cause  de  la  République  et  en  ajoutant  l'expérience  acquise  à  un  dévouement  que  rien  ne 
pourra  lasser. 

Vive  la  République  démocratique! 

Claude-Antoine  RAJON. 

P. -S.  —  En  ce  qui  concerne  la  culture  du  tabac,  dont  l’extension  a  été  décidée  dans  le 
département  de  l’Isère,  j’estime  qu’il  y  a  urgence  à  donner  aux  planteurs  les  garanties  légi¬ 
times,  pour  la  livraison  des  récoltes,  et  qu’il  y  a  lieu  pour  le  choix  des  experts  d’admettre  le 
principe  de  la  désignation  par  le  vote  des  planteurs. 


2°  circonscription  de  LA  TOUR-DU- PIN 

M.  CIIANOZ 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  10.755  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Par  52  voix  sur  58,  les  maires  de  notre  circonscription  ont  approuvé  la  ligne  politique 
que  j’ai  suivie  à  la  Chambre  et  m’ont  offert  à  nouveau  la  candidature  aux  prochaines 
élections  législatives.  J’ai  été  profondément  touché  de  cette  nouvelle  preuve  d’estime  et  de 
sympathie. 

Mon  devoir  de  républicain  est  de  répondre  à  l’appel  de  vos  représentants,  et  je  viens, 
avec  confiance,  vous  demander  de  ratifier  leur  choix. 

Mon  programme  est  celui  qui  m’a  valu  vos  suffrages  en  1900. 

Comme  il  y  a  deux  ans,  je  suis  le  candidat  de  l’union  des  républicains  pour  la  défense 
et  le  progrès  de  la  République,  et  l’adversaire  résolu  du  cléricalisme. 

Jesuis  partisan  de  la  réforme  de  l’impôt,  voulant  que  les  chargeâmes  contribuables  soient 
basées  réellement  sur  le  revenu  de  chacun. 

Je  veux  la  faculté  pour  les  communes  de  répartir  les  prestations  au  marc  le  franc. 

Je  veux  la  diminution  des  gros  traitements  et  le  relèvement  des  petits. 

Je  suis  partisan  de  la  création  des  caisses  de  retraite  pour  la  vieillesse  et  pour  les  inva¬ 
lides  du  travail. 

Je  voterai,  comme  je  l’ai  déjà  fait,  la  réduction  des  charges  militaires,  pour  rétablisse¬ 
ment  du  service  de  deux  ans  et  la  suppression  des  périodes  d’exercices,  surtout  colles  de 
treize  jours. 


—  396 


Je  soutiendrai  de  toutes  mes  forces  vos  intérêts  légitimes  et  emploierai  tout  mon  zèle  à 
étudier  les  besoins  de  notre  belle  circonscription. 

Mes  chers  Concitoyens, 

En  me  donnant;  il  y  a  deux  ans,  vos  libres  suffrages,  vous  avez  voté  pour  un  sincère 
républicain.  Je  suis  resté  fidèle  à  mes  engagements. 

J'ai  suivi  la  ligne  politique  qui  est  celle  de  notre  pays  si  profondément  épris  de  justice, 
de  liberté.  Élu  par  vous  aux  élections  du  27  avril,  je  serai  ce  que  j’ai  toujours  été,  un  servi¬ 
teur  dévoué  de  la  démocratie. 

Vive  la  République  ! 

A.  CHANOZ, 

M  aire  de  More  s  te  1 ,  con  se  i  t  ï  e  r  gè  n  ér  a  1 , 
Député  sortant. 


1TG  circonscription  de  VIENNE 

M.  BU VAX 

Élu  au  2d  tour  de  scrutin.  —  10.266  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Vous  n'attendez  pas  de  moi  une  longue  profession  de  foi.  J’y  mettrai  peu  de  promesses. 
C'est  le  devoir  d’un  honnête  homme  de  ne  promettre  que  ce  qu'il  peut  tenir.  Mais  ce  que  je 
puis  vous  affirmer  c'est  que  je  suis  un  républicain  ardent.  Démocrate  convaincu,  j'ai  toujours 
pensé  que  la  République  devait  à  ses  origines  et  à  ses  traditions  de  réaliser  tous  les  progrès 
qui  amélioreront  le  sort  des  travailleurs  de  la  terre  et  de  râtelier,  ainsi  que  de  ces  petits 
commerçants  écrasés  sous  le  poids  des  impôts  et  des  patentes. 

La  République  est  par  définition  le  gouvernement  de  tous,  mais  elle  doit  surtout  jeter 
un  regard  de  sympathie  sur  les  humbles  et  les  petits.  Vous  croirez  à  ma  foi  démocratique. 
C'est  la  même  qui  animait,  aux  jours  tristes  et  déjà  lointains  de  l'Empire,  le  républicain  si 
ferme  et  si  pur  dont  je  m'honore  d'être  le  fils. 

Le  programme  publié  par  les  journaux,  avec  lequel  vous  réélisiez  en  1881  Etienne 
Buyat,  est  devenu  le  mien.  Je  Fai  repris  on  le  modifiant  seulement  pour  l'adapter  aux  nou¬ 
veaux  problèmes  démocratiques,  parce  qu'il  est  animé  tout  entier  d'un  beau  souffle  républi¬ 
cain,  et  qu'il  affirme  avec  une  entière  netteté  la  suprématie  de  l'Etat  laïque.  Il  résume 
t'œuvre  à  laquelle  s'est  attaché  le  ministère  d'action  et  de  défense  républicaine.  Jeî’ai  repris 
aussi  pour  répondre  plus  facilement  aux  calomnies  que  des  adversaires  déloyaux  voudraient 
répandre  sur  moi.  Ils  voudraient,  dans  leur  mauvaise  foi  impuissante*  me  faire  passer  pour 
un  collectiviste  ou  un  révolutionnaire,  alors  que  je  n'ai  jamais  cessé,  depuis  que  je  m'occupe 
de  politique,  de  proclamer  mon  respect  absolu  pour  la  propriété  individuelle.  J'ai  dit  et  je 
répète  que  ce  serait  une  tentative  funeste  que  d'arracher  au  propriétaire  le  champ  qu'il 
cultive  et  auquel  il  est  si  passionnément  et  si  justement  attaché.  Maire  d'une  commune 
rurale,  mes  sympathies  sont  acquises  aux  agriculteurs.  Le  blé  reviendra  à  25  ou  26  francs 
le  jour  aù7  par  la  réglementation  des  marchés  à  terme  et  par  des  poursuites  énergiques,  on 
aura  réduit  à  l'impuissance  les  spéculateurs  et  les  agioteurs  qui  volent  au  cultivateur  la  juste 
rémunération  de  ses  peines.  Je  voterai  la  loi  réduisant  à  deux  ans  le  service  militaire,  ainsi 
que  la  suppression  des  gros  traitements. 


—  397  — 


N*  1162 


Si  j7aî  l’honneur  devons  représenter  au  Parlement,  j’exigerai  des  économies;  il  est 
scandaleux  de  penser  que,  pour  assurer  leur  réélection,  des  dépotés  se  permettent  d'aug¬ 
menter  les  dépenses*  Il  faut  absolument  qu'il  soit  interdit  à  vos  représentants  d’engager 
une  dépense  nouvelle  s’ils  n'apportent  pas  la  recette  correspondante*  Ainsi  s'arrêtera  le  dé¬ 
ficit  qui  menace  la  prospérité  du  pays* 

Les  ouvriers  peuvent  être  assurés  de  toute  ma  sollicitude*  Par  la  mutualité  combinée 
avec  une  juste  intervention  des  pouvoirs  publics,  la  prochaine  Chambre  pourra  réaliser  les 
retraites  ouvrières  et  agricoles*  Enfin,  je  verrai  avec  plaisir  instituer  dans  nos  pays  des 
conseils  élus  d'arbitrage  et  de  conciliation,  composés  d’ouvriers  et  de  patrons,  qui  auraient 
pour  but  de  diminuer  Faculté  des  conflits  économiques  et  de  rendre  plus  rares  les  grèves. 
Les  patrons,  en  tous  cas,  ne  devraient  jamais  oublier  qu'ils  ont  tout  intérêt  à  améliorer  la 
condition  de  ceux  qui  sont  les  collaborateurs  de  leur  œuvre  et  qui  doivent,  dans  la  plus 
large  mesure  possible,  avoir  leur  part  dans  la  répartition  des  bénéfices  qu’ils  font 
réaliser* 

C'est  animé  de  tels  sentiments  que  je  me  présente  à  vous,  assuré  que  le  27  avril  pro¬ 
chain,  les  électeurs  de  la  première  circonscription  de  Vienne,  délivrés  enfin  du  joug  clérical, 
pourront  crier  : 

Vive  la  Pépublique  républicaine! 

Louis  BUYÀT, 

Avocat,  maire  de  Chaponnay, 

Conseiller  général  du  canton  d'Heyrieux, 

Candidat  de  la  concentration 
des  forces  républicaines  et  radicales* 


2Ô  circonscription  de  VIENNE 

M.  PLISSONNiER 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  10*128  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

11  y  a  bientôt  douze  ans  que  je  suis  entré  dans  la  politique  militante  sous  le  drapeau 
républicain  nettement  déployé  et  en  prêtant  mon  nom  pour  la  défense  des  deux  grands 
principes  qu’on  rencontre  à  la  base  de  toute  société  :  le  droit  et  la  justice* 

A  cinq  consultations  successives  différentes,  près  de  2*01)0  électeurs  du  canton  de  Beau- 
repaire  m’ont  donné  et  continué  leur  entière  confiance* 

Eu  1893,  lors  du  renouvellement  de  la  Chambre  des  Députés,  j’ai  dû,  malgré  moi,  par 
respect  pour  la  dignité  de  mes  électeurs  et  la  mienne,  affronter  la  lutte  électorale. 

Élu  sur  un  programme  sincèrement  républicain,  sans  compromissions  et  sa  us  mar¬ 
chandage,  j’ai  la  conviction  profonde  d’être  resté  inébranlablement  fidèle  à  tous  mes  enga¬ 
gements,  tout  en  ayant  été  tolérant  et  bienveillant  envers  les  personnes,  même  à  Fégard 
de  nos  adversaires  les  plus  acharnés* 

En  politique,  j’ai  été  le  défenseur  résolu  de  la  République  et  de  l’indépendance  de  l'Etat 
contre  ses  adversaires* 

Au  point  de  vue  économique,  j’ai  défendu  en  toutes  circonstances  et  énergiquement 
les  intérêts  des  cultivateurs  dont  est  composée  presque  exclusivement  la  deuxième  circon¬ 
scription* 


l'ai  été  l’un  des  promoteurs  de  l’idée  de  l’ens  ignemeat  agricole  dans  les  écoles 
primaires. 

En  toutes  circonstances,  j’ai  voté  résolument  contra  toutes  tes  propositions  qui  pou¬ 
vaient  augmenter  les  charges  déjà  si  écrasantes  qui  frappent  l’agriculture,  je  continuerai  à 
la  défendre  avec  toute  l’energie  que  vous  me  connaissez. 

J’avais  promis  d’ètra  un  député  républicain  indépendant,  je  suis  resté  fidèle  à  cet  enga¬ 
gement:  jamais  à  la  Chambre  je  n’ai  fait  partie  d’aucune  cote  rie. 

Tous  mes  actes,  tous  mes  votes,  n’ont  eu  qu’un  but  : 

La  défense  des  intérêts  matériels  et  des  intérêts  politiques  que  vous  m’aviez 
confiés* 

Au  renouvellement  de  mon  mandat  en  1898,  tin  adversaire  m’a  été  opposé.  Savez-vous 
pourquoi j  mes  chers  électeurs?  Parce  que,  à  ce  moment  où  Von  a  va  tant  de  capitulations 
de  conscience  j  votre  député  n'a  pas  voulu  violer  la  parole  •qu'il  vous  avait  donnée  1 

Parce  que  je  n’ai  pas  voulu  renier  nia  foi  républicaine  et  les  convictions  de  toute 

ma  vie  I 

Partisan  des  déclarations  sincères,  épris  de  franchise  et  dé  vérité,  fai  parcouru  les 
81  communes  de  la  circonscription,  la  tête  haute,  revendiquant  toute  la  responsabilité  de 
mes  actes  et  de  mes  votes.  Dans  toutes  les  réunions  que  fai  données,  pas  une  voix  ne  s'est 
élevée  pour  m’adresser  un  reproche. 

Cependant,  la  lutte  que  j'avais  provoquée  au  grand  jour,  mes  adversaires  la  faisaient 
dans  l1  ombre. 

Le  préfet  Tournier,  qui  a  laissé  dans  notre  département  un  si  triste  souvenir,  se  lit  le 
complice  des  cléricaux,  il  les  aida  à  combattre  les  républicains  par  de  honteuses 
calomnies. 

Tandis  que  les  plus  habiles  parmi  les  rédacteurs  de  la  Croix  rédigeaient  contre  moi  un 
réquisitoire  mensonger,  au  moment  précis  où  leur  action  était  d’autant  plus  sûre  que  les 
calomnies  déversées  à  la  dernière  heure  devaient  nécessairement  rester  sans  Réponse,  la 
préfecture  donnait  le  mot  d'ordre  pour  me  combattre,  le  numéro  du  journal  assomptionniste 
portant  la  date  du  8  mai  1900,  jour  du  vote,  est  très  instructif  et  très  édifiant. 

Tétais  présenté  comme  un  ennemi  irréductible  de  la  propriété,  de  la  famille.  Pour¬ 
quoi?  Parce  que  j'avais-  soutenu  de  mes  votes  le  projet  d’impôt  sur  le  revenu  présenté 
par  Çavaignac  et  refusé  de  faire  tomber  le  cabinet  Ribot  sur  une  question  secondaire. 

Pétais  qualifié  de  vulgaire  tripoteurî  On  accumulait  contre  moi  les  accusations  les  plus 
déloyales,  les  moyens  employés  paraissaient  tous  bons  pourvu  qu'ils  fussent  couronnés  de 
succès.  Vous  connaissez  les  résultats! 

Désabuse  mais  non  découragé,  je  m’étais  promis  en  rentrant  dans  le  rang  de  me  consa¬ 
crer  exclusivement  aux  questions  économiques  qui  intéressent  si  vivement  l'agriculture  et 
de  rester  désormais  un  modeste  soldat  de  l'armée  républicaine. 

Fidèle  à  cette  ligne  de  conduite,  fai,  vous  le  savez,  décliné  la  candidature  au  Sénat  que 
beaucoup  me  pressaient  d'accepter. 

Si  aujourd'hui  je  sors  de  cette  réserve,  c'est  sous  ia  pression  de  mes  lidèles  amis  de  la 
première  heure,  c'est  pour  déférer  aux  instances  des  vrais  républicains  de  la  deuxième  cir¬ 
conscription  qui  reconnaissent  avoir  été  trompés. 

À  tous  je  leur  dis  :  Puisque  vous  pensez  que  je  puis  encore  servir  votre  cause,  j’  accepte 
Ici  bataille. 

Groupez-vous  autour  du  drapeau  républicain  que  vous  placez  entre  mes  mains,  et  jurons 
de  faire  tous  nos  efforts  pour  le  conduire  à  la  victoire. 

En  raison  du  peu  de  temps  qui  nous  sépare  de  la  date  des  élections,  je  ne  pourrai 
malheureusement  parcourir  vos  SI  communes  pendant  la  période  électorale,  mais  à  quoi 
bon,  du  reste?  Vous  me  connaissez  tous  et  vous  pouvez  être  convaincus  que  je  ne  faillirai 
jamais  à  une  parole  donnée.,  que  je  ne  me  déroberai  pas  à  un  engagement  contracté. 

Si  la  victoire  nous  est  acquise,  je  serai  heureux  d'aîler  vous  remercier  sur  place  afin  de 
mieux  m’enquérir  de  vos  besoins,  de  yos  désirs,  d'entendre  vos  légitimes  doléances. 


Gomme  dans  les  luîtes  précédentes  de  1893  et  1898,  et  avec  pins  d’acharnement,  sans 
doute,  tout  sera  mis  en  œuvre  par  une  coalition  inavouable  pour  me  combattre. 

Les  mêmes  mensonges  suscités  par  les  mômes  haines,  les  mêmes  perfidies  vont  se 
produire:  les  calomnies  savantes  vont  être  ressuscitées, ou  inventées  (c’est  déjà  fait). 

Fort  de  ma  conscience,  je  ne  répondrai  à  toutes  ces  injures  que  par  le  silence  elle 
dédain.  Je  méprise  en  effet  profondément  les  insultés  de  cette  presse  qui  surgit  juste  au 
moment  des  élections  et  qui  n’emploie  que  la  délation  et  le  mensonge,  Demandez-leur  qui 
se  cache  derrière  son  anonymat,  d’où  vient  l’argent  qui  les  paie?  J’ai  confiance  dans  votre 
bon  sens  pour  déjouer  toutes  ces  manœuvres,  démasquer  toutes  ces  hypocrisies  et  dissiper 
toutes  ces  équivoques. 

Tei  j’étais,  tel  je  suis,  tel  je  resterai  1 

Adversaire  des  utopies  collectivistes  comme  des  régimes  déchus,  je  serai  de  mon  temps. 
Je  défendrai  la  République  de  progrès  et  de  réformes  contre  tous  ses  adversaires. 

Je  resterai  un  républicain  sans  épithète,  mais  dans  toute  l’acception  du  mot,  un  répu¬ 
blicain  convaincu  et  fidèle. 

Cultivateur  comme  vous,  je  défendrai  vos  intérêts  éternellement  sacrifiés.  Je  ne  voterai 
pas  une  charge  nouvelle  si  elle  n’a  en  contre-partie  une  économie  correspondante. 

Vous  ne  l’ignorez  pas,  la  moitié  de  la  fortune  de  la  France,  c’est-à-dire  plus  de  cent 
milliards,  représentés  par  les  rentes  sur  l’État  français,  les  creances  hypothécaires,  les 
billets  à  ordre,  une  partie  des  valeurs  étrangères,  ne  paient  qu’un  impôt  insignifiant,  tandis 
que  vous,  les  plus  chargés  de  tous  les  contribuables,  puisque  vous  paye&  32  0/0  de  votre 
revenu,  vous  supporteriez  encore  toute  charge  nouvelle  clans  la  même  proportion.  Gomme  je 
l’ai  déjà  fait,  je  ne  me  prêterai  jamais  à  perpétuer  des  inégalités  aussi  choquantes  dans,  les 
charges  qui  sont  supportées  par  les  diverses  catégories  de  citoyens. 

Je  resterai  le  défenseur  résolu  des  intérêts  agricoles..  Électeurs,  il  ne  me  reste  plus 
qu’un  mot  à  ajouter  :  vous  m’avez  vu  à  l’œuvre  défendre  vos  intérêts  et  vous  me  connaissez^ 
à  tous,  adversaires  et  amis,  sans  forfanterie,  mais  avec  fierté,  je  livre  ma  vie  privée,  ma 
vie  commerciale  et  industrielle,  toute  de  travail,  ma  vie  politique,  ma  vie  tout  entière,  et  je 
crie  du  fond  du  cœur  : 

Vive  la  République  de  réforme  et  de  progrès  social  î 
Vive  la  liberté  et:  la  justice-! 

S.  PLISSONNIER,  ancien  Député, 

Vice-président  du  Conseil  général  de  l’Isère, 
Agriculteur  à  Primarette. 


JURA 


Circonscription  de  DOLE 

M,  MOLLARD 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin*  —  8^90  voix* 


Républicains, 

Fort  de  la  confiance  que  vous  m’avez  accordée  il  y  a  2  ans,  et  conscient  de  m’être 
toujours  inspiré,  dans  l'accomplissement  de  mon  mandat,  des  intérêts  supérieurs  de  la 
Patrie,  je  viens  à  nouveau  faire  appel  à  vos  suffrages. 

Eu  mai  1900,  je  vous  présentais  le  programme  suivant  : 

Révision  de  la  Constitution.  —  Renouvellement  partiel  de  la  Chambre.  Responsabilité 
ministérielle  personnelle  et  non  collective,  —  Suprématie  de  la  Chambre  en  matière 
budgétaire,  —  Élection  des  délégués  sénatoriaux  par  le  suffrage  universel* 

Décentralisation  administrative.  —  Extension  des  droits  de  la  commune  et  du  dépar¬ 
tement*  .  ,  ,  * 

Neutralité  de  l’État  en  matière  confessionnelle.  —  Séparation  des  Eglises  et  de  1  Etat. 

__  Extinction  graduelle  du  budget  des  cultes  en  respectant  les  droits  acquits. 

Enseignement  primaire.  —  Maintien  énergique  des  principes  de  neutralité,  gratuité  et 
obligation  de  la  loi  scolaire.  Donner  aux  programmes  un  caractère  professionnel  ou  agricole 
en  s’inspirant  des  besoins  de  la  région. 

Enseignement  secondaire  et  supérieur.  —  Accessibilité  des  enfants  du  peuple,  par  voie 
de  concours  sélectionnant  les  meilleurs  sujets  des  écoles  primaires. 

Réforme  de  l’impôt*  —  Impôt  progressif  sur  le  revenu  basé  sur  la  déclaration  volontaire 
ou  les  signes  extérieurs.  Exonération  des  petits  revenus.  —  Suppression  graduelle  des 
impôts  de  consommation.  Réforme  de  l’impôt  de  prestation.  Révision  du  cadastre. 

Service  militaire*  —  Réduction  de  la  durée  du  service  à  2  années*  ■  Suppression 
absolue  de  toutes  les  dispenses,  sauf  celle  de  soutien  de  famille,  qui  se  légitime  au  double 
point  de  vue  humain  et  social. 

Pour  l’agriculture*  —  Protection  et  constants  encouragements  accordés  aux  travailleurs 
des  campagnes*  —  Large  dotation  du  crédit  agricole*  —  Création  de  Chambres  consultatives 
d’agriculture  dans  chaque  arrondissement,  et  d’écoles  départementales.  —  Droits  sur 
les  blés  étrangers  réglés  d’après  une  échelle  mobile  établie  selon  l’abondance  des 
récoltes* 

Réforme  judiciaire.  —  Diminution  des  frais  de  justice  ;  extension  de  la  compétence 
des  juges  de  paix  ;  réduction  des  droits  de  mutation  sur  la  propriété  immobilière. 

Révision  de  l’organisation  administrative,  —  Réduction  du  nombre  des  fonctionnaires. 
—  Suppression  des  sinécures.  —  Réduction  des  gros  traitements,  —  Suppression  du  cumu 


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N°  1162 


des  fondions  rétribuées,  —  Amélioration  de  la  situation  des  petits  fonctionnaires  et  princi¬ 
palement  de  celle  des  insti tuteurs. 

Caisses  de  retraites  pour  les  vieillards  des  deux  sexes. 

Politique  générale.  À  l'Intérieur,  —  Gouverner  pour  la  République  et  avec  les  républi¬ 
cains,  —  Chercher  sans  cesse  les  moyens  de  solidariser  les  intérêts  du  capital-argent 
avec  ceux  du  capital-travail,  afin  d'éviter  les  conflits  entre  patrons  et  ouvriers. 

A  l’Extérieur.  —  S’efforcer  d’être  très  forts,  afin  d’être  respectés,  mais  rester  pacifiques 
eUravailler  toujours  à  la  paix  du  monde,  la  guerre  étant  pour  les  peuples  le  plus  terrible 
des  fléaux. 

Le  temps  et  l’expérience  n’ont  fait  que  me  fortifier  dans  la  pensée  que  ce  programme 
répond  bien  aux  aspirations  et  aux  besoins  actuels  de  notre  Démocratie.  Je  le  maintiens 
donc  intégralement,  en  le  complétant  par  cette  déclaration  que  j'ai  toujours  été  et  que  je 
resterai  toujours  un  défenseur  convaincu  de  la  propriété  individuelle. 

Parmi  les  réformes  inscrites  dans  ce  programme,  il  en  est  quatre  ■  la  séparation  des 
Églises  et  de  FÉtat,  le  service  militaire  de  2  ans,  l'impôt  progressif  sur  le  revenu  et  la  Caisse 
des  retraites  pour  les  travailleurs,  qui  s’imposent  comme  une  nécessité  démocratique,  et, 
sous  peine  de  forfaiture  à  ses  devoirs  politiques  et  sociaux,  la  prochaine  Chambre  devra 
avoir  à  cœur  dé  les  donner  au  pays,  qui  les  attend  depuis  30  ans. 

Républicains, 

Est-il  besoin  de  vous  rappeler  combien  l’heure  est  solennelle  pour  les  destinées  de 
la  patrie  française?  Est-il  nécessaire  de  vous  montrer  que  jamais  encore  —  même  à  l’époque 
néfaste  de  l'Ordre  Moral  —  la  République  n’a  eu  à  subir  aussi  formidable  assaut  que  celui 
que  préparent  contre  elle  toutes  les  forces  combinées  de  la  réaction?  Non,  vous  savez  ces 
choses  aussi  bien  que  moi. 

Vous  n'ignorez  pas  non  plus  que,  menacée  dans  son  existence  par  les  Républicains,  bien 
décidés  cette  fois  à  en  finir  avec  le  joug  clérical,  la  Congrégation  se  lance  furieusement 
dans  la  mêlée  électorale  et  jette  dans  la  balance  ses  scandaleuses  richesses  en  se  flattant 
de  corrompre  les  consciences . 

Républicains, 

Vous  montrerez  que  vous  êtes  des  citoyens  éclairés  que  ne  sauraient  ni  duper  ni  avilir 
ceux-là  qui  se  couvrent  du  masque  de  la  liberté  alors  qu’ils  sont  les  mandataires  enchaînés 
du  parti  qui  rêVe  d'asservir  la  France  de  la  Révolution  à  la  domination  de  L  Église. 

Et  ces  faux  libéraux,  ces  serviteurs  zélés  d’une  caste  qui  est  Renne  mie-née  de  la  peusée 
libre  et  de  l’affranchissement  de  l'esprit  humain,  osent  me  traiter  de  sectaire  1 

Cette  tactique  n’est  point  pour  me  surprendre,  ni  encore  moins  m’émouvoir,  car  en 
tout  temps  les  adversaires  du  progrès  s’en  sont  servis  contre  ceux  qui  veulent  donner 
au  peuple  plus  de  liberté,  plus  de  justice  et  faire  régner,  entre  les  hommes,  nlus  de  solida¬ 
rité  et  dé  fraternité. 

Citoyens, 

Malgré  les  bruyantes  clameurs  de  nos  adversaires,  malgré  leurs  mensonges  perfides 
et  le  poids  de  leur  or,  ayez  pleine  confiance  en  l’avenir  et  soyez  persuadés  que  la 
Démocratie  sortira  tfiom phanie  et  plus  vivante  que  jamais  de  cette  nouvelle  épreuve. 

Républicains,  c’est  à  vous,  à  vuuh  seuls  que  je  m’adresse  ;  à  votre  loyalisme,  à 
votre  union,  à  votre  discipline  que  je  fais  appel  pour  assurer  le  triomphe  des  revendications 
populaires.  Vous  direz  aussi  si  vous  me  jugez  t'üjOurs  digne  de  servir  votre  cause,  qui  est 
celle  du  droit  et  de  la  vérité. 

Vous  resterez  fidèles  à  veus-mêmes  et  en  infligeant  une  nouvelle  et  écrasante  défaite 


51 


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à  la  réaction  cléricale,  vous  lui  montrerez  qu’il  n’ y  a  plus  rien  à  espérer  pour  elle  dans  ce 
vaillant  arrondissement  de  Dôle,  qui,  un  des  premiers  sons  l’Empire,  en  élisant  Jules  Grêvy, 
donnait  à  la  Démocratie  française  le  signal  dn  relèvement  et  le  premier  gags  delà 
victoire* 

Vive  la  République  démocratique  1 

A.  MOLLARD,  Député  sortant, 

Conseiller  général,  conseiller  municipal, 
Vice-Président  de  la  Commission  des  hospices  de  D61e, 
Président  de  la  fédération  démocratique. 


Circonscription  de  LONS-LE-SAUNIER 

M,  Georges  TROUILLOT 
Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  13  *217  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Une  fois  de  plus,  au  cours  de  cette  dernière  législature,  la  fermeté  de  vos  représentants 
a  réduit  à  l’ioipuissancc  ces  partis  dynastiques  incorrigibles  qui,  après  la  conspiration  du 
Seîze-Mai,  après  le  complot  boulangisfe,  ont  tenté,  sous  l’étiquette  nationaliste,  de  faire 
verser  la  Constitution  républicaine  dans  les  désordres  sanglants  de  la  révolution  et  de  la 
guerre  civile* 

Condamnés  pour  la  seconde  fois  par  la  Haute  Cour  de  Justice,  ces  artisans  de  troubles 
et  de  haine  vont  l’être  plus  durement  encore,  aux  élections  du  27  avril,  par  le  suffrage  uni¬ 
versel*  Forte  d’une  majorité  plus  compacte,  affranchie  du  souci  incessant  de  défendre  sa  vie, 
la  République  pourra  désormais  consacrer  tout  son  effort  à  sa  tâche  réformatrice. 

La  refonte  des  contributions  directes  par  Rétablissement  de  Ulmpôt  sur  le  revenu,  la 
réduction  du  service  militaire,  la  solution  du  problème  des  retraites  ouvrières  et  agricoles, 
la  suppression  des  derniers  privilèges  assurés  par  la  loi  Faïloux  à  l’enseignement  clérical, 
telles  sont,  pour  ne  parler  que  des  devoirs  les  plus  immédiats,  les  études  pressantes  qui 
s’imposeront  à  la  Chambre  prochaine* 

Une  loi  sur  les  boissons  vient  d’être  votée,  dans  laquelle  nous  sommes  parvenus,  con¬ 
trairement  au  projet  du  ministère  Méline,  tout  en  dégrevant  les  vins  de  droits  considé¬ 
rables,  et  en  supprimant  l’exercice  chez  les  débitants,  à  maintenir  intact  le  droit  des  bouil¬ 
leurs  décru*  Il  conviendra  d’assurer,  comme  je  n’ai  cessé  de  le  réclamer,  que  cette  loi  ne 
soit  pas  déformée  dans  son  application  parla  résurrection  de  dispositions  anciennes  tombées 
en  désuétude,  et  d’obtenir,  sans  recourir  à  des  mesures  d'inquisition  vexatoires,  comme  je 
l’ai  demandé  et  voté,  la  détaxe  des  alcools  de  vins  et  de  fruits,  dans  l’intérêt  h  la  fois  de  la 
production  viticole  et  de  la  consommation  publique* 

Au  poiutdc  vue  spècial  de  nos  intérêts  régionaux,  l’inauguration  de  nos  tramways  de 
la  montagne  a  rendu  à  la  contrée  une  vie  plus  intense  et  une  prospérité  nouvelle*  Au  cours 
de  la  législature  prochaine,  nous  inaugurerons  la  grande  ligne  à  double  voie  que  j’ai  obtenue 
sur  SainHean-de-Lome,  et  qui  réparera  partiellement  les  erreurs  dont  l’arrondissement  de 
Lons-le-Saunier  a  si  longtemps  souffert. 


403  — 


Nû  U 62 


Chers  Concitoyen  s, 

À  trois  reprises  différentes  depuis  1889,  par  des  majorités  qui  comptent  parmi  les  plus 
élevées  de  la  France  républicaine,  vous  m’âvez  envoyé  au  Parlement* 

De  mon  coté,  Vice-Président  do  la  Commission  du  budget,  —  Vice-Président  delà  Com¬ 
mission  de  trente-trois  membres  de  rimpôt  sur  le  revenu,  —  Ministre,  —  Rapporteur,  il  y  a 
six  ans,  de  cette  importante  loi  sur  la  déduction  du  passif  successoral  et  sur  ïa  graduation 
des  droits  de  succession,  qui  vient  seulement  de  triompher  des  résistances  conservatrices, 
—  Rapporteur,  Pan  dernier,  de  la  loi  considérable  qui  a  fondé  dans  ce  pays  la  liberté  dis¬ 
sociation,  tout  en  prenant  vis-à-vis  du  développement  congréganiste  des  précautions  dictées 
par  toutes  nos  traditions  nationales,  —  Président  depuis  sept  années  du  Conseil  général  du 
Jura, — je  me  suis  efforcé,  dans  les  rangs  de  la  Chambre,  au  banc  du  Gouvernement,  a 
PAssemblée.  départementale,  dans  toutes  les  tâches  républicaines  qui  m'ont  été  confiées,  de 
tenir  la  place  assignée  au  représentant  de  notre  circonscription  d’une  façon  digne  d'elle. 
Mous  nous  connaissons  de  longue  date*  Vous  savez,  par  Pefîort  parlementaire  que  j’ai 
accompli  sous  trois  législatures,  ce  que  je  puis  mettre  de  forces  et  d'activité  au  service  de 
vos  intérêts*  Je  connais,  d’autre  part,  quelles  sont  la  fidélité  de  vos  sentiments  et  la  solidité 
de  vos  convictions*  Et  je  sais  d’avance  par  quel  vote  éclatant  vous  voudrez,  le  27  avril,  vous 
maintenir  aux  premiers  rangs  des  circonscriptions  dont  la  vaillance,  la  clairvoyance,  ïa  fer¬ 
meté  démocratiques  protègent  contre  tous  les  assauts  et  tous  les  pièges  la  cause  de  la 
République,  de  la  Liberté  et  du  Progrès* 

Vive  la  République  I 

Georges  TROUILLOT,  Députe  sortant, 

Ancien  Ministre  des  Colonies, 

t  Président  du  Conseil  général  du  Jura, 


—  404  — 


Les  bouilleurs  de  cm 

Avant  de  dore  sa  session  d’avril,  le  Conseil  général  du  Jura,  sur  la  proposition  de 
M.  Boilly,  vice-président  de  cette  assemblée,  a  décidé  l’affichage,  dans  les  communes  viti¬ 
coles  du  Département,  de  la  résolution  suivante,  destinée  à  éclairer  l’opinion  sur  la  loi  des 
boissons  et  des  droits  coiuacrés  au  prolit  des  bouilleurs  de  cru. 


Le  Conseil  général  du  Jura, 

Considérant  que  par  suite  de  l'application  de  la  loi  sur  les  boissons  dans  des  conditions 
climatériques  et  économiques  difficiles,  et  des  interprétations  erronées  qui  ont  pu  en  être 
la  conséquence,  il  lui  importe  de  faire  connaître  aux  populations  viticoles  du  département 
du  Jura  dont  il  a  charge  de  représenter  les  intérêts  la  véritable  situation  qui  leur  est  faite 
par  les  dispositions  de  la  loi  nouvelle  sur  le  régime  des  boissons; 

Considérant  qu’au  mois  de  juin  1898  le  ministère  Méline  avait  déposé  sur  le  Bureau  de 
la  Chambra  des  Députés  un  projet  de  loi  qui  réduisait  à  20  litres  d’alcool  la  quantité  qui 
pouvait  être  distillée  en  franchise  par  les  viticulteurs,  les  soumettant  à  l’exercice,  et  sup¬ 
primant  ainsi  en  réalité  le  droit  des  bouilleurs  de  cru  ; 

Qu’au  contraire  de  tous  les  projets  déposés  par  les  précédents  ministères,  la  loi  votée 
en  1900,  qui  dégrève  les  boissons  hygiéniques  et  supprime  l'exercice  des  débitants,  main¬ 
tient  de  la  façon  la  plus  complète  et  la  plus  expresse  le  droit  des  bouilleurs  de  cru  ; 

Que  si  des  difficultés  ont  été  créées  par  la  régie  aux  petits  bouilleurs  dépourvus 
d’alambic,  et  obligés  de  bouillir  chez  le  voisin,  ces  difficultés  ont  été  créées,  non  en  vertu 
de  la  loi  de  1900  qui  était  muetle  sur  ce  point,  mais  en  vertu  de  la  loi  de  181 6; 

Que  le  Conseil  générai  du  Jura,  au  mois  d’août  dernier,  ainsi  que  par  sa  délibération 
du  présent  mois,  a  formulé  des  vœux  tendant  à  obLenir  ou  la  révision  ou  une  application 
plus  tolérante  de  cette  loi  de  la  monarchie, 

En  conséquence,  le  Conseil  général  décide  de  porter  à  la  connaissance  des  populations 
viticoles  du  departement,  par  voie  d’affichage,  en  même  temps  que  les  indications  qui  pré¬ 
cèdent,  le  texte  des  deux  vœux  votés  par  lui  dans  les  sessions  d’août  et  d'ayrii?  et  qu’il  a 
recommandés  à  l'attention  pressante  des  pouvoirs  publics. 


Ces  vœux  sont  ainsi  conçus  : 

Voeu  voté  le  22  août  i901* 

1°  Que  la  nouvelle  loi  sur  le  régime  des  boissons  soit  affichée  dans  toutes  les  mairies; 

2°  Que  les  receveurs-buralistes  possèdent  les  instruments  nécessaires  pour  la  détermi¬ 
nation  de  la  densité  des  liquides  alccooüques  et  qu'ils  soient  obligés  de  déterminer  cette 
densité,  lorsqu’ils  en  serontrequis  par  les  expéditeurs,  sur  la  présentation  d! échantillons 
k  leur  domicile  ; 

3°  Que  les  bouilleurs  de  cru  qui  possèdent  plusieurs  bâtiments  séparés  par  la  vote 
publique  soient  autorisés  à  transporter,  après  déclaration  préalable  aux  agents  de  la  régie, 
d’un  bâtiment  à  l’autre,  la  totalité  des  produits  du  leurs  récoltes  sans  perdre  leurs  droits  de 
bouilleurs  de  cru  ; 

4°  Que  les  bouilleurs  de  cru  qui  ne  possè  lent  pas  d’alambics  soient  autorisés,  après 
déclaration  préalable,  à  distiller  leurs  marcs  et  leurs  fruits,  en  dehors  de  leur  domicile  et 
à  transporter  chez  eux  la  totalité  des  produits  sans  perdre  leurs  droits  de  bouilleurs  de  cru; 

5°  Que  le  règlement  administratif  modifiant  le  mode  de  rétribution  des  Receveurs-bura¬ 
listes  depuis  le  1er  mai  dernier  soit  rapporté,  car  il  est  très  préjudiciable  aux  agents  de  nos 
régions  viticoles  ; 


—  403  —  1N°  H  62 

6°  Qu'une  plus  large  tolérance  inspire  l'administration  des  contributions  indirectes  dans 
^application  de  la  loi. 

Ce  vœu  a  été  signé  par  ;  MM.  Georges  Trouillot,  Brocard,  Raclet,  Roitley, 

Mollard  *  Chapuis,  Chevrot,  Bacheley , 
Pactet,  Billet,  Garnier,  Renaud* 

Voeu  voté  le  9  avril  1902, 

Les  soussignés  : 

«  Considérant  qu'il  est  injuste  et  anormal  d'enlever  le  droit  de  bouilleur  de  cru  à  un 
propriétaire  ou  à  un  vigneron  par  ce  fait  qu'il  n'est  pas  propriétaire  de  l'alambic  qu'il  uti¬ 
lise  pour  sa  distillation, 

h  Émettent  le  vœu  que  les  propriétaires  et  vignerons  distillant  les  produits  de  leur 
récolte  conservent  leur  droit  de  bouilleur  de  cru,  même  lorsque  cette  distillation  est  faite 
dans  un  alambic  ambulant  ou  dans  l’alambic  d'un  proprietaire  voisin,  n 

Ont, signé  :  MM.  Mon  nier,  Milcent,  Picot  d’Àligny,  Chambard, 
Bouvet  et  de  Borde, 


Circonscription  de  POLIGNY 

M.  Charles  DUMONT 

Élu  au  léT  tour  de  scrutin,  - —  8,306  voix* 


Mes  chers  Concitoyens, 

Je  me  présente  à  vous  avec  le  programme  sur  lequel  vous  m'avez  fait,  en  189 8T  l'hon¬ 
neur  de  m'élire. 

De  ce  programme,  k  Chambre  dont  les  pouvoirs  s'achèvent  a  transformé  en  lois 
quelques  articles. 

La  loi  du  27  juillet  1900  a  substitué  aux  droits  fixes,  en  matière  hypothécaire,  une 
taxe  proportionnelle  de  25  0/0  et  dégrevé,  dans  une  mesure  considérable,  les  transmissions 
de  la  petite  propriété. 

La  loi  du  26  février  1901  a  opéré  la  réforme  des  droite  de  succession.  L'héritier  ne 
paye  plus  pour  les  dettes  commerciales  et  civiles*  Les  droits  sur  les  successions  en  ligne 
directe  ont  été  abaissés*  Des  taxes  progressives,  établies  d'abord  jusqu'à  un  million  par  la 
loi  du  26  février  1901,  et  selon  une  progression  indéfinie  par  la  loi  de  finances  du 
SI  mars  1902,  ont  fourni  les  ressources  nécessaires  à  l'équilibre  de  la  réforme. 

La  loi  du  29  décembre  1900  a  dégrevé  les  boissons  hygiéniques  de  tous  les  droits, 
autres  que  le  droit  de  circulation  de  1, 5  par  hectolitre,  supprimé  l'exercice  chez  le  débitant, 
assujetti  au  droit  de  circulation  les  vendanges  du  Midi,  maintenu  intégralement  le  droit  de 
tous  les  bouilleurs  de  cru  qui  ne  sont  pas  débitants  et  ne  distillent  pas  avec  des  appareils 
d'une  contenance  totale  supérieure  à  5  hectolitres* 

C'est  un  résultat  que  personne  ne  pouvait  espérer  il  y  a  quatre  ans. 

Tous  les  projets  de  loi  présentés  depuis  20  ans  et,  en  particulier  le  dernier,  celui  du 
ministère  Méline,  supprimaient  ou  restreignaient  le  droit  des  bouilleurs  de  cru*  Malgré  une 


-  406  — 


campagne  de  mensonges  cyniques,  tous  les  vignerons  savent  aujourd’hui  que  tous  leurs 
droits  ont  été  maintenus  dans  la  loi  présentée  parle  ministère  Waldeck- Rousseau,  élaborée 
par  la  Commission  dont  j’ai  été  18  mois  le  secrétaire,  et  votée  par  le  Parlement. 

La  loi  du  7  juillet  1900  a  organisé  l’armée  coloniale  et  rnis  nos  enfants  à  l’abri  d’un 
départ  inopiné  pour  des  climats  meurtriers.  L’amendement  que  j’ai  fait  voter  par  la 
Chambre  à  l’occasion  de  l’emprunt  de  Chine  complète  la  loi  du  7  juillet  1900.  C’est  main¬ 
tenant  un  principe  admis  que  l’État  a  contracté  une  dette  envers  les  victimes  des  expédi¬ 
tions  coloniales  et  leurs  familles. 

La  loi  du  1er  juillet  1901  sur  les  Associations  a  eu  un  double  but  : 

jo  Aifranchir  de  toutes  formalités  et  interdictions  les  citoyens  qui  veulent  s'associer  : 

2°  Arrêter  le  développement  des  congrégations  en  surveillant  les  ressources  où  s’ali¬ 
mente  leur  fortune  et  en  limitant  de  plus  en  plus  étroitement  leur  champ  d’action. 

La  lui  sur  les  Associations  vaudra  ce  que  vaudront  le  Gouvernement  et  la  Chambre 
chargés  de  l’appliquer. 

Sans  contestation  possible,  l’œuvre  de  la  législature  1893-1902  est  d’une  importance 
capitale. 

Au  regard  du  programme  intégral  et  traditionnel  du  parti  démocratique,  l’œuvre 
accomplie  no  réalise  que  qnelques-uDes  des  réformes  réclamées. 

La  Chambre  de  1898  n’a  pas  eu  de  majorité  pour  proclamer  le  principe  de  la  séparation 
des  Églises  et  de  l’État  et  faire  l’impôt  sur  le  revenu.  Nous  ne  pouvons  espérer  en  1902  de 
majorité  pour  la  séparation,  dont  le  principe  et  les  conséquences  sont  si  étrangement  tra- 
vestis  par  les  réactionnaires. 

Aurons-nous  une  majorité  pour  l’impôt  sur  le  revenu?  C’est  affaire  au  suffrage  univer¬ 
sel.  Aux  quatre  coins  de  la  France,  j’ai  personnellement  fait  campagne,  durant  ces  quatre 
années,  pour  l’impôt  sur  le  revenu.  Rappelons-le  nous.  L’impôt  sur  le  revenu,  c  est,  de 
l’aveu  même  de  ses  adversaires,  le  grand  dégrèvement  des  villages  et  des  bourgs. 

Pour  quelles  réformes  enfin  mûries  aurons-nous  probablement  une  majorité? 

A  moins  que  la  grossière  surenchère  nationaliste  du  service  d’un  an  n’égare  les  élec¬ 
teurs,  la  Chambre  de  1902  fera  la  loi  qui  réduira  à  deux  ans  le  service  militaire,  exonérera 
les  citoyens  des  périodes  de  treize  jours  et  supprimera  toutes  les  dispenses. 

Nous  espérons  obtenir  d’un  accord  déjà  presque  conclu  entre  ia  Chambre  et  le  Sénat 
l'abrogation  de  la  loi  Falloux  et  une  organisation  de  l’enseignement  secondaire  qui  per¬ 
mettra  à  nue  moitié  de  la  jeunesse  française,  élevée  dans  l’ignorance  de  la  pensée  moderne, 
de  connaître  le  libre  esprit  de  la  science  exacte  de  l’histoire  sincère. 

Nous  pensons  encore  que  les  désastres  de  la  guerre  du  Transvaal  et  la  haine  grandis¬ 
sante  des  peuples  pour  les  luttes  militaires  et  économiques  permettront  aux  gouvernements 
européens  de  multiplier  des  conférences  internationales  comme  celles  de  la  Haye  et  de 
Bruxelles,  d’où  peuvent  seules  sortir  de  profondes  réformes  politiques  et  sociales. 

De  tout  notre  cœur,  nous  sommes  attaché  à  la  cause  de  la  paix  et  de  l’Arbitrage  inter- 

national  entre  les  nations. 

En  ce  qui  concerne  les  lois  agricoles  et  ouvrières  : 

Nous  continuerons  à  agir  de  toute  notre  énergie  pour  faire  voter  par  le  Sénat  la 
réforme  des  prestations  dans  les  conditions  où  la  Chambre  l’a  déjà  voiée  :  prestations  cal¬ 
culées  en  argent  au  marc  le  franc  selon  l’importance  des  propriétés  et  rachetables  en 

nature. _ Nous  renouvellerons  nos  efforts  pour  obtenir  du  Sénat  la  loi  sur  le  dégrèvemeut 

des  vigues  phylloxérées  que,  sur  mon  rapport,  en  février  1901,  la  Chambre  a  votée  et  que 
le  Sénat  a  refusé  jusqu’ici  de  discuter. 

La  loi  des  boissons  ne  peut,  sans  grave  imprudence,  être  remise  sur  le  Bureau  de  la 

Chambre^  ^ng  p^rôt  commun  de  l’agriculture  française,  chercher  un  sys¬ 

tème  do  taxes  différentielles  et  de  primes  qui  dirige  les  eaux-de-vie  de  fruits  naturels  vers 


407  — 


N°  U  62 


]a  consommation  et  aide  l'alcool  dénaturé,  produit  de  notre  soi,  à  se  substituer  au  pétrole 
étranger  dans  les  usages  industriels  et  domestiques, 

pour  les  blés,  la  Chambre,  ayant  de  se  séparer,  a  voté  des  mesures  rigoureuses  contre 
l’agiotage  des  acquits  d'admission  temporaire,  II  faut  permettre  au  droit  de  douane  de 
7  francs  de  donner  son  maximum  d'effet  protecteur,  mais  résolument  écarter  toutes  les 
primes  à  l’exporta  lion  qui,  sans  profit  appréciable  pour  le  cultivateur,  serviraient  les  inté¬ 
rêts  de  quelques  grands  propriétaires  et  d’une  poignée  de  spéculateurs,  au  détriment  des 
contribuables  et  de  tous  les  Français  qui  achètent  leur  blé. 

Pour  les  ouvriers,  la  Chambre  a  dû,  dès  le  début  de  la  législature,  briser  les  résistances 
qui  s'opposaient  à  ^application  de  la  loi  sur  les  accidents  du  travail,  La  loi  sur  les  accidents 
est  appliquée.  Elle  doit  être  complétée.  Je  défendrai  le  projet  de  lo;  que  j'ai  déjà  déposé 
sur  l'assurance  des  salaires  ouvriers  en  cas  d'incendie,  et  je  voterai  tous  les  projets  qui 
s'inspireront  du  même  esprit  de  prévoyance  et  de  solidarité  sociale, 

l\  faut  vouloir  toutes  les  lois  qui  ont  pour  but  de  permettre  L'accès  de  la  propriété  indi¬ 
viduelle  aux  ouvriers  et  à  leurs  syndicats,  et  aussi  toutes  les  mesures  qui  tend  nt  à  mettre 
fin  aux  conflits  toujours  ruineux  et  souvent  sanglants  qui  s'élèvent  entre  le  capital  et  le  tra¬ 
vail.  Les  projets  de  Lot,  déposés  par  le  Ministère  Waldeck -Rousseau,  sur  l’arbitrage  obliga¬ 
toire  eu  cas  de  grève  et  )e  droit  de  propriété  accordé  aux  syndicats,  me  paraissent,  dans 
leurs  dispositions  essentielles,  répondre  à  nos  desseins. 

Pour  tous,  ouvriers  des  villes  et  des  champs,  travailleurs  manuels,  petits  propriétaires 
vivant  du  labeur  quotidien,  il  faut  faire  la  loi  qui  garantit  à  tout  citoyen  le  droit  à  la  vie 
quand  les  mains  ou  le  cerveau  ne  peuvent  plus  travailler,  11  faut  encourager  et  subventionner 
toutes  les  sociétés  mutualistes  de  retraite  et  étendre  à  toutes  les  communes  la  possibilité  et 
l'obligation  de  l1  hospitalisation  à  domicile. 

Telles  sont,  mes  chers  Concitoyens,  quelques-unes  des  réflexions  que  je  crois  devoir 
vous  adresser,  en  même  temps  qu'un  bulletin  de  vote  à  mon  nom. 

Votre  vote  du  27  avril  me  dira  si  j'ai  bien  rempli  ma  tâche  et  si  vous  croyez  que,  dans  la 
voie  tracée  par  notre  programme,  nous  devons  continuer  à  marcher  de  1902  à  1906, 

A  vous  tous,  mes  chers  Concitoyens,  j'adresse  l'assurance  de  mon  affectueux  et  entier 
dévouement  à  la  cause  de  la  République  Démocratique  et  aux  intérêts  de  l'arrondissement 
de  Poligny.  , 

Ch,  DUMONT,  Député  sortant. 


Circonscription  de  SAINT-CLAUDE 

M-  Emile  GÈRE 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  7.971  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

J'ai  le  rare  avantage  de  pouvoir  être  jugé,  non  sur  des  paroles,  mais  sur  des  actes. 
Vous  m'avez  suivi  pendant  les  quatre  ans  de  la  législature.  Vous  direz  dimanche  pro¬ 
chain  si  j'ai  été  un  mandataire  fidèle  et:  dévoué,  ou  si  j'ai  manqué  k  mes  engagements. 

En  ce  qui  concerne  les  intérêts  locaux,  ce  sont  encore  les  faits  qui  pari  ront 
En  ce  qui  concerne  la  politique  générale  de  l'avenir,  ce  sera  votre  conscience  de  démo¬ 
crate. 

Partout,  dans  les  différents  camps  républicains,  résonne  le  même  cri  d'alarme;  dans 


—  408  — 

les  Vosges,  M.  Mêline  lui-même  est  combattu  par  le  nationalisme  et  son  ancien  ministre  de 
l’intérieur,  M.  Barthou,  vient  de  prononcer  cette  parole  qu'il  faut  retenir  :  «  Toute  compli¬ 
cité  avec  le  nationalisme  est  un  crime  contre  la  République.  » 

Contre  ce  parti  de  haine,  le  ministère  Waldeck-Rousseau  a  entrepris  l’œuvre  de 
Défense  républicaine  à  laquelle  je  me  suis  associé.  11  faut  l'accompagner  de  l’œuvre  d’action 
républicaine  et  taire  les  réformes  dont  l’exécution  a  été  empêchée  par  le  nationalisme. 

En  tête  de  ce  programme  d’action  prendront  place  nécessairement  : 

L’impôt  sur  le  revenu  (que  j’ai  voté)  ; 

Le  service  de  deux  ans  (que  j’ai  voté),  avec  la  suppression  des  périodes  d  exercices 
militaires  inutiles  (que  j’ai  votée)  ; 

L’enseignement  laïque  avec  un  caractère  professionnel  ou  agricole  et  1  égalité  des 
enfants  devant  l’instruction  ; 

Mettre  dans  les  charges  fiscales  plus  de  juBtice  et  supprimer  notamment  1  unput 
foncier,  les  prestations,  la  taxe  sur  les  portes  et  fenêtres  ;  reviser  le  cadastre; 

Réaliser  la  noble  idée  des  retraites  ouvrières; 

Réduire  la  durée  des  procès,  les  frais  de  justice  ;  supprimer  les  oflïccs  inutiles  ;  , 

Rendre,  par  la  séparation,  telle  que  voulait  l’établir  la  Commission  du  budget,  l’Etat 
maître,  et  placer  les  différentes  confessions  dans  le  droit  commun; 

Reviser  les  traités  de  commerce  et  les  tarifs  de  douane. 

L’énumération  des  réformes  désirables  pourrait  être  longue.  Je  l’arrête  à  ces  quelques 
points  caractéristiques,  en  rappelant  qu’on  m’a  vu  à  l’œuvre,  et  qu’à  l’œuvre  on  a  peut-être 
reconnu  l’ouvrier- 

Mon  travail,  au  cours  de  la  prochaine  législature,  restera  aussi  actif  et  persévérant; 
nous  avons  réussi  à  empêcher  tout  projet  compromettant  la  belle  cause  du  chemin  de  fer 
de  la  Faucille  ;  nous  avons  développé  nos  chemins  de  fer  considérablement,  puisque  les 
études  du  Morez-Saint-CÙude  sont  terminées  sur  le  terrain  et  que  les  adjudications  vont 
pouvoir  être  faites,  puisque  l’on  ouvrira  en  190à  le  chemin  de  fer  départemental  Foncine- 
Saint-Laurent-Claîrvaux,  puisque  sur  la  ligne  Saint-Claude-Lons-le-Saunier  des  progrès 
sont  réalisés,  puisque  nous  poursuivons  avec  ardeur  la  solution  d’autres  problèmes  intéres¬ 
sants  pour  notre  pays. 

J’ai  prouvé  mon  dévouement.  Je  demande  à  mes  adversaires,  non  pas  de  voter  pour 
moi,  mais  de  le  reconnaître.  Les  républicains  se  chargeront  de  remplir  les  deux  condi¬ 
tions. 

A  la  Chambre  des  Députés,  je  n’ai  pas  fui  la  tribune  et  je  n’ai  pas  cherché  à  m’y  impo¬ 
ser  inutilement.  Je  n’ai  été  ni  un  muet  ni  un  bavard.  Je  crois  y  avoir  acquis  un  peu  d’auto¬ 
rité  et  beaucoup  d’estime.  Et  reconnaissant  des  témoignages  recueillis  près  du  corps  élec¬ 
toral,  je  m’adresse  à  lui  en  toute  confiance  pour  lui  demander  de  voter  contre  le  nationa¬ 
lisme,  aux  cris  de  ; 

Vive  la  République  t 


Émile  GÈRE,  Député  sortant. 


—  409  — 


IV  1102 


LANDES 


lre  circonscription  de  DAX 

M  Théodore  DENIS 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  --  10.030  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Mes  ennemis  vous  prêchent  l'abstention  dans  le  journal  qu’ils  avaient  fondé  pour  me 

combattre  et  qui  n’est  plus  bon  à  rien  qu’à  me  diffamer. 

Deux  ou  trois  illuminés  et  autant  de  gamins,  affirment  devant  vous  que  je  ne  suis  pas 

républicains  ma  vi^  tQUt  entière  consacrée  à  La  défense  de  la  République  ; 

vous  savez  qu’au  temps  où  il  fallait  lutter  pour  implanter  la  République,  personne  dans  le 
pays  n’a  combattu  pour  la  cause  avec  plus  d'acharnement  que  moi. 

Mes  ennemis  dirigent  contre  moi  les  attaques  que  les  dreyfusards  de  Bayonne  dirigent 
contre  M  Iules  Legrand.  Parce  que  celui-ci  a  refusé  de  se  ranger  sous  l’ignoble  banmere  de 
Dreyfus,  ils  lui  reprochent  de  ne  pas  être  républicain  et  d’être  soutenu  par  les  journaux 

conservateurs  de  Bayonne.  , 

Les  conservateurs  de  Bayonne  préfèrent  un  anti-dreyfusard  comme  M.  Jules  Legrand 

à  un  autre  candidat,  et  ils  se  conduisent  en  bons  Français. 

11  en  est  de  même  pour  moi.  Une  seule  chose  me  sépare  de  ceux  qui  m  outragent. 

Ils  sont  dreyfusards  et  je  ne  le  suis  pas.  Ils  sont  les  partisans  du  traître  et  je  suis,  moi, 
du  côté  de  la  France.  L’un  de  ceux  qui  m’attaquent  me  dit,  il  y  a  deux  ans  :  «  Si  vous  ne 
voulez  pas  vous  ranger  du  côté  de  Dreyfus,  nous  vous  ferons  une  guerre  au  couteau.  » 

Les  dreyfusards  tiennent  leur  parole.  Mais  plus  que  jamais,  malgré  leurs  colères  et 
leurs  menaces,  je  tiendrai  haut  et  ferme  le  drapeau  de  la  République  et  de  la  France. 

Ces  prétendus  républicains  qui  vous  prêchent  l’abstention,  oublient  que  les  ouvriers, 
vos  frères,  ont  rougi  dm  leur  sang  le  pavé  des  grandes  villes  pour  conquérir  le  droit  de 

'^Pauvres  impuissants  qui  ont  eu  peur  de  lutter,  et  qui  à  la  dernière  heure  essaient  de 
me  porter  un  coup  de  Jarnac. 

N’écoutez  pas  ces  hommes  aigris  et  dépités,  ces  hommes  qui  yous  mentent  sur  mon 
compte  et  qui  savent  qu’ils  vous  mentent,  et  qui  n’osent  pas  signer  ce  qu’ils  écrivent, 
venez  affirmer  sur  mon  nom  votre  haine  des  dreyfusards  et  voire  amour  de  la  République 
et  de  la  liberté  1 


Vive  la  République! 


Théodore  DENIS. 


S'J 


—  410  — 


2*  circonscription  de  DAX 
M,  LÉGUSE 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  11474  voix, 


Mes  chers  Concitoyens, 

Je  sollicite  de  vos  suffrages  le  renouvellement  du  mandat  législatif  dont  vous  m’hono¬ 
rez  depuis  plus  de  vingt  ans,  et  auquel  ]  ai  la  conscience  de  n  avoir  jamais  failli* 

Ma  yie  politique  tout  entière,  les  convictions  inébranlables  qui  en  ont  toujours  inspiré 
les  actes,  vous  disent  assez  dans  quel  esprit  je  le  remplirai,  si  vous  m  appelez  à  vous  repré- 
senter  encore* 

Je  reste  fidèle  à  mon  passé  démocratique,  libre  de  toute  compromission,  jaloux  de  mon 
indépendance,  décidé  plus  que  jamais  à  soutenir  les  vrais  principes  républicains  qui  com¬ 
portent  : 

Les  libertés  politiques; 

La  liberté  d’enseignement  sous  le  contrôle  et  la  surveillance  del’Ltat; 

La  liberté  d’association,  avec  les  garanties  ayant  pour  but  d’enrayer  le  développement 
abusif  de  la  mainmorte  ; 

La  liberté  de  conscience  ; 

La  sécurité  des  personnes  et  des  propriétés  : 

L’égalité  devant  la  loi* 

Ennemi  déclaré  de  toutes  les  réactions,  je  veux  une  République  forte,  respectée,  labo- 
rieuse,  économe,  tolérante,  et  sagement  réformatrice. 

Adversaire  irréductible  des  doctrines  collectivistes,  qui  tendent  à  faire  absorber  l’indi¬ 
vidu  par  P-Étaf,  confisquant  la  prooriété  individuelle,  socialisant  les  moyens  de  production, 
compromettant  lMoàustrié  et  le  commerce,  j’entends  opposer  à  ces  utopies  une  politique  de 
paix  sociale,  de  fraternité  vraie,  de  liberté  dans  le  travail. 

Aux  artisans  de  la  guerre  sociale,  à  ceux  qui  préconisent  îa  lutte  des  classes,  nous 
devons  répondre  par  la  formation  de  sociétés  de  prévoyance  et  de  secours  iqutuels,  de 
caisses  de  retraites  et  d’assurance  en  faveur  des  ouvriers,  qui  trouveront  ainsi,  pour  leurs 
vieux  jours,  grâce  aux  subventions  de  l’État  et  à  l'initiative  privée,  ramélioration  de  leur 
situation  si  digne  d’intérêt, 

(Test  par  là  que  doivent  se  manifester  ces  sentiments  de  solidarité  fraternelle  dont  la 
mutualité  est  devenue  l’application  la  plus  pratique  et  le  plus  admirable  instrument. 

Entièrement  dévoué  à  nos  populations  agricoles  et  forestières,  convaincu  qu’une  démo¬ 
cratie  a  l’impérieux  devoir  d’adoucir  aussi  bïeij  le  sort  des  agriculteurs  que  celui  des 
ouvriers,  je  m’efforcerai  de  hâter  l'avènement  de  réformes  ayant  pour  objectif  l'allégement 
des  charges  beaucoup  trop  lourdes  dont  nos  campagnes  sont  tout  particulièrement  accablées. 

C’est  en  travaillant  avec  plus  de  suite  et  de  fermeté  au  développement  rationnel  de  nos 
institutions,  et,  avec  plus  de  prudence,  à  la  consolidation  de  notre  situation  financière,  que 
la  nouvelle  Chambre  devra  rechercher  une  égalité  de  plus  en  plus  grande  dans  la  réparti¬ 
tion  de  Timpôt,  tout  en  se  montrant  économe  de  dépenses  nouvelles  qui  atteignent  surtout 
les  contribuables  déjà  surchargés. 

La  réduction  de  la  durée  du  service  militaire,  si  désirée  de  nos  populations,  mérite 
aussi  toute  notre  sollicitude  et  nous  aurons  le  devoir  de  rechercher  les  moyens  de  satis¬ 
faire,  sur  ce  point,  aux  légitimes  aspirations  du  pays,  sans  compromettre,  en  quoi  que  ce 
soit*  les  intérêts  supérieurs  da  la  Défense  nationale, 


r  H  62 


-  4  H  - 

C’est  par  la  réalisation  de  toutes  ces  réformes,  étudiées  dans  un  esprit  de  sagesse  et  de 
progrès,  qué  nous  cimenterons  l’union  de  tous  les  bons  citoyens  sous  le  drapeau  de  la 
trame  et  de  la  liépublique,  dont  nous  avons  confié  la  garde  a  notre  armée  si  digne  e 
respect  et  qui  est  aujourd’hui  l’incarnation  la  plus  haute  de  la  l’atne. 

Si  vous  estimez  que,  durant  cinq  législatures,  j’ai  pu  être  utile  a  mon  pays,  vous  due/ 
une  fois  de  plus,  s’il  est  encore  des  services  que  vous  puissiez  demander  a  mon  duvouemen 
et  des  devoirs  que  vous  puissiez  confier  à  mon  patriotisme. 

Félix  LÉGLISE,  Député  sortant- 


lc°  circonscription  de  MONT-DE-MARSAN 
M.  le  général  JACQÜEY 
Élu  au  1C1  tour  de  scrutin.  —  8.27fi  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

C’est  avec  pleine  confiance  que  je  viens  solliciter  le  renouvellement  du  mandat  que 

vous  m’avez  fait  l’honneur  de  me  confier  en  1898. 

Comme  à  cette  époque,  je  me  présente,  seul,  sans  m’abriter  ou  me  cacher  dernere  un 

comité  quel  qu'il  soit, 

■l’estime  qu’à  l’heure  actuelle,  l’éducation  politique  du  peuple  est  faite  et  qu  il  a  a  plus 
à  se  laisser  imposer  par  personne  ïe  choix  de  ses  représentants. 

Je  sollicite  à  nouveau  vos  suffrages  comme  républicain  indépendant,  liberal,  avec  la 
conviction  d’avoir  rempli  mon  devoir  et  d’être  resté  fidèle  à  mes  principes. 

Partisan  convaincu  de  la  liberté,  je  la  réclame  pour  le  travail  et  les  croyances. 

Il  n’y  a  plus  en  présence  aujourd’hui  que  deux  politiques  : 

L’une  qui  nous  conduit  directement  au  collectivisme,  ayant  à  sa  tête  les  sectaires,  les 
francs-maçons  et  les  cosmopolites  qui  cherchent  à  exciter  les  haines  et  à  jeter  dans  les 

esprits  le  trouble  et  le  désordre.  ' 

Cette  politique  ne  peut  rien  fonder,  ne  faire  rien  que  des  ruines  et  nous  conduire  a  la 

banqueroute  nationale  «  qui  déjà  frappe  h  nos  portes  ». 

L’autre  est  basée  Sur  les  principes  d'ordre  et  de  liberté  égale  pour  tous. 

Elle  veut  la  liberté  de  conscience,  le  droit  pour  le  père  de  famille  de  faire  élever  ses 
enfants  comme  il  le  voudra,  le  respect  de  la  propriété  individuelle.  Son  seul  désir  est  de 
rendre  à  la  France  sa  grandeur  et  sa  prospérité. 

Mon  programme  est  et  restera  le  même. 

—  Suppression  complète  de  la  taxe  et  réduction  du  service  militaire. 

_ Plus  d’emprunts,  plus  d’augmenlatioti  d’impôts,  une  répartition  plus  équitable  des 

charges  qui  pèsent  sur  le  contribuable* 

—  Révision  ou  abrogation  de  la  loi  des  boissons- 

—  Lois  assurant  le  sort  des  vieux  travailleurs  de  la  ville  et  des  campagnes,  sans  obliga¬ 
tion  pour  eux  d'y  contribuer  par  un  versement  journalier  } 

_  Révision  de  la  loi  sur  1rs  successions,  qui  frappe  nos  fortunes  moyennes  et  n  atteint 

pas  les  millionnaires. 

—  Enfin,  comme  dans  mon  dernier  mandat,  je  voterai  toutes  les  lois  qui  auront 
pour  but  d’ améliorer  le  sort  de  nos  populations  ouvrières  et  agricoles  si  fortement 
éprouvées. 


„  412  — 

Ne  tous  laissez  pas  tromper  par  les  paroles  mensongères  et  dorées  de  celui  qui  est 
intéressé  à  tous  égarer. 

Ouvriers  et  paysans, 

Il  est  bien  loin  de  vous  mon  concurrent  croyez- le  bien,  bien  loin  de  vous  par  la  pensée 
et  par  le  cœur,  et  il  ne  parle  de  vous  qu’après  avoir  été  investi  de  la  candidature  officielle, 
sous  le  patronage  de  la  loge  maçonnique. 

Comptez  seulement  sur  les  hommes  indépendants  qui,  n’ayant  plus  aucune  ambition 
pour  eux-mêmes,  sont  en  mesure  de  vous  donner  tout  leur  dévouement. 

Chers  Concitoyens,  le  sort  de  notre  pays  est  entre  vos  mains,  vous  avez  pour  le  sauver 
le  bulletin  de  vote,  sachez  vous  en  servir. 

Aux  urnes  sans  abstention  1 

Vive  la  République  libérale  î 

Général  JACQOEY, 

Commandeur  de  la  Légion  d'honneur, 

Député  sortant. 


2°  circonscription  de  MONT-DE-MARSAN 

M.  JÜMEL 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  — -  7*130  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Vous  m'avez  fait  Phonueur,  depuis  seize  ans,  de  me  confier  le  mandat  de  vous  repré¬ 
senter  à  la  Chambre  des  Députés, 

Je  viens  de  nouveau  solliciter  vos  suffrages  pour  le  scrutin  du  21  avril. 

Vous  connaissez  ma  vie  politique  tout  entière  :  inébranlablement  attaché  à  la  Répu¬ 
blique,  fai  toujours,  dans  mes  votes  au  Parlement,  soutenu  les  vrais  principes  républicains, 
ceux  qui  se  réclament  des  Droits  de  l'homme  et  de  la  Révolution  de  1789. 

Adversaire  irréconciliable  du  cléricalisme,  j  ai  voté  la  loi  sur  les  associations^  qui  soumet 
à  l'autorisation  préalable  ^établissement  de  toute  congrégation  et  réglemente,  pour  le 
surveiller  et  l'arrêter,  le  développement  des  biens  de  mainmorte  si  dangereux  pour  la 
fortune  publique. 

Fai  soutenu  le  gouvernement  de  Défense  républicaine  qui  a  su  rétablir  l'ordre  dans 
la  rue,  réprimer  les  tentatives  factieuses,  assurer  le  respect  dû  au  chef  de  PÉtatqui  repré¬ 
sente  si  noblement  la  France  dans  nos  relations  extérieures. 

Profondément  jaloux  de  ma  liberté  de  conscience,  j’entends  respecter  et  faire  respecter 
les  croyances  et  les  convictions  de  chacun. 

je  suis  aussi  l'adversaire  résolu  des  doctrines  collectivistes  qui  suppriment  toute 
initiative  féconde,  et  semblent  vouloir  s'opposer  ü  la  liberté  du  travail  aussi  précieuse  et 
respectable  que  toutes  les  autres  libertés. 

le  veux  enfin  Paméiïoration  du  sort  de  chacun  par  le  développement  des  idées  de 
prévoyance  sociale  et  de  mutualité  :  c'est  dans  les  sociétés  de  prévoyance  et  de  secours 
mutuels  que  Ton  trouvera  les  moyens  de  résoudre  la  question  si  grave  et  si  intéressante 


_  413  _  N°  H62 

des  retraites  ouvrières.  Dans  la  législature  qui  vient  de  prendre  fin,  la  Chambré  a  ébauché 
commencement  de  discussion  de  la  loi  sur  les  retraites  ouvrières,  à  laquelle  je  n’ai  pas 
voulu  m’associer,  tout  d’abord  parce  qu’elle  aurait  abouti  à  des  charges  impossibles  à  sup¬ 
porter  pour  l’industrie  et  l’agriculture,  ensuite,  parce  qu’elle  laissait  de  côté  toute  la  caté¬ 
gorie  si  nombreuse  et  également  intéressante  des  travailleurs  agricoles  qui  cultivent  sous 
la  forme  du  contrat  de  métayage. 

Enfin,  dans  l’ordre  financier  et  budgétaire,  je  resterai  attaché  aux  idees  d  ordre  et 
d’économie  que  je  n’ai  cessé  de  soutenir  de  mes  votes. 

Je  voterai  aussi  la  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans,  qui  sera  d'un  si  grand 
soulagement  pour  les  populations  agricoles  sur  lesquelles  pèse  si  lourdement  cette  charge 

de  l’impôt  du  sang.  .... 

Quant  aux  intérêts  particuliers  de  votre  circonscription,  je  crois  avoir  suffisamment 
prouvé  que  je  les  connaissais  à  fond  et  que  je  savais  les  défendre  :  les  faits  sont  la  qui 
parlent  d’eux-mêmes  et  donnent  le  démenti  le  plus  formel  à  mes  détracteurs  intéressés. 

Si  vous  pensez  que  ce  que  j’ai  fait  depuis  les  seize  années  que  j’ai  l’honneur  de  vous 
représenter  justifie  la  confiance  que  vous  m’aviez  accordée,  j'espère  que  vous  voudrez  bien 
de  nouveau  me  confier  la  défense  de  vos  intérêts,  et  compter  sur  moi  pour  tenir  haut  et 
ferme  le  drapeau  de  la  République  dans  votre  circonscription. 

H.  JUMEL,  Député  sortant. 


Circonscription  de  SAINT-SEVER. 
M.  Constant  DUL.AU 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  16.633  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Le  calme  qui  prélude  au  prochain  scrutin  dans  l’arrondissement  de  Saint-Sever, 
l’adhésion  donnée  à  ma  candidature  par  les  représentants  les  plus  autorisés  du  parti  répu¬ 
blicain,  prouvent  à  votre  mandataire  qu’il  a  su  depuis  onze  ans  s’inspirer  des  sentiments 
de  l’immense  majorité  de  ses  électeurs,  comprendre  leur  tempérament  et  mériter  leur  estime. 

Fidèle  à  mes  engagements  et  à  mon  programme,  j’ai  respecté  au  travers  de  tous  les 
événements  les  principes  de  liberté  pour  tous,  de  justice  égale,  de  tolérance  mutuelle  et  de 
paix  sociale  qui  sont  la  raison  d’être  du  régime  républicain. 

A  la  tribune,  dans  les  Commissions  ou  par  mes  votes,  j’ai  collaboré  a  toutes  les  lois 
réalisant  une  réforme  ou  un  progrès  réclamés  par  l’opinion  publique. 

Trop  souvent  de  regrettables  discordes  ont  détourné  le  Parlement  de  sa  tâche  législa¬ 
tive.  De  nombreux  problèmes  sollicitaient  cependant  son  attention,  et  il  faudra  les  aborder 
sans  délai  :  décentralisation  administrative,  diminution  des  frais  de  justice,  organisation 
de  l’assistance  aux  vieillards  et  aux  infirmes,  protection  de  la  mère  et  de  l’enfant  nouveau¬ 
té,  en  vue  de  porter  remède  à  la  dépopulation,  création  du  petit  domaine  familial  insai¬ 
sissable,  réduction  des  frais  de  vente  de  la  petite  propriété. 

Appelé  par  la  confiance  de  mes  collègues  à  les  représenter  pendant  les  quatre  années 
de  la  législature  à  la  Commission  du  budget,  j’ai  été  amené  à  étudier  et  à  discuter  la  plu¬ 
part  des  questions  financières  touchant  aux  intérêts  les  plus  essentiels  de  notre  pays. 
L’examen  de  nos  budgets  accuse  un  accroissement  annuel  alarmant  de  nos  dépenses  publi¬ 
ques,  coïncidant,  ces  mois  derniers,  avec  un  fléchissement  du  rendement  de  nos  impôts. 
Les  ressources  de  la  France  sont  merveilleuses,  sans  doute,  —  elles  ne  sont  pas  inépui¬ 
sables;  son  crédit  est  grand,  il  n’est  pas  sans  limites. 

L’impérieux  devoir  de  vos  mandataires  sera  d’arrêter  court,  à  tout  prix  et  par  tous  les 
moyens,  le  mouvement  ascensionnel  des  dépenses. 


—  4  — 

Au  premiér  fang  dés  préoccupations  du  législateur  de  demain,  jd  place  la  <Jiièèd| 
budgétaire.  Par  une  gestion  opiniâtrement  économe  dés  deniers  publia,  par  uii  contrôlé 
e  flic  ace  sur  les  dépenses*  il  faut  réaliser  des  économies  sous  pëiné  de  Voir  a  bref  délai 
s'àgràver  encore  le  lourd  fardeau  Pèse  lé  contribuable  français. 

Partisan  do  la  rèFarme  dé  nos  itnpôtS  directs,  j’estime  qdHl  ÿ  a  iieti  tFâitèiodré  les 
sources  diverses  du  revenu  sans  vexations  ni  inquisitions,  de  feiçon  à  proportionner  plus 
exactement  aux  ressources  de  chaque  citoyen  sa  contribution  aux  «fhàrges  de  l’État.  Je  suif 
pour  un  impôt  sur  les  choses  et  non  sur  les  personnes,  et  je  repousse  aveë  énergie  celte 
forriiule  suivant  laquelle  l'iînpôt,  détourné  de  son  but,  deviendrait  un  instrument  d’égàlba- 
t ion  des  fohtlhés,  à  proprement  parler,  dh  moyen  hypocrite  de  spoliation. 

I/inminct  de  la  prévoyance,  le  goût  de  Pepargne  sont  depuis  longtemps  des  yèrufflaiP 
daisés.  Pdf  les  Sociétés  de  secours  mutuels  encouragéeê  et  subventionnées  par  l’État,  Fini- 
tiàtive  privée,  tout  èn  respectant  la  dignité  et  là  liberté  de  chacun,  apportera  aux  ouvriers 
agricole*.  comme  aux  ouvriers  des  villes,  là  solution  du  problème  des  retraites  ouvrière 

Jè  sois  favorable  à  là  réduction  progressive  de  là  dotée  du  service  militaire  et  à  la  sup¬ 
pression  de  toutes  les  dispenses,  mais  celle  réforme  égalitaire  et  démocratique  si  désiré* 
par  nos  populations  deVrâ  être  réalisée  avec  une  prudêhce  extrême  et  précédée  du  vote 1 
d’une  loi  des  cadres  et  d’une  loi  S  Ht  îcS  rengagements.  Eh  aucun  cas,  ni  les  effectifs,  mil 
puissance  de  notre  armée  nationale  ne  devront  en  souffrir  :  sa  cohésion,  sa  force  et  son 
prestige  seront  toujours  notre  orgueil  et  notre  patriotique  espoir. 

Mes  votes  en  Faveur  de  la  liberté  Renseignent nt  ne  laissent  aucun  aoute  sur  mafaf® 
de  voir  en  cette  matière,  mais  il  me  semble  légitime  que  l'État  exige  des  garanties  de  capa¬ 
cité  égales  de  la  part  de  tous  les  maîtres  et  qu’il  exerce  sur  leur  enseignement  une  surveil¬ 
lance  effective* 

Dans  nos  communes,  je  veux,  comme  par  le  passé,  le  maire  respecté  dans  sa  mairie, 
le  prêtre  respecté  dans  son  église,  Pinsüliitëür  fëspécté  dans  son  école,  chacun  restant 
dans  son  domaine. 

Représentant  d'une  région  agricole,  ma  sollicitude  s’est  toujours  portée  sur  les  intérêt 
de  nos  populations  rurales  si  sages,  si  modérées,  si  dignes  de  nos  dévouements.  Sur  la 
question  de  la  tuberculose  bovine,  je  suis  toujours  partisan  de  la  liberté  des  ventes,  mais 
je  me  félicite  d'avoir  contribué  à  rendre  le  problème  moins  passionnant  par  un  servie* 
d'indemnités  régulièrement  établi  et  par  d'importantes  subventions  aux  consorces. 

En  outre,  la  Chambre  a  réduit  à  dix  jours  le  délai  de  Faction  en  garantie,  et  limité  au 
dernier  vendeur  l'exercice  de  Faction.  Le  Sénat,  je  l’espère,  sanctionnera  ce  vote* 

Mes  chers  Concitoyens, 

Le  culte  de  la  République  fut,  de  tout  temps*  uüe  tradition  dans  ma  famille.  Jë  demeti* 
rerai  fidèle  à  cette  tradition.  Si  des  jugements  différents  ont  pii  être  portés  sur  quelques- 
uns  de  mes  votes,  j’aime  à  croire  que  nul  n'a  élevé  un  doute  sur  ma  bouffe  foi,  ma  loyauté 
et  ma  correction  politiques.  Fai  toujours  pensé  et  jé  persiste  à  croire  qu’iî  vaut  mieux  faite 
aimer  que  faire  craindre  la  République. 

Jamais  pour  les  services  à  rendre  je  n'ai  fait  une  différence  entre  le  plus  modeste  de 
mes  électeurs  et  le  plus  fortuné.  Je  me  devais  à  tous  *ans  exception  et  je  trois  h’avoif 
manqué  à  personne*  Adversaire  résolu  des  doctrines  collectivistes,  ce  fut  ma  façon  à  moi 
de  faire  du  socialisme. 

Si  vous  pensez  que  je  puisse  encore  vous  être  utile,  comptez  Su  t  ma  fidélité,  ellen* 
vous  fera  jamais  défaut. 

Veuillez  agréer,  mes  chers  Concitoyens,  l'assurance  de  mon  profond  dévouement. 

Constant  DULÀU,  Député  sortant, 

Membre  de  la  Commission  du  budget,  propriétaire  et  maire 
à  Castelnau-Chalosse* 


415 


N°  1152 


LOIR  ET-CHER 


lro  circonscription  de  BLOIS 

M.  GAUVIN 

É]u  au  1er  tour  de  scrutin.  —  10-194  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Deux  fois  déjà  vous  m'avez  fait  l’honneur  de  m’envoyer  siéger  à  la  Chambre  des  Dépu¬ 
tés  pour  y  soutenir  votre  politique,  vos  intérêts  et  vos  revendications. 

De  nouveau  je  sollicite  votre  confiance  et  vous  demande  le  renouvellement  de  mon 

HP daî,  ,  j  t  '  *  * 

Laissez-moi  tout  d’abord  vous  énumérer  très  brièvement  quelques-unes  dos  lois  étu¬ 
diées  ou  votées  par  la  dernière  législature  : 

Agriculture.  -  Crédit  agricole.  -  Warrants.  -  Sociétés  d’assurances  mutuelles.  - 
Régime  des  admissions  temporaires  du  froment.  —  Dommages  causés  par  le  gibier. 

Alcool  industriel,  etc. .. 

Finances.  —  Réforme  du  régime  des  successions  et  des  formalités  hypothécaires.  - 
Rétame  des  boissons  avec  126  millions  de  dégrèvement.  —  Réforme  des  octrois  avec  un 
cinquième  des  droits  dès  aujourd’hui  disparu.  —  Disparition  des  budgets  extraordinaires, 
-Amortissement  de  là  Dette.  —  Budget  spécial  pour  l’Algérie.  —  Premier  emprunt  fait  au 
pair  (emprunt  de  Chine),  etc... 

Travaux  publics.  —  Augmentation  du  matériel  des  chemins  de  fer  pour  226  millions. 
-  Concession  de  2.513  kilomètres  de  lignes  d’intérêt  local.  —  1.453  kilomètres  livrés  a 
l'exploitation.  —  Application  de  nouveaux  tarifs  communs  aux  sept  grands  réseaux,  etc.. 

Industrie,  Commerce.  —  Réformes  d’assurances  et  de  prévoyance  sociale.  —  Retraites 
ouvrières.  —  Création  de  nombreux  postes  de  receveurs,  de  facteurs  receveurs.  —  Bureaux 
télégraphiques  et  téléphoniques,  etc... 

Et  enlin,  à  l’actif  de  la  politique  générale  :  Rétablissement  du  calme  dans  les  esprits 
ei  de  l’ordre  dans  la  me.  -  La  loi  sur  les  associations.  -  L’armée  coloniale.  --  La  défense 
des  côtes,  des  ports  et  des  colonies.  —  Mise  en  chantier  de  nombreux  navires  et  sous- 
marins. —  L’Exposition  universelle  de  1900.  —  Alliance  de  plus  en  plus  ôtioite  entre  la 
France  et  la  Russie,  garantie  de  l’équilibre  et  de  la  paix  en  Europe,  etc. 

Mes  chers  Concitoyens, 

La  Chambre  qui  disparaît  a  fourni  un  travail  considérable;  sous  l’impulsion  d’un  Gou¬ 
vernement  qui  a  su  agir  et  persévérer,  la  majorité  républicaine  a  fait  aboutir  de  grosses 
réformes  - 

La  Chambre  prochaine  voudra,  je  J’espère  fermement,  persévérer  dans  cette  voie  et 
accomplir  non  pas  tout  le  programme  républicain,  mais  une  partie  au  moins  de  ce  pro¬ 
gramma. 


Elle  voudra  notamment  : 


Après  ia  loi  sur  les  associations,  résoudre  le  problème  des  rapports  entre  les  cultes  et 
l’État  et  prendre  toutes  les  mesures  et  précautions  nécessaires  pour  faire  les  Eglises  libres  [ 
dans  l’État  laïque  souverain. 

Enlever  aux  Dominicains,  aux  Jésuites,  aux  Eudistes,  aux  Mariâtes,  à  toutes  les  Contré-  | 
gâtions,  en  un  mot,  renseignement  de  la  jeunesse  française,  et  cela  au  nom  de  la  liberté  I 
des  pères  de  famille  et  au  nom  de  Punit  é  morale  dans  ce  pays. 

Elle  introduira  dans  les  impôts  directs  la  progression,  déjà  réalisée  pour  les  suc#  j 
sions,  qui  frappera  véritablement  tous  les  revenus  du  capital,  demandera  davantage  n  I 
superflu,  moins  à  Futile  et  rien  au  nécessaire,  à  l'indispensable. 

Elle  fera  le  service  de  deux  ans,  les  retraites  ouvrières,  la  réforme  des  prestations. 

Je  m’arrête  et  vous  dis  :  Moi  aussi s  je  veux  ces  réformes  et  m’y  associerai. 

Mais,  d’abord  et  par-dessus  tout,  je  veux,  par  les  mesures  nécessaires  et  par  tous  les  \ 
moyens  quels  qu’ils  soient,  la  prospérité  de  notre  agriculture,  de  notre  commerce  etdt  I 
notre  industrie,  et  aussi  et  par  là  même,  la  sécurité  et  la  grandeur  de  notre  chère  France. 

Je  reste  fidèle  à  mes  programmes  antérieurs,  les  élargissant  pour  y  mettre  tout  ce  qui  | 
peut  assurer  plus  d’égalité,  plus  de  fraternité,  plus  de  justice  et  plus  de  solidarité  dans  k  i 
problèmes  sociaux. 

Citoyens, 

Vous  savez  mes  aspirations,  mon  passé,  mes  actes,  ma  manière  d’être  au  milieu  de 
vous;  je  ne  changerai  point  d’attitude  et  tâcherai  de  mériter  encore  plus  votre  estime  et  | 
votre  confiance. 

Et  enfin,  Citoyens,  vous  savez  tous  ia  gravité  du  moment,  l’attaque  qui  se  déchaîne  I 
contre  La  République,  Passant  furieux  qui  se  livre  contre  nos  institutions. 

Connaissant  le  danger,  vous  ferez  votre  devoir, 

A  cette  coalition  formée  de  républicains  défaillants,  de  nationalistes,  de  cléricaux,  k 
représentants  de  tous  les  partis  monarchiques,  vous  allez  opposer  une  autre  coalition,  celle 
de  tous  les  républicains  dignes  de  ce  nom,  de  tous  les  Citoyens  qui,  s’inspirant  de  l'esprit  de  I 
la  Révolution  française,  veulent  une  République  véritablement  démocratique. 

Et  groupés,  unis  en  uu  faisceau  puissant,  vous  repousserez  l’assaut  et  triompherai  I 
encore  le  27  avril  prochain. 

Aux  urnes  !  Pas  d’abstentions  et  vive  la  République  1 

E.  GAUVIN,  Conseiller  général, 

Maire  de  Mer,  républicain  radical,  Député  sortant. 

N.  B .  —  Dans  la  nouvelle  répartition  de  l’impôt  mobilier  (amendement  Lemoig^ll 
les  quatre  députés  de  Loir-et-Cher  ont  voté  contre.  —  Dans  la  répartition  faite  par  le  I 
Conseil  général,  M.  Gauvin  a  voté  contre. 


—  417  — 


N°  1162 


2,!  circonscription,  de  BLOIS 
M.  RAGOT 

Elu  au  2°  tour  de  scrutin.  —  9.219  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Désigné,  par  le  Congrès  de  Contres  du  1 A  mars,  comme  seul  candidat  ,du  Comité  de 
Défense  et  d’Action  républicaines  pour  la  2“  circonscriptian  de  Blois,  j’ai  l’honneur  de  solh- 
citer  le  renouvellement  de  mon  mandat* 

J’ai  conscience  d’avoir,  sans  la  moindre  défaillance,  rempli  le  programme  nettement 
démocratique  et  anticlérical  sur  leqnel  vous  m’avez  accordé  près  de  11.060  suffrages. 

Une  partie  des  lois  et  des  réformes  de  ce  programme  sont  réalisées  ; 

Réforme  du  régime  des  successions  avec  suppression,  sur  le  passif,  des  droits  d’enre¬ 
gistrement  ; 

Organisation  du  Crédit  agricole  ; 

Suppression,  sur  les  boisons  hygiéniques,  des  droits  perçus  par  l’Etat  et  des  droits 
d’octroi  dans  un  certain  nombre  de  grandes  villes. 

Pour  la  défense  de  nos  colonies,  la  Chambre  a  organisé  l’armée  coloniale,  augmenté  la 

flotte  et  armé  les  côtes. 

Enfin  elle  a  voté  la  loi  sur  les  associations,  qui  est  la  préface  de  la  séparation  des 
Eglises  et  de  l’État. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Dans  l’ordre  économique,  je  demanderai  une  modération  raisonnée  des  droits  de  douane 
sur  les  blés  et  la  réduction  de  l’impôt  exorbitant  dont  sont  frappés  les  sucres  que  nous 
payons  beaucoup  plus  cher  que  les  nations  voisines* 

Opposé  à  tout  relèvement  de  droits  sur  ies  vins,  je  poursuivrai  mes  démarches  ppur 
obtenir  une  diminution  sur  le  prix  des  transports* 

Je  continuerai  de  défendre  les  intérêts  de  l’agriculture,  de  la  viticulture,  du  commerce 

et  de  l’industrie  nationale* 

Mes  efforts  pour  faire  aboutir  les  projets  de  tramways  de  Selles  à  Contres  et  de  la  rive 
gauche  de  la  Loire  n’ont  pas  encore  été  entièrement  couronnés  de  succès,  mais  je  suis  heu¬ 
reux  de  constater  que  le  Conseil  général,  dans  sa  Besfcioîï  d^avriÇ  a  décidé,  à  ^unanimité, 
moins  une  voix,  que  le  tramway  de  Selles  à  Contres  serait  construit  aux  frais  du  dèpai- 
tementj  vote  conforme  au  vœu  émis  par  le  Conseil  d  arrondissement  de  Blois  sur  la  propo¬ 
sition  de  MM.  Paul  Thibault,  Villedieu  et  Ragot. 

Le  Conseil  général,  dans  sa  prochaine  session  d’août,  voudra  certainement  prendre  la 
même  délibération  en  faveur  du  tramway  des  bords  de  la  Loire* 

Au  point  de  vue  fiscal,  je  réclamerai  une  répartition  plus  équitable  des  impôts  directs 
afin  d’obtenir  pour  les  classes  laborieuses,  par  la  progressivité,  un  dégrèvement  tel  'que 
chaque  citoyen  ne  contribue  aux  charges  de  l’État  que  selon  son  revenu* 

Je  voterai  en  outre  : 

La  suppression  des  prestations  ; 

La  répression  du  vagabondage; 


—  418  — 


La  diminution  des  frais  de  justice  par  la  réforme  du  Gode  de  procédure  civile,  et  Pex- 
tension  des  attributions  des  juges  de  paix. 

Le  service  militaire  réduit  à  deux  ans. 

11  est  regrettable  que  la  Chambre  n'ait  pu  obtenir  du  Sénat  la  suppression  des  1$  jours 
et  le  crédit  de  h- 6 00. 000  francs  pour  acheter  du  vin  à  nos  soldats. 

Enfin,  plus  que  jamais,  je  suis  partisan  de  Renseignement  exclusivement  laïque  et  de 
l'abrogation  de  la  loi  Falloux  qui,  il  y  a  cinquante  ans,  a  livré  Penfance  à  l'influence 
cléricale. 

Est-il  possible  de  souffrir  plus  longtemps  que  «  deux  jeunesses,  moins  séparées  par 
leur  condition  sociale  que  par  l’éducation  qu’elles  reçoivent,  grandissent  sans  se  connaître 
jusqu'au  jour  où  elles  se  rencontreront  si  dissemblables,  qu'elles  risqueront  de  ne  plus  se 
comprendre  » 

Cette  situation  ne  saurait  se  prolonger;  nous  avons  une  armée  nationale;  il  faut  que  la 
France  soit  dotée  d'un  enseignement  national. 


Citoyens, 

La  République  est  violemment  attaquée  par  les  partis  monarchiques  unis  à  des  répu¬ 
blicains  défaillants;  cette  coalition  a  pris  le  nom  pompeux  de  nationalisme,  La  situation  est 


grave, 

La  congrégation  brûle  ses  dernières  cartouches;  tous  les  moyens  lui  seront  bons  pour 
envoyer  à  la  Chambre  une  majorité  qui  n'appliquerait  nas  la  loi  sur  les  associations. 

Républicains,  serrez  vos  rangs  et  ne  livrez  pas  les  clefs  de  la  maison  aux  ennemis  du 
Peuple  qui,  s’ils  y  pénétraient  en  maîtres,  feraient  bien  vite  main  basse  sur  les  trésors,  si 
laborieusement  amassés,  de  nos  lois  républicaines. 

Depuis  plus  de  quarante  ans,  mes  chers  Concitoyens,  je  suis  le  serviteur  de  Pidée 
républicaine  et  de  îa  Démocratie, 

Pai  la  certitude  de  rester  le  fidèle  interprète  de  vos  volontés,  en  ayant  sans  cesse  les 
yeux  sur  les  intérêts  supérieurs  de  la  Patrie  et  en  défendant,  contre  la  réaction,  l'héritage 
que  nous  tenons  de  nos  pères  de  la  Révolution  française. 


Vive  la  République  ! 


Constant  RAGOT,  Député  sortait, 
Maire  de  Samt-Aignan. 


N, -B.  —  Dans  la  nouvelle  répartition  de  l'impôt  mobilier  (amendement  Le  Moigne), 
M.  Ragot,  ainsi  que  ses  trois  collègues,  a  voté  contre. 


Circonscription  de  ROMORANTIN 
M*  PïCHERY 

Elu  au  2*  tour  de  scrutin.  —  7.8181voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Fai  été  élu  quatre  fois  en  six  ans  au  Conseil  d'arrondissement,  puis  au, Conseil  généra, 
sur  un  programme  et  par  le  parti  républicain  du  canton  de  fteung-sur-Beuvron. 

Mes  votes  dans  ces  Assemblées  ont  toujours  été  conformes  à  mes  convictions.  C'est  yqüs 
dire  et  prouver  mon  inaltérable  attachement  au  Gouvernement  de  la  République. 


—  *19  — 


N®  1162 


Nous  devons  avoir  pour  guides  *les  principes  de  1789  :  assurer  la  liberté,  toutes  les 
libertés  nécessaires;  rétablir  l’égalité  devant  la  loi  en  réduisant  les  frais  de  justice  qui 
ruinent  les  petits  justiciables;  rétablir  aussi  l’égalité  devant  l’impôt  en  supprimant  la  pres¬ 
tation,  la  contribution  mobilière  pour  les  travailleurs  qui  n’ont  que  le  logement  nécessaire 
à  leur' famille;  en  dégrevant  le  petit  propriétaire  et  le  petit  patenté  qui  sont  véritablement 
surchargés. 

Nous  chercherons  dans  la  fraternité  et  la  mutualité  la  solution  des  retraites, qui  sont  une 
nécessité  et  un  droit  pour  les  travailleurs  en  même  temps  qu’une  obligation  pour  la  société. 

Pour  réaliser  ces  réformes,  il  faut  exiger  les  compensations  nécessaires  des  valeurs  de 
bourse  particulièrement  favorisées,  et  réduire  les  gros  traitements. 

La  loi  sur  le  service  de  deux  ans  doit  être  votée  par  la  prochaine  Chambre,  et  nous  étu¬ 
dierons  la  question  des  28  et  des  13  jours  avec  la  ferme  volonté  d’aboutir  à  leur  suppres¬ 
sion,  tout  en  réservant  les  cas  de  mobilisation,  de  manœuvres  et  d’études  générales  indis¬ 
pensables  à  l’existence  même  de  l’armée. 

En  politique,  nous  rechercherons  l’uoion  de  tous  les  républicains;  cette  union  est,  à 
l’heure  présente,  nécessaire  pour  défendre  les  institutions  contre  les  tentatives  césariennes 
et  les  doctrines  collectivistes,  et  maintenir  les  principes  d’ordre  et  de  liberté  que  Gambetta 
et  Jules  Ferry  considéraient  comme  la  base  et  la  raison  d’être  de  la  République,  et  dont 
M.  Waldeck-Rousseau  a  été  en  maintes  circonstances  l’éloquent  et  vigoureux  défenseur. 

Électeurs, 


Vous  devez  élire  un  Député  qui  représente  vos  idées,  mais  vous  méritez  d’avoir  en  lui 
un  ami  qui  serve  vos  intérêts. 

Je  ne  suis  pas  un  étranger  venu  en  Sologne  pour  y  chercher  une  fortune  politique  ;  je 
suis  un  enfant  du  pays.  Si  vous  m’accordez  votre  confiance,  je  visiterai  souvent  vos  com¬ 
munes  et,  pour  rendre  plus  faciles  mes  relations  avec  les  habitants  de  Romorantin,  je  pren¬ 
drai  un  domicile  dans  leur  ville;  je  m’occuperai  de  toutes  les  affaires  que  vous  me  confierez, 
je  me  tiendrai  toujours  à  votre  disposition  ;  je  n’hésiterai  jamais  à  soutenir  les  petits,  les 
faibles,  les  déshérités  de  la  fortune  dans  toutes  les  causes  justes,  comme  je  l’ai  toujours  fait 
depuis  que  je  suis  un  élu  du  Suffrage  universel. 


Vive  la  République  ! 


Pierre  P1CHERY, 

Conseiller  général  de  Loir-et-Cher, 

Président  du  Comice  agricole  de  l’arrondissement  de  Romorantin. 


Circonscription  de  VENDOME 

M.  Henri  DAVID 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  l/t.321  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

C’est  avec  une  entière  confiance  que  je  viens  à  nouveau  solliciter  vos  suffrages. 

J’ai,  en  effet,  conscience  d’avoir  rempli  fidèlement  le  mandat  que  vous  m  aviez  confié 
et  d’avoir  loyalement  tenu  les  engagements  que  j’avais  pris  en  1899. 

J’avais  promis  de  m’associer  à  toutes  les  mesures  favorables  à  l’agriculture.  Dans  cet 
ordre  d’idées,  j’ai  voté  les  lois  destinées  à  protéger  nos  cultivateurs  contre  les  abus  de  la 
spéculation,  et  à  maintenir  les  droits  protecteurs  sur  1  entrée  en  France  des  blés  étrangers. 


—  420  — 


J’étudierai  avec  soin  et  j’appuierai  toujours  les  mesures  devant  sauvegarder  et  soulagera 
la  fuis  les  intérêts  de  la  culture  et  de  l’industrie,  qui  sont  les  sources  principales  de  notre 
prospérité  nationale. 

J’ai  également  voté  la  réforme  de  l’inapôt  sur  les  boissons,  réforme  réclamée  vainement 
depuis  trente  ans,  qui  dégrève  nos  vins  et  entraîne  la  suppression  de  Ta  plupart  des  droits 

sur  les  boissons  hygiéniques,  , 

J’ai  voté  encore  les  lois  qui  rendaient  la  répartit  ion  de  l’ipip&t  plus  équitable*  et  no¬ 
tamment  la  loi  sur  les  successions»  qui  diminuo  considérablement  les  charge  supportées 
jusqu’ici  par  les  petits  héritages  et  qui  déduit  les  dettes  de  l'actif.  imposable,  Cette  modi- 
flcation,  attendue  depuis  de  longues  années,  est  accomplie  à  l’heure  actuelle. 

J’avais  déclaré  que  nous  ne  devions  rien  épargner  pour  assurer  la  défense  nationale, 
en  tortillant  l’armée  et  la  marine.  J'ai,  en  conséquence,  voté  la  création  de  l’armée  colo¬ 
niale,  le  rajeunissement  des  cadres  par  les  retraites  proportionnelles,  le  relèvement  de  la 
solde  et  des  indemnités  des  officiers  subalternes. 

Quant  à  la  durée  du  service  militaire,  je  suis  partisan  résolu  du  service  de  deux  ans, 
avec  suppression  de  toutes  les  dispenses,  car  j’estime  que  l’impôt  du  sang  doit  être  acquitté 

également  par  tou3.  .  . 

J’avais  déclaré  dans  mon  programme  que  je  voterais  la  loi  sur  les  associations,  «  abso. 
luraent  nécessaire  pour  assurer  la  prépondérance  du  pouvoir  civil  ».  J’ai  exécuté  fidèlement 
ma  promesse,  et  j’ai  l’intime  conviction  d’être  resté  respectueux  de  la  liberté  de  conscience 
de  chacun. 

Toutes  les  réformes  en  faveur  desquelles  je  me  suis  prononcé  ne  sont  pas  accom¬ 
plies.  Je  tiens  à  vous  déclarer  que  je  suis  toujours  partisan  de  la  révision  du  cadastre,  de  la 
modification  du  régime  des  prestations  et  de  l’abaissement  des  petites  patentes,  de  l'amé¬ 
lioration  des  retraites  pour  la  vieillesse,  de  la  simplification  de  la  procédure  et  de  la  réduc¬ 
tion  des  frais  de  justice. 

Pas  d’augmentation  d’impôt,  économie  dans  les  finances,  suppression  des  emplois  inu¬ 
tiles,  diminution  des  gros  traitements,  meilleure  répartition  de  l’impôt  au  point  de  vue 
humanitaire,  qui  devra  frapper  désormais  le  superflu  de  préférence  au  nécessaire.  Voilà 
mon  programme  politique  et  économique.  Jè  réemploierai  de  toutes  mes  forces  à  le 

réaliser.  .  .  , 

Quant  aux  intérêts  des  communes  et  de  mes  électeurs,  j’ai  conscience  de  ne  jamais  les 
avoir  négligés  et  d’avoir  toujours  apporté  mon  concours,  chaque  fois  que  j’en  ai  été  sollicité, 


Chers  Concitoyens, 

Républicain  sincère  et  convaincu,  je  me  suis  attaché  à  ne  faire  œuvre  républicaine 
qu’avec  des  républicains.  Une  nouvelle  coalition  s’est  formée,  dans  laquelle  sont  entrés  les 
débris  des  vieux  partis  monarchistes  et  réactionnaires.  Ils  ont  formé  un  parti  qui  s’intitule 
nationaliste,  comme  si  les  sentiments  nationaux  et  patriotiques  pouvaient  être  accaparés 
par  quelques  citoyens  seulement. 

Vous  connaissez  trop  bien  les  hommes  qui  se  sont  ainsi  groupés,  pour  vous  abuser  un 
instant  sur  le  but  qu’ils  poursuivent;  vous  saurez  déjouer  leurs  manœuvres. 

Le  27  avril  marquera  une  date. 

La  situation  telle  qu’elle  se  présente  ne  souffre  pas  d’indécision. 

Électeurs  républicains  de  l’arrondissement  de  Vendôme,  faîtes  votre  devoir. Certains  que 
vous  êtes  d’avoir  un  représentant  entièrement  dévoué  aux  intérêts  de  la  démocratie  labo¬ 
rieuse,  vous  anéantirez,  parla  souverain  été  de  votre  bulletin  de  vote,  la  coalition  réactionnaire. 

La  République  s’en  remet  à  vous  pour  faire  triompher  sa  cause  qui  est  celle  de  la 


patrje 

Vive  la  [République  1 


Henri  DAVID, 

Conseiller  général  de  Droué, 
Député  sortant. 


421  — 


N°  1162 


LOIRE 


lre  circonscription  de  MONTBRISON 

M.  LE VET 

Élu  au  2e  lour  de  scrutin,  —  9. $41  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

.  ,nnt  vf,H.  m-avez  honoré,  en  me  donnant  vos  suffrages  et  en  renouvelant 
La  confiance  dont  vous  @  ime  disp9nser  de  vous  faire  une  longue  profession 
six  fois  mon  mandat  p  ’  H  ,jèrement  oraves  qui  vont  présider  aux  élections  du 
|  *££  ÏSZL  l’objet,  4.  pari  etsl'aotm.  ta  pta  rien»  républicains,  m’o¬ 
bligent  à  “"f  “  d‘2“',“de®  ,t  dhrtpHWiçMB.  Us  uns, soutenus  par  la  coalition  do  tous 
Àujourd  hui  tout  la  n>(,,u  nas  oerdu  l’espoir  de  la  renverser.  D’autres,  venus 

les  adversaires  de  la  Repu  q  >  républicains  parce  qu’ils  sont  nés  sous  ce  régime,  Les 
au  monde  depuis  sa  mais,  n’avant  donné  aucun  gage,  rien  ne 

SrÆ  pm^ntds  même  s’ils  étaient  nés  sons  un  autro  gon.srnsmsn.  on  s’ils 

avaient  plus  d’interet  a  se ai  pu  contribuer  à  la  fondation  de  la  Répu- 
Q"!?î  _  T' TL™  doR  institutions  républicaines,  républicain  je  suis,  républicain 


progrès,  qm  l  ;  adversaire  de  tout  régime  monarchique  et  plébiscitaire,  je 

■  ï PrTZ V d trondre îes libertés  que  nous  tenons  delà  Révolution  de  1789. 

SU1S  U  faut  avant  tout  combattre  le  collectivisme  qui  tend  à  supprimer  la  propriété  indm- 
ll  îaut  avant  roui  dans  ja  Déclaration  des  Droits  de  l’homme.  La  pro- 

s:  -  *«*  «  -  *«“•*- r de 

pnete  înüiviaue  ,  -t  Alre  encouragé,  à  placer  ses  econounes  et  la  juste  rému- 

“ï6  "T*  d‘  f  S' “  ï“i ta» de  piétés  rurales  on  urbaines,  à  .mailler  avec  la 

«--ta» «"  -o»™* «»  P'".r’“s  d?bie“: 

te  ni  exemple  de  son  attachement  an  sol  de  la  patrie,  «n  encouragement  a  conmbuer  à 

“  pâteàn  convaincu  dêTa"s»^émalie  d»  pouvoir  civil,  j’entends  qo’il  respecte  la  litertê 
de  consSceTa  Ùberlé  de  tons,  tonte,  les  libertés.  La  raison  d'être ,.t  la  supénomé  du 
réBime’républicain  consi, tenté  assnrer  la  liberté,  à  l’étendre  et  non  a  la  restreindra  tout 
en  veitllnt  l  ce  que  celte  liberté  n.  soit  pas  «ne  cause  de  troobl.  0.  nn,  menace  contre  le 

gouvernement  répnbltcatm  cuUeSi  c’esl  dire  que  je  ne  sois  pas  partisan  de  l’abro- 

gaüoa  du  cTb”‘d.t,  ni  de  1.  séparation  de  l’Église  et  de  l’Éiat,  mesures  ,»,  n.  sera.eni 


—  422  — 


avantageuses  à  personne,  et  qui,  du  reste,  ne  sont  pas  réclamées  par  l’opinion  publique  de 
notre  pays. 

A  la  Chambre,  j’ai  fait  partie  de  la  Commission  de  l’armée  et  j’ai  pu  ainsi  étudier  les 
questions  militaires.  Je  suis  convaincu  que,  sans  compromettre  la  défense  nationale,  il  est 
possible  de  réduire  à  deux  ans  la  durée  du  service,  en  maintenant  l’armée  forte,  disci¬ 
plinée  et  digne  du  respect  de  tous,  qui  est  nécessaire  pour  garantir  la  paix,  assurer  la  sécu- 
riié  de  la  patrie  et  de  la  République,  et  qui  doit  vivre  en  dehors  des  intrigues  et  des  in¬ 
fluences  des  partis  politiques. 

L’étude  de  la  répartition  la 'plus  équitable  de  l’impôt  doit  faire  l’objet  de  la  constante 
sollicitude  des  pouvoirs  publics  et  j’estime  que  c’est  par  une  politique  d’économie  qu’il  faut 
rassurer  les  contribuables,  améliorer  la  situation  financière,  établir  l’équilibre,  arriver 
môme  au  dégrèvement  qui  portera  d’abord  sur  les  charges  de  l’agriculture. 

Les  plus  grands  encouragements  doivent  être  donnés  aux  œuvres  de  mutualité,  de  soli¬ 
darité  et  de  prévoyance. 

La  question  des  retraites  ouvrières,  celle  de  l’assistance  des  infirmes  et  des  incurables, 
«t  toutes  celles  qui  intéressent  le  sort  des  travailleurs  des  villes  et  des  campagnes,  devront 
être  étudiées  avec  le  désir  de  les  voir  aboutir  par  des  moyens  pratiques  et  réalisables. 

Mes  chers  Concitoyens, 

En  me  présentant  à  vos  suffrages,  je  fais  appel,  moi,  vieux  républicain,  à  ceux  qui 
sont  fermement  attachés  aux  institutions  républicaines  et  qui  veulent  qu’il  n’y  soit  jamais 
porté  atteinte. 

Bien  résolu  à  n'avoir  aucune  compromission  avec  nos  adversaires,  si  vous  me  conti¬ 
nuez  votre  confiance,  je  continuerai  de  mon  côté  à  suivre  la  voie  que  vous  m’avez  tracée,  à 
travailler  à  la  consolidation  de  nos  institutions,  à  la  réalisation  de  l’union  sincère  et  loyale 
de  tous  les  Français  sous  le  drapeau  et  la  devise  de  la  République,  le  seul  gouvernement 
capable  d’assurer  l’ordre,  la  paix,  le  progrèset  la  liberté. 

Vive  la  République  ! 


G.  LEVET, 

Vice-président  du  Conseil  général, 
Député  sortant. 


2*  circonscription  de  MONTBRISON 

M.  Charles  DORI  AN,  décédé,  a  été  remplacé  par  M.  Daniel  DORIAN, 
qui,  décédé  lui-même,  a  eu  pour  successeur  M.  ORY. 


Voy.  Elections  partielles. 


42a  — 


N*  H  62 


ln  circonscription  de  ROANNE 
M.  AÜDIFFRED 

Elu  au  2e  tour  de  scrutin*  —  12.716  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Vous  avez  à  vous  prononcer  entre  deux  politiques  :  la  politique  républicaine  et  la  poli¬ 
tique  collectiviste. 

Les  candidatures  d’à  côté  n’ont  été  imaginées  que  pour  créer  au  profit  de  la  candidature 
collectiviste  une  confusion  que  vous  saurez  dissiper. 

La  République,  c'est  le  gouvernement  du  progrès  par  l'ordre  et  ta  liberté,  et  l'ordre  est 
m  si  puissant  facteur  du  progrès  que  Gambetta  s'est  plu  à  développer  cette  pensée  pro¬ 
fonde  :  Le  progrès,  c'est  le  développement  de  l'ordre. 

La  République  doit  donner  toutes  les  libertés  :  la  liberté  de  conscience,  la  liberté  du 
travail,  la  liberté  d'association,  la  liberté  d'enseignement,  au  profit  de  tous,  car  elle  n'est 
et  ne  peut  être  que  le  Gouvernement  de  tous  par  tous. 

En  s'attachant  à  faire  pénétrer  partout  l'idée  de  fraternité,  la  République  tend  à  faire 
naître  entre  tous  les  citoyens  toujours  plus  d'entente,  de  concorde  et  de  solidarité. 

Le  collectivisme,  au  contraire,  partant  de  cette  idée  fausse  de  la  lutte  des  classes,  de  la 
haine  créatrice,  de  la  socialisation  des  moyens  de  production,  tend  à  favoriser  la  discorde 
entre  les  citoyens  et  à  détruire  tous  les  stimulants  de  l'activité  humaine.  Le  socialisme, 
qu'on  essaye  d'atténuer  en  vue  des  élections,  a  pour  base,  comme  cela  a  été  déclaré  dans 
tous  les  congrès  et  dans  tous  les  programmes  «le  fait  prétendu  historique  de  la  lutte  des 
classes  et,  pour  aboutissant  logique,  la  socialisation  des  moyens  de  production  par  le  prolé¬ 
tariat  organisé  en  parti  de  classe  ayant  conquis  les  pouvoirs  publics  m  Ce  qui  veut  dire  en 
bon  français:  «  la  suppression  de  la  propriété  privée  ». 

Le  collectivisme  est  fondé  sur  cette  idée  erronée  que  le  bien  des  uns  ne  peut  être 
réalise  qu'au  détriment  des  autres.  La  vérité  est  toute  différente. 

Ce  qui  caractérise  le  véritable  acte  de  progrès,  c'est  qu'il  profite  à  tout  le  monde  et  ne 
nuit  à  personne.  L’idée  de  lutte  entre  les  classes,  l'idée  d'antagonisme,  c'est  l'idée  du  passé 
que  les  événements  battent  en  brèche  constamment. 

L'idée  d'accord,  de  solidarité,  c'est  au  contraire  l'idée  moderne  que  la  science,  par  des 
créations  incessantes,  permet  de  réaliser  chaque  jour  davantage.  Mais  les  faits  parlent  plus 
haut  que  toutes  les  théories. 

La  République  a  donné  à  l'instruction  publique  un  développement  considérable. 

il  faut  maintenant  perfectionner  sans  cesse  les  méthodes  pour  rendre  cet  enseignement 
plus  accessible,  améliorer  constamment  cet  outillage  pour  qu'il  donne  les  résultats  les  plus 
tuiles.  J'ai  contribué  à  le  créer  ;  je  saurai  travailler  à  l'améliorer. 

le  suis  si  bien  convaincu  que  la  science  contribue  puissamment  au  progrès  intellectuel 
et  moral,  comme  à  toute  amélioration  matérielle,  que  j'ai  présenté  et  fait  voter  par  les 
Chambres  une  loi,  aujourd'hui  promulguée,  relative  à  la  création  d'une  caisse  des 
recherches  scientifiques  qui  assurera  aux  savants  français  les  moyens  de  poursuivre  leurs 
travaux  si  féconds  dans  l'intérêt  de  l'humanité. 

Cette  oeuvre  de  l'instruction  et  de  la  science  a  profité  à  tout  le  monde  ;  elle  ne  nuit  à 
personne. 

La  République  a  multiplié  les  voles  de  communication  :  chemins  vicinaux,  chemins  de 
fer  et  canaux,  qui  ont  permis  à  l'agriculture,  à  l’industrie  et  au  commerce  d’augmenter 


~  m  — 


considérablement  leur  production.  Ces  créations  ont  également  profité  à  tous  les  Français 
et  elles  n’out  porté  préjudice  à  personne.  Il  faut  continuer  cette  œuvre  à  laquelle  notre 
département  est  si  vivement  intéressé  ;  augmenter  tous  les  ans  le  nombre  de  nos  chemins 
vicinaux  et  de  nos  chemins  ruraux  ;  achever  nos  chemins  de  fer  départementaux,  prolonger 
notre  réseau  télégraphique  et  établir  notre  réseau  téléphonique;  enfin  mener  à  bien  l'exé¬ 
cution  du  programme  des  voies  navigables  .et  construire  le  grand  canal  de  jonction  du 
Rhône  à  la  Loire,  dont  j’ai  été  le  rapporteur. 

Faire  tout  cela,  c’est  augmenter  le  nombre,  la  quantité  des  objets  de  consommation 
dans  l 'intérêt  de  tout  le  monde,  sans  porter  préjudice  à  personne. 

Mais  il  ne  suffit  pas  de  créer  des  richesses  nouvelles,  de  mettre  à  la  disposition  de 
chacun,  en  plus  grande  quantité,  des  objets  de  consommation  ;  il  faut  éviter  que  l'État 
gaspille  une  partie  importante  du  produit  du  travail  national.  Des  habitudes  déplorables  se 
sont  introduites  dans  le  vote  des  dépenses  budgétaires  ;  le  déficit  devient  la  règle,  et 
chaque  année  ce  déficit  augmente.  !1  faut  mettre  un  terme  à  ces  abu3  par  deux  moyens: 
le  premier,  c’est  de  supprimer  ^initiative  parlementaire  des  Députés  en  matière  de 
dépenses,  comme  cela  se  pratique  dans  tous  les  pays  libres  ;  le  second,  c-est  de  rétablir  là 
confiance,  la  pata sociale,  d’en  finir  avec  les  menaces  qui  effrayent  les  capitaux,  les  font 
émigrer,  arrêtent  les  entreprises  industrielles  et  agricoles,  et  diminuent  la  production 
nationale  au  profit  de  nos  rivaux  étrangers. 

Lorsque  ces  mesures  auront  été  prises,  Tordre  se  rétablira  bien  vite  dans  les  finances; 
les  excédents  de  recettes  reparaîtront,  et,  dé  ces  excédents,  on  devra  faire  deux  parts:  l’une 
devra  être  consacrée  aux  travaux  publics  qui  développent  la  richesse  publique  et  augmen¬ 
tent  ainsi  la  richesse  de  la.  nation  ;  Paûtre  au  dégrèvement  des  petites  cotes  trop  lourde¬ 
ment  chargées,  telles  que  les  patentes  des  petits  commerçants,  les  rôles  de  la  petite 
propriété  agricole  et  le  dégrèvement  des  frais  de  justice. 

Agriculture.  —  Il  importe  de  faire  aboutir  enfin  diverses  mesures  dans  l’intérêt  de 
l’agriculture  :  création  de  Chambres  d'agriculture  analogues  aux  Chambres  de  commerce; 
organisation  du  crédit  agricole;  réduction  du  prix  de  transport  des  vins  et  organisation  de 
marchés  de  vente,  dans  les  pays  qui  n’en  produisent  pas,  à  l’aide  de  syndicats  agricoles. 

Colonies.  —  Nous  avons  conquis  un  immense  empire  colonial,  far  sa  mise  en  valeur, 
notre  industrie  trouvera  des  débouchés  et  son  développement  favorisera  dans  nos  cités 
industrielles  l’écoulement  de  nos  produits  agricoles. 

Décentralisation,  —  Avec  la  rapidité  des  transports  et  des  communications  télégra¬ 
phiques  et  téléphoniques,  notre  centralisation  excessive  est  un  non-sens.  Tout  afflue  à  la 
capitale  et  la  province  s’anémie.  Il  faut  décentraliser  un  grand  nombre  de  services,  ea 
remettre  la  direction  aux  pouvoirs  focaux  bien  placés  pour  lesconnaître.  On  permettra  ainsi 
aux  hommes  de  valeur  qui  ne  sont  pas  au  Parlement  de  travailler  au  bien  du  pays  dans 
des  assemblées  régionales. 

Service  militaire.  —  11  faudra  aussi  atténuer  le  service  militaire  dans  la  mesure  com¬ 
patible  avec  la  défense  nationale* 

Retraites  de  vieillesse.  —  La  constitution  des  pensions  de  retraites  au  profit  des  vieil¬ 
lards,  dénués  de  ressources  et  qui  ne  peuvent  plus  travailler,  est  une  des  questions  que 
nous  devons  résoudre.  Comme  je  Fai  montré  à  la  Chambre,  ce  n’est  pas  par  l'obligation 
mais  par  la  liberté  que  ce  problème  devra  être  tranché  ;  c’est  par  les  sociétés  de  secours 
mutuels  qu’on  parviendra  à  créer  les  pensions  de  retraites.  La  loi  sur  les  Sociétés  de 
secours  mutuels,  dont  j’ai  été  le  rapporteur,  donne  toute  facilité  pour  créer  ces  pensions  de 
retraites* 

L’effort  personnel  doit  être  à  la  base  ;  la  subvention  de  l'État  venir  ensuite.  Aide-toi, 
la  République  t’aidera:  voilà  la  formule,  en  dehors  de  laquelle  on  se  dépenserait  en  stériles 
tentatives. 

Armée.  —  Que  deviendrait  notre  pays,  s’il  n’était  pas  défendu  ? 

Il  faut  énergiquement  s’opposer  à  toutes  les  mesures  qui  tendraient  à  affaiblir  Tannée* 


—  425  - 


N°  1162 


Avec  Gambetta ,  il  faut  avoir  la  pensée  constante  de  maintenir  Parmée  forte  et  puissante 
pour  qu’elle  mette  la  patrie  à  l'abri  de  fous  les  dangers. 

Électeurs  j 

J'ai  contribué,  depuis  trente-quatre  ans,  à  fonder  la  République. 

Je  vous  représente  depuis  vingt-trois  a  ns  à  la  Chambre  des  Députés,  Ma  ligne  politique, 
qui  est  celle  des  républicains  progressiste?,  n’a  jamais  varié  :  «  Ni  réaction  ni  révolution  ». 

A  la  Chambre,  je  me  suis  consacré  aux  œuvres  utiles.  J'ai  été  le  rapporteur  de  lois 
importantes  et  principalement  de  lois  sociales; 

La  loi  relative  à  la  création  de  la  caisse  d  épargne  postale,  la  loi  sur  la  caisse  des 
retraites  nationales,  la  loi  sur  la  création  des  caisses  de  secours  et  de  retraites  des  ouvriers 
mineurs,  la  loi  sur  les  Halles  centrales  qui,  en  moralisant  le  marché,  a  servi  les  agriculteurs, 
enfin  la  loi  sur  les  sociétés  de  secours  mutuels,  qui  est  la  charte  de  la  mutualité. 

Les  représentants  des  sociétés  de  secours  mutuels  m’ont  fait  Phonneur  de  me  nommer 
premier  vice-président  du  conseil  supérieur  de  la  mutualité,  dont  j’ai  présidé  les  délibéra¬ 
tions  depuis  sa  création. 

C’est  avec  confiance  que  je  vous  demande  de  voter  pour  la  politique  que  je  soutiens. 

Vive  la  République  ! 

H.  ÀUDIFFREO, 

Député  sortant. 

Président  du  Conseil  générai  de  la  Loire. 


Appel  aux  électeurs 


Chers  Concitoyens, 

Entre  la  candidature  franchement  répub'icaine  de  M.  Audiiïred  et  la  candidature  collec¬ 
tiviste  de  M.  Augé,  pouvons-nous  hésiter  ? 

M.  Audiiïred  veut  le  développement  progressif  de  nos  institutions,  dans  l’ordre  et  la 
liberté  ?  il  veut  la  paix  sociale  pour  la  pratique  de  la  justice,  de  la  tolérance  et  de  la  soit- 
daritê  ^  il  a  ie  cube  de  la  Patrie. 

M,  Augé,  au  contraire,  veut  la  révolution  sociale  et  la  lutte  des  classes  au  lieu  de  la 
fraternité  ;  il  est  internationaliste. 

Les  autres  candidats  répudient  également  ie  collectivisme,  mais  surtout  ils  attaquent 
violemment  M.  Audiiïred,  le  plus  ferme  et  lu  plus  dangereux  adversaire  de  celte  doctrine. 
Vous  reconnaîtrez  que  cette  attitude  n'est  pas  claire  et  autorise  quelque  défiance. 

Dans  ces  conditions,  notre  devoir  est  tout  tracé, 

La  concentration  des  amis  de  l’ordre  et  de  la  liberté  doit  se  faire  sur  le  nom  de 
H,  Audiiïred,  le  vaillant  député  qui  mérite  toute  notre  confiance. 


Vive  la  République  I 


P.  Boühganel, 
Sénateur  de  la  Loire, 


5  li 


—  426  — 


2e  circonscription  de  ROANNE 

M.  MOREL 

Élu  au  l°f  tour  de  scrutin.  -  10.771  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Le  Congrès  républicain  réuni  au  Coteau  le  23  mars  dernier  m  a  désigne,  à  1  unanimité, 
comme  candidat  à  l’élection  législative  du  27  avril  1902.  Je  viens,  sous  ce  patronage 

autorisé,  solliciter  v(B  suffrages  avec  confiance. 

Vous  me  connaisses  assez  pour  me  dispenser  d’inutiles  déclarations.  Patriote  et  répu¬ 
blicain,  je  donnerai  dans  l’avenir,  comme  je  l’ai  fait  dans  le  passé,  mon  concours  le  plus 
dévoué  à  toutes  les  mesures  capables  d’assurer  la  grandeur  de  la  France  et  d’affermir  la 
République.  Le  devoir  primordial,  à  l’heure  présente,  consiste  à  sauvegarder,  contre  toutes 
les  entreprises,  Fin, tangibilité  du  patrimoine  républicain  et  de  nos  libres  institutions  démo¬ 
cratiques.  Pour  mon  compte  je  n’y  faillirai  pas,  et  je  m’inspirerai  de  cette  triple  nécessité; 
défense,  action,  union  républicaine. 

J’ai  voté  la  loi  sur  les  associations  dans  l'intérêt  de  la  paix  publique  et  dans  celui  de  la 
sécurité  de  l’État.  Je  demeure  partisan  de  son  maintien  et  dè  son  application,  en  dehors  de 
tout  esprit  sectaire,  sans  faiblesse  contre  l’intrigue  politique,  mais  avec  bienveillance  pour 
la  charité  véritable. 

L’abrogation  de  la  loi  du  15  mars  1850,  dite  loi  Falloux,  me  paraît  nécessaire  pour  faire 
cesser  un  privilège  injuste  et  établir  l’égalité  des  titres  et  des  grades  entre  les  professeurs 
de  l’enseignement  privé  et  ceux  de  l’enseignement  public.  Ce  ne  sera  pas  porter  atteinte  à 
te  liberté  de  l'enseignement  ni  aux  droits  des  familles  que  de  renforcer  le  contrôle  et  la  sur¬ 
veillance  de  l’État  sur  tous  les  établissements  scolaires,  dans  le  but  de  réprimer  sévè¬ 
rement  toute  instruction  contraire  aux  lois,  à  la  Constitution  et  à  l’unité  morale  de  la 
nation. 

Notre  pays  s’impose  sans  compter  de  lourds  sacrifices  dans  l’intérêt  de  son  honneur  et 
de  là  défense  de  son  intégrité  territoriale.  Il  importe  néanmoins  d’alléger  son  fardeau  des 
charges  reconnues  inutiles.  La  réduction  du  service  militaire  actif  à  deux  années,  rendue 
possible  par  la  suppression  des  dispenses,  répondra  au  vœu  général  des  populations.  Cette 
réforme  pourra  se  réaliser  sans  affaiblir  nos  vaillantes  armées  en  conservant,  par  des 
moyens  appropriés,  la  solidité  des  cadres  eL  le  maintien  des  effectifs  normaux. 

La  situation  financière  doit  réclamer,  en  tout  temps,  l’attention  vigilante  des  représen¬ 
tants  du  peuple.  Un  contrôle  rigoureux  des  dépenses  publiques  suggérera  toutes  les  éco¬ 
nomies  compatibles  .avec  1a  bonne  administration  du  pays. 

Notre  système  d'impôts  doit  s’orienter  de  plus  en  plus,  sans  procédés  vexatoires,  vers 
l’équité  fiscale  et  1a  justice.  Ou  se  rapprochera  progressivement  de  ce  but  en  protégeant  le 
travail,  favorisant  l’épargne,  ménageant  la  famille  et  en  exigeant,  de  l’aisance  et  de  la 
richesse,  une  contribution  proportionnelle  à  leurs  facultés.  Le  dégrèvement  des  objets  de 
première  nécessité  :  aliments,  boissons  hygiéniques,  sucre,  combustibles,  etc.,  doit  être 
poursuivi  avec  persévérance,  notamment  par  1a  disparition  graduelle  des  taxes  d’octroi, 
dans  l’intérêt  combiné  de  1a  production,  de  1a  consommation  et  de  la  santé  publique. 

L’amélioration  de  la  condition  des  classes  laborieuses,  dans  les  villes  et  dans  les  cam¬ 
pagnes,  s’impose  à  la  sollicitude  constante  des  gouvernements  soucieux  de  leurs  obligations 
morales.  Le  développement  des  œuvres  de  mutualité,  l’organisation  rationnelle  des  retraites 
pour  la  vieillesse,  l’assistance  des  vieillards,  des  infirmes,  des  incurables,  des  familles 


N°  1162 


—  427  — - 

indigentes  nombreuses,  compléteront  l’effet  bienfaisant  des  lois  que  la  République  a  déjà 
mises  en  application  pour  le  soulagement  des  malades,  des  enfants  et  des  invalides  dénués 
ressource.  Ces  mesure»  intelligentes  auront,  comme  conséquences  heureuses,,  la  sup¬ 
pression  de  la  mendicité  professionnelle  et  la  répression  du  vagabondage,  fléau  de  nos  com- 

1111111  y  agriculture,  l’industrie,  le  commerce,  ces  sources  vives  de  l’activité  et  de  la  fortune 
nationales,  réclament  des  soins  éclairés,  une  protection  suffisante,  des  encouragements 

blGI1  La  vulgarisation,  dans  nos  écoles  primaires  et  professionnelles,  de  l’enseignement 
agricole  théorique  et  pratique,  l’organisation  du  crédit  h  bon  marché ,  la  diffusion  des  sociétés 
d'assurances  mutuelles,  l’ouverture  de  débouchés  nouveaux  pour  les  produits  du  sol, 
création  de  Chambres  consultatives  spéciales,  donneront  au  momie  agricole  une  heui  ense 
impulsion  et,  par  l’obtention  de  meilleurs  rendements,  fourniront  aux  cultivateurs  une  jus  e 

rémunération  de  leurs  efforts  patients  et  laborieux.  ....  , 

La  question  des  tarifs  douaniers  intéressant  notre  belle  industrie  des  soieries  pures  est 
à  l’ordre  du  jour.  La  prochaine  législature  devra  lui  donner  une  solution  équitable  et 

^"urevision  de  k  législation  sur  les  patentes  modérera  les  charges  excessives  du  petit 
commerce  et  favorisera,  par  ce  moyen,  la  circulation  et  la  vente  des  produits  agricoles  et 

mdUEnfin,  par  l’extension  de  la  compétence  des  juges  des  paix  et  par  la  réduction  des  frais 
de  procédure,  nous  servirons  efficacement  les  intérêts  des  justiciables  tout  en  sauvegardant 

les  patrimoines  les  plus  modestes.  _  r  1 

Ce  programme,  mes  chers  Concitoyens,  peut  et  doit  réunir  I  adhésion  de  tous  les  r  p  - 
hlicains  sincères,  soucieux  de  l’ordre,  de  la  stabilité,  partisans  des  justes  libertés,  mais  en 
même  temps  décidés  fermement  à  réaliser  les  réformes  désirables  et  necessaires.  Il  laisse 
à  l’écart  l’agitation  stérile,  il  dédaigne  les  calculs  étroits  inspirés  par  de  malsaines  ambi¬ 
tions,  il  répudie  les  intrigues  égoïstes  des  sectes  et  des  coteries,  mais  il  servira  utilement 
la  cause  républicaine.  11  répond  aux  aspirations  légitimes  de  la  démocratie  française, 
délimite  un  terrain  d’entente  facile  et  d’action  commune,  où  toutes  les  bonnes  volontés 
peuvent  se  rencontrer  immédiatement,  sans  marquer,  pour  l’avenir,  de  frontières  infran¬ 
chissables  à  des  conceptions  raisonnables  plus  larges  ou  plus  hardies. 

Je  le  soumets  avec  confiance  à  la  sanction  de  vos  suffrages  et  je  garde  la  conviction  que 
vous  le  ferez  triompher,  au  scrutin  du  27  avril,  avec  une  imposante  majorité. 

En  avant  !  pour  la  Patrie  !  pour  la  République,  pour  le  Progrès  ! 


Vive  la  République  : 


J.-R.  MOREL, 

Député  sortant, 

Candidat  de  la  concentration  républicaine 


—  428  — 


lre  circonscription  de  SAINT-ÉTIENNE 

M,  Aristide  BRIAND 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  9.063  voix. 


Citoyens, 

À  l’heure  ou  toutes  les  forces  coalisées  de  la  réaction  cléricale  font  rage  contre  [a 
République,  lé  devoir  des  amis  de  la  liberté,  à  quelque  nuance  de  l’opinion  républicaine 
qu'ils  appartiennent,  est  tout  tracé. 

Aucune  hésitation  ne  leur  est  donc  permise. 

Le  péril  n’est  pas  à  gauche,  il  est  à  droite. 

Aussi  tous  les  [sommes  de  progrès,  tous  les  défenseurs  des  institutions  républicaines 
doivent-ils  se  grouper  étroitement  pour  faire  bloc  contre  les  candidats  de  la  réaction. 

Dans  la  1LÔ  circonscription  de  Saint-Étienne,  la  réaction  est  représentée  par  M.  Prénat, 
la  République,  par  le  citoyen  Aristide  Briand. 

C’est  pour  ce  dernier  que  nous  exhortons  tous  les  démocrates  sincères  à  voter  avec 
discipline,  sans  hésitation  et  sans  défaillance. 

Citoyens, 

Pas  de  votes  égarés,  pas  de  forces  perdues  dont  profiterait  la  réaction.  Tous  aux  urnes, 
le  27  avril,  pour  assurer  par  l’élection  du  citoyen 

Aristide  BRIAND 

le  triomphe  de  la  République  et  de  la  Liberté, 


2e  circonscription  de  SAINT-ÉTIENNE 
M.  PIGER 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  8.359  voix. 


APPEL  DE  LA  FÉDÉRATION  SOCIALISTE  DU  CANTON  DES  DEUX-SUD  DE  SAINT-ÉTIENNE. 

Citoyens, 

Vous  êtes  appelés,  le  27  avril  prochain,  à  un  scrutin  qui  peut  être  décisif  pour  l’orien¬ 
tation  du  pays  et  l’avenir  de  la  République. 

Le  Comité  d’Union  socialiste  et  Parti  ouvrier  ne  pouvait  faire  un  meilleur  choix,  en 
d’aussi  graves  circonstances,  que  celui  du  citoyen  J,  Piger,  que  nous  recommandons,  en 
conséquence,  à  vos  suffrages. 

Vous  le  connaissez  tous. 


—  429  ~ 


N°  1162 


Très  attaché  aux  idées  d'émancipation  intégrale  qu’apporte  avec  lui  le  socialisme,  il 
6<q,  à  cause  de  cela,  un  fidèle  et  énergique  défenseur  des  institutions  républicaines,  quTil 
considère,  à  juste  titre,  comme  l’outil  indispensable  de  tout  progrès,  de  toute  rénovation 
materielle  et  morale,  tant  dans  Tordre  politique  que  dans  Tordre  économique. 

Son  passé  répond  (Tailleurs  de  son  avenir,  D  ms  la  modeste  sphère  de  son  activité 
municipale,  il  s'est  toujours  appliqué  à  sauvegarder  avec  zèle  et  une  persévérante  activité 
ïes  intérêts  des  petits,  à  peu  près  complètement  sacrifiés,  a  une  date  encore  très  rapprochée 
de  nous. 

C'est  ainsi  qu'adjoint  à  la  police,  il  s'est  appliqué,  entre  autres  choses,  à  proscrire  les 
habituelles  (autrefois  journalières)  brutalités  policières,  connues  sous  le  nom  justement 
abhorré  de  «  passage  à  tabac  *  ;  il  a  mis  également  un  terme  à  certaines  arrestations 
préventives,  véritables  violations  de  la  liberté  individuelle  qui  s’exerçaient  jadis  contre  des 
citoyens  auxquels  on  ne  reprochait  que  des  peccadilles  dont  la  preuve  restait  encore  à  faire 
devant  u ii  juge  impartial. 

A  la  tête  du  bureau  des  élections,  c’est  lui  qui  a  enfin  réformé  le  corps  électoral 
stéphanois,  et  si,  demain,  ce  sont  tous  les  citoyens  ayant  droit  de  vote  qui  peuvent  parti¬ 
ciper  à  l'intégral  exercice  de  leurs  droits,  c’est  à  notre  candidat,  à  ses  vaillants,  incessants 
et  féconds  efforts  qu'ils  le  devront 

i%us  ne  pouvons  passer  en  revue,  ici,  toutes  les  réformes  municipales  dont  nous  lui 
sommes  redevables. 

Au  reste,  le  citoyen  Piger  est  suffisamment  connu  de  vous  tous  pour  qu'il  soit  inutile 
d’insister  davantage. 

À  la  Chambre,  s'il  est  votre  élu,  ce  qui  ne  fait  de  doute  pour  personne,  amis  ou  adver¬ 
saires,  il  persistera  dans  celle  noble  et  généreuse  tradition. 

Son  dévouement  s'emploiera  spécialement  au  vote  des  lois  ouvrières,  qui  attendent 
depuis  trop  longtemps  les  sanctions  parlementaires,  et  sans  cesser  de  propager  partout 
l’idéal  socialiste,  il  poursuivra,  autant  que  possible,  les  réalisations  pratiques,  où  Sa  classe 
prolétarienne  puisera  de  nouvelles  forces  et  des  armes  efficaces  pour  les  grandes  luttes  qui 
l'attendent. 

Commerçant  lui-même,  le  citoyen  Piger  connaît  bien  tous  les  particuliers  intérêts, 
besoins  et  aspirations  du  commerce  local.  Son  zèle,  son  dévouement,  son  intelligence,  que 
nous  avons  tous  éprouvés,  ne  sauraient  donc  sur  ce  point  se  trouver  en  défaut. 

Électeurs,  nous  vous  demandons,  en  conséquence,  d’acclamer  la  candidature  du 
citoyen  Piger,  que  son  intégrité,  sa  probité  personnelle  recommandent  impérieusement  à  vos 
suffrages. 

Républicains,  pas  'd’hésitation!  Allez  résolument  à  un  homme  auquel  on  ne  peut 
reprocher  la  tare  d'aucun  acte  douteux,  d'aucune  compromission  avec  nos  ennemis 
communs. 

Socialistes,  travailleurs,  petits  commerçants  et  industriels,  souvenez-vous  que  Tœuvre 
de  notre  émancipation  nécessaire  ne  saurait  être  poursuivie  que  par  vous-même  ou  par  des 
délégués  de  votre  classe. 

Tous  donc  aux  urnes  I  Et,  à  une  formidable  majorité,  que  triomphe  votre  propre  cause 
qu’incarne  le  candidat  de  l'Union  socialiste  et  Parti  ouvrier  que  nous  vous  présentons  I 

Vous  aurez  ainsi  bien  servi,  avec  conscience  et  clairvoyance,  les  grands  intérêts  de 
Saint-Étienne  et  de  la  démocratie. 

Vive  la  République  sociale I 


~  430  — 


3e  circonscription  de  SAINT-ÉTIENNE 

M.  CHARPENTIER 


Élu  au  2e  tour  de  scrutin,  —  10,265  Toi x. 


Les  comités  républicains  socialistes  qui  patronnent  la  candidature  Charpentier  adressent 
aux  électeurs  la  proclamation  suivante  ; 


Citoyens  électeurs, 

Vous  connaissez  notre  candidat  et  son  programme,  depuis  bientôt  dix  années  qu’il 
exeree  dans  notre  région  les  mandats  électifs  q,ue  votre  confiance  lui  a  accordés^ 

Il  est  résolument  partisan  de  réformer  notre  état  social,  en  introduisant  d  une  façon 
effective,  dans  les  institutions  et  les  lois»  les  principes  de  liberté,  de  solidarité  et  de  justice 
proclamés  par  la  Révolution  française,  et  en  améliorant  la  situation  des  travailleurs  des 
villes  et  des  campagnes,  conformément  aux.  progrès  scientifique  et  industriel,  et  aux  néces¬ 
sités  de  l’ordre  économique.  . 

Une  telle  réforme  ne  peut  être  réalisée  qu’a  la  condition  de  maintenir  d  abord,  au- 
dessus  de  toute  atteinte*  le  régime  démocratique  dont  l’inqtitution  est  fréquemment  ea 
butte  aux  tentatives  des  partis  réactionnaires  qui  confondent  dans  une  même  réprobation 

l’idéal  républicain  et  l'idéal  socialiste.  , 

Après  avoir  été,  il  y  a  quelque  temps",  les  artisans  ou  les  complices  des  menees  plébi¬ 
scitaires  et  césariennes  -  après  avoir  applaudi  ou  encouragé  secrètement  les  antisémites  et 
nationalistes  fauteurs  de  conspiration  et  d’émeutes  —  ils  empruntent  aujourd’hui  le  masque 
républicain;  ils  se  parent  du.  titre  de  «  libéraux  »  et  même  de  progressistes  pour  mieux 
dissimuler  leurs  sentiments  rétrogrades  et  «  leur  hostilité  bien  connue  à  toutes  réiormes 
démocratiques  et  égalitaires  >k 

Ils  dénoncent  en  même  temps  socialistes,  radicaux  et  républicains  gouvernementaux 
comme  l’ennemi  commun.' qu’il  faut  à  tout  prix  combattre  et  anéantir. 

«.  Ils  accusent  les  socialistes  de  vouloir  la  suppression  de  la  propriété,  le  partage  des 
biens,  la  destruction  de  la  famille  et  de  la  religion  ->,  tout  comme  ils  reprochent  au  Gouver¬ 
nement  actuel  de  «  vioLer  les  libertés  individuelles,  de  persécuter  l’Église,  de  mener  le 
pays  à  la  banqueroute  financière  et.de  préparer  le  bouleversement  social  » . 

La  mauvaise  foi  de  ces  adversaires  sans  scrupule  est  égale  dans  un  cas  comme  dans 

r  autre. 

Voua  ne  serez  pas  dupes  de  leurs  manœuvres  déjà  trop  souvent  renouvelées. 

Le  passé  et  les  actes  de  notre  candidat  suffisent  à  montrer,  en  ce  qui  le  concerne,  l  ina¬ 
nité  de  pareils  griefs. 

La  préoccupation  unique  du  citoyen  Charpentier  dans  l’exercice  des  mandats  qu  m 
remplis  —  soit  au  Parlement,  il  y  a  quatre  ans  —  soit  au  Conseil  général  —  soit  à  la  muni¬ 
cipalité,  a  élé  de  contribuer  au  soulagement  des  misères,  à  la  réparation  des  injustices,  a 
la  revendication  ferme  et  constante  des  droits  des  travailleurs,  ü  l’étude  attentive  et  rai 
sonnée  de  toutes  les  questions  intéressant  la  prospérité  commerciale  et  industriel  e  u 
pays,  et  de  notre  région  en  particulier.  ...  .  Vpi_ 

Il  saura  consacrer  la  même  somme  d’activité  et  de  dévouement,  d’intelligence  et  u 
forts  à  l’accomplissement  de  sa  nouvelle  tâche. 


N°  lt  62 


—  431  — 

Il  mettra,  comme  toujours,  sa  conduite  en  conformité  avec  ses  déclarations  et  ses  enga¬ 
gements  en  s’efforçant  de  mériter  votre  estime  et  votre  confiance, 

Votez  pour  le  candidat  républicain,  résolu  à  défendre  la  République  contre  toutes  les 
attaques  et  à  faire  aboutir  les  réformes  sociales. 

Votez  pour  le  citoyen 

E.  CHARPENTIER, 

Avocat, 

Conseiller  général, 

Adjoint  au  maire  de  Saint-Étienne, 

Ancien  député. 


4  e  circonscription  de  SAINT-ÉTIENNE 

M.  CLAUDINON,  dont  l’élection  a  été  annulée,  a  été  réélu. 


Voy.  Élections  partielles. 


—  432 


LOIRE  (HAUTE-) 


Circonscription  de  BRIOUDE 

M.  DEVINS 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin,  —  lO.SbO  voix* 


La  réunion  organisée  par  le  Comité  républicain  radical  de  Brioude  a  été  tenue  Salle  des 
Conférences,  le  dimanche  6  avril,  à  2  h.  1/4. 

M*  Devins  a  prononcé  ^allocution  dont  nous  donnons  le  résumé  ci-dessous  : 

Citoyens, 

Pour  permettre  aux  électeurs  républicains  d'entendre  ce  qui  sera  dit,  et  de  se  faire 
entendre,  nous  avons  écarté  de  la  première  partie  de  la  séance  les  personnages  qui  ont 
l'habitude  de  venir  troubler  nos  réunions  publiques*  La  réunion  et  celle  qui  la  suivra  n’en 
seront  pas  moins  contradictoires. 

Je  dois  des  comptes  à  fous  les  républicains,  à  tous  ceux  qui  m'ont  élu  en  1893,  Quant 
aux  adversaires,  de  quelque  parti  qu'ils  soient,  ils  ont  le  droit  d'écouter,  de  contrôler  ce 
que  je  dirai;  ils  ont  le  devoir  de  venir  ensuite  s'expliquer  devant  tout  le  monde  pour  re¬ 
lever  les  erreurs  que  je  commettrais,  et  pour  formuler  en  public  les  accusations  menson¬ 
gères  et  calomnieuses  qu’ils  lancent  contre  moi  depuis  quatre  ans.  J'ai  apporté  toute  la  col- 
lection  du  Journal  officiel,  de  1898  à  1902.  Là,  on  trouvera  mes  votes  et  tous  mes  travaux, 
et  aucune  équivoque  ne  sera  possible. 

Pour  juger  la  conduite  d'un  représentant,  il  faut  se  reporter  aux  promesses  qu'il  a  faîtes 
au  moment  de  son  élection  et  comparer  avec  ses  actes. 

Prenons  le  compte  rendu  de  la  réunion  de  1898,  dans  laquelle  fut  acclamée  ma  candi¬ 
dature.  Voici  ce  que  je  lis  à  la  lin  de  ce  compte  rendu,  après  la  critique  par  moi  faite  des 
actes  et  des  votes  du  député  sortant  en  1898  : 

«  Le  programme  radical  de  1893,  de  Lavis  de  M,  Devins,  peut  encore  être  accepté  au¬ 
jourd’hui  par  un  candidat  radical,  avec  les  modifications  plus  spéciales  que  crée  la  situation 
actuelle. 

a  La  politique  du  ministère  Méline,  qui  s'appuie  sur  les  réactionnaires  et  les  ralliés,  ne 
peut  convenir  à  une  démocratie  qui  veut  les  réformes  tendant  à  améliorer  le  sort  des 
travailleurs  de  l'agriculture  et  de  l'industrie,  plutôt  qu'a  servir  les  intérêts  des  grands  finan¬ 
ciers. 

u  M,  Devins  dit  à  ce  sujet  qu'il  proteste  contre  les  qualificatifs  d'allié  des  collectivistes 
ou  des  réactionnaires,  que  des  adversaires  de  mauvaise  foi  accolent  à  son  nom  ;  il  n'a  pas 
la  moindre  envie  d'aller  partager  avec  personne  ou  de  supprimer  la  propriété  en  mettant 
tous  les  biens  en  commun, 

«  Ce  qu'il  veut,  au  contraire,  c’est  quMoiit  le  monde  puisse  être  ou  devenir  proprié- 


N°  H  62 


—  433  — 

(aire,  et,  pour  arriver  à  ce  but,  il  faut  répartir  les  charges  de  façon  à  ce  que  les  impôts  por- 

lent  surtout  sur  l’aisance. 

«  M.  Devins  est  partisan  de  l'impôt  sur  le  revenu  et  de  ïa  suppression  des  impôts  frap¬ 
pant  le  travail  ou  les  travailleurs  sous  quelque  forme  que  ce  soit,  lî  est  aussi  pariisan  de  la 
création  et  du  développement  des  syndicats  et  de  renseignement  agricoles,  aujourd'hui  in¬ 
dispensables  aux  agriculteurs  ;  de  la  création  de  caisse  de  retraites  pour  les  travailleurs  âgés 
ou  infirmes;  de  modifications  aux  lois  sur  les  vins;  de  la  diminution  des  frais  de  justice;  de 
ja  diminution  des  dépenses  par  la  suppression  des  emplois  inutiles,  la  diminution  des  gros 
traitements. 

«  Il  estime  que  le  travail  législatif  est  entravé  par  l'existence  du  Sénat,  assemblée  fon¬ 
cièrement  réactionnaire,  toujours  prête  à  s'opposer  aux  lois  démocratiques  que  ta  Chambre 
des  Députés  pourrait  voter. 

«  Il  ferait  partie,  s'il  était  élu,  du  groupe  radical,  qui  inscrit  dans  son  programme  la 
révision  de  la  Constitution,  rimpôt  sur  le  revenu  et  l’amélioration  du  soit  dos  travailleurs 
par  tous  tes  moyens  dont  dispose  le  législateur.  Il  apporterait  dans  la  solution  de  ces  ques¬ 
tions  toute  son  activité  et  tout  son  bon  vouloir,  avec  le  désir  de  travailler  utilement  pour 
son  pays  et  ses  concitoyens,  n  ayant  en  vue  que  le  bien  public  et  non  pas  les  intérêts  et  les 
appétits  d'une  coterie  qui  ne  sorge  qu'à  exploiter  la  République.  » 

Dès  mon  arrivée  à  la  Chambre,  îe  Ministère  Méline  fut  interpellé  sur  sa  politique  géné¬ 
rale  et  renversé  à  cause  de  son  refus  de  se  séparer  nettement  des  groupes  de  droite.  Le 
ministère  Brisson,  qui  lui  succéda,  ht  appel  aux  républicains  pour  leur  demander  leur  appui, 
ainsi  que  le  ministère  Charles  Dupuy.  Ces  deux  ministères  furent  gênés  dans  leur  action  par 
l'affaire  Dreyfus.  Pendant  le  ministère  Dupuy,  des  événements  imprévus  survinrent  ;  la 
mort  de  M.  Félix  Faure,  Président  de  la  République  ;  la  nomination  de  M.  Loubet  à  celte 
haute  fonction.  Le  parti  antijuif,  la  ligue  des  plébiscitaires,  organisèrent  des  manifestations 
bruyantes  et  tumultueuses.  Le  Président  de  la  République  ayant  été  insulté  d’une  manière 
indigne  a  Auteuil,  par  la  jeunesse  royaliste,  il  s'en  suivit  une  manifestation  lépubli* 
caine,  le  dimanche  suivant.  La  police  ayant,  sans  discernement,  frappé  les  manifestants, 
le  ministère  Dupuy,  qui  avait  cru  devoir  la  défendre,  fut  renversé  après  être  resté  six  mois 
au  pouvoir. 

Le  ministère  qui  lui  succéda,  le  ministère  Waldeck-Rousseau,  fut  très  long  à  consti¬ 
tuer,  Des  républicains  de  nuances  très  diverses  en  firent  partie.  11  y  avait  loin  de  M.  de  Gal- 
liiïet  à  M.  Millerand  ;  tous  les  partis  extrêmes  accueillirent  bruyamment  ce  gouvernement 
qui  obtint  néanmoins  une  assez:  forte  majorité,  qu'il  a  conservée  depuis,  en  demandant  aux 
républicains  de  s'unir  pour  défendre  énergiquement  les  institutions  républicaines.  Ses 
premiers  actes  furent  des  actes  de  vigueur  contre  le  parti  nationaliste,  qui  entretenait  une 
agitation  inquiétante.  Son  chef  Dêroolôde  avait  voulu,  le  jour  des  obsèques  de  M.  Félix 
Faure,  conduire  des  soldats  à.  l’Elysée,  et  ne  cachait  pas  ses  desseins  d  amener  un  change - 
ment  de  gouvernement.  Les  principaux  chefs  du  mouvement  furent  arrêtés,  et  la  rue  rede¬ 
vint  tranquille  :  elle  l'est  restée  depuis.  Il  faut  savoir  gré  au  gouvernement  de  nous  avoir 
donné  l’ordre  et  la  tranquillité. 

Le  ministère  Waldeck-Rousseau  s’est  nettement  appuyé  sur  les  gauches.  Des  républi¬ 
cains,  même  des  républicains  radicaux,  ont  critiqué  la  présence  d  un  socialiste  dans  ce  mi¬ 
nistère.  Je  n'ai  jamais  partagé  cette  manière  de  voir  :  j’estimais  au  contraire  que,  par  le 
fait  de  la  présence  au  ministère  d’un  homme  ayant  la  confiance  des  ouvrieis,  les  conflits 
entre  le  capital  et  îe  travail  devaient  se  résoudre  plus  facilement.  On  ne  saurait  prétendre 
que  les  grèves  ont  été  plus  fréquentes,  sous  ce  ministère,  qu  a  d  autres  époques,  à  cause  de 
la  présence  du  ministre  socialiste  du  commerce,  il  y  a  des  grèves  dans  îous  les  pays,  même 
monarchiques.  Il  n'y  a  pas  longtemps,  l'Espagne  a  été  ensanglantée  par  une  teirible  grève, 
et  pourtant  l'Espagne  a  un  gouvernement  monarchique  ! 

Ce  qui  est  arrivé,  et  ce  dont  on  doit  se  féliciter,  c’est  la  manière  dont  le  gouvernement 

55 


est  intervenu  dans  les  conflits  entre  patrons  et  ouvriers,  main  tenant  l’ordre  sans  provoca¬ 
tions,  ne  lançant  pas,  comme  autrefois,  les  troupes  contre  les  ouvriers,  invitant  ses  repré¬ 
sentants  à  servir  de  médiateurs  entre  les  parties  en  conflit.  Beaucoup  de  grèves  se  sont  ter¬ 
minées  sans  violences,  et  pour  le  plus  grand  bien  des  intéressés. 

Ce  ministère  est  resté  longtemps  aux  affaires,  et  y  est  encore.  C’est  lui  qui  a  fait  voter 
la  loi  sur  les  associations,  qui  a  provoqué  tant  de  clameurs,  et  que  très  peu  de  personnes 
comprennent. 

Quel  est  l’esprit  de  cette  loi?  —  Elle  établit  d’abord  la  liberté  pour  associations  entre 
les  personnes  qui  veulent  mettre  en  commun  leur  activité  et  leurs  connaissances  dans  un 
but  autre  que  de  partager  des  bénéfices;  liberté  qui  n’existait  pas  auparavant. 

La  deuxième  partie  de  cette  loi  règle  la  situation  des  congrégations. 

Bien  que  cela  soit  fait  pour  étonner  bien  des  gens,  cette  loi,  en  ce  qui  concerne  les 
congrégations,  est  presque  littéralement  la  reproduction  d’une  loi  promulguée  en  1825.  On 
ne  peut  pourtant  pas  dire  que  le  roi  Charles  X  était  un  ennemi  du  clergé;  mais  il  voulait, 
comme  les  monarchies  de  l’ancien  régime,  aiïirmer  son  pouvoir,  en  face  de  celui  de  ces 
organisations  qui  pouvaient  constituer  des  États  dans  l’État,  et  porter  ombrage  au 
Gouvernement  français,  en  raison  de  leurs  attaches  avec  des  chefs  étrangers  qui  sont  à 
Rome,  Tel  est  d’ailleurs,  le  sens  de  la  loi  de  1901,  complétée  par  un  réglement  d’admi¬ 
nistration  publique  qui,  pour  autoriser  les  congrégations,  exige  qu’elles  se  soumettent  aux 
évêques* 

Ce  qui  a  été  ajouté  à  la  loi  de  1901,  c’est  cette  sanction  qui  n’était  pas  inscrite  dans  celle 
de  1825.  Gomment  sefaib-ildonc  que  les  monarchistes  d’aujourd’hui  trouvent  mauvais  ce  qui 
était  trouvé  nécessaire  par  eux  à  l'époque  où  ils  gouvernaient? 

La  Chambre  n’a  pas  eu  l’intention  de  supprimer  les  congrégations  :  une  proposition 
tendant  à  ce  but  a  été  n-  poussée  par  503  voix  contre  Le  rapporteur,  qui  était  loin  d’être 
un  clérical,  a  dit  au  cours  de  la  discussion  :  «  Nous  ne  disons  pas  :  plus  de  congrégations; 
nous  disons  :  assez  de  congrégations.  »  J1  faut  reconnaître  que,  depuis  1825,  leur  nombre  a 
considérablement  augmenté:  il  y  en  a  aujourd’hui  près  de  1.700.  De  même  leur  fortune  qui 
de  50  millions  qu’elle  était  à  cette  époque,  est  aujourd’hui  de  près  de  500  millions,  l’Em¬ 
pire  et  la  deuxième  République  les  ayant  laissées  se  développer  sans  leur  demander  de  se 
mettre  en  règle  avec  les  lois  les  concernant. 

Le  Gouvernement  a  voulu  aussi  enrayer  l’accroissement  des  biens  de  mainmorte,  qui 
s’immobilisent  dans  les  mêmes  mains  au  détriment  de  la  fortune  publique. 

Mais,  dira-t-on,  pourquoi  limiter  les  droits  des  gens? 

On  n’empêche  personne  de  faire  de  sa  liberté  rasage  q.u’jl  veut;  on  oblige  seulement 
les  associations  à  se  soumettre  à  la  loi.  En  cela,  on  ne  fait  pas  seulement  une  œuvre  fran¬ 
çaise,  qui  a  été  celle  de  tous  les  gouvernements  français,  mais  aussi  une  œuvre  républicaine 
en  obligeant  tous  les  citoyens  à  se  soumettre  aux  lois  françaises. 

Ici,  je  tiens  à  m’expliquer  sur  une  contradiction  que  l’on  a  prétendu  trouver  entre  mes 
votes  à  la  Chambre  sur  celte  loi,  et  les  propositions  que  je  fis  à  Rrioude  au  Conseil  muni¬ 
cipal,  lorsque  Favis  de  cette  assemblée  fut  demandé  sur  un  établissement  dépendant  d’une 
congrégation  autorisée.  Cette  formalité  est  demandée  par  le  règlement  du  Conseil  d’État, 
qui  est  chargé  de  donner  les  autorisations  aux  établissements  de  ce  genre.  Je  pro¬ 
posai  j  vu  Humilité  des  avis  non  motivés  donnés  en  pareil  cas,  de  s’en  remettre  purement 
et  simplement  au  Gouvernement  du  soin  de  statuer  sur  la  question.  Beaucoup  d’assemblées 
communales  ont  agi  ainsi,  et  beaucoup  de  députés,  du  même  avis  que  moi,  n’approuvent 
pas  rintervention  des  Conseils  municipaux.  Je  me  suis  abstenu,  mais  mon  abstention  n’em¬ 
pêche  nullement  de  fonctionner  la  loi,  et  n’est  pas  en  contradiction  avec  mon  vote  à  la 
Chambre-  Des  maires  et  des  Conseils  municipaux  de  notre  arrondissement,  partisans  du 
Gouvernement  et  delà  loi  sur  les  congrégations,  ont  même  donné  des  avis  favorables. 

La  discussion  de  cette  loi  a  duré  longtemps  et  a  donné  lieu  à  de  nombreux  scrutins. 
J’ai  voté  la  prise  en  considération  d’un  contre-projet,  présenté  parM.Pueèh,  portant  que  les 
associations  de  personnes  peuvent  se  former  librement  (séance  du  29  janvier  1901);  pour 


—  435  — 


N*  1162 


un  amendement  tendant  à  attribuer  la  répression  des  délits,  en  matière  dissociations,  à  la 
Cour  dissises  (7  février);  contre  l'amendement  Zévaès  demandant  la  suppression  des  con¬ 
grégations  (repoussé  par  502  voix  contre  33)  -  pour  l'amendement  Thierry,  tendant  à  dis¬ 
penser  de  l'autorisation  ies  congrégations  ayant  pour  objet  des  œuvres  de  bienfaisance  on 
des  missions  scientifiques  a  l'étranger  ou  aux  colonies;  pour  le  paragraphe  1  delirticle  13, 
portant  que  les  congrégations  ne  peuvent  se  former  sans  autorisation  donnée  par  une  loi; 
pour  l'amendement  Àlicot,  porta  ut  que,  pour  les  congrégations  existant  au  moment  de  Ja 
promulgation  de  la  présente  loi,  l'autorisation  sera  donnée  par  décret  rendu  en  Omseil 
dfètat.  J’ai  voté  et  signé  une  motion  soutenue  par  M.  Gazais,  invitant  le  Gouvernement  à 
prendre  les  mesures  nécessaires  pour  organiser  efficacement  le  contrôle  de  renseignement 
libre,  et  prononçant  en  conséquence  la  disjonction  de  l’article  et  son  renvoi  à  la  Commission 
de  renseignement,  où  il  me  semblait  être  mieux  à  sa  place. 

J'ai  voté  r article  14,  portant  que  nul  n'est  admis  à  diriger  un  établissement  d'instruc¬ 
tion  publique  s'il  appartient  à  une  congrégation  non  autorisée.  Sous  les  monarchies  de  1815 
et  133 & j  Les  congrégations  n'avaient  môme  pas  le  droit  d’enseigner. 

J'ai  voté  l'amendement  Perreau,  autorisant  la  preuve  contraire  en  cas  de  contes¬ 
tation  pour  les  actes  de  vente  ou  de  donation  sur  le  caractère  des  personnes  inter¬ 
posées  . 

J  ai  voté  l'ensemble  de  la  loi* 

♦  Au  nombre  des  réformes  d'ordre  fiscal  ou  financier  votées  par  la  Chambre,  se  trouve 
Pim  portante  loi  des  boissons,  qui  a  supprimé  l'exercice  chez  les  débitants  pour  les  boissons 
hygiéniques  ;  supprimé  les  droits  d'entrée  et  de  détail  et  maintenu  seulement  le  droit  de 
circulation  de  1  fr.  53  par  hectolitre  sur  les  vins.  Il  y  a  eu  des  améliorations  néanmoins 
sous  le  rapport  des  formalités  relatives  à  la  libre  circulation  des  vins  entre  les  divers  domi¬ 
ciles  des  propriétaires.  J'ai  voté  l'article  1er  d'un  contre-projet  Vaillant  tendant  à  la  sup¬ 
pression  totale  des  droits  sur  les  boissons  hygiéniques;  contre  la  suppression  du  privilège 
des  bouilleurs  de  cm  (amendement  Vaillant)  ;  pour  la  suppression  du  droit  de  détail,  de 
circulation  (amendement  Girou);  contre  un  amendement  obligeant  à  la  déclaration,  pour 
les  bouilleurs  décru  (amendement  Flèory-Ravarin),  Cette  loi,  a  mon  avis,  peut  et  doit  être 
modifiée,  au  point  de  vue  du  droit  de  circulation  et  des  licences  imposées  aux  proprietaires 
récoltants. 

La  Chambre  a  également  voté  une  loi  sur  les  successions,  ayant  pour  objet  de  déduire 
le  passif  de  l'actif  pour  le  payement  des  droits  et  établissant  une  certaine  progression  à 
mesure  que  les  fortunes  recueillies  augmentent  en  importance.  La  progression  votée  par  la 
Chambre  pour  ce  premier  cas  s’arrêtait  à  1  million.  Un  amendement  dont  j'étais  signataire 
a  eu  pour  résultat  d’augmenter  les  droits  progressifs  sur  les  successions  dépassant  ce  chiffre. 
Cet  amendement,  qui  avait  été  plusieurs  fois  rejeté  parle  Sénat,  a  été  partiellement  accepté. 
Les  droits  pour  les  successions  de  50  millions  et  au  delà,  en  ligne  directe,  sont  de  5  0/0, 
alors  que  pour  les  petiks  successions  ils  sont  de  1  0/0. 

Diverses  questions  ouvrières  ont  été  traitées^  par  la  Chambre.  La  loi  sur  les  accidents,  du 
9  avril  a  été  modifiée  dans  un  sens  favorable  aux  ouvriers,  pour  leur  procure^  une  justice 
plus  facile  et  plus  expéditive;  des  subventions  ont  été  votées  pour  h  s  cours  professionnels, 
ha  loi  du  2  novembre  1S92  sur  le  travail  des  enfants  dans  les  manufactures,  et 
faite  en  vue  d’assurer  aux  ouvriers  une  protection  de  leur  santé,  a  été  modifiée  de  façon 
que  les  enfants  et  les  adultes  lassent  le  même  temps  de  travail  dans  les  manufactures.  J'ai 
voté  les  propositions  de  réduction  du  travail  clans  les  mines  à  S  heures  d'abord,  puis  9  heures, 
avec  faculté  pour  les  ingénieurs  des  mines  d'autoriser  une  journée  supplémentaire  par  se¬ 
maine  pour  des  nécessités  économiques- 

La  Chambre  a  voté  la  loi  prononçant  la  suppression  des  bureaux  de  placement,  qu'elle 
a  considérés  comme  des  établissements  ou  l'on  exploite  surtout  les  ouvriers  en  quête  de 
place;  elle  voudrait  voir  les  mairies  ou  les  syndicats  se  charger  de  ce  travail.  J’ai  voté  pour 
œtle  proposition,  qui  n'a  pas  été  adoptée  par  le  Sénat. 


—  436  — 


La  Chambre  a  également  voté  une  loi  sur  les  employés  des  chemins  de  fer,  réglemen¬ 
tant  la  durée  du  travail  et  leur  accordant  des  retraites  après  25  ans. 

Mais  la  principale  des  questions  ouvrières  est  incontestablement  celle  des  retraites 
ouvrières*  La  Chambre  Ta  discutée  pendant  longtemps,  et  au  moment  désengager  dans  le 
détail  des  articles,  elle  a  du  renvoyer  la  question  à  une  autre  époque,  invitant  le  Gouverne- 
ment  à  faire  une  enquête  auprès  des  groupements  ouvriers  et  patronaux  intéressés.  Le 
projet  présenté  à  la  Chambre  par  la  Commission  et  le  Gouvernement  portait  que  les  ouvriers 
étaient  tenus  de  se  constituer  une  retraite  en  versant  chaque  jour  0,05,  0,10,  0,15  ceii' 
timos,  selon  que  leur  journée  était  inférieure  à  2,  5  francs  et  au  delà.  Mêmes  versements 
étaient  faits  par  les  patrons.  L’État  était  chargé  de  conserver  cea  dépôts  et  d’en  capitaliser 
les  intérêts,  de  façon  à  constituer  pour  la  vieillesse  une  retraite. 

Les  groupements  ouvriers  ou  patronaux  consultés  ont  fait  des  réponses  défavorables;  le 
texte  de  la  loi  doit  donc  être  modifié. 

Parmi  les  contre-projets  présentés,  j’ai  voté  le  principe  des  amendements  Vaillant, 
portant  l’assurance  par  l’État  contre  les  risques  sociaux  pour  toute  personne  vivant  de  son 
travail  ;  la  proposition  Mirrnan,  tendant  à  la  création  d’une  taxe  d’invalidité  pour  tout  Fran¬ 
çais  incapable  de  travail  à  cause  de  son  état  de  santé. 

J’ai  voté  contre  un  contre-projet  déposé  par  M.  Allemane,  portant  création  des  retraites 
alimentées  par  la  suppression  des  héritages  en  ligne  collatérale.  J'ai  voté  le  contre -projet 
Àudiffred,  autorisant  tout  ouvrier  industriel  ou  agricole  à  se  constituer  des  retraites  en  re¬ 
courant  aux  sociétés  de  secours  mutuels,  dont  le  fonctionnement  a  pris  un  grand  développe¬ 
ment  dans  certains  pays. 

J’estime  qu’il  y  a  lieu  pour  P  État  d'assurer  l’existence  des  travailleurs  âgés  et  usés  au 
moyen  des  fonds  de  l’État,  des  départements  et  des  communes,  et  de  favoriser  ceux  qui 
veulent  être  prévoyants.  Le  système  primitivement  adopté  par  la  Commission  avait  le  grand 
inconvénient  de  rendre  nécessaire  la  création  de  nombreux  employés,  et  l’obligation  pour 
beaucoup  de  citoyens  de  tenir  une  comptabilité  rigoureuse  sous  peine  de  s'exposer  à  des 
amendes.  Mieux  vaudrait,  à  mon  avis,  adopter  le  système  des  caisses  mutuelles,  adminis¬ 
trées  directement  per  les  intéressés  et  contrôlées  par  l’État. 

Passons  à  la  question  budgétaire.  Les  budgets  que  la  Chambre  a  votés  pendant  les 
quatre  dernières  années  n’ont  pas  été  sensiblement  différents  des  précédents.  Le  budgeu 
un  peu  augmenté  tous  les  ans  en  raison  des  dépenses  militaires  et  des  augmentations 
ou  créations  d'emplois. 

J’ai  voté,  d’une  manière  générale,  toutes  les  réductions  ou  prélèvements  proposés  sur 
les  gros  traitements,  ceux  des  trésoriers -payeurs  généraux  par  exemple,  et  contre  toutes  les 
augmentations  de  traitement  des  employés  autres  que  ceux  des  employés  faiblement  rému¬ 
nérés,  tels  les  facteurs,  les  cantonniers,  les  instituteurs... 

Je  pourrais  énumérer  une  longue  série  de  votes  émis  dans  ce  sens  en  1890.  Q^el  que 
soit  le  désir  de  vouloir  être  agréable  à  de  nombreux  employés,  on  ne  doit  pas  oublier  que  ce 
sont  les  comribuables,  vous  tous,  qui  êtes  chargée  de  remplir  les  caisses  qui  servent  à  payer 
les  serviteurs  de  l’État. 

Un  amendement  que  j'ai  signe  et  qui  a  été  déposé  par  mon  collègue  M.  Bertheîot,  a 
modifié  le  règlement  de  la  Chambre  et  introduit  une  disposition  en  vertu  de  laquelle  un 
Député  ne  peut  proposer  par  voie  budgétaire  des  augmentations  de  traitements  ou  d’indem¬ 
nités  ou  de  pensions,  ou  de  créaiions  de  services. 

J'ai  voté  une  autre  disposition  réglementaire,  présentée  par  M.  Lasies,  tendant  à  empê¬ 
cher  le  vote  par  procuration  en  matière  de  dépenses. 

J’ai  voté  pour  une  modification  à  la  loi  sur  les  patentes,  qui  n’a  pas  été  acceptée,  et  qui 
aurait  eu  pour  résultat  de  faire  cesser  les  patentes,  dans  !e  milieu  d’une  année,  quand  un 
commerçasse  retire  du  commerce.  —  Une  loi  sur  les  patentes,  votée  par  le  Sénat,  est  arrivée 
trop  t-ird  pour  être  votée  par  la  Chambre,  avant  la  séparation.  Une  demande  de  discussion 
immédiate  a  été  produite  à  la  séance  du  27  mars.  Elle  eût  permis  de  frapper  de  droits 
élevés  les  grands  magasins,  qui  font  plusieurs  commerces  et  font  une  concurrence  terrible 


—  437  — 


n°  1162 


aux  magasins  de  province.  Elle  a  été  repoussée  par  227  voix  contre  200  {le  Journal  officiel 
du  28  mars  me  porte  comme  ayant  voté  cojitre,  mais  immédiatement  après  le  scrutin  se 
trouve  une  rectification*  page  1(562,  concernant  le  vote  déposé,  pendant  une  absence  momen¬ 
tanée,  par  un  collègue  et  indiquant  que  je  voulais  voter  pou r|. 

Je  dois  ici  faire  une  observation.  En  ce  qui  me  concerne,  j’estime  que  le  vote  d’un 
Député  pour  plusieurs  autres  Députés  ne  devrait  pas  être  admis;  je  n’en  use  point,  et  au 
lieu  de  faire  comme  beaucoup  de  mes  collègues,  qui  passent  quelquefois  plusieurs  mois  loin 
de  le  Chambre,  tout  en  prenant  part  aux  scrutins,  je  fais  constater  mon  absence  par  des 
congés.  J’ai  voté  l'urgence  pour  une  proposition  déposée  par  M,  Breton,  tendant  à  ce  que  les 
noms  des  Députés  absents  soient  publiés  au  Journal  officiel. 

La  Chambre  a  voté  en  juillet  dernier  un  amendement  à  la  loi  des  contributions  directes, 
qui  a  fait  un  grand  bruit  ces  derniers  temps,  et  provoqué  de  nombreuses  plaintes,  dans 
beaucoup  de  communes.  Je  veux  parler  de  l’amendement  Le  Moigne. 

Voici  en  quoi  consiste  cet  amendement  ; 

Le  contingent  en  principal  de  la  contribution  mobilière  est  réparti  entre  les  départe¬ 
ments  d’après  les  évaluations  sur  la  propriété  bâtie  faites  en  1901.  Certains  départements, 
comme  la  Haute-Loire,  qui  depuis  plusieurs  années  ont  vu  diminuer  leur  importance,  ont 
eu  une  diminution  sensible  qui  n’est  pas  moindre  de  60. 000  francs.  Notre  arrondissement 
paye  13,000  francs  de  moins  que  les  années  précédentes.  Toutes  les  communes  de  l’arron¬ 
dissement  de  Brioude,  à  l’exception  de  cinq,  profitent  de  diminutions  plus  ou  moins  impor¬ 
tantes.  Les  augmentations  d’impôt  mobilier  portées  sur  les  feuilles  d’impôt  proviennent, 
pour  l'impôt  mobilier*  ou  de  diminution  dans  le  nombre  des  contribuables  imposés  dans  une 
commune,  ou  de  changements,  effectués  par  les  répartiteurs,  sur  les  valeurs  locatives.  11  faut 
également  tenir  compte  d’une  augmentation  votée  parle  département,  pour  quelques  années, 
en  vue  de  transformer  sa  dette,  transformation  qui,  dans  quelques  années,  sera  suivie  d’une 
diminution  sensible.  Une  modification  plus  importante,  que  j’aurais  désiré  voir  inscrire  dans 
nos  lois  de  finances,  eût  été  celle  qui  eût  établi  l’impôt  progressif  sur  le  revenu,  en  rem¬ 
placement  des  contributions  foncière,  mobilière,  des  portes  et  fenêtres  et  des  patentes.  J  ai 
signé,  avec  dix-huit  de  mes  collègues,  un  projet  dans  ce  sens,  qui  comportait  l’établissement 
d'un  impôt  sur  les  revenus  supérieurs  à  1.500  francs  avec  des  taxes  variant  de  1  à  9  0/0, 
selon  que  les  revenus  s’élèvent.  À  plusieurs  reprises,  j’ai  eu  à  me  prononcer  sur  des  propo¬ 
sitions  de  discussion  de  projets  d’impôt  sur  le  revenu,  mais  la  Chambre  n’a  pas  voulu  s  as¬ 
socier  a  ces  motions.  Cet  impôt  dégrèverait  les  cultivateurs  et  établirait  la  justice  fiscale, 
celle  qui  consiste  à  faire  payer,  pour  la  contribution  aux  charges  publiques,  beaucoup  aux 
gens  très  aisés,  peu  aux  gens  moins  aisés,  et  rien  à  ceux  qui  ne  vivent  que  de  leur 
travail. 

Au  point  de  vue  administratif,  j’ai  voté  le  maintien  des  sous-préfets.  J  estime  qu  ils 
doivent  être  maintenus,  et  leurs  attributions  augmentées,  mais  je  serais  d’avis  que  le  nombre 
des  préfets  devrait  être  diminué. 

fai  voté  la  suppression  des  fonds  secrets,  dont  j’ai  toujours  combattu  le  principe,  sauf 
cette  année  où  je  me  suis  abstenu,  ne  voulant  pas  contribuer  à  renverser  le  ivlinistère,  qui 
avait  posé  la  question  de  confiance  sur  le  vote  de  ce  crédit. 

J’ai  voté  toutes  les  suppressions  de  crédit  pour  les  périodes  de  28  et  13  jours*  sauf  en 
1899*  où  je  votai,  le  9  mars,  contre  la  suppression  des  28  jours  et  13  jours,  m’associant  à  îa 
déclaration  d’un  collègue  de  mon  groupe,  qui  dit  que  pour  cette  année  il  convenait  de  main¬ 
tenir  la  période  des  28  jours  afin  de  hâter  la  discussion  et  rétablissement  du  service  de 
2  ans,  dont  je  suis  partisan  {j’ai  même  signé  la  motion  Gouzy,  adoptée  par  la  Chambre  le 
25  février  1902),  mais  le  10  mars  1899,  j’ai  voté  un  amendement  tendant  à  la  suppression 
des  13  jours.  Depuis  cette  époque,  j’ai  voté  d’une  manière  constante  les  propositions  ten~ 
dintà  la  suppression  des  28  et  des  13  jours  (10  février  1900,  16  février  1900,  21  décembre 
1900,  25  janvier  1902). 


43S  — 


J’ai  voté  une  proposition  ayant  pour  but  d'accorder  aux  militaires,  en  cas  de  décès  de 
leurs  parents,  le  voyage  gratuit,  ainsi  qu’une  autre  tendant  à  accorder  la  franchise  postale 
aux  militaires  sous  les  drapeaux.  —  A  l'occasion  de  l'expédition  de  Chine,  il  a  été  proposé 
(26  novembre  î 0 0 1  )  une  allocation  à  toute  famille  dont  le  fils  serait  mort  au  cours  de  cette 
expédition,  ainsi  que  des  indemnités,  secours  ou  pensions  aux  victimes  (j’ai  voté  ces  deux 
propositions). 

La  Chambre  s’est  occupée,  à  plusieurs  reprises,  de  l'amélioration  du  sort  du  soldat  :  j'ai 
voté  dans  ce  sens  l’amendement  Narbonne  (28  décembre  1900),  pins  tard  repris  par  M.  Bourrât 
(28  mars  1902)  tendant  h  ce  qu’il  fût  accordé  du  vin  aux  soldats. 

La  sollicitude  du  Parlement  pour  le  soldat  est  partagée  par  le  Ministre  de  la  Guerre  qui, 
dans  une  cérémonie  à  laquelle  il  avait  présidé,  dans  notre  province,  en  I960,  à  l’inaugura¬ 
tion  du  monument  du  général  Desaix,  définissait  la  manière  dont  les  généraux  de  la  Révo¬ 
lution  comprenaient  leurs  rapports  avec  les  soldats  :  «  Desaix,  dit  le  Ministre  de  la  Guerre, 
sut  mettre  en  pratique  bien  avant  la  lettre  les  belles  et  justes  prescriptions,  relatives  à  la 
subordination,  qui  figurent  en  tète  de  nos  règlements  militaires  et  que  les  chefs  de  tout 
grade  aiment  tant  à  méditer;  il  sut  que  les  devoirs  militaires  offrent  une  double  série  d’obli¬ 
gations,  il  oblige  non  seulement  à  l’égard  de  ceux  que  la  hiérarchie  a  placés  au-dessus,  mais 
encore  —  et  ceci  est  d’une  importance  capitale  —  à  l’égard  de  ceux  qui  sont  placés  au-des¬ 
sous.  w  C'est  là  le  langage  d’un  général  républicain.  Le  Ministre  de  la  Guerre  a  été  violem¬ 
ment  attaqué  par  ceux  qui  trouvent  qu’il  est  trop  républicain.  Il  est  aujourd’hui  permis  à  un 
officier  de  prononcer  le  mot  République,  sans  être  aceu>é  de  faire  de  la  politique  et  d'ôirc 
mal  noté  pour  l'avancement*  La  politique,  certes,  doit  être  exclue  de  l’armée,  mais  ce  qui 
est  aussi  inadmissible,  c’est  que  l'avancement  soit  subordonné,  comme  cela  a  duré  pendant 
longtemps,  à  la  manière  dont  les  officiers  faisaient  parade  de  pratiques  de  dévotion.  Il  n’eu 
est  plus  ainsi  aujourd’hui  :  on  exige  des  officiers  des  titres  militaires  sérieux  et  on  ne  s'oc¬ 
cupe  pas  de  leurs  opinions  religieuses. 

La  Chambre  a  eu  à  se  prononcer  plusieurs  fois  sur  la  conduite  du  Ministre  de  la  Guerre, 
h  l'occasion  de  questions  de  discipline;  elle  a  affirmé  toujours  que  dans  l’armée  on  ne  doit 
pas  faire  de  politique;  que  la  discipline  doit  être  observée  également  par  tout  le  monde, 
officiers  et  soldats;  le  Ministre,  qui  est  le  chef  de  Tannée,  est  le  seul  officier  qui  ait  le  droit 
de  faire  de  la  politique,  politique  qui  est  celle  du  Gouvernement  qu’il  est  chargé  de  faire 
respecter. 

J’ai  voté  la  création  d’une  médaille  pour  les  combattants  de  1870,  ainsi  que  celle  de 
l'expédition  de  Chine. 

Je  suis  intervenu  dans  une  question  qui  intéresse  spécialement  les  cinq  cantons  de  notre 
arrondissement,  dont  les  réservistes  font  partie  du  régiment  de  Montélïmar;  je  liai  pu 
obtenir  que  celte  situation  soit  modifiée. 

Les  questions  agricoles  ont  été  de  la  part  de  la  Chambre  l'objet  d’une  attention  spéciale  : 
le  dégrèvement  des  cotes  inférieures  h  25  francs  a  été  maintenu.  La  Chambre  s'est  occupée 
de  la  mévente  des  blés;  elle  a  consacré  de  nombreuses  séances  à  rechercher  les  moyens  de 
parer  à  ces  crises  si  pèniblcs  pour  nos  cultivateurs.  Elle  a  voté,  une  première  fois,  la  créa- 
lion  de  bons  d'importation  qui  auraient  dégage  le  marché  français  (proposition  qui  a  été 
rejetée  par  le  Sénat).  Elle  a  voté  une  réforme  de  l’admission  temporaire  des  blés,  suppri¬ 
mant  les  acquits-à-caution,  que  les  acheteurs  de  blés  étrangers  ont  le  droit  de  réclamer,  s’ils 
déclarent  vouloir  faire  transformer  en  farine  le  blé  par  eux  acheté  et  à  qui  remise  est  faite 
des  droits  de  douane  de  7  francs  par  quintal,  si  une  quantité  de  farine  égale  sort  par  un 
point  de  la  frontière;  l’acquit-à-caution  cédé  par  l’acheteur  de  blé  étranger  à  un  meunier 
français  d’une  autre  région  fait  1  objet  d’un  trafic  lucratif  pour  la  spéculation,  mais  qui  ne 
profita  ni  aux  producteurs*  ni  aux  consommateurs-  A  ces  inconvénients,  la  Chambre  a  mis 
ordre  eu  réglementant  d'une  manière  sévère  le  régime  de  l'admission  temporaire! 

Pour  la  mévente  des  vins,  la  Ghambre  a  nommé  une  Commission  d’enquête  qui  conclut 
à  la  transformation  du  vin  en  alcool  a  boire  par  TuulLation  de  1  alcool  industriel  à  l’éclairage 
et  au  chauffage. 


—  439  — 


N*  1162 


Des  propositions  d’allocations  ont  été  faites  pour  les  syndicats  antiphylloxérîques,  ainsi 
que  des  subventions  aux  agriculteurs  pour  combattre  les  maladies  de  la  vigne  (9  mars  1900), 
ainsi  que  des  dégrèvements  de  l’impôt  foncier  (11  juillet  1898);  je  les  ai  votées,  de  meme 
qu’un  amendement  au  budget  de  l’agriculture,  tendant  à  augmenter  de  2 . 400 - 000  francs  le 
crédit  affecté  aux  constructions  de  chemins  neufs.  Notre  département,  qui  est  en  état  d’infé¬ 
riorité  sous  ce  rapport,  a  grand  besoin  de  subventions  plus  élevées;  j’ai  fait  des  demandés, 
auprès  du  Ministre  de  l’Intérieur,  pour  obtenir  une  subvention  plus  élevée. 

La  Chambre  a  inscrit  au  budget  des  secours  importants  pour  les  victimes  des  orages  et 
des  intempéries,  pour  les  propriétaires  victimes  de  pertes  de  bestiaux  atteints  de  tubercu¬ 
lose;  elle  a  modifié  la  loi  accordant  un  délai  de  jours  aux  acheteurs  de  bestiaux  atteints 
de  cette  maladie  ;  elle  a  réduit  ce  délai  à  10  jours,  temps  suffisant  peur  reconnaître  la 
maladie,  sauvegarder  les  droits  des  acheteurs  et  des  vendeurs,  et  leur  éviter  des  frais 
considérables. 

Cela  m'amène  à  vous  parler  des  frais  de  justice,  qui  représentent,  chaque  année, 
300  millions  pour  les  contribuables.  Il  va  être  établi  des  tarifs  un  peu  plus  faciles  à  com¬ 
prendre  que  ceux  qui  sont  actuellement  en  vigueur,  de  façon  à  ce  que  les  justiciables  puissent 
les  vérifier  et  les  contrôler,  et  ne  se  laissent  pas  dôpouillerjiar  des  hommes  d’affaires  indé¬ 
licats.  J’ai  dû  intervenir  à  îa  Chambre  pour  signaler  des  abus  commis.  J’espère  qu’il  y  sera 
mis  bon  ordre. 

J’avais  inscrit  dans  mon  programme  de  1898  la  neutralité  de  l’État  en  matière  de  cultes. 
J’estime  que  l’État  doit  rester  étranger  aux  questions  de  cultes  :  n’eu  favoriser  aucun,  n’eu 
persécuter  aucun  ;  laisser  libres  tous  les  citoyens  sous  le  rapport  des  croyances. 

Comme  tous  mes  prédécesseurs  républicains  à  la  Chambre,  j’ai  voté  la  suppression  du 
budget  des  cultes.  J’estime  que  si  une  monarchie  peut  considérer  le  service  des  cultes  comme 
indispensable  pour  faire  enseigner  au  peuple  que  l’autorité  du  chef  de  l’État  est  d’essence 
supérieure,  il  ne  doit  pas  en  être  de  même  en  République,  où  le  peuple,  étant  appelé  à  choisir 
ses  représentants  et  ceux  qui  doivent  le  gouverner,  doit  être  en  mesure,  grâce  à  l'instruction, 
de  comprendre  ses  droits  et  ses  devoirs  de  citoyen. 

Je  suis  partisan  de  la  liberté  de  l’enseignement  sous  le  contrôle  et  la  surveillance  de 
l’État,  selon  la  formule  inscrite  dans  la  Constitution  de  1848  : 

«  La  liberté  d’enseignement  s’exerce  selon  les  conditions  de  capacité  et  de  moralité 
déterminées  par  les  lois  et  sous  la  surveillance  de  l’État,  Cette  surveillance  s’étend  à  tous  les 
établissements  d’éducation  et  d’enseignement,  sans  aucune  exception.  » 

Nos  devanciers,  qui  avaient  fait  la  Révolution  de  1848,  savaient  comment  on  doit  appré¬ 
cier  la  liberté. 

Les  républicains  sont  divisés  sur  la  question  du  monopole.  L’un  d’eux,  M.  Clemenceau, 
qu’on  n’accusera  pas  de  cléricalisme,  s’exprimait  récemment  sur  cette  question  dans  des 
termes  très  nets  :  «  Ce  qu’il  y  a  au  fond  du  débat  de  l’abrogation  de  la  loi  Falloux,  c/est  la 
question  de  la  liberté  de  renseignement.  Certes,  je  n’oublie  pas  que  l’Église  n’a  songé  à  ia 
revendiquer  que  du  jour  oùeüe  s’est  vu  enlever  le  monopole  qu’elle  avait  jusqu’alors  détenu... 
La  liberté  d’enseignement  n’en  est  pas  moins  l’un  des  principes  fondamentaux  de  la  doc¬ 
trine  républicaine  ;  nous  n’aurions  fait  que  mentir  à  cette  doctrine  si  l’abrogation  de  la  loi 
Falloux  devait  avoir  pour  résultat  de  nous  ramener  au  régime  antérieur  à  1850,  c’est-à-dire 
au  rétablissement  du  monopole  universitaire...  J’ai  le  regret  de  le  constater,  mais  c’est  là 
pourtant  le  rêve  de  plus  d’un  parmi  les  républicains...  Pour  moi,  je  ne  puis  m’empêcher  d’y 
voir  une  outrageante  défiance  de  la  liberté.  » 

Ven  aurai  fini  avec  la  partie  politique  de  mon  mandat  quand  j’aurai  mentionné  une  pro¬ 
position  tendant  à  la  nomination  du  Sénat  par  le  suffrage  universel,  que  j’ai  votée,  et  uno 
proposition  tendant  à  porter  a  six  ans  la  durée  du  mandat  des  Députes,  à  six  ans  avec  le 
renouvellement  partiel;  de  telle  sorte  que  la  première  série  des  Députés  serait  élue  pour 
trois  ans,  et  que  la  Chambre  serait  une  assemblée  permanente  comme  le  Sénat  ou  les  Conseils 


—  440  — 


Généraux.  Le  travail  législatif  y  gagnerait;  le  commencement  et  la  fin  d  une  législature 
entièrement  renouvelée  sont  peu  productifs  au  point  de  vue  des  résultats  unies.  C’est  là  une 
des  causes  pour  lesquelles,  de  tant  de  promesses  faites  aux  électeurs,  il  y  en  a  eu  si  peu 

d'exécutées, 

Pai  signé  de  nombreuses  propositions  de  loi  et  en  ai  déposé  plusieurs,  telles  sont; 

r  Proposition  ayant  pour  objet  d’ouvrir  au  Ministère  de  l'Intérieur,  sut  l’exercice  1899, 
un  crédit  de  100.000  francs  destiné  à  venir  en  aide  aux  populations  de  l’arrondissement  de 
Flrioude  (Haute-Loire),  éprouvées  par  les  orages  et  inondations  de  l'Ailier  pendant  l’été  et 
l’automne  de  1899  ; 

Proposition  de  loi  avant  pour  objet  d’ajouter  les  officiers  ministeriels  aux  citoyens 
désignés  dans  l’article  31  de  la  loi  du  29  juillet  1881  sur  la  liberté  de  la  presse; 

3°  Proposition  de  loi  ayant  pour  objet  d’ouvrir  aux  Ministères  de  l’Agriculture  et  de  1  In¬ 
térieur,  sur  l’exercice  1900.  un  crédit  de  200.000  francs  pour  venir  en  aide  aux  habitants 
des  communes  de  Blesle  et  Saint-Étienne-sur-Bleslc  (Haute-Loire),  et  réparer  les  dégâts 

causés  par  un  orage  aux  chemins  vicinaux  et  ruraux  de  ces  communes; 

V  Proposition  de  loi  avant  pour  objet  d’ouvrir  aux  Ministères  de  1  Intérieur  et  de  1  Agri¬ 
culture,  sur  l’exercice  1900, 'un  crédit  de  35.000  francs  pour  indemniser  les  victimes  de  l’orage 

du  2  octobre,  dans  la  commune  d’Autrac  (Haute-Loire); 

5°  Proposition  de  loi  tendant  à  modifier  l’article  8,  §  IV,  de  la  loi  du  21  mai  1830,  sur  les 
chemins  vicinaux  ; 

6°  Proposition  de  loi  ayant  pour  objet  d’ouvrir  au  Ministère  de  Tlntèneor,  sur  1  exercice 
1901,  un  crédit  extraordinaire  de  500.000  francs,  destiné  à  secourir  les  habitants  des  can¬ 
tons  de  Paulbaguet,  Brïoude  et  Blesle  (Haute-Loire),  victimes  des  orages  du  9  juin  1901  ; 

70  proposition  de  loi  tendant  à  l’ouverture  d’un  crédit  de  300.000  francs  au  Ministère 
de  l’Intérieur,  sur  l’exercice  1901,  pour  venir  en  aide  aux  populations  de  l’arrondissement 
de  Mou  de,  victimes  des  orages  et  des  inondations  du  mois  de  septembre  1901; 

8n  proposition  de  loi  ayant  pour  objet  de  créer  au  Ministère  de  l’Agriculture  une  caisse 
de  secours  destinée  à  indemniser  les  cultivateurs  victimes  des  intempéries  (orages,  grêles, 
gelées,  inondations). 

Pour  les  questions  intéressant  plus  spécialement  l’arrondissement,  j’ai  demandé  et 
obtenu  des  études  en  vue  de  la  construction  de  chemins  de  fer  concédés  à  la  Compagnie  du 
Midi,  du  pont  de  Montgon  (Cantal)  à  Arvaut  on  toute  autre  direction  à  établir  par  des  com¬ 
missions  compétentes.  Des  études  ont  été  faites  en  vue  de  cette  construction  dans  plusieurs 
parties  de  notre  arrondissement,  l’ai  obtenu  la  création  d’une  chaire  spéciale  d  agriculture 
qui  rendra  les  plus  grends  services  à  nos  agriculteurs,  de  môme  que  j’ai  obtenu  d’impor¬ 
tants  secours  pour  les  orages  qui  ont  éclaté,  en  1901,  sur  notre  arrondissement.  3e  n’ai  pas 
à  parler  ici  de  mon  intervention  en  faveur  des  communes  ou  pour  faire  rendre  justice  à  nos 

concitoyens,  p 

A  vous  de  dire  si  vous  estimez  que  jTai  rempli  mon  mandat  en  bon  citoyen  ;  je  serai  fier 
de  votre  approbation  si  vous  déclarez  que  je  suis  resté  fidèle  h  mes  promesses  et  à  mes 
principes  républicains!  Vive  la  République! 

Le  président  invite  les  électeurs  qui  auraient  des  questions  à  poser  ou  dos  explications 
à  demander  au  Députe,  à  se  faire  connaître. 

Personne  ne  s’étant  présenté,  le  président-met  aux  voix  l’ordre  du  jour  ci-dessous,  qui 
est  adopté  à  la  presque  unanimité  des  électeurs  présents  ; 

<t  Les  électeurs  républicains  de  l’arrondissement  de  Brioude,  réunis  au  nombre 
de  1.200,  après  avoir  entendu  le  compte  rendu  de  sou  mandat  fait  par  M.  Devins,  Député, 
et  ses  explications  sur  ses  votes,  approuvent  entièrement  sa  conduite,  lui  demandent 
de  présenter  à  nouveau  sa  candidature  républicaine,  vraiment  démocratique,  et  prennent 
l’engagement  de  la  soutenir  énergiquement  et  de  la  faire  triompher  le  27  avril!  » 


—  44 1  — 


Na  1462 


lre  circonscription  du  FU  F 
M.  Y  IGG  U  ROUX 

Elu  an  1er  tour  de  scrutin,  —  10,110  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Mes  actes  ont  prouvé,  mieux  que  des  paroles,  la  sincérité  de  mes  opinions  républicaines* 
dont  personne  n’a  jamais  douté  de  bonne  foi.  J’ai  conscience  d’avoir  fidèlement  rempli  mon 
mandat,  et  le  témoignage  des  élus  du  suffrage  universel,  les  plus  qualifiés  pour  parler  en 
connaissance  de  cause,  me  permet  de  dédaigner  les  insinuations  perfides  et  les  attaques 
mensongères  dont  je  suis  l'objet  depuis  5  ou  6  mois. 

De  même  que  j'ai  exécuté  sur  tous  les  points  le  programme  que  vous  avez  ratifié  par 
une  éclatante  majorité  en  septembre  19130,  de  même,  j'exécuterai  intégralement  les 
différentes  parties  de  celui  que  je  soumets  aujourd’hui  à  votre  approbation. 

Au  point  de  vue  politique,  partisan  convaincu  de  l’union  entre  républicains,  j’ai  refusé 
et  je  refuserai  de  suivre  aveuglément  un  Ministère  dont  je  n'ai  jamais  compris  le  but 
mystérieux  et  dont  le  triomphe,  divisant  notre  parti,  l’affaiblirait,  d’une  part,  au  profit  des 
réactionnaires,  d’autre  part  au  profit  des  révolutionnaires.  La  nécessité  de  maintenir,  à 
tout  prix,  la  force  économique  de  noire  pays  impose,  à  tous  les  bons  Français  le  devoir  de 
mettre  un  terme  aux  discussions  haineuses  et  sans  issue  qui  paralysent  depuis  3  ans  notre 
activité  nationale* 

Fidèle  aux  principes  formulés  par  la  Déclaration  immortelle  des  Droits  de  Hiomme  et 
du  citoyen,  je  respecte  la  liberté  de  croire  aussi  bien  que  la  liberté  de  penser.  C'est 
pourquoi,  si  je  désire  l'extension  et  ïe  perfectionnement  ae  l’enseignement  laïque,  je  ne 
Yeux  pas  m’associer  aux  nouvelles  atteintes  qui  pourraient  être  portées  à  la  liberté  d’asso¬ 
ciation  ou  à  la  liberté  d’enseignement,  que  je  suis  résolu  à  maintenir  avec  les  plus  grands 
penseurs  de  notre  époque,  l’immense  majorité  des  professeurs  de  l’Université,  nos  deux 
émiaents  sénateurs  et  la  plupart  des  363  qui  sont  encore  députés. 

Passionnément  attaché  au  régime  parlementaire,  —  régime  discrédité  par  ceux-là 
même  qui  entravent  son  fonctionnement  normal,  —  je  soutiendrai,  jusqu’à  ce  qu’elles 
aieut  été  adoptées,  les  réformes  que  j’ai  eu  l’honneur  de  proposer  avec  André  Berthelot 
pour  améliorer  nos  méthodes  de  travail,  empêcher  le  retour  des  incidents  fâcheux  qui  ont 
marqué  la  fin  de  cette  législature,  obliger  la  Chambre  des  députés  à  voter  des  budgets 
sincères  et  l’engager  enfin  dans  la  politique  d'économies  que  le  pays,  las  de  supporter  des 
impôts  toujours  croissants,  réclame  impérieusement* 

Dans  le  même  esprit,  je  réclamerai  la  réforme  des  contributions  directes  qui  pèsent 
trop  lourdement  sur  nos  campagnes,  désertées  tous  les  jours  pour  les  grandes  villes,  et  la 
diminution  des  frais  de  justice. 

Fai  voté  et  je  voterai  de  nouveau  la  réduction  du  service  militaire  à  2  ans  parce  que 
j'estime  qu’elle  ne  diminuera  pas  ia  force  de  notre  armée  et  qu’elle  permettra  à  nos 
agriculteurs,  à  nos  industriels  et  à  nus  commerçants  de  lutter  plus  facilement  contre  la 
concurrence  étrangère,  —  surtout  si  elle  est  combinée  avec  3a  réforme  de  l’enseignement, 
qui  devrait  être  mieux  adapté  aux  besoins  de  notre  démocratie. 

Au  point  de  vue  agricole,  jTai)a  satisfaction  d'avoir  pu  contribuer  à  la  réalisation  d’une 
partie  de  mon  programme,  spécialement  en  ce  qui  concerne  l’amélioration  des  lois  et 
règlements  relatifs  à  la  tuberculose  bovine.  Je  poursuivrai,  avec  la  même  ténacité,  i’uccom- 
plissement  des  réformes  que  j’ai  préconisées,  surtout  en  ce  qui  touche  la  protection  des 


50 


paysans  contre  la  grêle  et  la  mortalité  du  bétail,  et  je  continuerai  à  défendre  les  maréchaux- 
ferrants  contre  des  attaques  dont  les  propriétaires  de  bestiaux  seraient  les  premières 
victimes. 

Je  continuerai  aussi  à  soutenir  les  revendications  des  Chambres  syndicales  des 
fabricants  de  dentelles  du  Puy  et  de  Craponne,  de  la  Chambre  de  commerce,  du  Syndicat 
des  liquides  et  de  la  Chambre  syndicale  des  cafetiers  et  limonadiers,  parce  que  l’étude  de 
ces  revendications,  faites  d’un  commun  accord  avec  leurs  représentants  autorisés,  m’a 
démontré  qu’elles  étaient  légitimes  et  conformes  à  l’intérêt  général. 

rapporterai  toujours  la  même  attention  à  l’examen  des  questions  qui  m’auront  été 
signalées  par  les  corps  élus,  les  corporations  et  tes  électeurs  intéressés,  et  je  resterai 
fidèle  à  mes  promesses  comme  fai  été  fidèle  à  celles  que  j’avais  faites  en  septem¬ 
bre  1900. 

Je  suis  fier  de  vous  représenter,  vous  qui  avez  affirmé,  avec  tant  d’énergie,  votre 
volonté  de  rester  libres  et  indépendants  ;  et,  persuadé  que  la  corruption  —  même  appuyée 
par  l'Intimidation,  la  violence  ot  ta  ruse  —  n'ébranlera  pas  la  fermeté  de  vos  convictions, 
je  viens,  de  nouveau,  plein  de  confiance,  solliciter  vos  suffrages  et  vous  demander  le 
renouvellement  d’un  mandat  honnêtement  et  loyalement  rempli. 

Vive  la  République  démocratique  ! 

Louis  YIGOURQÜX,  Député  sortant. 


2e  circonscription  du  PUY 

M.  Joseph  DURAND 

Élu  au  l*r  tour  de  scrutin.  —  8.79/*  voix. 


Chers  Concitoyens, 

Les  représentants  de  notre  circonscription  au  Conseil  général  m’ont  demandé  de  me 
présenter  à  vos  suffrages.  Ce  choix,  déjà  ratifié  par  de  nombreuses  adhésions,  est  pour  mai 
un  grand  honneur.  Il  est  pour  vous  un  sûr  garant  de  la  sincérité  de  mes  convictions 
républicaines  et  de  mon  dévouement  aux  intérêts  de  nos  cantons. 

La  République  est  aujourd’hui  assez  solidement  assise  pour  défier  toutes  les  attaques. 
Si  elle  doit,  par  la  fermeté  et  la  sagesse  de  son  Gouvernement,  rendre  impossible  tout 
retour  offensif  de  ses  adversaires,  elle  a  aussi  le  devoir  de  ramener  dans  les  esprits  le 
calme  et  l’apaisement.  Elle  se  doit  avant  tout  à  elle-même  de  rester  fidèle  aux  grands 
principes  libéraux  qui  sont  à  la  fois  sa  raison  d’être,  sa  force  et  son  honneur.  Elle  doit 
assurer  à  tous,  sans  distinction  d’opinions  et  de  croyances,  le  bienfait  de  la  liberté,  l’une 
des  plus  précieuses  conquêtes  de  la  Révolution. 

C’est  donc  au  nom  du  principe  républicain  que  je  défendrai  la  liberté  sous  tontes  se? 
formes  :  liberté  de  conscience,  liberté  d’enseignement,  liberté  d’association,  liberté  du 
travail,  etc. 

Je  vois,  dans  le  maintien  et  la  loyale  interprétation  du  Concordat,  le  meilleur  gage  d® 
la  paix  religieuse. 

L’armée  est  la  sauvegarde  de  l’indépendance  nationale.  Elle  doit  être  défendue  centre 
les  tentatives  do  tous  ceux  qui  cherchent  à  introduire  la  politique  dans  ses  rangs  ou  a 
relâcher  les  liens  de  la  discipline.  La  réduction  du  service  militaire  aurait  les  conséquence? 


N°  1162 


—  443  — 

les  plus  heureuses  et  elle  devra  être  acceptée  dès  que  les  mesures  nécessaires  auront  été 
prises  pour  ne  pas  compromettre  l'intérêt  supérieur  de  la  défense  nationale. 

Partisan  du  progrès  social,  j'estime  que  l'évolution  doit  se  faire  librement  et  pacifique** 
nient.  D’autre  part  les  œuvres  d’as&istance,  de  mutualité  et  de  prévoyance,  si  propres  à 
améliorer  le  sort  des  humbles,  doivent  être  encouragées  et  développées. 

La  situation  financière  du  pays  doit  solliciter  constamment  l'attention  du  législateur, 
car  nos  finances,  comme  nos  armées,  sont  le  gage  de  notre  indépendance.  Maintenir 
rigoureusement  l'équilibre  de  nos  budgets,  éliminer  toutes  les  dépenses  inutiles,  subor¬ 
donner  strictement  les  dépenses  nouvelles  à  la  progression  continue  des  recettes,  et  enfin 
entreprendre  résolument  l'amortissement  effectif  de  la  dette  publique,  telles  sont,  à  mon 
avis,  les  principales  règles  dont  l'observation  peut  contribuer  a  l'allégement  de  nos  charges 

fiscales.  , 

Notre  agriculture  traverse  une  crise  longue  et  douloureuse  qui  se  traduit  par  la  dépré¬ 
ciation  du  sol  et  la  dépopulation  des  campagnes.  Les  mesures  prises  pour  remédier  à  cette 
situation  sont  insuffisantes  et  doivent  être  complétées  par  d'autres  dispositions  telles  que  la 
réduction  et  une  meilleure  répartition  des  charges  fiscales,  l'extension  des  voies  de 
communication,  la  révision  des  tarifs  de  chemin  de  fer,  la  réduction  des  frais  de  justice, 
l’organisation  du  service  sanitaire  des  animaux  domestiques,  l'institution  de  Chambres 
consultatives  d'agriculture,  le  développement  des  œuvres  de  prévoyance  et  de  mutualité. 

Mais,  pour  aboutir,  tous  les  projets  de  réforme  doivent  avoir  comme  préliminaires  la 
réconciliation  de  tous  les  républicains  qui  songent  avant  tout  aux  Intérêts  permanents  du 
pays  et  la  concentration  de  tous  les  efforts  vers  ce  but  élevé  :  la  grandeur  et  la  prospérité 
de  la  Patrie  et  de  la  République. 


Joseph  DURAND, 

Docteur  eu  droit,  conseiller  général. 


Circonscription  d'YSSINGEAUX 
M.  Ad.  MICHEL 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  10.615  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Les  pressantes  sollicitations  qui  me  sont  venues,  du  Comité  del'Ünîon  libérale  et  de 
tous  les  points  de  l'arrondissement,  de  faire  proclamer  sur  mon  nom  une  candidature  fran¬ 
chement  indépendante,  libérale  et  aûüministérieüe,  me  tracent  un  devoir  auquel  je  ne  puis 
me  dérober. 

Je  viens  donc  me  présenter  à  vos  libres  su  tirages  pour  P  élection  législative  du 
27  avril. 

Vous  me  connaissez  tous  comme  je  vous  connais.  Depuis  plus  de  trente  ans,  en  effet, 
je  suis  établi  dans  le  chef-lieu  de  la  circonscription  où,  dans  un  rayon  assez  étendu,  ma 
profession  m'a  mis  en  contact  journalier  avec  les  riches  et  les  pauvres,  les  habitants  de  la 
ville  et  des  champs,  À  aucun  je  n'ai  mesuré  ni  mes  services,  ni  mon  dévouement. 

D'autre  part,  je  suis  né  dans  le  canton  de  Montfaucon  d’une  famille  qui  depuis  combien 
de  générations  y  vit  de  la  vie  simple,  honorable  et  laborieuse  qui  est  la  vôtre,  agriculteurs 
de  notre  région. 


Vive  la  France! 

Vive  là  République  ! 


—  444  — 


G’est  dans  ce  milieu  que  f  ai  puisé  les  principes  de  foi  robuste,  de  fière  indépendance, 
de  conservation  sociale  que  je  voudrais  pouvoir  défendre  contre  les  lois  francs-maçonnes 
que  nous  a  déjà  imposées,  et  dont  no«s  menace  encore,  un  gouverneoient  qui  remorque 
après  îui  les  sans-® eu  et  les  sans-Patrïe, 

Libérai,  je  veux  toutes  les  libertés  sages  et  honnêtes  : 

Liberté  d'enseignement  à  tous  ses  degrés,  sans  entrave  perfide  ou  déclarée,  et  droit 
absolu  du  père  de  famille  de  choisir  pour  ses  enfants  les  maîtres  qui  lui  conviennent  ; 

Liberté  d’association  sans  les  restrictions  si  injustement  faites  au  préjudice  des  congré¬ 
gations  religieuses. 

C’est  vous  dire  que  ma  candidature  est  une  protestation  et  que,  si  vous  me  faites  l’hon¬ 
neur  de  m’envoyer  siéger  au  Parlement,  je  m’y  associerai  à  toute  motion  tendant  à  l’abro¬ 
gation  de  la  loi  contre  les  congrégations  et  au  maintien  de  la  loi  Falloux. 

En  un  mot,  je  respecte  toutes  les  religions  comme  je  veux  que  l’on  respecte  la  mienne; 
je  veux  pour  tous,  prêtres,  religieux,  laïques,  les  mêmes  garanties  et  les  mêmes  droits. 

Ainsi,  je  me  déclare  plus  républicain,  dans  le  vrai  sens  du  mot,  que  tous  les  sectaires 
ambitieux  qui  confisquent  la  chose  publique  à  leur  profit  et  font  de  ce  gouvernement  un 
gouvernement  d'injustice,  de  proscription  et  de  discorde. 

Je  suis  partisan  de  la  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans,  même  à  un  an,  pourvu 
que  cette  mesure  soit  entourée  des  garanties  nécessaires  à  la  sécurité  nationale. 

Je  suis  opposé  à  tout  gaspillage  des  finances,  afin  que  le  budget  ne  soit  pas  continuel¬ 
lement  en  déficit  et  que  pour  l’équilibrer  on  n’ait  pas  à  recourir  à  des  impôts  nouveaux,  les 
contribuables  en  étant  déjà  accablés,  et  surtout  les  travailleurs  de  la  terre. 

Agriculteurs,  voua  avez  toutes  mes  sympathies  :  la  terre  est  la  nourrice  de  la  France, 
profégeons-la  contre  les  meuacesdu  socialisme. 

Il  faut  encourager  les  comices,  syndicats  et  caisses  de  crédit  agricoles,  favoriser  le 
repeuplement  des  bois  et  défendre  les  produits  de  notre  sol  contre  la  concurrence  étrangère. 

Industriels,  j’appelle  de  tous  mes  yœux  une  ère  de  progrès  et  de  prospérité  pour  ie 
commerce  et  l'industrie  dans  notre  arrondissement,  et  particulièrement  sur  ces  belles 
industries  de  la  soie  et  de  la  dentelle  qui  font  tourner  tant  de  fuseaux,  battre  tant  de 
métiers,  et  sont  le  gagne-pain  de  beaucoup  de  familles  dans  nos  montagnes. 

J’encouragerai  de  tous  mes  efforts  l’emploi  de  nos  chutes  et  de  nos  cours  dJeau  pour 
l’industrie. 

En  ce  qui  concerne  îa  dérivation  des  eaux  du  Lignon,  je  m'efforcerai  d’obtenir  :  1°  que 
les  communes  riveraines  soient  suffisamment  dédommagées  du  préjudice  qu’elles  pourraient 
subir  de  ce  fait;  2°  que  la  part  de  forces  motrices  réservée  à  notre  arrondissement  soit 
vendue  moins  cher  chez  nous  qu’à  Saint-Étienne,  afin  d’appeler  dans  notre  région  l’établis^ 
sement  d’usines  et  de  manufactures;  3°  que  la  concession  puisse  revenir  aux  communes 
riveraines  du  Lignon  dans  un  délai  prévu. 

Mes  chers  Concitoyens, 

La  forme  du  Gouvernement  n’est  pas  en  cause.  J’élève  mon  drapeau  au-dessus  de  toute 
étiquette  exclusive,  de  toute  considération  mesquine;  je  n’y  inscris  que  deux  mots  ;  «  Dieu 
et  Patrie  ». 

H  peut  ainsi  abriter  dans  ses  larges  plis  toutes  les  traditions  respectables  en  même 
temps  que  toutes  les  revendications  justes  et  tous  les  progrès  désirables. 

U  était  le  drapeau  de  nos  pères,  tenons-le  haut  et  ferme  pour  le  transmettre  à  nos 
enfants  î 

Dr  Ad.  MICHEL, 

Conseiller  général,  ancien  maire  d’Yssingeaux, 
Candidat  indépendant  libéral. 


LOIRE-INFERIEURE 


Circonscription  d'ANCENIS 
M.  le  marquis  de  LÀ  FERRONNÀYS 
Élu  au  1er  tour  de  scrutin»  —  9*488  voix. 


Electeurs,  mes  fidèles  Amis, 

Pour  la  cinquième  fois,  je  viens  vous  demander  l'honneur  de  vous  représenter  à  la 
Chambre  des  Députés,  et,  jamais  encore,  les  circonstances  dans  lesquelles  je  me  suis 
adressé  à  vous  n’ont  eu  une  pareille  gravité, 

L- existence  même  de  la  Patrie  est  en  jeu  I 

Depuis  trois  ans,  toutes  les  forces  qui  font  la  grandeur  morale  et  matérielle  d’ua  pays 
et  qui  garantissent  sa  sécurité,  ont  été  journellement  sapées  par  des  ministres  qui  préten¬ 
daient  ainsi  défendre  la  République  : 

Dreyfus  gracié,  la  conscience  nationale  révoltée  n’ayant  pas  permis  qu’il  fût  amnistié  ; 

Marchand,  notre  glorieux  soldat,  forcé,  sur  un  ordre  venu  de  Paris,  de  livrer  à  l’Angle¬ 
terre,  avec  Fachoda,  les  richesses  de  l’Afrique  centrale  dont  il  avait  doté  la  France; 

Les  associations  chrétiennes  bannies,  mises  hors  du  droit  par  une  loi  inique,  obligées 
de  chercher  dans  l’exil  la  liberté  de  prier  Dieu  suivant  leur  vocation  ; 

Les  grèves  encouragées  par  la  présence  dans  ie  cabinet  du  premier  des  collectivistes, 
rainant  l’industrie  française  au  profit  des  usines  anglaises  et  allemandes; 

La  franc-maçonnerie  triomphante  avouant  cyniquement  son  dessein  d’asservir  les 
consciences,  l’armée  et  la  justice; 

Et,  comme  conséquence  de  ces  trois  aimées  de  folie,  le  déficit,  si  considérable  qu’il 
n’est  plus  possible  de  le  dissimuler,  les  caisses  de  l’État  à  sec,  comme  a  dû  l’avouer  le 
Ministre  des  Finances  lui-même,  dans  une  récente  séance  de  la  Chambre;  les  Impôts  tou¬ 
jours  croissants,  malgré  un  dégrèvement  dont  au  mois  d'août  dernier  le  Conseil  général 
vous  a  largement  étendu  le  bénéfice. 

Ce  n’est  là  qu’un  résumé  incomplet  de  l’œuvre  néfaste  du  Ministère  ;  et  voilà  pourquoi 
d’un  bout  de  la  France  à  l’autre,  tous  les  bons  citoyens  se  sont  unis  contre  lui,  oubliant 
leurs  divisions  passées  dans  un  commun  amour  de  la  Patrie  1 

Défaire  le  mal  accompli  par  la  dernière  Chambre,  accomplir  le  bien  qu’elle  n’a  pas 
fait  ;  voilà  tout  leur  programme! 

Nous  voulons  rendre  à  Ja  religion  la  liberté,  à  l’armée  le  respect,  à  la  justice  l'indépen¬ 
dance. 

Nous  voulons  demander  aux  institutions  si  fécondes  de  la  mutualité  la  solution  de  la 
plupart  des  difficultés  sociales  en  faisant  un  appel  impartial  à  tous  les  hommes  de  bonne 

volonté* 

Nous  voulons  protéger  l’agriculture  contre  les  spéculateurs  cosmopolites  et  alléger  les 
charges  militaires  dans  la  mesure  compatible  avec  la  sécurité  de  nos  frontières* 


—  446  — 

Nous  voulons  mettre  un  terme  au  gaspillage  des  finances,  car  l’économie  peut  seule 

assurer  la  rédaction  des  impôts*  . 

Nous  voulons,  enfin,  un  Gouvernement  franchement  honnête,  loyalement  Français,  res- 

pectueux  de  la  volonté  nationale* 

Je  suis  certain  que  sur  tous  ces  points  nous  sommes  d’accord  et  je  vous  donne  avec 
confiance  rendez-vous  au  27  avril. 


Vive  la  France!  Vive  la  liberté  ! 


Marquis  de  LA  FERRONNAYS, 
Président  du  Conseil  général, 
Député  sortant. 


Circonscription  de  CHATEAUBRIANT 

M.  le  Comte  Ch.  GlNOUX-DËFERMON 
Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  14-231  voix. 


Messieurs  et  chers  Concitoyens, 

Vous  rn’aVéz,  par  12.861  voix,  élu  Votre  Députe  ie  24  mars  1901. 

Je  ne  vous  ferai  pas  de  nouvelle  profession  de  foi.  ... 

Ce  que  j’étais  il  y  a  un  an,  je  le  suis  encore  aujourd’hui;  et,  comme  vous,  je  n  ai  pas 

jSc  donne  rèndez-Voüs  le  27  avril  à  tous  ceüx  qui  veulent  un  Gouvernethent  honnête, 
respectueux  de  toutes  les  libertés  et  de  la  volonté  nationale. 


Vive  la  France  !  Vive  la  liberté  ! 


Ch.  GlNOUX-DÉFËRMON, 
Conseiller  général  dé  la  Loire-Inférieure, 
Maire  de  Moisdori-la-Rmëre, 
Député  sortant. 


l?a  Circonscription  dé  NANTES 

M.  S1B1LLE 

Élu  au  lBr  tour  de  scrutin.  —  8.815  Yûix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Le  Comité  central  républicain  de  Nantes  a  arrêté  le  programme  suivant  : 

Politique  générale. 

1.  —  Application  d’une  politique  nettement  républicaine. 

2.  _  Suprématie  du  pouvoir  civil. 

3.  Maintien  de8  lois  scolaires;  liberté  de  l’enseignement  sous  le  contrôle  vraiment 
efficace  de  l’État, 


44  7  — 


H  62 


4.  —  Liberté  de  conscience.  Stricte  application  du  Çctpdqrdat- 

5.  —  Réduction  des  charges  publiques.  et  leur  répartition  de  plus  en  P'u?  équitable 
selon  les  facultés  de  chacun  ;  suppression  de  l’initiative  parlementaire  en  matière  budgé¬ 


taire;  révision  des  impôts  indirects  et  suppression  du  privilège  des  houilleurs  de  crm 

0,  —  Protection  du  commerce  dé  détail  par  une  meilleure  répartition  des  patentes, 

7.  -T-  Réduction  des  frais  de  justice, 

8.  tt  Organisation  de  retraites  pour  la  vieillesse, 

9.  —  Protection  de  la  santé  publique. 

1 Q.  —  Liberté  du  travail, 

Jl,  -r-  Respect  de  la  propriété  individuelle,, 

12.  —  Interdiction  du  vote  par  mandataire. 

13.  —  Service  militaire  obligatoire  pour  teqg;  réduction  de  sa  durée  dans  la  mesure 
compatible  avec  la  défense  nationale;  encouragements  aux  sociétés  de  gymnastique  et 
de  tir. 

lé.  —  Révision  de  la  loi  du  30  juillet  1885,  de  manière  que  la  limite  de  l’aggloméra¬ 
tion  d’une  ville  soit  la  ménas  que  celle  de  l’octroi. 

15.  —  Abrogation  de  la  loi  qui  confie  aM  çppsejli  généraux  le  droit  de  sectionner  les 


communes, 


Poiitiÿtié  loç(iie. 


1.  —  Exécution  d’une  voie  navigable  entre  Nantes  et  Orléans  et  prolongements.  Appro¬ 
fondissement  de  la  Loire  maritime  et  complément  de  l’outillage,  de  Nantes. 

2.  —  Obligation  pour  l’État  de  s’approvisionner  chez  nos  nationaux  et  de  n’aeheter  à 
l’étranger  que  ce  qu’il  lui  est  impossible  de  se  procurer  en  France. 

3.  —  Concession  à  l’industrie  française  des  fournitures  de  conserves  alimentaires 
pour  lé  guerre,  la  marine  et  les  coiqpies. 

fi.  —  Maintien  aux  ateliers  civils  des  fournitures  d’équipement  militaire* 


Ce  programme  est  le  mien. 

Si  vous  me  continuez  votre  confiance,  vous  me  trouverez  toujours  prêt  à  défendre  vos 
intérêts  légitimes,  étranger  aux  coteries,  fermement  attaché  aux  principe^  de  la  Révolution 
française  et  résolu  à  poursuivre  l 'accomplissement  d’un  programme  républicain  4e,  liberté, 
de  progrès,  d’égalité  et  de  solidarité  sociale. 

C’est  sous  le,  patronage  du  Comité  central  républicain  que  je  me  présente  à  vos 
suffrages. 

Maurioe  SIB1LIC, 

Conseiller  général.  Député  sortant. 


Chers  Concitoyens, 

Je  viens  une  fois  dé  plus  solliciter  vos  suffrages- 

Ayant  conscience  d’avoir  rempli  fidèlement  Ip  nflancUt  que  vous  m’aye?  confié,  je  yop 
demande  de  me  le  renouveler. 


Mon  intervention  dans  les  débats  parlementaires. 

Poussé  par  le  désir  de  procurer  du  travail  aux  ouvriers,  je  me  suis  attaché  à  l’étude  de? 
questions  commerciales  et  industrielles. 

A  la  Commission  des  douanes,  j’ai  combattu  une  proposition  qui,  établissant  des  droits 


—  448  — 


sur  les  graines  oléagineuses,  aurait  causé  un  grave  préjudice  à  de  grandes  usines,  telles  que 
huileries,  savonneries,  fabriques  de  conserves  alimentaires,  etc. 

A  la  Chambre  des  Députés,  j’ai  indiqué  les  mesures  à  prendre  pour  arriver  à  la  simpli¬ 
fication  des  tarifs  de  petite  vitesse  sur  les  grands  réseaux  de  chemins  de  fer  —  j’ai  obtenu, 
en  faveur  des  chantiers  de  construction  navale,  d’importantes  modifications  au  projet  de  loi 
sur  la  marine  marchande  et  c’est  sur  mon  rapport  qu’ont  été  approuvés  les  plans  des  grands 
travaux  exécutés  à  l’heure  actuelle  dans  le  port  de  Nantes  :  suppression  de  file  Mabon, 
construction  d’estaçades,  agrandissement  de  la  gare  des  chemins  de  fer  de  1  État. 

Préoccupé  du  sort  des  travailleurs,  j’ai  réclamé  l’extension  de  la  juridiction  des 
prud’hommes  —  la  création  de  petites  pensions  viagères  an  profit  des  septuagénaires  ou 
des  infirmes  —  l’insertion,  dans  la  loi  sur  tes  retraites  ouvrières,  d’une  disposition  sauve¬ 
gardant  les  intérêts  des  mutualistes  et  de  tous  les  déposants  à  la  Caisse  nationale  des 
retraites  pour  la  vieillesse. 

Mon  Programme . 

Mon  programme  est  celui  du  Comité  centrai  républicain.  Vous  le  connaissez;  il  a  été 
publié  dans  les  journaux  et  affiché  sur  les  murs. 

Voulant  diminuer  le  nombre  de  ceux  que  la  misère  accable,  je  poursuivrai  le  dévelop¬ 
pement  des  œuvres  de  mutualité  et  la  réorganisation  de  l’assistance  publique. 

Je  suis  toujours  contre  le  collectivisme;  car  pour  réaliser  dans  l’ordre  social  des 
réformes  vraiment  fécondes,  il  est  des  méthodes  plus  sûres  que  la  guerre  des  classes  et  la 
révolution  sociale. 

Républicain,  je  reste  fidèle  à  un  haut  idéal  de  liberté,  de  justice  et  de  progrès. 

Le  véritable  Programme  de  M.  Brunellière. 

M.  Brunellière,  dans  une  lettre  au  Populaire,  répudie  le  patronage  trop  compromettant 
de  son  ancien  ami,  M.  Jules  Guesde. 

Mais  le  mois  dernier,  il  représentait  au  Congrès  de  Tours  la  Fédération  socialiste  bre¬ 
tonne,  donnait  son  adhésion  à  un  nouveau  programme,  et,  dans  une  déclaration  de  prin¬ 
cipes,  définissait  ainsi  le  but  de  l’action  de  son  parti  ; 

«  Organisation  politique  et  économique  du  prolétariat  en  parti  de  classe  pour  la  con¬ 
quête  du  pouvoir  et  la  socialisation  des  moyens  de  production  et  d’échange,  c’est-à-dire  la 
transformation  de  la  société  capitaliste  en  une  société  collectiviste  ou  communiste.  » 

Pourquoi  ne  vous  soumet-il  pas  cette  formule  qui  résume  sa  pensée? 

M.  Brunellière  se  dit, aujourd’hui  partisan  de  l'exteusion  des  libertés  publiques  et,  par 
l'intermédiaire  du  Comité  des  Vraies  Françaises,  affirme  qu’il  n’entend  pas  faire  la  guerre  à 
la  Religion. 

Il  a  pourtant  approuvé  le  cri  retentissant  du  socialiste  Viviani  :  «  Guerre  au  catholi¬ 
cisme!  »  Son  journal,  le  Rcveil  Social ,  blâmait  naguère  les  élus  républicains  qui  se  ma¬ 
rient  à  l’église,  reconnaissait  que  les  socialistes  s’attaquent  «  à  tous  les  vieux  dogmes 
croulants  de  religion  »  et  publiait  un  article  intitulé  ;  «  Les  Religions,  voilà  l’ennemi!  » 

Est-ce  ainsi  que  se  manifeste  le  respect  sincère  de  la  liberté  de  conscience? 

M.  Brunellière  vous  promet  la  réduction  du  service  militaire. 

Il  devrait  ajouter  qu’au  Congrès  de  Tours  il  s’est  engagé  à  réclamer  immédiatement  la 
substitution  des  milices  à  l’armée  permanente  et  qu’en  décembre  1901,  au  Comité  général 
socialiste,  après  s’être  élevé  contre  les  dépenses  milïiaires  et  les  dépenses  pour  la  flotte,  il 
a  «  réprouvé  les  votes  des  députés  socialistes  qui  se  sont  associés  aux  félicitations  adressées 
au  corps  expéditionnaire  de  Chine  ». 

En  réalité,  il  est  avec  ceux  qui  veulent  détruire  nos  institutions  militaires  et  qui,  s’ils 
étaient  les  maîtres,  livreraient  la  France  sans  défense  à  l’invasion  étrangère. 

Cette  attitude  de  M.  Brunellière  doit  nous  réjouir.  Elle  prouve  que  le  parti  socialiste 
n’ose  plus,  à  Nantes,  affronter  la  lune  avec  son  programme  et  avec  son  drapeau. 


—  m  - 


N° 1162 


Les  attaques  de  M >  Rappin . 

L’honorable  docteur  pose  sa  candidature,  parce  que,  dit-il,  des  réactionnaires  ont 
manifesté  l'intention  de  me  donner  leurs  suffrages. 

Qu’on  critique  mes  actes,  mes  votes,  mon  programme,  rien  de  plus  légitime.  Mais  qu’on 
porte  sur  moi  un  jugement  d’après  les  attitudes  oo  les  manifestations  d’autrui,  n’est-ce  pas 
profondément  injuste? 

Et  les  amis  de  M.  Rappin  ont-ils  donc  oublié  le  discours  prononcé  à  Montbrison  le 
9  mars  1895?  M.  Waldeck-Rousseau  pariant  d’adhésions  imprévues  que  peut  rencontrer 
parfois  un  vieux  et  sincère  républicain  disait  : 

«  Si  un  homme  politique  se  laissait  troubler  par  un  phénomène  au-si  inévitable,  il 
*  manquerait,  à  mon  sens,  de  raison  et  de  sagesse.  La  ligne  de  conduite  qui  lui  est  imposée 
«  me  paraît  bien  simple;  elle  consiste  à  demeurer  fidèle  à  ses  idées,  à  ses  principes  et  à 
«  les  appliquer  dans  un  large  esprit  de  liberté  et  de  tolérance.  Si  alors,  Messieurs,  il  est 
«  assez  heureux  pour  recueillir  des  adhésions  nouvelles,  il  s’en  réjouira.  » 

Ces  paroles  n’imposent-elles  pas  une  certaine  réserve  à  M.  Rappin?  Nul  n’ignore  que 
les  plus  chauds  partisans  de  sa  candidature  professent  pour  M.  Waldeck-Rousseau  une 
grande  admiration. 

Chers  Gondtoyens, 

Je  me  présente  à  vous  tel  que  j’ai  toujours  été,  tel  que  vous  m’avez  toujours  élu,  répu¬ 
blicain  dévoué  à  vos  intérêts,  résolu  à  défendre  toutes  vos  libertés  et  à  poursuivre  la  réali¬ 
sation  de  réformes  démocratiques. 

C’est  avec  confiance  que  j’attends  la  décision  du  suffrage  universel. 

Maurice  S1B1LLE,  Député  sortant, 
Conseiller  général. 


2e  circonscription  de  NANTES 

M.  ROCU 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  9.U7  voix. 

programme  du  comité  central  républicain 

Les  Comités  républicains  de  la  ville  de  Nantes  ont,  en  vue  des  élections  législatives 
du  27  avril,  arrêté  le  programme  suivant  : 

Ils  demandent  : 

I.  —  Politique  générale . 

1*  —  Application  d’une  politique  nettement  républicaine. 

2.  —  Suprématie  du  pouvoir  civil. 

3.  —  Maintien  des  lois  scolaires;  liberté  de  renseignement  sous  le  contrôle  efficace  de 
l'État. 


57 


—  4S0  — 


4.  —  Liberté  de  conscience.  Stricte  application  du  Concordat. 

5.  —  Réduction  des  charges  publiques  et  leur  répartition  de  plus  en  plus  équitable 
selon  les  facultés  de  chacun;  révision  des  impôts  indirects  et  suppression  du  privilège  des 
houilleurs  de  cru. 

6.  —  Protection  du  commerce  de  détail  par  une  meilleure  répartition  des  patentes, 

7.  —  Réduction  des  frais  do  justice. 

g.  —  Organisation  de  retraites  pour  la  vieil! fesse. 

9.  —  protection  de  la  santé  publique. 

10.  —  Liberté  du  travail* 

H.  —  Respect  de  la  propriété  individuelle. 

12,  —  Interdiction  du  vote  par  mandataire. 

13.  —  Service  militaire  obligatoire  pour  tous  ;  réduction  de  sa  durée  dans  la  mesure 
compatible  avec  îa  défense  nationale;  encouragement  aux  sociétés  de  gymnastique  et 
de  tir. 

H.  —  Révision  de  la  loi  du  30  juillet  1885,  de  manière  que  la  limite  de  l'aggloméra¬ 
tion  d’ime  ville  soit  ïa  même  que  celle  de  F  octroi. 

15.  —  Abrogation  de  la  loi  de  1871  qui  confère  aux  Conseils  généraux  le  droit  de  sec¬ 
tionner  les  communes. 

IL  —  Politique  locale . 

I.  —  Exécution  d’une  voie  navigable  entre  liantes  et  Orléans  et  prolongements.  Appro¬ 
fondissement  de  la  Loire  maritime  et  complément  de  l'outillage  du  Port  de  Nantes. 

2.  —  Obligation  pour  l’État  de  s'approvisionner  chez  nos  nationaux  et  de  n’acheter  à 
Rét  ranger  que  ce  qu’il  lui  est  impossible  de  se  procurer  eu  France. 

3.  —  Concession  à  l’industrie  française  des  fournitures  de  conserves  alimentaires  pour 
la  Guerre,  la  Marine  et  les  Colonies. 

4.  —  Maintien  aux  ateliers  civils  des  fournitures  d'équipement  militaire. 

Gustave  ROGH,  Député  sortant. 


3*  circonscription  de  NANTES. 

M.  le  marquis  DF,  DION 
Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  15.815  voix. 


Messieurs  et  chers  Concitoyen  s. 

Né  et  élevé  au  milieu  de  vous,  je  me  présente  à  vos  suffrages,  parce  que,  consacrant 
depuis  de  longues  années  ma  vie  aux  affaires,  je  crois  pouvoir  défendre  utilement  vos 
intérêts,  si  vous  m’en  confiez  la  charge. 

Mes  opinions  sont  certainement  les  vôtres  :  je  place  au-dessus  de  toute  espèce  de  parti 
le  drapeau  national  ;  je  suis  avec  ceux  qui  le  veulent  respecté,  honoré  et  inlangible  toujours- 
Aussi,  je  suis  l'adversaire  déclaré  du  Ministère  actuel  qui  opprime  notre  cher  pays,  le  con¬ 
duit  à  la  honte  et  à  la  ruine. 

.le  combattrai  sans  relâche  ce  gouvernement  à  la  solde  des  juifs  et  des  francs-maçons, 
qui  s’attaque  a  tout  ce  que  nous  aimons  et  à  tout  ce  que  nous  respectons. 

Je  suis  partisan  résolu  de  ta  liberté  de  conscience,  de  la  liberté  d'enseignement,  de  la 
liberté  d'association- 


—  451 


K°  1162 

Je  demande  le  service  d’un  an,  après  avoir  assuré  Ja  solidité  de  l'armée  par  de  puis¬ 
sants  cadres  de  rengagés. 

Je  demande  que  les  finances  de  l’État  soient  gérées  comme  les  lïnances  d'une  société 
industrielle  sérieuse. 

Je  demande  enfin  à  sortir  du  gâchis  et  de  la  confusion  des  pouvoirs,  pour  rentrer  dans 
Perdre,  I économie  et  l’égalité  devant  la  loi* 

Je  suis  l'ennemi  irréconciliable  de  ce  régime  parlementaire  qui  n’a  plug  à  faire  ses 
preuves  d’impuissance  et  d’ignominie. 

Je  veux  que  la  souveraineté  nationale  s’affirme  en  toute  liberté  et  soit  au-dessus  de 
toute  forme  de  Gouvernement. 

Je  ne  vous  ferai  pas,  mes  chers  Concitoyens,  de  vaines  promesses,  mais  je  m’engage  à 
me  montrer  inébranlable  dans  la  défense  de  nos  convictions  religieuses,  du  drapeau,  de  la 
liberté  et  des  intérêts  de  la  France. 

Marquis  de  DION, 

Industriel,  membre  du  Conseil  général  de  îa  Loire-Inférieure. 


Circonscription  de  PAIMBŒUF 

M,  Jules  GÀLOT 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  7.217  voix. 


Messieurs  et  chers  Électeurs, 

H  y  a  quatre  ans.  vous  m’avez  fait  l'honneur  de  me  confier  le  mandat  de  vous  repré¬ 
senter  à  la  Chambre  des  Députés,  sur  un  programme  que,  par  une  énorme  majorité,  vous 
avez  approuvé. 

Ce  programme,  je  fai  scrupuleusement  suivi.  —  J’ai  soutenu  le  ministère  Mèline  et 
refusé  ma  confiance  au  ministère  néfaste  préside  par  M.  Waldeck-Rôusseati,  dirigé  par  le 
socialiste-collectiviste  Millerand,  et  inspiré  par  la  Franc-Maçonnerie  et  la  Juiverie. 

Je  lui  ai  refusé  ina  confiance,  parce  qu’il  a  présenté  et,  par  sa  majorité  servile,  fait 
voter  : 

La  loi  contre  les  congrégations,  qui  est  un  attentat  à  la  liberté  de  tous  ; 

La  motion  sur  le  monopole  de  V enseignement  entre  les  mains  de  l’État  qui  enlèvera  au 
père  de  famille  le  droit  naturel  et  indiscutable  d’élever  sas  enfants  comme  bon  lui  semble; 

Parce  qu’il  persécute  la  religion  ; 

Parce  que,  par  na  politique  sectaire,  il  a  créé  le  déficit  permanent  :  112  millions  en 
1899,  166  millions  en  1900  et  Shk  m  il  lions  en  1901,  malgré  un  budget  de  3. GO 0*000. 000  de 
francs  péniblement  supporté  par  les  contribuables,  dont  les  impôts  augmentent  chaque 
année.  —  C’est  la  ruine  et  la  faillite  à  courte  échéance; 

Parce  qu’ enfin  il  désorganise  l’armée  par  ses  mesures  arbitraires  et  vexa  (cires. 

Membre  de  la  Commission  d’agriculture  et  de  celle  des  douanes,  j’y  ai  défendu  vos 
intérêts  et  j’ai  collaboré  aux  modifications  apportées  par  la  loi  sur  les  admissions  tempo¬ 
raires  des  blés  étrangers,  qnï  arrêtera  la  baisse  excessive  des  blés  français. 

Je  me  rappellerai  que  vous.  Cultivateurs,  par  votre  travail  et  Ja  richesse  de  notre  sol, 
vous  représentez  la  vraie  fortune  de  îa  France,  —  Vous  avez  droit  à  une  protection  efficace 
pour  votre  élevage,  vos  vins  et  tous  vos  produits. 

Je  voterai  le  maintien  du  privilège  des  bouilleurs  de  cru. 

Je  me  suis  occupé  de  l’avenir  de  tous  les  travailleurs  et,  inscrit  au  groupe  des  Députés 


452  — 


des  Ports,  j’ai  associé  mes  efforts  à  ceux  de  mes  collègues  et  nous  avons  pu  obtenir  certaines 
améliorations  dans  le  taux  des  salaires  des  ouvriers  des  arsenaux  de  la  marine. 

J’ai  voté  la  rédaction  du  service  militaire  à  2  ans  parce  que,  les  précautions  nécessaires 
prises,  elle  sera  un  allègement  pour  tous,  sans  affaiblir  notre  puissance  militaire- 

Je  n’ai  pas  oublié  et  je  n’oublierai  pas  que  la  ville  de  Paimbœuf  est  le  chef-lieu  de  l'ar¬ 
rondissement.  —  Je  m’attacherai  à  réclamer  les  travaux  nécessaires  à  son  développement, 
notamment  le  dérochement  des  quais,  ^installation  do  téléphone. 

Après  huit  années  de  démarches  et  d’efforts,  malgré  des  difficultés  de  toute  nature,  fai 
mené  à  bonne  fin  l’affaire  du  tramway  de  Pornic  à  Paimbœuf,  Le  Conseil  Général,  dans  sa 
dernière  session,  a  voté  l’emprunt  des  deux  millions  nécessaires  à  sa  construction.  Les  tra¬ 
vaux  commenceront  au  mois  de  novembre. 

Vous  savez  que  mon  concours  est  acquis  à  tous.  —  Je  continuerai  à  le  donner  surtout 
aux  petits,  aux  faibles,  aux  humbles,  parce  que  ce  sont  ceux  qui  ont  îe  plus  besoin  d’être 
défendus  et  soutenus. 

Telle  a  été  mon  attitude  pendant  la  législature  qui  finit.  C’est  celle  que  je  conserverai 
si  vous  me  faites  l’honneur  de  renouveler  le  mandat  que  je  sollicite. 

Croyez,  Messieurs  et  Chers  Électeurs,  à  mon  entier  dévouement. 

Jules  GÀLOT,  Député  sortant, 

Maire  de  Sainte-Marie,  Conseiller  général  de  Pornic. 


ir*  circonscription  de  SAINT-NAZAIRE 

M.  ÂNTHIME-MÉNÀRD 
Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  12.923  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

En  sollicitant  de  votre  confiance  le  renouvellement  de  mon  mandat,  je  n’ai  pas  besoin 
de  vous  adresser  un  nouveau  programme. 

Je  n’ai  qu’à  vous  rappeler  mes  déclarations  antérieures,  auxquelles  j’ai  la  conscience 
d’être  demeuré  scrupuleusement  fidèle,  à  travers  tous  les  incidents  d’une  législation  con¬ 
fuse  et  troublée. 

Je  vous  disais,  en  me  présentant  une  première  fois  à  vos  suffrages,  qu’après  un  siècle 
de  révolutions  périodiques,  il  était  temps,  pour  la  France,  de  retrouver  son  unité  politique, 
dans  la  forme  de  gouvernement  manifestement  voulue  par  la  grande  majorité  du  pays. 

Alors  seulement,  la  République,  cessant  d’être  le  monopole  d’un  groupe  quelconque, 
devient  réellement  le  régime  de  tous  :  régime  assez  fort  pour  assurer  le  respect  de  toutes 
les  libertés  et  pour  mener  progressivement  à  bien  les  réformes  et  les  améliorations  éco¬ 
nomiques,  socialtset  agricoles  les  plus  urgentes  et  les  plus  immédiatement  pratiques. 

Les  quatre  années  qui  viennent  de  s’écouler  semblent  n’avoir  été  qu’un  long  effort 
pour  entraver  cette  politique  d’union,  d’apaisement  et  de  travail  : 

Une  affaire  de  haute  trahison  —  l’Affaire  Dreyfus  —  qui,  pour  grave  qu’elle  fût,  n’en 
devait  pas  moins  rester  une  affaire  purement  judiciaire,  a  été  systématiquement  jetée  dans 
le  domaine  de  la  politique,  pour  aboutir  à  la  confusion  de  tous  les  partis,  à  la  désorgani¬ 
sation  de  notre  défense  nationale  et  de  notre  armée  tenue  jusque-là  en  dehors  et  au-dessus 


—  453  — 


N°  1162 


de  nos  luttes  politiques,  enfin  à  une  période  d’agitation  violente  qu’on  a  semblé  entretenir 
à  plaisir,  comme  pour  y  trouver  le  prétexte  de  faire  naître  et  de  faire  durer  une  coalition 
contraire  aux  véritables  intérêts  moraux  et  matériels  du  pays. 

Une  loi  sur  les  associations,  en  faveur  de  laquelle  le  corps  électoral  n’avait  pas  été 
appelé  à  se  prononcer  en  1898,  a  abouti,  en  prétendant  organiser  la  liberté,  à  interdire  à 
toute  une  catégorie  de  citoyens  le  droit  de  vivre  comme  il  leur  plaît,  à  moins  d’autorisations 
qui  les  livrent  à  l’arbitraire  de  toutes  les  passions  politiques. 

Tandis  qu’ont  été  écartées  les  réformes  fiscales  et  ouvrières  dont  au  contraire,  le  Suf¬ 
frage  Universel  avait  formellement  réclamé  l’examen  et  la  solution,  sans  exagérations  dan¬ 
gereuses  comme  aussi  sans  pusillanimité. 

Au  milieu  de  séances  tumultueuses,  d’interpellations  incessantes  provoquées  par  l’état 
politique  du  pays,  les  quelques  lois  d’affaires  qui  ont  pu  être  volées  l’ont  été  hâtivement,  sou¬ 
vent  sans  suite  dans  les  idées,  bien  que  portant  sur  les  intérêts  les  plus  graves  du  monde 
commercial,  industriel,  ouvrier  et  agricole  :  telles  que  les  lois  sur  le  régime  des  boissons, 
la  marine  marchande,  l’outillage  national,  etc.,  etc. 

Et,  par  une  conséquence  forcée,  un  tel  état  de  choses  a  amené  des  grèves  nombreuses  et 
une  situation  financière  qui  a  contraint  de  terminer  la  législature  par  l’aveu  du  déficit  et  en 
recourant  à  l’emprunt. 

Tel  est,  mes  chers  Concitoyens, rie  bilan  d’une  politique  que  j’ai  combattue  sans  vio¬ 
lences  injurieuses,  ni  parti  pris  contre  les  personnes,  maïs  avec  une  grande  indépendance, 
parce  qu’elle  était  précisément  contraire  au  programme  qui  m’avait  valu  votre  confiance. 

C’est  vous  dire  que,  fidèle  à  ce  programme  dans  l’avenir  comme  par  le  passé,  tous  mes 
efforts  tendront,  si  je  reste  votre  représentant,  à  ce  qu’il  soit  repris  par  la  prochaine 
Chambre  dans  une  pensée  d’apaisement  et  de  réparation. 

La  paix  politique  et  religieuse  par  le  respect  de  toutes  les  libertés,  au  premier  rang  des¬ 
quelles  je  place  les  libertés  de  conscience,  d’enseignement  et  d’association  ; 

La  paix  extérieure  par  la  conservation  d’une  armée  et  d’une  marine  étrangères  à  nos 
luttes  politiques  et  soumises  aux  lois,  mais  fortes,  respectées  et  protégées  coutre  l’injure  et 
l’arbitraire  ; 

L’équilibre  budgétaire  par  la  décentralisation  et  la  suppression  des  dépenses  insuffi¬ 
samment  justifiées; 

L’équilibre  économique  par  un  protectionnisme  modéré,  maintenu  en  faveur  de  notre 
agriculture  et  de  nos  industries  nationales; 

La  justice  sociale  par  la  léforme  vraiment  pratique  et  soigneusement  étudiée  de  noire 
régime  fiscal  au  profit  des  contribuables  les  moins  fortunés  et  de  la  petite  propriété  fon¬ 
cière;  par  l’encouragement  des  œuvres  de  mutualité  et  la  protection  contre  le  chômage  ;  par 
l’amélioration  de  noire  législation  sur  les  retraites,  tant  en  ce  qui  concerne  les  pensions 
civiles  et  militaires  que  les  invalides  du  travail,  qu’il  faut  mettre  à  même  de  se  prémunir 
contre  la  vieillesse  ;  par  l’organisation  des  assurances  et  du  Crédit  agricoles  ;  par  la  révision 
des  patentes  et  la  protection  du  petit  commerce. 

Voilà  les  points  principaux  sur  lesquels  j’avais  pris  des  engagements  que  je  crois  avoir 
tous  tenus  et  que  je  prends  encore  pour  l’avenir,  vous  promettant  à  tous,  mes  chers  Conci¬ 
toyens,  la  même  sollicitude  que  par  lo  passé,  la  même  assiduité  aux  débats  de  la  Chambre, 
le  maintien  des  mêmes  relations  constantes  avec  tous  les  électeurs  qui  feront  appel  à  ma 
bonne  volonté. 

A  côté  de  ces  questions  d’intérêt  général,  j'ai  pu,  soit  terminer  complètement,  soit 
mettre  en  bonne  voie  de  réalisation  la  plupart  des  questions  qui  m’étaient  signalées,  il  y  a 
quatre  ans  ou  qui  se  sont  présentées  depuis  cette  époque,  comme  intéressant  spécialement 
les  diverses  parties  de  la  première  circonscription  de  Saint-Nazaire. 

La  question  des  contrats  maritimes  postaux  pour  la  ligne  des  Antilles  et  du  Mexique  — 
celle  des  grands  travaux  compris  dans  le  projet  de  loi  sur  l’outillage  national  déjà  volé  à 
la  Chambre  —  la  création  de  la  voie  ferrée  entre  Saint-Nazaire  et  Vaunes  —  la  réfection 
maintenant  certaine  et  prochaine  des  digues  des  marais  salants  —  l'amélioration  et  l’appre- 


—  lai  — 


fondissement  de  nos  ports  de  pêche  —  le  remaniement  de  certains  tarifs  de  chemins  de  fer 
—  une  part  pins  importante  faite  à  notre  élevage  local  dans  les  achats  de  la  remonte  ;  etc.,  etc* 
Telles  sont  parmi  les  questions  dont  j’ai  en  déjà  à  m’occuper  activement,  celles  qui 
nécessiteront  encore  mon  intervention  devant  la  Chambre  on  auprès  des  Pouvoirs  publics. 

C’est  ainsi,  mes  chers  Concitoyens,  qu’appelèà  nouveau  à  l’honneur  de  vous  représenter 
au  Parlement,  je  m’efforcerai  de  demeurer  digne  de  votre  confiance  et  de  votre  sympathie, 

Ànthime  MÉNARD,  Député  sortant. 


2fl  circonscription  de  SAINT-NAZAIRE 

M.  le  comte  de  MONTAIGÜ 
Élu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  13 . 57 1  voix. 


Messieurs, 

En  venant  vous  demander  le  renouvellement  du  mandat  de  député  que  vous  m’aviez 
confié  en  1898,  je  ne  dois  pas  vous  dissimuler  la  gravité  de  la  situation  présente. 

Nous  avions  pu  espérer  que  le  gouvernement,  tenant  compte  des  besoins  et  des  senti¬ 
ments  du  pays,  inscrirait  à  son  programme  les  économies  budgétaires,  le  respect  de  notre 
armée  nationale,  la  liberté  de  conscience. 

Loin  de  là,  en  quatre  années,  notre  dette  d’État  a  augmenté  de  850  millions  ;  elle 
s’élève  aujourd’hui  à  la  somme  formidable  de  34  milliards! 

Chaque  jour  l’armée  est  impunément  insultée.  Une  loi  inique  interdit  renseignement 
à  des  citoyens  français.  Et  bientôt,  si  le  programme  de  la  franc-maçonnerie  est  appliqué, 
les  pères  de  famille  n’auront  plus  le  droit  de  faire  instruire  leurs  enfants  suivant  leur 
propre  croyance. 

C’est  contre  cet  état  de  choses  que  je  m’élève  avec  énergie. 

Catholique,  je  veux  que  mes  convictions  soient  respectées  comme  je  respecte  la  liberté 
de  conscience  de  ceux  qui  oe  partagent  pas  mes  convictions. 

Soucieux  avant  tout  de  la  grandeur  de  la  France,  je  veux  voir  nos  soldats  et  nos  offi¬ 
ciers  des  armées  de  terre  et  de  mer,  échappant  au  favoritisme  politique,  protégés  contre 
des  sectaires  qui  sont  indignes  du  nom  de  Français. 

Bésolument  économe  des  deniers  publics,  je  ne  puis  m’associer  à  fincessante  augmen¬ 
tation  des  dépenses  non  justifiées  qui  nous  conduit  à  ia  ruine. 

Tel  est  mon  programme  nettement  formulé. 

Si  vous  voulez  comme  moi  un  gouvernement  lovât,  faisant  appel  an  dévouement  de 
tous  les  bons  citoyens  pour  arrêter  le  pays  sur  la  pente  fatale  où  l’entraîne  une  minorité 
d’ambitieux  n’obéissant  qu’à  leur  intérêt  personnel,  vous  me  trouverez  prêt  à  défendre 
avec  vous  vos  sentiments  religieux,  votre  amour  de  la  patrie  et  vos  économies  de 
travailleurs. 

Pas  d’abstentions  ! 

Vive  ia  France  ! 

Comte  de  MONTAIGÜ,  Député, 
Vice-président  du  Conseil  général  de  la  Loire-Inférieure. 


LOIRET 


Circonscription  de  GÏEN 

M.  GÜ1NGÀND 

Elu  an  1er  tour  de  scrutin.  —  8  -  028  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

II  y  a  un  an  à  peine,  vous  m’élisiez  votre  député,  par  900  voix  de  majorité. 

Depuis,  je  irai  pas  démérité.  Vous  m’avez  vu  à  l’œuvre. 

Vous  avez  vo  que  j’ai  terni  les  promesses  faites  à  cette  époque  et  que  j’ai  employé  à 
les  réaliser  toute  mou  énergie. 

Aucun  de  vous  ne  s’est  adressé  en  vain  à  moi, 

fai  été  à  la  disposition  de  tous  et  j’ai  mis  à  défendre  vos  intérêts  généraux  et  vos  inté¬ 
rêts  particuliers  tout  mon  dévouement,  toute  mon  activité. 

Je  suis  aujourd’hui  ce  que  j’étais  hier,  avec  cet  avantage  que  pendant  l’année  qui 
vient  de  s’écouler  j’ai  fait  mon  apprentissage  de  député  et  que  je  suis  mieux  à  même, 
pendant  les  quatre  années  de  la  nouvelle  législature,  de  vous  rendre  les  services  dont  vous 
avez  besoin. 

Les  délégués  républicains  des  communes  de  l’arrondissement  l’ont  si  bien  compris 
que,  dans  une  grande  réunion  qui  s’est  tenue  à  Gieiî,  salle  du  théâtre,  le  dimanche 
16  mars,  ils  ont  décidé  par  186  voix  sur  188  votants  que  je  serais  à  nouveau  le  candidat 
de  la  concentration,  de  Tunioa  des  républicains. 

Électeurs, 

Mon  programme,  vous  le  connaissez.  C’est  le  programme  du  parti  républicain,  c  est  le 
programme  du  gouvernement  de  défense  et  d’action  républicaines. 

C’est  celui  que  je  développais  l’année  dernière  et  dont  je  n’ai  rien  à  retrancher. 

Mon  dévouement  le  plus  entier  est  acquis  aux  cultivateurs,  dont  je  connais  les  besoins. 
Ils  savent  que,  tant  à  la  Chambre  des  Députés  qu’au  Ministère  de  l’Agriculture,  je  serai  leur 
fidèle  mandataire  et  que  je  soutiendrai  en  toutes  occasions  leurs  revendications,  dont  les 
plus  importâmes  sont  le  dégrèvement  des  impôts  dont  l’agriculture  est  frappée  et  la 
destruction  des  animaux  nuisibles.  Ce  que  je  dis  pour  les  cultivateurs,  je  le  dis  également 
pour  les  vignerons  et,  en  plus,  je  demanderai  pour  eux  le  maintien  du  privilège  de  brûler 
leurs  marcs. 

Je  reste  partisan  de  toutes  les  autres  réformes  que  dans  mon  programme  précédent 
je  désirais  voir  aboutir,  et  eu  tête  desquelles  nous  devons  placer  ; 

La  réforme  de  l’impôt; 

La  suppression  des  petites  cotes  personnelles  et  mobilières  et  la  révision  du  cadastre  ; 

L’impôt  progressif  s>  r  le  revenu  ; 


—  456  — 


La  suppression  des  prestations  ou  leur  modification  ; 

Le  service  militaire  de  deux  ans  obligatoire  pour  tous  ; 

La  modification  des  vingt-huit  jours  et  la  suppression  des  ireize  jours; 
L’établissement  d’une  caisse  de  retraites  pour  les  vieillards  et  les  infirmes  du  travail. 


Mes  chers  Concitoyens  * 


fai  déjà,  tant  au  Parlement  qu’auprès  dos  pouvoirs  publics,  voté  ou  fait  des  démarches 
pour  obtenir  la  réalisation  de  ce  programme*  Le  peu  de  temps  pendant  lequel  j'ai  été 
député  m’a  empêché  de  faire  aboutir  certaines  de  ces  réformes*  J7 espère,  si  vous  me  faitei 
l’honneur  de  m’élire  à  nouveau,  arriver  à  obtenir  quelque  faveur  pour  notre  arrondisse¬ 
ment  et  à  aider  à  quelques  réformes  utiles  à  la  démocratie. 

J’ajoute  un  mot  :  méfiez-vous  des  adversaires  de  la  République  qui  prendront  tous  les 
masques  pour  arriver  à  devenir  votre  représentant.  Voyez  simplement  par  qui  ils  sont 
représentés,  quels  sont  ceux  qui  les  soutiennent,  et  vous  jugerez. 

Je  suis  un  patriote,  un  bon  Français;  j’ai,  pendant  la  guerre  de  1870,  fait  mon  devoir; 
j’étais,  avec  mes  camarades  les  mobiles  du  Loiret,  aux  eûtes  du  colonel  de  Raucourt  quand 
il  fnt  blessé. 

J’aime  l’armée  nationale,  faite  de  la  nation  entière,  et  j’ai  voté  au  Parlement  toutes  les 
lois  que  nécessitait  l'organisation  de  la  défense  de  la  France.  J’estime  qu’on  sert  sa  patrie 
non  en  criant  constamment  ;  Vive  î’armée  1  mais  en  répondant  à  son  appel  au  moment  du 
danger  et  en  travaillant  en  temps  de  paix  à  sa  grandeur  et  à  sa  prospérité* 

Électeurs  de  T  arrondissement  de  Giçn,  je  compte  sur  vous  comme  vous  pouviï 
compter  sur  moi* 

Vive  la  France! 


Vive  la  République! 


Ernest  GU1NGÀND, 
Député, 

Candidat  des  républicains. 


Circonscription  die  MONTÀRGIS 

M,  VAZEJLLE 

Élu  au  lar  tour  de  scrutin.  —  10*615  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

A  la  campagne  d’injures  et  de  calomnies  qu’on  mène  contre  moi,  je  ne  veux  opposer 
que  de  brèves  déclarations. 

En  1898,  ce  n’e&t  pae  autour  d’un  homme  qu’une  majorité  s’est  constituée  ;  c’est  sur 
un  principe,  sur  un  programme  de  réformes  démocratiques  nécessaires.  Cest  ce  même 
programme  qu’il  s’agit  aujourd’hui  de  maintenir. 

En  me  présentant  de  nouveau  à  vos  suffrages,  je  ne  fais  qu’obéir  au  sentiment  général 
de  ceux  qui  m’ont  élu  il  y  a  quatre  ans.  Ne  pas  poursuivre  l'œuvre  commencée  de  concert 
eût  été  trahir  l’amitié  dont  ils  m’out  honoré  ;  ç'eûtété  déserter  une  cause  qui  a,  entre  toutes, 


N°  1162 


—  457  — 

besoin  de  défenseurs  énergiques  :  la  cause  des  petits,  de  tous  ceux  qui  travaillent,  qui 

«souffrent  des  abus  et  qui  réclament  plus  de  justice. 

On  m’accuse  d’avoir  semé  la  division  :  chacun  peut  voir  de  quel  côté  souille  1  excitation 
h  la  haine  et  à  la  violence.  Ce  qu’on  ne  peut  me  pardonner,  c’est,  par  des  conférences  mul- 
tiDliées  «t’avoir  éveillé  dans  l’esprit  et  le  cœur  des  électeurs  de  nos  camoagnes,  —  admi¬ 
rables  défenseurs  de  la  République,  -  une  plus  vive  curiosité,  une  plus  ardente  préoccu¬ 
pation  des  intérêts  de  la  démocratie;  c’est  encore,  en  m’adressant  a  la  raison  et  a  la  réflexion 
de  tous  d’avoir  travaillé  à  élever  la  dignité  et  l'indépendance  du  Suffrage  universel.  Mais, 
si  j’ai  montré  quelque  ardeur  et  quelque  énergie  dans  ma  propagande  d’idées,  je  n  ai  jamais 
ni  injurié  ni  diffamé  personne. 

Chers  Concitoyens, 

L’ardeur  de  la  lutte  eugagée  sur  tous  les  points  du  pays  prouve  l’importance  du  scrutin 
auauel  vous  allez  prendre  part. 

q  Mes  adversaires  ont  cherché  à  créer  une  équivoque  en  empruntant  a  mon  programm 
plusieurs  de  ses  points  et  non  des  moindres.  Vous  ne  serez  pas  des  dupes  de  cette  ma¬ 
nœuvre  . 

Réfléchissez  ! 

Si  l’étrange  coalition  de  tous  les  partis  rétrogrades  devait  triompher,  ce  serait,  entre 
les  mains  d’une  majorité  bariolée,  la  France  livrée  au  gâchis  et  à  l’impuissance. 

L’œuvre  des  réformes  ne  peut  s’accomplir  qu’en  consolidant  et  en  complétant,  dune 
part  l’œuvre  de  défense  républicaine  du  ministère  Waldeck-Rousseau,  d’autre  part,  en  pra- 
tiauant  l’union  à  gauche,  c’est-à-dire  entre  républicains  seulement. 

q  Je  fais  donc  appel  à  tous  les  citoyens  de  bonne  volonté  épris  de  justice  et  de  progrès 
Tous  ceux  qui  m’ont  vu  de  près  savent  que  je  ne  suis  pas  l’homme  de  désordre,  avec  lequel 

on  es^ve  d’efiraver  C6ux  qui  ne  me  connaissent  pas. 

Le  pire  révolutionnaire,  en  ce  moment,  c’est  celui  qui  cherche  à  faire  reculer  notre 
démocratie.  On  ne  saurait  craindre  de  l’entraîner  en  avant  :  en  présence  des  “tés  qui 

sc  dressent  contre  elle,  il  est  plus  imprudent  d’amollir  les  courages  que  de  chercher  a  les 

relever. 

Républicains,  tous  aux  urnes,  pour  la  République  et  la  Démocratie. 

Votre  bien  dévoué, 

Dr  VAZEILLE,  Député  sortant, 

Candidat  de  l’Union  des  républicains. 


lre  circonscription  d’ORLÉANS 
M.  Fernand  RAB1ER 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  10.339  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Depuis  plus  de  U  ans,  je  suis  à  la  Chambre  votre  représentant. 

J’ai  la  conscience  de  n’avoir  jamais  démérité  de  vous,  et  c’est  avec  contiance  que,  de 

nouveau,  je  sollicite  vos  suffrages.  .  , 

J’aurais,  s’il  en  était  besoin,  auprès  de  vous,  qui  me  connaissez  depuis  si  longtemps, 
de  surs  garants  dans  les  ordres  du  jour  par  lesquels  les  comités  républicains  ont  acclame 

58 


—  458  — 

im  candidature,  dans  i’aceueü  enthousiaste  qui  m’a  été  fait  partout  où  j'ai  rendu  compte 
de  mon  mandat* 

Mon  programme  vous  est  familier.  Vous  l’avez  approuvé  à  quatre  reprises  différentes* 
Je  vous  ie  soumets  encore 

Grâce  à  la  ténacité  des  républicains,  avec  l’appui  du  gouvernement  de  défense  et 
<P  action  républicaines,  certains  articles  sont  entrés  dans  la  loi* 

Je  le  constate  avec  une  satisfaction  profonde* 

Les  villes  ont  obi  cou  ie  droit  de  supprimer  leurs  octrois  ;  le  régime  des  successions  a 
été  modifié  dans  un  sens  équitable  vraiment  démocratique* 

Par  la  loi  sur  les  associations,  l'État  est  presque  à  P  abri  des  efforts  de  la  Congrégation* 

Le  principe  de  la  réduction  et  de  Y  égal  i  lé  du  service  militaire  a  été  consacré* 

Il  reste  beaucoup  à  faire  encore  pour  réaliser  le  progrès  social  nécessaire,  tout  en 
respectant  h  propriété  individuelle  dont  j’ai  été  et  dont  je  demeure  le  partisan  déterminé 
et  convaincu* 

Ud  certain  nombre  de  mesures  s’imposent  a  la  Démocratie;  en  voici  quelques-unes: 

En  matière  financière  : 

Modification  de  l’assiette  de  l’impôt,  de  façon  que,  tout  en  tenant  compte  du  tempé¬ 
rament  spécial  au  contribuable  français, chacun  paye  progressivement,  suivant  ses  facultés, 
suivant  ses  ressources. 

Par  suite  :  suppression  d’impôts  injustes,  personnelle-raobilière,  portes  et  fenêtres, 
prestations,  etc.,  etc* 

Réduction  dos  dépenses,  et  par  des  réformes  adminisiralives,  et  par  la  suppression  du 
budget  des  cultes* 

En  matière  d’enseignement  ; 

Abrogation  de  la  loi  Fa  Houx,  dont  le  principe  a  été  voté*  [L'État  a  le  devoir  absolu  de 
défendre  la  jeunesse  contre  toute  tentative  d'accaparement  par  1* Église  ;  il  ne  peut  déléguer 
ses  pouvoirs  qu’aux  maîtres  dont  il  aura  éprouvé  la  capacité. 

Eu  ce  qui  concerne  l’armée  : 

Réduction  à  deux  ans  du  service  militaire,  égal  pour  tous.  Diminution  de  la  période  de 
28  jours,  suppression  delà  période  de  13  jours.  L’armée,  que  nous  voulons  forte  et  res¬ 
pectée,  et  qui  est  la  Nation  elle-même,  ne  saurait,  de  l’avis  des  plus  compétents,  en  être 
atteinte  ou  affaiblie. 

Sur  le  terrain  judiciaire  i 

Réforme  du  code  de  procédure  civile,  diminution  des  frais  de  justice;  extension  delà 
prud’homie* 

Sur  le  terrain  économique  : 

Recherche  et  réalisation  de  toutes  les  mesures  propres  à  favoriser  le  développement 
de  notre  commerce  et  de  notre  industrie* 

L'article  103  du  code  de  commerce  a  été,  sur  ma  demande,  modifié  de  façon  à  donner 
aux  commerçants  et  industriels  de  notre  pays  les  garanties  qu’ils  espéraient,  en  matière 
de  transport* 

Je  continuerai  l’œuvre  commencée* 

Vote  du  projet  de  loi,  retour  du  Sénat,  sur  les  patentes,  afin  de  protéger  le  petit  com¬ 
merce  contre  les  gros  monopoles  et  de  donner  aux  courtiers  et  aux  représentants  de  com¬ 
merce  les  satisfactions  depuis  si  longtemps  attendues. 

Modification  urgente  de  la  loi  actuelle  sur  les  licences*  qui  constituent  une  seconde 
patente,  et  auxquelles  la  loi  qui  a  dégrevé  les  boissons  hygiéniques  a  apporté  une  injuste 
aggravation,  dont  se  plaignent  à  juste  titre  les  débitants  et  négociants  en  vins.  Retour 
immédiat,  à  tout  le  moins,  an  régime  ancien* 


m 


N°  1162 


Répression  énergique  de  toutes  les  fraudes  dont  souffrent  les  commerçants  honnêtes. 

Pour  l’agriculture  : 

Protection  et  extension  de  la  petite  propriété. 

Organisation,  sur  des  bases  plus  larges,  de  l’assurance  et  du  crédit  agricoles. 

Révision  du  cadastre,  ou,  en  attendant,  évaluation  nouvelle  de  la  propriété  non  bâtie. 

Création  de  chambres  d’agriculture. 

Sur  le  terrain  économique  et  social  : 

Protection  efficace  de  toutes  les  œuvres  de  mutualité,  de  prévoyance  et  d’assistance. 

Organisation  de  caisses  de  retraites  pour  les  travailleurs  de  la  ville  et  des  champs  :  la 
Chambre  en  a  voté  le  principe. 

Protection  des  faibles  et  des  humbles  par  un  ensemble  de  mesures  dont  le  vote  de  la 
loi  sur  les  employés  et  ouvriers  de  chemins  de  fer  sera  une  des  premières  manifestations. 

Repos  hebdomadaire,  etc. 

En  matière  poiitique  : 

Application  intégrale  de  la  loi  sur  les  associations. 

Dénonciation  du  Concordat;  règlement  définitif  de  la  situation  réciproque  des  Églises  et 
de  l’État  :  c’est  le  complément  attendu  de  la  loi  sur  les  associations. 

Révision  de  la  Constitution  clans  un  sens  de  plus  eu  pfus  démocratique. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Vous  savez  avec  quelle  passion  je  m’intéresse  depuis  20  ans  à»  toutes  les  questions 
locales  : 

Rapporteur  des  projets  sur  la  Loire  navigable  et  le  canal  de  Combleux,  j’ai  été  assez 
heureux  pour  les  faire  approuver  par  la  Chambre. 

J’ai  pu,  à  cette  occasion,  obtenir  de  mes  collègues  la  condamnation  de  tout  projet  de 
captage  des  eaux  du  Val.  Ce  vote  constitue  un  précédent  capital. 

J’aurai  pour  vos  intérêts  dans  l’avenir  une  sollicitude  égale  à  celle  dont  j’ài  donné  tant 
de  preuves  dans  le  passé. 

Électeurs, 

L’heure  est  décisive. 

Eu  face  d’adversaires,,  toujours  les  mêmes,  résolus  à  tout  et  dont  la  haine  seule  du 
régime  actuel  a  pu  faire  l’union  passagère,  vous  constituerez  l’armée  puissante,  invincible 
de  tous  les  républicains. 

ils  vous  abusent  en  criant  à  la  ruine  de  la  France. 

C’est  faux;  les  chiffres  qu’ils  vous  donnent  sont  erronés. 

La  France  n’est  ni  appauvrie,, ni  ruinée.  Mutilée  et  rançonnée  en  1871,  elle  a  refait  son 
outillage,  relevé  son  industrie  et  son  commerce,  dépensé  des  sommes  considérables  pour 
l’enseignement,  pour  la  marine,  l’armée,  etc. 

Il  n’est  pas  un  pays  qui  ait  supporté  aussi  bien  que  le  nôtre,  les  résultats  d  une  crise 
universelle. 

Vous  les  condamnerez  par  votre  vote.  Vous  condamnerez  à  nouveau  la  Congrégation, 
qui  est  l’âme  de  la  coalition  qui  se  lève  contre  nous. 

Vous  saurez  reconnaître  où  est  la  justice  et  où  sont  vos  intérêts. 

Vous  assurerez  une  fois  de  plus  le  triomphe  de  la  République  démocratique  et 
réformatrice  dont  j’ai  toujours  été  le  champion  et  dont  vous  n  avez  jamais  cessé  d’être  les 
défenseurs. 


Vive  la  République  ! 


Fernand)  RADIER*  Député  sortant, 
Candidat rjes  républicains. 


—  460  — 


2*  circonscription  d’ORLÉÂNS 

ML  DARBLÀY 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin*  —  10*788  voix* 


Messieurs  les  Électeurs  et  chers  Concitoyens, 

Il  n’y  a  guère  plus  d’un  an  que,  par  une  majorité  dont  je  suis  reconnaissant  et  fier, 
vous  m’ayez  fait  l'honneur  de  m’envoyer  vous  représenter  au  Parlement* 

Je  viens  vous  demander  de  me  continuer  votre  confiance  et  de  me  renouveler  votre 
mandat* 

Mes  déclarations  d'alors  sont  encore,  je  l’espère,  présentes  à  vos  mémoires;  vous  les 
voyez  encore  affichées  sur  les  murs  de  vos  communes*  Ce  sont  les  mêmes  que  je  vous 
apporte  aujourd’hui*  Je  suis  ce  que  j’étais,  et  ce  que  je  serai  toujours  ;  un  partisan  résolu, 
un  défenseur  fidèle  de  toutes  les  idées  d’ordre,  de  progrès,  de  paix,  de  justice  et  de  liberté 
dans  la  République* 

je  veux  la  République  large,  ouverte  à  toutes  les  bonnes  volontés,  accueillante  à  tous, 
tolérante,  libérale  en  un  mot*  Je  suis  l'ennemi  des  violences  radicales,  des  rêveries  socia¬ 
listes,  des  insanités  collectivistes*  Je  leur  opposerai  toujours,  avec  les  vrais  et  sincères 
républicains,  la  résistance  que  nous  commande  la  paix  du  pays  et  l’existence  de  la  Répu¬ 
blique  elle-même* 

Je  vous  répéterai  ici  ce  que  je  vous  disais  fan  dernier  : 

Ne  voulant  ni  réaction,  ni  révolution,  respectueux  de  nos  lois  scolaires  et  partisan 
résolu  de  toutes  les  libertés,  je  défendrai  toujours  :  la  liberté  de  conscience,  la  liberté 
d’association  égale  pour  tous,  la  liberté  du  père  de  famille  qui  veut  élever  ses  enfants  selon 
ses  convictions,  sans  que  leur  avenir  en  puisse  souffrir  aucun  désavantage* 

Cultivateur  comme  un  très  grand  nombre  d’entre  vous,  je  suis,  vous  le  savez,  un  can¬ 
didat  essentiellement  agricole*  Depuis  que  je  suis  votre  représentant,  j’ai  visité  toutes  vos 
communes;  je  continuerai*  En  relation  avec  beaucoup  d’entre  vous,  je  serai  heureux  de 
vous  connaître  tous.  Vivant  au  milieu  de  vous,  je  sens  toutes  vos  apirations,  et  je  voudrais, 
par  des  lois  sagement  conçues,  alléger  les  charges  de  l’agriculture  et  de  la  viticulture, 
garantir  le  cultivateur  contre  les  dévastations  du  gibier,  réformer  les  marchés  fictifs,  modi¬ 
fier,  en  le  rendant  plus  équitable,  l’impôt  des  prestations,  faciliter  le  crédit  agricole,  encou¬ 
rager  la  reconstitution  de  notre  vignoble* 

Je  suis  non  moins  désireux  d’améliorer  la  situation  de  lous  les  travailleurs,  ouvriers 
des  usines,  ouvriers  des  ateliers,  ouvriers  des  champs  et  des  vignes*  Je  ne  cesserai  pas  de 
soutenir  toutes  les  propositions  qui  peuvent  leur  être  favorables,  en  maintenant  toujours  leur 
indépendance  et  leur  droit  au  travail  librement  consenti,  ce  droit  imprescriptible  auquel 
une  loi  récente  vient  de  porter  une  première  atteinte* 

Les  œuvres  d’assistance  etde  prévoyance,  Jes  sociétés  de  secours  mutuels,  les  retraites 
ouvrières,  si  importantes  pour  nos  communes  rurales,  ont  en  moi  un  défenseur  convaincu* 

Vous  rappellerai-je,  Messieurs  les  Électeurs,  que,  fermement  attaché  à  notre  belle 
armée,  dans  laquelle  servent  tous  nos  enfants,  je  mettrai  tout  en  œuvre  pour  assurer  sa 
force  et  améliorer  le  sort  du  soldat*  Je  voudrais,  par  des  mesures  concertées  avec  le  Conseil 
supérieur  de  la  guerre,  alléger  les  charges  militaires  qui  pèsent  sur  le  pays;  réduire  le  ser- 


461  - 


N"  1162 


vice  militaire  à  deux  années;  diminuer  largement  la  durée  des  périodes  d’exercices  en  rem¬ 
plaçant  les  28  jours  par  21,  les  13  jours  par  un  simple  appel. 

Demain,  comme  hier,  je  seconderai  particulièrement  dans  les  réformes  d’impôts  celles 
qui  peuvent  soulager  les  petits  contribuables,  les  ouvriers  et  les  familles  nombreuses. 

Mon  dévouement  aux  intérêts  particuliers  de  notre  département  vous  est  connu.  J’ai 
consacré  toute  mon  activité  à  l’étude  et  à  la  préparation  des  lignes  de  tramways,  dont  la 
construction  devrait  être  déjà  commencée  sur  la  rive  gauche  de  la  Loire.  Je  persisterai  de 
même  à  demander  que  la  ligne  projetée  de  Châteaudun  a  Romoramin  passe  par  Beaugency 
et  je  promets  tout  mon  concours  aux  lignes  nouvelles  qui  seraient  proposées  :  projets  dont 
quelques-uns  me  sont  déjà  connus. 

Je  suis  enfin,  il  est  inutile  de  vous  le  rappeler,  un  ardent  défenseur  des  résolutions  qui 
doivent  rendre  la  Loire  navigable  et  restituer  leur  ancienne  prospérité  aux  villes  et  aux 
villages  de  notre  arrondissement  situés  sur  ses  rives.  Je  lutterai  contre  toute  captation  des 
eaux  du  val  de  la  Loire  par  la  ville  de  Paris. 

Et  maintenant,  mes  chers  Concitoyens,  vous  avez  dans  mon  passé  parlementaire,  si 
court  qu’il  soit,  une  promesse  loyale,  un  gage  certain  pour  l’avenir.  Tous  les  engagements 
que  j’ai  pris  devant  vous,  je  les  ai  tenus  :  mes  votes  en  témoignent. 

Si  vous  m’appelez  de  nouveau  à  vous  représenter,  soyez  assurés  que  je  me  conformerai 
toujours  fidèlement  à  mes  déclarations. 

Serviteur  dévoué  de  la  démocratie,  je  vous  appartiens  à  tous  sans  distinction,  par  mon 
travail,  par  mes  goûts,  par  ma  bonne  volonté;  et  si  je  sollicite  l’honneur  d’être  votre 
député,  c’est  pour  les  intérêts  de  tous,  c’est  pour  le  bien  public  dans  toute  notre  région, 
c’est  pour  !a  prospérité  du  pays  tout  entier,  c’est  pour  le  règne  pacifique  et  fécond  de  la 
République. 

Louis  DARBLAY, 

Agriculteur,  Conseiller  municipal  de  Chevilly, 
Conseiller  général  du  Loiret, 

Vice -président  du  Syndicat  des  Agriculteurs  du  Loiret, 
Administrateur  du  Comice  agricole  d’Orléans 
Député  sortant,  candidat  républicain. 


Circonscription  de  PITHIVIERS 

M.  Georges  COCHER  Y 
Élu  au  1e’  tour  de  scrutin.  -  10.357  voix. 


Chers  Concitoyens, 

Depuis  17  ans,  j’ai  l’honneur  de  vous  représenter. 

Fidèle  à  la  politique  que  j’ai  toujours  affirmée,  et  que  vous  avez  si  souvent  approuvée 
par  votre  vote,  j’ai  constamment  défendu  la  République  contre  tous  ses  adversaires. 

J’ai  lutté  contre  les  collectivistes  et  les  révolutionnaires  qui  voudraient  bouleverser  la 
société  et  dont  les  doctrines,  destructives  de  la  prospérité  du  pays,  sont  repoussées  par  le 
bon  sens  des  travailleurs. 

Aujourd’hui,  le  parti  violent  et  sectaire  qui  poursuit  la  réalisation  du  collectivisme,  sans 
oser  peut-être  encore  le  montrer  tel  qu’il  est,  dirige  contre  moi  les  plus  ardentes  attaques. 

Je  m’honore  d’êire  poursuivi  de  la  haine  de  ceux  qui  outragent  le  drapeau,  qui 
cherchent  à  désorganiser  l’armée,  à  supprimer  la  liberté,  à  intimider  le  pays  pour  l’asservir 
à  l’odieuse  tyrannie  d’une  minorité  violente. 

Ceux-là  ont  raison  de  me  combattre  :  —  Je  ne  suis  pas,  je  ne  serai  jamais  avec  eux. 


je  suis,  je  serai  toujours  avec  les  républicains  qui  ont  fondé  la  République  et  qui 
veulent  la  fortifier  par  la  pratique  des  principes  républicains  :  la  liberté,  1  Indépendance 
individuelle,  le  progrès  continu,  la  solidarité  entre  les  citoyens. 

Ni  réaction,  ni  révolution  —  Progrès  et  réformes  pacifiques* 

Tel  est  votre  programme. 

C'est  aussi  le  mien  ;  je  i’ai  suivi  dans  le  passé?  je  le  suivrai  dans  l'avenir* 

Je  ne  désavoue  aucun  de  mes  actes,  aucun  de  mes  votes* 

Je  ne  suis  pas  de  ceux  qui  changent  au  gré  des  circonstances. 

Je  ne  suis  pas  non  plus  de  ceux  qui  cherchent  à  vous  éblouir  par  de  brillâmes  mais 
vaines  promesses,  qu'ils  savent  ne  pas  pouvoir  tenir* 

Ce  que  je  promets,  je  le  tiens.  Vingt  ans  de  vie  publique  le  prouvent. 

Aucune  réforme  ne  m’effraye,  si  elle  est  réellement  une  réforme,  si  elle  est  profitable 
au  pays  et  s’inspire  d'un  véritable  esprit  de  justice. 

Beaucoup  de  réformes  ont  déjà  été  réalisées.  Nombreuses  sont  celles  que  j’ai  contribué 
à  préparer. 

Elles  ne  doivent  pas  nous  faire  oublier  celles  qui  restent  à  accomplir  : 

Les  réformes  fiscales,  destinées  à  réaliser,  sans  vexation,  sans  inquisition,  une  plus 
équitable  répartition  des  charges  publiques  ? 

Les  réformes  économiques  et  d’ordre  social  qui,  par  le  développement  de  la  mutualité 
et  des  institutions  de  prévoyance,  assureront  le  triomphe  de  la  vraie  solidarité; 

Les  réformes  administratives  qui  diminueront  les  dépenses  publiques  ? 

Les  réformes  financières,  dont  la  première  sera  une  sévère  économie  dans  la  prépara¬ 
tion  et  l'exécution  des  budgets? 

Les  réformes  militaires,  qui  allégeront,  par  les  mesures  qui  seront  préparées  par  k 
Conseil  supérieur  de  la  Guerre,  sans  porter  aucune  atteinte  à  la  force  de  Parmée,  les 
charges  imposées  à  nos  concitoyens; 

Les  réformes  judiciaires,  qui  simplifieront  la  procédure,  rapprocheront  le  juge  du  justi¬ 
ciable,  diminueront  les  frais  des  instances,  en  abrégeront  la  solution. 

Il  faut  surtout  que  les  législateurs  n’oublient  pas  que  l’agriculture  est  le  meilleur  pour- 
voyeur  du  budget,  le  plus  solide  élément  de  notre  puissance  financière,  comme  de  notre 
force  militaire. 

Il  faut  que  tous  ses  intérêts  soient  énergique  ment  défendus  : 

11  faut  qu’on  lui  donne  enfin,  par  la  constitution  de  chambres  démocratiques  d'agricul¬ 
ture,  le  moyen  rie  faire  toujours  entendre  sa  voix  et  connaître  sa  volonté* 

11  faut  que,  par  un  allégement  considérable  de  l’impôt  sur  les  sucres,  on  maintienne  la 
prospérité  de  la  culture  bottera vière. 

Il  faut  que,  par  ^organisation  démocratique  du  crédit!  agricole,  ou  permette  à  nos  cam¬ 
pagnes  de  profiter  des  larges  sacrifices  que  j'ai  obtenus  de  la  Banque  de  France  dans  l’inté¬ 
rêt  de  l’agriculture. 

Chers  Concitoyens, 

J’ai,  dans  le  passé,  consacré  toutes  mes  forces,  toute  mon  énergie,  toute  mon  activité 
au  service  des  intérêts  généraux  du  pays,  des  intérêts  spéciaux  de  notre  département,  de 
notre  arrondissement,  de  nos  communes* 

Je  me  suis  donné  sans  réserve  à  la  préoccupation  de  vous  être  utile* 

Certains  me  le  reprochent  —  Je  m’en  honore* 

Je  continuerai. 

Votre  dévoué, 

Georges  CUGUEBY, 

Viee-PrésideiHj  de  la  Chambre  des  Dépuités, 
Président  du  Conseil  général,  ancien  Ministre  des  Finances* 


-  m  — 


N*  il 62 


LOT 


Circonscription  de  GAHOKS 
M.  Émile  REY 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  13,049  vois:. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Vous  m’avez  fait,  par  trois  fois,  l'honneur  de  me  confier  le  mandat  de  vous  représenter 
à  la  Chambre  des  Députés, 

Ce  mandat,  j’ai  conscience  de  l’avoir  fidèlement  rempli  et  c’est  avec  celte  conviction  et 
fort  des  témoignages  de  confiance  qui  m’ont  été  adressés  par  la  presque  unanimité  des 
maires  de  l'arrondissement,  que  je  viens,  comme  candidat  de  la  concentration  républi¬ 
caine,  faire  appel  de  nouveau  à  tous  ceux  qui  veulent  une  République  d’ordre,  de  paix, 
{l’union,  respectueuse  de  tous  les  droits  nu  citoyen,  mais  en  même  temps  nettement 
orientée  vers  les  réformes  inspirées  par  i’esf  rït  de  justice  et  de  fraternité  sociales. 

Le  premier  devoir  d’un  représentant  du  peuple  est  de  maintenir  et  défendre  la  Répu¬ 
blique  qui  est  par  excellence  le  Gouvernement  du  peuple  par  te  peuple,  celui  qui  lui  assure 
la  souveraineté  et  le  reml  maître  de  ses  destinées.  Aussi,  dvs  complots  ayant  été  ourdis 
contre  elle  par  toutes  les  factions  hostiles  coaliséees,  —  monarchiques,  césariennes, 
cléricales,  — -  je  me  suis  associé  aux  mesures  de  défense  nécessitées  par  la  situation.  C’est 
ainsique  j'ai  voté  les  dispositions  de  la  loi  sur  les  congrégations,  destinée  à  les  soumettre 
à  !a  suprématie  du  pouvoir  légal  du  Pays  et  à  restreindre  le  développement  menaçant  de 
h  mainmorte. 

Mais,  toujours  fidèle  aux  grands  principes  de  liberté  et  d’égalité,  je  n’ai  pas  voulu 
proscrire  les  ordres  religieux  qui  se  soumettent  h  la  loi  et  poursuivent  un  but  utile  et 
louable.  De  même,  je  voterai  l’abrogation  de  la  loi  Falloux  qui  a  été  une  loi  de  réaction  et 
de  privilège,  mais  non  le  retour  au  monopole  universitaire  qui  serait  non  seulement 
contraire  à  la  liberté,  mais  nuisible  au  progrès  de  ^instruction  en  supprimant  la  concur¬ 
rence. 

Toutefois,  la  liberté  de  l’enseignement,  comme  les  autres  libertés,  a  ses  limites,  et 
l’Etat  a  le  droit  et  le  devoir  de  veiller  à  ce  qu’on  n’enseigne  pas  aux  jeunes  Français  la 
haine  tt  le  mépris  des  institutions  que  le  Pays  s’est  librement  données. 

Je  continuerai,  comme  par  le  passé,  à  poursuivre  avec  ardeur  la  réalisation  des  réformes 
financières,  économiques  et  sociales  qui  doivent  apporter  plus  de  justice  et  de  bien-être 
dans  notre  société, 

La  première  qui  s’impose,  car  elle  est  3a  base  de  la  plupart  des  autres,  c’est  la  réforme 
do  notre  régime  h-cal  par  l’application  de  l’impôt  progressif  sur  le  revenu,  de  manière  à 
compenser  la  progressivité  à  rebours  des  contributions  indirectes  et  à  demander  une  pro¬ 
portion  plus  forte  au  superflu  qu’au  nécessaire,  au  revenu  du  capital  qu’à  celui  du  travail. 

Mais  ennemi  de  la  politique  du  «  Tout  ou  rien  »,  en  attendant  la  réalisation  de  cette 


importante  réforme,  je  m'appliquerai  à  obtenir  des  améliorations  partielles  de  nos  impôts, 
telles  que  les  deux  dégrèvements  de  l’impôt  foncier  et  celui  de  la  personnelle-mobilière, 
votés  depuis  que  je  suis  à  la  Chambre,  qui  ont  apporté  au  département  une  diminution  de 
déchargés  de  850.000  francs  par  au. 

GTest  ainsi  que  je  réclamerai  la  suppression  ou  la  transformation  de  I  impôt  tonner,  de 
la  contribution  personnelle-mobilière,  des  portes  et  fenêtres,  des  patentes,  des  presta¬ 
tions  qui  écrasant  les  campagnes,  frappent  plus  le  pauvre  que  le  riche,  et  sont  en  général 
d’autant  plus  élevés  que  les  familles  sont  plus  pauvres  et  plus  nombreuses. 

.le  ne. cesserai  de  donner  mon  concours  à  toutes  les  mesures  qui  tendent  à  supprimer 
les  abus  et  les  injustices  et  contribuent  au  progrès  social.  C’est  ainsi  que  sous  la  dernière 
législature  j’ai  voté  :  1°  la  suppression  des  octrois  et  la  réforme  des  droits  sur  les  boissons 
hygiéniques  ;  mais  j’ai  regretté  que  l’on  n’allât  pas  plus  loin  dans  le  dégrèvement  des 
droits  de  circulation  ;  2°  la  réforme  des  droits  hypothécaires  qui  étaient  beaucoup  plus 
lourds  pour  les  petites  dettes  que  pour  les  grandes  et  qui  désormais  seront  proportionnels; 
3°  la  réforme  des  droits  de  succession  qui,  par  l’introduction  de  la  progressivité,  en  deman¬ 
dant  plus  aux  gros  héritages,  a  permis  de  dégrever  les  petits  et  de  faire  disparaître  cette 
injustice  criante  qui  consistait  à  prélever  les  droits  même  sur  les  dettes  de  la  succession. 

Je  voudrais  que  l'on  fît  une  réforme  analogue  pour  les  droits  de  mutation  a  titre 
onéreux,  afin  de  faciliter  au  cultivateur  l’acquisition  de  la  terre  et  favoriser  ainsi  1  extinction 
et  la  conservation  du  patrimoine  familial. 

A  ce  programme  j’ajoute  ce  que  j  ai  déjà  demandé  antérieurement  et  que  je  continuerai 
à  réclamer': 


1“  La  diffusion  de  l’enseignement  agricole,  aflii  d’apprendre  à  nos  cultivateurs  les 
movens  d’augmenter  la  fertilité  du  sol  et  le  rendement  de  leurs  récoltes  ; 

“  La  multiplication  des  banques  de  crédit  agricole,  afin  qu’ils  puissent  se  procurer  a 
un  faible  intérêt  les  fonds  nécessaires  à  leurs  améliorations  ; 

3°  L’institution  de  caisses  d’assurances  contre  les  fléaux  dont  ils  sont  victimes,  afin  de 
leur  assurer  la  rémunération  de  leur  travail  et  la  sécurité  du  lendemain  ; 

4°  Des  facilités  plus  grandes  pour  l'écoulement  des  produits,  tant  industriels  qu’agri¬ 
coles  par  la  diminution  des  frais  de  transport  et  l’ouverture  de  débouchés  nouveaux; 

5"  La  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans,  avec  les  mesures  nécessaires  pour 
conserver  à  notre  vaillante  armée  sa  force  et  sa  solidité  ; 

6“  La  diminution  des  frais  de  justice  ;  la  plus  stricte  économie  dans  nos  finances  ;  la 
réduction  des  gros  traitements  et  la  simplification  de  nos  rouages  administratifs  ;  _ 

7°  L’assistance  des  petits,  des  humbles,  des  déshérités  et  notamment  celle  des  vieil¬ 
lards  et  des  infirmes,  et  celle  des  familles  pauvres  chargées  d’enfants  ; 

8°  La  solution  du  grand  problème  des  retraiies  des  vieux  travailleurs  pour  leur  assurer 
l’existence  après  une  longue  vie  de  travail  et  de  privations  ;  . 

9°  Enfin  toutes  les  réformes  capables  d’améliorer  le  sort  matériel  et  moral  du  leupc 


et  compatibles  avec  les  principes  d’équité  et  de  justice. 


Électeurs, 

Vous  rn’avez  vu  à  l’œuvre  depuis  treize  ans  que  j’ai  l’honneur  de  vous  représentei.  Mon 
passé  vous  répond  de  l’avenir.  Aux  urnes  donc  pour  le  Progrès  et  les  réformes  démocra¬ 
tiques  ! 

Vive  la  France  !  Vive  la  République  ! 

Docteur  Émile  REY,  député  sortant. 
Vice-Président  du  Conseil  général.  Président  de  h 
Société  agricole  du  Lot,  Membre  du  Conseil 
supérieur  de  l’Assistance  publique  de  France. 


—  465  — 


N°  1162 


Circonscription  de  FIGEAC 
H.  VI VAL 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  12.429  voix. 


Chers  Concitoyens, 

Le  8  mai  1898,  par  12.320  suffrages  contre  9.536,  c’est-à-dire  par  près  de  trois  mille 
voix  de  majorité,  vous  m’avez  réélu  pour  la  troisième  fois  votre  Député. 

Ni  la  pression  la  plus  honteuse  exercée  par  l’administration  de  l’époque,  ni  surtout  une 
campagnes  de  mensonges  et  de  calomnies,  n’ont  pu  ébranler  votre  vieille  foi  républicaioe. 

Aujourd’hui  la  môme  campagne  de  mensonges  recommence. 

A  toutes  ces  attaques  méprisées  de  vous,  je  viens  répondre  comme  je  l’ai  toujours  fait, 
par  mes  actes,  mes  votes  et  mon  long  passé  politique. 

Je  suis  depuis  près  de  treize  ans  votre  député. 

Depuis  près  de  vingt  ans,  Conseiller  général  du  Lot. 

Depuis  1883,  Maire  de  Figeac. 

Enfin,  depuis  le  24  novembre  1874,  (il  y  aura  bientôt  28  ans),  je  n’ai  cessé  de  faire 
partie  du  Conseil  municipal  de  cette  ville,  si  républicaine  et  si  démocratique. 

Quels  sont  ceux  de  mes  actes  ou  de  mes  votes,  dans  les  diverses  assemblées  dont  je  fais 
partie,  qui  peuvent  permettre  à  nos  adversaires  de  se  livrer  à  des  attaques  déloyales? 

Les  électeurs  de  Figeac,  au  milieu  desquels  je  suis  né,  j’ai  toujours  vécu  et  qui  ont  pu 
apprécier  tous  les  actes  de  ma  vie  politique,  ont  depuis  longtemps  fait  bonne  justice  de 
toutes  ces  calomnies. 

Fort  de  leur  confiance,  trois  fois  de  suite  investi,  par  les  républicains  de  l’arrondis¬ 
sement,  de  mon  mandat  de  député,  je  viens  pour  la  quatrième  fois  solliciter  vos  libres 
suffrages. 

Tout  en  assurant  à  la  France  sa  paix  intérieure  et  extérieure,  la  Chambre  de  1898,  dont 
les  pouvoirs  prennent  fin,  a  voté  certaines  réformes. 

Les  plus  importantes  sont  les  suivantes  : 

1°  Réforme  des  successions,  qui  a  admis  la  déduction  des  dettes,  réduit  les  charges 
imposées  aux  petits  héritages  et  exigé  «  des  gros  »  un  sacrifice  plus  élevé  ; 

2°  Réforme  de  l’impôt  des  boissons  hygiéniques  ; 

3°  Loi  sur  les  associations  et  les  congrégations.  Loi  dirigée,  comme  le  disait  si  justement 
M.  Waldeck-Rousseau,  président  du  Conseil  des  Ministres,  contre  ceux  qu’on  peut  appeler 
les  moines  ligueurs  et  les  moines  d’affaires,  et  qui  est  une  garantie  pour  le  clergé  séculier. 

4°  Dégrèvement  de  la  personnelle-mobilière,  qui  a  réduit,  part  de  l’État,  de  plus  de 
113.000  francs  le  montant  de  cet  impôt  dans  notre  département. 

Si  je  suis  de  nouveau  votre  élu,  voici  les  principales  réformes  que  je  soutiendrai  dans 
l’intérêt  de  notre  chère  démocratie  rurale  : 

1°  Impôt  progressif  sur  le  revenu,  le  seul  qui  puisse  apporter  un  dégrèvement  sérieux 
dans  les  contributions  du  plus  grand  nombre  des  petits  propiiétaires  de  l’arrondissement; 

2°  Réduction  à  deux  ans  du  service  militaire  qui  pèse  principalement  sur  les  fils  de 
l’ouvrier  et  du  paysan  ;  suppression  de  la  taxe  militaire; 

3°  Révision  de  la  constitution  pour  assurer  la  prépondérance  du  suffrage  universel  et 
la  réalisation  des  réformes  démocratiques  et  sociales  ; 


50 


_  466  — 

ft.  Lois  de  prévoyance  sociale  et  de  solidarité  humaine,  retraites  pour  les  vieux  tri- 
Va ^ jj^eioppe^n en ^ d e  Ve n sei g □  em ent  agricole  dans  les  écoles  primaires  ; 

SS  -«  £,  J&ÿ  ™=  religieuse  au  , 

leurs  passions  politiques. 

Kil  6C  t  G  u  r  s , 

Aujourd’hui,  cou,»,  aux  élootioM  dernito.,  M. 

pïXïïw  -  —  -  »—— •  *“•  démocratie'ibr8“ 

lab0Ï  fais  appel  à  tous  les  Républicains,  à  tous  les  patriotes  sincères  et  animés  du  vèri- 

avenir  aux  générations  qui  nous  succéderont. 

Vous  connaissez  mes  convictions  politiques.  Elles  n’ont  jamais  varié.  . 

Élu  d’une  majorité  républicaine,  exempte  de  tout  patronage  ^spect  ]  ai  cherche  a 
tout  mon  devoir  ;  et  j’ai  mérité  de  nouveau  voire  confiance,  vous  le  direz  le  ^  • 


Vive  les  réformes  démocratiques  1 
Vive  la  République  ! 


Louis  V1VAL,  Député  sortant, 
Maire  de  Figeac. 


Circonscription  de  GO  U  RD  ON 

M.  LACHIÈZE 

Élu  au  2°  tour  de  scrutin.  —  9.954  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Pendant  trois  fois  vous  m’avez  confié  le  mandat  législatif.  .  mandat 

Élu  du  suffrage  universel,  je  n’ai  pas  besoin  de  l'invcstUure  d’un  <**&**»*  **»&« 

présidé  par  les  élus  du  suffrage  restreint.  C’est  de  vous  seuls  que  je  relève. -C  est  vous  qui 

allez  dire  si  vous  voulez  me  continuer  votre  confiance.  1S 

Dédaignant  les  violentes  atiaques' dont  je  suis  l’objet,  fidèle  aux  pmmipes  repul hc^ 
de  toute  ma  vie,  j’ai  défendu  la  liberté  que  des  sectaires  veulent  détruire, la  liberté  mse 
ians  les  Droits  de  l’homme,  notre  enarte  républicaine. 

le  veux  la  conscience  libre.  , 

Je  veux  l’enseignement  libre.  Je  ne  me  refuserai  pas  à  voter  l’abrogation  de  la  loi  l  a 
oux,  à  la  condition  qu’elle  soit  remplacée  par  une  loi  assurant  la  liberté  de  l’hnseignem 
ivec  l’égalité  des  grades,  lecontrèle  et  la  surveillance  de  1  État.  Mais  le  pere  de  .ami  , 
■esponsable  de  l’avenir  de  ses  enfants,  doit  être  responsable  de  leur  éducation. 


N°  H62 


—  467  — 

H^^ssüssSri  ssasvs 

ViVf  \ïï  Sers  folZyLt  rS“Uxà  la  solde  de  me,  adversaires  veulent  vous  per- 

don  sociale  que  comporte  le  programme  républicain.  En  voici  quelques-unes. 

l’ai  voté  :  ,  .  . 

L’impôt  sur  le  revenu  qui  doit  remplacer  l’impôt  foncier,  les  patentée,  lee  porte. 

,e“taJ;S^“"^“.o.4^-  <?  »"•  *r* iou,6n  ^ 

emiint  tandis  aue  s’a^ravent  les  souffrances  et  la  misère  des  paysans, 

profondément  en  diminuant  les  licences  qui  sont  exagerees  et  inèBales, 

*  ****“"  à  l’agriculture  et  qu’on 

peut  remplacer  par  des  exercices  au  chef-lieu  de  canton, 

L’augmentation  du  nombre  des  soutiens  de  famille, 

Le  vin  du  soldat,  .  ...  , 

L'*s  secours  et  l’assistance  pour  les  infirmes  et  les  vieilla.ds, 

La’ diminution  deS  fraie  de  mutation  qui  frappe»,  ai  lourdement  la  terre, 

Enfin  loutes'les  mesures  favorables  b  nos  campagnes  ai  durement  éprouvées. 
p™,  le  ”  uv  e, a  des' villes  j’ai  voté  la  journée  de  hui.  heures,  le,  reirauea  ou.nér 
lalofaur  les  aêoid.nta  du  travail.  l’ai  toujours  été  avec  ceux  ,»>  veulent  plus  de  justice 

Certes,  malheureusement,  toutes  cos  réformes  n  ont  pas  ^  ^l^y^dminriégislature. 
nement  et  1.  majorité  ;  quelques-unes  ratent  encore  Meu.r.  dois  prêcha, ne  lcg,sl..ure 

JTen  poursuivrai  sans  relâche  la  réalisation.  nre^bvtèrés  les 

je  me  suis  dévoué  aux  intérêts  des  communes  :  subventions  pour  le  ?ref  ytèrf  ’  les 
les  chemins.  L’hospice  de  Gourdon  a  reçu  35.000  trancs.  Grâce  amas  elforts, 
le  chemin  de  fer  de  Carsac  à  Gourdon  sera  incessamment. livre. 

eaT°Z  “ :Œ:'  e“»r;,cTrÏÏs%rerSdign..ion  que  je  ressens  rn 

laPc.use  do  peuple,  moi  qui  me  suis  app.uvr, 

laquelle  j’ai  été  emprisonué,  pou, 

'12S^ïï=|s:s=is..-..-- 

lîSsærsrtf»".: 

contraires  à  mes  sentiments,  je  ne  me  recommande  a  vous  que  par  mes  actes. 


Électeurs, 

Affirmez  sur  mon  nom  La  nécessité  de  l’union,,  de  la  tolérance,  de  la  fraternité,  qui 
seules  peuvent  nous  conserver  la  République,  faire  la  paix  dans  le  pays  et  maintenir  la 
France  grande  et  prospère  au  dedans  et  au  dehors* 


Vive  la  République! 


Albert  UGHIÈZE, 

Docteur  en  droit,  conseiller  général. 
Députe  sortant. 


—  469  — 


N°  1162 


LOT-ET-GARONNE 


\ 

Circonscription  d’AGEN 


M.  DÀUZON 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  8,698  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Après  vous  avoir  exposé  mon  programme  dans  des  conférences  publiques,  il  ne  me 
paraît  pas  nécessaire  de  vous  faire  une  longue  profession  de  foî.  Fidèle  à  mes  convictions 
républicaines  et  sociales,  j'ai  la  conscience  d’avoir  défendu  à  la  Chambre  les  revendications 
du  monde  agricole  et  ouvrier. 

Malgré  les  attaques  ouvertes  et  injustifiées,  malgré  de  perfides  insinuations,  vous  vou¬ 
drez  bien  comprendre  que  le  Président  des  Conseillers  généraux  républicains  de  Lot-et- 
Garonne  ne  peut,  après  avoir  fait  appel  à  la  justice  de  son  pays,  que  rester  indifférent  et 
calme  en  attendant  que  les  juges  aient  prononcé* 

Je  n’ai  rien  fait  pour  aigrir  la  lutte,  je  resterai  jusqu'au  bout  ferme  et  courtois.  Jus¬ 
qu’au  bout  je  ne  cesserai  de  vous  conseiller  de  planer  au-dessus  des  combats  personnels  et 
de  ne  songer  qu’aux  intérêts  supérieurs  de  la  République  dans  P  arrondissement  d’Agen. 
Affirmez-vous  pour  elle  sur  le  programme  qui  vous  est  soumis  par  ceux  qui  briguent  l’hon¬ 
neur  de  la  défendre  et  de  la  servir. 

Cela  fait,  ma  foi  démocratique  sera  demain  ce  qu’elle  était  hier,  satisfaite  du  devoir 
accompli. 

J’ai  pour  moi  ma  conscience,  je  vous  renvoie  à  la  vôtre  * 

Vive  la  République  démocratique  et  sociale! 

P,  DAUZON,  Député  sortant, 

Président  du  Conseil  général. 


Programme  : 

Politique, 

Réduction  du  mandat  sénatorial. 

Élections  des  Sénateurs  et  des  Députés  au  scrutin  de  liste  par  le  suffrage  universel. 
Décentralisation  administrative. 

Suppression  des  fondions  inutiles  et  diminution  des  gros  traitements. 

Séparation  des  Eglises  et  de  l’Etat. 


Impôt  progressif  sur  le  revenu,  en  remplacement  des  quatre  contributions. 

Suppression  des  prestations. 

Service  de  deux  ans;  diminution  des  vingt-huit  jours  et  suppression  des  treize  jours. 
Laïcisation  et  liberté  de  renseignement,  devenu  libre  pour  tous  les  citoyens  pourvus 
des  mêmes  diplômes. 

Modification  du  règlement,  permettant  la  constatation  des  absents  et  des  présents  aux 
séances  de  la  Chambre. 

Économique , 

Retour  à  l'État  des  grands  services  nationaux  ;  Banque  de  France,  mines. 

Rachat  des  canaux  et  chemins  de  fer. 

Suppression  des  octrois. 

Recherche  de  l’emploi  de  l’alcool  industriel  au  chauffage  et  a  l’eclairage,  afin  d  alléger 

le  marché  de  nos  vins.  . 

Surveillance  étroite  sur  Rentrée  et  la  sortie  des  blés  étrangers,  pour  maintenir  un  cours 

normal  aux  blés  français. 

Protection  énergique  de  rélevage  du  bétail. 

Obligation  pour  l’Administraiioo  de  fournir  au  inonde  agricole  des  renseignements,  soit 
sur  des  débouchés  nouveaux,  soit  sur  des  cultures  nouvelles  eu  sur  les  dangers  de  la  sur- 
production. 

Suppression  des  primes  à  l'industrie  sucrière. 

Pas  de  Garonne  navigable,  mais  construction  du  canal  des  Deux-Mers,  aujourd’hui 
demandé  par  la  Commission  de  la  Marine. 

Social. 

Loi  sur  les  retraités  ouvrières  attribuées  aux  travailleurs  des  champs  et  des  villes. 
Extension  de  la  liberté  des  Syndicats  professionnels. 

Loi  sur  la  production  due  au  travail  maximum  et  au  salaire  minimum. 

Soutien  des  revendications  des  employés  de  chemins  de  fer  et  des  employés  decom 

merce. 

Appui  énergique  aux  Bourses  du  travail. 

Extension  continuelle  des  Écoles  d’industrie  et  de  commerce. 


Programme  local 

Poursuite  de  Rétablissement  du  réseau  de  tramways  aujourd'hui  décide. 

Fermeture  du  marche  de  première  main  à  7  heures  du  matin. 

Poursuite  énergique  des  pourparlers  engagés  avec  les  Compagnies  pour  obtenir  ui  e 
diminution  sur  les  frais  de  transport  des  fruits  et  primeurs. 

Modification  de  Rarrêtê  de  la  pêche  aQn  d’autoriser  Remploi  du  filet  à  18  millimètres. 

C'est  dans  ces  sentiments  et  m'inspirant  des  idées  contenues  dans  ce  programme,  que 
je  continuerai  de  voter  à  la  Chambre  si  vous  me  faites  l'honneur  de  îu'y  renvoyer. 


471  — 


iS°  1162 


Circonscription  de  MAKMAMDE 

M.  DËCHE 

Élu  au  2 15  tour  de  scrutin.  —  12.767  voix. 


Mon  cher  Concitoyen, 

En  venant  solliciter  votre  suffrage  pour  la  prochaine  élection  législative  l’ai  le  devoir 
de  vous  (lire  qui  je  suis  et  comment  je  compte  remplir  le  mandat  de  Députe,  ] 

11611 'Républicain6  de  Tradition  et  de  conviction,  j’occupe  auConseil  général  de  Lot-et-Garonne 
un  siège  crue  mon  père  a  occupé  en  lSàS.  Je  «'appartiens  et  n  appartiendrai  jamais  a 
èg  JJrie-  le  culte  de  la  liberté  et  la  défense  des  intérêts  de  notre  région  essentielle- 
S  S  ^oSS  dfclu^moblle»  qui  «font  déeide  à  po».r  m,  «ndiduture  réc,.- 
gg.'S  les  nombreux  amis  que  je  compte  psrüculièrement  tlansnos  camp.f»e». 
ie  ne  sùis 'point  fonctionnaire  et  n'aspire  pas  à  le  devenir. ,e  peux  donc, uger  les 

'“Ts'uis  opposé1 "u‘  Minïre  "cSÎ"'politique  anti-liberale.  I  sa  façon  d'administrer 

■*  ts  - 

toniour»  «esté  contre  les  lois  d'exception  eppliquées  à  tonte  «ne  classe  de  cttoyens  a 
cause  dehors  opinions  ;  s'ils  ont  eu  personnellement  à  subir  des  violences,  ils  se  sont 

attachés  davantage  au  respect  cù  à  la  liberté  de  chacun. 

t  nP  suis  nas  partisan  du  monopole  universitaire,  tous  les  monopoles  me  semblant 
dangereux  car  là  où  la  liberté  est  absente,  il  n’y  a  ni  émulation  ni  idée  féconde.  Et  avec 
blcoup  de  se  membres,  j’estime  que  c’est  un  singulier  moyen  de  détendre  l’Universite, 
7e  S  ne  menace,  tant  s.  valeur  morale,  en  général,  et  sa  puissance  d  tnstnteüon  s  tm- 

P01":;ëu?rStde8acclion,  pour  tous  les  ciroyens,  aux  carrières  de  r&t,  par  vole  de 
concours  et  non  point  par  favoritisme,  fût-il  masqué  par  de  grandes  phrases. 

"sur  îe  terrain  économique,  la  situation  s’aggrave  tous  les  jours.  Par  suite  des  grèves 
répétée^  dont  c  hommes  au  pouvoir  ont  eu  le  triste  privilège  de  voir  augmenter  le  nombre, 
ont  ce  que  nous  Lux,  consommons,  renchérit,  tout  ce  que  nous  produisons  se  vend  à 
!5ï»  croyez  pas  que,  parce  que  je  représente  un  ^  ««Sg 

intérêts  personnels  sont  à  la  campagne,  je  ne  sache  point  qu  en  «.étendant  es  intérêts 
payses  ,è  défends  aussi  les  intérêts  ouvriers  de  nos  pet, tes  villes.  Car,  je  vous  le  demande 
si  nous’  sommes  ruinés  à  la  campagne,  qui  alimentera  le  commerce  et  1  industrie  ces 

Budget  de  l’État  se  solde  par  un  gros  déficit.  Celui  des  communes  voit  augmenter 
chaque  jour  le  chapitre  des  dépenses.  On  crée  partout  des  emplois  nouveaux  et,  nature  de- 
mental  faut  ouvrir  des  crédits  pour  payer  les  fonctionnaires.  Siles  mandataires  du  pays 
persistent  dans  cette  voie,  ils  auront  vite  absorbe  le  reste  de  nos  économies. 

J'ai  voté  au  Conseil  général  contre  l’impôt  sur  le  revenu,  personne  n  ayant  donne  une 
formule  garantissant  qu’il  ne  viendra  pas  s’ajouter  aux  autres  impôts  dont  nous  sommes 
accablés.  Si  l’argent  peut  se  dissimuler  .et  se  dissimule  en  effet,  le  grand  livre  du  négociant 

”  avril  W01,  au  Conseil  général  : 
<(  Depuis  quelque  temps,  les  réformes  singulières  dont  on  nous  a  dotés  font  craindre  aux 
ruraux  qu'on  enjasse  d'autres  ». 


\ 


—  472  — 


En  effet,  la  nouvelle  loi  sur  les  boissons,  dont  on  nous  promettait  merveille,  a  établi 
l'exercice  chez  le  propriétaire,  qui  ne  peut  plus  brûler  son  vin  sans  payer  des  droits 
énormes.  On  a  augmenté  les  droits  que  payait  le  vin  et  on  n'a  même  pas  dégrevé  la 
piquette*  Qui  profite  de  ces  dispositions?  la  grande  ville;  qui  en  pâtit?  la  campagne.  Il  y  a 
plus  ;  les  chais  sont  pleins  et  nous  ne  pouvons  rien  vendre,  car  si  la  régie  arrive  à  arrêter 
de  pauvres  vendeuses  d’allumettes  dont  la  marchandise  a  du  moins  l’avantage  de  prendre 
quand  on  la  frotte,  par  un  phénomène  bizarre,  elle  ne  peut  parvenir  h  atteindre  les  mar¬ 
chands  de  mauvais  alcool  et  les  contrefacteurs  de  vin,  qui  sont  autrement  dangereux  pour 
la  santé  publique  et  autrement  a  craindre  pour  notre  bourse, 

3e  veux  Parmée  forte  et  respectée,  car  c’est  notre  force  et  notre  sauvegarde.  II  n’y  a 
qu’un  Drapeau  qui  ait  droit  à  notre  vénération  :  le  drapeau  tricolore,  symbole  des  gloires 
passées  et  des  espérances  de  l’avenir. 

U  est  question,  à  cette  heure,  de  réduire  le  service  militaire  à  deux  ans.  Je  suis  parti¬ 
san  de  cette  mesure  sagement  préparée* 

11  n’y  a  plus  à  hésiter,  l’heure  de  se  prononcer  est  arrivée;  il  faut  que  la  volonté  popu¬ 
laire  se  manifeste  et  qu’elle  choisisse  entre  ceux  dont  le  but  unique  est  de  satisfaire  des 
intérêts  privés  et  de  semer  la  haine  entre  les  citoyens,  pour  mieux  arriver  à  leurs  fins,  et 
ceux  qui,  n’ayant  en  vue  que  les  intérêts  de  Ja  Patrie  et  de  la  République,  s'efforcent  de 
ramener  le  calme  dans  les  esprits,  afin  que  tous  les  citoyens  puissent  d’un  commun  accord 
travailler  à  Paccroîssement  de  la  fortune  nationale  et  à  la  grandeur  de  la  France, 

11  vous  fallait  un  nom  pour  protester,  je  vous  apporte  le  mien;  vous  vous  prononcerez. 
Quel  qu’il  soit,  votre  verdict  sera  accepté  par  moi  sans  murmure?  j’aurai  fait  mon  devoir, 
à  vous  de  faire  le  vôtre. 

Si  vous  m'accordez  votre  suffrage,  si  le  Peuple  m'investit  du  mandat  législatif. 

Je  m’associerai  à  ceux  qui  seront  déterminés  à  faire  des  économies  sérieuses,  à  dimi¬ 
nuer  les  impôts  qui  frappent  la  terre,  l’industrie  et  le  commerce,  et  à  limiter  l’initiative 
parlementaire  en  fait  de  dépenses  ; 

Je  défendrai  la  Liberté,  car  c’est  défendre  la  République. 

Vive  la  République  1  Vive  la  Liberté  ! 

Docteur  DEC  HE, 

Maire  de  Calonges, 

Conseiller  général  du  canton  du  Mas  d*  Age  nais. 
Membre  de  la  Société  des  Agriculteurs  de  France. 


Circonscription  de  NÉRAG 

M.  Léopold  FABRE 

Elu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  7.675  toîx. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Cédant  à  la  demande  d’un  grand  nombre  d’électeurs  de  l’arrondissement  de  Nérac,  je 
viens  solliciter  de  vos  libres  suffrages  l’honneur  de  vous  représenter  au  Parlement. 

Je  ne  vous  ferai  pas  de  grandes  phrases,  vous  savez  par  expérience  ce  qu'elles  valent, 
et  vous  savez  où  vous  ont  conduits  les  grands  mots  et  les  promesses  inconsidérées. 


473  — 


Y1  4162 


Victimes  des  surenchères  électorales',  des  ambitions  et  des  appétits  des  politiciens,  vous 
souffrez  d’une  crise  sans  précédent,  occasionnée  par  la  mévente  de  vos  blés,  de  vos  vins  et 
de  vos  eaux- de-vie;  le  commerce  est  paralysé,  l'industrie  ferme  ses  ateliers  et  nous  allons 
droit  à  la  ruine,  occasionnée  par  l’augmentation  de3  dépenses  et  le  déficit  constant  du 
budget. 

A  la  veille  du  scrutin,  j’ai  le  devoir  de  vous  dire  simplement,  avec  sincérité  et  fran¬ 
chise,  qui  je  suis  et  ce  que  je  veux. 

Conseiller  général  républicain  du  canton  de  Damazan,  élu  deux  fois  à  une  forte  majo¬ 
rité,  j’ai  toujours  été  fidèle  à  mon  parti  et  dévoué  aux  intérêts  de  mes  électeurs.  Ennemi  des 
théories  violentes  qui  favorisent  la  lutte  des  classes  et  les  guerres  fratricides,  partisan  de 
sages  réformes  parle  progrès,  l’ordre  et  la  liberté,  je  veux  la  République  libérale  et  tolé¬ 
rante  pour  tous,  garantissant  les  droits  de  chaque  citoyen  d’après  les  principes  delà  Décla¬ 
ration  des  Droits  de  l’homme. 

Animé  de  ces  idées,  voici  le  programme  sur  lequel  je  vous  demande  de  vous  pro¬ 
noncer  : 

Sur  la  question  politique. 

1.  Liberté  de  conscience  et  d’enseignement.  Droit  pour  le  père  de  famille  de  faire  élever 
ses  enfants  où  bon  lui  semble,  et  rejet  du  stage  scolaire  comme  attentatoire  à  la  liberté  de 
l’enseignement. 

2.  Liberté  du  travail. 

3.  Service  militaire  égal  pour  tous  et  réduit  à  deux  ans. 

S«)’  la  question  fiscale. 

1.  Impôt  sur  le  revenu,  tendant  à  remplacer  la  cote  personnelle  et  mobilière,  l’impôt 
des  portes  et  fenêtres,  et  peut-être  par  la  suite  le  principal  de  l’impôt  foncier,  distinguant 
entre  les  différentes  natures  de  revenus,  de  façon  à  ménager  le  plus  possible  les  revenus 
du  travail,  et,  en  particulier,  les  revenus  du  petit  commercé,  de  la  petite  industrie,  de  l'ate¬ 
lier  et  de  la  terre. 

Les  contribuables  dont  les  revenus  totalisés  ne  dépasseraient  pas  2.500  francs  seraient 
exempts  de  l’impôt  sur  le  revenu. 

2.  Caisses  nationales  de  retraites  pour  lous  les  travailleurs  des  villes  et  des  campa¬ 
gnes,  reposant  sur  la  participation  de  l’l5tat,  du  patron  et  de  l’ouvrier,  se  combinant  avec  les 
sociétés  de  secours  mutuels. 

3.  Réduction  des  gros  traitements. 

h-  Suppression  des  fonctions  inutiles.  —  Sérieuses  économies  budgétaires.  Réduction 
des  frais  de  justice. 

Sur  la  question  économique. 

4.  Maintien  du  blé  à  un  prix  uniforme  et  rémunérateur.  —  Suppression  du  marché 
fictif  de  Paris,  qui  fait  la  hausse  et  la  baisse  sur  tous  les  marchés,  et  qui  ne  profite  qu’à 
quelques  gros  spéculateurs  étrangers  au  détriment  de  l’agriculture.  Réglementation  des 
marchés  h  terme  par  une  organisation  sévère,  des  bourses  de  commerce. 

2.  Modification  complète  de  la  loi  des  boissons,  —  Rétablissement  de  l’exercice  chez 
les  débitants,  dans  les  villes  de  40.000  habitants  et  au-dessus,  pour  empêcher  ta  fraude. 
Liberté  pour  tous  les  propriétaires  de  distiller  librement  leurs  vins.  Le  propriétaire  maître 
chez  lui. 

Dénaturation  des  alcools  d’industrie,  qui  devraient  être  employés  uniquement  à  la 
force  motrice,  au  chauffage  et  à  l’éclairage.  Les  eaux-de-vie  naturelles  seules  livrées  à  la 
consommation. 

GO 


474  - 


Dégrèvement  des  eaux-de-vie  de  vin. 

S.  Amélioration  de  l’industrie  du  liège,  en  frappant  les  produits  étrangers  du  maximum 
des  droits  d'entrée,  pour  qu'ils  ne  concurrencent  plus  nos  bouchons  sur  les  marchés  français; 
—  Établissement  d'un  droit  de  sortie  pour  les  lièges  algériens  à  destination  des  pays  étran^ 
gers,  et  obligation  pour  nos  consuls  de  nous  donner  l’état  des  places,  de  manière  à  favoriser 
l'exportation  de  nos  bouchons. 

4,  Augmentation  de  la  culture  du  tabac,  afin  de  donner  satisfaction  aux  demandes  de 
nouveaux  planteurs.  Amélioration  des  rapports  avec  l'Administration  par  la  modification  du 
règlement,  —  Réorganisation  complète  de  la  Caisse  d'assurances. 

Je  reste,  en  outre,  acquis  aux  autres  réformes  ayant  pour  but  :  l'organisation  du  crédit 
agricole  et  la  révision  du  cadastre;  l'amélioration  des  chemins,  routes  et  canaux;  Rabais¬ 
sement  des  tarifs  de  transport;  le  rétablissement  du  droit  de  la  chasse  au  filet  et  au  lacet 
pour  les . propriétaires,  métayers  et  fermiers.  Réduction  du  permis  de  chasse  et  création  de 
tickets  journaliers.  Réglementa  non  de  la  chasse  et  de  la  pêche  laissée  aux  Conseils  géné¬ 
raux,  Faculté  laissée  aux  pécheurs  d'utiliser  les  filets  ou  engins  autrefois  tolérés,  tels  que 
le  coul,  le  virol,  etc, 

Électeurs, 

Tel  est  mon  programme.  Si  vous  m’accordez  vos  suffrages,  j'emploierai  à  sa  réalisation 
toutes  mes  forces  et  toute  mon  activité. 

Si  fai  l’honneur  d'être  votre  représentant,  j'abandonnerai  ma  profession  d'avocat,  esti¬ 
mant  qu'un  député  se  doit  exclusivement  aux  intérêts  de  ses  électeurs  et  qu'il  ne  petit  pas 
faire  à  la  fois  les  affaires  du  peuple  et  les  siennes. 

Je  m'engage,  en  outre,  à  rendre  compte  de  mon  mandat,  en  réunion  publique,  afin  de 
faire  le  corps  électoral  juge  de  mes  actes  et  de  mes  votes. 

Chers  Concitoyens, 

Si  vous  voulez  que  la  République  soit  libérale  pour  tous,  si  vous  voulez  mettre  un  ternie 
à  l'agitation  qai  paralyse  les  affaires,  substituer  à  une  période  de  violences  une  période 
<T apaisement  ;  si  votfs  voulez  que  le  calme  renaisse  dans  les  esprits,  que  nous  fassions  en¬ 
semble  un  peu  moins  de  politique  de  partis  et  un  peu  plus  de  politique  d’affaires. 

Allez  tous  aux  urnes  sur  mon  nom. 

Et  assurez  le  triomphe  de  l'ordre  et  de  la  liberté  dans  la  paix  et  l'uhion  au  cri  de 
Vive  la  République! 

Léopold  FABRE, 

Propriétaire,  avocat. 

Conseiller  général  du  canton  de  Damazan, 
Candidat  républicain. 


Circonscription  de  VÏEEEN^UVE-SUR-LO^T 

M.  Georges  LEYGUES 
Élu  au  2°  tour  de  scrutin,  —  12-152  voix. 


Chers  Concitoyens, 

ü  y  a  seize  ans  que  j’ai  l’honneur  de  vous  représenter  et  je  sens  que  les  liens  dallée- 
tion  qui  nous  unissent  n’ont  jamais  été  plus  solides; que  jamais  il  n’y  a  en  entre  nous  une 
communauté  de  vues  plus  étroite. 

Nous  ayons  combattu  trop  longtemps  ensemble  pour  la  même  cause,  vous  m’avez  vu 
trop  souvent  à  P  œuvre  pour  qu’il  soit  besoin  de  vous  redire  qui  je  suis. 

Les  actes  que  j’ai  accomplis  au  cours  de  la  dernière  législature,  1  œuvre  à  laquelle  j’ai 
collaboré  dans  le  ministère  de  défense  républicaine  parlent  d’ailleurs  plus  haut  que  les  pro¬ 
grammes  et  les  professions  de  foi. 

Au  lendemain  des  élections  de  1898,  un  parti  audacieux,  formé  de  toutes  les  opposi¬ 
tion  s,  avait  troublé  la  paix  publique,  atteint  gravement  notre  prestige,  paralysé  tout  travail 
parlementaire  et  compromis  Ravenir.  On  marchait  a  une  de  ces  crises  qui  blessent  et 
affaibli  s  sent  pour  longtemps  les  gouvernements  et  les  peuples. 

line  politique  résolue  et  hardie,  inaugurée  par  un  chef  incomparable,  soutenue  par  une 
majorité  républicaine  dont  ritm  n’a  pu  rompre  Runion,  a  triomphé  des  entreprises  violentes, 
ramené  à  Pobéissance  des  lois  ceux  qui  feignaient  de  les  ignorer,  réalisé  d’importantes 
réformes,  accru  notre  puissance  navale  et  militaire,  fortifié  nos  alliances  et  assure  la  sécu- 
ritê  du  lendemain.  Ce  sera  l’Honneur  de  ma  carrière  d’avoir  été  appelé  en  ces  heures  cri¬ 
tiques,  parla  confiance  du  Chef  de  l’État  et  du  Président  du  Conseil,  à  combattre  au  premier 
rang  pour  la  République  et  pour  le  pays  menacés. 

Chers  Concitoyens, 

Vous  vous  retrouvez  aujourd’hui  en  face  de  ïa  coalition  que  vous  avez  toujours  vaincue. 

Comme  au  16  Mai,  la  réaction  tente  un  suprême  effort  ;  comme  au  16  Mai,  la  volonté 
souveraine  de  la  nation  lui  infligera  la  même  défaite. 

il  s’agit  cette  fois  encore  de  défendre  contre  ses  adversaires  les  plus  implacables  la 
République,  ses  lois  fondamentales  et  son  esprit. 

Nos  adversaires  vous  demandent  de  vous  rallier  à  une  République  sans  républicains,  à 
une  politique  égoïste  et  rétrograde,  sans  générosité  et  sans  grandeur. 

Ce  que  nous  voulons,  nous,  c’est  une  République  franchement  réformatrice,  ûère  au 
dehors,  pacifique  et  fraternelle  au  dedans,  toute  pénétrée  de  justice  et  de  solidarité 

sociale.  • 

On  nous  accuse  d’être  des  révolutionnaires  et  des  oppresseurs.  Vous  n  en  croyez  rien. 

Nous  proclamons  l’inviolabilité  de  la  propriété  individuelle  et  le  respect  de  toutes  les 
libertés  et  de  toutes  les  croyances. 

Mais  nous  sommes  partisans  de  la  refonte  de  notre  système  fiscal  par  Rétablissement 
de  l’impôt  sur  le  revenu  avec  progression  proportionnelle  aux  facultés  de  chacun  et  exemp¬ 
tion  d’un  minimum  pour  les  besoins  de  la  vie. 

Nous  affirmons  la  prééminence  des  droits  de  1  État  en  matière  d  enseignement  et  la 
nécessité  de  donner  à  la  société  laïque  les  garanties  nécessaires  pour  la  formation  des  géné¬ 
rations  à  venir. 


—  476  - 


Nous  devons  placer  au  premier  rang  de  nos  préoccupations  la  défense  des  intérêts 
agricoles,  commerciaux  et  industriels,  la  réduction  des  charges  militaires,  les  économies  et 
l’organisation  des  caisses  de  retraites  pour  la  vieillesse. 

Chers  Concitoyens, 

J’ai  rempli  fidèlement  le  mandat  que  vous  m’avez  confié. 

J’ai  mis  à  voire  service  toute  mon  activité  et  tout  mon  dévouement.  En  toute  occasion 
|'ai  énergiquement  défendu  vos  intérêts. 

Je  vous  demande  de  me  donner,  par  vos  suffrages,  une  force  nouvelle  pour  soutenir 
dans  la  Chambre  de  demain  la  politique  féconde  de  réforme  et  d'action  républicaines. 

Vive  la  France  I  Vive  la  République 

Georges  LEYGUES,  Député  sortant, 

Ministre  de  l’Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts. 


—  477  — 


N° 1162 


LOZÈRE 


Circonscription  de  FLORAC 

M.  Louis  JOURDAN 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  3,536  voix. 


Citoyens  Électeurs  et  chers  Compatriotes  1 

Pour  la  cinquième  fois,  je  me  présente  à  vos  libres  suffrages,  persuadé  que  17  années 
de  vie  publique  et  politique  n’ont  pas  affaibli  les  sentiments  de  confiance  et  de  sympathie 
dont  vous  m’avez  honoré  jusqu’ici. 

Le  programme  que  je  soumets  à  votre  approbation  est  celui  du  parti  républicain  radical 
socialiste,  auquel  j’appartiens  comme  candidat  et  comme  membre  délégué  du  Comité  central 
exécutif. 

Ce  programme  ne  saurait  différer  des  précédents,  car  la  plupart  des  réformes  promises 
attendent  encore  une  solution. 

La  faute  en  est  aux  efforts  incessants  des  adversaires  de  nos  institutions,  plus  que 
jamais  coalisés  et  ligués  contre  la  République,  ses  lois  et  son  esprit.  La  responsabilité  en 
incombe  à  ceux  qui,  depuis  bientôt  trois  ans,  pour  faire  échec  au  Ministère  de  Défense  répu¬ 
blicaine,  ont  cherché,  par  tous  les  moyens,  à  paralyser  le  travail  parlementaire  et  qui  sont 
parvenus  à  retarder  l’étude  et  le  vote  des  réformes  fiscales  ou  sociales. 

Si,  comme  je  n’en  doute  point,  la  République  sort  triomphante  du  nouvel  et  violent 
assaut  qui  lui  est  livré  ;  si  la  coalition  contre-révolutionnaire  est  écrasée  par  l’union  des 
hommes  qui,  restés  fidèles  à  l’esprit  de  la  Révolution  française,  veulent  la  pensée  libre  et 
la  justice  sociale,  rien  ne  pourra  plus  mettre  obstacle  à  la  réalisation  de  ces  réformes,  de 
ces  progrès,  dont  l’heure  a  sonné  depuis  longtemps. 

Leur  énumération  complète  dépasserait  les  bornes  d’un  simple  programme,  et  je  n’en 
veux  rappeler  ici  que  les  points  les  plus  importants  : 

Révision,  dans  un  sens  plus  démocratique,  de  la  Constitution  imposée  par  l’Assemblée 
monarchique  de  1871  ; 

Réforme  du  système  fiscal  par  l’impôt  progressif  et  global  sur  le  revenu,  faisant  sup¬ 
porter  à  la  richesse  acquise  la  part  dès  charges  publiques  qui  pèse  si  lourdement  sur  le 
pauvre  et  sur  le  travailleur  ; 

Dégrèvement  intégral  de  la  petite  propriété  foncière  ; 

Réforme  du  Code  de  procédure  et  des  lois  qui  régissent  les  successions  ou  mutations  ; 

Révision  du  cadastre  ; 

Organisation  des  caisses  decrédit,  d’assurances  agricoles  et  des  syndicats  ou  sociétés 
coopératives  en  vue  de  facil  iter  la  production,  les  achats  et  les  ventes  aux  petits  propriétaires 
et  cultivateurs  ; 

Service  militaire  réduit  à  deux  ans,  au  maximum,  obligatoire  pour  tous,  etc.,  etc. 

Au  même  titre  que  les  réformes  d’ordre  politique,  s’imposent  les  réformes  sociales  : 


-  478  — 

Lois  destinées  à  améliorer  les  conditions  du  travail  ;  à  créer  la  participation  aux  béné¬ 
fices;  Passa rance  contre  les  accidents  ;  une  retraite  à  tous  les  travailleurs  de  la  ville  et  des 
champs  (ce  dernier  projet  aurait  déjà  reçu  une  solution  sans  ^acharnement  avec  lequel  les 
réactionnaires  Pont  combattu)  ;  à  faire  disparaître,  entre  les  citoyens  d’une  même  patrie, 
ces  inégalités  choquantes  attribuant  aux  uns  toutes  les  faveurs,  aux  autres  toutes  les 
charges; 

Lois  tendant  à  socialiser  et  à  restituer  à  la  nation  tout  entière,  dans  l’intérêt  de  sa 
défense  et  de  sa  prospérité,  ces  nombreux  et  puissants  monopoles  constitués  et  gérés  au 
profit  seulement  d’une  classe  de  privilégiés,  etc,,  etc. 

Suivant  l’expression  de  noire  ami  Camille  Pelletao  :  «  Nous  n’entendons  nous  laisser 
devancer  par  personne,  soit  dans  les  revendications  pour  le  droit  du  travail  humain,  soit 
dans  la  lutte  contre  la  plus  vile  des  oppressions  :  celle  de  l’argent,  » 

Comme  je  le  disais  en  1S9S,  je  déclare  aussi  que  je  m’associerai  à  toutes  les  mesures 
prises  ayant  pour  but  de  rendre  les  Églises  libres  dans  FÉtat  libre,  en  les  dégageant  des 
liens  qui,  au  début  du  siècle  dernier,  leur  furent  imposées  par  un  despote  désireux  d’assu¬ 
jettir  à  son  omnipotence  les  esprits  aussi  bien  que  les  personnes.  En  ce  moment  surtout  où 
nous  assistons  à  un  réveil  inattendu  deces  haines  religieuses,  de  cet  esprit  d’intolérance  qui 
semblent  vouloir  noos  ramener  aux  plus  mauvais  jours  de  ïa  monarchie,  il  n’est  peut-être 
pas  inutile  d’affirmer,  avec  plus  de  force,  le  principe  de  Faffmncbîssement  des  consciences 
et  de  condamner  toute  agitation  de  nature  à  surexciter  des  passions  incompatibles  avec  les 
progrès  de  la  raison  et  de  îa  liberté. 

Le  cléricalisme  (qu’il  ne  faut  point  confondre  avec  l’esprit  religieux,  respectable  lors¬ 
qu’il  est  sincère),  le  cléricalisme  (qui  n’est  point  la  religion,  mais  une  forme  de  politique 
hypocrite  et  haineuse)  est  plus  que  jamais  l’ennemi»  Nous  avons  voté  la  loi  sur  les  congré¬ 
gations;  Il  faut  qu’elle  soit  appliquée,  La  loi  Fallouxa  fait  desFrauçais  des  frères  ennemis; 
il  faut  achever  de  l’abroger» 

Citoyens  Électeurs  ï 

Mon  passé  vous  répond  de  Fa  venir.  Mon  attiiude  à  la  Chambre  vous  est  un  sur  garant 
de  ce  que  je  puis  faire  encore.  Soldat  discipliné  de  la  République,  fai  soutenu  de  tous  mes 
votes  ce  Ministère  de  défense  républicaine  qui,  dans  notre  pays  troublé  par  tant  de  passion? 
coupables,  a  ramené  l’ordre,  l’apaisement,  le  respect  des  lois. 

Si  vous  me  maintenez  votre  confiance,  je  reprendrai  ma  place  parmi  les  républicains 
d’avant-garde,  radicaux  et  socialistes ,  las  seuls  capables  de  préparer  l’avènement  d’un 
nouvel  état  social  où  les  hommes,  meilleurs,  vivront  plus  heureux  sous  un  régime  de  tolé¬ 
rance  réciproque,  de  fraternelle  assistance y  d’humanité  et  de  justice. 

Vive  la  République  démocratique  et  sociale  ! 

Louis  JOURDAN,  Député  sortant, 
Candidat  républicain  radical  socialiste. 


V. 


-  479  - 


N°  1162 


Circonscription  de  MARVËJQL8 

M.  le  marquis  de  CilAMBBUN 
Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  7.102  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Je  viens  solliciter  de  votre  affection, et  de  votre  confiance  le  renouvellement  du  mandat 
que  je  tiens  de  vos  libres  suffrages. 

Je  n'ài  rien  à  reprendre  anx  principes  que  j'exposais  devant  vous,  il  y  a  quatre  ans. 

Pai  conscience  d'avoir  rempli  fidèlement  mon  mandat. 

Par  imposante  majorité  qui  s’était  réunie  sur  mbn  nom,  ^arrondissement  dé  Mar- 
vejols  avait  clairement  indiqué  son  sentiment  politique* 

Partisans  et  défenseurs  de  là  République  sage,  généreuse  et  tolérante,  nous  voulons 
qu'elle  soit  ouverte  à  tous,  protectrice  du  droit  individuel,  respectueuse  de  la  liberté  de 
conscience,  et  qu’elle  entoure  d'un  soin  jaloux  l’honneur  traditionnel  de  notre  drapeau. 

Je  continue  à  réclamer  la  liberté  religieuse,  que  je  considère  comme  inséparable  de 
toute  liberté  politique  bien  comprise  ;  et  je  demande  une  exécution  loyale  du  Concordat  qui 
assure  l’exercice  du  culte  catholique  en  France. 

Je  réclame  également  le  maintien  de  la  liberté  d'enseignement,  dont  le  principe  est 
aujourd'hui  menacé  sans  égard  au  droit  incontestable  du  père  de  famille,  sans  souci  des 
bienfaits  qui  en  découlent  pour  la  société. 

Durant  la  dernière  législature,  jai  été  l’adversaire  de  la  loi  sur  le  contrat  d'association, 
à  cause  des  dispositions  illibérales  qu'elle  renferme,  notamment  celles  qui  visent  les 
congrégations  religieuses.  C'est  vous  dire  que  mon  concours  est  acquis  à  toute  mesure  qui 
aura  pour  but  de  changer  cette  loi,  afin  de  la  mettre  en  accord  avec  les  principes  d’égalité 
et  de  justice  qu’elle  me  paraît  méconnaître. 

Je  voterai  l'autorisation  que  sollicitent  les  ordres  religieux. 

Je  demeure  plus  que  jamais  partisan  résolu  dû  dégrèvement  le  plus  large  de  l'impôt 
foncier  qui  pèse  si  lourdement  sur  nos  campagnes,  et  dont  les  charges  excessives  sont 
décourageantes  pour  l'agriculture. 

L'agriculture,  dans  nos  pays  pauvres,  mérite  d’être  soutenue  et  judicieusement 
protégée* 

Aucune  considération  d'ordre  politique  ne  doit  présider  à  la  distribution  des  indem¬ 
nités  ou  des  secours  pour  pertes. 

Si  je  reste  votre  représentant,  je  continuerai  à  m'associer  aux  réformes  tendant  à  une 
répartition  plus  équitable  des  chargés  publiques.  Mais,  comme  je  l'ai  déjà  déclaré  haute¬ 
ment,  je  suis  l'adversaire  des  mesures  qui  ont  pouf  objet  s  la  spoliation  ou  l'abolition  du 
droit  de  propriété* 

Améliorer  le  sort  des  travaillas  dés  campagnes  êtdès  villes  est  sans  doute  k  plus 
noble  tâche  que  puisse  se  proposer  le  législateur.  Le  champ  d'action  est  vaste  sous  ce 
rapport  :  mutualités,  caisses  de  retraités,  crédits  agricoles,  hygiène  et  sécurité  des 
ouvriers,  etc.  La  législation,  si  elle  entend  être  progressive,  doit  tendre  à  supprimer  la 
misère  et  la  souffrance.  Mais  le  Parlement,  lorsqu’il  entreprend  cette  œuvre  bienfaisante, 
uo  doit  pas  se  laisser  leurrer  par  les  dangereuses  utopies  du  collectivisme,  ni  oublier  que 
le  respect  du  droit  individuel  est  uùe  garantie  pour  tous. 

Favorable  en  principe  à  la  réduction  de  ïâ  durée  du  service  militaire,  pourvu  qu’elle 
laisse  une  armée  forte  et  la  défense  nationale  assurée,  j'apporterai  à  Têtude  de  cette  ques- 


—  im  — 


tïon  très  importante  une  attention  toute  particulière,  sans  jamais  perdre  de  vue  Pintèr&t 
de  nos  jeunes  gens  et  de  leurs  familles. 

Je  m’associerai  à  tous  les  projets  tendant  à  élargir  les  libertés  communales,  qui  ne 
seront  pas  incompatibles  avec  notre  système  administratif. 

Ainsi  que  je  le  disais,  il  y  a  quatre  ans,  je  voudrais  soustraire  les  fonctionnaires  de 
notre  arrondissement  h  la  petite  tyrannie  locale  qui  s’exerce  sur  eux,  souvent  même  à  Tinsn 
du  gouvernement*  Certes,  la  soumission  la  plus  absolue  aux  institutions  légales  du  pays  est 
exigible  du  fonctionnaire.  Mais  combien  ne  doit-on  pas  réprouver  la  manière  dont  il  est 
intimidé  et  violenté  dans  le  libre  exercice  de  ses  droits  de  citoyen  français! 

Le  sentiment  de  la  dignité  humaine  répugne  à  des  procédés  qui  consistent  à  imposer 
un  servage  politique  à  celui  qui  donne  son  travail  a  l’État  en  échangé  d  un  salaire. 

Électeurs, 

Vous  connaissez  mon  profond  attachement  au  pays*  Depuis  que  vous  m’avez  élu,  j’ai 
passé  mes  vacances  parlementaires  au  milieu  de  vous,  me  rendant  aux  principales  foires, 
parcourant  souvent  nos  montagnes,  pour  me  tenir  en  contact  avec  vous  et  mieux  connaître 
vos  pensées. 

En  me  présentant  de  nouveau  à  vos  suffrages,  je  o’ai  d’autre  désir  que  de  défendre  vos 
intérêts,  d’autre  ambition  que  de  servir  la  Patrie  avec  dévouement  filial  et  désintéres¬ 
sement» 

Vive  la  France I 

Vive  la  République  ! 

Vive  la  Lozère  ! 

Marquis  de  CHAMBRUIN,  Député  sortant. 


Circonscription,  de  MENDE 
M.  DÀÏJDÉ 

Elu  au  iar  tour  de  scrutin»  —  6,130  voix* 


Mes  chers  Concitoyens, 

La  Chambre  des  Députés  doit  être  renouvelée  le  27  avril. 

11  y  a  quatre  ans,  vous  m’avez  fait  l’honneur  de  me  choisir  pour  votre  représentant. 
J’ai  conscience  d’avoir  rempli  mon  mandat  avec  exactitude,  fidélité,  fermeté  et  dévouement. 

Deux  évènements  principaux  marqueront  dans  l'histoire  la  législature  qui  vient  d’ex¬ 
pirer  :  l’affaire  Dreyfus  et  la  loi  contre  les  congrégations.  Pour  sauver  un  officier  de  race 
juive  convaincu  de  trahison,  les  Juifs  jetèrent  leur  cri  de  guerre  :  Périsse  la  France,  sauvons 
Dreyfus!  Et  ils  allèrent  jusqu’à  nous  menacer  de  l’invasion  allemande! 

Les  patriotes  s’unirent  contre  l’ennemi  commun.  Le  parti  nationaliste  était  fondé. 

J’ai  pris  place  dans  ce  grand  parti. 

Aux  Juifs,  aux  internationalistes,  à  leurs  alliés  les  francs-maçons,  aux  sans-patrie, 
nous  avons  répondu.  Hier  nous  conquérions  Paris;  le  27  de  ce  mois,  nous  remporterons 
dans  la  France  la  décisive  et  libératrice  victoire. 


/ 


Nû  H  62 


—  481  — 

Pour  se  venger  de  ia  condamnation  du  traître,  le  mini  s  1ère  Waldeck-Milleraud  inven¬ 
tait  le  complot  politique,  convoquait  imc  Haute-Cour,  faisait  bannir  de  France  les  meilleurs 
patriotes*  les  plus  fermes  républicains*  graciait  Dreyfus*  frappait  le  haut  commandement 
de  l’armée  nationale  et  couronnait  son  couvre  de  haine  par  une  loi  contre  les  associations 
catholiques. 

Avec  les  libéraux  de  tous  les  partis,  fai  combattu  par  ia  parole  et  par  mes  votes  tous 
les  projets  du  gouvernement  qui  portaient  atteinte  à  la  liberté  de  conscience,  à  la  liberté  du 
père  de  famille,  à  ia  liberté  de  l'enseignement,  a  la  liberté  d'association,  aux  Droits  de 
l’Homme  et  du  Citoyen, 

Électeurs, 

Ma  profession  de  foi  de  1398  formait  un  programme  de  réformes  économiques,  démo¬ 
cratiques,  financières,  sociales  et  nationales. 

Elles  intéressent  le  paysan,  l’ouvrier,  le  fonctionnaire,  le  contribuable,  le  soldat. 

Pour  le  paysan, 

qui  paye  le  31  pour  cent,  c’est-à-dirc  le  tiers  de  ses  revenus  : 

J’ai  voté  la  suppression  de  l’impôt  foncier, 

Pai  voté  trois  fois  l’impôt  sur  le  revenu, 

J’ai  voté  le  dégrèvement  de  la  moitié  du  principal  des  cotes  foncières  de  20  francs  à 
75  francs, 

Tai  voté  la  loi  qui  décharge  depuis  cette  année,  le  contribuable  lozérien  de  40  pour 
cent  —  de  plus  du  tiers  —  de  la  persomn  Ile-mobilière, 

J'ai  demandé  que  le  produit  de  la  conversion  du  3  1/2  pour  cent  fut  affecté  à  la  réduc¬ 
tion  de  la  moitié  du  principal  de  l’impôt  foncier, 

J'ai  demandé  que  la  maison  et  le  champ  de  famille  fussent  rendus  insaisissables, 
p ai  demandé  que  noire  département  peu  riche  et  très  éprouvé  par  les  sinistres  agrb 
col  es  reçût  dans  les  secours  de  T  État  une  part  de  faveur. 

i 

Pour  l’ouvrier 

de  la  mine,  de  l’industrie,  de  la  voie  ferrée,  etcM  j’ai  voté  toutes  les  lois  qui  le  protégeaient 
contre  un  travail  excessif  et  trop  long, 

Contre  les  accidents, 

Contre  les  maladies, 

Contre  la  vieillesse. 

Contre  les  règlements  patronaux  injustes  et  arbitraires. 

J’ai  voté  comme  pis  aller,  le  projet  de  loi  sur  les  retraites  ouvrières. 

Et  je  suis  au  nombre  des  256  députés  qui  se  prononcèrent  en  faveur  du  contre-projet 
JUirman,  la  plus  belle  réforme  sociale  sur  ceite  grave  question! 

Pour  les  fonctionnaires, 

victimes  trop  souvent  de  délations  méprisables  et  de  la  tyrannie  des  coteries  locales  : 

J’ai  voté  toutes  les  motions  qui  tendaient  a  les  rendre  plus  libres,  dans  l’exercice  de 
leurs  droiis  de  citoyens, 

J’ai  voté  toutes  les  réformes  qui  amélioraient  leur  situation,  quand  c’étaient  des  petits, 
comme  les  sous-agents  des  postes,  les  cantonniers,  les  douaniers,  etc-. 

J'ai  voté,  à  maintes  reprises,  la  réduction  des  traitements,  quand  c'étaient  des  gros, 


61 


—  482  — 


J'ai  voté  la  suppression  des  emplois  inutiles,  des  grasses  sinécures*  qui  épuisent  le 
Trésor  Public. 

Pour  le  contribuable* 

Je  vous  disais  en  1898  :  —  n  Pas  d'impôt  nouveau,  pas  d'emprunt  »  —  J'ai  strictement 
exécuté  cette  partie  de  mon  programme. 

j'ai  voté  contre  tous  les  impôts  nouveaux. 

J'ai  voté  contre  tous  les  emprunts;  notamment  contre  l'emprunt  de  Chine  qui  s'élevait 
à  265  millions. 

Pour  le  soldat, 

J'ai  voté  le  principe  du  service  militaire  de  deux  ans  sans  dispense  ;  mais  je  reste  par¬ 
tisan  de  la  loi  que  j!ai  demandée  moi-môme  et  votée,  d'une  année  seulement  de  service, 
combinée  avec  une  armée  de  métier. 

L'agriculture  a  ses  besoins,  la  défense  nationale  a  ses  nécessités. 

Pour  satisfaire  les  premiers,  sans  compromettre  les  secondes,  il  a  paru  qu'on  pouvait 
réduire  les  périodes  d'exercices  de  28  jours,  et  supprimer  celles  des  13  jours.  Je  me  suis 
associé,  par  des  votes  nombreux  et  récents,  à  mes  collègues  de  tous  les  partis  qui  ont 
demandé  cette  réduction  et  cette  suppression. 

Aux  soldats,  qui  ont  la  noble  et  glorieuse  tache  de  défendre  le  sol  de  la  patrie,  je  n'ai 
jamais  marchandé  les  crédits  pour  améliorer  leur  ordinaire. 

C'est  ainsi  qu'à  deux  reprises  j’ai  voté  un  quart  de  vin  pour  les  troupes  et  souscrit  à  la 
proposition  qui  tendait  à  augmenter  leur  ration  de  viande. 

Électeurs, 

Si  beaucoup  des  motions  et  des  propositions  de  loi  que  je  viens  d'énumérer  n'ont  pas 
abouti,  c'est  d'abord  parce  que  le  ministère  actuel,  trop  absorbé  par  l'affaire  Dreyfus,  et  sa 
loi  contre  les  Congrégations,  ou  bien  les  a  repoussées,  ou  bien  les  a  fait  enterrer  dans  les 
Commissions. 

C’est  ensuite  parce  que  le  Sénat,  issu  du  suffrage  restreint,  se  montre  réfractaire  à 
toutes  les  réformes  démocratiques  et  sociales. 

Il  faudrait  pour  que  les  efforts  des  Députés  réussissent,  que  cette  Assemblée  réaction¬ 
naire  et  conservatrice  fut  nommée  par  le  suffrage  universel. 

Mes  chers  Amis, 

11  ne  me  conviendrait  pas  de  parler  des  secours  que  j'ai  fait  allouer  aux  agriculteurs, 
aux  anciens  militaires,  etc.  ; 

Des  nombreux  emplois  que  j'ai  procurés  à  mes  compatriotes  ; 

Des  démarches  de  toute  nature  que  j'ai  faites  pour  eux; 

Des  services  que  j'ai  rendus  à  la  colonie  jozénenne  si  importante  à  Paris, 

Tout  cela  sans  m'occuper  des  opinions  politiques. 

Il  faut  les  accusations  d’un  adversaire  sans  scrupule,  de  M.  l'avoué  Mal  a  fosse,  qui 
plaide  coupable,  à  coups  de  mensonges  ;  il  faut  les  calomnies  des  imbéciles  qu'il  a  choisis 
pour  rédiger  son  Menteur,  pour  que  je  signale  en  passant  tous  ces  petits  détails. 

Voilà  ce  que  j'ai  fait; 

Voilà  mon  œuvre  politique; 

Voilà  ce  que  mes  adversaires  écrasés  par  la  réalité  des  actes  et  réduits  à  l'impuissance 
appellent  n'avoir  rien  fait. 

Ce  que  je  fus  hier,  je  le  suis  aujourd'hui  et  je  le  serai  demain. 

Si  vpus  me  faites  l'honneur  de  me  renouveler  le  mandat  que  vous  m'avez  confié  en 


483  — 


N°  \ 162 


1898,  je  m’emploierai  de  mon  mieux,  avec  toute  l’indépendance  de  mon  caractère  et  toute 
l’énergie  de  mon  âme,  à  défendre  la  cause 
De  la  Justice, 

De  la  Liberté, 

De  la  Patrie  Lozérienne, 

De  la  Patrie  Française. 

Vive  la  Lozère! 


Vive  la  République  Nationale! 


Votre  serviteur, 

Paulin  DAUDÉ,  Député  sortant. 


MAINE-ET-LOIRE 


lr0  circonscription  d*  ANGERS 
M.  BICHON 

Ëlu  au  2°  tour  de  scrutin.  —  10.875  voix. 


Electeurs, 

Sous  l'étiquette  de  républicains,  les  réactionnaires  de  toutes  nuances  se  ruent  en  ce 
moment  à  l'assaut  de  la  Kèpublique  et  de  nos  institutions  démocratiques. 

C’est  en  raison  du  danger  créé  pat  cette  coalition  que  j’ai  cru  de  mon  devoir  de  céder 
aux  instances  réitérées  d’un  grand  nombre  de  vieux  républicains  en  jetant  mon  nom  dans 
la  balance  électorale. 

Ai-je  besoin  de  vous  entretenir  de  ma  modeste  personnalité  7  Oui,  puisque  c’est  l’usage. 
D’ailleurs  ce  sera  court  : 

issu  d’une  famille  d’ouvriers,  je  n’ai  pas  changé  de  milieu,  l’ai  vécu  jusqu’ici  parmi  les 
humbles,  les  besoigneux.  J’ai  trouvé  ma  clientèle  dans  le  peuple  et  mes  intérêts  ont 
toujours  été  liés  à  ceux  des  travailleurs.  Eux  surtout  connaissent  ma  vie  et  peuvent  la  juger. 

Mon  drapeau  î  c’est  le  drapeau  de  1792,  sous  les  plis  duquel  mouraient  nos  pères  pour 
la  défense  du  sol  de  la  patrie,  envahie  par  les  princes  coalisés. 

C’est  celui  que  je  suivais  en  1870,  à  Frœschviller,  que  j’escortais  quand  il  sortit  glo¬ 
rieusement  de  Bitche,  salué  par  l’ennemi. 

C'est  l’emblème  aux  trois  couleurs,  qui  signifie  :  union  des  citoyens  dans  la  République 
grande,  forte,  ouverte  à  tous,  fondée  sur  la  Démocratie  et  appuyée  sur  les  Droits  de 
l’homme. 

Mes  adversaires  m’ont  reproché  d’être  «  ministériel  ».  C’est  là  un  reproche  puéril  et 
absolument  gratuit.  Je  n’ai  jamais  été  prisonnier  d’aucune  coterie,  je  ne  le  serai  pas  davan¬ 
tage  d’un  ministère.  Comme  par  le  passé,  je  ne  m’inspirerai  jamais,  dans  mes  votes,  que 
de  ma  conscience.  Rien  dans  mes  actes  n’autorise  à  croire  le  contraire. 

Au  reste,  n’attendez  pas  de  moi  de  longs  discours.  Que  vous  dirai-je  que  vous  n’ayez 
déjà  entendu.  Les  candidats,  dans  leurs  programmes,  ne  sont-ils  pas  tous  animés  des 
meilleures  intentions  ?  Leur  dévouement,  leur  sollicitude  pour  vos  intérêts  font-ils  aucun 
doute  ?  Ne  connaissent-ils  pas  tous  vos  besoins  et  n’ont-ils  pas  le  remède  à  tous  vos  maux  l 

Au  fond,  c’est  toujours  la  même  chose.  La  forme  seule  diffère. 

Mon  programme,  dans  les  grandes  lignes,  sera  celui  d’un  homme  résolument  partisan 
de  toutes  les  réformes  pouvant  amener  l’amélioration  du  sort  des  travailleurs  de  la  ville 
comme  de  la  campagne  et  donner  un  nouvel  essor  au  commerce  et  à  l’industrie. 

Je  n’insiste  pas  et  n’entrerai  ici  dans  aucune  nomenclature.  Je  ne  veux  chercher  à  vous 
en  imposer  ni  par  de  vaines  paroles  ni  par  de  fallacieuses  promesses. 

Mais  à  ceux  qui  pensent  qu’un  homme  de  bonne  volonté  notoire,  dont  les  preuves  sont 
faites,  dévoué  sans  restriction  à  la  cause  républicaine  comme  aux  idées  de  progrès  et  de 
liberté  ; 


_  485  -  N*  1162 

A  ceux  qui  repoussent  l’équivoque  et  cherchent  la  franchise  et  la  loyauté,  je  viens  dire; 

Choisissez,  parmi  les  candidats  qui  se  présentent  devant  vous,  l’homme  dont  les  senti- 
méats  ne  vous  sont  pas  suspects.  Donnez  votre  confiance  à  celui  qui,  par  scs  actes  ante¬ 
rieurs,  la  rectitude  d’une  longue  carrière  politique,  son  dévouement  connu  aux  intérêts  de 
seê concitoyens,  Paura  le  plus  méritée, 

(Test  à  lui  qu’il  faudra  confier  la  garde  de  votre  patrimoine  démocratique ^et  le  soin  de 
concourir  aux  réformes  ayant  pour  but  Famêlioration  de  l’état  social. 

Cette  tâche,  je  l1  accepterai  si  vous  m’en  jugez  digne. 

Aux  urnes  1  pour  la  République. 

Dr  BICHON. 


SCRUTIN  DE  BALLOTTAGE  DU  11  MAI  1902 

Électeurs, 

La  concentration  républicaine  s’est  accomplie  dans  notre  circonscription,  comme  dans 

toute  la  France.  , 

Les  républicains  sincères  s’unissent  partout  contre  le  péril  nationaliste  réactionnaire. 
Vous  ne  vous  laisserez  pas  influencer  par  les  calomnies,  les  mensonges,  les  menaces 
que,  pour  les  besoins  d’une  mauvaise  cause,  on  a  déjà  accumulés  contre  moi,  qui  vont 
s’accumuler  encore  ei  auxquels  je  dédaigne  de  répondre. 

Fai  derrière  moi  vingt  années  de  services  politiques. 

La  meilleure  preuve  de  mon  dévouement  à  mes  concitoyens  et  de  mon  dêsintércsse- 
flieul,  c’est  d’avoir  accepté  de  tenir,  en  face  d’adversaires  riches  et  puissants,  violents  et 
acharnés,  le  drapeau  de  la  République. 

Fai  mis  mon  honneur  à  continuer  la  lutte,  sans  défaillance,  avec  la  ténacité  que  1  on 
méconnaît. 

Quelques  lignes  de  mon  programme  : 

Paix  et  liberté* 

Améliora  lion  du  sort  des  travailleurs. 

Protection  du  petit  commerce  et  de  l’industrie. 

Révision  des  patentes. 

Protection  des  intérêts  agricoles. 

Réduction  du  service  militaire  à  deux  ans. 

Économies  budgétaires. 

Réduction  des  impôts. 

Je  montrerai  que  je  peux  tenir  ce  que  je  promets.  Mon  passé  est  garant  de  F  avenir. 
Électeurs, 

Je  vous  convie  au  scrutin  de  dimanche  prochain. 

Pour  la  République  !  Pour  la  France  !  Pour  le  Peuple  ! 


Dr  BICHON. 


—  486  — 


2*  circonscription  d'ANGERS 

M.  Ferdinand  BOUGÈRE 
Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  12,1*79  voix. 


Messieurs  et  chers  Concitoyens, 

Appelé  par  vos  suffrages  à  vous  représenter  h  la  Chambre  des  Députés,  je  me  suis 
conformé  rigoureusement  au  programme  approuvé  par  vous  le  S  mai  1898* 

Je  viens  solliciter  de  vous  le  renouvellement  de  mon  mandai. 

Si  vous  m’accordez  a  nouveau  votre  confiance,  je  suivrai  les  mêmes  principes  qui  nf ont 
jusqu'ici  dicté  ma  conduite. 

Je  défendrai  l’arm ée,  sauvegarde  de  la  Patrie, 

Je  favoriserai,  par  tous  les  moyens  et  notamment  par  les  lois  de  protection  et  de  pro¬ 
grès^  l'agriculture  et  le  commerce  qui  assurent  la  prospérité  de  la  France. 

La  loi  accordant  les  primes  à  la  culture  du  chanvre  arrive  à  échéance  ;  au  cours  de  la 
prochaine  législature  j'en  demanderai  la  continuation. 

Je  prêterai  mon  concours  à  tout  ce  qui  facilitera  la  vente  avantageuse  de  notre  bétail» 
de  nos  blés,  de  nos  vins,  et,  en  général ,  de  tous  les  produits  de  notre  Anjou. 

La  loi  sur  les  patentes,  conservée  jusqu’ici  par  le  Sénat,  sera  examinée  bientôt.  J’en 
favoriserai  la  révision  pour  rendre  pliis  équitables  les  charges  qui  pèsent  sur  le  commerce 
local,  à  Pavant  âge  des  grands  magasins. 

La  politique  néfaste  suivie,  depuis  plusieurs  années,  par  la  coalition  qui  a  amené  les 
socialistes  au  pouvoir,  a  semé  la  division  parmi  les  Français  et  compromis  la  sécurité,  h 
prospérité  et  Pavenir  du  pays. 

Elle  démontre  la  nécessité  d'une  politique  conservatrice,  économe  et  libérale,  assurant 
l'amélioration  des  finances  de  PÉtat,  le  respect  de  la  propriété,  la  liberté  du  travail,  la 
liberté  religieuse,  la  liberté  du  père  de  famille  d'élever  ses  enfants  suivant  sa  volonté, 
assurant  enfin  Pégalilé  de  tous  les  citoyens  unis  par  un  même  respect  de  la  justice,  par  un 
même  amour  du  drapeau  tricolore,  dans  le  but  d’assurer  la  grandeur  de  la  France. 

Si  yous  me  faites  l'honneur  de  me  choisir  à  nouveau  pour  votre  représentant,  comme 
par  le  passé,  vous  me  trouverez  toujours  prêt  a  me  rendre  à  votre  appel  pour  soutenir  vos 
intérêts  et  pour  défendre  vos  droits. 


Ferdinand  BOUGÈRE. 


487 


N*  1162 


Circonscription  de  BAUGÉ 

M.  FABIEN- GESBRON 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin»  —  9.071  voix. 


Mes  chers  Concitoyens  ? 

Je  me  présente  à  vos  suffrages  sur  tes  instances  d'un  grand  nombre  de  mes  amis  du 
Baugeoîs,  désireux  de  voir  la  circonscription  représentée  par  un  enfant  du  pays,  résolu  à 
défendre  les  grands  principes  de  conservation  sociale  en  même  temps  que  respectueux  des 
pouvoirs  établis. 

Je  ne  suis  pas  un  étranger  pour  vous  :  toute  ma  jeunesse  s’est  écoulée  à  Baugé  et,  si 
des  nécessités  professionnelles  m’ont  jusqu'ici  retenu  un  peu  en  dehors  mais  tout  près 
cependant  de  votre  arrondissement,  je  me  ferai  un  plaisir  et  un  devoir  de  me  fixer  au 
milieu  de  vous  si  je  deviens  voire  élu. 

Gomme  la  grande  majorité  d'entre  vous  je  suis  un  enfant  du  peuple  :  fils  d’ouvrier  et 
petit-fils  de  cultivateurs,  je  ne  suis  pas  de  ceux  qui  rougissent  de  leurs  modestes  origines. 

Je  veux  une  République  sagement  progressiste,  résolument  tolérante  et  libérale  ;  un 
Gouvernement  composé  d'hommes  honnêtes,  sachant  résister  aux  extravagances  des  partis 
avancés  tout  en  se  montrant  amis  des  réformes  nécessaires; 

La  République  doit  être  nationale,  c’est-à-dire  ouverte  à  tous  les  bons  Français  en  vue 
de  la  grandeur  de  la  Patrie  et  de  la  défense  du  Drapeau  tricolore  autour  duquel  doivent  se 
réconcilier  toutes  les  rancunes,  s’unir  tous  les  respects  et  tous  les  dévouements. 

La  République  doit  être  libérale  : 

Respect  absolu  de  la  conviction  et  de  la  liberté  de  chacun.  Application  rigoureuse  des 
principes  de  justice  et  d’égalité  à  tous  les  citoyens  sans  distinction  d’opinion.  Aucun  Français 
ne  doit  être  inquiété  ni  molesté  pour  ce  qu’il  croit  et  pour  ce  qu’il  pense. 

La  République  doit  être  fraternelle  : 

Il  faut  avant  tout  songer  aux  petits  et  aux  humbles.  La  société  doit  avoir  pour  premier 
souci  l’amélioration  morale  et  matérielle  des  classes  laborieuses,  et  elle  ne  peut  se  déclarer 
satisfaite  tant  qu’il  y  aura  une  misère  à  soulager,  une  injustice  à  réparer. 

C'est  dans  cette  triple  pensée  que  je  poursuivrai  la  réalisation  du  progamme  suivant  : 

Développement  des  institutions  de  mutualité  et  de  prévoyance. 

Rejet  de  l’impôt  progressif  et  réforme  démocratique  des  impôts  indirects  de  consom¬ 
mation  qui  font,  par  exemple,  que  nous  payons  le  sucre  î  fr.  10  le  Kilogramme  quand  il 
vaut  30  centimes  dans  les  pays  voisins. 

Dégrève  meut  de  l’impôt  foncier  ;  protection  énergique  des  produits  agricoles.  Le  culti¬ 
vateur  doit  tirer  profit  de  scs  récoltes  et  de  ses  élèves,  le  marchand  et  l’ouvrier  ne  vivront 
pas  si  le  paysan  meurt,  de  faim. 

l/agricullure  a  été  jusqu’ici  sacrifiée  par  les  politiciens,  qui  s’occupent  trop  des  brail¬ 
lards  des  grandes  villes  et  pas  assez  du  paisible  travailleur  des  champs. 

Défense  du  privilège  des  bouilleurs  de  cru  contre  les  menaces  de  leurs  adversaires  et 
hs  vexations  de  la  régie. 

Exemption  dos  droits  sur  les  petites  successions  en  ligne  directe.  Réorganisation  de  la 
•justice  rendue  moins  coûteuse  et  moins  formaliste. 

Réduction  du  service  militaire  à  la  durée  strictement  nécessaire  à  ta  défense  du  pays. 

Pas  d’atteinte  à  la  liberté  de  renseignement.  Respect  absolu  de  la  volonté  des  pères  de 
Jamille.  Droit  pour  les  communes  de  choisir  leurs  instituteurs  et  institutrices  primaires  ou, 


tout  au  moins,  de  subventionner  toutes  les  écoles  laïques  ou  libres  sans  distinction,  propor¬ 
tionnellement  au  nombre  des  enfants. 

Protection  du  travail  national  et  du  petit  commerce,  tué  par  les  grands  bazars  juifs. 

Protection  de  P  épargne  nationale,  dévorée  par  l’agiotage  des  financiers  juifs, 

Répression  des  spéculations  juives  sur  le  blé,  le  bétail,  et  les  denrées  de  première 
nécessité,  qui  enrichissent  les  gros  accapareurs  au  détriment  du  consommateur  et  du 
producteur. 

Je  veux  que  les  députes  s’occupent  sérieusement  des  affaires  de  la  France  et  qu’ils  ne 
soient  payés  qu’en  raison  de  leur  travail  et  d’après  le  nombre  de  séances  auxquelles  ils 
auront  assisté  et  je  veux,  en  conséquence,  la  suppression  du  droit  de  vote  par  procuration 

Enfin,  pour  que  vous  n’ayez  aucun  doute  sur  la  netteté  de  mon  attitude  politique,  je 
vous  déclare  franchement  que  je  suis  Padversaire  résolu  de  ces  ministres  sectaires  qui 
ont  violé  tout  droit,  toute  liberté,  toute  justice,  qui  ont  désorganisé  l’armée,  gaspillé  les 
deniers  publics  et  compromis,  par  leur  alliance  avec  les  socialistes  et  les  anciens  soldats 
de  la  Commune,  la  richesse  industrielle  et  commerciale  du  pays. 

Électeurs, 

Je  représente  la  cause  de  Perdre;  je  veux  la  paix  religieuse,  la  concorde  entre  les 
citoyens  d'une  même  Patrie,  le  respect  de  Parmée,  une  sévère  économie  dans  nos  finances 
afin  de  mettre  fin  aux  déficits  toujours  grossissants  et  d’éviter  les  nouveaux  impôts  dont 
nous  sommes  menacés* 

Mon  programme  est  celui  de  tous  les  braves  gens;  le  27  avril,  vous  direz  qu’il  est  le 
vôtre* 

FÀBIEN-GESBRON, 

Propriétaire  à  Baugé,  Avocat  à  la  Cour  d’appel, 
Candidat  de  PAlliance  républicaine  libérale. 


lrc  circonscription  de  GHQLET 
M.  Jules  BARON 

Élu  au  ief  tour  de  serai ïn,  —  11*885  voix. 


Messieurs  et  chers  Concitoyens, 

La  France  entière  est  appelée  à  élire  ses  Députés,  et  à  se  prononcer  sur  la  politique  que 
la  majorité  d’entre  eux  a  approuvée  et  encouragée  de  ses  votes. 

Jamais  politique  ne  fut  plus  désastreuse  pour  le  pays. 

Appelés  au  pouvoir  lors  de  la  campagne  néfaste  menée,  par  une  infime  minorité,  en 
faveur  d’un  traître,  M.  Waîdeck -Rousseau  et  ses  collaborateurs  ont  voulu  imposer  l’acquit¬ 
tement  de  Dreyfus  à  la  justice  militaire;  ils  ont  échoué  misérablement  devant  l’impartialité 
et  la  conscience  des  juges,  et,  pour  assouvir  leurs  rancunes,  il  leur  a  fallu  s’adresser  à  des 
juges  politiques,  organiser  le  procès  de  la  Haute  Guur,  emprisonner  arbitrairement 
80  citoyens,  et  faire  condamner  cinq  Français  dignes  de  l’estime  de  tous  par  la  sincérité  de 
leurs  convictions  et  l’ardeur  de  leur  patriotisme! 

Les  attaques  et  les  injures  impunément  répandues  contre  l’armée  et  le  drapeau  natio¬ 
nal,  les  mesures  injustifiées  prises  par  le  Ministère  contre  nos  chefs  militaires  les  plus  esti- 


—  m  —  N5  1162 

niés,  ont  ému  tous  les  bons  Français,  qui  veulent  Farinée  respectée  et  uniquement  consacrée 
au  service  et  à  la  grandeur  du  pays. 

Inapplication  de  plus  en  plus  rigoureuse  des  lois  scolaires  sur  la  laïcisation  ; 

La  suppression  projetée  de  la  liberté  de  renseignement; 

La  loi  sur  les  associations  qui  soumet  à  ^arbitraire  du  Gouvernement  l’existence  des 
congrégations  et  de  leurs  œuvres: 

La  stagnation  des  affaires,  la  mévente  des  produits  agricoles  et  industriels,  le  chômage 
de  nombreux  ouvriers  ; 

La  confiance  ébranlée  par  les  haines  sociales  qu’en courage  la  présence  au  Ministère  du 
chef  du  socialisme  ; 

La  gravité  de  la  situation  financière,  la  dette  publique  augmentée  d’un  milliard  en 
quatre  ans,  le  déficit  de  nos  budgets. 

Tel  est  le  bilan  de  la  politique  ministérielle. 

Si  le  suffrage  universel  renvoie  une  majorité  décidée  à  continuer  cette  même  poli¬ 
tique,  c’est  pour  demain  l'oppression  de  plus  en  plus  tyrannique  des  consciences,  la  désor¬ 
ganisation  de  l’armée,  la  propriété  sacrifiée  aux  exigences  du  collectivisme,  et  finalement 
ia  banqueroute, 

J’espère,  au  contraire,  que  Je  pays  choisira  en  majorité  des  représentants  qui,  s’inspi¬ 
rant  des  seuls  intérêts  de  la  patrie,  auront  a  cœur  de  faire  l’union  et  la  concorde  de  tous  les 
Français,  sur  le  large  terrain  de  ia  liberté  pour  tous. 

C’est  à  cette  œuvre  que,  Dieu  aidant,  j'emploierai  toutes  mes  forces  et  tout  mon 
dévouement,  si  vous  me  renouvelez,  messieurs  et  chers  Concitoyens,  le  mandat  que,  deux 
fois  déjà,  j’ai  reçu  de  la  majorité  de  vos  suffrages. 

Iules  BARON, 

Conseiller  générai  de  Maine-et-Loire, 
Député  sortant. 


2e  circonscription  de  CHOLET 
M.  le  comte  DE  LA  BOÜRDONNAYE 
Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  12.714  voix» 


Messieurs, 

Quatre  années  se  sont  écoulées  depuis  que  votre  confiance  renouvelait  pour  la  cinquième 
fois,  en  189$,  mon  mandat  de  Député. 

Je  viens,  aujourd'hui,  faire  de  nouveau  appel  à  cette  confiance,  dont  je  crois  m’être 
montré  digne,  et,  en  me  présentant  à  vos  suffrages,  je  jette  sur  ce  récent  passé  un  doulou¬ 
reux  regard,  dont  vous  partagez,  j’en  suis  sûr,  la  tristesse  et  Languisse. 

Les  craintes  que  j’exprimais,  en  1898,  ne  se  sont  que  trop  vite  et  trop  complètement 
réalisées. 

Vous  avez  vu  un  Ministère  se  faire  Finstru ment  des  passions  les  plus  dangereuses  pour 
le  pays,  les  plus  néfastes,  parce  qu’elles  mettent  tout  en  péril  :  l’ordre,  la  propriété, 
l’armée,  la  grandeur  de  la  France,  son  repos,  sa  sécurité. 


62 


—  490  — 


La  tyrannie  et  L'arbitraire  sont  devenus  les  moyens  habituels  du  Gouvernement.  Les 
fonctions  sont  confiées  non  au  plus  digne,  mais  au  plus  complaisant 

L’armée  n’est  plus  à  l’abri  des  coups  de  la  politique.  Elle  est,  chaque  jour,  en  butte  a 
des  attaques  dont  le  Gouvernement  se  fait  le  complice,  au  grand  détriment  de  sa  forcé,  de 
la  discipline  et  du  respect  dû  à  ses  chefs. 

Le  socialisme  est  au  pouvoir;  il  menace  la  propriété  individuelle,  décourage  l’épargne 
et  l'initiative  privée,  suscite  la  discorde  dans  les  esprits,  prépare  la  guerre  civile  en  semant 
la  haine*  l'envie'  en  faisant  appel  aux  plus  viles  passions. 

Les  grèves  se  multiplient  et  font  à  l’industrie  française  un  mal  profond,  presque  irré¬ 
médiable,  dont  les  ouvriers  sont  les  premières  victimes. 

La  franc-maçonnerie  triomphe  :  la  guerre  est  déclarée  à  la  religion. 

La  loi  du  juillet  1901,  sur  les  associations,  sert  de  prétexte  pour  supprimer  ce  qui 
nous  restait  de  liberté  d'enseignement,  proscrit  des  Français,  confisque  leurs  biens,  prive 
le  pays  des  services  qu’ils  rendaient,  avec  un  dévouement  sublime,  aux  pauvres,  aux  infirmes, 
aux  enfants  qui  trouvaient  auprès  d’eux  l’instruction  chrétienne,  base  de  toute  morale, 

La  situation  financière,  résultat  d’une  administration  gaspilleuse  et  d’une  politique 
coupable,  devient  de  plus  en  plus  menaçante  ;  en  1901,  le  déficit  constaté  dépasse 
130  millions. 

Les  républicains  eux-mêmes,  ceux  du  moins  qui  sont  sages  et  modérés,  s’effrayent,  à 
bon  droit,  des  dangers  que  court  le  pays  entre  des  mains  indignes. 

Pour  moi,  je  reste  fidèle  à  mon  programme  :  avec  l’aide  de  Dieu,  je  saurai  le  défendre. 

Je  veux  laç  liberté  de  conscience  et  d’enseignement,  le  respect  de  la  religion  et  la  liberté 
du  culte. 

L’armée  respectée  comme  elle  est  digne  de  Fêtre,  forte,  capable  de  maintenir  l’ordre  à 
l’intérieur,  et,  à  l’extérieur,  la  sécurité  et  la  grandeur  du  pays  ; 

Je  veux  défendre  la  propriété  individuelle  contre  le  socialisme  et  la  fortune  publique 
contre  le  gaspillage. 

Pas  d’impôts  nouveaux,  pas  d’emprunts,  des  économies. 

Le  soin  de  vos  intérêts,  vous  le  savez,  a  été  l’objet  constant  de  tous  mes  efforts.  Si  nous 
avons  pu  enfin  doter  notre  région  du  chemin  de  fer  si  impatiemment  attendu,  d’autres 
progrès  sollicitent  nos  esprits.  La  question  des  transports  est  vitale  pour  le  commerce  et 
elle  n’aura  sa  solution  qu’au  moyen  de  travaux  sagement  compris  et  sérieusement  étudiés, 
qui  permettront  à  la  batellerie  de  retrouver,  nous  voulons  l’espérer,  son  ancienne 
prospérité. 

L’agriculture  souffre  ;  elle  a  besoin  aussi  d'être  dégrevée  d'une  partie  des  impôts  qui 
l’écrasent  :  le  dégrèvement  du  principal  de  l’impôt  foncier  serait  une  action  de  justice,  un 
soulagement  partiel  auquel  elle  a  droit. 

Messieurs,  vos  intérêts  moraux,  matériels,  je  lésai  défendus  avec  énergie,  sinon  toujours 
avec  succès;  j’ai  pu  vous  rendre  quelques  services  qui  m'ont  valu  votre  affection.  C’est  à 
vous  de  savoir  et  de  dire  si  j’en  suis  toujours  digne,  si  je  mérite  toujours  une  confiance  dont 
j’userai,  soyez  en  certains,  pour  la  défense  du  droit  et  de  la  liberté,  pour  la  prospérité 
et  le  salut  de  la  patrie. 

Comte  DE  LA  BOURDQNNÂYE, 

Conseiller  général,  maire  de  Drain, 

*  Député  sortant. 


-  m  - 


N°  M62 


Circonscription  de  SAU  MUR 

M.  DE  GRANDMAISON 
Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  15.827  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Il  y  a  quatre  ans,  par  IhMk  voix,  vous  me  réélisiez  sur  un  programme  dans  lequel  je 
faisais  appel  aux  conservateurs  libéraux  et  aux  républicains  modérés  sur  le  terrain  de  la 
République  honnête,  libérale  et  tolérante. 

Aujourd’hui,  comme  alors,  je  veux  : 

«La  République  progressiste,  respectueuse  delà  libarté  de  conscience  la  plus  absolue, 
conservatrice  des  intérêts  moraux  et  sociaux  de  notre  pays,  protectrice  de  l’honneur  et  du 
prestige  de  notre  année,  soucieuse  de  la  prospérité  de  l’agriculture,  de  l'industrie  et  du 
commerce,  et  veillant  avec  sollicitude  à  l’amélioration  du  sort  des  travailleurs  de  la  tene  et 
de  l’atelier,  n 

Depuis  neuf  ans,  vous  m’avez  vu  à  L’œuvre;  vous  avez  donc  pu  facilement  me  juger 
d’aprôs  mes  votes  et  mes  actes. 

.l’ai  conscience  ;  d’avoir  rempli  rigoureusement  le  mandat  que  vous  m  aviez  confié,  de 
m’être  occupé  de  tous  sans  distinction  d’opinions  ou  de  partis,  d’avoir  visité  chaque  année 
toutes  ies  communes  de  mor  arrondissement,  comme  je  vous  l’avais  promis,  d  avoir  vote 
contre  tout  impôt  nouveau  et  toute  augmentation  d’impôts,  et  d’avoir  consacré  montempset 
mes  forces  à  la  défense  de  vos  intérêts. 

Il  est  grand  temps  qu’on  en  finisse  avec  ces  agitations  stériles  qui  ruinent  le  pays,  et 
que,  dans  une  ère  de  calme  et  de  paix,  les  affaires  reprennent  leur  cours  pour  le  plus 

grand  bien  de  la  patrie. 

Tel  est  mon  vœu  le  plus  cher  î 

Tel  est  certainement  le  votre  ! 

Mes  chers  Concitoyens, 

Mes  adversaires  politiques  du  pays,  n’osant  pas  se  présenter  eux-mêmes  à  vos  suffrages, 
vous  demandent  de  voter  pour  des  étrangers  ou  des  inconnus,  ignorants  de  vos  besoins  et 
de  vos  intérêts,  et  qui,  au  lendemain  de  leur  échec,  partiront  pour  ne  plus  jamais  revenir. 

En  agissant  ainsi,  mes  adversaires  se  moquent  de  vous! 

Aussi,  suis-je  certain  que  vous  leur  répondrez  en  rotant,  le  27  avril,  pour  homme  u 
pays,  que  vous  connaissez  tous,  dont  les  intérêt  sont  liés  aux  vôtres  et  qui,  depuis  neul 
ans,  ne  s’est  jamais  ménagé  pour  rendre  service  à  tous. 

Georges  DE  Gft  AND  MAISON, 

Maire  de  Montreuil-Bellay, 

Membre  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France, 
Député  sortant  rééligible* 

Je  vous  avertis  que  je  ne  répondrai  à  aucune  des  attaques  ou  calomnies  qui  pourraient 
être  dirigées  contre  moi. 

Je  compte  sur  votre  bon  sens  pour  en  faire  justice. 


Circonscription  de  SEGRÉ 

M.  Laurent  RQUGÈRE 
Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  12.03Û  voix. 


Mes  chers  Electeurs, 

Depuis  de  longues  années,  vous  m’avez  accordé  votre  confiance.  J’ai  la  conviction  d’y 
avoir  répondu  par  un  dévouement  de  tous  les  instants  aux  intérêts  grands  et  petits,  moraux 
et  matériels,  dont  vous  m’avez  confié  la  garde. 

J’ai  protesté  par  mes  votes,  mes  paroles  et  mes  actes,  contre  les  atteintes  portées  à  : 

La  religion  dans  ses  œuvres  d'enseignement  (suppression  des  collèges,  laïcisation  des 
écoles)  et  dans  celles  de  charitable  assistance  à  l'enfance,  ahx  malades  et  à  la  vieillesse  ; 

L’armée,  qui  a  vu,  en  moins  d’une  année,  sept  Ministres  de  la  Guerre  démissionner 
plutôt  que  de  forfaire  à  l’honneur,  et  est  impunément  insultée  et  frappée  dans  ses  chefs  les 
plus  illustres  comme  dans  ses  serviteurs  les  plus  modestes  ; 

La  justice,  qui  fait  exécuter  leur  peine  aux  petits  délinquants  et  ne  condamne  les  grands 
criminels  que  pour  les  voir  gracier. 

Pour  l’agriculture,  j’ai  vu  avec  regret  repousser  le  projet,  que  j'ai  soutenu,  d’accorder 
une  prime  à  l’exportation  des  farines.  II  était  le  seul  assurant  du  travail  à  tous  nos  moulins, 
qui  se  seraient  disputé  nos  blés  pour  les  expédier  à  l’étranger  après  mouture.  Je  reprendrai 
cette  proposition  à  la  législature  prochaine. 

J’ai  voté  contre  l’emprunt  de  265  millions  destinés  à  combler  les  caisses  vidées  par  le 
déficit. 

Je  me  suis  associé  à  l'élude  des  lois  économiques  et  sociales  pour  le  bien-être  général 
du  pays  et  celui  des  travailleurs. 

Serviteur  fidèle  de  ia  souveraineté  nationale,  autant  que  respectueux  de  la  Constitution, 
j’ai  hautement  protesté  contre  le  projet  ministériel  portant  à  six  années  la  durée  du  mandat 
de  député. 

Eu  m’accordant  une  troisième  fois  vos  suffrages,  non  seulement  vous  resserrerez  les 
liens  qui  nous  unissent,  mais  vous  vous  joindrez  à  tous  les  hommes  clairvoyants  qui,  d’un 
bout  à  l’autre  du  territoire,  s’apprêtent,  le  27  avril,  à  protester  par  leur  bulletin  de  vote 
contre  la  politique  détestable  du  Ministère  actuel  qui  mène  la  France  à  Pabîme. 

Electeurs  libres  et  indépendants,  aux  urnes  ! 

Pour  Dieu,  la  France,  le  Peuple,  la  Liberté  I 

Laurent  BOUGÈRE, 

Licencié  en  droit,  conseiller  municipal  de  la  ville  d’AngeTS, 
Conseiller  général  du  canton  de  Doué, 

Député  sortant. 


—  493  — 


N°  1162 


MANCHE 


Circonscription  d  A  VR  ANCHES 

M»  RIOriEAü 

i 

Élu  au  l*r  tour  de  scrutin,  —  16.740  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Vous  m’avez,  à  sept  reprises  consécutives,  depuis  26  ans,  témoigné  votre  confiance  en 
m’envoyant,  par  des  majorités  considérables,  vous  représenter  a  la  Chambre  des  Députés. 

En  venant  vous  demander,  une  fois  de  plus,  le  renouvellement  de  mon  mandat,  je  ne 
crois  pas  avoir  besoin  de  vous  faire  une  longue  profession  de  foi. 

J’ai  tenu  les  promesses  que  je  vous  avais  faites,  et,  comme  par  le  passé,  je  défendrai 
dans  le  Parlement  les  idées  d’ordre,  de  liberté  et  de  progrès,  sur  lesquelles  nous  avons 
toujours  été  en  communauté  d’idées. 

Je  continuerai  à  suivre  la  politique  d’apaisement  que  j’ai  toujours  pratiquée,  en  évitant 
les  mesures  capables  d’irriter  ou  de  diviser  les  esprits,  en  cherchant,  au  contraire,  Funion 
de  tous  les  citoyens* 

Partisan  de  la  politique  d’affaires,  qui  vivifie  et  fait  la  nation  grande  et  prospère,  je 
voterai,  comme  par  le  passé,  toutes  les  mesures  pouvant  venir  eu  aide  à  nos  agriculteurs, 
nos  commerçants  et  nos  industriels* 

Je  favoriserai  le  développement  de  la  mutualité,  afin  de  permettre  à  nos  ouvriers,  d* 
s’assurer  uue  retraite  pour  la  vieillesse* 

Soucieux  d’alléger  les  charges  de  la  nation,  je  voterai  la  réduction  du  service  militaire, 
dès  qu’on  pourra  le  faire  sans  compromettre  la  puissance  de  notre  armée,  que  je  veux  forte, 
disciplinée  et  respectée,  afin  d’assurer  la  sécurité  du  pays. 

Je  poursuivrai  Tordre  dans  les  finances,  par  de  strictes  économies,  et  non  par  l’établis¬ 
sement  d’impôts  nouveaux,  inquisitoriaux  ou  vexatoires* 

Je  resterai  fidèle  à  la  liberté  de  conscience  et  voterai  le  maintien  du  Concordat,  afin 
d’assurer  la  paix  religieuse. 

Électeurs, 

Opposé  aux  utopies  collectivistes  ; 

Ennemi  du  pouvoir  personnel  et  des  théories  plébiscitaires  que  j’ai  toujours  combattues, 
notamment  au  16  mai  1877  et  en  1889  ;  libre  de  tout  engagement,  de  toute  compromission 
avec  qui  que  ce  soit,  vous  trouverez  toujours  en  moi  le  républicain  sincère  et  convaincu, 
ami  de  la  liberté,  et  s’inspirant  des  grands  principes  de  1789,  qui  ont  sans  cesse  guidé  ma 
vie  politique* 

Si  donc,  comme  je  Tespère,  vous  consentez  à  renouveler  mon  mandat,  n’oubliez  pas 


—  494  — 

que,  plus  vous  m’accorderez  de  suffrages,  plus  vous  me  donnerez  d’autorité  pour  défendre 
vos  droits  et  soutenir  vos  intérêts* 

Veuillez  agréer  mes  chers  Concitoyens*  l'assurance  de  mon  eutiei  dévouemen  t* 

E.  RIOTTEÀUj  Député  sortant, 

Conseiller  général,  —  Membre  du  Conseil  supérieur  des  Haras,  — 
Membre  du  Conseil  supérieur  des  Colonies.  —  Membre  de  la 
Commission  supérieure  des  Invalides  de  la  Marine,  —  Prési¬ 
dent  de  la  Chambre  de  Commerce  de  Granville,  —  Président 
de  la  Nouvelle  Société  d3 Agriculture  d’Àvranches.  —  Président 
de  la  Société  du  cheval  français  de  demi-sang. 


Circonscription  de  GHEKHOURGr 

M.  LE  MOIGNE 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  9,386  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Je  viens  solliciter  vos  suffrages  pour  la  troisième  fois  ;  vous  me  connaissez,  vous  m'a¬ 
vez  vu  a  l’œuvre  et  de  longues  explications  entre  nous  ne  sont  pas  nécessaires. 

Au  cours  de  la  législature  qui  se  termine,  fai  fait  de  mon  mieux  pour  défendre  vos 
intérêts , 

A  la  suite  de  la  revue  de  la  flotte  en  1900,  que  fai  pris  l'initiative  de  demander  pour 
Cherbourg,  une  force  navale  a  été  attachée  à  noire  port. 

La  défense  de  notre  cité,  tant  du  côté  de  terre  que  du  côté  de  mer,  a  été  assurée  ;  eu 
même  temps,  les  servitudes  militaires  de  nos  anciennes  fortifications  ont  été  atténuées, 

La  loi  sur  Poutillage  des  arsenaux,  dont  fai  été  le  rapporteur  à  la  Commission  du 
budget,  a  ordonné  27  millions  de  travaux  pour  notre  rade;  ils  seront  commencés  cette 
année, 

La  création  d’un  port  en  eau  profonde,  indispensable  pour  Pavenir  militaire  et  com¬ 
mercial  de  Cherbourg,  est  décidée  et  sera  bien  Sot  réalisée.  Vous  savez  tous  que  c'est  grâce 
à  mon  concours  persistant  que  ces  résultats  ont  été  obtenus. 

JTai  réclamé,  soit  individuellement,  soit  avec  mes  collègues  du  groupe  des  ports  de 

guerre,  dont  j’étais  le  vice-président,  une  meilleure  organisation  pour  les  différentes  caté¬ 
gories  de  notre  personnel  maritime  et  en  particulier  pour  les  ouvriers  des  arsenaux,  trop 
longtemps  laissés  dans  une  situation  précaire.  Ces  réclamations  ont  été  suivies  d'effets  dans 
la  plupart  des  cas  et,  pour  la  première  fois  depuis  vingt  ans,  des  mesures  efficaces  ontinaü" 
guré  le  relèvement  des  salaires, 

j?ai  pris  ma  part  de  toutes  les  mesures  destinées  à  favoriser  notre  agriculture  et  fai 
fait  spécialement  tous  mes  efforts  pour  provoquer  la  constitution  de  sociétés  d’assurance 
mutuelle  contre  la  mortalité  du  bétail,  pour  obtenir  l’amélioration  de  nos  stations  d’étalons 
et  l’augmentation  des  primes  aux  pouliches  et  aux  poulinières  ;  fai  entrepris  de  provoquer 
et  je  compte  poursuivre  un  changement  indispensable  dans  l’organisation  dus  achats  de  h 
remonte  s 

Enfui,  ai -je  besoin  de  rappeler  qu’une  mesure  de  justice,  à  laquelle  mon  nom  est  resté 
attaché,  a  soulagé  notre  département  et  en  particulier  notre  arrondissement  d’une  sur- 


& 


N&  1162 


—  m  — 

charge  injustifiée  de  Pimpét  personnel  mobilier,  que  d'imprudentes  réclamations  avaient  eu 
pour  résultat  d’aggraver  récemment  et  qui  pesait  si  lourdement  sur  nos  campagnes  et  notre 
population  urbaine* 

Afin  d’ètre  plus  à  même  de  me  rendre  utile  à  mon  pays,  j’ai  pris  une  large  part  aux 
travaux  parlementaires.  Membre  des  grandes  Commissions  de  la  marine  et  de  1  enseigne- 
ment,  trois  Fois  appelé  à  la  Commission  du  budget,  j’ai  fait  aboutir  nombre  de  Fois  impor¬ 
tante^  parmi  lesquelles  je  me  contenterai  de  citer  le  programme  des  constructions  navales, 
l’outillage  des  arsenaux  et  la  réforme  de  l’inscription  maritime. 

Si  vous  me  renvoyez  au  Parlement,  je  ferai  tout  mon  possible  pour  mériter  encore 

votre  confiance. 

Sans  entrer  dans  un  détail  inutile,  sans  chercher  à  vous  abuser  par  des  promesses 
irréalisables,  je  vous  dirai  simplement  que  tout  ce  qui  pourra  augmenter  la  prospérité  de 
notre  cher  pays  sera  l’objet  de  ma  sollicitude. 

Je  voterai  volontiers,  d’accord  avec  les  hommes  compétents,  ia  réduction  du  service 

militaire  à  deux  ans. 

le  m’associerai  aux  mesures  qui  tendront  h  assurer  par  une  pension  les  travailleurs 
des  campagnes,  aussi  bien  que  des  villes,  contre  l’invalidité  et  la  vieillesse;  aux  mesuies 
qui  tendront  à  améliorer  le  sort  des  petits  agents  de  l’État  ;  je  réclamerai  l’accomplissement 
des  promesses  faites  aux  instituteurs,  aux  ouvriers  des  arsenaux,  aux  douaniers,  aux  offi¬ 
ciers  mariniers,  aux  marins  vétérans,  etc. 

le  continuerai  à  rechercher,  comme  je  l’ai  déjà  fait,  le  moyen  d'obtenir  plus  de  justice 
dans  l’impôt  et  surtout  de  soulager  la  terre  du  fardeau  exagéré  qui  l’aceablë,  notamment 
en  abandonnant  aux  communes  la  part  de  l’État  dans  I  impôt  foncier. 

Mais  j’estime  que  tous  ces  résultats  ne  pourront  être  obtenus  que  par  une  sévère 
révision  des  dépenses  publiques,  par  un  souci  constant  de  supprimer  les  gaspillages,  car 
nos  finances,  sans  justifier  des  inquiétudes  exagérées,  méritent  en  ce  moment  toute  notre 
attention. 

Mes  chers  Concitoyens, 

L’heure  présente  est  solennelle  :  la  France  va  choisir  entre  deux  politiques. 

La  première,  conforme  a  la  tradition  républicaine,  a  été  celle  de  lliiets  et  de  Gam¬ 
betta  ;  c’est  la  politique  du  progrès  obtenu  par  fa méUoration  constante  de  notre  régime 
social,  par  lia  liberté*  la  tolérance  et  le  concours  dé  tontes  les  bonnes  volontés. 

La  seconde,  conforme  à  la  tradition  jacobine,  veut  réformer  la  société  par  la  contrainte, 
n’admet  la  liberté  que  pour  ses  partisans  et  prétend  chercher  le  relèvement  de  la  condi¬ 
tion  des  mis  aux  dépens  de  celle  êtes  autres,  quitte  à  compromettre  gravement  la  prospérité 
nationale* 

La  première  politique  est  celle  des  républicains  de  Gouvernement,  dans  le  programme 
desquels  a  toujours  figuré,  à  côté  de  la  suprématie  du  pouvoir  civil,  le  respect  etPamour 
pour  l’armée  nationale;  à  coté  du  développement  de  l'instruction  laïque,  le  maintien  du 
Concordat  et  de  la  liberté  de  renseignement. 

La  seconde  politique  est  celle  des  socialistes  et  des  radicaux  socialistes,  qui  veulent 
1J impôt  global  et  progressif  avec  ses  conséquences  vexatoires  et  ruineuses,  la  séparation  de 
l’Église  et  de  l’État,  la  suppression  du  budget  des  cultes,  le  monopole  de  l’enseignement  ou 
tout  au  moins  le  stage  scolaire,  malgré  les  éloquentes  paroles  par  lesquelles  M*  Vivian!  lui*- 
même,  le  13  février  dernier,  stigmatisait  ce  fameux  projet. 

La  première  politique  est  celle  dont  je  me  suis  réclamé  en  en  1393  et  dont  je  me 
réclame  aujourd’hui*  Je  n’ai  pas  changé,  je  ne  suis  lié  par  aucun  engagement  et  je  ne 
dissimule  aucune  partie  de  mon’ programme* 

A  vous,  Électeurs,  de  choisir  entre  la  politique  de  progrès  républicain  qui  a  déjà  abouti 
à  des  réformes  sérieuses  et  pratiques,  qui  est  à  même  d’en  faire  réussir,  avec  le  temps,  de 
plus  utiles  encore  ; 


_  m  — 


Et  la  politique  de  concentration  radicale-socialiste,  qui  n’a  enfanté  jusqu’ici  que  de 
vaines  promesses  et  qui  risque  de  nous  entraîner,  avec  le  temps,  dans  de  périlleuses 
aventures* 

Je  suis  convaincu  que  la  première,  celle  dont  s'inspire  mon  programme,  est  la  seule 
qui  puisse  assurer  l’avenir  de  la  République. 

Vive  la  République  ! 


Albert  LE  MOIGNE* 

Député  sortant,  conseiller  général  de  la  Manche, 
Candidat  républicain* 


Circonscription  de  COUT  AN  CES 

M.  LE  MARE 

Élu  au  lRr  tour  de  scrutin.  —  17.200  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

M.  Régnault,  qui  eût  pu,  longtemps  encore,  vous  continuer  ses  dévoués  services,  se 
retire  prématurément  et  me  laisse  la  lourde  tâche  de  représenter,  si  je  suis  votre  élu,  les 
deux  circonscriptions  réunies  de  ^arrondissement 

Fai  à  cœur  de  le  remercier  de  son  amicale  courtoisie  et  de  la  parfaite  loyauté  de  ses 
procédés. 

Il  laissera,  chez  tous,  le  souvenir  d’une  grande  bienveillance  et  dhm  dévouement 
éprouvé. 

Si  je  n’avais  consulté  que  mes  goûts  et  mes  intérêts,  je  n’aurais  assurément  pas 
recherché  cet  honneur.  Mais,  de  même  qu’en  1898  j’avais,  par  discipline,  spontanément 
décliné  toute  candidature,  c’est  encore  par  discipline  et  pour  répondre  aux  pressantes  et 
trop  flatteuses  instances  de  mes  anciens  électeurs,  que  je  sollicite  aujourd’hui  vos  suffrages. 

Sans  rien  exagérer  des  embarras  de  l’heure  présente,  il  faut  bien  reconnaître  que  la 
situation  politique  et  économique  n’est  pas  exempte  de  difficultés,  pour  ne  pas  dire  de 
périls.  Je  souhaite  ardemment  que  la  sage  raison  Remporte  sur  les  misérables  querelles 
des  partis  et  que  tous  les  honnêtes  gens,  tous  les  bons  Français,  s’unissent  pour  constituer 
une  solide  majorité  de  Gouvernement,  résolue  à  défendre  les  principes  essentiels  sur 
lesquels  repose  la  société  moderne,  et  à  faire  aboutir  les  réformes  déjà  mûres  et  fécondes 
qui  sont  dans  les  vœux  du  pays. 

Est-il  besoin  de  dire  que  je  suis  l’adversaire  résolu  de  ces  conceptions  néfastes  qui 
tendent  à  rétablissement  d’une  société  nouvelle  fondée  sur  ^institution  de  la  propriété 
collective,  la  propriété  individuelle  m’apparaissant  comme  le  stimulant  le  plus  efficace  de 
l’activité  humaine,  comme  la  récompense  la  plus  légitime  du  travail  et  la  garantie  néces¬ 
saire  de  la  liberté.  Ces  théories  restent  d’ailleurs  trop  vagues  et  trop  incertaines  pour  servir 
de  base  à  une  discussion  sérieuse,  et  leur  seul  résultat  est  de  faire  naître  partout  des 
inquiétudes  qui  paralysent  le  développement  de  la  production  nationale  et  augmentent, 
par  cela  même,  le  malaise  du  pays. 

Parmi  les  questions  à  l’ordre  du  jour,  j’estime  que  la  question  fiscale  doit  prendre  une 
des  premières  places  dans  les  préoccupations  du  législateur,  et  je  suis  convaincu  qu'il  est 
possible,  sinon  facile,  d’arriver  à  une  répartition  plus  équitable  des  charges  publiques, 


497  — 


N°  1162 


sans  recourir  à  l'impôt  progressif,  général  et  personne!  sur  le  revenu,  qui  entraînerait 
fatalement  un  arbitraire  intolérable  et  l’ingérence  du  fisc  dans  les  affaires  privées. 

J’estime  qu’il  est  également  urgent  d’aborder  la  discussion  des  lois  intéressant  partie 
culièremeut  les  populations  agricoles,  de  corriger,  autant  que  possible,  les  inégalités 
choquantes  qui  subsistent  encore dansla  contribution  foncièreet,  et  d’une  manière  générale, 
de  favoriser  la  création  de  caisses  de  retraites  et  le  développement  des  œuvres  d'assistance 
ouvrière  et  de  prévoyance  sociale. 

Sur  un  autre  terrain,  je  veux  la  liberté  du  citoyen  dans  sa'  personne  et  sa  conscience, 
dans  son  travail  et  dans  ses  biens. 

Je  veux  le  respect  absolu  de  l’armée,  qui  aujourd’hui  composée  de  tous  les  enfants  du 
pays,  sans  distinction  de  classes,  n’appartient  à  aucun  parti  et  sur  laquelle  aucun  parti  ne 
saurait  mettre  la  main. 

La  Pays  a  soif  de  repos,  ïl  veut  travailler  dans  le  recueillement  et  il  appelle,  de  tous 
ses  vœux,  une  ère  de  réformes  pratiques,  d’essor  industriel  et  de  paix  sociale. 

Entre  les  partis  extrêmes,  j’estime  qu’il  y  a  place  pour  une  politique  nettement  répu¬ 
blicaine,  s’inspirant  de  la  Déclaration  des  Droits  de  l’Homme,  pour  une  politique  de 
réformes  démocratiques,  d’apaisement  et  d’union,  de  travail  et  de  progrès,  également 
éloignée  des  timidités  et  des  aventures,  soucieuse  d’assurer  aux  classes  laborieuses  la 
sécurité  du  lendemain. 

C’est  celle  que  je  m’efforcerai  de  faire  prévaloir,  dans  la  mesure  de  mes  moyens,  si  j’ai 
le  grand  honneur  de  vous  représenter  à  la  Chambre. 

Veuillez  agréez,  mes  chers  Concitoyens,  la  cordiale  expression  de  mes  seitiments  les 
meilleurs  et  tout  dévoués, 

Georges  LE  MAEE, 

Conseiller  honoraire  à  la  Cour  d’appel, 
Conseiller  général, 

Ancien  Député,  Maire  de  Bréville, 


Circonscription  de  MORT  AIN 

M.  Arthur  LEGRAND 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  10.948  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Je  pourrais  dire  ;  mes  chers  amis,  car  nous  nous  connaissons  depuis  de  longues  années. 
Ma  vie  a  été  mêlée  a  la  votre.  Nos  joies  comme  nos  douleurs  ont  été  communes.  Vous  me 
l’avez  prouvé*  Je  vous  en  suis  profondément  reconnaissant. 

C’est  avec  confiance  que  je  vous  demande  le  renouvellement,  pour  la  huitième  fois,  du 
mandat  de  députe  de  l’arrondissement  de  Mortain.  J’ai  constamment  défendu  vos  intérêts, 
qui  sont  aussi  les  miens.  Comme  vous  j’ai  souffert  de  la  crise  agricole.  Comme  vous  je  suis 
un  bouilleur  de  cru  et  je  serai  heureux  de  consacrer  encore  tous  mes  efforts  au  maintien 
d’un  droit  qui  est  la  conséquence  du  principe  même  de  la  propriété. 

Le  pays  va  être  appelé,  non  pas  à  se  prononcer  sur  la  forme  du  Gouvernement,  mais  à 
juger  une  déplorable  politique  suivie  depuis  trois  années  et  dont  la  prolongation  aurait  les 
plus  redoutables  conséquences. 


83 


De  regrettables  diyfàiotts  ont  été  entretenues  par  une  ipconceyable  protection  accorde 
a  un  traître  qpi  ayait  yendu  sa  patrie  4  î’étraqger,  On  a  laissé  ipsuïtpr  Paraiêe*  gui  esf  notre 
sauvegarde  et  doit  rester  unp  école  d’honneur  et  de  désintéressement. 

Le  principe  ff^tjtorité  a  été  battu  en  brèçjie.  Des  grèves  opt  été  fqmentgps.  On  a  beau¬ 
coup  promis  nnx  îmvai]lpprs  et  pu  qp  leur  a  donné  que  le  chômage  et  la  misère, 

'■%  loi  dp  passion,  rédigée  m  de^  scctairep,  a  mépoppu  je  drpjt  d’as^pqatjpp. 

La  faculté  pour  les  pères  de  famille  de  faire  élever  leurs  eqfants  sqjgn  leurs  cppyic- 
tiops  n’a  p,as  nqp  plus  été  respectée. 

La  religion  a  été  persécutée,  et  on  a  voulu  arracher  du  cpepr  de  chip  un  de  nous  las 
gpbjjifjgfl  espérance^,  qqi  sont  consolation  de  nos  douleurs,  cf  qui  pou£  aident,  g  sup¬ 
porter  les  inégalités  sociales  que  loq  prétend  en  vain  faire  disparaître. 

Votre  bon  sens,  je  le  sais,  si  droit,  si  juste,  a  résisté  à  cette  décevante  politique,  qui 
çqpdmrait  la  France  aijj  abqpçs,  c’pst-Mjre  à  la  guerre  intérieure  et  peut-être  même 
â  la  guerre  extérieure,  à  ï’asseryissemqqt  des  caractère^  à  la  rqinp  dp  cj^pup  de  nous  par 
l’gqgaien  talion  toujours  croissante  dns  impôts. 

ÿhésjtais  presque  à  ypns  adresser  une  profession  dp  foi, 

h  rî§P  à  rçijjpr  de  op  que  je  vous  djt  précédemment-  Mes  préfprpqpps  person¬ 
nelles  sqnt  restées  les  mêmes.  Au-dessus  do  eps  préférences  j’fù  toujours  place  la  volqn té 
du  peuple,  librement  et  directement  consulté. 

Je  n'ti  4  gqcqpç  époque  faîf  déposition  systématique.  Les  ministères  modérés,  sages, 
uniquement  inspirés  par  rameur  du  pays  pf  pqp  le  désir  de  développer  la  prospérité  du  corn- 
jjjprgfi  gf,  de  ragricHltnre,  n/oqt  jamais  été  combattus  par  ïqqir 

La  dignité  de  mon  caractère  et  mon  passé  valent  mieux  qup  dfip  prqpip^ses  et  yqps 
sont  un  sûr  garant  que  je  n’obéirai  qu'aux  inspirations  de  ma  conscience. 

J’attends,  sans  trouble  comme  sans  émotion,  le  verdict  que  vous  êtes  appelés  à  rendre 
dimanche  prochain. 

Rappelez- vous  que  nous  luttons  aujourd’hui  pour  une  idée,  un  symbole,  un  drapeau, 
pour  r  amour  de  la  Patrie,  de  la  Religion  et  de  la  Liberté. 

Votre  tout  dévoué  Concitoyen, 


Arthur  LEGRAND, 

Député, 

Conseiller  général  de  la  Manche, 
Maire  de  Miily. 


Circonscription  de  SAINT-LO 

M.  Gustave  RÀULINE 

Elq  au  |er  tour  de  sçrutjp.  —  Ypix* 


Mes  chers  Electeurs, 

Une  nouvelle  législature  va  s’puvrir. 

C’est  la  septième  depuis  le  jour  où,  pour  la  première  fois,  vous  me  fîtes  l’iiçoneqr  de 
m’envoyer  a  la  ph^rpbrc  'des  Réputés,  pour  représenter  notre  bel  arrondissement. 

Depuis  vingt-six  ans,  je  n’ai  cessé  d’être  votre  élu. 


IN-  1162 


—  4951  — 

De  tous  côtés  vous  m’adressez  d'innombrables  témoignages  d’estime  et  do  sympathie, 
de  touchantes  sollicitations  pour  la  continuation  de  mon  mandat. 

Comment  résister  à  de  pareilles  manifestations,  qui  font  l’orgueil  de  ma  vie  et  qui  sont 

eii  môme  temps  ld  couronnement  de  ma  carrière î  , 

Comment,  mes  chers  Amis,  pourrais-je  me  séparer  de  vous,  surtout  a  1  heure  ou  la 
France  traversé  une  crise  redoutable?  Ce  n’est  certes  pas  l’instant  de  déserter  le  poste  ou 

vous  m’avez  placé*  j  .  . 

le  suis  donc  encore  votre  candidat.  L’âge  n’a  pas  modifié  l’ardeur  de  mes  convictions, 

toüs  le  savez,  et  je  puise  dans  cette  ardeur  même  et  dans  les  témoignages  de  votre  con¬ 
fiance  les  forces  nécessaires  pour  me  consacrer  encore  tout  entier  à  la  défense  de  vos 
intérêts. 

Je  ne  vous  ferai  pas  de  nouvelle  profession  de  foi, 

A  quoi  bon  ? 

Ne  suis-je  pas  connu  de  vous  tous?  .  , 

Entre  les  Électeurs  d’hier  et  celui  qui  fut  leur  élu,  entre  les  Eleeteurs  de  demain  et 
celui  qui  sollicite  aujourd’hui  vos  suffrages,  ne  s’est-il  pas  formé  comme  un  de  ces  liens  qui 
ne  se  rompent  qu’avec  la  vie? 

Merci  donc  à  vous  tous,  mes  chers  Amis,  merci  du  fond  du  cœur,  à  vous  tous  qui  avez 

confiance  en  moi.  .  ,  » 

Je  resterai,  sdyez-en  certains,  ce  que  je  fus  toujours  :  l’homme  dévoué  a  vos  intére  s 

et  à  vos  personnes;  le  défenseur  des  intérêts  dd  pays  et  de  notre  agriculture,  de  cette  agri¬ 
culture  qui  fut  mon  berceau  èt  où  s’écoulèrent  les  plus  heureuses  années  de  ma  vie. 

Je  demeurerai  le  Citoyen  patriote  et  libéral,  toujours  sur  la  brèche,  pour  réclamer  de 
tous  l’impérieux  respect  de  nos  libertés  ;  liberté  de  conscience,  liberté  d'association, 
liberté  d’enseignement,  de  toüiès  ceiS  libertés  en  un  mot,  qui  sont  notre  patrimoine  intan- 

Je  ne  cesserai  d’être  enfin  le  bon  Francis,  qui  professera  jusqu’à  son  dernier  souffle, 
l’amour  de  la  Patrie,  le  respect  de  l’Armée,  la  sainteté  du  Drapeau!  !  I 
Votre  tout  dévoué  et  reconnaissant  député, 

Gustave  RÂULINE,  député  sortant. 


Circonscription  de  VALOGNES 
M.  V1LLAULT-DUCHESNOIS 
Élu  au  1“  tour  de  scrutin.  —  9.375  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

D’après  l’éclatant  témoignage  d’estime  et  de  sympathie  que  vous  m’avez  donne,  il  y  a 
quelques  mois,  en  me  nommant  votre  député  par  plus  de  2.200  voix  de  majorité,  c  est  avec 
une  pleine  confiance  que  je  viens  solliciter  de  nouveau  vos  suffrages. 

Je  n’ai  plus  à  vous  dire  quel  est  mon  programme.  L’élection  du  1CI  décembre  a  prouvé 
que  nous  sommes  en  complète  communion  d  blues  et  du .sentiments.  , ,  , 

Adversaire  déclaré  des  socialistes,  je  combattrai  énergiquement  leurs  décevantes  et 

moins  Plument  la  République  contre  toutes  les  entreprises  réac¬ 
tionnaires  susceptibles  de  la  compromettre,  sous  quelque  forme  qu’elles  se  présentent. 

Libre  indépendant,  dégagé  de  toutes  attaches,  fidèle  a  ces  principes  de  liberté  et  de 


tolérance  qui  sont  dans  les  traditions  et  l'essence  même  du  régime  républicain,  je  voterai 
sans  parti  pris,  selon  ma  conscience,  n'ayant  jamais  en  vue  que  l'intérêt  du  pays. 

Ce st  en  m'inspirant  de  ces  principes  que  je  défendrai  toujours  la  liberté  religieuse  et 
que,  dernièrement ?  si  les  circonstances  m'avaient  permis  de  le  faire,  j'eusse  voté  pour  la 
liberté  d’enseignement. 

J'espère  que  la  nouvelle  Chambre  comprendra  que  le  pays  est  fatigué  des  discussions 
irritantes  et  des  interpellations  stériles;  que  la  France  ne  vit  pas  seulement  de  politique, 
mais  qu'elle  a  besoin  de  voir  ses  affaires  gérées  avec  bon  sens  et  suite  dans  les  idées. 

Je  m'associerai  à  toutes  les  mesures  ayant  pour  but  de  réaliser  des  économies  sur  les 
dépenses  publiques,  de  diminuer  les  impùts  si  lourds  qui  pèsent  sur  l'agriculture  et  le  com¬ 
merce,  d'améliorer  le  sort  du  marin  et  de  l'ouvrier. 

Je  suis  disposé  à  voter  la  réduction  des  charges  militaires  et,  eu  particulier,  le  service 
de  deux  ans,  à  condition  qu’on  agisse  avec  prudence  et  qu'il  soit  bien  démontré,  avant 
d'appliquer  cette  réforme,  qu'elle  ne  peut  nuire  en  rien  a  la  défense  nationale. 

Je  veux  que  notre  armée  soit  tenue  soigneusement  en  dehors  de  toutes  nos  querelles 
politiques  et  au-dessus  de  toutes  les  attaques,  afin  que  rien  ne  puisse  la  distraire  de  sa 
mission,  qui  est  de  défendre  la  patrie  et  de  faire  respecter  la  loi. 

Agriculteurs  I  Commerçants!  Marins  1  Ouvriers  de  la  ville  et  de  la  campagne  ! 

Vous  me  connaissez.  Vous  savez  que  j'emploierai  toute  mon  énergie  et  toute  mon  acti¬ 
vité  à  la  défense  de  vos  intérêts  et  à  ceux  de  notre  cher  arrondissement  de  Valognes.  N  'ou¬ 
bliez  donc  pas  que  plus  vous  m’accorderez  de  suffrages,  plus  vous  me  donnerez  d’autorité. 
Recevez,  mes’cliers  Concitoyens,  l’expression  de  mes  sentiments  bien  dévoués. 


Vive  la  République  I 


J,  V.-DUCHESNOIS, 

Ancien  député, 

Président  de  la  Société  d'agriculture  de  l'arrondissement  de  Valognes. 


—  SOI  — 


N“ 1162 


MARNE 


Circonscription  de  CHALONS-SUR-MARNE 

M.  Léon  BOURGEOIS 

Elu  au  lGr  tour  de  scrutin.  —  7.669  voix* 


Mes  chers  Concitoyens, 

Pour  )a  cinquième  fois,  je  nie  présente  à  vos  suffrages  et  mon  nom  vous  est  proposé  par 
l'unanimité  des  Associatious  Républicaines  et  par  P  unanimité  des  Conseillers  généraux  et 
des  Conseillers  d'arrondissement  de  notre  circonscription. 

J'aurais  voulu,  pour  répondre  à  cet  éclatant  témoignage  de  confiance,  être  depuis  long¬ 
temps  au  milieu  de  vous. 

Mais  vous  savez  quel  douloureux  devoir  de  famille  me  retient  encore  :  Permettez-moi 
d'exprimer  ici  ma  profonde  reconnaissance  pour  les  marques  si  nombreuses  de  sympathie 
qui  me  parviennent,  dans  ces  tristes  circonstances,  de  tous  les  points  de  notre  arrondisse¬ 
ment. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Je  suis,  dans  la  dernière  Chambre,  demeuré  rigoureusement  fidèle  aux  Rengagements 
pris  envers  vous. 

Mon  concours  et  mon  vote  ont  été  acquis  à  toutes  les  réformes  démocratiques  :  dégrè¬ 
vement  des  droits  sur  les  boissons,  réforme  de  l’impôt  des  successions,  amélioration  du  sort 
des  petits  fonctionnaires,  notamment  de  nos  dévoués  instituteurs,  loi  sur  la  protection  de 
la  santé  publique,  réforme  de  notre  enseignement  secondaire,  etc. 

Je  me  suis,  soit  par  mes  votes  à  la  Chambre  dans  les  questions  douanières,  soit  comme 
membre  de  la  Commission  des  Caisses  de  crédit  agricole,  associé  à  toutes  les  mesures  inté¬ 
ressant  les  cultivateurs  de  notre  Champagne. 

Au  point  de  vue  politique,  je  suis  demeuré  ce  que  vous  m’avez  toujours  connu  * 


La  législature  qui  s’achève  a  été  troublée  par  les  attaques  Scs  plus  violentes  des  enne¬ 
mis  de  la  Démocratie. 

Vous  vous  rappelez  les  indignes  agressions  contre  le  Président  de  la  République  et  les 
tentatives  séditieuses  faites  pour  détourner  l’armée  elle-même  de  son  devoir* 

J’ai  donné  sans  compter  mon  concours  au  Gouvernement  qui  a  rétabli  Perdre  dans  la 
tue  et  assuré  depuis  trois  ans  la  défense  de  nos  institutions  nationales. 


' 


—  302  — 

Et  j’ai  voté  la  loi  qui,  en  donnant  enfin  à  la  France  la  liberté  d’association  promise 
depuis  un  siècle,'  a  coupé  court  aux  entreprises  politiques  des  ordres  religieux  internatio- 

J’ai  pris  également  part  au  vote  pour  l’abrogation  de  la  loi  Falloux.  On  a  prétendu  que 
c’était  voter  pour  la  suppression  de  la  liberté  d’enseignement  et  le  rétablissement  du 
monopole  universitaire.  Il  n’en  est  rien.  Mais  il  tatil  supprimer  le  privilège  qui  dispense  les 
membres  de  l’enseignement  congréganiste  des  conditions  de  capacité  exigées  dans  l’ensei¬ 
gnement  public.  Il  faut,  en  outre,  rétablir  le  contrôle  de  la  Nation  sur  tous  les  établissements 
d’instruction,  et  appliquer  avec  vigilance  la  disposition  qui  exclut  du  droit  d’enseigner  ceux 
qui  refusent  de  se  soumettre  aux  lois  du  pays.  A  ces  conditions,  et  en  ouvrant  largement 
nos  classes  secondaires  à  toutes  les  jeunes  intelligences  capables  de  tes  suivre,  on  main¬ 
tiendra  à  côté  de  l’Université,  la  salutaire  concurrence  des  libres  initiatives,  et  1  on  ne 
connaîtra  plus  ces  foyers  de  division  où  s’enseignent  les  haines  de  religions  et  de  races  et 
le  mépris  des  principes  de  la  Révolution  française. 


D’autres  réformes  auraient  pu  aboutir  pendant  ces  quatre  années  sans  les  entraves 
qu’une  opposition  acharnée  n’a  cessé  d’apporter  au  travail  parlementaire. 

U  en  est  trois  essentielles  que  la  Chambre  nouvelle  devra  réaliser  ; 

1°  La  réforme  de  la  loi  militaire.  —  Grâce  à  la  suppression  des  dispenses,  à  1  utilisa¬ 
tion  des  hommes  classés  dans  les  services  auxiliaires,  et  à  l’allocation  de  secours  aux 
familles  privées  de  leurs  soutiens  indispensables;  la  rédaction  du  service  militaire  à  deux 
ans  peut  être  décidée  sans  porter  atteinte  aux  nécessités  de  la  défense  nationale. 

Je  voterai  cette  mesure,  qui  fera  disparaître  enfin  une  des  inégalités  qui  pèsent  le  plus 
lourdement  sur  la  population  laborieuse  de  nos  villes  et  de  nos  campagnes; 

2°  L’organisation  de  la  Caisse  générale  des  Retraites,  constituée  avec  le  concours  du 
travailleur,  du  patron  et  de  l’État,  et  en  utilisant  de  la  manière  la  plus  large  l’action  des 
sociétés  de  secours  mutuels; 

3°  La  réforme  iinancière  et  fiscale.  —  Là  crise  économique  qui  pese  sur  le  moüde 
entier  a  eu  sa  répercussion  sur  nos  finances,  et  la  Chambre  prochaine  devra  s’imposer  une 
politique  d’économies  rigoureuses  que,  pour  mon  compte,  je  fidtirâülVfai  féSiilutfiéht. 

Mais  la  réforme  profonde  de  notre  système  d’impôts  n’en  sera  pas  moins  nécessaire. 

Vous  m’avez  approuvé  lorsqu’ën  1898  je  vous  disais  «  qu’un  impôt  général  sur  le 
revenu  net  des  contribuables,  —  remplaçant  certains  impôts  actuels,  —  compensant  par 
une  progression  limitée,  au  profit  des  petits  contribuables,  îa  progression  contraire  dont  ils 
subissent  aujourd’hui  les  charges,  —  ne  prélevant  rien  sur  ceux  qui  n’ont  qup  le  nécessaire, 
prélevant  fort  peu  sur  ceux  qui  n’ont  qu’une  petite  aisance  et  demandant  un  sacrifice  équi¬ 
table  au  superflu  des  plus  fortunés»,  pouvait  être  établi  saris  aucune  vexation  pour  les 

citoyens,  .  h 

Et  lorsque  je  vous  disais  encore  ;  «  Oïl  pour  avoir  dôfeodu  cette  reforme,  accuse  e 

concessions  au  collectivisme.  Alléger  les  charges  des  plus  faibles,  leur  faciliter  par  cela 
même  lé  travail,  l’épargne,  l’acquisition  du  capital,  augmenter  ainsi  lé  nombre  des  proprie¬ 
taires,  c’est  opposer  aux  ennemis  de  la  propriété  la  plus  forte  des  barrières  »,  vous  m  avet 

également  approuvé.  .  ... 

Vous  connaissez  le  malheureux  essai  de  péréquation  de  la  contribution  personnelle' 
mobilière  qui  a  ôté  récemment  tenté  et  les  charges  qui  fe«  seraieht  résultées  pdur  les  petits 
contribuables,  notamment  à  Chàlons  et  dans  les  principales  communes  de  noire  arrondis¬ 
sement.  Nous  avons;  vous  savez  avec  quelles  difficultés,  obtenu  la  réparation  de  cette  injus 
tice  ;  mais  cette  expérience  a  permis  de  constater  une  fois  de  plus  que  c'eût  la  réforme 
totale  du  système  des  impôts  directs  qui  peut  seule  réaliser  la  justice  fiscale  dans  hotre 
pays. 


— 


N°  H  62 


t  *  ^ 

Pour  accomplir  les  réformes  nécessaires,  Fanion  do  tous  les  républicains  est  indispen¬ 
sable. 

Celte  union,  mes  chers  Concitoyens,  depuis  quatorze  ans  vous  l’avez  faite  dans  notre 
arrondissement;  au  scrutin  de  demain,  vous  la  maintiendrez  inébranlable. 

Sous  le  masque  du  nationalisme,  vous  avez  dès  le  premier  jour  reconnu  les  éternels 
adversaires  contre  lesquels,  au  2à  Mai,  au  16  Mai,  à  Uépoque  du  boulangisme,  la  République 
a  toujours  dû  se  défendre. 

Vous  êtes  républicains  et  patriotes.  Vous  vous  rappelez  les  désastres  où  le  pouvoir 
p&rsonnel  avait  entraîné  la  Patrie  et  vous  savez  ce  que  la  République  a  fait  pour  sauver 
son  honneur,  pour  restaurer  sa  puissance  militaire  ;  vous  n’admettez  pas  qu'on  cherche  à 
opposer  Farinée  nationale  à  la  nation  républicaine,  vous  no  voulez  pas  qu'on  prenne  le 
drapeau  de  la  France  pour  essayar  d'en  faire  le  drapeau  d’un  parti. 

Tout  cela  vous  l'affirmerez,  îe  27  avril,  j’en  ai  la  certitude,  par  une  majorité  plus  forte 
que  jamais  et  vous  me  permettrez  ainsi  de  servir  encore,  avec  une  énergie  nouvelle,  cette 
politique  de  liberté,  de  justice  et  de  solidarité,  qui  peut  seule  donner  à  la  France  la  paix 
an  dedans  et  la  puissance  au  dehors. 

Vive  la  République  I 

Léon  BOURGEOIS,  Député  sortant. 


Les  Associations  Républicaines  m  l’aebündissement  de  Ckalons 
Aux  électeurs. 

i  - 

Électeurs  Républicains, 

Le  dimanche  27  avril  prochain,  vous  êtes  appelés  à  élire  votre  représentant  à  la 
Chambre  des  Députés. 

Les  Associations  Républicaines  de  l'arrondissement  présentent  de  nouveau  à  vos  libres 
suffrages  la  candidature  du  député  sortant,  autour  duquel  n’ont  cessé  de  se  grouper, 
depuis  1889,  tous  les  vrais  démocrates  de  notre  circonscription,  et  qui  personnifie,  au  Par¬ 
lement  et  dans  le  Pays,  la  concentration  de  tous  les  éléments  de  gauche. 

Retenu  au  chevet  de  sa  fille,  gravement  malade,  M.  Léon  Bourgeois  n’a  pu  jusqu'à  ce 
jour,  comme  il  en  avait  le  désir,  venir  vous  rendre  compte  de  son  mandat  et  vous  exposer 
son  programme. 

Tous,  nous  en  sommes  sûrs,  vous  avez  pris  part  h  ses  angoisses  paterne  compre¬ 
nant  ses  inquiétudes,  vous  Fav.ez  excusé. 

D’ailleurs,  qu’auraudl  pu  vous  dire  que  vous  ne  sachiez? 

Tous  ses  votes  n  ont-ils  pas  été  inspirés  par  saq  ardent  amour  de  la  Démocratie  et  par 
le  ferme  désir  d’améliorer  ie  sort  des  humbles  et  des  déshérités? 

Tqqs  ses  actes  n’ont-ils  pas  eu  pour  mobile  la  graqdeqr  dé  la  Pairie  et  son  rayonne¬ 
ment  aq  dehors,  la  défense  énergique,  m  toutes  circonstances,  de  la  République,  de  ses 
tflisqî  de  son  esprit? 

Son  programme,  vous  le  connaisse^  également.  Vous  l’avez  approuvé  en  1898  parce 

contient  tous  les  prpjqfà  de  réformes  dent,  avec  tout  le  Parti  Républicain,  vous  atten¬ 
te  h  prompte  rôaîisaUûR* 

Les  idées,  ia  personnalité  et  l’œuvre  de  M.  Léon  Bourgeois  sggf  qqivGrseJlqqienr  çQH- 


—  504  — 

nues  etr  c’est  un  grand  honneur  pour  l'Arrondissement  de  Chàlons  d’être  représenté  par  ce 
Républicain  éprouvé  dont  la  haute  valeur  intellectuelle,  le  patriotisme  tardent  et  vrai,  la 
sincérité,  la  probité  politique  et  la  passion  pour  l’intérêt  public  en  font  un  des  hommes 
d’Etat  les  plus  éminents  de, la  République. 

Électeurs  Républicains, 

La  victoire  est  certaine.  En  parfaite  communion  d’idées  avec  votre  député,  vous  lui 
êtes  restés  attachés  comme  lui-même  vous  est  resté  dévoué  ;  mais  pour  que  l’arrondisse¬ 
ment  de  Chàlons  soit  digne  de  sa  vieille  réputation  de  républicanisme,  pour  que  nos  adver¬ 
saires  ne  puissent  exploiter,  à  leur  profit,  l’indifférence  que  la  certitude  du  succès  pourrait 
faire  naître,  vous  avez  le  devoir  de  vous  rendre  tous  aux  urnes  et  de  voter  pour  M.  Léon 
Bourgeois. 

Républicains,  pas  (V abstentions,  et  vous  ferez  triompher  d’une  façon  éclatante  la  Repu* 
blique  telle  que  nous  la  comprenons,  c’est-à-dire  assurant  la  liberté,  la  justice  et  la 

solidarité, 

(Suivent  les  signatures,) 


Mes  Chers  Concitoyens, 

Bien  qu’un  peu  moins  graves  depuis  trois  jours,  les  tristes  raisons  qui  me  retiennent 
loin  de  vous  n’ont  pas  encore  disparu  et  je  vois  qu’il  me  sera  décidément  impossible  de 
venir,  avant  l’élection  de  dimanche,  vous  rendre  compte  de  mon  dernier  mandat  et  m’en¬ 
tretenir  avec  vous.  . 

Par  les  vœux  si  touchants  qui  me  parviennent  chaque  jour  de  tous  les  points  de  no  te 

arrondissement,  je  sais  déjà  que  vous  me  pardonnez  mon  absence. 

Ces  témoignages  de  votre  affection  ne  sauraient  diminuer  le  regret  profond  que 
j’éprouve  de  ne  pouvoir,  à  cette  heure,  être  à  ma  place  habituelle,  au  premier  lang  de  ceux 
qui  luttent  pour  la  République. 

Je  vois  qu’on  reprend  à  mon  égard  toutes  les  attaques  habituelles. 

On  essaie  une  fois  encore  d’invoquer  contre  moi  les  intérêts  de  l’agriculture,  du  com¬ 
merce  et  de  l’industrie,  ceux  de  la  liberté  et  de  la  propriété  individuelles,  ceux  de  l’armée 

et  de  la  France.  . 

Depuis  quatorze  ans  vous  êtes  habitués  à  ces  pratiques  de  mes  adversaires  ;  quatie 
fois  vous  les  avez  condamnées;  vous  les  condamnerez  une  fois  de  plus  le  27  avril  par  votre 
suffrage. 

La  Propriété  individuelle? 

Vraiment,  je  ne  crois  pas  avoir  besoin  de  me  dire  encore  une  fois  son  défenseur. 

V  Agriculture? 

Tous  nos  adversaires  aussi  bien  que  nos  amis,  connaissent  les  intérêts  importants  qui 
m’attachent  au  sol  de  notre  Champagne  et  qui  me  permettent  de  connaître  —  et  de  ressen¬ 
tir  —  toutes  les  difficultés  avec  lesquelles  sont  aux  prises  les  cultivateurs  et  les  vigneron 
de  notre  pays.  Et  vous  savez  que  dans  cette  législature,  sur  les  questions  des  bons  d im¬ 
portation,  de  l’admission  temporaire  des  blés,  etc...,  comme  sur  toutes  les  questions  doua¬ 
nières  posées  dans  les  législatures  précédentes,  mon  vote  a  toujours  été  acquis  à  la  defense 
de  l’agriculture  nationale. 


—  505  — 


n°  lies 


Le  Commerce  et  V Industrie? 

Ce  qui  leur  est  d’abord  nécessaire*  c’est  Je  dégrèvement  des  charges  des  petits  com¬ 
merçants  et  des  petits  industriels*  Pour  eux,  je  Fai  dit  cent  fois,  comme  pour  les  petits  cul¬ 
tivateurs*  le  dégrèvement  ne  peut  résulter  que  de  la  réforme  générale  de  l'impôt.  On  combat 
l'impôt  personnel  sur  le  revenu*  parce  qu'on  sait  que  seul  il  peut  permettre  de  diminuer  le 
taux  de  l’impüt  des  plus  faibles  et  d'augmenter  le  taux  de  l’impôt  des  plus  riches*  C’est 
pourquoi,  plus  que  jamais*  nous  le  défendrons  et  je  suis  convaincu  que  les  élections  de 
demain  amèneront  à  la  Chambre  la  majorité  nécessaire  pour  le  réaliser  enfin* 

Ce  qu’il  faut  encore  pour  noire  commerce  et  notre  industrie,  c’est  la  tranquillité  et 
3a  paix  par  3 'union  étroite  du  capital  et  du  travail  :  c’est  cette  union  que  resserreront  toutes 
les  lois  ouvrières  dont  j’ai  poursuivi  l’étude  et  le  vote  depuis  des  années;  et  cette  loi  des 
retraites*  qui  se  réalisera  par  le  concours  du  patron,  du  travailleur  et  de  l’État,  avec  l’aide 
des  sociétés  de  secours  mutuels* 

L'Armée? 

Notre  premier  devoir  envers  elle  est  de  la  tenir  à  l’écart  de  nos  divisions  politiques* 
C’est  pourquoi  j’ai  énergiquement  combattu  ceux  qui  ont,  vainement  d’ailleurs,  tenté  de 
l’entraîner  à  la  révolte  contre  la  loi.  Je  compte  assez  d’amitiés  personnelles  parmi  les  chefs 
les  plus  éminents  de  noire  armée  pour  pouvoir  dire  avec  certitude  qu’elle  dédaigne  ces 
excitations  et  que*  sûre  du  concours  du  Parlement  républicain  pour  le  vote  de  toutes  les 
mesures  qui  contribuent  à  notre  défense  militaire,  elle  continué^  avec  une  joie  silen¬ 
cieuse,  3a  tâche  exclusive,  et  noble  entre  toutes,  qui  est  la  sienne* 


La  Liberté? 

Ai-je  besoin  de  vous  montrer  de  quel  côté,  dans  îa  lutte  engagée  aujourd’hui,  sont  les 
défenseurs  de  la  liberté? 

Qui  a  donné  à  ce  pays,  depuis  1871,  toutes  les  libertés  refusées  par  les  gouvernements 
antérieurs?  Le  Parti  Républicain* 

Cette  loi  d’association,  tant  attaquée,  est  une  loi  de  liberté,  et  si  elle  a  mis  un  frein  aux 
entreprises  coupables  des  congrégations  politiques,  elle  a  donné  à  tous  les  citoyens  ce  droit 
de  s’associer  dont  nos  adversaires  sont  les  premiers  à  se  servir  aujourd'hui  contre  nous* 

Une  seule  chose  serait  menaçante  pour  la  liberté  :  c’est  le  rétablissement  du  pouvoir 
personnel  et  de  la  domination  de  l'Église.  G’est  là  qu’on  voudrait  ramener  la  France.  Mais 
le  suffrage  universel  n’a  pas  oublié  à  quels  désastres  cette  politique  nous  a  conduits. 

Il  se  rappelle  1870,  et  comment,  grâce  au  pouvoir  d’un  seul  homme  appuyé  sur  l’Église, 
la  France,  au  jour  du  danger,  s’est  trouvée  seule,  sans  alliés,  avec  une  armée  sans  organi¬ 
sation  et  sans  direction  et  bientôt  s'est  vu  défaite,  envahie  et  démembrée* 

A  ce  souvenir*  il  oppose  l’image  de  la  France  actuelle.  Jamais  elle  n’aété  plus  paisible, 
plus  riche  et  plus  forte.  La  crise  économique  et  financière  qui  pèse  si  lourdement  sur  l’Eu¬ 
rope,  n’a  pu  arrêter  le  développement  de  son  essor*  Le  chiffre  du  capital  national,  celui  des 
revenus  totaux  des  citoyens,  sont  plus  élevés  que  jamais*  Le  crédit  de  notre  pays  est  au 
1er  rang  dans  le  monde  et  le  gouverneur  de  la  Banque  de  France  pouvait  dire  récemment 
que  nous  sommes  les  banquiers  de  l’Europe*  Notre  empire  colonial,  dont  l’étendue  est 
immense,  entre  rapidement  en  valeur*  Notre  force  militaire  n’a  jamais  été  plus  puissante 
et  mieux  préparée.  Enfin,  une  grande  alliance  dont  le  Président  de  là  République  va,  dans 
quelques  jours,  resserrer  encore  les  liens,  dans  une  manifestation  éclatante,  permet  à  la 
France  et  à  la  Russie  d’ètre  les  arbitres  de  la  paix  universelle* 

Telle  est  Pceuyre  de  ces  30  années  de  République,  telle  est  l’œuvre  du  parti  répu¬ 
blicain. 


—  R06  — 

Le  suffrage  universel  la  connaît  et  malgré  tant  d’attaques  et  de  manœuvres  il  ne  la 
laissera  pas  détruire. 

Pour  moi ,  j’y  ai  collaboré  de  xauLes  mes  forces  et  je  continuerai  à  la  défendre. 

Tel  vous  m’avez  vu  dans  les  législatures  précédentes,  ici  je  suis  demeuré  dans  celle-ci; 
simple  député  servant  notre  cause  en  soldat  discipliné  et  fidèle,  —  Ministre  de  la  Répu¬ 
blique  et  portant  les  responsabilités  du  Gouvernement, — représentant  de  la  France  au  dehors, 
dans  cette  grande  assemblée  de  la  Haye,  ou  mes  adversaires  du  Parlement  eux-mêmes  ont 
bien  voulu  reconnaître  que  j’avais  servi  avec  honneur  les  intérêts  et  les  idées  de  notre 

patrie, _ partout  je  suis  demeuré  le  même  et  ^attends  avec  confiance  votre  jugement  sur 

ce  passé  qui  vous  garantit  Favenir, 

& 

*  * 

Mes  chers  Concitoyens,  —  laissez- moi  dire  après  tard  de  preuves  de  votre  alfection 
persistante  ;  mes  chers  amis,  —  voilà  ce  que  j’aurais  voulu  venir  vous  exposer,  plus  com¬ 
plètement,  dans  les  réunions  où  nous  avons  eu  tant  de  lois  l’habitude  de  nous  renconner 
et  de  nous  comprendre. 

le  n’ai  pu  venir  à  vous,  mais  votre  sympathie  n  a  cessé,  jour  par  jour,  de  venir  a  mot 
pendant  cette  épreuve  ;  j’en  suis  touché  jusqu’au  fond  du  cœur  et,  dès  maintenant,  sans 
attendre  l’issue  du  scrutin  de  dimanche,  c’est  un  remerciement  que  je  vous  adresse  ici,  et 
je  vous  exprime  ma  reconnaissance  en  même  temps  que  mon  lidcle  dévouement. 

Léon  BOURGEOIS. 


Circonscription  d  ÉPERNAft 

M.  Paul  COUTANT 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin,  —  12.326  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

La  confiance  témoignée  par  ltl.547  électeurs)  il  y  a  trois  ans,  me  trace  mon  devoir: 

Je  viens  solliciter  vos  suffrages. 

Mon  programme  n’a  pas  changé,  c’est  le  programme  du  Parti  républicain.  Je  le  {main¬ 
tiendrai  intégralement  en  face  des  apostasies  du  parti  radical.  Ce  parti,  nous  l’avons  vu  à 
l’œuvre  ;  nous  pouvons  mesurer  la  distance  des  promesses  aux  actes. 

Il  a  fait  faillite  à  tous  ses  engagements. 

Aucune  réforme  n’a  été  tentée,  aucun  progrès  réalisé. 

L’augmentation  énorme  des  dépenses  et  des  dettes,  et  surtout  le  déficit  avoué  entraî¬ 
nant  dans  un  avenir  prochain  de  nouveaux  impôts  :  tel  esi  le  bilan  de  celte  politique  ins¬ 
pirée  par  l’esprit  de  secte,  et  qui,  au  lieu  de  travailler  à  la  prospérité  et  à  la  grandeur  du 
pays  ainsi  qu’à  la  défense  des  intérêts,  des  droits  et  des  libertés  de  tous  ies  citoyens,  — 
prêt  end  accaparer  la  République  pour  le  seul  profit  d’une  oligarchie  avide  et  tyrannique., 

Aussi,  aujourd’hui  plus  que  jamais,  je  reste  attaché  au  Parti  républicain  dont  j’ai 
défendu  le  drapeau  sous  les  auspices  et  sur  ies  instances  deM.  Waldeck-Rousseau  lui-même, 
avant  qu’il  n’ait  renié  ses  doctrines  et  abandonné  ses  amis  pour  tenter  de  sauver,  avec  la 
complicité  du  parti  radical  et  des  cléricaux  de  la  Franc-Maçonnerie,  un  officier  juif,  traître 
à  la  France. 


—  807  — 


N°  1Î83 


Cette  tentative  a  été  le  signal  de  toutes  les  attaques  contre  l'armée  —  attaques  que  le 
Gouvernement  a  cru  pouvoir  encourager  lui-même,  —  se  réclamant  des  principes  de  justice 
et  d’égalité  sociales  et  semblant  ignorer  que  l’armée  est  la  défense  vivante  le  nos  libertés 
en  face  de  l’Étranger. 

Pour  éviter  la  guerre,  il  faut  une  armée  forte  et  respectée. 

Au  lieu  d’insulter  l’armée,  pourquoi  ne  pas  tenter  de  sages  réformes  qui,  sans  lui 
porter  atteinte,  rendraient  le  devoir  militaire  plus  compatible  avec  les  intérêts  de  tous? 

La  suppression  de  certaines  périodes  d’instruction,  l’organisation  de  tirs  aux  chefs- 
lieux  d’arrondissements  ou  même  aux  chefs-lieux  de  cantons,  la  réduction  k  deux  ans  de  la 
durée  du  service  militaire,  sont  des  réformes  qui  doivent  appeler  l’attention  de  la  Chambre 
prochaine  et  qui,  sagement  étudiées,  peuvent  être  faites  sans  amoindrir  notre  armée 
nationale. 

En  matière  d’impôts,  aucun  soulagement  n’a  été  tenté  ;  l’impôt  mal  réparti  continue  à 
peser  injustement  et  inégalement  sur  les  contribuables. 

L’  «  impôt  sur  le  revenu  »,  formellement  promis  aux  électeurs  pendant  la  campagne 
électorale,  n’a  été  ni  voté  ni  même  proposé.  Il  est  aujourd’hui  abandonné. 

L’  «  impôt  sur  les  revenus  »  frappant  le  contribuable  d’après  les  signes  extérieurs  de 
la  richesse  et  tenant  compte  des  charges  de  famille  réaliserait  une  amélioration  raison¬ 
nable,  une  réforme  vraiment  équitable  et  démocratique. 

L’allègement  de  nos  charges  ne  peut  résulter  que  de  sévères  économies  réalisées  avant 
tout  par  la  diminution,  —  par  voie  d’extinction,  —  des  fonctionnaires  dont  le  nombre  a 
doublé  depuis  vingt  ans  et  par  la  réduction  des  traitements  trop  élevés, 

Cultivateurs, 

La  nécessité  s’impose  de  défendre  la  terre  contre  la  progression  toujours  croissante 
des  impôts  qui  pèsent  si  lourdement  sur  elle. 

Il  faut  supprimer  les  prestations  et  réduire  les  droits  de  mutation  qui  finissent  notam¬ 
ment  par  absorber  la  valeur  de  la  propriété. 

Je  suis  partisan  de  toutes  les  mesures  qui  assurent  la  protection  efficace  des  produits 
de  la  terre,  qui  frappent  la  spéculation  en  supprimant  les  marchés  à  termes  fictifs  et  qui, 
—  par  des  pénalités  sévères  contre  les  accapareurs,  —  empêcheront  que  les  cours  ne  soient 
faussés  au  préjudice  aussi  bien  des  consommateurs  que  des  producteurs. 

Ouvriers, 

L’amélioration  de  votre  condition  doit  être  réalisée  progressivement  par  le  concours  de 
l’État  limité  par  le  libre  exercice  des  initiatives  individuelles.  On  doit  encourager  le  déve¬ 
loppement  des  sociétés  de  secours  mutuels,  des  syndicats  professionnels,  des  institutions 
de  prévoyance  et  d'assistance,  réaliser  la  création  des  caisses  de  retraites  pour  la  vieillesse, 
pour  les  incurables  et  les  infirmes. 

L’assurance  contre  les  accidents  devrait  être  réalisée  par  l’État  qui,  tout  en  exigeant 
des  primes  moins  élevées,  déchargerait  le  patron  de  sa  responsabilité  et  assurerait  à  l’ou¬ 
vrier  le  payement  des  indemnités  prévues  par  la  législation  actuelle. 

Vignerons, 

J’èttidierai  toutes  les  mesures,  je  favoriserai  toutes  les  initiatives  qui  auront  pour  objet 
sincère  de  faciliter  la  reconstitution  du  vignoble,  la  diffusion  de  ses  produits,  le  respect  de 
ses  droits  à  l’étranger. 

Je  proposerai  dos  mesures  propres  à  la  répression  de  la  fraude. 

Les  vins  de  Champagne  doivent  être  enfin  protégés  contre  une  concurrence  déloyale 
dont  l’effet  désastreux  se  fait  sentir  de  plus  en  plus  dans  notre  vignoble. 


—  508  - 


Les  vignerons  savent  que  j’agirai  et  parlerai  en  défenseur  résolu  du  droit  des  bouilleurs 
de  cru,  c’est-à-dire  en  défenseur  de  ieur  propriété  et  de  l'inviolabilité  de  leur  domicile. 


f  Electeurs, 

Je  me  présente  à  vous  en  Républicain  indépendant  et  libre  de  toutes  attaches. 

La  pression  officielle,  manifestée  particulièrement  dans  notre  arrondissement  par  un 
déni  de  justice  odieux  et  qui  a  soulevé  Pindignation  de  toutes  les  consciences  honnêtes, 
n’aura  pas  raison  de  votre  indépendance. 

Vous  ne  vous  laisserez  ni  intimider,  ni  corrompre. 

En  m’accordant  vos  suffrages,  vous  vous  prononcerez  contre  la  politique  du  déficit, 
pour  une  politique  de  sagesse  et  d’économie,  seule  capable  de  conjurer  un  péril  trop  réel 
en  rétablissant  l’ordre  dans  nos  finances;  vous  vous  prononcerez  contre  toutes  les  tyrannies, 
pour  toutes  les  libertés,  conformément  aux  traditions  qui  étaient  autrefois  l’honneur  du  parti 
républicain,  et  vous  direz  que  vous  voulez  avec  moi,  la  République  libre  dans  la  France 
prospère. 

Vive  la  France  I 

Vive  la  République! 

Paul  COUTANT, 


Candidat  Républicain* 


Circonscription  de  REIMS 

M,  LAN  N  ES  DE  MONTEBELLÛ 
Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  7,639  voix. 


Comité  Républicain  Pbogressiste  m  ^arrondissement  de  Reims 

En  venant  solliciter  le  renouvellement  du  mandat  dont  vous  m’avez  honoré  depuis 
huit  ans,  je  tiens  d’abord  à  dissiper  toute  équivoque.  Je  me  présente  à  vous  libre  de  tout 
engagement,  affranchi  de  tout  patronage,  sous  la  seule  garantie  de  mon  passé  et  dans  la 
plénitude  de  mon  indépendance. 

La  politique  qui  a  servi  de  base  au  contrat  qui  nous  unit  a  été  magnifiquement  exposée 
par  M.  Waldeck -Rousseau  dans  son  inoubliable  conférence  de  Reims. 

C’est  à  cette  politique  que  j’ai  été  et  que  j’entends  rester  fidèle. 

J’étais  avec  M.  Waldeck- Rousseau  revendiquant  les  droits  de  la  liberté,  démasquant 
«  les  chantres  du  radicalisme  »,  condamnant  l’impôt  progressif  sur  le  revenu  global  comme 
une  escroquerie  au  suffrage  universel,  et  opposant  aux  utopies  malsaines  et  aux  excitations 
haineuses  du  collectivisme  les  principes  égalitaires  et  fraternels  de  la  Révolution 
française. 

Quand  il  a  fait  appel  à  tous  les  républicains,  engageant  sa  parole  qu’il  ne  répudiait 
rien  de  sa  foi  politique,  malgré  les  inquiétudes  que  m’iuapïraient  quelques-uns  de  ses  col¬ 
lègues,  je  lui  ai  continué  ma  confiance  jusqu’au  jour  où  ses  actes  ont  brutalement  démenti 
ses  promesses. 

Je  suis  contre  M,  Waldeck-Rousseau  associant  les  collectivistes  à  l’œuvre  gouverne- 
moniale*  immolant  la  liberté  aux  rancune»  et  aux  exigences  du  radicalisme*  m  faisant  le 


k 


—  509  —  ^ 

prisonnier  docile  de  ceux  dont  il  était  hier  le  p’us  vigoureux  et  le  plus  redoutable  des  adver- 

j’ai  voté  contre  la  loi  sur  les  associations  parce  que,  partisan  convaincu  de  la  upré- 
niatie  du  pouvoir  civil  sur  toutes  nos  institutions,  je  ne  veux  pas  que  cette  suprématie 
dégénère  en  une  tyrannie  mesquine  sur  les  consciences.  —  Lorsqu’un  parti  refuse  à  ses 
adversaires  la  liberté  qu’il  revendique  pour  lui-mème,  il  ne  défend  pas  la  république,  il 
fait  de  la  République  une  caricature  odieuse  du  despotisme. 

J’ai  voté  contre  le  principe  de  la  progression  dans  la  loi  sur  les  successions,  parce  que 
ce  premier  pas  peut  nous  conduire  à  un  impôt  de  confiscation,  dénoncé  par  M.  Waldeck- 
Rousseau  lui-même  comme  le  plus  épouvantable  des  arbitraires. 

J’aî  voté  contre  les  augmentations  de  crédits  émanées  de  ^improvisation  parlementaire, 
parce  que  je  ne  crois  pas  que  le  Trésor  public  soit  fait  pour  alimenter  les  réclames  électo¬ 
rales  et  qu’à  l’heure  actuelle,  c’est  vers  l’allégement  des  contribuables  par  de  sérieuses 
économies  que  les  réprésentants  du  peuple  doivent  porter  toute  leur  sollicitude. 

J’ai  voté  contre  la  motion  jacobine  de  M.  Henri  Brisson,  parce  que  la  bberté  de  1  ensei¬ 
gnement  m’apparaît  comme  Uun  des  titres  de  gloire  du  parti  républicain  et  comme  la  sau¬ 
vegarde  vivifiante  de  l’Université  de  France. 

Je  voterai  demain,  et  pour  des  raisons  identiques,  contre  le  stage  scolaire,  contre  la  loi 
organisant  la  grève  obligatoire,  en  un  mot  contre  tous  les  projets  qui  mettent  en  périt  la 
liberté  et  la  paix  sociale  et  préparent  à  ce  pays  les  mauvais  jours  de  la  guerre  religieuse  et 
delà  guerre  des  classes. 

Mais  a  ce  serait  déchoir  que  de  suivre  toujours  dans  l’ornière  où  elle  se  complaît  la 
politique  radicale  ou  socialiste  et  d’opposer  aux  promesses  trompeuses  les  engagements  que 
nous  avons  tenus  ».  Au-dessus  des  questions  de  partis,  il  y  a  les  questions  nationales. 

Représentant  de  cette  région  de  l’Est  toujours  frémissante  aux  souvenirs  du  passé,  j  ai 
considéré  que  mon  premier  devoir  était  de  consacrer  à  l’armée  toute  mon  activité  et  tout 
mon  dévouement. 

le  puis  revendiquer  la  plus  grande  part  dans  l’organisation  de  celte  armée  coloniale 
dont  le  Président  du  Conseil  ne  manque  jamais  l’occasion  de  faire  valoir  les  avantages  au 
profit  de  son  ministère  et  qui  protège  vos  enfants  contre  les  menaces  meurtrières  des 
climats  lointains. 

Je  ne  me  suis  pas  attardé  à  faire  miroiter  devant  vous  une  vague  formule  de  réduction 
du  service  militaire  ;  j’ai  travaillé  à  rendre  cette  réduction  possible  en  déposant  un  projet 
de  loi  sur  le  rengagement  des  sous-officiers  et  soldats  qui,  s’il  est  adopté,  peut  arriver  à 
limiter  progressivement  et  automatiquement  les  charges  du  service  militaire  jusqu  an  mini¬ 
mum  d’un  an,  sans  compromettre  la  force  et  la  solidité  de  l’armée  nationale. 

11  m’a  paru  qu’il  importait  également  à  la  solidité  de  cette  armée  que  ses  officiers 
fussent  mis  à  l’abri  du  favoritisme  gouvernemental  et  des  rancunes  politiques.  Lorsqu  il 
s’agit  d’avancement,  les  services  rendus  doivent  seuls  compter  et  personne  ne  me  persua¬ 
dera  que  la  suprématie  du  pouvoir  civil  soit  intéressée  à  ce  que  l’on  établisse  parmi  les 
officiers  des  catégories  selon  leur  naissance  ou  leur  éducation.  Ceux  qui  trouvent  odieux  de 
demander  un  billet  de  confession  n’ont  pas  le  droit  d’exiger  je  ne  sais  quel  brevet  de  radi¬ 
calisme.  Mon  attitude  dans  la  législature  qui  finit  vous  indique  nettement  quelle  serait  ma 
ligue  de  conduite  dans  la  Chambre  future. 

Ceux  qui  voteront  pour  moi  savent  qu’ils  voteront  pour  un  républicain  irréductible, 
toujours  prêt  à  défendre  la  République,  à  condition  que  cette  défense  ne  devienne  pas  un 
jeu  ou  une  habileté  - — une  équivoque  on  s’abritent  les  coteries,  les  dénonciations  et  les 
intrigues. 

Le  meilleur  moyen  de  défendre  la  République,  ce  n’est  pas  de  la  laire  craindie,  c  est 
de  la  faire  aimer.  Un  Gouvernement  qui  s’emploierait  à  mettre  de  l’ordre  dans  les  finances, 
à  diminuer  par  des  mesures  décentralisatrices  la  charge  de  l’impôt,  à  développer  la  mutua¬ 
lité,  à  donner  un  concours  financier  aux  sociétés  de  secours  mutuels  pour  la  solution  de  la 
question  des  retraites  ouvrières*  à  réduire  les  frais  de  justice  et  de  vente/  ce  Gouvernement 


—  MO  — 


aurait  plus  efficacement  travaillé  que  nul  autre  à  la  grandeur  de  la  République,  Il  aurait 
fait  aimer  son  nom  à  tous  les  Français,  et  la  France,  unie  et  prospère,  avec  les  amitiés 
qu’elle  a  dans  le  monde,  ne  craindrait  plus  rien  de  personne. 

Tout  ce  que  font  nos  adversaires  pour  créer  des  catégories  de  suspects,  pour  exciter  les 
haines  et  les  convoitises,  tout  cela  affaiblit  du  môme  coup  la  République  et  la  France*  Cewt 
qui  ne  séparent  pas  Tune  de  l’autre,  ceux  qui  veulent  une  politique  à  la  fois  démocratique 
et  nationale*  ceux-là  comprendront  le  devoir  que  les  événements  leur  imposent.  Je  suis  sûr 
qu’ils  le  rempliront.  Pour  mol,  je  n’y  faillirai  pas, 

Vive  la  République  ! 


Vive  la  France! 


Adrien  LANNES  DE  MONTERELLO,  Député  sortant, 
Candidat  Républicain. 


circonscription  de  REIMS 
M,  MI  RM  AN 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  12.250  voix. 


Citoyens, 

Reims  est  une  grande  ville  ouvrière. 

Reims  est  un  centre  républicain  inaccessible  à  toute  tentative  de  réaction  cléricale  ou 
plébiscitaire. 

Reims,  depuis  les  tragiques  événements  de  1870,  est  presque  une  ville  frontière. 

Rems  est  une  cité  libre,  indépendante  et  fière. 

D’où,  pour  l’homme  qui  a  l’honneur  de  la  représenter  au  Parlement,  quatre  devoirs: 

Il  doit  être  le  mandataire  dévoué  de  la  classe  ouvrière  :  il  doit,  avec  une  inlassable 
persévérance,  multiplier  ses  efforts  pour  hâter  la  réalisation  des  réformes  susceptibles 
d’améliorer,  dans  l’état  social  actuel,  la  situation  matérielle  et  morale  des  travailleurs. 

Il  doit  être  un  républicain  d’avant-garde,  fidèle  aux  principes  qui  sont  3’honneur  do  Ja 
République. 

Il  doit  aimer  passionnément  son  pays  et  respecter  son  drapeau. 

Il  ne  doit  être  le  vassal  d’aucun  chef,  le  courtisan  d’aucun  pouvoir,  le  client  d’ aucun 
ministère. 

De  toutes  mes  forces,  inégales  assurément  à  une  si  haute  ambition,  j’ai  taché  d’être  le 
représentant  chaque  jour  plus  digne  de  notre  laborieuse  et  vaillante  cité. 

1.  J’ai  concentré  presque  toute  mon  activité  sur  l’étude  des  questions  économiques  et 
sociales  en  général,  et  de  celles  qui  intéressent  spécialement  l’industrie  rémoise:  législa¬ 
tion  des  Conseils  de  prud’hommes,  accidents  du  travail,  retraites  pour  les  invalides  et  les 
vieillards,  questions  d'assistance,  de  mutualité  libre  et  de  prévoyance,  marchés  à  terme  sut 
les  laines,  etc...,  etc...,  j’ai  îe  droit  de  dire  que  j’ai  pris  è  tout  ces  débats  une  part  utile  et 
que  déjà,  sur  certains  points,  j’ai  obtenu  des  résultat»  appréciables  pour  le  prolétariat. 

2.  Sur  les  questions  politiques  et  sociales:  séparation  des  Églises  et  de  FEtat,  suppte^ 
sïon  du  budget  des  cuites*  défense  de  la  société  laïque  contre  les  congrégations  —  défense 


—  311  —  N°  1162 

aussi  de  la  fortune  nationale  contre  la  Haute  Banque  et  toute  la  féodalité  financière  et 
cosmopolite,  —  révision  républicaine  de  la  Constitution,  suppression  du  Sénat,  impôt 
progressif  sur  les  successions  et  les  reveuus,  égalité  pour  tous  et  réduction  à  deux  ans  du 
service  militaire,  décentralisation,  etc,..,  etc...,  j’ai,  en  toute  circonstance,  scrupuleusement 

respecté  mes  engagements* 

8,  Sur  le  troisième  point,  je  rappelle  les  mots  par  lesquels,  en  1808,  débutait  ma 
profession  de  foi:  «  Citoyens,  d'abord  la  Patrie!  Il  faut  en  maintenir  le  sentiment  très  haut 
au-dessus  de  nos  luttes  de  partis  ;  c'est  Fin  dispensa  b  le  ressort  moral  de  ia  Nation*  —  Nous 
vouions  une  France  pacifique  mais  hère,  fidèle  a  ses  souvenirs  et  à  «es  espérances  ;  pour  la 
défendre  contre  les  appétits  des  monarchies  voisines,  il  nous  latit  une  armée  puissante  et 
respectée,  mais  qui  reste  soumise  au  pouvoir  civil  et  au  vigilant  contrôle  du  Parlement  » 

Ces  principes  —  conformes  aux  plus  pures  traditions  républicaines  et  que  les  ridicules 
excès  des  nationalistes  ne  nie  feront  point  abandonner  —  m’ont  constamment  inspiré  à  la 
Chambre  et  à  Reims* 

4.  Enfin,  je  revendique  une  iü dépendance  absolue  a  l'égard  de  tout  pouvoir  politique 
m  de  toute  société  financière*  Je  suis  votre  délégué  ;  je  dépens  de  mes  électeurs,  d'eux 
seuls*  Je  réprouve  tout  favoritisme,  tout  abus  de  pouvoir,  tout  arbitraire,  d'où  qu'ils 
viennent.  J'estime  que  ia  République  —  en  employant,  môme  timidement,  les  procédés 
dont  usaient  les  régimes  déchus  —  s'abaisserait  à  leur  niveau*  Je  la  veux  rayonnante  de 
force  et  d'honneur  I 

Citoyens  1 

Je  ne  dresserai  pas  ici  une  liste  nouvelle  de  déclarations  et  de  promesses-  Nos  pro¬ 
grammes  de  1893  et  de  1898  subsistent  intégralement.  Vous  avez,  pour  me  juger,  mieux 
que  des  paroles  —  des  actes* 

Si  vous  me  renouvelez  mon  mandat,  j’apporterai  à  l'accomplissement  de  ma  tache  le 
Ûm  dévouement,  servi  par  une  expérience  de  huit  années  de  labeur* 

Je  défendrai,  demain  comme  hier,  la  cause  des  travailleurs,  leur  droit  au  travail  et  leur 
droit  au  repos,  leur  pain  et  leur  dignité. 

Je  défendrai  avec  le  même  zèle  les  intérêts  rémois* 

Gitoyensj 

Pour  aucun  de  vous  —  blême  pour  mes  amis  —  je  ne  solliciterai  de  faveur*  De  chacun 
-  même  de  mes  adversaires  —  je  ferai  valoir  les  droits. 

Vive  la  République  laïque,  démocratique  et  sociale  I 

Vive  la  République  honnête  et  fraternelle  ï 

L*  MIRMÀN* 


&  circonscription  de  REIMS 
M.  MONFKU1LLART 

Elu  au  lor  tour  de  scrutin*  —  5*993  voix; 


Més  chers  Concitoyens, 

Désigné  par  le  Congrès  des  républicains  de  la  3*  circonscription  de  Reims,  je  viens  voilé 
demander  le  renouvellement  du  mandat  que  vous  m'avez  confié  il  y  a  quatre  ans 


—  512  — 


Ayant  scrupuleusement  tenu  les  engagements  que  j’avais  pris  vis-à-vis  de  vous,  je  ne 
crains  pas  votre  jugement. 

D’une  part,  contre  toutes  les  coalitions  réactionnaires,  je  suis  resté,  avec  tous  Ig 
républicains  qui  ont  soutenu  pendant  trois  ans  le  ministère  Waldeck-Rousseau,  le  fidèle 
défenseur  de  la  vraie  République,  Mes  votes  le  prouvent 

D’autre  part,  je  nTai  négligé  aucun  des  intérêts  de  notre  circonscription.  Sur  ce  point, 
mes  actes  répondent  suffisamment  aux  attaques  de  mes  adversaires. 

C’est,  du  reste,  la  fermeté  de  mon  attitude  républicaine  qui  m’a  valu  ces  attaques,  c’est 
ainsi  que  je  les  revendique  fièrement  auprès  de  vous  comme  la  meilleure  preuve  que  j’ai 
suivi,  selon  mes  promesses,  la  politique  de  gauche. 

Vous  ne  croirez  pas,  j’en  ai  la  conviction,  ceux  qui  vous  racontent  que  j’ai  trahi  les 
intérêts  de  la  culture  en  appuyant  de  mon  vote  au  Parlement  les  revendications  mômes  du 
Comice  agricole  de  l’arrondissement  de  Reims  1 

Cultivateur  comme  beaucoup  d'entre  vous,  j’ai  donné  tout  mon  dévouement  à  la  cause 
agricole. 

Grâce  à  la  stabilité  ministérielle,  obtenue  par  l’union  des  républicains,  la  législature 
qui  vient  de  prendre  fin  n’a  pas  été  stérile.  Nous  avons  pu  réaliser  un  certain  nombre  de 
réformes  depuis  longtemps  attendues:  la  loi  sur  le  régime  des  successions,  loi  sur  le 
régime  des  boissons,  loi  sur  le  crédit  agricole,  loi  sur  le  régime  des  admissions  tempo- 
paires,  etc. 

Pour  le  bien  de  îa  République  et  pour  la  tranquillité  de  la  France,  “  et  non  pas  dans 
un  but  de  persécution  religieuse,  car  cela  ne  saurait  être  dans  les  intentions  de  républicains 
sincères  —  nous  avons  voté  la  loi  sur  les  associations.  Elle  donne  aux  citoyens  une  liberté 
de  plus,  en  même  temps  qu’elle  nous  préserve  du  péril  clérical,  le  plus  redoutable  de  tous. 

Patriotiquement,  nous  avons  fait  tous  les  sacrifices  nécessaires  pour  renforcer  notre 
défense  nationale. 

La  longue  et  désastreuse  agitation  des  partis  d’opposition  ne  nous  a  pas  permis  de 
donner  à  la  démocratie  toutes  les  satisfactions  qu’elle  est  en  droit  d’attendre  de  la 
République. 

Ai-je  besoin  de  vous  dire  que  si  vous  me  faites  l’honneur  de  me  renvoyer  au  Parlement, 
tous  mes  efforts  tendront  à  augmenter  le  patrimoine  républicain  des  améliorations  poli¬ 
tiques,  économiques  et  sociales  : 

Vote  de  toutes  les  mesures  destinées  à  assurer,  sans  persécution  d’aucune  sorte,  la 
suprématie  définitive  du  pouvoir  civil  ; 

Respect  de  la  propriété  individuelle;  protection  de  l’industrie  sucrière;  extension  du 
crédit  agricole  ;  création  de  chambres  d’agriculture  ;  protection  de  la  viticulture  et  pat 
conséquent  maintien  des  droits  des  bouilleurs  de  cru  ; 

Révision  de  la  loi  des  patentes  pour  venir  en  aide  au  petit  commerce  trop  imposé; 

Étude  de  la  réforme  fiscale  en  vue  de  répartir  plus  équitablement  l’impôt,  de  dégrever 
la  petite  propriété  et  de  demander  un  effort  supplémentaire  à  la  richesse  acquise  ; 

Réduction  du  service  militaire  à  deux  ans,  avec  la  suppression  de  toutes  les  dispenses, 
et  sans  diminuer  la  solidité  de  l'armée  nationale  ; 

Étude  des  lois  de  solidarité  et  organisation  de  l’assistance  publique  dans  les  cam- 
pagnes  ; 

Création  des  Caisses  de  retraites  ouvrières  ; 

Subventions  aux  mutualités  ; 

Réorganisation  des  services  administratifs  et  judiciaires  ; 

Réduction-  des  frais  de  justice  et  de  vente,  extension  de  la  compétence  des  juges  de 
paix  ; 

Tel  est  le  programme  que  j’ai  exposé  dans  mes  réunions  publiques  et  que  je  défendrai 
à  la  Chambre. 


—  tm  - 


N°  1162 


Mes  chers  Concitoyens,  * 

Vous  savez  qui  je  suis. 

Cultivateur  et  viticulteur  champenois,  j’ai  toujours  vécu  au  milieu  de  vous  et  je  connais 
tos besoins;  j’ai  fait  mes  preuves  de  républicanisme. 

Vous  m’avez  donné  votre  confiance  il  y  a  quatre  ans;  je  crois  l'avoir  justifiée  et, 
conscient  d'avoir  rempli  mon  devoir,  je  vous  demande  aujourd’hui  de  me  la  renouveler. 
Comme  par  le  passé,  je  serai  votre  fidèle  mandataire  et  le  dévoué  serviteur  de  J  a 
Bépublique  républicaine. 

Vive  la  République  ! 

E.  MON  FEU  ILt  ART, 

Cultivateur  et  viticulteur  à  Selles, 
Vice-Président  du  Conseil  général  de  îa  Marne, 
Député  sortant* 


Circonscription  de  SAINTE-MÉNEHOUED 
M.  Paul  BERTRAND 

Élu  au  lQr  tour  de  scrutin*  —  5.026  voix. 


Messieurs  et  chers  Concitoyens, 

Républicain  de  vieille  date,  j'ai  lutté  pour  la  République  et  contribué  à  son  affermisse¬ 
ment:  je  me  présente  à  nouveau  à  vos  suffrages  comme  candidat  républicain, 

Ni  réaction j  ni  révolution  ;  mais  le  progrès  avec  l’ordre  et  la  liberté,  Phonnêteté  et  la 
justice. 

Je  veux,  pour  îa  République,  un  gouvernement  civil  s’inspirant  de  la  belle  devise  : 
Liberté,  Égalité,  Fraternité  ;  la  République  ouverte  à  toutes  les  bonnes  volontés,  respec- 
<u«  des  droits  de  chacun  ;  la  République  poursuivant  non  la  division  ou  la  haine, 
mais  la  réconciliation  des  Français  pour  le  plus  grand  bien  de  la  Patrie  à  l’intérieur  comme 
à  l’extérieur. 

Indépendant,  n’appartenant  à  aucune  secte,  à  aucune  coterie,  je  ne  veux  pas  une 
Ptîque  de  sectaires,  de  persécuteurs,  de  révolutionnaires,  mais  une  politique  d'apaisement, 
libérale,  progressiste,  avec  la  liberté  individuelle,  la  liberté  de  conscience,  la  liberté  d’ensei- 
peinent,  la  liberté  d’association,  la  liberté  du  travail. 

Partisan  de  la  paix,  au  dedans  comme  au  dehors,  j’aime  et  je  respecte,  avec  le 
drapeau  tricolore,  notre  armée  nationale,  notre  belle  armé£  française,  je  la  veux  éloignée 
te  ûos  luttes  politiques,  forte,  puissante,  disciplinée,  toujours  prête  à  nous  défendre.  La  loi 
militaire  de  1889  est  l’objet  de  légitimes  critiques: il  appartient  au  législateur  d’en  préparer 
Urgence  une  nouvelle  donnant  une  meilleure  répartition  et  une  meilleure  utilisation  des 
charges  militaires,  moins  lourdes  pour  les  ouvriers  des  villes  et  des  campagnes,  en  constï- 
ta®  à  l’armée  des  cadres  solides  et  en  abaissant  progressivement  la  durée  du  service 
militaire. 

bans  Tordre  financier,  une  grande  prudence  est  nécessaire,  les  recettes  diminuent, 
tas  dépenses  augmentent,  alors  que  la  concurrence  étrangère  menace  de  plus  en  plus  et 
agriculture  et  notre  industrie.  Aussi,  le  pays  a  besoin  d’une  politique  d’ordre  et 


65 


~  si  A 


d’économie,  évitant  les  gaspillages,  les  abus  de  l’initiative  parlementaire  pour  l’augmenta- 
tiou  des  dépenses,  se  préoccupant  toujours  de  l’amortissement  de  notre  dette  natiôhalc. 

Les  impôts  sont  lourds  :  continuons  à  chercher  une  meilleure,  une  plus  équitable 
répartition  ;  mats  ne  compromettons  pas  les  finances  publiques  par  des  mesures  impru¬ 
dentes,  improvisées,  mais  pas  d’inquisition,  pas  d’arbitraire,  pas  d’investigations  contraires 
à  l'esprit  français. 

Pas  de  grèves  révolutionnaires,  pas  de  drapeau  rouge  menaçant!  mais  que  le  Parlement 
poursuive  pacifiquement  et  avec  fruit  l’étude  des  graves  questions  sociales,  en  vue  de 
l’ainèiioration  du  sort  des  déshérités,  des  travailleurs,  notamment  par  les  encouragements 
à  la  prévoyance:  sociétés  de  secours  mutuels,  assurances,  caisse  nationale  des  retraites 
pour  la  vieillesse. 

La  question  dgricoîê  ëét  d'une  importance  capitale  pour  notre  région.  L’agriculture, 
dont  la  prospérité  est  si  essentielle  pour  la  force,  la  grandeur,  l'existence  même  de  Ja 
France)  doit  être  encouragée,  sotuenue,  défendue;  aussi  j'appuierai  notamment  le  maintien 
de  notre  tarif  douanier  protecteur,  le  maintien  du  droit  des  bouilleurs  de  cru,  la  diminu¬ 
tion  de  l’impôt  foncier,  des  frais  de  mutation  si  écrasants  pour  les  petites  propriétés,  le 
développement  des  associations,  des  assurances  et  du  crédit  agricoles,  la  création  des 
chambres  d'agriculture,  Péiude  des  mesures  de  nature  à  arrêter  la  dépopulation  dans  les 
campagnes. 


Messieurs  et  chers  Concitoyens, 

Avec  ma  bonne  volonté  et  mon  indépendance,  je  viens  vous  proposer  le  concours  è 


F  expérience,  des  connaissances  que  j’ai  pu  acquérir  après  douze  années  de  vie  politique 
parlementaire,  et  je  remercié  â  Pavaiice  ceux  d'entre  vous  qui  voudront  bien  m'honorer  de 
leurs  suffrages. 

Vive  la  France  î 


Vive  la  République  ! 


Paul  BERTRAND,  Député  sortant, 
Cdhdkhtt  républicain. 


tiircdnscriptibn  de  VlÎRY-LE-FRAtfÇOIS 


M.  PERROCHE 


Mes  chers  fcbheitbyehs, 

Vous  êtes  appelés,  lé  27  avril,  à  voter  pdur  l’êlecdôh  dé  votre  député. 

Sur  lea  ihâtaüfeèè  tl'iiii  grand  notribrë  dé  représentants  autorisés  du  parti  républicain 
libéral  et  progressiste,  jé  pose  trié  candidature  ët  je  viens  solliciter  vois  ëülïrages. 

Je  ne  suis  pas  fin  ndUVeâd  vëhd  palrtui  Vbbs:  Bepiiià  plüs  de  vingt  ans,  j’àppartîensà 
votre  arrondissement;  depuis  douze  ans,  je  suis  maire  de  la  commune  d’Outines;  et,  dej^i* 
dix  ans,  je  tais  partie  dd  Ctinseil  général  c'omfile  représentant  du  cantdH  de  Saint-Remy-en- 
Bouzetiiont. 

Mbti  séjour  prolongé  â  là  icsmpàgflë;  tnës  relations  pêMàheiitës  avëc  îéS  culüHtéiitë 


N°  1162 


—  MJî  — 

ra>ODt  initié  depuis  longtemps  à  leurs  besoins.  La  surveillance  de  mon  exploitation  m’a  per¬ 
mis  d’acquérir  l’expérience  des  choses  agricoles. 

L’agriculture  étant  la  base  principale  de  la  fortune  publique,  il  est  temps  de  lui  donner 
dans  les  discussions  parlementaires  la  place  qui  lui  est  due,  et  d’accorder  une  protection 
plus  efficace  à  cette  branche  si  ipapprtapcp  flp  nofre  prp^ptjon  nationale. 

Au  nombre  des  lois  laissées  en  souffrance  par  les  législatures  précédentes,  il  en  est 
dont  la  réalisation  me  semble  possible  et  urgente.  Je  veux  parler  de  la  constitution  des 
Chambres  d'agriculture  élues  par  les  cultivateurs;  —  de  l’organisation  plus  pratique  du 
crédit  et  des  assurances  agricoles;  —  de  la  réglementation  des  marchés  à  terme  et  de  la 
répression  de  l’agiotage;  -  ç|p  fnodificatipn  de  fifltrS  législation  sucrière  en  vue  d’atté¬ 
nuer  ies  effets  regrettables  de  la  conférence  de  Bruxelles  ;  —  du  maintien  du  privilège  des 
[  houilleurs  de  cru;  -  enfin,  du  dpgr^pmpnt  (Jesj  tfrpits  fiscaux  qui  pèsent  si  lourdement  sur 

Sa  propriété  ionciêre,  r 

Parmi  les  questions  d'uii  autre  ordre  qqi  §pqt  aclpellômept  qp  suspens  figurent  l’impôt 
trie  revenu,  les  retraites  ouvrières,  la  diminution  de  la  durée  du  service  militaire  et  la 
[  réduction  des  dépenses  publiques. 

Je  n’accepte  pas  le  projet  de  rimpôt  sur  le  revenu  tel  qu’il  est  présenté,  et  je  repousse 
[  d’autre  part  toute  taxe  ayant  un  caractère  arbitraire  et  inquisitpri ai¬ 
le  projet  de  loi  sur  les  retraites  ouvrières  ne  me  paraît  pas  réalisable  tel  qu’il  a  été 
|  proposé,  je  considère  qu’il  conviendrait  de  chercher  la  solution  du  problème  dans  Pexten- 
I  sion  des  couvres  de  mutualité. 

Je  suis  partisan  de  la  limitation  progressive  du  service  militaire  et  de  sa  réduction  à 
|  ans,  à  la  condition  d’apporter  dans  l’application  de  cette  réforme  toute  la  prudence 
qu’exigent  les  intérêts  de  la  défense  nationale, 

|  Afin  d’alléger  le  fardeau  croissant  des  dépenses  publiques,  je  demande  la  suppression 
;  des  rouages  et  des  fonctions  inutiles, 

A  ces  réformes,  il  y  a  lien  d’ajouter  la  limitation  la  plus  stricte  de  l’initiative  parleraen- 
:  taire  eu  matière  de  budget,  qui  donne  lieu  à  des  abus  et  ne  permet  pas  de  réaliser  toutes 
!  les  économies  réclamées  par  les  contribuables. 

Électeurs, 

Far  ce  que  je  viens  de  vous  dire,  vous  avez  compris  que  je  ne  veux  que  des  réformes 
!•  possibles  et  vraiment  pratiques.  Et  ces  réformes,  vous  ne  l’ignorez  pas,  c  est  en  restant 
résolument  sur  le  terrain  des  affaires  qu  on  peut  parvenir  à  ies  réaliscï,  Je  ne  méconnais 
I  pas  pour  cela  l’importance  du  rôle  de  la  politique,  et  je  vous  dois  à  cet  egard  des  explica- 
I  lions  dont  la  précision  et  la  netteté  ne  laisseront  pas  place  à  aucune  équivoque. 

Je  veux  une  politique  franchement  républicaine;  je  la  veux  franchement  libérale,  le 
veux  la  liberté  absolue  de  conscience  qui,  seule,  peut  amener  la  pacification  religieuse.  Je 
[  veux  la  liberté  du  travail  qui,  seule,  peut  mettre  un  terqie  à  toutes  ces  grèves  si  préjudi- 
f  diables  aux  ouvriers  et  si  dangereuses  pour  l'avenir  de  nos  industries.  Je  veux  la  libellé  de 
:  renseignement  à  tous  les  degrés  et  pour  tous  les  citoyens. 

Je  veux  enfin  une  République  franchement  démocratique  et  patipnale,  ouverte  à  tous, 
et  qui  rassemblera  sons  les  plis  du  drapeau  tricolore  tous  les  enfants  de  la  France  dans  un 
!  même  sentiment  de  patriotisme,  de  concorde  et  de  fraternité. 

Vive  la  France! 

I  Vive  la  République  I 

Paul  P’ERRÜCHE, 

Docteur  en  droit,  Maire  d’Qutines, 
Conseiller  général  de  la  Marne, 


MARNE  (HAUTE-) 


Circonscription  de  CHAUMONT 
M.  DOUBLON  DE  ROUVRE 
Élu  au  2°  tour  de  scrutin*  —  10*193  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Présenté  à  vos  suffrages  par  le  Comité  républicain  progressiste  de  l'arrondissement  de 
Chaumont,  je  pose  ma  candidature  aux  élections  du  27  avril, 

j'ai  accepté  de  porter  le  drapeau  de  notre  parti,  parce  que  j'estime  pouvoir  faire  cerne 
utile  si  vous  m'honorez  de  votre  confiance. 

Je  veux  une  politique  franchement  républicaine,  mais  aussi  franchement  libérale. 

je  veux  la  liberté  pour  tous  : 

Liberté  de  conscience  ; 

Liberté  de  renseignement; 

Liberté  d'association  ; 

Liberté  du  travail, 

La  Chambre  de  demain  aura  à  s'occuper  des  lois  laissées  en  souffrance  et  dont  la  réali 
sation  est  urgente. 

Elle  devra  créer  des  Chambres  d'agriculture  élues  par  les  cultivateurs,  et  des  Conseils 
du  travail  élus  par  les  ouvriers,  syndiqués  ou  non. 

Elle  devra  maintenir  intégralement  le  droit  des  bouilleurs  de  cru,  si  gravement  menacé 
par  la  loi  néfaste  qu’ils  doivent  à  la  dernière  législature. 

Elle  devra  dégrever  la  propriété  foncière  et  diminuer  les  droits  fiscaux  qui  pèsent bl 
lourdement  sur  cette  propriété. 

Je  suis  partisan  de  ia  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans,  complétée  par  une  loi 
des  cadres. 

Adversaire  résolu  de  l'impôt  progressif  et  global  sur  le  revenu,  qui  serait  fatalement 
arbitraire  et  inquisitorial,  je  veux  l’impôt  sur  le  revenu,  basé  sur  lee  signes  extérieurs  date 
richesse. 

Je  voterai  un  projet  qui,  par  l'exercice  de  la  mutualité,  subventionnée  par  l'État,  assu¬ 
rera  des  retraites  ouvrières  aux  travailleurs  de  la  ville  comme  aux  travailleurs  de  la  cam¬ 
pagne,  sans  distinction  de  sexe. 

Enfin,  il  est  temps  de  mettre  un  terme  au  développement  toujours  croissant  des 
dépenses  publiques,  par  la  suppression  des  fonctions  inutiles,  la  diminution  des  traiteméj® 
exagérés,  —  et  par  l’interdiction  faite  aux  députés  de  proposer  une  dépense  nouvelle  en 
une  augmentation  de  crédit»  s'ils  ne  présentent  m  même  temps  une  recette  équivalente. 

Électeurs, 

Patriote  convaincu  et  pénétré  du  sentiment  de  la  grandeur  de  notre  pays,  j'aurai  a 
cœur,  si  vous  m'envoyez  à  J  a  Chambre,  de  faire  cesser  les  attaques  inqualifiables  dont  les 


—  517  — 


N°  1162 


cosmopolites  et  les  sans-patrie  abreuvent  notre  chère  année,  et  le  régime  d'oppression,  de 
délation  et  de  favoritisme  qui  pèse  si  lourdement  sur  nous  depuis  trois  ans. 

A  l'alliance  des  radicaux  avec  les  collectivistes  et  les  révolutionnaires,  nous  opposerons 
l'alliance  des  républicains  progressistes  et  libéraux,  l'alliance  de  tous  ceux  qui  veulent  réel¬ 
lement  la  France  libre  et  forte. 

Vive  la  liberté I  Vive  la  République! 

Groyez,  mes  chers  Concitoyens,  à  tout  mon  dévouement, 

BOUKLON  DE  ROUVRE, 

Ancien  Député,  Maire  de  Verbiesles. 


Circonscription  de  LANGUES 

M.  Léon  MOUGEOT 

Elu  au  lor  tour  de  scrutin,  —  12.789  voix. 


Messieurs  et  chers  Concitoyens, 

Le  congrès  du  18  avril,  auquel  ont  pris  part  près  de  2.000  républicains  de  l'arrondisse¬ 
ment,  depuis  les  plus  modérés  jusqu'aux  plus  avancés,  a  sanctionné,  à  l’unanimité,  ma 
candidature  d'union  républicaine. 

Ces  citoyens,  dans  leur  clairvoyance  et  leur  perspicacité,  ont  estimé  qu'à  la  coalition 
nationaliste  il  fallait  opposer  le  bloc  des  forces  démocratiques,  marquant  ainsi  leur  suprême 
désir  d'assurer  d'abord  le  triomphe  de  la  République  républicaine  sur  J  autre. 

C'est  qu’à  la  vérité,  ici,  à  cette  heure,  la  lutte  n'est  point  engagée  entre  fractions  du 
grand  parti  républicain,  mais  entre  la  République  parlementaire  et  la  République  plébisci¬ 
taire,  entre  la  République  démocratique  et  le  pouvoir  personnel. 

Ai-je  besoin  de  vous  dire  que  celui  qui  a  eu  l’honneur  de  faire  partie,  depuis  trois  ans, 
du  ministère  de  défense  et  d'action  républicaines  pensera,  demain  comme  hier,  que  le  pre¬ 
mier  devoir  d'un  républicain  et  d'an  bon  Français  est  de  défendre  le  régime  parlementaire, 
le  seul  qui  puisse  garantir  nos  libertés  publiques,  le  seul  qui  soit  à  même  d'assurer  la 
marche  incessante  du  progrès  dans  l'ordre  social,  le  seul  qui  puisse  donner  au  monde  tra¬ 
vailleur,  dans  l'ordre  économique,  la  stabilité  et  la  sécurité  du  lendemain,  le  seul  enfln 
qui,  au  point  de  vue  patriotique,  nous  prémunisse  contre  la  politique  d'aventures. 

Croyez  donc,  mes  chers  Concitoyens,  que  si  vous  me  faites  l'honneur  de  renouveler  le 
mandat  que  vous  avez  bien  voulu  déjà,  en  1893  et  en  1898,  me  confier,  je  le  remplirai,  en 
républicain  soucieux  de  sauvegarder  l'avenir  de  la  République  par  le  développement  des 
idées  de  liberté,  de  justice  et  de  progrès. 

Si,  comme  j'en  ai  la  conviction,  ia  Chambre  future  comprend  une  majorité  de  républi¬ 
cains  désireux  d'accomplir  le  plus  grand  nombre  possible  des  réformes  attendues  par  le 
pays,  je  serai,  vous  le  savez,  de  cette  majorité,  et  c'est  de  toutes  mes  forces  que  je  collabo¬ 
rerai  à  la  rèalisati&ri  de  cette  œuvre. 

Mon  programme,  que  vous  avez  déjà  ratifié,  comprenait,  dès  1893,  ia  réduction  du  ser¬ 
vice  militaire  à  deux  ans.  J'espère  que  la  législature  qui  va  s'ouvrir  ne  s'achèvera  pas  sans 
que  cette  réforme  soit  entrée  dans  le  domaine  des  faits. 

Je  suis  resté  un  partisan  de  la  réforme  des  contributions  directes  et  de  l'impôt  sur  le 


—  518  — 

revenu.  Aussi  je  rappelle,  pour  ceux  qui,  de  bonne  foi  ou  de  mauvaise  foi,  pourraient  con¬ 
tester  cette  déclaration,  que  le  Ministère  Waldeck-Rousseau  a  déposé  sur  le  bureau  de  la 
Chambre,  dans  le  cours  de  la  session  ordinaire  de  1000,  un  projet  de  loi  qui  a  été  renvoyé  à 
la  Commission  de  l’impôt  sufc  le  revenu,  et  que  le  premier  article  de  ce  projet  était  ainsi 
conçu  :  «  Il  est  établi  un  impôt  général  sur  le  revenu  ». 

La  Commission  n'ayant  pas  déposé  de  rapport  en  temps  utile,  Ig  question  q’a  pu  trou- 
ver  place  dans  les  débats  parlementaires  de  la  dernière  législature. 

Je  désirerais  vivement  voir  aboutir  le  projet  de  loi  sur  la  caisse  des  retraites  pour  la 
vieillesse.  Les  ouvriers  des  champs,  comme  les  ouvriers  de  batelier,  devront  être  1  objet  de 
préoceupafjpns  égales  et  çonstqqtps  de  la  part  du  législateur. 

Mon  concours  est  tout  acquis  aux  mesures  qui  ont  pour  but  le  développement  du  crédit 

agricole.  .  , 

Les  œuvres  de  mutualité  doivent  être  encouragées  et  puissamment  aidees. 

.le  répète  qu'à  mon  sens,  le  capital  et  le  travail,  loin  de  se  traiter  en  frères  ennemis, 

doivent  se  prêter  un  mutuel  appui. 

Je  resterai,  comme  je  bai  ëtà  à  mon  banc  de  député  et  au  sein  du  Gouvernement,  le 
défenseur  passionné  du  privilège  des  bouilleurs  de  cru  qui,  aujourd'hui,  grâce  au  Ministère 
Waldeck-Rousseau,  est  devenu  le  droit  des  bouilleurs  de  cru. 

Enfin,  mes  chers  Concitoyens,  ai-je  besoin  de  dire,  dans  ce  pays  où  je  suis  connu  de 
tous  et  où  je  compte  tant  d’amis,  que,  chaque  fois  qqe  vp$  intérêts  particuliers  ne  seront 
point  en  conflit  avec  l’intérêt  général,  je  serai  toujours  heureux  de  vous  continuer  mon  cou- 
cours  dévoué. 

Tout  pour  et  par  la  République!  Vive  la  République  des  républicains! 

Léon  MOUGEOT, 

Sous-Secrétaire  d’Etat  des  Postes  et  déS  Télégraphes, 

Député  sortant, 

Ancien  maire  de  Lang  tes,  conseiller  général  du  canton  de  Moutigny-lg-Roi, 
Président  du  Comice  agricole  de  Neuilly-l’Évôque, 

Président  de  PAsgqciatioq  haut-iparnaise  d’horticulture  de  i’arrondissemeqt  de  Cangres, 
Secrétaire  de  la  Société  d’agriculture  de  l’arrondissement. 


Circonscription  de  WA  SS  Y 

M.  A.  ROZET 

Elu  au  2“  tour  de  scrutin.  —  9.60A  voix. 


Messieurs  et  chers  Concitoyens, 

je  viens  solliciter  de  vous  le  renouvellement  de  mon  mandat  législatif. 

Si  hautement  et  si  constamment  républicaine  qu’ait  été  mon  attitude  dans  les  trpis  der¬ 
nières  législatures,  je  vous  dois  certaines  explications. 

La  dernière  législature  a  été  I  une  des  plus  fécpndes  de  la  République.  Elle  a  résolu  des 
questions  toujours  réservées  parce  qu’elles  paraissaient  insolubles  :  d’idées  que  Pou  consi¬ 
dérait  comme  irréalisables,  elle  a  fait  des  réalités  vivantes  et  des  lois  justes. 

A  la  Chambre,  le  grand  parti  républicain  était  divisé.  Il  s’agissait  de  trouver  un  terrain 


d’èntënté  où,  $ànë  répudier  leur  particularisme,  les  dîffèréSfà  grôii|ïeS  f>ôuirâîëht  coopérer 
à  uh  coiïiïiiùti  effort  ;  unis,  les  républicains  devaient  formée  üné  màjdHtë  irrésistible. 

Un  Ministère  naquit,  fondé  sur  cc  principe  ijiii  ëst  la  sagessë  mêtiië  :  exclure  toüt  cë 
qui  sépare  et  rechercher  tout  ce  qùi  unit.  L’ ardeur  de  la  République  fait  sëù  hbthdgêüéifcè. 

Il  t’a  victorieusement  dôfendüe  cofître  les  ëiitreprisèâ  de  la  rué  et  contré  tüütes  les  opposi¬ 
tions  coalisées  pour  l'accaparer  ei  la  détruire.  Soutenu  par  leà  républicains,  il  a  pu  dépasser 
rordinâire  limite  de  1  à  vie  ministérielle,  Non  seulement  sa  carriêrë  a  été  la  plus  longue* 
mais  encore  la  plus  réformatrice  que  Ton  èüt  encore  vuè.  11  a  fait  honndür  à  la  France 
républicaine. 

A  l’extérieur,  les  grands  intérêts  français  ont  été  habilement  ët  fermement  défendus. 
Dans  PËxtrême-0 rient  d'âfaord,  daiis  le  Levant  ensuite,  les  soldats  de  la  France  ont  fait 
admirèf  avëc  la  brillante  ét  traditionnelle  bràvouré  de  notrë  armée  leur  fortë  discipline  et 
leur  incomparable  humanité.  Natte  alliance  avec  là  Russie  dévient  chaque  jour  plus  intime 
et  pîuâ  èciatanfë  :  pour  la  sëconde  fois  le  Tsar  a  visité  notrë  pays  et  pour  la  seconde  fois  Uli 
Président  de  la  République  va  ldi  rendre  Sà  viëitô.  Le  nom  ftstriçais  n’â  riëii  perdu  dë  Sofl 
prestige,  et  la  France  rcpublicaihë  garde  grande  et  légitime  plàce  dab§  lë  monde. 

Àü  dedans,  seul  jtfsqu’ici  de  {dus  lés  Mifiistèrëè  républicains,  ëë  MiùiStërë  à  fëàliâê  litté- 
rülèiÈifetit  ét  intégralement  son  programmé  écondrniqüë  et  social, 

L* action  gouvernemental  é  a  sii  éirë  à  la  fois  hardié  dâfts  ViSêës  ëfc  prudëdté  dans 
ses  moyens.  Elle  a  osé  s’attaquer  à  des  institutions  caduques  et  qui  ïT avaient  plus  pour  elles 
que  la  sainte  poussière  du  temps.  Avec  une  équité  supérieure  à  la  jüstiëë,  ellë  s’est  Inébran¬ 
lablement  exercée  çn  faveur  du  plus  grand  ëorhbre.  Elle  a  travaillé  avec  passion  à  ifttroduire 
dans  la  loi  et  dans  l’impôt  plus  de  justice  sociale. 

Les  générations  politiques  se  succédaient  en  se  transmettant  le  fétichisme  de  l’oetroi. 
Il  était  ruineux  pour  l’a  gri  cul  tu  ré,  il  êchtsàit  là  fàiüilië  dilvriÈfë,  mais  qtië  deviëildtait  sans 
lui  la  grande  ville?  Enfin  un  coup  décisif  lui  a  été  porté;  il  ne  s’en  relèvera  point  et  sa  dis- 
parition  totale  n’est  qu’une  affaire  de  temps. 

Je  me  suis  prononce  contre  Toctroi  toutes  les  fois  que  j’en  ai  trouvé  l'occasion.  Mais 
ma  sollicitude  pour  l’agriculture  ne  s’est  pas  bornée  là  :  mon  intervention  à  la  tribune 
m’a  permis  d’obtenir  une  augmentation  de  crédit  pour  le  cadastre;  plusieurs  communës 
de  l’arrondissement  de  Wassy  vont  en  ressentir  les  heureux  effets  au  plus  grand  avan¬ 
tage  de  la  propriété  foncière  et  de  la  petite  démocratie  rurale.  J’ai  maintenu  avec  energie 
les  privilèges  des  bouilleurs  de  cru  et  j’ai  voté,  en  même  temps  que  la  suppression 
pure  et  simple  de  l’admission  temporaire  des  blés,  toutes  les  lois  dites  agricoles  justement 
réclamées  par  nos  laborieux  cultivateurs.  Je  continuerai.  Les  agriculteurs  peuvent  compter 
sur  moi. 

Une  suite  de  lois  que  l’on  proclamera  admirables  le  jour  où  elles  seront  entrées  dans 
les  mœurs  ont  réglé  les  rapports  entre  le  capital  et  le  travail  sans  attenter  à  la  liberté  de 
l’un  ni  de  l’autre.  Le  Président  du  Conseil  les  a  pour  ainsi  dire  consacrées  par  deux  arbi¬ 
trages  mémorables.  L’association  professionnelle  et  la  mutualité,  toutes  les  formes  de  la 
solidarité  sociale  eut  été  largement  encouragées.  A  ce  merveilleux  élan  d’humanité  gouver¬ 
nementale  et  parlementaire  en  faveur  des  travailleurs ,  de  leur  bien-êt3"e  et  de  leur  dignité, 
je  me  âuis  associé  de  toute  mon  âme.  Les  traditions  de  ma  famille  et  mes  sentiment  des 
profonde  sympathie  à  l’égard  des  ouvriers  m’y  incitaient  à  l’euvi.  Depuis  cent  ans,  entre 
ma  famille  et  la  famille  ouvrière  du  Glosmortier,  l’entente  la  plus  cordiale  n’a  jamais  cessé 
de  régner. 

Je  n’éprouve  aucun  embarras  à  vous  parler  de  la  loi  sur  les  associations.  dettû  loi,  tout 
le  monde  la  réclamait  depuis  longtemps,  mais  tous  les  Ministères  reculaient  devant  la  diffi¬ 
culté.  Lorsqu’on  apprit  que  le  Gouvernement  s’en  occupait,  un  des  hommes  d’État  républi¬ 
cains  les  plus  en  vue  s’écria  :  Une  loi  sur  les  associations!  Jamais  on  ne  la  fera  parce  qu’elle 
est  infaisable  I 

La  nécessité  pressait.  Certaines  associations  religieuses,  l’une  d’entre  elles  surtout, 
étaient  notoirement  hostiles  au  régime  républicain  et  au  progrès  démocratique.  Il  n’y  a  pas 


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d’État  au  monde  qui  puisse  tolérer  celte  sorte  d’insurrection  intérieure.  Le  Gouvernement 
déposa  un  projet  de  loi  sur  les  associations.  Certes  l’État  y  pariait  en  maître  et  imposait  ses 
conditions  :  sa  souveraineté  et  sa  suprématie,  ses  droits  de  contrôle,  de  limitation  et  de 
répression  ne  sont-ils  pas  absolus?  Le  Parlement  crut  devoir  aggraver  ce  projet  de  loi.  Les 
raisons  de  la  majorité  11e  m’ont  point  paru  décisives;  je  me  suis  abstenu.  C’est  le  devoir 
rigoureux  de  toute  conscience  qui  doute. 

Et  maintenant  la  loi  est  votée.  Il  faut  compter  sur  les  esprits  à  la  fois  fermes  et  tolérants», 
dont  je  crois  être,  pour  qu’elle  soit  appliquée  avec  intelligence  et  modération,  sans  aucune 
passion  :  instrument  nécessaire  de  Gouvernement  et  d’administration,  il  ne  faut  pas  qu  elle 
dégénère  en  une  arme  d’oppression  sectaire. 

'  Oui,  j’ai  soutenu  le  Ministère  et  je  m’en  glorifie.  Je  l’ai  soutenu  parce  que,  vue  de  haut 
et  ensemble,  son  œuvre  est  bonne,  saine  et  forte,  pénétrée  de  l’esprit  républicain  et  démo¬ 
cratique.  Je  soutiendrai  de  même  tout  Gouvernement  républicain  qui,  inébranlable  sur  les 
ntangibles  principes  de  89  :  liberté  de  penser  et  de  croire,  propriété  individuelle  et  sûreté 
personnelle,  s’efforcera  de  développer  cette  charte  primordiale  de  l’homme  et  du  citoyen  et 
d’en  faire  jaillir  toujours  plus  de  justice  sociale  et  d’humanité. 

Plusieurs  grandes  questions  occuperont  la  nouvelle  Chambre  :  le  service  militaire  de 
deux  ans,  la  liberté  d’enseignement,  les  retraites  ouvrières,  les  lois  agricoles,  notamment 
en  ce  qui  concerne  le  développement  du  crédit  et  de  l’instruction  agricole.  —  Je  volerai 
tout  cela  sans  hésitation* 

Il  y  a  des  républicains  qui  ne  bougent  point,  d’autres  qui  marchent  et  d’autres  qui 
courent.  Je  suis  de  ceux  qui  marchent,  sans  condamner  d’ailleurs  ni  ceux  qui  me  suivent  ni 
ceux  qui  me  devancent. 

Électeurs  républicains  de  l’arrondissement  de  Wasayî 

L’heure  présente  est  grave.  Voici,  après  le  16  Mai  et  le  boulangisme,  un  troisième  et 
plus  furieux  assaut  contre  le  régime  républicain,  contre  l’Etat  laïque,  la  société  moderne  et 
les  conquêtes  de  la  Révolution.  Les  assaillants  changent  de  nom.  Hier  boulangistes, 
aujourd’hui  nationalistes,  Mais  ce  sonttoujours  les  mêmes  hommes  :  leur  fond,  c’est  la  haine 
de  la  République.  Ils  se  disent  républicains,  ils  ne  le  sont  point,  ils  ne  peuvent  pas  l’être. 
Ils  incarnent  ce  qui  n’est  plus  et  ne  peut  plus  être.  Nous  sommes  le  présent  et  la  vie;  nous 
sommes  la  démocratie  républicaine,  l’avenir  et  l’espérance.  _ 

Il  y  a  des  partis  républicains,  et  il  est  nécessaire  qu’il  y  en  ait.  Mais,  si  séparés  qu  ils 
puissent  être,  un  lien  indestructible  les  unit  :  c’est  l’amour  de  la  République  et  le  culte  du 
progrès  républicain*  Quand  la  République  est  menacée,  tous  les  républicains  se  lèvent,  sc 
serrent  autour  du  drapeau  et  marchent  à  l’ennemi. 

C’est  par  l’union  que  vous  avez  triomphé  du  boulangisme.  C’est  par  l’union  que  vous 
triompherez  du  nationalisme.  Au  bloc  nationaliste,  opposez  le  bloc  républicain.  Vous  êtes  les 
plus  nombreux;  unis,  la  victoire  est  à  nous. 

C’est  au  nom  seul  de  la  République  que  je  me  présente  à  vous. 

C’est  comme  républicain  que  je  sollicite  vos  suffrages. 

Vous  avez  trop  à  cœur  les  intérêts  essentiels  du  pays  et  de  l’arrondissement  pour  ne  pas 
concentrer  vos  voix  sur  un  homme  qui,  pendant  douze  ans,  n'a  cessé  de  rendre  des  services 
et  qui,  lorsque  vous  lui  aurez  renouvelé  votre  confiance,  se  trouvera  plus  que  jamais  en 
situation  d’en  rendre  de  plus  nombreux  et  de  plus  grands. 

Veuillez  agréer,  Messieurs  et  chers  Concitoyens,  l’assurance  de  tout  mon  dévouement. 

Vive  la  République! 

A.  ROZET,  Député  sortant, 
Candidat  républicain 


f 


MAYENNE 


Circonscription  de  CHATEAU -GONTIER 

M.  le  duc  de  BROGUE 
Élu  au  1er  tour  d-;  scrutin.  —  11.57(1  voix. 


Messieurs  et  chers  Concitoyens, 

Je  viens,  pour  !a  troisième  fois,  vous  demander  le  renouvellement  de  mon  mandat  de 
Député.  Je  me  présente  comme  candidat  aniiministêriel. 

Depuis  trois  ans,  sous  le  faux  prètexie  rie  défense  républicaine,  le  Ministère,  constitué 
pour  réhabiliter  un  traître  deux  fois  condamné  par  les  Conseils  de  guerre,  a  recherché 
l’appui  des  internationalistes,  des  sans-patrie. 

Après  avoir  pris  part  officiellement  à  des  fêtes  où  flottaient  des  drapeaux  rouges  et  des 
drapeaux  noirs,  après  avoir  renié  ainsi  noire  glorieux  drapeau  tricolore,  il  a  laissé  ses  amis 
diffamer  les  chefs  de  notre  armée,  mettre  en  suspicion  le  corps  des  officiers,  prêcher  la 
révolte  et  la  crosse  en  l’air  jusques  aux  portes  des  casernes. 

Mieux  encore,  le  mois  dernier,  il  a  essayé  de  détruire  complètement,  par  voie  budgé¬ 
taire,  le  haut  état-major  général,  déjà  désorganisé  par  les  suites  de  l’affaire  Dreyfus. 

Pour  donner  le  change  à  l’opinion,  le  Ministère  a  fabriqué  de  toutes  pièces  un  complot 
qui,  après  de  nombreuses  perquisitions  arbitraires,  violations  de  domicile,  arrestations 
injustifiées,  a  abouti  au  procès  de  la  Haute  Cour  et  à  l’exil  de  bons  Français  et  de  bons 
patriotes. 

11  a  ensuite  fait  voter,  par  une  majorité  de  sectaires,  sa  loi  sur  les  associations.  Vous  en 
connaissez  les  conséquences  :  les  congrégations  sont  dissoutes,  leurs  membres  obligés  de 
fuir  à  i’étranger,  leurs  œuvres  à  l’abandon,  leurs  biens  liquidés  par  autorité  de  justice. 

Non  content  d’appliquer  les  lois  scolaires  dans  toute  leur  rigueur,  il  les  a  considérable¬ 
ment  aggravées  en  réduisant  à  trois  ans  le  délai  dans  lequel  toutes  les  écoles  publiques  de 
filles  devront  être  laïcisées.  De  pins,  il  prépare  des  mesures  qui  feront  fermer  nos  collèges, 
nos  instituts  catholiques.  Le  Ministère  veut  nous  enlever  nos  enfants,  veut  nous  empêcher 
de  les  élever,  de  les  faire  instruire  par  des  maîtres  de  notre  choix. 

Par  la  spoliation  des  congrégations,  par  la  réforme  des  successions  qui  frappe  les  petites 
fortunes  sans  toucher  aux  grosses,  le  Cabinet  a  porté  atteinte  à  la  propriété  ;  par  ses  encou¬ 
ragements  aux  grévistes,  par  ses  lois  entravant  la  liberté  du  travail,  il  a  arrêté  l’essur  de 
notre  industrie  et  de  notre  commerce.  Les  candidats  qu’il  patronise  demandent  l’impôt 
global  sur  le  revenu  qui,  en  dehors  de  son  caractère  Yexatoire  et  inquisitorial,  est  la  main¬ 
mise  de  l’État  sur  nos  biens. 

Toutes  ces  mesures  antipopulaires  ont  eu  pour  résultat  le  déficit.  Il  s’élève,  d’après 
M.  Jules  Roche,  ancien  Ministre  de  la  République,  à  la  somme  formidable  de  prés  d’un  mil¬ 
liard,  exactement  95è  millions. 

Je  viens  donc  yous  demander  à  tous,  quelles  que  soient  vos  opinions,  de  protester  sur 
mon  nom  contre  tous  ces  agissements i 

M 


—  522 


Dans  la  prochaine  Chambre,  je  voterai,  comme  j'ai  toujours  voté,  pour  la  défense  de  vns 
droits  et  de  vos  libertés, 

le  me  prononcerai  énergiquement  contre  tout  impôt  nouveau,  contre  tout  nouvel 
emprunt. 

J'appuierai  toutes  les  propositions  destinées  à  rétablir,  par  de  sagrts  économies,  féqub 
libre  dans  nos  finances,  et  à  combler  le  déficit. 

Je  voterai  en  faveur  de  l'autorisation  des  congrégations  qui  en  ont  fait  la  demande. 

Partisan  de  la  réduction  du  service  militaire,  ainsi  que  je- Fai  prouvé  par  mes  votes,  je 
ne  ^accepterai  toutefois  qu’à  la  condition  expresse  qifelle  ne  compromette  en  aucune  façon 
la  force  de  notre  armée  et  qu'elle  ne  mette  pas  en  péril  la  sécurité  de  la  France. 

Je  défendrai  îe  droit  des  bouilleurs  de  cm,  si  injustement  attaqué  et  de  plus  en  plus 
menacé. 

Je  soutiendrai  tous  les  projets  tendant  à  relever  l'agriculture,  à  protéger  la  vente  de  vos 
produits  contre  la  concurrence  étrangère,  a  assurer  a  tous  les  travailleurs,  sans  augmenter 
les  charges  de  la  nation,  une  vieillesse  à  l'abri  du  besoin. 

En  un  mot,  dans  toutes  les  circonstances,  comme  je  Pai  fait  jusqu’ici  d'ailleurs,  je 
m’inspirerai  de  vos  intérêts,  de  vos  besoins*  de  vos  aspirations. 

Sur  tous  ccs  points.  Messieurs  et  chers  Concitoyens,  nous  sommes  certainement 
d'accord. 

Ma  candidature  est  un  acte  de  protestation  contre  le  Ministère;  ma  candidature  est  une 
affirmation  de  vos  croyances  religieuses,  de  yos  droits  de  catholiques,  de  vos  libertés  de 
citoyens;  ma  candidature  est  enfin  un  témoignage  de  notre  respect,  de  notre  admiration  pour 
1  "aniiée,  que  tous  nous  voulons  grande*  glorieuse,  défendue  contre  ses  ennemis  de  l’inté¬ 
rieur,  comme  elle  nous  défend  contre  les  ennemis  de  f extérieur. 

C’est  pourquoi,  Messieurs  et  chers  Concitoyens,  certain  de  vos  sentiments,  fort  de  mon 
passé,  je  viens  sans  crainte  me  présenter  devam  vous.  Vous  répondrez  à  mon  appel  ;  vous 
joindrez  vos  protestations  à  la  mienne,  et  le  27  avril,  vous  déposerez  un  butlelin  en  mon 
pom  au  cri  de  :  Vive  la  France!  Vive  la  liberté!  Vive  l'armée! 

Duc  de  BROGLIE, 

Député  de  la  Mayenne, 
Conseiller  général  du  canton  de  Craon, 
Candidat  antiministériel* 


lr*  circonscription  de  LAVAL 
M*  )e  comte  d’ELVA 

Flu  gu  îer  tour  de  scrutin.  —  11.37?  vpix. 


Électeurs, 

Voici  treize  années  que  je  suis  votre  mandataire  au  Parlement,  c’est  dire  que  je  suis 
parfaitement  connu  de  vous  tous. 

Je  vous  disais,  il  y  a  quatre  ans,  que  mon  concours  était  acquis  à  une  République 
tolérante  et  modérée,  vis-à-vis  d'une  République  intolérante  et  oppressive! 

Nous  avons  fait  du  chemin  depuis  quàtre  ans  ! 

Le  Gouvernement  est  tombé  entre  le§  mains  des  sectaires^ 


Sous  prtfcXie  de  liberté,  les  ministres  qui  nous  gouvernent,  pour  la  honte  et  la  ruine 
de  la  Patrie,  se  sont  livrés  aux  pires  attentats  contre  nette  môme  liberté. 

Le  ministère,  créé  par  les  juifs  pour  la  réhabilitation  du  condamné  Dreyfus»  a  commis 
lesaUts  les  plus  scandaleux,  aux  applaudissements  répétés  des  cosmopolites,  qui  se  sont 
abattus  comme  une  banne  d oiseaux  de  proie  sur  botrè  beau  pays. 

Rien  ne  nous  est  épargné  : 

Gaspillage  insensé  de  nos  finances  ; 

Persécutions  de  certaines  catégories  de  citoyens  français  ; 

Désorganisation  de  Tannée  nationale,  sauvegarde  de  notre  honneur  et  de  nuire  indé¬ 
pendance  ; 

Ruine  à  brève  échéance  de  notre  industrie  et  de  notre  commerce  ; 

Appauvrissement  de  notre  agriculture. 

Plus  encore  :  les  collectivistes  se  sont  introduits  dans  le  Gouvernement. 

Leur  n  présentant  attitré,  le  citoyen  Millerand,  y  parle  en  maître.  Sous  prétexte  de 
Rvuriser  l’ouvrier,  il  a  fait  voter  des  lois  qui  11e  sont  qu’un  trottlje-Tœil  ut  dont  le  plus  clair 
résultat  a  otè  de  rendre  plus  difficile  la  situation  des  travailleurs. 

Si  vous  ne  mettez  un  frtin  à  ce  débordement  de  passions  honteuses  et  malsaines,  gare 
l’avenir  ! 

Électeurs, 

Voua  pouvez  comme  toujours  compter  sur  moi. 

Je  reste  le  candidat  de  la  République  tolérante  et  libéiale  ;  de  la  République  patriote  \ 
eu  an  mot,  de  la  République  française. 

Je  suis  Tirn  plaça  ble  adversaire  de  ce  ministère  de  sectaires  et  de  tyrans. 

Votre  choix  n'est  pas  douteux. 

Vive  Tunion  de  tous  les  bons  Français,  de  tous  les  patriotes*  de  tous  les  vrais  libéraux. 

A  bas  les  Dreyfusards  1 

A  bas  le  Ministère  I 

Christian  d^LVA* 

Maire  de  Change, 
Conseiller  général  de  Laval-Ouest, 
Député  de  la  Mayenne. 


circonscription  de  LAVAL 

M,  DUTRE1L 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  5,583  voix* 


Chers  Concitoyens, 

Depuis  trois  ans,  le  pays  est  sous  le  joug  d’un  ministère  né  de  l'affaire  Dreyfus. 

Sî  ce  ministère  rTa  pu  réhabiliter  le  traître  deux  fois  convaincu  de  trahison,  il  n’en  a 
pas  moins  poursuivi  son  œuvre  funeste  : 

Désorganisé  l’armée,  dont  trente  ans  d’efibrts  incessants  avaient  fait  une  dis  premières 
du  monde  ; 


—  324  — 

Violé  la  Constitution  républicaine,  en  faisant  du  Sénat  un  tribunal  d'exception  ; 

Supprimé  la  liberté  individuelle,  violenté  les  consciences,  mettant  hors  du  droit 
commun  toute  une  catégorie  de  citoyens  et  enlevant  au  père  de  famille  le  droit  le  plus 
sacré  ;  celui  de  faire  élever  ses  enfants  comme  il  lui  convient  ; 

Attisé  les  liaines  sociales,  provoqué  les  grèves,  entretenu  1  inquiétude,  paralysé  les 
entreprises  qui  assurent  la  vie  de  l’agriculture  et  de  l’ouvrier  ; 

Amené  en  une  année  dans  nos  linances  un  déficit  avoué  de  175  millions. 

Comprenant  enfin  les  dangers  qui  la  menacent,  la  France  s’est  dressée  contre  ses 

oppresseurs. 

La  ligue  de  la  Patrie  française  a  jeté  le  cri  d’alarme. 

Elle  a  décidé  de  combattre  tous  les  députés  qui  ont  soutenu  de  leurs  votes  ce  ministère 
néfaste.  C'est  pourquoi  je  viens  solliciter  vos  suffrages. 

l’appartiens  à  une  vieille  famille  de  la  Mayenne.  Tous  mes  intérêts  et  toutes  mes  affec¬ 
tions  me  rattachent  à  notre  pays  commun. 

Ancien  officier,  je  crois  mieux  que  certains  autres  être  préparé  à  étudier  les  questions 
militaires  à  l’ordre  du  jour  et  pouvoir  rendre  service  aux  jeunes  gens  appelés  sous  les 
drapeaux. 

Électeurs, 

le  servirai  fidèlement  la  République.  Je  la  veux  ouverte  à  tous,  tolérante,  économe  de 
nos  deniers,  appliquant  les  principes  de  liberté  et  d’égalité  qui  sont  sa  raison  d  êire. 

Je  combattrai  résolument  les  politiciens  qui  ont  divisé  le  pays,  les  collectivistes  qui 
veulent  abolir  toute  propriété,  les  fauteurs  de  désordres  qui  nous  amèneraient  la  guerre 

CIV  J-le  * 

je  veux  Pabrogation  des  lois  sectaires  qui  violent  la  liberté  individuelle,  la  liberté  d'as¬ 
sociation  et  la  liberté  de  conscience. 

Je  veux:  pour  l'agriculture,  une  protection  sage  et  intelligente  en  même  temps  que 
l'organisation  pratique  du  crédit  agricole  ; 

Pour  le  commerce  local,  des  mesures  défensives  contre  l'envahissement  des  grands 
magasins  et  une  plus  juste  répartition  des  patentes  ; 

Pour  le  contribuable,  la  modération  des  dépenses  publiques,  la  diminution  du  nombre 
des  fonctionnaires  par  voie  d’extinction,  de  façon  à  respecter  les  droits  acquis;  la  réduction 
des  frais  de  justice  ; 

Pour  les  travailleurs,  le  développement  des  œuvres  de  mutualité  et  de  prévoyance  qui 
mettraient  leur  vieillesse  à  l'abri  du  besoin. 

Je  m'associerai  à  toute  mesure  qui,  sans  compromettre  la  défense  nationale,  aura  pour 
objet  de  réduire  la  durée  du  service  militaire. 

Je  défendrai  énergiquement  l'armée  contre  les  attaques  inqualifiables  auxquelles  elle 
est  en  butte  et  contre  les  désorganisateurs  qui  s^charnent  à  sa  perte. 

Électeurs, 

Tous  mes  efforts  tendront  à  mériter  votre  confiance.  Je  vous  promets  de  consacrer 
toutes  mes  forces  et  toute  mon  activité  aux  intérêts  de  notre  belle  circonscription. 

Maurice  DUTREIL, 

Ancien  officier, 

Républicain  antiministèriel,  candidat 
de  la  Patrie  française. 


—  525  — 


H*  1162 


1'°  circonscription  de  MAYENNE 
M.  RENAULT-MORUÈRE 


Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  11481  voix. 


Mes  chers  Compatriotes, 

Élu  sans  concurrent  aux  dernières  élections  législatives,  Je  viens  vous  demander  le 

renouvellement  de  mon  mandat.  . 

Je  suis  républicain,  vous  le  savez,  et  je  crois  avoir  fait  depuis  longtemps  mes  preuves 
à  cet  égard  :  j’ai  toujours  considéré  la  République  comme  la  meilleure  garantie  de  1  ordre,  du 
progrès,  de  la  paix  sociale  et  de  la  liberté.  Je  n’accepte  aucune  compromission  avec  ceux  qui 
menacent  la  propriété  individuelle  et  ne  respectent  même  pas  la  patrie,  dont  1  année  est 
l’honneur  et  la  sauvegarde.  Je  n’admets  pas,  tout  en  réservant  les  droits  légitimés  de  1  Etat 
qu’on  porte  atteinte  aux  libertés  civiles,  politiques  ou  religieuses,  et  peut-être  me  sera-t-il 
permis  de  rappeler  que,  dans  le  cours  de  la  législature  qui  va  prendre  fin,  j  ai  combattu 

énergiquement  pour  la  défense  de  ces  principes.  . 

Mes  états  de  services  parlementaires  me  dispensent  d’une  longue  profession  de  foi. 
Vous  ne  pouvez  douter  de  mon  dévouement  à  vos  intérêts  et,  si  vous  m’accordez  encore 
votre  confiance,  je  continuerai,  comme  par  le  passé,  à  faire  tous  mes  efforts  pour  en  etre 

digne. 

A.  RENAULT-MORL1ÈRE, 
Député, 

Vice-Président  du  Conseil  général. 


2'  circonscription  de  MAYENNE 

M.  DÉRIÈÉRÉ-DESGARDES 
Élu  au  l*r  tour  de  scrutin.  —  10.658  voix. 


Mes  chers  Amis, 

Désigné  à  l’unanimité,  le  31  mars,  par  le  Comité  républicain,  je  me  présente  de 
nouveau  à  vos  suffrages.  ,  .  Pt 

J’ai  conscience  d’avoir  tenu  les  engagements  que  j’avais  pris,  défendu  vos  intérêts 

rendu  tous  les  services  que  j*ai  pu  reudre. 

Mp7bîiiinTmeP“co!lvainc“1ié  veux  une  Bépublique  n'inspirant  des  idées  d’ordre, 


—  Ü26  — 

viduclle  et  combattre  le  collectivisme  ;  rapprocher,  an  lieu  de  les  désunir,  le  capital  et  le 
travail  ;  répartir  d'une  façon  plus  démocratique  et  plus  équitable  les  charges  de  l’impôt 
sans  recourir  à  l'inquisition  et  a  WrbiUiaifé  ;  maintenir  les  droits  protecteurs  et  sauvegarder 
vos  intérêts,  voiià  le  programme  que  je  vous  demande  de  ratifier. 

Encore  un  mot  : 

Pas  d’abstention  \  C’est  par  le  bulletin  de  vote  que  se  manifeste  la  confiance.  Plus  voua 
me  donnerez  de  voix,  plus  j’aurai  d’autorité  auprès  des  pouvoirs  publics  pour  la  défense 
des  intérêts  de  ceux  qui  auront  voté  pour  moi. 

Vous  pouvez  compter  sur  moi  comme  je  compte  sur  vous. 

P.  DJÉfilBÉRÉ-DESGAfifJES, 
Député, 

Candidat  républicain. 


—  $srr  — 


N"  'U  62 


MEURTHE-ET-MOSELLE 


Circonscription  de  B  RIE  Y 
M.  LEBRUN 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  8.700  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Vous  avez  bien  voulu,  le  23  décembre  1900,  me  faire  le  grand  honneur  de  m’appeler  à 
tous  représenter  au  Parlement  ;  depuis  cette  époque,  je  n’ai  pas  eu  d’autre  préoccupation 
que  celle  de  servir  vos  idées  et  vos  intérêts,  en  demeurant  strictement  fidèle  au  programme 
que  vous  aviez  approuvé  à  une  grande  majorité,  et  en  me  mettant  a  1  entière  disposition  de 
tous  ceux  qui  ont  fait  appel  à  mon  intervention. 

Aujourd'hui,  fort  de  mon  indépendance  politique,  dont  je  vous  ai  donné  de  nombreuses 
preuves,  et  assuré  à  l’avance  de  la  sympathie  des  conseillers  généraux,  conseillers  d’arron¬ 
dissement  et  maires  de  notre  arrondissement,  je  me  représente  à  vos  libres  suffrages  en 
toute  confiance. 

La  République,  gouvernement  légal  de  la  France,  a  droit  à  tous  nos  respects,  comme  à 
tout  notre  dévouement;  elle  n’aura  pas  de  serviteur  plus  fidèle  et  plus  résolu  que  moi.  Par¬ 
tisan  convaincu  de  la  liberté  de  conscience,  et,  comme  corollaire,  de  la  liberté  d’enseigne¬ 
ment  avec  droit  de  surveillance  de  l’État,  partisan  aussi  de  la  liberté  d’association,  de  la 
liberté  de  travail,  je  m’élèverai  contre  toute  atteinte  portée  à  ces  libertés. 

L’armée  demeure,  malgré  les  attaques  dont  elle  est  l’objet,  la  grande  école  d'énergie, 
de  sacrifices  et  de  dévouement;  sachons  la  mettre  au-dessus  de  nos  passions  politiques: 
qu’une  loi  vienne  soustraire  l’avancement  des  officiers  aux  influences  du  moment.  Sachons 
aussi,  dans  la  réforme  de  la  loi  militaire  basée  sur  la  suppression  des  dispenses  et  la  réduc¬ 
tion  du  temps  de  service,  prendre  toutes  précautions  préalables  (organisation  des  cadres, 
épreuve  du  nombre  de  rengagements),  afin  de  n’affaiblir  en  rien  notre  armée,  sauvegarde 
de  la  patrie. 

Tels  sont  les  principes  politiques  à  l’abri  desquels  je  voudrais  voir  le  Parlement  entre¬ 
prendre  les  réformes  économiques  qui  s’imposent  chaque  jour  davantage. 

La  plus  importante  doit  tendre  au  rétablissement  de  l’équilibre  budgétaire,  grâce  à 
une  politique  financière  faite  à  la  fois  d’économie  et  de  prudence,  grâce  aussi  à  la  simplifi¬ 
cation  des  rouages  administratifs  et  à  l’application  de  plus  en  plus  large  des  principes  de 
décentralisation;  je  suis  favorable  à  toute  mesure  restrictive  de  l’initiative  parlementaire 
en  matière  de  dépenses,  à  celle,  par  exemple,  qui  interdit  à  tout  député  de  proposer  une 
dépense  s’il  n’apporte  en  regard  une  recette  correspondante. 

L’émotion  provoquée  par  la  péréquation,  opérée  récemment,  de  la  personnel  le-mobi- 
lière,  montre  avec  quelle  prudence  il  faut  agir  en  pareille  matière  ;  la  nécessité  où  s’est 
trouvé  le  Parlement  de  défaire  ce  qu’il  avait  fait  quelques  mois  auparavant  doit  porter  à  la 
réflexion  tous  ceux  qui  rêvent  de  modifier  à  la  fois  tout  notre  système  d’impôts. 


—  528  — 


L’agriculture  souffre  d’un  mal  dont  les  causes,  profondes  et  maltiples,  demandent  un 
Irès  sérieux  examen  :  comine  fils  de  cultivateur,  j’entends  le  poursuivre  avec  les  vrais  amis 
de  la  cuhire.  En  votant  à  une  grande  majorité  la  réglementation  du  régime  de  l’admission 
temporaire  des  blés,  le  Parlement  a  nettement  marqué  son  désir  de  soutenir  les  intérêts 
agricoles.  Organiser  les  chambres  d’agriculture,  afin  de  fournir  aux  cultivateurs  une  repré¬ 
sentation  officielle  véritable  ;  réglementer  les  bourses  de  commerce  pour  mettre  le  cours 
des  denrées  à  l’abri  de  la  spéculation  ;  réviser  l'impôt  sur  la  foncière  non  bâtie,  dont  le 
revenu  va  sans  cesse  en  diminuant;  enfin  encourager  les  œuvres  de  prévoyance  et  de 
mutualité  dans  les  villages  :  telles  me  paraissent  être  les  principales  mesures  à  prendre 
par  la  nouvelle  Chambre,  si  elle  veut  rendre  quelque  prospérité  à  la  démocratie  rurale, 
c’est-à-dire  à  l’ensemble  du  pays.  Au  surplus,  je  me  rallie  aux  vœux  émis  par  la  Fédération 
des  sociétés  agricoles  du  nord-est  de  ta  France. 

L’industrie  de  notre  arrondissement  vient  de  subir  une  crise  dont  elle  commence  à 
peine  à  sortir  et  qui  a  eu  une  répercussion  douloureuse  sur  le  personnel  ouvrier  et  sur  le 
commerce  local  ;  témoin  impuissant  de  celte  crise,  j’ai  compris  du  moins  quelle  responsa¬ 
bilité  incombait  au  représentant  d’une  telle  région  industrielle,  j’ai  vu  avec  quelle  vigilance 
incessante  il  devait  suivre  l’étude  de  toutes  les  questions  qui  l’intéressent  (voies  de  com¬ 
munication,  taxes  douanières,  tarifs  de  transport,  etc.),  s’il  voulait  être  à  l’abri  de  tout 
reproche  aux  heures  de  chômage  de  nos  mines,  de  nos  hauts  fourneaux  et  de  nos 
aciéries, 

La  législature  qui  finit  a  vu  promulguer  l’importante  loi  sur  les  accidents,  qui  met 
désormais  l'ouvrier  à  l’abri  du  risque  professionnel;  il  incombe  à  la  législature  prochaine 
d’organiser  les  retraites  ouvrières.  La  France  républicaine  se  doit  à  elle-môme  de  reprendre 
sans  tarder  l’étude  de  ce  problème  où  des  nations  voisines  (Belgique,  Allemagne)  l’ont  déjà 
devancée. 

Messieurs  les  Électeurs, 

Ce  programme  est  celui  que  j’ai  développé  devant  vous,  il  y  a  quelques  mois,  au  cours 
de  nombreuses  réunions  et  auquel  vous  avez  donné  votre  adhésion.  S’il  vous  plaît  d’y  voir 
encore  une  fois  les  principes  qui  permettront  à  notre  cher  pays  de  poursuivre  dans  la  paix 
politique  le  développement  de  ses  intérêts  économiques,  soyez  assurés  que  je  mettrai  à  le 
défendre  toute  mon  énergie  et  tout  mon  dévouement. 

Vive  la  République! 

Vive  la  France  1 

Albert  LEBRUN. 

Conseiller  général, 
Député  sortant. 


—  52  y  — 


M-  1162 


Circonscription  de  LUNÉVILLE 

M.  CORRARD  DES  ESSARTS 
Elu  au  2°  tour  de  scrutin.  —  11.S6Z*  voix. 


Messieurs  et  chers  Concitoyens, 

Je  viens  avec  confiance  vous  demander  d’unir  vos  efforts  aux  miens  pour  soustraire  la 
République  à  la  domination  des  Juifs  et  des  Francs-Maçons. 

Républicain  nationaliste,  je  combattrai  rinternationalisme  sous  toutes  ses  formes  et 
par  conséquent  le  ministère  actuel,  qui  en  subit  l’influence. 

Fidèle  à  la  devise  républicaine,  je  défendrai  contre  toutes  les  oppressions  la  liberté 
pour  tous  ; 

Liberté  d’association  complète,  quel  que  soit  l’habit  que  l’on  porte; 

Liberté  de  renseignement,  qui  est  celle  du  père  de  famille  ; 

Liberté  du  travail. 

Je  veux  le  respect  de  toutes  les  croyances  et  je  réadmettrai  jamais  que  dans  la  Répu¬ 
blique  un  catholique  soit  considéré  comme  un  citoyen  indigne,  tandis  que  la  qualité  de  juif 
ou  de  franc-maçon  est  un  titre  de  faveur. 

Si  la  loyauté  m’interdit  de  vous  faire  des  promesses  dont  la  réalisation  ne  dépend  pas 
de  moi  seul,  je  dois  cependant  vous  indiquer  les  réformes  vers  lesquelles  tendront  mes 
efforts. 

Aujourd’hui  toutes  les  améliorations  sont  entravées  par  le  mauvais  état  des  finances; 
on  pourrait  y  remédier  : 

Par  la  diminution  du  nombre  des  fonctionnaires; 

Par  la  décentralisation  administrative  ; 

Par  rinterdiction  pour  les  députés  de  proposer  des  dépenses  nouvelles  sans  recettes 
correspondantes. 

J’ajoute  que  le  vote  personnel  ferait  cesser  le  scandale  de  députés  votant  pour  quinze 
ou  vingt  de  leurs:  collègues. 

Partisan  ardent  du  progrès  auquel  on  doit  travailler  chaque  jour  avec  sagesse,  je  sais 
que  la  prospérité  du  commerce  et  de  l’industrie  dépend  pour  beaucoup  de  l’agriculture,  et 
que  celle-ci,  source  première  de  la  richesse  nationale,  i\  été  souvent  sacrifiée.  Je  demande 
que  l’ouvrier  agricole  bénéficie  des  lois  sociales  comme  l’ouvrier  d’usine,  et  que  l’on  abou¬ 
tisse  bientôt  h  créer  la  retraite  pour  la  vieillesse  suivant  les  principes  de  la  mutualité. 

Je  demande  La  protection  des  ouvriers  français  contre  L’envahissement  des  ouvriers 
étrangers. 

Je  m’associerai  à  toutes  les  mesures  favorables  au  petit  commerce,  dont  la  disparition* 
outre  qu’elle  priverait  l’État  de  ressources  importantes*  mettrait  le  consommateur  comme 
le  producteur  à  îa  merci  des  monopoles.  Je  crois  donc  que  les  syndicats,  coopératives  et 
autres  associations,  doivent  limiter  leurs  opérations  aux  seuls  associés  professionnels. 

Je  crois  remplir  le  devoir  de  fraternité  en  réservant  aux  faibles  et  à  ceux  qui  souffrent 
le  meilleur  de  mon  dévouement.  * 

Enfin,  je  pense  qu’it  est  nécessaire  qu’un  élu  reste  en  contact  avec  ses  électeurs,  et  je 
m’engage  à  rendre  compte  de  mon  mandat  tous  les  ans. 

Ici,  où  le  tragique  voisinage  de  la  frontière  nous  rend  plus  attachés  à  Parmée,  nous  ne 
pouvons  tolérer  que  ses  destinées  soient  livrées  aux  capriqes  de  politiciens  sectaires  qui 
tremblent  devant  l’étranger. 


&7 


im  — 


Je  fais  appel  à  tous  les  républicains  libéraux  et  à  tous  les  patriotes. 

Avec  leur  aide»  le  27  avril  marquera  une  victoire  pour  la  liberté  et  pour  la  République 
française. 

Vive  la  France! 

Vive 3a  République! 

COERARD  DES  ESSARTS, 

Avocat, 

Conseiller  municipal  de  Lunéville, 

Candidat  républicain  nationaliste. 


lrt?  circonscription  dê  NANCY 

M.  BRICE 

Élu  au  i**  tour  de  scrutin*  ■ —  10484  voix. 


Messieurs  les  Électeurs  et  chers  Compatriotes, 

Les  élections  prochaines  se  préparent  en  des  circonstances  d’une  gràvîté  exceptionnelle 
et  tous  vous  avez  le  sentiment  profond  que  nous  allons  à  un  irrémédiable  désastre  si  le 
Ministère  de  malheur  qui  nous  gouverne  conserve  le  pouvoir. 

æ  La  victoire  du  ministère  serait  la  défaite  de  la  France  !  *> 

Et,  en  effet,  ce  n’est  plus  seulement  la  République,  c’est  la  France  qui  est  en  danger* 

Vous  savez  que  le  ministère  qui  portera  dans  fhîstoire  le  nom  de  Dreyfus  avait  été 
constitué  pour  faire  acquitter  le  traître*  N’ayant  pu  y  parvenir,  il  le  gracia* 

Mais  l’affaire  n’avait  éié  qu’nn  prétexte  pour  la  désorganisation  sociale-  militaire  et 
religieuse,  entreprise,  avec  la  complicité  du  ministère,  par  les  ennemis  de  la  France. 

Pour  compléter  l'œuvre»  oü  a  porté  la  main  sur  nos  libertés. 

La  liberté  d’association,  la  liberté  de  l’enseignement,  la  liberté  du  père  de  famille,  la 
liberté  du  travail,  la  liberté  de  conscience,  en  un  mot  les  droits  les  plus  sacrés,  ont  été 
foulés  aux  pieds. 

Les  fonctionnaires,  les  of liciers,  les  employés  de  l’État  n’ont  le  droft  de  pratiquer  leur 
culte  que  s’ils  sont  juifs,  protestants  ou  maçons 

L’état  de  grève,  la  lutte  des  classes,  fomentés  par  les  émissaires  de  l’État,  ont  jeté  la 
perturbation  dans  les  affaires,  et  le  contre-coup  de  cette  politique  d’agités  se  répercute  sur 
notre  industrie  et  nos  finances,  dont  elle  cause  la  ruine. 

Électeurs,  mes  amis, 

Voulez-vous  arrêter  la  maiêe  montante  de  nos  charges  publiques?  Voulez-vous  garder 
intactes  vos  libertés  les  plus  précieuses? 

Gardez-vous  d’accorder  votre  confiance  aux  soutiens  plus  ou  moins  déguisés  du  minis* 
1ère  qui  ruine  la  France  et  la  déshonore  I 

Gardez-vous  comme  de  la  peste  des  jacobins»  des  sectaires  et  des  coliectivistæsq  tous 
pêcheurs  en  eau  trouble,  qui  n’ont  d’autre  but  que  de  vivre  à  vos  dépens! 

Qu’ils  agitent  le  spectre  clérical  \  Qu’ils  affectent  le  dédain  des  bons  Français  qui 
défendent  le  drapeau  national  I  Cela  ne  porte  plus* 


SM  — 


N*  116*2 


Ils  sont  les  pires  et  les  seuls  cléricaux,  les  alliés  des  sans-patrie  et  des  Internationa- 
listes-  C'est  dans  leurs  rangs  que  se  recrutent  les  détracteurs  de  notre  armée,  les  délateurs 
de  nos  officiers. 

Méprisez  les  calomnies  et  mensonges  intéressés  des  feuilles  judéo-maçonniques* 

Vous  connaissez  mon  attitude  politique. 

j'ai  voté  dans  la  limite  possible  contre  toute  aggravation  de  dépense. 

La  situation  agricole  et  viticole  appelle  toute  la  sollicitude  du  législateur.  -Je  ne  faillirai 
pas  à  ce  devoir. 

C'est  avec  une  profonde  conviction  que  je  vous  le  répète  :  Ce  n’est  pas  la  République, 
c'est  la  France  qui  est  en  danger. 

J.  BRICE,  Député  sortant. 


2*  circonscription  de  NANCY 
M.  le  comte  FERRI  DE  LUDRE 
Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  8 , 7^6  voix. 


Messieurs  et  chers  Concitoyens, 

Je  me  présenta  à  vos  suffrages.  Je  sollicite  l'honneur  de  représenter  à  la  Chambre  ia 
î*  circonscription  de  Nancy. 

Républicain  depuis  toujours,  je  n’ai  pas  eu  à  me  rallier,  mais  je  yepx  upe  République 
vraiment  républicaîne?  assurant  à  tous  les  libertés  nécessaires.  Je  veux  une  République  sage, 
c'est-à-dire  économe  des  deniers  publics,  mais  généreuse  et  s'efforçant  toujours  vers  plus 
d'équité  sociale. 

Catholique,  je  réclame  le  libre  exercice  de  mon  culte,  et  le  droit  du  père  de  famille  de 
faire  élever  ses  enfants  par  les  maîtres  de  son  choix.  Mais  cette  liberté  que  je  revendique, 
je  la  veux  pour  toutes  les  religions. 

Fils  d'une  famille  lorraine,  attaché  au  sol  de  ce  pays  par  une  longue  tradition  et  ^ho¬ 
norables  services,  je  serai  fidèle  à  cette  tradition  et  ferai  mon  possible  pour  servir  £  mon 
tour  la  France  et  la  Lorraine. 

Mon  indépendance  personnelle  me  permettra  de  tenir  parole  a  mes  électeurs.  Je  q'ai 
pas  besoin  de  dire  qu’aucun  intérêt,  aucune  compromission  récente  ou  ancienne  ne  peut 
m’amener  à  cette  politique  de  concessions  et  de  renoncement  qui  nous  a  valu  le  triomphe 
momentané  des  partie  extrêmes. 

Agriculteur  moi-même,  informé  par  mon  expérience  personnelle  dçs  besoins  do  l'agri¬ 
culture  en  ce  pays,  on  peut  être  assuré  que  je  défendrai  énergiquement  dç$  intérêts  dont 
j'ai  ma  part-  Je  veux  le  maintien  des  droits  protecteurs  et  le  droit,  pour  les  propriétaires  de 
vignobles  et  arbres  à  fruits,  de  transformer  leur  récolte  en  alcool  pour  la  consommation  fa¬ 
miliale,  Je  défendrai  très  résolument  les  intérêts  gravement  menacés  des  vignerons  de  notre 
région  lorraine. 

Je  suis  résolu  à  soutenir  dans  les  limites  des  ressources  réelles  du  budget,  foute  réforme 
sociale  tendant  à  améliorer  le  sort  des  travailleurs  et  à  chercher  ijotqmmcm,  dans  une  com¬ 
binaison  procédant  (Je  l’assurance  et  de  la  mutualité,  la  formule  applicable  de  la  loi  sur  les 
retraites, 

Jê  m’engage  notamment  à  réclamer  des  mesures  de  protection  au  travail  national,  et 


—  532  — 

particulièrement  des  impositions  frappant  les  patrons  d’industrie  ou  de  commerce  qui  em¬ 
ploieraient  des  étrangers. 

j’estime  que  la  question  du  petit  commerce,  qui  intéresse  l’épargne  française,  fortune 
de  la  Nation,  est  primordiale.  À  cet  effet,  je  n’hésite  pas  à  prendre  rengagement,  non  seu¬ 
lement  d’étudier  cette  question,  mais  aussi  et  surtout  d'appeler  Inattention  du  législateur 
sur  les  modifications  à  apporter  dans  la  répartition  actuelle  des  patentes,  répartition  illo¬ 
gique  au  suprême  degré. 

Je  veux  des  économies.  Je  me  propose,  si  je  suis  envoyé  à  la  Chambre,  de  faire  une 
campagne  contre  l’abus  du  fonctionnarisme. 

Sur  les  questions  particulières,  qu’il  serait  trop  long  d’énumérer  ici,  on  me  trouvera, 
en  toute  occurrence,  résolu  à  toutes  les  solutions  dans  le  sens  de  la  liberté  et  de  la  justice. 
Républicain  et  Patriote,  je  souhaite  avec  vous  la  grande  France  avec  ses  frontières  natu¬ 
relles,  la  bonne  et  la  meilleure  République. 

FERRI  DE  LUDRE, 


3  e  circonscription  de  NANCY 

M.  GERVAIZE 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  10.054  voix. 


Messieurs  les  Électeurs  et  chers  Concitoyens, 

Vous  tn  avez,  il  y  a  quatre  ans,  fait  l’honneur  de  m’élire  pour  voire  représentant  à  la 
Chambre  des  députés.  Je  viens  solliciter  de  vos  suffrages  le  renouvellement  du  mandat  que 
vous  m’aviez  confié. 

J’ai  mis  à  le  remplir  toute  ma  conscience  d’honnête  homme;  j’ai  la  conviction  d’avoir 
tenu  fidèlement  les  engagements  que  j’avais  pris  vis-à-vis  de  vous. 

Je  n’abandonne  rien  de  mon  programme  politique  de  1898. 

Républicain  indépendant,  c’est-à-dire  non  inféodé  à  une  coterie  politique,  j’ai  yotê  et  je 
voterai  les  lois  bonnes  et  libérales,  qu’elles  soient  présentées  par  un  groupe  ou  par  un 
autre. 

Antisémite,  aujourd’hui  comme  alors,  je  ne  puis  reconnaître  le  nom  de  Français,  et  le 
droit  de  gouverner  la  France,  aux  cosmopolites  juifs  qui  constituent  ïe  monde  des  rasta- 
quouères  .internationaux. 

Je  me  souviendrai  toujours  que,  faisant  chorus  avec  les  révolutionnaires  et  les  sans- 
patrie,  ils  ont  traité  de  loque  infecté  notre  drapeau  tricolore,  et  qu’ils  ont  vomi  l’injure 
contre  notre  armée,  l’appelant  l’école  du  vice  et  de  la  dépravation. 

Nationaliste,  oui!  je  suis  nationaliste!  Je  suis  un  de  ces  bons  Français  qui  veulent 
défendre  la  France  contre  les  ennemis  du  dedans,  conserver  l’întêgralité  de  son  territoire, 
la  faire  respecter  au  dehors  et  garantir  l’armée  contre  toutes  attaques. 

Libéral,  je  désire  que  la  République  soit  honnête,  tolérante  et  ouverte  à  tous;  je  veux 
la  liberté  de  conscience  la  plus  abolue  pour  tout  citoyen,  quel  que  soit  son  culte. 

Je  veux  pour  le  père  de  famille  la  liberté  la  plus  entière  dans  le  choix  des  maîtres  qui 
doivent  instruire  ses  enfants.  Je  n’admets  aucun  monopole  pour  l’Université,  qui  d’ailleurs, 
nTen  réclame  pas  elle-même. 

Je  réprouve  de  toute  mon  énergie  la  loi  sur  les  associations,  loi  néfaste  s’il  en  fût,  loi 
qui  ne  peut  que  semer  la  division  entre  les  Français,  loi  votée  par  une  majorité  de  secj 


—  533  —  N*  H 62 

taires,  émanation  directe  de  la  franc-maçonnerie  et  ne  répondant  nulle  ment  aux  vœux  de  la 
nation. 

Loi  militaire.  —  Membre  de  la  Commission  de  l’armée,  j'ai  pris  une  part  active  à 
toutes  ses  délibérations. 

festime,  avec  la  majorité  de  la  Commission,  que  la  durée  du  service  militaire  pourra 
être  réduite  le  jour  où  la  Chambre  des  députés  aura  voté  îa  loi  sur  les  cadres;  mais  pas 
avant  1 

L’impôt.  —  Je  reste  partisan  de  Fimpôt  proportionnel,  en  demandant  plus  d'équité 
dans  sa  répartition. 

Je  suis  l’ennemi  ouvertement  déclaré  de  Fimpôt  progressif,  qui  ne  peut  être  établi  que 
par  des  mesures  inquisitoriales  et  vexatoires  pour  tous. 

Mais  la  meilleure  réforme  de  Fimpôt  est  celle  qui  consiste  à  faire  des  économies  et  à 
diminuer,  au  lieu  d’augmenter  sans  cesse,  le  nombre  des  fonctionnaires. 

Agriculture,  commerce,  industrie.  —  Je  suis  le  défenseur  ardent  des  droits  protec¬ 
teurs  de  notre  agriculture,  de  notre  commerce  et  de  notre  industrie,  ces  trois  grands  fac¬ 
teurs  de  notre  richesse  nationale.  Je  veiïx  le  maintien  du  droit  des  bouilleurs  de  cru  pour 
nos  vignerons,  si  souvent  éprouvés  dans  notre  région. 

Petit  commerce.  —  Je  voterai  la  modification  de  la  législation  des  patentes  dans  Finté- 
rêt  du  petit  commerce,  qui  traverse  en  ce  moment,  à  la  ville  et  à  la  campagne,  une  crise 
effroyable. 

Ouvriers  des  campagnes  et  des  villes.  —  Partisan  de  la  marche  en  avant  vers  le  pro¬ 
grès  elles  réformes,  je  voterai  toutes  les  lois  justes  qui  auront  pour  but  d’améliorer  la 
situation  matérielle  et  morale  des  ouvriers  :  Repos  hebdomadaire.  —  Impôt  sur  les  ouvriers 
étrangers  qui  viennent  faire  concurrence  à  nos  nationaux.  —  Liberté  du  travail. 

Décentralisation  administrative.  —  Je  suis  le  partisa»  'de  la  décentralisation  la  plus 
large,  mais  aussi  la  plus  raisonnée,  assurant  autant  qu’il  est  possible  l’autonomie  de  la 
commune  et  du  département. 

Je  veux  un  gouvernement  qui  sache  tenir  haut  et  ferme  le  drapeau  de  la  France  et  de 
b  République  vis-à-vis  de  Fétranger,  un  gouvernement  qui  assure  la  défense  nationale  en 
dotant  la  France  d’une  armée  forte,  instruite  et  disciplinée,  un  gouvernement  qui  fasse 
respecter  par  tous  F  armée  et  ses  chefs. 

C’est  vous  dire,  mes  chers  Concitoyens,  que  je  me  présente  à  vous  comme  Fadversaire 
résolu  du  gouvernement  d’oppression  que  la  France  subit,  malheureusement,  depuis  de 
bugs  mois. 

Messieurs  les  Électeurs, 

Si  vous  m’honorez  de  nouveau  de  vos  suffrages,  vous  pouvez  être  assurés  que  mes 
^ütes  s’inspireront  toujours  de  l’intérêt  supérieur  de  la  France  et  de  la  République. 

Vive  la  France  aux  Français  I 

Vive  ta  République  ! 

L.  GERVÂIZE,  Député  sortant, 

membre  des  Commissions  de  Farinée  et  de  législation  criminelle, 
candidat  républicain,  antiministériel. 


Circonscription  de  TOUL 

M*  CHÀPOIS 

Élu  au  2*  tour  de  scrutin*  —  7407  voix* 


Messieurs  Iss  Électeurs  et  chers  Concitoyens, 

Nous  venons  avec  confiance  vous  demander  le  renouvellement  du  mandat  législatif 
que  vous  avez  donné  en  1893  et  en  1898  à  M.  le  docteur  Cbapuis,  qui  est  encore aujourd'hui 
le  candidat  de  la  République  démocratique. 

La  candidature  du  docteur  Chapms,  connu  de  tout  temps  comme  un  patriote  siitcèr*, 
est  toute  de  franchise  et  d'union  républicaines. 

Nommé,  par  ses  collègues  du  Parlement,  membre  des  importantes  Commissions  de 
fermée  et  de  prévoyance  sociale,  notre  député  a  pris  mie  part  active  à  leurs  travaux  et  a 
provoqué  le  vote  de  lois  utiles  à  J  a  défense  nationale. 

Nous  espérons  que,  comme  au  Seize-Mai  et  comme  au  temps  de  la  conspiration  bou- 
langiste,  les  républicains  de  notre  circonscription  uniront  leurs  efforts  pour  la  défense  de  la 
République,  menacée  par  ses  éternels  adversaires.  Bans  les  luttes  précédentes,  les  réac¬ 
tionnaires  combattaient  à  visage  découvert  :  aujourd'hui  nous  les  retrouvons  déguisé  en 
républicains  et  s'apprêtant,  sous  la  bannière  cléricale  et  nationaliste,  à  livrer  un  suprême 
assaut  a  nos  institutions. 

Malgré  sa  gravité,  la  situation  a  l'avantage  d'être  très  claire  :  d’un  côté,  toutes  les  forces 
coalisées  de  la  réaction  et  du  cléricalisme;  de  l'autre,  la  démocratie  tout  entière  debout 
pour  la  défense  delà  République  et  de  ses  lois.  A  la  coalition  disparate  de  nos  adversaires, 
nous  opposons  un  programme  aussi  net  dans  ce  qu’il  écarte  que  dans  ce  qu'il  réclame: 
nous  ne  voulons  ni  du  collecdyiswe  révolutionnaire,  ni  dé  la  réaction,  mais  nous  désirons 
upe  politique  de  réformes  et  de  progrès  démocratiques  * 

Notre  programme  n'a  pas  varié;  c'est  le  vieux  programme  républicain  sur  lequel  vous 
avez  élu  déjà  deux  fois  le  docteur  Chapuis  et  qu'il  a  fidèlement  défendu  depuis  qu’il 
a  l'honneur  d'être  voire  représentant  à  la  Chambre  des  Députés.  Le  voici  résumé  à  nou¬ 
veau  : 

Au  point  de  vue  politique  ■:  Défense  de  la  République,  dans  sa  Constitution  et  dans  ses 
lois,  contre  la  coalition  réactionnaire  . 

Au  point  de  vue  administratif  :  Décentralisation  et  simplification  administratives*  — 
Réduction  du  nombre  des  budgétivores  et  des  traitements  exagérés  de  certains  fonction¬ 
naires.  —  Économies  rigoureuses  dans  les  finances  publiques*  afin  d'éviter  les  emprunts  et 
impôts  nouveaux. 

Au  point  de  vue  extérieur  :  Conservation  de  nos  possessions  coloniales,  sans  deman¬ 
der  d'autres  extensions,  et  maintien  de  Fallîance,  si  utile  à  la  paix  européenne,  qui  nous 
unit  à  la  Russie* 

Au  point  de  vu®  agricole  :  Protection  énergique  de  l'agriculture  et  de  la  viticulture,  par 
le  dégrèvement  des  charges  qui  les  écrasent  et  par  la  lutte  contre  la  spéculation  et  l'agio¬ 
tage,  qui  les  exploitent  et  qui  les  ruinent.  —  Création  de  chambres  d'agriculture,  élues  par 
le^  intéressés  dans  chaque  arrondissement.  — -  Protection  des  campagnes  contre  le  vol,  la 
mendicité  et  le  vagabondage. 

Au  point  de  vue  judiciaire  :  Réduction  et  suppression  graduelle  des  frais  de  justice: 
simplification  de  la  procédure  ;  extension  de  la  compétence  des  juges  de  paix; 


—  338  —  N°  H  62 

Au  point  de  vue  industriel  :  Union  féconde  du  capital  et  do  travail  qui,  seule,  peut  pro¬ 
curer  la  paix  sociale  et  éviter  les  grèves. 

Au  point  de  vue  religieux  ;  Liberté  de  conscience  pour  tous  les  citoyens.  —  Protection 
de  tous  les  cultes,  sous  la  condition  que  leurs  ministres  ne  fassent  pas  d’incursion  dans  îa 
politique  et  soient  respectueux  des  lois  de  l’État,  comme  tout  citoyen  doit  l’être. 

Au  point  de  vue  fiscal  :  Refonte  générale  de  notre  système  d’impôt,  par  l’établissement 
d’un  impôt  progressif  sur  le  revenu,  avec  exemption  à  la  base,  et  suppression  graduelle  des 
contributions  directes  et  indirectes,  actuellement  existantes;  révision  de  la  législation 
des  patentes,  par  la  diminution  des  patentes  pour  les  petits  commerçants  et  l’augmentation 
de  celles  des  grands  magasins.  —  Défense  du  droit  des  bouilleurs  de  cru  reconnu  par  la 
loi  des  boissons. 

Au  point  de  vue  scolaire  :  Maintien  des  lois  scolaires  et  de  la  neutralité  des  écoles  pu¬ 
bliques  en  matière  confessionnelle. 

Au  point  de  vue  social  :  Organisation  d’œuvres  de  solidarité  sociale  et  de  caisses  de 
retraites  pour  les  travailleurs  atteints  par  la  vieillesse  ou  l’invalidité.  —  Protection  des  ou¬ 
vriers  français  contre  la  concurrence  des  étrangers. 

Au  point  de  vue  militaire  :  Maintien  d’une  armée  permanente  fortement  organisée,  sur 
laquelle  la  patrie  puisse  compter  pour  sa  défense.  —  Égalité  réelle  du  service  militaire  pour 
ions,  -  Sa  réduction  à  deux  ans.  —  Suppression  de  la  taxe  militaire,  qui  n’est  souvent 
qu’un  impôt  injuste  sur  l’infirmité. 

Au  point  de  vue  local  :  Construction  du  chemin  de  fer  de  Toul  à  Thiaucourt. 

Électeurs  républicains, 

Les  ennemis  de  la  République  usent  de  tous  les  moyens  pour  surprendre  votre  bonne 
foi  :  il  se  déclarent  les  seuls  patriotes,  les  seuls  républicains,  réformateurs  et  libéraux. 
Ysniï  ne  tomberez  pas  dans  le  piège  qu’ils  vous  tendent;  vous  soulèverez  leurs  masques, 
sous  lesquels  vous  reconnaîtrez  sans  peine  les  réactionnaires  d’hier  comme  de  demain, 
les  cléricaux  invétérés  et  les  irréductibles  ennemis  de  la  démocratie  et  de  la  liberté. 

En  présence  de  cette  coalition  et  des  procédés  de  nos  adversaires,  les  nuances  d’opinion 
doivent  disparaître  et  les  divisions  cesser  entre  les  républicains  dignes  de  ce  nom.  Sachez 
donc  faire  lous  l’union  nécessaire  à  la  victoire  et  marchez  avec  discipline,  en  rangs  serrés, 
pour  notre  candidat  qui  s’emploiera  de  toutes  ses  forces,  comme  par  le  passé,  à  la  défense 
de  ws  intérêts  et  aura  toujours  en  vue  la  grandeur  de  la  patrie  e.t  la  prospérité  de  la  Répu- 

Notia  attendons  votre  verdict  avec  confiance  ;  vous  vous  prononcerez  contre  i’équi- 
btoLfaCti0Unaire  6t  nationaIisle>  P°ur  la  dÈraocratie,  pour  la  République  des  répu- 

Pour  le  comité  républicain  démocratique  de  l’arrondissement  de  Toul  ; 

(Suivent  les  signatures.) 


536  — 


MEUSE 


Circonscription  de  BÂK-LE-DUC 

M.  FERRETTE 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  9,077  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

En  vous  demandant  de  renouveler  le  mandat  que  je  tiens  de  votre  confiance,  je  n’ai 
rien  à  modifier  au  programme  que  je  vous  ai  soumis  il  y  a  quatre  ans. 

Les  événements  n’ont  malheureusement  rien  changé,  sur  la  plupart  des  points,  à  la  si¬ 
tuation  que  je  vous  dénonçais  alors.  Ils  Font  singulièrement  aggravée  en  ce  qui  concerne 
les  finances  publiques  et  la  liberté  des  citoyens.  j 

Je  vous  avais  demandé  que  T  armée  fût  protégée  contre  les  attaques  des  intellectuels 
Intel  nationalistes  :  le  Gouvernement  que  nous  avons  sur  les  bancs  s'est  au  contraire  complu 
à  en  persécuter  les  chefs  les  plus  estimés  et  à  diminuer  la  force  du  haut  commandement 
en  introduisant  le  favoritisme  le  plus  éhonté  dans  son  recrutement. 

Je  demandais  que  la  République,  définitivement  entrée  dans  la  possession  d’elie-mèm^ 
acceptée  sans  retour  par  tous  les  bons  Français,  se  décidât  enfin  à  réaliser  son  idéal  de 
progrès  et  de  justice. 

Mais,  pour  se  maintenir,  le  ministère  a  imaginé  de  vains  complots  contre  la  sûreté  de 
FÉtat  et  fait  croire  au  monde,  jusqu’alors  incrédule,  que  notre  République  française  pouvait 
être  ébranlée. 

Au  lieu  de  s’appliquer  au  relèvement  général  des  affaires,  il  s’est  évertué  à  creuser  le 
déficit,  dont  le  chiffre  est  énorme  et  dont  la  réalité,  maintenant  officielle,  risque  de  compro¬ 
mettre  le  crédit  de  la  France. 

Au  lieu  de  discuter  les  lois  de  progrès  social  et  agricole  que  j’avais  demandées,  au  lieû 
d’aborder  les  réformes  de  toutes  sortes  pour  lesquelles  vous  vous  étiez  prononcés,  il  a 
perdu  le  temps  du  Parlement  et  la  paix  du  pays  à  poursuivre  des  œuvres  de  persécution  re< 
ligicuse,  à  organiser  des  attentats  contre  la  liberté. 

Et  tant  et  si  bien  qu’aujourd’hui  il  ne  s’agit  plus  seulement  pour  nous  de  chercher  et  fi 
réaliser  les  nouvelles  lois  qui  doivent  assurer  le  bien-être  général  et  donner  satisfaction 
aux  désirs  populaires,  dans  l’ordre  agricole,  industriel  et  commercial;  il  s’agit,  avant  tout* 
de  réparer  le  mal  accompli  depuis  quatre  ans  et  de  relever  les  brèches  faites  par  un 
ministère  d’oppression  au  patrimoine  de  liberté  que  nous  avait  laissé  la  Révolution. 

Pour  rétablir  la  prospérité  nationale,  iî  faut  en  revenir  aux  traditions  séculaires  que  a 
République  avait  recueillies  et  qui  la  fortifiaient  au  dedans  en  même  temps  qu’elles  la  gran¬ 
dissaient  au  dehors. 


Électeurs, 


Je  croîs  m'être  toujours  montré  soucieux  des  intérêts  de  la  France,  de  la  Meuse  et  de 
Bar-le-Ouc- 

A  la  Chambre,  j'ai  toujours  vote  pour  les  réformes  agricoles,  pour  les  lots  ouvrières 
sagement  comprises,  pour  les  économies,  dont  la  réalisation  est  indispensable  à  la  solution 
de  la  crise  budgétaire. 

J’ai  toujours  courageusement  défendu  mon  opinion,  et,  d’autre  part,  comme  membre 
et  comme  secrétaire  des  grandes  Commissions  de  la  réforme  judiciaire,  de  décentralisation 
administrative,  du  contrôle  des  comptes  budgétaires,  du  groupe  de  défense  de  la  petite 
culture,  j’ai  pu  étudier  de  très  près  la  possibilité  de  réaliser  les  réformes  que  vous  attendez 
de  la  République. 

J’espère  que  vos  voix  me  reviendront  aussi  nombreuses  qu’il  y  a  quatre  ans;  vous  affir¬ 
merez  ainsi  sur  mon  nom  votre  volonté  de  défendre  une  République  démocratique,  respec¬ 
tueuse  de  toutes  les  libertés  :  liberté  politique,  liberté  de  conscience  et  liberté  d’enseigne¬ 
ment  ;  une  République  économe  des  deniers  publics,  soucieuse  d’améliorer  le  sort  des  tra¬ 
vailleurs  et  vraiment  basée  sur  les  grands  principes  de  la  Révolution  française. 


Vive  la  République  !  !  1 


Henry  FERRETTE/ 

Conseiller  général  de  la  Meuse, 
Conseiller  municipal  de  Bar-Ie-Duc, 
Député  sortant. 


Circonscription  de  COMMERCY 

M.  POINCARÉ,  élu  Sénateur,  remplacé  par  M.  GROSDIDIER; 

Voy.  Élections  partielles. 


Circonscription  de  MONTMÉDY 

M.  Albert  DE  BENOIST 
Elu  an  1er  tour  de  scrutin.  —  6, 599  voix. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Élu,  il  y  a  quinze  mois,  par  vos  libres  suffrages,  je  viens  les  solliciter  à  nouveau. 

La  situation,  contre  laquelle  vous  avez  alors  protesté,  s'est  encore  aggravée. 

Toutes  nos  libertés,  tous  nos  droits,  tous  nos  intérêts  ont  subi  de  nouvelles  atteintes. 
hB  ministère  et  la.  majorité  sectaires*  dont  je  vous  ai  invités  é  combattre  le  funeste 


—  538  — 

pouvoir,  ont  violé  îa  liberté  d’association  :  ils  préparent  la  suppression  prochaine  de  la 
liberté  d'enseignement. 

lis  ont  rétabli  la  confiscation,  méconnu  le  droit  de  propriété  et  dépouillé  de  leurs  biens 
toute  une  catégorie  de  citoyens. 

Ils  ont  continué  de  soumettre  l'armée  à  la  délation  et  au  favoritisme,  et  compromis  la 
force  de  son  organisation. 

Ils  ont  accru  le  gaspillage  des  finances  publiques  recouru,  malgré  leurs  engagements, 
à  l’emprunt;  et  néanmoins  le  déficit  —  fixé  par  le  Sénat  a  plus  de  500  millions-  e^t 
officiel. 

Ils  ont,  par  des  promesses  trompeuses,  suscité  et  favorisé  les  grèves  ouvrières,  et,  par 
des  réglementations  tracassières  et  illégales,  troublé  le  commerce  et  l'industrie,  entravé  la 
liberté  du  travail. 

]ls  n’ont  donné  aucune  satisfaction  aux  cultivateurs,  aucune  aide  à  l'agriculture, 

Enfin,  leur  diplomatie,  continuant  une  politique  de  faiblesse  et  d'effacement,  a 
cependant  signé  une  convention  qui  nous  met,  eu  fjXlrême-Oi’ient,  à  la  merci  d  une  guetre 
inopinée. 

L’oppression  de  ce  pouvoir  tyrannique  et  soupçonneux  est  devenue  plus  dure  aux 
citoyens,  si  profondément  attachés  aux  libertés  publiques  et  privées. 

C’est  pour  défendre  celles-ci  et  les  revendiquer,  que  l’an  dernier  vous  avez  manifesté 
sur  mon  nom. 

Aujourd'hui  le.mênm  de,voir  s'impose  à  vous,  mais  avec  plus  d’urgence,  et  vous  dicte  le 
même  vole, 

Ne  doutez  pas  plus  aujourd'hui  qu’hier  de  mon  attachement  à  la  République. 

Sincèrement  et  fermement  républicain  —  en  dépit  de  calomnies  incessantes  dont  votre 
bon  sens  a  fait  justice —  mon  premier  acte  politique  a  été  de  porter  au  Président,  de  la 
République,  qui  l’a  courtoisement  accueilli,  l’hommage  républicain  des  populations  de 
Montmédy  et  de  leur  élu. 

L’an"  dernier,  je  vous  disais:  «  Je  ne  yeux  pas  revenir  à  un  passé  qui  ne  peut 
revivre.  » 

J’ajoute  :  Je  défendrai  la  République  contre  toute3  les  attaques,  d’où  qu’elles 
viennent. 

Mais  je  veux  toujours  que  îa  République  soit  libérale  et  modérée,  qu'elle  assure  à  tous 
la  liberté  réelle  et  L'égalité  vraie. 

C’est  pourquoi,  à  la  Chambre,  fai  constamment  voté  contre  les  propositions  sectaires 
d’un  gouvernement  ennemi  de  vos  libertés  et  dont  le  représentant  ici  —  mon  concurrent 
redoute  d’approuver  les  actes. 

J'ai  plusieurs  fois  porté  à  ïa  tribune  la  cause  des  intérêts  meusiens  et,  comme  je  vous 
l’avaîs  promis,  rien  de  ce  qui  touche  à  la  prospérité  de  notre  arrondissement  ne  m  a  trouvé 
— .  ni  au  Palais -Bourbon  ni  au  Conseil  généra!  —  indifférent  et  muet. 

Ce  n’est  pas  en  falsifiant  vote^  pt  en  dénaturât  tAOS  discours  que  des  adversaires 
sans  scrupules  vous  abuseront  jamais  et  vous  détermineront  à  ne  plus  poursuivre  avec  moi 
—  et  avec  la  majorité  de  demain  —  revendication  de  vos  droits. 

Cette  majorité  libérale,  que  la  France  va  nommer  et  dont  —  si  vous  me  renommez  — 
je  ferai  partie,  accomplira  Fœuvre  qui  est  celle  de  vos  désirs  et  qui  résume  ainsi  : 

Liberté  de  conscience  et  tolérance  pour  tous;  relèvement  des  finances  par  féconomie 
rigoureuse  dans  les  services  administratifs;  —  protection  de  l’agriculture,  défense  des 
bouilleurs  de  cru,  et  concours  donné  à  tous  les  syndicats  et  entreprises  de  mutualité  agri¬ 
cole  .  —  résistance  au  socialisme  collectiviste  et  développement  des  sociétés  de  prévoyance 
pour  l'amélioration  du  sort  des  travailleurs  agricoles  et  industriels,  et  pour  la  tranquillité  de 
leur  vieillesse;  —  allégement  des  charges  militaires,  et  réduction  du  service  actif,  de 
réserve  et  territorial,  dans  la  plus  large  mesure  compatible  avec  les  garanties  de  la  défense 
nationale. 

A  côté  de  ce  programme  d’intérêts  généraux,  je  continuerai  à  poursuivre  la  ‘réalisation 


ésè  —  N°  Wfà 

iles  travaux  fiublics  et  des  reformes  réclamés  par  notre  arrondissement  :  réseau  de  chemins 
de  fer  départementaux;  cauai  de  la  Chiers;  —  rectification  des  zones  frontières;  —  révision 
des  charges  vicinales»  etc. 

Je  suis  certain  que  votre  confiance  ne  m'a  pas  abandonné*  et  que  vous  me  confirmerez 
le  27  avril  le  mandat  que  vous  m'avez  donné»  —  préférant»  pour  vous  représenter»  un  des 
vôtres*  votre  concitoyen»  un  cultivateur»  un  meusien- 

Vivë  la  République! 

Vive  la  Meuse  aux  Meusiens! 

Albert  de  BENOIST»  Député  sortant, 

Malle  de  Thtfn d e^lë-B-P l'éS* 
Conseiller  général. 


CiPèonsfcriptiàii  de  VÈfibUJÏ 

M*  le  lieutenant  -  colonel  ROÜSSÉÎ 
Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  0.714  voix* 


Messieurs  les  Électeurs, 

Le  Comité  républicain  libéral  a  bien  voulu  prendre  sous  son  patronage  ma  candidature 
aux  prochaines  élections  législatives  de  l’arrondissement. 

Fier  de  mii  appui  et  du  concours  dévoué  que  m’apportent  tant  d’hommes  intègres, 
fermes  et  inattaquables  républicains  dont  les  convictions  ne  peuvent  être  mises  en  doute,  je 
réponds  à  l'honneur  qui  m’a  été  fait,  et  je  viens  solliciter  vos  suffrages* 

Je  ne  suis  plus  un  inconnu  pour  vous*  Après  avoir  choisi  Verdun  pour  mou  domicile 
definitif,  j’ai  visité  vos  campagnes,  et  vous  ai  exposé  à  tous  mon  programme  politique.  Vous 
savez  donc  ce  que  veux. 

J’entends  m'opposer  à  toute  tentative  de  réaction,  en  soutenant  et  en  défendant  la 
République.  Ceux  qui  la  gouvernent  actuellement  la  conduisent  à  sa  perte  :  j’ai  accepté  le 
combat  pour  la  sauver  de  leurs  mains. 

Je  demande  donc  tout  d’abord  qu’elle  revienne  à  son  principe,  qui  est  la  Liberté.  Cette 
liberté,  je  la  veux  entière  pour  tuas,  sans  distinction  de  croyances,  sans  catégorie  de  per¬ 
sonnes,  sans  aucune  exclusion  de  citoyens.  Je  réprouve  toutes  les  entraves  par  lesquelles  on 
voudrait  limiter  notre  indépendance  morale*  Je  revendique  pour  chacun  de  nous  le  droit  de 
penser  et  d’agir  suivant  ses  convictions»  quelles  qu’elles  soient* 

Je  veux  encore  qu’on  apporte  dans  nos  finances  un  ordre  nécessaire;  qu’on  mette  un 
frein  an  Out  toujours  montant  des  dépenses  publiques  et  des  impôts  dont  le  poids  menace 
de  nous  écraser.  Le  premier  devoir  de  la  législature  prochaine  sera  de  porter  remède,  par 
tous  les  moyens»  à  la  situation  pleine  de  périls  que  nous  a  faite  celle  qui  vient  de 
finir. 

Je  m’associerai  à  toutes  les  mesures  destinées  *à  améliorer  le  sort  des  agriculteurs,  si 
durement  éprouvés,  et  des  travailleurs  en  général,  dont  la  situation  mérite  tant  d’intérêt. Je 
répudie  d’avance  ces  promesses  mensongères  avec  lesquelles  des  politiciens  sans  scrupules 
se  font  une  réclame  électorale.  Je  ne  soutiendrai  que  les  propositions  raisonnables, capables 
de  concilier  les  intérêts  du  prolétariat  avec  ceux  de  la  Nation  et  de  la  République.  Quant  aux 


-  S4o;— 

doctrines  collectivistes  et  socialistes-révolutionnaires,  je  n'en  parle  que  peur  les  condamner 
sans  appel. 

Je  yeux  enfin  que  Farinée,  suprême  espoir  de  la  Patrie,  retrouve  le  calme  et  la  confiance 
nécessaires  à  son  labeur  du  temps  de  paix,  il  faut  qu’elle  soit  soustraite  aux  influences  poli¬ 
tiques  auxquelles  Pa  soumise  le  ministère  actuel,  et  que  ses  patriotiques  efforts  ne  soient 
plus  paralysés  par  la  malveillance,  la  haine  et  les  assauts  d’une  secte  méprisable,  qui  a 
trouvé  dans  le  Gouvernement  lui-même  des  agents  et  des  soutiens. 

Je  voterai  les  mesures  susceptibles  de  diminuer  les  charges  militaires*  tant  qu’elles 
seront  compatibles  avec  la  sécurité  du  pays. 

Pour  conserver  la  paix,  il  faut  être  forts. 

Je  me  dévouerai  à  la  défense  des  intérêts  particuliers  de  Parrondîssement,  qui  sont 
nombreux  et  graves.  Il  est  temps  de  faire  aboutir,  en  ce  qui  les  concerne,  vos  constantes  et 
légitimes  revendications. 

Messieurs  les  Électeurs^ 

La  France,  terre  des  aspirations  généreuses  et  des  idées  fécondes,  est  lasse  du  joug 
insupportable  qui  pèse  sur  elle  depuis  trois  ans.  Elle  répudie  les  sectaires  aux  vues  étroites 
et  les  jacobins  autoritaires.  Elle  condamne  les  hésitants,  les  timorés  et  les  inconscients  dont 
Pincurie  lui  vaut  d’être  tombée  aux  mains  de  la  coalition  judéo-maçonnique  qui  la  ruine  et 
la  déshonore.  Après  avoir  donné  la  liberté  au  monde,  elle  se  meurt  de  Lavoir  perdue. 

Nous  lutterons  donc  ensemble  pour  chasser  la  horde  malfaisante  dont  les  menées 
audacieuses  et  coupables  ont  soulevé  partout  Phorreur  et  le  dégoût.  Nous  unirons  nos  efforts, 
et,  après  la  victoire,  nous  planterons  sur  la  citadelle  conquise  le  drapeau  de  la  République 
libérale,  dont  les  plis  glorieux  abriteront  nos  cœurs  unis  dans  Pamour  indestructible  delà 
Patrie*  de  la  République  et  de  la  Liberté. 

Vive  la  France  1 

Vive  la  Liberté  l 

Vive  la  République  I 

Lieutenant-colonel  ROUSSET, 

Ancien  professeur  à  PÉcole  supérieure  de  guerre. 
Officier  de  la  Légion  d'honneur. 

Lauréat  de  l’Acidémie  française. 


% 


—  541  — 


N*  1162 


MORBIHAN 


lre  circonscription  de  LORIENT 
M.  GU  1E  Y  SSE 

Élu  au  2*  tour  de  scrutin*  —  7*642  voix* 


Pour  la  quatrième  fois,  je  viens  me  présenter  à  vos  suffrages*  Le  programme  que  j’ai 
défendu  d’accord  avec  vous  est  toujours  le  même*  Je  le  rappelle  simplement  en  quelques 
mots* 

Développement  des  réformes  sociales,  notamment  par  l’extension  des  syndicats  et  des 
coopératives. 

Retraites  pour  les  ouvriers  et  employés  de  l’industrie,  du  commerce  et  de  l'agri¬ 
culture* 

Réforme  des  impôts,  établissant  plus  de  justice  fiscale,  notamment  par  l'impôt  pro¬ 
gressif  sur  le  revenu. 

Réduction  du  service  militaire  à  deux  ans* 

Réforme  du  Code  de  justice  militaire* 

Égalité  des  enfants  devant  l'instruction* 

Séparation  des  Églises  et  de  l’État* 

Défense  de  la  société  laïque  contre  le  nationalisme  et  le  cléricalisme  sous  toutes  ses 
formes* 

Au  point  de  vue  régional  ; 

Défense  de  Lorient  et  des  communes  voisines,  dans  leurs  intérêts  maritimes,  commer¬ 
ciaux,  ouvriers  et  agricoles* 

Vive  la  République! 

Paul  GUIEYSSE,  Député  sortant, 
Ancien  Ministre  des  Golomes* 


^  M  — - 


2Ü  circonscription  de  LORIENT 

M.  LAMY 

Éîu  au  1er  tour  de  scrutin-  —  7.066  voix* 


Le  devoir  électoral  que  vous  allez  aCCÔïriplif  le  ^7  avril  prochain  sera  pour  le  pays  de 
la  plus  haute  gravité,  car  il  décidera  du  sort  de  la  France  et  de  la  République. 

Vos  intérêts,  aussi  bien  que  vos  conscience^,  sont  engagés  dans  l’issue  de  ce  scrutin, 

Vous  savez  de  quelles  ruines  et  de  quels  attentats  le  ministère  actuel  s’est  rendu  res- 
ponsable  avec  tous  ceux  qui,  comme  M,  Jacob,  font  soutenu* 

Notre  politique  intérieure  est  soumise  au  mot  d'ordre  des  loges  maçonniques.  L’armée 
nationale  a  été  sacrifiée  à  l’intérêt  d’un  homme  deux  fois  condaitidé.  Le  budget  âcCiifeeus 
déficit  considérable,  la  petite  épargne  ne  compte  plus  devant  îoS  féodalités  financière 
internationales. 

La  liberté  d'association*  dfoit  naturel,  dont  tous  les  enfants  du  ttietflê  sbï  déviaient 
avoir  la  pleine  et  entière  jouissance  est  refusée  k  toute  une  catégorie  de  citoyens. 

La  liberté  d'enseignement,  chèrement  conquise  ao  bout  d6  eidquaüle  ans  dé  iuiles 
héroïques,  est  menacée. 

Il  est  temps  que  le  pays  se  ressaisisse*  que  la  République  ne  Soit  pins  un  mot  sonore 
et  vide  de  sens,  ni  la  proie  de  quelques-uns,  mais  qu'elle  devienne  pour  tohs  lë  régime  dé 
la  liberté  et  de  l'économie. 

La  grandeur  de  la  France  est  k  ce  prix. 

Électeurs, 

Seuls  les  fauteurs  de  guerre  civile  et  de  discorde  sociale  peuvent  répudier  k  pftf 
gratnme  de  paix,  de  concorde,  de  dignité,  de  prospérité  nationales  que  je  présente  à  votre 
jugement  d’hommes  libres  et  indépendants, 

Rétablir  l’ordre  dans  les  finances  par  une  sage  politique  décidée  à  supprimer  tous  fe 
abus,  les  dépenses  inutiles,  tel  est  le  premier  objet  que  je  poursuivrai. 

Ce  n’est  pas  au  moment  où  le  déficit  présage  pour  les  contribuables  de  nouveau! 
impôts  j  qu’il  faut  songer*  comme  Y  a  fait  M.  Jacob,  à  augmenter  le  traitement  des  députai 
Je  voterai  contre  toute  proposition  faite  dans  ce  sens. 

Ouvriers,  chefs  Compatriotes, 

L'amélioration  du  monde  du  travail  sera  toujours  la  principale  de  mes  préoccupations 

.L’organisation  des  syndicats  pour  la  défense  de  vos  intérêts  professionnels  continuera 
à  faire  l’objet  de  tome  ma  sollicitude. 

Lorsque  l’épuisement  ou  l’in  validité  rendront  l’ouvrier  incapable  de  se  suffire  à  lin- 
même,  je  veux  qu’une  loi  juste,  basée  sur  F  association  et  développée  par  la  mutualité,  lui 
accorde  une  retraite  suffisante  pour  le  mettre  à  l’abri  du  besoin  sur  ses  vieux  jours,  quil 
n’attende  pas  l’âge  de  soixante-cinq  ans  pour  avoir  cette  retraite,  mais  qu'il  l’obtienne  à  m\ 
âge  où  il  pourra  encore  en  jouir. 

Je  voudrais  que,  chaque  fois  que  les  intérêts  des  ouvriers  sont  en  cause,  les  syndicats 
professionnels  soient  appelés  à  donner  leurs  avis  sur  les  projets  de  loi  proposés. 


343  — 


N°  1ifi2 


Agriculteurs,  chers  Amis, 

Depuis  longtemps  je  sais  que  la  campagne  est  écrasée  sous,  le  Joug  des  impôts,  et 
fol  pour  vous  qu’iî  convient  de  demander  une  diminution  des  charges  qui  pèsent  sur 
j^riculiure. 

Rien  n’est  plus  facile  pour  les  agioteurs  et  les  financiers  cosmopolites  que  de  faire  leurs 
opérations  dans  des  banques  étrangères*  Mais  lorsqu’il  s'agira  de  créer  de  nouveaux  impôts, 
c’est  encore  sur  vous  que  ces  charges  retomberont,  car  votre  propriété  foncière  pourra  tou¬ 
jours  être  saisie  par  le  législateur  comme  base  de  nouveaux  impôts, 

le  demanderai  que,  dans  le  bail  à  ferme,  un  coogé  de  six  mois  s  impose  dans  les  rela^ 
te  réciproques  des  propriétaires  et  des  fermiers* 

Je  serai  partisan  des  tarifs  de  douanes  prudemment  établis,  pour  empêcher  les  concur- 
reoces  étrangères  de  porter  atteinte  à  vos  intérêts  agricoles. 

Je  m'efforcerai  d’obtenir  la  diminution  du  prix  de  transport  du  bétail  et  l'organisation 
k  trains  vous  permettant  d’expédier  plus  facilement  vos  marchandises. 

Je  vous  promets  de  soutenir  toutes  les  revendications  légitimes  et  réalisables  que  vous 
formulerez  dans  vos  comices  professionnels. 

Enfin  je  voterai  toutes  propositions  de  nature  à  rendre  votre  vie  plus  iacile  et  plus 
heureuse  chez  vous,  afin  d'arrêter  cette  émigration  désolante  de  la  campagne  vers  la  ville. 

Pêcheurs  et  Marins,  chers  Concitoyens, 

Votre  vie  est  faite  d’héroïsme  et  cependant  vous  êtes  les  plus  déshérités  parmi  les 
travailleurs* 

Si  vous  voulez  un  représentant  qui  s’engage  à  vous  défendre  en  toutes  circonstances 
braves  Grésillons,  hardis  marins  de  Gavres,  de  Locmiquêlie,  de  Riantec,  de  Port-Louis,  de 
Ploiihinrc,  et  de  tout  le  littoral,  vous  pouvez  compter  sur  moi. 

Je  demanderai,  en  particulier,  que  les  doléances  exprimées  dans  la  pétition  que  vous 
avez  adressée  en  1899  au  Ministre  de  la  Marine  soient  prises  en  considération  et  je  ne 
doute  pas  que  la  Chambre,  enfin  saisie  de  la  justice  de  votre  cause,  ne  les  fasse  triompher . 

La  concurrence  des  chalutiers  à  vapeur  tue  les  petits  pêcheurs,  le  demanderai  que  par 
des  impôts  frappant  ces  chalutiers,  et  dont  le  montant  sera  versé  à  la  caisse  des  invalides 
et  à  la  caisse  de  prévoyance,  vous  obteniez  la  protection  qui  vous  est  due.  Ce  sera  ainsi 
le  moyen  d’augmenter  vos  pensions  et  d’assurer  la  vente  de  votre  poisson  dans  de  meil- 
leutes  conditions. 

Je  voudrais  que  la  construction  d’une  digue  sur  Pen-Men,  pour  briser  la  mer  et  rendre 
les  naufrages  moins  fréquents,  soit  mise  à  l’étude.  Que  le  bateau  de  sauvetage  soit  en  per- 
Menée  près  de  la  barre  d’Étel  et  reste  sous  la  garde  de  retraités,  de  fanon  à  porter  un 
secours  plus  prompt  aux  naufragés. 

Enfin  je  m’efforcerai  d’obtenir  que  des  cales,  permettant  d’accoster  au  rivage  à  toutes 
tes  marées,, soient  construites  dans  nos  ports  de  pêche. 

Électeurs, 

Vous,  pères  de  famille,  voulez-vous  conserver  le  droit  de  faire  élever  vos  enfants  comme 
tous  l’entendez? 

Vous,  contribuables,  voulez-vous  mettre  un  terme  à  l’augmentation  des  impôts? 

Vous,  patriotes,  voulez-vous  mettre  fin  à  la  campagne  d’insultes  prodiguées  au  drapeau 
tricolore  ? 

Vous,  libéraux,  tolérerez-vous  que  la  déclaration  des  Droits  de  l’Homme  continue  à  être 
foulée  aux  pieds j  qu’il  y  ait  encore  des  proscrits,  des  lois  d’exception,  d’ostracisme,  de 
Persécution? 

ISonl 


Par  votre  volonté,  calme  mais  fière,  pacifique  mais  énergique,  vous  protesterez  contre 
le  régime  Jacobin  qui  nous  écrase. 

Vous  voterez  pour  la  République  libérale  que  je  défends  et  qui  est  mon  rêve,  car  c’est 
la  République  vraiment  nationale. 

Vive  la  Liberté!  A  bas  les  Sectaires î  Vive  la  France!  Vive  la  République!  la  Répu¬ 
blique  honnête,  libérale,  vraiment  française  ! 

Ernest  LAMY, 

Docteur  en  droit. 

Candidat  républicain  libéral. 


3e  circonscription  de  LORIENT 
M.  GUILLOTEAUX 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  6.737  voix. 


Électeurs, 

Trois  candidats  se  présentent  devant  vous  : 

Deux,  par  leur  vote  au  Conseil  général,  le  10  avril  1899,  ont'donnê  leur  approbation  à 
la  trahison  et  au  ministère  qui  la  soutenait. 

Moi,  je  me  présente  contre  Dreyfus,  contre  le  ministère  qui  Pa  gracié.  Je  me  présente 
pour  défendre  le  drapeau  insulté,  la  conscience  opprimée,  la  propriété  menacée,  les 
finances  mises  au  pillage. 

Électeurs, 

Le  pouvoir  va-t-il  rester  aux  mains  des  sectaires,  francs- maçon  s,  juifs,  dreyfusards  et 
sans-patrie  qui  ruinent  la  France  et  suppriment  toutes  nos  libertés?  Ou  va-t-il  faire  retour 
aux  libéraux,  aux  honnêtes  gens  que  nous  sommes?  Tel  est  le  problème. 

Les  sectaires  ont  violé  tous  les  grands  principes  de  la  déclaration  des  Droits  de 
PHomrae  et  du  Citoyen,  Ils  ont  violé  la  liberté  de  conscience,  ils  ont  violé  ta  liberté  d’en¬ 
seignement.  Ils  ont  violé  la  liberté  dissociation.  Ils  ont  violé  la  liberté  individuelle, 
ils  ont  ruiné  la  France,  car  après  avoir  écrasé  chaque  année  le  peuple  de  60  millions 
d’impôts  nouveaux,  créé  un  déficit  de  345  millions,  ils  ont  élevé  notre  dette  publique  à 
38  milliards! 

Électeurs, 

Nous  voulons  que  chaque  citoyen  soit  libre  dans  ses  croyances.  Nous  voulons  que  lés 
pères  de  famille  aient  le  droit  absolu  d’élever  leurs  enfants  selon  leur  conscience.  Nous 
voulons  que  tous  les  citoyens  soient  égaux  en  droits  comme  ils  sont  égaux  en  devoirs.  Nous 
voulons  que  la  propriété  soit  respectée,  car  elle  est  le  fruit  du  travail. 

Nous  demandons  que  l’agriculture  soit  particulièrement  protégée  et  qu’on  s’occupa 
sérieusement  du  sort  des  marins,  des  pêcheurs  et  des  ouvriers.  Nous  voulons  que,  garantis 
dans  votre  proprié  lé  et  dans  l’exercice  de  votre  travail,  vous  soyez  dans  l’avenir  à  l’abri  du 
chômage,  grâce  à  des  caisses  de  prévoyances  et  de  retraites  sagement  organisées,  qui  vous 
assurent  ïe  pain  et  la  sécurité  à  l’heure  de  la  vieillesse 


—  545  ■ — 


N°  1162 


Nous  voulons  que  l’armée»  où  vous  passez  tous,  soit  forte  et  respectée,  pour  que  sous  sa 
protection,  la  France  laborieuse  puisse  travailler  en  paix. 

Électeurs, 

Si  vous  êtes  pour  la  liberté  de  conscience  et  d’enseignement,  si  vous  êtes  pour  la 
défense  de  votre  propriété  contre  le  collectivisme,  si  vous  êtes  pour  le  drapeau  tricolore, 
votez  pour  Jean  Guilloteaux,  qui  saura  défendre  la  République  contre  le  déficit  qu.  nous 
conduit  à  la  ruine,  la  République  contre  les  sectaires  de  toute  opinion,  la  République 

contre  la  trahison. 

Vive  la  République!  Vive  la  Liberté!  Vive  la  France! 

Jean  GUILLOTEAUX, 

Candidat  républicain  libéral. 


Circonscription  de  FLOERMEL 

M.  le  duc  de  ROHAN 
Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  13. Mît  voix. 


Messieurs  et  chers  Amis, 

Un  député  qui  a  eu  l’honneur  de  représenter  son  arrondissement  pendant  vingt-six 
ans  est  connu  de  tous  ses  concitoyens.  le  n’ai  donc  pas  besoin  de  vous  parler  de  moi.  Jous, 
vous  savez,  amis  et  adversaires,  que  j’ai  rempli  scrupuleusement  mon  manda  et  que 
quoique  l’on  puisse  dire  pour  me  combattre,  le  but  constant  de  mes  efforts  a  été  la 

défense  de  vos  intérêts. 

Aujourd’hui  vos  libertés  religieuses  sont  menacées; 

Vos  écoles  yont  être  fermées  ;  ,  ,  *  » 

Votre  agriculture,  abandonnée,  succombe  sous  le  poids  des  impôts,  chaque  jour  de 

plus 'en  plus  écrasants; 

Votre  industrie  souffre  de  la  concurrence  étrangère  et  des  grevés  ; 

Votre  armée  est  injuriée,  humiliée;  ,  ...  Pn 

Vos  finances  sont  dans  un  tel  état  que  nous  marchons  a  une  banqueroute  fatale.  Ln 
quatre  ans,  le  déficit  a  atteint  le  chiffre  épouvantable  d’un  milliard . 

Je  pense  que,  comme  moi,  vous  voulez  renverser  un  ministère  qu.  ne  sa  pas  vous 
protéger,  qui  vous  ruine  et  qui  a  voué  à  tous  les  catholiques  une  haine  implacable. 

Je  veux  la  liberté  pour  tous,  sans  exception; 

Je  veux  r égalité  pour  tous  les  catholiques; 

Je  veux  Uarmèe  respectée;  , 

le  veux  que  tous  ceux  qui  croient  en  Dieu  puissent  lui  rendre  ouvertement  et  libre- 

ment  les  hommages  qui  lui  sont  dus. 

Si  vous  pensez  comme  moi,  donnez-moi  vos  suffrages;  je  saurai  encore  m’en  montrer 
digne. 

Le  duc  de  ROHAN. 


69 


I30  circonscription  de  PONTIVY 

M.  le  comte  de  LAKJÜINAIS 
Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  8.053  voix* 


Électeurs, 

Depuis  vingt  et  un  ans,  vous  m’avez  confié  la  charge  et  l'honneur  de  vous  représenter 
au  Parlement  le  viens  aujourd’hui,  pour  la  sixième  fois,  vous  demander  de  me  renouveler 
ce  mandat. 

je  ne  vous  ferai  ni  profession  de  foi,  ni  protestations  d’aucune  sorte  :  nous  nous  con¬ 
naissons  depuis  trop  longtemps  pour  que  ce  soit  nécessaire.  Je  suis  toujours  le  môme  et 
fai  la  ferme  confiance  que,  de  voir©  côté,  vous  n’avez  pas  changé. 

Électeurs, 

La  France,  lassée  d’un  Gouvernement  qui  la  conduit  à  la  ruine  matérielle  et  morale, 
semble  enfin  ouvrir  les  veux.  Elle  fait  un  effort  désespéré  pour  se  ressaisir  et  demande  è 
tous  ses  enfants  de  l'aider.  Dans  cette  lutte  suprême  où  le  salut  dé  la  Patrie  est  en  jeu, 
vous  voudrez,  comme  toujours,  être  au  premier  rang  de  ceux  qui  combattent  pour  la 
Religion,  V Ordre  et  la  Liberté, 

Comte  de  LÀNJUINAiS, 


2-  circonscription  de  PQMTIVY 
~  M.  Ic  baron  de  BOISSIEU 
Élu 'su  T  tour  de  scrutin.  —  5,652  voix. 


Electeurs, 

Vos  principes  et.  vos  intérêts  nTonr:  été  ni  représentés  ni  défendus  a  la  Chambre  par 
votre  député,  M.  Le  Clec’li.  Vous  catholiques,  et  il  a  toujours  voté  contre  la  religion  avec 
les  francs-maçons. 

Vous  êtes  patriotes,  et  il  a  voté  pour  Dreyfus,  le  juif  millionnaire,  se  faisant  ainsi 
l’alli  1  de  la  Prusse  coudre  notre  armée. 

Vous  êtes  pour  1er  lre3  et  il  a  soutenu  les  socialistes  qui,  par  leurs  grèves,  ont  paralysé 
le  commerce  depuis  deux  ans,  en  attendant  qu’ils  nous  conduisent  à  la  révolu  Lion. 

Vous  êtes  cultivateurs,  et.  il  a  soutenu  les  juifs  qui  vous  ruinent  par  leurs  accapare¬ 
ments.  A  la  Chambre  comme  ici,  il  ne  soutient  que  ceux  qui  peuvent  lui  être  utiles,  soit 
par  leurs  richesses,  soit  par  leur  influence.  Malheur  aux  pauvres!  dit-il. 


Voua  demandez  la  diminution  dos  impôts..  Lui-même  vous  Tarait  promise,  et  depuis 
quatre  ans  les  majorités,  dont  il  faisait  par  lie,  nous  ont  dorme  les  budgets  suivants  : 

25  millions  de  déficit  en  1898; 

91  —  —  en  1899; 

loi  —  —  en  1900; 

880  —  ~  en  1901. 

Vous  aviez  cru  nommer  en  lui  un  républicain  libéral,  et  il  a  approuvé  tous  les  attentats 
du  mi  niât  ère  actuel  contre  la  liberté. 

En  somme,  M.  Le  Glee’h  a  trompé  votre  confiance  et  n’a  travaillé  que  pour  lui. 

La  France  aujourd'hui,  est  acculée  à  la  ruine  et  à  la  Révolution.  On  cri,  parti  de  Paris,  a 
retenti  dans  le  pays  entier  qu’il  a  secoué  de  sa  torpeur. 

Catholiques  bretons,  vous  ne  resterez  pas  en  arrière. 

C’est  pour  Dieu!  c’est  pour  la  France  1 


Électeurs, 


La  forme  du  Gouvernement  n’esî  pas  en  jeu,  comme  voudraient  le  faire  croire  dos 
adversaires  pour  créer  une  équivoque. 

En  présence  du  danger  couru  par  le  pays,  les  patriotes  de  tous  les  partis  se  sont 
coalisés  pour  obtenir  de  bons  députés,  c’est-à-dire  des  gens  de  principes,  incapables  d’obéir 
à  des  préoccupations  d’intérêt  personnel, 

Nous  voulons  un  gouvernement  national,  que  Ton  ne  puisse  pas  accuser  d’être  vendu  à 
la  Prusse,  un  gouvernement  honnête,  aussi  vigilant  vis-à-vis  des  ennemis  extérieurs  que 
des  ennemis  de  la  propriété  Intérieure;  agioteurs  juifs,  grévistes  soldés  par  l’étranger, 
dreyfusards  détracteurs  de  notre  armée,  tous  protégés  actuellement  par  le  ministère. 

Nous  voulons  que  le  drapeau  de  la  France  soit  assez  large  pour  abriter  sous  ses  plis 
tous  ses  enfants  et  que  les  catholiques  ne  soient  pas  mis  hors  du  droit  commun  par  les 
francs-maçons. 

Nous  voulons  des  finances  gérées  avec  économie  et  V agriculture  remise  en  honneur, 
comme  la  source  de  la  richesse  nationale. 

Je  voterai,  quant  à  moi,  la  gratuité  des  fonctions  de  député,  objet  de  tant  de  convoi¬ 
tises,  ainsi  que  la  faculté  pour  les  communes  de  choisir  comme  autrefois  entre  les  écoles 
laïques  et  congréganistes. 

Je  voterai  des  abaissements  dé  tarif  du  chemin  de  fer  pour  le  transport  des  amende¬ 
ments  agricoles,  des  subventions  à  ^agriculture  comme  en  obtenait  M.  de  Lescouêt  avant  la 
guerre,  et  en  un  mot  tout  ce  qui  pourra  améliorer  le  sort  du  cultivateur. 

Officier  de  réserve,  je  marcherai,  s’il  le  faut,  à  votre  tète,  comme  le  fit  déjà  M.  de 
Lescouêt  en  1870. 

Fixé  désormais  dans  le  pays,  je  serai  toujours  à  votre  portée  me  consacrant  à  l’agri¬ 
culture,  et  continuant  parmi  vous  le  bien  déjà  fait  par  la  famille  de  Lescouêt. 


Électeurs, 

Les  87  voix  qui  ont  assuré,  en  1S98,  la  majorité  à  M,  Le  Clec’h  ne  se  trouveront  plus. 
Les  votes  contre  la  religion  et  Parmée  l’ont  à  tout  jamais  rendu  indigne  de  représenter  la 


—  548  — 


Si  vous  savez  rester  sourds  aux  promesses  et  aux  séductions,  vous  voterez  tous  pour  le 
candidat  qui  seul  représente  vraiment  vos  Sentiments  dans  le  pays  et  qui  ne  vous  tratnra 

jamais. 

Le  baron  de  BOISSIEU, 

Ancien  olEcier  d’infanterie  au  131L  de  ligne j 
jrvQ+iinlimifi  libéral* 


Vive  la  Liberté  î 
Vive  F  Armée  ! 
Vive  la  France  l 


lrf5  circonscription  de  VANNES 

M.  le  marquis  de  FESTOORBEILLON 
Élu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  8-057  voix, 


Mes  chers  Concitoyens, 

Pour  la  troisième  fois,  j’ai  l’honneur  de  solliciter  vos  euffrages 
Vous  savez  combien  est  grave  la  lutte  qui  va  Couvrir.  11  faut  sauver  fa  fortune  et 
neur  de  la  France,  son  organisation  sociale  et  ses  dernier»  libertés. 

La  forme  du  Gouvernement  ne  saurait  être  mise  en  cause.  ,  patrie. 

Bien  coupable  serait  celui  qui  ne  placerait  pas  au-dessus  de  tout 

Voter  pour  mon  adversaire,  c’est  votei  ■  „  nkfiatv* 

Pour  le  ministère  Waldeck-MÎUerand,  dont  vous  connaissez  1  œuvrb  néfaste , 

Pour  les  francs-maçons  et  les  juifs,  qui  exploitent  odieusemen 
Pour  l’augmentation  des  impôts  ; 

Pour  l’aggravation  du  déficit,  qui  nous  mène  à  la  banqueroute  ; 

Pour  la  désorganisation  de  l’armée  et  l’introduction  de  la  politique  dans  ses  rangs, 
Pour  la  violation  de  nos  droits  et  la  ruine  de  nos  libertés. 

En  votant  pour  moi,  vous  votez  pour  la  religion,  que  ies  amis  politiques  de  M.  Martine 

ont  toujours  combattue; 

Pour  la  liberté  de  conscience  ; 

Pour  la  liberté  d’association  ; 

Pour  la  liberté  d’enseignement  ;  ,  ,  ,  ,  ,  „„  a.I(  . 

Pour  le  droit  du  père  de  famille  d’élever  ses  enfants  dans  les  ecoles  de  sou  choix, 

Pour  la  liberté  individuelle  et  pour  le  drapeau* 


Choisissez  î  De  votre  vote  dépend  le  sort  de  la  Patrie  1 
Si  vous  me  confiez  encore  T  honneur  de  vous  représenter,  je 


travaillerai  à  obtenir  : 


Une  large  décentralisation  administrative; 

L’extension  des  pouvoirs  des  Conseils  généraux  et  municipaux  T 
La  réalisation  plus,  simple  et  plus  prompte  des  affaires  locales  ; 
Une  meilleure  administration  de  nos  finances  7 
Des  économies  par  la  suppression  des  emplois  inutiles; 


H  62 


—  549  - 

L'allégement  des  chrfg»  militaires,  par  la  réduction  progressive  du  service  à  un  an, 
mais  avec  un  fort  contingent  de  rengagés  assurant  le  recrutement  des  cadres, 
L-orinisation  des  retraites  ouvrières  par  le  développement  des  mutualités  ; 

La  protection  des  cultivateurs  parla  création  de  Chambres  d’agriculture  e  par  o 
moyens  qui  peuvent  permettre  de  diminuer  leurs  charges  si  écrasantes,  ..  .  d 

L’amélioration  du  sort  des  marins  et 'inscrits  maritimes,  ainsi  que  des  conditions  de 

l6Uri ^protection  efficace  du  commerce  et  de  l’industrie  nationale. 

Mes  chers  Compatriotes, 

Vous  me  connaissez,  vous  savez  que  depuis  quatre  ans  je  n’ai  rien  négligé  poui  la  de 

rp.r  -  -e.  à  «.  j- 

““c'est  pourquoi,'™  présence  des  alternat!  qu’un  ministère  affolé 
M  1. près  J  des  juifs  et  des  francs-msson»,  contre  la  P.trte,  nos  oroyansee  et  noe  l.ber- 

tés,  je  vous  redis  comme  en  1898  : 

La  France  aux  Français  !  La  Bretagne  aux  Bretons .  „  mar- 

“s mentons  libres  et  indépendsnte  !  Et  tous,  unis  dsns  une  pensee  commune,  msr- 

chens  au  scrutin. 


Pour  Dieu,  pour  la  Patrie,  pour  la  Liberté  1 


R.  de  L’ESTOURBEILLON, 
Secrétaire  de  la  Chambre  des  Députés, 
Député  sortant. 


2°  circonscription  de  VANNES 
M.  FOREST 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  13.484  voix. 


Messieurs, 

Convaincu  d’avoir  représenté  fidèlement,  pendant  la  législature  quis’achève,  vos  senti¬ 
ments  et  vos  intérêts,  je  sollicite  de  nouveau  vos  suffrages  et  je  fais  appel  a  1  union  de  tous 

'““al' tontevode\m“vo”t  rêprouveres  les  lois  seotsires  récemment  votées  contre 
un  me  tu  .  „_tr-  j,  liberté  d’enseignement,  contre  la  religion  catho- 

iLrvSmno^vez  mandat  de  revendiquer,  pour  les  religieux  la  même  liberté  que 
lique.  vous  me  uo  famille,  la  liberté  de  faire  donner  à  leurs 

mLÏ  aneédoS>SM&ûeà  leurs  principes  ;  pour  les  fonctionnaires  de  tout  ordre,  la 
Ubertê  de  pratiquer  publiquement  leur  religion  sans  compromettre  leur  carrière. 

1  'agriculture  restera  toujours  au  premier  rang  de  mes  préoccupations,  et  mes  premiers 
ir  ,L  EL  k  faire  aboutir  la  loi  préparée  sur  les  Chambres  d’agriculture,  afin  que  les 
cultivateur  puissent  faire  entendre  leurs  voix,  faire  connaître  leurs  besoins  et  proposer  les 


solutions  qu’ils  jugeront  les  meilleures  Je  ne  sépare  pas  dans  d^a  pensée  le  travailleur  de 
nos  villes,  de  nos  bourgs,  de  nos  diverses  industries,  du  travailleur  des  champs. 

Leurs  intérêts  sont  étroitement  liés.  le  ne  perlai  pas  de  vue  non  plus  les  in  té:  ;  des 
pêcheurs  de  nos  côtes. 

Vis-à-vis  de  T  étranger,  comme  vous  je  veux  une  politique  de  paix,  et  c’est  pour  nous 
assurer  la  paix  que  je  veux  une  année  forte,  disciplinée,  instruite,  capable  d’inspirer  le 
respect  de  nos  droits.  En  restant  dans  cet  esprit,  je  continuerai  à  étudier  les  moyens  de 
diminuer  les  charges  du  service  militaire  obligatoire. 

Nos  impôts  ont  atteint  un  chiffre  exorbitant.  II  serait  possible  cependant  de  faire  des 
économies.  Ces  économies,  je  les  jugerais  utilement  employées  si  elles  servaient  à  amélio¬ 
rer  les  œuvres  d’assistance  aux  vieillards  et  aux  infirmes, 

La  situation  est  grave,  affirmez  vos  sentiments. 


F.  FO  BEST,  Député  sortant. 


—  5&J  — 


n°  im 


NIEVRE 


Circonscription  de  CHATEAU-GHIN’ON 

M.  GHANDIOÜX 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  8,251  voix. 


Aux  10,000  citoyens  v 

qui 3  le  27  avril  1902,  acclameront  sur  mon  nom  la  République  démocratique. 

Électeurs  I 

Pour  la  troisième  fois,  je  viens  faire  appel  à  vos  suffrages  ; 

Mon  programme,  vous  le  connaissez  : 

La  République  ayant  pour  base  le  suffrage1  universel  et  pour  but  Paméliofation  de  la 
| situation  sociale  dès  travailleurs  : 

Réformes- fiscales  ;  Impôt  sur  le  revenu  ;  Suppression  des  prestations,  de  l’impôt  des 
po  tes  et  fenêtres,  de  la  cote  mobilière,  qui  pèsent  si  lourdement  sur  les  cultivateurs  et 
les  ouvriers,  et  des  patentes  du  petit  xommer  ce, 

Réduction  du  service  militaire  à  2  ans;  Suppression  graduelle  des  28  jours  et  13  jours. 

Liberté  de  conscience;  Séparation  des  Églises  et  de  l'État;  Suprématie  de  PÉtat  laïque 
et  du  Pouvoir  civil  ;  Abrogation  de  la  loi  Falloux  ; 

Lois  de  prévoyance  et  de  solidarité  sociales;  Caisses  de  retraites  pour  la  vieillesse. 

La  République,  enfin,  qui  est  le  Gouvernement  du  pain  à  bon  marché,  et  continuera  son 
évolution  vers  le  but  déliré,  en  donnant  au  peuple  l'instruction  lui  permettant  de  défendre 
ses  droits  et  de  connaître  ses  devoirs. 

En  ce  qui  concerne  notre  arrondissement,  je  continuerai  comme  par  le  passé  à  tra¬ 
vailler  à  sa  prospérité. 

Kous  poursuivrons  Facile  veinent  du  réseau  de  chemins  de  fer  destiné  â  desservir  notre 
Morvan  si  longtemps  déshc  ri  té,  à  favoriser  Péçoolement  des  produits  de  ^agriculture  et 
remploi  des  engrais,  à  faciliter  les  relations  commerciales  entre  tous  les  cantons. 

Je  m'occuperai  toujours  des  affaires  communales  et  je  resterai,  demain  comme  hier,  à 
la  disposition  des  citoyens  qui  feront  appel  a  mon  concours. 

Électeurs, 

Fai  parcouru  notre  arrondissement,  je  suis  profondément  ému  des  manifestations  de 
sympathie  que  j’ai  rencontrées  partout. 

Je  suis  heureux,  je  suis  fier  d’avoir  provoqué  parmi  vous  tant  d'attachement  à  la  Répu¬ 
blique  et  de  voir  unis  tous  ceux  qui  ont  Famour  de  la  liberté  et  de  ia  justice. 

Comptez  sur  le  dévouement  de  votre  ami. 

Aux  urnes!  Vive  la  République  démocratique  et  sociale! 


CHANDIOBX* 


—  552  — 


Circonscription  de  GLAMECY 

M. JULES  JALUZOT 

Élu  au  1"  tour  de  scrutin.  —  9.263  vois. 


Cher  Compatriote, 

nenuis  douze  ans,  j’ai  l’honneur  de  vous  représenter  au  Parlement  Ma  politique, 
aujourd’hui,  est  ce  qu’elle  était  hier  :  libérale,  indépendante,  patriotique  et  honnete. 

Oui,  libérale  parce  que  je  veux  toutes  les  libertés,  et  je  les  veux  pour  tous  : 

Liberté  du  travail, 

Liberté  de  conscience, 

Liberté  d’enseignement. 

Liberté  d'association. 

Liberté  de  la  presse. 

De  toutes  ces  libertés,  réclamées  par  moi  en  1889,  nous  n’avons  plus  que  la  liberté  de 
la  presse  •  mais  elle  est  menacée  par  ceux  qui  nous  gouvernent  pour  quelque  temps  encore. 

Oui  ma  politique  est  indépendante,  parce  que  je  n’appartiens  a  aucune  coterie  poli¬ 
tique  Te  vote  toujours  selon  ma  conscience;  l’intérêt  supérieur  de  notre  pays  est  mon 

S0Ul  ouf  ma  politique  est  patriotique,  parce  que  j’aime  notre  armée  et  notre  drapeau  trico¬ 
lore  et  que  je  ne  veux  pas  qu’on  y  touche.  Partisan  du  service  d  un  an,  partisan  de  la  su - 
cession  de  treize  jours  et  des  vingt-huit  jours,  je  soutiendrai  cette  proposition  lorsqu  elle 
ETcLptdep.rlé  C„,»mi.sion  de  Fermée  et  per  Fétet-mapr,  me»,  q.e 

i’ai  eu  l’honneur  de  vous  ie  dire  an  Comice  de  Brinon,  en  K  - 

Oui,  ma  politique  est  honnête,  parce  que  je  dis  sincèrement  ce  que  je  veux.  C  .  . 

La  répartition ^plus* équitable  des  impôts  et  leur  diminution  par  des  économies  ; 

La  suppression  des  fonctionnaires  inutiles,  à  commencer  par  la  diminution  des  Députés 

Ct  d8LM  retraites  ouvrières  et  agricoles,  comme  je  les  demandais  déjà  en  1898; 

La  suppression  des  prestations  ; 

La  justice  gratuite;  ,  ..... 

La  diminution  de  l’impôt  sur  les  transactions  immobilières. 

Telles  sont  les  grandes  lignes  de  la  politique  de  voire  Député,  ,, 

Elles  résumenUe  programme  de  tous  ceux  qui  veulent  la  République  liberale,  mdêj 

dante,  patriotique  et  honnête. 


JULES  JALUZOT,  Député  sortant. 


—  553  — 


N*  11 62 


Circonscription  de  COSNE 
M.  GOUJAT 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  9,544  voix. 


Programme 

1°  Révision  de  la  Constitution  dans  le  sens  républicain  démocratique  et  social; 

2°  Mandat  impératif; 

3*  Amnistie  pleine  et  entière  pour  tous  crimes  et  délits  politiques; 

4°  Séparation  des  Églises  et  de  l'État,  suppression  du  budget  des  cultes,  lois  sur  les 
biens  de  mainmorte,  lois  sur  les  associations  religieuses,  abrogation  de  la  loi  Faïloux; 

5°  Décentralisation,  autonomie  communale,  franchises  municipales; 

6°  Épuration  du  personnel  administratif  et  judiciaire; 

T  Suppression  des  fonds  secrets  ; 

8°  Suppression  de  tous  monopoles  concédés  aux  particuliers  ou  aux  sociétés  financières; 

9"  Suppression  des  taxes  directes  ou  indirectes  grevant  la  consommation,  le  travail,  le 
commerce,  l'industrie  et  l’agriculture  ; 

10°  Suppression  des  octrois  et  des  taxes  de  consommation,  reclassiftcatîon  du  cadastre, 
rectification  des  alcools  industriels  par  TÉtat,1  maintien  du  droit  des  bouilleurs  de  cru  et 
vignerons,  suppression  radicale  de  l’exercice  ; 

11°  Lois  de  protection  du  travail  et  d'émancipation  des  travailleurs,  extension  des  syn¬ 
dicats  professionnels; 

12°  Lois  d'hygiène  sociale,  réduction  de  la  journée  de  travail,  lois  de  prévoyance,  assis- 
tance  sociale,  assurances  contre  les  accidents,  les  maladies,  etc,,  etc,,  abrogation  de  la  loi 
surPinteroationale; 

13°  Organisation  du  crédit  national,  du  crédit  ouvrier  et  du  crédit  agricole;  suppression 
du  privilège  de  la  Banque  de  France  ; 

14°  Réforme  judiciaire,  extension  de  la  compétence  des  juges  de  paix,  magistrature 
élue  sous  certaines  conditions  de  capacité,  diminution  des  frais  de  justice,  révision  du  Gode 
civil  et  de  procédure  civile  ; 

15fl  Réduction  du  service  militaire  à  deux  ans,  suppression  des  13  et  28  jours; 

16°  Impôt  global  et  progressif  sur  ïe  revenu,  de  façon  à  dégrever  de  tous  impôts,  taxes 
et  patentes  les  petits  propriétaires  fonciers,  petits  industriels  et  travailleurs  de  tous  ordres 
ayant  un  revenu  annuel  inférieur  à  2. 500  francs  ; 

17°  Lois  économiques  et  de  solidarité  sociale  mettant  un  terme  à  l’exploitation  de  La 
ploutocratie  terrienne,  industrielle  et  financière; 

18°  Retraites  en  faveur  de  tous  les  travailleurs  à  T  âge  de  60  ans,  conformément  au 
projet  qui  fixe  la  pension  annuelle  à  500  francs. 

Le  citoyen  Claude  Goujat,  V Officiel  k  la  main,  met  au  défi  ses  adversaires  politiques 
qui  désirent  le  remplacer  à  la  Chambre  de  le  mettre  en  contradiction  avec  son  programme. 
Élu  sur  un  programme  radical-socialiste,  il  est  allé  au  delà  de  son  programme,  puisqu'il  vote 
constamment  avec  les  républicains  socialistes  les  plus  qualifiés. 

Claude  GOUJAT,  Député  sortant, 

Maire  de  la  ville  de  Cosne,  ancien  membre  de 
la  Commission  du  budget,  membre  de  la 
délégation  élue  par  les  républicains  de  la 
Chambre  pour  représenter  le  Parlement  au 
cinquantenaire  de  Baudin, 


70 


—  SSA  — 

11C  circonscription  de  NE  VERS 

M.  MASSÉ 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin,  —  10,321  voix. 


Citoyens, 

En  1898,  vous  m’avez  fait  l’honneur  de  me  choisir  comme  député, 

jJai  conscience  d'être,  pendant  les  quatre  années  de  mon  mandat,,  resté  fidèle  à  mon 
programme,  d’avoir  scrupuleusement  respecté  les  engagements  pris  avec  le  corps  élec¬ 
toral. 

Le  Comité  radical-socialiste  de  îa  première  circonscription  de  devers  en  a  ainsi  jugé, 
puisque,  à  ^unanimité,  il  a,  le  25  février  dernier,  voté  un  ordre,  du  jour  me  félicitant  de 
mon  attitude  au  Parlement,  de  mes  votes,  de  mes  interventions,  et  acclamant  ma  candi¬ 
dature. 

C’est  dans  ces  conditions  que  je  viens  à  nouveau  solliciter  vos  suffrages. 

Comme  en  1898,  mon  programme  n’est  autre  que  le  vieux  programme  républicain  que, 
plus  cVune  fois  déjà,  vous  avez  ratifié. 

Ce  programme*  le  voici  : 

lrï  Révision  de  îa  Constitution.  —  Rétablissement  du  scrutin  de  liste  ; 

2°  Liberté  de  conscience.  —  Séparation  des  Églises  et  de  VÉtat.  —  Suprématie  de  1  Etat 
laïque.  —  Abrogation  de  la  loi  Falloux  ; 

3°  Réforme  générale  de  Fîmpôt  ;  impôt  progressif  ;  Suppression  des  impôts  de  con¬ 
sommation  et  des  octrois  ;  Dégrèvement  des  patentes  du  petit  commerce  ; 

4e1  Réforme  judiciaire  ;  Réduction  des  frais  de  justice.  —  Suppression  des  Conseils  de 
guerre  en  temps  de  paix  ; 

5°  Réduction  delà  durée  du  service  militaire.  —  Suppression  des  périodes  de  28  et 
de  13  jours  ; 

6°  Transformation,  en  services  publics,  des  chemins  de  fer,  des  mines,  des  assurances, 
des  raffineries,  de  la  Banque  de  France  ; 

7°  Organisation  du  Crédit  agricole  et  du  Crédit  ouvrier.  —  Suppression  des  presta¬ 
tions.  —  Révision  du  cadastre,  —  Lois  contre  les  accapareurs  et  les  spéculateurs.  —  Sup¬ 
pression  des  marchés  fictifs.  —  Réglementation  de  la  journée  de  travail.  —  Repos  d’un 
jour  par  semaine  ; 

8°  Création  de  caisses  de  retraites  assurant  une  pension  h  tous  les  travailleurs  de  la 
ville  et  des  champs  lorsque  Bàge  ou  les  maladies  les  mettent  dans  ^impossibilité  de  se 
suffire  à  eux-mêmes  i 

9°  Reconnaissance  par  fa  loi  du  mandat  impératif. 

Citoyens, 

Les  éternels  ennemis  de  la  démocratie  reviennent,  une  fois  de  plus,  à  l’assaut  de  nos 
institutions  républicaines.  Grâce  à  l’étiquette  nationaliste,  derrière  laquelle  ils  se  dissimu¬ 
lent,  ils  espèrent  capter  votre  confiance. 

Mais  le  bon  sens  populaire  déjouera  cette  tactique.  Eu  eux,  il  reconnaîtra  ceux  qui  tou- 


—  536  — 


NORD 


l 


lrc  circonscription  d’AVESNBS 
M.  PASQUÂL 

Élu  au  1er tour  de  scrutin.  —  7,303  voix* 


Mes  eh  ers  Concitoyens, 

Les  acclamations  chaleureuses  et  les  nombreux  témoignages  de  sympathique  attache¬ 
ment  que  j’ai  rencontrés  dans  ma  campagne  électorale  m’ont  profondément  touché  et  m’ont 
prouvé  que  je  n’ai  fait  que  grandir  dans  votre  estime  et  dans  votre  affection. 

Respectueux  de  la  discipline  républicaine,  j’ai  rendu  compte  de  mon  mandat  dans  cette 
grande  réunion  de  Sains  où  se  trouvaient  assemblés  GOÙ  délégués  de  toutes  les.  communes 
de  ma  circonscription.  Ils  ont  ratifié  par  un  vote  unanime  tous  mes  actes  politiques  et  ont 
acclamé,  comme  il  y  a  trois  ans,  ma  candidature  nettement  républicaine. 

Vous  m’avez  entendu  dans  mes  réunions  publiques;  vous  savez  donc  ce  que  je  fus  hier, 
ce  que  je  serai  demain  et  comment  j'entends  remplir  le  mandat  que  je  sollicite  de  vos 
libres  suffrages. 

Né  au  milieu  de  vous,  je  sais  quels  sont  vos  besoins,  vos  aspirations,  vos  sentiments 
politiques. 

Vous  pouvez  compter  que,  comme  par  le  passé,  je  défendrai  avec  l’énergie  de  la  jeu¬ 
nesse  les  intérêts  industriels,  économiques  et  agricoles  de  notre  région. 

Herbagers, 

Vous  savez  que  votre  cause  m’est  sacrée,  que  j’ai  suivi,  dans  la  défensede  vos  intércls, 
la  ligne  de  conduite  que  m’avait  tracée  mon  cousin  Léon  Guillemin.  Je  continuerai. 

Travailleurs, 

Vous  m’avez  vu  à  l’œuvre  au  milieu  de  vous,  je  reste  votre  défenseur  dévoué,  à  quelque 
classe  de  la  société  que  vous  apparteniez  —  les  industriels  peuvent  compter  sur  mon 
dévouement. 

Je  tiens  à  proclamer  aussi  que  je  serai  toujours  le  confident,  l’ami  de  ceux  qui  peinent, 
qui  souffrent  et  qui  ont  foi  dans  un  avenir  meilleur. 

Appartenant  moi-méme  à  l’année,  je  ne  suis  pas  de  ceux  qui  veulent  jeter  dans  la  lutte 
politique  l’image  sacrée  de  la  Patrie.  —  L’armée,  je  la  veux  grande  et  respectée,  en  dchoi s 
et  au-dessus  de  tous  les  partis. 


357  — 


N°  *162 


JS» 

la  garde. 


Vive  la  France  1 
Vive  la  République! 


Léon  PASQUAL, 

Avocat,  Adjoint  au  Maire, 
nénuté  sortant. 


2e  circonscription  d' AV  ES  NE  S 
M.  DEFONTA1NE 

Elu  au  1“  tour  de  scrutin.  —  i 0.7 03  vois. 


Mes  chers  Concitoyens, 

■  m1,  inniours  servi  de  guide  dans  ma  vie  politique,  est  l’ancien  pro- 
Le  programme  <\ui  m  a  j  .  t  ne  g7 est  oas  trouvé  à  la  Chambre 

*  18  être  le  démocrate  convaincu  qui  n'abdique  pas  et  je  croie  n'.voir  pas  à 

vous  exposer  autrement  en  programme  que  voM  COn  ts  de  ]a  région  du  Nord  se 

rnr  disposition  peur  conjurer  ,a  crise.  Notre  agrieui.ure  a 

besoin  d’être  protégée  efficacement  ^  ^  finir,  nous  avons  obtenu  la  loi  du 
Dans  le  courant  1  . .  !>extension  de  l’assistance  judiciaire  dans  la  loi  sur 

1»  juillet  190C l  sur  la  rèhabi  ^  ^  ies  mesures  qui  auront  pour  objet  de  faci¬ 
les  accidents  du  travail.  Il  est  u  g  y  nrocédure. 

liter  l’accès  de  la  justice  a  tous  et  e  S11^11  ^ià  étudiée  concurremment  avec  le 

L'un,  des  principale,  Ærvic.  militaire  à  deux  ans. 

;EStyir- 4S 

qoi  peinent  et  t 

l3  serai,  comme  pu •  P“! ,  de  mulua,il6  BOnt  celles  qui  occupent  pins 
souffrent.  Les  œuvres  de  solidarité  soc  ^  ûuvriers  une  retraite  qui  mette  leurs 

particulièrement  les .bons  espr> ^s,  1  f  les  risques  de  chômage  qui  les  menacent 

vieux  jours  è  l  ia  devra  être  améliorée  e.  suivie  d'une  loi  sur 

soient  prévenus.  La  loi  sui  ies  ou,™ 

les  maladies'. 

Citoyens, 

Modeste  soldat  d.  1.  grande  cause  démocratique  e,  sociaie,  j.  me  présente  de  nouveau 
à  vos  suffrages  avec  la  conscience  du  devoir  accompli. 


868  — 


J’adresse  un  appel  cordial  à  tous  les  Républicains  et  je  leur  demande  d’écarter  de  leur, 
range  les  cléricaux,  courtisans  doucereux  de  tous  lus  régimes. 

Le  drapeau  de  la  République  que  je  continue»!  à  défendre  ne  peut  être  tenu  nue  n*r 
un  démocrate  fidèle  au  vieil  esprit  républicain.  U  ne  faut  pas  permettre  au  parti  sans  nom 
do  s  emparer  du  pouvoir  par  la  ruse  et  ^hypocrisie. 


C’est  la  vraie  République  qui  apportera  aux  déshérités  et  aux  vaincus  de  la  vie  nliis  de 
justice  sociale  et  c  est  celle-là  que  je  veux  continuer  à  servir.  P  6 


Docteur  DEFONTAINE, 
Candidat  de  la  République  démocratique. 


3  circonscription  dAVESNES 

M.  ELIEZ-EVRARD 

Élu  au  lor  tour  de  scrutin.  —  8. DOS  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Après  trente  ans  de  travail  et  de  dévouement  pour  la  République,  j’avais  compté  ren¬ 
trer,  la  conscience  tranquille,  dans  la  vie  privée,  et  jouir  de  la  satisfaction  du  devoir 
accompli.  Les  Conseillers  généraux,  les  Conseillers  d’arrondissement  et  presque  l’unanimité 
des  Maires  do  la  circonscription  ne  me  l’ont  pas  permis.  Devant  l’assaut  furieux  qui  allait 
etre  donné  a  a  République,  ils  m’ont  démontré  que  le  devoir  m’imposait  de  lutter  encore. 
Ils  ont  fait  vibrer  un  autre  sentiment  :  «  Nous  sommes  d’honnêtes  gens  qui  faisons  appel  à 
un  lionuete  homme.  »  Mes  résistances  étaient  vaincues. 

blicaînsVienS  ^  n°UVeaU’  le  drapeau  tricolore  à  la  main,  réclamer  vos  suffrages  répu- 

Ayant  l’hotmeur  de  vous  représenter  depuis  longtemps,  vous  connaissez  mon  passé  ; 
il  vous  répondra  de  I  avenir.  p 

Obligés  par  l’Angleterre,  dans  l'intérêt  de  ses  colonies,  de  modifier  notre  loi  de  f88A 
sous  peine  devoir  se  fermer  pour  nous  notre  unique  débouché  à  J ‘exportation,  nous  allons 
nous  trouver  en  présence  d’un  nouveau  projet  de  législation  sucrière. 

D’accord  avec  les  sucriers  et  les  sociétés  d’agriculture,  soucieux  de  l’intérêt  des  culti¬ 
vateurs  je  demanderai  la  suppression  complète  du  droit  de  consommation  et  le  rempla¬ 
cement  de  cet  impôt  par  la  suppression  du  privilège  des  bouilleurs  de  cru. 

M(iSer’aifté  d°  Ie  faire’  je  réc!amerai  avec  la  dernière  énergie  la  stricte appü- 
cation  de  la  loi  sur  la  margarine,  loi  que  nous  avons  eu  tant  de  mal,  moi  et  mes  collègues 
du  JNord,  a  faire  aboutir.  D 

Ami  sincère  de  l’ouvrier,  je  continuerai  à  voter  la  loi  à  l’étude  instituant  les  retraites 

rt u-ïïtT'  rVeC  PartlCiPr?°n  dG  1Ét3t’  Cn  assurant  son  fonctionnement  immédiat  et  la 
retiaite  anticipée  avant  60  ans  en  cas  d’infirmité  ou  de  maladie. 

,  f  Part,f 11  du  sei'dce  de  deux  ans,  dont  j’ai  voté  le  principe  à  la  Chambre,  je  m’efforcerai 
de  faire  aboutir  le  plus  rapidement  possible  cette  loi  d’égalité  et  de  justice  sociale,  tout  en 
assurant  le  maintien  des  effectifs  nécessaires  à  la  défense  nationale. 

Cultivateurs,  voub  me  verrez  repousser  avec  énergie  toute  atteinte  à  vos  intérêts  et 
contribuer  a  tout  ce  qui  pourra  assurer  la  prospérité  de  vos  cultures.  ' 


— '  559  —  N°  1162 

Ouvriers,  je  continuerai  à  voter  les  lois  qui  pourront  améliorer  votre  sort  par  une  évo¬ 
lution  pratique. 

Républicains,  vous  voterez  pour  celui  qui  a  vécu  pour  la  République  et  qui  saura  conti¬ 
nuer  à  la  défendre  contre  la  révolution  et  contre  la  réaction. 

Vive  la  République  ! 

Évrard  EL1EZ, 

Vice-Président  du  Conseil  général  du  Nord, 
Candidat  républicain,  Député  sortant. 


circonscription  de  CAMBRAI 

M.  HERSEZ 

Élu  au  lor  tour  de  scrutin.  —  20.925  voix. 


Chers  Concitoyens, 

Les  délégués  républicains  des  communes  de  la  lro  circonscription,  réunis  en  Congrès  Je 
6  mil,  ont  unanimement  approuvé  tua  ligne  de  conduite  générale,  la  position  que  j'ai 
prise  sur  le  terrain  économique,  les  efforts  que  j’ai  constamment  accomplis  pour  défendre 
l’Klat  laïque,  protéger  le  commerce,  l’industrie,  l’agriculture,  le  travail,  sauvegarder  les 
intérêts  de  notre  région,  diminuer  autour  de  moi  le  nombre  des  inégalités  et  la  profondeur 
des  infortunes. 

Chacun  de  mes  actes  ayant  été  ratifié  par  le  Congrès,  qui  a  souscrit  à  l’ensemble  de 
mon  œuvre  législative  de  quatre  années,  il  y  aurait  véritablement  défection  de  ma  part  si 
je  me  dérobais  au  devoir  de  solliciter  le  renouvellement  de  mon  mandat. 

Je  viens  donc  demander  au  corps  électoral  de  sanctionner  la  décision  du  Congrès,  et 
d'affirmer  sur  mon  nom  que  la  circonscription  n’a  rien  perdu  de  sa  foi  républicaine*  et 
quelle  conserve  sa  pleine  confiance  au  représentant  qui  a  consacré  à  la  démocratie  tout  son 
temps,  toute  son  activité,  toute  sa  force. 

Pour  affronter  sans  la  moindre  appréhension  la  grande  consultation  du  27  avril,  il  me 
s*  de  me  souvenir  des  magnifiques  résultats  de  l’élection  du  8  mai  1898,  —  d’évoquer 
les  gages  d’attachement  que  tant  de  fois,  depuis,  j’ai  reçus  des  communes  et  des  simples 
particuliers,  —  de  songer  à  l’immuable  unité  de  vues,  d’aspirations,  de  sentiments,  qui  se 
manifeste  dans  chacun  des  votes  de  nos  quatre  cantons. 

Si  nous  avons  échangé  d’aussi  précieux  témoignages  d’estime  et  de  sympathie  réci¬ 
proques,  c’est  que  vous  tous  et  moi,  mes  chers  Concitoyens,  nous  avons  gardé  notre  commun 
programme,  nous  nous  sommes  affermis  de  plus  en  plus  dans  nos  principes  comme  dans 
Ms  affections,  nous  nous  sommes  rapprochés  davantage  de  l’idéal  démocratique  que,  dès 
premier  jour,  nous  nous  étions  proposé  d'atteindre* 

Investi  par  vous  de  la  mission  d'assurer,  dans  la  mesure  où  peut  s’exercer  mon  action, 
lbre  fonctionnement  de  nos  institutions  républicaines,  je  me  suis  déclaré  nettement  par- 
,I5ari  la  suprématie  du  pouvoir  civil,  —  nettement  hostile  aux  entreprises  du  clérica¬ 
le,  du  collectivisme,  et  de  toutes  les  factions  qui  en  dérivent,  contre  le  régime  établi,— 
Jtemeot  désireux  do  ne  pas  laisser,  désorganiser  et  affaiblir  notre  vaillante  armée  par  des 
citations  mauvaises,  mais  de  la  placer  au-dessus  des  luttes  de  la  politique  pour  fortifier 
C  lout  110tre  respect  et  de  tout  notre  patriotisme  l’admirable  édifice  de  la  défense  nationale. 


—  560  — 

C’est  dans  cet  esprit,  c’est  avec  le  dessein  de  voir  tous  les  Français  collaborer  également 
à  une  œuvre  qui  est  au  même  degré  celle  de  tous,  que  j’ai  voté  le  principe  de  la  réduction 
du  service  militaire  à  deux  ans  de  présence  effective  sous  les  drapeaux,  toutes  les  dispenses 
devant  être  supprimées,  et  remplacées  quand  besoin  sera  par  des  allocations  aux  familles 
0  é  06  fi  Si  tô  Ü  S  e  S  ■ 

Justement  préoccupé  de  Fégaïité  de  tous  les  citoyens  devant  la  loi,  devant  1  impôt,  j  ai 
pensé  qu’il  était  înadmisible  de  laisser  se  multiplier  et  ^accroître  les  associations  illicites, 
que  tous  les  régimes  avaient  successivement  combattues  et  qui  n  en  étaient  pas  moins  de¬ 
meurées  de  dangereux  syndicats  d'accaparement  financier  et  des  foyers  redoutables  d  agi¬ 
tation  et  de  conspiration*  -Fai  jugé  qu'il  était  indispensable,  et  certainement  conforme  à 
l’équité,  d’exiger  de  quiconque  veut  entrer  au  service  de  la  République  des  garanties  de 
loyauté  et  de  fidélité*  Je  me  suis  en  outre  appliqué  à  faire  prévaloir,  dans  les  questions 
d’enseignement,  les  seules  solutions  compatibles  avec  le  maintien  de  l’unité  morale  de  la 
Patrie,  et  de  la  concorde  entre  tous  lee  citoyens. 

En  m’associant  à  de  telles  réformes,  j’ai  la  certitude  de  n’avoir  porté  aucune  atteinte  à 
la  plus  chère  de  nos  libertés,  la  liberté  de  conscience,  qui  est  une  sécurité  pour  toutes  les 
croyances  et  toutes  les  philosophies,  mais  qui  ne  doit  pas  avoir  le  caractère  dune  peipé- 
tueile  menace  pour  les  autres  libertés  de  FÉtat 

Ainsi  que  Je  m’étais  engagé  à  le  faire,  j’ai  plaidé  la  cause  de  tous  ceux  qui  tra¬ 
vaillent,  de  tous  ceux  qui  produisent,  industriels,  commerçants,  agriculteurs,  ouvriers  et 
patrons.  En  particulier,  je  n’ai  point  perdu  de  vue  qu’il  convient  d’améliorer  les  conditions 
de  travail  de  Pouvrier,  sa  situation  dans  la  société,  et  de  le  faire  participer  aux  bienfaits  de 
]a  solidarité  humaine,  soit  qu’un  accident  le  frappe,  soit  que  la  vieillesse  ou  la  maladie  la 
rende  tout  a  coup  incapable  de  se  suffire  à  lui-même. 

Sur  le  terrain  économique,  je  me  suis  séparé  du  cabinet  Waldeck-Rousseau,  parce  que 
c’est  un  devoir  supérieur,  pour  un  représentant  du  peuple,  de  faire  l’abandon  momentané 
de  ses  préférences  politiques,  lorsqu’il  s’agit  de  sauver  les  intérêts  gravement  compromis 
des  régions  dont  il  est  le  mandataire.  J’ai  donc  lutté  et  je  lutterai  pour  l’abolition  du  privi¬ 
lège  monstrueux  des  bouilleurs  de  cru,  pour  la  révision  de  la  loi  sur  les  boissons,  et  pour 
la  suppression  graduelle,  puis  totale,  du  droit  sur  les  sucres,  suppression  qui,  en  donnant 
tout  son  développement  à  notre  consommation  intérieure,  est  seule  susceptible  de  sauve¬ 
garder  l’avenir  de  notre  agriculture  et  de  l’industrie  sucrière. 

C’est  à  la  prochaine  Chambre  qu’il  appartiendra  d’accomplir  ces  importants  progrès. 
Celle  dont  les  pouvoirs  vont  expirer  a  beaucoup  travaillé  ;  et,  s'il  semble  que  les  résultats 
acquis  ne  sont  pas  en  rapport  avec  la  fréquence  et  la  longueur  des  séances  qu'elle  a  tenues, 
la  faute  en  est  surtout  aux  défectuosités  de  la  procédure  parlementaire,  et  à  l’obligation  où 
nous  fûmes  de  passer  une  partie  des  sessions  a  déjouer  les  manœuvres  et  les  plans  de 
l’obstruction  organisée  par  les  groupes  de  droite  et  d' extrême^ gauche  contre  1  action  gou¬ 
vernementale* 

Il  est  donc  essentiel,  si  le  pays  veut  qu’une  ère  de  réformes  vraiment  fécondes  s  ouvre 
devant  lui,  que  le  suffrage  universel  démasque  le  cléricalisme  et  le  collectivisme,  soua 
quelque  déguisement  qu’ils  se  présentent,  et  consomme  dans  toute  la  franco  leur  mine 
définitive* 

C’est  à  ce  prix  seulement  que  la  nation  se  donnera  pour  législateurs  une  élite  d’hommes 
soucieux  de  sa  puissance  et  de  sa  gloire. 

Électeurs, 

En  ce  qui  me  concerne,  vous  savez  déjà  par  ce  que  je  fus  hier  ce  que  je  serai  demain 
je  n’ai  rien  abandonné  et  je  n’abandonne  rien  de  mon  programme  de  1898. 

Vous  m’avez  vu  à  l’œuvre  au  milieu  de  vous,  accordant  tout  mon  temps  à  h  chose 
publique,  ne  passant  pas  un  jour  sans  m’occuper  de  vos  affaires,  sans  chercher  à  entrer 


—  SG i 


Nû  HG2 


plus  intimement  en  contact  avec  vous  tous  et  avec  vos  représentants  directs  des  cantons  et 
des  communes- 

Je  continuerai  à  marcher  résolument  dans  cette  voie,  indifférent  aux  attaques  et  aux 
sarcasmes  des  hobereaux  de  J  a  réaction,  qui,  dans  leur  dédain  de  la  démocratie,  n'ont  pas 
encore  pu  comprendre  que  ma  préférence  aille  aux  petits,  aux  humbles,  aux  déshérités,  et 
ne  me  pardonnent  pas  de  m'être  fait  le  confident,  l'ami,  le  défenseur  de  tous  ceux  qui  tra¬ 
vaillent,  qui  peinent,  et  qui  ont  foi  dans  un  avenir  meilleur. 

Vous  savez  que  ce  n’est  pas  une  mesquine  ambition  personnelle  qui  m'a  poussé  à  bri¬ 
guer  des  fonctions  dont  je  recherche  bien  plutôt  les  charges  et  les  responsabilités  que  les 
honneurs.  Je  souhaite  simplement  que  la  vie  publique  me  procure  un  jour  la  satisfaction  de 
voir  mon  pays  délivré  des  agitations  politiques,  entièrement  reconquis  au  calme,  grand  par 
la  stabilité  de  sa  paix  extérieure,  prospère  par  le  complet  rétablissement  de  l’ordre  à  l’inté¬ 
rieur,  conscient  du  rôle  civilisateur  qu'il  lui  reste  plus  que  jamais  à  jouer  dans  l'Europe  et 
dans  le  monde. 


Vive  la  France I  vive  la  République! 


Paul  BERSEZ, 

Maire  de  Cambrai, 

Président  du  Conseil  d'arrondissement, 
Député  sortant. 


2*  circonscription  de  CAMBRAI 

M,  LOZÉ 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  12,619  voix. 


.Electeurs, 

Le  Congrès  des  délégués  républicains  m'a  désigné  pour  être,  dans  les  élections  légis¬ 
latives,  le  représentant  des  idées  dont  notre  Constitution  démocratique  est  l'expression,  et 
qui  ont  amené  en  France  l'établissement  de  la  souveraineté  nationale. 

Ces  idées,  je  les  ai  longuement  exposées  dans  les  réunions  publiques  :  je  les  résume 
en  quelques  lignes. 

Je  veux  la  liberté  de  conscience,  la  liberté  de  l’enseignement,  la  liberté  du  travail. 

Je  veux  l'égalité  dans  les  charges  militaires  qui  pèsent  sur  le  pa^s,  en  imposant  à 
tous  le  même  temps  de  service;  dans  les  charges  fiscales,  en  supprimant  le  privilège  des 
bouilleurs  de  cru;  dans  l'enseignement,  en  exigeant  de  tous  les  maîtres,  soit  de  l'État,  soit 
de  l'enseignement  libre,  les  mêmes  grades  universitaires  et  en  abrogeant  les  derniers 
articles  de  la  loi  Falloux. 

Je  veux  que  l'esprit  de  fraternité  pénètre  davantage  nos  institutions  —  en  établissant 
une  meilleure  répartition  des  impôts,  dont  il  faut  décharger  ceux  qui  n'ont  qu'un  minimum 
de  ressources  et  reporter  le  poids  sur  la  richesse  acquise  — -  en  diminuant  les  petites 
patentes,  —  en  réduisant  les  taxes  qui  frappent  les  produits  alimentaires  de  première 
nécessité  —  en  développant  les  sociétés  de  prévoyance  et  de  mutualité  —  en  instituant 
pour  les  ouvriers,  aussi  bien  agricoles  qu'industriels,  des  caisses  de  chômage  et  des  caisses 
de  retraites. 


71 


—  362  — 

Il  faut  aider  nos  industries  en  leur  procurant  des  débouchés,  en  défendant  leurs  inté¬ 
rêts  à  l’étranger.  Mais  on  doit  se  garder  de  les  paralyser  par  l'excès  des  réglementations. 

Il  faut  protéger  noire  agriculture,  en  parant  au  dommage  qu’elle  va  subir,  du  fait  de  la 
Conférence  de  Bruxelles,  par  une  réduction  considérable  de  l’impôt  sur.  le  sucre,  seul  moyen 

d’augmenter  sa  consommation  à  l’intérieur. 

"le  veux  uue  administration  plus  économe  des  deniers  publics,  et  la  suppression  du 
droit  d’initiative  parlementaire  en  matière  financière,  ce  qui  veut  dire  que  le  Parlement  doit 
contrôler  sévèrement  les  dépenses  et  ne  pas  les  augmenter  de  sou  propre  fait. 

La  puissance  de  notre  armée  doit  être  au  premier  rang  de  nos  préoccupations;  notre 
force  militaire  ne  sera  que  plus  grande  si,  après  avoir  supprimé  les  dispenses  et  fait  un 
meilleur  emploi  du  service  auxiliaire,  nous  parvenons  enlin  à  créer,  par  1  augmentation  drs 
primes  de  réengagement,  un  corps  solide  de  sous-officiers.  Nous  pourrons  alors,  sans 
danger,  réduire  à  deux  ans  le  temps  passé  sous  les  drapeaux  par  nos  jeunes  soldats. 

°Enfin,  je  suis  partisan  d’une  large  décentralisation,  basée  sur  la  réorganisation  de  nos 
circonscriptions  administratives,  auxquelles  une  plus  grande  autonomie  serait  donnée  ;  elle 
aurait  pour  conséquence  de  développer  dans  nos  provinces  l’esprit  politique,  de  restreindre 
le  rôle  du  Pouvoir  central  ,  tt  de  permettre  la  diminution  du  chiffre,  actuellement  excessif, 
des  membres  du  Sénat  et  de  la  Chambre* 

Electeurs, 

j’ai  passé  vingt-cinq  années  de  ma  vie  au  service  de  nos  institutions  républicaines, 
dans  l’administration  et  la  diplomatie. 

Si  vous  pensez  que  l’expérience  que  j’ai  acquise  dans  l’exercice  de  mes  fonctions  peut 
être  utile  à  mon  pays,  vous  le  direz  le  27  avril,  en  me  confiant  la  défense  de  vos  interets. 
Je  ne  serai  guidé  que  par  mê  seule  pensée,  assurer  la  prospérité  de  la  France  et  5a  grandeur 

de  la  République- 

Henry  LOZÉ; 

Ambassadeur  de  la  République  Française, 
Membre  du  Conseil  de  !a  Légion  d’honneur* 


lrP  circonscription  de  DOUAI 

M-  DEBÈVE 

Élu  au  2*  tour  de  scrutin.  —  8,736  voix* 


Cherg  Concitoyens, 

Vous  m’avez,  il  y  a  quatre  ans,  fait  l’honneur  de  m’élire  votre'  représentant  a  la 
Chambre  des  Députés.  Je  viens  solliciter  de  vos  libres  suffrages  le  renouvellement -du  man¬ 
dat  que  vous  m'avez  confié. 

Depuis  nombre  d’années  vous  me  connaissez  :  conseiller  d’arrondissement  pendant 
trois  ans,  conseiller  général  depuis  quatorze  ans,  j’ai  consacré  tout  mon  temps  à  l’intérêt 
général  ;  nos  rapports  ont  été  constants  et  cordiaux,  je  n’ai  jamais  négligé  le  moindre  des 
intérêts  que  vous  m’avez  confiés. 

Vieux  républicain,  républicain  de  la  première  heure,  je  n’ai  point  à  affirmer  longue¬ 
ment  mon  invariable  croyance  politique.  Cependant,  quoique  méprisant  les  v  h  butes 


—  563  — 


N°  1162 


attaques  dont  je  suis  l'objet,  je  me  vois  presque  forcé  de  vous  répéter  ce  que  je  vous  disais 
dans  ma  précédente  profession  de  fox. 

J'aî  été,  je  suis  et  reste  toujours  partisan  d^une  politique  de  réformes  et  de  pr  ogrès,  et, 
dans  l’avenir,  je  m'associerai,  comme  je  l’ai  fait  jusqurici,  à  toutes  les  mesures  qui  assure¬ 
ront  sans  trouble  et  sans  secousse  le  développement  de  nos  idée»  démocratiques. 

Ainsi  j-ai  voté  les  lois  marquant  une  réforme  étudiée,  un*  progrès-  rèfîédri,  j’ai  suivi 
résolument  une  politique  nettement  républicaine  Mues  votes  sont  là  pour  l’attester. 

En  cc  qui  concerne  les  intérêts  locaux,  vous  savez  que  ni  la  ville  de  Douai,  ni  aucune 
commune  ne  s’est  adressée  à  moi  sans  avoir  mon  concours  empressé  et  efficace. 

je  demeure  éloigné  des  adversaires  de  nos  institutions  républicaines  qui,  pour  capter 
les  suffrages,  sont  aujourd’hui  groupés  sous  la  bannière  nationaliste,  comme  si  îa  patrie 
notait  pas  le  patrimoine  de  tous,  adversaires  hypocrites,  toujours  dangereux,  qui  se  servent 
de  tous  les  moyens,  même  des  plus  honteux*  pour  arriver  à  leurs  fins.  Je  suis  également 
éloigné  de  ceux  qui,  par  leurs  exagérations,  mèneraient  la  République  à  la  ruine. 

Ma  devise  est  donc  :  Pas  de  réaction,  pas  de  révolution. 

Indépendant  de  toute  attache  et  de  toute  coterie  politique,  je  continuerai  donc  à  neme 
préoccuper  dans  mes  votes  que  des  intérêts  dont  j’aurai  la  garde  et  de  l’intérêt  supérieur  de 
la  République. 

Comme  autrefois,  je  suis  partisan  absolu  du  maintien  et  du  respect  des  lois  constitu¬ 
tionnelles  essentielles  et  fondamentales  de  la  République. 

Je  considère  les  lois  scolaire  et  militaire  comme  intangibles  dans  leur  principe  et  je 
tiendrai  la  main  à  leur  application. 

Un  vote  que  j’ai  émis  dernièrement  à  la  Chambre*,  montre  que  je  suis  partisan  du  ser¬ 
vice  de  deux  ans  pour  sans  exception. 

Partisan  convaincu  de  la  liberté  de  conscience,  je  maintiendrai  avec  fermeté  les  droits 
essentiels  de  l’État,  en  respectant  toutes  les  croyances  et  toutes  les  convictions  religieuses* 

Il  est  nécessaire  de  reviser  la  loi  sur  les  boissons,  qui  pèse  exclusivement  sur  les  habi¬ 
tants  de  la  région  du  Nord,  consomroateois  et  débitante,  et*  dans  l’intérêt  du  fisc  et.  de 
l’hygiène,  je  serai  ^adversaire  convaincu,  et  infatigable  des  bouilleurs  de  cru5  réclamant 
régaiilé  de  tous  les  citoyens  devant  l’impôte 

Ouvriers,  Employés  l 

J’ai  passé  ma  vie  au  milieu  de  vous,  nul  mieux  que  moi  ne  connaît  vos  besoins*  je 
chercherai  tous  les  moyens  pratiques  d’améliorer  la  situation  morale  et  matérialle  des  tra¬ 
vailleurs,  notamment  par  des  mesures  d’assistance  et  de  prévoyance  sociales. 

Instituteurs  et  Membres  de  renseignement  I 

Vous  connaissez  mon  dévouement  à  votre  cause,  je  veillerai  à  îa  réalisation  des  réformes 
nécessaires  à  l'amélioration  de  votre  condition  sociale. 

Cultivateurs  ! 

Je  suis  un  des  vôtres,  je  connais  les  difficultés  d’existence  de  notre  agriculture. 

11  faut  organiser  plus  largement  le  crédit  agricole,  amener  l’établissement  de  Chambres 
consultatives,  analogues  aux  Chambres  de  commerce,  appelées  à  défendre  les  intérêts  des 
cultivateurs. 

Il  faut  créer  des  Caisses  de  retraite  pour  les  vieux  ouvriers  des  campagnes,  comme  pour 
ceux  des  villes. 

Je  suis  partisan  du  dégrèvement  agricole  promis  au  moment  de  l’établissement  des 
droits  de  douane. 

Si,  malgré  mes  votes  personnels,  malgré  Tes-  votes  de  tous  fesj  représentants  du  Nord, 
conformément  aux  conditions  acceptées  en  principe  à  la  conférence  de  Bruxelles,  conditions 
dictées  par  les  pays  producteurs  à  bon  marché,  les  primes  directes  sur  les  sucres  sont 


supprimées  pour  la  campagne  1903,  je  veillerai  à  ce  que  des  mesures  propres  soient  prises 
pour  sauvegarder  les  intérêts  agricoles  et  industriels  qui  se  rattachent  à  la  culture  bette- 
ravière.  11  est  nécessaire  de  supprimer  ou  de  diminuer  largement  l'impôt  de  consomma¬ 
tion,  afin  de  retrouver  sur  les  marchés  français  La  compensation  à  la  diminution  des  sucres 
actuellement  exportés  sur  les  marchés  anglais* 

Je  réclamerai  La  diminution  des  frais  de  dénaturation  des  alcools  et  je  vois  dans 
rutiiisation  de  ces  produits  pour  l'industrie  et  l'éclairage  un  moyen  de  relèvement  delà 
culture  de  la  betterave. 

Industriels  et  Commerçants  I 

Je  poursuivrai  de  tout  mon  pouvoir  les  mesures  propres  à  favoriser  le  développement 
du  commerce  et  de  l'industrie  dans  notre  arrondissement. 

Je  demanderai  le  maintien  et  l'amélioration  de  nos  tarifs  dédouané* 

Je  me  tiendrai,  comme  je  Fai  fait  jusqu'à  présent,  en  rapports  constants  avec  la 
Chambre  de  Commerce  pour  me  faire  Tinte rpète  de  vos  revendications  près  des  pouvoirs 
publics. 

Je  favoriserai  Fextension  des  voies  de  communication,  et  la  création  du  canal  du  Nord 
permettra  de  soutenir  avantageusement  la  concurrence  étrangère. 

Électeurs! 

Depuis  que  je  suis  mêlé  aux  luttes  politiques,  vous  connaissez  mon  dévouement  ;  j'es¬ 
père  que  vous  me  continuerez  votre  confiance. 

Éternelles  ennemies  de  toutes  nos  libertés,  les  réactions  coalisées  relèvent  audacieu¬ 
sement  la  tête  ;  elles  osent  arborer  l’étiquette  républicaine  et  tenter  un  dernier  assaut 
contre  la  République. 

Par  vos  votes,  vous  direz  que  la  démocratie  doit  aller  toujours  au  progrès,  qu'elle  doit 
travailler  à  améliorer  le  sort  des  déhéritês  et  des  humbles. 

Si  vous  me  confiez  une  seconde  fois  l'honneur  de  vous  représenter  à  la  Chambre,  je  me 
montrerai  toujours  digne  de  votre  confiance*  Je  consacrerai  toute  mon  énergie  à  la  défense 
des  intérêts  généraux  du  pays  et  à  celle  des  intérêts  particuliers  de  notre  arrondissement* 
Mon  plus  vif  désir  sera  toujours  de  me  rendre  utile  et  de  faire  le  bien. 

Vive  la  France!  Vive  !a  République  !  * 

François  DEBÈVE, 

Cultivateur,  Député  sortant, 
Vice-Président  du  Conseil  général. 


2e  circonscription  de  DOUAI 

M.  CARDON 

Elu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  7,479  voix* 


Mes  chers  Concitoyens, 

Choisi  à  la  presque  unanimité  par  les  délégués  des  39  communes  de  la  deuxième  cir¬ 
conscription  de  Douai,  pour  porter  le  27  avril  le  drapeau  de  la  République,  je  me  repré¬ 
sente  à  vos  suffrages. 


—  565  — 


N*  J 162 


I?ai  la  conviclion  absolue  d’avoir,  pendant  les  deux  armées  quej’ai  eu  l’honneur  de  vous 
représenter  au  Parlement,  fidèlement  rempli  mon  mandat,  servi  mon  pays,  défendu  les 
institutions  que  la  France  s’est  librement  données. 

Sortie  do  Congrès  républicain,  ma  candidature  ne  peut  prêter  à  aucune  équivoque. 

Je  resterai  le  défenseur  de  la  Constitution  et  de  ses  lois  fondamentales. 

Aussi  éloigné  de  la  réaction  que  de  la  révolution,  je  veux  une  République  ordonnée  et 
vraiment  libérale,  basée  sur  la  justice  égale  pour  tous,  en  même  temps  que  secourable  aux 
faibles,  respectueuse  de  tous  les  droits,  mais  résolument  réformatrice,  économe  de  vos 
deniers. 

Partisan  absolu  de  la  liberté  de  conscience,  je  veux  la  suprématie  du  pouvoir  civil, 
j’ai  voté  et  je  voterai  la  réduction  à  deux  ans  du  service  militaire. 

Je  veillerai  à  ce  que  notre  armée  reste  ce  qu’elle  est  redevenue  aujourd’hui,  plus  forte, 
plus  disciplinée  que  jamais,  prête  à  toutes  les  éventualités. 

j’ai  répudié  et  je  répudierai  l'organisation  d’une  armée  de  mercenaires  qui  seuls  subi¬ 
raient  les  charges  que,  dans  un  État  démocratique,  chaque  citoyen  doit  supporter. 

Travailleurs, 

Mon  concours  sera  acquis  à  toutes  les  réformes  susceptibles  de  donner  plus  de  bien- 
être,  plus  de  jusiiee  aux  humbles. 

j’étudierai  avec  la  plus  grande  attention  les  questions  concernant  la  mutualité  et  l'or¬ 
ganisation  des  Caisses  de  retraites  ouvrières  pour  tous  les  travailleurs  des  villes  et  des 
campagnes,  dont  j’ai  voté  le  principe  dans  la  dernière  législature. 

Mes  efforts  tendront  d’autre  part  à  ce  que  les  charges  en  soient  équitablement  répar¬ 
ties  pour  sauvegarder  la  vitalité  dePindustrie  nationale. 

Les  questions  économiques'  et  commerciales  seront  l’objet  de  tous  mes  soins* 

Cultivateurs, 

Adversaire  résolu  du  privilège  des  bouilleurs  de  cru,  qui  est  la  cause  primordiale  des 
difficultés  que  nous  traversons  aujourd’hui,  je  demanderai  sa  suppression. 

j’ai  voté  et  je  voterai  contre  toute  mesure  tendant  à  établir  une  taxe  différentielle  sur 
les  alcools. 

J’aiderai  de  tout  mon  pouvoir  au  développement  de  l’emploi  pratique  et  peu  onéreux 
de  l’alcool  dénaturé. 

J’examinerai  avec  le  plus  grand  soin  les  conséquences  que  peut  avoir  pour  nous  la 
convention  de  Bruxelles. 

Je  voterai  la  réduction,  puis  la  suppression  totale  de  l’impôt  a  la  consommation  sur  les 
sucres,  en  un  mot  les  mesures  les  plus  favorables  à  notre  région  du  Nord  et  à  son  agricul¬ 
ture. 

A  la  tête  d’une  importante  exploitation  agricole,  je  connais  vos  besoins  et  vos  craintes. 
Je  ne  faillirai  pas  à  mon  devoir. 

Vous  pourrer  comptez  sur  moi  pour  la  défense  de  vos  intérêts,  qui  sont  les  miens. 

Je  n’aurai  garde  d’oublier  les  instituteurs,  les  modestes  employés  elles  petits  commer¬ 
çants  qui  ont  également  droit  à  toute  la  soüititude  du  Parlement, 

Électeurs, 

L’heure  est  grave. 

Toutes  les  réactions  coalisées  montent  à  Passant  de  nos  institutions..  Elles  dénaturent  à 
plaisir  les  causes  de  la  crise  dont  nous  souffrons,  elles  veulent  en  rendre  responsable  la 
République,  alors  que  chacun  sait  que  l'Europe  entière  souffre  comme  nous  du  même  mal. 
Les  droits  et  J  es  conquêtes  que  nos  pères  nous  ont  légués  et  po<ur  lesquels  ils  ont  tant 
combattu,  on  veut  nous  les  arracher. 


N’oublions  pas  que  nous  sommes  Tes  descendants  des  fiers  citoyens  de  1789. 

Apportons  à  la  lutte  toute  notre  ardeur  ;  ta  victoire  définitive  sera  la  récompense  de 
nos  efforts. 

Soyons  unis  aujourd’hui  pour  le  suprême  combat,  demain  pour  la  concorde  et  la  paix, 
pour  la  grandeur  et  la  gloire  de  la  Nation. 

Je  consacrerai,  mes  chers  Concitoyens,  tout  le  dévouement  dont  je  suis  capable  à 
l’œuvre  d’assainissement  moral,  de  raison  et  de  foi  patriotique  à  laquelle  je  vous  convie  au 
cri  de  :  Vive  la  France  !  Vive  la  République  ! 

Armand  GARD  ON, 

Agriculteur,  industriel,  Président  du  Conseil  d’arrondissement, 
Licencié  en  droit,  Délégué  cantonal. 

Membre  de  la  Société  des  Agriculteurs  du  Nord, 
Vice-Président  d'honneur  des  Sauveteurs  du  Nord, 
Député  sortant. 


lca  circonscription  de  DUNKERQUE 

il.  GUiLLAIN 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  10 . Zj66  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Pour  la  troisième  fois,  le  Congrès  des  délégués  républicains  de  la  iro  circonscription  de 
Dunkerque  me  désigne  à  vos  suffrages.  Pour  la  troisième  fois,  je  vous  demande  de  me 
confier  le  mandat  de  défendre  à  la  Chambre  des  Députés  les  intérêts  de  votre  agriculture, 
de  votre  industrie,  de  votre  commerce  et  d’y  servir  les  intérêts  généraux  de  la  France. 

Depuis  plus  de  trente  ans,  vous  me  connaissez.  Je  n’ai  pas  besoin  de  vous  rappeler 
mon  passé  républicain,  ni  les  efforts  que  j’ai  faits,  pendant  cette  longue  période,  en  colla¬ 
borant  constamment  avec  notre  vénéré  sénateur,  M.  -J.-B.  Trystram,  pour  rendre  ce  pays  de 
plus  en  plus  prospère,  pour  en  améliorer  l’outillage  économique  dans  l’intérêt  du  commerce, 
pour  y  attirer  de  nouvelles  industries  et  notamment  celle  des  constructions  navales,  pour 
en  étendre  les  relations  commerciales  à  toutes  les  parties  du  monde,  pour  faire  de 
Dunkerque  un  des  plus  grands  et  dos  meilleurs  ports  de  1  Europe  et  pour  faire  de  Gravelines, 
grâce  au  déclassement  de  son  enceinte,  un  port  de  pêche  actif  et  un  port  de  commerce 
régional,  éminemment  utile  aux  industries  qui  s’y  développent. 

Ces  efforts,  je  les  continuerai  avec  énergie.  L’accroissement  des  moyens  d’action  de 
l’agriculture,  du  commerce  et  de  l’industrie  est  le  premier  facteur  de  l’accroissement  de  la 
richesse  publique  et,  par  suite,  de  l’amélioration  du  sort  des  travailleurs. 

Mais  les  affaires  ne  peuvent  prospérer,  la  richesse  publique  ne  peut  s’accroître,  que  si 
la  concorde  et  l’union  régnent  entre  les  citoyens.  Les  excitations  à  la  haine,  à  l’envie,  à  la 
lutte  des  classes,  qui  sont  les  bases  de  l’action  politique  du  collectivisme,  arrêtent  l’essor 
économique  du  pays.  C’est  pourquoi  je  n’ai  pas  cessé  de  combattre  ceux  dont  les  promesses 
trompeuses  et  les  haineuses  excitations  entraînent  une  partie  des  citoyens  à  l’assaut  de 
l’organisation  sociale. 

C’est  par  l’union  et  non  par  la  lutte  du  capital  et  du  travail  que  les  forces  productives 
du  pays  peuvent  se  développer.  La  prochaine  Chambre  devra  s’attacher  à  faciliter  cette 


—  ;>67  — 


N°  H 62 


union  par  une  bonne  loi  sur  les  Conseils  du  travail,  mais  en  évitant  de  porter  atteinte  au 
droit  du  travailleur  isolé.  C'est  en  respectant  la  liberté  du  travail  en  stimulant  l'activité  de 
Viodustrie,  en  rendant  confiance  aux  capitaux,  c'est  aussi  en  mettant  un  frein  à  l’initiative 
parlementaire  en  matière  de  dépenses  que  Pon  pourra  rendre  à  nos  finances  leur  élasticité 
et  retrouver  après  quelques  années  d'un  régime  réparateur,  des  excédents  de  recettes. 

Il  faut  en  effet,  avant  tout,  de  bonnes  finances  pour  rendre  plus  facile  la  réalisation 
des  réformes  promises  au  pays. 

Au  premier  rang  de  ces  réformes  se  place  ^amélioration  du  sort  des  vieux  travailleurs 
et  des  invalides  du  travail  Cette  amélioration  doit  être  exclusivement  à  la  charge  des 
Pouvoirs  publies  pour  les  plus  malheureux;  j’estime  par  contre  qu'elle  doit,  pour  tous  les 
autres  employés  et  ouvriers  désireux  d'assurer  la  dignité  et  le  bien-être  de  leur  vieillesse, 
résulter  d'un  effort  commun  des  intéressés  et  de  l’État,  en  utilisant  le  concours  des  sociétés 
de  secours  mutuels  largement  subventionnées. 

J'estime  également  que  les  marins  doivent  être  traités,  pour  tous  les  risques  qu’ils 
encourent,  aussi  bien  que  les  autres  catégories  de  travailleurs. 

Notre  agriculture  a  été  gravement  atteinte  par  les  conséquences  de  la  loi  des  boissons. 
Elle  est  encore  gravement  menacée  par  celles  de  la  Conférence  de  Bruxelles  sur  le  régime 
des  sucres.  Les  représentants  du  Nord  à  la  Chambre  des  Députés  devront  poursuivre 
énergiquement  la  suppression  du  privilège  des  bouilleurs  de  cru,  s’opposer  atout  régime 
différentiel  des  alcools,  et  chercher  à  détourner  de  l’industrie  sucrière  et  de  la  culture  de  la 
betterave  la  crise  qui  les  menace. 

Le  pays  est  ïas  des  agitations  stériles.  Il  veut  pouvoir  travailler  en  paix.  11  veut  que  le 
régime  républicain  reste  fidèle  à  ces  principes  de  liberté  et  de  fraternité,  qui  sont  l’essence 
même  de  la  République,  qui  l’ont  rendue  si  désirable  en  187Û,  et  qui  nous  la  rendent  si 
chère  depuis  trente  ans. 

C’est  pourquoi,  tout  eu  proclamant  le  droit  et  le  devoir  de  l'État  d'exercer  son  contrôle 
sur  renseignement  libre,  j’ai  défendu  et  je  défendrai  la  liberté  d'enseignement,  d'accord 
en  cela  avec  les  fondateurs  de  la  République,  qui  Pont  voulue  libérale,  bonne  et  tolérante. 

Tels  sont,  mes  chers  Concitoyens,  les  principes  qui  me  dirigeront,  si,  élu  par  vos 
suffrages,  je  puis  continuer  à  mettre  au  service  des  intérêts  publics  du  pays  toutes  mes 
forces  et  tout  mon  cœur, 

F.  GÜILLAÏN,  Député  sortant, 
Ancien  Ministre. 


2e  circonscription  de  DUNKERQUE 

M.  Henry  COCH1N 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  10.380  voix. 


Messieurs  les  Électeurs, 

Je  viens  vous  demander  le  renouvellement  du  mandat  que  vous  m'avez  confié  déux  fois 
déjà,  en  1893  et  en  1898. 

Depuis  le  jour  ou  j’ai  accepté  l’honneur  et  la  charge  de  vous  représenter,  presque 
neuf  années  se  sont  écoulées  ;  et,  pendant  ccs  neuf  années,  tout  mon  temps,  tous  mes 
efforts,  tout  mon  dévouement  vous  ont  été  entièrement  consacrés,  J*en  ai  été  récompensé. 


—  ses 


presque  chaque  jour,  par  les  témoignages  constants  de  votre  approbation  et  de  votre 
amitié. 

Vous  me  connaissez  donc  bien,  et,  entre  vous  et  moi,  il  n'est  pas  besoin  de  longues 
explications.  La  politique  que  je  servirai  dans  l’avenir,  comme  je  l'ai  servie  dans  le  passé, 
c’est  la  politique  à  laquelle  vous  êtes  attachés  vous-même  dès  longtemps,  en  immense 
majorité,  une  politique  de  concorde  et  d’union,  de  liberté  et  de  patriotisme. 

Car  vous  voulez,  dans  la  République  et  par  la  République,  la  liberté  sincère  et  large, 
la  Patrie  prospère  et  forte,  l’union  de  tous  les  bons  citoyens  sous  les  plis  du  même  drapeau. 

Vous  considérez  que  les  vrais  ennemis  de  la  République  sont  ceux  qui  la  regardent 
comme  la  conquête  d’un  parti,  et  veulent  s’en  assurer  la  possession  par  un  système  de 
tracasserie,  de  persécution  sectaire  et  de  favoritisme.  Cet  esprit  est  celui  de  la  franc- 
maçonnerie,  qui  prétend  gouverner  la  France,  et  violenter  les  consciences;  il  est  celui  du 
collectivisme,  qui  veut  exciter  la  haine  entre  les  classes,  et  la  division  entre  les  enfants 
d'une  même  patrie. 

Ces  deux  sectes  de  violence  et  d'oppression,  qui  n’ont  jamais  eu  la  majorité  dans  le 
pays,  se  sont  momentanément  emparées  du  pouvoir,  grâce  à  leur  audace,  et  grâce  aussi  aux 
faiblesses  et  aux  trahisons  de  quelques-uns  de  ceux  qui  auraient  dû  leur  résister.  Vous 
savez  combien  le  pays  en  a  souffert  dans  ses  intérêts  moraux  et  matériels  et  quelle  dange¬ 
reuse  agitation  en  est  résultée. 

j'ai  confiance  que  les  élections  du  27  avril  marqueront  la  fin  de  cette  étrange  aventure 
et  nous  ramèneront  dans  la  voie  de  la  République  modérée  et  libérale,  que  vous  approuviez 
de  vos  votes  en  1898. 

Vos  élus  devront  donner  leur  appui  le  plus  large  et  leur  collaboration  la  plus  loyale  à 
tout  ministère  qui  s’efforcera  de  rétablir  l’ordre,  de  réparer  le  déficit  financier  et  d’assurer 
au  pays  la  paix  sociale  et  la  liberté.  Et  certes,  l’œuvre  de  la  future  Chambre  pourra  être 
grande  et  belle. 

Dans  l’ordre  matériel,  —  elle  devra  assurer  de  plus  en  plus  la  protection  de  l’agricul¬ 
ture  et  de  l’industrie  nationales,  —  reviser  la  loi  des  patentes  pour  l’encouragement  du 
petit  commerce,  —  défendre  surtout  nos  industries  agricoles,  la  distillerie  et  la  sucrerie, 
aujourd’hui  si  gravement  menacées,  et  la  culture  de  la  betterave  qui  en  dépend,  déve¬ 
lopper  les  emplois  industriels  de  l’alcool. 

Dans  l’ordre  social,  un  grand  devoir  s’impose  à  elle  ;  les  ouvriers  sont  les  premiers 
serviteurs  du  pays,  puisque  leur  travail  incessant  fait  sa  richesse  et  sa  giandeui.  La  rie 
doit  leur  être  assurée,  lorsque  la  vieillesse  ou  l’infirmité  les  atteint,  et  pour  cela  l’État  ne 
peut  établir  aucun  prélèvement  obligatoire  sur  leurs  minces  salaires,  car  ce  serait  un  impôt 
sur  le  travail.  Dans  le  large  développement  de  la  mutualité,  combiné  avec  de  bonnes 
lois  d’assistance,  me  paraît  être  la  solution  du  difficile  problème  des  retraites  ouvrières. 

Dans  l’ordre  patriotique,  nous  témoignerons  notre  amour  et  notre  attachement  a 
l’armée  française,  qui  est  l’organe  vivant  de  la  force  de  la  patrie  et  de  sa  sécurité.  Nous  la 
défendrons  contre  ceux  qui  l’outragent;  nous  la  maintiendrons  au-dessus  de  toute  basse 
suspicion.  Le  service  militaire  est  une  lourde  charge  qui  pèse  également  sur  tous  les 
Français,  et  que  tous  acceptent  dans  un  esprit  de  dévouement  pairiolique.  le  suis  persuadé 
que  le  fardeau  peut  être  allégé,  et  le  temps  de  service  abrégé.  Mais  cette' grave  décision 
doit  être  subordonnée  à  des  mesures  indispensables  pour  assurer  le  recrutement  des  cadres, 
la  discipline  et  la  bonne  instruction  des  troupes. 

Enfin,  dans  l’ordre  spécialement  politique,  nous  mettrons  au-dessus  de  tout  la  liberté, 
prêts,  en  toute  occasion,  à  donner  aux  autres  la  liberté,  comme  nous  la  réclamons  potu 
nous-mêmes.  Tout  homme  qui  respecte  l’ordre  et  ne  viole  pas  les  lois  doit  jouir  de  a 
protection  de  ces  lois;  il  ne  doit  être  contrarié  en  rieu,  ni  pour  ses  opinions,  ni  pour  ses 
croyances,  ni  pour  l’éducation  qu’il  donne  à  ses  enfants,  ni  pour  le  g'  nre  de  vie  qu  il  U1 
plaît  de  mener.  Tels  sont  les  principes  généraux  qui  se  résument  en  ces  mots  :  liberté  in  i- 
viduellc,  —  liberté  communale,  —  liberté  de  conscience,  —  liberté  d’enseignement, 
liberté  d'association. 


—  51)9  — 


N°  1162 


Tel  est  le  programme  que  vous  avez  toujours  acclamé,  que  vous  acclamerez  encore 
le  27  avril. 

Vos  suffrages  nombreux  me  donneront  la  force  de  le  défendre,  et  nous  aurons,  je 
l’espère  fermement,  la  joie  de  le  voir  triompher. 

Je  reste  votre  serviteur  dévoué  et,  permettez-moi  de  l’ajouter,  votre  sincère  ami. 

Henry  COCHIN, 

Maire  de  Saint-Pierrebrouck, 
Député  sortant. 


lro  Circonscription  d'HAZEBROUCK 

M.  LEMIRE 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  9.709  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Depuis  neuf  ans  j'ai  défendu  en  votre  nom  les  idées  de  justice,  d’ordre  et  de  progrès. 
Vous  vouliez  et  j’ai  voulu  avec  vous  une  République  ouverte  à  tous,  respectueuse  des 
droits  de  chacun  et  uniquement  soucieuse  de  la  grandeur  de  la  Patrie. 

A  la  veille  d'un  mandat  nouveau,  vous  demandez  que  votre  représentant  soit  le  défen¬ 
seur  énergique  des  libertés  qui  sont  îe  patrimoine  commun  des  Français  et  le  traditionnel 
honneur  de  nos  Flandres  :  liberté  de  conscience,  libre  pratique  de  ia  religion,  libertés 
d'association  et  d’enseignement. 

Je  ri’ai  jamais  failli,  je  ne  fait  lirai  jamais  à  ce  devoir. 

Vous  demandez  qu’il  soutienne  un  gouvernement  ménager  de  nos  finances,  allégeant 
et  répartissant  avec  équité  la  charge  des  impôts,  admettant  les  citoyens  aux  fonctions 
comme  aux  honneurs  sans  exclusion  ni  tracasserie,  favorisant  les  initiatives  privées  et  les 
entreprises  locales  d’où  résultent  la  prospérité  et  la  force  d  un  pays. 

Cela  encore,  votre  député  Pa  voulu,  l’a  cherché  et  il  s’emploiera  constamment  a 

l'obtenir.  r  . 

Beaucoup  de  réformes  importantes  sont  à  réaliser  :  les  unes  ont  été  étudiées  déjà,  les 

autres  le  seront  bientôt.  L’expérience  acquise  pendant  les  législatures  précédentes  me 
permettra  d'y  travailler  —  si  vous  le  voulez  bien  —  plus  utilement  que  jamais. 

La  France  a  ôté  troublée  par  des  agitations  stériles  et  funestes. 

il  est  temps  de  revenir  à  notre  véritable  esprit  national,  fait  de  bon  sens,  de  tolérance 
et  de  générosité. 

Le  drapeau,  l'armée,  la  république  libérale  et  juste  doivent  être  placés  en  dehors  et 
au-dessus  des  partis. 

Ils  le  seront  par  la  sagesse  et  le  patriotisme  de  tous. 

Les  députés  du  Nord  ont  de  particuliers  et  graves  devoirs  à  remplir  à  l’heure  présente. 
Notre  département  contribue  pour  une  part  très  considérable  au  budget  national. 

En  conséquence,  il  nous  importe  de  vei’ler  à  ce  qu'aucune  inégalité  ne  vienne  alourdir 

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ce  fardeau  et  de  réclamer,  dans  les  travaux  publics  subventionnés  par  l'État,  une  part  qui 
soit  en  rapport  et  avec  nos  besoins  et  avec  nos  ressources," 

Unis  sur  le  terrain  économique,  nous  aurons  à  demandai'  une  seconde  cho>  e  :  que  noire 
agriculture,  si  admirablement  entretenue,  maigre  ses  épreuves,  par  le  labeur  intelligent  et 
tenace  des  habitants  de  nos  campagnes  —  que  notre  Industrie  et  notre  commerce,  qui 
contribuent  si  largement  à  la  prospérité  et  au  bien-être  général  —  jouissent  de  la  protec¬ 
tion,  de  la  sécurité  et  des  garanties  qu’on  doit  au  travail  national,  aux  ouvriers  qui  tn 
vivent  et  aux  finances  qui  en  prospèrent. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Pour  la  première  fuis,  des  théories  qui  tendent  à  la  suppression  de  la  famille,  de  la 
propriété  et  de  la  patrie,  essaient  de  pénétrer  dans  nos  ateliers  et  dans  nos  champs. 

Elles  n’auront  aucune  prise  dans  notre  pays  sage  et  laborieux. 

Pas  plus  au  chemin  de  fer  que  dans  l’usine,  pas  plus  dans  un  bureau  que  dans  une 
exploitation  rurale,  un  n’a  besoin  du  collectivisme  pour  corn  prendre,  soutenir  et  revendiquer 
les  droits  des  travailleurs. 

Vous  saurez  barrer  la  route  aux  utopies  et,  sans  lutte  de  classes  et  tans  trouble  pour  la 
paix  publique,  vous  poursuivrez  les  vraies  réformes  et  les  bienfaisantes  améliorai  Ions, 

Dans  revenir  comme  dans  le  passé,  votre  député  vous  y  aidera  de  tout  son  pouvoir,  de 
toute  soti  énergie. 

Abbé  J.  LEMIRE,  Député  sortant. 


2e  Mandat,  de  1893  a  19Ü2, 

1898 

8  Mai.  —  L’abbé  Lemire  est  réélu  député  de  la  lrfl  circonscription  d’Hazebrouck-Cassel- 
Steenvoorde  avec  2,000  voix  de  plus  qu’en  189 S. 

6  Juin.  —  Son  élection  est  validée  sans  observation, 

23  Juin.  —  Proposition  de  loi  de  Tabbé  Lemire,  présentée  de  concert  avec  soixante  de 
ses  collègues  de  tous  les  partis,  pour  organiser  et  protéger  le  bien  de  famille  contre  la  saisie 
et  ie  .partage  forcé.  Elle  est  prise  en  consi  dération. 

—  La  Chambre  décide  de  se  constituer  en  grandes  commissions  de  .33  membres,  L’abbè 
Lemire  est  nommé  membre  de  Ja  commission  de  ^agriculture*  de  celle  de  renseignement  et 
plus  lard  de  celle  des  associations, 

AouLSeptenibre-Octobre.  —  Vacances, 

25  Novembre.  —  L’abbé  Lemire  dépose  une  proposition  de  loi  reconnaissant  à  tous  le 
libre  droit  d'association,  Elle  est  prise  en  considéra  Lion. 

b  Décembre,  —  Discussion  sur  le  payement  des  salaires  des  ouvriers.  —  Il  demande 
que  ce  payement  ne  puisse  être  fait  là  où  l'ouvrier  est  exposé  h  dépenser  une  partie  de  son 
salaire  :  boutiques  ou  débits.  L'amendement  est  voté. 

7  Décembre.  —  Rapport  de  l'abbé  Lemire,  au  nom  de  la  commission  delà  chasse^  sur 
ses  deux  propositions  tendant,  Lune  à  reconnaître  dans  le  silence  du  bail  le  droit  de  chasse 
au  fermier  et  à  ses  fils  habitant  avec  lui,  et  l’autre  obligeant  les  chasses  réservées  à  être 
déclarées  à  la  mairie  des  terres  pour  éviter  les  procès, 

23  Décembre.  —  Interpellation  sur  la  situation  générale  de  l’Algérie,  —  li  proleste 
énergiquement  contre  un  interrupteur  qui  accusai!  w  les  catholiques  de  ne  pas  faire  leur 
devoir  et  de  ne  pas  payer  Eimpôt  du  sang  n. 


—  871  — 


H°  1162 


1899 


24  Janvier*  —  Muêgeti  des  Affaires  étrangère».  —  L'abbé  Lemire  combat  l'amendement 
pejeante  tendant  à  supprimer  tes  subventions  accordées  aux  écoles  catholiques  d’Qrïent,  Il 
ne  veut  pas  de  Tostradsme  contre  «  les  viem  Français  de  France,  portant  dans  leurs  cœurs 
ces  traditions  de  dix-huit  siècles  de  christianisme  qui  ont  fait  tant  honneur  à  !■  humanité I  » 
L’amendement  Dejeante  est  rejeté. 

27  Janvier.  —  Intérieur,  —  U  abbé  Lemire  plaide  la  cause  des  enfants  assistés.  ïl 
demande  qu’on  tes  place  de  préférence  à  la  rampa -ne  dans  d’honnêtes  familles  ouvrières 
où  ils  goûteront  les  joies  du  foyer  dont  ils  sont  privés  ailleurs, 

81  Janvier,  — -Cultes,  —  II  propose  :  1° d'augmenter  ia  somme  allouée  poursecours  aux 
prêtres  âgés  et  infirmes;  2°  d'autoriser  tes  évêques  à  utiliser,  pour  tes  paroisses  de  nouvelle 
création,  tes  traitements  affectés  aux  paroisses  devenues  .trop  petites.  M.  Dupuy,  ministre, 
promet  d’entrer  dans  celte  voie, 

8  Février,  —  Commerce.  —  M,  Lemire  demande  que  tes  médailles  accordées  aux  vieux 
serviteurs  soient  décernées  par  ordre  d’ancienneté  sans  exception;  et  que  pour  esta  il  sait 
dressé  dans  chaque  département  un  tabteau  que  l’on  consultera  d’oiïtee, 

9  Avril,  —  Marine.  — II  questionne  te  Gouvernement  sur  les  moyens  de  venir  en  aide  à 
la  marine  marchande,  fi  importe,  dit-il,  de  décider  «  si  Ton  verra  longtemps  encore  le  long 
de  nos  rivages  le  spectacle  qui  affiige  notre  patriotisme,  ici  des  rades  désertes,  là  des  chan¬ 
tiers  silencieux,  et  sur  des  points  extrêmes,  quelques  grands  ports  remplis,  comme  des 
hôtelleries  cosmopolites!  par  des  navires  étrangers  »,  Il  combat  le  système  des  primes,  oné¬ 
reux  pour  nm  finances  et  qui  nJa  rien  produit. 

18  Février.  —  Réunion  de  TAssemblée  nationale  à  V^rsuilles  pour  nommer  un  Président 
de  1a  République. 

M,  Émile  Loubet  est  nommé  par  483  voix  à  te  place  de  M.  Félix  Faure,  décédé. 

15  Mars.  —  Postes  et  Télégraphes.  —  M.  Lemire  demande  au  Gouvernement  ;  1*  que, 
dans  l’intérêt  du  personnel,  les  bureaux  de  postes  ne  soient  ouverts  au  public,  les  dimanches 
et  jours  de  fêtes  légales,  que  durant  trois  heures  à  désigner  suivant  tes  localités;  2°  que  tes 
facteurs  ruraux  soient  autorisés  à  recevoir  à  domicile  tes  fonds  pour  mandats  postaux  et  à  tes 
transmettre  ensuite  au  bureau  au  nom  du  mandant;  3°  que  la  franchise  postale  soit  accordée 
aux  indigents  pour  êerfre  au  directeur  de  l’Assistance  publique.  Obtenu. 

16  Mars. — U  propose  d'accorder  aux  facteurs  chargés  de  famille  des  secours  propor¬ 
tionnels  an  nombre  de  leurs  enfants.  Le  Ministre  promet  d’étudier  ces  diverses  réformes 
dont  plusieurs  depuis  ont  été  réalisées. 

23  Mars.  —  Marine. —  Il  fait  adopter  un  amendement  tendant  à  augmenter  les  revenus 
de  la  caisse  de?  invalidas  de  la  marine,  en  lui  attribuant  les  redevances  perçues  pour  conces¬ 
sions  temporaires  à  des  particuliers  des  relais,  de  mer, 

24  Mars.  — Finances ,  —  II  soutient  une  motion  préjudicielle  tendant  à  diminuer  le 
nombre  des  députés  pour  faciliter  les  discussions. 

39  Mars.  —  Amendement  Lemire  pour  que  tes  agents  des  contributions  indirectes  dont 
le  traitement  n’est  pas  supérieur  à  3.3 GO  francs,  touchent,  oomaie  tes  employés  des  douanes 
etdris  postes,  les  deux  tiers  de  leur  traitement  comme  retraite,.  L'amendement  esl  admis  en 
principe, 

8  Juta.  —  Modifications  à  la  loi  suit  les  accidents  du  travail.  —  M.  Lemire  demande  que 
l’on  précise  bien  que  les  accidents  occasionnés  par  les  machines  à  battre  seront  à  te  charge 
de  ceux  qui  exploitent  la  machine  et  non  des.  cultivateurs  chez  qui  elle  travaille,. 

23  Juillet.  —  Proposition  de  loi  ite  ttebbé  Lemire  en  faveur  des  testateurs  et  des  ms- 


—  572  — 

titutrices  titulaires.  Elle  leur  accorde  le  droit  d’être  élus  au  conseil  départemental  de  Tins- 
traction  publique. 

AoûUSeptembre-Octobre.  —  Vacances. 

23  Novembre,  —  Il  dépose  le  projet  de  résolution  suivant  :  <i  La  Chambre  invite  le  Gou¬ 
vernement  à  organiser  un  ministère  du  travail  »,  Quand  la  création  proposée  n  aurait  d’autre 
résultat  que  le  suivant  ;  dans  toutes  les  industries,  la  vie  des  enfants  sera  moins  sacrifiée, 
la  dignité  des  femmes  mieux  sauvegardée  et  les  Intérêts  des  travailleurs  plus  efficacement 

protégés . ce  résultat  suffirait  à  justifier  le  projet  de  résolution  ».  Il  est  voté  parla 

Chambre. 

24  Novembre.  —  Proposition  de  Vabbê  Lemire  afin  que  les  élections  sénatoriales  aient 
lieu  aux  chefs-lieux  de  canton,  pour  éviter  les  frais  de  transport  qui  sont  à  la  charge  des 
contribuables. 

27  Novembre,  —  Affaires  étrangères,  —  U  répond  à  M.  Sembat  qui,  en  proposant  la 
suppression  de  l’ambassade  française  près  du  Vatican,  avait  attaqué  le  catholicisme  et  les 
congrégations. 

30  Novembre.  —  Interpellation  de  M.  Fournière  sur  les  religieuses  du  Bon  Pasteur,— 

Il  réfute  les  calomnies  dont  ces  religieuses  sont  accablées.  Puis,  élargissant  le  débat,  il  invite 
tous  les  députés  à  s'unir  pour  reconstituer  la  famille  qui  est  la  «  cellule  vivante  de  la  société  n. 
Discours  très  applaudi,  un  des  plus  beaux  succès  du  député  d'IIazebrouck. 

il  Décembre.  — Colonies.  —  M.  Lemire  demande  que  le  Ministre  :  1°  vise  à  simplifier 
les  formalités  du  mariage  dans  les  possessions  françaises  de  POuest  africain;  2*  veille  à 
Inexécution  des  lois  qui  abolissent  l'esclavage  et  la  traite  des  noirs.  Il  obtient  satisfaction. 

21  Décembre,  —  Proposition  de  loi  sur  le  travail  des  enfants,  des  filles  mineures  et  des 
femmes,  — M.  Lemire  demande,  au  nom  des  droits  de  l'humanité  et  de  la  famille,  que  «  les 
jeunes  ouvriers  et  ouvrières,  jusqu’à  l'âge  de  dix-huit  ans  et  les  femmes  ne  puissent  être 
employés  à  un  travail  effectif  de  plus  de  soixante  heures  par  semaine  et  de  plus  de  onze 
heures  par  jour,  »  11  préfère  la  réglementation  par  semaine,  plus  flexible,  à  celle  par  jour, 
trop  uniforme. 

1900 

16  Janvier.  —  Chemins  de  fer .  —  Il  demande  :  1°  que,  sur  les  chemins  de  fer  d'intérêt 
local,  les  militaires  aient  le  quart  de  place;  2°  que,  sur  toutes  les  lignes,  il  soit  créé  des  aller 
et  retour  de  toute  gare  à  toute  gare  valables  deux  jours  ;  3°  que,  sur  le  chemin  de  fer  franco- 
belge  (Flaûdre  occidentale),  le  travail  dépassant  douze  heures  par  jour  soit  payé  en  sus  de  la 
journée;  4°  qu'il  soit  essayé  —  pour  prévenir  les  collisions  —  un  système  de  signaux  élec¬ 
triques  eniTe  le3  traîna  en  marche, 

22  Janvier.  —  Beaux-Arts.  Exposition  universelle.  —  Il  demande  que  les  monuments 
de  Paris  soient  ouverts  intelligemment  aux  visiteurs  de  la  province  —  et  que  le  Gouver¬ 
nement  veille  à  l'exécution  de  la  maison-type  du  foyer  moderne  pour  Pouvrier  français. 
Obtenu, 

9  Février,  — Postes.  — Amendement  Lemire  pour  établir  des  «  allocations  de  famüle  u 
au  bénéfice  des  agents  et  sous-agents  qui  ont  plus  de  trois  enfants  au-dessous  de  seize  arife 
et  qui  gagnent  moins  de  2.000  francs.  Il  est  voté  par  311  voix  contre  18 à, 

12  Février.  —  Pi  fiances.  —  M,  Lemire  demande  que  les  préposés  de  F  administration 
des  tabacs  bénéficient  des  mêmes  avantages  que  les  agents  et  sous-agents  des  autres 
administrations  en  ce  qui  concerne  l'avancement  triennal,  l/amendement,  après  pointage* 
est  adopté. 

23  Février.  —  Guerre .  —  M*  Lemire  pose  à  M,  le  Ministre  uoe  question  relative  à  la 
circulation  des  militaires  sur  les  voies  ferrées.  Il  voudrait  que  ceux-ci  obtinssent  la  réduction 


du  part  déplacé  sur  les  chemins  de  fer  d'intérêt  local.  Le  Ministre  promet  désister  près 
de  son  collègue  des  Travaux  publics. 

10  Avril.  —  Proposition  de  loi  de  Pabbé  Lemire  tendant  à  assurer  la  retraite  de  vieillesse 
et  d’invalidité  pour  tous  les  travailleurs,  avec  le  concours  de  l’Etat,  du  patron  et  de  l’ouvrier, 
comme  elle  existe  et  fonctionne  à  la  satisfaction  de  tous  en  Allemagne. 

iü  Avril,  —  Proposition  de  loi  admettant  comme  années  de  retraite  celles  passées  au 
service  de  PÉtat  par  les  demi-soldiers  des  douanes  avant  leur  service  militaire, 

U  Avril.—  Discussion  sur  l'ensemble  du  budget  voté  par  le  Sénat.—  Le  député  d'Haze- 
brouck  prie  îa  Chambre  de  rétablir  le  crédit  des  postes  intitulé  «  Allocations  de  famille  ». 
L'amendement  est  adopté. 

Rejeté  une  seconde  fois  par  le  Sénat,  il  est  voté  une  troisième  fois  par  la  Chambre,  et 
finalement  accepté  par  !e  Sénat  lui-même.  Ce  vote  assure  au  député  du  Word  la  reconnais¬ 
sance  des  représentants  des  facteurs  qui  le  remercient  dans  leurs  journaux  spéciaux. 

G  juillet.  —  Rapport  dePabbê  Lemire  sur  les  diverses  propositions  concernant  le  bien 
de  famille.  Ce  rapport  est  approuvé  par  la  commission  de  l'agriculture, 

Aôût-Septembre-Octobre.  —  Vacances, 

6  Novembre.  —  M.  Lemire  demande  un  tour  de  faveur  pour  son  interpellation  déposée 
!e  31  octobre  au  sujet  de  la  hausse  anormale  du  charbon. 

30  Novembre.  —  11  fait  un  rapport  au  nom  de  la  commission  d'agriculture  sur  le  projet 
du  Gouvernement  favorisant  ïes  caisses  régionales  de  crédit  agricole. 

Décembre.  —  Il  demande  et  obtient,  comme  rapporteur,  la  déclaration  d’urgence  et 
le  vole  immédiat  de  ce  projet  de  loi  accordant  aux  caisses  régionales  de  crédit  agricole  des 
avances  d'argent  qui  pourront  s’élever  à  quatre  fois  le  capital  versé. 

7  Décembre,  —  Beaux-Arts .  —  Dans  un  discours  vivement  apprécié  par  la  Chambre, 
M,  Lemire  demande  au  Ministre  de  décentraliser  l'art  en  adaptant  les  musées  de  province  a 
leur  milieu;  de  faire  en  sorte  que  l’art  soit  pour  le  peuple  «  une  sorte  d’enseignement 
vivant  »;  de  résister  h  la  manie  de  démolition  qui  sévit  en  certaines  villes;  de  veiller  à 
l’harmonie  des  décorations  d  ensemble;  en  un  mot  de  sauvegarder  îe  sens  artistique  du 
peuple  français,  ce  sens  qui  est  fait  de  goût,  de  délicatesse  et  de  convenance. 

a  Et  voilà  pourquoi,  dit-il.  à  certaines  heures,  ce  peuple,  se  réveillant  plus  vite  que  les 
autres  peuples,  voyant  plus  juste  et  doué  d  une  âme  plus  haute,  comprend  ce  que  l’on  doit 
à  ceux  qui  vont  de  par  le  monde,  comme  ce  vieillard  vaincu  et  suppliant  qu’il  saluait  hier 
(le  président  Kruger),  pèlerin  d’une  sublime  espérance  I  » 

17  Décembre.  —  Finances .  —  Il  plaide  la  cause  des  employés  des  douanes.  Il  rede¬ 
mande  :  1°  que  les  deux  ans  des  demi-soldiers  leur  soient  comptés  pour  la  retraite;  2e*  que 
Pindemité  de  résidence  soit  distribuée  d'une  façon  plus  équitable  sur  la  base  des  charges 
de  famille;  3°  que  les  casernements  des  agents  soient  hygiéniques, 

18  Décembre,  —  Même  budget .  —  Il  présente  au  Ministre  plusieurs  vœux  du  personnel 
des  contributions  indirectes  :  lû  l’assimilation  des  employés  qui  ont  fait  leur  service  mili¬ 
taire  sous  le  régime  de  la  loi  de  1872  à  ceux  qui  l’ont  fait  sous  le  régime  de  la  loi  de  1889; 
2°  l'inutilité  de  certains  cautionnements;  3°  la  diminution  des  frais  de  déménagement; 
4°  l'avancement  plus  régulier. 

Même  séance.  —  Il  demande  d'étendre  le  bénéfice  de  l’amnistie  aux  prêtres  privés  de 
leur  traitement.  Le  président  du  Conseil  répond  qu'il  y  sera  procédé  par  mesure  adminis¬ 
trative. 

27  Décembre.  —  L’abbé  Lemire  défend  contre  les  attaques  de  la  gauche  Mgr  Favier, 
l’illustre  évêque  de  Pékin,  et  les  missionnaires  de  Chine.  «  Autant  que  nos  braves  soldats, 
ils  ont  bien  mérité  de  la  patrie,  de  l'humanité  et  de  la  religion,  » 


—  574  — 


1901 

17  Janvier.  — Rapport  de  l'al)bê  Lemire  sur  la  proposition  de  loi  de  M.  Morin  and  etsur 
le  projet  do  Gouvernement  étendant  à  l’Algérie  l’institution  des  caisses  régionales  de  crédit 
agricole. 

Il  demande  l’urgence  et  la  discussion  immédiate. 

Les  conclusions  du  rapport  sont  adoptées. 

28  et  29  Janvier.  —  Discussion  de  la  loi  d1  association.  —  L'abbé  Lemire  dépose  et 
défend  un  contre-projet  dont  il  voudrait  substituer  les  dispositions  à  celles  du  Gouverne¬ 
ment.  Ce  contre-projet,  soigneusement  étudié,  assure  la  liberté  aui  associations  de  per¬ 
sonnes  et  soumet  les  biens  aux  règles  existantes.  11  prononce  à  cette  occasion  un  important 
discours  où  if  réfute  à  fond  le  projet  Trouillot.  11  intervient  ensuite  à  plusieurs  reprises  pour 
essayer  d'améliorer  la  loi,  et  reste  toujours  sur  la  brèche  comme  membre  de  l’oppositMw 
dans  la  commission. 

31  Janvier.  —  11  propose  un  amendement  à  l’article  premier,  afin,  de  permettre  aux 
associations  non  seulement  d’exister,  mais  de  vivre.  Il  est  combattu  par  M.  Trouillot. 

5  Février.  —  Amendement  de  l’abbé  Lemire  à  l’article  5.  Il  demande  que  la  déclaration 
d’association  soit  faite  à  la  mairie  et  non  à  la  préfecture. 

7  Février.  —  Il  prend  part  à  la  discussion  de  l’article  8  sur  les  pénalités. 

26  Février.  —  Il  propose  une  rédaction  nouvelle  de  l’article  10  sur  la  personnalité 
civile. 

Le  rapporteur  trouve  ses  observations  justes  et  la  commission  accepte  le  textede  l’abbé 
Lemire,  qui  est  voté  par  la  Chambre. 

7  Mars.  —  Il  demande  la  suppression  de  l’article  12. 

Après  avoir  combattu  pied  à  pïel  la  loi,  il  voie  contre  l’ensemble. 

29  Mars.  —  Agriculture.  —  11  donne  lecture  et  demande  l’urgence  de  son  rapport  sur 
un  article  du  code  forestier  (affouage). 

Ce  rapport  est  adopté  et  le  texte  (art.  105)  est  voté. 

20  Mai.  —  11  discute  la  loi  sur  les  accidents  du  travail.. 

Il  demande  et  obtient  que  l’indemnité  temporaire  soit  payable  aux  époques  de  paye 
visitées  dans  l’entreprise,  au  moins  tous  les  quinze  jours,  et  au  domicile  de  la  vfetime. 

15'  Juin.  —  Rapport  de  l’abbé  Lemire  sur  l’éligibilité  de  tous  les  instituteurs  an  conseil 
départemental.  La  loi  est  votée  par  1*  Chambre  et  le  Sénat.  L’abbé  Lemire  reçoit  les  félicic 
tâtions  des  instituteurs. 

Survient  ensuite  la  discussion  de  l’importante  loi  sur  les  retraites  ouvrières. 

27  Juin. —  L’abbé  Lemire,  s'appuyant  sur  l’expérience  faite  en  Allemagne,  demande  que 
la  retraite  soit  assurée  à  tous  les  travailleurs,  que  les  caisses  soient  régionales,,  que  le* 
mutualités  et  les  syndicats  aient  les  mêmes  droits  que  les  caisses  officielles.  Il  fait  ensuite 
adopter  plusieurs  amendements1  à  Partiel*  premier  de  la  M. 

Août-Septembre-Octobre.  —  Vacances. 

14  Novembre.  —  Discussion  de  la  loi  Berteaux  sur  le*  agents  des  trains.  L’abbé 
Lemire,  rappelé  à  Hizebreuck  pour  les  funérailles  de  M.  Detehaye,  chef  de  gare,  rectifie 
le  vote  qu’on  lui  a  attribué,  et  déclare  à  YOffieiet  qu’il  n’a  pas  pris  part  au  scrutin,  étant 
absent. 

10  Décembre.  —  M.  l’abbé  Lemire  propose  l’article  additionnel  suivant,  lors  de  la  dis¬ 
cussion  die  la  loi  sur  U  marine  marchande  :  «  la  navigation  entra  la  France  et  ses  colonies 
et  pays  de  protec’orat  ne  pourra  s’effectuer  que  sous  pavillon  français  »,  afin  de  réserver  au 
pavillon  français  le  fret  de  ses  colonies. 


—  373  —  N°  H62 

12  Décembre.  —  J!  prononce  un  important  discours  pour  prouver  que  la  suppression  du 
budget  de3  cultes  n’est  pas  une  mesure  réalisable,  opportune,  ni  même  conforme  à  la  tradi¬ 
tion  républicaine. 

24  Décembre,  —  Il  obtient  le  rétablissement  du  crédit  pour  les  ministres  des  différents 
cultes  aumôniers  des  prison?,  par  341  voix  contre  203. 

t 

1902 

24)  Janvier*  —  M.  l’abbé  Lemire  développe  sou  interpellation  sur  les  conséquences  4e 
la  convention  de  La  Haye  pour  les  nations  civilisées*  (Question  des  Boers.) 

«  Souhaitons  —  dit-il  en  terminant  sou  beau  discours  avec  une  émotion  qui  a  été  par¬ 
tagée  par  tous  les  membres  de  la  Chambre,  selon  la  remarque  de  M-  Léon  Bourgeois,  — 
souliai  ton  s  qu’un  jour  il  vienne  du  fond  de  l’Afrique  clés  messagers  pour  nous  remercier 
d’avoir  aidé  ces  braves  paysans,  ces  guerriers  qui  sont  des  géants,  et  qui  pétrisse  üt  de  leurs 
mains  et  dans  leur  sang  un  grand  peuple*  Et  puissent  tes  messagers  apporter  dans  ce  pays 
le  reconnaissant  témoignage  de  ce  que  nous  aurons  fait  pour  eux! 

«  Qu’ils  disent  que  nous  les  avons  aidés!  Par  notre  cœur?  oui,  nous  sommes  tout  dis¬ 
posés  à  ;e  faire*  Par  notre  bourse?  oui  encore  I  Mais  par  notre  diplomatie?**-  Ah!  messieurs, 
je  le  souhaite  du  fond  de  Pâme,  afin  que  sur  cette  terre  d’Afrique  il  y  ait  auire  chose  que 
des  peuples  exploités  ou  des  peuples  esclaves,  qu’il  y  ait,  grâce  à  nous,,  un  peuple  libre*  » 
(Vifs  applaudissements). 

M,  Fabbé  Leurire  prend  unepart  très  active  à  la  discussion  du  budget  de  '^exercice  1902* 

21  Janvier*  —  Affaires  étrangères *  —  Il  rend  un  hommage  ému  à  la  grande  intelligence 
de  Léon  XIII  et  à  la  fidelité  de  son  amour  pour  ta  France,  et  protesté  contre  les  alléga¬ 
tions  formulées  au  sujet  de  la  réunion  de  Fhippodrome  de  Lille  en  novembre  dernier* 

23  Janvier*  —  Il  répond  à  M*  Dubief,  rapporteur,  qui  accusait  les  missionnaires  de  ne 
pas  enseigner  Je  français  en  Chine,  par  celte  citation  du  Bulletin  de  F  Alliance  française  : 

«  Ou  peut  dire  dTune  manière  générale  que,  dans  toutes  les  provinces  de  la  Chine,  il  est 
possible  de  recevoir  un  enseignement  français;  le  corps  enseignant  existe  :  il  est  constitué 
par  les  missions,  n 

30  Janvier*  —  Agriculture *  —  Crédit  agricole*  M*  Fabbé  Lemire  dit  que  la  commission 
de  Fagriculture  veut  respecter  toutes  les  organisations  existantes  et  tes  faire  participer  tontes 
aux  avances  des  caisses  de  ■  FÉtaf ,  moyennant  qu’elles  acceptent  le  même  contrôle,  (Test 
une  question  d’égalité  et  de  justice* 

4  Février*  —  Commerce *  —  Discussion  générale,  M*  Fabbé  Lemire  soumet  au  Ministre 
trois  observations;  1°  que  l'inspection  du  travail  soit  décentralisée  ;  2e  que  la  législation 
sur  les  habitations  ouvrières  soit  modifiée  en  ce  qui  concerne  les  droits  de  mutation; 
3Q  que  les  subventions  aux  sociétés  de  production  et  de  crédit  soient  données  sous  forme 
d'avances* 

Le  Ministre  promet  satisfaction  sur  ces  trois  points. 

h  Février*  —  M,  Fabbé  Lemire  demande  que  les  médailles  aux  vieux  ouvriers  soient 
accordées  sans  retard* 

10  Février*  —  Justice.  —  M*  Fabbé  Lemire  rappelle  à  la  Chambre  que  le  rapport  sur  les 
propositions  de  loi  relatives  aux  biens  de  famille  et  au  homestead  est  prêt  et  demande  gu#i[ 
soit  discuté  par  la  Chambre* 

11  demande  que  les  tarifs  des  greffiers  de  la  justice  de  prix  soient  révisés  dans  le  plus 
bref  délai  par  mesure  administrative*  Il  obtient  du  Garde  des  sceaux  une  déclaration 
favorable* 

11  Février.  —  11  obtient  Je  rétablissement  du  crédit  pour  le  culte  dans  les  maisons 
d  éducation  de  la  Légion  d'honneur* 


—  576  — 

12  Février.  -  U  demande  le  maintien  à  l’ordre  du  jour  de  la  proposition  do  loi  relative 
au  repos  hebdomadaire. 

17  Février. --  Cultes.  -  M.  l’abbé  Lemire  combat  le  projet  de  résolution  de  M.  Dejeante, 
qui  voulait  enlever  aux  séminaires  la  gratuité  de  leurs  locaux. 

18  Février.  —  Instruction  publique.  —  Enseignement  primaire. 

M.  l’abbé  Lemire  pose  au  Ministre  quatre  questions  ;  ■l"  que  le  certificat  e  u  es  soit 
modifié  ou  remplacé,  car  il  entraîne  un  surmenage  pour  les  enfants;  2“  qu  on  ne  néglige 
pas  dans  les  écoles  les  idiomes  locaux  et,  à  ce  sujet,  il  défend  la  beante  et  utilité  de  a  angue 
flamande;  3° qu’on  accorde  aux  instituteurs  les  allocations  de  famille;  h°  que  les  instituteurs 
soient  libres  de  chanter  au  lutrin  le  dimanche, 

20  Février  —  Finances.  — 11  demande  que  les  indemnités  de  résidence  soient  données 
aux  douaniers  dans  les  localités  qui  étaient  autrefois  des  villages  et  qui  sont  devenues  des 
villes,  et  que  les  logements  appartenant  à  des  particuliers  soient  améliorés,  il  demande 
que  le  cautionnement  soit  supprimé  pour  les  agents  des  contributions  indirectes  non 
comptables  et  que  les  préposés  aient  droit  à  un  plus  grand  nombre  de  places  dans  a  section 

des  commis. 

Satisfaction  est  accordée  sur  ces  deux  points. 

11  demande  si  les  préposés  des  manufactures  de  tabacs  sont  ouvriers  ou  fonctionnaires; 

s’ils  peuvent  ou  non  se  syndiquer. 

Le  Ministre  répond  qu’ils  sont  fonctionnaires. 

21  Février.  -  Marine. -Amendement  de  M.  l’abbé  Lemire  tendant  au  rétablissement 
du  crédit  affecté  au  personnel  religieux.  11  est  voté  par  302  voix  contre  202. 

25  Février, _ Guerre.  —  Amendement  de  M.  l’abbé  Lemire  tendant  au  rétablissement 

des  crédits  affectés  au  culte  et  au  service  hospitalier  des  établissements  militaire*.  Est  vot 
par  326  voix  contre  109.  Cet  amendement,  qui  maintient  les  aumôniers  dans  les  croies  e 
les  hôpitaux,  et  les  sœurs  dans  tons  les  hôpitaux  militaires  de  France,  constitue  une  ecision 
de  principe  qui  entraîne  le  vote  de  plusieurs  crédits  très  importants, 

3  Mars.  —  Amendement  de  M.  l’abbé  Lemire  relatif  aux  crédits  pour  les  aumôniers  des 
établissements  pénitentiaires  dans  les  colonies.  Est  voté  comme  le  précédent. 

9  Mars.  -  Loi  de  Finances.—  Texte  relatif  aux  fonctionnaires  de  l’enseignement  public 
détachés  dans  des  établissements  ayant  un  caracière  confessionnel.  Question  du  collège 
Stanislas.  L’abbé  Lemire  et  M.  Aynard  combattent  le  texte  du  Gouvernement  et  de  la  Com¬ 
mission  du  budget. 

Mars. _ Il  prend  part  à  la  discussion  de  la  loi  sur  le  repos  hebdomadaire  et  fait  remar¬ 

quer  que  le  dimanche  sera  la  jour  habituellement  choisi  pour  le  repos,  quand  bien  même  i 
ne  serait  pas  inscrit  dans  la  loi. 


2S  circonscription  d’HAZEBROUCK 

M.  PL1CHON 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  10 .036  voix. 


Messieurs  les  Électeurs  et  chers  Compatriotes, 

Depuis  plus  de  12  ans,  votre  confiance  m’a  chargé  du  grand  honneur  de  vous  repré¬ 
senter  à  la  Chambre  des  Députés,  ,  nt  l,imnor- 

le  vous  remercie  une  fois  de  plus  d’une  pareille  preuve  de  sympathie,  dont  I  unpui 

tance  n?a  d’égale  que  la  fidélité. 


—  577  — 


N°  1162 

Je  me  présente  devant  vous  à  nouveau,  apportant,  comme  gage  de  mon  dévouement  à 
défendre  vos  intérêts,  ma  conduite  passée. 

C’est  sur  ïes  actes  qu’on  juge  les  hommes. 

Vous  direz  si  j’aî  bien  servi  votre  cause. 

Inutile  de  vous  faire  des  promesses,  car  vous  savez  que  je  ne  suis  paë  de  ceux  qui 
changent  de  visage  ou  d’attitude. 

Député  de  la  2e  circonscription  d’Hazebrouck,  je  n’appartiens  à  aucune  commune  en 
particulier,  et  je  défends,  dans  la  mesure  de  mes  forces,  les  intérêts  de  chacune  d’entre 
elles,  consacrant  à  toutes,  mon  activité,  mes  forces,  ma  bonne  volonté. 

Mon  concours,  on  le  sait,  est  acquis  à  tous,  et,  si  j’ai  des  adversaires,  Je  n’ai  pas  d'en¬ 
nemis. 

Ce  que  j'ai  été  hier,  j^e  le  serai  demain. 

J'ai  donné  au  Gouvernement  de  la  France  le  concours  le  plus  loyal  et  le  plus  désinté¬ 
ressé,  n'épargnant  ni  mon  temps,  ni  mon  travail,  ni  ma  peine,  mettant  à  son  service,  et 
pour  le  seul  bien  de  mon  pays,  tout  mon  dévouement. 

Au  point  de  vue  politique  : 

J’ai  combattu  de  toutes  mes  forces  la  loi  inique  sur  les  associations,  qui,  au  lieu  de 
donner  la  liberté  à  tous,  l’enlève  à  quelques-uns  ;  elle  constitue  le  premier  acte  de  la  cam¬ 
pagne  entreprise  pour  la  déchristianisation  de  la  France,  suivant  l’expression  même  de  nos 
adversaires,  et  représente  la  première  application  légale  de  la  doctrine  collectiviste,  par 
l’expropriation  et  la  vente  des  biens  des  congrégations. 

Au  point  de  vue  militaire  : 

J’ai  lutté  avec  succès  en  faveur  de  la  création  d’une  armée  coloniale,  supprimant 
l’envoi,  sous  des  climats  meurtriers,  de  nos  jeunes  soldats,  et  j’ai  soutenu  la  réduction  du 
service  militaire  à  un  an  pour  tous,  afin,  en  rétablissant  l'égalité,  d’alléger  les  charges  qui 
pèsent  sur  le  peuple,  au  moyen  d’un  noyau  permanent  de  rengages  assurant  le  recrutement 
des  cadres  et  le  complet  des  effectifs. 

L’armée  est  la  grande  famille  à  laquelle  nous  appartenons  tous.  Nous  l’aimons  et  nous 
ïa  respectons;  ceux  qui  l’attaquent  odieusement  atteignent  chacun  d’entre  nous! 

Au  point  de  vue  social  ; 

Vivant  au  milieu  des  ouvriers,  dont  je  connais  et  j’admire  le  dur  labeur,  j'ai,  il  y  a  plu¬ 
sieurs  années  déjà,  déposé  un  projet  en  faveur  des  retraites  pour  les  travailleurs,  et,  cette 
année  même,  afin  d’aboutir  tout  de  suite,  j’ai  demandé  que  ces  retraites  soient  basées  sur 
une  large  extension  des  sociétés  de  secours  mutuels,  et  sur  la  répartition  annuelle  des 
cotisations  projetées  en  faveur  des  retraites. 

Convaincu  que  la  richesse  d’un  pays  et  l'amélioration  du  sort  des  classes  laborieuses 
ne  peuvent  provenir  que  d’une  entente  loyale  du  capital  et  du  travail,  j’ai  lutté  énergique¬ 
ment  contre  les  fauteurs  de  trouble,  qui,  bien  abrités  eux-mêmes  contre  les  conséquences 
de  leurs  excitations,  provoquent  la  guerre  des  classes,  au  risque  de  plonger  l’ouvrier  dans 
la  misère  par  des  grèves  prolongées,  et  de  faire  de  la  France,  comme  hier  de  l’Espagne,  un 
champ  de  bataille  sanglant. 

Au  point  de  vue  financier  : 

Comme  membre  de  la  Commission  du  budget,  je  me  suis  opposé  au  projet  ruineux  du 
rachat  des  chemins  de  fer  par  l’État,  qui  coûterait  trois  milliards  pour  constituer  un  nouveau 
monopole  l  tandis  que  j’ai  contribué  à  faire  aboutir  le  projet  sur  la  création  des  grands 
canaux,  qui  assureront  un  nouveau  développement  à  notre  industrie  du  Nord,  à  notre  bateW 
lerie  et  à  nos  constructeurs  de  bateaux# 


73 


—  378  — 


Au  point  de  vue  économique  et  agricole  : 

j’ai  provoqué  et  défendu  à  la  tribune,  pour  obtenir  le  relèvement  des  produits  agri¬ 
coles,  tous  les  moyens  de  nature  à  remédier  à  la  crise  actuelle.  l’ai  soutenu  toutes  les  me¬ 
sures  propres  à  la  protection  de  l’élevage. 

J’ai  lutté,  avec  l’énergie  que  vous  me  connaissez,  contre  le  privilège  des  bouilleurs  de 
cru,  la  taxe  différentielle  sur  les  alcools  et  l’injuste  loi  sur  les  boissons,  qui,  faisant  payer 
au  Nord  la  rançon  du  Midi,  tue  nos  débitants  sous  le  poids  de  la  licence,  dégrève  le  vin,  et 
augmente  l’alcool  qui  est  nécessaire  à  nos  populations  laborieuses  sous  un  climat  froid. 

°  La  sucrerie  est  gravement  atteinte,  la  distillerie  grandement  menacée;  partout  la  bet¬ 
terave  est  compromise. 

Nous  avons  obtenu  le  dégrèvement  de  l’alcool  industriel  ;  il  faut  encore  abaisser  son 
prix  de  dénaturation. 

Les  céréales  se  vendent  à  un  prix  dérisoire. 

De  tous  côtés  la  culture  est  atteinte;  elle  doit  s’unir  pour  soutenir  la  lutte. 

L’ agriculture  donne  à  la  France  son  argent  pour  le  Trésor,  ses  enfants  pour  la  dé¬ 
fendre  :  elle  a  droit  à  la  vie;  pour  vivre,  il  faut  qu’elle  soit  protégée. 

Voilà  ce  que  j’ai  fait. 

C’est  ce  que  je  continuerai  à  faire,  sur  le  terrain  de  la  République,  si  vous  me  renou¬ 
velez  encore  votre  confiance,  continuant  à  donner  à  mon  pays  tout  ce  que  j’ai  de  courage, 
de  force  et  d’intélligenee. 

La  France  demande  la  tranquillité  pour  travailler. 

Elle  demande  la  liberté, 

C7esten  son  nom  que  nous  luttons  ; 

Liberté  de  penser. 

Liberté  de  conscience. 

Liberté  d’enseigneraenu  \ 

Liberté  dissociation. 

Liberté  du  travail. 

Avec  la  liberté,  la  France  sera  forte  et  grande,  et  c’est  pour  la  conquérir  que  doivent 
3'unir  tous  ses  enfants. 

Vive  la  France  ! 

Jean  FLICHON,  Dépoté  sortant, 
Conseiller  général,  Ingénieur  civil. 


lre  circonscription  de  LILLE 

M.  BÀRROIS 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  10,323  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Vous  m’avez  confié,  il  y  a  quatre  ans,  l’honneur  de  représenter  au  Parlement  la  pre¬ 
mière  circonscription  de  Lille.  Fort  du  devoir  accompli,  je  sollicite  aujourd’hui  le  renouvel- 
lemeot  de  mon  mandat. 

Vous  savez  dans  quelles  conditions  je  me  présentais  en  1898  à  vos  suffrages.  Républi- 


—  37b  — 


N»  1162 


caiu  convaincu,  mais  partisan  d'une  République  large,  habitable  à  tous,  accueillante  aux 
bonnes  volontés  sincères  et  aux  concours  loyaux,  j'entendais  être  le  représentant  de  tous 
les  républicains  sages  et  modérés,  unis  dans  la  pensée  de  combattre  le  péril  socialiste,  de 
sauvegarder  les  libertés  qui  sont  Pessence  même  de  notre  régime,  d'assurer  en  un  mot,  ie 
triomphe  des  idées  d’union,  de  tolérance  et  de  paix. 

Je  vous  promettais  aussi  de  veiller  à  la  protection  des  intérêts  de  notre  industrie,  de 
notre  commerce  et  de  notre  agriculture,  intérêts  qui  sont  indissolublement  liés  à  ceux  de 
nos  laborieuses  populations, 

Tai  conscience  d'avoir  tenu  ma  parole,  et  c'est  pour  cela  que  j'ai  toujours  refusé  ma 
confiance  au  Ministère  actuel,  qui  a  bouleversé  les  traditions  du  parti  républicain  en  intro¬ 
duisant  un  collectiviste  dans  les  conseils  du  Gouvernement,  dont  les  actes  politiques  frois¬ 
saient  nos  aspirations  de  liberté,  d’égalité  et  de  fraternité,  et  dont  le  régime  économique 
tendait  a  provoquer  la  ruine  financière  de  notre  département  du  Nord. 

C'est  à  cette  attitude  que  je  resterai  fidèle  si  vous  m’envoyez  de  nouveau  siégera  la 
Chambre,  demeurant  inébranlablement  attaché  h  la  défense  de  toutes  no3  libertés.  Et  j'ai 
le  droit  de  dire  que  vous  trouverez  dans  mon  passé  des  garanties  qui  vaieni  mieux  que 
toutes  les  promesses. 

Je  poursuivrai  de  toutes  mes  forces  la  solution  pacifique  des  questions  sociales  que  j'aî 
pu  étudier  de  près  dans  la  Commission  du  travail. 

Je  reste  partisan  des  Caisses  de  retraites  pour  les  vieux  travailleurs,  et  fervent  adepte 
des  œuvres  de  mutualité. 

Adversaire  résolu  de  la  loi  sur  les  boissons,  je  veux  l’égalité  de  tous  les  citoyens  devant 
l’impôt  et  repousserai  énergiquement  toute  taxe  différentielle  sur  les  alcools, 

j'apporterai  aussi  toute  mon  attention  dans  l'examen  des  nouveaux  projets  de  loi  sur  le 
régime  des  sucres,  qui  semblent  menacer  la  culture  de  la  betterave. 

Le  budget,  en  déficit  indéniable,  commande  nne  stricte  économie;  je  combattrai  donc, 
â  moins  d'urgente  nécessité,  toute  dépense  qui  ne  serait  pas  compensée  par  une  ressource 
correspondante. 

Je  suis  prêt  h  accepter  les  mesures  propres  à  assurer  progressivement  la  réduction  des 
charges  du  service  militaire,  à  la  condition  que  toutes  les  précautions  soient  prises  préala¬ 
blement  pour  assurer  l'intégrité  de  la  défense  nationale*.  Car  je  veux  Farmée  forte,  res¬ 
pectée  au  dedans  comme  au  dehors,  à  Cabri  de  toutes  les  querelles  et  de  toutes  les  attaques 
des  partis. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Vous  m'avez  toujours  trouvé  prêt  à  marcher  à  votre  tête  lorsqu'il  s'est  agi  de  com¬ 
battre  les  funestes  théories  qui  font  de  la  lutte  des  classes  la  base  essentielle  dateur  r 
programme,  ou  de  repousser  ces  doctrines  internationalistes  à  Faide  desquelles  on  tente 
d'amoindrir  dans  le  cœur  des  ouvriers  le  respect  et  Famour  que  tout  citoyen  doit  à  sa 
.  patrie. 

11  y  a  quelques  jours  à  peine,  nous  enlevions  une  des  dernières  redoutes  du  collecti¬ 
visme;  il  faut  aujourd’hui  compléter  la  défaite  du  parti  révolutionnaire. 

En  avanî,  pour  la  France  et  pour  la  République* 

Théodore  BARROIS,  Député  sortant, 


2*  circonscription  de  LILLE 

M.  LOR1HIÛ1S,  décédé,  remplacé  par  M.  BONTE, 


Voy*  Elections  partielles. 


—  H80  — 


31'  circonscription  de  LILLE 
M.  DELORY 

Élu  au  2°  tour  de  scrutin,  —  8,908  voix. 


Aux  Électeurs  des  trois  circonscriptions  de  Lille. 

Citoyens, 

C’est  avec  la  même  confiance  en  la  conscience  du  suffrage  universel  acquis,  dans  vos 
trois  circonscriptions. de  Lille,  aux  idées  sincèiement  républicaines  et  franchement  socia- 
listes  que  le  Parti  Ouvrier  -  ce  parti  de  classe  qui  siège  depuis  1896  grâce  a  vous,  a 
l’Hôtel  de  Ville,  où  il  n’a  forfait,  ni  au  devoir,  ni  à  l’honneur  -  se  représente  devant  vous, 
avec  ses  trois  candidats  qui  sont  les  citoyens  Delory,  maire  de  Lille,  et  deux  de  ses  adjoints, 

Louis  Dupied  et  Beuri  Ghescjuière.  ,  T 

Ces  trois  candidats,  qui  peuvent  toujours  mettre  leur  vie  piivèe  et  publique  a  1  epreuve 
même  de  la  plus  injuste  criiique,  sont  de  ceux  qui  honorent  la  classe  ouvnete,  dont  ils 
sont  et  à  laquelle  ils  appartiennent  par  leur  origine  et  leur  humble  condition  sociale. 

Administrant,  non  sans  intelligence-  et  avec  la  plus  scrupuleuse  probité,  une  grande 
cité  une  ville  de  plus  de  deux  cent  mille  habitants,  aux  considérables  besoins  d  industrie 
et  d’hvgiène,  réclamant  les  grands  travaux,  tles  réjouissances  publiques,  les  moyens 
d’échange  et  de  transport,  la  propreté  et  les  embellissements  nécessaires  a  sa  vitalité  et  a 
sa  renommée  de  capitale  de  la  Flandre,  Delory,  Dupied  et  Ghesquière  ont  établi  des  budgets, 
coopéré  ,à  la  création  des  ressources,  manié. des  millions,  pour  donner  satisfaction  aux 
grands  intérêts  de  notre  ville,  et  ils  sont  restés  honnêtes  et  pauvres. 

La  mauvaise  foi  de  nos  adversaires  —  qui  sont  à  la  fois  nos  ennemis  politiques  et  nos 
ennemis  de  classe  —  ne  respecte  pas  cette  conduite  exemplair;  ils  savent  que  la  calomnie 
est  une  arme  perfide,  qui  laisse  toujours  les  traces  de  son  venin,  et  ils  accusent  nos  trois 
candidats  d’avoir  fait  fortune  aux  dépens  des  contribuables,  vivant  à  présent,  en  bons  boui- 
geois,  de  la  sueur  du  peuple. 

Ce  sont  ces  corrupteurs  de  consciences,  ces  acheteurs  de  traîtres  a  leur  parti  et  a  leur 
classe  qui  vinrent  en  1892,  au  siège  de  la  section  lilloise  du  Paru  Ouvrier  Français,  offrir  a 
notre  parti  la  mairie,  vingt  mille  francs  et  le  payement  des  frais  électoraux,  si  nous  voulions 
nous  coaliser  avec  eux,  c’est-à-dire,  nous  vendre  in  globo,  en  masse,  ensemble;  ce  sont  ces 
industriels  arrogants,  qui  se  livrent  en  temps  d’élection  à  la  pire  démagogie,  traînant  e 
cabaret  en  cabaret,  à  la  remorque  des  électeurs  qu’en  d’autres  temps  ils  traiien  d  alcco  - 
ques,  qui  osent  accuser  dans  leurs  parlottes,  nos  élus  et  particulièrement  nos  candidats,  de 
vivre  au  détriment  d©  la  classe  ouvrière. 

Certes,  ils  se  gardent  bien  de  venir  dans  les  réunions  publiques  .  affirmer  leurs  in¬ 
famies,  car  ils  savent  bien  que  ni  les  socialistes  ni  leurs  porte-drapeau  ne  sont  à  vendre; 
que  ce  n’est  pas  notre  parti  qui  fournit  à  la  tyrannie  patronale  les  «  jaunes  »,  dont  elle  a 
besoin  pour  diviser  la  classe  ouvrière  et  retarder  ainsi  son  heure  d’émancipation. 

Apprenez,  Citoyens,  si  vous  ne  le  savez  déjà,  que  le  Maire  socialiste  ne  touche  que 
7.500  francs  de  frais  de  représentation  et  que,  là-dessus,  il  doit  faire  des  dons  de  bieniai- 
sance  et  des  secours  de  toutes  sortes,  travaillant  plus  que  le  député  Barrois  qui  tout:  ie 
9.000  francs  de  traitement,  sans  compter  ses  15.000  francs  au  moins  d’administrateur 

la  régence  minière  d’Anziu.  , 

Tout  le  monde,  à  Lille,  sait  que  le  Maire  actuel  est  presque  toujours  a  la  mairie,  s  occ 


N°  1  !  62 


—  581  — 

1É  ia  marche  de  tous  les  services  municipaux,  tandis  que  son  prédécesseur,  M.  Géry~ 
Legrand,  rentier,  propriétaire,  qui  en  était  presque  toujours  absent,  touchaitune  dizaine  de 
roiîle  francs  sur  différents  crédits  et  avait  en  plu?,  son  traiiement  de  sécateur,  c’e^t-à-dire 

ses  25  francs  par  jour. 

Des  élus  bourgeois,  on  trouve  cela  tout  simple  qu’ils  soient  payés  et  bien  payés  ;  mais 
on  voudrait  que  les  élus  ouvriers  soient  obligés  de  remplir  leur  mandat  pour  rien  ou  de 
résigner  les  fonctions  électives. 

G>e&t  bien  ce  que  voudrait  la  réaction  capitaliste  et  cléricale. 

En  outre,  pour  quelques  places  dont  disposent  les  élus  ouvriers  dans  les  sej vices 
publics  de  la  ville,  on  leur  reproche  de  caser  les  «  frères  et  amis  ». 

Mous  ferions  évidemment  plaisir  à  nos  adversaires  si  nous  allions  chercher  les  ouvriers, 
employés,  agents  et  fonctionnaires  dont  nous  pouvons  avoir  besoin  parmi  leurs  agents  élec¬ 
toraux,  tandis  que  nous  laisserions  mourir  de  faim  et  de  froid  ceux  des  nôtres  que  les 
patrons  chassent  de  leurs  bagnes  parce  qu’ils  sont  syndiqués  ou  socialistes. 

Comme  ce  serait  logique  !  Est-ce  que  M.  Motte,  le  nouveau  maire  de  Roubaix,  hésite  à 
révoquer  tous  les  socialistes  qui  tiennent  des  emplois  municipaux?  Vous  êtes  donc  bien  des 
fumiste?,  MM,  les  cléricaux  I 

INon,  citoyens,  vous  ne  vous  laisserez  pis  circonvenir  par  les  calomnies  intéressées  de 
ceux  qui  voudraient  le  prêtre  dans  l'école,  dans  l’atelier  et  dans  le  foyer  du  pauvre,  pour 
opprimer  la  liberté  de  conscience;  non,  vous  ne  vous  laisserez  pas  intimider  par  la  peur 
dû  spectre  rouge  que  les  cléricaux  agitent  pour  mieux  parvenir  à  nous  imposer  le  drapeau 
jaune  du  pape  et  le  drapeau  tricolore  avec  l’emblème  du  Christ;  non,  vous  ne  voterez  pas 
pour  ceux  qui  se  disent  républicains  pour  mieux  s’emparer  du  gouvernement  et,  selon 
Impression  de  Cassagnac  :  «  étrangler  la  gueuse  de  République  ». 

Vous  continuerez  votre  confiance  aux  candidats  du  Parti  ouvrier  qui,  à  1  Hôtel  de  Ville, 
ont  coopéré  à  l’établissement  des  cantines  scolaires,  à  l’œuvre  des  cuisines  populaires,  à 
l’organisation  régulière  des  refuges  d’hiver  et  de  l’asile  de  nuit,  aux  réformes  hospita- 
Hères,  à  l’augmentation  des  secours  du  bureau  de  bienfaisance,  au  développement  des 
œuvres  de  mutualité,  à  la  laïcisation  du  dispensaire  du  Vieux-Lille,  aux  pensions  de  vieil¬ 
lesse  à  domicile,  aux  voyages  et  colonies  scolaires,  à  l’envoi  des  enfants  tuberculeux  aux 
sànatoria  maritimes,  au  sou  de  poche  des  vieillards  et  incurables  hospitalisés,  à  toutes  les 
œuvre^d5 assistance  publique  et  privée  essentiellement  de  solidarité  sociale,  faisant  porter 
la  part  d’assistance  de  la  Ville  à  plus  d’un  million,  sans  avoir  créé  d’impôts  nouveaux. T  ■ 
fc^Yotig  voterez  pour  les  candidats  socialistes,  parce  qu’ils  furent,  au  Conseil  général 
notamment,  d’où  une  coalition  sans  nom  et  sans  lendemain  les  a  tait  sortir,  les  énergiques 
défenseurs  des  intérêts  de  la  Ville  de  Lille,  de  ileur  canton  respectif  et  des  intérêts  du 
travail. 

flos  candidats  sont  de  ce  Parti  qui  ne  faillit  pas  à  ses  promesses,  qui  respecte  ses 
engagements,  qui  cherche  et  pousse  à  l’émancipation  des  travailleurs  par  les  travailleurs 
eux-mêmes. 

Ils  seront  à  la  Chambre  des  Députés,  si  vous  les  y  envoyez  siéger,  les  représentants 
de  leur  classe  ;  ils  siégeront  dans  l’opposition  de  gauche,  réclamant  des  réformes  de  la 
majorité  bourgeoise,  protestant  contre  l’emploi  de  l’année  dans  les  grèves  et  autres  conflits 
entre  le  travail  et  le  capital,  soutenant  ou  combattant  les  gouvernements  suivant  Hntèrét 
du  prolétariat  sans  participer  aux  combinaisons  ministérielles,  et  s  opposant  à  la  tribune 
st  par  le  vote  à  l’établissement  de  budgets  qui  auront  pour  effet  de  prolonger  la  domina¬ 
tion  capitaliste. 

Telle  sera  leur  ligne  de  conduite! 

Citoyens  électeurs, 

Il  ne  tient  qu’à  vous  de  bien  voter,  de  voter  pour  la  défense  de  vos  droits  et  de  vos 
intérêts. 


—  582  — 


Si  vous  votez  pour  les  candidats  du  parti  qui  veut  ia  véritable  République,  de  cette 
République  qui  transformera  la  propriété  capitaliste  en  propriété  collective  ou  sociale  et 
mettra  ainsi  les  producteurs  en  possession  de  leurs  moyens  de  production  et  d’existence 
toute  de  bien-être  et  de  liberté,  et  si  la  France  ouvrière  et  paysanne  sait  suivre  votre 
exemple,  ce  sera,  à  bref  délai,  la  libération  ouvrière  sans  révolution  violente,  sans  barri¬ 
cades,  sans  attentats  anarchistes,  sans  grève  générale. 

Vous  voterez  donc  en  masse,  le  27  avril,  jour  libérateur,  si  vous  savez  le  vouloir,  pour 
les  citoyens  : 

Louis  J)U  PIED,  candidat  de  la  lre  circonscription  de  Lille. 

II.  GHESQ1JIÈRE,  candidat  de  la  2°  circonscription  de  Lille. 

G.  DELORY,  candidat  de  la  3°  circonscription  de  Lille. 

Aux  urnes!  Pas  d’abstentions! 

Vive  le  Parti  ouvrier!  Vive  la  République  sociale  ! 


4fi  circonscription  de  LILLE 
M.  DANSETTE 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  8.402  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Voici  l’heure  où  le  suffrage  universel  va  juger  ses  élus. 

Jamais  situation  politique,  économique  et  financière  ne  fut  plus  inquiétante. 

Depuis  trois  ans  que  le  ministère  Waldeck-Rousseau  gouverne  avec  le  concours  des 
radicaux  et  des  socialistes-révolutionnaires,  il  n’est  pas  une  liberté  qui  n’ait  été  violée,  pas 
un  intérêt  matériel  qui  n’ait  été  compromis  ou  menacé. 

Vous  connaissez  son  œuvre,  elle  se  résume  en  quelques  mots  : 

Désorganisation  do  l’armée; 

Atteinte  au  droit  d'association  par  l’exclusion  des  congrégations  religieuses  du  droit 
commun  ;  menaces  contre  les  droits  des  pères  de  famille  par  des  projets  de  monopole  uni¬ 
versitaire  ; 

Déficit  dans  le  budget; 

Vote  de  la  loi  des  boissons  qui  ruine  le  Nord  au  profit  du  Midi;  augmentation  des 
licences;  signature  de  la  convention  de  Bruxelles  qui  supprime  l’exportation  du  sucré 
français  et  rend  possible  sur  notre  marché  intérieur  la  concurrence  du  sucre  étranger; 

Avortement  du  projet  de  loi  instituant  une  caisse  nationale  des  retraites  ouvrières. 

J’ai  combattu  ce  ministère  parce  que  je  ne  comprends  pas  la  République  autrement  que 
patriote,  libérale,  économe  des  deniers  publics  et  soucieuse  de  sauvegarder  les  intérêts 
matériels  de  la  nation  tout  entière,  sans  distinction  de  région. 

Or,  les  intérêts  du  Nord  ont  été  méconnus,  ont  été  sacrifiés. 

La  législature  qui  prend  fin  a  été  perdue  en  débats  politiques  irritants  et  en  suren¬ 
chères  électorales  qui  ont  abouti,  pour  le  seul  exercice  de  1901,  à  un  déficit  budgétaire  de 
trois  cent  quarante-cinq  millions. 

Les  lois  d’affairés  elles-mêmes  ont  été  dominées  par  des  préoccupations  politiques,  et 
la  loi  des  boissons  n’a  été  votée  que  pour  reconquérir  les  faveurs  électorales  du  Midi 
menaçant. 


583  — 


N*  H  62 


Mes  chers  Concitoyens, 

Député  d’un  département  de  travailleurs,  fai  pensé  que,  tout  en  restant  fidèle  a  mes 
engagements  politiques,  mon  premier  devoir  était  d’appliquer  mes  efforts  à  la  défense  de 
vos  intérêts, 

Cest  ainsi  que  j’ai  pris  part  surtout  aux  discussions  économiques, 

Pal  défendu  V agriculture  et  la  distillerie  agricole  ;  j’ai  sollicité,  en  faveur  des  planteurs 
de  tabac,  le  droit  de  choisir  leurs  graines;  j’ai  combattu  la  taxe  différentielle  de  l'alcool  et 
le  monopole  de  la  raffinerie  du  pétrole. 

J’ai  déposé  au  profit  des  travailleurs  une  proposition  de  loi  instituant  une  caisse  natio¬ 
nale  de  retraites  ouvrières, 

p ai  collaboré  à  la  suppression  de  tout  droit  sur  les  alcools  dénaturés. 

Si  vous  me  faites  l’honneur  de  me  réélire,  je  demanderai  à  la  Chambre  le  rejet  de  la 
Convention  signée  à  Bruxelles  au  nom  d’un  gouvernement  qui  semble  avoir  pris  à  lâche  de 
mettre  en  péril  tous  nos  intérêts. 

Je  combattrai  Tudieux  privilège  des  bouilleurs  de  cru,  et  je  réclamerai  la  suppression 
des  licences. 

Enfin,  j’ai  pris,  dans  une  pensée  d’apaisement,  de  conciliation  et  de  sincérité  politique, 
l'initiative  d’une  réforme  électorale  organisant  la  représentation  proportionnelle  et  j’ai  eu 
la  satisfaction  de  voir  deux  hommes  d’Élat  républicains,  MM*  Ribot  et  Mêline,  en  accepter 
le  principe. 

Mes  chers  Concitoyens, 

j’ai  la  certitude,  en  agissant  ainsi,  d’avoir  été  l’interprète  fidèle  de  vos  sentiments  et 
de  vos  intérêts. 

Je  me  suis  efforcé  d’être  le  député  de  fous,  et  je  n’ai  jamais  demandé,  à  quiconque  sol¬ 
licitait  un  service,  s’il  était  de  mes  amis  ou  de  mes  adversaires* 

Tel  j’ai  été  dans  le  passé,  et  tel  vous  me  retrouverez  dans  l’avenir. 

Croyez,  mes  chers  Concitoyens,  à  mes  sentiments  les  plus  dévoués* 

Jules  BÀNSËTTÈ,  Député  sortant, 

Conseiller  général. 

Candidat  républicain  libéral. 


5e  circonscription  de  LILLE 
M,  Marcel  DELâüNE 

Elu  au  l,r  tour  de  scrutin.  —  Ü*G71  voix* 


Mes  chers  Concitoyens, 

Au  moment  où  je  demande  aux  électeurs  des  cantons  de  Seclin  et  de  Pont-à-Marcq  le 
Nouvellement  démon  mandat  législatif  et  à  ceux  du  canton  d’Haubourdin  la  consécration 
’kee  mandat,  je  me  reporte  à  mes  déclarations  de  1898. 


—  S84 


Je  disais  alors  : 

«  Républicain  de  la  veille,  indépendant  de  tonte  coterie,  je  travaillerai,  si  je  suis  élu,  à 
l’affermissement  et  au  constant  développement  de  nos  institutions  démocratiques,  par  l’obser¬ 
vation  des  principes  de  liberté,  d'ordre  et  de  progrès,  sans  lesquels  il  n’est  pas  de  travail 

fàC01«dJe  suis  le  partisan  d’nne  politique  nettement  républicaine,  impartiale  et  conciliante, 
respectueuse  de  la  liberté  religieuse,  mais  décidée  à  maintenir  les  droits  du  pouvoir  civil, 
incapable  de  toute  compromission  avec  les  dangereuses  doctrines  du  collectivisme,  et,  par 
dessus  tout,  humaine  et  fraternelle  à  l’égard  des  moins  favorisés  de  ce  monde. 

«  Ennemi  des  discussions  stériles  et  des  aventures,  je  m’en  tiens  a  la  Constitution  qui 
nous  régit  et  qui  a  fait  ses  preuves  aux  heures  les  plus  critiques.  De  même  je  ne  serai  ni 
avec  ceux  qui  poursuivent  l’abolition  des  lois  scolaire  et  militaire,  ni  avec  ceux  qui  veulent 
suppression  du  Concordat,  » 

Je  n’ai  rien  à  changer  à  ces  déclarations.  P  ai  toujours  été  et  je  reste  un  républicain. 
Contre  toute  entreprise  brutale  ou  sournoise,  qu’elle  vienne  de  droite  on  de  gauche,  je 
détendrai  la  République.  Mais  je  ne  puis  admettre  qu’à  la  faveur  de  cette  défense,  on  intro¬ 
duise  r esprit  de  parti  dans  la  loi,  ni  qu’elle  serve  de  prétexte  pour  excommunier  les  servi¬ 
teurs  les  plus  anciens  et  les  plus  désintéressés  de  la  République. 

J’ai  toujours  été  et  je  reste  partisan  de  la  liberté  d’association,  telle  que  le  parti  repu* 
blicain  Pavait  toujours  promise  avant  la  dernière  législature.  Si  je  me  suis  refusé  à  voter  le 
dernier  projet  qui  renferme,  à  côté  de  contradictions  singulières,  des  inégalités  choquâmes, 
c’est  par  fidélité  aux  principes  qu’il  méconnaît,  et  qui  sont  le  fondement  même  du  régime 


républicain. 

J’ai  toujours  été  et  je  reste  un  fils  dévoué  et  reconnaissant  de  1  Université.  Mais,  dac- 
cord  avec  ses  amis  les  plus  surs,  je  repousse  tout  projet  qui  tendrait  à  établir,  directement 
ou  non  le  monopole  de  l’enseignement.  La  troisième  République  se  doit  à  elle-même  de 
maintenir,  sous  le  contrôle  nécessaire  de  l'État,,  une  liberté  que  la  première  a  proclamée, 


que  la  seconde  a  instituée, 

La  législature  qui  vient  de  finir  a  posé,  sans  les  résoudra,  les  plus  grands  problèmes 
sociaux.  Je  ne  rappellerai  ici  que  le  projet  de  loi  sur  les  retraites  ouvrières  et  celui  touchant 
la  réglementation  du  droit  de  grève.  En  ce  qui  concerne  le  second,  je  suis  disposé  a  élargir 
la  loi  de  188k  sur  les  syndicats  professionnels,  mais  en  même  temps  bien  décidé  à  main¬ 
tenir  l’indépendance  de  l’ouvrier;  je  m’opposerai  donc  aux  mesures  qui  tendraient  à  orga¬ 
niser  le  syndicat  ou  la  grève  obligatoire.  Quant  aux  retraites  ouvrières,  aucun  projet  ne 
m’est  plus  à  cœur,  11  importe,  à  mon  avis,  d’aborder  la  question  en  dehors  de  tout  esprit 
doctrinal  et  avec  le  ferme  dessein  d’aboutir,  usans  toutefois  perdre  de  vue  que  1  effort  a 
demander  doit  être  proportionné  aux  facul  tés  contributives  du  patron  et  de  1  ouvrier. 

De  même  pour  la  réduction  du  service  militaire.  Les  travaux  des  Commissions  parle¬ 
mentaires  permettent  d’entrevoir  la  possibilité  de  créer  le  service  de  deux  ans,  tout  en 
conservant  a  l’armée,  en  même  temps  que  sa  force  et  sa  cohésion,  son  caractère  nations 
Je  serai  heureux  de  pouvoir  m’associer  à  la  réalisation  de  ce  double  objectif, 

La  Conférence  de  Bruxelles,  si  imprudemment  voulue  par  le  Ministre  des  Finances  et  si 
singulièrement  poursuivie  par  lui  dans  un  esprit  de  renoncement  gratuit  aux  compensations 
les  plus  légitimes,  va  porter  un  nouveau  coup  à  la  prospérité  de  notre  région  déjà  si 
durement  éprouvée  par  l'inique  loi  des  boissons.  Aucune  législature  n’a  été  plus  funeste  que 
celle-ci  aux  producteurs  du  Nord.  Je  me  suis  énergiquement  opposé  à  toutes  ces  mesure^ 
Qu  se  prépare  à  les  aggraver,  Âi-je  besoin  de  dire  que  tous  mes  efiorts  tendront  a  mettre 
fin  aux  i  njustes  privilèges  déjà  conférés  aux  bouilleurs  et  aux  viticulteurs  et  à  empècuer 
qu’on  leur  accorde  ceux  qu’ils  réclament  encore,  au  mépris  de  l’unité  nationale* 

La  marche  ascendante  de  nos  budgets  inspire  de  sérieuses  réflexions.  Certains  en 
accusent  le  régime  parlementaire*  Le  régime  parlementaire,  garantie  de  la  souveraineté 
populaire,  ne  saurait  être  rendu  responsable  de  conséquences  qu’il  ne  produit  pas  as 
d’autres  pays.  Je  chercherai,  pour  ma  part,  le  remède  à  cette  situation  dans  la  révision 


—  585 


N°  1162 


règlement  intérieur  de  la  Chambre,  par  la  limitation  plus  sévère  du  droit  d'initiative  des 
députés  en  matière  de  dépenses. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Il  y  a  quatre  ans,  désigné  par  le  congrès  républicain  de  la  5e  circonscription,  je  faisais 
appel  «  aux  hommes  de  bon  sens  et  de  bonne  foi  »  pour  assurer  à.  la  Franice  «  la  concorde  à 
l'intérieur,  le  respect  à  l'intérieur  ». 

je  leur  adresse  aujourd'hui  le  même  appel. 

Il  ne  faut  pas  que  notre  grand  Pays  oublie  dans  les  haines  de  parti  le  sens  de  son  unité 
nationale.  Il  ne  faut  pas  non  plus  que  Faction  dissolvante  de  la  politique  s’exerce  plus 
longtemps  sur  Farinée,  qui  doit,  confiante  et  fidèle,  rester  la  gardienne  de  cette  unité  et  de 
nos  libres  institutions. 

Il  y  a  quatre  ans,  les  électeurs  des  cantons  de  Seclin  et  de  Pont-à-Marcq  approuvaient 
ce  programme. 

Aune  imposante  majorité,  iis  faisaient  triompher  sur  mon  nom  la  cause  d  une  Répu¬ 
blique  d’ordre  et  de  progrès,  accueillante  et  fraternelle,  sincèrement  démocratique* 

Laissez-moi  penser  que  cette  cause  n'eût  pas  été  moins  chère  aux  électeurs  du  beau 
canton  d'Haubourdin,  où  j'ai  eu  la  bonne  fortune  de  trouver  tant  d'encouragements  et  de 
sympathies, 

A  tous  alors,  je  dis  : 

Pendant  ces  quatre  années,  j’ai  conscience  d’êtré  resté  fidèle  à  ce  programme,  d  avoii 
rempli  mon  devoir  et  vos  intentions. 

Vous  direz  le  27  avril  si  je  me  suis  trompé, 

Vive  la  République  l 

Martel  DELAÜNE, 
r  DistîÙateur, 

Conseiller  général  du  canton  de  Seclin, 
Député  sortant. 


circonscription  de  LILLE 
M.  le  comte  DE  MGNTÀLEMBERT 
Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  10 .111  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

L’élection  du  27  avril  aura,  vous  le  savez,  une  importance  capitale  pour  l’avenir 
du  pays. 

Voici  clairement  mon  programme  : 

Je  reste  fidèle  à  mes  convictions  religieuses  et  aux  déclarations  que  je  vous  ai  faites  il 
y  a  quatre  ans.  Mes  adversaires  eux-mêmes,  dont  je  tiens  à  conserver  l’estime,  s’étonne¬ 
raient  de  me  les  voir  renier  aujourd  hui. 

A  cette  époque,  je  vous  disais  : 

«  La  République  est  le  Gouvernement  de  la  France  ;  je  place  ma  candidature  sur  le 

74 


—  586  —  - 


terrain  de  la  Constitution  du  pays  :  je  l'accepte  aujourd'hui,  comme  je  Fai  toujours 
loyalement  acceptée,  pour  aider,  sans  arrière-pensée,  ceux  qui  veulent  Tapaisement  poli¬ 
tique  ot  la  réalisation  des  réformes  sociales  basées  sur  la  justice  et  la  liberté,  » 

J'ai  conscience  de  n'avoir  pas  failli  à  mes  promesses  :  tous  mes  votes  au  Parlement  en 
témoignent. 

Je  réprouve  de  toutes  mes  forces  les  théories  antisociales  et  collectivistes,  dont  l'appli¬ 
cation  serait  pour  notre  pays  le  plus  grand  des  malheurs. 

Je  repousse,  avec  non  moins  d’énergie,  la  politique  sectaire  du  Ministère  actuel  qu'on 
voudrait  vous  faire  approuver. 

Faite  de  négations,  d’équivoques  et  de  trahisons,  elle  a  causé  un  mal  immense  à  la 
France,  dont  elle  a  menacé  la  religion,  diminué  les  libertés,  affaibli  l’armée,  gaspillé  les 
finances  et  désuni  les  citoyens, 

Uous  pe  pouvons  supporter  plus  longtemps  un  pareil  état  de  choses. 

Rendons  au  pays  la  confiance  et  la  paix  si  nécessaires  pour  rassurer  notre  industrie 
inquiète  et  notre  commerce  désemparé,  relever  notre  agriculture  sacrifiée,  alléger  les 
charges  écrasantes  qui  pèsent  sur  tous. 

Deux  questions  importantes  seront  à  l’ordre  du  jour  h  la  Chambre  prochaine  :  celle  des 
retraites  ouvrières  et  celle  de  la  réduction  du  service  militaire* 

Je  suis  le  partisan  résolu  d’une  loi  sur  les  retraites  assurant  aux  employés  et  aux 
ouvriers  de  la  ville  et  des  campagnes  le  repos  et  la  sécurité  de  leurs  vieux  jours. 

Je  voterai  toutes  les  mesures  qui  pourront  nous  donner  la  réduction  progressive  du 
service  militaire,  même  à  moins  de  deux  ans,  sans  porter  atteinte  aux  intérêts  sacrés  de  la 
défense  nationale* 


Mes  chers  Concitoyens, 

Vous  me  connaissez  depuis  longtemps,  je  n’ai  jamais  refusé  de  rendre  service  à  un 
honnête  homme,,  quelles  que  soient  sa  situation  sociale  et  ses  opinions  politiques*  Je  n’ai 
pas  changé  ;  vous  trouverez  toujours  près  de  moi  un  accueil  empressé  et  affectueux. 

Resserrons  encore  davantage,  si  c’est  possible,  les  liens  qui  nous  unissent  et  travail¬ 
lons  ensemble  à  maintenir,  dans  la  République,  l’unité  française  basée  sur  le  respect  des 
croyances j  l’honneur  du  drapeau,  l’amour  de  la  patrie  et  le  bienfait  de  la  liberté. 

G,  DE  MQNTALEMBERT. 


7°  circonscription  de  LILLE 

M.  Eugène  MOTTE 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin*  —  II  .077  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Depuis  sept  ans,  je  relève  de  l’opinion  publique  des  cantons  de  Roubaix-Wattrelos,  et 
vous  m’avez  donné  successivement  tant  de  témoignages  de  confiance,  que  de  longues  expli¬ 
cations  sont  actuellement  superflues. 


587  — 


N°  1162 


Je  suis  républicain  d’origine,  de  tradition,  de  raison.  J’ai  travaillé  depuis  de  longues 
années  de  toutes  mes  forces  et  je  travaillerai  opiniâtrement  datis  l’avenir  à  l’affermissement 
de  la  République,  parce  que  le  Gouvernement  du  pays  par  le  pays  est  la  meilleure  sauve¬ 
garde  de  la  paix  sociale  et  la  condition  de  tous  les  progrès. 

Je  suis  l’adversaire  irréductible  du  collectivisme,  qui  fait  litière  de  toutes  les  conquêtes 
de  1789  en  nous  conduisant  à  l’égalité  dans  la  misère,  et  qui,  par  surcroît,  ne  pouvant  tou¬ 
jours  proroger  ses  fallacieuses  promesses,  prêche  la  révolution  dans  un  pays  où  le  seul  suf¬ 
frage  universel  doit  régler  et  conduire  le  Gouvernement. 

le  veux  une  République  de  paix,  de  concorde,  de  tolérance  réciproque,  répudiant  toute 
lutte  de  classes,  de  races,  de  confessions,  affranchie  de  tout  esprit  sectaire,  de  toute  domi¬ 
nation  occulte;  un  Gouvernement  démocratique  de  fraternité  et  de  solidarité.  Au  premier 
rang  des  liber! ês  nécessaires,  je  place  la  liberté  de  conscience  et,  sous  ta  surveillance  de 
l’État,  la  liberté  d’association,  la  liberté  de  l’enseignement. 

Je  suis  et  je  resterai  industriel  et  commerçant,  vivant  au  milieu  de  vous.  Je  serai  donc 
en  contact  constant  avec  les  cantons  de  Roubaix-Watlrelcs,  à  la  disposition  de  tous  ceux  qui 
veulent  m’interroger  ou  me  guider. 

Je  veux  et  je  pratique  l’harmonie  entre  le  capital  et  le  travail  et  me  recommande  de  la 
formule  acclamée  à  Roubaix  en  1898  :  «  11  faut  que  le  capital  travaille,  il  faut  que  le  tra¬ 
vail  possède.  » 

L’association  de  ces  deux  facteurs  essentiels  s’exerce  de  plus  en  plus  en  nos  canton  s.  Au 
surplus,  notre  esprit  de  labeur,  d’initiative  ne  peut  s'épanouir  que  dans  un  milieu  où  régnent 
la  confiance  réciproque  et  la  paix  sociale. 

Je  poursuivrai  la  mise  à  l’ordre  du  jour  de  la  loi  sur  les  retraites^ ouvrières,  avec  contri¬ 
bution  égaie  du  patron,  de  l'ouvrier  et  de  l’État. 

Je  développerai  les  œuvres  de  mutualité,  de  solidarité,  d’assurance  et  de  prévoyance 
sociale.  C’est  le  meilleur  moyen  de  faire  œuvre  démocratique. 

Je  me  rangerai  à  l’avis  dn  premier  gouvernement  qui  réclamera  le  service  militaire  de 
deux  ans.  Je  l’attends  encore.  Cette  question  est  d’ailleurs  de  la  plus  haute  gravité.  Elle 
implique  la  suppression  de  toutes  les  dispenses,  l’organisation  préalable  des  cadres  et 
l’équivalence  des  effectifs.  Le  Gouvernement  seul  peut  présenter  un  projet,  car  il  s’agit,  en 
la  matière,  de  sécurité  nationale  et  il  n’y  a  place  ni  pour  l’improvisation,  ni  pour  la  surenchère 
électorale. 

Je  poursuivrai  la  suppression  du  privilège  des  bouilleurs  de  cru,  l’abrogation  de  la  loi 
des  boissons,  qui  ruine  le  Nord  au  profit  du  Midi. 

Je  me  tiendrai  à  la  disposition  de  l’Union  commerciale,  pour  défendre  ses  revendica¬ 
tions  légitimes. 

Je  serai  l’ennemi  déclaré  de  toutes  charges  nouvelles  de  dépenses,  résultant  d’amende¬ 
ments  ou  de  projets  de  loi  d’initiative  parlementaire.  C’est  au  Gouvernement,  seul  respon¬ 
sable  de  l’équilibre  du  budget,  qu’appartient  le  rôle  ingrat  de  proposer  de  nouvelles  charges 
publiques. 

Le  Député  doit  consentir  l’impôt,  en  contrôler  l’emploi. 

Il  lui  appartient  de  défendre  la  caisse  des  contribuables.  Il  ne  doit  pas  la  mettre  au  pil¬ 
lage  en  fomentant  la  dépense. 

C'est  le  seul  moyen  de  conserver  à  notre  pays  tout  son  ressort  pour  les  luttes  écono¬ 
miques,  qui  formentle  vrai  champ  de  bataille  de  ee  siècle.  La  victoire  sera  au  plus  endurant, 
au  mieux  équipé,  au  moins  surchargé. 


Électeurs  de  Roubaix-Wattrelos, 

Eu  toutes  circonstances,  je  défendrai  les  intérêts  de  vos  cantons.  Je  vous  ai  prouvé,  par 
de  multiples  interventions  et  par  le  crédit  moral  que  j’ai  acquis  auprès  de  mes  collègues. 


588  — 


que  j’étais  en  mesure  de  défendre  à  la  tribune  du  Parlement  les  questions  générales  et 
locales,  même  les  plus  arides. 

Iï  vous  appartient  de  me  confirmer  votre  confiance  et  d’affirmer  sur  mon  nom  votre  foi 
dans  la  République. 


pTinfonô  MfYrrïï! 


Industriel, 

Membre  de  la  Chambre  de  Commerce, 
Député,  maire  de  Roubaix. 


8e  circonscription  de  LILLE 
M-  DRON 

Élu  au  2*  tour  de  scrutin,  —  8.890  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Vous  n’attendez  pas  de  longues  explications  de  celui  à  qui  vous  avez,  depuis  1889,  confié 
la  <rarde  du  drapeau  républicain  et  de  la  défense  de  vos  intérêts. 

C  le  suis  aujourd’hui  le  même  républicain  que  j’étais  alors,  je  défends  toujours  les  mêmes 
idées  et  n’ai  qu’un  regret  :  c’est  que  les  réformes  s’accomplissent  si  lentement,  si  pénible¬ 
ment,  Il  n’en  sera  autrement  que  quand  les  électeurs  de  France  enverront  à  la  Chambre  une 
majorité  homogène,  compacte,  bien  décidée  à  n'entreprendre  qn’une  tâche  limitée,  mais 
assez  persévérante  pour  la  mener  à  bien. 

Cette  tâche  me  paraît  toute  tracée  : 

Au  point  de  vue  économique  et  fiscal,  nous  aurons  à  défendre  nos  intérêts  contre  la  pré¬ 
tention  des  viticulteurs  du  Midi  d’imposer  aux  alcools  du  Nord  des  droits  plus  élevés  qu’a 
ceux  provenant  de  leurs  crus;  à  remanier  le  système  des  patentes;  à  poursuivre  la  modifi¬ 
cation  de  la  loi  destoissons,  particulièrement  en  ce  qui  concerne' les  licences  exorbitantes 
des  cabaretiers. 

Au  point  de  vue  social,1  je  demanderai  l’application  aux  hommes  de  la  loi  qui  vient  de 
réduire  à  10  heures  et  demie  la  durée  du  travail  pour  les  femmes  et  les  enfants.  Cette 
mesure  est  de  première  nécessité,  si  Ton  ne  vent  risquer  de  désorganiser  te  travail  indus¬ 
triel  et  de  supprimer  l’apprentissage.  —  La  loi  sur  les  accidents  a  besoin  de  quelques 
retouches,  particulièrement  en  ce  qui  concerne  les  ouvriers  étrangers  dont  la  situation  en 
France  est,  d’une  manière  générale,  trop  favorisée.  —  Les  retraites  ouvrières  ne  peuvent 
pas  être  refusées  plus  longtemps  aux  travailleurs  français.  Comme  par  le  passé,  je  ne  me 
prêterai  à  aucun  moyen  d’en  éluder  la  solution  et  d’en  retarder  la  réalisation. 

J'ai  pris  une  part  active,  comme  membre  du  Conseil  supérieur  de  l’assistance  publique, 
à  l’élaboration  des  projets  d’assistance  aux  infirmes,  aux  invalides  du  travail,  aux  accouchées, 
aux  veuves.  Ils  n’attendent  que  le  vote  du  Parlement  et  je  m’efforcerai  de  l’obtenir. 

Au  point  de  vue  politique,  il  y  a  lieu  de  poursuivre  sans  faiblesse  l’application  de  la  loi 
sur  les  associations.  Épris  de  liberté  et  de  justice,  respectueux  de  toutes  les  croyances  et  de 
toutes  les  convictions  sincères,  tolérant  et  conciliant  vis-à-vis  des  personnes,  je  ne  veux  pas 
cependant  que  la  France  de  1789  devienne  une  capucinière,  que  le  Gouvernement  occulte 
des  moines  fasse  échec  aux  pouvoirs  de  la  société  civile. 

De  même,  renseignement  national  laïque  doit  être  défendu  contre  les  abominables 
pressions  qui  rendent  le  recrutement  de  nos  écoles  si  difficile,  surtout  dans  notre  région, 
et  je  ne  suis  pas  disposé  à  le  laisser  anéantir  par  la  congrégation. 


N°  1162 


—  58!)  — 

La  réduction  de  ia  durée  du  service  militaire  et  la  suppression  des  inutiles  treize  jours 
devront  aussi  être  l’objet  de  nos  premières  délibérations. 

Par  cette  énumération,  qui  n’a  rien  de  limitatif,  qui  indique  les  questions  dont  il  me 
semble  le  plus  urgent  d’aborder  la  discussion,  vous  serez  fixés  sur  mes  intentions. 

C’est  sur  ce  programme  que  nous  nous  sommes  entendus  jusqu  ici.  J  ai  tout  lieu  de 
croire  que  vos  idées  n’ont  pas  changé  et  que  vous  le  direz  bien  haut  le  27  avril. 

nnetowci  riDAM 


9'  circonscription  de  LILLE 

M*  GROUSSÂU 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  5,778  voix. 


Électeurs, 

Après  avoir  été  désigné  à  vos  suffrages  par  le  congrès  de  domines,  jTai  donné  dans  les 
diverses  communes,  avec  le  concours  et  l'appui  des  représentants  attitrés  des  populations, 
$es  conférences  cjuï  me  dispensent  d  une  longue  profession  de  foi. 

Je  suis  républicain  libéral  et,  par  conséquent,  républicain  antiministèriel.  La  Répu¬ 
blique  doit  être  le  gouvernement  de  ia  liberté,  de  l’égalité  et  de  la  fraternité. 

Je  réclame,  notamment,  à  Pbeure  actuelle,  la  liberté  de  conscience  pour  tous,  pour  les 
pauvres  comme  pour  les  riches,  pour  les  fonctionnaires  comme  pour  les  autres  citoyens,  la 
liberté  des  pères  de  famille  et  la  liberté  d’enseignement,  la  liberté  des  associations,  sans 
exception  pour  les  religieux  que  rien  n’auîorîse  à  mettre  hors  du  droit  commun. 

Je  demande  à  l’État  r exécution  loyale  du  Concordat. 

J'exigerai  le  respect  de  l'armée,  sauvegarde  de  la  patrie.  Je  voterai  la  réduction  du  ser¬ 
vice  militaire  dans  la  mesure  compatible  avec  la  securité  et  la  défende  nationales. 

Les  charges  des  agriculteurs,  des  contribuables,  sont  trop  lourdes;  Il  convient  de  sup¬ 
primer  les  abus  de  Rinitiative  parlementaire  en  matière  de  budget  et  d'entrer  résolument 
dans  la  voie  des  économies. 

Je  veux  l’amélioration  du  sort  de  ceux  qui  travaillent  et  qui  souffrent.  Il  faut  surtout 
développer  les  institutions  de  prévoyance  et  de  mutualité.  L’heure  est  venue  de  faire  une 
bonne  loi  sur  les  retraites  ouvrières. 

Les  intérêts  locaux  qui  concernent  l’agriculture,  le  commerce  et  1  industrie,  trouveront 
en  moi  un  défenseur  actif  et  zélé.  Avec  les  conseils  des  principaux  cultivateurs,  distillateurs, 
commerçants,  patrons  et. ouvriers  de  la  circonscription,  j’y  emploierai  les  connaissances 
spèciales  que  m’a  procurées  l’enseignement,  depuis  27  ans,  des  questions  administratives, 
économiques  et  fiscales. 

Eu  vain  nu  s  adversaires  prétendent  que  je  suis  partisan  du  privilège  des  bouilleurs  de 
cru.  C’est  faux.  Au  contraire,  revendiquant,  en  faveur  de  notre  région  dont  la  situation  agri¬ 
cole  est  si  injuste  et  si  sacrifiée,  le  grand  principe  de  l’égalné  devant  1  impôt,  je  réclame  la 
suppression  du  privilège  des  bouilleurs  de  cru  et  la  révision  de  la  loi  sur  les  boissons  qui 
ruine  le  Nord  au  profit  du  Midi , 

Acette  région  aimée  du  Nord,  que  dès  le  début  de  ma  carrière  j’ai  volontairement 
choisie,  où  sont  nés  ma  femme  et  mes  six  enfants,  à  laquelle  j  ai  donne  ma  vie  entière,  je 
demande  aujourd’hui  uo  mandat  qui  me  permette,  dans  le  domaine  supérieur  du  pouvoir 


—  590  — 


législatif,  de  travailler,  avec  toute  l’ardeur  et  le  dévouement  dont  je  suis  capable,  au  salut 
de  la  France  et  à  la  prospérité  de  notre  circonscription. 

C.  GROUSSAU, 

Professeur  de  droit  administratif 
à  la  Faculté  libre  de  Lille, 

Candidat  républicain  libéral. 


lrc  circonscription  de  VALENCIENNES 

M.  DEBIÈVE 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  7.568  voix 


Mes  chers  Concitoyens, 

Désigné  par  le  Congrès  républicain  comme  candidat  de  la  lre  circonscription  de  Larron- 
dissement  de  Valenciennes,  je  me  fais  un  devoir  de  solliciter  vos  libres  suffrages. 

Luttant  depuis  trente  ans  au  milieu  de  voua,  je  n’ai  pas  à  affirmer  longuement  mon  in¬ 
var  iabie  croyance  politique.  Ma  profession  de  foi  sera  nette  et  précise. 

Respectueux  du  principe  républicain,  je  suis  fermement  décidé  à  soutenir  ceux  qui, 
par  leur  énergie  et  leur  dévouement,  ont  su  rappeler  au  respect  de  la  loi  les  exploiteurs  du 
patriotisme  qui  avaient  organisé  le  désordre  dans  la  rue  et  ^insubordination  dans  Tannée, 
et  tenté  de  faire  de  la  religion  un  instrument  de  politique  et  de  domination* 

Je  suis  partisan  des  grandes  réformes  démocratiques  qui  assureront  l’apaisement  des 
esprits  et  la  liberté  des  consciences, 

La  République,  depuis  qu'elle  est  fondée,  et  à  laquelle  la  classe  ouvrière  accorde  ses 
suffrages  avec  une  confiance  en  Tavenir  qui  ne  s’est  pas  démentie  un  seul  jour,  n’a  pas  en¬ 
core  fait  pour  les  travailleurs  tout  ce  qu'elle  avait  promis. 

En  ce  qui  me  concerne,  je  m'efforcerai  de  faire  aboutir  Je  plus  tôt  possible  la  question 
des  retraites  et  je  voterai  toutes  mesures  propres  à  améliorer  le  sort  matériel  et  moral  des 
ouvriers. 

Relativement  a  l’impôt  du  sang,  obligatoire  pour  tous,  je  voterai  le  service  militaire  de 
deux  ans  avec  la  suppression  des  dispenses  accordées  aux  privilégiés,  sous  réserve  de 
venir  en  aide  aux  familles  nécessiteuses  et  après  avoir  assuré  le  renforcement  des  cadres 
par  des  rengagements  à  court  terme,  afin  de  ne  pas  compromettre  la  sécurité  de  notre  dé¬ 
fense  na  tio  nai  e. 

L’agriculture,  qui  est  la  principale  richesse  de  notre  région,  sera  Tobjet  de  ma  cons¬ 
tante  préoccupation. 

Dans  le  cas  où  la  Convention  de  Bruxelles  serait  ratifiée  par  les  Chambres,  je  réclame¬ 
rai  la  suppression  totale  de  l'impôt  de  consommation  sur  les  sucres. 

Je  travaillerai  également  à  If  élaboration  des  lois  tendant  à  améliorer  le  sort  de  la  petite 
culture  si  cruellement  éprouvée,  afin  d’accroître  les  débouchés  de  la  culture  betteravière 
pour  l'extension  de  l’industrie  de  Taieool. 

Je  combattrai  toutes  les  propositions  qui,  comme  la  proposition  Lauraine,  tenteraient 
de  détruire  l’égalité  de  Timpôt  au  détriment  de  nos  alcools,  et  j’appuierai  au  contraire 
la  réduction  du  droit  exorbitant  de  220  francs  par  hectolitre,  ainsi  que  celle  des  frais  de 
dénaturation. 


Partisan  de  ia  révision  du  régime  des  boissons,  je  voterai  la  suppression  du  privilège 
des  bouilleurs  de  cru  et  rabaissement  du  taux  des  licences. 

Tous  les  adversaires  de  la  République  cherchent  à  effrayer  les  électeurs  en  leur  parlant 
de  déficit  budgétaire,  ce  n’esi  là  qu’une  manœuvre. 

11  n’est  pas  vrai  que  Ja  France  soit  appauvrie;  l’emprunt  de  Chine  de  250  millions  a 
été  couvert  tout  dernièrement  26  fois,  ce  qui  représente  près  de  7  milliards.il  suffit,  d’ail¬ 
leurs,  de  jeter  un  coup  d’œil  sur  toutes  les  puissances  monarchiques  de  l’Europe  pour  se 
convaincre  que,  malgré  la  crise  actuelle,  c’est  encore  la  République  française  qui  e^t  la 
moins  atteinte  dans  ses  ressources  financières. 

le  demeurerai  partisan  d’une  p;udcnte  gestion  des  affaires  publiques  et  je  m’efforcerai 
d& réaliser  de  sérieuses  économies  afin  d’accroître  notre  crédit  national,  qui  inspire  déjà 
la  plus  grande  confiance  dans  le  inonde  entier. 

Électeurs, 

A  vous  de  repousser  les  derniers  assauts  de  toutes  les  réactions  coalisées  contre  la 
République;  elles  osent  même  arborer  l’étiquette  républicaine,  A  vous  de  déjouer  leur  ma¬ 
nœuvre. 

Par  vos  votes,  vous  direz  que  la  démocratie  doit  toujours  marcher  vers  le  progrès, 
qu’elle  doit  travailler  à  améliorer  le  sort  des  humbles  et  vous  lui  en  fournirez  les  moyens 
ei  augmentant  la  majorité  républicaine  dans  la  nouvelle  Chambre. 

Vive  la  République  1 

A.  DEBJÈVE, 

Industriel,  adjoint  au  maire 
de  Valenciennes, 

Ancien  Président  du  tribunal  de  commerce, 
Officier  de  la  Légion  d’honneur. 


2e  circonscription  de  VALENCIENNES 

M.  LEPEZ 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin,  —  9.958  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

f  C’est  pour  la  3e  fois  que  je  me  présente  à  vos  suffrages. 

Je  crois  être  resté  fidèle  h  mon  programme  de  1898. 

J’ai  soutenu  de  mes  votes  le  ministère  Waldeck-Rôuseeau  qui,  après  la  tentative  de 
la  caserne  de  Reuilly  et  les  violences  exercées  contre  le  Président  de  la  République,  a  su 
imposer  silence  aux  factieux  et  ramener  l’ordre  dans  la  rue  et  le  calme  dans  les  esprits. 

J’ai  voté  la  loi  des  Congrégations.  Comme  tous  les  bons  républicains,  fai  pensé  que 
ril  fallait  assurer  la  liberté  de  conscience  et  la  liberté  des  cultes,  il  était  nécessaire  de  sou¬ 
fre  les  ordres  religieux  à  l'application  de  la  loi,  ainsi  que  l'exige  h  défense  de  la  société 
laïque  telle  qu’elle  est  issue  de  la  Révolution  française. 

fai  voté  sans  hésiter  tous  les  crédits  qui  ont  été  demandés  par  le  Gouvernement  pour 
ïïaiiueQïr  la  puissance  de  notre  armée,  sauvegarde  de  notre  intégrité  nationale. 


—  592  - 


J'ai  salué  avec  joie  la  nouvelle  alliance  de  la  République  française  et  de  la  Russie, 
alliance  qui  est  un  précieux  gage  de  la  paix  et  qui  a  fait  reprendre  à  notre  pays  son  rôle  et 

son  influence  dans  les  conseils  du  monde. 

Dans  les  questions  ouvrières,  j’ai  appuyé  toutes  les  mesures  capables  d  améliorer  le 
sort  matériel  et  moral  des  travailleurs.  Je  reste  le  partisan  déterminé  d  une  Caisse  natio¬ 
nale  de  retraites  pour  les  vieux  ouvriers. 

Je  réclame  résolument  le  service  militaire  de  deux  ans.  Il  faut  supprimer  les  dispenses 
accordées  aux  privilégiés.  L'impôt  du  sang  doit  être  égal  pour  tous.  Je  proteste  contre  ce 
système  de  surenchère  qui  demande  le  service  d’un  an  avec  de  nombreux  rengagements.  Ce 
“aU  affaiblir  notre  puissance  militaire;  ce  serait  retourner  aux  inégalités  du  passe,  a  ces 
armées  de  métier,  dangereuses  pour  la  liberté  du  pays,  pour  nos  institutions  democra- 

tiqUfLa  loi  des  boissons  a  sacriûé  les  intérêts  de  la  région  du  Nord.  Si  je  suis  élu,  je  prê¬ 
terai  mon  concours  à  toutes  les  propositions  qui  auront  pour  but  de  réduire  e  droit  sur 
l’alcool  de  diminuer  le  taux  des  licences  et  d’abolir  l’inique  privilège  des  bouilleurs  décru. 
ai<Si  l'Angleterre,  qui  est  le  marché  des  sucres  européens,  oblige  la  France,  par  la  menace 
de  droits  différentiels,  à  supprimer  ses  primes  à  la  fabrication,  il  sera  indispensable  e 
su  marinier  en  même  temps  la  totalité  des  droits  sur  le  sucre,  qui  en  quadruplent  le  prix  de 
vente  à  l’intérieur.  Nous  aurions  alors  le  sucre  à  25  ou  30  centimes  le  kilog-,  et  en  quelques 
années  l’augmentation  de  la  consommation  compenserait  largement  1  abaissement  de 

l’exportation TOterai  toutes  ies  mesures  propres  à  encourager  l’emploi  de  l'alcool 
industriel  en  remplacement  du  pétrole,  qui  est  un  produit  étranger.  Le  cultivateur  aura 
ainsi  à  sa  disposition  deux  débouchés  ;  celui  de  la  betterave  à  sucre  et  celui  de  la  betterave 

dC  ^ Je  ne  veux  pas  surcharger  mon  programme  de  trop  longues  déclarations.  Les  électeurs 
de  la  2e  circonscription  me  connaissent  assez  pour  savoir  que  je  ne  négligerai  aucun  de 
leurs  intérêts  et  que,  s’ils  me  font  l’honneur  de  m’élire  à  nouveau,  je  serai  toujours  leur 
représentant  dévoué. 


Les  rérimes  déchus  ont  légué  à  la  République  un  lourd  héritage.  Ils  nous  ont  laisse 
une  France" mutilée,  rançonnée,  minée  à  la  suite  de  la  guerre  de  1870  ;  la  République  s  est 
mise  alors  à  l’œuvre  ;  elle  a  refait  tout  son  outillage,  développé  le  réseau  des  voies  ferrees, 
creusé  des  canaux,  approfondi  des  ports  et  dépensé  des  sommes  énormes  pour  Renseigne¬ 
ment  public,  l’armée,  la  marine,  et  pour  organiser  son  vaste  domaine  colonial. 

Les  deux  tiers  de  notre  dette  sont  à  la  charge  du  régime  du  Deux-Décembre;  sous  ce 
régime  elle  s’est  augmentée  de  8  milliards;  les  conséquences  directes  de  la  guerre  ont 
coûté  en  outre  à  notre  pays,  d’après  les  calculs  deM.  Léon  Say,  12  milliards.  Cest  donc  un 
total  de  20  milliards  qui  constitue  le  passif  du  pouvoir  personnel.  Ce  sont  encore  les  consé¬ 
quences  de  la  guerre  de  1870  qui  nous  obligent  à  porter  chaque  année  à  notre  budget  plus 
d'un  milliard  pour  la  défense  nationale  et  que,  de  1898  à  1902,  des  dépenses  militaires 
ont  augmenté,  suivant  le  chiffre  de  M.  Poincaré,  de  125  millions. 

11  est  certain  que  la  lutte  actuelle  est  plus  violente  et  plus  âpre  à  raison  des  rancunes 
et  des  ambitions  du  parti  clérical,  qui  ne  défend  pas  la  liberté,  mais  poursuit  la  domination, 
et  pour  qui  la  revanche  des  moines  est  l’enjeu  même  des  élections  législatives. 

Les  Électeurs  républicains  de  la  2e  circonscription  ne  failliront  pas  à  leur  devoir;  i  * 
relèveront  comme  ils  le  méritent  les  audacieux  défis  de  la  réaction  cléricale  et  do  nations 
lisme  et  en  feront  définitivement  justice. 


Vive  la  République! 


F.  LEPEZ, 

Maire  de  Raismcs, 

Président  du  Conseil  d’arrondissement, 
Député  sortant. 


S93 


N°  1162 


3S  circonscription  de  VALENCIENNES 

M.  SELLE 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  11,503  voix. 


Citoyens  Électeurs, 

J  apprends  que  des  bruits  insaisissables,  émanant  à  coup  sûr  des  partisans  du  candi¬ 
dat  dit  républicain-progressiste,  ont  circulé,  représentant  la  municipalité  socialiste  denai- 
mne  .comme  ayant  dilapidé  les  finances  de  la  Ville  et  créé  des  impôts  nouveaux  pour 
mener  à  bien  certains  travaux  d’assainissement  ou  d’embellissement  de  la  Ville. 

Au  nom  de  mes  Collègues  du  Conseil  et  au  mien,  je  tiens  à  protester  hautement  ot 
logiquement  contre  ces  médisances,  lancées  à  dessein  par  un  parti  qui  ne  peut  adresser 
aucun  reproche  sérieux  à  une  municipalité  qui  a  la  prétention  d’avoir  rempli  son  devoir. 

Et,' pour  appuyer  cette  protestation,  j’affirme  sans  crainte  d’être  démenti  ; 

Ou  en  arrivant  à  la  Mairie  en  1896,  la  municipalité  a  trouvé  les  affaires  communales 
dans  le  désarroi  le  plus  complet  ; 

Qu’au  moyen  de  la  réforme  de  l’octroi  et  de  la  mise  en  exercice  de  la  brasserie  elle  a 
trouvé  des  ressources  suffisantes  : 

i"  Pour  donner  les  fournitures  gratuites  à  tous  les  élèves  indistinctement.  • 

JSfeire  construire  un  établissement  de  bains,  un  hôtel  des  postes,  une  école 
e*  a  bacquetcrie,  impérieusement,  réclamés  par  les  circonstances  et  favorablement 
accueillis  par  la  population  tout  entière; 

ffln/.Po.ur  faire  Paver  certains  chemins,  notamment  la  rue  Faidherbe  et  le  chemin  de 
«ntre-halage  jusqu’à  l’extrémité  du  territoire; 

K,!0‘;r*irt  installer  ^Éclairage  électrique,  non  seulement  en  ville,  mais  encore  à  la 
™ et  a  ^  Bacqucteric,  avec  diminution  du  prix  du  gaz; 

i&in!°Un  pour®ll]nTei  la  reallsation  de  certains  projets,  notamment  ceux  relatifs  à  la  eon- 
T  °  FètCS’  au  Pava8e  de  cinq  nies,  à  l’agrandissement  de  plusieurs 
A’61  d  eXpr°pnatl0n’  P°Lir  caLlse  d’utilité  publique,  de  plusieurs  immeubles- 

lü|a]en,erudc“ue.blCn  W,18tallati<>n  deS  6ailX  P°tables  et  dcs  èSoals  dont  la  Ville  est 
jjgj.,.  JUe  ^  dépensé  afférente  a  ces  travaux  faits  où  à  taire  a  été  assurée  au  moyen  des 
«lues  additionnel^^  ^  ““  imp6tS  ext™ ordinaires  ni  auxeen- 

gjKtppeiic aussi,  pour  l’honneur  de  la  municipalité  socialiste,  que  c’est  sous  son  admi- 

|  Que  les  concerts  d’été  ont  été  créés  ; 

Que  la  réorganisation  et  l’embellissement  du  cimetière  ont  été  effectués- 

KiS!nCeÆVi°U3f 0llVflCrS  et  ia  eonytituüon  d’une  Caisse  de  retraites  pour  les 
r  '  Papiers  ont  etc  instituées  ;  1 

•***"•'  l‘C?.™pl0,é8  ont  éte  »»<•*»  "fwn  In  aptitudes 
^  jouinee  an  #  heures  a  ete  appliquée  * 

S\CI\faVeUr  à  Iîenain’  a  Pris  I!,ie  lelle  extension ,  par  suite  des 
r^déraSi  \  ^‘Utetration,  que  la  Société  de  Denain  est  en  train  d’acquérir  la 
Jinv  Ï  d  genre.de  sport  sur  toutes  les  villes  du  Nord. 

onc  tous  les  électeurs  sérieux  à  traiter  avec  le  mépris  ie  plus  profond,  la 


75 


—  ■594  — 

calomnie  qui  —  a  que 

riChT,  va  'sans  f Kori  •  «*  «•«*  •*""*  *»  •"*'“  “  ’* 
Dcuain  n'a  pas  été  épargné  danb  la  rLpartition.  avaient  été  à  leur  banc  pour  I 

! 

beaucoup  (le  chances  de  ne  pas  être  auoptée. 

Citoyens, 

Soyez  persuadés  qu'en  faisant  ce  compte  rendu  très 

—^ïzz::  z  *•— a  >■  - 

PU^ Mes  adversaires,  par  l'organe  do  leurs  agents  é.eoloraus  tu .manqueront  pas  de  .. 

** 

É8arrcntends  rester  uniquement  sur  le  terrain  économique  et  politique  oU  je  me  rtkM 

d6a\rZerrecteuir,rs'd.  «...  -•»*•  ***■ 

'suivrai  une  vieille  formule,  cependant  bien  vraie  dans  la  circonstance  présenta  .  »•* 
passé  répond  l’avenir. 

Électeurs, 

En  portant  vos  suffrages  sur  mon  nom,  vous  ne  vous ,^^1^ meswe  d^mes 

mécomptes,  mon  intention  bien  arrêtée  étant  de  de  en  i  ,  ' 

les  intérêts  do  mes  concitoyens  du  Nord,  depuis  trop  longtemps  sacrifies. 

A.  SELLE, 

Maire  de  Denain,  Conseiller  Général  du  No 


595  — 


N°  1162 


OISE 


1™  circonscription  de  BEAUVAIS 

M.  BAUDON 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  9.32fl  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Pour  la  troisième  lois  depuis  le  jour  où  Us  m’ont  appelé  à  soutenir  les  revendications 
démocratiques  dans  la  première  circonscription  de  Beauvais,  les  Comités  cantonaux  ni  on 
désigné  pour  leur  candidat  aux  élections  législatives  de  1902. 

le  les  remercie  de  cette  marque  de  confiance  —  et  j’accepte  cette  mission. 

11  va  quatre  ans,  tous  les  partis  de  réaction  s’étaient  ralliés  au  gouvernement  de 
U  Mêljne  pour  former  une  coalition  de  résistance  au  progrès  républicain.  Aujourd  hui,  dans 

la  crainte  de  voir  se  réaliser  les  réformes  destinées  à  assurer  plus  de  justice  sociale,  ces 
mêmes  partis  ont  constitué  un  syndicat  d’intérêts  dans  lequel  on  trouve,  unis  aui .parti¬ 
sans  des  anciens  régimes,  les  plébiscitaires  nationalistes  et  la  congrégation  qui  va  paye) 
frais  de  la  bataille  électorale  comme  elle  avait  soudoyé  l’émeute  en  lé. ,  ■  .  , 

Aces  ennemis  de  la  République,  se  sont  joints  des  républicains  soi-disant  liberaux,  qui 
n’ont  pas  craint  de  se  couvrir  de  honte  en  faisant  cause  commune  avec  es  pai  îsar i  u 
désordre  et  les  fauteurs  du  coup  d’Etat,  et  en  devenant  les  complices  «  des  moines  ligueuts 
et  des  moines  d’affaires,  occupés  de  desseins  plus  politiques  que  re  inieux  ».  ....  ■ 

Malgré  les  troubles  incessants  apportés  dans  le  travail  législatif  par  une  coa  _i  to  <1 
s’était  formée  dans  le  Parlement  comme  elle  avait  été  creée  dans  le  pays,  il  se.  J 
de  dire  que  la  législature  n’a  pas  donné  de  résultats.  ....  ,  „„„„ 

La  loi  des  successions,  la  suppression  des  droits  sur  les  boissons  hygiéniques,  a  cons¬ 
titution  dl  Caisses  de  crédits  agricole,  la  création  des  Conseils  du  travail  et  es  Couse!  s 
de  prud’hommes  témoignent  de  l’intérêt  manifesté  envers  les  travailleurs  ot  les  petits 

fflTSaüo“i’armée  coloniale,  le  programme  de  défense  des  côé«  de  réfection 
delà  flotte  suffisent  pour  répondre  aux  accusations  de  sans-patrie  adressées  major  t, 

^^Les  dépenses  votées  pour  la  construction  et  l’amélioration  de  nos  canaux  et  de  nos 

ports  la  loi  sur  la  marine  marchande  indiquent  tout  l’intérêt  qu’elle  portait  au  commerce 

6tà  kmais!' dépuis  longtemps,  une  Assemblée  ne  s’était  occupée  avec  autant  d’ardeur  des 
questions  d’enseignement,  ni  de  celles  qui  intéressaient  la  santé  pu  îqun 

Au  point  de  vue  politique,  une  seule  loi  a  été  votée,  celle  des  associations,  qui  a  eu 
principalement  pour  but  de  mettre  un  frein  au  développement  des  congrégations  religieuses, 
devenues  dangereuses  pour  EÉtat  laïque. 


Électeurs, 

Si  vous  me  faites  l’honneur  de  me  continuer  le  mandat  que  vous  m’avez  confié  depuis 
cinq  ans,  je  m’appliquerai  à  réaliser  toutes  les  réformes  politiques,  économiques,  adminis 
tratives  et  sociales  contenues  dans  le  vieux  programme  républicain  que  renfermait,  du 
reste,  ma  profession  de  foi  de  1898  : 

Révision  de  la  Constitution  de  1875;  Scrutin  de  liste;  Décentralisation  politique  et 
administrative,  seule  capable  de  nous  donner  des  économies  ; 

Révision  de  l’assiette  de  l’impôt;  Impôt  progressif  sur  le  revenu;  Rachat  des  monopoles 
et  des  services  public?  au  fur  et  à  mesure  que  l’exigeront  les  intérêts  de  la  défense  natio¬ 
nale  et  de  la  production  agricole  et  industrielle  ;  Caisse  de  retraites  pour  la  vieillesse  ; 

Égalité  de  l’enfant  devant  l’instruction,  suivant  ses  mérites  ;  Laïcisation  de  l’ enseigne¬ 
ment  primaire;  Relèvement  du  traitement  des  instituteurs;  Abrogation  de  la  loi  Falloux' 

Réduction  à  deux  ans  du  service  militaire;  Révision  du  Code  de  justice  militaire  et 
suppression  des  conseils  de  guerre  en  temps  de  paix  ; 

Loi  sur  la  police  des  cultes  ;  Dénonciation  du  Concordat  ;  Suppression  du  budget  des 
cultes  et  séparation  des  Églises  et  de  l’État,  de  façon  à  constituer  les  Églises  libres  dans 
l’État  laïque  souverain. 

Telles  sont  les  réformes  qu’avec  le  parti  radical  et  radical-socialiste  je  voudrais  voir 
réaliser.  Sans  doute,  elles  ne  s’accompliront  pas  en  une  seule  législature,  maïs  j’ai  cru 
devoir  en  faire  la  nomenclature  pour  vous  indiquer  les  sentiments  qui  guideront  mes  votes 
si  vous  me  faites  l’honneur  de  m’appeler  de  nouveau  à  faire  partie  du  Parlement. 

Électeurs, 

Vous  avez  appris  à  me  connaîlre,  surtout  depuis  que  je  suis  devenu  citoyen  de 
Reau\  ais .  vous  u  ignorez  pas  que  je  suis  accessible  a  tous  et  vous  savez  avec  quel  soin  et 
avec  quel  dévouement  je  m’occupe  des  intérêts  qu’on  veut  bien  me  confier. 

Je  me  présente  à  vos  suffrages  avec  la  conviction  profonde  de  n’avoir  jamais  dévié  de 
la  ligne  politique  qui  nous  était  commune.  Je  crois  avoir  rempli  mon  devoir  envers  la 
République  démocratique  que  je  n’ai  jamais  cessé  de  représenter. 

Vous  direz,  le  27  avril,  si  je  n’ai  pas  démérité. 

Vive  la  République  démocratique  ! 

Dr  Th.  BADDON,  Député  sortant. 


2'  circonscription  de  BEAUVAIS 
M.  HAUDRICOURT 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  7. •166  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

C’est  pour  répondre  au  désir  de  mes  nombreux  amis  de  la  2e  circonscription  de  Beauvais 
que  je  pose  ma  candidature,  en  remplacement  d’Émile  Chevallier,  le  député  si  dévoué  à 
vos  intérêts,  si  juste  et  si  droit,  que  nous  regrettons  et  auquel  tous  les  partis  ont  rendu 
justice* 


—  597  —  N*  1162 

Maire  de  Moliens,  Conseiller  générai  du  canton  de  Formerie,  j'ai  toujours  affirmé  mes 
opinions  nettement  républicaines;  je  les  conserverai  avec  fidélité. 

Je  m’engage  à  soutenir  ïe  gouvernement  de  la  République  et  h  le  défendre  énergique^ 
ment  contre  les  attaques  rie  ses  adversaires,  de  quelque  côté  qu’elles  viennent. 

Partisan  de  la  pacification  des  esprits,  Rappelle  de  tous  mes  vœux  le  retour  à  P  union 
républicaine.  Et,  par  là,  j’entends  que  la  République  ne  doit  pas  être  la  propriété  d’un  parti, 
mais  doit  rester  le  gouvernement  légal  de  la  nation  tout  entière. 

3e  désire  que  la  politique  de  ce  gouvernement  soit  sincèrement  libérale  et  progressiste, 
soucieuse  des  intérêts  de  tous  et  des  droits  de  chacun,  décidée  à  maintenir  la  paix  sociale  et 
religieuse  et  h  assurer  la  concorde  entre  tous  les  citoyens. 

Ami  dévoué  de  la  liberté,  je  ferai  tous  mes  efforts  pour  qu’elle  soit  assurée  à  tous  les 
Français.  Je  respecterai  la  liberté  de  conscience,  la  liberté  de  l’enseignement,  ia  liberté  du 
travail  et  je  voterai  toutes  les  lois  qui  assureront  le  maintien  de  ces  libertés  avec  les  garan¬ 
ties  nécessaires. 

Je  suis  partisan  de  la  réduction  du  service  militaire  dans  toutes  les  limites  compatibles 
avec  la  solidité  de  notre  armée,  que  je  veux  grande,  forte  et  respectée. 

Profondément  attaché  à  la  région  ou  je  suis  né,  j’en  connais  exactement  les  besoins, 
tant  au  point  de  vue  agricole  qu’au  point  de  vue  industriel  et  commercial* 

L  agriculture,  une  des  sources  de  la  richesse  de  notre  pays,  traverse  une  crise  des  plus 
douloureuses,  qui  compromet  son  avenir  et  son  existence  même  :  je  consacrerai  tons  mes 
elforts  à  lui  venir  en  aide  et  à  diminuer  les  charges  si  lourdes  qui  pèsent  sur  elle* 

Au  point  de  vue  économique,  je  voterai  toutes  les  lois  qui  tendront  à  mettre  l’agricul¬ 
ture  et  1  industrie  Irançaises  dans  une  situation  au  moins  égale  à  celle  des  autres  nations* 

Je  m’appliquerai  à  1a  réalisation  de  réformes  sérieuses  dans  le  budget,  de  façon  à  réta¬ 
blir  réquïîibre  dans  nos  finances,  à  arrêter  la  propagation  menaçante  de  la  Dette  publique, 
à  diminuer  les  charges  des  contribuables  en  les  répartissant  avec  équité  et  suivant  les 
moyens  de  chacun. 

Préoccupé  sans  cesse  du  sort  des  travailleurs,  et  désireux  d’atténuer  les  risques  aux¬ 
quels  ils  sont  exposés  —  tels  que  le  chômage,  les  accidents,  la  maladie  et  la  vieillesse,  — 
je  m  associerai  à  la  confection  des  lois  qui  tendrontà  développer  l’association  et  la  mutualité 
sous  toutes  leurs  formes,  et  je  contribuerai  à  la  création  des  œuvres  de  prévoyance  et  d’as¬ 
sistance  sociales  dans  la  plus  large  mesure. 

Ma  seule  ambition  est  de  vous  être  utile,  mes  chers  Concitoyens;  et  toutes  mes  forces 
tendront  vers  un  seul  but  :  garder  la  confiance  que  vous  m’aurez  témoignée* 

Veuillez  agréer,  mes  chers  Concitoyens,  l’assurance  de  mes  sentiments  les  plus 
dévoués. 

Ch.  HAUDRICOURT, 

Conseiller  générai  du  canton  de  Formerie, 

Maire  de  Moliens. 


Circonscription  do  CLERMONT 

M.  DUQUESNEL 

Elu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  10.661  voix. 


Messieurs  et  chers  Compatriotes, 

U  Chambre  élue  eu  1808  a  vécu  et,  pour  juger  son  œuvre,  la  parole  est  rendue  au 

Suffrage  universel,  depuis  quatre  ans  muet,  .  . 

Au  lendemain  du  deuxième  scrutin,  par  lequel  vous  aviez  affirme  vos  convictions  sin¬ 
cèrement  républicaines,  nettement  progressistes  et  profondément  patriotes,  en  groupant 
sur  ma  candidature  une  imposante  minorité  de  9.000  suffrages,  je  vous  faisais  entrevoir 

l’avenir  plein  d’écueils  et  de  périls  que  pourrait  faire  courir  au  pays  et  a  la  République  e 

parti  radical-socialiste  auquel  venait  d’être  confiée  la  direction  des  grands  intérêts  de  la 

Ptitris 

Malheureusement,  mes  craintes  ne  se  sont  que  trop  réalisées. 

Vous  avez  vu  depuis,  se  réunir  en  une  coalition  extraordinaire  des  hommes  qui,  de  par 
leur  passé  n’avaiënt  entre  eux  aucune  affinité  et  n’ont  pu  justifier  leur  alliance  que  par  une 
communauté  d’intérêts  personnels  ;  vous  avez  vu  d’anciens  agitateurs  antisémites,  naguère 
adulateurs  de  Cavaignac,  se  transformer  en  dreyfusards  forcenés  et  s’unir  aux  internationa¬ 
listes,  aux  jacobins  et  aux  antipatriotes  pour  soutenir  un  Ministère  recruté  parmi  les  avocats 
du  Panama  et  les  grands-maîtres  de  la  Franc-Maçonnerie;  vous  avez  vu  une  majorité  sec¬ 
taire  et  servile  à  la  fois  attenter  à  nos  libertés  les  plus  sacrées... 

Rappelez-vous  aussi  l’œuvre  de  nos  adversaires  qui,  on  quatre  ans,  ont,  pour  seul 
bagage,  l’emprunt  de  Chine,  la  désorganisation  de  notre  vaillante  armée  par  l’introduction 
de  la  politique  dans  ses  rangs;  qui  se  sont  complu  dans  les  discussions  procédurières  de 
la  hideuse  affaire  Dreyfus;  qui  ont  organisé  le  systématique  et  continuel  déficit  où  nos 
finances  sont  actuellement  plongées.  . 

Rappelez-vous  ces  candidats  parcourant  les  campagnes  a  la  veille  de  la  précédente 
consultation,  y  jetant  sans  scrupule  des  semences  de  haine,  des  promesses  à  grand  éclat,  y 
promenant  des  surenchères  scandaleuses  où  le  mensonge  coudoyait  l’utopie.  Ils  s’en  allaient, 
affirmant  à  l’électeur  qu'ils  le  doteraient  de  500  francs  de  rente  à  55  ans,  sans  cependant 
lui  en  faire  entrevoir  le  moyen...,  qui  n’était  autre  que  l’obligation  tyrannique  de  verser  à 
une  Caisse  d’État  partie  d’un  salaire  acquis  à  force  de  labeur  !  Us  attestaient  qu  ils  suppri¬ 
meraient  radicalement  la  prestation  Individuelle.  Us  juraient  qu’à  l’aide  de  l’impôt  global  et 
progressif  sur  le  revenu,  frappant  deux  ou  trois  notabilités  de  chaque  commune,  ils  déchar¬ 
geraient  tous  les  autres  citoyens.  Us  faisaient  le  serment  de  faire  disparaître  la  Haute 
Assemblée,  de  réaliser  l’abrogation  du  Concordat  et  la  suppression  des  crédits  afferents 
au  budget  des  cultes.  Ils  s’engageaient  à  réduire  instantanément  la  durée  du  service 
militaire,  etc.,  etc.! 

Rendez-vous  compte  de  l’œuvre  législative  par  eux  accomplie  en  quatre  ans  ;  n  est-elle 
pas  négative  et  ne  peut-elle  se  résumer  en  ces  mots  :  «  Impuissance,  faillite  à  tous  les 

engagements  solennellement  contractés  »?... 

Contre  la  politique  du  premier  ministre,  qui  —  renégat  de  notre  parti  —  a  fait  entrer 
dans  les  conseils  du  Gouvernement  le  chef  le  plus  autorisé  du  collectivisme,  qui  a  confondu 
la  République  avec  une  loge  de  Francs-Maçons  et  l’a  livrée  aux  collectivistes  et  aux  cosmo¬ 
polites,  je  soutiendrai,  je  préconiserai,  si  vous  m’accordez  vos  suffrages,  une  politique 
diamétralement  opposée. 


-  899  - 


Sur  le  terrain  des  affaires,  j’apporterai,  pour  ma  modeste  part,  un  concours  énergique 
et  persévérant  à  l’aboutissement  de  projets  de  loi  que  je  crois  utiles,  principal  emen 

P  y,  Ll  création  (qui  m’est  surtout  chère)  des  retraites  ouvrières  sans  obligation,  mais 
basées  mr  la  mutudité  et  dotées  de  majorations  d’intérêts  (à  l’exemple  des  Caisses  de 
secours  mutuels)  et  aussi  de  sommes  provenant  d’excédents,  -  lorsque  notre  budget  pourra 

titre  J'^bcro^ersioû  facuitative,  pour  les  Conseils  municipaux,  de  la  prestation  en  centimes 

C°m Tun^meilleure  distribution  des  charges,  conseillée  par  la  justice  sociale  et  qui  consis¬ 
terait  selon  moi,  à  établir  l’impôt  de  remplacement  Cochery,  supprimant  1  impôt  des  po  . 
ft  feilêlres  la  contribution  mobilière,  certains  impôts  de  consomma  ton  (si  lourds  pour  les 
travailleurs),  exonérant  à  la  base  les  revenus  nets  jusqu’à  1.500  francs  et  frappant  propor¬ 
tionnellement  les  autres,  suivant  leur  origine  ;  .  .  . 

f. 0  La  réduction  par  extinction,  des  trop  nombreux  fonctionnaires,  ainsi  que  la  suppres¬ 
sion  de  traitements  anormaux,  incompatibles  avec  une  démocratie  comme  la  notre  ; 

5»  La  constitution  d’un  bien  de  famille,  ouvrier  et  agricole,  insaisissable  ; 

6°  La  réforme  des  frais  de  justice  en  matière  d’affaires  de  minime  intérêt  et  aussi  en 

de  vente  des  oetits  immeubles  ;  . 

7 o  L’extension  de  la  compétence  des  juges  de  paix,  indispensable  pour  éviter  aux  justi- 

fiables  de  nos  campagnes  de  dispendieux  déplacements;  . 

g.  L’établissement  du  vote  personnel,  mettant  fin  au  privilège  exorbitant  dont  seuls 
bénéficient  scandaleusement  nos  représentants  pour  l’exercice  du  vote_pa#jcu^on  t 

q.  Des  mesures  de  légitime  protection  en  faveur  de  notre  agriculture  nationale,  si 
oubliée  et  dont  la  valeur  des  produits  s’avilit  de  plus  en  plus,  -  une  répression  energrque 
de  l’agiotage  et  de  l’accaparement  des  denrées  de  première  nécessite,  -  une  législation 

restrictive  des  marchés  à  terme  ; 

10°  La  révision  du  cadastre,  si  impatiemment  attendue ,  ^  _  ir  s 

11"  La  création  de  Chambres  départementales  d’agriculture  (projet  Emile  Chevallier) 
et  la  représentation  professionnelle  de  l’agriculture  au  Parlement  ;  ... 

12"  La  réduction  des  charges  militaires,  si  lourdes  aux  familles  de  nos  travail  eurs 
agricoles  et  industriels,  en  tenant  largement  compte  toutefois  des  importantes  nécessites 

a.  p  la  ri  Meuse  nationale.  ,  ... 

Ma  politique  est  celle  d’un  citoyen  loyal  et  honnête,  d’un  Républicain  qui  n  ajamafft 
varié  dans  ses  convictions,  alors  que  tant  d’autres  ont  évolué  dans  tous  les  sens.  Elle  ser 
absolument  précise  :  ouverte  à  tous  les  progrès,  nettement  anticollectiviste,  sagement  mais 
(SS&rfe  tolérante,  sincèrement  respec.ne.se  des  libertés  e  la  pensée  de 
l’enseignement,  du  travail  ;  jalouse  gardienne  de  la  puissance  de  la  Patne,  de  bonneu  e 
de  l’indépendance  de  notre  armée,  qui  demeure  le  gage  de  nos  suprêmes  espérances  et  du 

nrestiee  de  notre  glorieux  drapeau  tricolore. 

Mon  programme,  républicain  et  démocrate,  est  suffisamment  large,  -  me  semble-t-il 
-  pour  grouper  sur  un  même  terrain  tous  les  citoyens  conscients  de  leurs  devons  et  des 
erands  intérêts  du  Pays  :  à  ce  titre,  il  peut  être  adopté  par  tous  les  bons  français. 

C’est  pour  le  réaliser  que  je  me  suis  jeté  dans  la  lutte  et  que  je  viens  solbeitei  votre 
concours  ■  le  mouvement  de  protestation  nationale  et  le  souffle  de  fraternité  républicaine 
qui  animent  le  Pays  tout  entier  auront  raison,  j’en  suis  convaincu,  delà 
qu’exercent  les  agents  de  la  soi-disant  «  Défense  républicaine  »  aux  abois,  et  la  Démocratie 

souveraine  aura  le  dernier  mot. 


Vive  la  France  ! 

Vive  la  République  I 


Paul  DUQUESNEL. 


Circonscription  de  COMPÏÈGNE 


M.  le  colonel  BOUGON,  dont  l’élection  a  été  annulée,  a  été  remplacé  par  M.  NOËL. 


Voy,  Élections  partielles. 


lra  circonscription  de  SENLIS 


M.  AUDIGIER 


Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  5.963  voix. 


Mes  cbers  Concitoyens, 


Ma  candidature  est  résolument  républicaine,  franchement  libérale  et  nettement  anti¬ 


ministérielle. 


La  République  est  le  Gouvernement  du  pays  par  le  pays  et  pour  tout  le  pays. 

Le  ministère  Waldeck-Rousseau  avait  le  devoir  de  gouverner  au  nom  de  la  France  pour 
le  pays  tout  entier;  je  lui  reproche  d’avoir  gouverné  au  nom  d’un  parti  et  pour  un  parti. 

Je  suis  l’adversaire  déclaré  de  tout  régime  monarchique  ou  plébiscitaire,  mais  ni  la 
Monarchie  m  1  Empire  ne  menacent  la  République  :  il  s’agit  de  défendre  la  Patrie  contre  les 
doctrines  funestes  des  collectivistes  et  contre  l’intolérance  tyrannique  des  radicaux  qui  ne 
défendent  qu  eux-mêmes. 

J’ai  toujours  servi  de  mon  mieux  la  République,  et  je  veux  la  faire  aimer  en  proclamant 
sans  cesse  qu’elle  doit  respecter  la  liberté  de  chacun,  donner  des  droits  égaux  à  tous  les 
Français  et  être  utile  a  chaque  citoyen. 

Ceux  qui  ont  1  honneur  de  représenter  la  République  —  qu’ils  soient  maires,  sous- 
prefets,  préfets  ou  ministres  —  doivent  administrer  pour  toute  la  commune,  tout  l’arron¬ 
dissement,  tout  le  département,  tout  l’État. 

Sous-prefet,  j’ai  toujours  administré  pour  tout  l’arrondissement  qui  m’était  confié,  et  j’ai 
les  intérêts t0UteS  es  circonstances’  età  tous  les  moments,  d’en  comprendre  et  d’en  protéger 

J  ai  visité  toutes  vos  communes  et  je  suis  revenu  exposer  mon  programme  dans  chacune 


résümfir 


Vous  le  connaissez  donc  dans  ses  détails,  mes  chers  Concitoyens  :  je  n’ai  qu’à  le 


1°  La  question  sociale. 


ceux  qui 


601 


N”  1162 


II  faut  qu’un  régime  économique  favorable  au  commerce  et  à  l’industrie  puisse  per« 
mettre  aux  patrons  d’élever  les  salaires. 

La  liberté  du  travail  est  une  des  conquêtes  les  plus  précieuses  de  la  Révolution,  et 
toute  intervention  abusive  de  l’État,  toute  réglementation  excessive,  compromet  cette 
liberté. 

Je  suis  partisan  de  toutes  les  lois  ouvrières  consciencieusement  étudiées,  de  toutes 
celles  qui  auront  pour  but  de  protéger  vraiment  les  travailleurs  contre  les  accidents,  la 
maladie,  les  infirmités,  la  vieillesse  et  particuliérement  le  chômage. 

11  importe  d’organiser  d’urgence  les  retraites  ouvrières  par  la  collaboration  de  l’Etat 
avec  la  mutualité,  de  fonder  les  Conseils  du  travail,  où  seront  appelés  tous  les  ouvriers 
syndiqués  et  autres,  et  d’instituer  des  tribunaux  d’arbitrage  qui  régleront  les  conflits  entre 
les  patrons  et  les  ouvriers. 

Le  collectivisme  est  l’ennemi  le  plus  dangereux  de  l’ouvrier.  Contrairement  à  sa  concep¬ 
tion  chimérique,  il  établit  deux  classes  qu’il  oppose  continuellement  l’une  à  l’autre,  il 
empêche  le  patron  et  l’ouvrier  de  se  tendre  fraternellement  la  main,  et  paralyse  l’entente 
nécessaire  entre  le  capital  et  le  travail. 

Au  point  de  vue  agricole,  il  faut  que  la  loi  sur  les  accidents  s’applique  aux  travailleurs 
des  champs  comme  à  ceux  des  villes;  il  faut  que  les  lois  si  longtemps  promises  relative¬ 
ment  à  l’assistance  daûs  les  campagnes  et  [à  l’organisation  du  crédit  agricole  soient  mises 
de  suite  en  discussion. 

2°  La  question  financière. 

Les  impôts  augmentent  sans  cesse  parce  que  les  dépenses  croissent  toujours. 

En  présence  d’un  déficit  de  plus  de  340  millions,  d’une  dette  publique  surchargée  de 
550  millions  en  deux  ans,  il  est  urgent  de  mettre  un  frein  au  gaspillage  financier  de  la 
Chambre  et  de  lui  enlever  désormais  toute  initiative  en  matière  de  dépense  :  il  est  temps 
d’exiger  que  toute  dépense  nouvelle  proposée  par  un  Député  ait  pour  contre-partie  une 
économie  correspondante. 

L’impôt  doit  être  proportionné  aux  facultés  et  aux  revenus  de  chacun,  suivant  les  prin¬ 
cipes  si  justes  de  la  Révolution  française.  Une  répartition  plus  démocratique  et  plus  équi¬ 
table  de  ses  charges  est  indispensable.  Ii  s’agit  de  rendre  facultative,  pour  les  communes,  la 
suppression  des  prestations,  de  remanier  et  d’alléger  l’impôt  foncier,  de  mettre  au  point  la 
contribution  personneile-mobilière,  de  faire  disparaître  l’impôt  des  portes  et  fenêtres,  de 
transformer  les  patentes  en  un  impôt  sur  le  capital  industriel  et  commercial,  de  diminuer 
les  droits  de  mutation  et  les  frais  de  justice,  si  lourds  aux  moins  fortunés. 

3°  La  question  religieuse. 

Je  sais  partisan  de  la  suprématie  du  pouvoir  civil,  même  sur  la  franc-maçonnerie,  et 
c’est  défendre  cette  suprématie  que  de  voter  contre  la  séparation  des  Églises  et  de  l’État. 
Tous  les  Ministres,  d’ailleurs,  de  M.  Waldeck -Rousseau  à  M.  Millerand,  ont  voté,  il  y  a  deux 
mois  à  peine,  contre  cette  séparation. 

Je  demande  l’application  stricte  et  loyale  du  Concordat. 

Il  n’y  a  qu’un  moyen  d’assurer  la  paix  religieuse,  c’est  d’imposer  le  respect  mutuel  de 
toutes  les  convictions  sincères. 

La  liberté  de  conscience  a  une  conséquence  immédiate  :  la  liberté  d’enseignement, 
L’État  doit  organiser  l’enseignement  public,  mais  il  doit  laisser  libre,  sous  son  contrôle, 
l’exercice  de  l’enseignement  privé. 

4"  La  question  militaire. 

L’armée  doit  être  tenue  à  l’écart  des  influences  politiques  et  électorales,  afin  de 
travailler  en  silence  à  sa  double  et  noble  mission  :  le  relèvement  de  la  Patrie  et  la  défense 
du  sol  national. 


76 


—  602  — 


~  Je  ne  saurais  admettre  qu'on  oppose  l'esprit  démocratique  à  l'esprit  militaire  puisque, 
ca  République,  le  même  sang  pur  circule  des  veines  de  la  Nation  et  dans  les  veines  de 
Ramée. 

Je  suis  désireux  d'alléger  les  charges  militaires,  d'abréger  si  possible  les  périodes 
d'instruction,  de  réduire  le  service  militaire  à  deux  ans  ou  même  à  un  an,  maïs  à  la  condi¬ 
tion  de  sauvegarder  les  exigences  de  la  solidité  de  Tannée  française  toujours  prête  à  pro¬ 
clamer  devant  l'étranger  que  la  Nation,  riche  en  souvenirs  glorieux,  est  toujours  riche  en 
espérances  réalisables. 

Pour  accomplir  cette  réforme,  deux  lois  sont  nécessaires,  au  préalable  :  l'une,  suppri¬ 
mant  toutes  les  dispenses,  l'autre  assurant  des  cadres  solides  et  favorisant  des  rengage¬ 
ments  nombreux, 

La  politique  pure,  je  vous  Fai  dît  souvent  au  cours  de  mes  conférences,  mes  chers 
Concitoyens,  n’est  qu’un  bruit  vain  de  voix  confuses  et  de  surenchères  électorales. 

ji  faut  organiser  la  démocratie,  et,  pour  cela,  H  faut  faire  de  bonnes  lois,  acceptées  par 
tous  les  citoyens  comme  basées  sur  la  mesure,  la  sagesse  et  la  raison,  comme  ayant  pour 
but  l’intérêt  général  et  le  bonheur  commua, 

O  s'agît,  dès  le  début  de  la  prochaine  législature,  de  donner  à  la  République  un  Gouver¬ 
nement  juste  et  fort,  parce  que,  sans  ïa  justice,  la  force  est  despotisme,. parce  que,  sans  la 
force,  la  justice  est  impuissance.  31  faut  au  pays  un  Gouvernement  capable  d’assurer,  avec 
Fordre  clans  les  finances,  la  paix  civile,  la  paix  religieuse  et  la  paix  sociale,  capable  en  un 
mot  de  donner  vraiment  la  liberté  à  tout  le  monde. 

Je  suis  partisan  déterminé  de  la  réconciliation  nationale,  par  une  politique  d’apaise¬ 
ment  et  de  concorde  que  j’opposeiai  sans  faiblesse  à  la  politique  de  discorde  et  de  haine. 

Ma  foi  dans  la  République  et  dans  la  liberté  n'a  jamais  subi  une  heure  de  décourage¬ 
ment  i  elle  est  égale  à  mon  amour  de  la  France. 

Vive  ïa  République  î 

Vive  la  liberté! 

George*  ÀÜDIGIER, 

Candidat  républicain. 


2*  circonscription  de  SENLIS 

M.  Jules  GAILLARD 

Élu  au  lor  tour  de  scrutin*  —  7, 407  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

La  consultation  électorale  du  27  avril  emprunte  aux  circonstances  actuelles  un  carac¬ 
tère  d’exceptionnelle  importance*  La  situation  dans  laquelle  se  débat  notre  pays  est  une 
des  plus  graves  que  nous  ayons  connue  depuis  longtemps. 

La  coalition  des  partis  extrêmes  et  des  sectes  antifrançaises  qui,  à  Foccasion  de  l’affaire 
Dreyfus,  a  réussi  à  s'emparer  du  pouvoir  a,  pour  s’y  maintenir,  poursuivi  une  politique 
néfaste  pour  la  France. 

Cette  politique  repose  sur  un  impudent  mensonge  :  la  prétendue  nécessité  d'une  défense 
républicaine,  alors  que  jamais,  depuis  vingt  ans,  la  République  n'avaîtété  aussi  incontestée 
dans  le  pays.  La  «Défense  républicaine  »  n'a  été  qu’un  voile  trompeur  jeté  sur  ['exploitation 
de  ïa  République  et  sur  la  désorganisation  nationale. 


603  — 


N°  1162 


Tous  les  bons  citoyens,  tous  les  vrais  patriotes  ont  dénoncé  cette  politique  sans  relâche; 
—  ils  ont  l'impérieux  devoir  de  la  combattre  aujourd'hui  plus  que  jamais»  et  c'est  ce  devoir 
que  je  viens  remplir  en  me  présentant  de  nouveau  à  tous  vos  suffrages. 

Deux  politiques  sont  donc  nettement  en  présence:  Tune,  celle  des  radicaux  et  des 
socialistes,  qui  a  produit  depuis  trois  ans  les  résultats  que  vous  connaissez,  l’autre,  celle 
des  républicains  libéraux  et  honnêtes»  qui  veulent  arrêter  la  France  et  la  République  sur  la 
pente  dangereuse  oii  elles  glissent;  finie,  quia  vécu  de  suspicion  et  de  haines,  qui  a  renou¬ 
velé  les  procédés  de  la  Terreur  jacobine  ;  l'autre,  qui  veut  rétablir  3a  concorde  et  Tunion 
entre  tous  les  citoyens;  Tune,  qui  causerait  la  ruine  du  commerce  et  de  l'industrie,  Tautre, 
qui  rétablira  la  prospérité  dans  les  affaires;  Tune,  qui  exploite  la  République  au  profit  de 
quelques-uns,  Tautre,  qui  veut  faire  de  îa  République  la  chose  de  tous* 

Dans  une  brochure  détaillée  que  j’adresse  ces  jours-ci  à  chacun  de  vous,  j'ai  exposé  et 
discuté  ces  deux  politiques,  ainsi  que  les  programmes  de  mes  concurrents. 

Qu'il  me  suffise  de  rappeler  ici  que  le  collectivisme  aboli!  la  propriété  individuelle,  et 
cela  seul  le  condamne.  Il  aboutit  à  la  ruine  et  à  Ja  misère  universelles* 

Quant  au  programme  radical,  les  candidats  ne  l'exposent  et  ne  Je  soutiennent  que 
durant  les  périodes  électorales;  une  fois  élus,  ils  ne  tentent  jamais  d’en  poursuivre  la 
réalisation,  par  la  raison  bien  simple  qu'elle  est  absolument  impossible*  Pas  un  seul  des 
six  ministères  radicaux  ou  semi-radicaux  n'a  lente  de  faire  aboutir  un  seul  des  articles  du 
programme  radical;  la  majorité  radicale-socialiste  de  la  dernière  Chambre  n'a  jamais 
voulu  en  aborder  la  discussion,  et  les  ministres  de  défense  républicaine  eux-mêmes  ont 
déclaré  que  les  principales  réformes  proposées  par  le  parti  radical  étaient  dangereuses  et 
impraticables, 

l/œuvre  des  radicaux  et  des  francs-maçons  durant  ces  trois  dernières  années  a  été 
désastreuse  :  les  impôts  augmentés  de  25D  millions  eu  quatre  ans;  un  déficit  de  352  millions 
pour  1901;  deux  emprunts  successifs  ;  le  monde  des  affaires  et  le  monde  du  travail  troublés 
et  alarmés;  une  crise  économique  intense  due  à  Tavénemeot  d'un  collectiviste  au  pouvoir  et 
à Tineertitude  du  lendemain;  toutes  nos  libertés  étranglées  et  menacées  par  des  sectaires; 
Tannée,  gardienne  de  la  France  et  de  la  Constitution,  devenue  le  jouet  des  politiciens  et 
désorganisée  pour  complaire  aux  partisans  de  Dreyfus;  voilà  le  triete  bilan  de  la  législature 
qui  s'achève. 

Vous  connaissez,  par  la  lecture  quotidienne  des  journaux,  les  votes  que  j'ai  émisdurant 
ces  quatre  années  —  je  vous  en  adresserai  prochainement  un  résumé  loyal  et  complet  qui 
fera  justice  des  calomnies  lancées  contre  moi. 

Vous  y  verrez  que  je  n’ai  jamais  cessé  de  défendre  les  véritables  principes  républicains, 
les  intérêts  de  ma  circonscription,  ceux  de  la  démocratie,  ceux  de  l’agriculture.  Si  nous 
n'avons  pu  faire  aboutir  aucune  réforme  utile,  la  responsabilité  en  remonte  aux  radicaux  et 
aux  francs-maçons  qui  ont  fait  perdre  le  temps  de  la  Chambre  en  vaines  manifestations  et 
en  interminables  discussions  de  lois  de  division  et  de  discorde* 

Pour  ma  part,  j'ai  toujours  soutenu  et  je  de  cesserai  de  soutenir  les  réformes  sui¬ 
vantes  : 


Au  point  de  vue  financier  : 

Suppression  de  la  contribution  personnelle- mobilière  et  de  l'impôt  des  portes  et 
fenêtres. 

Établissement  d'un  impôt  proportionnel  sur  le  revenu,  avec  large  dégrèvement  à  la 
base. 

Réforme  des  patentes,  pour  soulager  le  petit  commerce  et  la  petite  industrie. 

Réforme  des  prestations,  dont  je  désire  la  suppression  facultative  pour  les  communes. 


Au  point  de  yuc  social  : 

Projet  de  loi  sur  les  retraites  ouvrières,  assurant  aux  ouvriers,  à  l’âge  de  60  ans,  une 
retraite  par  la  collaboration  de  l’État  et  de  la  mutualité. 

Conseil  du  travail  où  seront  appelés  tous  les  ouvriers,  syndiqués  et  autres. 

Tribunal  d’arbitrage  en  cas  de  conflit  entre  patrons  et  ouvriers. 

Au  point  de  vue  agricole  : 

Révision  du  cadastre  et  meilleure  péréquation  de  l’impôt  foncier. 

Représentation  légale  de  l’agriculture. 

Organisation  du  Crédit  agricole. 

Réduction  des  droits  de  mutation. 

Extension  de  la  compétence  des  juges  de  paix. 

Réduction  des  frais  de  transport  par  voie  ferrée. 

Au  point  de  vue  militaire  : 

Réduction  du  service  à  deux  ans,  avec  1a  loi  sur  ies  cadres  et  les  rengagements. 

Développement  de  la  mutualité,  de  l’enseignement  agricole,  des  écoles  primaires  supé¬ 
rieures,  dans  un  sens  pratique. 

Toute  ma  ]’ai  soutenu  une  politique  de  ïibertêj  d  apaisement,  d  union.  Ami  dévoué 
de  la  démocratie,  je  n’ai  jamais  cherché  à  la  flatter,  mais  je  l’ai  servie  loyalement  et  toutes 
ces  revendications  ont  trouvé  et  trouveront  en  moi  un  ardent  défenseur.  La  cause  de  l’agri¬ 
culture  m’a  été  particulièrement  chère  et  mon  concours  sera  toujours  acquis,  comme  par  le 

passé,  à  toutes  les  réformes  utiles,  .  v  . 

Ainsi  que  je  Fai  dît  tant  de  fois,  je  veux  une  République  honnête,  libérale,  qui  s'inspi¬ 
rerait  des  généreuses  et  nobles  traditions  de  la  Révolution,  qui  resterait  fidèle  à  la  déclara¬ 
tion  des  Droits  de  l’Homme  et  du  Citoyen,  ouverte  à  tous  les  bons  vouloirs,  à  tous  les  dévoue¬ 
ments  sincères,  et  qui,  respectueuse  de  toutes  les  libertés,  ramènerait  dans  notre  pays  l’apab 
semant  et  la  confiance  dans  l’avenir t  dont  il  a  tant  besoin. 

C’est  à  cette  œuvre  patriotique  que  je  vous  convie,  mes  chers  Concitoyens,  et  c  est  pour 
la  poursuivre  en  commun  que  je  vous  demande  de  me  continuer  votre  confiance. 

Vive  la  France!  Vive  la  République  démocratique  et  libérale! 

» 

Votre  dévoué  Contiloyeo, 

Jules  GAILLARD, 

Conseiller  général  du  canton  de  Creil, 
Député  sortant. 


—  605  — 


N°  1162 


ORNE 


Circonscription  à’ ALENÇON 

M.  le  comte  de  LÉVIS-MI  REPOIX 
Élu  au  let  tour  de  scrutin.  — . 8.631  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Vous  m’avez  donné  depuis  dix-sept  ans  des  témoignages  répétés  et  constants  de  votre 
confiante  amitié. 

Depuis  dix-sept  ans,  nous  travaillons  ensemble  à  une  œuvre  d’apaisement,  de  concilia¬ 
tion  et  de  liberté. 

Cette  collaboration  avec  de  braves  gens  tels  que  vous,  dans  l’intérêt  supérieur  de  la 
patrie,  sera  l’honneur  de  ma  vie. 

De  nouveau,  je  demande  aux  conservateurs,  je  demande  aux  républicains  libéraux  et 
patriotes  de  s’unir  pour  faire  triompher  sur  mon  nom  les  principes  de  liberté  et  d’honneur 
national  sans  lesquels  la  République  ne  serait  qu’un  mensonge  et  la  Patrie  un  vain  mot. 

Nous  vivons  à  une  heure  décisive  de  noire  histoire. 

Le  ministère  Waldeck -Rousseau  a  détruit  dans  ce  pays  les  foi  ces  morales  et  matérielles 
qui  sont  la  sécurité  d’une  grande  nation. 

Fondé  pour  réhabiliter  un  traître,  il  a  désorganisé  l’armée,  dont  trente  années  de 
labeur  et  de  sacrifices  avaient  fait  un  incomparable  instrument  de  défense  nationale. 

Il  a  ruiné  nos  finances  par  les  plus  folles  prodigalités.  Le  déficit  atteint,  pour  la  seule 
année  1901,  la  somme  de  trois  cent  quarante-cinq  millions  1 

Nous  sommes  acculés  à  un  nouvel  emprunt,  à  de  nouveaux  impôts  ! 

Sous  prétexte  de  lutter  contre  le  cléricalisme,  M.  Waldeck-Rousseau  et  sa  majorité  ont 
fait  contre  la  conscience  catholique  l'abominable  loi  des  associations  et  s’apprêtent  à  nous 
ravir  ce  qui  nous  reste  de  la  liberté  d’enseignement. 

J’ai  lutté  contre  ce  Ministère. 

J'ai  lutté  contre  son  œuvre  néfaste  et  criminelle,  d’accord  avec  les  Républicains  les  mieux 
éprouvés,  tels  que  MM.  Méline  et  Ribot,  avec  mes  collègues  de  1  Orne  •  MM.  Gévelot  et  Ban- 
sard  des  Bois. 

J’ai  conscience  d’avoir  fait  mon  devoir,  d’avoir  été  le  fidèle  interprète  des  catholiques 
menacés  dans  leurs  croyances,  et  des  libéraux  respectueux  des  droiis  de  la  conscience  indi¬ 
viduelle. 

En  ce  qui  concerne  vos  intérêts  immédiats,  j’ai  combattu  en  faveur  des  bouilleurs  de 
cru;  et  —  d’accord  avec  les  représentants  des  départements  intéressés  j’ai  voté  la  loi 
qui  maintient  et  confirme  le  principe  de  leur  droit. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Le  désarroi  de  nos  adversaires  est  la  meilleure  preuve  que  notre  collaboration  a  été 
féconde. 

C’est  pourquoi  j’attends  l’épreuve  d’un  scrutin  nouveau  avec  la  plus  parfaite  sérénité. 

Croyez,  mes  chers  Concitoyens,  a  mon  affectueux  dévouement. 

Comte  de  LÉVIS-MIREPOIX,  Député  sortant. 


—  606  — 


Circonscription  d  AR  CEN  TAN 

M.  le  baron  de  MÂCKÂÜ 
Élu  au  iCT  tour  de  scrutin-  —  13-745  voix. 


Messieurs^  mes  chers  Amis, 

Depuis  plus  de  trente  ans,  fai  consacré  ma  vie  à  la  défense  de  vos  intérêts,  sans  dis¬ 
tinction  d'opinions  ou  de  parus; 

A  la  défense  aussi  de  la  liberté  de  vos  domiciles  et  de  vos  industries,  de  la  liberté  des 
familles  et  des  consciences. 

Si  vous  croyez  que  mon  concours  puisse  encore  vous  être  utile,  je  reste  à  votre  dispo¬ 
sition,  aujourd'hui  comme  jadis,  avec  le  même  dévouement,  la  même  affection  et  la  même 
indépendance. 

Baron  de  MACKAU, 

Conseiller  général,  Député  sortant. 


lre  circonscription  de  DOMFRONT 
M.  CACHET  . 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  6.546  voix. 


Messieurs  les  Électeurs  et  chers  Concitoyens, 

En  posant  aujourd’hui  ma  candidature,  je  n’obéis  à  aucun  sentiment  d’ambition  ni  de 
rancune  personnelles. 

Mes  amis  m’ont  fait  comprendre  que,  dans  les  circonstances  présentes,  un  citoyen 
libre  et  indépendant  ce  doit  pas  rester  indifférent  devant  l’œuvre  de  désorganisation  natio¬ 
nale  qui  se  dégage  des  actes  du  ministère  actuel  et  des  votes  de  votre  député. 

Il  vous  avait  promis,  en  effet,  il  y  a  quatre  ans,  «  d’être  un  républicain  modéré,  res¬ 
pectueux  des  droits  de  chacun,  évitant  tout  ce  qui  pourrait  blesser  les  consciences  et  les 
intérêts  politiques,  économiques,  religieux  ». 

Malgré  ses  promesses,  il  a  soutenu  un  ministère  dont  la  première  préoccupation  a  été 
de  réhabiliter  un  traître  deux  fois  condamné,  dont  l’action  funeste  a  toujours  été  dirigée 
contre  les  principales  forces  vitales  du  pays  —  l’armée  et  la  fortune  publique  —  et  qui, 
malgré  la  présence  au  ministère  du  commerce  du  chef  du  parti  socialiste-collectiviste,  n’a 
rien  pu  faire  de  vraiment  utile  pour  la  classe  ouvrière. 

Malgré  ses  promesses,  il  a  voté  la  loi  sur  les  associations,  qui  a  portés  la  liberté 
individuelle,  à  la  liberté  de  conscience  l’atteinte  la  plus  grave  qu’elles  aient  subies  depuis 
longtemps,  qui  tend  à  supprimer  la  liberté  de  l’enseignement,  et  qui  met  toute  une  caté¬ 
gorie  de  citoyens  hors  le  droit  commun. 


-  007  — 


iS*  4162 


]I  vous  avait  promis  de  «  défendre  les  bouilleurs  de  c ru»,  qui  représentent  «  l'intérêt 
agricole  le  plus  considérable  de  notre  pays  »  et  de  «  réduire  à  50  francs  par  hectolitre  les 
droits  sur  l’alcool  », 

Malgré  ses  promesses,  il  a  voté  3a  loi  sur  la  réforme  des  boissons  qui  élève  ces  droits 
à  220  francs,  qui  attente  à  votre  indépendance  £t  à  votre  liberté  de  cultivateurs,  et  cause, 
comme  vous  Lavez  déjà  éprouvé,  un  tort  considérable  à  la  vente  de  vos  fruits  et  de  vos 

eaux-de-vie. 

]e  viens  donc  vous  demander  de  me  confier  la  défense  de  vos  intérêts. 

Pour  accomplir  cette  tache,  je  n'aurai  qu’à  nie  laisser  guider  par  mon  ardent  amour 
delà  France  et  de  la  liberté, .et  par  le  désir  de  vous  être  utile  en  exécutant  loyalement  nies, 
engagements* 

C’est  de  ces  sentiments  que  s’est  toujours  inspirée  ma  conduite  passée  et  que  conti¬ 
nuera  à  s’inspirer  ma  conduite  à  venir. 

Je  veux  donc  pour  tous  la  liberté  de  conscience,  la  liberlè  du  travail,  la  liberté  d’asso¬ 
ciation,  la  liberté  d’enseignement. 

Je  veux  que  le  déficit  dans  le  budget  et  l’augmentation  toujours  croissante  des  impôts 
soient  enrayés  par  une  sage  administration  et  une  diminution  dans  l’exagération  des  dé¬ 
penses  publiques,  et  que  la  fortune  du  paye  ne  soit  pas  à  îa  merci  de  quelques  banquiers 
juifs  et  cosmopolites  qui  drainent  l’épargne  de  nos  villes  et  de  nos  campagnes. 

Je  veux  que  l'amélioration  du  sort  de  l’ouvrier  et  des  cultivateurs  ne  soit  plus  seule¬ 
ment  un  prétexte  à  de  beaux  discours  toujours  sans  effet,  mais  un  objet  de  sollicitude 
éclairée  qui  se  traduira  par  des  lois  de  prévoyance,  de  mutualité  et  de  crédit. 

Je  veux  une  modification  complète  de  la  loi  sur  les  boissons  :  l'établissement  de  la 
liberté  absolue  du  privilège  des  bouilleurs  de  cru,  très  forte  réduction  des  droits  sur  les 
eaux-de-vie  naturelles  et  du  tarif  des  licences  des  débitants. 

Je  veux  que  la  protection  des  agriculteurs  soit  rendue  vraiment  efficace  p^r  des  lois 
favorisant  la  vente  de  leurs  produits,  arrêtant  Fimportation  à  vil  prix  des  grains  et  des 
bestiaux,  et  diminuant  les  impôts  et  les  charges  qui  pèsent  sur  leurs  terres. 

Je  veux  la  réduction  de  la  durée  du  service  militaire  obligatoire,  dans  la  mesure  com- 
palible  avec  les  nécessités  de  la  défense  nationale. 

Je  yeux  enfin  que  tous  les  citoyens,  qu'ils  appartiennent  à  Y  armée  ou  an  corps  des 
fonctionnaires,  puissent  servir  utilement  et  patriotiquement  le  pays  sans  être  sans  cesse 
troublés  par  la  crainte  de  la  délation  que  le  ministère  actuel  a  introduite  partout. 

Électeurs, 

La  République  est  la  forme  de  gouvernement  acceptée  par  la  France, 

^  J'estime  qu’il  n’y  a  de  République  possible  et  durable  que  celle  qui  respecte  et  garantit 
h  liberté  et  les  droits  de  tous  les  citoyens. 

C’est  pour  cela  que  je  veux  une  République  libérale  et  largement  ouverte  à  tous. 

Croyez,  messieurs  les  électeurs  et  chers  Concitoyens,  à  l’assurance  de  mon  entier 
dévouement. 

Docteur  CACHET, 

Conseiller  municipal  de  Domfront, 

Conseiller  d’arrondissement, 

Candidat  républicain  libéral. 


—  608  — 


2e  circonscription  de  DOMFRONT 
M.  GÊVELOT 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  11.61)7  voix. 


Messieurs  et  chers  Concitoyens, 

En  venant  cette  fois  encore  vous  demander  le  maintien  du  mandat  qui  m’a  été  renou¬ 
velé,  depuis  trente-trois  ans,  sans  interruption,  dans  notre  circonscription  je  tiens  a  vous 
affirmer  que  la  profonde  reconnaissance  que  je  ressens  de  ce  constant  attachement  lestera, 
aujourd’hui  comme  toujours,  la  source  inspiratrice  de  mes  actes  et  de  ^  dévouement 
La  situation  politique  est  inquiétante;  le  Parlement  s  est  laisse  entraîne  p 
ministère  formé  d’éléments  disparates,  obéissant  lui-méme  a  une  coterie  dont  les  pas¬ 
sions  et  les  rancunes  lui  ont  dicté  le  vote  de  lois  attentatoires  a  la  liberté  et  préparant  la 

voie  an  socialisme  collectiviste.  ,  ,  s  * 

Les  droits  des  citoyens  ont  été  méconnus;  les  véritables  intérêts  du  pays  sacrifiés;  les 
finances  publiques  compromises;  les  sentiments  de  patriotisme  atteints  par  les  insultes 
an  drapeau  de  la  France  et  à  la  vaillante  armée  qui  en  a  le  dépôt  et  la  garde. 

j’ai  refusé  mon  vote  à  ces  prétendus  défenseurs  de  la  République,  qui  la  mettraient 
plutôt  en  péril  par  l’abandon  des  principes  et  la  violation  des  libertés.  _ 

C’est  cette  République,  voulue  par  le  pays,  respectueuse,  par  son  essence  meme,  de 
propriété,  du  droit,  de  la  conscience  de  chacun,  que  j’entends  continuer  de  défendre  avec 
vous  contre  toutes  les  attaques,  d’où  qu’elles  viennent. 

C’est  avec  la  connaissance  de  vos  intérêts  et  dans  cette  communauté  de  préoccupa  ion 
patriotiques,  que  je  remplirai  jusqu’au  bout  ce  mandat  dont  j’attends  le  renouvel  emen 
de  votre  confiance,  qui  est  mon  plus  grand  honneur. 

Recevez,  Messieurs  et  chers  Concitoyens,  l’assurance  de  mon  entier  dévouement. 

J.  GÉVELOT. 


Circonscription  de  MORTAGNE 

M.  BÀNSÂRD  DES  BOIS 
Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  15,806  vois. 


Mes  chers  Concitoyens , 

En  venant  de  nouveau  solliciter  vos  suffrages  au  scrutin  du  27  avril,  ma  première  peu 
eèe  est  de  vous  exprimer  ma  profonde  gratitude  des  sympathie!  que  vous  m/avez  toujouis 

Vous  m’avez  maintes  fois  prouvé  que  je  possédais  votre  confiance,  Fai  conscience  d  a 
voir  tenu  mes  engagements  et  de  ne  m’être  jamais  inspiré,  aux  heures  délicates  de  cette 
dernière  législature,  que  de  vos  volontés  et  de  vos  intérêts,, 


—  m  — 


Nû  il 62 


Aujourd'hui  comme  liier,  je  veux  assurer,  au  nom  de  la  liberté  de  conscience,  le  respect 
de  toutes  les  croyances  ; 

_ Poursuivre  une  politique  d'économies  :  endiguer  les  dépenses  du  budget  et  défendre 

le  contribuable  contre  les  gaspillages  financiers  ; 

_ Fortifier  et  honorer  notre  armée  :  la  mettre  à  l'abri  de  toutes  les  attaques;  affermir 

notre  organisation  militaire;  abréger  la  durée  du  service  dans  les  limites  compatibles  avec 
la  sécurité  nationale  ; 

—  Protéger  l'agriculture  :  réprimer  le  vagabondage  ;  compléter  les  œuvres  d'assu¬ 
rance  et  de  crédit  agricoles  et  maintenir  intacts  les  droits  primordiaux  de  nos  agricul¬ 
teurs  ; 

—  Favoriser  le  travail  industriel  et  commercial  :  développer  l'activité  nationale  et, 
selon  les  indications  fournies  récemment  aux  fêtes  mutualistes  de  Laiglc,  améliorer  le 
sort  des  travailleurs  en  multipliant  et  encourageant  les  institutions  de  prévoyance  et  de 
mutualité,  qui  seules  peuvent  faciliter  la  constitution  des  retraites  ouvrières. 

Telle  est  l'œuvre  générale  à  laquelle  j'entends  continuer  à  donner  tout  mon 
concours. 

Républicain  sincère,  je  veux  la  République  forte,  pacifique,  libérale,  économe  des 
deniers  publics,  ouverte  à  tous  les  progrès  et  à  toutes  les  réformes  utiles.  Absolument 
indépendant  par  situation  et  par  caractère,  je  me  préoccupe  de  l'intérêt  supérieur  du  pays 
en  dehors  des  passions  et  des  violences  des  partis,  plaçant  au-dessus  de  tout  la  puissance 
matérielle  et  morale  de  la  France. 

Comme  en  1893  et  en  1898,  je  m'abrite  sous  cette  devise  qui  est  le  résumé  de  ma 
conduite  politique  : 

Ordre  —  Concorde  —  Progrès. 

Je  me  réjouis  de  l'apaisement  des  esprits  qui  se  constate  dans  notre  arrondissement, 
heureux  d'avoir  pu  y  contribuer  dans  la  mesure  de  mes  forces.  J'ai  toujours  fait  appel  à 
l'union  et  à  la  concorde.  Plus  que  jamais,  elles  sont  indispensables  à  la  grandeur  et  à  l'a- 
Yenir  de  la  Patrie. 

Rien  de  durable  ne  se  fonde  sur  la  division  et  sur  la  haine.  Les  réformes  né  peuvent 
être  fructueuses  que  si  elles  sont  consenties,  et  non  imposées,  et  lorsqu'elles  sont  issues 
librement  de  la  volonté  générale  unie  clans  un  même  sentiment  d' amour  patriotique. 

La  République  est  inséparable  de  l'idée  de  liberté. 

La  liberié  est  le  gage  essentiel  de  la  paix  sociale.  Elle  est  l'instrument  nécessaire  du 
progrès.  Il  faut  la  garder  soigneusement  pour  faire  pénétrer  dans  nos  lois  et  dans  nos 
mœurs  toujours  plus  d'égalité,  plus  de  justice  et  plus  de  fraternité. 

Je  consacrerai  à  cette  tâche  mes  efforts  et  mon  énergie.  Je  n'ai  d'autre  ambition  que  de 
servir  honnêtement  et  loyalement  mon  pays.  Je  n'ai  pas  besoin  de  vous  dire  que  je  mettrai, 
comme  par  le  passé,  au  service  de  vos  intérêts,  Pexpérience  que  j’ai  pu  acquérir  au  cours 
déjà  long  de  ma  carrière  parlementaire. 

Veuillez  agréer,  mes  chers  Concitoyens,  la  nouvelle  assurance  de  mon  inaltérable 
dévouement 

BANSARD  DES  BOIS, 

Député,  Conseiller  général  de  l'Orne 
et  Maire  de  RePême. 


77 


PAS-DE-CALAIS 


lrc  circonscription  d’ ARRAS 
M  ROSE 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  15.589  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Lorsqu’il  y  a  quatre  ans,  j’ai  sollicité  le  renouvellement  du  mandat  que  vous  m’avez 
confié  en  1893,  je  me  suis  présenté  à  vous  avec  un  programme  d’union  républicaine  com¬ 
portant  la  formation  d’un  grand  parti  gouvernemental  entre  ceux  qui  acceptent  franchement 
et  sincèrement  la  République,  sans  être  suspects  de  complaisance  envers  les  partis  extrêmes, 
il  se  résumait  en  ces  mots  :  «  Mi  réaction,  ni  révolution  >v. 

En  venant  aujourd’hui,  pour  la  troisième  fois,  solliciter  vos  suffrages,  j’entends  rester 
fidèle  à  la  ligne  de  conduite  que  je  me  suis  tracée  et  que  vous  avez  approuvée  jusqu’à  ce 
jour. 

L'engagement  que  j’avais  pris,  j’ai  la  conviction  de  l’avoir  loyalement  tenu. 

Si,  au  cours  de  cette  législature,  des  divisions  regretta  blés  ont  empêché  la  formation 
de  ce  grand  parti  gouvernemental  que  j’appelais  de  mes  vœux,  j’estime  que  son  existence 
s’impose  aujourd’hui  plus  impérieusement  que  jamais  dans  l’întcrêt  de  la  France  et  de  U 
République. 

Sans  entrer  dans  les  détails,  je  tiens  à  affirmer  que  les  grandes  lignes  de  son  pro¬ 
gramme  pourraient  se  traduire  ainsi  : 

République  intangible,  maintenue  au-dessus  de  nos  vues  particulières,  comme  la  seule 
forme  de  gouvernement  capable  de  sauvegarder  les  conquêtes  de  l’esprit  moderne,  comme 
l’instrument  nécessaire  du  progrès  démocratique. 

Suprématie  du  pouvoir  civil  sur  toutes  les  Églises,  dominant  et  effaçant  les  querelles 
de  religion  et  de  race  par  la  mise  en  pratique  de  la  belle  Déclaration  des  dioîts  de  1  Homme 
et  du' Citoyen,  par  la  liberté  assurée  et  garantie  à  tous  les  Français. 

Mesures  à  prendre  pour  assurer  le  bon  fonctionnement  du  régime  parlementaire,  qu’on 
ne  saurait  laisser  discréditer  sans  porter  atteinte  à  la  souveraineté  populaire,  sans  ccd'. pro¬ 
mettre  l’existence  même  de  la  République. 

Je  suis  de  ceux  qui  veulent  être  de  leur  temps,  qui  considèrent  que  le  progrès  est 
indéfini  et  ne  reculent  devant  aucune  réforme,  pourvu  qu’elle  soit  juste  et  vraiment  digne 

de  ce  nom.  , 

Je  l’ai  prouvé  en  toutes  circonstances  par  mon  attitude  dans  les  questions  qui  inté¬ 
ressent  les  travailleurs  et  par  les  propositions  de  loi  que  j’ai  déposées. 

Mais  je  tiens  à  redire  que  j’éprouve  peu  de  goût  pour  les  discussions  de  politique  pure, 
pour  les  interpellations  bruyantes,  qui  absorbent  le  meilleur  temps  de  la  Chambre  ait  dé¬ 
triment  des  réformes  pratiques,  des  travaux  utiles  longuement  élaborés  que  chaque  légis¬ 
lature  voit  revivre  et  disparaître,  sans  profit  pour  le  pays. 

Je  me  suis  abstenu  de  prendre  part  à  ces  débats  ;  j’ai  voulu  être  et  j’entends  rester 


—  6il 


N°  i 162 


uû  député  d'affaires,  soucieux  avant  tout  de  la  défense  80  vos  intérêts  économiques  et 

sociaux.  ,  ,  .  ,  .  . 

Je  n’ai  pas  oublié  que  j’étais  un  rural,  que  j’avais  passe  ma  vie  au  milieu  des  agricul¬ 
teurs  et  il  m’a  été  particulièrement  agréable  de  consacrer  tous  mes  efforts,  toute  mon  éner¬ 
gie,  à  l’examen  et  à  la  réalisation  des  mesures  législatives  de  nature  à  sauvegarder  leur 
situation,  trop  souvent  sacrifiée.  C’était  pour  moi  le  meilleur  moyen  de  manifester  ma 
reconnaissance  pour  les  témoignages  de  sympathie  qu’ils  n’ont  cessé  de  me  prodiguer. 

Comme  secrétaire  de  la  Commission  des  douanes,  du  groupe  des  Députés  et  Sénateurs 
intéressés  à  la  production  du  sucre  et  de  l’alcool  industriel,  j’ai  étudié  plus  spécialement 
encore  les  questions  qui  se  rattachent  à  ces  deux  branches  si  importantes  de  notre  pro¬ 
duction  agricole,  et  j’ai  eu  la  charge  d’organiser,  dans  toutes  les  régions  intéressées,  un 
pétition nement  qui  a  abouti,  tout  au  moins  en  ce  qui  concerne  l’alcool,  à  l’ajournement 
des  propositions  qui  nous  menaçaient. 

il  est  bien  entendu  que  je  continuerai  à  poursuivre  l’abolition  du  privilège  des  bouil¬ 
leurs  de  cru  et  à  demander  l’affectation  des  ressources  à  en  provenir  au  dégrèvement  des 
licences  et  des  droits  perçus  sur  l’alcool,  de  même  que  je  m’opposerai  à  tout  projet  de  taxe 
différentielle  et  de  monopole  d’État, 

En  ce  qui  concerne  les  sucres,  j’estime  dès  maintenant  que  la  Convention  de  Bruxelles 
est  mauvaise  pour  notre  production  betteravière  et  pour  les  intérêts  généraux  du  pays;  les 
efforts  les  plus  énergiques  devront  être  tentés  pour  faire  aboutir  les  solutions  réparatrices 
qui  vont  s’imposer  à  l’attention  des  pouvoirs  publics;  pour  arriver  à  ce  résultat,  mou  con¬ 
cours  le  plus  absolu  vous  est  acquis.  Vous  pourrez  trouver  au  Parlement  des  défenseurs  plus 
éloquents,  vous  n’en  aurez  pas  de  plus  convaincus  ni  de  plus  dévoués. 

Des  projets  nouveaux  devront  être  également  discutés  à  bref  délai  pour  sauvegarder 
les  intérêts  des  producteurs  de  blé,  en  raison  de  la  surproduction  qui  nous  menace  :  vous 
n’ignorez  pas  que  je  me  suis  depuis  longtemps  préoccupé  de  cette  éventualité  ;  je  m  effor¬ 
cerai  de  faire  aboutir  ceux  qui  me  paraîtront  utiles  et  salutaires. 

Tout  en  m’occupant  de  la  défense  des  intérêts  agricoles,  je  n’ai  jamais  négligé  ceux  du 
commerce  et  de  l’industrie.  Tous  ces  intérêts,  du  reste,  sont  absolument  solidaires  et  la 
prospérité  industrielle  et  commerciale  de  notre  région  est,  faite  de  la  prospérité  agricole; 

Quant  aux  travailleurs  des  mines  et  des  chemins  de  fer,  j’ai  eu,  comme  secrétaire  et 
comme  rapporteur  de  la  Commission  du  travail,  l’occasion  fréquente  do  discuter  et  de  faire 
aboutir  leur 3  légitimes  revendications  ;  j’ai  la  conviction  de  les  avoir  toujours  défendus , 
courageusement  et  utilement,  tout  en  tenant  le  plus  grand  compte  de  notre  situation 
financière  et  de  l’obligation  qui  s’impose  aux  pouvoirs  publics  de  ne  pas  aggraver  les 
charges  fiscales  qui  pèsent  déjà  si  lourdement  sur  le  contribuable  français  et  sur  le  travail 
national. 

Si  vous  croyez  que  mon  rôle  dans  le  passé  a  été  bon,  utile,  si  vous  pensez  que,  dans 
l’avenir,  je  puis  vous  aider  encore  à  faire  aboutir  vos  revendications,  aujourd’hui  plus 
pressantes  que  jamais,  je  mets  de  nouveau  à  votre  disposition  tout  mon  temps,  toute 
mon  activité,  je  vous  demande  de  renouveler  le  mandat  que  vous  m’avez  confié. 

Fort  de  votre  confiance,  de  l’expérience  acquise,  je  consacrerai  tout  ce  que  j’ai  de  force 
et  d’énergie  à  faire  mieux  encore  si  possible  dans  l’avenir  que  dans  le  passé. 

Mais  les  luttes  qui  se  préparent  seront  rudes  et  difficiles  et,  pour  les  soutenir  victorieu¬ 
sement,  j’ai  besoin  d’encouragement  et  de  réconfort.  C’est  à  vous  de  me  les  donner. 
Quelles  que  soient  les  conditions  dans  lesquelles  va  s’ouvrir  la  lutte  électorale,  votre  devoir 
est  de  voter.  Plus  que  jamais,  à  l’heure  actuelle,  l’abstention  serait  une  faute.  Vous  ne  la 
commettrez  pas. 

Th.  ROSE, 

Conseiller  général  du  Pas-de-Calais, 
Député  sortant. 


2®  circonscription  d!  ARRAS 

M.  TAILLIANDIER 

Élu  au  1er  tour  de  scrutiu.  —  lit.  181  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Certain  de  ne  pas  avoir  démérité  de  votre  confiance,  et  soutenu  par  les  sympathies  que 
vous  n’avez  cessé  de  me  témoigner  depuis  1885,  je  viens  vous  demander,  pour  la  cinquième 
fois,  le  renouvellement  de  mon  mandat. 

Vous  me  connaissez  personnellement,  et  vous  avez  suivi  mes  votes,  qui  n’ont  été  que 
la  réalisation  de  mes  précédentes  professions  de  foi. 

Je  reste  fidèle  à  mon  programme. 

En  politique,  je  veux  la  République  tolérante,  libérale,  largement  ouverte  à  toutes  les 
bonnes  volontés,  à  tous  les  concours  sincères,  assurant  à  tous,  avec  les  droits  imprescrip¬ 
tibles  de  la  conscience,  la  liberté  d’association  et  la  liberté  d’enseignement. 

Tout  ce  qui,  dans  ces  dernières  années,  a  été  fait  ou  tenté  contre  ces  principes  supé¬ 
rieurs,  n’a  eu  pour  résultat  que  de  creuser,  plus  profondément,  le  fossé  qui  menace  de 
séparer  définitivement  la  France  en  deux  camps  ennemis. 

Je  suis  l’adversaire  irréductible  de  tons  les  sectaires  ;  mon  appel  s’adresse  à  ceux  qui 
veulent  la  pacification  dans  les  esprits  et  la  liberté  pour  tous. 

J’ai  toujours  combattu  cette  politique  financière  qui  aboutit  chaque  année  à  des  aug¬ 
mentations  d’impôt  et  va  même  jusqu’à  engager  l’avenir  par  des  emprunts  insuffisamment 
justifiés. 

Les  charges  qui  pèsent  sur  les  contribuables,  et  en  particulier  sur  l’agriculture, 
excèdent  aujourd’hui  les  forces  du  pays;  il  serait  grand  temps  de  revenir  à  cette  formule 
que  je  ne  me  lasserai  pas  de  répéter  :  «  Ni  impôts  nouveaux,  ni  emprunts.  » 

Les  dégrèvements,  par  voie  d’économie,  s’imposent  plus  que  jamais  et  sans  aucun 
délai;  la  décentralisation  administrative  peut  y  aider  puissamment,  en  supprimant  bon 
nombre  de  fonctions  devenues  inutiles,  et  en  étendant  les  attributions  des  autorités  com¬ 
munales. 

J’ai  soutenu,  vous  le  savez,  le  ministère  Méline,  qui  nous  a  donné  deux  ans  d’apaise¬ 
ment,  de  prospérité  et  de  finances  sincères  ;  mon  concours  est  acquis  d’avance  à  tout  minis¬ 
tère  républicain  qui  nous  assurera  les  mêmes  bienfaits. 

En  matière  économique,  vous  connaissez  mon  dévouement  sans  bornes  à  l’agriculture; 
profondément  attaché  au  sol  natal,  je  suis  toujours  resté  au  milieu  de  vous,  cultivateur 
comme  la  plupart  d’entre  vous.  Nos  intérêts  sont  les  mêmes,  et  j’ai  la  conscience  d’avoir, 
à  la  Commission  d’agriculture,  comme  dans  mes  actes,  défendu  la  cause  de  notre  région. 

Je  voudrais  contribuer  à  réparer,  dans  une  Chambre  plus  indépendante  et  mieux  inten¬ 
tionnée,  tout  le  mal  qui  a  été  fait,  dans  ces  derniers  temps,  à  notre  agriculture  et  aux 
industries  du  Nord. 

Je  voterai  contre  la  ratification  de  la  Convention  internationale  conclue  à  Bruxelles,  en 
dehors  des  parties  intéressées,  parce  qu’elle  sacrifie  sans  réciprocité  les  avantages  que 
nous  assurait  la  loi  bienfaisante  de  188é,  —  et  parce  que,  en  acceptant  l’ingérence  et  le 
contrôle  des  puissanges  étrangères  dans  notre  législation  intérieure,  elle  introduit,  dans 
notre  droit  public,  un  précédent  insolite  et  dangereux. 

Je  voterai  également  toutes  les  mesures  tendant  au  retrait  de  cette  inique  loi  des  bois¬ 
sons,  qui  impose  à  notre  département  une  surcharge  de  ii.fi52.000  francs,  en  augmentant 


—  m 


N°  1162 


les  licences,  les  droits  perçus  sur  l'alcool,  et  en  maintenant  l’exorbitant  privilège  des  bouil¬ 
leurs  de  cru. 

Vous  me  verrez,  reprenant  les  projets  de  loi  que  j’ai  présentés  ou  défendus,  réclamer 
la  dénaturation  sans  frais  de  nos  alcools  ;  —  repousser  le  monopole  dont  on  les  menace  et 
les  surtaxes  différentielles  dont  on  veut  si  injustement  les  frapper  ;  —  poursuivre  l’amélio¬ 
ration  de  notre  législation  sur  les  céréales  et  le  vote  immédiat  de  la  proposition  de  loi,  que 
j’ai  signée  avec  150  de  mes  collègues,  pour  la  protection  des  huiles  et  des  graines  oléagi¬ 
neuses,  indispensable  dédommagement  du  désastre  de  la  culture  betteraviére. 

Pénétré  de  l’importance  de  la  question  sociale,  je  proteste  plus  que  jamais  contre  les 
utopies  collectivistes,  mais  je  reste  le  défenseur  énergique  de  tous  les  travailleurs,  de 
ceux  qui  peinent  et  qui  souffrent.  Ils  le  savent  bien,  tous  ces  ouvriers  du  canton  de 
Vimy,  qui,  aux  dernières  élections  au  Conseil  général,  m’ont  réélu  à  une  écrasante 
majorité  1 

Comme  par  le  passé,  j’aiderai  de  tout  mon  pouvoir  au  développement  des  mutualités, 
qui  tendent  à  préserver  de  la  misère  les  vieillards  et  les  invalides,  et  qui  resserrent  les 
liens  de  solidarité  entre  le  capital  et  le  travail. 

Mes  chers  Concitoyens, 

En  me  représentant  à  vos  suffrages,  je  tiens  à  proclamer  bien  haut  mon  patriotisme  et 
mon  profond  respect  pour  l’armée. 

Je  laisse  à  d’autres  le  soin  de  rechercher  la  popularité  par  des  indulgences  coupables 
pour  les  traîtres,  et  par  des  promesses  destructives  de  notre  puissance  militaire,  Mais, 
désireux  de  concilier  les  exigences  de  la  vie  intérieure  du  pays  avec  les  intérêts  de  la  dé¬ 
fense  nationale,  j’ai  voté  la  réduction  du  service  militaire,  la  diminution  des  28  jours  et  des 
13  jours,  car  je  suis  convaincu  qu’avec  des  mesures  de  nature  à  favoriser  les  rengagements 
et  k  fortifier  les  cadres,  notre  puissance  militaire  n’en  serait  pas  amoindrie. 

Français  avant  tout,  je  ne  compromettrai  jamais  la  valeur  effective  de  notre  admirable 
armée,  sauvegarde  de  notre  existence  nationale,  gage  intangible  de  notre  prestige  aux  yeux 
de  l’étranger. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Serviteur  passionné  de  mon  pays  et  des  intérêts  de  notre  contrée,  je  n’ai  jamais  rien 
demandé  pour  moi-même;  nul  n’a  fait  en  vain  appel  h  mon  concours  ;  vous  pouvez  compter 
dans  l'avenir  comme  dans  le  passé  sur  mon  entier  dévouement. 

Henri  TULLIANDTER, 

Cultivateur,  Conseiller  général,  Député  sortant, 
Républicain  libéral. 


lrc  Circonscription  de  BÉTHUNE 


M.  le  baron  DARD,  dont  l’élection  a  été  annulée,  a  été  remplacé  parM.  DELELIS. 


Voy.  Élections  partielles. 


2e  Circonscription  de  BÉTHUNE 

M.  BASLY 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  15.225  voix. 


Citoyens, 

Obéissant  à  la  décision  prise  par  les  groupes  républicains-socialistes  de  la  2e  circon¬ 
scription  de  Béthune,  je  sollicite,  pour  la  quatrième  fois,  le  renouvellement  du  mandat  de 
député. 

i’üi  donc  le  devoir  de  vous  dire  quelle  fut,  dans  ses  grandes  lignes,  mon  attitude  au 
cours  de  la  dernière  législature,  —  quelles  furent  les  propositions  de  loi  que  j’ai  déposées 
sur  le  bureau  de  la  Chambre,  mes  interventions  et  mes  votes,  —  et  eniin  quelle  sera  ma 
ligne  de  conduite  si  vous  me  faites  l’honneur  de  me  réélire. 

Propositions  de  loi  adoptées  par  la  Chambre. 

—  Suppression  de  la  saisie-arrêt  des  salaires. 

—  Modification  à  la  loi  du  9  avril  1898  sur  les  accidents  du  travail,  —  tendant  à  payer 
l’indemnité  temporaire  les  dimanches  et  jours  fériés,  et  à  partir  du  jour  de  l’accident. 

—  Réglementation  à  huit  heures  de  la  journée  de  travail  dans  les  mines. 

—  Création  de  prud’hommes  mineurs. 

—  Modification  à  la  loi  de  1890  sur  les  délégués  à  la  sécurité  des  ouvriers  mineurs,  — 
tendant  à  doubler  le  nombre  de  leurs  descentes  (24  par  mois),  c’est-à-dire  leur  accordant 
une  indemnité  assurant  leur  indépendance  absolue. 

Tous  ces  projets  de  lois,  dont  je  suis  l’auteur  et  que  j’ai  défendus  à  la  tribune,  ont  été 
adoptés  par  la  Chambre  et  sont  actuellement  devant  le  Sénat. 

_ Uno  loi  tendant  à  assurer  le  secret  du  vote  dans  les  élections  de  délégués  mineurs 

par  la  création  de  cabines  d’isolement,  — •  une  autre  obligeant  les  Caisses  de  secours  à  faire 
procéder  à  l’élection  de  leurs  administrateurs  dans  des  salles  de  mairies,  —  ont  été  adop¬ 
tées  par  la  Chambre,  approuvées  par  le  Sénat,  et  sont  actuellement  mises  en  vigueur. 

_ Enfin,  une  proposition  de  loi  accordant  aux  délégués  mineurs  le  bénéfice  de  la  lot 

de  1894  sur  les  caisses  de  secours  et  de  retraite  et  leur  permettant  d’en  être  élus  adminis¬ 
trateurs,  a  d’abord  été  adoptée  par  la  Chambre  et  vient  de  revenir  devant  elle  amendée 
par  le  Sénat, 

Malheureusement,  si  j’ai  réussi  à  faire  voter  les  quelques  lois  que  je  Yiens  d’énumérer, 
plusieurs  autres  propositions  que  j’ai  faites  et  défendues  n’ont  pas  été  adoptées  par  la 
Chambre,  les  députés  partisans  de  l’émancipation  des  travailleurs  étant  encore  trop  peu 
nombreux. 

Propositions  de  lois  que  la  Chambre  n’a  pat  adoptées. 

_  Révision  du  régime  actuel  des  syndicats  professionnels. 

_ Établissement  d’un  salaire  minimum  dans  les  mines. 

_  Retraite  aux  vieux  ouvriers  mineurs  avec  pension  de  2  francs  par  jour  et  après 

25  ans  de  services. 

—  Administration  des  caisses  de  secours  des  mines  par  les  ouvriers  seulement  a 
l’exclusion  des  patrons. 


Inutile  d’ajouter,  je  crois,  que  saris  préjudice  des  nouvelles  propositions  que  je  pour¬ 
rais  déposer,  je  me  ferai  un  devoir,  si  je  suis  réélu,  de  reprendre  ces  propositions  et  de  les 
défendre  à  nouveau  jusqu'à  ce  que  ia  Chambre  m'ait  donné  satisfaction. 

lnterpellaiims* 

Tai,  en  outre,  interpellé  le  Gouvernement  : 

—  À  l'occasion  de  P  épouvantable  catastrophe  des  mines  d'Àniche  sur  les  responsabi¬ 
lités  et  les  sanctions  à  intervenir. 

—  Sur  L'attitude  de  certaines  Compagnies  minières  qui  ont  exercé  une  pression 
odieuse  à  l'occasion  des  élections  de  délégués  mineurs. 

Principaux  votes .  —  Attitude  générale. 

En  dehors  de  ces  projets  de  lois  qui  me  sont  personnels,  je  dois  compte  à  mes  élec¬ 
teurs  de  mes  principaux  votes,  de  mon  attitude  générale  dans  les  grands  débats  parlemen¬ 
taires  de  la  précédente  législature. 

Je  puis  dire  que  toujours  mes  votes,  mes  interventions  ont  été  d'accord  avec  ceux  de 
mes  collègues  du  groupe  socialiste  parlementaire,  c'est-à-dire  dictés  par  le  souci  du  pro¬ 
gramme  intégral  des  revendications  du  Prolétariat,  en  même  temps  que  celui  des  intérêts 
de  la  région  que  j'avais  l'honneur  de  représenter  à  la  Chambre. 

J’ai  voté  avec  mes  collègues  socialistes  : 

Pour  la  révision  de  la  Constitution  dans  un  sens  absolument  démocratique  ; 

Pour  les  monopoles  de  l'État  :  raffineries,  pétrole,  rectification  de  l’alcool; 

Pour  la  suppression  du  privilège  des  bouilleurs  de  cru; 

Pour  le  rachat  des  chemins  de  1er  et  la  nationalisation  des  mines; 

Contre  l'augmentation  à  six  ans  du  mandat  des  députés; 

Pour  la  suppression  du  budget  des  cultes  et  le  retrait  de  l'ambassade  du  Vatican  ; 

Pour  la  suppression  des  congrégations  (Amendement  Zévaès)  ; 

Pour  la  réduction  la  plus  grande  du  service  militaire  et  subsidiairement  le  service  de 
deux  ans  ; 

Pour  la  suppression  des  périodes  de  28  et  13  jours; 

Pour  l’abrogation  de  la  loi  Falloux  et  le  monopole  de  l'enseignement  à  l'État; 

Contre  les  crédits  pour  les  expéditions  coloniales  ; 

Contre  le  Gouvernement  à  l’occasion  des  douloureux  événements  de  la  Martinique  et  de 
Cbalon  ; 

Pour  le  dégrèvement  des  licences  et  des  patentes  des  petits  débitants  et  commerçants 
et  l'application  des  patentes  multiples  aux  grands  magasins  et  aux  déballages  ; 

Pour  la  transformation  complète  de  l’impôt  foncier  en  vue  de  dégrever  les  petits  culti¬ 
vateurs  ; 

Pour  toutes  les  propositions  d'amnistie  faites  dans  l’Intérêt  du  prolétariat; 

Pour  la  loi  Bateaux- Jaurès  (Employés  des  chemins  de  fer)  ; 

Pour  le  repos  hebdomadaire  obligatoire  des  ouvriers  et  employés; 

Pour  la  loi  sur  l'hygiène  dans  les  usines  et  ateliers  ; 

Pour  la  suppression  du  pourcentage  (Instituteurs)  ; 

Pour  le  développement  des  alcools  du  Nord  comme  combustible  et  éclairage,  etcr,  etc. 

Ouvriers  de  toutes  les  corporations,  cultivateurs,  mineurs,  employés  d'industrie  et  de 
commerce,  petits  commerçants,  instituteurs,  fonctionnaires,  en  un  mot  travailleurs  manuels 
et  intellectuels  peuvent  voir,  d’après  ce  résumé  encore  incomplet,  que  mes  votes  et  ma 
conduite  ont  toujours  été  dictés  par  le  souci  du  mieux-être  de  la  classe  productrice,  toujours 
spoliée,  toujours  exploitée. 

Mais  si  je  suis  socialiste,  si  mes  vœux  et  mes  efforts  vont  à  la  cité  de  justice  et  de  fra¬ 
ternité  que  sera  la  République  sociale,  je  ne  suis  pas  un  partisan  de  la  politique  du  tout  ou 
rien  et  je  suis  loin  de  considérer  la  forme  républicaine  comme  inutile  et  méprisable. 


_  616  — 

C’est  dire  que  je  suis  un  républicain  sincère  et  convaincu,  inébranlablement  attaché  à 
la  forme  démocratique  de  l’État. 

Ce  sont  ces  sentiments  qui  ont  inspiré  mon  attitude  vis-à-vis  du  Ministère  actuel,  que 
j’ai  soutenu  chaque  fois  que  les  réformes  qu’il  proposait  pouvaient  améliorer,  enquoiquece 
fut,  la  situation  de  la  classe  ouvrière,  et  chaque  fois  aussi  qu’il  a  eu  à  subir  les  assauts  ter¬ 
ribles  des  forces  coalisées  du  nationalisme,  du  cléricalisme  et  de  la  réaction. 

Electeurs, 

Je  crois  être  encore  digne  de  la  confiance  que  vous  n’avez  pas  hésité  à  me  témoigner 
dans  toutes  les  occasions. 

C’est  avec  la  fierté  du  devoir  accompli  que  j’attends  le  résultat  du  scrutin. 

Vive  la  République  sociale! 

BASLY,  Député  sortant. 


3”  circonscription  de  BÉTHUNE 

M.  LAMENDIN 

Élu  au  l“r  tour  de  scrutin.  —  10.932  voix: 


Citoyens, 

Sollicité  par  l’unanimité  des  groupes  de  l’Alliance  Républicaine  et  Socialiste,  j’ai  cru  de 
mon  devoir  d’accepter  la  candidature  aux  élections  législatives  du  27  avril  1902  dans  la 
3»  circonscription  de  Béthune,  nouvellement  constituée  avec  les  cantons  de  Lens-Ouest  etde 


Les  électeurs  du  canton  de  Cambrîn,  que  je  représente  à  la  Chambre  des  Dé¬ 
putés  depuis  le  6  mars  1892,  m’ont  vu  à  l’œuvre,  et  je  suis  sur  que  mes  efforts  constants 
dans  l’intérêt  de  la  démocratie  et  de  la  classe  ouvrière  m’ont  conservé  toutes  leurs  svm- 

^  Quant  aux  électeurs  du  nouveau  canton  de  Lens-Ouest,  représentés  jusqu’à  présent  par 
mon  ami  Basly,  ils  m’ont  prouvé  par  leurs  témoignages  et  l’insistance  avec  laquelle,  ne 
pouvant  plus  avoir  Basly  comme  député,  ils  m’ont  demandé  d’accepter  la  candidature,  qu  ds 

ont  entière  confiance  en  moi.  .  .  ,, 

Ils  savent  d’ailleurs  que  mon  action  parlementaire  a  toujours  été  parallèle  a  celle 
de  mon  collègue  Basly  et  que  nos  votes  et  nos  interventions  sont  toujours  dictés  par  les 
mêmes  préoccupations.  ...  ,  h 

Je  les  remercie  du  fond  du  cœur  de  m’avoir  choisi,  et  je  leur  promets  de  mériter  la 
confiance  qu’ils  me  témoignent.  ...  . 

Je  liens  cependant  à  dire  à  tous  les  électeurs  de  ces  deux  cantons  ce  qu  au  double  point 
de  vue  politique  et  économique  j’ai  fait  jusqu’à  présent  à  la  Chambre,  et  le  programme  que 
j’entends  essayer  de  réaliser  s’ils  me  font  l’honneur  de  m  élire. 


Cultivateurs, 

Vous  savez  que  vos  intérêts  ont  sollicité  mon  attention  chaque  fois  qu’ils  ont  été  en  jeu 
au  sein  du  Parlement. 


617  — 


N*  4162 


Je  connais  trop  les  difficultés  que  vous  rencontrez  dans  l’exercice  de  votre  profession 
pour  ne  pas  chercher  par  mes  votes  à  vous  défendre  et  à  transformer,  à  votre  avantage, 
la  législation  agricole  encore  si  peu  adéquate  à  vos  besoins. 

Par  le  système  des  primes  directes  aux  cultivateurs  —  par  toutes  les  dispositions  lé¬ 
gislatives  capables  d’encourager  et  de  développer  la  culture  de  la  betterave  sucrière  et  de 
celle  de  distillerie,  ainsi  que  la  consommation  de  Palcool  pour  l’éclairage  et  le  chauffage,  — 
par  Pinstitution  des  mesures  propres  à  avantager  l  agriculture  de  nos  régions,  j’espère 
remédier,  dans  la  mesure  du  possible,  à  la  crise  agricole  qui  sévit  actuellement. 

Je  suis,  voua  le  savez,  partisan  de  l’abrogation  de  l’odieux  privilège  des  bouilleurs  de 
cru,  de  la  suppression  de  la  saisie-brandon  (saisie  desrécokes  sur  pied),  de  la  transforma¬ 
tion  radicale  de  l'impôt  foncier  tel  qu’il  existe  actuellement,  de  la  suppression  des  presta¬ 
tions,  etc. 

Quant  aux  hâleurs  par  chevaux,  ils  savent  que  je  suis  toujours  à  la  disposition  de  leur 
syndicat. 

Commerçants, 

Mes  votes  ont  toujours  été  acquis  aux  commerçants,  si  nombreux  dans  notre  bassin 
houiller. 

Ai-je  besoin  de  leur  rappeler  ce  que  j’ai  dit  si  souvent  dans  mes  conférences  pour 
l'application  des  patentes  multiples  aux  grands  magasins  et  aux  entreprises  dites  «  débal¬ 
lages  »,  pour  la  diminution  des  patentes  du  petit  commerce  et  des  licences  des  débitants 
de  boissons,  etc. 

Ouvriers  mineurs, 

Je  suis  des  vôtres,  ayant  travaillé  plus  de  20  ans  au  fond  de  la  mine.  J’ai  vécu  votre 
vie  et  j’ai  pu  me  rendre  compte  des  réformes  que  réclame  impérieusement  notre  cor¬ 
poration. 

J'ai  défendu  à  la  Chambre  ; 

Les  modifications  à  la  loi  sur  les  accidents  du  travail  tendant  à  mettre  en  cause  la  res¬ 
ponsabilisé  du  patron  dans  tous  les  cas,  et  au  payement  d’une  indemnité  proportionnelle  au 
dommage  causé. 

Les  lois  sur  la  journée  de  huit  heures  et  le  minimum  de  salaire. 

Enfin  la  loi  tendant  à  accorder  l'amnistie  pleine  et  entière  aux  enfants  et  grandes 
personnes  des  deux  sexes  condamnés  pour  avoir  glané  du  charbon  «  sur  les  terris  de 
déblais  ». 

Vous  me  connaissez  suffisamment  pour  que  je  ne  sois  pas  forcé  d’insister.  Toutes 
les  améliorations  réclamées  par  les  Congrès  régionaux  et  nationaux  méritent  toute  mon 
attention  :  retraite  équitable  aux  vieux  travailleurs  de  la  mine,  nationalisation  des 
mines,  etc.,  etc. 

Camarades  mineurs,  je  compte  sur  vous  comme  vous  pouvez  compter  sur  moi. 

Électeurs, 

Tous  les  autres  éléments  de  la  démocratie,  tous  ceux  qui  concourent  par  leurs  efforts  à 
l’instruction,  à  la  richesse,  au  développement  de  la  France  républicaine  me  trouveront  tou¬ 
jours  prêt  à  les  défendre. 

Travailleurs  des  usines  et  des  chemins  de  fer,  pour  qui  je  demanderai  la  retraite.  l'in¬ 
saisissabilité  des  salaires,  la  diminution  des  heures  de  travail,  et  toutes  les  réformes  éla¬ 
borées  par  les  Congrès  corporatifs. 

Instituteurs,  pour  qui  j’ai  voté  la  suppression  du  pourcentage  et  qui  ont,  comme  édu¬ 
cateurs  laïques  des  enfants  du  peuple,  tous  les  droits  à  ma  sympathie.  —  Fonctionnaires  et 
employés,  en  faveur  de  qui  j’ai  toujours  demandé  une  législation  protectrice,  ainsi  que 


7% 


—  618  — 


l’application  des  pensions  de  retraite,  et  qui  peuvent  compter  sur  mon  dévouement  pour 
toutes  les  démarches  justiüées  qu’ils  inc  demanderont.  —  Au  point  de  vue  général,  j’ai 
rédamé  et  voté  l’abrogation  de  la  loi  Falloux,  en  résumé,  toutes  les  réfurmes  vraiment  répu- 
blicaines,  vraiment  dénM;raüqueSp 

Citoyens, 

Voilà,  sincèrement  exprimées,  nm s  vues  politiques  et  économiques*  JJai  conscience  des 
réformes  souhaitées  par  les  travailleurs,  par  ia  démocratie  tout  entière,  et  dont  la  longue 
énumération  ne  pourrait  trouver  place  dans  un  programme  électoral. 

Je  ne  faillirai  pas  à  mon  devoir  si  les  électeurs  vraiment  républicains  et  socialistes  me 

font  T  honneur  de  ml  élire. 

Vive  la  République  démocratique  et  sociale  î 

Arthur  LAMENMN, 

Député  sortant. 

Fondateur  du  Syndicat  des  Mineurs 
du  Pas-de-Calais, 

Membre  du  Conseil  supérieur  du  Travail. 


4e  circonscription  de  HÉTHUNE 
M.  BEHÀRELLE 

Elu  au  2^  tour  de  scrutin,  —  9.500  voix. 


/ 


Mes  chers  Concitoyens, 

Le  Congrès  de  Béthune  m’a  fait  le  grand  honneur  de  me  désigner  comme  candidat  de 

tous  les  républicains  à  l’élection  du  27  avril. 

Je  remercie  cordialement  les  membres  du  Congrès,  représentants  autorisés  des  diverses 
communes  qui  composent  notre  nouvelle  circonscription,  de  ce  témoignage  de  sympathie 
et  ch-  confiance  dont  je  suis  profondément  touché.  Je  suis  surtout  touché  de  la  manifestation 
unanime  qui  s’est  produite  après  le  scrutin  et  qui,  affirmant  la  concorde  et  l’union  sur  le 
nom  du  candidat  proclamé,  est  le  gage  assuré  de  la  victoire  du  parti  républicain  dansCélec- 

tioti  prochaine. 

C’est  sous  ces  auspices  que  je  viens  solliciter  vos  suffrages  et  vous  exposer  les  prin¬ 
cipes  qui  guideront  mes  actes  à  la  Chambre  des  Députés,  si  vous  confirmez  le  choix  du 
F  o  n  eï  rè^i 

Au  point  de  vue  politique,  vous  savez  que  j’appartiens  à  une  vieille  famille  républi¬ 
caine  dont  les  membres  ont  toujours  lutté  pour  la  défense  de  la  République.  J’ai  à  cœur  de 
suivre  ccs  traditions  et  de  rester  un  des  serviteurs  les  plus  convaincus  et  1rs  plus  dévoués 
de  la  cause  démocratique. 

Je  veux  une  République  forte,  respectée  et  aimée,  ferme  dans  ses  principes,  tolérante 
à  l’é-ard  des  personnes,  ne  reculant  devant  aucune  des  réformes  pratiques  et  fécondes  qui 
répondent  aux  besoins,  aux  intérêts  et  aux  vœux  du  pays.  En  un  mot,  je  veux  la  République 
a„c  toutes  ses  conséquences,  telles  qu’elles  ont  été  résumées  par  nos  pères  dans  fa  triple 


—  619  —  N°  1162 

formule  :  Liberté,  Égalité  et  Fraternité,  et  dans  la  «  Déclaration  des  droits  de  l’Homme  et  du 
Citoyen  ». 

Voilà  les  sentiments  dont  je  m’inspirerai  dans  l’examen  de  toutes  les  quest’ons  poli¬ 
tiques  qui  pourront  être  sou'evées  dans  la  prochaine  législature,  en  ce  qui  concerne  la 
liberté  du  travail,  la  liberté  de  conscience,  la  liberté  d’enseignement,  que  je  veux  voir 
complétée  par  l’égalité  des  diplômes  et  des  garanties  qu’il  fautexigerde  tous  les  professeurs, 
dans  l'enseignement  libre  comme  dans  l’Université. 

Au  point  de  vue  économique,  je  veux  la  protection  du  travail  national  sous  toutes  ses 
formes.  Agriculteurs,  commerçants,  industriels,  tous,  en  France,  ont  droit  à  une  sollicitude 
égale  de  la  part  des  pouvoirs  publics.  Ce  qu’on  doit  avant  tout  souhaiter  pour  eux,  c’est 
qu’on  leur  épargne  de  nouveaux  impôts,  puis  qu’on  répartisse  mieux  les  impôts  actuels, 
notamment  les  charges  qui  résultent  du  nouveau  régime  des  boissons  et  du  privilège  des 
bouilleurs  de  cru. 

Je  demanderai  la  révision  de  cette  loi  funeste  qui,  en  favorisant  la  région  du  Midi  au 
détriment  de  celle  du  Nord,  a  camé  un  si  grand  dommage  à  nos  cultivateurs  de  betteraves, 
distillateurs  et  débitants,  et  aussi  à  tous  les  consommateurs. 

De  même,  nous  devons  protester  contre  les  décisions  de  la  conférence  de  Bruxelles, 
dont  les  conséquences  pourraient  amener  la  ruine  de  nos  fabricants  de  sucre  et  de  tous  ceux 
qui  sont  intéressés  à  leur  industrie  :  fermiers,  cultivateurs,  ménagers,  ouvriers  de  la  terre 
et  de  l’usine.  Nous  devons  réclamer,  pour  parer  à  ces  conséquences,  la  suppression  ou  tout 
au  moins  un  abaissement  considérable  de  l’impôt  sur  le  sucre. 

En  résumé,  les  intérêts  de  l’agriculture,  auxquels  sont  liés  d’ailleurs  tous  les  autres, 
seront  l’objet  de  mes  principales  préoccupations. 

Au  point  de  vue  social,  j’ai  toujours  pensé  que  le  souci  des  humbles  et  des  faibles  s’im¬ 
pose  dans  une  société  républicaine  et  démocratique.  Je  contribuerai  pour  ma  part  au  déve¬ 
loppement  de  toutes  les  œuvres  d’assistance,  de  mutualité  et  d’bygiène  populaire,  suscep¬ 
tibles  d’améliorer  les  conditions  morales  et  matérielles  de  l’existence  des  travailleurs. 

Ouvriers  agricoles,  ouvriers  de  nos  diverses  industries,  ouvriers  mineurs,  tcus  peuvent 
savoir,  par  leurs  camarades  rie  Nosifx,  qu’ils  trouveront  toujours  en  moi  un  ami  sûr  et 
dévoué.  Ma  vie  passée  répond  de  mes  actes  à  venir. 

Éloigné  des  utopies  collectivistes  et  socialistes  révolutionnaires,  ainsi  que  des  doc¬ 
trines  nationalistes  ou  plébiscitaires,  je  donnerai  tout  ce  que  j’ai  de  force  et  de  dévouement 
à  la  réalisation  de  l’idéal  républicain. 

Vive  la  France  !  Vive  la  République’. 

Henri  BÉHARELLE, 

Maire  de  Nœux, 

Conseiller  d’arrondissement, 
Vice-Président  do  la  Société  d’Agriculture 
de  l’arrondissement  de  Béthune. 


—  620  — 


lre  circonscription  de  BOULOGNE 

M.  Achille  ADAM 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  10.367  voix. 


Electeurs, 

En  venant  pour  la  quatrième  fois  solliciter  vos  suffrages,  je  pourrais  me  borner  à  vous 
dire  :  mou  passé  vous  répond  de  l’avenir,  vous  me  connaissez,  et  mes  votes  à  la  Chambre 
forment,  en  ce  qui  me  concerne,  la  meilleure  des  professions  de  foi. 

Respectueux  de  la  volonté  nationale,  j’ai,  sans  hésiter,  en  4889,  dès  mon  entrée  dans 
la  vie  publique,  adhéré  localement  à  la  République,  et  j’ai  pu  mettre  mes  adversaires  au 
défi  de  relever  contre  moi  un  seul  acte  a’hostililê  envers  elle. 

Mais  je  veux  avant  tout  une  République  tolérante  et  ouverte  à  tous,  qui  mette  l’armée 
au-dessus  de  toutes  les  divisions,  de  toutes  les  querelles  politiques. 

Je  veux  qu’elle  accorde  à  tous,  quelles  que  soient  leurs  croyances,  quelle  que  soit  leur 
famille,  aux  plus  humbles  comme  aux  plus  élevés,  toutes  les  garanties  de  la  même  loi 

Je  veux  la  liberté  de  conscience. 

Je  veux  la  liberté  d’enseignement. 

Je  veux  la  liberté  d'association,  ne  réclamant  pour  qui  que  ce  soit  ni  faveur,  ni  privi¬ 
lège,  respectant  les  convictions  des  autres,  ne  voulant  contre  eux  aucun  acte  injuste,  aucune 
gêne,  mais  demandant  pour  tous  la  pleine  et  entière  liberté- 

Je  ne  veux  pas  leurrer  le  peuple  par  des  promesses  fallacieuses. 

Je  veux  le  servir  fidèlement,  mais  je  ne  veux  pas  le  flatter,  ni  le  tromper¬ 
ie  veux  la  République  libérale,  et  c’est  pourquoi,  adversaire  résolu  du  Ministère  actuel 
qui  opprime  notre  cher  pays,  le  conduit  à  la  honte  et  à  la  ruine,  je  combattrai  sans  relâche 
les  hommes  de  ce  gouvernement  à  la  solde  des  francs-maçons  et  des  dreyfusards,  qui  s  atta¬ 
quent  à  tout  ce  que  nous  aimons  et  à  tout  ce  que  nous  respectons. 

Un  grand  mouvement  de  réprobation  contre  la  politique  ministérielle  se  manifeste  dans 
la  France  entière.  Aussi  pouvons-nous  espérer  que  la  Chambre  qui  sera  élue  le  27  avril 
appellera  au  pouvoir  des  hommes  plus  dignes  de  notre  confiance,  et  auxquels  je  serai  tout 
prêt  à  donner  mon  appui. 

U  y  aura  fort  à  faire  pour  réparer  le  mal  déjà  accompli  écart er  de  notre  région  les 
dangers  et  même  les  ruines  dont  la  menacent  les  lois  et  les  conventions  récentes,  rassurer 
les  intérêts  elles  consciences,  rendre  à  notre  armée  et  à  notre  flotte  leur  force  et  leur 
prestige. 

Si  vous  me  faites  Fhonneur  de  m’élire  le  27  avril  : 

J’examinerai  avec  prudence  les  adoucissements  à  apporter  au  service  militaire,  et  dé¬ 
fendrai,  après  avoir  assuré  la  solidité  de  l’armée  par  de  puissants  cadres  de  rengagés, 
le  service  d’un  an. 

Je  ferai  tous  mes  efforts  pour  faire  aboutir  une  bonne  loi  sur  les  retraites  ouvrières, 
dont  je  me  suis  déjà  occupé  à  plusieurs  reprises. 

Je  chercherai  les  moyens  pratiques  pour  améliorer  la  situation  des  travailleurs  et  des 
marins. 

Je  m’occuperai  des  intérêts  de  ^agriculture,  pour  laquelle  le  ministère  actuel  n’a 
absolument  rien  fait. 

Je  demanderai  que  les  finances  de  l’État  cessent  d’être  gaspillées  et  qu’elles  soient 
gérées  comme  les  finances  d’une  société  industrielle  sérieuse. 


—  621  — 


N*  1162 


Adversaire  résolu  des  monopoles,  je  combattrai,  comme  je  l'ai  toujours  fait,  les  mono¬ 
poles  du  pétrole  et  de  PalcooL 

J’ai  voté  contre  la  loi  sur  les  boissons ,  contre  le  privilège  des  bouilleurs  décru,  et  pour 
b  diminution  des  licences  des  débitants,  décidé  que  je  suis  à  protéger  les  commerçants  et 
les  débitants  de  notre  région  et  à  défendre  les  intérêts  du  Nord  contre  ceux  du  Midi, 

Enfant  du  Boulonnais,  connu  de  vous  tous,  je  viens  à  nouveau  solliciter  vos  suffrages, 
parce  que  je  crois  pouvoir  continuer  à  défendre  utilement  vos  intérêts,  si  une  fois  de  plus 
vous  m’en  confiez  la  charge* 

Et  maintenant,  Électeurs,  à  vous  de  juger,  le  27  avril,  car  fai  confiance  de  n’avoir  pas 
démérité  de  vous 

Achille  ADAM,  Député  sortant, 
Àntiministériel. 


2e  circonscription  de  BOULOGNE 


M.  LOUIS  Ml  LL 


Élu  au  2e  tour  de  scrutin,  —  9*983  voix. 


Union  des  Ligues  républicaines 

Electeurs, 

Lest  dans  le  double  but  de  défendre  les  institutions  républicaines,  menacées  par  les 
derniers  efforts  que  font  en  ce  moment  toutes  les  forces  coalisées  de  la  réaction,  et  de  soutenir 
utilement  devant  le  Parlement  les  intérêts  de  Calais  et  des  cantons  ruraux  de  Calais,  Guînes 
et  Marquise,  depuis  longtemps  abandonnés  sans  défense  et  sans  protection,  que  les  ligues 
républicaines,  unies  dans  un  même  sentiment  patriotique  et  utilitaire,  me  font  Uhonneurde 
présenter  ma  candidature  franchement  et  loyalement  républicaine  aux  citoyens  de  cette 
circonscription. 

Ces  ligues,  animées  du  même  désir  d’union  et  de  défense  républicaines,  se  sont  grou¬ 
pées  pour  réunir  leurs  efforts  et  lutter  contre  le  meme  adversaire,  le  représentant  du  parti 
ultramontain  et  réactionnaire  :  M-  Dus^aussoy.  Son  mandat,  qui  dure  depuis  huit  années,  a 
marqué  pour  Calais  et  pour  la  circonscription  entière  une  trop  longue  période  d’abandon.  11 
îfa  pas  été  le  mandataire  utile  dout  les  efforts  doivent  favoriser  et  développer  la  prospérité 
locale  et  régionale. 

Les  ligues  ont  fait  appel  à  un  républicain,  libre  de  toute  compromission,  moins  soucieux 
de  s'inféoder  à  des  hommes  qu’à  des  idées,  et  décidé  à  défendre  îes  intérêts  qui  lui  sont  confiés 
par  les  républicains  de  toutes  nuances  de  la  circonscription* 

fai  accepte  cette  mission  d’honneur  et  de  confiance,  qu’ils  me  demandaient  de  remplir, 
avec  la  conviction  que  mon  attachement  et  mon  dévouement  ne  leur  feraient  pas  défaut. 

Je  suis  républicain,  sincèrement  dévoué  aux  institutions  républicaines,  à  l’œuvre  poli¬ 
tique  et  sociale  que  nous  ont  léguée  les  fondateurs  de  la  République  et  ceux  qui  ont  travaillé 
pour  faciliter  son  relèvement  intérieur  et  fortifier  son  autorité  à  l’étranger,  —  aux  lois 
instruction,  d’association  syndicale,  mutuelle  et  religieuse,  d’assistance  et  de  prévoyance 


-  622  — 


dont  la  République  a  pris' l’initiative,  et  au  sujet  desquelles  elle  doit  encore  poursuivre  la 
tâche  commencée  en  faveur  des  travailleurs  de  toutes  les  classes,  de  la  Nation  tout  entière. 

Je  combats  de  toutes  mes  forces,  aussi  bien  les  utopies  collectivistes,  qui  poursuivent 
la  réalisation  de  ce  rêve  dangereux  de  la  suppression  de  la  propriété  individuelle  et  de  la 
liberté  du  citoyen,  que  la  réaction,  dont  le  but  longtemps  secret  et  aujourd’hui  avoué  est 
de  détruire  l’œuvre  d’affranchissement  et  de  laïcité  de  la  troisième  République;  réaction 
derrière  laquelle  se  cachent  tous  les  partis  quels  qu'ils  soient,  impérialistes  et  royalistes, 
plébiscitaires  et  nationalistes,  qui  nous  mèneraient  encore  rapidement  aux  aventures  et 
aux  ruines  des  régimes  passés. 

Respectueux  de  toutes  les  libertés,  j’entends  sauvegarder  pour  tous  les  citoyens  la 
liberté  de  conscience,  mais  en  proclamant  la  suprématie  de  l’État  sur  toutes  les  Églises  et 
maintenir  la  paix  civile  et  religieuse  par  la  neutralité  de  1  Eglise  et  de  1  école  ;  assurer  la 
liberté  de  l’enseignement,  en  affirmant  la  nécessité  de  supprimer  les  privilèges  créés  parla 
loi  Falloux,  et  la  remplacer  par  l’égalité  des  diplômes  qu’il  faut'  exiger  de  tous  les  professeurs 
de  Renseignement  libre  comme  de  ceux  de  l’üniversitê  et  en  donnant  à  1  Etat  la  protection 
du  stage  scolaire  et  la  surveillance  des  inspecteurs  do  l’Université,  sans  porter  atteinte  àla 
liberté  des  citoyens  et  des  familles. 

Je  veux  Raccord  et  non  l’antagonisme  du  capital  et  du  travail,  pour  faciliter  le  dévelop¬ 
pement  industriel  et  assurer  la  prospérité  de  tous  les  travailleurs,  leur  permettant  d’amé¬ 
liorer  leur  existence  matérielle  et  quotidienne  et  de  sauvegarder  ainsi  leur  liberté,  et  je 
m’efforcerai  de  contribuer  au  développement  des  œuvres  de  prévoyance,  de  mutualité, 
d’hygiène  populaire  et  d’assistance  publique,  en  votant  plus  particulièrement  les  lois  de 
retraites  ouvrières;  de  protection  du  travail  des  agents  de  chemins  de  fer,  comme  des 
ouvriers  de  l’industrie  et  des  marins  ;  les  modifications  à  la  législation  arriérée  qui  régit 
les  marins,  tout  en  évitant  de  surcharger  et  d’entraver  les  industries  qui  font  vivre  les 
travailleurs;  en  luttant  contre  l’alcoolisme  et  la  tuberculose  et  en  favorisant  la  construction 
de  maisons  ouvrières  salubres  et  à  bon  marché. 

Je  veux  mettre  l’armée  nationale  en  dehors  des  luttes  politiques  et.  à  l’abri  de  l’exploi¬ 
tation  que,  sous  le  couvert  d’un  patriotisme  qui  n’appartient  pas  à  un  groupe,  mais  à  la 
France  tout  entière,  le  nationalisme  a  cherché  à  faire  depuis  quelques  années  —  exiger  la 
discipline  des  chefs  comme  des  soldats,  et  travailler  à  l'allégement  des  charges  militaires 
par  le  vote  de  la  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans  et  le  renforcement  des  cadres 
sans  entraver  l’œuvre  de  la  défense  nationale,  ni  diminuer  les  forces  vives  de  l’armée, 
c’est-à-dire  de  la  France  dans  le  monde. 

Opposé  à  la  révision  de  la  Constitution  et  partisan  du  maintien  du  Sénat,  je  demanderai 
le  rétablissement  du  scrutin  de  liste  et  la  réforma  de  la  représentation  proportionnelle.  Je 
défendrai  les  projets  de  décentralisation,  pour  favoriser  l’expansion  et  la  prospérité  des 
intérêts  régionaux. 

Dans  les  finances,  je  réclamerai  l’ordre  et  l’économie,  je  m’attacherai  à  poursuivre  une 
plus  juste  répartition  des  impôts,  la  réduction  de  l’impôt  foncier,  et  l’allègement  des 
charges  publiques  par  la  diminution  des  frais  judiciaires  et  la  diminution  du  nombre  des 


fonctionnaires,  qui  grèvent  lourdement  le  budget. 

Je  joindrai  mes  efforts  à  ceux  des  représentants  du  Pas-de-Calais,  pour  défendre  utile¬ 
ment  les  intérêts  agricoles  et  notamment  l’industrie  sucrière  et  la  culture  de  la  betterave. 
Je  réclamerai  avec  eux  la  suppression  de  la  taxe  sur  la  consommation  du  sucre,  qui  seule 
permettra  d’atténuer  les  effets  désastreux  de  la  conférence  de  Bruxelles. 

Pour  les  alcools  industriels,  je  lutterai  contre  l’envahissement  du  Midi  et  repousserai 
la  proposition  Lauraine;  je  poursuivrai  la  suppression  du  privilège  des  bouilleurs  décru  et 
favoriserai  Remploi  de  l’alcool  dans  Réclairage  et  dans  la  production  de  la  force  pour  les 
moteurs  industriels,  en  obtenant  Remploi  d’un  dénaturant  bon  marché,  en  un  mot  les 
meilleures  mesures  propres  à  favoriser  la  prospérité  de  notre  région  si  gravement  menacée. 

À  Calais,  je  serai,  si  vous  m’accordez  votre  confiance,  le  représentant  de  vos  intérêts, 
et  jo  travaillerai  à  assurer  le  développement  de  la  cité  et  des  industries  locales.  Je  prêterai 


623  — 


N*  1162 


mon  concours  assidu  à  vos  représentants  locaux  pour  raccomplissement  des  travaux  qui 
sont  réclamés  depuis  si  longtemps  et  que  l'on  n’a  pas  encore  pu  mettre  à  exécution  : 
pont  du  port,  tramways  électriques,  organisation  de  trains'  de  plaisir. 

Je  demanderai  pour  Calais  la  création  dfun  Tribunal  de  première  instance,  d'une  École 
professionnelle  et  la  subvention  d’un  musée  industriel,  et  réclamerai  une  part  contributive, 
dans  le  projet  Boudin,  pour  Calais,  qui  a  élé  oublié,  et  la  formation  d’un  port  franc  comme 
ceux  de  Brême  et  de  Hambourg  qui  ont  fait  la  grandeur  de  ces  villes  et  assureront  du  tra¬ 
vail  aux  travailleurs  de  tous  les  métiers* 

Enfin,  domicilié  à  Calais  et  résidant  parmi  vous,  ainsi  que  me  l*ont  demandé  les  amis 
qui  m’ont  appelé  pour  les  défendre  et  comme  j'ai  élé  heureux  de  leur  promettre,  vous  me 
trouverez  fréquemment  au  milieu  de  vous  à  Calais  et  dans  les  communes  de  la  circonscrip¬ 
tion,  pour  connaître  vos  désirs  et  vos  revendications  et  devenir  votre  interprète  de  votre 
appui. 

Vive  la  République  1 

Vive  la  France  I 

Louis  M1LL, 

Candidat  républicain* 


Circonscription  de  MONTREUIL-SUR-MER 


M,  Paul  TRUY,  dont  l'élection  a  été  annulée,  a  été  remplacé  par  M.  MOREL* 


Voy.  Élections  partielles. 


lre  circonscription  de  SAINT-OMER 
M*  BIBOT 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  9*156  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Vous  n'attendez  pas  de  moi  une  profession  de  foi.  Vous  me  connaissez,  vous  m'avez  vu 
àl’œuvre  :  ce  que  j'ai  fait  dans  la  dernière  législature,  la  part  que  j'ai  prise  à  Ja  défense  de 
vos  intérêts,  ce  que  je  pense  de  la  situation  présente,  ce  que  je  réclame  pour  l’avenir,  tout 
cela  est  au  grand  jour,  sans  équivoque  et  sans  obscurité*  Chacun  de  vous  est  à  même  de 
juger  ma  conduite  et  mes  intentions* 

Je  demeure  profondément  convaincu  que  la  République  ne  peut,  sans  péril,  rompre 
avec  les  idées  libérales  et  que  l'unité  du  pays  ne  peut  être  fondée  que  sur  le  respect  de 
toutes  les  opinions  et  de  toutes  les  croyances. 

Je  repi  lusse  toute  atteinte  à  la  liberté  d'enseigner,  qui  n’est  qu’une  des  formes  de  la 
liberté  de  conscience*  Cela  ne  m'empêche  pas  de  maintenir  avec  fermeté  le  droit  de  sur¬ 
veillance  de  l’État,  consacré  par  la  Constitution  de  1818* 


—  624  — 

Partisan  de  la  liberté  des  syndicats  professionnels  et  de  l’organisation  des  Conseils  du 
travail,  je  ne  veux  pas  que  ces  instruments  d’émancipation  et  de  conciliation  se  tournent  en 
moyens  d’oppression  de  la  li  berté  du  travail*  Je  répudie  toute  compromission  avec  les  col¬ 
lectivistes,  avec  les  ennemis  de  Tordre  social  et  de  la  propriété. 

Je  demande  que  la  Chambre  future  organise  l’assistance  obligatoire  en  faveur  des 
infirmes  et  des  invalides  du  travail  et  qu’elle  résolve  la  question  des  retraites  ouvrières,  en 
faisant  un  large  appel  aux  sociétés  de  secours  mutuels* 

Un  devoir  essentiel  de  la  prochaine  Chambre  sera  de  rétablir  l’équilibre  du  budget  en 
modérant  les  dépenses,  en  rendant  confiance  à  l’esprit  d'entreprise,  en  stimulant  l’activité 
du  pays  dans  toutes  les  branches  de  la  production, 

La  loi  des  boissons  a  été  funeste  aux  intérêts  du  Trésor.  Elle  a  semé  des  germes  de 
division  entre  les  diverses  régions  de  la  France*  Ce  n’est  pas  le  seul  coup  qui  nous  ait 
frappés.  La  législation  qui  protégeait,  en  même  temps  que  l'industrie  du  sucre,  une  des 
cultures  les  plus  importantes  des  départements  du  Mord,  a  été  sacrifiée  avec  un  parti-pris 
et  une  légèreté  coupable.  Mous  sommes  menacés  de  droits  différentiels  sur  Talcobl 
industriel. 

Jamais  tant  d’inquiétudes  ne  se  sont  abattues  sur  notre  région  et  le  devoir  de  vos 
représentants  n’a  été  plus  difficile. 

D’autres  craintes  encore  nous  assiègent.  L’armée  a  été  livrée  à  l’action  dissolvante  de 
la  politique.  Il  n’est  que  temps  de  la  mettre  en  dehors  de  nos  querelles. 

La  durée  du  service  militaire  peut  être  réduite,  à  condition  qu'on  renforce,  au 
préalable,  les  cadres  de  sous-officiers  et  qu’on  fasse  une  loi  sur  les  rengagements* 

Poisse  la  Chambre  future  comprendre  la  grandeur  de  sa  tache!  Qu’elle  s’applique  à 
pacifier  les  esprits,  à  réparer  les  fautes  commises,  à  ré  -User  les  réformes  qui  sont  prêtes, 
qui  n’attendent  que  l’action  méthodique  et  féconde  d’une  assemblée  et  d’un  ministère 
également  soucieux  rie  leur  devoir. 

Si  vous  m’honorez,  une  fois  encore,  de  vos  suffrages,  je  continuerai  de  mettre  au 
service  du  pays  et  de  consacrer  à  la  défense  de  vos  intérêts  tout  ce  que  j’ai  de  force  et  de 
dévouement* 

A*  RI  BÛT, 

Député  sortant, 

Ancien  Président  du  Conseil  des  Ministres. 


2a  circonscription  de  SAINT-OMER 

M,  IONNÀRT 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  10,515  voix* 


Mes  chers  Concitoyens, 

Fort  des  sympathies  et  de  l'adhésion  de  la  presque  unanimité  de  vos  représentants, 
Conseillers  généraux,  Conseillers  d’arrondissement  et  Maires  des  communes  de  la  deuxième 
circonscription,  j’ai  Thonneur  de  solliciter  de  nouveau  vos  suffrages. 

Ai-je  besoin  de  vous  dire  que  je  reste  plus  que  jamais  dévoué  aux  idées  d’ordre,  de 
liberté  et  d’apaisement  qui  sont  les  vôtres,  et  l’adversaire  résolu  de  la  politique  dTaventure 
et  de  réaction  brouillonne,  aussi  bien  que  des  entreprises  du  collectivisme? 


—  628  — 


N°  1162 


J'ai  déclaré  publiquement,  il  y  a  deux  ans,  «  qu’aucune  considération  ne  me  rendrait 
infidèle  à  l’idéal  qui  a  bercé  ma  jeunesse  et  affermi  ma  foi  républicaine,  à  cet  idéal  de 
justice,  de  liberté  et  de  progrès  social  qui  est  la  raison  d’être  et  l’honneur  de  la  Répu¬ 
blique  ».  Les  événements  de  ces  dernières  années  ne  peuvent  que  fortifier  ma  conviction  et 
mon  attachement  aux  principes  de  la  Déclaration  des  Droits  de  l’homme  et  du  citoyen. 

La  liberté  d’enseignement  subira  de  nouveaux  assauts.  Elle  est,  à  mon  avis,  insé¬ 
parable  de  la  liberté  de  conscience.  Je  les  défendrai  l’une  et  l’autre.  L’exercice  des  droits 
incontestables  de  contrôle  de  l’État  sur  l’enseignement  libre  n’implique  pas  le  reniement  de 
la  liberté.  L’Université  me  comptera  toujours  au  nombre  de  ses  fils  les  plus  affectionnés  et 
reconnaissants,  mais  je  crois  demeurer  fidèle  à  ses  leçons  et  à  mon  devoir  de  républicain  en 
repoussant  et  le  stage  scolaire  et  le  monopole  universitaire. 

Après  avoir  contribué  pour  une  large  part,  au  début  de  ma  carrière  parlementaire,  à 
l’élaboration  et  au  vote  des  lois  protectrices  de  l’agriculture,  je  me  suis  employé  à  les 
défendre  et  à  les  compléter.  Ma  constante  préoccupation,  comme  député  et  comme  président 
de  la  Fédération  des  Sociétés  agricoles  du  Pas-de-Calais,  a  été  de  rechercher  les  garanties 
et  les  encouragements  indispensables  à  la  production  du  blé,  à  l’élevage  du  bétail,  à  la 
culture  de  la  betterave. 

Il  semble  aujourd’hui  que  la  législation,  bien  imparfaite  encore  et  insuffisante,  à  l'abri 
de  laquelle  l’agriculture  de  notre  région  s’est  efforcée  vaillamment  de  lutter  contre  Ja  con¬ 
currence  étrangère,  soit  menacée  à  la  fois  par  les  progrès  et  les  exigences  de  l’évolution 
économique,  et  par  les  prétentions  exorbitantes  d’un  parti  nombreux  qui  s’imagine  pouvoir 
assurer  la  prospérité  des  départements  viticoles  en  condamnant  les  départements  du  Nord 
à  la  misère. 

Toutes  les  provinces  françaises  sont  solidaires.  Nous  ne  refusons  pas  de  compatir  aux 
souffrances  des  départements  du  Centre  et  du  Midi,  mais  qu’ils  ne  nous  refusent  pas  le 
droit  de  vivre.  La  guerre  économique  entre  les  diverses  régions  de  la  France  serait  funeste 
au  pays  tout  entier.  Et  ce  serait  un  crime  de  porter  la  main  sur  l’œuvre  de  tant  de  siècles, 
de  détruire  ce  que  nous  considérons  comme  notre  meilleure  espérance  et  la  sauvegarde  de 
notre  indépendance  :  l'unité  de  la  Patrie  française, 

La  nouvelle  loi  sur  les  boissons,  en  consacrant  l’inique  privilège  des  bouilleurs  de  cru, 
a  violé  le  principe  que  tous  les  Français  sont  égaux  devant  la  loi.  Nous  ne  cesserons  pas  de 
réclamer  son  abrogation. 

Dans  les  discussions  que  vont  soulever  la  question  du  sucre  et  la  question  dejj’alcool, 
nous  démontrerons,  en  défendant  les  industries  qui  transforment  la  betterave,  qu’on  ne  peut 
inconsidérément  toucher  à  l’un  des  éléments  constitutifs  de  la  fortune  de  nos  départements 
du  Nord,  sans  compromettre  gravement  la  richesse  nationale  et  exposer  Je  Trésor  aux  plus 
cruels  mécomptes. 

La  gestion  de  nos  finances  commande  la  plus  grande  prudence  et  une  vigilance 
extrême  ;  est-ce  le  moment  d’atteindre  dans  ses  œuvres  vives  la  prospérité  des  départe¬ 
ments  qui  alimentent  dans  une  proportion  considérable  le  budget  de  1  État  ? 

En  raison  de  la  part  démesurée  qui  lui  incombe  dans  la  répartition  des  charges 
publiques,  la  région  du  Nord  souffre  plus  qu’aucune  autre  de  l’injustice  et  de  l’énormité  de 
l’impôt.  Je  suis  prêt  à  examiner  les  réformes  d’impôt,  même  les  plus  hardies,  à  la  condi¬ 
tion  expresse  qu’elles  ne  rompent  pas  avec  les  principes  posés  par  l’Assemblée  Constituante, 
que  nous  comptons  parmi  les  meilleures  conquêtes  de  la  société  moderne,  etdont  l’abandon 
autoriserait  toutes  les  vexations  contre  les  minorités  et  les  inquisitions  incessantes  du  fisc, 
particulièrement  odieuses  et  dangereuses  dans  une  démocratie. 

Mais  il  faut  aller  au  plus  pressé.  Avant  tout,  il  faut  assurer  l’ordre,  Ja  sincérité  et 
l’équilibre  des  recettes  et  des  dépenses  dans  le  budget.  Ce  résultat  peut  être  obtenu  au 
moyen  d’un  contrôle  mieux  défmi  et  plus  rigoureux  de  la  gestion  ministérielle,  et  d’une 
révision  radicale  du  règlement  de  la  Chambre  en  vue  de  limiter  le  droit  d’iniiiative  des 
députés  en  matière  de  dépenses  publiques. 

J’ai  conscience  de  m’être  toujours  prononcé,  tant  à  la  Chambre  qu’au* Conseil  général, 


79 


—  62fi  — 

pour  la  politique  d'économie,  d’avoir  eu  toutes  circo:  siances  résisté  aux  entraînements  des 
majorités  qui,  avec  la  complicité  de  tous  les  partis  et  la  complaisance  des  gouvernements, 
sc  pliaient  aux  exigences  de  la  clientèle  électorale  et  se  ralliaient  aux  motions  ics  plus 
imprudentes  et  aux  plus  détestait  es  encments  ünancieis.  ^ 

Mou  devoir  est  plus  que  jamais  de  persévérer  dans  cette1  voie;  je  n  y  failliiui  pas, 

La  question  des  retraites  ouvrières  et  de  l’assistance  restera  à  l’ordre  du  jour  de  la 
prochaine  législature.  J’y  appliquerai  le  meilleur  de  mon  intelligence  et  de  mon  cœur.  Mais 
ii  est  évident  que  la  solution  des  questions  sociales  ne  peut  résider  que  dans  une  union 
plus  intime  du  capital  et  du  travail,  et  non  dans  la  lutte  des  classes  ;  dans  le  progrès  des 
idées  d’association,  dans  l’épanouissement  des  libres  initiatives  et  des  ceuvics  de  mutualité 
et  de  solidarité,  et  non  dans  les  tentatives  plus  ou  moins  avouées  de  nivellement  des  con¬ 
ditions,  qui  ne  sauraient  aboutir  qu’à  1  égalité  dans  la  misère. 

Le  vrai  patriotisme  est  discret  ;  il  ne  s’étale  pas  bruyamment  dans  la  rue  et  ne  pro¬ 
digue  pas  les  défis.  Je  ne  reconnais  à  aucun  parti  le  droit  d’en  réclamer  le  monopole.  11  y  a 
dans  tous  les  partis  de  braves  gens  et  de  bons  patriotes.  Ceux-ia  diront  avec  moi  que  la 
meilleure  façon  d’aimer  la  France,  c’est  d’aider  au  rapprochement,  à  la  réconciliation  de 
tous  les  Français,  de  ménager  les  ressources,  en  hommes  et  en  argent,  de  notre  pays,  do 
contribuer  au  rayonnement  de  toutes  les  forces  vives  de  la  nation,  à  son  développement 
économique,  et,  dans  l’examen  des  projets  de  loi  qui  touchent  à  l’organisation  de  l’armée,  de 
ne  jamais  sacrifier,  aux  impatiences  électorales  ni  aux  préoccupations  politiques,  l’intérêt 

supérieur  de  la  défense  nationale*  ,  , 

De  bons  esprits  pensent  qu’il  est  possible  de  réduire  la  durée  du  service  militaire.  Le 
législateur  ne  doit  pas  demander  de  sacrifice  inutile  au  pays,  mais  il  ne  saurait,  dans  la 
discussion  de  semblables  projets,  négliger  les  lumières  et  I  expérience  des  chefs  militaires 
les  plus  compétents,  ni  prouver  plus  efficacement  son  amour  de  1  armée  qu  en  ècaitant  les 
mesures  précipitées  qui  seraient  de  nature  à  entamer  ^organisation  et  à  compromettre  les 
destinées  de  cette  admirable  école  de  la  discipline,  du  devoir  et  de  r honneur* 

Mes  chers  Concitoyens,  je  me  résume.  Ma  confiance  sera  acquise  à  un  gouvernement 
fidèle  aux  traditions  libérales,  respectueux  des  droits  imprescriptibles  de  La  conscience, 
partisan  résolu  de  la  politique  d’économies,  disposé  à  a-surer  un  traitement  équitable  et 
bienveillant  à  la  région  du  Nord,  ayant  à  cœur  de  stimuler  les  initiatives  et  d'encourager 
t  intes  les  institutions  qui  tendront  à  l'amélioration  de  la  condition  morale  et  matérielle  du 
travailleur  et  à  la  pacification  sociale, 

(L  JONNÂftT,  Député  sortant, 

Vice-Président  du  Conseil  général, 
Ancien  Ministre, 

Président  de  la  Fédération  des  Sociétés  agricoles 
du  Pas-de-Calais. 


Circonscription  de  SAIMT-POL 

H.  VALLÉE 

Élu  au  irr  tour  de  scrutin.  —  10.893  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Désigné,  pour  la  seconde  fois,  par  le  Comité  républicain  de  l’arrondissement  de  Saint- 
P  1,  comme  candidat  a  l’élection  législative  du  27  avril,  j’ai  Pbonneur  de  solliciter  Le  renou- 
ved  ment  du  mandat  que  vous  ru7d\l  z  confié  le  2  décembre  iÔÜÛ  par  près  do  10.000  suf¬ 
frages,  et  que  j’ai  la  conscience  d’avoir  loyalement  et  fidèlement  rempli, 


—  627  — 


N°  fl  62 


Les  attaques  intéressées  dont  je  suis  l’objet  mo  font  un  devoir  de  vous  exposer  briève¬ 
ment  mon  attitude  et  mes  votes  à  la  Chambre  des  Députés. 

Mes  adversaires  me  représentent  comme  un  ministériel  endurci;  cela  est  faux. 

Républicain  de  gouvernement,  je  n’ai  été  et  ne  serai  jamais  inféodé  à  tel  ou  tel  minis¬ 
tère.  Je  voterai,  comme  je  l’ai  fait,  pour  le  gouvernement  quand  il  aura  raison  et  fera  œuvre 
de  défense  républicaine;  je  voterai  contre,  lorsqu’il  aura  tort  et  compromettra  les  intérêts 
que  je  suis  chargé  de  représenter. 

fi  l’égard  du  ministère  actuel,  j'ai  voté  avec  lui  le  budget  des  cultes  et  les  dépenses  de 
l’expédition  de  Chine,  entreprise  pour  défendre  nos  nationaux  et  nos  missionnaires  massa¬ 
crés,  et  il  faut  avouer  que  le  reproche  qu’on  m’en  fait  est  singulier  dans  la  bouche  de  mes 
adversaires. 

J’ai  voté  contre  lui  dans  la  loi  sur  les  associations,  dans  le  débat  sur  la  liberté  de  l’en¬ 
seignement,  etc.,  et  presque  toujours  mes  votes  se  sont  confondus  avec  ceux  de  mes  amis 
politiques  du  parti  progressiste  ;  MM.  Ribot,  Aynard  et  Poincaré. 

Que  mes  adversaires  aient  ia  loyauté  de  faire  le  compte  exact  de  mes  votes  favorables 
et  de  mes  votes  défavorables  au  Gouvernement,  et  ils  verront  comme  je  suis  ministériel. 

j’ai  voté  contre  la  loi  néfaste  des  boissons  et  contre  l’inique  privilège  des  bouilleurs  de 
cru;  j’ai  combattu  de  toutes  mes  forces  le  projet  Lauraine,  qui  demandait  l’établissement  de 
droits  différentiels  sur  les  alcools  industriels  de  notre  région  et  qui  eût  amené  la  ruine  des 
cultivateurs  du  Nord  et  de  la  culture  betteraviôre. 

Aujourd’hui,  comme  en  décembre  1900,  j’affirme  ma  foi  républicaine,  mon  dévouement 
sans  réserves  aux  institutions  que  la  France  s’est  librement  données;  je  suis  partisan  d’une 
République  forte  et  respectée,  assurant  l’ordre  intérieur  sans  lequel  le  progrès  reste  impos¬ 
sible,  le  travail  incertain  et  les  affaires  inquiètes. 

Je  la  veux  tolérante  pour  tous,  respectueuse  de  la  liberté  et  en  acceptant  toutes  les 
conséquences.  Je  la  veux  fidèle  aux  principes  si  bien  résumés  dans  la  devise  de  nos  pères  : 
Liberté,  Égalité,  Fraternité,  et  dans  l’immortelle  Déclaration  des  Droits  de  l’Homme  et  du 

Citoyen.  ... 

Je  réprouve  avec  la  plus  grande  énergie  les  agissements  des  réactionnaires  nationa¬ 
listes  et  plébiscitaires,  qui  exploitent  les  sentiments  les  plus  nobles  de  ce  pays  et  cherchent 
à  créer  en  France  un  parti  cesarien  qui  nous  mènerait  à  la  révolution. 

Je  réprouve  avec  la  même  énergie  les  théories  socialistes-collectivistes  qui  tendent  à  la 
destruction  de  la  société,  à  la  spoliation  et  à  la  ruine  de  notre  pays,  et  je  désapprouve 
hautement  la  présence  d’un  membre  de  ce  parti  dans  les  Conseils  du  Gouvernement. 

La  situation  économique  est  grave  pour  les  intérêts  de  notre  région  :  je  consacrerai 
tous  mes  efforts  a  la  révision  delà  funeste  loi  des  boissons.  Je  demanderai  la  suppression 
ou  tout  au  moins  la  réglementation  intégrale  du  privilège  des  bouilleurs  de  cru,  le  dégrève¬ 
ment  des  surtaxes  nouvelles,  en  commençant  par  les  licences  ramenées  à  1  ancien  tarif,  la 
révision  du  tarif  des  patentes,  et  je  m’opposerai  à  la  création  de  nouveaux  monopoles. 

Les  résultats  de  la  Conférence  do  Bruxelles  peuvent  être  désastreux  pour  notre  indus¬ 
trie  sucrière-  si  je  rentre  à  la  Chambre  et  si,  comme  on  peut  le  craindre,  notre  exporta¬ 
tion  devient  impossible,  je  ne  voterai  pas  la  ratification  d’une  convention  si  funeste  à  nos 
intérêts.  Pourquoi,  en  effet,  nous  lier  les  mains  et  ne  pas  rester  maître  de  nos  tarifs  et  de 
notre  marché  intérieur? 

Ce  marché,  il  faut  le  développer  par  la  suppression  totale  ou  du  moins  par  un  abaisse¬ 
ment  considérable  du  droit  sur  les  sucres,  par  les  avantages  et  les  facilités  donnés  à  son 
emploi  dans  certaines  industries,  et  en  agriculture  pour  1  alimentation  du  bétail. 

Le  Trésor  trouvera  dans  la  suppression  du  privilège  des  bouilleurs  de  cru  des  ressources 
nouvelles  et  suffisantes  pour  combler  le  déficit  de  l’impôt  sur  le  sucre  et  pour  ramener  le 
droit  de  220  francs  sur  l’alcool  à  son  ancien  taux. 

Nos  distilleries  agricoles,  si  durement  éprouvées,  trouveront,  nous  pouvons  l’esperei, 
dans  les  emplois  industriels  de  l’alcool,  un  débouché  qui  permettra  à  ia  culture  de  la  bette¬ 
rave  de  reprendre  son  ancienne  activité,  11  faut  pour  cela,  par  des  primes  et  des  facilités 


données  à  la  dénaturation  de  l’alcool,  abaisser  suffisamment  son  prix  pour  lui  permettre  de 

se  substituer  au  pétrole. 

Je  ne  négligerai  rien  pour  arriver  à  ce  résultat. 

Grâce  à  la  sucrerie  coopérative,  l’arrondissement  de  Saint-Pol,  en  attendant  des  jours 
meilleurs,  continuera  dans  les  meilleures  conditions  possibles  la  culture  betteravière.  J’ai 
été  heureux  de  pouvoir  récemment  contribuer  à  son  succès,  et  je  donnerai  toujours  mon 
plus  dévoué  concours  â  cette  œuvre  excellente  de  mutualité  et  de  solidarité. 

Protectionniste  convaincu,  je  veux  défendre  avec  énergie,  contre  la  concurrence  étran¬ 
gère  notre  agriculture,  qui  fait  la  richesse  de  la  France. 

il  appartient  à  la  prochaine  législature  de  faire  aboutir  les  projets  destinés  à  remédier 

à  la  mévente  de  ses  produits. 

Cultivateurs, 

Représentant  d’une  région  presque  exclusivement  agricole,  je  serai  au  premier  rang 
des  défenseurs  de  notre  agriculture  et  m’inspirerai  toujours,  auprès  de  nos  sociétés  et  de 
nos  syndicats,  de  vos  besoins  et  de  vos  desiderata. 

Je  déFendrai,  avec  toute  l’énergie  possible,  les  intérêts  des  planteurs  de  tabac,  si  nom¬ 
breux  dans  notre  région,  et  je  poursuivrai  l’exécution  du  vœu  déposé  au  Conseil  général  par 
mes  amis  de  l’arrondissement  et  tendant  à  relever  le  prix  de  la  deuxième  classe  de  tabacs. 
Je  voudrais,  d’accord  avec  les  représentants  des  régions  où  l’on  fait  cette  culture,  poursuivre 
l’amélioration  de  la  situation  des  planteurs,  et  je  m’occuperai  de  cette  importante  question 
à  la  Chambre,  si  vous  m’y  renvoyez. 

Partisan  résolu  d’une  politique  financière  de  prudence  et  d’économie,  je  demanderai 
la  suppression  de  l'initiative  parlementaire  pour  toute  augmentation  de  dépenses  et  tous 
relèvements  de  crédits. 

Quant  à  l’armée,  sauvegarde  de  notre  indépendance,  je  souhaite  qu’on  la  laisse 
accomplir  silencieusement  sa  noble  tâche  en  dehors  et  au-dessus  de  nos  luttes  politiques. 

Désireux  de  diminuer  et  d’égaliser  les  charges  qui  pèsent  sur  les  citoyens,  je  voterai 
le  service  de  deux  ans,  si  souhaitable  pour  tous,  qui  nous  maintiendra  une  armée  aussi 
nombreuse,  aussi  solide  et  exercée,  Je  voterai  également  la  diminution  de  la  durée  des 
périodes  d’exercices. 

Je  m’opposerai,  comme  je  l’ai  fait  déjà,  au  rétablissement  du  monopole  universitaire 
dont  l’Université,  consciente  de  sa  haute  valeur  intellectuelle  et  morale  et  n’ayant  rien  à 
craindre  de  la  concurrence,  ne  veut  pas  elle-même.  Je  n’ai  jamais  cessé  d’étre  tout  dévoué 
à  la  cause  sacrée  de  l’enseignement  populaire,  à  la  loi  scolaire,  l’une  de  bases  de  notre 
éducation  républicaine,  et  à  nos  excellents  instituteurs.  J’ai  voté  l’abolition  du  pourcentage, 
et  je  m’associerai  énergiquement  à  toutes  les  mesures  qui  sont  nécessaires  pour  améliorer 
leurs  traitements  et  les  conditions  de  leur  avancement, 

Au  point  de  vue  social,  j’estime  que  la  République  doit  toute  sa  sollicitude  aux  humbles 
et  aux  faibles.  Je  suis  partisan  de  toutes  les  oeuvres  d’assistance,  de  prévoyance  et  de  mu¬ 
tualité.  Je  souhaite  que  les  retraites  ouvrières  soient  assurées  par  l’extension  des  sociétés 
de  secours  mutuels,  et  je  contribuerai  pour  ma  part  à  leur  large  développement. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Je  vous  ai  nettement  exposé  mon  programme.  Je  veux  rester  ce  qu’était  notre  regretté 
député,  M.  6.  Graux,  ce  que  je  suis  moi-même,  un  républicain  modéré,  mais  non  pas  modé¬ 
rément  républicain,  ami  du  progrès,  ennemi  de  toute  exagération,  qu’elle  vienne  de  droite 
ou  de  gauche,  et  j’ai  la  ferme  conviction  que  vous  affirmerez  sur  mon  nom,  le  27  avril,  que 
cette  politique  est  toujours  la  vôtre. 


Vive  l’arrondissement  de  Saint-Pol  i 
Vive  la  République  ! 


Georges  VALLÉE,  Député  sortant, 

Candidat  du  Comité  républicain  de  l’arrondissement  de  Saint-Pol. 


—  629  — 


N®  M62 


PUY-DE-DOME 


Circonscription  d'AMBERT 

M,  BARATERIE 

Élu  au  lGr  tour  de  scrutin.  —  lQ.ÛÔi*  voix. 


MAWïFËSfï  du  Comité  Républicain  démocratique 

Électeurs, 

Le  moment  est  venu  d’envoyer  à  la  Chambre  un  Député  digne  de  vous,  capable  de 
travailler  sans  relâche  à  la  défense  de  vos  intérêts  et  de  prendre  la  parole  avec  honneur 
dans  les  grands  débats  parlementaires. 

Nous  avons  pensé  que  M.  le  docteur  Sabaterîe  serait  cet  homme-là,  et  c’est  avec 
confiance  que  nous  sollicitons  vos  suffrages  en  sa  faveur* 

Maire  d’Ariane,  Conseiller  général,  Président  de  la  Commission  départementale, 
M.  le  docteur  Sabaterie  a  la  réputation  d’avoir  apporté,  dans  l’exercice  de  ces  importantes 
fonctions,  une  compétence  et  une  loyauté  exceptionnelles,  jointes  à  un  très  vif  amour  du 
travail  et  à  une  dignité  d’attitude  qui  lui  ont  valu  la  sympathie  de  tous, 

M,  Je  docteur  Sabaterie  et  de  plus  un  républicain  sans  reproche.  Son  programme 
témoigne  de  scs  sentiment  démocratiques*  li  est  du  peuple  par  le  sang  et  par  la  volonté. 
Soyez  certains  qu’il  ne  nous  trahira  jamais  et  que  chacun  de  ses  votes  sera  une  pierre 
ajoutée  à  T  édifice  des  réformes  sociales. 

Électeurs,  la  coalition  des  réactionnaires  de  tous  ordres  s’apprête  à  livrer  à  la  politique 
de  défense  et  d’action  républicaine  le  suprême  assaut.  Soyez  disciplinés  et  votez  en  masse 
pour  le  bon  citoyen  qui,  par  la  fermeté  de  ses  convictions  et  l’autorité  de  sa  parole,  se 
mettra  vite  aujpremier  rang  des  défenseurs  de  la  République. 

Votez  tous  pour 
M*  le  docteur  SABATERIE, 

Vive  la  République  démocratique  et  réformatrice  ! 

(Suivent  les  signatures). 


Profession  de  foi  de  M,  le  docteur  SABATERIE 

Électeurs, 

Devant  l’insistance  que  les  vrais  et  sincères  républicains  de  cet  arrondissement  ont 
bien  voulu  mettre  à  m’offrir  la  candidature  à  la  députation,  je  n’ai  pas  hésité  à  sacrifier 
mon  repos  et  ma  situation  pour  me  jeter  dans  la  mêlée  et  rallier  tous  ceux  qu’anime  la 


_  630  — 

passion  de  l’honnêteté  politique,  tous  les  hommes  de  progrès,  de  -vérité  et  de  justice, 
autour  du  drapeau  de  la  démocratie. 

Ce  drapeau,  sous  les  plis  duquel  j’ai  toujours  combattu  et  dont  vous  voulez  bien  me 
confier  la  garde,  je  le  tiendrai  haut  et  ferme,  et  vous  n’aurez  pas  à  redouter  de  le  voir 
traîner  jamais  dans  de  louches  compromissions  avec  les  ennemis  de  nos  institutions. 

Enfant  du  peuple,  né  au  milieu  de  vous,  comme  vous  j’ai  connu  les  rudes  étapes  de 
l’existence  du  travailleur  acharné  au  labeur  quotidien.  Pendant  les  20  années  que  j’ai 
consacrées  au  soulagement  des  souffrances  humaines,  j’ai  appris,  plus  que  personne,  à 
connaître  les  aspirations  des  humbles  et  des  déshérités,  de  ceux,  ouvriers,  agriculteurs, 
petits  commercants,  petits  industriels,  petits  fonctionnaires,  qui  peinent  et  qui  luttent 
pour  assurer,  par  un  travail  souvent  disproportionné  avec  leurs  forces  et  leurs  moyens,  le 
strict  nécessaire  à  leur  famille. 

Bien  que  je  ne  sois  pas  un  inconnu  pour  la  plupart  d’entre  vous,  il  importe  cependant 
que  je  vous  fixe  sur  la  conduite  politique  que  je  veux  tenir  et  le  programme  des  réformes 

que  je  me  propose  de  défendre.  ... 

Les  prochaines  élections  législatives  vont  avoir  sur  les  destinées  de  la  République 
une  influence  décisive  :  plus  que  jamais  la  lutte  sera  ardente  et  vive.  Il  appartient  au  grand 
parti  républicain  démocratique  de  prendre  une  attitude  courageuse  et  décidée,  an 
face  des  réactionnaires  de  tous  ordres  qui  organisent  leurs  forces  pour  sc  ruer  à  l’assaut 
de  nos  libertés. 

Nous  devons  combattre  avec  la  même  énergie,  d’un  côté  l’utopisme  téméraire,  repré¬ 
senté  par  les  partisans  de  la  révolution  violente,  sorte  d’hallucinés  qui,  au  mépris  des  lois 
naturelles  de  l’évolution,  révent  la  transformation  brutale  et  instantanée  de  la  société 
par  la  spoliation  ;  —  de  l’autre,  le  conservatisme  égoïste  et  étroit  comprenant  la 
coalition  de  tous  les  mécontentements,  de  tous  les  appétits  et  de  toutes  les 
déceptions  :  royalistes,  orléanistes,  bonapartistes,  boulangistes,  mèlinistes,  césariens, 
plébiscitaires  et  autres  entrepreneurs  de  l’étranglement  de  la  République,  docilement 
menés  par  la  main  cléricale,  richement  dotés,  habilement  embrigadés  sous  une  étiquette 
commune  et  marchant,  drapeau  en  poche,  avec  un  programme  commun  :  la  suppression  du 

pouvoir  électif.  .  ,  . 

^appuierai  tout  Gouvernement  qui  pratiquera  nettement*  comme  le  Ministère  Waldeck- 
Rousseau,  la  concentration  à  gauche,  et  qui  saura  maintenir  sans  faiblesse  et  sans  crainte 
les  droits  de  l’État  républicain.  J’approuve  toutes  les  lois  de  progrès  qui  ont  été  votées  dans 
le  courant  de  cette  dernière  législature. 

Partisan  de  la  liberté  de  conscience  et  de  la  neutralité  de  l’État  en  matière  de  religion, 
j’estimoque  le  libre  exercice  du  cuite  ne  peut  se  comprendre  qu’avec  le  respect  des  institu¬ 
tions  que  le  pays  a  librement  choisies. 

Les  lois  constitutionnelles  doivent  êlre  révisées  par  les  voies  légales  dans  un 
sens  plus  démocratique.  Le  système  électoral  du  Sénat  est  à  la  fois  trop  restreint  et  trop 
coûteux. 

La  définition  des  pouvoirs,  entre  les  deux  Chambres,  n’est  pas  suffisamment  explicite. 
A  celle  issue  du  suffrage  universel  doit  rester  la  prépondérance.  Le  scrutin  de  liste,  destiné 
à  relever  le  niveau  moral  et  intellectuel  de  la  représentation  nationale  et  à  lui  donner  plus 
de  cohésion  et  d’homogénéité,  doit  être  substitué  au  scrutin  uninominal.  Je  suis  panisan 
aussi  rte  la  représentation  des  minorités. 

Une  notable  diminution  du  nombre  des  députés  et  sénateurs  n'entravera  pas  la  marche 
des  affaires  et  allégera  le  budget. 

La  suppression  du  vote  par  procuration  me  paraît  s’imposer. 

L’initiative  parlementaire,  au  point  de  vue  des  dépenser,  doit  être  sinon  supprimée, 
du  moins  limitée,  de  telle  façon  que  le  relèvement  d'un  crédit  corresponde  toujours  à 
l’abaissement  d’un  autre. 

Les  produits  de  notre  agriculture  et  de  notre  industrie  doivent  être  efficacement 
protégés  contre  h  concurrence  étrangères  je  suis  convaincu  qu'un  des  meilleurs  moyens 


—  «31  —  N®  1162 

de  relever  l'agriculture  dans  nos  campagnes  serait  de  réserver  uniquement  à  la  consomma¬ 
tion  un  alcool  de  vin  distillé  hygiéniquement  et  de  substituer  au  pétrole  étranger  un  alcool 
industriel  exempt  de  tous  droits. 

Dans  le  même  ordre  d’idées,  les  pouvoirs  publics  doivent  favoriser  par  tous  les  moyens 
la  consommation  nationale  du  sucre,  que  l’on  peut  considérer  comme  un  aliment  de 
première  nécessité. 

11  importe  de  laisser  la  plus  grande  liberté  aux  syndicats  ouvriers  constitués  unique¬ 
ment  pour  la  défense  désintérêts  professionnels,  en  dehors  de  toute  action  et  préoccupation 
politiques. 

Les  mesures  les  plus  rigoureuses  doivent  être  prises  contre  tous  ceux  qui  spéculent 
sur  l’épargne  nationale. 

La  grande  féodalité  com  nereialo  et  industrielle  absorbe  tout.  Ouvriers,  commerçants, 
industriels  désertent  nos  campagnes  et  nos  bou’gs,  faute  de  pouvoir  se  livrer  à  un  travail 
rémunérateur. 

Pour  remédier  à  ce  fâcheux  exode,  il  C9t  indispensable  de  frapper  les  grands  magasins 
et  les  grandes  industries,  de  patentes  en  rapport  avec  leur  chiffre  d'affaires,  de  résoudre  le 
problème  du  crédit  agricole  et  de  hâter  l’établissement  du  horaestead,  c’est-à-dire  l’insaisissa¬ 
bilité  du  bien  de  famille. 

Nous  devons  accorder  une  sollicitude  toute  spéciale  aux  lois  d’organisation  et  de  protec¬ 
tion  du  travail.  Les  œuvres  de  prévoyance,  de  solidarité,  de  bienfaisance,  trouveront  tou- 
ours  en  moi  un  zélé  défenseur. 

Je  demanderai  une  plus  large  participation  des  œuvres  de  bienfaisance  provinciales 
dans  les  fonds  du  pari  mutuel. 

Une  plus  équitable  répartition  des  charges  publiques  s’impose  par  la  substitution  de 
l’iinpùt  progressif,  avec  dégrèvement  à  la  base,  aux  diverses  formes  de  nos  impôts  actuels, 
qui  sont  iniques  et  d’un  autre  âge. 

11  n’est  pas  admissible  qu’une  société  ayant  un  idéal  de  justice  puisse  taxer  le 
nécessaire  du  pauvre  et  exempter  le  superflu  du  riche. 

Que  les  capitalistes,  détenteurs  de  millious,  jettent  les  yeux  sur  la  détresse  du  travail¬ 
leur,  du  petit  agriculteur  surtout,  et  que  dans  un  élan  généreux,  iis  acceptent  eux-mêmes 
l’impôt  progressif  sur  le  revenu  1  Ils  enlèveront  ainsi  au  collectivisme  révolutionnaire  ses 
armes  et  sa  clientèle. 

L’impôt  des  prestations,  dernier  vestige  des  temps  féoiaux,  doit  disparaître. 

Je  m’associerai  à  toutes  les  mesures  tendant  à  la  suppression  des  droits  d’octroi,  impôt 
inique,  vexatoire  et  inquisitorial  entre  tous,  qui  pèse  sur  la  seule  chose  dont  le  pauvre  ait 
autant  besoin  que  le  riche,  sur  les  objets  d’alimentation. 

Je  suis  partisan  de  l’abolition  du  droit  sur  les  petites  successions  de  1  à  2.000  francs 
en  ligne  directe  et  entre  époux,  je  veux  un  droit  progressif  sur  les  suça  ssions  d’un  million 
et  au-dessus,  et  j’estime,  d’qne  manière  générale,  que  le  droit  successoral  doit  être 
dégressif  proportionnellement  au  nombre  d’enfants. 

Ce  n’est  ni  aux  emprunts  ni  aux  contribuables  qu’il  faut  faire  appel  pour  équilibrer  les 
budgets  boiteux,  mais  bien  à  de  méthodiques  économies,  et  je  m’engage  à  favoriser 
toutes  celles  qu’il  sera  possible  de  réaliser  sans  nuire  au  bon  fonctionnement  des  services 
publics. 

Dans  le  môme  ordre  d’idées,  la  réduction  du  nombre  do  fonctionnaires  est  une  chose 
infiniment  désirable.  Beaucoup  n’ont  qu’une  somme  insignifiante  de  travail  à  fournir.  Les 
uns  sont  trop  payés,  les  autres  pas  assez.  Nous  ne  voulons  plus  do  traitements  de  luxe,  ni 
de  traitements  de  misère. 

Tant  que  l’humanité  ne  sera  pas  arrivée  au  degré  de  perfection  nécessaire  qui  permettra 
le  règlement  des  conflits  internationaux  par  un  tribunal  suprême  d’arbitrage,  nous 
serons  obligés  de  subir  le  lourd  fardeau  du  militarisme,  dans  la  perspective  des  guerres 
à  venir. 

L’intérêt  primordial  d’une  nation  est  donc  d’avoir  une  force  armée,  toujours  capable 


—  632  — 

de  la  défendre  contre  toute  agression  extérieure.  11  n’est  pas  possible  d  escompter  actuelle¬ 
ment  une  modification  bien  profonde  du  budget  de  la  Guerre  et  du  budget  de  la  Marine, 
encore  moins  leur  suppression. 

L’armée  nous  est  indispensable.  Mais  celte  armée,  que  nous  aimons,  parce  qu  elle  est 
le  sang  et  la  chair  de  la  nation,  cette  armée,  à  laquelle  nous  sommes  fiers  d’appartenir, 
nous  la  voulons  en  dehors  de  nos  discussions  politiques,  uniquement  préoccupée  de  sa 
mission  soumise  au  pouvoir  civil  et  respectueuse  des  lois. 

On  doit  pouvoir  réduire  immédiatement  à  deux  ans  le  service  militaire,  et  si  plus 
tard  l’expérience  démontre  la  possibilité  de  concilier  les  intérêts  de  la  défense  nationale 
avec  le  service  d’un  an,  toutes  dispenses  supprimées,  je  n’hésiterai  pas  à  voter  cette 

importante  réforme.  ,  ,  ,  . 

La  suppression  des  périodes  d’instruction  de  treize  jours  et  la  réduction  des  périodes 

de  vingt-huit  jours  sont  désirables. 

Le  code  de  justice  militaire  doit  être  révisé  dans  un  sens  plus  conforme  a  nos  idees 
actuelles,  qui  veulent  un  châtiment  proportionné  à  la  faute  et  laissent  une  large  place  à 
la  clémence.  Il  est  indispensable  d’apporter  de  sérieuses  modifications  aux  conseils  de 
guerre  et  d’établir  pour  les  pénitenciers  militaires  une  réglementation  plus  en  harmooie 
avec  nos  principes  de  justice  et  de  pitié. 

Dans  l’ordre  judiciaire,  je  suis  pour  la  révision  du  Code  de  procédure  civile,  ce  maquis 
de  formules  ridicules  et  surannées,  où  peuvent  si  facilement  s’embusquer  des  hommes 

d’affaires  sans  scrupules,  puis  ruiner  le  malheureux  justiciable. 

Nos  mœurs  exigent  une  justice  moins  coûteuse,  plus  expéditive  et  plus  humaine. 

L’extension  de  la  compétence  des  juges  de  paix  devrait  être  chose  faite. 

Les  rouages  administratifs  ne  répandent  plus  aux  besoins  actuels  ;  une  vaste  décentra¬ 
lisation,  d’où  résulteront  d’importantes  économies,  est  attendue  depuis  trop  longtemps 
pour  qu’il  soit  besoin  de  dire  que  nous  lui  sommes  absolument  acquis. 

Les  attributions  des  Conseils  généraux  et  municipaux  doivent  être  étendues,  surtout 
en  ce  qui  concerne  la  gestion  des  fonds  à  utiliser  sur  place. 

La  réforme  de  l’enseignement  à  tous  les  degrés  est  nécessaire. 

La  force,  la  grandeur  et  l’avenir  d’un  pays  procèdent  de  ('utilisation  de  tous  ses 
capitaux.  Le  capital  moral  et  intellectuel  étant  appelé  à  procurer  le  plus  d’éclat,  il  faut 
chercher  à  assurer  l’égalité  dans  l’instruction  à  tous  les  degrés.  3e  donnerai  mon  adhésion 
à  la  réforme  qui  supprimera  l’abîme  existant  actuellement  entre  chacun  des  enseignements 
primaire,  secondaire  et  supérieur,  et  qui  exigera  des  conditions  d’intelligence,  plutôt  que 
de  fortune,  de  ceux  qui  voudront  accéder  de  l’un  à  l’autre. 

Quant  à  la  liberté  de  l’enseignement,  j’en  suis  partisan  en  principe.  Mais  j’estime  que 
si  des  circonstances  exceptionnelles  commandaient,  dans  l’intérêt  de  la  République,  l’abro¬ 
gation  momentanée  de  celte  liberté,  aucune  hésitation  ne  serait  possible,  il  faudrait  b  y 
rêsoudr6* 

Nombreuses  encore  sont  les  réformes  dont  la  réalisation  entraînerait  d'importantes 

économies  en  faveur  du  contribuable. 

je  suis  pour  la  suppression  absolue  de  tous  les  droits  i,de  circulation  et  de  liccnc6)j 
sur  les  boissons  hygiéniques  (vin,  bière,  cidre)  —  pour  la  suppression  du  monopole  des 
allumettes,  —  pour  la  réduction  des  tarifs  des  correspondances  postales,  télégraphiques  et 
téléphoniques,  —  pour  la  réduction  des  tarifs  de  transports  par  voies  ferrées,  —  pour 
pour  l’augmentation  des  recettes  postales  et  des  bureaux  de  facteurs-receveurs,  —  pour 
une  large  tolérance  en  matière  de  délits  de  simple  police,  etc. 

Les  questions  se  rattachant  à  la  vicinalilê,  à  la  protection  de  l’enfance,  a  la  salubiitâ 
et  l’hygiène  publiques,  au  vagabondage  et  à  la  mendicité,  tout  ce  qui  aura  pour  but  de 
faciliter  les  transports  et  transactions  dans  nos  campagnes,  tout  cela  fera  l’objet  de  ma 
constante  attention. 


—  633  — 


NL  1162 


Électeurs, 

Je  ne  vous  fais  pas  de  promesses.  Je  vous  dis  simplement  mon  désir  et  ma  volonté  de 
marcher  dans  la  voie  que  je  viens  de  vous  tracer. 

Le  devoir  d'un  représentant  du  peuple  doit  être  de  suivre  assidûment  les  séances  du 
parlement,  afin  d’être  toujours  prêt  à  intervenir  pour  la  défense  des  intérêts  de  ses 
mandataires. 

Si  j’ai  l’honneur  d'être  votre  élu,  vous  ne  me  verrez  nulle  part  ailleurs  qu'à  la  Chambre, 
quand  la  Chambre  siégera.  Par  contre,  vous  me  trouverez  toujours  au  milieu  de  vous, 
pendant  les  vacances  parlementaires. 

Je  serai  à  votre  disposition  tous  les  jours,  soit  à  Ambert,  soit  à  Ariane,  et  une  fois  par 
an  au  moins  je  me  rendrai  dans  chacune  des  communes  de  l'arrondissement  pour  m'entre¬ 
tenir  avec  vous,  sur  place,  de  vos  intérêts  et  de  vos  besoins.  Je  viendrai  vous  rendre 
compte  de  ce  que  j'aurai  fait  et  savoir  de  vous  ce  que  j'aurai  à  faire. 

Vous  trouverez  en  moi  un  ami  sûr  et  dévoué,  incapable  de  trahir  votre  confiance, 
toujours  disposé  à  écouter  vos  doléances  et  vos  revendications. 

Électeurs, 

Seule,  ia  République  peut  vous  donner,  avec  le  progressa  justice  et  la  liberté,  un 
avenir  de  travail  et  de  paix. 

Préparez-vous  donc  à  la  servir  le  27  avril  prochain. 

Si  j'ai  retenu  ma  place  au  premier  rang  des  phalanges  républicaines,  c'est  avec  la 
conviction  que  vous  vous  lèverez  tous,  le  jour  de  la  bataille,  pour  assurer  la  victoire. 

Je  fais  appel  à  toutes  les  bonnes  volontés,  apportez  sans  arrière-pensée  votre  concours 
à  celui  qui,  placé  à  votre  tête,  n'a  d'autre  ambition  que  de  grouper  toutes  les  forces  vives  de 
l'arrondissement  pour  les  utiliser  au  service  de  vos  intérêts  et  au  triomphe  de  la  République 
démocratique  et  réformatrice. 

Docteur  SABÀTERIE, 

Maire  et  Gonseililer  général  d'Arlauc, 

Président  de  la  Commission  départementale. 


lrt  circonscription  de  CLERMONT-FERRAND 

M.  GHAMBÏGE 

Élu  au  leT  tour  de  scrutin.  —  13*173  voix. 


Électeurs, 

L'union  de  tous  les  républicains,  de  tous  ceux  qui  sont  les  fils  de  la  Révolution  française, 
est  aujourd'hui  plus  que  jamais  nécessaire. 

L’ceuyre  de  la  République,  ses  institutions,  la  République  elle-même  est  menacée, 
comme  au  2k  mai,  comme  au  16  mai,  comme  à  l’époque  du  boulangisme. 

En  face  de  nous,  toujours  les  mêmes  adversaires,  sous  des  masques  différents,  mais 
poursuivant  toujours  le  même  but  ;  le  triomphe  d'une  politique  de  réaction.  Ils  exploitent 
maintenant,  pour  arriver  à  leurs  fins,  les  sentiments  patriotiques  de  la  France,  comme 

80 


—  r>34  — 

s’ils  avaient  le  monopole  du  patriotisme  ;  ils  exploitent  la  crise  qui  sévit  sur  notre 

agriculture.  comme  s’ils  devaient  seuls  s’en  préoccuper.  +  ,  , 

Le  suffrage  universel,  malgré  les  pressions  et  les  violences,  maigre  argent  répandu 
à  (lots,  malgré  les  équivoques,  saura  arracher  les  masques  et  déjouer  leurs  combinaisons 

rripni  ûgIIbS 

Ou:  i  derrière  le  nationalisme,  derrière  la  Ligue  de  la  Patrie  française,  il  n’y  a 
qu’une 'puissance  qui  s’agite  et  qui  mène  cette  coalition,  c’est  la  puissance  cléricale  et 

ÈaL  Vous  vous  rappellerez,  électeurs,  que  ce  sont  les  membres  de  ces  ligues  qui,  en  1899, 
fomentaient  à  Paris  le  trouble  dans  les  rues,  faisaient  appel  à  la  violence  a  la  caserne  de 
Eeuilly,  au  fort  Chabrol,  injuriaient  et  frappaient  le  Président  de  la  République,  lors  de 

l’odieux  attentat  d’Auteuil.  ,  .  ...  . 

Vous  vous  rappelerez  que  c’est  contre  eux  que  l’union  de  tout  le  grand  parti  républicain 

s’est  faite  au  Parlement  et  que  s’est  formé  le  ministère  de  la  «  Défense  républicaine  », 

le  22  iuin  1809.  .  .  „ 

Ce  ministère,  je  m’honore  de  l’avoir  soutenu  de  mes  votes,  et  J  ai  la  conscience  d  avoir 

rempli  mon  devoir. 

Électeurs, 

Le  programmé  républicain  peut  se  résumer  ainsi,  je  le  disais  en  1898  je  le  répète  : 

«  Maintenir  dans  leur  intégralité  toutes  les  lois  républicaines  et  marcher  résolument,  sans 

relâche,  vers  de  nouveaux  progrès  démocratiques  ». 

La  plupart  des  réformes  promises  attendent  encore,  on  ne  doit  plus  les  retarder. 

Les  réformes  fiscales  sont  urgentes.  —  Notre  système  d’impôts  pèse  surtout  sur  la 
masse  des  cultivateurs  et  des  petits  commerçants,  —  H  ne  doit  plus  être  une  lourde  charge 
pour  les  plus  faibles  et  un  un  poids  léger  pour  les  plus  forts.  —  Je  veux  1  impôt  sur 
revenu,  le  seul  juste,  le  seul  équitable. 

Je  voterai,  comme  je  l’ai  toujours  fait  depuis  huit  ans,  toutes  les  réformes  apportant 
une  amélioration  à  la  situation  des  agriculteurs  et  delà  démocratie  rurale. 

Je  voterai  l’égalité  devant  le  service  militaire  réduit  à  deux  ans. 

La  loi  contre  les  congrégations  est  faite,  le  pays  compte  qu’elle  sera  appliquée  sans 

faiblesse 

Los  masses  laborieuses,  après  avoir  été  dominées  et  exploités  par  les  régimes  anté¬ 
rieurs,  ont  droit  à  l’amélioration  de  leur  sort.  —  Les  réformes  sociales  s  imposent  aux 
préoccupations  des  sociétés  modernes;  la  France  nepeutpasnepas  marcher  dans  cette  voie 

à  la  tête  des  nations.  » 

Electeurs,  vous  me  connaissez,  mou  passé  est  un  gage  de  fidélité  et  de  e\ouem 
la  démocratie.  Au  bloc  de  la  contre-révolution  vous  opposerez  le  bloc  républicain,  et  la  vie- 
toire  est  à  nous. 

Vive  la  République  l 


Docteur  CHÀMBIGE, 

Maire  de  Pont-du-Château, 
Conseiller  général^  Député  sortant. 


—  635  — 


N*  1 162 


2r  circonscription  de  GLER  MONT-FERRAND 

M.  GUYOT-DÊSSAiGNË 
Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  15.765  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Une  fois  encore,  je  viens  solliciter  l’honneur  d’être  votre  représentant  à  la  Chambre 
des  Députés* 

Comme  parle  passé,  si  je  suis  votre  élu,  je  marcherai  au  premier  rang  de  ceux  qui 
croient  que  la  République  seule  peut  donner  au  peuple  les  satisfactions  légitimes  qu’il 
réclame  et  qu’il  n’est  que  temps,  malgré  les  résistances  intéressées  des  uns  et  les  défail¬ 
lances  des  autres,  de  faire  aboutir  les  réformes  que  la  démocratie  exige  à  juste  titre. 

Pendant  la  législature  qui  va  prendre  fin,  j’ai  soutenu  de  mon  mieux  le  Ministère  de 
défense  et  d’action  républicaines,  présidé  par  M.  Waldeck-Rousseau.  Je  m'en  honore  ;  et  les 
injures  et  les  outrages  que  lui  prodiguent  chaque  jour  les  amis  de  ceux  qui  entretenaient  le 
désordre  dans  la  rue  et  osaient  porter  la  main  sur  la  personne  même  du  Président  de  la 
République  me  démontrent  que  j’ai  eu  mille  fois  raison,  et  que  c’est  à  ce  gouvernement,  si 
décrié,  si  conspué  par  les  orateurs  de  la  Patrie  Française  et  de  l’Action  libérale,  que  vous 
devez  de  pouvoir,  dans  quelques  jours,  exprimer  librement  vos  opinions. 

Mon  programme  politique  et  social  n’a  pas  changé.  11  reste  celui  que  vous  avez  déjà 
quatre  fois  approuvé  avec  des  majorités  sans  cesse  croissantes*  Aussi  me  semble-t-il  inutile 
de  vous  faire  à  nouveau  une  énumération  que  vous  connaissez  depuis  longtemps,  et  c’est 
seulement  sur  quelques  points  particuliers  de  mes  déclarations  précédentes  que  j’appeUerai 
votre  attention. 

La  réduction  du  service  militaire  à  deux  aus  par  la  suppression  de  toutes  les  dispenses, 
dont  j’ai  été  l’un  des  premiers  promoteurs,  peut  être  considérée  comme  acquise  et  sera 
certainement  votée  à  î’une  des  plus  prochaines  sessions*  Le  Sénat,  jusqu’ici  rebelle,  a 
compris  qu’il  devait  se  rendre  au  vœu  populaire,  et  c’est  lui  qui  prend  maintenant  l’initia¬ 
tive  de  la  réforme.  Elle  sera  donc  promptement  accomplie.  C’est  en  vain  que  les  privilégiés 
de  la  fortune,  qui  ne  pouvaient  se  faire  à  l’idée  que  leurs  enfants  passeraient,  comme  les 
autres,  deux  ans  à  la  caserne,  ont  tenté  de  faire  miroiter  aux  yeux  des  populations  le  ser¬ 
vice  d’un  an,  avec  350.000  rengagés,  qu’ils  savaient  bien  qu’on  n’auraît  jamais.  Le  piège 
était  trop  grossier  et  personne  n’y  est  tombé. 

L’impôt  progressif,  le  seul  qui  rende  les  charges  de  chaque  citoyen  proportionnelles  à 
la  fois  à  sa  fortune  et  à  ses  besoins,  est  enfin  entré  dans  nos  Codes*  C’est  à  propos  de  la  loi 
sur  les  droits  de  mutation  par  décès  qu’il  s’est  affirmé  pour  la  première  fois,  en  même 
temps  qu’était  posé  le  principe  si  équitable  de  la  déduction  des  dettes.  On  ne  s’en  tiendra 
pas  là,  j’espère,  et  je  serai  de  ceux  qui  ne  négligeront  rien  pour  qu  on  ne  s'en  tienne  pas 
là.  Suppression  de  tous  les  impôts  directs,  c’est  à-dire  de  l’impôt  foncier,  de  l’impôt  per¬ 
sonnel  mobilier,  de  l’impôt  des  portes  et  fenêtres,  de  l’impôt  des  patentes  et  de  toutes  les 
autres  taxes  assimilées  et  leur  remplacement  par  un  impôt  unique,  global  et  progressif  sur 
le  revenu,  telle  est,  selon  moi,  la  vraie  formule  qui  s’imposera  prochainement.  Nos  petits 
cultivateurs,  si  maltraités  par  la  destruction  de  leurs  vignobles,  si  éprouvés  parla  mévente 
de  leurs  denrées,  n’auront  plus  d'impôts  à  payer,  puisqu’ils  n’auront  plus  de  revenus,  et  on 
se  décidera  enfin  à  prendre  l’argent  là  où  il  est,  au  lieu  de  s’obstiner  à  le  chercher  dans  les 
poches  de  ceux  qui  n’en  ont  point, 

La  loi  des  boissons  a  marqué  un  progrès  réel.  Elle  a  fait  disparaître  les  abus  de  l'exer¬ 
cice  chez  les  débitants;  mais  elle  laisse  encore  à  désirer  à  bien  des  points  de  vue.  Elle 


—  636  — 


devra  donc  être  remaniés  dans  le  sens  d'une  liberté  plus  grande  laissée  à  ceux  qui  se  son- 
mettent  aux  exigences  de  la  régie,  en  dehors  par  conséquent  de  toute  pensée  de  fraude. 

Dans  une  démocratie  bien  organisée,  les  idées  de  prévoyance  et  d’assistance  sociales 
doivent  marcher  de  pair.  Créer  la  prévoyance  par  îa  mutualité,  compléter,  par  de  larges 
subventions  accordées  aux  prévoyants,  les  ressources  nécessaires  pour  assurer  aux  travail¬ 
leurs  des  villes  et  des  campagnes  des  retraites  qui  les  mettent  à  r abri  du  besoin  ;  voilà  le 
but  à  atteindre.  Ces  questions  ont  été  longuement  étudiées.  Elles  ont  commencé  à  prendre 
une  forme  tangible  dans  diverses  propositions  de  loi  soumises  aux  délibérations  du  Parle¬ 
ment.  \l  appartiendra  à  la  prochaine  législature  de  leur  donner  une  solution  définitive.  Par¬ 
tisan  convaincu  delà  nécessité  des  retraites  ouvrières,  j’apporterai  mon  concours  à  toutes 
les  mesures  qui  seraient  prises  pour  en  hâter  la  réalisation. 

Il  me  serait  facile,  mes  chers  Concitoyens,  de  passer  en  revue  beaucoup  d’autres  ques¬ 
tions  et  d’indiquer  quelles  solutions  elles  me  paraissent  comporter;  mais  je  n’ai  plus  de 
profession  de  foi  à  vous  faire.  Nous  sommes  de  trop  vieilles  connaissances  pour  que  vous 
ne  sachiez  pas  que,  d’une  manière  générale,  mes  votes  importants  ont  toujours  été  guidés 
et  le  seront  toujours  par  la  ferme  volonté  d’affirmer  la  suprématie  du  pouvoir  civil,  issu  du 
suffrage  universel,  sur  tous  les  autres  pouvoirs  quels  qu’ils  soient.  La  confiance  que  vous 
m’avez  témoignée  de  tout  temps,  me  prouve  que,  sur  ce  point  comme  sur  tant  d’autres, 
j’ai  été  et  serai,  en  suivant  la  môme  ligne  de  conduite,  l’interprète  fidèle  de  vos  propres 
intentions. 

Électeurs, 

Embrigadés  en  1877  sous  la  bannière  cle  LOrdre  moral,  boulangistes  en  1889,  nationa¬ 
listes  en  1902,  les  éternels  ennemis  de  nos  institutions  s’apprêtent  à  livrer  à  la  République 
un  suprême  assaut  Leur  méthode  a  changé,  mais  ce  sont  toujours  les  mêmes  hommes,  les 
mêmes  visages.  A  eux  aujourd’hui  le  monopole  du  patriotisme!  Leur  manière  de  le  prouver 
est  de  dire  et  d’écrire  chaque  jour  que  les  hommes  qui  nous  gouvernent  laissent  le  drapeau 
de  la  France  s'incliner  devant  les  exigences  des  autres  Dations.  Et,  pendant  qu’ils  débitent 
à  ce  sujet  des  phrases  vibrantes  d’indignation,  qui  n’ont  d’autre  tort  que  d’être  parfaite¬ 
ment  aniipatriotiques,  le  souverain  du  plus  grand  Empire  du  monde,  naguère  notre  hôte, 
se  prépare  à  fêter  le  Président  de  cette  République  «  humiliée  et  avilie  «  qu’il  appelle 
«  ia  nation  amie  et  alliée  ».  Eux  seuls  également  aiment,  l’armée  et  ont  le  droit  de  parler  en 
son  nom  î  Et  ce  sont  des  diatribes  sans  fin  sur  la  désorganisation  de  nos  forces  militaires 
et  sur  le  relâchement  de  la  discipline.  Pour  la  rétablir,  ils  couvrent  des  invectives  les  plus 
outrageantes  le  Ministre  de  la  Guerre,  le  chef  de  l’armée,  à  qui  ils  ne  pardonnent  pas  de 
vouloir  que,  devenue  vraiment  nationale,  puisque  tout  îe  monde  doit  le  service  militaire  à 
son  pays,  elle  ne  soit  pas  une  caste  à  part  dans  l’État,  mais  uniquement  la  nation  armée 
pour  ta  défense  du  territoire. 

Cette  nouvelle  tentative  des  partis  hostiles  échouera,  comme  les  précédentes,  devant  le 
bon  sens  des  masses  populaires.  Mais  il  importe  que,  cette  fois,  la  leçon  qui  leur  sera 
infligée  soit  rude  et  que  1a  République,  au  lieu  de  se  consumer  en  efforts  stériles  pour 
repousser  des  attaques  sans  cesse  renouvelées,  puisse  enfin  se  livrer  en  paix  à  P  étude  des 
problèmes  fiscaux  et  sociaux,  qui  sollicitent  son  attention. 

A  vous.  Électeurs,  de  faire  qu’il  en  soit  ainsi!  L’heure  est  grave  et  décisive.  A  toutes 
les  forces  réactionnaires  coalisées,  opposez  le  bloc  républicain  qu’a  su  reconstituer  le  Minis¬ 
tère  qui  préside  à  nos  destinées,  et  la  France  démocratique,  sûre  désormais  du  lendemain, 
verra  renaître  les  jours  d’espérance  et  de  joie,  où  son  nom,  comme  un  phare  lumineux, 
traçait  ia  voie  que  devait  suivre  l’Humanité,  dans  son  évolution  constante  vers  la  Liberté, 
PÉgalitê  et  la  Fraternité. 

Vive  la  République! 

Ed,  GUYOT-DES3AIGNE,  Député  sortant, 
Président  du  Conseil  général. 


—  6H7  — 


N°  1162 


Circonscription  d’ISSOIRE 
M.  BONY-ÜISTERNES 

Élu  au  iev  tour  de  scrutin,  —  15 . 238  voix. 


Mes  chers  Concitoyens* 


J’ai  l’honneur  de  venir,  pour  la  quatrième  fois*  vous  demander  le  renouvellement  de 
mon  mandat  de  Député, 

Tel  fêtais  eu  1889,  lorsque  vous  m’avez  nommé,  tel  je  suis  aujourd’hui. 

Mes  opinions  sont  toujours  les  mêmes;  mon  programme  n’a  pas  varié. 

Je  suis  toujours  le  sincère  républicain  démocrate  que  vous  avez  connu. 

Un  ministère  de  défense  républicaine  s’est  formé  pour  barrer  la  route  aux  empiéte¬ 
ments  du  cléricalisme,  aux  fauteurs  de  désordres;  je  Fai  soutenu  de  toutes  mes  forces. 

J'ai  soutenu  le  ministère  Waldeck-Rousseau,  qui  a  fait  renaître  chez  les  républicains  Ja 
confiance  un  moment  troublée  par  les  politiciens  de  combat  et  d’esprit  nouveau. 

J’ai  combattu  cette  politique  néfaste,  celte  politique  de  dupes  qu’on  a  appelée  politique 
des  ralliés.  Je  n’ai  jamais  eu  de  compromission  avec  la  Droite, 

Je  demande  toujours  : 

—  La  révision  de  la  Constitution,  pour  établir  en  France  une  République  vraiment 
démocratique, 

—  La  réforme  financière  par  l’impôt  sur  le  revenu  global  et  progressif,  avec  suppres¬ 
sion  absolue  des  impôts  vexatoires,  tels  que  l’impôt  des  portes  et  fenêtres,,  la  contribution 
personnelle-mobilière,  les  patentes,  les  octrois,  les  prestations,  l’impôt  foncier. 

Ce  sera  l’un  des  plus  sûrs  moyens  de  venir  en  aide  aux  populations  si  durement  éprou¬ 
vées  par  la  crise  viticole;  puisque  n’ayant  plus  de  revenus,  ces  populations  Sauront  plus  à 
payer  aucun  impôt  direct, 

—  Le  service  de  deux  ans  égal  pour  tous  avec  suppression  des  dispenses. 

—  La  diminution  des  fonctionnaires  et  des  gros  traitements, 

—  L’épuration  du  personnel,  pour  débarrasser  nos  administrations  de  tous  les  ennemis 
de  la  République. 

—  La  suppression  de  l’inamovibilité  de  la  magistrature, 

—  La  neutralité  de  l’État  dans  les  questions  religieuses. 

—  La  réforme  du  Code  de  procédure  civile  et  la  diminution  des  frais  de  justice. 

—  L’extension  de  la  compétence  des  juges  de  paix;  la  diminution  de  leur  nombre  avec 
augmentation  du  traitement. 

—  Des  caisses  de  retraites  pour  mettre  à  l’abri  de  la  misère  tous  les  travailleurs,  pay¬ 
sans  nu  ouvriers,  lorsque  le  grand  âge  ne  leur  permettra  plus  de  travailler. 

—  La  participation  des  ouvriers  aux  bénéfices  du  patron  dans  la  grande  industrie 
privée,  afin  d’établir  entre  eux  un  lien  de  solidarité  qui,  jusqu’à  ce  jour,  a  eu  bien  peu  de 
coüsîsLmce. 


Tel  est  mon  programme  dans  ses  grandes  lignes.  Si  vous  l’approuvez  et  me  jugez 
encore  digne  d  être  le  porte-drapeau  de  îa  Démocratie  dans  l’arrondissement  d’Issoire*  vous 
aurez  en  moi  un  serviteur  fidèle  de  la  République  et  de  vos  intérêts. 


Vive  ia  République  démocratique  1 


BON  Y-CI  STERNES* 

Conseiller  général,  Maire  de  Saînt-Cirgues, 
Député  du  Puy-de-Dôme, 


lLt5  circonscription  de  RIOM 
M.  CLÉMENTEL 

Elu  au  tsr  tour  de  scrutin*  —  10*010  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Je  viens  solliciter  de  vos  suffrages  le  renouvellement  de  mon  mandat* 

C'est  avec  la  conviction  d'avoir  rempli  fidèlement  et  loyalement  mou  devoir  que  je  voue 
demande  ce  nouveau  témoignage  de  confiance* 

Vous  connaissez  tous  la  part  active  que  j'ai  prise  pendant  18  mois  aux  travaux  parle¬ 
mentaires;  vous  savez  tous  que  fai  défendu,  avec  courage  et  sans  défaülance5  les  revendi¬ 
cations  de  la  démocratie  et  spécialement  de  la  démocratie  rurale* 

Vous  m'avez  vu  à  l’œuvre,  vous  avez  pu  me  juger* 

C’est  pourquoi  j'ai  dédaigné  les  violences  et  les  injures  d'adversaires  sans  scrupules,  , 
méconnaissant  mon  travail,  dénaturant  mes  actes  et  fuyant  le  débat  contradictoire  que  je 
leur  offrais  dans  de  nombreuses  réunions  publiques. 

Mon  programme  de  1900  sera  mon  programme  de  1902. 
j’y  suis  resté  et  j'y  resterai  entièrement  fidèle. 

D'ailleurs,  pour  qu'il  n'y  ait  aucune  équivoque,  j'en  ai  précisé  les  points  fondamentaux 
dans  la  conférence  que  j'ai  prononcée  à  Riom^  le  16  mars  dernier,  et  qui  a  été  adressée  à 
chacun  de  vous* 

Je  travaillerai  de  toutes  mes  forces  à  la  réalisation  de  ce  programme,  sans  autre  préoc¬ 
cupation  que  l'intérêt  supérieur  de  la  Patrie  et  la  défense  de  la  République* 

Vous  ne  vous  laisserez  intimider  ni  par  les  promesses  ni  par  les  menaces  de  la  coali¬ 
tion  royaliste,  qui  a  déchaîné  dans  ce  pays  une  véritable  terreur  blanche* 

Vous  ne  vous  laisserez  troubler  par  aucun  mensonge,  par  aucune  de  ces  manœuvres  de 
la  dernière  heure  que  peuvent  employer  nos  adversaires,  et  auxquelles  on  ne  répond  que 
par  le  silence  et  par  le  mépris* 

Vous  voulez  comme  moi  la  marche  sage  vers  le  progrès* 

Vous  voulez  l'union  de  tous  les  démocrates,  de  tous  les  enfants  de 
consolider  son  oeuvre. 

Vous  voulez  la  République  des  réformes,  la  République  du  Peuple, 
républicains. 

Rendez  le  27  avril  un  verdict  conforme  à  nos  revendications,  à  nos  aspirations  de 
justice,  de  solidarité,  d'apaisement  social,  un  verdict  conforme  aux  véritables  principes  de 
Liberté,  d'Êgaüté  et  de  Fraternité, 

Vive  la  République  Démocratique! 


la  Révolution  pour 
la  République  des 


Étienne  CLÉMENTEL,  Député* 


639  — 


N*  U  62 


2®  circonscription  de  RIOM 

M.  LA  VILLE 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  9.586  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Vn  l’honneur  de  vous  représenter  depuis  plus  de  vingt  années  et,  dans  cinq  élections 
successives 3  vous  m’avez  témoigné  votre  confiance  par  des  majorités  considérables  qui  m’ont 
donné  la  force  et  l'autorité  nécessaires  pour  servir  utilement  les  intérêts  généraux  du  pays 
et  les  intérêts  de  notre  montagne*  dont  je  connais  tous  les  besoins,  puisque  j’y  suis  né  et  j’ai 
passé  ma  vie  au  milieu  de  vous. 

Aussi,  je  me  suis  toujours  associé  aux  lois  sociales  ou  financières  destinées  à  améliorer 
]a  situation  des  travailleurs. 

Je  ne  citerai  pas  ces  lois,  qui  sont  présentes  à  votre  esprit;  j’appartiens  depuis  trop  long¬ 
temps  au  Parlement  pour  que  j’aie  besoin  do  faire  un  programme  détaillé.  J’insisterai  seule¬ 
ment  sur  deux  projets  importants  qui  ont  une  connexité  : 

V impôt  mr  le  revenu  et  les  retraites  ouvrières. 

Le  premier  a  été  plusieurs  fois  l’objet  d’un  vote  de  principe.  On  parait  aujourd’hui 
l’avoir  oublié,  mais  nous  le  ferons  revivre  dans  la  prochaine  législature,  si  j’ai  l’honneur 
d’en  faire  partie,  parce  que,  organisé  sans  arbitraire  ni  vexations,  il  est  le  plus  équitable  de 
tous  les  impôts  et  que  je  le  juge  seul  capable  de  donner  un  peu  d’élasticité  au  budget  dont 
le  déficit  doit,  sinon  nous  alarmer,  au  moins  nous  préoccuper. 

Seul  aussi  il  peut  subventionner  largement  la  Caisse  des  retraites  ouvrières,  dont  la 
Chambre  n’a  fait  qu’effleurer  la  discussion,  mais  dont  je  reste  un  partisan  résolu  sous  la 
condition  expresse  qu’elles  comprendront  tout  le  monde  du  travail,  sans  distinction,  les 
ouvriers  des  villes  ou  des  campagnes,  et  qu’elles  ne  resteront  pas  le  privilège  d  une  caté¬ 
gorie  spéciale.  Je  ne  pourrais  admettre  que  les  ouvriers  agricoles,  les  travailleurs  des 
champs,  fussent  exclus,  car  ils  ont,  comme  ceux  des  villes,  droit  à  la  sollicitude  des  pouvoirs 
publics. 

L’impôt  sur  le  revenu,  ainsi  compris  et  organisé,  sera  courageusement  supporté  par  les 
privilégiés  de  la  fortune  qui,  en  en  subissant  la  charge  la  plus  lourde*  affirmeront  les  senti¬ 
ments  de  solidarité  sociale  qui  doivent  les  animer. 

Cet  impôt  permettra  aussi  de  seconder  le  mouvement  si  Intense  des  sociétés  de  secours 
mutuels,  qui  deviendront  les  collaborateurs  indispensables  et  les  auxiliaires  les  plus 
puissants  de  l’État  dans  la  réalisation  de  ce  désir  commun  a  tous  les  démocrates  dignes  dé 
ce  nom  : 

Àssui'ëv  tous  les  travailleurs  contre  les  risgues  de  la  vie  et  les  misères 

de  la  vieillesse. 

Je  ne  connais  pas  de  remède  plus  efficace,  à  la  situation  troublée  que  nous  traversons* 
que  cet  élan  de  solidarité  sociale,  qui,  seul,  peut  produire  et  cimenter  l’entente  si  désirable 
des  ouvriers  et  des  patrons,  et  donner  un  nouvel  essor  à  la  vie  nationale  en  rapprochant  le 
capital  et  le  travail  dans  une  union  féconde  pour  la  prospérité  de  ce  pays. 

Vous  penserez  sans  doute  avec  moi  que,  pour  atteindre  un  si  noble, but,  et  mettre  fin 
îux  divisions  qui  déchirent  la  République,  il  faut  en  revenir  à  cette  concentration  de  toutes 


les  nuances  du  parii  républicain,  si  décriée  aujourd'hui  et  qui  s'imposera  à  bref  délai,  oar 
elle  a  fait  sa  force  dans  le  passé  et  elle  est  l'image  fidèle  de  la  nation. 

Je  m'empresse  d’ajouter  que  cette  concentration  ne  peut  se  faire  quren  dehors  de  ceux 
qui,  suivant  ma  formule,  veulent  détruire  la  société  ou  la  République,  et  sous  L’égide  de  la 
liberté. 

Ces  principes  ont  toujours  dominé  ma  vie  publique  depuis  plus  de  trente  années  et  ils 
restent  inflexibles  à  l’heure  prochaine  où  elle  va  prendre  fin. 

Vous  tous  qui  me  connaissez,  vous  savez  que  j’étais  et  que  je  reste  républicain,  à  égale 
distance  de  la  révolution  et  de  la  réaction. 

Vous  savez  que,  animé  de  l'esprit  de  tolérance  et  de  respect  pour  les  opinions  de  mes 
adversaires,  je  suis  un  partisan  résolu  de  la  prédominance  du  pouvoir  civil; 

Que,  depuis  1870,  j’ai  collaboré  pour  une  part  modeste,  mais  loyale  et  sincère,  à  réta¬ 
blissement  et  à  la  consolidation  laborieuse  de  la  République; 

Que  j'ai  lutté  contre  tous  les  attentats  qu’elle  a  subis  et  que  j’ai  supporté,  sans  défail¬ 
lance,  toutes  les  disgrâces  qu’ils  m’ont  imposées;  je  n'ai  donc  jamais  cessé  d’être  républi¬ 
cain,  mais  je  suis  resté  plein  de  respect  pour  la  famille  et  la  propriété,  ces  deux  bases 
indispensables  à  une  nation  qui  veut  vivre  et  prospérer,  pour  l’armée  que  je  veux  forte  et 
disciplinée  pour  assurer  notre  indépendance,  et  je  repousse,  avec  dégoût,  Futopie  collecti¬ 
viste  qui  nous  ramènerait  à  la  barbarie. 

Je  suis  un  partisan  très  ferme  du  service  d’un  an  avec  l’organisation  d’une  armée  de 
rengagés  dans  laquelle  viendraient  s’encadrer  toutes  les  réserves  au  jour  du  danger;  je  l’ai 
voté,  mais  j’accepte,  comme  minimum,  le  service  de  deux  ans,  si  le  service  d’un  an  ne  trouve 
pas  de  majorité. 

Je  n’ai  pas  besoin  d’ajouter  que,  dans  l’avenir,  je  reste,  comme  dans  le  passé,  l’adver¬ 
saire  de  tous  les  tripoleurs  qui  ont  pu  salir  leur  mandat  de  Député  au  contact  des  affaires 
financières. 

Dans  Tordre  des  intérêts  matériels,  je  n’ai  cessé  de  m’associer  à  toutes  les  lois  et 
mesures  qui  pouvaient  favoriser  l’agriculture  ou  l’industrie  nationale. 

Depuis  quarante-six,  ans  je  collabore  au  développement  de  toutes  nos  voies  de  commu¬ 
nication,  cet  instrument  si  puissant  de  la  prospérité  publique. 

Dans  ce  long  espace  de  temps,  j'ai  poursuivi  sans  relâche  l’accomplissement  de  cette 
tâche,  soit  au  Conseil  général,  soit  au  Parlement. 

Après  quinze  ans  d’efforts,  j'ai  pu  obtenir  l’exécution  du  chemin  de  fer  de  Saint-Eioy  à 
Pauniat,  entrepris  aujourd’hui  sur  tout  son  parcours  et  dont  un  tronçon  va  être  ouvert  à  la 
circulation. 

Cette  voie,  qui  traverse  notre  montagne  du  nord  au  sud,  n’est  pas  seulement  un  bienfait 
inappréciable,  mais  encore  fécond  en  résultats  heureux.  En  effet,  elle  a  stimulé  les 
recherches  de  houilles,  dans  le  vaste  bassin,  encore  inexploré,  qui  s’étend  de  Saint-Éloy 
à  Messeix  à  travers  Saint-Gervais,  Pontaumur  et  Herment,  et  dont  les  découvertes  vont  faire 
de  notre  montagne  un  des  points  les  plus  prospères  de  notre  région  du  centre  et  me  per¬ 
mettre,  avec  l'aide  de  mes  collègues,  de  développer  encore  nos  voies  ferrées  et  de  constituer 
un  véritable  réseau  minier  rayonnant  dans  toutes  les  directions. 

Enfin,  il  y  a  quelques  mois  à  peine,  et  de  concert  avec  mes  collègues  du  Conseil  général, 
je  m’occupais  très  activement  de  notre  vaste  réseau  de  tramways  dont  T  ajournement  n  est, 
je  l'espère,  que  momentané  et  qui  deviendra  F  un  des  cléments  les  plus  puissants  de  notre 
relèvement  agricole. 

Si  mes  loyales  déclarations  vous  satisfont,  et  si  vous  me  jugez  digne  de  vous  repré¬ 
senter  encore  une  fois,  je  persisterai  dans  cette  ligne  de  conduite  et  je  consacrerai  tous  mes 
efforts  à  compléter  rapidement  l'outillage  industriel  de  notre  montagne. 

J’aborde  donc  la  lutte,  plein  de  confiance  dans  son  issue,  aidé  que  je  suis  par  restitue 
et  la  sympathie  de  tous  et  par  l’amitié  dévouée  de  quelques-uns  ;  mais,  que!  qu’eu  soit  le 
résultat,  je  n’aurai,  au  cœur,  ni  colère,  ni  amertume. 


—  644  — 


N®  1162 


Si  je  suis  élu,  je  donnerai  a  tous,  même  à  mes  adversaires,  comme  je  fai  donné  dans 
le  passé,  mon  temps  et  ma  peine,  sans  antre  souci  que  la  satisfaction  du  devoir  accompli. 


Ad.  LAVILLE, 

Conseil] er  général, 
Député  de  Riom -Montagne. 


Circonscription  de  THIERS 

M.  CHÀMERLÂT 

Élu  au  i0rtour  de  scrutin.  —  12.920  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

En  1895,  dix  mille  d'entre  vous  ont  voté  pour  moi;  en  1898,  plus  de  onze  mille  électeurs 
m’ont  accordé  leur  confiance. 

lai  tenu  —  je  le  crois  dn  moins  —  toutes  les  promesses  que  je  vous  avais  faites,  sans 
aucune  défaillance. 

j’ai  soutenu  le  Ministère  de  défende  et  d'action  républicaines  parce  que  seul  il  a  eu  le 
courage  de  faire  voter  des  lois  de  préservation  sociale. 

Pour  la  troisième  fois  je  sollicite  vos  suffrages,  et  je  le  fais  avec  une  entière  confiance. 

Mou  programme  sera  toujours  le  même,  tant  que  les  réformes  promises  par  le  vieux 
parti  républicain  n'auront  pas  été  accomplies  : 

1°  Suprématie  du  pouvoir  civil  ; 

2°  Laïcité  de  l'État; 

3°  Lois  d'assistance  et  de  solidarité  sociales,  et,  en  première  ligne,  constitution  de 
retraites  pour  tous  les  travailleurs  des  villes  et  des  campagnes  ; 

4°  Réforme  démocratique  des  contributions  par  l'impôt  global  et  progressif  sur  le 
revenu  ; 

5°  Service  militaire  égal  pour  tous,  réduit  à  deux  ans  ; 

6°  Séparation  des  Églises  et  de  l'État; 

T  Révision  de  la  Constitution  dans  un  sens  plus  démocratique. 

Tels  sont  les  principaux  points  d’un  programme  résolument  républicain,  que  je  consi- 
dère  comme  un  minimum  immédiat  et  que  je  voterai  dans  son  entier,  si  vous  me  faites,  de 
nouveau,  l'honneur  de  m'envoyer  siéger  au  Palais-Bourbon. 

Toujours  en  éveil,  je  ne  laisserai  passer  aucune  occasion  de  soutenir  les  intérêts  de 
notre  grande  industrie  locale,  la  coutellerie,  chaque  fois  qn'ils  seront  en  jeu,  notamment  en 
matière  de  douane. 

Citoyens, 

Vous  avez  la  parole  ;  vous  êtes  les  maîtres  1 

Nous  sommes  à  une  heure  solennelle;  les  destinées  du  pays  sont  entre  vos  mains. 

Suivant  l'orientation  que  vous  donnerez  à  la  politique  dans  la  grande  consultation  natio¬ 
nale  qui  aura  lieu  le  27  avril,  la  République  sera  définitivement  assise,  elle  pourra  reprendre 
^  marche  en  avant  et  poursuivre  la  réalisation  d'un  idéal  toujours  meilleur  de  progrès,  de 
justice  et  de  solidarité,  ou  bien  elle  sera  livrée  à  ses  ennemis  les  plus  irréductibles  qui  se 
disputeront  ses  lambeaux. 


81 


—  642 


A  vous  de  choisir. 

Vous  êtes  de  trop  vieux  et  de  trop  avisés  républicains  pour  ne  pas  déjouer  les  loucher 
combinaisons  de  la  coalition  hypocrite  et  criminelle  des  royalistes,  des  bonapartistes,  des 
césariens,  des  nationalistes  et  autres  fauteurs  de  coup  d'État,  enrôlés  sous  la  bannière  du 
cléricalisme. 

Dans  cet  arrondissement,  qui  sut  toujours  résister  à  ^oppression  et  qui  fut  à  l'avant- 
garde  du  mouvement  d'indépendance  et  d'indignation  populaire  d'où  sortit  la  troisième 
République,  vous  ne  vous  montrerez  pas  inférieurs  à  vos  aînés,  vous  resterez  fidèles  à  votre 
passé.  En  une  belle  manifestation  de  foi  républicaine,  vous  affirmerez  à  nouveau  vos  ardentes 
convictions  ;  et  voos  protesterez  par  votre  vote  contre  toute  tentative  de  réaction  et  tonie 
exploitation  malsaine  du  patriotisme. 

Vous  assurerez  ainsi  le  27  avril  une  décisive  et  éclatante  victoire  à  la  démocratie  et  à  la 
liberté. 


Vive  la  République  ! 


CHAMERLAT, 


Vice -Président  du  Conseil  général, 
Maire  de  Cour  pi  ère, 
Député  sortant. 


Camarades, 

Une  affiche  du  Comité  de  PUriion  socialiste  fait  reproche  à  notre  sympathique  député, 
M.  Chamerlat,  de  personnifier  le  parti  bourgeois  et  le  gros  patronat,  dont  les  intérêts  — 
ajoute^t-on  —  sont,  absolument  contraires  à  ceux  du  prolétariat. 

Le  Comité  anonyme  qui  a  répandu  cette  affiche  oublie  volontairement  les  nombreux 
services  que  le  citoyen  (Chamerlat  a  rendus  à  nos  associations  syndicales  et  à  la  classe 
ouvrière,  depuis  sept  ans  qu'il  est  le  représentant  autorisé  des  travailleurs  de  Thiers  aussi 
bien  que  des  paysans,  des  bourgeois  et  des  patrons  de  la  région. 

On  prétend  que  le  député  sortant  de  Thiers,  de  radical  socialiste  qu'il  était  en  1893, 
serait  devenu  simplement  républicain  radical  sous  prétexte  qu’auçun  candidat  réactionnaire 
n'est  en  face  de  IuL 

Nous  nous  sommes  émus  . d’une  semblable  imputation  et  nous  avons  demandé  des 
explications  au  citoyen  Chamerlat,  qui  nous  a  répondu  par  la  dépêche  suivante: 

«  La  mention  de  républicain  radical  ou  de  candidat  républicain,  portée  soit  sur  mes 
affiches  soit  sur  mes  bulletins  distribués  à  domicile,  comporte  une  omission  matérielle 
profondément  regrettable,  mais  imputable  à  mes  imprimeurs. 

«  îl  n’est  un  secret  poqr  personne,  et  qia  profession  de  foi  aussi  bien  que  tous  mes 
votes  politiques  sont  là  pour  en  témoigner,  que  je  n’ai  rien  renié  de  mon  ancien 
programme,  que  je  suis  toujours  républicain-radical-socialiste,  et  que  je  fais  partie  depuis 
mon  outrée  au  Parlement  du  groupe  radical-socialiste  de  Ja  Chambre.  » 

«  Signé  :  CHAMERLAT.  » 

Nous  sommes  assurés  que  les  travailleurs  thiernois  qui  connaissent  le  dévouement 
infatigable  et  les  convictions  sincèrement  démocratiques  de  leur  représentant  prendront 
acte  de  ses  déclarations  et  ne  lui  ménageront  pas  leur  confiance. 

Ils  mettront  tous  dans  Eurne  un  bulletin  au  nom  de  Chamerlat,  candidat  républicain- 
radical-sociaüste. 


(Suivent  les  signatures.) 


Vu  :  le  candidat,  CHAMERLAT. 


—  m  — 


N°  1162 


PYRÉNÉES  (BASSES-) 


lrû  circonscription  de  BAYONNE 
M.  Jules  LEGRAND 

Élu  au  lGr  tour  de  scrutin.  —  8.492  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Je  pou  rrais  me  dispenser  de  faire  une  profession  de  foi  - 

Mes  discours,  mes  écrits,  mes  actes  et  mes  votes  depuis  six  ans,  voilà  la  plus  nette,  la 
(  plus  catégorique  des  professions  de  foi- 

Tous  mes  engagements*  je  les  ai  scrupuleusement  tenus. 

En  1896,  je  promettais  de  me  montrer  a  bon  patriote,  ferme  républicain,  vrai 
libéra)  ». 

G’est  ce  que  j’ai  fait. 

Mon  passé  est  garant  de  l’avenir. 

Sans  rien  abandonner  des  droits  de  l’État,  je  veux  la  liberté  de  conscience*  U  liberté 
[  h  travail,  la  liberté  d’association,  la  liberté  d’enseignement. 

Avec  la  liberté,  je  veux  la  solidarité  et  la  fraternité  sociales.  Il  faut  que  le  vieillard  soit 
I  SfiCDii  ru  comme  Léo  faut  et  le  malade;  il  faut  reprendre  cette  loi  d’assistance  que  j  ai  eu 
I  donneur  do  mettre  au  point  ;  il  faut  faire  aboutir  pratiquement  la  question  des  retraites 
ouvrières, 

j’ai  voté  la  suppression  des  treize  jours  et  îe  principe  du  service  militaire  de  deux  ans, 
I  mais  Ha  condition  qu’au  préalable  les  cadrer  soient  fortement  organisés.  Je  veux  que 
I  Farinée  nationale,  qui  est  notre  force,  notre  fierté  et  notre  honneur,  soit  respectée  de  tous, 
I  d que  les  insultes  au  drapeau  soient  impitoyablement  châtiées. 

Les  municipalités  de  la  circonscription  et  la  Chambre  de  commerce  de  Bayonne  savent 
[  m  quelle  énergie  j’ai  défendu,  en  toutes  circonstances,  les  intérêts  qu’elle  m’avait 
f  confiés. 

J’ai  fait  ce  que  j’ai  pu  pour  obliger  mes  concitoyens,  m’occupant  d’abord  des  plus 
l  tables  et  des  plus  pauvres,  soucieux  avant  tout  d’éviter  ou  de  réparer  des  injustices. 

Électeurs, 

La  campagne  furieuse  déchaînée  contre  moi  n’a,  d  ailleurs,  aucun  caractère 
I  politique. 

On  ne  me  pardonne  pas  d’avoir  résisté  aux  sollicitations  de  ceux  qui  voulaient  absolu- 
I  ment  m’amener  à  prendre  parti  dans  l’affaire  Dreyfus. 

On  ne  me  pardonne  pas  d’avoir  dit  leur  fait  à  tous  ceux  qui  réclament  la  liberté  pour 
i  eux  et  la  refusent  aux  autres. 

Avec  moi,  j’ai  les  meilleurs  serviteurs  de  la  démocratie,  les  chefs  respectés  du  parti 
I  républicain  de  notre  pays. 


644 


Contre  moi,  j’ai  la  finance  cosmopolite  alimentant  une  poignée  d’étrangers,  de  sectaires 
et  de  francs -maçon s* 

Rayonnais,  Biarrots,  Botièalais  et  Basques,  je  sais  d’avance  de  quel  coté,  le  27  avril , 
iront  vos  suffrages. 

Vive  la  liberté  ! 

Vive  la  République! 

Vive  la  Patrie  ! 

Jules  LEGRAND,  Députe  sortant. 


2U  circonscription  de  BAYONNE 

M.  HARRIAGUE  SAINT-MARTIN 
Élu  au  Ier  tour  de  scrutin.  —  8.682  voix. 


Mes  che  r s  Co  nd  toy e  n  s , 

Pour  la  quatrième  fois,  j’ai  Phormeur  de  solliciter  vos  suffrages  pour  l’élection  légis¬ 
lative  du  27  avril  prochain. 

Fai  conscience  d'avoir  rempli  mon  mandat  au  gré  de  la  majorité  de  la  deuxième 
circonscription  de  Bayonne. 

Si  vous  voulez  bien  m’honorer  à  nouveau  de  votre  confiance,  je  continuerai  à  sauve¬ 
garder  avec  énergie,  et  aussi  avec  la  plus  complète  indépendance,  les  intérêts  de  la  région 
que  je  représente. 

Mes  opinions  politiques  vous  sont  connues  depuis  longtemps.  Je  suis  républicain,  mai? 
un  républicain  absolument  indépendant,  qui  n’est  inféode  à  aucune  coterie  politique.  Je 
veux  une  République  large,  tolérante,  ne  portant  aucune  atteinte  à  la  liberté  de  chacun,  ne 
cherchant  que  la  prospérité  et  la  grandeur  du  pays,  et  repoussant  toutes  les  utopies  collec¬ 
tivistes  et  révolutionnaires. 

Tous  mes  efforts  tendront  vers  cet  idéal.  Je  suis  un  partisan  convaincu  de  la  réduction 
du  service  militaire,  à  la  condition  qu’elle  ne  compromette  pas  la  défense  nationale,  et  de 
la  diminution  des  périodes  d’instruction  des  treize  et  vingt-huit  jours,  si  désirée  par  toute? 
nos  populations. 

Comme  par  le  passé,  je  .défendrai  toutes  les  lois  qui  auront  pour  but  de  protéger  notre 
agriculture,  de  favoriser  notre  industrie  et.  notre  commerce  et  d’améliorer  le  sort  de? 
malheureux  et  des  travailleurs. 

HARRIAGUE  SAINT-MARTIN, 

Député  républicain  sortant* 


—  645  — 


fp  1162 


Circonscription  de  MAULÉOïï 

m.  pbXdet-bala.de 

Elu  au  l°f’  tour  de  scrutin.  —  12.009  voix. 


Chers  Concitoyens, 

En  m'appelant  à  l’honneur  de  vous  représenter  à  la  Chambre  des  Députés,  vous 
m'avez  donné,  en  1900,  un  témoignage  de  sympathie  et  d'estime  dont  je  suis  justement 
fier.  Je  viens  aujourd'hui  vous  demander  le  renouvellement  de  mon  mandat.  Vous  m'avez 
vu  à  Poe  uvre  :  vous  avez  pu  vous  convaincre  queje  me  suis  efforcé  d’ètre  utile  à  tous  et  que 
j'ai  fait  de  mon  mieux  pour  défendre  les  intérêts  de  mon  arrondissement.  C’est  donc  avec 
confiance  que  je  sollicite  à  nouveau  vos  suffrages. 

Élu  sur  un  programme  que  vous  avez  sanctionné  de  vos  votes,  je  crois  avoir  loyalement 
rempli  les  engagements  contenus  dans  la  profession  de  foi  que  je  vous  soumettais  en  1900, 
et  j’ai  conscience  de  m’être,  dans  l’exercice  de  mon  mandat  législatif ,  exactement  conformé 
aux  aspirations,  au  tempérament  politiques  et  aux  légitimes  revendications  de  la  grande 
majorité  du  corps  électoral  républicain  de  l’arrondissement  de  Mauîêon. 

Assuré  d’être  toujours  en  communion  d’idées  avec  vous  dans  ^affirmation  très  nette  de 
mes  convictions  politiques,  je  vous  dirai  simplement  que  je  reste  aujourd’hui  ce  que  j'étais 
hier,  un  républicain  convaincu,  pur  de  toute  compromission,  adversaire  énergique  des 
doctrines  révolutionnaires  et  des  utopies  collectivistes.  Je  suis  le  partisan  fermement 
dévoué  d'une  République  libérale,  sagement  progressiste,  résolue  à  Concilier  équitablement 
le  respect  de  la  religion,  de  la  liberté  de  conscience  et  d'enseignement  avec  les  droits  de 
l’État;  d’une  République  accueillante  à  tous  ceux  qu’anime  le  sincère  désir  de  la  servir  avec 
fidélité  et  qui  n’excommunie  pas  ceux-là  même  qui  ont  été  ses  véritables  fondateurs,  parce 
que,  dans  l’intérêt  de  sa  conservation,  ils  combattent  certaines  doctrines  que,  de  bonne  foi, 
ils  jugent  subversives.  Ne  peut-on  pas  avoir  de  la  politique  une  conception  différente  sans 
cesser,  pour  cela,  d’être  républicain,  et  n’y  a-t-il  pas,  en  dehors  des  questions  qui  divisent 
et  soulèvent  les  passions  et  les  haines,  un  nombre  suffisant  de  réformes  démocratiques  sur 
lesquelles  peut  se  faire  raccord  do  toutes  les  bonnes  volontés? 

La  situation  financière  doit  préoccuper,  à  juste  titre,  ceux  qui  ont  le  souci  de  l’avenir 
du  pays.  Il  me  paraît  indispensable  d’aborder  résolument  le  problème  des  améliorations 
fiscales.  Diminution  des  dépenses,  économies  rigoureuses,  suppression  d’un  grand  nombre 
de  fonctionnaires  inutiles,  interdiction  aux  membres  du  Parlement  de  proposer  aucune 
dépense  qui  ne  corresponde* pas  à  une  économie  équivalente,  tels  sont  quelques-uns  des 
moyens  qu’il  importe  d’adopter  au  plus  tôt  pour  assurer  l’équilibre  budgétaire  et  l’amor¬ 
tissement  de  la  dette. 

Au  point  de  vue  agricole,  trois  excellentes  lois  ont  été  votées  par  le  Parlement  :  la 
modification  des  taxes  hypothécaires,  la  modification  sur  l'admission  temporaire  des  blés, 
et  enfin  îa  loi  qui  a  réduit  à  dix  jours  le  délai  de  garantie  en  matière  de  vente  d’im  bovidé 
atteint  de  tuberculose.  J’appuierai  de  mon  suffrage  toutes  les  mesures  susceptibles  d’amé¬ 
liorer  le  sort  des  travailleurs  de  la  terre,  de  protéger  efficacement  l’agriculture  et  notam¬ 
ment  la  diminution  et  la  réforme  de  la  contribution  foncière. 

La  prochaine  législature  sera  appelée  à  statuer  sur  la  réduction  de  la  durée  du  service 
militaire.  J'ai  déjà  fait  connaître  mon  sentiment  à  cet  égard.  Je  suis  partisan  du  service  de 
deux  ans,  avec  une  forte  organisation  des  cadres,  parce  que  j’ai  la  conviction  que  ce  laps  de 
temps  suffit  à  former  un  soldat. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Je  ne  puis,  dans  une  profession  de  foi  nécessairement  limitée,  traiter  toutes  les  ques¬ 
tions  qui  vous  intéressent.  Mais  vous  me  connaissez  et  je  n’ai  pas  besoin  d  insister.  Il  y  a 
deux  ans  je  vous  disais  que  mon  ambition  consistait  à  aider  au  développement  du  progrès, 
par  Punion  de  tous,  dans  la  paix  et  la  liberté.  Mon  ambition  est  la  meme.  Et  aujourd’hui  en 
venant  vous  demander  une  nouvel  lé  preuve  de  votre  confiance,  fort  du  devoir  accompli,  je 
puis  vous  affirmer  que  vous  pourrez  toujours  compter  sur  mes  efforts  et  sur  mon  dévoue¬ 
ment  à  la  Patrie  et  à  la  République, 

L.  PRÀDET-BÀLÀDE*  Député  sortant 
Conseiller  général. 


Circonscription  d’OLORON 

M,  BARTHOU 

Élu  au  iei  tour  de  scrutin.  —  10,899  voix. 


Le  Comité  républicain  aux  Électeurs  de  c’ arrondissement  d’Olokon. 

Électeurs, 

Depuis  1889,  M.  Louis  Barthou  représente  l’arrondissement  d’Oloron  à  la  Chambre  des 
Députés. 

Élu  sur  un  programme  républicain,  il  n’a  cessé  de  se  montrer  fidèle  à  Ses  engagements 
et  à  ses  promesses.  Son  passage  aux  Ministères  des  Travaux  publics  et  de  T  Intérieur  a  été 
la  démonstration  que  M*  Barthou  unit  aux  qualités  dTun  homme  d’État,  capable  d’occuper 
les  plus  hautes  sûuaüpns,  les  qualités  du  coeur,  car  il  n’a  pas  cessé  un  seul  instant  de 
veiller  avec  la  plus  attentive  sollicitude  aux  intérêts  publics  et  particuliers  de  F  Arrondisse¬ 
ment  d/Qlorom 

Dans  son  discours  du  b  avril,  véritable  profession  de  foi  où  il  met  en  pleine  lumière, 
à  côté-  de  l’explication  de  ses  actes*  politiques  dans  le  passé,  son  programme  pour  l’avenir, 
M.  Barthou  aborde  les  questions  les  plus  graves  de  la  politique.  Il  s’explique  sur  l’appli¬ 
cation  de  la  loi  du  1er  juillet  1901  aux  congrégations  religieuses;  sur  la  liberté  de  rensei¬ 
gnement  et  l’abrogation  nécessaire  delà  loiFailoux;  sur  Passîslance  aux  vieillards  et  les 
caisses  de  retraites;  sur  la  situation  financière  et  la  nécessité  d’enrayer  les  dépenses;  sur 
l’impôt  sur  le  revenu  ;  sur  Je  service  obligatoire  pour  tous,  mais  réduit  à  deux  ans;  sur  la 
nécessité  de  modifier  la  loi  relative  à  la  tuberculose  bovine  dans  le  sens  de  la  réduction  des 
délais,  sMï  n'est  pas  possible  de  les  supprimer. 

Ses  explications  sur  la  politique  générale,  tout  comme  scs  déclarations  républicaines, 
qui  visent  aussi  nettement  Pénnemi  nationaliste  que  l’ennemi  clérical'  et  l’ennemi  socialiste 
révolutionnaire,  les  électeurs  réunis  à  üloron  leur  ont  donné  leur  approbation  sans 
réserve. 

Dans  les  soixante-dix-neuf  communes  de  Farrondissement  que  M.  Barthou  a  visitées,  il 
en  a  été  de  même. 

C’est  une  constatation  que  le  comité  républicain  est  heureux  de  faire. 


-  647 


N*  1162 


Il  demande  aux  électeurs  do  Parrandissement  d’Gloren  4e  se  rendre  tous  aux  urnes  le 
37  avril,  et,  par  la  manifestation  du  bulletin  de  vote,  de  donner  à  leur  député  une  nouvelle 
marque  de  leur  satisfaction  et  de  leur  entière  confiance. 

Vive  la  République  î 

Le  Comité  républicain. 


Circonscription  d’ORTHEZ 

M.  CATALOGNE 

Élu  au  îv  tour  de  scrutin,  —  8,572  voix. 


Électeurs  j 

J?ai  voulu j  avant  de  solliciter  vos  suffrages*  donner  l’assurance  que,  dégagé  de  préoc¬ 
cupations  d’un  ordre  privé,  je  pouvais  me  consacrer  tout  à  mes  concitoyens. 

Voilà  pourquoi,  ayant  renoncé  à  une  profession  honorable,  qui,  si  elle  m’imposait  de 
séjourner  au  chef-lieu  de  notre  département,  n’a  jamais  rompu  aucun  des  liens  m'attachant  à 
¥  arrondissement  d’Orfchez,  je  m’offre  à  vous,  avec  la  compétence  acquise  durant  vingt 
années  d’un  incessant  labeur  et  avec  le  dévouement  qui  me  vaut  d’encourageantes  paroles 
et  de  chaudes  amitiés. 

Devenu  votre  Député,  je  n’oublierai  pas  que  je  représente  une  population  essentiel¬ 
lement  agricole. 

C’est  donc,  et  avant  tout,  vers  la  solution  des  problèmes  intéressant  la  propriété  fom 
cière,  que  je  dirigerai  ma  volonté  et  mes  aptitudes. 

Vaste  champ  de  réformes  agraires  et  sociales,  dans  lequel  il  est  urgent  de  glaner  des 
lois  sages  et  réfléchies,  émanant  d’un  programme  qui  ne  repose  pas  sur  une  majorité  fac¬ 
tice  :  lois  relevant  nos  marchés,  empêchant  ïa  mévente  des  produits  du  sol  lui-même, 
sanctionnant.  la  liberté  sans  restriction  des  ventes  des  bovidés,  par  la  radiation  pure  et 
simple  de  la  tuberculose  de  la  nomenclature  des  maladies  contagieuses,  dotant  de  voies 
ferrées  les  régions  qui  n’en  ont  pas  ;  lois  de  bienfaisance  et  d’assistance  sans  distinction 
entre  les  ouvriers  des  villes  et  les  ouvriers  ruraux  ;  lois  dirigées  poutre  les  spéculateurs 
cosmopolites  au  bénéfice  des  agriculteurs  et  des  industriels  français  et  au  grand  avantage 
de  la  prospérité  nationale. 

Les  destinées  d’un  État  dépendent  encore  d’une  bonne  gestion  financière,  sans  laquelle 
un  pays  ne  peut  ni  prospérer  ni  grandir. 

Aussi,  effrayé  de  la  progression  anormale  des  charges  publiques,  partisan  résolu  de 
la  suppression  de  l’initiative  parlementaire  en  matière  do  crédits,  convaincu  de  la  néces¬ 
sité  de  réviser  la  législation  sur  les  primes  à  f exportation  des  sucres  et  de  réglementer  le 
privilège  des  bouilleurs  de  cru,  serai-je  avec  les  députés  dont  le  programme  aura  pour 
objectif,  avec  l’interdiction  de  l’accroissement  des  dépenses,  la  réduction  normale  des 
impôts. 

Pour  y  parvenir,  il  faut  doter  la  France  d’une  sage  administration  budgétaire,  qui,  si 
elle  veut  innover  et  rénover  notre  système  fiscal,  nous  présente  des  projets  médités, 
étudiés,  pratiques,  ne  dégénérant  pas  en  des  lois  arbitraires  encourageant  les  dénon  da¬ 
tions,  autorisant  les  perquisitions  et  l’envahissement  du  domicile  du  citoyen. 

Mu  comme  vous  tons,  Électeurs,  par  un  sentiment  patriotique  et  de  fierté  nationale, 


—  648  — 

pensant  que  l’amour  de  la  patrie  n’est  le  privilège  d’aucun  parti,  réprouvant  énergiquement 
toute  entreprise  désorganisa trice  de  l’armée,  à  laquelle  j’ai  eu  le  très  grand  honneur  d’ap¬ 
partenir  comme  soldat  et  comme  officier,  persuadé  que  l’impôt  du  sang  doit  nous  atteindre 
tous  je  suis  acquis  à  une  loi  réduisant  le  service  militaire  à  deux  ans,  mais  assurant  à  la 
fois  la  création  des  cadres  et  les  rengagements,  qui  font  une  armée  forte  et  respectée,  la 

loi  d’égalité,  abolitive  de  tous  les  privilèges. 

Je  n’aurai  garde,  toutefois,  Messieurs,  de  solliciter  vos  suffrages,  sans  hautement  pro¬ 
clamer  mes  opinions  politiques,  l’équivoque  ne  convenant  nia  mon  caractère,  ni  à  mon 
âme  républicaine* 

Partisan  de  k  liberté  de  conscience  et  de  la  liberté  d’enseignement,  mais  voulant  que 
le  premier  devoir  du  citoyen  soit  le  respect  de  la  Constitution,  j’estime  que  ces  libertés 
doivent  avoir  de  justes  limites,  et  que  la  liberté  d’enseignement,  notamment,  doit  sub¬ 
sister  avec  les  grades,  les  inspections  et  les  sanctions  nécessaires,  pour  les  collèges  libres 
comme  pour  les  lycées* 

L’État  républicain  a,  en  effet,  une  mission  à  remplir  :  proclamer  sa  suprématie  et  la 
faire  prévaloir,  en  réprimant  les  entreprises  dissolvantes  des  partis  extrêmes. 

Pour  réduire  au  silence  les  partis  réactionnaires  et  assurer  le  triomphe  des  droits 
sacrés  et  inviolables  de  la  société  civile,  il  doit  porter  son  effort  sur  l’application  de  ces  lois 
émancipatrices  égalitaires  et  sociales  qui  ont  proclamé  la  neutralité  de  l’école,  l'obligation 
du  service  militaire  et  la  liberté  d’association,  avec  la  réglementation  (les  congrégations, 
que  légitime  l’ordre  public  dans  tous  les  pays,  sous  tous  les  régimes. 

11  doit  y  présider  sans  faiblesse,  mais  avec  un  esprit  largement  et  loyalement  tolérant, 
respectueux  du  libre  exercice  de  tous  les  cultes,  sans  hostilité  religieuse. 

Par  contre,  réprouvant  les  doctrines  collectivistes,  dont  l’avènement  serait  le  prélude 
de  lois  socialistes  et  révolutionnaires,  il  doit  poursuivre  la  réalisation  de  réformes  néces¬ 
saires  au  groupement,  dans  la  prochaine  législature,  d’une  majorité  sincèrement  rèpubli* 

eaine*  .. 

En  cette  double  attitude  nous  trouverons,  j’en  caresse  la  ferme  espérance,  la  paix  reli¬ 
gieuse,  le  bien-être  social,  la  réconciliation  de  tous  les  Français  sous  les  plis  du  drapeau 
tricolore. 

Électeurs, 

Si  là  sont  vos  aspirations,  si,  vers  ces  réalisations  convergent  vos  pensées,  si  vous 
avez  foi  en  mon  énergique  volonté  et  en  mon  désir  d’être  utile  à  mon  pays,  allez  au  sciulin 
avec  Fassurance  de  mon  plus  complet  dévouement  à  vos  intérêts  privés  et  aux  intérêts 
publics  de  l’arrondissement  d’Orthez* 

Vive  la  République  ï 

D.  CATALOGNE, 

Avocat, 

Maire  d’Arzacq, 

Membre  du  Conseil  général*  de  la  Commission  départementale 
et  Au  Conseil  départemental  des  Basses-Pyrénées* 


—  649  - 


N°  1162 


lre  circonscription  de  PAU 

M.  d’IFUÀRT  d’ETCHEPARE 
Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  7.393  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Lorsque  je  posai  devant  vous  ma  candidature  au  mois  de  décembre  1900,  je  vous  ai 
nettement  expose  mon  programme*  J’ai  le  droit  d'affirmer  que  j’y  suis  resté  fidèle. 

Ce  que  je  vous  disais  à  cette  époque,  je  le  répète  avec  plus  d'énergie  encore.  Je  reste 
l’ennemi  du  nationalisme  sous  toutes  ses  faces;  du  nationalisme,  coalition  inqualifiable, 
dont  le  triomphe  passager  serait  la  cause  de  discordes  violentes,  de  notre  discrédit  en 
Europe,  du  réveil  de  la  politique  de  diversion  qui  aboutirait  fatalement  à  la  guerre 
étrangère. 

fiai  voté  pour  3e  maintien  du  budget  des  Cultes*  Je  veux  l'application  loyale  du  Con¬ 
cordat,  tant  de  la  part  des  Églises  que  de  la  part  de  l'État. 

Je  veux  également  le  respect  absolu  de  la  liberté  de  conscience  et  le  respect  delà 
liberté  de  l'enseignement,  sous  la  réserve  expresse  des  droits  de  contrôle  et  de  surveil¬ 
lance  de  l’État,  qui  me  paraissent  nécessaires. 

J'ai  voté  les  motions  approuvant  en  principe  la  réduction  du  service  militaire  à  deux 
ans  et  la  suppression  des  13  jours.  Ces  réformes  devront  être  effectuées  au  cours  de  la 
prochaine  législature.  Je  maintiendrai,  à  cet  égard,  mes  votes  antérieurs. 

Depuis  que  j’ai  Page  d'homme,  je  me  suis  occupé  des  questions  de  mutualité*  C’est 
vous  dire  que  j’encouragerai  de  mon  mieux  les  sociétés  de  secours  mutuels,  œuvre  émi¬ 
nemment  démocratique,  estimant  qu'avec  des  subventions  suffisantes  de  PÉtat  elles  doivent 
et  peuvent  constituer  immédiatement  sur  tout  le  territoire  de  la  République  les  premières 
bases  d'un  système  de  retraites,  tant  pour  nos  ouvriers  des  villes  que  pour  nos  agri¬ 
culteurs. 

Je  me  déclare  prêt  à  étudier  et  à  voter  les  mesures  législatives  propres  à  répartir  plus 
équitablement  notre  système  d'impôts,  notamment  en  ce  qui  concerne  l'impôt  foncier* 
Mais  j’estime  qu'en  matière  aussi  grave,  il  est  dangereux  de  se  payer  de  mots  ou  de  for¬ 
mules  retentissantes  et  qu'il  faut  éviter  Ses  mécomptes  financiers  et  les  résultats  fâcheux 
de  soi-disant  réformes  démocratiques  qui,  par  voie  de  répercussion,  feraient  supporter  la 
plus  lourde  charge  par  l’ouvrier  ou  le  paysan. 

Quoique  partisan  des  améliorations  et  des  réformes  sociales  qui  constituent  le  pro¬ 
gramme  commun  de  tous  les  républicains,  je  désire  les  voir  se  réaliser  progressivement  — 
et  j’ose  le  dire  plus  sûrement  —  en  les  sériant,  comme  le  demandait  Gambetta. 

Je  suis  partisan  de  toutes  les  économies  possibles,  sans  nuire  cependant  aux  intérêts 
de  la  défense  nationale,  qui  prime  tout,  ni  aux  exigences  de  l’instruction  publique  et  des 
travaux  publics,  nécessaires  pour  le  développement  de  notre  vie  économique,  sociale  et 
commerciale. 

Je  soutiendrai,  au  point  de  vue  politique,  tout  Ministère  nettement  républicain,  n* ad- 
mettant  ni  réaction  ni  révolution,  et  se  montrant,  sans  équivoque,  anti-nationaliste  et  anti- 
collectiviste. 

Mes  efforts  antérieurs  pour  fi  abrogation  de  la  loi  sur  la  tuberculose,  sur  i'augmenta- 
hon  des  achats  de  chevaux  de  remonte  —  efforts  partiellement  couronnés  de  succès  depuis 
9üe  j’aî  l’honneur  de  siéger  au  Parlement,  —  mes  voies  constants  en  faveur  de  la  défense 


32 


—  650  — 

de  nos  intérêts  viticoles,  vous  sont  un  sûr  garant  de  mon  dévouement  à  la  cause  de  l’agri¬ 
culture. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Les  ennemis  de  la  République,  se  dissimulant  sous  l’étiquette  républicaine,  tentent  un 
effort  suprême  contre  nos  institutions.- En  1889,  la  première  circonscriptioude  Pau  résista 
vaillamment  aux  attaques  du  boulangisme.  -  Elle  restera  fidèle  à  ses  traditions  en  infli¬ 
geant  encore  une  défaite  à  la  réaction  sous  toutes  ses  formes. 

Vive  la  République! 

h.  d'TRIART  d’ETCHEPARE, 


Député  républicain  sortant. 


2e  circonscription,  de  PAU 


M.  le  comte  de  CONTACT-BIRON 
Élu  au  1er  lourde  scrutin.  —  11.146  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Pour  la  seconde  fois,  je  vous  demande  de  me  confier  l’honneur  de  vous  représenter  à 

la  Chambre  des  Députés.  .. 

Je  pense  Savoir  pas  besoin  de  vous  adresser  une  Longue  profession  de  foi,  car  1  accueil 

sympathique  que  vous  avez  bien  voulu  réserver  au  programme  que  j’ai  développé  dans  chaque 
commune  de  l’arrondissement  me  laisse  espérer  que  je  suis  resté  en  communion  d’idees 
avec  1J immense  majorité  d’entre  vous. 

L’agriculture,  si  cruellement  éprouvée,  a  été  l'objet  de  mes  constantes  préoccupation* 
et  je  me  suis  associé  à  toutes  les  mesures,  à  toutes  les  propositions  ayant  pour  but,  soit  de 
la  favoriser,  soit  d’atténuer  l’intensité  de  la  crise  dont  elle  souffre.  C'est  ainsi,  notamment, 
que  j'ai  voté  les  lois  portant  suppression  des  taxes  d’octroi  et  dégrèvement  des  boissons 
hygiéniques,  la  réforme  des  droits  de  succession,  celle  du  régime  hypothécaire,  précieuses 
à  l’ensemble  des  petits  patrimoines,  fruits  de  ce  labeur  français  que  rien  ne  décourage. 

Deux  modifications  importantes,  soumises  actuellement  à  la  ratification  du  Sénat,  ont 
été  apportées  à  la  loi  sur  La  tuberculose  bovine  ;  réduction  du  délai  à  dix  jours  et  recours 
du  dernier  acheteur  contre  le  dernier  vendeur  seulement.  Elles  sont  de  nature  a  faciliter 
les  transactions  commerciales  et  à  faire  disparaître  Les  nombreux  pi oeôs  lésultant  du  écrs 

de  1888.  .  .  lr  ,  . 

Un  vaste  champ  reste  ouvert  à  i’activité  de  la  prochaine  législature;  développera 
régulier  du  crédit  et  des  assurances  agricoles,  extension  des  Sociétés  de  secours  motues, 
création  de  Chambres  d’agriculture,  répression  des  fraudes  et  des  falsifications  au  point  de 


vue  vnicuic.  t  : 

Au  point  de  vue  fiscal,  la  réforme  la  plus  urgente  sera  celle  de  l’impôt.  Je  deman 
le  remplacement  delà  contribution  personnelie-mobilière  et  de  celle  des  portes  et  fenêtres 
par  une  taxe  basée  sur  les  signes  extérieurs  de  La  richesse,  ainsi  que  le  dégrèvement  s 

l’impôt  foncier  sur  la  propriété  non  bâtie.  t  . 

Mais,  pour  arriver  à  une  plus  équitable  répartition  des  charges  de  1  impôt  suivan 


—  68']  — 


N°  1162 


facilités  des  contribuables,  et  pour  atteindre  plus  particulièrement  )a  richesse  acquise,  il 
n’est  pas  nécessaire  de  recourir  à  l’impôt  sur  le  revenu  global.  Cette  conception  ne  pourrait 
être  réalisée  que  par  des  procédés  vexa  toi  res  et  inquisitoriaux  répugnant  au  bon  sens  fran¬ 
çais,  qui  n’admettra  jamais  l’inirusion  du  fisc  dans  ses  affaires  privées. 

Par  un  remaniement  sérieux  de  notre  système  des  contributions  directes,  et  en  s’ins¬ 
pirant  des  projets  de  loi  déposés  depuis  de  longues  années,  on  peut  aboutir  à  une  réforme 
vraiment  démocratique. 

Au  point  de  vue  économique  et  social,  l’attention  du  législateur  devra  se  porter  vers  le 
travailleur  et  tendre  à  concilier  les  intérêts  au  lieu  de  les  opposer  les  uns  les  autres.  L’État 
doit  susciter,  développer  l’effort  individuel  de  la  prévoyance;  c’est  à  l’instrument  admirable 
qui  réside  dans  les  sociétés  de  secours  mutuels,  et  qu’il  faut  encourager  par  de  larges  sub¬ 
ventions,  qu’on  demandera  la  solution  de  la  loi  sur  les  retraites  ouvrières  destinées  à 
assurer  le  pain  de  leurs  vieux  jours  aux  travailleurs  des  villes  et  des  champs. 

U  importe  également  d’assurer  l’assistance  légale  auxvieillards  et  aux  incurables,  dont 
le  soit  malheureux  est  digne  de  toutes  les  pitiés. 

Au  point  de  vue  financier,  il  est  de  toute  nécessité  d'endiguer  le  flot  montant  des 
dépenses  publiques  et  d’inaugurer  une  politique  de  larges  économies.  Parmi  les  moyens  les 
plus  propres  à  y  parvenir,  le  plus  urgent  consiste  à  écarter  les  abus  permettant  actuelle¬ 
ment  da  mêler  ies  interpellations,  les  initiatives  individuelles,  à  la  discussion  du  budget.  On 
devra  aussi  restreindre  le  droit  des  Députés  eu  matière  de  dépenses,  et  n’autoriser  les 
demandes  de  crédits  nouveaux  qu’au  fur  et  à  mesure  d’économies  correspondantes. 

Enfin,  la  décentralisation  des  services  administratifs  permettra,  par  la  suppression 
d’un  nombre  considérable  de  fonctionnaires,  de  susciter  en  province  des  activités  qui  ne 
demandent  qu’à  s’employer  et  de  limiter,  dans  une  large  mesure,  les  dépenses  publiques. 

Au  point  de  vue  judiciaire,  diminution  des  frais  de  justice  et  extension  de  la  compé¬ 
tence  des  juges  de  paix. 

Au  point  de  vue  militaire,  acheminement  progressif  vers  le  service  de  deux  ans,  mais 
sous  la  condition  expresse  que  la  défense  nationale,  que  la  cohésion  et  la  solidité  de  l’ar¬ 
mée  n’en  pâtiront  pas.  Cette  réforme  doit  être  précédée  de  mesures  préparatoires,  consis¬ 
tant  dans  une  loi  sur  les  cadres  des  sous -officiers  et  caporaux,  la  suppression,  aussi 
complète  que  possible,  des  dispenses  et  le  maintien  des  effectifs  par  des  engagements 
volontaires. 

Mais,  ce  qui  est  indispensable,  c’est  de  tenir  l’armée  en  dehors  de  la  politique,  de  la 
laisser,  entourée  du  respect  et  de  l’affection  de  tous,  à  sa  tâche  silencieuse  et  de  la  mettre 
à  l’abri  des  attaques  violentes  et  injustifiées  des  uns,  aussi  bien  que  des  apologies  inté¬ 
ressées  des  autres. 

Au  point  de  vue  de  l’enseignement,  je  maintiendrai  la  liberté  de  l’enseignement 
secondaire,  mais  sous  la  surveillance  et  le  contrôle  de  l’État.  11  est  inadmissible,  en  effet, 
que  l’enseignement  donné  dans  les  écoles  libres  soit  contraire  à  la  lettre  et  àl  esprit  de  la 
Constitution . 

Que  les  maîtres  de  ces  établissements  soient  également  munis  des  mêmes  grades 
universitaires  que  les  professeurs  des  collèges  et  des  lycées,  rien  de  plus  naturel;  mais  les 
républicains  libéraux  ne  peuvent  admettre  que  l’État  dispose  de  l’éducation  des  enfants 
contre  l’assentiment  des  parents,  et  qu’une  sorte  de  tache  originelle  pèse  sur  ceux  qui  ne 
reçoivent  pas  l’enseignement  public. 

Résolumcnt.attaché  à  la  République,  queje  considère  comme  la  condition  nécessaire  de 
tout  progrès  démocratique  et  la  plus  sûre  garantie  de  la  paix  sociale,  je  m’inspire  des  sen¬ 
timents  de  notre  pays  égalitaire  et  démocrate  autant  qu’épris  de  liberté. 

Partisan  convaincu  de  la  liberté  de  conscience,  je  ne  saurais  admettre  qu’un  citoyen 
quelconque  soit  inquiété  pour  ses  opinions  religieuses. 

Profondément  respectueux  de  la  religion,  je  rends  hommage  au  prêtre  qui  se  renferme 
dans  sa  noble  mission  de  paix,  de  charité,  de  consolation,  et  j’admire  le  dévouement  qu’il 
consacre  au  bien  de  ses  semblables.  Mais,  je  réprouve  énergiquement  le  cléricalisme,  qui 


—  652  — 

tend  à  transformer  une  institution  admirable  en  instrument  de  domination  et  de  puissance 
dans  PÉtat. 

De  même  que  j’ai  combattu  le  boulangisme,  je  m’élève  contre  le  nationalisme  qui, 
—  s’enveloppant  de  sentiments  nobles  et  généreux  qui  ne  sont  le  privilège  de  personne 
et  dont  chaque  parti  a  le  droit  de  revendiquer  sa  part  —  tend,  par  des  voies  plus  ou  moins 
détournées,  à  battre  en  brèche  les  institutions  libres  et  à  préparer  peut-être  la  dictature. 

Le  pays  ne  saurait  rester  indifférent  à  ce  danger,  qui  sollicite  la  vigilance  éclairée  de 
tous  les  républicains. 

Adversaire  déterminé  du  collectivisme,  je  ne  me  fais  pas  illusion  sur  le  péril  redou¬ 
table  dont  il  menace  la  société  et  l  intégritè  de  la  Patrie.  Je  réprouve  toute  concession  faite 
àjses  doctrines  et  je  combattrai  avec  la  dernière  énergie  toute  atteinte  à  la  propriété  indi¬ 
viduelle,  que  je  considère  comme  le  corollaire  logique  delà  liberté  du  travail  et  comme  la 
manifestation  la  plus  morale  de  la  personnalité  humaine. 

Je  lutterai  non  moins  ardemment  contre  ses  tendances  criminelles  qui,  sous  prétexte 
de  sentiments  humanitaires,  n’ont  d’autre  but  que  de  détruire  Pidée  de  Patrie,  la  plus 
noble,  la  plus  haute  et  la  plus  pure  qui  puisse  animer  Pâme  d’un  peuple. 

Le  pays  a  soif  de  calme  et  de  repos.  Une  politique  de  concorde  et  de  pacification  peut 
seule  les  lui  donner. 

C’est  vous  dire  que  j’appelle  de  mes  vœux  Punion  des  républicains  et  de  tous  les 
hommes  indépendants  qui  veulent  la  France  tranquille  et  prospère  à  l’intérieur,  respectée 
et  glorieuse  à  l’extérieur  et  qui  souhaitent  voir  la  République  marcher  pacifiquement  vers 
un  idéal  de  liberté,  de  justice  et  de  solidarité. 

Permettez-raoi,  enfin,  d’ajouter  que  le  dévouement  avec  lequel  j’ai  cherché  à  donner 
satisfaction  à  vos  intérêts  locaux  ou  particuliers  vous  est  le  témoignage  du  zèle  que  je  met¬ 
trai  à  vous  servir  daus  Pavenir,  et  de  vous  assurer  que  tous  yous  trouverez  toujours  près  da 
moi  le  concours  le  plus  loyal  et  le  plus  empressé. 

Veuillez  agréer,  mes  chers  Concitoyens,  l’assurance  de  mes  sentiments  les  plus 
dévoués. 

J.  de  GONTÀUT-BIRON, 

Conseiller  général, 

Maire  de  Na  vailles- An  gos, 

Président  de  la  Société  des  Courses  de  Pau, 

Membre  de  la  Chambre  Syndicale 
du  Syndicat  des  Agriculteurs  des  Basses- Pyrénées, 
Député  sortant. 


Circonscription  de  BAGNÈRES-DE-BIGORRE 

M.  OZUN 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  il  .929  voix. 


Mes  chers  Compatriotes, 

le  n’ai  pas  besoin  de  vous  faire  une  longue  profession  de  foi,  vous  me  connaissez  tous, 
et  vous  savez  que  je  suis  animé  des  sentiments  démocratiques  les  plus  sincères. 

Aujourd’hui  le  terrain  est  déblayé  ;  il  s’agit  d’aboutir  et  de  réaliser  les  réformes  que 
vous  attendez  depuis  trop  longtemps;  il  faut  en  finir  avec  les  attaques  de  mauvaise  foi,  sans 
cesse  renaissantes,  contre  la  République:  il  ne  doit  y  avoir  qu'une  seule  autorité,  celle  de 
la  société  laïque,  la  seule  souveraine  et  indiscutable  ;  la  République  ne  doit  avoir  qu’un 
but,  celui  de  l’amélioration  intellectuelle,  morale  et  matérielle  du  peuple,  des  humbles  et 
des  travailleurs. 

Un  des  moyens  d’atteindre  ce  but,  c’est  d’alléger  le  lourd  fardeau  que  l’impôt  fait  peser 
sur  le  contribuable  d’une  façon  aussi  inégale  et  aussi  injuste;  et  nous  sommes  convaincu 
plus  que  jamais  de  la  nécessité  d’établir  au  plus  tôt  l’impôt  progressif  sur  le  revenu. 

Les  retraites  ouvrières  s’imposent  au  même  titre,  la  société  ayant  pour  devoir  impé¬ 
rieux  d’assurer  une  existence  convenable  à  tous  les  malheureux  qui  sont  tombés  victimes 
de  la  vieillesse  ou  des  infirmités. 

Je  suis  partisan  très  résolu  du  service  militaire  réduit  à  deux  ans,  à  condition  que  de 
sages. mesures  soient  prises  pour  que  notre  armée  n’en  soit  pas  affaiblie,  car  je  Yeux  que  la 
France  soit  toujours  la  nation  forte,  indépendante  et  maîtresse  de  ses  destinées. 

La  religion  doit  être  honorée  et  respectée,  mais  il  faut  que  le  prêtre  se  renferme  dans 
sa  mission  élevée  et  n’intervienne  pas  dans  les  affaires  de  la  commune,  qui  ne  regardent 
que  le  maire  et  le  Conseil  municipal.  Nous  réclamons  l’abolition  de  la  loi  Falloux,  qui,  sous 
1b  faux  prétexte  de  liberté,  s’est  vite  transformée  en  une  arme  des  plus  dangereuses  entre 
les  mains  de  la  réaction. 

Telles  sont  les  principales  lignes  des  réformés  que  je  réclame,  mais  je  ne  perds  pas  de 
vue  d’autres  réformes  qui  sont  aussi  urgentes  :  l’économie  à  introduire  dans  nos  dépenses 


et  leur  contrôle  rigoureux;  le  développement  des  associations  de  mutualité  et  de  solidarité; 
l’encouragement  du  crédit  agricole;  la  décentralisation  administrative  et  le  développement 
des  moyens  de  transport,  dont  les  plus  urgents  sont  le  chemin  de  fer  d’Audi  à  Lanneme- 

zan  et  rétablissement  des  tramways  projetés. 

Pour  Pagrïeultüre,  deux  questions  vitales  s’imposent  également  :  l'exemption  de  Pimpôt 
foncier  pour  la  petite  propriété  et  ïa  protection  de  la  vente  du  bétail;  je  m’attacherai  à 
obtenir  la  réforme  du  Code  forestier,  qui  cause  tant  d’embarras  et  tant  de  gêne  à  la  popu¬ 
lation  pastorale  de  nos  montagnes. 

On  ne  saurait  trop  s’intéresser  à  la  situation  de  nos  paysans,  dont  la  vie  est  si  rude,  et 
on  ne  fera  jamais  assez  pour  améliorer  leur  sort. 

Mes  chers  Compatriotes, 

Si  vous  me  faîtes  l’honneur  de  me  choisir  pour  votre  man  iataire, Rapporterai  à  la  réali¬ 
sation  des  réformes  dont  je  suis  le  partisan  convaincu  la  ténacité  et  l’énergie  que  vous  me 
connaissez  ;  je  suis  un  homme  d’ordre,  soucieux  avant  tout  de  1  intérêt  public,  ennemi  de 
toute  violence  et  qui  ne  veut  résoudre  les  questions  sociales  que  par  une  discussion  sin¬ 
cère,  loyale  et  par  la  liberté. 

Oo  pouvait  supposer  que  la  réaction,  après  tant  de  défaites,  comprendrait  1  impuis¬ 
sance  dé  ses  efforts  et  laisserait  la  République  travailler  paisiblement  aux  réformes  qui 
doivent  assurer  la  justice  et  la  paix  sociales  ;  il  n’en  est  rien;  elle  s’apprête  encore  a  lui 
donner  un  assaut  furieux,  mais  ce  sera  le  dernier  ;  le  27  avril  prochain,  la  réaction  aura 
vécu,  et  alors  nous  entrerons  à  pleines  voiles  dans  la  voie  de  l'action  républicaine,  qui  doit 
assurer  le  triomphe  de  ïa  démocratie, 

Frédéric  OZUN, 

Avocat  à  la  Cour  d’appel  de  Paris, 

Conseiller  général  du  canton  de  La  Rarthe, 

Candidat  républicain. 


1™  circonscription  de  TARBES 

M,  DÀSQUE 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  8.603  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

H  y  a  deux  ans  à  peine,  vous  m’avez  fait  l'honneur  de  me  nommer  votre  représentant 
à  la  Chambre  des  Députés. 

J’y  suis  arrivé  en  cours  de  législature,  au  moment  où  les  partis  hostiles  à  la  République 
essayaient  de  la  renverser. 

J’ai  la  conscience,  en  sollicitant  encore  vos  suffrages,  d’avoir  accompli  tout  le  mandat 
que  vous  m’aviez  donné  et  d’avoir  aussi  contribué,  dans  les  circonstances  peu  communes 
que  l’on  vient  de  traverser,  à  maintenir  la  stabilité  de  nos  institutions,  en  m’associant  d’alb 
leurs,  avec  toute  l’énergie  qui  est  en  moi,  aux  diverses  réformes  réclamées  par  la  démo¬ 
cratie. 

Dois-je  faire  de  nouveau  un  programme? 


—  655  — 


N°  1162 


Depuis  quinze  ans,  à  toutes  les  heures  difficiles,  j’ai  lutté  pour  le  triomphe  des  idées 
qui  nous  sont  chères  au  même  titre;  j'ai  mis  au  service  de  notre  cause  tout  ce  que  j’avais 
de  force  et  d’activité  :  et,  si  une  vanité  pouvait  me  venir,  ce  serait  de  n’avoir  jamais  laissé 
compromettre  nos  droits  et  d’avoir  toujours  demandé  les  conséquences  nécessaires  de  la 
République* 

Mes  déclarations  dans  l’ordre  économique  et  dans  l'ordre  politique  sont  toujours  les 


mêmes. 

Je  suis  le  partisan  décidé  des  résolutions  tendant  à  conférer  à  l’État  T  exploitation 
directe  des  grands  monopoles,  qui  assurerait,  sinon  la  suppression  ,  du  moins  une  importante 
diminution  de  l’impôt* 

Substituer  aux  quatre  contributions  directes,  qui  pèsent  sur  tous  et  particulièrement  sur 
la  classe  paysanne,  sur  le  petit  commerce  et  sur  la  petite  industrie,  Fimpôt  progressif  sur 
le  revenu,  qui  ne  frappe  que  les  fortunes  réelles  ; 

Organiser  une  caisse  de  retraites  pour  les  ouvriers  des  villes  et  les  travailleurs  des 
champs  ; 

Réduire  à  deux  années  la  durée  du  service  militaire; 

Supprimer  les  périodes  des  13  et  des  28  jours; 

Au  regard  de  l’enseignement,  rétablir,  comme  le  disait  M*  le  Président  du  Conseil  des 
Ministres,  une  unité  d’éducaiion  civique  indispensable* 

Ce  sont  là  les  réformes  les  plus  importantes  qui  me  paraissent  devoir  attirer  d’abord 
FaLîention  de  la  Chambre,  et  auxquelles  je  donnerai  tout  l'effort  de  ma  volonté* 

Me  plaçant  sur  fe  domaine  plus  restreint  des  intérêts  de  ^arrondissement,  je  n’ai  pas 
besoin  de  vous  dire  que,  comme  par  le  passé,  je  favoriserai  de  toutes  mes  forces  l’extension 
de  l’élevage,  qui  doit  être  l’élément  principal  de  noire  prospérité  agricole;  que  je  contri¬ 
buerai  à  l’organisation,  sur  des  bases  démocratiques,  d'une  ligue  rurale,  de  même  que  je 
donnerai,  pour  les  faire  aboutir,  mon  concours  actif  et  sincère  aux  revendications  légitimes 
de  tous  les  travailleurs. 


Mes  chers  Concitoyens, 

La  IuLte  de  dimanche  doit  être  décisive* 

Elle  est  engagée  entre  la  démocratie  et  les  anciens  partis  qui  se  préparent  encore  dans 
le  tumulte  à  l’usurpaiion  du  pouvoir. 

C’est  à  vous  qu’il  appartient,  en  évitant  les  pièges  que,  sous  de  fausses  apparences,  le 
nationalisme  veut  tendre  à  votre  bonne  foi,  d’assurer  un  triomphe  nouveau  pour  la  Répu¬ 
blique  et  de  ruiner  à  jamais  les  perfides  desseins  de  ses  adversaires. 

Et  si,  comme  je  vous  le  demande,  vous  me  renouvelez  le  mandat  que  vous  m’aviez 
cûnüé,  vous  pouvez  avoir  la  ferme  certitude  que  je  sauvegarderai  toujours  les  principes,  s’ils 
étaient  encore  menacés,  que,  tenant  tous  mes  engagements,  je  m’efforcerai  de  faire  réaliser 
les  réformes  promises,  et  qu’eniin  j’aiderai  de  toute  l’énergie  de  mes  convictions,  dans  le 
cahne  et  la  pacification  des  esprits,  au  mouvement  ascensionnel  de  la  démocratie* 

Vive  la  République! 


Léopold  DASQUE 

Avocat,  Docteur  en  médecine. 
Ancien  maire  de  la  ville  de  Tarbes, 
Député  sortant* 


-  65G  — 


2°  circonscription  de  TARBES 
M.  FITTE 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  7,561  voix. 


Mes  chéri!  Concitoyens, 

En  1898,  au  lendemain  de  la  bataille  qu’ensemble  nous  venions  de  si  vaillamment 
mener,  je  vous  disais  dans  ma  lettre  d’adieux  ; 

a  Préparez-vous,  mes  chers  amis,  à  la  revanche  prochaine;  organisez  vos  forces  et,  si 
vous  m’en  croyez  digne  encore,  comptez  sur  mon  énergie  et  mon  courage  pour  assurer 
l'affranchissement  définitif  de  la  T  circonscription,  » 

La  route  est  libre  maintenant;  partout,  dans  le  camp  des  républicains,  règne  et  l’en¬ 
tente  et  l’harmonie;  partout,  dans  notre  belle  circonscription,  les  démocrates,  jadis  désu¬ 
nis,  fraternisent,  et  les  cœurs  généreux  y  battent  à  Funisson* 

Si  vous  croyez  que,  par  mes  constants  et  vigoureux  efforts,  j'ai  contribué  au  réveil  des 
consciences  et  à  l’étroite  union  des  républicains  ; 

Si  vous  croyez  que,  par  l’ardeur  de  ma  foi  politique,  par  mes  longues  luttes  contre  fa 
réaction,  par  l’inébranlable  fermeté  de  mes  opinions  républicaines,  je  suis  resté  digne  de 
votre  confiance  ; 

Si  vous  croyez  que  j’ai  mérité  d’être  encore  le  porte-drapeau  de  vos  revendications, 
vous  me  placerez  à  votre  tête  pour  la  défense  de  vos  intérêts  et  la  défense  de  la  cause 
démocraiique. 

Paysans, 

J’ambitionne,  par  dessus  tout,  de  représenter  au  Parlement  une  circonscription  rurale. 

C’est  vous  dire  avec  quelle  opiniâtreté,  avec  quelle  ténacité,  je  signalerai  vos  besoins  et 
travaillerai  à  la  réalisation  des  revendications  paysannes. 

Je  suis  allé  personnellement  dans  chaque  commune  de  la  circonscription,  et  je  vous  ai 
exposé  que  j’entends  faire,  a  votre  égard,  œuvre  de  réparation  et  de  justice  : 

En  substituant  l’impôt  progressif  sur  le  revenu  aux  taxes  diverses  qui  grèvent  la  terre 
avec  une  si  révoltante  iniquité; 

En  rendant  plus  facile  et  moins  onéreuse  la  transmission  de  la  propriété  ; 

En  facilitant,  par  le  rachat  des  chemins  de  fer,  le  transport  de  vos  denrées  agricoles 
vers  les  centres  où  elles  se  consomment  ; 

En  organisant  un  crédit  agricole  qui  garantisse  votre  indépendance  ; 

En  créant  les  assurances  agricoles  par  l’État,  seul  capable  de  détourner  de  vous  les 
ruines,  trop  souvent  amoncelées  sur  vos  têtes  par  les  fléaux  de  la  nature  ; 

En  décrétant  ^inviolabilité  du  domaine  familial,  pour  permettre  aux  vaincus  de  la  vie 
d’attendre  dans  la  paix  du  foyer  de  plus  favorables  circonstances: 

En  autorisant  les  recettes  buralistes  à  délivrer  des  coupures  journalières,  donnant 
droit  à  une  journée  de  chasse  ; 

En  me  spécialisant  aux  questions  d’élevage  auxquelles  m’ont  préparé  mes  études  pro¬ 
fessionnelles  ; 

En  assurant  au  département  des  Hautes-Pyrénées  la  culture  définitive  du  tabac; 

En  dotant  les  cantons  de  Trie,  de  Pouyastruc  et  de  G, dan,  aujourd’hui  si  déshérités,  de 


—  657  —  NM  162 

toies  de  communications  qui  leur  permettront  de  mettre  en  valeur  les  ressources  de  leur 
sol; 

En  me  proclamant  enfin  et  en  toute  occasion  le  députe  des  paysans,  le  défenseur  de 
ceux  qui,  depuis  des  siècles,  sont  jetés  en  pâture  à  la  basse  cupidité  d'exploiteurs  sans  ver¬ 
gogne. 

Telle  est  ma  plus  grande  ambition. 

Patriotes, 

Défiez-vous  de  ceux  qui  crient  à  tue-tête  que,  seuls,  ils  méritent  le  titre  «  d’enfants  de 
France  »  ; 

Défiez-vous  de  ces  patriotes  qui  poignardèrent,  dans  les  plaines  de  la  Vendée,  la  Patrie 
française,  rentrèrent  sur  les  fourgons  de  l’étranger  et,  à  la  France  mutilée  et  agonisante, 
arrachèrent  des  millions  ; 

Défiez-vous  de  ces  patriotes  qui,  pour  éviter  le  service  de  deux  ans,  poussent  à  la 
surenchère  et  voudraient,  à  côté  d’une  garde  nationale,  une  armée  prétorienae  dont  de 
terribles  exemples  nous  ont  appris  le  danger; 

Défiez-vous  de  ces  patriotes  qui,  par  le  maintien  de  la  loi  Falloux,  rêvent  de  faire  deux 
France  et  de  perpétuer  ainsi  les  divisions,  les  rancunes  et  les  haines  ; 

Défiez-vous  de  ces  patriotes  qui  incitent  le  clergé  à  descendre  dans  Parène  ût  nos  luttes 
politiques,  lorsque  nous  le  voulons  tout  entier  à  sa  haute  mission; 

Défiez-vous  de  ces  patriotes  qui  voudraient  des  soldats  propres  à  l’insurrection  contre 
la  loi  et  à  la  volonté  nationale,  lorsque  nous  les  voulons  tout  entiers  consacrés  à  la  défense 
du  territoire. 


Républicaine, 

Vos  éternels  ennemis  sont  de  nouveau  en  face  de  vous;  ils  menacent  encore  la  liberté 
et  le  progrès. 

Vous  ne  vous  laisserez  pas  égarer  par  leurs  étiquettes  de  contrebande  et  lesr  républi¬ 
canisme  frelaté. 

Vous  les  connaissez  depuis  longtemps,  car  «  les  masques  peuvent  varier,  mais  sous  dès 
déguisements  divers,  c’est  toujours  le  même  esprit  contre-révolutionnaire  qui  se  devine  », 

Oui,  c’est  bien  le  bloc  de  la  contre-révolution  que  nous  aurons  à  combattre  demain, 
c’est  contre  lui  que  doivent  se  grouper  toutes  les  forces  démocratiques,  tous  les  citoyens 
qui  ont,  dans  les  veines,  le  sang  républicain  et,  dans  Pâme,  Pamour  de  la  patrie. 


Bloc  contre  blocî 

Formons  l’indomptable  cohorte  des  démocrates  de  la  T  circonscription. 

Marchons  aux  urnes,  unis,  au  cri  qui  résonne  dans  nos  coeurs,  au  cri  mille  fois  répété 

Vive  la  République  l 

L  F1ÏÏE 

Candidat  des  républicains  et  des  revendications  paysannes. 


83 


l'YKENEES-OMENTALES 


Circonscription  de  CÉRET 
M.  PÀMS 

Élu  au  i*r  tour  de  scrutin.  —  7.345  voix 


M.  PAMS  n’a  publié  aucune  profession  de  foi. 


Ire  circonscription  de  PERPIGNAN 
M.  BARTISSOL 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  7.304  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Je  n’ai  cédé,  en  acceptant  la  candidature ,  qu’à  l'appel  dos  républicains  qui  veulent 
P  union  de  tous  les  Rousaillonnais  pour  mettre  m  terme  à  la  terrible  crise  que  traverse  1b 
pays. 

Ils  me  savaient  républicain  progressiste;  ils  ont  vu  en  moi  le  travailleur  et l’hoimne 
d’action.  C’est  à  ce  double  litre  que  fai  accepté  d’être  le  défenseur  au  Parlement  de  la  viti¬ 
culture  ruinée. 

On  a  trop  sacrifié  jusqu’ici  les  intérêts  du  pays  à  la  politique  et  ce  système  a  conduit  le 
Midi  à  la  misère,  j’estime  que  nous  devons  faire  aimer  la  République  en  favorisant  1-agfifc? 
culture,  cotte  principale  source  do  la  richesse  publique,  afin  que  chaque  travailleur  ait  son 
bien-être  assuré.  Un  régime  qui  n’assure  pas  à  chaque  homme  de  vivre  avec  le  produit  de 
son  travail,  n’a  de  républicain  que  le  nom,  parce  qu’il  ne  se  fonde  pas  sur  l’amour  du 
peuple. 

Pour  sauver  la  vigne,  U  faut  des  Ministres  qui  poursuivent  la  fraude  au  lieu  do  s’en  faire 
les  protecteurs,  et  qui  no  sacrifient  pas  les  intérêts  du  Midi  à  ceux  du  Nord;  il  faut  un  sys¬ 
tème  de  lois  qui.  en  libérant  le  vin,  en  facilita  ut  son  transport,  en  développant  sa  consom¬ 
mation,  permette,  par  des  droits  différentiels  au  profit  des  alcools  devin,  de  nous  débar¬ 
rasser  de  la  surproduction  eï.  d'assurer  P  écoulement  à  un  bon  prix  de  nos  récoltes;  il  faut, 
enün,  par  Punion  de  tous  et  l’appui  de  grands  capitaux  faciles  à  trouver,  organiser  le  trust 
des  vins  et  former  de  puissantes  sociétés  d’exportation.  Ce  système,  qui  a  admirablement 


réussi  en  Amérique,  ou  il  a  favorisé  également  les  iravaiHëtirg  et  les  producteurs,  assurera 
de  vendre  le  vin  à  un  prix  rémunéra  leur.  En  attendant  la  création  des  trusts,  une  orga¬ 
nisation  plus  pratique  du  crédit  agricole  s'impose,  qui  facilite  les  prêts  et  diminue  leur 
intérêt  - 

Les  impôts  écrasent  les  propriétaires  et  les  travailleurs.  Le  paysan,  l’ouvrier  ne  tra¬ 
vaillent  plus  que  pour  le  fisc;  chaque  année  voit  le  budget  s’accroître  de  cinquante  millions. 
Il  faut  mettre  un  terme  à  ce  gaspillage  de  la  fortune  publique  par  un  régime  sévère  d’éco¬ 
nomie;  il  faut  assurer  que  l’impôt  frappe  chacun  proportionnellement  à  sa  richesse,  comme 
je  l'ai  toujours  demandé;  il  faut  supprimer  les  sinécures  et  réduire  le  fonctionnarisme, 
cette  plaie  de  notre  budget* 

Je  veux  que  chaque  travailleur  soit  assuré  dans  ses  vieux  jours  contre  la  misère  par  la 
constitution  d’une  caisse  de  retraites.  Le  cultivateur,  l'artisan  des  villes,  qui  ont  travaillé 
toute  leur  vie  pour  la  collectivité,  ne  sont-ils  pas  aussi  dignes  et  aussi  méritoires  qu’un 
fonctionnaire?  Est-ce  qu’ils  n'ont  pas  été  aussi  utiles  à  l’État  dont  ils  ont  assuré  la 
richesse  ? 

Partisan  de  la  réduction  des  frais  de  justice  et  de  la  simplification  de  ses  formalités,  je 
voterai  l’extension  de  la  compétence  dt-s  juges  de  paix- 

Je  veux  une  armée  puissante,  placée  au-dessus  de*  tous  les  partis,  ne  connaissant  que 
sou  devoir  de  gardienne  Jq  territoire  et  de  la  Constitution  ;  cette  armée  sera  assez  forte  avec 
le  service  de  deux  ans.  Je  le  voterai. 

Enfin,  dans  l’ordre  politique,  je  ne  séparerai  jamais  la  République  de  la  liberté*  Cette 
liberté,  je  la  veux  pour  le  père  de  famille  dans  l’instmctiou  à  donner  à  ses  enfants  sous  le 
contrôle  de  l'État  et  je  3a  défendrai  comme  le  corollaire  obligatoire  de  la  liberté  de  conscience 
que  nous  a  léguée  la  Révolution  française. 

Vous  connaissez  mon  programme  politique*  C’est  celui  d’un  républicain  résolument 
réformateur.  Tout  mon  passé,  tous  mes  actes,  tous  mes  votes  affirment  hautement  mon 
dévouement  à  la  République.  Je  l’atteste  une  fois  dé  plus. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Je  n’ai  pas  attendu  d'être  candidat  pour  vous  prouver  que  les  intérêts  matériels  du 
Roussillon  n’avaient  pas  de  plus  ardent  défenseur  que  moi- 

En  1883,  je  prenais  l'initiative  de  la  constitution  d’une  société  d’études  pour  ïa  cons¬ 
truction  de  canaux  et  réservoirs  destinés  à  assurer  l’arrosage  de  la  plaine  de  Rivesaltes  et 
de  toute  la  vallée  de  RAgly,  Je  consacrai  à  cette  étude  d’importants  capitaux.  Les  résistances 
qoü  je  rencontrai  auprès  de  l’Administration,  et  qui  ajournèrent  l’exécution  de  ce  projet, 
pourront  être  levées  si  je  suis  député,  et  cette  grande  œuvre  sera  réalisée. 

Je  considérerai  comme  le  jour  le  plus  heureux  de  ma  vie  celui  où  je  vous  aurai  assuré 
cette  source  de  richesse. 

Créateur  de  l’ usine  hydro-électrique  de  Vinçaje  suis  intéressé  à  la  construction  du 
réservoir  des  Rouillouses,  qui  doit  aussi  contribuer  à  l’arrosage  d’une  partie  de  notre  plaine, 

Saint-Laurent  et  le  Barcarès  doivent  être  reliés  à  la  grande  ligne  ferrée  de  Rivesaltes  à 
l'aide  d’une  voie  normale, 

La  Salanque  doit  avoir  de  plus  son  chemin  de  fer  local  sur  Perpignan  pour  desservir  ses 
communes,  autrefois  si  riches,  et  où  il  faut  ramener  la  prospérité.  Je  m’engage  à  faire  tous 
mes  effort*  pour  obtenir  l’exécution  de  ces  lignes, 

La  facilité  du  transport  d’énergie  électrique  à  de  grandes  distances  permet  aujourd’hui 
de  réaliser  facilement  ce  programme  de  travaux  publics. 

Qui  donc  sera  mieux  à  même  que  moi  de  le  conduire  k  bonne  lin,  grâce  à  l’immense 
force  électrique  dont  dispose  l’osine  de  Vinça,  créée  pour  un  développement  de  quatre  mille 
chevaux? 

Je  réclamerai  R  exécution  des  travaux  nécessaires  à  ^ouverture  du  grau  Saint-Ange  et  ia 
construction  de  la  darse  du  Barcarès, 


—  660  — 

Perpignan  attend  le  dérasement  de  ses  remparts  et  l’exécution  des  travaux  publics  dont 
cette  démolition  doit  ouvrir  l’ère. 

Je  consacrerai  tous  mes  efforts  à  réaliser  l’exécution  de  ce  programme,  qui  ouvrira  de 
nombreux  «hantiers  aux  ouvriers,  fera  cesser  le  chômage  et  sera  pour  tout  le  commerce  une 
causai  m  pot  tan  te  de  relèvement* 

Mes  chers  Concitoyens, 

Mes  intérêts  sont  les  vôtres;  en  les  défendant  ce  sont  les  miens  aussi  que  je  dé¬ 
fendrai.  . , 

Ce  n’est  pas  par  ambition  personnelle  que  je  me  présente*  D  antres  peuvent  chercher 

clans  le  mandat  de  député  des  profits  ou  des  avantages;  clans  ma  situation,  je  n’y  trouverai 
que  des  devoirs  et  des  charges. 

Je  les  accepterai  de  grand  cœur,  ces  devoirs,  s’ils  me  permettent  d’attacher  mon  nom  à 
quelque  grande  œuvre  d’uiilité  publique,  de  relever,  par  mes  moyens  d’action,  le  pays  de 
ses  ruines,  et  de  rallier  à  une  République  résolument  réformatrice,  la  République  des  tra¬ 
vailleurs,  le  plus  grand  nombre  de  citoyens. 

Aux  urnes  à  ce  cri  de  ralliement  : 

Pour  la  viticulture! 

Pour  le  travail  ! 

Pour  la  République  ! 

Edmond  BARTISSOL, 

Propriétaire-viticulteur,  In  génieur, 

Ancien  député. 


Programme  politique. 

République  résolument  réformatrice; 

Ni  réaction,  ni  révolution  ; 

Respect  de  la  propriété  individuelle  ; 

Protection  et  développement  du  travail  national; 

Justice  dans  l’établissement  de  l’impôt; 

Réduction  des  impôts; 

Ordre  et  économie  dans  les  finances; 

Retraites  ouvrières; 

Réduction  des  frais  de  justice; 

Service  militaire  de  deux  ans; 

Réduction  du  fonctionnarisme; 

Suppression  des  sinécures  ; 

Liberté  de  conscience.  —  Suprématie  du  Pouvoir  civil; 

Liberté  de  l’enseignement  sous  le  contrôle  de  l’État; 
Développement  des  institutions  de  prévoyance  et  de  mutualité; 
Paix  sociale; 

Union  et  concorde  dans  la  République. 

Programme  viticole. 

Libération  du  vin  de  toutes  ses  charges; 

Plus  d'entraves  à  la  circulation  ; 

Abolition  des  derniers  droits  d’octroi  sur  le  vin; 

Répression  impitoyable  de  la  fraude; 


N®  U 62 


V 


—  m  — 

Utilisation  des  employés  delà  Régie  a  la  répression  de  la  fraude  sur  le  vin  et  itous  les 
produits  alimentaires; 

Organisation  pratique  du  Crédit  agricole; 

Le  vin  aux  soldats; 

Réduction  et  unification  des  frais  de  transport  pour  le  vin,  les  produits  agricoles  et  les 
engrais  ; 

Interprétation  libérale  de  l’artiôle  10  de  la  loi  de  1900  sur  les  bouilleurs  de  cru; 
Monopole  de  l’alcool  par  l'État; 

Suppression  du  privilège  du  sucrage  de  la  vendange  à  prix  réduit  ; 

Droits  différentiels  sur  les  alcools; 

Défense  d’exposer  et  de  vendre  des  produits  pouvant  servir  à  la  fabrication  artificielle 
du  vin  ou  à  sa  falsification  ; 

Abaissement  des  droits  de  douane  dans  les  pays  étrangers,  notamment  en  Russie; 
Assimilation  des  vins  généreux  de  la  vallée  de  TÂgly  aux  yîqs  de  Banyuls  pour  les  hôpi¬ 
taux  militaires  et  la  marine; 

Organisation  des  trusts  et  formation  de  puissantes  sociétés  d’exportation* 

Programme  locaL 

Construction  de  réservoirs  et  canaux  d'arrosage; 

Réservoir  de  Saint-Àrnac  ; 

Arrosage  de  la  vallée  de  TAgîy; 

Chemin  de  fer  à  voie  normale  de  Rïvesaltes  au  Barcarès; 

Darse  du  Barcarès; 

Chemin  de  fer  local  de  la  Salanque; 

Ouverture  du  grau  Saint-Ange  ; 

Démolition  des  remparts  de  Perpignan, 

Edmond  BÀRT1SSOL. 


2e  circonscription  de  PERPIGNAN 
M*  BOURRAT 

Élu  au  l4r  tour  de  scrutin,  —  6,14$  voix. 


M*  Bourrât  n?a  publié  aucune  profession  de  foi. 


~  662 


Circonscription  de  PRADES 

M,  ESCANYÉ 

Elu  au  1er tour  de  scrutin.  —  6.070  voix. 


Chers  Concitoyens, 

Républicain  dès  l'âge  de  raison,  par  tradition  et  par  sentiment;  candidat  de  Popposi- 
tion  avant  la  chute  de  l'empire;  désigné,  après  le  Quatre-Septembre,  pour  faire  partie  de  La 
Commission  municipale  de  Perpignan  ;  élu  en  1871  au  Conseil  municipal  de  cette  ville  et 
au  Conseil  général,  j'ai  eu  l'honneur  de  tenir  le  drapeau  de  la  République,  aux  élections 
législatives  de  1876,  dans  l'arrondissement  de  Prades,  où  feus  à  lutter  contre  le  ministère 
réactionnaire,  présidé  par  M*  Buffet. 

Signataire  du  manifeste  des  363,  violemment  combattu  par  le  ministère  de  Broglie, 
pendant  la  période  du  J  6  mai  au  14  octobre  1877;  deux  fois  réélu,  mais  vaincu  ensuite  au 
scrutin  de  liste,  par  des  amis  politiques  dont  je  n'étais  séparé  que  par  des  nuances,  je  suis 
rentré  dans  le  rang.  J'eus  bientôt  occasion  de  me  prononcer  comme  simple  citoyen  et  non 
sans  énergie  contre  le  boulangisme,  auquel  avaient  adhéré  des  républicains  égarés. 
En  1891,  j'eus  l’honneur  de  revenir  à  la  Chambre  dès  Députés. 

J'ai  cru  devoir  rappeler  en  quelques  mots  ce  passé  un  peu  lointain,  car  le  corps  élec¬ 
toral  se  renouvelle  et  il  est  des  citoyens  trop  jeunes  pour  avoir  pu  me  connaître  dans  les 
moments  difficiles  que  la  République  a  traversés. 

L'expérience  et  le  fonctionnement  des  institutions  républicaines  n'ont  pu  que  me 
fortifier  dans  mes  convictions  politiques;  j'ai  eu  le  plaisir  de  voir  d  anciens  partisans  des 
régimes  déchus  se  rallier  successivement  à  nos  institutions  par  des  manifestations  dont  je 
ne  mets  pas  en  doute  la  sincérité. 

U  serait  imprudent  cependant  d'oublier  que  la  République  n'est  pas  unanimement 
acceptée  et  qu'elle  a  encore  des  ennemis  déclarés  ou  déguisés. 

Un  ministère  de  défense  républicaine  est  devenu  nécessaire.  Un  parti,  en  effet,  s’est 
formé,  sous  l’appellation  vague  de  nationalisme.  Nous  l'avons  vu  exploiter  àson  profit  ce 
sentiment  de  dévouement  à  la  patrie  qui  est  commun  à  tous  les  Français,  combattre  sans 
cesse  notre  régime  de  discussion  pour  tenter  de  nous  ramener  à  un  régime  plébiscitaire 
qui  détruirait  nos  libertés  et  précipiterait  la  France  dans  les  aventures  extérieures  où 
l'Empire  a  sombré.  Je  suis  l'adversaire  de  ce  parti  et  de  tous  ceux  qui  songent  à  un  retour 
vers  le  passé.  Mais,  d'autre  part,  je  considère  la  propriété  individuelle  comme  un  droit 
sacré.  Je  suis  fermement  convaincu  que,  s'il  existe  au  sein  de  la  société  des  collectivités 
nécessaires,  comme  la  commune  ou  le  département,  le  progrès,  quelque  indéfini  qu’il  soit, 
ne  peut  nous  mener  un  jour  à  l'application  des  théories  collectivistes.  L'éloquence  a  pu  les 
rendre  séduisantes,  mais  le  bon  sens  les  réprouve. 

Tous  mes  votes  à  la  Chambre  ont  tendu  à  consolider  la  République,  à  écarter  les  dan¬ 
gers  qui  pouvaient  menacer  la  tranquillité  ptibîique,  à  rendre  à  la  France  le  rang  qui  est 
dû  à  son  génie,  au  rôle  civilisateur  et  souvent  glorieux  qu'elle  a  joué  dans  l'histoire,  à 
favoriser  son  expansion  dans  les  pays  extra- européens,  sans  compromettre  la  sécurité 
extérieure,  à  doter  notre  pays  de  toutes  les  libertés  que  lui  refusaient  les  régimes  anté¬ 
rieurs  :  liberté  de  presse,  liberté  de  réunion,  ainsi  que  liberté  d'association  pour  tous  les 
citoyens  qui  gardent  leur  individualité. 

Je  suis  pour  la  suprématie  du  pouvoir  civil  et  pour  le  principe  de  laïcité  en  matière 


—  GM  —  N°  H  62 

(l’enseignement.  11  n’y  a  rien  là  clans  ma  pensée  cjui  soit  incompatible  avec  le  respect  dû 
aux  croyances  et  aux  cultes. 

le  suis  partisan  résolu  de  toutes  les  réformes  démocratiques;  elles  dérivent  natu¬ 
rellement  du  régime  électoral  qui  a  été  institue  par  la  République  de  1848.  Le  Suffrage 
universel  ne  commande  pas  a  ses  élus  de  tout  bouleverser,  mais  au  contraire  d'adopter 
successivement,  après  discussion  approfondie,  toutes  les  lois  qui  sont  conformes  à  la 
justice  sociale,  trop  longtemps  méconnue  par  l’ensemble  de  notre  législation. 

Je  n  ai  à  désavouer  aucun  de  mes  votes;  ils  ne  m'ont  jamais  été  inspirés  par  un  intérêt 
personnel.  Je  puis  d  autant  moins  le  faire  que  j’assiste  à  toutes  les  séances  et  que  je  vote 
moi-même.  D’ailleurs,  un  homme  politique  ne  doit  pas  être  jugé  sur  quelques  points  de 
détail,  mais  sur  l'ensemble  de  ses  actes. 

Je  ne  m’étendrai  pas  ici  sur  l'œuvre  de  cette  dernière  législature;  elle  a  toujours  été 
orientée  vers  la  réalisation  des  principes  de  liberté,  d'égalité  et  de  fraternité  proclamés 
pat  la  Révolution  de  1789  et  sous  les  auspices  desquels  la  France  républicaine  triompha,  en 
1792  et  1793,  des  rois  et  des  empereurs  coalises  contre  elle* 

La  réalisation  des  programmes  individuels  est  subordonnée  à  l'imprévu  des  événe¬ 
ments  et  à  la  composition  de  la  Chambre  à  élire.  Mais  la  législature  nouvelle  doit  tenir  à 
honneur,  après  tant  d'études  et  de  projets  vulgarisés  par  la  presse,  de  ne  pas  différer 
pins  longtemps  l'amélioration  de  notre  système  d'impôts*  Elle  aura  pour  devoir  d’apporter 
un  soulagement  notable  à  la  situation  de  1'agrîcuhure  et  de  la  viticulture,  si  durement 
éprouvées,  et  de  réduire  les  charges  militaires  qui  pèsent  d'un  poids  si  lourd  sur  les  babi- 
tams  des  campagnes.  Gomme  Gambetta,  je  préférerai  toujours  la  politique  des  résultats  à 
celle  des  manifestations. 

ALje  besoin  de  dire  que  je  me  suis  occupé  de  toutes  les  questions  concernant  parti¬ 
culièrement  l’arrondissement  qui  m'a  donné  mission  de  défendre  ses  intérêts?  J’avais 
énuméré  les  principales  dans  ma  profession  de  foi  de  189$*  Tout  mon  temps  a  été  consacré 
a  faire  triompher  les  revendications  légitimes  de  mes  commettants*  Je  n’ai  rien  à  me 
reprocher  à  cet  égard. 

Ferme  et  inébranlable  dans  mes  principes,  j’ai  toujours  été  très  conciliant  vis-à*yis 
ks  personnes.  J  ai  toujours  désiré  l'union  du  parti  républicain,  en  vue  de  hâter  l'applica¬ 
tion  de  nos  programmes  démocratiques* 

Réélu,  je  serai  ce  que  fai  été,  l'homme  du  devoir,  toujours  préoccupé  de  raffermisse¬ 
ment  de  la  République,  de  sa  marche  en  avant,  ainsi  que  de  la  prospérité  et  de  la  gran¬ 
deur  de  la  patrie. 

Vive  ïa  République! 

F.  ESCÂNYË, 

Conseiller  général,  Député  sortant. 


—  664  — 


RHIN  (HAUT-) 


[TERRITOIRE  DE  BELFORT] 


M.  Charles  SCHNEIDER 
Élu  au  tour  de  scrutin,  —  9*516  voix* 


Mes  chers  Concitoyens, 

La  concentra  lion  de  tous  les  groupements  républicains,  de  tous  les  hommes  sincère¬ 
ment  dévoués  à  la  République,  s?est  faite  sur  mon  nom. 

Candidat  désigné  par  l’ensemble  du  parti  républicain,  sans  distinction  de  nuance, 
j’aocepte  à  nouveau  Lhonneur  de  porter  le  drapeau  de  la  démocratie  du  territoire  dans 
l’élection  du  27  avril  prochain  et  je  marche  à  la  bataille  avec  confiance. 

Vous  me  connaissez  tous. 

Mes  idées  sont  les  mêmes  qu’en  1898,  lorsque  je  sollicitais  déjà  vos  suffrages,  et  c  est 
avec  le  même  programme  que  je  viens  les  solliciter  encore. 

Les  protestations  justifiées  qu’a  soulevées  dans  le  pays  l’augmentation  de  la  conlribu- 
tion  personnelle-mobilière  résultant  de  l’amendement  Le  Moigne,  nous  ont  à  tous  donné 
une  salutaire  leçon  de  choses  et  montré  les  inconvénients  multiples  de  notre  système 
d’impôts  dont  la  base  incertaine  et  arbitraire  se  prête  difficilement  à  des  remaniements 
équitables. 

Seul  Pirnpôt  progressif  sur  le  revenu,  sans  vexation  ni  inquisition  pour  les  contre 
buables,  tenant  compte  des  charges  de  famille  et  ne  demandant  à  chacun  que  selou  ses 
facultés,  permettra  de  répartir  avec  plus  de  justice  les  charges  publiques.  Ce  sera  le  grand 
dégrèvement  des  villages,  de  tous  ceux  qui  vivent  péniblement  de  leur  travail.  ^ 

Toujours  dans  le  but  de  venir  en  aide  aux  masses  laborieuses,  et  pour  répondre  au 
besoin  de  justice  sociale  qui  pénètre  de  plus  en  plus  toutes  les  classes  de  la  société,  je 
reste  partisan  convaincu  de  la  création  d’une  caisse  de  retraites  pour  les  travailleurs  des 
villes  et  des  campagnes,  avec  le  concours  de  l’État,  sans  lequel  cette  création  n  aurait  pas 
les  effets  attendus. 

Mon  concours  est  acquis  tout  entier  et  d’avance  à  tous  les  projets  de  loi  raisonnés  pou¬ 
vant  améliorer  le  sort  des  ouvriers,  dont  je  m’honore  d’avoir  toujours  défendu  les  légitimes 
revendications. 

Je  demande  encore  : 

La  réduction  do  service  militaire  à  deux  ans,  avec  suppression  de  toutes  les  i* 
penses,  la  réduction  des  périodes  de  vingt-huit  et  treize  jours  par  un  meilleur  emp  oi 
temps  à  des  exercices  pratiques; 

Une  justice  plus  rapide  et  moins  coûteuse; 

La  diminution  des  droits  d’enregistrement  sur  les  ventes  et  échanges  de  la  pet*16 
propriété  rurale; 


—  665  —  N°  1162 

Le  développement  du  crédit  agricole  et  des  assurances  mises  à  la  portée  de  tons; 

L’organisation  démocratique  de  chambres  d’agriculture; 

Toutes  les  mesures  de  nature  à  augmenter  la  prospérité  du  commerce,  de  Pindustrie, 
de  notre  agriculture,  si  digne  d’intérêt,  trouveront  en  moi  un  défenseur  convaincu  et 
persévérant. 

Respectueux  de  toutes  les  croyances  religieuses,  je  demande  que  la  liberté  du  culte 
continue  à  être  assurée  à  tous,  que  nulle  atteinte  ne  soit  portée  à  la  liberté  de  conscience, 
lapins  sacrée  de  toutes.  Je  n'admets  point,  par  contre,  que  la  religion  serve  d'instrument 
politique  et  prétende  avoir  la  suprématie  sur  la  société  civile. 

Enfin,  mes  chers  Concitoyens,  je  von  s  convie  à  une  lutte  énergique  contre  cette  faction 
nouvelle  qui  s’appelle  le  nationalisme  et  ne  tend  rien  moins  qu’à  renverser  la  République* 
four  séduire  les  foules,  elle  exploite  les  sentiments  de  patriotisme  et  Je  respect  de  l’armée 
dont  elle  revendique  audacieusement  le  monopole.  Les  conséquences  fatales  de  son  succès 
seraient  la  guerre  civile  et  la  guerre  étrangère* 

Cf$st  pourquoi  je  fais  appel  à  tous  les  hommes  d’ordre,  à  tous  ceux  qui  veulent  la 
paix  au  dedans  et  au  dehors,  sans  humiliation  pour  la  dignité  nationale,  pour  défendre 
avec  moi  la  République,  seule  capable  d’assurer  le  progrès  social  et  les  destinées  glo¬ 
rieuses  de  la  Patrie  dans  le  monde. 

Le  patriotisme  n’est  le  monopole  de  personne  et  le  nôtre  ne  saurait  être  suspect*  Il 
s’est  affirmé  aux  heures  douloureuses  de  1870,  dans  toutes  les  circonstances  de  notre  vie, 
par  nos  actes  municipaux,  par  les  relations  cordiales  que  nous  avons  toujours  entretenues 
avec  les  représentants  de  notre  armée. 

Oui,  nous  respectons  et  nous  aimons  l’armée  et,  si  nous  savons  ce  qu’elle  doit  au 
Gouvernement  républicain,  nous  n’oublions  pas  qu’elle  est  la  gardienne  de  nos  frontières, 
de  nos  libertés,  de  la  Constitution,  et  nous  avons  confiance  en  elle  pour  Paccom plissement 
de  ses  devoirs  envers  la  Patrie  et  la  République* 

Vive  la  France  I 

Vive  la  République  démocratique! 

Charles  SCHNEIDER, 

Maire  de  Belfort, 

Président  du  Conseil  général* 


U 


-  666  — 


RHONE 


lfe  circonscription  de  LYON 
M,  de  LANESSAN 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin*  —  4,196  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Depuis  que  you$  m’avez  confié  l'honneur  de  vous  représentera  in  Cbambro  des  Dé¬ 
putés,  vous  avez  pu  apprécier  d'autant  mieux  ma  fidélité  k  notre  programme  commua 
qu’elle  a  subi  depuis  près  de  trois  ans  l'épreuve  de  l'exercice  du  pouvoir  ministériel, 

L’article  capital  du  mandat  que  j'ai  reçu  de  vous  en  1898  me  faisait  un  devoir  de  tra¬ 
vailler  avant  tout  à  la  concentration  des  républicains  pour  la  défense  de  la  République,  par 
l'action  démocratique  et  le  progrès  social. 

C'est  à  cette  concentration  de  tous  les  éléments  démocratiques  du  paÿs,créBt  à  la  défense 
des  institutions  républicaines  contre  leurs  séculaires  ennemis,  c'est  au  progrès  politique, 
économique  et  social  de  la  France  qu’a  travaillé  sans  relâche,  sans  souci  des  haines  et  des 
calomnies  de  ses  multiples  adversaires,  le  ministère  dans  lequel  un  homme  d’État  aussi 
aimé  qu'éminent  m*a  fait  Phônneür  de  m'appeler. 

Tandis  que  le  ministère  Waldeek-Rousseati  rétablissait  la  tranquillité  troublée  parles 
agitations  des  ennemis  de  la  République  et  mettait  nos  institutions  à  l'abri  de  leurs  me¬ 
nées,  tandis  qu'il  accomplissait  la  réforme  des  boissons,  celle  des  droits  de  succession, 
celle  du  régime  hypothécaire,  celle  de  Pâmée  coloniale  et  tant  d'autres  de  moindre  impor¬ 
tance,  depuis  longtemps  réclamées  par  la  démocratie,  tandis  qu’il  consolidait  les  alliances 
de  la  France  et  fortifiait  ta  paix  en  accroissant  la  valeur  matérielle  et  morale  de  notre 
armée  et  de  notre  pays,  il  posait  devant  le  pays  les  deux  plus  grands  problèmes  qu'il 
appartienne  à  notre  temps  de  résoudre: 

Dans  le  domaine  social,  le  problème  des  retraites  ouvrières,  do  ut  la  solution  prochaine 
assurera  le  bien-être  des  vieux  travailleurs; 

Dans  le  domaine  politique,  le  problème  dfjs  rapports  de  TÉtat  laïque  avec  l'Église  et 
les  congrégations  religieuses,  vers  la  solution  duquel  un  premier  et  grand  pas  a  été  fait  par 
la  loi  sur  les  associations  du  l*r  juillet  1901 . 

C'est  dans  cette  œuvre  poursuivie  avec  ténacité,  h  travers  tous  les  obstacles;  c'est  dans 
la  confiance  en  l'avenir  que  cette  œuvre  a  inspirée  aux  républicains;  c'est  dans  le  progrès 
général  des  idées  qui  en  est  résulté,  que  se  trouve  la  principale  raison  de  ïa  durée  excep¬ 
tionnelle  du  ministère  Waldeck-tfousseau,  car  le  peuple  est  confiant  quand  le  Gouverne¬ 
ment  agit. 

Comme  Ministre  de  la  Marine,  je  me  suis  efforcé  d'accroître  la  puissance  militaire  de 
notre  flotte  et  d'améliorer,  dans  toute  la  mesure  de  mes  pouvoirs,  la  situation  morale  et 
matérielle  du  personnel  placé  sous  mes  ordres,  en  me  préoccupant  des  petits.  J'ai  pria  en 


- - 


N°  H  62 


—  667  — 

lêmc  temps  les  mesures  nécessaires  pour  que  partout,  dans  les  arsenaux  et  sur  la  flotte 
m  respecte  le  Gouvernement  de  la  République  et  la  liberté  des  consciences. 

Les  témoignages  répétés  de  reconnaissance  qui  m’ont  été  donnés  par  le  personnel  des 
ifsensux  et  l’attitude  do  celui  de  la  flotto  me  sont  une  preuve  que  mes  sentiments  ont  été 
(ompriset  que  l’action  républicaine  du  Gouvernement  a  fait  pénétrer  son  influence  dans 
tous  les  services  du  Département  de  la  Marine. 

A  vous,  me»  cher*  Concitoyens,  de  vous  prononcer  sur  la  manière  dont  j'ai  rempli  le 
Blindât  que  vous  m'avez  confié  en  1898. 

Depuis  près  de  vingt-cinq  ans  je  me  suis  consacré  tout  entier  au  service  de  mon 
«*■ 

Tour  à  tour  député,  gouverneur  général  de  la  plus  importante  de  nos  colonies  pendant 
la penode  la  plus  difficile  de  son  histoire,  membre  du  Gouvernement  dans  une  heure 
lr#lêe,  je  n  ai  jamais  reculé  devant  aucune  des  responsabilités  qu’impose  l’exercice  du 
jouvoir.  A  vous  de  dire  si  mes  services  passés  me  rendent  digne  de  servir  encore  la  France 
iaRêpiibliqu  ;  et  la  démocratie. 


de  LANESSAN, 
Ministre  de  la  Marine, 
Député  sortant. 


Mandat  législatif 

Le  Comité  central  des  républicains  radicaux,  le  Comité  radical,  le  Comité  de  l’Union 
ch  républicains  radicaux,  le  Comité  de  défense  républicaine, 

Considérant  : 

1“ Que  la  République  est  l'instrument  nécessaire  à  tous  les  progrès  politiques  et  so 
WBX  et  qu’il  importe,  par  conséquent,  de  la  défendre  contre  toutes  les  entreprises  des 
«B*  partis  qui,  ouvertement  ou  hypocritement,  cherchent  à  s’eu  rendre  les  malères' 

Que,  sans  abandonner  aucune  des  réformes  de  leur  programme,  les  républicains 
«  la  devoir  de  s’attacher  à  la  réalisation  de  celles  qui  sont  les  plus  urgentes  et  qui  peu- 
MUboutir  à  la  création  d’un  ordre  social  dont  la  justice  et  la  solidarité  sont  le  fonde- 

I^r  1'  arrivçr>  il  im^rte  d’a™r  la  iibertédans  les  lois,  la  stabilité  et  l’au- 
nc  dans  le  Gouvernement,  tout  en  émancipant  moralement  et  matériellement  la  classe  des 
"tailleurs,  au  profit  de  laquelle  surtout  doivent  se  faire  les  réformes 
|MîpeQt  au  candidat,  pour  être  accepté  et  signé  par  lui,  avec  engagement  d’hou- 
de  travailler  de  toutes  ses  forces  à  sa  réalisation,  le  mandat  législatif  suivant  : 

Abticie  pufmieh.  Poursuivre  la  décentralisation  administrative  par  l’extension  dos 
2^  des  Conseils  généraux  et  le  développement  des  franchises  iupiS”  S 
htlfs  mesures  proposées  n’auront  rien  de  contraire  aux  intérêts  général  du  pays  o 
t Moitié ii  de  l’unité  nationale.  Assurer  à  la  ville  de  Lyon,  pour  sa  représentation  au 
■Uu  Conseil  général,  un  nombre  de  conseillers  proportionnel  à  celui  de  ses  habi- 

1,01-8  du  territojr0  de  Ia  République,  les  membres  des  familles 

ir  veSw' p  3  l|rSBW|  B’°PP?er  à  t0Ute  a“iniEtie  P°Ur  les  conda‘«nés  de  la  Haute 
L  veiller  a  1  expulsion  de  tous  les  membres  étranger*  des  cou grôga lions  non  autorisées. 

Aht.3.  -  Réduire  à  deux  ans  la  durée  du  service  münaire  avec  la  suppression  de 


—  668  — 

toutes  les  dispenses  qui  n’auraient  pas  pour  cause  une  infirmité  physique.  N’admettre  daai 
les  services  auxiliaires  que  les  hommes  absolument  incapables  de  faire  un  service  actif. 
Concilier,  dans  la  mesure  du  possible,  cette  réduction  du  service  avec  les  nécessités  de  li 
défense  nationale,  en  créant  notamment  des  écoles  de  sous-officier?  et  en  autorisant  les 
rengagements.  Réduire  les  périodes  d’exercices.  Supprimer  les  conseils  de  guerre  en  temps 
de  paix,  et  en  attendant  la  réalisation  de  cette  masure,  voter  la  modification  du  Code  de 
justice  militaire  pour  en  mettre  les  pénalités  en  harmonie  avec  les  progrès  de  la  civili¬ 
sation. 

Art.  h ■  —  Réduire  les  dépenses  publiques  en  réalisant  toutes  les  économies  campa- 
tibles  avec  la  dignité  et  la  sécurité  du  pays.  Réformer  l’assiette  de  l’impôt  de  façon  que  les 
contributions  publiques  se  trouvent  également  réparties  entre  tous  les  citoyens  en  raison 
de  leurs  facultés.  Diminuer  tous  les  impôts  qui  constituent  une  entrave  au  commerce.  Mo¬ 
dérer  les  contributions  d’après  les  charges  de  famille  et  les  augmenter  d  après  les  indices 
de  luxe.  Réduire  les  dépenses  exagérées  de  toutes  les  administrations.  Faire  faire  la  révision 
du  cadastre  par  les  communes.  Eviter  l'emploi  des  douzièmes  provisoires;  voter,  en  consé¬ 
quence,  le  budget  avant  le  31  décembre  de  chaque  année;  ne  proposer  aucune  augmenta¬ 
tion  de  dépenses  sans  signaler  en  même  temps  la  ressource  qui  servira  à  y  faire  face.  Sup¬ 
primer  les  sinécures.  Réduire  le  fonctionnarisme  dans  la  plus  large  mesure  possible,  notam¬ 
ment  par  la  diminution  des  gros  traitements  ;  rechercher  les  moyens  d’assurer  la  retraite 
des  fonctionnaires  de  tous  ordres  par  une  entente  de  l’État,  des  départements  ou  des  com¬ 
munes,  avec  les  sociétés  de  prévoyance. 

Dès  à  présent,  s’opposer  à  l’emploi,  dans  les  services  publics  rétribués,  des  retraités 
civils  ou  militaires.  Proposer  enfin  que  tout  fonctionnaire,  soit  en  activité,  soit  même  en  re¬ 
traite,  au  cas  où  il  serait  élu  à  une  fonction  rétribuée,  ne  puisse  toucher  que  les  émolu¬ 
ments  attachés  à  ladite  fonction  élective,  son  droit  à  la  retraite  étant  provisoirement  sup- 
primé. 

Art,  5,  —  Voter  les  mesures  propres  à  mettre  en  valeur  la  domaine  colonial  de  la 
France.  Favoriser  Fémigration  et  les  entreprises  françaises  aux  colonies.  Accorder  km 
dernières  une  plus  grande  indépendance  administrative  et  financière,  et  augmenter  leur  res* 
ponsabilité  en  mettant,  autant  que  possible,  à  leur  charge,  les  dépenses  nécessaires  m 
travaux  publics* 

Art.  6.  —  Poursuivre  la  laïcisation  des  services  publics*  Activer  la  séparation  des 
Églises  et  de  FÉtat*  Voter  l’abrogation  de  la  loi  Falloux, 

Art .  7*  —  Diminuer  les  frais  de  justice.  Étendre  la  compétence  des  juges  de  pais  et 
modifier  le  recrutement  de  ces  magistrats.  Étendre  la  compétence  de  la  juridiction 
prud’hommes  et  organiser,  dans  ces  tribunaux,  des  sections  particulières  pour  trancher  des 
conflits  individuels  entre  patrons  et  employés. 

Art,  8.  —  Créer,  dans  tous  les  ordres  d’enseignement,  des  sections  commercial&s,  in* 
dustrielles  et  agricoles.  Assurer  la  gratuite  de  renseignement  secondaire  aux  enfants  du 
peuple  reconnus,  après  concours,  aptes  à  en  profiter*  Rendre  accessible  aux  mêmes  en¬ 
fants  l’accès  des  hautes  études.  Maintenir,  avec  les  sanctions  actuelles,  la  loi  sur  les 
ciations  et  notamment  l’article  H,  suivant  lequel  :  «  Nul  n’est  admis  à  diriger,  soit  directe; 
ment,  soit  par  personne  interposée,  un  établissement  d’enseignement,  de  quelque  ordre 
qu’il  soit,  ni  à  y  donner  Renseignement  s’il  appartient  à  une  congrégation  non  autorisée»! 
Exiger  de  tous  les  maîtres  d'écoles  privées  les  titres  nécessaires  pour  les  écoles  publique, 
et  donner  en  même  temps  à  l’État  un  droit  de  contrôle  sur  Renseignement  des  écoles 
vées.  Prendre  des  mesures  pour  que  l'instruction  des  enfants  des  fonctionnaires  de  tocs 
ordres  soit  donnée  par  les  établissements  de  l’État. 

Art.  9,  —  Poursuivre  ia  réforme  des  syndicats  professionnels  et,  dans  ce  but,  d^ 


—  669  — 


H62 


part,  augmenter  la  capacité  (les  syndicats,  soit  en  ce  qui  concerne  îe  droit  de  posséder, 
soit  en  ce  qui  concerne  le  droit  de  faire  le  commerce;  d'autre  part,  assurer  des  sanctions 
plus  énergiques  à  la  loi  sur  les  syndicats. 

Art.  io.  —  S'inspirer  de  la  liberté  des  échanges  et  des  intérêts  généraux  du  commerce, 
de  l'industrie  et  de  1 7 agriculture  dans  les  traités  internationaux,  les  tarifs  de  douanes  et  les 
tarifs  de  chemins  de  fer.  Veiller  à  ce  que  ces  intérêts  généraux  ne  soient  jamais  sacrifiés  à 
ceux  d'une  province  ou  d’une  industrie  particulière.  Éviter  que  des  droits  puissent  être  ap¬ 
pliqués  à  une  industrie  par  voie  budgétaire  sans  avoir,  au  préalable,  été  étudiés  par  des 
Commissions  compétentes.  Dans  la  conclusion  des  traités  de  commerce,  sauvegarder  enfin, 
d'une  façon  efficace,  les  intérêts  de  l’industrie  lyonnaise  de  la  soierie. 

Art.  11.  —  Poursuivre  le  développement  môthoüque  de  la  législation  ouvrière.  Favo¬ 
riser  toutes  les  institutions  destinées  à  améliorer  la  condition  juridique  et  morale  des 
travailleurs  des  deux  sexes.  Subventionner  les  sociétés  de  secours  mutuels  et  de  retraites, 
envisagées  comme  le  moyen  le  meilleur  et  le  plus  pacifique  de  résoudre  les  problèmes  so¬ 
ciaux,  Encourager  les  institutions  qui  ont  pour  but  de  porter  remède  à  la  situation  précaire 
des  travailleurs  et  celles  notamment  qui  se  proposent  de  mettre  les  salariés  à  l’abri  des 
risques  de  maladies,  d’accidents,  d’invalidité  ou  de  vieillesse  et  de  chômage  involontaire. 
Poursuivre  l’élaboration  du  projet  Mülerand  concernant  la  création  des  caisses  de  retraite 
pour  les  vieux  travailleurs,  en  se  conformant  le  plus  possible  aux  desiderata  des  syndicats 
professionnels.  Créer  et  encourager  des  orphelinats  laïques  et  des  sociétés  protectrices  de 
l’enfance* 

Art.  12.  —  Maintenir,  pour  la  Chambre  des  Députés,  le  mandat  de  quatre  ans  et  le  re- 
□ouvellement  intégral  Rechercher  le  moyen,  compatible  avec  la  dignité  et  l’exercice  de  son 
mandat,  d’obliger  le  député  de  voter  par  lui-même  et  non  par  procuration.  Modifier,  tant  au 
point  de  vue  de  l’initiative  parlementaire  que  de  la  pratique  des  interpellations,  le  règle¬ 
ment  des  Chambres*  Donner  à  la  ville  de  Lyon,  pour  les  élections  des  sénateurs,  uu  nombre 
de  délégués  proportionnel  avec  le  chiffre  de  sa  population. 

Art,  13.  —  S’inspirer  dans  toutes  les  circonstances  difficiles,  des  sentiments  des  élec¬ 
teurs  réunis  en  comité  de  circonscription. 


2e  circonscription  de  LYON 

M,  GOURD 

Élu  au  lor  tour  de  scrutin.  —  5472  voix. 


L’Union  des  comités  des  républicains  libéraux,  des  républicains  progressistes  et  des 
républicains  ouvriers  du  2e  arrondissement  adresse  aux  électeurs  la  circulaire  suivante  ; 

Électeurs, 

Vous  savez  qui  nous  sommes. 

Vous  connaissez  déjà  notre  programme- 

Nous  repoussons  les  innovations  dangereuses  que  demande  ou  désire  la  coalition  radi¬ 
cale-socialiste. 

Nous  sommes  : 


Contre  la  séparation  de  l’Église  et  de  l’Êtât  ; 

Contre  toute  aiteinte  à  la  liberté  du  travail  et  à  la  propriété  individuelle  ; 

Contre  le  développement  des  monopoles  et,  eo  particulier,  contre  le  monopole  de  l’al- 
cool  et  le  rachaL  des  chemins  de  Fer  par  l’État  ; 

Contre  l’impôt  global  et  progressif  sur  le  revenu, 

Kous  voulons  ; 

Le  rélablïîfSemeRtj  à  tout  prix,  de  l'équilibre  budgélairè'et,  au  besoin,  pour  l’obtenir, 
soit  la  plus  étroite  limitation,  soit  môme  la  suppression  du  droit  d’initiative  parlementaire 
en  matière  de  dépenses  ; 

Le  plus  large  développement  de  PiûMnjotion  publique  sous  toutes  ses  formes  ; 

Le  respect  absolu  de  ia  liberté  de  conscience,  garantie  par  la  Déclaration  des  Droils  de 
l’homme  et  du  citoyen  (art,  10): 

L’égalité  devant  la  loi  promise  par  elle  à  tous  les  citoyens  {art,  6)  ; 

L1  admissibilité  de  tous  les  citoyens  «  à  toutes  les  dignités,  places  et  emplois  publics, 
selon  leurs  capacités,  et  sans  autre  distinction  que  celle  de  leurs  venus  et  de  leurs  talents  « 
(même  Déclaration,  arL  6): 

Une  j  uste  indépendance  des  fonctionnaires,  desquels  l’Êtat  ne  doit  pas  exiger  autre  chose 
que  la  dignité  de  la  vie  privée.  Je  respect  de  la  Constitution  et  des  lois,  l’accomplissement 
de  leurs  obligations  professionnelles  ; 

La  liberté  d’association  ; 

La  liberté  d’enseignement; 

L'allégement  des  charges  militaires  par  la  réduction  de  la  durée  du  service,  dans  la 
mesure  où  il  sera  possible  de  l’obtenir  sans  affaiblir  l'armée  ni  compromettre  la  sécurité  du 
pays  ; 

L’année  soustraite  à  l’action  des  partis  ; 

La  participation  de  l’État  dans  la  suppression  des  octrois  i 

L’amélioration  de  la  condition  des  travailleurs  : 

Par  les  progrès  incessants  dans  les  lois  et  règlements  sur  Phygiène  et  l’assistance 
publiques  ; 

Par  l’allégement  des  charges  qui  pèsent  sur  le  petit  commerce,  si  éprouvé  à  cette 
heure  ; 

Par  l’extension  aux  employés  de  commerce,  autant  que  Panalogîe  des  situations  le 
comportera,  des  lois  faites  pour  rendre  meilleure  la  condition  des  ouvtiers; 

Par  le  développement  de  toutes  les  institutions  d’assistance  mutuelle,  de  prévoyance  et 
d’épargne  ; 

Par  une  liberté  plus  grande  laissée  aux  Caisses  d'épargne  de  disposer  des  revenus  de 
leur  fortune  personnelle,  pour  aider  au  développement  des  institutions  d  assistance  mutuelle 
et  d’intérêt  social; 

Par  l'élaboration  d’une  loi  sur  les  retraites  ouvrières  qui  fasse  de  préférence  appel  aux 
efforts  de  la  mutualité,  encouragés  et  complétés  par  les  subventions  de  l’État; 

Par  la  recherche  constante  de  îa  répartition  la  plus  équitable  des  impôts,  aussi  bien 
des  taxes  de  remplacementdes  droits  d’octroi  que  de  tous  les  autres  impôts  sans  exception  ; 

Un  gouvernement  qui,  aussi  résolument  libéral  que  sagement  réformateur,  s’applique 
à  assurer  au  pays,  l’apaisement,  la  concorde,  l’ordre,  le  progrès  dans  la  liberté. 

Électeurs, 

Vous  ne  vous  laisserez  pas  égarer  par  les  déclarations  d’une  modération  calculée  que 
fait  entendre  et  que  répand  un  de  nos  adversaires,  M.  Clapet,  et  que  démentent  tous  les 
actes  de  sa  vie  publique* 

Vous  ne  vous  laisserez  pas  tromper  par  le  Changement  de  front  d’un  autre,  M.  Afïre, 
qui,  après  avoir  été  socialiste-révolutionnaire,  puis  simple  socialiste,  invoque  aujourd'hui 


—  071  —  N°  1102 

l’Action  Républicaine  (parti  radical  et  radical-socialiste),  parmi  les  chefs  de  laquelle  figurent 
d'ailleurs  MM.  Brisson,  Pelletan  et  Hubbard, 

Vous  ne  vous  méprendrez  pas  sur  ïa  tactique  des  comités  radicaux,  radicaux-socialistes 
et  socialistes  de  l'arrondissement. 

Ils  étaient  unis  sur  les  noms  de  candidats  communs,  aux  élections  pour  le  conseil 
d’arrondissement  en  1895,  1896  et  1901,  pour  le  conseil  général  en  1895,  1898  et  1901, 
pour  le  conseil  municipal  en  1900,  pour  la  Chambre  en  1898. 

Ils  ne  se  divisant  qu’en  apparence  aujourd’hui.  Ils  ne  vous  présentent  plusieurs 
candidats  que  pour  essayer  de  rendre  un  ballottage  nécessaire,  fermement  résolus  dés  main¬ 
tenant  à  concentrer,  le  cas  échéant,  tous  leurs  elTorts  sur  un  seul  nom,  au  second  tour. 

M.  Affre,  aujourd’hui  i’un  des  concurrents  apparents  de  M.  Clapot,  signait,  pour  soute¬ 
nir  M,  Clapot,  à  l’élection  iégislaiive  de  1898,  des  affiches  au  nom  de  l’Alliance  socialiste 
du  2e  arrondissement. 

M-  Affre  lui-même  était,  à  l’élection  pour  le  conseil  général  de  1894,  le  candidat  de  la 
concentration  des  forces  socialistes  du  2e  arrondissement,  qui  patronne  aujourd’tiu 
M.  Arnaud,  un  autre  des  concurrents  apparents  de  M.  Ciapot. 

Qui  trompe-t-on? 

Pour  qui  vous  prend-on  î 

Vous  avez,  en  réalité,  devant  vous,  dans  MM,  Ciapot,  Affre  et  Arnaud,  et  dans  les  comités 
dont  ils  sont  les  candidats,  la  vieille  concentration  radicale-socialiste  du  2®  arrondissement, 
qui,  après  avoir  toujours  soutenu  les  ministères  les  plug  avancés,  soutient  de  toutes  ses 
forces  le  ministère  actuel. 

Vous  venez  de  la  battre  douze  fois,  sans  interruption,  en  liu't  ans  : 

Deux  fois  pour  la  députation  ; 

Deux  fois  pour  !e  conseil  municipal  ; 

Quatre  fois  pour  le  conseil  généra!  ; 

Cinq  fois  pour  le  conseil  d’arrondissement. 

Vous  ne  voudrez  pas  vous  déjuger.  ’ 

Vous  la  battrez  de  nouveau,  au  scrutin  du  27  avril. 

Electeurs, 

Nous  présentons  à  vus  suffrages  celui  des  nôtres  que  les  électeurs  du  premier  canton 
ont  trois  fois  de  suite  élu  ru  cons  ul  général  ;  qui  depuis  quatre  ans  représente  notre  arron¬ 
dissement  au  Parlement;  qui,  au  Parlement  comme  au  Conseil  général,  a  fidèlement  rempli 
Jon  inün  lat  avec  une  assiduité  et  un  talent  incontestés;  dont  les  discours,  comme  les  votes, 
oui  constamment  défendu  notre,  programme  ;  et  dont  la  courtoisie,  l’urbanité  et  la  probité 
politique  soûl  reconnues  même  par  nos  adversaires: 

Alphonse  GOURD, 

Docteur  en  droit,  avocat  k  la  cour  d’appel,  membre  du 
conseil  de  la  Caisse  d’épargne  et  de  prévoyance 
du  Rhône,  délégué  cantonal,  conseiller  général 
du  premier  canton  de  Lyon,  Député  sortant. 


Vive  la  République  I 


—  672  — 


3°  circonscription  de  LYON 
M.  BRUNARD 

Élu  au  2°  tour  de  scutin.  —  6.56îi  voix. 


Citoyens, 

Les  élections  générales  auxquelles,  dimanche  prochain,  27  avril,  vous  allez  prendre 
part  auront  sur  la  politique  du  pays  une  influence  considérable. 

On  peut  juger  de  l’importance  de  celte  consultation  du  suffrage  universel  par  l’ardeur 
que,  de  tous  côtés,  les  ennemis  plus  ou  moins  masqués  de  nos  institutions  déploient  pour 
capter  la  confiance  des  électeurs. 

Certes,  la  République  est  inébranlable  et,  tous,  aujourd’hui,  doivent  s  incliner  devant 
sa  loi  souveraine.  Mais  les  rétrogrades  habiles  ne  le  fout  qu’avec  l’arrière-pensée,  si  jamais 
ils  étaient  les  plus  forls,  de  s’emparer  du  gouvernement  pour  en  fausser  les  rouages  et  en 

dénaturer  le  principe.  , 

Vous  saurez  déjouer  ces  manœuvres,  conjurer  ce  danger,  en  écartant  résolument  des 

urnes  leurs  candidatures  suspectes,  pour  porter  votre  choix  sur  le  candidat  que  vous  pré¬ 
sente  le  comité  de  l’Union  des  républicains  radicaux  et  socialistes  du  3e  arrondissement,  le 
citoyen  J.  BRUNARD,  ex-entrepreneur  de  serrurerie,  ex-conseiller  prud'homme. 

Depuis  de  longues  années,  vous  lui  avez  accordé  votre  confiance  en  l’envoyant  siéger 
d’abord  au  conseil  d’arrondissement,  puis  au  conseil  inunisipal. 

Adjoint  au  maire  de  Lyon  au  3e  arrondissement,  il  a  su,  par  ses  convictions  démocra¬ 
tiques  autant  que  par  ses  sentiments  de  philanthropie,  se  concilier  toutes  les  sympathies. 
Loin  de  Tenier  son  humble  origine,  il  la  revendique  avec  orgueil,  car  il  est  le  fils  de  ses 
œuvres  et  ne  doit  rien  qu’à  son  travail,  son  énergie  et  sa  persévérance  intelligente. 

Aujourd’hui,  l’opinion  publique  lui  décerne  la  récompense  de  toute  une  vie  d’honneur 
en  le  désignant  pour  représenter  à  la  Chambre  des  Députés,  aux  côtés  des  Brisson,  des  Léon 
Bourgeois,  continuateurs  du  grand  patriote  Gambetta,  l’active  et  républicaine  population  de 
la  troisième  circonscription  du  Rhône. 

Nous  vous  demandons  de  ratifier  cette  désignation  en  votant  tous  pour  ce  démocrate 
sincère,  resté  toujours  fidèle  à  ses  engagements,  et  qui  accepte  dans  toute  sa  teneur  le  pro¬ 
gramme  du  parti  radical  et  radical-socialiste  consacré  par  le  congrès  tenu  à  Paris  en 
juin  1901  et  dont  voici  les  grandes  lignes  : 

Respect  de  la  liberté  de  conscience,  mais  résistance  énergique  aux  empiétements  du 
cléricalisme;  respect  absolu  de  la  propriété  individuelle  et  accession  a  cette  propriété  du 
plus  grand  nombre;  assistance  et  solidarité  sociales  largement  pratiquées  en  faveur  des 
vieillards,  des  femmes  et  des  enfants  ;  protection  des  petits  commerçants  et  des  petits  pro¬ 
priétaires  contre  la  féodalité  financière;  impôt  général  sur  le  revenu,  sans  inquisition  ni 
taxation  arbitraire;  service  militaire  de  deux  ans;  retraites  ouvrières,  abrogation  de  la  loi 

Falloux,  ,  .  _  . ,  ,  . 

C3est  ce  programme,  dont  la  réalisation,  source  d’amélioration  sociale,  développera  la 

prospérité  intérieure  et  extérieure  du  pays,  que  le  candidat  que  nous  vous  présentons  s’ap¬ 
pliquera  à  défendre  avec  fidélité  et  loyauté.  Il  saura  de  même  prendre  énergiquement  en  mains 
les  intérêts  du  quartier  et  s’engage  à  rester  en  relations  fréquentes  avec  ses  électeurs. 


—  m  - 


N®  H  62 


Citoyens, 

L’ardeur  avec  laquelle  se  poursuit  la  lune  électorale  est  une  preuve  de  cette  vitalité 
poétique  qu’on  ne  rencontre  que  chez  les  peuples  libres.  Elle  ne  serait  à  regretter  que  si, 
pjr  une  impardonnable  faute  de  tactique,  nous  ne  savions  rester  unis  pour  faire  face  à  la 
coalition  c’êricale  que  nous  avons  à  vaincre. 

Cette  faute,  vous  ne  la  commettrez  pas.  Dans  votre  bon  sens  éclairé,  dans  votre  sincé¬ 
rité  républicaine,  vous  éviterez  le  piège  grossier  du  nationalisme,  ce  parti  hybride,  qui, 
pour  atteindre  son  but  et  satisfaire  ses  ra  cunes,  ne  craint  pas  de  s’allier  aux  pires  ennemis 
de  la  République. 

Aux  urnes!  Pas  d'abst  niions  !  Votez  tous  pour  le  citoyen 

J.  BRUNARD, 

Ex-entrepreneur  de  serrurerie,  Président 
du  Denier  des  écoles  de  la  Guillo- 
tière,  Adjoint  au  maire  de  Lyon, 
Conseiller  d’arrondissement  de  la 
Guiilotière. 

Vive  la  République  démocratique  et  sociale! 

(Suivent  les  signatures.) 


4n  circonscription  de  LYON 

M.  CAZENEUVE 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  5.220  voix. 


Comité  de  l’Union  des  républicaiks  radicaux  et  radicaux-socialistes  du  3e  Arrondissement. 

Citoyens, 

Di  hanche  27  avril,  vous  ôtes  appelés  à  élire  voire  représentant  à  la  Chambre  des 
D  putés.  Le  comité  de  l’Union  des  républicains  radicaux  et  radicaux-socialistes  du  3e  arron¬ 
dissement  pfésen  e  à  vos  suffrages,  dans  la  circonscription,  le  citoyen  docteur  P.  Caze- 
n  uve,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine,  pré-ident  du  Conseil  généi.al. 

A  deux  reprises  et  à  une  grosse  majorité,  vous  avez  nommé  le  citoyen  docteur 
P.  Cazeneuve  conseiller  général  de  ta  Guiilotière.  Depuis  huit  ans  qu’il  est  investi  de  ce 
mandat,  il  en  a  rempli  les  devoirs  avec  un  dévouement  connu  de  tous.  Ses  collègues, 
appréciant  sa  fermeté  républicaine  autant  que  ses  qualités  de  caractère,  luiontconfié  quatre 
ans  de  sui  e  la  vice-présidence  de  l’ Assemblée  départementale  et  1  ont  élevé  à  la  présidence 
à  la  session  d’août  dernière. 

Aujourd’hui,  l’opinion  publque  le  désigne  pour  re.rêsenter  à  la  Chambre  des  Députés 
celle  population  républicaine  de  la  circonscription. 

Votre  devoir  e  t  tout  tracé  t 

Vous  voterez  tous  pour  le  démocrate  sincère  qui  n’a  jamais  failli  à  ses  engagements  et 
qui  accepte  dans  toute  sa  teneur  le  programme  radical  et  radical-so  -ialiste  consacré  par  le 
congrès  parisien  de  juin  1901. 

Si  vous  lui  accordez  vos  sulïrages,  il  ira  siéger  aux  côtés  des  Brisso  i,  des  Léon  Bour- 


P5 


—  674  — 

geoîs,  de  tous  ces  vaillants  républicains,  héritiers  des  grandes  idées  de  Gambetta,  qui 
consacrent  leur  vie  si  laborieuse  aux  améliorations  sociales  de  notre  pays  et  h  3a  consolida¬ 
tion  de  sa  force  intérieure  et  extérieure* 

Le  respect  de  la  liberté  de  confidence  compatible  avec  la  lutte  infatigable  contre  le 
cléricalisme*  le  respect  absolu  de  la  propriété  individuelle  et  l’accession  à  cette  propriété 
du  plus  grand  nombre,  l’assistance  et  la  solidarité  sociale  largement  pratiquées  en  faveur 
des  vieillards,  des  femmes  et  des  enfants;  la  protection  des  petits  commerçants  et  des  petits 
propriétaires  contre  la  féodalité  financière,  l’impôt  général  sur  le  revenu  sans  inquisition  ni 
taxation  arbitraire,  le  service  militaire  de  deux  ans;  les  retraites  ouvrières,  l’abrogation  de 
la  loi  Falïoux  : 

Telles  sont  les  grandes  lignes  du  programme  politique  qu’il  saura  défendre  à  la  tribune 
de  la  Chambre,  avec  son  intelligence  et  son  cœur* 

Le  candidat  restera  en  relations  fréquentes  avec  ses  électeurs  et  leur  promet  de 
prendre  en  main  les  intérêts  du  quartier  avec  la  plus  grande  énergie* 

Citoyens, 

Unissez-vous  contre  tous  les  partis  de  droite  qui  s’affublent  mensongèrement  du  nom 
de  républicains;  marchez  contre  la  coalition  cléricale,  contre  ce  parti  de  factieux  qui,  sous 
le  nom  de  nationalisme*  cherche  à  tromper  le  pays  en  prétendant  au  monopole  du  patrio¬ 
tisme,  qui  s’insurge  contre  les  lois  et  veut  renverser  la  République* 

Aux  urnes  1  pas  d’abstentions  !  Votez  tou^  pour  le  citoyen 

W  CAZENEUVE 

Professeur  à  la  Faculté  de  médecine,  président  du  comice  agricole  de  Villeurbanne, 
président  de  la  Société  de  patronage  des  enfants  pauvres  de  la  ville  de  Lyon, 
président  du  Conseil  général  du  Rhône,  Conseiller  général  de  la  Guiilotière* 

Vive  la  République  démocratique  et  sociale  ! 

(Suivent  les  signatures.) 


5e  circonscription  de  LYON 

M*  KRÀÜSS 

Élu  au  i'r  tour  de  scrutin*  —  3*790  voix. 


Comité  de  l’union  des  travailleurs  socialistes  du  If  arrondissement* 

Aux  Électeurs  de  la  5fl  circonscription* 

Citoyens, 

Le  comité  de  l’union  des  travailleurs  socialistes  présente  à  vos  suffrages,  pour  le  scru¬ 
tin  du  27  avril,  le  citoyen  Ph.  Krauss,  député  sortant* 

Nous  n’avons  pas  à  justifier  longuement  ce  choix* 

Durant  les  quatre  années  législatives  qui  viennent  de  s’écouler,  le  citoyen  Krauss  s’est 
attaché  à  réaliser  les  divers  points  du  programme  qu'il  avait  accepté,  et  tous  les  votes  qu’il 
a  émis  sont  tous  conformes  au  mandat  qu’il  avait  reçu  de  vous* 


_  67S  —  N'  iièâ 

N’ayant  pas  failli  à  ses  engagements,  il  ne  doit  pas  avoir  démérité  de  votre 

coniiance.  . 

Mais  à  côté  de  la  personnalité  elle-même  du  candidat,  il  est  bon  d’indiquer  d  une 

façun  très  précise  le  caractère  de  la  bataille  électorale. 

Les  élections  législatives  revêtent  cette  année  une  importance  exceptionnelle. 

Toutes  les  réactions  coalisées,  dissimulées  derrière  une  étiquette  mensongère  et  trom¬ 
peuse,  livrent  un  assaut  formidable  à  la  forme  même  des  institutions  républicaines 'que  la 
France  s’est  librement  données. 

Ce  sont  toutes  les  forces  du  passé,  de  ce  passé  d’obscurantisme  et  d’asservissement, 
qui  se  dressent  devant  l’idée  républicaine  et  socialiste,  pour  barrer  la  route  au  progrès, 
pour  empêcher  le  triomphe  définitif  de  la  démocratie  dans  la  république  sociale. 

Le  parti  socialiste,  qui  n’a  cessé  d’être  à  l’avant-garde  du  parti  républicain,  tient  à 
honneur  d’être  au  premier  rang  dans  la  bataille,  avec  son  drapeau  largement  déployé,  avec 
son  programme  nettement  affirmé. 

Il  veut  que,  non  seulement  les  électeurs  se  prononcent  entre  la  République  et  la 
réaction,  mais  il  veut  également  que  les  électeurs  affirment  leurs  désirs  de  réformes  poli¬ 
tiques  et  économiques. 

Si,  durant  ces  deux  dernières  années,  il  a  été  réalisé  quelque  chose  dans  le  domaine 
légistatif,  combien  reste-t-il  à  réaliser  pour  que  les  travailleurs  aient  le  produit  intégral  de 
leur  travail,  pour  que  les  petits  commerçants  soient  soustraits  à  l’âpre  concurrencé  des 
grands  bazars  et  des  grands  magasins,  pour  que  tous,  enfin,  aient  légitimement  leur  part 

de  liberté  politique,  d’égalité  et  de  justice  sociale. 

C’est  là  la  raison  même  du  programme  de  réformes  immédiates  réclamées  par  le  Parti 
socialiste,  qui  montre  ainsi  qu’il  n’est  pas  partisan  de  la  politique  du  toutou  rien. 

Il  laut  également  que  les  électeurs  affirment  leur  foi  socialiste. 

Notre  parti  a  indiqué,  dans  une  formule  simple,  son  but,  son  action,  ses  moyens, 
quand,  dans  ses  différents  congrès,  il  synthétisait  ainsi  sa  doctrine  : 

«  Entente  internationale  des  travailleurs  ;  organisation  politique  et  économique  des 
travailleurs  en  parti  de  classe,  pour  la  conquête  des  pouvoirs  et  la  socialisation  des  moyens 
de  production  et  d’échange,  c’est-à-dire  la  transformation  de  la  société  capitaliste  en  une 
société  collectiviste  ou  communiste.  « 

C’est  cette  affirmation  de  votre  idéal  socialiste,  c’est  aussi  cette  affirmation  de  votre  foi 
républicaine  que  nous  vous  demandons  de  faire  en  votant  le  27  avril  pour  le  citoyen 
Pli.  Krauss. 

Citoyens, 

Royalistes,  bonapartistes,  libéraux,  soi-disant  progressistes,  méfinistes,  tous  les  débris 
dé  ces  partis  de  réaction,  rangés  sous  la  bannière  du  nationalisme,  vont  à  la  lutte,  forts  de 
l’argent  que  les  duchesses  de  la  Pairie  française  ont  ramassé,  escomptant  nous  ne  savons 
quelle  lâcheté  des  consciences,  quelle  veulerie  des  électeurs. 

Ils  traitent  notre  pays  comme  si  déjà  il  était  leur. 

Mais  ils  ont  compté  sans  le  bon  sens  du  corps  électoral,  fet  ils  ont  surtout  compté  sans 
Rattachement  des  électeurs  croix-roussiens  à  la  République 

Vous  ferez  bonne  justice  de  toute  la  coaiïiion  réabiionnaire,  et  vous  ferez  triompher  là 
politique  de  progrès  et  de  réformes,  la  République  sÜciale,  en  taisant  sortir  des  urnes,  à 

une  grande  majorité*  le  nom  du  citoyen 

b  PU.  KRAUSS, 

Député  sortant, 

Candidat  républicain  socialiste. 

Le  Comilè  : 

(Suivent  les  signatures.) 


Programme  de  réformes» 


Le  Parti  socialiste,  repoussant  la  politique  du  tout  ou  rien,  a  un  programme  de  réfumes 
dont  il  poursuit  dès  ujaintenant  la  réalisation. 


h  —  Démocratisation  des  pouvoirs  politiques. 

1°  Suffrage  universel  direct,  sans  distinction  ’e  sexe,  et  dans  toutes  les  élections, 

2°  Réduction  du  temps  de  résidence. 

Scrutin  de  liste  avec  représemaiion  proportionnelle  dans  toutes  les  élections, 

3°  Mesures  législatives  pour  assurer  ïa  liberté  et  le  secret  -u  vote, 

4°  Droit  d'initiative  popufaire  de  ;eferendum. 

5°  Suppression  du  Sénat  et  de  la  Présidence  de  la  République,  Les  attributions  actuelles 
du  Président  de  la  République  et  du  Conseil  des  Minores  seront  dévolues  à  un  conseil 
exécutif,  nommé  par  le  Parlement* 

6°  Réglementation  par  la  loi  du  mandat  législatif,  révocable  par  un  vote  de  la  moitié 
plus  un  des  électeurs  inscrits, 

7°  Admission  des  femmes  à  toutes  les  fonctions  publiques, 

8°  Liberté  absolue  de  la  presse  et  de  réunion,  sous  îa  seule  garantie  du  droit  commun. 
—  Abrogation  de  toutes  les  lois  d'exception  sur  la  presse*  —  Liberté  des  as  ocia  ions 

civiles. 

9°  Pleine  autonomie  administrative  de  s  départements  et  des  c  m mimes,  sous  la  seule 
ré-erve  des  lois  garantissant  le  caractère  républicain,  démocratique  et  laïque  de  l'État. 

JL  —  Laïcisation  complète  de  l’État. 

Séparation  des  Eglises  et  de  l’État  ;  suppression  du  budget  dis  cultes  ;  interdiction 
de  l'action  politique  et  collective  des  Églises  contre  les  lois  civiles  et  les  libertés  répu¬ 
blicaines, 

2°  Suppression  des  congrégations ;  nationalisation  des  biens  de  mai-  morte  de  toute 
nature  leur  appartenant,  et  affectation  de  ces  biens  à  des  œuvres  d’assurance  et  de  solida¬ 
rité  sociales  ;  en  attendant,  interdiction  aux  congrégations  de  touie  entreprise  industrielle, 
agricole  et  commerciale.  . 

III.  —  Organisation  démocratique  et  humaine  de  la  justice, 

1°  Substitution  à  tous  les  tribunaux  actuels,  civils- ou  criminels,  de  tribunaux  formés 
par  un  jun  pris  sur  la  liste  électorale  et  par  d<  s  juges  élus  sous  dis  garanties  de  compé¬ 
tence  ;  le  jury  sera  formé  par  voie  du  tirage  au  sort  sur  des  listes  dressées  par  le  suffrage 
universel* 

2°  Gratuité  de  la  justice;  transformation  en  fonctions  publiques  des  offices  ministériels. 
Suppression  du  privilège  des  avocats, 

3°  Instruction  et  expertise  contradictoires  à  tous  les  degrés  et  sur  tous  les  points* 

4°  Substitution,  au  caractère  de  représailles  et  de  vindicte  des  pénalitésaotudles,  d'un 
système  de  préservation  et  d’amendement  du  condamné» 

5°  Abolition  de  îa  peine  de  mort. 

6*  Suppression  des  tribunaux  militaires  et  maritimes. 

iV.  —  Constitution  de  ta  famille  conformément  aux  droits  individuels. 

Abrogation  de  toutes  les  lois  qui  étüblisseni  l'infériorité  civil ^  des  re  mires  et  des 
enfants  naturels  ou  adultérins* 


-  677  —  N'  1182 

2“  Législation  plus  libérale  du  divorce  Loi  sur  la  recherche  de  la  paternité. 

V.  —  Éducation  humaine,  civique  et  professionnelle. 

r  Gratuité  de  l’enseignement  à  tous  les  degrés. 

2°  Entretien  des  enfants  à  la  charge  des  collectivités,  pour  le  premier  degré  de  rensei¬ 
gnement. 

3"  Pour  l'enseignement  secondaire  et  supérieur,  mise  à  la  charge  de  la  collectivité 
de  ceux  des  enfants  qui,  après  examen,  seront  reconnus  aptes  à  poursuivre  utilement  leurs 
Éludes. 

4“  Création  d’un  enseignement  populaire  sui  érieur. 

5" Monopole  de  l’enseignement  aux  trois  degrés  par  l’État;  subsidiairement,  inter¬ 
diction  à  tout  membre  du  clergé  régulier  et  séculier  d'ouvrir  une  é  oie  et  d’y  enseigner. 

\1.  —  Refonte  générale  du  système  d'impôts  dans  un  sens 
de  solidarité  sociale. 

1*  Abolition  de  tous  les  impôts  sur  les  objets  de  consommation  de  première  nécessité, 
et  des  quatre  contributions  directes;;  subsidiairement,  dégrèvement  de  toutes  les  petites 
cotes  foncières  et  des  petites  patentes. 

2"  Impôt  global  progressif  et  personnel  sur  les  revenus  supérieurs  à  3.000  francs. 

3°  Impôt  progressif  sur  les  successions,  la  progressivité  étant  calculée  à  la  fois  sur  le 
chiffre  de  la  succession  et  sur  l’éloignement  du  degré  de  parenté. 

4°  faculté  pour  l’État  de  demander  à  certains  monopoles  une  part  des  ressources  qui 
lui  sent  nécessaires. 


VII.  —  Protection  et  réglementation  légale  du  travail  dans  l'industrie, 
le  commerce  et  l'agriculture. 

1”  Repos  d’un  jour  par  semaine,  ou  interdiction  des  employeurs  de  faire  travailler  plus 
de  six  jours  sur  sept. 

2*  Limitation  de  la  journée  de  travail  à  huit  heures;  subsidiairement,  vote  de  leu  te 
disposition  diminuant  la  durée  de  la  journée  de  travail. 

3°  Interdiction  de  faire  travailler  les  enfants  âgés  de  moins  de  quatorze  ans  ;  système 
ds  la  demi-journée  de  travail  pour  les  ad'  descents,  et  combinaison  du  travail  productif 
avec  l’instruction  et  l’éducation  des  adolescents. 

f  Interdiction  du  travail  de  nuit  pour  les  femmes  et  les  adolesc  nts.  Interdiction  du 
travail  de  nuit  pour  les  ouvriers  adultes  de  toutes  les  catégories,  et  dans  toutes  les  industries 
ou  le  travail  do  nuit  n’est  pas  absolument  nécessaire. 

5°  Législation  protectrice  du  travail  à  domicile. 

6°  Interdiction  du  marchandage  et  du  payement  en  nature  (économat).  Reconnaissance 
logale  de  la  mise  à  l’iudex. 

F,xat'on,  par  l’accord  des  municipalités  et  des  corporations  ouvrières  de  l’industrie, 
u  commerce  et  de  1  agriculture,  de  séries  de  prix  constituant  !è  salaire  minimum. 

8  Intercliciioa  aux  patrons  de  toute  réduction  de  salaire,  sous'  forme  d'amende  ou 
autrerr ent-  Intervention  des  omriers  dans  les  régi  ments  spéciaux  d’ateliers. 

9“  La  surveillance  des  ateliers,  fabriques,  usines,  mines,  chantiers,  services  publics, 
magasins,  etc.,  concernant  les  conditions  du  travail,  d’hygiène  et  de  sécurité,  sera  exercée, 
concurremment  avec  les  inspecteurs  de  l’État,  par  des  inspecteurs  élus  par  les  syndicats 
ouvriers, 

iO"  Extension  de  la  prud’homie  à  tous  les  salariés  de  l’industrie,  du  commerce  et  de 
Agriculture. 

M1’ Mise  en  régie  du  travail  des  condamnés.  Le  prix  de  travail  effectué  sera  le  prix 
wtnalement  payé  .aux  ouvriers  syndiqués. 


—  678  — 

"  : 1 2°  Repos  légal  des  femmes,  six  semaines  avant  et  six  semaines  après  l’accouchement, 

Vi  il  —  Assurance  sociale  contre  Ions  les  risques  naturels  et  économiques. 

1°  Organisation  par  la  nation  d’un  système  d’assurance  sociale  s’appliquant  à  la  totalité 
des  travailleurs  de  l’industrie,  du  commerce,  de  l’agriculture  contre  les  risques  de  maladie, 
d’accident,  d’invalidité,  de  vieillesse  et  de  chômage. 

2°  Constitution  du  fonds  d’assurance  sans  prélèvement  sur  les  salaires;  subsidiaire¬ 
ment,  limitation  du  prélèvement  opéré  sur  les  salariés  au  tiers  de  la  contribution  totale, les 
deux  autres  tiers  devant  être  fournis  par  l’État  et  les  employeurs. 

3°  Amélioration  de  la  loi  sur  les  accidents  du  travail  et  son  application  sans  distinction 

de  nationalité. 

4°  Participation  des  travailleurs  au  contrôle  et  au  fonctionnement  du  service  d’assu¬ 
rance, 

]X.  —  Extension  du  domaine  et  des  services  publics  industriels  et  agricoles 
de  l’État,  du  département  et  des  communes. 

{o  nationalisation  des  chemins  de  fer,  des  mines,  de  la  Banque  de  France,  des  assu¬ 
rances,  de  raffineries  de  sucre  et  des  sucreries,  de  l’alcool,  de  la  grande  meunerie, 

2o’ Organisation  d’un  service  public  de  placement  pour  les  travailleurs,  avec  concours 
des  bourses  du  travail  et  des  organisations  ouvrières,  et  suppression  des  bureaux  privés, 

3°  Organisation  par  l’État  d’un  crédit  agricole. 

4°  Subventions  aux  communes  rurales  pour  les  aider  à  acheter  l’outillage  agricole 
collectif,  à  acquérir  des  domaines  communaux  gérés  sous  le  contrôle  des  communes  par  des 
syndicats  de  travailleurs  ruraux,  et  à  créer  des  magasins  de  dépôt  et  des  warrants. 

5“  Organisation  des  services  communaux  de  F  éclairage, 'de  l’eau,  des  transports  tn 
commun,  de  construction  et  de  régie  d’habitations  à  bon  marché. 

6“  Administration  démocratique  des  services  publics  nationaux  et  communaux,  avec 
participation  des  organisations  ouvrières  à  leur  fonctionnement  et  à  leur  contrôle,  aveedroit 
de  se  syndiquer  à  tous  ies  salariés  de  tous  les  seivtces  publics, 

T  Service  national  et  communal  d’hygiène  et  renforcement  des  lois  qui  protègent  la 
santé  publique  ;  logements  insalubres,  etc. 

X.  —  Politique  de  paix  internationale  et  adaptation  de  V organisme 
militaire  à  la  défense  du  pays. 

1°  Substitution  des  milices  à  l’armée  permanente  et  adoption  de  toutes  les  mesures, 
homme  les  réductions  du  service  militaire,  qui  y  conduisent. 

2"  Refonte  et  adoucissement  du  code  pénal  militaire;  suppression  des  corps  discipli¬ 
naires,  et  interdiction  do  prolonger  le  service  militaire  en  guise  de  pénalité. 

3°  Renonciation  à  toute  guerre  offensive  sous  quelque  prétexte  que  ce  soit. 

4»  Renonciation  à  toute  alliance  qui  n’aurait  pas  pour  objet  exclusif  le  maintien  de 

P  5°  Renonciation  aux  expéditions  militaires,  coloniales;  et,  dans  les  colonies  actuelles 
ou  pays  de  protectorat,  soustraits  à  l’influence  des  missionnaires  et  au  régime  militaire, 
développement  d’institutions  protectrices  des  indigènes. 


—  879 


N®  \m 


Concentration  de  défense  républicaine. 

[Comité  de  l’Union  des  Travailleurs  socialistes  du  ^arrondissement,  Comité  radical-socialiste 

du  k°  arrondissement,) 


Kotre  programme  d’intérêts  locaux  ; 

Électeurs, 

Le  citoyen  Ph.  Krauss,  que  nous  représentons  à  vos  suffrages,  a,  dans  les  questions 
locales  comme  dans  les  questions  d’intérêt  général,  toujours  -eu  le  plus  grand  souci  des 
intérêts  de  notre  arrondissement,  et  il  n’a  cessé  d’apporter  la  plus  grande  activité  et  le  plus 
complet  dévouement  à  la  réalisation  des  questions  qui  intéressent  particulièrement  la  labo- 
rieuse  population  de  la  Croix-Rousse, 

C’est  ainsi  qu’en  ce  qui  concerne  : 

Les  droits  do  7  fr.  50  sur  les  soieries  pures  de  provenance  étrangère,  il  est  intervenu  à 
la  tribune  de  la  Chambre;  sa  profonde  connaissance  de  la  question  est  un  sûr  garant  pour 
lestisseurs  que,  lors  de  la  révision  des  tarifs  douaniers  en  1903,  il  saura  être  le  défenseur 
résolu  de  leurs  intérêts. 


li-- 


En  ce  qui  concerne  : 

fr 

La  diminution  des  patentes  des  petits  commerçants,  le  citoyen  Krauss  a  voté  la  propo- 
siiion  faite  en  ce  sens  par  le  citoyen  Vivian!,  le  28  mars  1902.  Sa  qualité  d’ancien  commer- 
Çant  lui  permet  de  connaître  la  situation  déplorable  faite  au  petit  commerce  au  point  de 
me  des  patentes,  et  les  petits  commerçants  peuvent  être  persuadés  que  le  citoyen  Krauss 
fera  tous  ses  efforts  pour  faire  aboutir  leurs  justes  revendications. 

Pour  ce  qui  a  rapport  : 

Au  tramway  de  Perrache  à  la  Croix-Rousse,  à  la  suppression  du  passage  à  niveau  du 
boulevard  de  la  Croix-Rousse,  à  l’agrandissement  et  à  la  réfection  de  la  gare  de  la  Croix- 
Bousse,  le  citoyen  Krauss  n’a  cessé  d’apporter  l’appui  le  plus  utile  à  la  solution  de  ces  trois 
importantes  questions  d’intérêt  local.  Président  de  la  Commission  d’enquête  pour  la  gare  de 
ia Croix-Rousse,  il  a  mené  à  bien  le  travail  de  cette  Commission  et  sauvegardé,  en  cette 
circonstance,  les  intérêts  de  la  plus  grande  partie  de  la  Croix-Rousse. 

Sa  compétence  et  l’autorité  qu’il  a  acquise  nous  permettent  d'affirmer  que  la  réalisa¬ 
it  décos  desiderata  sera  l’objet  de  toute  l’activité  du  citoyen  Krauss. 

Enfin,  le  citoyen  Krauss  a  toujours  soutenu  de  ses  votes  toutes  les  propositions  de  loi 
ayant  trait  à  la  diminution  des  frais  de  justice. 

Ce  qu’il  a  fait  durant  la  législature  1898-1902,  il  ne  cessera  de  le  faire  si  son  mandat 
mi  est  renouvelé. 

Citoyens, 

Nous  pourrions  rappeler  avec  quel  dévouement,  avec  quelle  énergie  le  citoyen  Krauss 
n  a  cessé  de  s’ocuper  de  toutes  les  questions  qui  intéressaient  spécialement  la  Croix-Rousse 
a  quoi  bon? 

Us  électeurs  du  4°  arrondissement  savent  que  jamais  ils  ne  se  sont  adressés  en  vain  à 
^présentant, 

Ce  qu’il  a  fait  dans  le  passé,  le  citoyen  Krauss  est  bien  résolu  à  le  continuer  dans 
wônir. 


—  680  — 


Le  devoir  des  électeurs  de  la  Croix  Rousse  est  d  me  tout  tracé*  Ils  maintiendront  leur 
confiance  an  Député  qui  n’en  a  pas  démérité  un  seul  instant,  et,  le  27  avril,  ils  voleront  en 
masse  pour  le  citoyen 

Ph.  KRÀUSS, 

Député  sortant,  ancien  employé,  ancien  commerçant. 

Vive  la  République  démocratique  ei  sociale! 

Le  Comité  de  Fünion  des  Travailleurs  socialistes 
du  4e  arrondissement  ;  le  Comité  radical 
socialiste  du  4e  a  rondissement. 


6e  circonscription  de  LYON 

M .  FlEURY-RÀYÀRIN 
Éiu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  5,720  voix* 


Union  démocratique  des  Comités  républicains  du  5e  arrondissement* 

Mes  chers  Cuir  Loyers, 

Jamais  il  n’a  été  plus  nécessaire  de  parler  franc  et  net. 

Les  événements  exceptionnels  de  ces  dernières  années,  en  brisant  les  cadres  des 
partis  politiques,  ont  laissé  dans  les  esprits  un  état  de  trouble  et  d'hésitation  qu’il  imparte 
de  dissiper* 

Pour  que  les  élections  du  27  avril  aient  un  sens  pré  is,  les  candidats  ont  le  devoir  de 
s’exprimer  sans  détour,  de  dégager  leur  programme  drs  formu’es  vagues,  équivoques  et 
nuageuses.  Je  n’y  manquerai 

Est-il  nécessaire  d’affirmer  une  fois  de  p’us  mon  attachement  sincère  à  la  Réx  ublique! 
La  question  du  régime  ne  se  pose  pki  s,  et,  en  vérité,  ceux-là  retardent  s'ngu’tèrement  qui 
persistent  à  classer  les  parfis  uniquement  sur  cette  questii  il  simple. 

La  consécration  des  lois  constitutionnelles,  une  existent*  de  trente  années,  la  volonté 
mainte*  fens  exprimée  du  pays  ne  laissent  gué  e  d’espoir  aux  partisans  des  régimes  déchus. 
La  monarchie  peut  avoir  encore  des  états-majors;  les  troupes  lui  font  dêraut,  La  Répu¬ 
blique  n’a  plus  à  redouter  a  jour  d’hui  que  les  foutes  des  républicains  eux-mêmes,  dont, 
seuls,  les  excès  peuvent  1 1  perdre* 

Désormais,  c'est  sur  d’autres  domaines  que  s’exerceront  1  s  compétitions  et  les  luttes 
de  partis  politiques. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Le  parti  progressiste,  dont  je  me  réclame,  prétend  continuer  ia  poliiique  des  hommes 
qui  ont  fondé  en  France  le  régime  républicain. 

Si  nous  répudions  d'une  part,  le  pouvoir  personnel,  nous  considérons,  d’autre  part, 
comme  un  danger  l’omnipotence  souveraine  d’une  a  "semblée  unique*  Le  régime  parlemen¬ 
taire,  la  séparation  du  lêgis’atif  et  de  l’exécutif,  la  division  du  législatif  en  deux  assemblées 
se  faisant  contrepoids  nous  apparaissent  comme  les  garanties  nécessaires  des  libertés 


—  m  — 


Nû  1162 


ubliqties.  Nous  ne  pouvons  suivre  les  socialistes  dans  leur  conception,  qui  consiste  à  sup¬ 
primer  le  Président  de  la  République  et  le  Sénat. 

Sur  le  terrain  religieux,  défenseur  obstiné  de  la  liberté  de  conscience,  je  répudie  tout 
eiprit  de  sect  ■  et  d’intolérance.  Le  for  intérieur  de  la  conscience  m’apparait  comme  un 
domaine  inviolable  et  sacré  dans  lequel  personne  n’a  le  droit  de  pénétrer.  Sans  doute, 

]  Étal  ne  saurait  se  lier  à  aucune  confession  religieuse,  mais  il  doit  sa  protection  à  tous  les 
cultes  et  son  devoir  est  d’assurer  le  libre  exercice  de  chacun  d’eux. 

A  l’encontre  des  collectivistes,  qui  veulent  supprimer  la  propriété  individuelle,  qui  pré¬ 
conisent  «  là  socialisation  des  moyens  de  production  et  d’échange  »  comme  but,  la  lutte  des 
classes,  la  guerre  sociale  et  la  violence  comme  moyens,  je  me  pose  nettement  eu  défen¬ 
seur  d’une  politique  sociale  d’union,  de  concorde  et  de  paix,  Je  demande  à  la  pratique  delà 
solidarité,  à  la  fraternité  entre  tous  les  citoyens,  la  solution  des  problèmes  si  complexes  et 
si  difficiles  que  soulève  l’existence  parfois  si  précaire  des  travailleurs. 

l’adoption  d’un  système  de  retraites  fondé  sur  la  mutualité  et  le  syndicat,  la  réorgani¬ 
sation,  sur  un  plan  méthodique,  de  nos  services  d’assistance  me  semblent  constituer,  à 
Fheure  actuelle,  la  question  primordiale;  c’est  la  lourde  tâche  qui  va  incomber,  dès 
demain,  à  la  prochaine  Chambre. 

En  matière  financière,  il  est  urgent  d’opposer  une  digue  au  flot  montant  des  dépenses 
publiques,  de  songer  un  peu  à  ce  contribuable  de  France  qui  succombe  sous  le  faix  d’une 
fiscalité  chaque  jour  grandissante.  Il  faut  chasser  le  déficit  de  nos  budgets,  y  ramener 
l’equilibre  vrai  et  rouvrir  l’ère  des  excédents.  Ce  premier  résultat  atteint,  le  Parlement 
pourra  songer  aux  réformes  fiscales. 

Mon  adhésion  est  acquise  aux  projets  qui,  sans  vexation  ni  inquisition,  sans  boulever¬ 
ser  un  régime  fiscal  dont  l’État  ne  saurait  se  passer,  et  qui  a  au  moins  pour  lui  l’avantage 
d’une  existence  séculaire,  tendront  à  améliorer  les  taxes  actuelles.  L’alîegement  des  charges 
des  petits,  plus  de  justice  dans  la  répartition  de  Fimpôt,  telles  sont  les  deux  idées  fonda¬ 
mentales  qui,  à  mes  yeux,  doivent  inspirer  la  refonte  de  notre  régime  fiscal 

Les  collectivistes  nient  Fidêe  de  patrie.  Quelques-uns  poussent  Paudace  jusqu’à  blas¬ 
phémer  et  salir  le  drapeau  de  la  France.  Tous  demandent  la  transformation  de  l’armée  en 
milices  permanentes. 

Que  seraient  de  pareilles  conceptions,  sinon  le  suicide  de  la  France  elle-même?  Entoure 
d’ennemis  menaçants,  notre  pays  a  besoin  d’une  armée  et  d’une  flotte  puissantes*  C  est, 
bêlas  1  une  dure  nécessité  qu’il  nous  faut  subir  :  bien  imprudents  sont  ceux  qui  parlent,  en 
ce  mû  me  ni,  de  licencier  notre  armée.  Au  contraire,  tous  nos  efforts  doivent  tendre  à  amé¬ 
liorer,  à  fortifier,  à  perfectionner  cet  outil  de  défense,  cc  rempart  indispensable  qui  abrite 
la  sécurité,  l’existence  meme  de  la  Patrie. 

Comme  les  radicaux,  les  progressistes  désirent  un  allègement  de  charges  qui  pèsent  si 
lourdement  sur  nos  populations.  Nousvoulons,  nous  aussi,  la  réduction  du  service  militaire, 
l’égalité  de  tous  devant  l’impôt  du  sang.  Mais  nous  estimons  que  celte  réforme  souhaitable 
doit  se  faire  avec  prudence,  en  prenant  les  précautions  nécessaires  pour  ne  pas  affaiblir  la 
force  de  notre  année,  sans  compromettre  les  effectifs  ni  la  solidité  des  cadres. 

Telles  sont  les  idées  fondamentales  dont  je  continuerai  à  faire  ma  règle  invariable  de 
conduite. 

Mes  chers  Concitoyens* 

Le  parti  républicain  progressiste  puise  ses  inspirations  dans  l’immortelle  Déclaration 
Hes  Droits  de  l’homme  et  du  citoyen.  11  reconnaît  pour  ancêtres  les  hommes  qui  ont  fondé 
la  République  dans  ce  pays,  TUiers,  Gambetta,  Ferry,  le  regretté  président  Carnot. 

Malgré  les  excommunications  majeures,  formulées  contre  lui,  malgré  les  oraisons 
funèbres  dont  on  ne  cesse  de  l’accabler,  le  parti  progressiste  demeure  debout,  bien  vivant 
Êt  prêt  à  Faction . 

11  ouvre  scs  rangs  à  tous  ceux  qui  viennent  loyalement  à  lui  et  à  la  République!  Pro- 


—  682  — 


fondement  attaché  aux  idées  de  liberté  et  de  tolérance  qui  sont  Fhonpéur  des  vrais  démo* 
craies,  il  ne  pense  pas  que  la  République  puisse  être  la  propriété  d’un  parti,  le  monopole 
dTun  groupe. 

i  La  République,  la  démocratie,  qu?est~ce  donc,  sinon  le  gouvernement  de  tous  au  profit 
de  tous,  la  subordination  des  intérêts  particuliers  à  l'intérêt  général? 

Agriculteurs,  industriels,  commerçants,  travailleurs  des  champs  et  de  Pusine,  ouvriers, 
patrons  et  bourgeois,  tous  ont  droit  de  cité  dans  notre  République,  dont  nous  ne  voulons  et 
ne  pouvons  exclure  personne. 

De  toute  notre  énergie*  nous  repoussons  l’esprit  de  réaction,  mais  nous  sommes  con¬ 
vaincus  que  si  notre  démocratie  S'abandonnait  aux  courtisans  qui  la  trompent,  le  jour  n’est 
pas  éloigné  où  la  République  elle-même  serait  en  péril. 

Nous  voulons  garder  notre  idéal  républicain  contre  un  double  écueil,  contre  deux  dan¬ 
gers  qui  ont  toujours  menacé  les  démocraties  et  qui  s’engendrent  Vun  l'autre  :  la  Démagogie 
et  le  Césarisme. 

Si  vous  m'accordez  vos  suffrages,  vous  pouvez  compter  sur  mon  inaltérable  dévoue¬ 
ment. 

Vive  la  République  démocratique! 


FLEURIR  AÿÀRIN,  Député  Sortant, 

Ancien  Auditeur  au  Conseil  d'Kiat, 
Docteur  en  droit, 

ancien  Secrétaire  de  le  Chambre  des  Députés, 


Partie  politty’ue. 

Défendre  la  Constitution  républicaine  et  le  régime  parlementaire  contre  toute  restaura¬ 
tion  monarchique  ou  césarienne. 

Appliquer  la  Constitution  de  1875  intégralement  et  suivant  son  véritable  esprit, 
Réformer  le  réglement  de  la  Chambre,  afin  d’assurer  un  meilleur  travail  législatif. 
Suppression  du  vote  par  procuration. 

Faire  de  la  République  le  gouvernement  de  tous  pour  tous,  en  dehors  de  tout  esprit  de 
secte*  de  coterie  et  d'exclusivisme. 


Partie  '■économique,. 

Protéger  l'épargne  publique  contre  les  abus  de  la  spéculation  et  de  l'agiotage. 

Réprimer  les  accaparements. 

Intervention  de  l’Etat  en  matière  de  mines  et  de  chemins  de  fer,  de  façon  à  assurer  la 
securité  publique  et  la  protection  des  travailleurs. 

Améliorer  le  régime  des  retraites  pour  les  employés  des  chemins  de  fer. 

Partie  religieuse. 

Maintenir,  sans  provocation  ni  faiblesse,  les  droits  de  F  État  à  l’égard  de  l 'Église,  tels 
qu’ils  résultent  du  Concordat, 

Liberté  d’association  suivant  le  droit  commun,  applicable  a  tous  les  Français  sans  dis¬ 
tinction. 

Liberté  de  Renseignement  à  tous  les  degrés,  Sous  îa  double  garantie  de  la  possession 
des  grades  universitaires  par  les  maîtres  et  de  l'inspection  par  PÉtat  des  écoles  et  établisse¬ 
ments  privés. 

Admissibilité  de  tous  les  citoyens  aux  emplois  publics,  Autant  que  possible  paï  la  voie 
du  concours  et  sans  favoritisme. 


—  683  — 


NM162 


Partie  sociale . 

Défendre,  à  i  encontre  des  collectivistes,  le  principe  de  la  propriété  et  de  la  liberté 

individuelles. 

Assurer  le  libre  fonctionnement  des  syndicats  professionnels  et  réciproquement  la 
■liberté  des  travailleurs  vis-à-vis  des  syndicats. 

Développer  l'enseignement  professionnel  et  la  mutualité  scolaire. 

Secourir  l'invalidité  et  îa  vieillesse  par  une  organisation  méthodique  de  l'assistance, 
qui  concilie  les  devoirs  de  l'humanité  avec  les  garanties  contre  les  abus. 

Résoudre  le  problème  des  retraites  ouvrières  par  l'assurance  libre,  en  mettant  en  jeu 
les  diverses  manifestations  de  l’initiative  privée,  individuelle  ou  collective  (mutualité, 
caisses  patronales  et  syndicales,  caisse  nationale)  avec  le  concours  dè  l'État,  sous  forme  de 
subventions  proportion  nées  aux  ressources  du  budget. 

Combattre  l'alcoolisme  et  la  tuberculose. 

Partie  militaire . 

Affirmer  l'idée  de  Patrie  à  ( 'encontre  des  cosmopolites, 

Fortifier  notre  organisation  militaire  et  maritime. 

Réduire  la  durée  du  service  militaire  à  deux  ans,  en  prenant  au  préalable  les  mesures 
indispensables  pour  ne  pas  compromettre  notre  force  défensive,  et,  par  suite,  notre  sécurité 
extérieure. 

Réaliser,  en  conséquence,  le  principe  de  l'égalité  devant  l’impôt  du  sang  par  la  sup¬ 
pression  de  toutes  les  dispenses. 

Réduire,  si  possible,  la  durée  des  périodes  d'exercices  des  réservistes  et  des  territo¬ 
riaux.  En  tout  cas,  leur  accorder  des  facilités  en  ce  qui  concerne  le  lieu  et  le  moment  des 
convocations. 

Partie  financières 

Combattre  éaergiquom  nt  l'augmentation  des  dépenses  publiques  et  le  développement 
h  fonctionnarisme. 

Interdire  aux  députés  toute  augm  ntation  de  dépenses  qui  ne  serait  pas  accompagnée 
hue  économie  correspondante. 

Amortir  |a  dette  publique, 

Réformer  notre  régime  fiscal,  en  conservant  à  R  impôt  son  double  caractère  de  réalité 
eide  proportionnalité.  , 

Supprime:  la  contribution  des  portes  et  fenêtres;  faire  une  répartition  plus  équitable 
de  l'impôt  foncier  et  de  la  contribution  mobilière;  reviser  les  patentes,  de  façon  à  alléger 
te  charges  du  petit  commerce. 

Introduire,  à  la  base  îles  jippôis  directs,  un  dégrèvement  des  petits  contribuables  et  des 
citoyens  chargés  de  famille. 

Supprimer  les  privilèges  dos  bouilleurs  de  cru  et  la  licence  des  débitants.  Faire  con- 
Œtuir  I  Et  t|  à  la  suppression  des  octrois. 

P  a  r  t  i  é  ad  m  inist r  a  i  iv  e . 

décentra  liser  l' a  dmi  n  i  stratîon . 

Restituer  aux  Conseils  municipaux  et  aux  Conseils  généraux  le  droit  de  décision  dans 

affaires  exclusivement  d'intérêt  local,  de  façon  h  simplifier  les  formalités  et  à  hâter  les 
Basions, 

Reformer  la  justice  ;  diminution  à  bref  délai  des  frais  judiciaires;  augmentation  de  !a 
^mpétence  des  juges  de  paix. 

FLEURY-RAVARIN,  Député  sortant. 
Docteur  en  droit,  ancien  auditeur  au  Conseil 
d'Ètat,  ancien  Secrétaire  de  la  Chambre 
des  Députés. 


—  684  — 


7°  circonscription  de  LYON 

M.  COLLIARD 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  6.183  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

En  me  présentant  pour  la  deuxième  fois  à  vos  suffrages,  je  soumets  à  votre  jugement 
la  politique  que  j’ai  suivie  depuis  A  ans. 

En  1898,  vous  m’avez  choisi  pour  vous  représenter  à  la  Chambre  des  Députés  sur  un 
programme  dont  je  ne  me  suis  jamais  écarté,  et  ou  figurait,  a  cote  des  icloi  mes  dunovra- 
tiques  et  sociales,  l’engagement  de  défendre  énergiquement  le  régime  républicain. 

Au  début  de  la  législature  qui  prend  fm,  la  République  a  connu  les  plus  grands  dan¬ 
gers  qu’elle  ait  jamais  courus.  Une  ligue  d’agitateurs,  composée  de  mus  les  régimes  déchus, 
restés  jusque-là  d’irréconciliables  adversaires,  s  était  formée  au  sein  du  Parlement. 

Le  but  de  cette  association  immorale  était  de  s’emparer  du  Gouvernement  pour  en 
changer  l’esprit  d’abord,  la  forme  ensuite,  s’il  était  possible. 

Encouragés  par  la  complicité  du  cabinet  Môline,  ces  agitateurs  devenaient  chaque  jour 
plus  audacieux;  ils  créaient  le  désordre  dans  la  rue,  insultaient  le  chef  de  1  Etat,  circonve¬ 
naient  les  chefs  de  l’armée  et  les,  détournaient  de  leur  devoir. 

Le  complot  dont, était  menacée  la  République  devint  évident  aux  yeux  les  moins  ila  - 
voyants.  Le  grand  parti  républicain,  et  au  premier  rang  les  socialistes,  déjoua  les  de.se 
dirigés  contre  nos  institutions,  et,  reprenant  la  grande  tradition  républicaine,  fit  b  occ 

Un  gouvernement  de  défeose  prit  le  pouvoir.  Le  calme  et  la  tranquillité  succédèrent 
alors  à  l’agitation  et  au  désordre.  Par  la  simple,  mais  terme  application  des  ois,  P  , 
des  factieux  furent  détruits  et  les  chefs  de  l’armée  contraints  d  abandonner  œtm 

rable  à  laquelle  ils  avaient  été  associés.  .Joindra  «a 

Je  m’honore  d’avoir  joint  mes  efforts  à  ceux  de  tout  le  parti  socialiste  pour  atteinte  ce 
résultat,  qui  allait  permettre  nu  parti  républicain  de  réaliser  les  progrès  démocratique. 

jours  promis  et  toujours  oubliés,  .  efforcé 

Convaincu  que  la  République  ne  doit  pas  être  un  but,  mais  un  moyen,  je  me  ^  _ 

de  faire  aboutir  toutes  les  réformes,  si  minimes  fus||nt- elles,  mais  apportant  une  s 
plus  grande  de  bien-être  ou  de  justices  la  masse  de  nos  concitoyens.  C’est  a*|P  l  AJ 
collaboré  à  préparer  et  soutenu  par  mon  vote  la  loi  sur  les  accidents  du  tra  vail,  .on i  J '  ■ 

laborieuse  apprécie  déjà  les  bienfaisants  effets.  J  ai  fait  aboutir  la  ioi  sut  la  reg 
des  heures  de  travail  dans  les  ateliers  et  manufactures;  j’ai  voté  la  loi  soi  es  < 

la  loi  sur  les  associations  et  celle  sur  la  santé  publique.  J’ai  participé  égalemen  au 
deux  lois  importâmes  qui  n’ont  pas  encore  reçu  la  sanction  du  Sénat  :  celle  conce 
employés'dù  chemin  de  fer  et  celle  relative  aux  ouvriers  des  mines.  lf,ramtne 

Saurais  voulu  que  la  législature  à  laquelle  fai  appartenu  couronnât  son  PW  _ 
d'améliorations  sociales  en  votant,  avant  son  expiration,  la  loi  sur  les  retraites  ou 
Latente  des  forces  réactionnaires  en  a  fait  décider  ^ajournement.  Mai^  e  pu  _  _ 

acquis.  Il  appartiendra  à  la  prochaine  Chambre  de  voter  cette  loi,  si  rèc  amcc  e 
uemnient  attendue  par  tous  les  travailleurs  que  Page  et  les  forces  condamnent  au  H  Jjg 

La  société  doit  assurer  â  un  citoyen  la  sécurité  de  ses  dernières  années  ;  ulJ  _  t 
que  la  lutte  pour  la  vie  a  usé,  ne  peut  être  abandonne  à  toutes  les  misères  qui 


! 


N°  1162 


—  tïSfi  — 

l’infortune  et  la  vieillesse.  Ce  sera  l’honneur  de  la  future  Chambre  d’accomplir  cette  œuvre 
éminemment  démocratique  et  humanitaire. 

j’ai  proposé  à  la  sanction  du  Parlement  un  certain  nombre  de  lois,  telles  que  :  la  sup¬ 
pression  des  28  et  13  jour-,  qui  me  paraissent  sans  nécessité;  la  réhabilitation  des  fai  Us  ; 
la  division  de  Lyon  en  U  cantons  au  lieu  de  8,  afin  de  donner  à  notre  ville,  dans  le  Conseil 
général,  une  représentation  plus  en  rapport  avec  son  importance. 

j’avais  également  soumis  un  projet  de  loi  tendant  à  la  déchéance  des  mines  concédées 
et  abandonnées.  Cette  proposition  a  eu  pour  effet  immédiat  l’engagement  pris  par  le  ministre 
des  travaux  publics,  de  rechercher  les  mines  se  trouvant  dans  ces  conditions,  pour  en  pro¬ 
noncer  le  retour  à  l’État.  Un  grand  nombre  d’entre  elles  ont  cesse  a  1  heure  actuelle  d  ap¬ 
partenir  aux  Compagnies  qui  en  avaient  obtenu  la  concession. 

sTnn,  J’ai  demandé  la  Snppre!  ildn  de  l’.niele  5  de  la  lei  du  15  juillet  1889,  »u*  ternes 
duquel  tous  les  conscrits  ayant  snbi  „neeundamaaliun,sou,entlé8êre  et  impiiLble  a  l , né¬ 
périenne  de  la  jeunesse,  sent  de  droit  incorporés  aux  compagnies  de  discipline,  ou  ils  sont 

goumis  à  des  traitemen Ls  inhumains*  ,  r 

Si  ce  projet  n’est  pas  encore  devenu  une  loi,  une  grande  amélioration  a  ete  néanmoins 

apportée  au  régime  des  compagnies  de  discipline.  Les  rigueurs  que  j  avais  signalées  et  aux 
quelles  les  jeunes  soldats  étaient  assujettis  ont  été  supprimées  après  une  enquete  qm  en  a 

durée  de  mon  mandat,  j'ai  eu  l’honneur  de  faire  partie  de  deux  grandes 
Commissions  parlementaires  (hygiène  publique,  du  travail,  de  la  ré  orme  es  oc  iùis).  <  ai 

présidé  en  dernier  lien  la  Commission  d’intérêt  local.  . 

Dan,  le  sein  dé  ces  Commissions,  de  même  qu’à  la  Chambre  par  mes  interventions  et 
par  mes  votes,  je  me  suj,  toujours  et  uniquement  inspiré  des  idees  de  justice  eld  humanité 

directrices  de  notre  parti*  , 

je  ne  me  suis  pas  non  plus  désintéressé  des  questions  fiscales.  J’a.  vote  la  loi  sur  les 

droits  de  succession  et  celle  du  régime  hypothécaire.  Je  me  suis  attache,  d  une  façon  toute 
spéciale  à  faire  aboutir  le  projet  de  loi  voté  par  le  Sénat  dit  «  projet  Gauthier  »  Ce  prrçet 
établit  la  patente  de  chaque  commerçant  sur  des  bases  directement  proport.onne  le >  a  im¬ 
portant  de  son  commerce;  la  nouvelle  répartition  d’impôt  fixée  par  cette  loi  fera  dispai aitre 
l’inégalité  criante  qui  a  trop  longtemps  existé  entre  les  charges  fisca  es  imposées  aux  p 

commercants  et  celles  relativement  faibles  mises  à  la  charge  des  grands  magasins. 

Cetfe  petite  amélioration  favorisera  les  petits  commerçants  et  patrons  dans  la  lutte 
qu’ils  ont  à  soutenir  contre  les  grandes  industries  et  les  grands  magasins  sous  la  concur- 

repee  desquels  ils  succombent.  A1 

Dans  cet  ordre  d’idées,  le  dernier  mot  n’est  pas  dit  et,  si  je  sms  votre  élu,  au  rnomen 
du  vote,  je  saisirai  avec  empressement  tout  projet  qui  consistera  a  alléger  les  chapes  du 

Pi;tl  Üioyenslê  viens  de  résumer  quelle  a  été  mon  attitude  polilique  au  Parlement  et  quels 
ont  été  mes  votes.  Je  n'ai  pas  la  vanité  de  croire  avoir  satisfait  tout  le  monde,  mais  y  a.  la 
satisfaction  d’avoir  consciencieusement  suivi  le  mandat  que  vous  m  aviez  donné  et  davon 
fidèlement  servi  la  République. 

Il  vous  appartient  aujourd’hui  de  dire  si  tel  est  votre  sentiment. 

En  vous  demandant  de  me  maintenir  au  poste  d’honneur  et  de  combat  ou  votre  estime 

’  m’a  appelé  en  1898,  je  n’ignore  pas  les  devoirs  que  je  m’impose.  , 

Mon  programme  sera  la  continuation  de  celui  que  j’ai  appliqué  pendant  ces  quatre  der¬ 
nières  aimées.  Il  reste  encore  à  effectuer  de  nombreuses  réformes,  que  je  m  engage  a  faire 

aboutir  et  dont  les  principales  sont  :  .  v 

1°  La  réduction  au  maximum  à  deux  ans  du  service  militaire  et  la  refonte  totale  du 
Code  de  justice  militaire  ; 

2°  La  réforme  de  l’enseignement  et  la  suppression  de  la  loi  v ailoux  ; 

3°  La  loi  sur  les  retraites  ouvrières  ; 

4°  La  séparation  de  f  Eglise  et  de  l'État; 


—  68B  — 

5“  La  refonte  complète  de  notre  régime  fiscal,  ia  suppression  des  quatre  contributions 
et  rétablissement  de  l’impôt  sur  le  revenu, 

À  l'occasion  des  élections  prochaines,  la  réaction,  déguisée  sous  des  formes  très  diffé¬ 
rentes,  va  tenter  sur  tous  Iss  points  du  pays  un  suprême  effort. 

Je  ne  veux  pas  vous  faire  l 'injure  de  vous  croire  capable  de  laisser  triompher  au  6*  ar¬ 
rondissement  un  champion  de  la  Patrie  Française  ou  un  candidat  cher  h  M.  Mêline.  Vous 
voudrez  sûrement  que  le  27  avril  marque  une  victoire  complète  de  la  démocratie  laborieuse 
sur  les  éternels  et  renaissants  ennemis  de  la  République  et  du  progrès  social. 

P,  GQLL1ARD,  Député  sortant. 


3e  circonscription  de  LYON 

M,  AYNARl) 

Élu  au  i*r  tour  de  scrutin.  —  11 .145  voix. 


Chers  Compatriotes, 

Vous  m’avez  honoré  de  votre  longue  conganee  ;  je  vous  représente  à  la  Chambre  des 
Députés  depuis  1889,  ayant  reçu  de  vous  trois  mandats  successifs.  Je  viens  me  présenter 
pour  la  quatrième  fois  à  vos  suffrages.  Après  une  carrière  de  plus  de  trente  ans  dans  la  vie 
publique  sous  toutes  ses  formes,  en  n’écoutant  que  mes  convenances,  j'aurais  pu  songer  au 
repos.  Mais  il  ne  peut  eu  être  question  à  un  moment  où  il  faut  combattre  plus  rudement  que 
jamais  pour  les  intérêts  vitaux  du  pays,  mis  en  péril. 

Je  sms  trop  ancien  dans  la  politique,  j'ai  trop  souvent  affirmé  mes  idées  et  mes  prin¬ 
cipes  dans  les  discussions  et  les  luttes  de  tribune,  je  suis  asséz  vieux  dans  ce  pays  lyonnais, 
j  ai  pris  assez  de  part  à  son  travail  et  à  toutes  les  institutions  de  démocratie  pratique  ayant 
pour  but  l'amélioration  du  sort  des  moins  favorisés  et  des  soufr  ants,  pour  ne  pas  être  dis¬ 
pensé  de  nouvelles  et  vaines  déclarations.  Je  n’ai  point  d’inutiles  et  creuses  promesses  à 
vous  faire.  C'est  sur  mes  longs  services  et  sur  mes  actes  que  vous  devez  me  juger,  La  poli¬ 
tique  n'a  pas  été  pour  moi  un  métier,  mais  un  devoir. 

Je  demeure  ce  que  j  ai  toujours  été  :  républicain  de  la  première  heure,  invariablement 
fidèle  à  la  République  et  à  la  liberté  pour  tous,  qui  est  la  raison  d’être  de  la  République. 
La  liberté  sans  exception,  avec  son  contrepoids  nécessaire  de  ia  responsabilité,  la  Üb  rte 
une  et  indivisible  comme  la  République  elle-même,  m’a  toujours  paru  le  principe  premier  de 
la  politique,  d'où  découlent  tous  les  autres;  en  elle  se  trouve  la  garantie  des  droits  de 
chacun,  le  gage  de  paix  entre  les  citoyens. 

Lorsque  les  partis  violents  confisquent  la  liberté  de  leurs  adversaires,  sons  prétexte  de 
défendre  la  République  qu'ils  confondent  avec  leurs  intérêts,  on  s'achemine  vers  la  tyrannie 
anonyme  et  .collective  qui,  étant  la  pire  de  toutes,  conduit  invariablement  a  la  tyrannie  d'un 
■seul.  G  est  pourquoi  la  liberté  du  travail,  la  liberté  de  conscience,  Ja  liberté  d’association  et 
d  enseignement,  sans  lesquelles  les  autres  libertés  ne  sont  que  dérision  ou  licence,  ont 
trouvé  en  mol  un  défenseur  invariable  et  résolu. 

Plus  que  jamais  on  doit  la  Yèrité  au  pays  et  elle  est  sévère  à  entendre.  La  Chambre 
qui  disparaît  lègue  à  la  Chambre  nouvelle  une  œuvre,  très  lourde,  de  réparation,  il  faut 
espérer  qu’elle  trouvera  en  elle-même  les  éléments  de  la  formation  d’un  Gouvernement 


—  687  —  N®  1162 

d’ordre,  de  modération  et  d'apaisement  ;  mais  ello  devra  ensuite  se  mettre  un  frein,  en 
modifiant  son  règlement,  en  sacrifiant  l’initiative  parlementaire  en  matière  de  dépenses, 
en  contrôlant  sévèrement  le  Gouvernement,  comme  cela  est  son  rôle,  au  lieu  de  le  pousser 
au  gaspillage.  Elle  parera  ainsi  aux  deux  grands  périls  gui  nous  menacent,  c’est-à-dire: 
l’affaiblissement  graduel  du  pouvoir  exécutif,  auquel  se  substitue  l'action  de  partis  changés 
en  syndicats  d’intérôts,  et  au  désordre  financier  qui  en  résulte,  qui  n’est  pas  d’aujourd’hui, 
mais  qui  s’augmente  et  devient  tellement  grave,  qu’en  pleine  paix  et  dans  une  situation 
économique, normale  le  déficit  obligera  bientôt  peut-être  à  parler  d’emprunts  et  d’impôts 
nouveaux  ! 

Ce  n’est  qu’une  très  grande  sagesse,  de  la  part  de  la  nouvelle  Chambre,  qui  pourrait 
faire  échapper  à  de  nouvelles  charges  le  pays  déjà  si  accablé. 

L'heure  n’est  donc  ni  aux  fausses  promesses,  ni  aux  expériences,  ni  aux  réformes  coû¬ 
teuses,  mais  à  épargner  le  contribuable. 

L’électeur  a  plus  que  jamais  la  responsabilité  de  son  choix  ;  en  l’état  financier  où  nous 
sommes,  il  verrait  bientôt  ce  qui  lui  eu  coûterait  d’avoir  mal  choisi. 

Dans  cette  réunion  amicale  de  la  Demi-Lune,  qu’on  a  ornée  du  nom  de  Congrès,  mon 
concurrent  a  accepté  un  programme  assez  vague  pour  échapper  à  la  discussion.  II  est  loin 
de  celui  que  M.  Ghambaud  de  la  bruyère  avait  signé  et  défendu  en  J  898!  Tons  les  grands 
principes  radicaux  et  socialistes  y  ont  été  jetés  par  dessus  bord,  pour  s’en  tenir  à  des 
projets  anodins,  souvent  acceptables  pour  tous,  ou  bien  à  des  vœux  stériles  de  réunion 
publique.  La  seule  affirmation  première  et  nette  qu’on  y  trouve  est  sur  la  révision  de  la 
Constitution,  qui  figure  également  en  tête  du  programme  nationaliste.  Pourquoi  ce  change¬ 
ment  soudain  dans  les  sentiments  connus,  violents  et  sectaires  de  M.  Chambattd?  Est-ce 
pour  attirer  le  bon  électeur  modéré  qui  fait  la  majorité  dans  la  circonscription?  Existe-t-il 
quelque  pacte  ?  Qui  ménage-t-on? 

Au  nom  de  la  loyauté,  comme  par  respect  pour  les  électeurs,  j’aurais  eu  le  droit  d’at- 
teudre  qu  on  opposât  à  mon  programme  républicain  et  libéral,  que  je  développerai  complè- 
temai  t  dans  une  circulaire  et  des  réunions,  le  vrai  programme  radical-socialiste  de  mon 
adversaire,  celui  qu’il  a  signé  et  défendu  dans  notre  circonscription  en  1898  et  qui  com¬ 
prenait  alors  :  la  suppression  du  budget  des  cultes,  la  séparation  de  l’Église  et  de  l’État,  la 
retraite  obligatoire  pour  la  vieillesse,  la  limitation  de  la  journée  de  travail,  l’interdiction 
d’occuper  des  ouvriers  étrangers,  la  laïcisation  à  outrance  et  l’impôt  progressif  sur  lerevenu. 
Ou  bien  M.  Chambaud  de  la  Bruyère  n’ose  se  montrer  tel  qu’il  est  à  l’électeur,  ou  bien  il  est 
devenu  un  réactionnaire  modèle,  car  il  sacrifie  son  programme  radical-socialiste  au  moment 
meme  où  un  gouvernement  plus  avancé  et  de  ses  amis  lui  donne  des  chances  de  l’ accom¬ 
pli  "  I  Les  électeurs  sauront  comprendre  et  juger. 

Vive  la  République  libérale  et  progressiste  ! 

Édouard  AYNAKD, 

Vice-président  de  là  Chambre  des  Députés, 
Député  sortant. 


Mes  chers  Compatriotes, 

Depuis  plus  de  douze  ans,  vous  m’avez  nommé  trois  fois  votre  député  ;  depuis  bientôt 
trente-cinq  ans,  tout  en  étant  investi  d'autres  mandats,  soit  comme  promoteur,  fondateur 
ou  associé,  j’ai  pris  part  à  toutes  les  grandes  œuvres  d’enseignement  populaire,  de  progrès 
agricole,  de  mutualité,  de  crédit,  de  retraites,  de  logements  et  alimentation  à  bon  marché, 
de  prévoyance  et  d’assistance,  en  un  mot  à  toutes  ces  libres  institutions  inspirées  par  le 
devoir  social  et  qui  ont  pour  objet  d’aider,  de  relever  ou  de  soulager  ceux  qui  sont  les  moins 


—  688  — 

favorisés  ou  ceux  qui  souffrent.  Je  suis  un  vétéran  de  la  chose  publique,  dispense  lies 
longues  déclarations,  qui  a*  plus  d’actes  à  soumettre  à  votre  appréciation  que  de  promesses 
à  vous  faire. 

J’ai  toujours  été  républicain,  je  n’ai  pas  besoin  de  renouveler  devant  vous  mon  serment 
de  fidélité  à  la  République. 

Je  sois  pour  la  République  libérale  et  progressiste,  celle  qui  prend  sa  source  dans 
les  véritables  principes  de  la  Révolution  française  et  dans  la  Déclaration  des  Droits  de 
Thomme,  Je  ne  découvre  le  travail  fécond  et  la  paix  de  la  nation  que  dans  la  pratique 
sincère  de  ces  principes  qui  se  résument  en  ces  mots  :  liberté  et  justice  pour  tous. 

Ceux  qui  conçoivent  la  République  d'une  autre  façon  sont  les  héritiers  des jacobins;  pour 
eux,  la  République  n’est  qu'un  moyen  de  domination  et  d’oppression,  l  instrument  d  une 
secte;  le  gouvernement  de  la  France  et  ses  ressources,  les  fonctions,  les  faveurs  doivent 
être  livrés  à  eux  et  à  ceux  qui  veulent  servilement  les  suivre.  Farouches  républicains  et 
toujours  avec  les  grands  mots  à  la  bouche,  ils  n’admettent  que  leur  religion  négative  et  à 
rebours  ;  la  liberté  est  pour  eux  seuls  ;  ils  pratiquent  avec  fanatisme  l’intolérance  civile. 
Leur  système  politique  est  d'organiser  la  tyrannie  en  commun  par  une  assemblée  unique, 
ou  bien  en  attendant,  comme  à  cette  heure,  en  lui  subordonnant  les  autres  pouvoirs,  et 
c'est  ainsi  qu’ils  ont  plusieurs  fois  ramené  îa  nation  trompée  et  désenchantée  au  pouvoir 

d’un  seul.  . 

C’est  pour  éviter  le  retour  à  de  pareilles  catastrophes,  que  je  n  ai  jamais  distingue 
entre  la  liberté  de  mes  amis  et  celle  de  mes  adversaires;  que  fai  constamment  défendu  la 
liberté  de  tous,  et  avant  tout  la  liberté  du  travail  et  delà  conscience,  ces  libertés  nécessaires 
et  essentielles,  sans  lesquelles  les  autres  ne  sont  rien.  J'ai  détendu  particulièrement  la 
liberté  d’association  et  la  liberté  d’enseignement,  qui  sont  leurs  garanties  ;  la  liberté 
d’association  accordée  aux  uns,  refusée  aux  autres,  n’est  plus  qu'un  privilège;  le  syndicat 
protégé  de  M.  MilJerand  est  une  conception  de  l’ancien  régime.  L’abrogation  de  la  loi  falloux, 
qui  est  morte,  ne  peut  signifier  que  suppression  de  la  liberté  d’enseigner,  et  par  contre 
coup,  suppression  d’une  partie  capitale  de  la  liberté  religieuse,  est  un  retour  au  despo¬ 
tisme  de  Napoléon  F\  Telles  sont  les  idées  des  hommes  avancés  du  jour.  Pour  nous,  le 
progrès  est  dans  la  liberté  générale  ;  je  m’honore  d’en  avoir  été,  dans  la  dernière  législa¬ 
ture,  l’un  des  plus  modestes,  mais  des  plus  énergiques  et  persévérants  défenseurs. 

Il  est  temps  d'agir  pour  parer  aux  graves  périls  que  crée,  pour  la  paix  publique, 
l’omnipotence  croissante  de  la  Chambre  qui,  de  plus  eu  plus,  sort  de  son  rôle,  soas  la 
pression  de  ce  despotisme  collectif.  L’action  gouvernementale  en  est  faussée  à  tous  ses 
degrés;  le  fonctionnaire  subissant  d'autres  directions  que  celle  de  ses  supérieurs,  son 
avancement  étant  livré  à  l'arbitraire,  la  valeur  de  tous  les  grands  services  de  l’btat,  justice 
et  administration,  s'abaisse;  l’armée  elle-même  est  contaminée  par  la  politique.  Le  désordre 
provenant  de  l’initiative  ou  plutôt  de  l’oppression  parlementaire  montre  encore  mieux  ses 
funestes  effets  dans  nos  finances  qui,  sans  être  dans  un  état  tout  à  lait  dangereux,  doivent 
cependant  inspirer  les  plus  vives  inquiétudes;  nous  sommes  le  pays  le  plus  taxé  de  la  tene, 
et  pourtant,  depuis  bien  longtemps,  nous  dépensons  beaucoup  plus  que  nos  ressources  ne 
nous  le  permettent.  L’année  dernière  et  celle  qui  s’écoule  accusent  des  déficits  considé¬ 
rables. 

Il  est  temps  d’aviser,  si  on  ne  veut  faire  courir  à  la  République  un  danger  trop  iee  ,  en 
avouant  qu’en  pleine  paix  et  dans  une  situation  économique  normale,  on  serait  forcé  de 
contracter  de  nouveaux  emprunts  ou  à  lever  de  nouveaux  impôts.  Ce  serait  le  contraire  e 
ce  qu’on  doit  attendre  d’un  gouvernement  démocratique.  Ancien  adversaire  de  l’initiative 
parlementaire  en  matière  de  dépenses,  ayant  entamé  la  campagne  l’un  des  premiers  contra 
ses  fuu estes  abus,  l’un  des  fondateurs  de  la  Ligue  des  contribuables,  ayant  voté  cons 
laminent  contre  les  dépenses  proposées  par  les  députés,  je  poursuivrai  encore  avec  plus 
d’énergie  la  réduction  nécessaire  des  pouvoirs  de  la  Chambre  en  matière  financièie.  Aux 
électeurs  à  ne  pas  se  laisser  tromper  et  berner  par  des  promesses  qui  comportent  presque 
toujours  une  dépense.  Feu  de  réformes  à  l’heure  actuelle,  peu.de  progrès,  très  désirables 


—  689  — 


N°  1462 


cependant,  qui  paissent  &■  accomplir  sau^argem.À  cette  heure,  il  n’est  permis  honnêtement, 
ou  bien  sans  lourde  erreur,  de  promettre  et  d'aborder  de  grandes  réformes,  que  si  on  a 
prouvé  auparavant  que  notre  état  financier  est  en  mesure  d’en  payer  les  frais;  et  cette 
preuve  est  impossible  à  faire.  Être  économe  est,  à  cette  heure,  la  seule  manière  de  préparer 
et  de  rendre  possibles  les  progrès  futurs. 

Le  programme 'politique  de  la  prochaine  Chambre,  qui  ne  pourra  s’accomplir  que  si  on 
y  envoie  une  majorité  assez  forte  pour  substituer  à  un  Gouvernement  sans  principes  ou 
bien  représentant  à  la  fois  d^s  principes  opposés,  qui  n’a  pu  vivre  que  sur  la  désorganisa¬ 
tion  des  partis,  qui  ne  rellète  que  notre  démoralisation  générais,  un  Gouvernement 
d'apaîsemenf,  de  fermeté  et  de  modération,  me  paraît  se  réduire  à  ces  deux  termes  : 

1°  Liberté  rendue  à  tout  le  monde,  et  au  Gouvernement,  par  une  Chambre  revenant  à 
sa  véritable  fonction  de  contrôle  et  ne  discutant  que  les  lois  proposées  par  les  ministres 
responsables. 

2°  Économie  sévère  dans  nos  finances,  afin  d’éviter  l’emprunt  et  l’impôt  et  de 
pouvoir  ainsi  retrouver  les  moyens  de  revenir  au  progrès  véritable.  Pour  cela,  renoncer  à 
l’initiative  parlementaire,  directe  ou  indirecte,  en  matière  de  dépense. 

Chambre  de  liberté,  Chambre  d’économie,  tel  est  le  glorieux  rôle  que  pourrait  prendre 
l’Assemblée  future,  telle  est  l'impérieuse  nécessité  pour  Pheure  présente  et  pour  notre 
avenir. 

La  Chambre  future  pourra  ajouter  à  ces  deux  grands  devoirs  de  liberté  et  d’économie, 
celui  du  souci  de  la  défense  nationale.  De  toutes  parts,  ce  n’est  point  dans  le  programme 
d’un  parti,  mais  de  tous  les  partis  sans  distinction  que  la  question  de  la  réduction  du 
service  militaire  est  posée.  Tout  le  monde  veut  diminuer,  et  avec  raison,  ce  que  le  long 
temps  du  service  militaire  universel  cause  de  perte  au  travail  de  tous,  et  par  conséquent,  à 
la  richesse  de  la  nation  entière. 

La  dernière  Chambre  s’est  bornée,  par  pure  réclame  électorale,  le  Gouvernement 
lui-même  ayant  proposé  l’ajournement  delà  discussion,  à  voter  une  motion  bruyante  et  sans 
application,  au  sujet  du  service  de  deux  ans.  Les  votes  de  ceux  qui,  tout  en  respectant 
l’armée,  voulaient  une  réforme  trop  hâtive,  se  sont  confondus  avec  ceux  des  socialistes 
révolutionnaires  qui  ont  déclaré  bien  haut,  et  à  diverses  reprises,  qu’ennemis  de  l’armée, 
ils  votaient  l'amendement  Gouzv  comme  devant  amener  sa  désorganisation. 

Je  me  déclare  partisan  de  la  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans;  mais,  avec  tous 
les  patriotes,  il  faut  que  cc  soit  à  la  condition  absolue  qu’on  ait,  au  préalable,  pris  les 
mesures  assurant  que  la  défense  nationale  n’en  sera  diminuée  en  tien.  Avant  de  voter  le 
service  de  deux  ans,  il  faut  calculer  la  portée  de  la  suppression  de  toutes  les  dispenses, 
qui  est  la  conséquence  de  la  réduction,  et  y  parer  ;  il  faut  des  lois  pour  ïes  rengagements, 
afin  de  combler  des  vides  prévus;  il  faut  renforcer  les  cadres  et  permettre,  en  un  mot,  de 
n’altérer  en  rien  la  valeur  et  la  puissance  de  Tannée  actuelle.  Promettre  que  la  réduction 
peut  être  opérée  demain,  est  un  mensonge  ;  promettre  qu’elle  pourrait  être  faite  en 
affaiblissant  Tannée  ut  en  la  changeant  en  garde  nationale,  serait  renoncer  au  fruit  des 
énormes  sacrifiées  que  le  pays  a  faits  depuis  trente  ans  pour  créer  son  armée  magnifique  ; 
trop  hâter  une  amélioration  utile  et  désirable,  mais  qu’il  faut  accomplir  avec  réflexion, 
pourrait  risquer  l'existence  du  pays  :  ce  serait  non  seulement  un  mauvais  calcul  au  point  de 
vue  matériel,  mais  encore  commettre  un  crime  contre  la  patrie. 

Je  viens  vous  dire  ce  que  je  pense  sur  la  direction  des  affaires  du  pays,  sur  les 
questions  brûlantes  et  capitales.  Un  adversaire  m'est  opposé:  M.  Guy  Chambaud  de  la 
Bruyère.  Avant  de  se  présenter  devant  vous,  iî  était,  de  notoriété  publique,  radical 
socialiste,  sectaire  et  violemment  antireligieux.  En  Î89S,  il  était  le  candidat  véritable, 
M.  Dru,  le  candidat  appareil I ,  n’ayant  pas  été  en  état  de  se  présenter  dans  la  lutte 
électorale.  Alors,  très  ouvertement,  M.  Guy  Chambaud  de  la  Bruyère  a  soutenu  contre  moi 
tout  le  programme  radical  socialiste,  signé  par  lui,  et  comprenant  :  la  suppression  du  budget 
des  cultes,  la  séparation  de  l’Église  et  de  l’État,  les  retraites  ouvrières  obligatoires,  la 
limitation  de  journée  de  travail,  la  laïcisation  à  outrance,  l’impôt  progressif  sur  le  revenu; 


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ii  poussait  aussi  fort,  que  possible  le  vieux  cri  de  guerre  démodé:  le  cléricalisme,  voilà 
l’ennemi.  Tout  cela,  c’est  le  bagage,  c’est  le  vrai  programme  radical  socialiste.  Comment  se 
fait-il  qu'il  ait  disparu  en  entier?  M.  Chambaud  se  tait  ou  bien  change  de  langage  selon  les 
lieux  où  il  parle  :  il  est  particulièrement  muet  sur  le  cléricalisme,  et  ii  s’est  éclipsé  du 
Conseil  général  au  moment  du  vote  du  vœu  sur  la  question  brûlante  de  l'abrogation  de  la 
loi  Falloux,  de  ïa  liberté  des  écoles,  sur  laquelle  ii  n’est  pas  permis  à  un  homme  politique 
de  ne  pas  avoir  d'avis  ! 

3e  me  trouve  donc  en  présence  d’un  concurrent  qu’il  mrest  difficile  de  combattre, 
puisqu’il  pense  tout  et  rien  à  la  fois,  ïl  n’est  bien  net  que  sur  la  révision  de  la  Constitution; 
les  bonapartistes,  les  boulaugistcs  et  un  grand  nombre  de  nationalistes  sont  également  nets 
sur  ce  point. 

M,  Chambaud  veut  représenter  son  pays  à  la  Chambre  et  il  ne  dit  ni  ce  qu’il  est,  ni  ce 
qu’il  veut  !  Vous  lui  demanderez  alors  ce  qu’il  a  été. 

Je  me  présente  avec  franchise,  tenant  à  la  main  le  drapeau  républicain  libéral  que  je 
porte  depuis  trente  ans.  J'ai  le  droit,  avec  vous,  au  nom  de  l’honnêteté  politique,  d’exiger 
que  mon  adversaire  montre  ses  couleurs. 

11  a  dit  qu'il  était  candidat  agricole  ;  il  a  ajouté,  à  la  réunion  de  la  Demi-Lune,  qu’il 
voulait  être  un  député  d’a  fia  ires  I 

Député  d’affaires?  De  quelles  affaires?  Qu’est-ce  que  cela  veut  dire?  Dans  les  placards 
diffamatoires  que  M.  Chambaud  et  son  comité  affichent  contre  moi,  on  os?:  dire  à  moi  qui, 
cela  est  connu  de  tous,  ai  délaissé  tant  d’intérêts  matériels  pour  me  consacrer  presque 
exclusivement  aux  intérêts  du  pays,  que  je  ne  demande  la  continuation  de  mon  mandat 
que  pour  m’occuper  d’affaires,  et  qu’ ainsi  je  ne  suis  pas  capable  de  remplir  ce  mandat  avec 
indépendance.  Aux  électeurs  de  juger  ïà  où  sont  les  meilleures  garanties  de  l'indépendance 
du  député.  Je  ne  place  la  moralité  ni  dans  une  classe,  ni  dans  une  profession,  ni  dans  une 
condition  pauvre  ou  fortunée.  La  moralité  est  dans  l’individu.  Je  connais  et  je  flétris  les 
excès  du  pouvoir  de  l’argent;  mais  notre  histoire  parlementaire  nous  a  montré  les  dangers, 
les  tentations  qui  assaillent,  et  les  chutes  qui  attendent  parfois  ceux  qui  se  trouvent  dans 
une  condition  précaire. 

Candidat  agricole? Je  le  suis  pour  le  moins  autant  que  M.  Chambaud.  Sur  ce  point  aussi, 
il  en  est  aux  vagues  promesses,  tandis  que  je  puis  rappeler  mes  actes.  Les  agriculteurs 
m’ont  nommé  président  d’honneur  du  Comice  agricole  le  plus  important  de  notre  départe¬ 
ment.  J’ai  été  des  premiers  à  m’intéresser  au  développement  de  toutes  les  associations 
agricoles  et  des  syndicats  sous  la  forme  de  la  mutualité,  des  retraites,  d  achats  en  commun, 
du  crédit  agricole,  par  la  création  d'une  première  petite  banque  à  Bessenay.  Sur  ma  propo¬ 
sition,  la  loi  des  Caisses  d’épargne  a  accordé  aux  sociétés  de  secours  mutuels,  si  nombreuses 
dans  nos  campagnes,  l’abandon  de  la  majeure  partie  des  fonds  des  comptes  abandonnés 
depuis  plus  de  trente  ans.  C’est,  pour  l’avenir,  un  don  de  plusieurs  millions  par  anuée  qui  a 
été  fait  aux  sociétés  de  secours  mutuels.  Je  me  suis  intéressé  à  l’enseignement  agricole.  Je 
veux  que  la  représentation  de  l'agriculture  soit  aussi  puissante  et  aussi  efficace  que  celle  des 
Chambres  de  commerce,  par  la  création  des  Chambres  d’agriculture.  Je  prends  rengagement 
de  hâter,  par  tous  les  moyens,  le  vote  dé  ces  institutions.  Je  poursuivrai  également  la 
réforme  des  droits  qui  dévorent  les  petites  successions,  la  protection  des  campagnes  contre 
les  vagabonds  et  chemineaux,  la  répression  des  fraudes  sur  les  vins,  le  développement  de 
l’industrie,  agricole. 

J’ai  défendu  sans  relâche  les  revendications  agricoles,  en  matière  de  tarifs  ;  j’en  ai  pu 
faire  aboutir  plusieurs. 

Je  me  suis,  notamment,  et  avec  persévérance,  occupé  de  la  production  des  fruits,  qui 
pourrait  être  largement  développée  et  devenir  une  source  de  richesse  considérable  pour 
notre  circonscription.  Gomme  ce  développement  est,  avant  tout,  une  question  de  transport 
fai  insisté  avec  for  je  auprès  des  Compagnies  cle  chemins  de  fer  ;  j’ai  obtenu  déjà  des 
réductions  de  tari!  et  des  accords  entre  les  Compagnies  étrangères,  anglaises,  notamment, 
et  nos  Compagnies  françaises,  pour  un  transit  plus  facile,  permettant  à  nos  fruits  d’arriver? 


n  1 1  Dii 

SnSefVïï  dU  deh°rS-  ,e  COrltinue  raes  Stances  auprès  de  la 

5° JS  J  f  ,  d  b  des  wagons  amûnagés  spécialement  pour  le  transport 

deo  fruits,  fit  des  trains  de  vitesse  à  eux  destinés.  Par  la  Chambre  de  commerce  i'ai  'fait 

prier  le  Conseil  général  de  s’associer  à  cette  action,  si  profitable  à  votre  richesse  agricole 

"  «"  “•  «««  bricole,  »'e»  soit  prùoC T cÏÏS 

TS&T-  T" déià  *"** '«  lroi»  dcmiè'es  a«c- 

lions  ressuscitent.  Il  y  a  contre  moi  nautique  mensonge  du  traité  franco-suisse  au’on 
exploite  dans  les  cantons  où  se  trouvent  des  tisseurs  de  soie.  On  fait  croire  à  ces  braves 

gens  que  ]e  serais  (  auteur  de  cette  convention  qui  leur  arracherait  leur  travaiU  Ceîa  esî 

absolument  faux,  les  conséquences  de  cette  convention  ne  sont  pas  telles,  mais  serait-ce 

qziLm  arrr  * m°  ^  ~  -«<- 

et  *  6tS  d°m,ndê’  réda°"S  '“PMeosement  par  les  agriculteur* 

proMto^ '"f C“imbre  “'r  16  ‘'aPPOrt  de  ”•  Incontesté  dU  fam 

f  fl  a  été  voté  par  l’unanimité  de  la  Chambre  en  1892,  moins  quelques  voix 
La  piotection  agricole  dispose  et  disposera  à  la  Chambre  des  neuf  dixièmes  des  voix 
î^raU  h  "S,0r,lé  P'-  du  traité  tranennicee  «^.él^i 

On  abuse  tellement  de  là  crédulité  publique  qu'on  réédite  également 
trop  niai, u,  que  JW*  dit  (où 7  «  quand,,  ,'»e  ,'Lrier  g^eSbTe» £ 7* Tirté 
par  jour,  bien  entendu,  on  n’a  jamais  osé  avancer  de  pareilles  choses  encore  dIms  ridiew 
qu  odieuses,  en  tact:  de  moi,  ni  même  les  écrire;  je  sais  qu’elles  circulent  Votre  hnn 

SÜrtiCe'  A  CC  SUjet)  jfi  TS  prie  de  V0US  méfier  des  attaq«es  qui  se  produiront  àîa 
dernièr e  heuie,  au  moment  ou  je  ne  pourrai  plus  répondre.  Ainsi  on  a  répété  partout  mm 

j  avais  vote  pour  l'amendement  Le  Moigne,  modifiant  ia  réparation  de  la  rnni  i,1  r  ^ 

zrm  “  ir,°.bm6rc'  *“dis  **•  n  voté  e»» 

suppression  de  1  octroi  de  Lyon,  tandis  que  je  m’étais  abstenu  dans  la  première  discussion 

fa  ulT1  T  °(lie>™6 lüêgaIe  était  mise  sur  les  écoles  libres.  Le  Sénat  ayant  rejeté 

f,;.  ,  |UI'  es  école,s  et  la  Chambre  aTant  accepté  ce  rejet,  selon  la  déclaration  que  j’avais 
faite  à  la  tribune,  j’ai  ensuite  voté  la  loi.  que  1  a'ais 

La  manière  plus  que  fantaisiste  avec  laquelle  mon  concurrent  et  son  comité  rédken  t 
es  comptes  rendus  de  leur  réunion,  souvent  faux  et  toujours  d’une  exagération  manifeste 
ne  me  laisse  aucun  doute  sur  la  nature  de  leurs  procédés  dé  la  dernière  heure. 

électeurs,  vous  allez  choisir:  du  côté  de  mon  concurrent  n,'omû6  > 
de  programme,  l’équivoque  et  le  masque.  De  mon  côté,  la  franchise  complété^  Ic/icr*’  u* 
ongs  services,  l’expérience  acquise.  L’inquiétude  est  grande  il  v  a  beaucoim  rfp  CS’  63 
dans  l’air.  Vous  verre,  s’il  n’est  pas  peut-ê!re  sage,  dan!  les 51^^ 
traversons,  de  maintenir  votre  mandat  à  ceiui  que  vous  connaisse?  bien  at  •  **  n0US 

“  «*  «•  »»  «rnnd  rêpnbHcnin,  le  président  Lincoln  ^ 

«omnn, d»  p„»er  le  gué  qu'il  leu.  cbanger  de  chevat».  .  Médite*  ces  paroi®  IpteS 

Pour  moi,  je  me  trouverais  heureux  et  honoré  d’une  nouvelle  msrm,n 
"  ”•  'Permettait  de  consacrer  le,  dernier,, 

L1  Paîs’  c  est-s-dire  à  la  réconciliation  nationale,  par  la  politique  d’apaisemeni  et°^  tk 
ans  la  République.  C’est  dans  cette  politique  seûLenS^m?^““  *  ^ 

de  la  France,  y  verront  son  repos,  sa  grandeur  et  son  aven"!  *  onta^œnr  la  passton 

Ed.  AYNARD, 

Vice-rrêsident  de  la  Chambre  des  Députés, 
Député  sortant. 


-  692  — 


9e  circonscription  de  LYON 

M.  GENEÏ 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  9 . 1:95  voix. 


Comité  de  Concentration  des  Forces  républicaines 
Chers  Concitoyens, 

,  ,  lac  nartiR  pt  les  hommes  qui  briguent  l’honneur 

Voici  1,  lotte  engagée ■  «  „  do»,  la  charge  est  lourde  et  la  responsabilité 

iToin?"  c7t1o““p'res  un  examen  atten.it  et  méremoo,  réüéchi  que  votre 

choix  doit  se  faire.  c01lfusi0n  il  faut  que  voire  esprit  soit  parfaitement  éclairé  ; 

„  raift'ou^en' accomplissant  8g  3  W-W  -  <•  **«  ™ 

et  avec  la  certitude  que  votre  bonne ^  vouTle  fassiez  #ce  que  vous 

11  faut,  en  outte,qu  ^affirmant  wwnvo  _  scjenü)lque  et  morai  par 

l’of  d  r  ^  ef  la'  m  ètli  o  d  e 1  r  ec  t  i  1  i  g  ne ,  méthode  et  action  qui  ne  procèdent  ni  par  à-coups  m  par 
surprise.  .  ,  hommes  conseillers  généraux,  conseillers  d’arrondisse- 

poôr’unè  nouvelle  'S avec  prodcnce 

tenu  le  ministère  a.  U  TOolaient  emralner  notre  W  dans  des  aventures  qm 

J3w"iA— ' '*  Bo“““p  S!lve“,•  app  ’ 

77,  n  1,‘a  su  se  —  er  =  e  «  =  ~  ~  »  -  <*-* • 

«  po,“*  d°  ~  rr 

toutes  les  conquêtes  de  ^tre  chère  République^  ^  ^  ^  in(liffisren,.  Il  a,  au  Parlement 
Rien  de  ce  qui  concerne  no  üe  depuis  nombre  d’années,  défendu  et 

aussi  bien  qu’au  Cousm  S®»®"-  tds  le  chemlQ  de  fer  de  Par  ay-1  enfoui  al  à  Givors,  en 
soutenu  quantité  de  piop.ts  dont  i'lna,gu ration  a  eu  lieu  le  31  mars  dernier;  le 

voie  d’execution;  le  ia  <  tramway  de  Lyon  à  Ouilïns,  Pierre-Bénite,  lrigny  et  Ver- 
Cn“t7ie  cÏemi»  de  1er  *  Moreant  a  Bive-de-Gier  et  antres  voies  importantes  de  comme- 

nication.  *ffnrts  la  oluoart  du  temps  couronnés  de  succès,  pour  faire 

"  ‘  “m  mm,  .  dos  S'ontas  ponr  ohomiL  vicinaux,  consiructio»  écoles, 
““.“U*  ““ration  des  dommages  causés  par  les  calamités  qui  se  sou,  abattues  su, 

cm.ioMp.rflMdoM^iMdoa'P»™-^  ^  *  d(![enare  les  intérêts  d 

rmnml™  et  dei'industrie,  dont  le  développement  contribue  si  ut.lomont  a  la  v.o  nota 


—  693  — 


N°  i 162 


Partisan  acharné  de  ta  République,  il  continuera  à  la  servir  fidèlement  en  s'inspirant  du 
programme  qu'il  a  accepté. 

Vous  savez.  Citoyens,  quelle  a  été  l'activité  du  députe  sortant  pendant  la  durée  du 
mandat  qu'il  vient  d'accomplir.  Mieux  renseigné  encore  sur  la  pratique  des  affaires!  sur 
les  besoins  et  les  intérêts  à  défendre,  il  fera  encore  plus  si  vous  lui  faites  l’honneur  de  lui 
renouveler  le  mandat  qu'il  a  si  bien  rempli,  Nous  pouvons  dire  que,  malgré  les  difficultés 
dont  notre  circonscription  donne  l'exemple,  quant  aux  diversités  de  vues  et  d'opinions,  le 
citoyen  Genet  a  su  conquérir  les  sympathies  et  l'estime  du  grand  parti  républicain  de  la 
Teille* 

Républicains,  debout  l  Votre  devoir,  en  affirmant  voire  foi,  doit  être  tracé  particulière¬ 
ment  par  les  circonstances,  qui  vous  commandent  de  voter  pour  un  homme  connu,  dont  le 
passé  répond  de  l'avenir. 

Aux  urnes!  votons  avec  fermeté  et  conviction  pour  le  citoyen  Eugène  Genet,  maire  de 
Condrieu,  vice^président  du  Conseil  général,  membre  du  Comice  agricole  de  Givors,  député 
sortant. 

Vive  la  République! 

Pour  le  comité  : 

Suivent  les  signatures.) 


10e  circonscription  de  LYON 

M,  de  PRESSENSÉ 

Élu  au  2°  tour  de  scrutin.  —  6.701  voix. 


Concentration  des  Forces  Républicaines  Socialistes*  —  Fédération  Socialiste  Autonome 

du  Rhône 

Électeurs, 

La  réaction  cléricale  tente,  sous  le  masque  nationaliste,  un  suprême  assaut  contre  la 
République.  Jadis,  au  16  Mai  et  contre  le  boulangisme,  il  a  suffi,  pour  vaincre  ce  parti  sans 
nom,  de  Tunion  de  toutes  les  fractions  de  la  démocratie  républicaine.  Aujourd'hui,  ce  qu'il 
faut  avant  tout,  c’est  la  réalisation  du  programme  des  réformes  trop  longtemps  ajournées  et 
^inauguration  de  la  législation  sociale* 

La  France  a  soif  de  sécurité;  elle  sait  qu'elle  ne  la  trouvera  que  dans  le  progrès.  Elle 
ne  veut  ni  de  la  troupe  bariolée  de  la  démagogie  césarienne,  des  patriotes  romains,  des 
soi-disant  libéraux  de  sacristie*  ni  des  faux  républicains  traîtres  à  la  démocratie,  dupes  ou 
complices  de  la  contre-Révolution,  ni  du  personnel  usé  des  politiciens  qui  ont  compromis 
nos  institu lions  par  leurs  fautes  et  leurs  erreurs.  Ce  qu  elle  vent,  c'est  la  marche  pacifique 
et  constante  vers  la  justice  par  la  liberté,  c'est  le  gouvernement  par  le  peuple,  pour  le 
peuple?  c'est  d'abord  l'adoption  immédiate  des  réformes  suivantes  : 

1°  Séparation  des  Églises  et  de  l'État,  dénonciation  du  Concordat,  suppression  do 
budget  des  Cultes  et  de  l’ambassade  au  Vatican,  et  des  subventions  directes  ou  indirectes 
m  congrégations,  séparation  de  l'Église  et  de  l'école,  abrogation  de  la  loi  Falloux,  laïci¬ 
sation  de  l'assistance; 

2°  Réduction  du  temps  de  service  à  deux  ans  avec  suppression  des  exemptions  dites 


-  694  - 


intellectuelles,  suppression  des  treize  et  vingt-huit  jours,  unité  d'origine  des  officiers  avee 
passage  dans  le  rang,  réforme  du  Code  de  justice  militaire  avec  suppression  des  Conseils 
de  guerre  et  des  compagnies  de  discipline; 

3°  Réforme  fiscale  à  l’aide  d’un  impôt  sur  le  revenu,  avec  exemption  au-dessous  d’un 
minimum  de  distinction  entre  les  revenus  du  travail  personnel  et  ceux  du  travail  d’autrui 
réforme  des  contributions  indirectes,  économies  budgétaires,  réduction  des  frais  de  pro¬ 
cédure,  reprise  des  monopoles  (chemins  de  fer); 

4°  Établissement  de  l’arbitrage  obligatoire,  création  de  la  caisse  des  retraites  ouvrières 
avec  répartition  immédiate,  assurance  obligatoire  contre  la  maladie,  les  accidents,  le 
chômage. 

Électeurs, 

Ce  n’est  là  qu’une  indication  de  la  voie  dans  laquelle  la  République  doit  entrer  pour 
devenir  invincible,  non  seulement  comme  la  forme  naturelle  du  gouvernement  d’une  démo¬ 
cratie  libre,  mais  comme  l’instrument  nécessaire  de  progrès  social. 

Ne  vous  laissez  pas  effrayer  par  les  mensonges  de  la  réaction  qui  essaye  de  faire  du 
mot  de  socialiste  un  épouvantail,  comme  en  1848  de  celui  de  républicain.  Réfléchissez  qne 
le  socialisme  veut  la  substitution  pacifique  de  l’ordre  à  l’anarchie,  de  l’harmonie  à  la  guerre, 
l’universalisation  et  non  la  suppression  de  la  propriété,  la  liberté  pour  tous  au  lieu  du  pri¬ 
vilège  pour  quelques-uns.  Regardez  le  grand  courant  économique  qui  emporte  les  sociétés 
vers  cet  avenir  de  justice  et  de  paix  et  songez  que  déjà  de  vieilles  nations  en  Europe  et  de 
jeunes  communautés  en  Australie  ont  cherché  et  trouvé  dans  ces  réformes  sociales  leur 
sécurité  et  leur  prospérité. 

Électeurs, 

Votre  circonscription,  à  la  fois  industrielle  et  agricole,  a  des  intérêts  particuliers  qui 
occupent  une  place  légitime  dans  vos  préoccupations.  L’agriculture  doit  être  non  seulement 
soulagée  d’impôts  excessifs,  mais  encouragée  par  îe  développement  de  Renseignement 
agricole,  des  syndicats,  par  la  protection  contre  la  fraude,  par  ^imposition,  aux  Compagnies 
de  chemins  de  fer,  de  tarifs  équitables  et  de  moyens  de  transports  suffisants.  La  multipli¬ 
cation  des  voies  de  communications  rapides  {tramways,  etc.)  est,  tout  ensemble,  un  avan¬ 
tage  matériel  et  un  des  meilleurs  palliatifs  à  l’encombrement  des  logements  ouvriers  et  à 
l’aieoolisme,  qui  en  est  l’une  des  suites.  Pour  toutes  ces  questions  locales,  vous  devez  pouvoir 
compter  sur  un  mandataire  attentif  et  fidèle,  11  en  est  deux  en  particulier  sur  lesquelles 
vous  avez  le  droit  d’exiger  l’action  énergique  de  votre  représentant  :  l’absorption  dans  la 
grande  ville  voisine,  qui  vous  menace  par  T  annexion  et  le  déclassement  des  forts,  inutiles 
au  point  de  vue  militaire  et  nuisibles  à  toute  la  localité- 

Citoyens, 

La  Révolution  a  fait  la  France  actuelle.  Elle  a  donné  à  la  démocratie  des  villes  et  des 
campagnes  l’arme  avec  laquelle  elle  peut  et  doit  conquérir  ïa  plénitude  de  ses  droits.  C’est 
elle  que  menace  la  contre-Rèvolution  hypocrite.  Pour  la  défendre,  il  faut  la  continuer  paci¬ 
fiquement  et  la  mener  à  sou  terme  social.  Au  nom  de  la  France  républicaine  et  socialiste, 
je  m’offre  à  vos  suffrages  pour  cette  besogne  de  salut  public.  Puissions-nous  faire  triompher 
contre  Rome,  et  la  réaction  et  les  traîtres,  la  cause  de  la  République  sociale,  de  la  démô" 
cratie  intégrale,  de  la  justice  et  de  la  liberté. 

Francis  de  PRESSENSE. 

La  Commission  électorale  : 

(Suivent  les  signatures.) 


—  693  — 


N®  H  62 


1[0  circonscription  de  VÏLLEFRANCHE 

M.  Justin  GtiABERT 

lî!u  au  1er  tour  de  scrutin.  —  12.887  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Je  viens  pour  la  deuxième  fois  solliciter  vos  suffrages. 

Quand  vous  m’avez  envoyé,  en  mars  1900,  vous  représenter  au  Parlement,  vous  me 
connaissiez  déjà  comme  Pun  des  vôtres,  comme  un  ferme  républicain,  attaché  depuis 
longtemps  à  notre  beau  pays,  instruit  de  vos  intérêts  et  décidé  à  les  défendre  énergique* 
ment. 

Je  me  représente  aujourd'hui  devant  vous  avec  la  conscience  du  devoir  loyalement 
accompli. 

Chaque  fois  que  les  communes  et  les  électeurs  ont  fait  appel  à  mon  concours,  ils  m’ont 
trouvé  tout  prêt  à  leur  rendre  service,  dans  toute  la  mesure  de  mes  forces. 

Si  je  suis  réélu,  je  ferai  de  même.  Fort  de  votre  confiance  et  aidé  par  P  expérience  que 
fai  pu  acquérir,  je  m'efforcerai  devons  représenter  à  votre  entière  satisfaction,  en  m'ins¬ 
pirant  des  deux  sentiments  qui  ni  ont  déjà  guidé:  l’indépendance  du  caractère  dans  l’exer¬ 
cice  de  mon  mandat,  et  le  désir  de  me  rendre  utile  à  mes  compatriotes  en  leur  consacrant 
bute  mon  activité  et  tout  mon  dévouement. 

Au  point  de  vue  politique,  je  serai  toujours  le  républicain  convaincu  que  vous  connaissez, 
résolu  à  défendre  nos  institutions  contre  la  réaction,  quelle  que  soit  la  forme  où  elle 
apparaisse,  le  nom  sous  lequel  elle  se  dissimule. 

Je  fais  donc  appel  à  tous  les  républicains,  à  tous  ceux  qui  sont  restés  fidèles  au  vieux 
programme  qui  fut  celui  de  Gambetta. 

Partisan  de  la  laïcité  de  PÉtat  et  de  son  absolue  neutralité  en  matière  religieuse,  je 
veux  qu'il  soit  affranchi  de  toute  ingérence  de  ce  côté,  comme  je  veux  aussi  le  respect  des 
opinions  de  chacun. 

En  matière  d'enseignement,  je  veux  la  prédominance  de  l’esprit  laïque  et  le  contrôle 
de  l’État. 

Je  donnerai  mon  concours  aux  projets  ayant  pour  but  l'amélioration  sociale  du  sort  de 
notre  démocratie  laborieuse,  La  cause  des  humbles,  de  ceux  qui  travaillent  et  de  ceux  qui 
souffrent,  doit  être  le  premier  objet  des  constantes  préoccupations  des  législateurs.  Les 
réformes  sociales  que  le  pays  attend  doivent  être  envisagées  sans  crainte,  avec  méthode  et 
prudence.  Il  faudra  notamment  aborder  le  grand  problème  des  retraites  ouvrières  pour  les 
travailleurs  des  villes  et  pour  ceux  des  campagnes,  auxquels  on  n’a  pas  suffisamment  songé 
jusqu’à  ce  jour. 

Je  voterai  le  service  de  deux  ans,  la  suppression  des  treize  jours  et  le  remplacement 
tes  périodes  de  vingt-huit  jours  par  des  périodes  do  vingt  et  un  jours. 

Je  suivrai  avec  attention  les  projets  concernant  l’amélioration  des  conditions  de  la  vie 
economique,  industrielle  et  agricole  de  notre  pays,  sans  perdre  de  vue  que  les  contri- 
hiables  sont  actuellement  grevés  d’impôts  vraiment  trop  lourds  et  qu’il  faut,  à  tout  prix, 
Par  des  réductions  dans  les  dépenses  les  moins  urgentes,  arriver  h  alléger  les  charges 
publiques  qui  vont  toujours  en  grandissant. 

J'apporterai  particulièrement  tous  mes  soins  à  défendre  les  in  té  rôts  agricoles  et  viti- 
cules^de  notre  région  beaujolaise  et  je  serai,  comme  par  le  passé,  l’interprète  fidèle  de  nos 
Marieuses  populations,  avec  lesquelles  je  continuerai  à  me  tenir  en  constante  commun  i- 


—  696  — 

A  vous,  mes  chers  Concitoyens,  de  dire  si  mon  programme  est  toujours  le  vôtre. 

Je  suis  fier,  quant  à  moi,  d’avoir  à  tenir  de  nouveau  au  milieu  de  vous  le  drapeau 
républicain,  le  drapeau  de  la  démocratie  et  de  la  liberté  contre  la  coalition  des  ennemis  de 
tous  genres  de  nos  institutions,  et  c’est  avec  une  entière  confiance  que  je  demande  à  tous 
les  républicains  de  s’unir  sur  mon  nom  pour  le  triomphe  de  la  République  au  scrutin  du 
27  avril. 

Vive  la  République  ! 

Vive  la  France  ! 

Justin  CHABERT,  Député  sortant. 


2a  circonscription  de  VI LLEFR. ANCHE 

M.  BONNEVAY 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  ll.OSii  voix. 


Électeurs, 

Vous  êtes  appelés,  le  27  avril,  à  élire  votre  représentant  à  la  Chambre  des  Députés. 
Cette  consultation  aura  une  importance  considérable;  vous  aurez  à  choisir  entre  la 
République  de  liberté  et  de  progrès  démocratique,  qu’avaient  voulu  nos  pères,  el  le  socia¬ 
lisme  collectiviste,  qui  s’est  emparé  de  notre  circonscription  et  dont  vous  avez  vu  al  œuvre 
la  politique  sectaire,  t"acassière  et  haineuse. 

Notre  but  est  de  faire  l’union  de  tous  les  républicains  sur  le  nom  d’un  candidat  qui 
saura  défendre  îa  République,  la  liberté,  le  progrès,  sans  réaction  ni  révolution. 

Le  programme  que  nous  vous  proposons  est  celui  de  l'immense  majorité  des  électeurs 

de  notre  circonscription. 

Maintenir  et  défendre  la  République  et  les  institutions  démocratiques; 

Assurer  à  tous  les  citoyens  le  libre  exercice  de  leurs  droits  et  défendre  toutes  nos 

libertés  si  péniblement  conquises  depuis  1789  ; 

Pratiquer  une  politique  d'économies  rigoureuses  qui  permette  de  rétablir  l'équilibre 
compromis  de  nos  finances,  d’amortir  la  dette  publique  et  d’elïectuer  les  reformes  attenta 
par  le  pays  ; 

Défendre  les  intérêts  de  l’agriculture,  si  complètement  négligés  par  le  députe  sortant; 
créer  des  débouchés  nouveaux  pour  nos  vins  et  nos  produits  agiicoit-s  ; 

Organiser,  par  ta  mutualité,  des  retraites  pour  la  vieillesse;  pour  tous  les  travailleurs 

de  la  ville  et  de  la  campagne  ; 

Développer  la  mutualité  sous  toutes  ses  formes  et  accroître  les  subventions  aux  sociétés 

de  secours  mutuels  ;  , 

Réduire  la  durée  du  service  militaire  à  deux  années  et  même  à  moins,  si  cela  es 
possible  sans  compromettre  les  nécessités  de  la  défende  nationale  ; 

Supprimer  les  vingt-huit  et  les  treize  jours  ;  organiser  des  champs  de  tir  cantonal 
pour  exercer  les  hommes  de  la  réserve  et  de  la  territoriale; 

Pratiquer  une  politique  d'apaisemen^  d’union,  de  concorde  entre  tous  les  Français 

Électeurs, 

Le  candidat  que  nous  présentons  a  vos  saffrages,  M,  L.  Bonnevay,  avocat  à  la  Cour 


697  — 


N°  1162 


d’appel,  propriétaire  à  Saînt-Nizier-d'Àzergues,  a  signé  notre  programme  et  s’est  engagé  à 
le  défendre. 

Appartenant  par  ses  origines  et  par  sa  famille  à  notre  circonscription,  resté  en  relations 
constantes  avec  ses  compatriotes,  M.  Bonnevay  connaît  nos  besoins  et  nos  aspirations  ;  il 
saura  les  défendre  ! 

Fils  du  premier  conseiller  général  républicain  qu’ait  élu  le  canton  de  Lamure  en  1871, 
n’ayant  jamais  donné  lui- même  son  adhésion  qu’à  des  organisations  nettement  répu¬ 
blicaines,  M.  Bonnevay  représentera  dignement  an  Parlement  notre  circonscription  si  sincè¬ 
rement  éprise  de  liberté  et  de  progrès* 

Profondément  dévoué  aux  œuvres  de  mutualité,  de  solidarité  et  de  prévoyance,  connu 
depuis  plusieurs  années  par  ses  travaux  sur  les  questions  ouvrières  et  sociales, 
M.  Bonnevay  soutiendra,  mieux  que  tout  autre,  les  intérêts  des  classes  laborieuses  et  de  la 
démocratie. 

Électeurs, 

Si  vous  voulez  une  politique  d’union,  d’apaisement  de  nos  discordes  civiles  et  de  paix 
sociale  ;  , 

Si  vous  voulez  une  République  éprise  de  liberté  et  de  progrès,  travaillant  sans  relâche 
à  Famélioration  du  sort  des  travailleurs  et  à  la  grandeur  de  la  patrie, 

Vous  voterez  pour  : 

L.  BONNEVAY, 

Avocat  à  la  Cour  d’Âppel, 
Propriétaire  à  Saiût-Nizier-d’Azergues, 
Candidat  républicain. 


SS 


—  698  — 


SAONE  (HAUTE-) 


Circonscription  de  GRAY 

M.  CGUYBA 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin*  —  8.693  voix* 


Mes  chers  Concitoyens , 

Sur  les  instances  du  parti  républicain  tout  entier,  fort  des  services  rendus  depuis  cinq 
ans  à  la  ville  de  Gray  et  à  la  démocratie  rurale,  dédaignant  les  attaques  injustifiées  dont  je 
suis  l’objet' de  la  part  d’adversaires  sans  scrupules,  et  vous  mettant  d’avance  eu  garde  contre 
les  manœuvres  de  la  dernière  heure,  les  mensonges  et  les  falsifications  de  mes  votes,  je 
viens  de  nouveau  solliciter  vos  suffrages  et  vous  piéseuter  le  programme  de  réformes  poli¬ 
tiques,  économiques  et  sociales  que  je  vous  soumettais  en  1898  et  auquel  je  suis  resté 
constamment  fidèle  et  dévoué* 

Ce  programme,  mon  adversaire,  jadis  radical,  aujourd'hui  patronné  par  la  coalition 
nationaliste,  a  jugé  à  propos  de  se  l'approprier  dans  ses  parties  essentielles*  Vous  ne  serez 
pas  dupes  de  ce  procédé  et  vous  reudi  ez  à  votre  Député  sortant  .a  part  d’miüalîve  et  d’action 
qui  lui  revient  dans  la  proposition  et  la  réalisation  des  réformes  ci-dessons  énoncées,  con¬ 
formément  à  la  Déclaration  des  Droits  de  l’homme  et  aux  trois  grands  principes  de  1789  : 
liberté,  égalité,  fraternité. 


1.  —  Réformes  politiques  :  Liberté. 

1°  Liberté,  souveraineté  et  probité  du  suffrage  universel  assurées  par  une  révision  stricte¬ 
ment  limitée  de  la  Constitution,  en  vue  de  préciser  nette  ment  les  pouvoirs  politiques  et 
financiers  du  Sénat  et  de  la  Chambre  pour  obtenir  le  bon  fonctionnement  du  travail  parle¬ 
mentaire  et  la  stabilité  gouvernementale,  base  essentielle  du  progrès  et  des  réformes 
pratiques* 

2°  Liberté  et  souveraineté  de  la  société  civil1*  —  Liberté  de  Renseignement  sous  le 
contrôle  de  PÉtat  et  avec  légalité  des  grades  pour  tous  les  professeurs  des  écoles  privées  ou 
publiques*  Réforme  libérale  et  démocratique  de  Renseignement  secondaire,  comme  je  Rai 
proposée  a  la  Chambre  en  qualité  de  rapporteur  de  la  Commission,  pour  faciliter  Raccèsde 
Renseignement  secondaire  à  tous  les  enfants  du  peuple  qui  en  sont  dignes* 

3"  Liberté  inviolable  de  la  conscience.  -  Protection  de  tous  les  cultes,  sous  la  condi¬ 
tion  que  leurs  ministres  ne  fassent  pas  d’incursion  dans  la  politique  et  soient  respectueux 
des  loi1'  de  1  État,  comme  tout  citoyen  doit  l'ètre*  Cette  liberté  a  été  entièrement  respectée 
par  la  loi  des  associations* 

k°  Liberté  et  respect  de  la  propriété  individuelle  et  agricole,  —  Maintien  du  droit  des 
bouilleurs  de  cru,  —  Ce  droit  a  été  sanctionné  en  partie  par  la  loi  des  boissons  du  29  dé¬ 
cembre  19Q1,  Ren  demanderai  Rextensioii,  jusqu’à  une  certaine  limite,  non  seulement  aux 


m 


H°  H  62 


récoltants, mais  aux  acheteurs  de  vendanges  et  pour  tous  les  fruits,  y  compris  les  prunelles, 
dont  j'ai  voté  la  libre  distillation  comme  vous  pouvez  le  voir  au  Journal  officiel  du  7  décembre 
1900,  p.  2521. 

2.  —  Réformes  économises  :  Égalité * 

1°  Égalité  devant  la  loi.  —  Diminution  des  frais  de  justice,  de  mutation  et  de  licitation. 
Celte  œuvre  a  été  en  partie  accomplie  par  la  reforme  hypothécaire  et  la  réforme  des  succes¬ 
sions.  Elle  va  être  complétée  par  le  projet  actuellement  soumis  au  Conseil  d'État.  —  Exten¬ 
sion  de  \  i  compétence  d  s  juges  de  paix. 

2°  Égalité  devant  la  loi,  —  Mise  à  l'étude  dhiri  impôt  progressif  sur  le  revenu,  sans  vexa¬ 
tions  inutiles,  ayant  à  sa  base  le  dégrèvement  du  travail  et  le  dégrèvement  de  la  propriété 
agricole  et  viticole,  —  Équilibre  du  budget.  —  Réforme  des  prestations.  —  Révision  du 
cadastre.  Celte  réforme  entreprise  par  la  loi  du  17  mars  1898  doit  aboutir  à  la  réfection 
totale  du  cadastre.  —  Unification  des  tarifs  kilométriques  des  chemins  de  fer,  —  Réduction 
de  ces  tarifs  pour  le  transport  des  produits  agricoles,  comme  je  Pai  déjà  demandé  à  la 
Chambre  dans  l'intérêt  du  commerce  et  de  Pagrîcalture. 

3°  Égalité  devant  les  fonctions  publiques.  —  Suppression  des  fonctions  inutiles.  — - 
Décentralisation  administrative.  Membre  de  la  Commission  des  économies  administratives, 
j'ai  demandé  à  ce  point  de  vue,  sous  le  Ministère  Duptiy,  la  réduction  des  gros  traite¬ 
ments. 

Extension  de  l’autonomie  communale  et  régionale. 

k"  Égalité  devant  les  services  publics,  devant  la  loi  scolaire  et  militaire.  —  Extension 
des  congés  militaires  pour  les  travaux  des  campagnes  et  des  villes,  en  attendant  l’établisse¬ 
ment  du  service  militaire  de  deux  ans,  dont  j’ai  voté  le  principe  et  dont  je  voterai  l’application 
raisonnée,  pour  défendre  les  droits  sacrés  de  la  Patrie  et  assurer  la  puissance  de  notre 
armée  nationale, 

3,  —  Réformes  sociales  :  Fraternité  et  solidarité. 

1°  Fraternité  et  solidarité  agricoles.  —  Lois  sur  les  associations  agricoles.  —  Lois  de 
garantie  contre  les  spéculations  régionales  et  internationales.  J  ai  vote  dans  ce  sens  la  loi 
du  29  janvier  1902  qui  modifie  le  régime  des  admissions  temporaires  des  blés,  en  faisant 
disparaître  la  spéculation  et  l’agio  sur  les  acquits-à-caution.  —  Représentation  agricole. 
Chambres  consultatives  d’agriculture  élues  par  les  intéressés  dans  chaque  arrondissement. 

Crédit  agricole.  —  J’ai  voté  la  loi  du  25  décembre  1900  sur  les  caisses  régionales  du 
crédit  agricole.  Pavais  voté  auparavant  l’exigibilité  des  40  millions  de  la  Banque  de  France, 
comme  rançon  du  renouvellement  de  son  privilège,  pour  organiser  le  crédit  agricole  et  pour 
permettre  au  cultivateur  de  perfectionner  son  outillage  et  d’accroître  sa  production.  — 
Instruction  agricole.  —  Développement  de  l’enseignement  agricole  dans  les  établissements 
primaires  et  secondaires.  —  Lutte  contre  l’émigration  et  la  dépopulation  des  cam¬ 
pagnes. 

2°  Fraternité  et  solidarité  ouvrières.  -  Lois  sur  les  associations  ouvrières.  —  Caisses  de 
retraites  pour  les  ouvriers  de  la  ville  et  des  campagnes.  Développement  de  renseignement 
technique  et  professionnel.  —  Organisation  du  travail  après  avis  des  Chambres  de  com¬ 
merce.  —  Réglementation  pour  les  femmes  et  les  enfants.  —  Amélioration  du  sort  des  tra¬ 
vailleurs,  des  employés  et  des  ouvriers  de  chemins  de  fer. 

;y>  Fraternité  et  solidarité  démocratiques.  —  Lois  impartiales  sur  les  rapports  du  capital 
et  du  travail  et  développement  des  syndicats. 

4°  Fraternité,  solidarité  et  justice  sociales.  —  Lois  d’humanité  et  d’assistance  publique 
envers  les  pauvres  et  les  déshérités.  —  Diminution  de  la  souffrance  humaine. 


—  700  — 


Cultivateurs! 

Sorti  de  vos  rangs,  je  continuerai  à  proposer  et  à  voler  toutes  les  mesures  ayant  pour 
but  de  combattre  la  crise  agricole,  la  mévente  de  vos  produits,  l'inégalité  des  impôts  qui 
pèsent  sur  la  propriété  foncière* 

Avec  la  réfaction  du  cadastre,  je  voterai  rétablissement  des  livres  fonciers,  qui  déter¬ 
mineront  la  condition  juridique  de  vos  immeubles;  Pamélioration  du  régime  douanier  et  des 
droits  protecteurs  ;  la  réglementation  des  bourses  de  commerce  et  la  répression  tic  la  spécu¬ 
lation,  Pour  vous,  j’ai  demandé  et  je  demanderai  encore  les  subventions  nécessaires  à  vos 
sociétés  mutuelles,  à  vos  travaux  collectifs,  aux  œuvres  de  salubrité  et  d’hygiène  telles  que 
l'adduction  des  eaux  dans  les  communes  pauvres,  en  un  mot  l'organisation  de  la  démocratie 
rurale. 

Industriels,  commerçants,  ouvriers! 

Je  suis,  vous  le  sav^z,  partisan  de  l'harmonie  complète  dans  les  rapports  du  capital  et 
du  travail.  Je  prélère  aux  utopies  dangereuses  les  réalités  pratiques.  Je  voterai  toutes  les  lois 
qui  tendront  à  concilier  la  liberté  individuelle  et  la  solidarité  sociale, 

La  multiplicité  et  la  facilité  des  moyens  de  transports  étant  la  grande  loi  économique 
du  monde  moderne,  j’ai  contribué  pour  ma  part  et  je  contribuerai  encore  à  développer  dans 
notre  pays  toutes  les  voies  de  communications  :  routes,  canaux,  tramways,  cûemins  de  fer, 
grande  ligne  ferrée  du  Nord  au  Simplon  par  Gray,  dont  j’at  proposé  le  principe  à  la  Commis¬ 
sion  des  travaux  publics,  qui  a  émis  un  avis  favorable. 

Habitants  de  Gray  ! 

Votre  ville  doit  reprendre  son  ancienne  prospérité  intellectuelle,  artistique,  industrielle 
et  commerciale.  Vous  savez  que  mon  concours  est  tout  acquis  à  cette  cause  de  fraternité  et 
de  progrès,  à  l’établissement  de  votre  école  primaire  supérieure  de  filles,  à  votre  musée,  à 
vos  projets  d’avenir,  à  tous  vos  intérêts. 

Chers  Concitoyens, 

Je  suis  candidat  d’uaion  et  d’action  républicaines.  Fidèle  à  mon  programme  de  réformes 
et  de  liberté,  je  veux  une  République  ordonnée  et  vraiment  libérale,  basée  sur  la  justice 
égale  pour  tous  en  même  temps  que  seco arable  aux  faibles;  respectueuse  de  tous  les  droits, 
mais  résolument  réformatrice;  économe  de  vos  deniers,  gardienne  vigilante  de  l’honneur 
de  la  Patrie,  nettement  hostile  aux  procédés  violents  introduits  dans  notre  pays  par  ia  coa¬ 
lition  nationaliste. 

En  faisant  appel  à  l’union  de  toutes  les  bonnes  volontés  républicaines,  en  vous  priant 
d’oublier  les  mesquines  rivalités  d’intérêts  personnels  pour  ne  considérer  que  l'intérêt 
général  de  notre  pays,  en  vous  invitant  à  constituer  sur  mon  nom,  le  27  avril,  une  imposante 
majorité  qui  donne  à  votre  élu  l’autorité  indispensable  pour  faire  triompher  au  Parlement  la 
politique  des  réformes  nécessaires,  je  suis  sûr,  mes  chers  Compatriotes,  d’être  en  commu¬ 
nion  d’idées  avec  vous  tous. 

Aux  urnes I  En  avant!  Pas  d’abstentions!  Vive  la  France I  Vive  la  République  démocra¬ 
tique  1 

Ch.  COUYRÂ,  Député  sortant* 
Secrétaire  de  la  Commission  du  Budget, 
Professeur  agrégé  de  T  Université, 
Vice- Président  de  la  Société  d’en¬ 
couragement  à  l’Agriculture,  Can¬ 
didat  d’union  et  d’action  républi¬ 
caines. 


i 


—  761 


N°  1162 


1"  circonscription  de  LURE 
M.  René  RENOULT 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  9.491  voiy. 


Mon  cher  Concitoyen, 

Candidat  de  i’Dnion  des  républicains  de  l’arrondissement  de  Lure,  je  viens  solliciter 
wire  confiance  et  vous  demander  votre  suffrage. 

j’ai  été  appelé  dans  la  circonscription  et  j’y  suis  patronné  par  tout  ce  qu’elle  compte 
d’iiommes  dévoués  à  la  démocratie  ;  j’ai  la  satisfaction  de  pouvoir  dire  qu’il  n’y  a  pas  un 
miliiaQt  de  mon  parti,  pas  un  conseiller  général,  pas  un  conseiller  d’arrondissement,  pas 
un  maire,  pas  un  conseiller  municipal,  connus  pour  leur  sincérité  républicaine,  qui  n’aient 
tenu  à  marcher  à  mes  côtés  dans  la  lutte  de  principe  que  j’ai  accepté  de  soutenir  ici. 

Cette  lutte  est  celle  du  grand  parti  républicain,  sans  distinction  d’épithètes  ni  de 
nuances,  contre  une  entreprise  politique  qui  réunit,  comme  au  temps  du  boulangisme, 
loute  la  réaction  loyaliste,  césarienne  et  plébiscitaire,  sous  un  nom  nouveau  qui  ne  trompe 
personne,  le  nationalisme.  p 

le  suis  républicain  antinationaliste,  et  je  combats  le  Député  sortant  qui,  élu  comme 
progressiste  en  1898,  s’est  jeté  ensuite  dans  l’aventura  nationaliste,  d’abord  par  ses  votes 
lia  Chambre,  puis  par  l’investiture  solennelle  qu’il  a  sollicitée  et  obtenue  le  9  février  à 
Yesoul,  le  23  février  à  Belfort,  des  grands  chefs  du  nationalisme,  MM.  Cavaignac,  Mercier 
et  Lemaître. 

Avec  l’appui  de  tous  ceux  qui  réprouvent  les  agitations  violeutes,  les  coups  d’État,  les 
tunes  provocations  à  l’adresse  de  l’étranger,  qui  forment  le  fonds  de  la  politique  nationa¬ 
le,  il  c’est  point  permis  de  douter,  surtout  après  les  significatives  élections  du  21  juillet 
trnier,  que  le  nationalisme  ne  soit  battu  dans  l’arrondissement  de  Lure,  de  même  qu’il 
sera  écrasé  dans  la  France  emière  par  tes  forces  étroitement  unies  de  la  démocratie. 

Le  nationalisme  vaincu,  quel  usage  les  républicains  feront-ils  de  leur  victoire? 

C'est  ici  que  je  vous  dois,  mon  cher  Concitoyen,  l’exposé  clair  et  précis  de  ma  pensée 
tesi-a-dire  ’ 


Mon  Programme: 

Maintenir  et  continuer  la  longue  période  de  paix  intérieure  et  extérieure  que  la  Répu- 
Wique  nous  a  donnée  depuis  l’Empire;  ^ 

Carder  avec  un  soin  jaloux  les  libertés  si  précieuses  de  parole,  de  presse,  de  réunion 
11  association  et  de  conscience,  ainsi  que  les  lois  démocratiques  déjà  obtenues; 

Introduire  dans  noire  système  fiscal  la  réforme  de  l’impôt  progressif  sur  is  revenu  de 
J^ière  à  supprimer  les  quatre  contributions  directes,  impôt  foncier,  impôt  des  portes  et 
.  ef,  1B1Pôt  des  patentes  et  contribution  personnelle-mobilière,  et  à  les  remplacer  par 
,D impôt  unique  n’atteignant  que  les  revenus  supérieurs  à  2.500  francs. 

i  *é?uire  à  2  ans  Ia  durée  du  service  militaire  avec  suppression  des  13  jours  et  réduction 
m  jours  ; 

Établir  une  Caisse  nationale  des  retraites  pour  la  vieillesse  et  l’invalidité,  au  profit  de 
,0Ul  les  travailleurs  des  villes  et  des  campagnes  ;  H 

Eacourager  les  populations  rurales  par  une  sage  protection  -  par  l’organisation  pra- 
’  du  tredu  agricole  —  les  subventions  aux  syndicats  et  mutualités  —  la  réduction  des 


—  im  — 


tarifs  de  transports  —  la  révision  du  cadastre  —  la  défense  du  droit  du  bouilleur  de  cru  et 
Tabolition  de  toutes  les  mesures  vexât oir es  de  la  régie  —  la  réforme  des  prestations  ^|a 
réglementation  du  marché  et  la  répression  énergique  de  la  spéculation; 

Développer  et  démocratiser  ^instruction  publique,  en  ouvrant  renseignement  secon¬ 
daire  et  renseignement  supérieur  à  tous  les  enfants  méritants,  sans  distinction  de 
fortune  ;  , 

Exiger  rigoureusement  de  tous  les  représentants  de  l’administra! ion  un  o  vouement 
absolu  aux  principes  républicains;  —  Exiger  non  moins  rigoureusement  des  représentants 
de  tous  les  cultes  Fabsten&ion  complète  de  toute  ingérence  politique  ; 

Enfin  et  surtout,  réaliser  de  profondes  économies  budgétaires,  notamment  en  ouvrant 
une  grande  enquête  nationale  sur  les  réductions  possibles  de  dépenses,  la  suppression  des 
sinécures  et  la  diminution  des  gios  traitements  ; 

Telles  sont,  à  mon  avis,  les  premières  réformes  qui  feront  pénétrer  enfin  dans  les  insti¬ 
tutions  et  dans  les  mœurs  les  vrais  principes  du  régime  démocratique;  telles  sont  les  lois 
de  justice  et  de  solidarité  sociale,  qui  rétabliront  aussi  complètement  que  possible,  au  profit 
des  moins  fortunés  et  des  plus  faibles,  l  égalité  idéale  que  tendent  malheureusement  à 
détruire  et  les  lois  de  la  nature  et  les  conditions  trop  rigoureuses  de  la  concurrence 
vitale. 

La  réalisation  de  ces  réformes  et  l'élaboration  de  ces  lois  constitueront  pour  la  pro¬ 
chaine  législature  une  lâche  honorable  et  féconde,  a  laquelle  je  m'efforcerai,  si  je  suis 
élu,  de  participer  activement  dans  le  travail  des  commis^  ns  et  à  la  tribune  de  h 
Chambre. 

Tenir  à  la  Chambre  les  promesses  faites  au  suffrage  universel  est  un  devoir  élémen¬ 
taire;  mais  ne  pas  oublier  pendant  quatre  ans  ses  électeurs  est  également  nécessaire  :  je 
m’engage,  quant  à  moi,  a  rendre  compte  annuellement  de  mon  mandat  dans  chacun  des 
cinq  cantons  de  ^arrondissement.  —  Je  m'engage  aussi  a  recevoir,  au  moins  une  fois  par 
mois  à  Lure,  tons  les  électeurs  qui  désireront  me  voir  et  me  consulter.  —  Ceux  qui,  depuis 
plusieurs  mois,  m’ont  fait  le  plaisir  de  s’adresser  à  moi,  pour  la  défense  d'intérêts  collectifs 
et  privés,  diront,  mieux  que  je  ne  pourrais  le  faire,  si  je  sais  me  mettre  à  la  portée  et  à  ta 
disposition  de  mes  concitoyens. 

J’espère  que  les  explications  qui  précèdent  vous  permettront  d'apprécier  la  sincérité  de 
mes  convictions  républicaines  ot  l'empressement  que  j'apporterai  à  la  défense  des  intérêts 
de  la  circonscription. 

Je  vous  prie  de  recevoir,  mon  cher  Concitoyen,  l'assurance  de  mes  sentiments  les  pins 
dévoués. 

René  REMOULT, 

Avocat  à  la  Cour  d'appel  de  Paris,  ancien 
chef  du  cabinet  du  Président  de  h 
Chambre  des  Députés,  candidat  de 
HJ n ion  des  républicains  de  la  lr*circonfr 
criptkm  de  Lure. 


2*  circonscription  de  LURE 

M.  PEUREUX 


Élu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  7.960  voix. 


Chers  Concitoyens, 

Le  Congrès  républicain  du  2  mars  dernier  m’a  désigné  pour  soutenir  les  revendications 
k  la  démocratie,  aux  élections  du  27  avril  prochain,  dans  notre  circonscription  :  je  viens 
Joie  solliciter  vos  suffrages.  J 

Pour  la  plupart  d’enlre  vous,  je  ne  suis  pas  un  inconnu,  car  depuis  15  ans  j’ai  pris  part 
aux  luttes  politiques  de  notre  département,  et  à  chaque  consultation  les  électeurs  du  canton 
de  Saint-Loup  m'ont  constamment  honoré  de  leur  confiance,  attestant  ainsi  la  sincérité  de 
mes  convictions  républicaines. 

Maire  de  1  importante  commune  de  Fougerolles  depuis  plusieurs  années,  mes  conci- 
(ojens  ne  m  ont  jamais  marchandé  les  témoignage  de  leur  estime,  en  récompense  du 
dévouement  que  fai  toujours  apporté  à  la  défense  de  leurs  intérêts. 

Comme  maire  et  conseiller  générai, je  n’ai  jamais  cessé  de  soutenir  une  politique  d'ac» 
liera  républicaine  et  démocratique.  Toujours  l’on  m’a  trouvé  au  premier  rang  pour  combattre 
les  tentatives  ouvertes  ou  déguisées  de  la  réaction  contre  les  lois,  les  institutions  et  l’esprit 
mine  de  la  République.  Fidèle  à  mon  parti  et  à  mes  idées,  je  suis  aujourd’hui  l’adversaire 
irréconciliable  de  la  coalition  nationaliste  où  se  coudoient  conservateurs,  ralliés,  césariens 

au  eors  e  coups  d’btat  et  républicains  repentis,  tous  unis  par  leur  commune  aversion  des 
rcumes  sociales. 

Ce  que  j  ai  etê  dans  le  passé,  je  le  serai  dans  l’avenir  et  vous  me  trouverez  toujours 
pre  ü  poursuivre  la  réalisation  des  réformes  que  vous  attendez  impatiemment. 

Parmi  ces  réformes,  voici  celles  qui  me  paraissent  devoir  faire  l’objet  des  préoccu- 
pations  de  la  nouvelle  Chambre  : 

En  première  ligne,  la  modification  de  notre  système  d’impôts  qui  pèsent  trop  lourde- 
eut  sur  les  pauvres  et  sur  la  masse  des  cultivateurs,  tout  en  restant  légers  aux  riches, 
e  vaudrais  donc,  avant  tout,  l’établissement  d’un  impôt  progressif  n’nttetenant  mu»  leo 

t  4  *•?  ,r“'s- c5t  ‘T*  **  upniqL,v».«r»nrs,Sï 

tact»  :  ,mpDl  des  portes  ot  fenêtres,  impet  foncier,  impet  des 

Nen-es  et  contnbutioü  personnello-mobilière.  ^ 

le  proposerai  également  : 

U  réduction  à  deux  ans  de  la  durée  du  service  militaire; 
k  suppression  des  treize  jours  et  la  réduction  des  vingt-huit  jours  ; 

U  suppression  des  prestations  ; 

La  réduction  des  frais  de  justice  ; 

L’établissement  d’une  retraite  pour  les  travailleurs  des  villes  et  des  campagnes  • 
j  organisation  pratique  du  crédit  agricole  ;  B  7 

L encouragement,  par  des  subventions,  aux  syndicats  et  mutualités  • 

La  révision  du  cadastre. 

c~:rrrroîîMs!' ie  ■* parti,an  * 

^|eÏÏM^C0ITrrieI,étabIiS^aent  dU  mon°P°,e  ^  l’alcool,  je  l’ai  toujours  combattu 
«a.-or  le  me  en  'rg,qUümenl  a  tou‘es  leS  propositions  qui  pourraient  être  faites  pour 
°r  le  vote  d  une  mesure  que  je  considère  comme  une  spoliation. 


—  704  — 

Comme  par  le  passé,  je  maintiendrai  intégralement  le  droit  des  bouilleurs  de  cru  et  je 
combattrai  de  toutes  mes  forces  l’établissement  d’une  réglementation  quelconque. 

La  loi  sur  les  boissons,  contre  l’application  de  laquelle  j’ai  déjà  protesté  au  Conseil 
municipal  de  Fougerolles  et  au  Conseil  général,  a  été  mal  étudiée  et  mal  conçue.  J’estime 
qu’il  y  aurait  lieu  de  la  modifier  profondément  en  diminuant  le  montant  des  droits  de  régie 
et  en  réglemeutant,  dans  un  sens  plus  démocratique,  le  taux  des  licences. 


Électeurs, 

Voilà  en  résumé  l’œuvre  que  je  poursuivrai  au  Parlement  si  vous  me  faites  l’honneur 

de  me  choisir  comme  votre  représentant.  „ 

Vous  trouverez  toujours  en  moi  un  défenseur  vigilant  des  intérêts  de  la  circons¬ 
cription  . 

J’attends  avec  confiance  votre  décision. 

Vive  la  République  démocratique  ! 

Auguste  PEUREUX, 

Maire  de  Fougerolles, 
Vice-Président  du  Conseil  général. 


Circonscription  de  VESOTJL 
M.  JEANNENEY 

Élu  au  lor  tour  de  scrutin.  —  11,673  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Contre  le  député  nationaliste  (notoirement  réactionnaire)  que,  dans  une  heure  de  dé¬ 
sarroi,  l’arrondissement  de  Vesoul  s’est  donné  en  1900,  tes  républicains  m’ont  assigne  au 
premier  rang,  pour  l’élection  du  27  avril,  un  poste  de  combat. 

Je  n’ai  pas  voulu  décliner  l’honneur  qui  m’était  fait. 

A  tous  les  républicains,  sans  distinction  d’épithètes  et  de  nuances,  a  tous  ceu  1 
une  même  pensée  de  fidélité  à  notre  longue  tradition  démocratique,  j’apporte  mon  concou 

Étranger  aux  questions  de  personnes,  sans  autre  ambition  que  de  servir  P  .  ■ 
auquel  je  suis  profondément  attaché,  je  mets  au  service  de  mes  Concitoyens  mon  act 
mon  dévouement, 

Cette  circonscription  a,  depuis  trente  ans,  donné  trop  de  gages  de  son  attacliem 
réfléchi  à  nos  institutions,  et  elle  a,  depuis  deux  ans,  trop  souffert  de  Perreur  connu  , 
pour  que  l’équivoque  d’un  jour  puisse  la  tromper  une  seconde  fois.  PranPP  h 

lié  action  ,  guerre  civile,  guerre  avec  l’étranger,  voilà  ce  qu’eût  donné  a  a 

Nationalisme  victorieux.  . 

Ce  que  le  pays  demande  au  contraire,  c’est  l’ordre,  la  paix,  1  économie  et  avec  K 

grès  incessant,  une  société  chaque  jour  plus  pénétrée  d’égalité  et  de  justice,  plus  a 

et  plus  secourable  aux  déshérités. 

C’est  de  ces  aspirations  que  procéderont  tous  mes  actes. 

Je  veux  donc  : 


—  70B  —  SPrilÜS 

E.* 

A  l’extérieur  :  Défendre  les  droits  et  les  intérêts  de  la  France,  et  le  faire  avec  méthode 
ctpg-froid,  sans  défaillance,  mais  sans  provocation  ou  forfanterie.  Travailler  ainsi  à 
maintenir  la  longue  période  de  paix  que  la  République  nous  a  donnée. 

A  l’intérieur  :  Pratiquer  Je  respect  de  toutes  les  opinions  philosophiques  et  religieuses, 
assurer  le  libre  exercice  des  cultes,  mais  en  s’opposant  énergiquement  à  l’ingérence  du 
t  clergé  dans  les  questions  politiques. 

Maintenir  précieusement,  avec  la  liberté  de  conscience,  les  libertés  de  parole,  de 
I  presse,^  réunion  et  dissociation. 

Exercer  sur  le  budget  le  contrôle  le  plus  sévère,  en  vue  de  réaliser  les  économies  si 
,j:  profondément  désirables  par  la  suppression  des  sinécures  et  la  diminution  des  gros  traite¬ 
ments. 

Introduire  dans  notre  régime  fiscal  la  réforme  tant  attendue  de  l’impôt  progressif  sur 
I  le  revenu,  dans  le  double  but  de  remplacer  quelques-uns  des  impôts  les  plus  iniques  et  les 
l  plus  lourds,  et  de  réaliser  pratiquement  de  larges  œuvres  de  prévoyance  et  d'assistance 
j  i  sociales. 

Établir  une  caisse  nationale  de  retraites  pour  la  vieillesse  et  l’invalidité,  au  profit  des 
i  travailleurs  des  villes  et  des  eampagues. 

Modifier  la  législation  des  patentes,  qui  pèsent  si  lourdement  sur  les  petits  commerçants, 
l  et  garantir  par  toutes  les  mesures  nécessaires  la  prospérité  de  Pinduslrie  nationale. 

Procéder  à  la  révision  des  charges  fiscales  que  supportent  les  cultivateurs.  Corriger  les 
J  inégalilés  et  les  aggravations  d’impôts  qui  pèsent  sur  la  propriété  foncière,  soit  à  raison  de 
:  m  existence,  soit  à  raison  de  sa  transmission. 

fléformer  les  prestations,  en  maintenant  la  faculté  pour  chacun  de  s’acquitter  en  nature, 

[  mais  en  modifiant  les  bases  de  répartition. 

Keviser  le  cadastre. 

Encourager  les  populations  rurales  par  une  sage  protection,  l’organisation  pratique  du 
f  ^  révision  et  la  réforme  des  tarifs  de  chemins  de  fer,  les  subventions  aux  œuvres  de 
f  prévoyance  et  de  mutualité  et  aux  syndicats,  la  réglementation  des  marchés,  la  répression 
1  de  la  spéculation. 

Assurer  énergiquement  le  maintien  des  droits  des  bouilleurs  de  cru  et  l’abolition  des 
|  yexatoires  de  !a  régie,  de  façon  que  le  cultivateur  ait  tonte  facilité  pour  distiller 
r  tement  les  produits  de  sa  récolte. 

Diminuer  les  frais  de  justice. 

Veiller  soigneusement  à  maintenir  la  puissance  matérielle  et  morale  de  notre  armée. 
Réduire  à  deux  ans  la  durée  du  service  militaire* 

Développer  et  démocratiser  l'instruction  publique  en  ouvrant  renseignement  secondaire 
Renseignement  supérieur  aux  enfants  les  plus  méritants,  sans  distinction  de  fortune. 

Tels  sont  les  traits  importants  do  programme  que  je  vous  demande  d’approuver  par 
tos  votes,  et  que  je  soutiendrai  de  toute  mon  énergie, 
ji  ,  ^a(ïue  année,  je  vous  ferai  juge  de  ma  fidélité  à  ces  principes  en  venant,  une  fois  au 
ï  pos,  et  dans  chaque  canton,  vous  rendre  compte  de  mon  mandat. 

A  tous  ceux  qui  m’ont  fait  l'honneur  de  me  demander  un  renseignement,  un  conseil, 

aPPüh  porte  a  toujours  été  ouverte.  Il  en  sera  ainsi  toujours. 

Enfant  du  pays,  je  vous  offre  mon  dévouement,  ma  bonne  volonté. 

I  Républicain,  je  vous  apporte  mon  effort  pour  l’œuvre  d’union  d’oit  sortiront  les  réformes 
1  Socratiques  depuis  si  longtemps  attendues. 

Avec  vous  je  viens  travailler,  et  de  tout  cœur. 

Pour  la  France! 

Pour  la  République  ! 

L  JEÀNNËNEŸ, 

Maire  de  Rioz,  Avocat  à  la  Cour  d’ Appel  de  Paris, 
Ancien  Chef  du  Cabinet  au  Ministère  de  l’Intérieur. 


SAONE-ET-LOIRE 


circonscription  d’AUTUN 
M*  Germain  PÉRÎEB 

Élu  au  2"  tour  de  scrutin,  —  7.843  voix, 


Mes  cli ers  Concitoyens, 

Je  viens  solliciter  le  renouvellement  du  mandat  de  député  que  vous  m'avez  fait  Hioü- 
neur  de  me  confier  il  y  a  quatre  ans. 

Vous  m'avez  élu  en  1898  sur  un  programme  nettement  républicain. 

Tel  j’ctais  à  cette  époque,  tel  je  suis  encore,  partisan  d’un  gouvernement  républicain 
ferme,  qui  nous  assure  la  paix,  la  tranquillité,  et  réalise  les  réformes  demandées  par  la 
démocratie* 

Pendant  le  cours  de  la  dernière  législature,  fai  gardé  mon  indépendance,  ne  voulant 
faire  partie  d  aucune  coterie.  G’est  pourquoi  j’ai  voté  pour  ou  contre  les  projets  du  Ministère) 
sans  recevoir  de  personne  un  mot  d'ordre,  m'inspirant  uniquement  des  principes  que  vous 
aviez  approuvés* 

Adversaire  résolu  de  toute  agitation  stérile,  je  ne  suis  intervenu  dans  les  débats  parle¬ 
mentaires  que  quand  les  intérêts  de  ma  circonscription  ont  été  en  jeu,  et  me  suis  efforcé 
d'être  utile  dans  les  Commissions  dont  j’ai  fait  partie*  # 

Ma  profession  de  foi  sera  courte  ; 

Mes  sentiments  républicains  ne  peuvent  être  mis  en  doute,  maïs  il  est  nécessaire  qué 
je  fasse  connaître  mon  opinion  sur  les  questions  qui  voua  intéressent  à  juste  titre  ; 

Finances*  —  J’ai  toujours  lutté  contre  les  augmentations  de  dépenses;  j'ai  voté  contre 
l’emprunt  chinois  de  200  millions,  en  faveur  de  la  réduction  des  gros  traitements  et  de  h 
suppression  de  fonctionnaires  inutiles, 

ïl  me  sembla  prudent  que  le  droit  de  proposer  des  dépenses  nouvelles  soit  laissé  à 
1  initiative  du  Gouvernement,  autrement  on  arrive  à  faire  de  la  surenchère  électorale  et  à 
engager  sans  limites  le  budget  de  l’État, 

Armée,  J  ai  voté  le  service  de  deux  ans  ;  cette  réforme  est  urgente,  mais  pour  ne  pas 
affaiblir  notre  armée,  il  faut  assurer  le  recrutement  des  cadres  et  rendre  le  service  oblige 
toire  pour  tous. 

Retraites  ouvrières,  —  La  loi  de  1894,  concernant  les  retraites  des  ouvriers  mineurs, 
est  insuffisante,  car  elle  ne  produira  ses  effets  complets  qu’en  1925  ;  fai  déposé  une  propo¬ 
sition  de  loi  tendant  à  la  rendre  applicable  immédiatement* 

À  mon  avis,  les  retraites  devront  être  assurées  à  tous  les  ouvriers  industriels  et  agrb 
cotes. 

Loi  sur  les  associations*  —  line  loi  générale,  à  l’étude  depuis  vingt  ans,  sur  les  asso¬ 
ciations,  était  nécessaire;  il  fallait  aboutir, 

fai  voté  celte  loi/témpêrée  pardes  amendements  quilui  enlèvent  tout  caractère  sectaire- 


N°  H  62 


707  ~ 

ta  Chambre  qui  sera  élue  devra  apporter  à  l’exaràen  des  demandes  d’autorisation  qui  lui 
seront  soumises  le  môme  esprit  large. 

Enseignement.  —  La  liberté  de  l’enseignement  a  été  proclamée  par  les  républicains  de 
1818;  les  plus  fermes  et  les  plus  clairvoyants  d’aujourd’hui  sont  partisans  de  cette  liberté; 
je  suis  avec  eux. 

L’Université  n’a  aucune  concurrence  à  craindre,  et  les  établissements  rivaux  ne  peuvent 
qu’entretenir  une  émulation  salutaire. 

'  Néanmoins,  ces  établissements  ne  doivent  pas  échapper  au  contrôle  et  à  la  surveillance 
du  Gouvernement. 

Impôts.  —  Des  charges  de  plus  en  plus  lourdes  pèsent  sur  les  contribuables;  il  est 

temps  d’enrayer.  .  .  .  „  , .  . 

]|  y  aura  lieu  de  rechercher,  par  des  procédés  qui  n’aient  rien  d  arbitraire  et  de  vexa- 
toiie,  là  moyen  de  réduire  les  impôts  qui  frappent  les  humbles,  de  façon  qu’ils  soient  plus 
en  proportion  avec  la  fortune. 

Agriculture  et  viticulture.  —  Ces  deux  branches  essentielles  de  notre  prospérité  sont 
dignes  de  toute  la  sollicitude  des  pouvoirs  publics. II  faudra  favoriser  la  création  de  banques 
agricoles  et  viticoles  destinées  à  leur  fournir  les  capitaux  indispensables. 

J’ai  obtenu  une  réduction  sur  les  prix  de  transport  des  bois. 

Des  réductions  plus  grandes  devront  être  accordées  pour  le  transport  des  vins  et  des 
engrais,  afin  de  remédier  à  la  crise  que  nous  traversons. 

Nos  tarifs  de  douane  devront  tendre  à  favoriser  les  exportations,  notamment  en  Russie. 

Enfin,  les  agriculteurs  et  viticulteurs  français  ont  droit  au  monopole  des  fournitures  de 
l’État. 

Industrie.  —  Toutes  nos  industries  locales  peuvent  compter  sur  mon  concours.  Eu  ce 
qui  concerne  les  schistes,  je  m’engage  à  faire  tous  mes  efforts  pour  obtenir  le  maintien  des 
primes. 

Pour  les  différends  entre  ouvriers  et  patrons,  il  est  à  désirer  que  des  juridictions  spé 
dates  soient  organisées,  atin  d’éviter  les  grèves  désastreuses  pour  tous. 

Ai-je  besoin  de  dire  que  je  réprouve  les  utopies  collectivistes  î 

Administration  communale.  ■ —  Les  communes  n’ont  pas  assez  d’indépendance,  H  faut 
b  dégager  le  plus  possible  de  la  tutelle  administrative  qui  les  paralyse;  on  un  mot,  leur 
donner  plus  d’autonomie. 

Chemins  de  fer.  —  Comme  membre  de  la  Commission  des  chemins  de  fer,  j’ai  obtenu 
une  répartition  nouvelle  des  subventions  de  l’État  aux  départements;  celui  de  Saône-et-Loire 
recevra  200.000  francs  de  plus  par  an. 

Grâce  à  cette  ressource,  il  sera  possible  de  construire,  à  brève  échéance,  des  chemins 
de  fer  départementaux  dans  les  cantons  qui  en  sont  privés. 

Électeurs, 

Si  vous  pensez  que  j’ai  fidèlement  rempli  mon  mandat  pendant  la  dernière  législature  ; 
si  vous  jugez  que  je  n’ai  pas  démérité  ; 

Si  vous  croyez  que  vos  intérêts  doivent  être  confiés  a  un  républicain  ferme,  indépendant 
et  connaissant  les  affaires  publiques,  ayant  fait  ses  preuves  ; 

En  un  mot,  si  vous  me  nommez  de  nouveau  député,  je  vous  promets  d'apporter  tout 
mon  zèle  et  mon  dévouement  à  la  réalisation  d’un  plus  grand  bien-être  social,  à  la  prospé¬ 
rité  de  nos  industries  locales,  de  l'agriculture  eide  la  viticulture. 

Vingt  années  passées  à  la  tête  dé  la  mairie  d’Àutun,  les  quatre  ans  de  mon  mandat 
législatif,  m’ont  fait  suffisamment  connaître. 

fine  indisposition  m’a  arrêté  au  milieu  de  mes  tournées  électorales;  mon  activité  n’en 
sera  aucunement  diminuée,  mais  je  regrette  de  ne  pouvoir  visiter,  avant  le  27  avril,  tous 
les  électeurs  de  la  circonscription. 


JPattends  avec  confiance  votre  verdict. 

Et  quel  que  soit  le  résultat*  je  n’en  resterai  pas  moins  dévoué  au  pays  et  à  |a 
République, 

Yive  la  République  ï 

Germain  PÉRIER*  Député  sortant 
Candidat  républicain. 


2e  circonscription  d’AUTUN 
M.  Eugène  SCHNEIDER 
Elu  au  1**  tour  de  scrutin,  —  11.586  voix. 


Messieurs  et  chers  Concitoyens, 

l'aurais  voulu  pouvoir  me  consacrer  uniquement  à  la  grande  industrie  dont  j'ai  la 
charge. 

Déjà,  en  1900,  malgré  le  nombre  des  voix  réunies  sur  mon  nom,  j3ai  décliné  l'honneur 
de  continuer  à  diriger  la  municipalité  du  Creuset, 

Mais  Us  circonstances  imposent  aux  députés  une  tâche  difficile,  à  laquelle  je  ne  veux 
pas  me  soustraire.  En  présence  des  menaces  de  l'avenir,  malgré  mes  occupations,  j’accep¬ 
terai  la  députation  comme  un  devoir,  si,  par  vos  suffrages,  vous  affirmez  votre  conviction 
que  je  puis  vous  être  utile  et  servir  les  intérêts  du  pays. 

Je  n'ai  rien  à  changer  aux  idées  générales  que  je  vous  exposais  en  1898  et  qui  ont 
obtenu  votre  approbation* 

Je  veux  la  liberté  loyalement  et  sincèrement  assurée  h  tous. 

Je  veux  que  tous  les  Français,  quelles  que  soient  leur  situation  et  leurs  opinions,  aient 
mêmes  droits,  mêmes  devoirs. 

Je  veux  que  la  liberté  du  travail  soit  respectée  par  tous,  ouvriers,  patrons,  pouvoirs 
publics. 

Je  continuerai  à  rester  en  dehors  de  la  politique  de  parti  et  des  préoccupations  élec¬ 
torales,  pour  donner  mon  concours  à  tout  ministère,  qui,  en  assurant  la  paix,  l’union,  la 
confiance,  permettra  à  l'agriculture,  au  commerce  et  à  l’industrie  de  se  développer  en  toute 
sécurité. 

Je  veux  que  l’armée,  soustraite  à  toute  influence  politique,  soit  toujours  une  école 
d’énergie,  de  sacrifice  et  de  respect,  qu’elle  soit,  comme  la  République  elle-même,  la  chose 
de  tous,  la  force  puissamment  organisée,  mise  au  service  de  la  patrie. 

Si,  comme  je  le  crois,  ces  idées  sont  les  vôtres,  si  vous  voulez  ce  que  je  veux,  je  serai 
fier  de  demeurer  l’élu  de  vos  libres  suffrages. 

Yotre  dévoué. 


Eugène  SCHNEIDER. 


—  709  — 


1162 


1”  circonscription  de  CHALON-SUR-SAONE 
M,  BOUVERI 

Élu  au  1"  tour  de  scrutin,  —  13.904  voix. 


Citoyens, 

Mon  programme  d’aujourd’hui  est  mon  programme  d’août  dernier,  celui  de  la  Fédéra¬ 
tion  socialiste  dont  je  suis  le  candidat.  Il  vous  est  connu.  Cependant,  ï  la  veille  de  la  grande 
consultation  électorale  de  demain,  il  est  de  mon  devoir  d’attirer  votre  attention  sur  certains 
faits  qui  demandent  à  n’être  pas  inaperçus. 

\oilà  cinquante  années  et  plus  que  fonctionne  le  suffrage  universel  !  depuis  trente- 
deux  ans  nous  sommes  en  République.  Tour  à  tour  les  partis  les  plus  divers  ont  été  au 
pouvoir,  qu’y  avez-vous  gagné  ? 

Les  impôts  ont-ils  diminué  ?  Non  ;  chaque  jour  ils  augmentent.  Le  tribut  de  la  Dette 
publique  devient  de  plus  en  plus  lourd.  Chaque  Français,  en  naissant,  trouve  dans  son 
berceau  sa  part  d’intérêts  à  payer  de  plus  de  trente  milliards  ! 

.  ^tre  rétluites,  Jes  charges  militaires  se  sont  aggravées,  accentuant  toujours  les 

in  égalités  entre  les  citoyens,  La  loi  de  deux  ans  a  été  repoussée,  c’est  encore  un  an  pour 
les  fils  privilégiés  de  la  bourgeoisie,  c’est  toujours  trois  ans  pour  les  fils  du  peuple. 

Ouvriers  des  villes,  dont  le  travail  est  l’unique  moyen  d’existence,  ce  travail  vous  est 
de  jour  en  jour  plus  enlevé  par  le  chômage  résultant  de  l’emploi  des  machines  par 

1  entrée  à  1  usine  et  à  l’atelier  des  femmes  et  des  enfants,  par  l’afflux,  dans  les  aggloméra¬ 
tions  urbaines,  d’une  population  qui  a  dû  déserter  les  campagnes.  Et  dans  votre  misère  la 
chante  chrétienne  et  la  philanthropie  gouvernementale  ne  peuvent  vous  offrir  que  la  déri¬ 
sion  d’une  aumône  aussi  impuissante  qu’humiliante. 

Cultivateurs,  vignerons,  le  produit  de  votre  travail  suffit  de  moins  en  moins  à  vous 
nourrir  J  a  concurrence  intérieure  et  extérieure  en  avilit  chaque  année  le  prix  ;  mévente  des 
blés,  meyente  des  vins,  deviennent  un  mal  permarient.  Votre  petite  propriété  est  toujours 
plus  menacée  par  la  formation  des  grandes  exploitations  agricoles  et  viticoles  à  outillage  per¬ 
fectionné.  Lorsqu’elle  vous  reste,  l’impôt  foncier  et  la  dette  hypothécaire  l’écrasent.  Dette 
hypothécaire  :  en  1820,  8  milliards;  en  1840,  12  milliards;  en  1868,  10 milliards;  en  1887 

2  )  milliards;  en  1900,  plus  de  25  milliards,  soit  une  rente  de  plus  de  1  milliard  550  mil- 
lions  payee  chaque  année  à  3a  haute  finance  par  les  petits  cultivateurs. 

Commerçants,  petits  patrons,  classe  moyenne,  vous  vivez  dans  l’angoisse  et  dans  l’in- 
s  cunte.  La  faillite  vous  guette  et,  autour  de  vous,  vous  entendez  ses  sinistres  craquements* 
la  grande  industrie  mécanique  ruine  vos  petits  ateliers,  les  grands  magasins  dévorent  votre 
petit  commerce,  la  haute  banque  engloutit  vos  économies  dans  les  escroqueries  des  Unions 
Générales  et  des  Panama.  Un  mouvement  Irrésistible  vous  entraîne  vers  la  ruine  et  vous 
fera  tomber  demain  parmi  les  salariés,  les  prolétaires.  Ceci  au  profit  de  quelques-uns,  au 
^  riment  de  tous.  Et  il  en  sera  ainsi  tant  que  les  moyens  de  production  et  d’échange  reste¬ 
ront  le  monopole  de  quelques  financiers,  industriels  et 'commerçants,  au  détriment  du 
patrimoine  commun,  de  ia  propriété  collective  de  tous. 

À  vous  de  ne  plus  vouloir  cela  ;  à  vous  de  n'accorder  vos  voix  qu’au  parti  du  travail,  au 
def IrtUiîleurs  aSS6‘  A  ^  d>aSir  ^  ^  Ia  Répub,i^ue  soit  à  vous,  soit  la  République 

Les  lois  seront  faites  pour  vous  si  elles  sont  faites  par  vous. 

Vive  la  République  sociale  !  Vive  la  République  des  travailleurs  [ 

Le  Candidat, 

h  BOUVERI,  Député  sortant. 


2e  circonscription  de  CHALON-SUR-SAONE 

M,  Jacques  CHAUSSIEZ 
Elu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  9,312  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Le  mandat  que  les  électeurs  de  la  2°  circonscription  de  l’arrondissement  de  Chalon- 
sur-Saône  m’ont  fait  l’honneur  de  me  confier,  lors  de  l'élection  partielle  de  mars  1900,  tou¬ 
chant  à  sa  fin,  je  viens,  avec  confiance,  vous  en  demander  le  renouvellement  aux  élections 
prochaines  du  dimanche  27  avril. 

Pai  conscience  d'avoir  fait  mon  devoir  en  soutenant  le  Gouvernement  de  Défense  répu- 
blicaino,  qui  devait  devenir  bientôt  le  Gouvernement  d’Action  républicaine  sous  l’impulsion 
énergique  de  l’éminent  homme  d’Etat  qu’est  M.  Waldeck-Rousseau,  Président  du  Conseil. 

Et  si  nous  nous  reportons  aux  grandes  lignes  du  programme  de  ma  profession  de  loi 
en  1900,  j’ai  conscience,  aussi,  d’y  être  resté  fidèle,  tout  en  évitant  de  tomber  dans  les 
pièges  que  nous  tendaient  les  adversaires  irréductibles  de  la  République  pour  renverser  le 
Gouvernement  qui  avait  ma  confiance. 

Vous  reconnaîtrez  également  que,  tout  en  mettant  au  premier  rang  les  intérêts  géné¬ 
raux  de  la  France,  je  n'ai  pas  perdu  de  vue  les  intérêts  plus  particuliers  de  la  région  que 
j'ai  r honneur  de  représenter  et  que  j'ai  fait  de  mon  mieux  pour  les  servir. 

Aussi,  après  l'attitude  que  j'ai  prise  a  la  Chambre,  en  conformité  des  principes  conte¬ 
nus  dans  ma  profession  de  foi,  principes  que  j'ai  proclamés  de  nouveau  devant  le  Congrès 
du  2  mars,  il  ne  me  paraît  pas  nécessaire  de  vous  en  adresser  une  nouvelle. 

Nous  nous  connaissons  assez  maintenant,  entre  républicains  sincères,  pour  nous  com¬ 
prendre  et  nous  unir  en  un  bloc  compact  contre  toutes  les  forces  coalisées  des  ennemis  de 
la  République  qui,  obéissant  à  la  direction  des  congrégations  batailleuses,  poursuivent  à 
tout  prix  la  revanche  de  la  loi  sur  les  associai  ions,  qui  a  mis  un  frein  à  leurs  conspirations. 

Il  s'agit,  après  la  période  de  défense,  de  poursuivre  T  action  démocratique  si  heureuse¬ 
ment  commencée  par  de  bonnes  luis,  dont  la  Hste  est  déjà  longue,  et  qu  ü  est  inutile  de 
rappeler,  aujourd'hui  que  la  presse  est  répandue  partout. 

Il  faut  arriver  maintenant  à  la  réalisation  du  service  militaire  de  deux  ans  poui  tous, 
sans  les  dispenses  antidémocratiques  que  vous  counaissez.  Nous  y  touchons  grâce  à  l'action 
incessante  du  parti  républicain  ;  le  projet  de  lui  a  été  accepté  par  la  Commission  du  Sénat, 
et  la  Chambre  prochaine  sera  appelée  à  l'examiner. 

il  faut  poursuivre  l'abrogation  de  la  funeste  lui  Falloux  qui  divise  la  jeunesse  française 

en  deux  campi  ennemis. 

il  faut  établir  l'impôt  sur 'le  revenu  pour  arriver  à  une  réforme  sérieuse  du  mode  dé¬ 
position  actuel  par  la  disparition  des  lourdes  contributions  grevant  les  classes  laborieuses, 
telles  que  la  personnelle  mobilière,  l'impôt  sur  les  portes  et  fenêtres,  et  d'autres  dont 
souffrent  les  humbles  dans  toutes  les  branches  du  travail  national  :  industrie,  agricul¬ 
ture. 

Il  faut  encore  aborder  la  discussion  de  la  réforme  judiciaire,  dont  le  prélude  a  été  !a  loi 
sur  les  successions,  qui  est  la  meilleure  réforme  démocratique  faite  depuis  longtemps  - 

Et  enfin,  c'est  en  comprenant  bien  qu'il  se  fait  à  chaque  génération  une  évolution 
naturelle,  politique,  économique  et  sociale  que  nous  arriverons  à  examiner  ces  problèmes 
nouveaux  avec  plus  de  clairvoyance,  avec  plus  de  sang-froid  et  que  nous  leur  trouverons, 
dans  tous  les  ordres  de  travail ,  une  solution  se  rapprochant  de  plus  en  plus  de  1  idéal 


—  711  —  ,N°  1162 

d'équité  et  de  justice,  qui  doit  animer  tous  ceux  qui  ont  au  cœur  de§  sentiments  d’huma- 
nlté. 

C’e?t  ainsi  que  nous  assurerons  ie  mieux  possible  la  paix  sociale,  sous  l’égide  bienfai¬ 
sante  de  la  République,  pour  la  plus  grande  gloire  de  notre  cher  pays  de  France, 

Mes  chers  Concitoyens, 

J’ai  confiance  dans  le  verdict  que  yous  rendrez  le  27  avril,  et  je  vous  dis  au  revoir  en 
criant  avec  vous  i 

Vive  la  République  démocratique! 

Jacques  CHAUSSIER, 

Candidat  républicain  démocrate,  Député  sortant. 


4™  circonscription  de  GHAHOLLES 
M.  Gabriel  CHEVALIER 
Élu  au  lor  tour  de  scrutin.  —  9.430  voix. 


Je  m’adresse  ici  aux  .électeurs  de  toute  la  circonscription,  que  la  maladie  m’a  empêché 
de  visiter.  . 

On  m’a  accusé  de  n’être  pas  républicain.  Je  vous  donne  ma  parole  que  je  l’ai  toujours 
été,  que  je  le  suis  et  que  je  le  serai  toujours.  J’ai  défendu  la  République  de  ipon  mieux,  au 
16  mai  et  au  24  mai,  je  la  défendrai  encore  au  moment  du  danger;—  quand  elle  était  toute 
puissante,  je  ne  lui  ai  demandé  ni  faveurs,  ni  places. 

Ceux  qui  me  refusent  le  titre  de  républicain  ne  défendentpas  la  République,  mais  leur 
république,  qui  leur  permet  de  satisfaire  leurs  passions  et  leurs  intérêts,  ils  la  défendent 
comme  les  rois  et  les  empereurs  défendent  leur.-; .privilèges,  par  la  proscription,  l’injustice 
et  la  corruption. 

Les  auteurs  de  la  Déclaration  des  Droits  de  l’homme  en  1789,  qui  garantissaient  à  tous 
les  Fiançais  la  liberté,  l’égalité  et  la  fraternité,  ne  seraient  plus  que  des  réactionnaires,  car 
pour  être  aujourd’hui  un  vrai,  un  pur  républicain,  il  faut  méconnaître  l’égalité  et  toutes  les 
libertés. 

La  liberté  d’association  a  été  violée  en  n’accordant  pas  le  droit  commun  aux  associa¬ 
tions  religieuses. 

La  liberté  de  conscience  a  été  violée  en  touchant  à  la  liberté  d’enseignement. 

Ceux  qui  nous  gouvernent  veulent  établir  le  stage  scolaire,  ç’est-à-dire  créer  parmi  les 
Français  une  classe  de  parias.  Tous  les  citoyens  qui  n’auront  pas  passé  trois  années  dans 
une  école  de  l’État,  ne  pourront  obtenir,  même  par  leurs  mérites..  P«  fonction  publique; 
Polytechnique,  Saint-Cyr,  leur  seront  fermées;  l’enfant  payera  toute  sa  vie  le  crime  de  son 
père  qui  l’a  fait  élever  dans  une  école  libre.  Si  la  loi  avait  un  effet  rétroactif,  Waldeck- 
Rousseau,  Caiilaux  et  tant  d’autres  devraient  rentrer  dans  la  vie  privée. 

En  attendant  la  promulgation  de  cette  loi,  M.  André,  Ministre  de  là  Guerre,  a  fait  illé¬ 
galement  paraître  un  décret  qui  supprime  toutes  les  bourses,  à  Saint-Cyr  et  à  Polytechnique, 
pour  ceux  qui  n’ont  pas  ôté  élevés  par  l’Université.  C’est  le  cas  de  s’écrie^  ;  malheuf  aux 
pauvres,  car  seuls  les  pauvres  qui  comptaient  sur  cette  bourse  verront  leur  carrière  brisée, 


—  712  - 


La  liberté  du  travail  a  été  violée  par  la  loi  qui  limite  la  journée  de  travail  à  dix  heures 
et  demie,  et  qui  soulève  les  protestations  du  monde  ouvrier. 

Pour  moi,  je  suis  pour  toutes  ces  libertés,  en  respectant  bien  entendu,  les  justes  droits 
de  l’État 


Finances . 

Je  suis  encore  partisan  des  économies  dans  îa  gestion  de  nos  finances.  —  Depuis  plu- 
sieurs  années  notre  budget  est  en  déficit  —  sans  vous  citer  des  chiffres  que  ni  vous  ni  moi 
ne  pouvons  contrôler,  que  chaque  parti,  suivant  son  intérêt,  enfle  ou  diminue  —  je  m'en 
tiendrai  à  celui  donné  par  le  rapporteur  du  budget  au  Sénat,  M.  Antonio  Dubost,  homme 
dans  lequel  on  peut  avoir  confiance,  et  de  plus  ministériel,  qui  estime  à  300  millions  le 
déficit  pour  le  budget  de  1901. 

Mais  ce  qui  est  le  plus  inquiétant,  c'est  la  progression  constante  des  dépenses,  76  mil¬ 
lions  chaque  année,  depuis  la  dernière  législature. 

Déficit  d'un  côté,  augmentation  des  dépenses  d'autre  part,  où  allons- nous?  À  des 
impôts  nouveaux,  à  la  ruine,  à  la  banqueroute  si  cela  continue. 

Nos  députés,  qui  devraient  être  les  défenseurs  de  notre  bourse,  mettent  le  budget  au 
pillage.  Pourquoi?  Hélas I  nos  députés  sont  notre  image,  c'est  nous  qui  les  nommons,  et  ils 
représentent  en  grande  partie  nos  défauts  et  nos  qualités.  Tant  que  les  électeurs  ne 
sauront  pas  préférer  l'intérêt  général  à  l'intérêt  particulier,  tant  qu'ils  demanderont  à  leur 
député  des  mètres  de  décorations,  des  places,  des  bureaux  de  tabac,  des  télégraphes,  des 
téléphones,  des  tramways,  des  chemins  de  fer,  des  bureaux  de  postes,  des  augmentations 
de  traitements,  en  récompense  de  leurs  services  électoraux,  les  finances  seront  malmenées, 
Toutes  ces  faveurs,  toutes  ces  places,  bien  souvent  imméritées,  tous  ces  travaux,  souvent 
inutiles,  grèvent  le  budget  de  la  France.  Ils  ne  coûtent  rien  au  député,  ils  sont  payés  par 
tes  contribuables,  c'est  pour  cela  qu'il  en  est  si  prodigue. 

îl  faut  donc  que  les  électeurs  comprennent  leurs  devoirs,  oublient  leurs  intérêts  parti¬ 
culiers  et  ne  pensent  qu'à  l'intérêt  général  ;  le  député  fera  comme  eux. 

En  attendant  cette  réforme  des  mœurs  électorales,  qui  peut  se  faire  attendre,  il  faut 
employer  d'autres  moyens. 

Il  faut  supprimer  l'initiative  parlementaire  en  matière  de  finances. 

Le  député  aujourd'hui  a  le  droit  de  proposer  des  dépenses;  il  faut  laisser  ce  droit  au 
Gouvernement  seul.  Gomme  cela,  vous  mettrez  fin  aux  gaspillages  électoraux,  qui  ^ont  sou¬ 
vent  le  seul  titre  d'un  candidat  à  être  réélu,  et  malheureusement  pour  la  France,  titre  plus 
sérieux  que  tous  les  autres. 

Cette  initiative  est  supprimée  depuis  le  début  du  xvnf  siècle,  en  Angleterre,  et  ce  pays 
s’en  est  très  bien  trouvé. 

On  a  promis  fimpôt  progressif  sur  le  revenu  avec  dégrèvement  à  la  base,  jusqu’à 
1,500  francs.  On  a  négligé  toutes  les  réformes  fiscales  pratiques  pour  ne  penser  qu'à  celle- 
là-  Beaucoup  de  ceux  qui  espèrent  être  dégrevés  se  trompent.  Le  fisc  arrivera  facilement 
à  établir  un  revenu  de  1,500  francs,  et  il  ne  peut  en  être  autrement.  Gomment  veut  on 
qu’un  budget  de  près  de  à  milliards  soit  payé  par  quelques-uns!  De  plus  le  projet  confère 
aux  percepteurs,  assistés  des  délégués  des  municipalités,  le  pouvoir  de  dresser  la  liste  des 
assujettis  à  l'impôt  sur  le  revenu;  on  ouvrira  ainsi  la  porte  à  des  vexations  sans  nombre,  à 
un  arbitrage  sans  limbes. 

Ce  serait  jeter  en  pâture  à  la  curiosité  publique  les  secrets  des  fortunes  privées.  Ce 
serait  la  taille  de  l'ancien  régime,  et  une  inquisition  plus  odieuse  que  celle  des  agents  du 
fisc  chez  les  débitants. 

Enfin,  en  ce  qui  concerne  particulièrement  la  terre,  qui  elle,  comme  les  valeurs  mobi¬ 
lières,  ne  peut  ni  émigrer  ni  se  dissimuler,  le  projet  de  taxation  est  complètement  arbi¬ 
traire. 

Elle  sera  taxée  i 


—  713  —  No  li62 

r  Suivant  sa  valeur  locative,  estimée  d'après  létaux  du  fermage;  à  défaut  de  fermage 
par  comparaison  ;  et  a  défaut  de  comparaison,  par  estimation; 

2°  Et  pour  le  fermier,  suivant  les  bénéfices  agricoles,  fixés  d’une  façon  générale,  à  une 
somme  égale  a  la  valeur  locative  (rapport  à  la  Société  des  Agriculteurs  de  France). 

La  terre,  déjà  si  dépréciée,  perdrait  encore  de  sa  valeur. 

Pour  toutes  ces  raisons,  je  ne  suis  pas  partisan  de  cet  impôt;  si  cependant  U  devenait 
nécessaire,  comme  tout  le  lait  prévoir,  d’élabür  de  nouvelles  charges,  je  préférerais  l’impôt 
sur  le  revenu,  basé  sur  les  signes  extérieurs  de  la  richesse. 

Il  aurait  bien  mieux  valu  aborder  la  réforme  de  l’impôt  sur  la  propriété  foncière  non 
bâtie,  si  mal  réparti,  si  écrasant  dans  certains  pays,  si  léger  dans  d’autres  —  supprimer  les 
patentes;  en  effet,  les  petits  commerçants  n’ont  pas  de  capital  engagé  dans  leur  commerce 
ou  il  est  très  minime.  Ils  vivent  plutôt  de  leur  travail  que  de  l’exploitation  de  leur  capital! 
Ils  versent  donc  deux  fois  l’impôt,  en  payant  une  patente  et  une  contribution  mobilière. 

Il  faut  remplacer  l’impôt  des  patentes  par  l'impôt  sur  le  capital  engagé  dans  l’entre¬ 
prise  commerciale  ou  industrielle. 

fine  bonne  réforme  serait  la  diminution  des  frais  de  justice,  ta  suppression  de  l’abus 
te  formalités  judiciaires  qui,  sous  couleur  de  protection,  ruinent  les  mineurs  et  les  inca* 


Cela  vaudrait  mieux  pour  les  petits  patrimoines  que  la  gradation  des  droits  de  suc¬ 
cession.  On  a  diminué  les  droits  de  1  0/0  pour  les  petites  successions,  mais  elles  sont 
deyorées  par  J  abus  des  formalités  judiciaires.  (Discours  de  M.  Ribot*) 

Mais  toutes  ces  réformes  ne  peuvent  s’accomplir  que  si  les  finances  sont  prospères. 
Avec  un  budget  en  déficit,  on  ne  peut  rien  entreprendre. 


Réformes  sociales. 

Le  sort  des  réformes  sociales  est  aussi  dû  à  la  prospérité  budgétaire  et  l’intérêt  des 
I  ouvriers  est  de  ne  rien  faire  pour  diminuer  cette  prospérité. 

I  Malheureusement,  voici  quelques  années,  lo  collectivisme  est  arrivé,  par  des  promesses 
1 .  ne  pourra  tenir,  h  tromper  une  grande  partie  des  ouvriers.  Cette  théorie  malfaisante, 
p  ramènerait  l'humanité  à  l’état  de  barbarie,  détruit  l’initiative  individuelle,  la  famille,’ 
I  la  liberté  :  ce  serait  le  bagne,  et  dans  quelques  années  la  misère  universelle. 

I  Mais  déjà  le  remède  est  trouvé.  De  courageux  ouvriers  ont  fondé  la  Bourse  indépen- 
dantedu  travail  de  Paris,  et  en  peu  de  temps  ils  sont  parvenus  à  grouper  autour  d’eux 
e  .000  adhérents.  Ils  demandent  l’entente  cordiale  et  juste  du  capital  et  du  travail,  ils 
r  repoussent  les  grèves  politiques  et  les  politiciens,  iis  entendent  discuter  loyalement  entre 
1  patrons  et  ouvriers  les  questions  qui  peuvent  les  diviser. 

C’est  autour  de  la  nouvelle  Bourse  indépendante,  que  doivent  se  grouper  les  ouvriers 
Macieux  de  leur  avenir  et  de  celui  de  leur  pays. 

1  C’est  quand  cette  entente  entre  le  capital  et  le  travail  sera  réalisée,  quand  l’industrie, 

|  ecommerce,  seront  devenus  prospères,  que  le  capital  pourra  appeler  les  ouvriers,  ses 
I  associes,  à  la  participation  aux  bénéfices. 

b!est  alors  que  la  justice  sociale  sera  réalisée. 

Le  travail,  en  effet,  est  un  capital  qui  diminue  par  les  années,  et  ,comme  tout  capital, 
|§ ür()it  «  ^  intérêt  convenable;  cet  intérêt  est  représenté  par  le  salaire  quotidien,  et  a 
I-  n  amortissement,  qui  est  représenté  par  la  participation  aux  bénéfices.  Mais  toutes  les 
f  WÎT  "e  donnent  pas  des  bénéfices,  et  les  ouvriers  employés  dans  ces  entreprises 
f  fa  n  frustres  dR  ce  <lui  îei,r  est  dû-  Pour  év‘ter  cette  injustice,  il  faut  que  les  sommes 
|  J1"®?  par  Ia  Participation  des  ouvriers  aux  bénéfices  soient  centralisées  pour  chaque 
I  sut  '  rie,üu  commeice  similaire,  servent  à  alimenter  des  caisses  de  retraite,  qui  donneront 
^ouvriers  sur  leurs  vieux  jours,  quand  leur  capital -travail  sera  épuisé,  la  sécurité  du 
|  «demain  et  le  repos. 

K  Ouvriers,  vous  avez  deux  routes  à  suivre,  Uüô  pins  séduisante  qui  vous  conduira  à  la 

90 


—  T14  — 

ruîne  de  vos  libertés,  et  peut-être  à  celle  de  votre  patrie;  une  autre  plus  rude,  qui  voue 
semble  à  tort  plus  longue,  mais  qui  vous  mènera  à  l’amélioration  de  voire  sort,  et  qui  fera 
de  vous  des  hommes  libres  et  digues  d’adrairatioo. 

Agriculture. 

Il  est  aussi  de  l’intérêt  des  agriculteurs  de  voter  pour  les  candidats  qui  veulent 

s’occuper  d’affaires  et  non  de  politique.  .  ,  . 

Vous  avez  besoin  de  la  sécurité  du  lendemain  et  de  la  bonne  gestion  des  finances.  Car 

vous  êtes  les  victimes  désignées  des  nouveaux  impôts. 

Comme  le  dit  le  Président  de  la  Société  des  Agriculteurs  de  France,  âge  héroïque  de 
l’agriculture  est  passé,  il  s’est  terminé  avec  ie  dix-neuvième  siècle.  C’était  1  âge  des  décou¬ 
vertes  fréquentes  dans  toutes  les  branches  de  la  science  agricole,  et  de  augmentation  des 
rendements  de  la  terre.  Mais  aujourd’hui  c’est  l’ège  économique  qui  commence  :  abondance 
et  souffrance,  ces  deux  mots  résument  la  situation  agricole  actuelle.  Il  ne  s  agit  pas  seule¬ 
ment  de  produire*  il  faut  vendre  ses  produits  un  pi ix. rémunérateur, 

il  vous  faut*  pour  marcher  dans  cette  voie,  toute  la  sollicitude  du  Gouvernement. 
Mais  si  vous  voulez  obtenir  son  appui  efficace,  si  vous  ne  consentez  plus  à  être  1  éter¬ 
nelle  victime,  il  faut  vous  grouper  tous  en  associations  puissantes,  qui  dicteront  leurs  lois 
aux  députéB.  Alors  on  comptera  avec  vous,  vous  pourrez  faire  respecter  vos  droits  et 
exécuter  le  programme  ogiicole  des  syndicats  dont  je  suis  un  partisan  convaincu. 


Adopte  par  VAssemblêe 


PROGMMKE  AGHlCOtS  DÉS  SïHClCATS 

générale  de  VUnion  centrale  des  Syndicats  des  AgficidlMi 
de  France, 
le  22  février  1902, 


1°  Protection  de  la  famille  et  du  foyer  rüral  :  .  , 

Autorisation  du  partage  en  valeurs.  -  Par  une  législation  supprimant  l’obligation  du 
partage  en  nature,  établie  par  les  articles  826  et  832  du  Code  civil,  et  permettant  le  partage 

en  valeurs  dans  les  successions,  . 

Par  l’application,  aux  petits  domaines  ruraux,  des  lois  sur  les  habitations  a  bon  marcne, 
des  30  novembre  1894  et  31  mars  1896,  qui,  à  la  mort  d’un  cultivateur,  permettent  a  sa 
femme  ou  à  ses  enfants  de  conserver  la  maison  paternelle,  soit  en  restant  dans  l’indivbmn, 
soit  en  faisant  attribuer  à  l’un  deux  l’immeuble  sur  estimation  amiable,  en  écartant  ta 
licitation  aux  enchères  publiques. 

2°  Protection  du  travail  agricole  :  .  ,  ., 

Droits  de  douane.  —  Par  le  maintien  des  tarifs  douaniers  et  le  respect  intégral  du 

minimum.  ,  . 

Marchés  fictifs.  —  Par  la  réglementation  des  marchés  a  terme  sur  les  produits  w 

coles,  de  manière  à  empêcher  les  marchés  fictifs  qui  faussent  les  cours  par  la  spéculation 

fît  )  ?  Q  rrj  O  te!  * 

Fraudes  sur  les  produits  agricoles.  —  Par  une  répression  efficace  des  fraudes  sur  es 

produits  agricoles.  ,  , 

Fournitures  à  l’armée.  —  Par  l’interdiclïon  pour  l’Etat  d’acheter  des  objets  da.iœ 

talion  à  d’auires  qu’à  des  producteurs  fiançais,  sauf  les  cas  de  guerre  ou  de  disette. 

Par  la  suppression  progressive  des  fournitmes  à  l’entreprise  pour  les  apPm'lsl,  , 
nements  de  la  Guerre  et  de  la  Marine  et  leur  remplacement  par  l’adjudication  ou 
direct,  par  lots  fractionnés,  de  manière  à  permettre  aux  petits  cultivateurs  de  pat  11  " 
aux  fournitures  de  blè,  de  fourrage,  de  bétail,  de  vin,  de  cidre  et  de  bière. 

Alcools  industriels  et  alcools  de  vin.  —  Par  une  distinction  établie  entre  les  alcoc 


-  .et^je  fruits  ot  les  alcools  d'industrie,  lorsqu'ils  sont  livrés  h  la  consommation,  ainsi  qno 
par  toute  mesure  pouvant  faciliter  l'emploi  industriel  de  Falcool* 

3*  Protection  des  ouvriers  agricoles  : 

Retraites  agricoles,  —  Par  d©  larges  encouragements  aux  Caisses  mutuelles  de 
retraites  organisées  par  les  syndicats  agricoles,  sur  les  bases  de  la  loi  du  1er  avril  1898* 

Par  la  faculté  accordée  aux  déposants  des  Caisses  de  retraites  d'em ployer  en  acqui¬ 
sition  d'habitations  ou  d’immeubles  ruraux  inaliénables  et  insaisissables  le  capital  corres^ 
pondant  à  la  pension  qui  pourrait  leur  revenir* 

fp  Extension  du  rôle  des  organisations  professionnelles  : 

Personnalité  civile  des  Unions.  —  Par  ^augmentation  de  la  capacité  de  posséder  des 
LndicatJ  agricoles  et  par  rétribution  de  la  personnalité  civile  aux  Unions  de  syndicats* 

Par  la  consultation  des  syndicats  sur  toutes  les  mesures  législatives  concernant  l'agri¬ 
culture* 

5*  Diminution  des  charges  s 

Impôt  foncier-  —  Par  le  dégrèvement  du  principal  de  l'impôt  foncier  des  propriétés 
rurales  non  bâties,  en  commençant  par  les  petites  cotes  des  propriétaires  cultivant  eux- 
mêmes* 

En  repoussant  le  système  de  la  progressivité  de  Hrapôt. 

Droits  de  mutation-  — -  Par  la  réduction  des  droits  de  mutation  sur  les  ventes  de  pro¬ 
priétés  rurales  au  même  taux  que  celui  fixé  pour  les  valeurs  mobilières* 

Par  la  fixation  du  taux  de  capitalisation  des  terres  au  même  chiffre  que  celui  des  im¬ 
meubles  bâtis,  pour  rétablissement  des  droits  de  mutation  par  décès. 

Ventes  judiciaires-  —  Par  la  diminution  des  frais  de  ventes  judiciaires  d’immeubles 

ruraux. 

65  Développement  de  l'instruction  agricole  : 

Enseignement  agricole.  — *  Par  l'organisation  effective  de  renseignement  agricole  dans 
toutes  les  écoles  rurales  primaires  ou  secondaires,  communales  ou  libres,  en  utilisant  le 
concours  des  associations  agricoles* 

A  rmêe * 

Ouvriers,  agriculteurs,  commerçants,  si  vous  voulez  travailler  en  paix,  si  vous  voulez 
que  ^étranger  respecte  vos  champs,  vos  usines,  tout  ce  qui  vous  fait  vivre,  vos  familles, 
votre  patrie,  tout  ce  que  vous  aimez,  ayez  une  armée  solide* 

Des  Français,  dont  beaucoup  sont  de  bonne  foi,  guidés  par  des  pensées  de  haute  humât 
nitè,  ne  veulent  pins  d'armée. 

Pour  moi,  ils  sont  dans  l3 erreur,  car  nous  sommes  entourés,  de  peuples  parfaitement 
préparés  à  la  guerre,  et  qui  ne  reconnaissent  qu’une  seule  loi,  îa  force  par  les  canons  et  les 
fusils. 

Conservons  donc  notre  seule  sauvegarde  :  Famée! 

Je  suis  partisan  du  service  de  deux  ans  et  de  la  suppression  de  tous  les  privilèges 
existant  encore  dam  la  loi  de  recrutement;  je  n'en  conserverai  qu'un  seul,  le  service  d'un 
an  pour  les  soutiens  des  fa  milles  vraiment  nécessiteuses* 

Electeurs,  pensez  à  la  France,  et  respectez  toujours  Fidée  de  Patrie* 

Doateur  Gabriel  CHEVALIER, 

Agriculteur, 

Candidat  Républicain* 


—  716  — 


Électeurs, 

Je  me  présente  "comme  républicain  sans  épithète*  car  je  o’apparliens  à  aucune  coterie 
politique,  et  je  ne  suis  ennemi  d’aucune  réforme,  pourvu  qu'elle  s’inspire  des  idées  de 
justice,  de  liberté  et  d'égalité  pour  tous  les  citoyens. 

Ou  vous  dira  que  je  ne  suis  pas  républicain,  parce  que  je  no  comprends  pas  la  Répu¬ 
blique  comme  les  hommes  qui  nous  gouvernent  aujourd'hui.  N’en  croyez  rien,  jJai  toujours 
voté  pour  la  République  et  je  i'ai  défendue  quand  elle  était  en  péril,  au  16  mai  et  au  24  mai. 
À  l'heure  présente,  s'il  existait  encore,  Gambetta  serait  traité  de  réactionnaire. 

Ce  que  je  veux,  c'est  la  liberté  d'association,  la  liberté  de  conscience,  et  son  corollaire, 
îa  liberté  d’enseignement;  toutes  ces  libertés  dans  la  limité  des  droits  légitimes  de  l’État. 

Ce  sont  des  économies  dans  nos  finances  qui,  seules,  nous  permettront  d'améliorer  le 
sort  de  la  classe  ouvrière,  et  d'asseoir  sur  des  bases  durables  la  prospérité  de  la  France. 

C'est  une  armée  solide,  fidèle  à  la  République,  étrangère  à  la  politique,  où  se  retrouve¬ 
ront  sur  un  pied  d'égalité  parfaite,  tous  les  Français  unis  par  l'amour  du  drapeau;  armée 
nécessaire  en  face  de  l'Europe,  formidablement  organisée  et  ne  respectant  que  la  force. 

Mais  c’est  une  charge  très  lourde  pour  le  pays;  ce  sont  des  bras  enlevés  à  l'agriculture 
et  à  l'industrie.  Je  n'hésiterai  donc  pas  à  voter  le  service  de  deux  ans. 

Je  veux  aussi  une  agriculture  prospère,  et  tous  mes  efforts  tendront  vers  ce  but  :  l’amé¬ 
lioration  du  sort  des  habitants  de  nos  campagnes.  J'ai  passé  ma  vie  au  milieu  d'eux,  j'ai 
partagé  leurs  lutter,  je  connais  leurs  désirs,  leurs  besoins,  je  connais  aussi  leur  courage, 
mais  qu'ils  n'oublient  jamais  que  l'agriculture  et  l'industrie  sont  solidaires,  que  leurs  inté¬ 
rêts  réciproques  doivent  être  respectés,  et  que  la  ruine  de  l'une  entraînerait  fatalement  la 
ruine  de  l'autre.  Toutes  deux  auront  mon  appui  le  plus  dévoué  et  je  contribuerai  de  tout 
mon  pouvoir  à  assurer  en  particulier  la  prospérité  du  tissage  des  soieries,  l'exportation  des 
yins  et  le  développement  de  toute  production  intéressant  spécialement  notre  région. 

Je  veux  encore  l’amélioration  du  sort  des  déshérités  de  la  société. 

Je  repousse  le  collectivisme,  cette  théorie  décevante  et  trompeuse,  destructive  de  l’in¬ 
dividualité,  de  l1  initiative,  de  la  liberté,  de  la  famille  et  de  la  rie  liesse  publique. 

Je  conseille  aux  travailleurs  la  mutualité,  cette  forme  excellente  de  la  fraternité,  et 
leur  adhésion  au  programme  de  la  nouvelle  Bourse  indépendante  du  travail  de  Paris,  qui 
compte  déjà  200.0 00  ouvriers  syndiqués,  programme  qui  peut  se  résumer  ainsi  :  entente 
cordiale  et  juste  du  travail  et  du  capital,  discussion  loyale  entre  intéressés  des  questions 
qui  peuvent  les  diviser,  et  à  i' exclusion  de  la  politique  et  des  politiciens. 

C’est  là  qu'est  le  salut  de  l’industrie  française,  c'est  cette  entente  seule  qui  amènera 
l’amélioration  des  salaires  et  la  participation  des  ouvriers  aux  bénéfices. 

Enfin  je  ne  me  prêterai  jamais  à  aucune  injustice,  je  ne  solliciterai  jamais  pour  per¬ 
sonne  des  places  et  des  honneurs  immérités,  ils  doivent  être  réservés  à  ceux  qui  en  sont 
devenus  dignes  par  les  services  rendus  à  la  collectivité,  et  non  à  des  personnalités  poli¬ 
tiques. 

Vous  connaissez  maintenant  les  principes  qui  guideront  toujours  ma  conduite,  je 
repousse  avec  horreur  la  guerre  des  classes,  je  veux  tous  les  Français  unis  sous  le  drapeau 
de  la  République  qui,  seule,  peut  les  réconcilier  ;  jamais  je  ne  sacrifierai  l'intérêt  général  à 
l’intérêt  particulier. 

Jamais  je  ne  serai  le  courtisan  du  suffrage  universel,  et  je  rappellerai  toujours  aux 
électeurs  que  s’ils  out  des  droits,  ils  ont  aussi  des  devoirs. 

Électeurs,  vous  êtes  les  maîtres;  si  vous  volez  pour  moi,  je  serai  fier  d’être  votre  repré¬ 
sentant  et  consacrerai  à  l'exécution  de  mou  mandat  toute  ma  bonne  volonté  et  toute  mon 
énergie. 

Vive  la  France  I  Vive  la  République  I 

Docteur  Gabriel  CHEVALIER, 

Agriculteur,  Candidat  républicain. 


—  717  — 


N*  1162 

2°  circonscription  de  CHAROLLES 

M.  F,  SAB  BIEN 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  11.873  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Je  me  présente  de  nouveau  à  vos  suffrages  avec  l'appui  d’un  grand  nombre  de  Comités 
et  de  tous  les  républicains  autorisés  de  notre  circonscription  électorale. 

Malgré  les  violentes  attaques  dirigées  contre  moi  par  les  adversaires  de  nos  institu¬ 
tions  coalisés  sous  des  masques  divers,  j’ai  la  conscience  devoir  rempli  le  mandat  que  vous 
m’avez  confie  avec  une  complète  indépendance,  un  parfait  désintéressement  et  un  dévoue” 
ment  absolu  et  inaltérable  a  la  cause  de  la  République  et  de  la  démocratie. 

Depuis  1876  vous  m’honorez  de  votre  confiance  ;  mon  passé  répond  de  l’avenir. 

J  ai  toujouis  pensé,  et  je  pense  encore  que  la  République  ne  saurait  être  une  vaine 
étiquette  destinée  à  couvrir  et  à  conserver  les  abus  et  les  privilèges  du  passé,  mai*  qu’elle 
doit  être  au  contraire  ouverte  à  tous  les  progrès,  accessible  à  toutes  les  idées  généreuses  et 
.  qu'elle  a  pour  mission,  tout  en  rendant  à  chaque  citoyen  la  justice  qui  lui  est  due,  de  pro¬ 
téger  plus  spécialement  le  faible,  le  malheureux,  celui  qui  est  incapable  de  se  défendre 
lui- même,  et  de  donner  à  ces  travailleurs,  qui  constituent  la  grafide  majorité  et  la  force  ue 
la  nation,  plus  d  instruction,  plus  d’assistance,  plus  de  moralité  et  plus  de  bien-être. 

C’est  l’honneur  des  gouvernements  démocratiques  de  s’inspirer  sans  cesse  des  besoins 
et  des  volontés  du  pays,  de  ne  ménager  aucun  effort  pour  développer  son  agriculture,  son 
commerce,  son  industrie,  pour  améliorer  les  conditions  du  travail,  pour  maintenir  l’ordre, 
non  par  la  force,  mais  par  Tunion  des  cœurs  et  des  volontés  et  pour  garder  la  paix  qui  est 
la  gloire  des  peuples  libres.  C’est  le  devoir  des  véritables  républicains  de  poursuivre  avec 
fermeté  la  réalisation  des  réformes  que  réclame  le  suffrage  universel,  en  écartant  les 
vaines  illusions  elles  utopies  dangereuses  qui  ne  peuvent  amener  que  le  triomphe  de  la 
réaction. 

Pour  moi,  si  vous  m’envoyez  encore  à  îa  Chambre  des  Députés,  je  continuerai  à  marcher 
dans  la  direction  politique  que  j’ai  toujours  suivie,  sans  autre  préoccupation  que  celle  dé 

défendre  la  République^  nos  libres  institutions  et  la  cause  du  progrès  démocratique  et 
social , 

Je  veux  la  réforme  de  nos  impôts  par  l’établissement  de  l’impôt  sur  le  revenu,  non  pas 
pour  augmenter  les  charges  qui  pèsent  déjà  trop  lourdement  sur  les  contribuables,  mais 
uniquement  pour  eu  assurer  une  plus  équitable  répartition  en  demandant  moins  au  travail 
et  davantage  à  la  richesse  acquise. 

Je  veux  la  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans  avec  la  suppression  des  dispenses, 
une  organisation  nouvelle  et  plus  efficace  de  l’assistance  publique  en  faveur  des  infirmes  et 
des  vieillards  indigents,  et  l’établissement  de  retraites  pour  tous  les  travailleurs  de  la  terre 
ou  de  l’industrie  sans  exception. 

Je  crois  enfin,  après  les  événements  qui  ont  troublé  ces  dernières  années  et  qui  nous 
eut  amenés  si  prés  de  la  guerre  civile,  que  nous  avons  pour  devoir  de  défendre  avec 
énergie  les  prérog  itives  et  la  suprématie  de  la  société  civile  menacées  par  des  attaques 
toujours  renaissantes  ;  de  rendre  l’Église  libre  dans  l’État  souverain,  puisqu’elle  ne  veut 
accepter  du  Concordat  que  les  avantages  et  non  les  obligations  qui  en  résultent  pour  elle,  et 
üe  fortifier  Renseignement  public  par  1  abrogation  de  la  loi  Falloux,  qui  accorde  h  Rensei¬ 
gnement  congréganiste  des  privilèges  injustifiés* 


■ 


—  748  — 

C’est  par  là  seulement  que  nous  arriverons  à  apaiser  ces  haines  d’un  autre  âge, 
soigneusement  fomentées  et  entreteniies  par  ceux  qui  devraient  être  les  premiers  à  prêcher 
îa  concorde;  c’est  par  là  seulement  que  nous  arriverons  à  refaire  l’unité  morale  de  la 
nation  et  à  former  des  citoyens  animés  d’un  môme  sentiment  d’amour  pour  la  Patrie,  de 
dévouement  à  la  République  et  à  la  Liberté. 

Vous  avez,  mes  chers  Concitoyens,  à  choisir  entre  deux  politiques  :  celle  du  passé  et 
celle  qui,  tournée  vers  l’avenir,  s'inspire  des  nécessités  présentes. 

Quel  que  soit  votre  verdict,  je  m’inclinerai  avec  respect  et  je  resterai  le  serviteur  fidèle 
de  la  République  et  de  la  Démocratie. 

F.  SARR1EN, 

Candidat  d’Union  républicaine, 

Député  sortant, 

Président  du  Conseil  général,  Président  de  la 
Société  d’agriculture  de  Charolles, 


Circonscription  de  LOUHANS 
M.  PETITJEAN 

Elu  au  lor  tour  de  scrutin.  -  9 , 96fi  voix. 


Mes  chers  Concitoyens,  mes  chers  Amis, 

J’ai  l’honneur  de  solliciter  vos  suffrages  pour  les  élections  législatives  prochaines. 

Ce  n’est  pas  grâce  à  ma  fortune  ou  ’à  ma  position  sociale  que  j’ai  l’espoir  d’obtenir 
votre  confiance  ;  je  ne  suis  en  effet  qu’un  modeste  paysan,  un  travailleur  de  campagne, 
mais  je  sais  que  la  confiance  populaire  recherche  maintenant,  dans  son  robuste  bon  sens, 
d’autres  garanties  que  celles  qu’on  lui  a  offertes  jusqu’à  ce  jour. 

Jusqu’à.  22  ans  j’ai  travaillé  la  terre  d’autrui,  partageant  tous  les  travaux  et  toutes  les 
peines  du  cultivateur  et  vivant  de  sa  propre  vie  ;  depuis,  c’est  encore  avec  les  cultivateurs 
et  les  ouvriers  que  s’écoule  le  reste  de  mon  existence,  tous  les  jours  je  suis  le  témoin  de 
leurs  souffrances  et  de  leurs  besoins,  de  leur  résignation  peut-être,  en  tout  cas  de  leur 
ardent  désir  de  yoir  enfin  la  République  s’efforcer  de  leur  assurer  et  plus  de  bien-être  et 

plus  de  justice.  _  .... 

il  y  a  li  ans,  ma  candidature  aurait  été  justifiée  déjà  ;  en  la  reprenant  aujourd  hui,  je 
crois  répondre  à  l’attente  de  toutes  nos  populations,  au  vif  désir  du  plus  grand  nombre. 

Je  salue  M.  Mathey  dans  sa  retraite  volontaire  et  je  remercie  tous  ceux  de  ses  amis 
encore  disposés  à  le  soutenir  qui  ont  bien  voulu  m’écrire  que  ;  «  n’ayant  rien  oublié  du 
Congrès  de  1898,  ils  se  faisaient  un  devoir  de  se  rallier  maintenant  très  franchement  à  ma 

candidature  ».  , 

Je  suis,  après  M.  Guillemaut,  le  plus  ancien  des  Conseillers  généraux  républicains  de 
notre  arrondissement,  et  M.  Bourgeois  lui-même,  aujourd’hui  mon  concurrent,  m’a  dit  a 
diverses  reprises  :  «  M.  Petitjean,  à  l’expiration  de  la  législature  ce  sera  votre  tour  ». 

Ce  tour,  chers  Concitoyens  et  chers  Amis,  si  tour  il  peut  y  avoir,  je  vous  demande  do 
me  le  reconnaître. 

Je  m’efforcerai  d’être  à  la  Chambre  ce  que  je  suis  depuis  près  de  seize  ans  au  Conseil 
général  :  un  travailleur  obstiné  et  consciencieux,  vraiment  ami  des  pauvres  et  des  humbles, 
serviteur  ardent  de  la  démocratie  et  de  la  liberté. 


719  — 


N°  1162 


Rêfortncè  agricoles , 

Je  voudrais  rechercher  toutes  les  mesures  propres  à  arrêter  la  dépopulation  de  nos 
campagnes  par  le  relèvement  matériel  et  morai  de  la  condition  du  cultivateur. 

Il  faudrait  une  organisation  plus  sérieuse  du  crédit  agricole  à  taux  très  réduit,  soit  par 
l’intermédiaire  de  banques  spéciales,  soit  par  celui  des  caisses  d’épargne; 

Des  secours  pius  larges  aux  sinistrés  de  toute  nature  ; 

Des  encouragements  plus  efficaces  à  toutes  les  sociétés  d’assurance  mutuelles  ; 

La  réforme  absolue  de  J’impôt  des  prestations  ; 

La  suppression  des  droits  de  douane  sur  les  céréales  indispensables  à  l’alimentation 

du  bétail  j  '  .  .  ,  ,  , 

Une  réduction  très  sensible  des  droits  de  transmission  de  la  petre  propriété  rurale; 

La  constitution  de  biens  dits  de  famille,  avec  insaisissabilité  pour  une  certaine  partie  ; 
Une  réduction  considérable  de  l’impôt  foncier  par  la  suppression  du  principal  ; 

Enfin  la  création  de  Chambres  élues  de  l’agTiculture, 

Reformes  commerciales . 

Je  voudrais  que  nos  petits  commerçants  f  issent  prôlégês  ^avantagé  contio  la  concur¬ 
rence  désastreuse  des  grands  magasins,  par  une  modification  de  la  patente  qui  accorderait 
une  réduction  sensible  aux  premiers  pour  demander  davantage  aux  seconds. 

Réformes  ouvrières. 

Je  voudrais  d’autre  part,  pour  mettre  un  terme  aux  conflits  industriels  dont  le  pays 
tout  entier  subit  le  contre-coup,  qu’une  association  étroite  et  véritable  fût  recherchée  entre 
le  capital  et  le  travail  et  qu’une  juste  répartition  des  bénéfices  fût  toujours  prévue. 

Et  je  réclame  pour  l’ouvrier  plus  d’indépendance  en  ce  qui  concerne  ses  opinions  poli¬ 
tiques  ou  religieuses  i 

Pour  tous  les  travailleurs. 

Je  réclame  de  l'État,  pour  ceux  de  la  ville  comme  pour  ceux  de  la  campagne,  une 

égale  justice  et  une  égale  protection.  ,  . 

'  Je  désire  pour  tous  le  vote  prochain  de  laloi  sur  les  retraites  ouvrières,  dont  le  principe 
ne  rencontre  plus  l’objection  de  personne , 

Réformes  financières. 

Je  veux  un  large  dégrèvement  des  impôts  indirects  qui  frappent  des  denrées  de  toute 

nécessité,  en  particulier  le  sucre  et  le  café. 

Je  demande,  avec  la  suppression  du  principal  foncier  : 

La  suppression  de  l’impôt  personne!  ; 

La.  suppression  de  V impôt  mobilier  , 

La  suppression  de  l’impôt  des  portes  et  fenêtres  ; 
et  l’établissement  de  l’impôt  progressif  sur  le  revenu,  avec  exonération  k  U  base  de  toute  la 
somme  jugée  nécessaire,  2.500  francs  on  3.000  francs  pour  assurer  l’existence  même  large 

de  la  famille. 

li  faut  d’autre  part  rechercher  loules  les  économies  possibles  ; 

Simplifier  nos  rouages  administratifs  i 
Supprimer  un  grand  nombre  de  fonctions  mutiles  ; 

Réduire  les  traitements  qui  sont  trop  élevés; 

Éviter  absolument  tout  nouvel  emprunt  et  rechercher  un  amortissement  plus  réguket 
et  plus  sensible  de  notre  dette  nationale. 


Les  Églises  et  FËtat 

II  y  a  nécessité  absolue  de  faire  tout  d'abord  une  application  plus  ferme  du  Concordat, 
tous  les  jours  déchiré  par  le  clergé  lui-même,  et  de  préparer  le  seul  régime  qui  doive 
satisfaire  tous  les  partis,  la  séparation  qui,  après  une  loi  sur  la  police  des  cultes,  main¬ 
tiendra  la  liberté  des  Églises  dans  la  souveraineté  absolue  de  l’État  laïque. 

Enseignement * 

11  faut  recevoir  gratuitement,  dans  les  collèges  ou  lycées  de  l’État,  les  enfants  pauvres 
qui  se  distinguent  par  leur  intelligence  et  par  leur  amour  de  l’étude,  par  leurs  progrès  à 
l’école  communale; 

il  faut  abroger  la  loi  Falloux,  ne  plus  permettre  à  qui  que  ce  soit  d’enseigner  sans 
offrir  à  F  État  aucune  garantie  de  capacité,  ni  même  aucune  garantie  de  nationalité  française. 

Service  militaire . 

H  faut  absolument,  et  le  plus  vite  possible,  réduire  à  deux  ans  la  durée  du  service  mili¬ 
taire,  et  supprimrr  les  périodes  de  28  et  de  13  jours  ;  tous  ceux  qui  viennent  de  subir  ces 
périodes  disent  qu’elles  ne  donnent  pas  de  résultats  appréciables  pour  les  pertes  de  temps, 
de  travail  et  d’argent  qu’allés  causent  aux  familles. 

Il  faut  supprimer  les  Conseils  de  guerre  en  temps  de  paix  et  rendre  nos  militaires 
justiciables  des  tribunaux  ordinaires,  comme  nous-mêmes* 

Justice , 

Il  faut  étendre  la  compétence  des  juges  de  paix  et  obtenir  une  justice  pins  prompte  et 
moins  ruineuse  pour  les  justiciables,  refaire  nos  codes,  réformer  en  particulier  notre  code 
de  procédure  civile,  diminuer  très  considérablement  les  frais  nécessaires  pour  arriver  à  la 
vente  par  autorité  de  justice  des  immeubles  de  faible  valeur  ou  à  la  licitation  des  biens  de 
mineurs* 

Travail  parlementaire , 

Je  suis  absolument  hostile  au  vote  par  procuration  usité  dans  les  Chambres,  L'électeur 
malade  le  jour  du  scrutin  rda  pas  le  droit  d’envoyer  son  bulletin  de  vote  à  la  mairie;  le 
député  ne  doit  voter  que  si  lui-même  est  présent, 

11  faut  d'autre  part  que  le  vote  du  budget  soit  acquis  eu  temps  normal* 

Chers  Concitoyens,  chers  Amis, 

Je  viens  de  vous  faire  connaître,  avec  la  franchise  la  plus  absolue,  cc  que  je  pense  sur 
toutes  les  questions  qui  peuvent  trouver  place  dans  on  programme  politique* 

Si  j’ai  l’honneur  d’être  votre  élu,  je  m'attacherai,  croyez-le  bien,  avec  toute  l’énergie 
dont  je  suis  capable,  à  la  réalisation  de  ce  programme,  non  pas  que  je  puisse  m'engager  à 
le  faire  passer  tout  de  suite  et  tout  entier  dans  noire  législation,  mais  tout  entier  il  est 
applicable  et  tout  entier  il  faut  le  réaliser  progressivement  aussi  vite  que  possible. 

Et  si  la  majorité  de  la  Chambre  se  trouve,  comme  je  l’espère  bien,  animée  d’un 
souffle  républicain  vraiment  réformateur,  la  pro  haine  législature  fera  beaucoup  pour 
rendre  votre  situation  moins  difficile,  par  plus  de  justice  sociale  et  plus  de  vraie  solidarité. 

Si  je  suis  élu,  j’ indiquerai  aux  électeurs  le  Heu  où  ils  me  trouveront  à  Louhans  quand 
les  travaux  de  la  Chambre  me  permettront  d’y  venir  les  jours  de  foires  ou  de  marchés, 
mais  j'aurai  le  devoir  de  me  transporter  partout  ailleurs  lorsque  des  circonstances 
quelconques  rassembleront  m  certain  nombre  de  citoyens. 


—  721  ~ 


N°  1162 


Et  à  ce  devoir  je  ne  faillirai  pas. 

Je  m’efforcerai  de  bien  servir  tous  les  intérêts  de  la  démocratie,  d’être  également 
dévoué  à  toutes  les  parties  de  notre  citer  arrondissement. 

Je  m’efforcerai  de  faire  disparaître,  dans  tome  la  mesure  possible,  cet  antagonisme 
dissolvant  des  classes,  si  préjudiciable  au  pays  et  à.  la  République. 

Je  suis  très  ardemment  combattu  par  toute  la  réaction,  tant  mieux  ;  en  me  combattant 
comme  elle  le  fait,  elle  me  désigne  aux  suffrages  de  tous  les  républicains. 

Une  demi-douzaine  de  républicains  me  combattent  encore  parce  que  je  suis  un  prolé¬ 
taire,  un  homme  condamné  au  travail  pour  assurer  1  existence  de  ma  famille* 

Mais  c’est  là  précisément  ce  qui  fait  ma  force.  Les  travailleurs  sont  le  nombre  et  ils 
comprendront  tout  l’intérêt  qu’ils  peuvent  avoir  à  être  enQn  représentés  par  l’un  des  leurs, 
par  un  homme  qui  restera  pour  eux  tous  un  camarade,  un  ami,  un  frère. 

Élu,  je  recommanderai  l’union  encore,  l’union  toujours,  l’union  féconde  entre  républi¬ 
cains,  pour  la  marche  en  avant,  pour  le  progrès,  pour  la  solidarité,  pour  la  justice  et  pour 
la  liberté. 

Dois-je  prendre  une  épithète  pour  vous  caractériser  ma  politique,  je  ne  le  crois  pas, 
car  les  épithètes  ne  sont  que  des  mots  qui  dissimulent  la  plupart  du  temps  des  opinions  de 
circonstance,  et  mon  programme  indique  assez  la  politique  que  j’entends  défendre. 

J’aurai  suffisamment  précisé,  du  reste,  lorsque  je  vous  aurai  dit  que  le  ministère  actuel, 
qui  a  rendu  les  plus  signalés  services  au  pays  et  à  la  République,  eBt  pour  moi  un  minimum, 
et  que  c’est  à  c-Mê  des  Dubief,  des  Simyan,  des  Pelletan,  que  j’irais  prendre  place  sur  les 
bancs  de  la  Chambre. 

Et  maintenant,  mes  Amis  travailleurs  comme  moi, 

Aux  urnes  dimanche,  pour  plus  d’indépendance  et  plus  de  liberté. 

Aux  urnes,  pour  la  République  véri  ta  blâment  démocratique,  vraiment  républicaine. 

Th*  PETITJEAN, 

Conseiller  général  de  Beaurepaire. 


lrt  circonscription  de  MACON 
M.  DUBIEF 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  9.h30  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Fort  du  sentiment  du  devoir  accompli,  sûr  d’avoir  fidèlement  rempli  le  mandat  que 
vous  m’aviez  confié,  je  viens  vous  en  demander  le  renouvellement. 

Je  n’ai  rien  à  changer  à  mon  programme,  qui  se  résume  ainsi  : 

Impôt  progressif  sur  le  revenu,  substitué  aux  contributions  directes,  pour  rétablir 
l’équité  dans  la  distribution  des  charges  fiscales  entre  les  citoyens; 

Service  militaire  réduit  à  deux  ans,  égal  pour  tous  et  imposé  à  tous; 

Séparation  de  l’Église  avec  l’État;  suppression  du  monopole  des  inhumations,  réservé 

actuellement  aux  fabriques  et  aux  consistoires; 

Égalité  des  enfants  devant  l'instruction;  abrogation  de  la  loi  Falloux;  relèvement  de  la 
situation  des  instituteurs; 


Si 


Institution  des  retraites  pour  fous  les  travailleurs,  pour  ceux  de  l'agriculture  comme 
pour  ceux  de  l'industrie; 

Développement  de  la  mutualité  sous  toutes  ses  formes  et  de  toutes  les  lois  de  pré¬ 
voyance  et  d'assurance  sociales,  capables  d'améliorer  les  conditions  matérielles  et  morales 
des  ouvriers  des  villes,  des  voies  ferrées  et  des  champs. 

Comme  par  le  passé,  je  resterai  un  gardien  vigilant  des  intérêts  de  notre  grande  région 
agricole  et  viticole,  donnant  tout  mon  dévouement,  toutes  mes  forces  et  tout  mon  cœur 
à  la  prospérité  de  notre  Maçonnais,  si  éprouvé  à  l'heure  actuelle,  au  progrès  de  nos  insti¬ 
tutions  républicaines,  à  la  grandeur  et  à  l'éclat  dans  le  monde  de  notre  France,  foyer  de 
liberté  et  de  justice. 

Citoyens,  - 

La  réaction  cléricale  a  déserte  la  lutte  dans  la  ir*  circonscription  de  Mâcon,  Peut-être 
se  propose-t-elle  d1  escompter  les  abstentions  à  son  profit.  Vous  déjouerez  ce  calcul,  en 
allant  tous  aux  urnes,  comme  si  l'adversaire  était  là,  au  cri  do  ; 

Vive  la  République  de  réformes  démocratiques  et  sociales! 

Dr  Fernand  DljRÏKF,  Député  sortant* 

Vice-Président  du  Conseil  général, 

Maire  de  Prissê, 

Vice  Président  de  la  Société  d'agriculture. 


,  2e  circonscription  de  MACON 
M.  SIMYAN 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  7.979  voix. 


Citoyens, 

C'est  avec  ia  conscience  d’être  resté  invariablement  fidèle  à  mon  programme  et  au 
mandat  que  j’ai  reçu  de  vous,  que  je  viens  à  nouveau  solliciter  vo^  suffrages. 

Depuis  bientôt  25  années  que  je  suis  mêlé  à  la  politique  active  de  notre  département, 
jJai  la  conviction  d'avoir,  dans  la  mesure  de  mes  forces,  servi  avec  passion  et  désintéresse¬ 
ment  la  cause  de  la  République,  et  je  n'en  veux  pour  preuve  que  les  incessantes  attaques 
dont  je  m’honore  d’avoir  été  l'objet  de  la  part  de  tous  les  ennemis  de  la  démocratie  et  de  la 
liberté. 

Aujourd’hui  comme  hier,  je  me  présente  devant  vous  sans  rien  abandonner  de  mes 
idées,  sans  rien  changer  au  pro  gramme  de  réformes  que  j’ai  défendu  toute  ma  vie. 

Si,  pendant  les  trois  dernières  années  de  la  législature  qui  vient  de  finir,  do  sérieuses 
réformes  ont  pu  être  réalisées,  si,  grâce  à  la  vigoureuse  impulsion  du  ministère  Waldeck- 
Rousseau,  le  Parlementa  pu  voter  des  lois  aussi  importantes  que  les  lois  sur  la  réforme 
hypothécaire,  sur  les  droits  de  mutations,  sur  la  ré \ orme  des  boissons,  aussi  importantes 
surtout  que  ia  loi  sur  les  associations,  il  reste  encore  beaucoup  à  faire. 

Parmi  les  lois  les  plus  pressantes  dont  la  Lhambre  nouvelle  devra  aborder  l’examen,  jo 
place  en  première  ligne  l'application  énergique  et  vigoureuse  de  îa  loi  concernant  les 
congrégations,  la  séparatiou  des  Églises  et  de  l’Etat  et  la  suppression  du  budget  des  cultes. 


l’abrogation  de  la  loi  Fâllom,  la  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans,  avec  la  suppres¬ 
sion  de  toutes  les  dispenses. 

Mais  ces  réformes  politiques  ne  sont  pas  1rs  seules  qui  doivent  solliciter  l'attention  des 
républicains  de  îa  nouvelle  Chambre,  et  elles  ne  doivent  pas  faire  oublier  les  lois  d’ordre 
économique  qui,  elles  aussi,  intéressent  au  plus  haut  point  les  classes  ouvrières  et 
agricoles. 

Déjà  nous  avens  pu,  dans  ces  dernières  années,  voter  d’importantes  mesures  destinées 
à  assurer  le  prompt  développement  des  caisses  d'assurances  mutuelles  et  des  caisses  régio¬ 
nales  de  crédit  agricole,  déjà  un  vaste  programme  de  grands  travaux  publics  a  été  voté 
par  la  Chambre  pour  permettre  plus  facilement,  et  de  façon  moins  coûteuse,  le  libre  écoule¬ 
ment  des  produits  de  noire  agriculture  et  de  notre  industrie,  mais  l’œuvre  économique  de 
la  prochaine  législature  ne  doit  pas  se  borner  là.  Il  faut  donner  pins  de  développement 
encore  au  crédit  agricole.  —  Il  faut  organiser  sérieusement  des  chambres  départementales 
d’agriculture,  où  les  petits  cultivateurs  et  les  ouvriers  agricoles  pourront,  eux  aussi,  faire 
entendre  leurs  légitimes  revendications,  —  il  faut,  soit  par  la  main-mise  de  l’État  sur  les 
tarifs  des  chemina  de  fer,  soit  par  Je  rachat  des  grandes  Compagnies,  obtenir  la  réduction 
des  frais  de  transport  pour  nos  vins  et  pour  nos  bestiaux,  —  II  faut,  par  le  vote  si  impa¬ 
tiemment  attendu  de  la  loi  sur  les  retraites  ouvrières,  qui  devra  s’appliquer  également  aux 
travailleurs  des  villes  et  aux  travailleurs  des  campagnes,  assurer,  à  ceux  qui  ont  lutté  toute 
leur  Yie,  une  vieillesse  exempte  tout  au  moins  du  pénible  souci  de  l’existence,  —  il  faut 
enfin  que,  par  le  vote  de  l’impôt  progressif  sur  le  revenu,  on  puisse  arriver  à  diminuer  les 
charges  qui  pèsent  sur  la  petite  propriété  et  sur  le  travail  producteur,  pour  faire  porter  le 
poids  de  l’impôt  sur  les  riches  propriétaires  terriens,  sur  les  puissants  capitalistes,  en  un 
mot  sur  la  grande  fortune  immobilisée. 

Citoyens,  c’est,  à  cette  œuvre  d’émancipation  politique  et  sociale  que  je  vous  convie. 
Dans  la  crise  que  nous  venons  de  traverser,  dans  Passant  décisif  que  nous  avons  à  soutenir 
contre  la  coalition  nationaliste,  cléricale  et  césarieni  e,  c’est  sur  le  peuple  seul  que  nous 
avons  pu  et  que  nous  pouvons  encore  compter;  c’est  à  ces  travailleurs  des  villes  et  des 
campagnes,  républicains  avant  tout,  que  je  m’adresse  pour  leur  demander  d’affirmer  une 
fois  de  plus,  dans  l’élection  du  27  avril,  leur  haine  de  la  réaction  sotis  toutes  ses  formes,  et 
leur  invincible  attachement  h  la  République  de  réformes  et  de  progrès,  à  la  République 
démocratique  et  sociale.  —  Vive  îa  France I  Vive  la  République! 

Julien  SIMYÀN,  Député  sortant, 

Candidat  républicain  radical. 

Appel  aux  Électeurs  républicains  de  la  2e  circonscription  de  Mâcon. 

Les  soussignés,  Conseillers  généraux  et  d’arrondissement,  membres  de  la  Fédération 
des  Comités  républicains  radicaux  et  radicaux  socialistes  des  quatre  cantons  de  la  2e  cir¬ 
conscription  de  l’arrondissement  de  Mâcon, 

Approuvant  l’altitude  politique  du  Député  Simyan  et  reconnaissant  les  grands  services 
qu’il  a  rendus  à  la  cause  républicaine  et  aux  intérêts  de  la  région,  ont  résolu  de  soutenir  sa 
candidature  aux  élections  législatives  du  27  avril  et,  en  conséquence,  ils  invitent  tons  les 
électeurs  républicains  à  voter  pour  le  citoyen 

Julien  SIMYAN* 


(Suivent  les  signatures.) 


—  724  — 


SARTHE 


Circonscription  de  LA  FLÈCHE 

M.  D’ESTOURN ELLES 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  12.141  voix. 


Messieurs  et  chers  Concitoyens, 

La  question  qui  se  pose  devant  vous,  et  que  l’on  cherche  à  troubler  par  la  calomnie  et 
par  la  violence,  est  très  simple  ;  vous  avez  à  juger  entre  mes  actes  et  les  critiques  de  mes 
adversaires. 

Vous  m’avez  vu  à  l’œuvre  non  pas  à  la  veille  des  élections  seulement,  mais  depuis 
sept  ans.  Toute  ma  vie  se  résume  en  un  seul  mot  :  travailler,  être  utile.  Chaque  commune 
me  connaît  personnellement  par  mes  services  ;  c’est  ce  que  les  jaloux  me  reprochent. 

J’ai  toujours  aidé,  sans  distinction,  quiconque  avait  besoin  de  moi.  Qu’il  s’agisse  des 
écoles,  du  Prytanêe,  dés  églises,  des  communications  postales,  télégraphiques  et  autres,  des 
subventions  aux  Comices  agricoles,  aux  sociétés  de  toutes  sortes,  ou  simplement  de  l’ass;s- 
tancé  aux  cultivateurs,  ouvriers  ou  commerçants,  aucune  municipalité,  personne  n’a  jamais 
réclamé  vainement  mon  appui.  Êt  quand  M.  le  Président  de  la  République  m’a  fait  le  grand 
honneur  d'accepter  mon  invitation.de  venir  dans  l’arrondissement  de  La  Flèche,  l’affluence 
de  mes  amis  accourus  pour  le  saluer  a  montré  quels  liens  unissaient  toutes  vos  communes 
à  leur  Député. 

Je  me  suis  efforcé  d’améliorer  la  situation  de  l’agriculture  :  études,  enquêtes,  voyages 
en  France  et  à  l’étranger,  discours,  conférences,  démarches...  je  n’ai  rien  épargné  pour 
diminuer  l  ’S  charges  qui  écrasent  nos  cultivateurs,  augmenter  tout  au  moins  leurs  moyens 
d’action,  faciliter  les  transports  dont,  ils  ont  besoin,  corriger-  le  monopole,  des  chemins  de 
fer  réhabiliter  nos  voies  navigables,  créer  un  Comité  de  défense  des  intérêts  nationaux... 

Mais,  sur  tout  cela,,  les  journaux  réactionnaires,  momentanément  décorés  de  l’étiquette 
nationaliste,  font  le  silence;  leurs  polémiques  ne  s’appliquent  qu'à  dénigrer  les  républi¬ 
cains,  du  haut  en  bas  deJ’échelle,  depuis  le  Président  de  la  République  jusqu’au  Député, 
jusqu’au  plus  modeste  des  maires. 

Demandez  cependant  A  ces  ennemis  de  la  République  ce  qu’ils  feraient  de  mieux  que 
moi,  et  comment  ils  réussiraient  jamais,  même  à  constituer  un  gouvernement  !  !  ! 

Rivaux  que  la  haine  seule  de  la  liberté  réunit,  ils  se  déchireraient  entre  eux  :  leur 
succès  serait  la  fin  de  la  paix,  le  retour  aux  coups  d’État  trop  connus,  qui  toujours  commen¬ 
cent  par  leurs  belles  promesses  et  toujours  finissent  dans  le  sang,  depuis  Waterloo  jusqu’à 
Sedan. 

Le  dernier  coup  d’État  nous  a  valu  l’Empire,  dix-huit  années  de  guerres  avec  les 
grandes  puissances  de  l’Europe,  même  avec  la  Russie.  La  République  nous  a  valu  pendant 
trente-deux  ans  la  paix  avec  tous  et  l’alliance  avec  la  Russie. 


— 


725  - 


N»  Hbz 


r alliance,  plus  étroite  que  jamais,  vient  d’être  affirmée  encore  par  le  récent 
lu  Tsar  en  France,  par  l’invitation  de  M.  Loubet  à  Saint-Pétersbourg, 
même  en  s’efforçant  de  nous  brouiller  avec  toutes  les  nations  étrangères,  —  sous 
^  d0  patriotisme,  -  on  n’a  pu  empêcher  l’Exposition  de  1900  d’être  un  beau  succès 

Si  sommes  enfin  délivrés  de  cette  lamentable  affaire  dont  la  réaction  se  servait,  avec 
Ljjde  jl  va  trois  ans,  pour  provoquer  jusque  dans  la  rue  les  désordres,  précurseurs 
tauerre  civile.  Faute  de  mieux,  alors,  on  invoque  les  grèves.  Je  les  ai  depuis  longtemps 
ILL  et  annoncées;  elles  sévissent  dans  les  pays  monarchiques  autant  et  plus  que 
■Innus-  elles  ont  pour  cause  initiale  la  concurrence  et  la  surproduction. 

las  moines  deSolesmes,  que  l’on  m’accuse  d’avoir  chassés,  se  sont  expatries  volonlai- 
Ment  pour  ne  pas  obéir  à  la  loi  française.  Des  milliers  d’autres  moines  se  sont  soumis 
B£. Pourquoi  prétendre  que  la  République  les  persécute,  alors  quelle  a  été  plus 
1  Aireuso  oour  eux  que  l’Empire  lui-même?, 

Loin  de  persécuter  la  religion,  la  République  ne  cesse  de  subventionner  1  Eglise,  ce 
win'amDêche  le  Gouvernement  d’être  accusé  de  vider  nos  Caisses  d’épargne,  de  gaspiller 
dos  contribuables,  de  ruiner  le  crédit  de  la  France,  alors  qu’il  n’a  jamais  été  plus 

^Le  soi-disant  déficit  qu’on  relève  si  complaisamment  dans  le  dernier  budget,  est 
compensé  par  les  excédents  antérieurs  dont  on  a  soin  de  ne  rien  dire;  on  ne  dit  rien  non 
J des  sacrifices  qui  en  sont  la  cause  :  rien  des  réformes  démocratiques  que  la  France 
Liière  réclamait  et  qui,  ayant  pour  la  première  fois  leur  effet,  débutent 

ui des  moics-values!  la  loi  sur  les  successions,  qui  déduit  le  passif  du  total  .ur  leq  _ 

iuient  calculés  les  droits;  la  loi  des  boissons,  c’est-à-dire  la  suppression  des  droits  d  octroi 
ni  empêchaient  nos  cultivateurs  de  vendre  leur  vin  dans  les  villes  et  nos  ouvriers  de  le 
boire  (loi  qui  maintient  aux  bouilleurs  de  cru  leur  privilège).  On  espere  aussi  x  ou  s  cacaer 
principale  cause  de  toutes  les  difficultés  ;  moi  je  l’ai  déclaré  maintes  fois  a  la  tribune. 

Toute  l'Europe  succombe  sous  le  poids  de  ses  armements  croissants.  Or,  oin  t  e  nous 
arrêter  dans  cette  voie,  messieurs  les  Nationalistes  nous  y  poussât.  IUe  leur  suffit  pas 
d’assurer  notre  défense  nationale  ;  ils  veulent  nous  brouiller  avec  toutes  les  nations  et  ils 

n’ont  jamais  assez  de  conquê  Les  1  11  , 

La  République  supporte  les  frais  de  la  guerre,  ou  plutôt  de  toutes  les  guerres  que  les 
■'  régimes  monarchiques  lui  ont  légués,  avec  leur  cortège  de  rancunes  et  leurs  menaces  de 
représailles.  Mais  ce  n’est  pas  assez  encore,  et  c’est  ici  que  se  traduit  le  jésuitisme  nationa¬ 
liste  :  que  sont  ces  expéditions  lointaines  en  Afrique  et  en  Chine,  con  re  exets  (  ‘ 8  ï 
j'ai  toujours  protesté,  sinon  une  mauvaise  tradition  du  passé  qu  on  veut  aire  revivre.  rui 
smpoisonné  de  la  vieille  propagande  guerrière  à  laquelle  tous  les  nunist  res  r  pu  icains 
rnt  eu  la  faiblesse  de  faire,  à  mon  sens,  trop  de  concessions?  loute  la  droite  a  léc.am  , 
malgré  mes  instances,  ces  conquêtes,  et  elle  les  reproche  à  la  Répu  ique.  om  ien 
■  milliards  nous  coûtent-elles,  de  Fachoda  jùsqu’à  Pékin?  ■*. 

Nous  avions  Pan  dernier  non  pas  une  armée»  mais  quatre  armées,  avec  une  population 
quU’aïigmeute  pas  :  armée  de  terre»  armée  de  mer,  armée  coloniale,  armée  de  Chine  .  Et 
on  vous  dira  que  la  République  ne  fait  rien  pour  Patméel  !  1 

Certes,  il  est  nécessaire  d’avoir  une  armée  forte,  mais  il  est  necessaire  aussi  d  orga¬ 
niser  la  Paix  et  c’est  à  quoi  j’ai  travaillé  à  la  conférence  de  La  Haye.  J  en  suis  fier.  Et  quan 
•  on  ose  vous  dire  que  j’aurais  mieux  fait  de  ne  pas  m  absenter  dt  taris,  je  répon  ^  cIue 
'  *st  un  honneur,  pour  vous  comme  pour  moi,  d’avoir  participé  à  cette  oeuvre  grandiose, 
espoir  de  l’humaniié,  qui  commence  à  germer.  Lés  Nationalistes  la  ridicu  isent,  i  s  vou 
:  tiraient  la  faire  avorter,  comme  ils  sé  moquent  de  mes  efforts  pour  resserrer  entre  la  France 
st  les  États-Unis  les  liens  d’autrefois.  Laissez-les  dire.  Le  progrès,  l’union  des  peuples,  et 
[fit  conséquent  la  paix,  sont  leurs  ennemis  naturels;  car  la  paix,  plus  elle  se  prolonge,  plus 

elle  consolide  la  République.  La  discorde  à  l’intérieur  et  à  l’extérieur,  voila  leur  secr  e 

ttpêrancej  ils  3e  trahissent  à  la  veille  des  élections  par  leurs  violences  jusque  ans  vos 


—  726  — 

ôommunës  ;  la  guerre  est  leur  dernière  cartouche.  Allez  au  fond  de  leurs  soi-diaa  ^ 
grammes  :  ils  n'ont  jamais  connu,  pour  calmer  le  peuple,  d’autre  remède  que  la  Z  T ' 
moi  je  veux  l’instruire!  Voilà  toute  la  différence  entre  nous. 

Choisissez  entre  leur  agitation  batailleuse  et  ma  volonté  pacifique.  En  vuus  défend 
c’est  la  Patrie  que  je  défends,  la  Patrie  qui  nous  a  vu  naître  et  que  nous  vouloir  doii!ll 
mais  d a ua  la  paix.  Soyons  Français,  vraiment  Français,  en  faisant  admirer  et  aimer  P 
France,  Les  autres  peuples  nous  respecteront  d’autant  plus  qu’ils  verront  notre  force  b' J 
faisante  assurer  le  maintien  de  l’ordre  et  la  marche  de  la  civilisation. 

Vous  me  connaissez  et  vous  me  croyez.  Électeur»!  j’ai  fait  mon  devoir;  à  votre  ta, 
faites  le  vôtre.  Répondez  à  l’agitation  et  à  la  calomnie  par  votie  inébranlable  fermeté  Ou' 
pas  un  seul  d'entre  vous  ne  s'abstienne  le  27  avril.  Plus  nombreux  que  jamais  J 
suffrages  augmenteront  les  forces  que  je  veux  consacrer  lout  entières  ù  vous  a  la  IiL 
blique,  au  Pays,  1  1  p 

Votre  affectueusement  dévoué* 

D'LSïOURmLES, 

Député  sortant* 

Ministre  plénipotentiaire  de  lro  classe, 
Ofiicier  de  la  Légion  d’honneur, 

Membre  de  la  Cour  d’arbitrage  de  La  Haye, 
Maire  de  Ciermont-Créans, 

Candidat  républicain. 


Circonscription  de  MAMERS 

M,  Joseph  CAILLAüX 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  — -  13,573  voix» 


Mes  chers  Concitoyens, 

Pour  la  seconde  fois*  je  viens  solliciter  vos  libres  suffrages  en  vous  demandant  d’approu* 
vèr  le  même  programme  que  celui  que  je  vous  ai  soumis  eu  1898. 

Profondément  républicain,  je  défendrai  fa  République*  comme  je  l’ai  fait  durant  ceê 
dernières  années*  toutes  les  fois  qu’elle  sera  menacée,  soit  par  ceux  qui  l’attaquent  ouver¬ 
tement.  soit  par  ceux  qui,  monarchistes  hier,  prennent  aujourd'hui  une  autre  étiquette  pour 
égarer  le  suffrage  universel. 

J’ai  à  peine  besoin  de  dire  que  je  défendrai  également  l’ordre  et  la  propriété  indivi¬ 
duelle,  qui  est  I  expression  de  la  liberté  et  la  condition  du  progrès-  Je  ne  souffrirai  jatrais 
que,  en  aucun  cas*  sous  aucune  forme,  pour  aucune  raison,  il  y  soit  porté  la  moindre 
atteinte. 

A  la  Chambre*  si  vous  m’y  envoyez  à  nouveau*  je  continuerai  a  m’occuper  plus  spécia¬ 
lement  des  finances  publiques,  que  je  me  suis  constamment  efforcé  d’améliorer*  Les  trois 
budgets  que*  Ministre  des  Finances*  j’ai  eu  l’honneur  d'exécuter*  présentent,  dans  leur 
ensemble*  un  excèdent  considérable*  quoi  qu’eu  puissent  dire  nies  adversaires.  Dans  l’av-o- 
flir,  la  situation  sera  meilleure  encore,  si  la  Chambre*  par  des  modifications  à  son  règle- 


N°  1162 


-  727  - 

Il  ment, que  je  m'efforcerai  de  provoquer,  renonce  à  augmenter  les  dépenses  publiques  et 
Ir s’applique  uniquement  à  les  réduire. 

Très  partisan,  comme  je  l’ai  prouvé,  dos  rérormes  fiscales  qui  diminuent  le  poids  de 
'  p0ur  les  pauvres,  les  petits,  les  humbles,  je  veillerai  cependant  à  ce  que  les  rema- 
!  I  fliements  à  intervenir  n’impliquent  ni  vexations,  ni  inquisitions  d’aucune  sorte  dans  les 
I  affaires  privées.  J’ai  défendu,  vous  le  savez,  je  défendrai  encore  les  droits  légitimes  des 
[  bouilleurs  de  cru. 

Désireux  d’alléger  la  chargeai  lourdo  pour  le  pays, du  service  militaire,  je  voterai  toute 
réduction  dans  la  durée  du  service  qui  sera  compatible  avec  les  nécessités  de  la  défense  du 
pays  et  qui  laisse  intacte  cette  armée  qui  nous  est  chère  à  tous  et  qui  doit  être  maintenue 
en  dehors  des  luttes  de  parti. 

Convaincu  que  chacun  doit  être  libre  de  penser  ou  de  croire  à  son  gré,  j’entends  que  le 
I  clergé  soit  tenu  à  l’écart  de  ia  politique.  J’entends  encore  que  la  nouvelle  loi  sur  les  asso¬ 
ciations  soit  appliquée  aux  congrégations  religieuses  avec  la  mesure,  mais  aussi  avec  la 
[;  fermeté  et  l’esprit  de  suite  nécessaires. 

Les  mômes  principes  font  de  moi  un  partisan  de  la  liberté  d’enseignement,  mais 
[  j'estime  que  les  privilèges  conférés  par  la  loi  Falloux  doivent  disparaître  et  que  l’État  a  le 
devoir  de  s’ssurer,  tant  par  les  grades  ou  diplômes  qu’il  exigera,  que  par  la  surveillance 
J  qu’il  exercera,  que  dans  tous  les  collèges,  sans  distinction  d’aucune  sorte,  l’on  distribue 
I  aux  enfants  un  enseignement  en  harmonie  avec  les  idées  de  notre  temps. 

Mes  chers  Concitoyens, 

C’est  à  vous  que  je  dois  de  participer  au  Gouvernement  de  notre  pays,  c’est  à  vous  que 
je  dois  d’avoir  réalisé  des  réformes  que  je  crois  utiles  à  la  démocratie.  L’œuvre  que  nous 
avons  commencée  ensemble,  nous  la  continuerons  ensemble,  si  vous  le  voulez  bien.  En 
voire  nom,  j’apporterai  mon  concours  le  plus  dévoué  au  Gouvernement  républicain.  Je 
m’efforcerai  de  défendre  auprès  de  lui  les  intérêts  locaux  de  notre  arrondissement,  avec  lui 
les  Intérêts -généraux  du  pays. 

Mon  programme  se  résume  en  ces  deux  phrases  : 

Ordre  et  progrès  dans  la  République! 

Ni  réaction,  ni  révolution! 

J.  CAILLAUX,  Député  sortant, 
Ministre  des  Finances. 


lr0  circonscription  du  MANS 
M.  FOUCHÉ 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  12.000  voix. 


Messieurs  et  chers  Concitoyens, 

I  ^pondant  aux  instances  des  trois  comités  républicains  de  l’Alliance  des  républicains 
IJ^ress'strs>  de  la  Patrie  française  et  de  l’Action  libérale,  qui  m’ont  demandé  d’être  Je 
i <-  edraPeau  de  la  République  progressiste,  patriote  et  libérale,  dans  la  première  circon- 


—  728  — 

scrîption  du  Mans,  aux  élections  législatives  du  27  avril  prochain,  j’ai  l’honneur  de  me  pré¬ 
senter  à  vos  libres  suffrages. 

Lès  événement  qui  ont  marqué  la  dernière  législature  sont,  vous  le  savez,  d’une  gra¬ 
vité  exceptionnelle. 

Avec  le  ministère  Waldeck-Rousseau,une  coalition  jacobine  et  sectaire  a  réussi  à  s’em¬ 
parer  du  pouvoir. 

Libertés  individuelle,  de  conscience,  d’enseignement,  d’association  et  du  travail,  pro¬ 
priété,  finances,  armée,  patrie,  tout  a  été  atteint  ou  menacé  à  tel  point  que  le  pays  serait 
fatalement  voué  à  la  déchéance  prochaine,  si  le  renouvellement  de  la  Chambre  des  Députés 
tournait  au  profit  de  cette  néfaste  politique. 

Mon  programme  : 

C’est  de  réparer  tout  le  mal  qui  a  été  fait,  —  de  relever  dans  le  pays  l'idée  de  justice, 
— -  de  restaurer  la  liberté,  —  de  mettre  l’armée  au-dessus  de  toutes  les  divisions,  et  de  li 
tenir  avec  soin  éloignée  de  toutes  les  influences  politiques. 

Ce  que  je  veux  : 

C’est  la  liberté  de  conscience,  la  liberté  d’enseignement  et  la  liberté  d’association, 
égales  pour  tous  les  citoyens,  sans  privilège  ni  faveur  pour  personne. 

C’est  la  liberté  du  travail,  dont  la  règlementation  abusive  cause  le  plus  grave  préjudice 
à  ceux-là  mêmes  qu’on  prétend  protéger.  * 

C’est  la  défense  de  la  propriété  individuelle, fruit  du  travail  accumulé, contre  toutes lei 

entreprises  socialistes-collectivistes.  | 

C’est  le  rapprochement  du  capital  et  du  travail,  le  retour  de  la  confiance  détruite  parla 
politique  révolutionnaire  du  ministère  Waldeck-Rousseau  et  par  la  menace  d  expériences 
fiscales  injustes  et  dangereuses,  que  je  réprouve  formellement.  .  j 

C’est  le  rétablissemen  t  de  l’ordre  dans  les  finances  par  une  sage  politique,  attentive  à 
supprimer  les  dépenses  inutiles,  à  lutter  contre  les  abus  du  fonctionnarisme  et  à  développer 
l’activité  individuelle  et  nationale.  J 

Ce  que  je  veux  enfin,  c’est  l’amélioration  du  sort  de  chacun,  notamment  par  la  ffi* 
plication  et  l’encouragement  des  associations  et  des  couvres  de  mutualité. 

Industriel  au  Mans,  où  j’occupe  un  grand  nombre  d’ouvriers,  et  propriétaire  agriculteur 
à  Saint-Saturnin,  je  crois  être  en  situation  de  connaître  les  besoins  des  commerçants,  des 
industriels,  des  agriculteurs  et  de  tous  les  travailleurs  de  notre  circonscription. 

Je  défendrai  leurs  intérêts  sans  relâche,  et  soutiendrai  leurs  légitimes  revendications 
de  toute  mon  énergie. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Vous  allez  rendre,  le  27  avril  prochain,  un  arrêt  duquel  peut  dépendre  la  vie  ou  la 

mort  de  la  France.  . 

Que  tous  ceux  qui  ont  au  cœur  l’amour  ardent  de  la  patrie  marchent  étroitement  un , 
pour  l’arracher  à  la  tyrannie  qui  l'opprime  et  au  joug  humiliant  d’une  coterie  qui  la  ruine. 

Vive  la  France! 

Vive  la  République  progressiste,  patriote  et  libérale  ! 

Ernest  FOUCHÉ, 

Ingénieur  des  arts  et  manufactures, 
Constructeur  de  matériel  de  chemins  de  fer. 

Maire  de  Saint-Saturnin. 


—  729  — 


N°  1162 


26  circonscription  du  MANS 
M.  GALP1N 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  11.146  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Mes  chers  Amis, 

En  1893,  je  vous  disais  : 

»  Le  suffrage  universel,  depuis  quelques  années,  a  manifesté,  dans  les  élections,  sa 
vo’ontè  d**  ne  pas  modifier  la  forme  du  Gouvernement.  Je  suis  toujours  le  respectueux  ser¬ 
viteur  de  la  volonté  nationale;  nul  n’a  le  droit  de  s’insurger  contre  la  volonté  du  peuple.  J’ai 
toujours  été  l’ennemi  des  coteries  qui  divisent  notre  pays.  Je  suis  toujours  le  partisan  con¬ 
vaincu  de  l’apaisement  et  de  la  conciliation,  qui  sont  indispensables  à  la  prospérité  de  la 

**  Cette  déclaration,  je  vous  l’ai  rappelée  en  1898,  en  tête  de  ma  profession  de  foi.  Je  sois 
fier  de  pouvoir,  en  vous  la  rappelant  ■  ncore  aujourd’hui,  répéter  que  je  suis  resté  fidèle  à 
ce  programme  que,  par  deux  fois,  vos  suffrages  ont  approuvé.  ....  ,  .  , 

Ne  m’inspirant  jamais  que  des  intérêts  supérieurs  de  la  France,  j  avais,  dans  la  précé¬ 
dente  législature,  soutenu  de  mes  votes  le  ministère  Méline,  parce  qu’il  avait,  ainsi  que  je 
vous  le  disais  tendu  à  l’agriculture  d’importants  services,  et  aussi  parce  qu  il  avait  énergi¬ 
quement,  durant  deux  aimées,  combattu  les  tendances  révolutionnaires  des  radicaux  et  des 

Au  nom  des  mêmes  principes,  j’ai  combattu  le  ministère  Waldeck-Rousseau-Millerand. 

Élu  par  des  patriotes  sincères,  par  des  cultivateurs  attachés  à  la  propriété  que  leur 
labeur  féconde  par  des  travailleurs  attachés  à  l’épargne  qu’ils  amassent  si  péniblement, 
t’aurais  cru  trahir  la  confiance  de  mes  électeurs  et  manquer  à  tous  mes  devoirs,  si  j’avais 
donné  mon  concours  k  une  politique  qui,  après  avoir  livré  le  pays  aux  plus  tristes  discordes 
en  rouvrant  le  procès  Dreyfus,  après  avoir  gracié  le  traître  deux  fois  condamné,  s’est  mise  à 
la  remorque  de  ses  défenseurs,  et  s’est  abaissée  jusqu’à  devenir  l’instrument  de  leurs  ran- 

^^J’aurais  manqué  à  mon  devoir  si  j’avais  soutenu  ce  ministère  qui,  en  frappant  avec 
une  brutalité  inouïe  les  chefs  les  pins  respectés,  en  livrant  les  officiers  aux  plus  honteuses 
délations  a  si  profondément  troublé  notre  armée;  ce  ministère, qui  a  couvert  de  sa  coupable 
complaisance  les  manœuvres  de  ceux  qui  cherçhent  à  détruire  en  nous  le  respect  de  la  dis¬ 
cipline  et  le  sentiment  ou  devoir  envers  la  Patrie.  .  . 

J'aurais  manqué  à  mon  devoir  enfin,  si  j’avais  approuvé  par  mes  votes  le  ministère  qui 
a  nactisé  avec  les  socialistes,  en  élevam  deux  de  ses  représentants  au  pouvoir,  et  qui  n’a 
vécu  qu’en  s’appuyant  sur  ceux  qui  prêchent  la  révolution  violente  et  la  destruction  de  l’ordre 

SOt  11  Je  crois  qu’on  n’organise  pas  l’ordre  avec  le  concours  des  hommes  de  désordre,  et  quelle 

sJit  d’ailleurs  l’habileté  et  la  prudence  avec  lesquelles  les  collectivistes  présentent  leurs 
doctrines  il  n’en  est  pas  une  qui  ne  conduise  pi  s  ou  moins  vite,  plus  ou  moins  directe¬ 
ment,  à  là  destruction  de  la  propriété  individuelle,  dont  les  principes  de  1789  nous  ont 

assuré  la  liberté-  ,  . 

Cette  politique  néfaste,  vous  pouvez  l’apprécier  par  ses  résultats. 

Les  grèves  se  multiplient  de  la  façon  la  plus  inquiétante,  et  nous  sommes  sous  le  coup 

03 


—  730  — 

de  la  grève  générale.  Les  passions  et  les  appétits  révolutionnaires  sont  plus  ardents  que 
jamais. 

Nous  avons  vu  apparaîtra  la  déficit  de  nos  finances.  Nous  avons  été  acculés  à  la  néces* 
s i té  de  recourir  à  l'emprunt,  par  rémission  de  bon?  à  court  terme,  pour  équilibrer  le  bud- 
g  t.  Nous  sommes  menacés  d'impôts  nouveaux. 

Voilà  pourquoi  j’ai  combattu  le  ministère  Waldeck-Millerand,  et  vous,  qui  êtes  les  par¬ 
tisans  résolus  d’une  politique  tic  ljMral  apaisement,  vous  m'approuvez,  j'en  suis  sûr. 

Mais  je  n'ai  jamais  perdu  de  vue  vos  Intérêts*  dont  vous  m'aviez  confié  la  garde,  et  je  n’ai 
jamais  cessé  de  travailler  à  les  défendre, 

La  Chambre  m’a  réélu  membre  de  la  grande  Commission  des  douanes,  au  sein  de 
laquelle  j'ai  pu,  comme  je  Lavais  toujours  fait,  travailler  à  la  protection  de  votre  production 
agricole  et  industrielle. 

J’ai  eu  l’honneur  d'être  nommé  vice-président  de  la  grande  Commission  de  l'agricul¬ 
ture,  devant  laquelle  se  discutent  et  se  préparent  toutes  les  lois  qui  vous  intéressent. 

C'est  ainsi  que,  dans  cette  Commission,  mes  collègues  et  moi  nous  avons  pu  arrêter  au 
passage  un  projet  de  loi  qui  venait  d’être  voté  par  le  Sénat,  et  d'après  lequel  étaient  seuls 
autorisés  à  exercer  leur  profession  les  hongreurs  inscrits  depuis  trois  ans  à  la  patente;  je 
n'ai  pas  besoin  d'insister  pour  vous  démontrer  combien  eussent  été  fâcheux  pour  vous  les 
résultats  de  cette  loi. 

C'est  sur  une  proposition  faite  par  moi  que  la  Chambre  précédente  a  accordé,  aux  pro¬ 
ducteurs  de  chanvre,  la  prime  qui  leur  est  nécessaire  pour  soutenir  la  concurrence  étran¬ 
gère.  Cette  prime  leur  a  ôté  maintenue  dans  les  conditions  de  ma  proposition* 

Je  m'étais  déjà,  il  y  a  quatre  ans,  prononcé  en  faveur  du  principe  de  la  réduction  à 
deux  ans  du  service  militaire.  J'ai  voté  encore  en  faveur  de  l’accom plissement  de  cette 
réforme,  sous  les  garanties  qui  sont  indispensables  pour  ne  pas  affaiblir  notre  armée.  One 
année  puissante  est  encore  ie  meilleur,  c’est  encore  le  seul  moyen  de  maintenir  la  paix, 

J  ai  vote  la  réduction  à  21  et  à  8  jours  des  périodes  d'exercices  des  réservistes  et  terri¬ 
toriaux. 

Enfin,  dans  la  discussion  de  la  loi  sur  le  régime  des  boissons,  j'ai  défendu  les  droits  des 
bouilleurs  de  cru,  aussi  bien  que  ceux  des  débitants,  que  cette  loi  vexatoirè  lèse  également, 
11  y  a  vingt-cinq  ans  que  je  les  défends. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Je  me  suis  tenu  en  rapport  constant  avec  vous,  allant  aussi  souvent  qu’il  m7a  été  pos¬ 
sible  vous  visiter  dans  vos  communes,  et  jamais  aucun  de  vous  ne  s’est  vainement  adressé 
à  moi. 

Si  vous  me  faites  l'honneur  de  me  réélire,  je  continuerai  à  remplir  mon  mandat  avec  le 
même  zèle,  avec  le  même  désintéressement,  avec  la  même  loyauté*  J'ai  toujours  été,  je  serai 
toujours  indépendant  ;  j’ai  toujours  refusé,  je  refuserai  toujours  de  me  laisser  dominer  par 
aucune  coterie* 

Et  en  sollicitant  de  nouveau  F  honneur  de  vous  représenter  à  la  Chambre,  je  croîs  pou 
voir  compter  sur  les  suffrages  de  tous  ceux  qui  sont  partisans  d'une  République  sincèrement 
libérale,  respectueuse  des  droits  de  tous,  m  tète  desquels  je  place  la  liberté  d’enseignement 
et  la  liberté  de  conscience* 

Je  crois  pouvoir  compter  sur  les  suffrages  de  tous  ceux  qui  veulent  la  grandeur  de  J  a 
France  par  l'ordre,  la  paix  et  la  liberté* 

Votre  tout  dévoué, 


G*  GALPIN,  Député  sortant. 


—  731  — 


N°  1162 


Circonscription  de  SAINT-CALAIS 

M.  Godefroy  CAVAIGNAC 
Élu  au  loc  tour  de  scrutin.  —  10 .601  voix. 


Messieurs  et  chers  Concitoyens, 

J’ai  eu  l’occasion  de  m’expliquer  devant  vous  au  cours  des  réunions  publiques  tenues 
déjà  dans  la  plupart  des  communes. 

Je  me  bornerai  à  résumer  ici  les  déclarations  politiques,  qu’un  grand  nombre  d’éhtre 
vous  ont  entendues. 

Fidèle  aux  idées  que  je  représente  au  Parlement)  depuis  vingt  années,  et  que  j  ai, 
durant  celte  longue  période,  soutenues  en  parfait  accord  avec  vous.  Je  pense  que  les  discus¬ 
sions  de  politique  pure  sont  dominées  en  ce  moment  par  un  débat  où  les  conditions  fonda¬ 
mentales  de  l’existence  nationale  sont  remises  en  question. 

Les  idées  nationales  sur  lesquelles  repose  l’existence  des  insiitütiohs  militaires,  Subis¬ 
sent  à  l’heure  actuelle  un  assaut  des  plus  dangereux. 

Si  le  27  avril,  le  suffrage  universel  ne  manifeste  pas  clairement  ses  volontés  sur  ce 
point,  ou  aura  bientôt  sacrifié  sans  remède  notre  organisation  militaire  aux  entreprises  ou 
aux  visées  secrétes  de  tous  les  internationalismes  et  des  antimilitaristes. 

11  sVit  là  d’une  tentative  plus  funeste  encore  que  tant  d’autres  actes  par  lesquels  le 
ministère' actuel  a  suscité  partout  les  inquiétudes  et  les  mécontentements,  plus  grave  que 
ks  concessions  faites  au  collectivisme,  plus  grave  que  l’imprévoyance  et  le  désordre  par 
lesquels  on  a  compromis  la  situation  financière. 

Quel  que  soit  le  résultat  des  élections,  qu’elles  aboutissent  à  la  constitution  d’un  Gou¬ 
vernement  modéré  ou  radical,  la  tâche  de  ceux  qui  vous  représenteront,  telle  que  Je  la 
conçois,  sera  demain  comme  elle  était  hier,  de  défendre  les  idées  et  la  sécurité  nationales, 
d’on  imposer  le  respecta  ceux  qui  détiendront  le  pouvoir. 

En  opposant  une  résistance  déterminée  aux  directeurs  apparents  ou  occultes  de  la 
politique  de  ces  dernières  années,  sous  quelque  forme  nouvelle  qu’ils  puissent  se  présenter, 
je  suis  convaincu  de  défendre  non  seulement  l’idée  nationale,  mais  de  défendre  aussi  le 
fruit  le  plus  précieux  du  régime  républicain  :  l’indépendance  de  la  démocratie. 

11  n’en  resterait  plus  rien  le  jour  où  la  puissance  de  l’argent,  l’influence  de  la  finance 
cosmopolite,  imposeraient  leur  direction  aux  pouvoirs  publics,  à  ceux  auxquels  la  démocra¬ 
tie  a  confié  le  soin  de  la  représenter  ou  de  diriger  ses  destinées. 

Et  maintenant,  s’il  s’agit  de  l’œuvre  du  progrès  politique,  je  suis  ce  que  j’ai  tou¬ 
jours  été  : 

Fidèle  à  l’idée  républicains  ;  convaincu  que  la  meilleure  justification  du  régime  répu¬ 
blicain  est  dans  un  attachement  invincible  à  la  réalisation  des  idées  démocratiques  et  des 
améliorations  sociales; 

Fidèle  à  la  politique  qui  a  su  défendre,  il  y  a  vingt  ans,  contre  les  entreprises  qui  la 
menaçaient,  la  neutralité  religieuse  de  1  Éiat  ; 

Résolu  à  ne  franchir  jamais  la  limite  où  la  défense  de  l’Etat  laïque  prendrait  le  carac¬ 
tère  d’une  entreprise  contre  l’inviolabilité  de  la  conscience  individuelle. 

Tel  vous  m’avez  connu  depuis  vingt  ans,  ici  je  suis  toujours. 

Sur  un  seul  point,  les  événements  qui  se  sont  déroulés,  dans  ces  dernières  années, 
m’ont  amené  à  ajouter  un  article  au  programme  politique  que  je  viens  de  tracer  devant 
vuus: 

La  Constitution  de  1875,  léguée  à  ia  République  par  une  Assemblée  qui  n’était  pas 


républicaine,  ne  satisfait  visiblement  pas,  malgré  les  efforts  qu’ont  fait  les  républicains 
pour  s’en  accommoder,  aux  conditions  essentielles  que  la  Nation  a  le  droit  d'exiger  de  son 
organisme  constitutionnel. 

La  prépondérance  abusive  et  l’action  déréglée  du  pouvoir  parlementaire  ont  compro¬ 
mis,  à  la  fois,  la  bonne  gestion  des  affaires  publiques,  et  la  marche  assurée,  régulière, 
continue  des  progrès  démocratiques. 

Il  faudrait  être  aveugle  pour  fermer  les  yeux  à  un  péril  que  tous  les  hommes  politiques 
discernent,  quoique  beaucoup  se  refusent  à  l’avouer. 

11  me  paraît  que  la  nécessité  d’uue  réforme  constitutionnelle  s’impose,  et  qu’il  est 
temps  d’en  demander  la  réalisation  à  un  effort  commun  des  hommes  de  bonne  volonté,  à 
une  claire  manifestation  du  suffrage  universel. 

À  ces  déclarations,  je  n'ajouterai  qu’un  mot  : 

J’ai  toujours  su  défendre,  contre  toutes  les  menaces  et  toutes  les  tentatives  de  l'esprit 
de  parti,  l’indépendance  de  ma  pensée. 

Je  n’ai  jamais  hésité  non  plus  à  l’exposer  avec  une  entière  sincérité  devant  les  élec¬ 
teurs  de  ^arrondissement  de  Saint-Cal  ais. 

Et  la  meilleure  réponse  que  j’aie  à  opposer  aux  critiques  ou  aux  attaques  que  vous 
entendez  journellement  diriger  contre  moi,  n'est  pas  dans  les  lignes  que  j’écris  ici  : 

Elle  est  dans  votre  esprit  à  tous,  et  dans  la  connaissance  que  vous  avez  u’une  carrière 
politique  à  laquelle  vous  êtes,  depuis  vingt  ans,  associés  par  la  confiance  que  vous  m’avez 
prodiguée. 


Godefroy  CAVÀIGNÀC. 


—  733 


N°  H62 


SAVOIE 


Circonscription 


d’ALBERTVILLE 


M.  PROUST 


Eiu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  4-129  voix. 


Chers  Concitoyens, 

Vous  m'avez  fait  le  grand  honneur  de  me  désigner,  le  19  mai  dernier,  par  3.960  voix, 
pour  vous  représenter  à  la  Chambre  des  Dépmés,  et  c’est  avec  la  certitude  de  n’avoir  démé¬ 
rité  en  rien  de  votre  estime  et  de  votre  confiance  que  je  viens  de  nouveau  solliciter  vos 
suffrages. 

Je  sui3  resté  fidèle  au  programme  que  je  vous  avais  exposé  et  je  n’ai  rien  à  y  changer. 

Je  demeure  l’adversaire  du  collectivisme  et  le  défenseur  ardent  et  résolu  de  toutes  les 
institutions  qui  sont  le  patrimoine  du  régime  républicain. 

Je  persiste  à  être  convaincu  qu’en  dehors  des  partis  extrêmes,  il  y  a  place,  dans  la 
République,  pour  une  politique  de  réformes,  de  prévoyance  et  d’économie,  qui  soit  tolé¬ 
rante  à  l’égard  de  toutes  les  croyances  et  dont  la  préoccupation  constante  sera  le  respect  de 
la  liberté  et  de  la  justice. 

J’ai  conformé  mon  attitude,  à  la  Chambre,  à  cette  politique,  et  mes  votes  vous  sont  une 
preuve  que  je  n’ai  rien  sacrifié  de  mon  indépendance. 

Partisau  de  la  liberté  de  conscience,  de  la  liberté  d’enseignement,  de  la  liberté  du  tra¬ 
vail,  du  développement  de  l’instruction  populaire  et  agricole,  de  l’indépendance  des  fonc¬ 
tionnaires,  je  n’ai  négligé  aucune  occasion  de  manifester  mon  sentiment  sur  les  questions 
relatives  à  cet  ordre  d’idées. 

En  ce  qui  concerne  la  défense  nationale,  j’ai  voté  le  service  de  deux  ans,  la  suppres¬ 
sion  des  treize  jours  et  la  réduction  à  vingt  et  un  jours  des  périodes  d'instruction  des 
réservistes. 

Enfin,  j'ai  témoigné  mon  attachement  aux  réformes  vraiment  républicaines  et  démocra¬ 
tiques  en  votant  la  diminution  des  gros  traitements,  l’extension  de  la  progression  des  droits 
de  mutation  aux  gros  héritages,  le  principe  des  retraites  ouvrières,  toutes  les  propositions 
tendant  à  réformer  la  loi  sur  les  boissons,  si  inquisitoriale  et  si  préjudiciable  à  nos  petits 
bouilleurs  de  cru,  toutes  les  mesures  destinées  à  apporter  plus  d’ordre  et  d’économie  dans 
nos  finances,  toutes  les  réformes  économiques  destinées  à  venir  en  aide  à  l’agriculture,  a 
favoriser  nos  industries  mulassières,  fromagères  et  autres,  qui  constituent  la  richesse  de 
notre  arrondissement. 

D’autre  part,  dans  de  nombreuses  circonstances,  vous  avez  pu  reconnaître  que  mon 
activité  et  mon  dévouement  vous  étaient  tout  acquis,  aussi  bien  lorsqu’il  s’agissait  d’un  ser¬ 
vice  à  vous  rendre  que  de  la  défense  de  vos  intérêts  généraux. 


Electeurs  j 

Vous  avez  affirmé  maintes  fois  votre  fidélité  aux  principes  qui  sont  la  base  de  Dion 
programme.  J'ai  plus  que  jamais  confiance  dans  voire  clairvoyance  et  dans  votre  jugement, 

Vive  là  République  1 

Vive  l'arrondissement  d'Albertville! 

A.  PROUST,  Député  sortant* 


lr&  circonscription  de  CHAMBÉRY 
M.  DÜSSDEL 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  9.696  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Désigné  à  Funan imité  par  le  congrès  des  comités  républicains  de  la  lre  cirCùnscnptîoD 
de  Chambéry  comme  candidat  aux  élections  législatives,  je  viens  exposer  mon  pro¬ 
gramme. 

Je  suis  partisan  convaincu  de  l'instruction  laïque  et  obligatoire,  du  frtage  de  scolarité  et 
de  l'abrogation  de  la  loiFalloux,  dernièrement  votée  par  la  Chambre* 

Je  veux  que  tous  les  citoyens,  égaux  devant  la  loi,  le  soient  aussi  devant  le  service  tai- 
litaire,  qui  doit  être  aussi  réduit  que  possible  et  égal  pour  tous,  —  Comme  conséquence,  je 
soutiendrai  toute  motion  tendant  à  réduire  le  service  militaire  à  deux  ans,  à  diminuer  les 
périodes  de  28  jours,  et  à  supprimer  celles  de  13  jours. 

Dans  l'ordre  financier,  je  veux  une  réforme  des  chargea  publiques  et  l'institution  d'tm 
impôt  pratique  sur  le  revenu;  révision  des  traitements  :  diminution  dés  gros  et  augmenta- 
lion  des  petits.  —  Amélioration  du  sort  des  instituteurs,  comme  il  a  été  fait  pour  celui  des 
officiers,  —  Atténuation  dé  l'impôt  suivant  les  charges  de  famille. 

Partisan  résolu  de  toutes  les  économies  qui  dégrèvent  le  budget,  je  ne  voterai  aucune 
dépense  dont  la  nécessité  ne  sera  pas  absolument  justifiée. 

Au  point  de  vue  agricole,  je  suis  partisan,  si  possible,  de  la  révision  de  la  loi  sur  les 
alcools  et  du  maintien  amélioré  du  privilège  des  bouilleurs  de  cru. 

Je  demanderai  pour  les  planteurs  de  tabac  ;  1.  Prix  plus  rémunérateur.  —  IL  Nomination 
des  experts  en  partie  par  L’Etat,  en  partie  par  le  suffrage  des  planteurs  du  canton. 

Extension  des  assurances  mutuelles  coutre  Ja  mortalité  du  bétail  avec  subventions  de 
V'État  dans  la  plus  large  mesure. 

Ennemi  acharné  de  tous  les  privilèges  qui  facilitent  et  permettent  l'accaparement,  je 
m'engage  à  étudier  d'une  façon  toute  particulière  et  à  voter  les  lois  afférentes  à  l'agri¬ 
culture  i 

Dégrèvement,  diminution  des  droits  de  mutation  et  de  toutes  les  charges  qui  pèsent  si 
inégalement  sur  les  propriétaires  ruraux  et  les  ouvriers  agricoles. 

Dans  Perdre  politique  et  soda!,  je  veux  la  suprématie  du  pouvoir  civil  sur  lé  pouvoir 
militaire  et  sur  tous  les  autres  pouvoirs,  l'application  de  plus  en  plus  large  de  la  liberté  de 
conscience  ;  respectant  les  croyances  sincères  des  uns  et  les  idées  phüosüpliiqués  des  autres, 
anti-clérical,  mais  non  anti-religieux;  partisan  convaincu  de  la  loi  Sur  les  associations  et 
des  réformes  nécessaires  pour  améliorer  notre  état  social  et  donner  plus  de  bien-être  à  ceux 
qui  en  sont  privés,  je  suis  disposé  à  étudier  et  à  voter  toutes  les  améliorations  qui,  en  sau- 


—  m  — 


N*  ii  62 


vegar dant  toutefois  la  propriété  individuelle,  pourront  atteindre  ce  but-  De  même  que  je 
leux  une  République  nettement,  franchement  républicaine,  ne  voulant  s'appuyer  que  sur 
les  vrais  républicains,  et  non  sur  les  nationalistes  représentant  les  opinions  les  plus  variées, 
la  plupart  hostiles  à  la  République,  —  restitue,  en  outre,  qm  le  développement  des  institu¬ 
tions  do  prévoyance  et  d’assistance  des  caisses  de  retraite,  d’assurances  mus  le  contrôle 
&  l’État  et  au  besoin  par  lux-même,  est  un  des  premiers  devoirs  sociaux:  je  voterai 
toutes  les  lois  qui  faciliteront  la  création  de  ces  œuvres  indispensables,  et  m’attacherai 
à  répandre,  dans  nos  campagnes  et  dans  les  villes,  les  grandes  idées  de  mutualité  et  de 
solidarité- 

Et  je  veux  enfin  que,  l’esprit  républicain  pénétrant  de  plus  en  plus  dans  les  masses,  la 
souveraineté  du  peuple  s’affirme  partout. 

Enfant  du  pays,  ayant  vécu  de  votre  vie,  je  suis  h  même,  mieux  qu'un  étranger,  de 
connaître  vos  intérêts,  vos  aspirations,  de  faire  aboutir  les  unes  et  de  défendre  les 
autres. 

Dévoué  à  la  cause  de  îa  démocratie,  aimant  avec  passion  notre  chère  et  belle  Savoie,  je 
lesterai  en  communication  constante  avec  vous,  et  vous  me  trouverez  en  tout  temps  sur  la 
brèche,  toujours  prêt  à  lutter  et  à  combattre  pour  l’amélioration  du  sort  de  l’ouvrier  et  du 
paysan,  et  pour  la  défense  des  institutions  républicaines  menacées  que  la  France  s’est  libre¬ 
ment  données E 

Vive  îa  République  démocratique  1 
Vive  la  France  l  Vive  la  Savoie  î 

Francisque  DUSSUEL. 


2"  circonscription  de  CHAMBÉRY 
M.  CHARBON 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  8*511  voix. 


Citoyens, 

H  y  a  deux  années,  vous  avez  affirmé  sur  mou  nom  votre  foi  républicaine,  votre  atta¬ 
chement  au  seul  régime  compatible  avec  la  marche  normale  du  progrès,  et  aussi  votre  con~ 
liante  en  celui  que  vos  représentants  autorisés  avaient  choisi  pour  être  le  porte-drapeau  de 

la  concentration  républicaine. 

Fort  de  l’appui  moral  que  m’a  donné,  h  Vunariimité,  1&  Congrès  des  communes  tenu  le 
8  mars  dernier  an'  théâtre  de  Chambéry  î  fort  aussi  de  la  collaboration  des  vieux  lutteurs 
qui  ont  nom  :  Pâmer,  sénateur,  président  du  Conseil  général;  Dijoud,  Guy,  Mamy,  Roché 
et  Tberme  conseillers  généraux;  Revtliiod,  président  du  Conseil  d’arrondissement  ;  Armand, 
Lonsard  Pellin  et  Pépin,  conseillers  d’arrondissement;  fort  enfin  de  F  adhésion  à  ma  candi¬ 
dature  de  M.  le  maire,  des  deux  adjoints  et  de  la  grande  majorité  du  Conseil  municipal  de 
Chambéry,  je  viens  à  nouveau  solliciter  vos  suffrages^ 

Mon  programme  vous  est  connu.  Tel  je  vous  l’ai  exposé,  tel  jo  Pat  suivi  au  cours  de  ces 

deux  années  de  législature, 

Je  m’honore  d'avoir  contribué,  par  mes  votes  politiques,  à  soutenir  le  ministère  de  dé¬ 
fense  et  d’action  républicaines  de  M.  Waïdeèk-Roussèuu  contre  les  attaques  passionnées  de 
la  réaction  cléricale,  quelque  drapeau  qu’elle  ait  arboré  et  sous  quelque  masque  qu’elle  se 


—  736  — 

soit  dissimulée.  Je  me  flatte  aussi,  dans  Tordre  économique,  d'avoir  soutenu  les  intérêts  des 
petits,  n'en  déplaise  à  des  adversaires  qui  se  servent  aujourd'hui,  comme  d'un  tremplin 
électoral,  d'une  législation  nouvelle  sur  les  boissons,  mal  connue  des  intéressés  et  suscep¬ 
tible  de  corrections  que  seule  l'expérience  peut  nous  dicter. 

Au  moment  du  renouvellement  intégral  de  la  Chambre,  la  question  se  pose  devant  le 
pays  de  savoir  si  la  République  doit  être  gouvernée  par  des  républicains  sans  arrière-pensée 
ou  par  une  concentration  hybride  des  débris  des  anciens  partis  et  des  éternels  blackboulés 
du  suffrage  universel;  si,  en  un  mot,  nous  devons  orienter  nettement  notre  politique  à 
gauche,  dans  la  voie  du  progrès  et  des  réformes  démocratiques,  ou  à  droite  dans  la  voie  du 
piétinement  et  du  recul» 

Citoyens, 

Vous  choisirez  entre  ces  deux  poétiques*  Je  suis,  moî3  le  candidat  de  la  concentrations 
gauche»  Vous  chercherez  dans  mon  entourage:  vous  n'y  trouverez,  ni  ouvertement,  ni da:is 
la  coulisse,  de  patronage  suspect;  vous  entendrez  discuter  des  principes  et  non  pas  des 
personnalités» 

Je  reste  ce  que  j'étais  hier  :  républicain  sans  compromissions,  heureux  de  consacrer 
tonte  mon  activité  et  tout  mon  dévouement  à  faire  triompher  la  cause  de  mon  parti  et  à  faire 
aboutir  les  revendications  de  mes  électeurs. 

Vive  la  République  démocratique! 

G.  CHAMRON,  Député  sortant, 

Membre  du  Conseil  d'arrondissement  de  Chambéry» 


Circonscription  de  MOUTIERS 

M,  EMPEREUR 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin»  —  b*b& 7  voix» 


Mes  chers  Compatriotes, 

Le  17  septembre  1899,  vous  m'avez  élu  votre  député  par  suffrages  sur  5.22Ü  vo¬ 

tante  et  vous  m'avez  élu  sur  un  programme  nettement  républicain  où  j 'affirmais  m^n 
adhésion  au  Gouvernement  de  défense  et  d'actinn  républicaines. 

Vous  avez  pensé  que  je  pouvais  soutenir  vos  droits  politiques  et  défendre  vos  intérêts 
matériels;  je  ne  crains  pas  de  dire  que  je  me  suis  appliqué  à  tenir  mes  promesses  ri  à 
remplir  mon  mandat  en  tonte  fidélité  et  conscience  pendant  ces  deux  aus  et  demi  de  légis¬ 
lature»  Vous  jugerez  vous-mêmes. 

Voici  mes  actes  : 

Sur  mon  intervention  réitérée,  le  Ministère  de  l'Intérieur,  malgré  Ravis  contraire  du 
Conseil  d'Êtat,  autorise  b  s  communes  de  Planay  et  de  Noire-ï>*me-de-Briançon  à  contracter 
un  emprunt  pour  acheter  chacune  une  montagne; 

Il  accorde  des  subsides  extraordinaires  aux  communes  d’HanteviUe-Gonilon,  de  Bel- 
rentre  et  de  Pussy  pour  la  construction  de  ponts  métalliques  sur  l'Isère,  et  aux  communes 
de  Nàves,  d'Aigueblanche  et  de  Saint-Ûyen  pour  réparation  à  leur  église  et  à  leur  pï*B' 
bytère; 


ND  1162 


—  737  — 

11  sst  tout  disposé  à  accorder  aussi  des  subsides  pour  le  même  objet  aux  communes  de 
Montgirod  et  de  Saint-Laurent-la-Côte. 

C’est  la  meilleure  réponse  que  je  puisse  faire  à  ceux  qui,  par  ignorance  ou  par  calcul, 
m'accusent  de  vouloir  faire  fermer  les  églises  et  chasser  les  prêtres. 

A  ma  demande,  le  Ministère  de  l’Intérieur  et  celui  de  [agriculture  envoient  des  se¬ 
cours  en  argent  aux  incendiés  de  Peisey,  de  Granier,  des  Allues,  d’Hauteville-Gondon. 

Le  Ministère  ne  l’Agriculture  alloue  un  subside  de  12. 000  francs  et  le  département  de 
la  Savoie  un  subside  de  2.000  francs  à  la  commune  de  Sainte-Foy  pour  travaux  de  drainages 
utiles  à  la  consolidation  de  son  terrain,  il  donne  1-000  francs  à  la  Société  d  assurances 
mutuelles  agricoles  contre  l’incendie,  la  Fraternelle  de  Moulvalezan,  et  il  est  en  voie  d'en 
donner  autant  à  ci-lle  d’Haoieville-Gondon; 

Le  même  Ministère,  sur  mes  instances  réitérées  et  celles  de  mes  collègues,  décide 
l’exécution  des  grands  travaux  de  correction  du  torrent  Morel,  soit  une  dépense  d’environ 
quatre  cent  mille  Irancs,  pour  protéger  les  propriétés  des  communes  d’Aigueblanche,  de 
de  Bellecombe,  de  Saint-Oyen,  de  Doucy  et  des  Avanchers. 

Il  étend  à  neuf  mois  la  durée  de  l’enseignement  à  la  fruitière-ecole  de  Bourg-Saint - 
Maurice  et  prescrit  que  cet  enseignement  sera  donné,  pendant  les  trois  mois  de  l’été,  dans 

uoe  montagne  de  la  commune  des  Avanchers; 

J’interviens,  et  souvent  avec  succès,  auprès  de  l’administration  forestière  en  faveur  des 
communes  de  Fontaine-îe-Puits,  Tessens,  Granier,  la  Côie-d’Aime,  Macôt,  Bourg-Saint- 
Maurice,  soit  pour  le  maintien  de  leurs  droits  d’affouage,  soit  pour  l’extension  de  leurs 
pâturages  forestiers. 

Le  Ministère  de  la  Guerre  lève  l’interdit  du  chemin  d’intérêt  commun  de  Montgirod  et 
autorise  la  construction  de  ce  chemin  ;  vu  les  bonnes  dispositions  du  nouvel  État-Major 
o-ènéral  on  peut  espérer  voir  bientôt  levé  l’interdit  militaire  sur  tous  nos  chemins.  Nous 
demandons,  mes  collègues  et  moi,  le  classement  en  route  nationale  du  chemin  de  grande 
communication  de  Bourg-Saint-Maurice  à  Lanslebourg,  mais  M.  Zédé,  alors  gouverneur  mili¬ 
taire  de  Lyon,  s’y  oppose  tant  que  les  travaux  de  défense  ne  seront  pas  achevés  au  Petit 

Mont-Cenis.  .  .  ,  , 

Le  Ministère  du  Commerce  et  de  l’Industrie,  des  Postes  et  Télégraphes,  m  accorde  ■  un 
service  de  facteur-auxiliaire  pour  la Gorraz,  Nâves,  Saint-Laurent- la-Cote,  Val  d  Isère,  deux 
courriers  en  voiture  pour  béez  et  Sainte-Foy,  un  courrier  en  voiture  pour  Peisey,  un  bureau 
de  facteur-receveur  pour  Saint-Marcel  et  la  mise  à  l’étude  de  celui  de  Nâves  avec  bureau 
télégraphique  ;  et  bientôt  le  service  téléphonique  avec  le  concours  financier  des  communes 

et  du  département  sera  établi  en  Tarentaise.  _  ,  , 

Le  Ministère  des  Finances  installe  un  bureau  de  tabac  à  Petit-Cœur,  à  la  1  huile  de 

Sainte-Foy  et  à  Montagny.  . 

Le  Ministère  de  l’Instruction  publique  consent  à  des  concessions  de  livres  aux  biblio¬ 
thèques  scolaires  de  presque  toutes  les  communes  de  l’arrondissement,  et,  entre  autres,  de 
Notre -  Dame-de-Briançon,  Grand-Cœur,  Celliers,  Doucy,  Aigueblanche,  Moûtiers,  Saint-J ean- 
de-Bellevilie,  Saint-Martin -de^elleville,Saint-LaurenHa-CÔte,  les  Allues,  Pralognan,  Cham- 
paguy,  Boztel,  Feissons-sur-Salios,  Montagny,  Notre-Dame- du-Pré,  VJlette,  Granier,  Aime, 
Peisey,  Bourg-Sain  t-Mau  ri  ce ,  Versoie,  Sèez,  Moutvalezan,  Sainte-Foy,  lignes,  etc.,  etc. 

Avec  mes  collègues  du  Parlement  nous  pressons  le  Ministère  des  Travaux  publics  de 
demander  aux  Chambres  la  ratification  de  la  convention  avec  la  Compagnie  Paris-Lyon- 
Méditerranée  pour  la  construction  de  six  lignes  de  chemins  de  fer  et,  entr’autres,  celle  de 
Moûtiers  a  Aime  et  à  Bourg-Saini-Maurïce;  la  convention  adoptée  par  la  Chambre  des 
Députés  le  20  mars  est  en  ce  moment  soumise  aux  délibérations  du  Sénat. 

Le  même  Ministère  consent  à  prendre  à  sa  charge  l’entretien  de  la  vieille  route  na¬ 
tionale  de  Séez  au  Petit  Saint-Bernard  par  Saint-Germain- 

J'obtiens  de  la  Compagnie  Paria-Lyon- Méditerranée,  divers  avantages,  d  abord,  pour  le 
mois  d’août  prochain,  l’organisation  d’un  train  de  plaisir  de  Paris,  à  MoÛliers-Salins;  en¬ 
suite,  pour  la  durée  de  la  belle  saison  en  montagne,  du  lûr  juillet  au  1er  octobre,  le  rétablis- 


93 


sement  du  service  de  correspondance  et  de  voyageurs  entre  Moüders  et  le  Pestit— Saint- 
Bernard,  et  enfin  l'amélioration  du  service  des  trains  entre  Chambéry  et  Moûtiorspaf  For- 
ganif-ation  d'un  quatrième  train  dit  train  de  marchandises  qui  circule  maintenant  toute 
Pannée. 

Voilà,  en  résumé,  pour  mes  démarches  auprès  des  grandes  AdministrationfL 

A  la  tribune  de  la  Chambre,  j'obtiens  que  FÉtat  prenne  à  -sa  charge  le  traitement  dfâ 
maîtresses  de  couture,  dans  les  communes  pauvres,  et  quJun  nouveau  crédit  soit  inscrit  au 
budget  pour  commencer  l'organisation  financière  de*  cours  d'adultes  si  miles  à  l’in^ruçtion 
du  peuple; 

Je  demande  que  tous  les  facteurs  des  télégraphes  soient  payés  sur  tes  fonds  de  l'État, 
comme  les  facteurs  des  postes,  et  non  plus,  comme  cela  existe  encore  pour  un  très  grand 
nombre  d'entre  eux,  sur  les  fonds  communaux; 

Je  demande  aussi  que  la  plupart  des  postes  militaires  d'hiver,  si  coûteux  pour  nos 
finances  et  si  dangereux  pour  la  vie  de  nos  soldats,  sans  être  nécessaires  à  4a  défense  du 
territoire  national,  soient  supprimés  pour  ce  qui  nous  concerne,  qu'ils  soient  ramené  au 
pied  des  montagnes,  à  Séez  et  Bourg-Saint-Ma  uriee; 

Je  prends  plusieurs  fois  la  parole  en  faveur  des  sociétés  d'assurances  mutuelles  agrp 
cotes  contre  la  mortalité  du  bétail  ou  contre  l'incendie; 

Je  propose  de  subventionner,  sur  les  millions  versés  aux  champs  de  courses  de  chevaux, 
les  travaux  d'adduction  d'eau  potable,  si  necessaire  à  la  protection  de  la  santé  publique, 

La  Chambre  adopte  ma  proposition  à  une  très  grande  majorité,  mais  je  $\m  empêché 
par  le  vote  du  budget  et  par  la  fin  de  la  législature  de  lui  faire  donner  une  sanction  légale, 
ce  sera  l'œuvre  de  la  nouvelle  Chambre; 

Je  propose  aussi  la  refonte  delà  législation  vicinale,  la  suppression  des  prestations  et 
un  nouveau  classement  des  routes  et  des  chemins,  de  façon  à  mettre  les  voies  de  qommu* 
nîcation  non  pas  comme  aujourd'hui  surtout  à  la  charge  des  communes,  mais  principale¬ 
ment  à  la  charge  de  FÉtat.  J’ai  provoqué  de  la  part  de  M.  le  Ministre  de  Fintèrieur  la  décla¬ 
ration  publique  que  l’État,  désormais,  donnerait  des  subsides  plus  élevés  que  jusqu’ici  aux 
départements,  qui,  comme  la  Savoie,  ont  encore  beaucoup  de  chemins  à  construire  ; 

J’obtiens  du  Ministère  de  la  Guerre  que  tous  les  vieux  militaires,  les  vieux  servi teq^s  de 
îa  Patrie,  qui  ont  fait  quatorze  ans  de  services,  soient  secourus  mv  les  fonds  du  budget  de 
l'État  ; 

J’obtiens  aussi  du  Ministère  de  l’Agriculture  de  hâter  au  Sénat  le  vote  de  loi  exoné¬ 
rant  de  1 -impôt  foncier  les  vignes  phyboxérèes  et  de  se  préoccuper  dé  la  protection  contre 
les  avalanches,  à  l’exemple  de  la  Suisse,  de  ceux  de  nos  villages  qui  en  sont 

Voilà  pour  mon  intervention  à  la  tribune. 

D'autre  part  je  me  suis  intéressé  et  j'ai  répondu  à  toutes  les  demandes  qqi  m'ont  é|é 
adressées,  aussi  bien  à  celles  de  mes  adversaires  qu'à  celles  de  mes  amis  politiques;,  je  me 
suis  appliqué  à  me  rendre  utile  aux  petits,  aux  nécessiteux  qui  ont  demandé  ippn  jnt$j?- 
veotton;  en  un  mot  je  me  suis  applique  de  toutes  mes  farces  k  me  rendre  utile  k  mon  pays 
et  à  nos  concitoyens. 

En  politique j  je  suis  resté  fidèle  à  mes  principes  républicains  et  toujours  je  me  mk 
conformé  au  programme  que  vous  aviez  adopté  à  une  si  grande  majorité  ep  septembre 
1899: 

J'ai  voté  la  loi  sur  les  successions  qui  admet  la  déduction,  du  passif  pour  le  payement 
des  droits  —  la  loi  sur  les  boissons  qui  amènera  la  suppression  des  octrois  et  enrayera  les 
désastres  causés  par  l’abus  de  l'alcool;  la  loi  sur  les  associations  qui  permet  à  tous  les 
citoyens  de  s’associer  sans  aucune  limitation  de  nombre;  la  loi  sur  les  congrégations  qui  fes 
soumet  toutes  à  la  reconnaissance  par  FÉtat.  Je  veux,  avec  tous  les  hommes  de  Gouver¬ 
nement  de  tous  les  pays  et  de  tous  îea  temps,  avec  la  majorité  de  la  Chambre  des  Députés 
et  avec  la  majorité  du  Sénat,  non  seulement  la  liberté  pourtous,  mais  aussi  la  loi  pour  to>:s. 
Je  veux  la  loi  qui  limite  la  liberté  individuelle  suivant  i'mtéret  social,  et  qui  constitue  aiuai 
un  salutaire  frein  à  la  licence  et  à  la  convoitise  des  intérêts  personnels  comme  aux  intrb 


N*  H62 


-  789  - 


tmea  CertaîrtûB  congrégations  sai-disatit  relîgîèa^e^  qui  S'occupent*  en  réalité,  beaucoup 
plus  de  gplitiqtfé  que  de  religion  et  recherchent  bien  plus  la  prospérité  de  leurs  biens  lïiatê^ 
rielâ  que  le  triomphe  des  intérêts  moraux  de  la  Société., 

Tous  mes  votes  ont  Été  consciencieusement  émis  pbur  le  bien  de  la  société  comme 
puur  la  défense  de  la  République. 

Les  témoignages  de  sympathie  qtiû  fai  recueillis  dans  tout  l'arrondissement  pendant 
mes  vacances,  les  nombreuses  lettres  de  remerciements  et  de  félicitetiditi  que  j  ai  reçues 
dé  tous  les  côtés,  l'invitation  si  cordiale  et  si  prêtante  à  demander  lé  renouvellement  de 
mon  mandat,  que  m’ont  adressée  mès  deux  honorables  Collègues  dit  Conseil  général, 
MM.  Reyne  et  loriot  et,  avec  eux,  tous  lés  Conseillers  d’ arrondissement  et  les  trois  quarts, 
aü  moins,  dés  màireâ  et  encore  a  ri  nombre  très  grand  d’électeurs  dé  toutes  ftbâ  communes, 
les  acclamations  sincères  que  j’ai  rencontrées  Sur  mon  passage  dhns  les  fêtes  populaires, 
toutes  Ces  preuves  de  véritable  estime  données  par  des  milliers  de  citoyens  au  grand  jour, 
comme  lé  peuplé  sait  en  donner  dans  notre  Tafentaise,  doué  de  sentiments  si  purs  et  si 
généreux,  de  bon  souvenir  et  de  reconnaissance,  me  confirmé nt  dans  ma  pénséé  intime 
que,  malgré  des  attaques  violentés  et  passionnées  et  des  calomnies  outrageante^  j'ai  non 
seulement  conservé  la  confiance  du  parti  républicain,  maïs  qu’il  est  lout  disposé  à  me  la 
continuer  encore  plus  entière,  car  il  sait  parfaitement  que  jé  Servirai  de  toutes  mes  forces 
les  intérêts  de  mon  pays  et  que  je  resterai  toujours  inébranlablement  attaché  à  la  Répu¬ 


blique- 

Fort  de  tous  ces  précieux  et  solides  appuis,  ayant  conscience  d’avoir  fait  mon  devoir,  je 
viens,  en  toute  assurance,  mes  chers  Compatriotes,  vous  demander  le  renouvellement  de 
mon  mandat  de  Député.  Les  rensélgnéuiems  qui  me  viennent  de  toute  part  lue  permettent 
de  vous  affirmer  qu’en  Tareütaise,  comme  dans  toute  la  France,  les  élections  du  £7  avril 
marqueront  pour  le  grand  parti  républicain  une  nouvelle  et  éclatante  victoire  Sur  toutes  les 
factions  réactionnaires  qui,  sous  tm  masque  i  rom  peur,  marchent  à  Fassatit  de  la  Répu¬ 
blique. 

Vive  la  France  I  Vive  la  République  ! 

Vive  la  Tare  niaise! 

Dr  EMPEREUR, 


Vice-président  du  ConseÜ  général, 
Officier  de  FIflstrucfiori  publique, 
Député  sortant. 


Circonscription  de  SÀINT-JËA’W-ÜE-MAU’RIEÏÏNE 

M.  ÜJÊLÉGLlSE 

Élu  au  lw  tour  dé  scrutin.  —  5. BRI  voix, 


Chers  Concitoyens, 

Élu  conseiller  général  ïe  2i  juillet  dernier,  malgré  une  campagne  acharnée  faite  en 
faveur  de  mon  concurrent  par  Mi  iouart,  député  sortant;  élu  le  28  juillet  conseiller  muni¬ 
cipal  de  Sain  t-Jean-de-Mau  rie  fine,  b  une  écrasante  majorité,  contre  M.  Joùart  lui-même,  j’ai 
reçu  depuis  lors,  de  divers  points  de  l'arrondissement,  de  telles  marques  deconliaiïce  et  de 
si  nombreuses  sollicitations  que,  dVcord  avec  les  représentants  républicains  de  nos  can¬ 
tons,  je  considère  comme  un  devoir  de  poser  ma  candidature  aux  élections  législatives. 

Les  manifestations  républicaines  qui  se  sont  succédé  depuis  quelque  temps  en  Mau¬ 
rienne  montrent  que  vous  répudiez  une  politique  rétrograde  et  changeante,  en  hostilité 


ouverte  avec  les  pouvoirs  publics,  politique  qui,  en  isolant  notre  arrondissement,  a  nui  à 
ses  intérêts* 

Comme  vous,  je  suis  aussi  éloigné  des  sectaires  réactionnaires  que  des  révolutionnaires 
collectivistes;  je  désire  une  politique  sage  et  ferme,  d’ordre,  de  paix  et  de  progrès  républi¬ 
cain,  repoussant  comme  dangereuse  toute  alliance  avec  les  ennemis  de  nos  institutions* 

La  liberté  de  conscience  est  un  principe  républicain;  la  liberté  des  cultes  doit  être 
assurée  ;  la  religion  doit  être  respectée,  mais  elle  doit  rester  en  dehors  de  nos  luttes 
politiques.  Le  cléricalisme  peut  lui  nuire  en  s?en  servant  dans  un  but  de  domination,  en 
l’abaissant  au  rang  d’un  moyen  de  propagande  électorale* 

La  loi  sur  les  associations  n'est  pas  une  loi  de  persécution  religieuse  :  c’est  une  loi 
nécessaire  d’ordre  public;  elle  est  plus  favorable  aux  congrégations  que  le  Code  civil  sarde, 
qui  privait  leurs  membres  des  droits  d’hèrédîté. 

La  République  a  reconstitué  notre  année  et  o’a  reculé  devant  aucun  sacrifice  pour  aug¬ 
menter  sa  puissance  et  assurer  ainsi  notre  sécurité  et  notre  indépendance*  Mais  on  recon¬ 
naît  aujourd’hui  que,  sauf  à  prendre  certaines  mesures  pour  maintenir  nos  effectifs,  il  est 
possible  de  réduire  h  deux  ans  la  durée  du  service  actif  et  de  réduire  aussi  le  nombre  01  la 
durée  des  périodes  d’instruction.  Ges  réductions  s’imposent  dans  la  mesure  compatible  avec 
l’intérêt  de  la  défense  nationale. 

S’il  est  nécessaire  de  maintenir  des  postes  militaires  à  la  frontière,  il  importe  de  sup¬ 
primer  certaines  manœuvres  d’hiver  aussi  inutiles  que  dangereuses. 

La  cause  de  renseignement  doit  être  au  premier  rang  des  préoccupations  d’un  gouver¬ 
nement  républicain,  et  en  particulier  celle  de  Renseignement  agricole  et  professionnel,  La 
situation  des  instituteurs  duit  être  améliorée  et  rendue  plus  stable,  mieux  en  rapport  avec 
leur  mission, 

La  liberté  de  renseignement  doit  être  soumise  à  des  garanties  de  moralité  et  de  capa¬ 
cité,  au  contrôle  de  l’État,  et  à  cette  condition  qu’on  ne  doit  pas  en  abuser  pour  élever  les 
enfants  dans  la  haine  de  la  République. 

Notre  système  d’impôts  doit  être  réformé  de  façon  à  dégrever  l’agriculture,  à  dégrever 
le  travail  et  à  imposer  la  richesse. 

Les  mesures  vexatoires  imposées  aux  bouilleurs  de  cru  doivent  être  abolies  et  les  droits 
de  ces  derniers  maintenus. 

Je  voterai  la  suppression  de  l’exercice  chez  les  débitants* 

11  faut  développer  le  crédit  agricole,  encourager  les  assurances  mutuelles  agricoles  et 
contre  la  mortalité  du  bétail;  il  appartient  à  un  gouvernement  républicain  d’encourager  la 
mutualité,  d’uméiiorer  le  son  des  tiavailleura,  de  ciéer  des  caisses  de  retraites  pour  la 
vieillesse. 

Né  en  Maurienne  où  j’ai  toujours  vécu,  je  connais  vos  intérêts  et  je  saurai  les  défendre, 
si  vous  m’honorez  de  votre  confiance. 

N’écoutez  pas  les  calomnies  que  Von  dirige  contre  moi;  ne  vous  arrêtez  pas  aux  ma¬ 
noeuvres  odieuses  de  la  réaction. 

N’écoutez  pas  les  réactionnaires  coalisés  sous  le  nom  de  nationalistes  ;  ce  sont  les 
ennemis  du  peuple;  ils  renverseraient  nos  libertés  s’ils  venaient  à  conquérir  le  pouvoir. 
Cette  coalition  disparate,  composée  de  fractions  ennemies  entre  elles,  ne  pourrait  que  nous 
conduire  au  désordre,  à  la  guerre  civile. 

Électeurs  I 

Allez  aux  urnes  avec  la  conviction  qu’en  me  donnant,  vos  suffrages  vous  mettrez  fia  à 
l’isolement  de  notre  arrondissement  et  que  vous  aurez  en  mot  un  représentant  dévoué  à  ses 
concitoyens,  à  son  pa\  s,  à  la  République. 

A,  DELÉGL1SE, 

Avoué,  Conseiller  général. 
Président  du  Comice  agricole’. 


SAVOIE  (HAUTE-) 


Circonscription  d’ ANNECY 

M.  BERTHET 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin*  —  10.703  voix. 


Je  viens  vous  demander  le  renouvellement  du  mandat  que  vous  m’avez  confié 
ea  1898* 

Comme  à  cette  époque,  je  me  présente  seul,  réprouvant  toute  candidature  officielle, 
qu’elle  vienne  de  la  préfecture  ou  d’ailleurs.  Le  peuple  sait  se  conduire  et  rda  pas  besoin 
qu'on  lui  impose  un  candidat. 

le  n’ai  rien  à  changer  à  mon  programme  d’autrefois,  dans  lequel  se  trouvaient  tontes 
les  réformes  réalisées  dans  cette  législature  :  réforme  de  l’impôt  des  successions,  déduc¬ 
tion  des  dettes  pour  le  calcul  de  cet  impôt,  diminution  du  tarif  sur  les  petits  héritages, 
augmentation  progressive  de  Uimpôi  sur  les  grosses  successions; 

La  réforme  hypothécaire  si  profitable  aux  petits  cultivateurs; 

La  suppression  de  l’exerctce  chez  les  débitants,  de  la  plupart  des  droits  sur  les  bois¬ 
sons  hygiéniques,  le  maintien  du  droit  des  cultivateurs  de  distiller  librement  leur  récolte, 
sont  aujourd'hui  un  fait  accompli,  La  loi  sur  les  associations  leur  a  donné  toute  la  liberté 
compatible  avec  l' intérêt  supérieur  de  F État. 

D’autres  réformes  importantes  ont  été  abordées  quî  n’ont  pu  être  achevées,  en  suite 
de  l'obstruction  acharnée  faite  par  les  adversaires  du  gouvernement  de  défense  républi¬ 
caine,  que  je  m’honore  d’ayoir  soutenu  sans  défaillance,  avec  tous  les  vrais  républicains. 

le  reste  partisan  de  la  politique  extérieure  qui  nous  a  donné  trente  années  de  paix,  a 
rendu  à  la  France  son  rang  dans  le  monde,  et  que  va  consacrer  dans  quelques  jours  le 
voyage  en  Russie  du  Président  de  la  République. 

À  l'intérieur,  sans  rien  abandonner  de  mon  programme  de  1893,  j  estime  que  la 
Chambre  prochaine  devra  chercher  à  réaliser  les  plus  urgentes  des  réformes  réclamées  par 
la  démocratie  : 

\ü  Réduction  à  deux  ans  delà  durée  du  service  militaire,  avec  suppression  de  toutes  les 
dispenses,  sauf  celles  des  soutiens  de  famille,  ou  suppression  absolue  des  dispenses,  avec 
secours  alloués  par  l’État  aux  familles  nécessiteuses  des  jeunes  soldats.  Suppression  des 
treize  jours,  que  j’ai  déjà  votée  à  la  Chambre  et  que  nous  avons  pu  réaliser  dès  ceue 
année  pour  les  pères  de  quatre  enfants  et  les  sapeurs-pompiers  volontaires; 

2a  Développement  des  sociétés  de  secours  mutuels  de  prévoyance  et  d’épargne; 
caisses  de  retraites  pour  les  travailleurs;  assistance  obligatoire  à  tous  les  malheureux. 

3°  Protection  énergique  de  notre  agriculture,  de  notre  industrie,  de  notre  épargne  et 
4u  travail  national,  contre  la  concurrence  et  la  main-d’œuvre  étrangères;  développement 
du  crédit  et  des  sociétés  d’assurances  mutuelles  agricoles  ; 

k°  Réforme  de  l'impôt.  Suppression  des  contributions  directes  et  leur  remplacement 


—  742  — 

par  l’impôt  sur  le  revenu,  qui  seul  permettra  de  décharger  les  cultivateurs  et  les  petits 
contribuables; 

5«  Réduction  progressive  des  emplois  publics.  Suppression  du  cumul  et  amelioration-  ' 
<ma&el!e  du  sort  dés  modestes  employés,  à  l’aide  de<  économies  réalisées  sur  les  gros 
traitements.  J'ai  'du  reste  fait  à  la  Chambre,  b  ce  sujet,  au  nom  de  la  Commission  dos 
économies  administratives,  des  travaux  complets  qui  ont  été  cités  avec  éloges  par  les 
rapporteurs  du  budget; 

6°  Réforme  de  Renseignement,  surtout  dans  le  sens  pratique  et  professionnel.  Déve¬ 
loppement  de  toutes  les  œuvres  post-scolaires. 

Également  éloigné  de  toutes  les  utopies,  je  reste  ferme  partisan  de  la  propriété  indi¬ 
viduelle  et  de  toutes  les  libertés  compatibles  avec  l’ordre  public,  comme  de  toutes  Iss 
mesures  d’humanité  et  de  justice  sociale. 

Je  suis  partisan  du  rachat,  par  l’État,  des  chemins  de  fer  et  des  mines,  clans  l’intérêt 
de  la  défense  et  de  l’industrie  nationales. 

le  n’ai  jamais  perdu  de  vue  les  intérêts  spéciaux  do  notre  arrondissement.  Le  Parle¬ 
ment  nous  a  accordé  le  dégrèvement  de  l’augmentation  dont  l’amendement  Le  M oigne  avait 
Pan  dernier  augmenté  notre  contribution  personnelle-œobilière. 

J’ai  pu  faire  établir  huit  nouveaux  bureaux  de  posie  ou  de  télégraphe;  créer  des  cour¬ 
riers  eu  voiture  dans  les  vallées  dépourvues  de  tout  moyeu  de  communication.  Plusieurs 
autres  sont  à  l’étude.  De  nombreuses  améliorations  postales  ont  été  apportées,  sur  ma 
demande,  à  nos  relations  locales  et  avec  le  dehors.  J’ai,  à  plusieurs  reprises  et  tout  récem¬ 
ment  encore,  soumis  avec  instance  au  Gouvernement  les  revendications  légitimes  de  nos 
planteurs  de  tabac,  au  sujet  de  l’augmentation  des  prix  d’achat,  de  la  nomination  des 
experts  par  les  planteurs,  de  la  caisse  d’assurances  contre  la  grêle. 

J’ai  poursuivi  énergiquement  la  création,  aujourd’hui  si  développée,  des  caisses 
d’assurances  mutuelles  contre  ta  mortalité  du  bétail,  en  faveur  desquelles  le  Gouvernement 
nous  a  accordé  de  si  larges  subventions. 

J’ai  toujours  été  accessible  à  tous,  sans  distinction.  Jamais  une  commune  ou  un  parti¬ 
culier  n’a  fait  en  vain  appel  à  mon  concours. 

Enfin,  j’ai  eu  le  courage  de  porter  devant  la  Chambre  cette  question  de  la  zone 
franche,  dans  ses  rapports  économiques  avec  nous.  N’ayant  pu  obtenir  à  l’amiable  les 
mesures  que  je  jugeais  indispensables  à  la  défense  de  nos  intérêts,  je  n’ai  pas  hésité  à  les 
proposer  à  la  Chambre,  dussent-elles,  comme  cela  est  arrivé,  m’attirer  la  violente  hostilité 
des  représentants  de  la  zone,  députés  et  sénateurs. 

Je  ne  regrette  rieu  et  suis  fermement  résolu  à  continuer  dans  cette  voie  et  à  réclamer 
énergiquement  au  Parlement  la  suppression  de  la  zone,  si  l’on  ne  veut  l’étendre  à  tout  le 
département. 

Ma  conduite,  dictée  par  l’intérêt  de  ceux  que  j’ai  l’honneur  de  représenter,  rn’a  attire 
un  redoublement  des  injures  et  des  calomnies  que  colportent  depuis  quatre  ans,  dans  les 
journaux  à  leur  solde,  certains  individus  qui  n’écoutent  que  leurs  rancunes  et  leur  esprit 
de  despotisme.  Je  suis  resté,  moi,  sur  le  terrain  des  principes  et  je  n’ai  jamais  injurié  ni 

calomnié  personne.  Je  ne  m’y  abaisserai  jamais. 

| 

Républicains, 

Dans  toute  la  France,  la  lutte  est  .engagée  entre  les  principes  immortels  de  la  Révo¬ 
lution  française,  dont  nous  nous  réclamons,  et  la  réaction  qui,  sous  le  masque  nationaliste, 
réunit  tous  les  débris  des  partisans  du  passé. 

Deux  politiques  s’ouvrent  à  vous. 

L’une,  de  concentration  à  gauche,  dans  le  sens  du  progrès  et  des  réformes  démocra¬ 
tiques.  L’autre,  de  concentration  à  droite,  qui  rêve  de  nous  ramener  vers  un  passé  à  jamais 
aboli.  Je  suis  l’Homme  de  là  première;  c’est  celle  que  vous  avez  toujours  suivie. 


—  743  —  N*  H62 

Hquï  p’ûubUerez  pas,  à  cette  fie  lire  sqdénnçHe  gù  sç  jouent  les  destinées  du  pays  et  de 
la  République,  que  vous  avez  toujours  d'un  feu!  coup  écrasé  îa  réaction. 

Tous  vous  tiendrez  à  taire  et  dès  le  premier  tour*  P  union  de  notre  vieux  parti  répu¬ 
blicain  tout  entier. 

Vive  ^arrondissement  d’Annecy! 

Vive  la  République  démocratique! 

Léon  BERTHET, 

Avocat,  Député  sortant. 

Membre  du  Conseil  général. 


Circonscription  de  BONNEVILLE 
M.  Émile  GiiAUÏEMPS 
Élu  au  ltit  tour  de  scrutin.  —  10 .44?  vohç. 


Électeurs, 

La  réaction  tente  aujourd’hui  un  suprême  effort  contre  la  République. 

Pour  arriver  à  ses  fins,  elle  n’a  pas  craint  do  violer  l’intioiitè  de  nos  foyers  en  pous¬ 
sant  dans  la  politique  les  femmes  elle^mémes,  qu’elle  emploie  à  répandre  clans  nos  cam^ 
pagnes  les  pires  calomnies. 

J’ai  fait  justice  de  ces  mensonges  dans  quarante  réunions  publiques  et  devant  plus  de 
10.000  électeurs. 

L’on  05e  accuser  le  Gouvernement  de  défense  républicaine  d’avoir  ruiné  le  crédit  de  la 
Franco,  au  moment  même  où,  ce  qui  ne  s’était  vu  encore  dans  aucun  pays,  l'emprunt  de 
Chine  a  pu  être  émn  au  pair  et  couvert  cependant  vingt-six  fois* 

Fai  montré  que  Ton  avait  audacieusement  dénaturé  à  vos  yeux  notre  loi  sur  ies  con- 
égalions,  qui  est  avant  tout  une  loi  fiscale. 

Non,  cette  loi  ne  touche  pas  à  la  liberté  de  renseignement,  puisque  les  congrégations 
autorisées  poun ont  continuer  k  enseigner  et  que  les  autre*  auront  la  faculté  de  se  sou¬ 
mettre  a  1 ri  loi.  Les  ordres  enseignants  répandus  dans  nos  campagnes  :  Sœurs  de  Saint- 
toph,  Filles  de  la  Croix,  Présentation  de  Marie,  Sœurs  de  Saint-Vincent-de-Paul,  Frères 
des  écoles  chrétiennes,  elc.,  sont  depuis  longtemps  autorisés. 

L’obiigaaun  pour  les  congrégations  do  se  soumettre  à  formalité  de  l'autorisation 
ns est-elle  pas  de  tous  les  temps  et  de  tous  les  pays? 

Deux  points  gênent  certaines  congrégations  :  nous  les  obligeons  à  reconnaître  la 
juridiction  des  évêques  et  nous  les  obligeons  de  tenir  à  la  disposition  des  préfets  le  compte 
de  leurs  recettes  et  de  leurs  dépenses. 

Les  biens  immeubles  des  congrégations  étaient  de  500  millions  à  la  fin  de  l'Empire. 
Aujourd’hui,  après  trente  ans  de  République,  ils  atteignent  le  milliard.  Ajoutez-y  plu¬ 
sieurs  milliards  de  valeurs  mobilières.  Voila  comment  la  République  a  persécuté  les 
congrégations. 

Os  milliards  sont  soustraits  à  ia  vie  économique  du  pays. 

Pourquoi  cette  boule  do  neige  grossit-elle  avec  cette  rapidité  inquiétante?  Parce  que 
œs  milliards  ne  payent  pas  la  taxe  de  mainmorte,  ni  le  droit  d'accroissement,  qui  sont  la 
faible  représentation  des  droits  de  succession  dont  vos  patrimoiues  sont  frappés.  Les 


—  744  — 

congrégations  échappent,  par  la  fraude,  à  l’impôt  et  c’est  vous  qui  payez  pour  elles;  je 
vous  l'ai  suffisamment  démontré* 

Nous  voulons  les  soumettre  à  la  loi  de  l’égalité  devant  l’impôt.  Voilà  pourquoi  elles  se 
révoltent. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Je  ne  répondrai  que  par  un  haussement  d’épaules  aux  calembredaines  que  mon  con¬ 
current  répand  à  profusion  dans  les  campagnes  sur  mon  caractère  et  sur  raa  carrière. 

Que  de  brochures  1  Que  de  pamphlets!  Ses  concitoyens  de  Cluses  ne  le  connaissaient 
pas  aussi  prodigue  de  son  argent.  Est-ce  bien  le  sien? 

Quel  singulier  champion  du  parti  qui  s’arroge  le  monopole  du  patriotisme,  que  ce 
médecin  helvètico-américain,  qui  n’était  pas  Français  il  y  a  trois  ans,  et  veut  déjà  être 
député!... 


Électeurs, 


J’ai  montré,  dans  mes  réunions,  que  la  législature  qui  finit  n’avait  pas  été  stérile; 
la  Chambre  qui  va  êLre  nommée  devra  réaliser  la  réduction  du  service  militaire  à  deux 
ans,  réduction  que  j’ai  longuement  étudiée  dans  la  Commission  de  l’aimée  et  que  je 
déclare  possible.  Je  la  voterai. 

Elle  devra  poursuivre  l’amélioration  de  notre  système  fiscal  et  introduire  plus  de 
justice  dans  la  répartition  des  charges  publiques. 

Elle  devra  surtout,  dés  sa  formation,  pr.  ndre  une  bonne  fois  des  mesures  qui  impo¬ 


sent  définitivement  silence  aux  ennemis  de  nos  libres  institutions. 

Croyez,  mes  chers  Concitoyens,  que,  si  vous  voulez  bien  me  renouveler  le  mandat 
que  vous  m’avez  déjà  confié  dans  deux  élections,  vous  pourrez  compter,  comme  par  le 
passé,  sur  mon  absolu  dévouement  tant  pour  la  défense  de  vos  intérêts  particuliers,  de 
ceux  de  la  zone  notamment,  que  des  intérêts  de  la  Patrie  et  de  la  République! 


Vive  la  République! 


Docteur  Emile  CHACTEMPS,  Député  sortant. 


Circonscription  de  SAINT-JULIEN 
M.  Fernand  DAVID 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  8.933  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Vous  m’avez  confié,  il  y  a  quatre  ans,  le  mandat  de  Député  de  l’arrondissement  de 
Saint-Julien.  Je  viens  vous  demandre  de  me  renouveler  votre  confiance  aux  élections  légis¬ 
latives  du  27  avril.  . 

Je  me  suis  efforcé,  pendant  la  législature  qui  vient  de  s’écouler,  de  rester  fidcle  a  mon 
programme  politique  et  de  défendre  en  toute  occasion  les  intérêts  plus  spéciaux  de 

notre  région.  , 

Comme  je  vous  l’avais  promis,  je  me  suis  appliqué  à  maintenir  intacts  droits  ae 

otre  zone  franche  et  j’ai  cherché,  en  même  temps,  à  lui  assurer  l’essor  industriel  et  corn- 


mercial  dont  elle  a  besoin.  Vous  savez  que  si,  sur  ce  dernier  point,  le  succès  n’a  pas  encore 
couronné  complètement  les  étions  de  vos  représentants,  la  réussite,  néanmoins,  paraît 
proche  et  certaine. 

j>ai  travaillé  aussi  à  concerver  sur  le  sol  français  le  tracé  projeté  des  lignes  d'accès  au 
Simpltm,  lignes  dont  la  construction  ou  la  rectification  peut  devenir  pour  notre  département 
une  source  importante  d'accroissement  de  richesse,  tout  en  donnant  complète  satisfaction 
aux  intérêts  généraux  de  la  France, 

Citoyens, 

Ma  conduite  politique  est  connue  de  vous  tous.  Vous  m'avez  suivi  pendant  ces  quatre 
années,  parfois  violemment  troublées,  au  cours  desquelles  le  parti  républicain  a  été  soumis 
à  de  redoutables  épreuves,  dont  il  est  sorti  victorieux,  comme  il  sortira  triomphant  de  la 
bataille  actuelle  des  partis. 

Je  n'ai  jamais  eu  qu'une  pensée  :  faire  mon  devoir  pour  mon  pays  et  pour  la  Répu¬ 
blique.  J'ai  toujours  revendiqué  ma  place  au  combat  contre  la  réaction,  autour  du  drapeau 
républicain.  J’ai  soutenu  tous  ceux  qui  paraissaient  pouvoir  lui  assurer  la  victoire. 

C’est  cette  discipline  qui  a  permis  à  la  majorité  des  Chambres  de  vous  conserver  un 
Gouvernement  résolu  et  stable,  qui,  après  avoir  rétabli  Pordre  et  châtié  les  factieux,  a  pu 
accomplir  la  besogne  laborieuse  et  longue  que  laisse  derrière  elle  la  législature  vraiment 
féconde  qui  vient  de  finir. 

Nous  avons  pu  voter  la  loi  sur  les  boissons  et  dégrever  ainsi  les  boissons  hygiéniques. 
Nous  avons  pu  voter  la  réforme  de  l'impôt  des  successions  par  la  déduction  des  dettes 
dans  la  perception  de  cet  impôt,  et  nous  avons  ainsi  accompli  nn  acte  de  justice  qui  béné¬ 
ficiera  surtout  aux  populations  de  nos  campagnes. 

Nous  avons  pu  poser  les  principes  essentiels  des  lois  de  solidarité  sociale  que  l'avenir 
élaborera  de  façon  plus  complète. 

Nous  avons  pu  consacrer  nos  soins  à  facilitnr  la  constitution  des  mutualités  agricoles, 
qui  rendent  de  si  grands  services  à  la  petite  culture  et  auxquelles  le  Gouvernement  de  la 
République  accorde  de  si  généreux  encouragements. 

Nous  avons  pu,  enfin,  voter  la  grande  loi  sur  les  associations,  loi  de  liberté  qui  affran¬ 
chit  de  toute  entrave  les  groupements  d'idées  et  de  personnes,  et  qui  sauvegarde  la  société 
civile  contre  les  empiètements  menaçants  de  certaines  congrégations  plus  politiques  que 
religieuse*,  tout  en  respectant  de  façon  absolue  la  liberté  de  conscience  et  la  liberté 
des  cultes. 

Électeurs* 

Si  vous  m'accordez  à  nouveau  vos  suffrages,  je  continuerai  résolument  l'œuvre  entre¬ 
prise.  Je  m’efforcerai,  notamment,  d’obtenir  : 

L'établissement  d'un  impôt  progressif  sur  le  revenu; 

La  réduction  à  deux  ans  du  service  militaire  avec  suppression  ’de  toutes  les  dispenses; 
La  décentralisation  administrative  et  la  réduction  des  gros  traitements; 

La  réduction  des  frais  de  justice  et  l'extension  de  la  compétence  des  juges  de  paix  ; 

La  réforme  de  loi  Falloux  dans  un  sens  favorable  à  l'enseignement  laïque,  qui  est 
f  :  véritablement  l'enseignement  national  de  ce  pays. 

Mes  chérs  Coneitoyeûs3 

À  cette  heure  où,  dans  notre  France,  le  parti  nationaliste  mène  à  l'assaut  de  la  Répu¬ 
blique  les  débris  ralliés  de  tous  les  régimes  déchus,  il  n'a  point  encore  osé  faire  à  notre 
arrondissement  cette  injure  de  lui  présenter  un  de  ces  candidats  pour  lesquels  l'influence 
l'argent  remplace  toute  conviction  et  tout  idéal. 


je  suis  donc  seul,  jusqu*^  présent,  à  poser*  devant  yous  ma  candidature*  Je  vm# 
demande,  néanmoins,  d’éviter  tes  abstentions  et  de  vous  rendre  en  masse  aux  urnes. 

Si  vous  estimez  que  j’ai  bien  rempli  mon  devoir,  si  vous  approuvez  mon  programme, 
si  vous  pensez  que,  tout  en  servant  fidèlement  mon  parti,  fai  su  défendre  sans  distinction 
tous  les  intérêts  qui  m’étaient  confiés,  vous  tiendrez  à  affirmer  votre  approbation  par 
vos  votes. 

Souvenez- vous,  d’ailleurs,  que  votre  représentant  n'aura  que  l’autorité  que  vous  lui 
donnerez  vous-mêmes  et  que^  plus  il  aura  de  suffrages,  plus  Usera  fort  pour  parler  en  votre 
nom. 

Yiye  la  République  ! 

Fernand  DAVID, 

Avocat* 

Conseiller  général  de  3a  Haut.ç-Savoiej 
Çéptè  sortant. 


Circonscription  de  THONON 
M.  J.  MERCIER 

Élu  au  lar  tour  de  scrutin.  --  8*390,  voix* 


Jj (es  çbejs  Concitoyens, 

En  présence  de  la  campagne  d'argent,  d'injures  et  de  calomnies  que  les  ennemis  dé  (a 
République,  coalisés  sous  le  nom  de  nationalistes,  dirigent  contre  les  bons  serviteurs  de  la 
démocratie,  fai  le  devoir  absolu  de  vous  demander  le  renouvellement  du  mandat  législatif 
que  deux  fois  vous  m'avez  confié,  en  1 8§l\  et  en  1898,  et  que  j’ai  la  conscience  d’avoir  rempli 
avec  fidélité  et  dévouement. 

Le  18  février  1894,  je  vous  disais  : 

«  Ma  candidature,  yous  le  savez,  est  exempte  de  tout  calcul  d'intérêt  ou  d’ambition 
personnelle;  elle  n’est  due  qu’à  vos  encouragements  et  à  mon  désir  d’être  a  mon  pays. 

«  Ayant  toujours  vécu  au  milieu  de  vous,  collaborateur  assidu  du  Député  que  vous  avez 
honoré  pendant  22  ans  de  votre  confiance,  vous  me  connaissez  assez  pour  me  dispenser 
d’un  long  programme.  Républicain  sincère  et  cols  vaincu,  j’ai  défendu  la  cause  républicaine 
dans  les  moments  difficiles,  et  vaillamment  combattu  avec  vous  pour  le  triomphe  définitif 
de  nos  institutions.  Fidèle  à  mou  pa&sé,  je  continuerai  à  défendre  la  République  et  les 
conquêtes  républicaines*  * 

Aujourd’hui,  j'ai  le  droit  de  vous  dire  :  fidèle  à  mon  p  issê  et  aux  engagements  pris 
envers  vous,  j’ai  appuyé  soit- par  mon  vote,  soit  à  la  tribune,  les  lois  les  plus  démocratiques 
et  les  mesures  les  plus  justifiées  de  défense  républicaine. 

Aux  agitateurs  qui  troublaient  la  paix  publique,  aux  conspirateurs  qui  rêvaient  le  ren¬ 
versement  de  nos  institutions,  aux  insulteurs  qui  outrageaient  bassement  le,  premier 
magistrat  de  la  République,  nous  ayons,  mes  amis  et  moi,  répondu  par  la  concentration 
nécessaire  des  républicains  autour  du  Gouvernement  de  Défense  républicaine. 

Ce  Gouvernement ,  que  nos  adverse ii\ s  veulent  *ea verser,  a  rétabli  la  plus  parfaite 
tranquillité  à  intérieur;  et,  tout  en  développant  au  dthora  la  grandeur  morale  de  la  France, 
il  a  pu  faire  aboutir  des  lois  utiles  depuis  longtemps  réclamées  la  félonne  du  régime  des 


Sf'; 

«  Ÿ47  -  N*  îm 

boissons  accomplie  en  faveur  des  boissons  hygiéniques,  loi  que  je  m'efforcerai  de  faire 
améliorer  en  faveur  des  bouilleurs  de  cru;  la  réforme  des  droits  de  succession*  la  réforme 
du  régime  hypothécaire,  la  loi  sur  les  sociétés  de  secours  mutuels,  etc, 

le  me  suis  associé  par  mon  vote  à  tous  les  actes  politiques  exigés  par  le  bien  du  pays  et 
de  h  République,  tout  en  apportant  Le  plus  entier  dévouement  à  la  défense  des  droits  de  la 
zone,  à  la  défense  des  intérêts  de  toutes  les  communes  de  notre  arrondissement. 

Fai  voté  la  loi  qui,  pour  la  première  fois,  a  donné  à  la  France  le  droit  dissociation,  et 
qui,  loin  d’être  une  persécution  comme  voudraient  le  faire  croire  des  politiciens  sans  scru- 
pilles,  s’est  bornée  à  prendre  des  précautions  nécessaires  au  sujet  des  congrégations  non 
autorisées. 

Je  veux  l’Eglise  chez  elle  et  L'État  chez  lui.  Je  veux  Le  maintien  et  la  loyale  exécution  du 
Concordat;  je  me  suis  opposé  et  je  m’opposerai  a  La  suppression  du  budget  des  cultes*  sup¬ 
pression  qui  créerait  Les  plus  graves  difficultés  dans  nos  communes. 

L’expérience  des  défectuosités  que  présente  notre  système  actuel  d’impôts  est,  à  mon 
avis,  décisive,  et  je  considère  que  le  seul  impôt  donnant  pleinement  satisfaction  a  la  justice 
sociale  et  à  La  véritable  égalité  est  l’impôt  sur  ie  revenu,  qui  permettra  de  dégrever  l’agri¬ 
culture  jusqu’ici  trop  lourdement  imposée. 

Je  voterai  : 

Le  service  militaire  de  deux  ans,  qui,  avec  de  bons  cadres,  peut  donner  toufé  sêcüHté  à 
la  déféhsô  MH'ôhaîè  èt  maintenir  iâ  JKÉ®  de  nbtrë  véilîante  armée,  objët  dé  l à  constante 
solJiciiudé  dii  parti  républicain  ; 

Les  retraites  pôiir  là  vieillesse  par  les  sociétés  de  sëcdUifs  mütuéis  pllife  largemdnt 
subventionnées  ; 

Là  rêforrbë  de  l’impôt  des  prestations , 

Des  subventions  de  plus  eri  plus  larges  à  Pagficulidrë, 

Jé  secohdèfai  de  tôüs  me^  efforts  i’orgamsàtibii,  dàhé  ràrrOhdidSërtiënt,  des  édites 
ïêgiunàlés  de  crédit  agHcole  qui  p^rrftettënt  d’emprunter  à  liii  tàhx  itiOdéfê? 

Je  contihiiëràl  à  rtChcciiper  àvec  là  plu  îs  gfàhde  activité  de  VÉtè  chëftltbà  Vicinaux;  ddnt 
la  construction  a  transformé  noire  arrondissement,  et  dont  le  réseau  doit  êtëe  Complété  sur 
tteltaihfi  poitlts. 

Les  sociétés  dé  ëectiüts  mutuels,  qui  rëridènt  et  sont  appelées  à  rendre  tant  dfesefvlëes 
én  atganiëàht  lés  sècdbrs  aux  malades  et  les  retraités  aux  vieux  tt’âvailleufs,  contint! ëfout 
à  êtte  l’objet  dé  toüté  ma  sollicitude, 

Ëîectëürs  cfiablaisiériS, 

En  renouvelant  le  mandat  que  je  tiens  de  vos  libres  suffrages,  vous  direz  que  votre 
Député  a  consciencieuse-hent  fait  son  devoir. 

Vous  repousserez  les  calomnies  que  les  nationalistes  dirigent  contre  les  meilleurs 
citoyens, 

A  ceux  qui  ont  tant  d’argent  dont  la  source  est  inconnue,  vous  répondrez  que  vous 
û’êtes  pas  à  vendre. 

Vous  resterez  fidèles,  vous  aussi,  à  votre  passé  républicain  qui,  depuis  32  ans,  fait 
l’honneur  de  notre  pays. 

Vive  le  Cha biais  î  Vive  la  République  ! 

Jules  MERCIER,  Député  sortant, 

Avocat*  Conseiller  générai, 

Chevalier  de  la  Légion  d’honneur f 


Électeurs  l 


Le  Chablais,  qui  s’honore  de  sa  longue  fidélité  à  la  République  et  qui  garde  le  sou¬ 
venir  de  ses  ancêtres,  glorieux  soldats  de  la  liberté,  doit  se  décider  aujourd'hui  entre  deux: 
politiques  et  choisir  entre  deux  hommes. 

L’un  de  ces  hommes  est  étranger  au  pays,  inconnu  de  vous.  De  son  passé,  vous  ne 
savez  rien  sinon  que,  profitant  de  circonstances  troublées  et  confuses,  il  a  surpris,  à  la 
naïveté  des  électeurs  d'un  Tau  bourg  de  Paris,  un  mandat  momentané  sur  un  programme  à 
tendances  socialistes,  en  faisant  appel  à  des  électeurs  socialistes;  qu’il  a  demandé  la 
révision  de  la  Constitution  républicaine,  révision  qui  n’est  demandée  que  par  ceux  qui 
veulent  détruire  la  République;  qu’il  a  promis  la  séparation  des  Églises  et  de  PÊtat  pour 
entrer  dans  une  Assemblée  qui  ne  pouvait  être  appelée  à. en  délibérer.  Vous  ne  savez  rien 
de  plus,  sinon  qu’il  n’a  tenu  aucun  de  ses  engagements. 

Aujourd’hui,  il  est  le  porte  parole  d’un  parti  sans  nom,  syndicat  de  rancunes,  do  décep¬ 
tions  et  d’ambitious  malsaines,  dans  lequel  se  coudoient  royalistes,  bonapartistes,  nationa¬ 
listes  et  cléricaux. 

Il  entend  s’opposer,  dit-il,  à  la  désorganisation  de  l’armée,  et  il  demande  le  service 
d’un  an  qui  ferait  de  notre  chère  et  loyale  armée  une  faible  milice  impuissante  contre 
l’invasion. 

Votre  bon  sens  et  votre  patriotisme  ont  répondu.  Vous  savez  ce  que  pourrait  attendre  la 
patrie  du  règne,  même  éphémère,  d’une  coalition  d’avides  aventuriers,  un  instant  unis  pour 
ruiner  la  République,  mais  que  diviseraient  au  lendemain  de  la  victoire  les  haines  les  plus 
féroces. 

Le  seul  candidat  républicain  est  M.  Jules  Mercier,  votre  Député  sortant.  Vous  le  con¬ 
naissez  et  il  vous  connaît.  Il  a  toujours  vécu  parmi  vous.  Il  est  votre  conseil  et  votre  ami. 
Vous  avez  éprouvé  de  longue  date  toute  Pardeur  de  son  dévouement.  Vous  pouvez  témoigner 
de  son  zèle  infatigable  à  défendre  vos  droits  et  vos  franchises.  Vous  savez  aussi  que  le  plus 
humble  de  ses  concitoyens  trouve  auprès  de  lui,  chaque  fois  qu’il  en  a  besoin,  la  protection 
la  plus  affectueuse  et  la  plus  active. 

Quanta  sa  conduite  politique,  vous  savez,  électeurs  du  Chablais,  que,  lorsque  la  Répu¬ 
blique  s’est  trouvée  menacée,  M.  Mercier  a  été  de  cette  phalange  de  bons  et  loyaux  républi¬ 
cains  qui,  groupés  autour  du  Président  Loubet  et  de  ses  Ministres,  ont  opposé  une  résistance 
inébranlable  à  Passant  des  rebelles.  Et  vous  l’avez  approuvé,  votre  représentant,  d’avoir 
voté  les  lois  de  défense  nécessaire  dans  l’intérêt  supérieur  de  la  liberté  qui  est  l’essence 
même  de  notre  régime.  De  tous  les  reproches  dont  on  a  essayé  de  l'accabler,  vos  cordiales 
et  enthousiastes  réceptions  prouvent  que  vous  lui  faites  un  éloge. 

Vous  connaissez  son  respect  de  la  liberté  des  consciences.  Vous  savez  qu’il  veut,  comme 
vous, l’égalité  absolue  eutre  tous  les  citoyens,  quelles  que  soient  leurs  convictions  politiques 
ou  religieuses. 

Dans  l’accomplissement  de  son  dernier  mandat,  il  s’est  acquis  des  titres  nouveaux  à 
votre  gratitude. 

Et  dans  la  bataille  de  demain,  c’est  son  nom  qui  sortira  victorieux  des  urnes. 


Électeurs, 

En  acclamant  le  nom  de  M.  Jules  Mercier,  c’est  la  République  elle-même  que  vous  ferez 
triompher.  Vous  ferez  reculer  devant  votre  volonté  ènérgique  ei  loyale  les  intrigues  équi¬ 
voques,  les  combinaisons  suspectes  d’intérêt  personnel.  Vous  direz  votre  volonté  de  marcher 
à  pas  sûrs  et  constants  dans  la  voie  du  progrès,  par  la  pratique  de  la  liberté,  le  respect  de 
nos  institutions,  Ja  diffusion  de  l’enseignement,  l’extension  des  œuvres  de  prévoyance 
sociale. 


N”  4162 


—  749  — 

Vous  signifierez  que  le  temps  est  irrévocablement  passé  des  entreprises  de  réaction. 
Le  Chablai3  républicain  restera  digne  de  son  glorieux  passé  et  préparera  l’avenir  de 
paix  et  de  sagesse  que  nous  rêvons  pour  la  patrie  I 

Électeurs, 

Vive  Mercier  1  Vive  la  République  T 


(Suivent  les  signatures.) 


SEIN  E 


VT  arrondissement  de  Paris 

M,  ÀRCHDEACON 

Elu  au  2e  tour  de  scrutin,  —  7477  voix. 


Fédération  des  Comités  de  la  Ligue  des  Patriotes»  Patrie  Française  et  Républicain  Nationaliste 

DU  PREMIER  ARRONDISSEMENT. 

Électeurs, 

Je  n’ai  accepté  d’être  candidat  au  premier  arrondissement  que  sur  l’injonction  du 
Comité  républicain  nationaliste  central  composé  de  MM.  Jules  Lemaître,  François  Coppée, 
Drumont,  Rochefort,  Dausset*  Galji,  Syveton,  qui*  à  l’unanimitéy  m’ont  investi  du  mandat 
de  représenter  seul  dans  cet  arrondissement  la  Fédération  des  lignes  patriotiques:  Patrie 
française,  Ligue  des  patriotes,  Groupements  antisémites. 

Je  viens  donc  tout  simplement  vous  exposer  mon  programme. 

Au. point  de  vue  politique. 

Je  suis  républicain  nationaliste  antisémite  et  plébiscitaire. 

Républicain,  je  veux  une  République  large,  ouverte,  tolérante,  basée  sur  toutes  les 
libertés  nécessaires:  liberté  de  conscience,  liberté  d’association,  liberté  d’enseignement, 
liberté  du  travail. 

Nationaliste,  je  veux  le  respect  de  nos  traditions  françaises  et  militaires.  Je  suis  Fad- 
versaire  déclaré  de  l’Internationalisme, 

Antisémite,  je  demande  que  les  150.000  juifs  et  leurs  cmdataires  les  25.000  francs- 
maçons  cessent  d’opprimer  et  de  ruiner  38,000,000  de  Français, 

Plébiscitaire,  je  veux  la  révision  de  la  Constitution,  le  scrutin  de  liste  et  F  élection  du 
Président  delà  République  par  le  peuple,  ainsi  que  la  diminution  du  nombre  des  sénateurs 
et  des  députés. 

Enfin,  je  suis  l’adversaire  déclaré  de  la  Haute-Cour  et  le  partisan  déterminé  de 
l’amnistie  pour  tous  les  délits  politiques. 

Je  combats  en  un  mot  ce  que  représente  M.  Fernand  Faure  : 

Le  parlementarisme,  avec  ses  conséquences  logiques  et  néfastes:  le  déficit,  le  pana¬ 
mienne,  le  dreyfusisme,  l’abaissement  de  la  France  devant  l’étranger; 

La  franc-maçonnerie,  société  secrète  et  internationale. 

Au  point  de  vue  économique , 

Je  veux  rétablir  l’équilibre  du  budget,  sans  emprunts  ni  impôts  nouveaux,  par  une  sage 
gestion  financière  et  la  diminution  du  fonctionnarisme  qui  nous  écrase. 

Au  point  de  vue  social 

Adversaire  du  socialisme  d’État,  je  suis  partisan  des  pensions  de  retraites  et  d’acci¬ 
dents  ou  d’invalidité,  soit  par  subvention  des  mutualités,  soit  parla  création  de  caisses 
régionales  autonomes  prévues  par  le  projet  Ricard, 


—  IM  —  N°  U62 

Je  demande  en  principe  la  participation  des  ouvriers  aux  bénéfices  et  l'extension  des 
«  luis  de  protection  ouvrières  »  aux  employés. 

Je  demande  \§  réorganisa  Mon  do  V  ÀsmUnco  publique. 

Au  point  do  vm  militaire. 

Je  demande  le  service  militaire  de  15  mois  égal  pour  tous  (les  privilèges  étant  abolis) 
avec  une  armée  professionnelle. 


Au  point  de  vue  local . 

Je  désire  l'application  libérale  de  la  loi  des  Halles  avec  la  suppression  des  tracasseries 
policières. 

Je  veux  le  même  règlement  qu'aux  Halles  centrales  pour  la  vente  de  ia  criée  de  la 
Viilette  et  la  construction  du  mur  d'enceinte. 

Et  si  je  suis  opposé  au  rachat  des  chemins  de  1er  par  l'État,  je  désire  l'amélioration 
des  transports  (livraison,  rapidité,  wagons  frigorifiques)  et  la  modification  des  tarifs  d'ex¬ 
portation  dans  un  sens  favorable  aux  intérêts  parisiens- 

Enfin,  profondément  et  nettement  antiministériel,  j'ai  pris  volontairement  rengage¬ 
ment  d'honneur  de  me  désister  en  faveur  du  candidat  antiministérïeï  qui  aurait  seulement 
uoe  voix  de  plus  que  moi  au  premier  tour  de  scrutin,  alors  que  M.  Muzet,  qui  se  dit  antimfc 
nistêriel,  a  refusé  de  prendre  un  engagement  parallèle. 

Électeurs, 

N'oubliez  pas  que  voire  décision  est  grave. 

En  avant  donc  pour  la  France  et  pour  la  liberté  contre  l’înteFnationalisme  et  l’oppres¬ 
sion  jacobine  l 

Vive  la  République  du  peuple  !  Vive  l'amnistie  f 

Vive  la  France  ! 

Edmond  ARCHQEACON* 


2*  arrondissement  de  Paris 


M*  SïVETON,  dont  l'élection  a  été  annulée,  a  été  réélu* 


Yoy.  Élections  partielles* 


3e  arrondissement  de  PARIS* 

ML  PUECH 

Elu  au  2ü  tQur  de.  scrutin,  —  10,388  voix- 
Aucun  document  concernant  cette  élection  n'est  encore  parvenu  à  la  Commission* 


—  752  — 


lre  circonscription  du  4e  arrondissement 


de  PARIS 


M.  A.  FAILL10T 

Elu  au  i*r  tour  de  scrutin.  —  3.837  voix. 


M.  Failliot  (Gabriel-Auguste),  né  le  26  octobre  1851,  se  préparait  à  l’Ecole  polytechnique 
lorsque  la  guerre  franco-allemande  vint  interrompre  ses  études. 

Bien  que  n’ayant  pas  Page,  il  n’hésita  pas  à  s’engager  sous  les  drapeaux.  Volontaire  au 
53®  bataillon  de  marche,  puis  sergent,  il  prit  part  aux  batailles  de  Champîgny  et  du  Plateau 
d’Avrou,  ainsi  qu'à  plusieurs  des  combats  qui  se  livrèrent  autour  de  Paris. 

La  guerre  terminée,  il  rentra  dans  la  maison  de  son  père,  et  travailla  côte  à  côte  avec 

les  ouvriers*  .  t 

Succédant  à  sou  père  en  1878,  il  mit  au  service  de  sa  maison  l’intelligence  et  I  initiative 

que  tous  ses  confrères  lui  reconnaissent,  De  la  petite  maison  de  la  rue  de  la  Verrerie,  doni 
quelques-uns  se  souviennent  encore,  il  sut  faire  la  grande  et  forte  maison  qui,  aujourd  hui, 
tient  à  juste  titre  une  des  premières  places  dans  le  commerce  des  papiers. 

En  1885,  il  ajoutait  à  sa  maison  de  Paris  l'usine  de  Conty,  dans  la  Somme* 

Ses  confrères  restituaient  et  de  longue  date  le  chargèrent  de  défendre  leurs  intérêts 

communs. 

Après  avoir  été  élu  Secrétaire  de  la  Chambre  syndicale  des  papiers  en  gros,  les  membres 
de  cette  assemblée  le  choisirent,  en  1888,  comme  Président.  Pendant  neuf  années,  il  con¬ 
serva  cette  délicate  fonction.  En  1897,  ses  collègues  l'acclamèrent  a  Président  d’honneur  »  et 
ce  à  titre  perpétuel. 

En  1894,  il  est  membre  du  Comité  d’admission  de  l’Exposition  universelle  d’Anvers  et 
délégué  de  l’Union  des  fabricants  de  papier  de  France  au  Congrès  international  réuni  à  cette 
occasion.  En  1895,  Président  du  jury  de  la  classe  13  à  l’Exposition  de  Bordeaux.  A  l’Exposi¬ 
tion  du  Livre,  à  Paris,  il  est  Secrétaire  du  jury  de  la  section  et  Rapporteur  du  jury  supérieur. 
A  l’Exposition  du  Centenaire  de  la  lithographie,  Vice-Président  du  Comité  de  direction*  En 
1896,  à  Bruxelles*  Président  du  groupe  de  sa  corporation.  A  l’Exposition  du  Théâtre  et  de  la 
Musique  (Paris),  membre  du  groupe  III  (Industries  graphiques).  C’est  à  la  suite  de  tous  ces 
services  qu’en  1896,  sur  la  demande  de  la  Chambre  du  Commerce  des  papiers  en  gros,  ü 
était  nommé  chevalier  de  la  Légion  d’honneur  à  l’occasion  des  Expositions  internationales 
d’Amsterdam  et  de  Bordeaux. 

L’Exposition  de  1900  le  trouvait  encore  sur  la  brèche  :  il  était  rapporteur  des  Comités. 

Quant  à  sa  carrière  administrative,  elle  a  laissé  d’aussi  bons  souvenirs  parmi  tous  ceux 
qui  l’ont  approché. 

Il  fut  nommé,  le  10  juin  1887,  adjoint  au  maire  du  IVe  arrondissement  (sous  le  Minis¬ 
tère  Gobi  et).  Cinq  années  après  il  était  maire  et  le  fut  jusqu’en  janvier  1901. 

Tous  les  habitants  du  IVe  arrondissement  qui  ont  en  affaire  à  lui  pendant  ses  quatorze 
années  de  fonctions  municipales  se  souviennent  encore  de  sa  courtoisie  et  de  sa  bonne 
grâce.  Aimable,  bienveillant  pour  tous,  il  avait  le  même  accueil  pour  le  pauvre  comme  pour 
le  riche. 

Il  sut  tenir  la  mairie  à  Tabri  de  toute  discussion  politique.  Les  ministères  les  plus  divers 
qui  se  sont  succédé  depuis  M,  Bris?on  jusqu’à  M.  Méline  n’ont  jamais  rien  trouvé  à  lui 
reprocher  et  il  fallait  le  Ministère  de  «  Déchéance  Républicaine  »  pour  le  révoquer. 

Au  point  de  vue  social,  M.  Failliot  a  toujours  été  un  des  pionniers  du  progrès. 

Tous  ceux  qui  travaillent  ou  ont  travaillé  avec  lui  sont  devenus  peu  à  peu  ses  amis  ou 


—  753  —  iV  H  62 

ses  jjiboiégés  suivant  leur  âgé,  ét,  ouvriers  ifitéressês  dans  les  bénéfices,  ils  së  considèrent 
comme  les  collaborateurs  de  la  meme  œuvre. 

Quel  plus  bel  exemple  dé  solidarité  I 

Non  content  dé  donner  l’exemple  eh éi  lui,  St  Faiiîiot,  comme  Président  de  la  Société 
de  Secours  mutuels  de  la  Papeterie  depuis  1891*  continue  à  y  développer  Pallèction  qu’il  a 
tûiijouïs  montrée  aux  employés,  aux  ouvriers,  et  la  connaissance  qu’il  a  de  leurs  besoins. 

Travailleur  énergique  et  actif,  M.  Faillie*,  commerçant  lui-même,  saurait  a  la  Chambre 
défendre  éloquemment  les  intérêts  des  commerçants. 

Son  honnêteté,  sa  franchise,  son  impartialité  sont  au-dessus  de  toute  épreuve. 

N'est-il  pas  ITiommë  thème  que  les  inventeurs  du  Sultragé  Universel  avaient  en  vue 
lorsqu’ils  l’organisèrent? 

Fih  du  4°  Arrondissement,  y  ayant  passé  toute  son  existence,  en  ayant  appris  les  besoins 
par  sa  carrière  administrative  et  commerciale,  il  en  est  le  représentant  tout  désigné  :  cet 
arrondissement  essentiellement  commerçant  et  ouvrier  serait  enfin  représenté  par  l'un  des 
siens. 


Programme 

Politique* 

1.  Révision  de  la  Constitution,  le  régime  républicain  restant  hors  de  cause, 

2.  Liberté  de  conscience.  Liberté  individuelle.  Liberté  de  propriété  {telles  qu'elles 
ressortent  de  la  Déclaration  des  Droits  de  l’Homme  et  du  Citoyen,  Assemblée  Nationale 
Août  1789). 

3.  Liberté  d'association.  Liberté  d'çnseignement. 

4.  Réduction  du  service  militaire  à  2  ans,  égal  pour  tous.  Développement  des  sociétés 
de  tir,  de  gymnastique,  et  autres  Ecoles  préparatoires  au  service  militaire. 

5.  Réduction  des  frais  de  justice  jusqu’à  leur  complète  gratuité. 

6.  Réparation  morale  et  pécuniaire  des  erreurs  judiciaires. 

7.  Extension  des  Écoles  professionnelles.  Extension  des  bourses  pour  les  familles  nom¬ 
breuses  des  travailleurs. 

3.  Créa  lion  d’un  Conseil  général  de  la  Seine  indépendant  du  Conseil  municipal. 

9.  Suppression  des  Sou  s- Préfectures. 

U).  Révision  de  la  loi  et  des  règlements  concernant  l’inscription  sur  les  listes  élec¬ 
torales. 

IL  Amnistie  générale  de  tous  les  délits  politiques  et  faits  de  grèves. 

Une  nouvelle  Législature  doit  s'ouvrir  par  l'apaisement  sociaL 

Économique .  Commercial .  Industriel. 

1.  Réforme  de  l'impôt  par  la  transformation  rationnelle  des  impôts  indirects,  qui  ehar^ 
gent  !a  classe  ouvrière,  en  impôts  directs.  Suppression  de  l’impôt  des  portes  et  fenêtres, 
etour  aux  locataires  de  1  intérêt  dés  lbyers  d’avdncé  et  retour  aux  depositaires  des  intérêts 
des  déPùts  de  garantie  ou  de  cautionnements.  Amoindrissement  des  charges  du  petit  com¬ 
merce.  Application  de  la  pâte  fi  te  atix  coopératives  et  aux  êconoibàts  patronaux* 

2-  Suppression  des  privilèges  et  des  monopoles  (Bouilleurs  de  cru,  licences). 

3.  Suppression  des  octrois. 

4.  Le  gaz  à  bon  marché,  sans  délai. 

5  Suppression  des  Conventions. 

5.  Plus  d’emprunts.  Amortissement  de  la  Dette  flottante. 

h  ^Suppression  du  cumul  pour  les  fonctionnaires,  et  spiciâleriiënt  pour  1rs  Députés  et 
f?  Séûateurs  qui,  dans  aucun  cas,  ne  pourront  occuper  lies  situations  bé  tri  buées  dans  une 
flmm  s*rat'on  publique. 


—  754  — 

8,  Réduction  des  gros  traitements  du  personnel  administratif  au  profit  des  subal¬ 
ternes.  .  . 

9  Protection  équitable  du  commerce  et  de  l'industrie  (obligations  pour  les  pouvoirs 

publics  de  consulter  les  Chambres  de  Commerce  et  les  syndicats  professionnels  pour  l’éla- 
boration  des  lois  économiques). 

10.  Défense  des  droits  des  employés  de  commerce.  Révision  de  la  loi  sur  les  Conseils 
de  prud’hommes. 

11.  Suppression  des  bureaux  de  placement. 

12.  Régie  me  [nation  du  travail  dans  les  prisons  et  dans  les  maisons  de  correction. 

13.  Révision  de  k  loi  sur  les  faillites  et  sur  les  liquidations  judiciaires, 
lft.  Défense  des  droits  du  petit  commerce  de  la  rue.  (Patente.) 

15.  Révision  des  tarifs  de  transport  et  accélération  des  services  de  la  petite  vitesse. 

16.  Organisation  du  crédit  aux  travailleurs  industriels  et  agricoles. 

17.  Paris  port  de  mer, 

SociaL 

1.  Minimum  de  salaire.  Participation  du  travail  aux  bénéfices  du  capital. 

2.  Établissement  d'une  Caisse  nationale  de  Retraites. 

3.  Révision  de  la  loi  sur  les  Sociétés  de  secours  mutuels  et  de  prévoyance.  Dévelop¬ 
pement  de  ces  institutions.  La  liberté  du  citoyen  doit  présider  à  la  constitution  des  lois 
d'association ,  comme  elle  a  été  enfin  reconnue  pour  la  Société  des  Prévoyants  de  I  Avenir. 

A.  Retraite  proportionnelle  pour  les  salariés  ou  pour  les  fonctionnaires  de  l’État  ou  dûs 
adminisuations  publiques. 

5.  Réorganisation  des  services  d'hygîèue  et  d'assistance  publique  (développement  des 
crèches  et  des  Caisses  des  Écoles). 

6.  Habitations  et  logements  ouvriers. 

7.  Création  d’internats  gratuits  pour  les  enfants  des  tra vail leurs . 


2*  circonscription  du  4ft  arrondissement  de  PARIS 


M,  Daniel  GLOUTIER,  décédé,  a  été  remplacé  par  M.  DEVILLE. 


Voy.  Élections  partielles. 


lrc  circonscription  du  5e  arrondissement  de  PARIS 
M.  Jules  AUFFRAY 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  5.567  voix. 


Mon  cher  Concitoyen, 

Dans  mon  programme  affiché,  je  vous  disais  :  «  Une  circulaire*  adressée  a  chacun  i 
vous,  développera  ce  que  les  dimensions  d’une  affiche  ne  permettent  que  d'esquisser.  » 
J'exécute  ma  promesse  :  Vous  lirez  ci-dessous  mon  programme  affiché  et  son  com 

taire. 


755  — 


n°  um 


Lais  constitutionnelles, 

La  Constitution  parlementaire  de  1875  —  par  la  faute  des  hommes,  sans  doute,  mais 
aussi  par  ses  vices  intrinsèques  —  a  été  impuissante  à  défendre,  contre  le  collectivisme  et 
le  cosmopolitisme,  l’armée,  la  liberté,  l’équilibre  du  budget,  l’organisation  sociale,  les 
travailleurs. 

Les  hommes  —  le  scrutin  du  27  avril  les  balaiera, 

La  Constitution,  les  législateurs  que  vous  élirez  auront  à  la  reviser  selon  les  indications 
suivantes  ; 

Élection  du  Président  de  la  République  par  un  collège  électoral  comprenant,  avec  le 
Parlement,  au  moins  les  Conseillers  généraux  ;  —  Ministres  choisis  en  dehors  des  Chambres; 

_ Sénat  élu  par  le  suffrage  universel  et  renouvelé  partiellement;  —  Chambré  des  Députés 

moins  nombreuse  qu’aujourd’liui,  renouvelable  intégralement,  élue  de  préférence  au 
scrutin  de  liste»  avec  représentation  proportionnelle;  —  Obligation  de  signer,  pour  voter, 
une  feuille  de  présence,  comme  au  Conseil  municipal  de  Paris  et  au  Conseil  de  la  Seine;  - 
Obligation  du  vote;  —  Liberté  de  lf électeur  assurée;  Examen  des  lois  non  urgentes  par 
un  Conseil  compétent,  avec  faculté  de  renvoi,  devant  le  Parlement,  pour  une  seconde  déli¬ 
bération. 

Commentaire. 

À  tort  ou  à  raison,  des  électeurs  libéraux  s'effraient  de  la  force  que  donnerait  au  Prési¬ 
dent  de  la  République,  contre  le  Parlement,  une  élection  plébiscitaire. 

Il  est,  suivant  moi,  essentiel  de  fortifier  le  pouvoir  exécutif,  et  de  le  soustraire  aux 
marchandages  des  Chambres,  Élu  par  le  Parlement  et  par  les  Conseillers  généraux  —  même 
(suivant  ma  conception)  par  un  délégué  de  chaque  commune  —  il  puiserait,  dans  ce  collège 
de  50,000  électeurs  environ,  une  indépendance  réelle*  mais  qui  n’irait  pas  jusqu’à  lui 
donner  une  force  susceptible  d’écraser  la  liberté  de  la  discussion  et  de  la  tribune. 

Le  choix  des  Ministres  en  dehors  des  Chambres  a  pour  but  de  réfréner  les  ambitions 
de  portefeuilles,  qui  sont  souvent  la  seule  cause  des  flux  et  reflux  des  majorités. 

Supprimer  le  Sénat,  n’avoir  qu’une  seule  Chambre  serait  nous  ramener  au  régime  de 
la  Convention,  destructif  de  la  liberté.  Élargir,  au  contraire,  la  base  électorale  du  Sénat,  le 
faire  sortir,  à  un  ou  deux  degrés,  du  suffrage  universel,  c’est  établir,  dans  Porgamsme  légis¬ 
latif,  l’équilibre  entre  les  traditions,  dans  ce  qu’elles  ont  de  bon,  et  les  besoins  de  réformes 
et  de  progrès,  dans  ce  qu’ils  ont  de  légitime, 

La  suspension  de  la  promulgation  des  lois,  pour  les  faire  examiner  par  des  Conseils 
compétents,  est  une  idée  qui  m’est  personnelle.  J  appelle  Conseils  compétents  des  membres 
du  Conseil  d'État  et  de  la  Gourde  Cassation,  membres  de  droit,  auxquels,  suivant  l’objet, 
seraient  adjoints  des  représentants  autorisés  des  catégories  sociales  visées  dans  la  loi,  et 
intéressées  à  sou  exécution, 

U  amnistie. 

Dès  la  rentrée  du  Parlement  s’imposent  deux  mesures  :  l’une,  de  réparation,  l'amnistie 
pour  toutes  les  victimes  de  la  Haute  Cour;  l’autre,  de  protection  publique,  la  suppression  de 
lu  Haute  Cour,  qui,  de  la  condamnation  de  Ney  à  celle  de  Déroulède  et  des  autres  proscrits 
de  1900,  n’a  jamais  fait,  sous  tous  les  régimes,  qu’œuvre  de  basse  vengeance  politique. 

Tout  commentaire  est  inutile.  Il  faut  être  féroce,  comme  un  Sénateur  ou  comme  un 
membre  de  la  majorité  ministérielle,  pour  refuser  de  réparer  l’iniquité  commise  en  1900. 

Lots  militaires. 

Les  instruments  des  sans-patrie  ont  désorganisé  l’armée.  Il  faut  la  soustraire  à  la  poli¬ 
tique  et,  sans  faiblesse;  réparer  le  mal.  Voilà  pour  le  passé. 


Réduction  à  deux  ans  du  service  militaire,  avec  le?  garanties,  suflisinfes  mais  néces¬ 
saires,  déterminées  par  ta  commission  Krsntz,  d’accord  avec  les  chefs  autorisés  de  l'armée, 
(Loi  sur  les  cadres  et  les  rengagements  des  sons-officiers.) 

Voilà  pour  l’avenir. 

Pour  me  résumer,  il  faut,  contre  1s  drapeau  rouge  et  la  «  Carmagnole  »,  symboles  des 
cohortes  indisciplinées  et  internationalistes,  défendre  le  symbole  de  notre  armée  forte  et 
nationale,  la  «  Marseillaise  »  et  le  Drapeau  tricolore. 

Commentaire. 

Aujourd’hui,  en  temps  de  période  électorale,  tous  les  candidats  proclament  leur  atta¬ 
chement  à  l’armée,  au  drapeau. 

Vous  démêlerez,  à  travers  les  hypocrisies  intéressées,  ceux  qui,  de  tout  temps,  ont 
défendu  l’armée,  tout  en  cherchant  à  la  rendre  toujours  plus  forte,  toujours  moins  pesante 
pour  la  démocratie,  et  ceux  qui,  pendant  i’afïaire  Dreyfus  et  depuis,  n’ont  pas  négligé  une 
occasion  de  l’insulter,  de  l’affaiblir,  de  la  désorganiser. 

Vous  vous  rappellerez  que,  dans  nos  réunions  publiques,  tous  ceux  qui  me  combattent 
ont  ouvertement  déployé  le  drapeau  rouge  et  entonné  la  «  Carmagnole  ».  Toute  déclaration 
en  faveur  de  l’armée  est  à  l’avance  détruite  par  de  tels  actes. 

On  m’a  traité  de  cabotin  du  patriotisme. 

Vous  estimerez,  comme  moi,  que  les  cabotins  sont  ceux  qui,  à  la  veille  des  élections, 
chantent  un  air  différent  de  leurs  airs  habituels. 

Lois  (renseignement  et  d'association. 

La  République  a  pour  base  la  liberté,  —  avant  tout,  la  liberté  de  la  conscience  et  de  la 
pensée.  Ainsi  s’expriment  la  Déclaration  des  Droits  de  l’homme  et  la  Constitution  rte  1848. 

Donc,  renseignement  est  libre,  sous  la  surveillance  effective  de  l’État.,  en  ce  qui  con¬ 
cerne  la  moralité  et  la  capacité  des  maîtres,  et,  en  ce  qui  touche  les  locaux,  pour  Rhygièt» 
et  les  mœurs  publiques. 

Donc,  l’association  est  libre  pour  tous  les  citoyens,  sans  négliger  les  précautions  légi¬ 
times  contre  le  développement  excessif  d’une  mainmorte  immobilière,  non  appropriée  à 
l’objet  rte  l’association. 

Ce  n’est  point  par  la  force  qu’on  peut  rétablir  l’unité  morale  que  la  liberté  a  fatalement 
détruite;  le  respect  rte  la  liberté  d’autrui  dans  l’unité  nationale  est  la  seule  unité  morale 
que  l’on  puisse,  que  l’on  doive  poursuivre. 

L’enseignement  public  souffre  du  manque  de  liberté;  il  faut  lui  rendre  plus  de- vie  et 
d’originalité  par  la  décentralisation,  par  une  indépendance  plus  réelle  conférée  aux  Univer¬ 
sités  dans  leur  budget,  dans  leurs  programmes,  dans  leurs  propositions  pour  le  recrutement 
de  leur  corps  de  professeurs;  —  par  la  liberté  des  programmes  de  Renseignement  dit  secon¬ 
daire;  —  par  le  choix  de  matières  limitée^,  mais  approfondies,  substitué,  dans  Renseigne¬ 
ment  dit  primaire,  aux  programmes  superficiels,  parce  qu’ils  sont  trop  étendus;  —  par  le 
développement  des  Écoles  professionnelles* 

Comiientciire, 

Deux  principes  sont  en  présence  :  le  principe  libéral,  défendu  par  les  républicains  les 
plus  éminents;  le  principe  sectaire,  soutenu  par  le  plus  jacobin  des  députés,  M.  Brisson,  et 
par  le  plus  fidèle  de  ses  disciples,  M.  Vivîani,  que  M.  Sauton  accepte  de  suivre,  sur  ce  point 
comme  sur  les  autres* 

La  suppression  du  principe  de  la  liberté  d’enseignement  se  heurte  à  des  difficultés  de 
toutes  sortes.  L’Université  n’en  veut  pas  plus  que  le  pays,  et  vous  savez,  par  les  réunions 
publiques,  1  étrange,  l’absurde  système  que  proposp  jL  yiviani  :  enlever  aux  parents  tout 
contrôle  sur  l’enseignement  donné  à  leurs  enfants,  auxquels  les  maîtres  devrpgt  apprendre, 


—  w  ~  N"  H  «2 

dès  leur  plus  jeun"  $gf„  leg  thëopies  les.  p|us}  cqiUradictqjreç  sqr  le  bien  et  sur  le  pial,  sur 
le  vice  et  sur  |a  vertu.  Ain^î  le  faampiq  de  huit  ans  fera  jjjjrârpeqt  son  çjtqjx  ! 

Nous  savons  à  l’avance  ce  qu’il  choisira!  Cç  serait  risible  à  en  mppri^,  si  ce  n’^|a|t 
efffayant  à  en  fréipir  ! 

Lq'tifeerlé.  d’qçwçiityii  Ras  moins  ntçessure  à  |’hanpqnie  sociale,  pçndapt  un 
.siècle,  les  r^pRbliçain^  —  ç’estleur  honneur!  —  ont  lq^épqur  la  conquérir.  C’çsf  jus  fenier, 
c’est  dôshqpQrçf  la  fïèpublique  qqe  de  réirogr  ider  vers  (es  plus  fauche?}  çqnceptiqns  d’un 
jacobinisme  haineux. 

Les  pr^çautipps  çantre  l’excès  d’une  (qainmorte  iiqmçlnlièrç  (la  seule  qui  puisse  exister 
réellement)  appt  légitimes;  le<j  restrictions,  apportées  qq  développement  dé  l’enseigncpient, 
public  qp  libre,  des  œuvres  hospitalières,  publiques  pu  libres,  sont  antilibérales,  arjtidémo,- 
cratiques  et  nuisent  surtout  au  peup’e. 

Lois  réglant  les  rapports  de  l’État  et  des  Église 

Le  régime  çpnpordatpè  pxiste  ;  il  fauf  Appliquer  loyalement- 

La  séparation  f;p traînerait  —  sous  peine  dé  cpnfiscatipn  i nique,  —  des  iq^POimtés  tran¬ 
sitoires  énormes;  ^  saus  peine  de  jacobinisme,  —  qa  développement  excessif  et  jncontrè- 
lable  d,e  Ja  mainmo.'(ê  ;  rr  enf;n,  pouy  la  pratique  d’instituiions  çés.pectables  d’un  qsage 
général,  l’inégalité  ^  plus  pniidémpçratiqup  auprfjudiçe  flÇS  pflpulqtipoq  ouvrières  et  des 
pauvres. 

Commentaire. 

I)  est  bien  entendu  que  l’État  ne  doit  pas  être  dominé  par  un  pouvoir  religieux,  pas  plus 
par  la  secte  maçonnique  que  par  un  culte  quelconque. 

Mais  l’existence  du  sentiment  religieux  est  un  fait,  et  les  plus  grands  esprjts  de  l’hpma- 
nité  sont  d’accorl  pour  dire  que  cç  fait  est  un  facteur  nécessaire  de  la  civilisation.' 

Supprimer  la  liberté  de  la  conscience  serait  aussi  monstrueux  qu’irréalisable,  et  c’est 
précisément  pour  la  maintenir  qu’il  ne  faut,  ni  ouvertement,  ni  par  voie  détournée,  y  porter 
atteinte. 

Dans  Vfl  Étirt  neuf,  comme  en  Amérique,  la  séparation  absolue  de  l’État  et  des  Églises 
existe,  avec  d’ailleurs  un  profond  respect  du  Gouvernement  poar  les  cultes. 

^ansun  État  ancien,  cqmme  la  France,  qq  Us  boqleyersçtnents  de  tpptèj  les  tradi- 
%*>  toutes  les  ^abitud[es  rte  doivent  êtye  effectués  que  pour  d;çs  motifs  d’impé fUu.se’ 
d’évidente  nécessité,  le  régime  de  la  séparation  nuirait  surtout  qux  pauvres,  et  çetfe  seul© 
çonsidèfatioP,.  à  défaqt  d’autres,  devrait  arrêter  de  sincères  démocrates. 

M  9?  doit  çtre  forcé  de  suivrç  que.  refeioh  quelconque.  L’oppression  â%  la  coospienca 
est  |a  plus  crimiqel le  tfe  toutes. 

Mais  quand  tout  a  été  réglé  par  des  Çftpcprdats  pour  que  la  masse  puisse,  si  çl\ft  la 
yeat,  pratiquer  Lun  des  trois  cultes  entre  lesquels  se  partage  l’imnïense.  waiorîté  de  la 
«alion,  il  faut, être  un  sectaire  pour  renverser  çcl  état  de,  choses,  au  nom  du  principe  delà 
lificrté  qui  n’est  pas  en  jeu. 

Ce  que  je  dis  est  tellement  vrai  que  le  plus  farquche  des  sectaires,  %  Drîsson,  vient 
de  faire  machine  en  arriére  et  de  déclarer,  dans  sa  profession  de  foi,  que  la  question  de  la 
séparation  devait  être...  ajournée  ! 

Lois  sociales. 

Le  collectivisme,  à  doses  fortes  ou  diluées,  ruine  le  pays  sans  profiter  au  prolétariat. 

Il  fqut  le  combattre  sous  toutes  scs  formes. 

11  faut  protéger  la  liberté  du  travail:  ni  grèves  obligatoires  ;  ni  limitation  upfforme 
oppressive  des  heures  da  travail;  ni  extension  des  services  forcément  mal  gérés  par  les 
collectivités  (État,  département,  commune). 


—  758  — 


II  faut  protéger  le  travailleur  (employés,  ouvriers,  salariés  de  toutes  sortes). 

BevisioTi  des  lois  sur  les  retraites  des  fonctionnaires  et  tons  antres  employés,  qui  ne 
doivent  pas  être  perdues  par  un  renvoi  anticipé* 

Loi  sur  les  retraites,  applicables,  non  seulement  aux  ouvriers,  mais  à  tous  les  sala^ 
ries,  combinant,  s’il  est  possible,  la  liberté  «  subsidiée  »  comme  en  Belgique,  avec  le  ver¬ 
sement  obligatoire  à  des  caisses  contrôlées  par  l’Etat,  mais  échappant  à  sa  main  mise  ;  loi 
étudiée  at  non  bâclée,  à  cause  notamment  de  sa  répercussion  sur  les  finances  de  l’État  ei 
des  dangers  formidables  d’une  erreur  de  calcul* 

Protection  des  travailleurs  nationaux  contre  les  étrangers  par  l’égalité  des  charges. 

Dans  ces  questions,  qui  touchent  le  fond  de  la  vie  sociale  du  pins  grand  nombre,  la 
participation  des  intéressés  à  la  confection  de  lois  sérieuses  s’impose  par  voie  de  large 
consultation,  de  referendum. 

Commentaire, 

On  sait  que  le  projet  de  loi  sur  les  retraites  ouvrières  a  mécontenté  tous  les  intéressés, 
c’est-à-dire  tous  ceux  qu'elle  visait  et  tous  ceux  qu’elle  aurait  dû  viser  pour  être  complète, 
et  auxquels  elle  n’était  pas  applicable.  Jamais  insuccès  n’a  été  plus  complet* 

Le  Gouvernement  a  eu  le  tort  de  croire  que  le  problème  était  résoluble  par  l’État  seu¬ 
lement,  alors  que  des  sociétés  libres  «  les  Prévoyants  de  l’avenir  »,  qu’il  a  essayé  de  tuer 
sans  succès;  les  «  Vétérans  des  Armées  de  terre  et  de  mer  »,  etc*,  ont  démontré  que  les 
retraites  pouvaient  être  assurées,  à  de  moindres  frais,  et  dans  des  conditions  plus  avanta¬ 
geuses  pour  les  retraités,  par  le  libre  fonctionnement  de  caisses  privées*  Les  subventionner 
largement  et  développer  le  nombre  de  leurs  adhérents  paraît  être  la  vraie  solution  d’un 
problème  qui,  posé,  doit  aboutir  et  qui  demande  une  étude  fortement  documentée  et  très 
approfondie,  à  laquelle  il  est  nécessaire  d’admettre  les  intéressés,  sans  lesquels  on  ne  peut 
pas  faire  de  bonnes  lois* 

Lois  relatives  au  commerce  et  à  l'industrie* 

C’est  folie  collectiviste  que  de  détruire  l’intermédiaire  commerçant;  il  profite  au  pro¬ 
ducteur  en  écoulant  ses  produits  :  au  consommateur,  en  lui  laissant  la  liberté  du  choix. 

C’est  antidémocratique  de  ne  pas  donner,  dans  sa  lutte  contre  la  concentration  des 
grands  magasins  et  des  grandes  industries,  l’égalité  au  petit  commerçant  et  au  petit  indus¬ 
triel,  qui  confine] j t  de  si  près  au  simple  ouvrier,  dont  ia  situation  est  le  très  légitime  espoir 
des  ouvriers  intelligents  et  probes. 

Donc,  suppression  des  privilèges  des  bouilleurs  de  cru,  si  favorables  à  la  fraude;  — 
patentes  sur  les  grands  magasins,  suivant  le  nombre  de  leurs  employés  et  la  nature  de  leurs 
veines,  et  sur  les  coopératives  ;  —  suppression  des  économats;  —  recherches  des  conditions 
auxquelles  le  repos  hebdomadaire  pourra  concilier  la  liberté  du  travail,  les  droits  et  les 
intérêts  mêmes  des  Employés  ;  —  enfin,  l’intérêt  des  employeurs  dont  celle  question,  mal 
résolue,  peut  compromettre  jusqu’à  l’existence  commerciale* 

Dans  ces  lois  comme  dans  les  lois  sociales,  participation  des  intéressés  à  la  décision, 
par  voie  de  consultation,  de  referendum. 

Commentaire. 

Ge  qui  me  dispensera  de  tout  autre  commentaire,  c’est  que  j’ai  été  désigné  connue 
candidat  par  le  Comité  de  l'alimentation  *  parisienne,  que  j’ai  paru,  par  conséquent,  aux 
quarante  personnes  qui  m’ont  fait  l’honneur  de  m’écouter,  satisfaire  au  programme  minu¬ 
tieux,  élaboré  par  ce  Comité,  et  qui  touche  à  toutes  les  questions  intéressant  le  petit  com¬ 
merce,  plus  complètement  que  les  autres  candidats. 

J’adhère  donc  au  programme  que,  tous  [vous  connaissez,  et  que  vous  recevrez  d’ail¬ 
leurs. 


—  759  — 


N°  1162 


J’ajoute  que  les  vœux  adoptés  par  le  Congres  des  Jaunes  doivent  également  [être  la 
base  de  toute  législation  sérieuse  touchant  le  monde  du  travail.  - 

Ils  comportent  notamment  ; 

1r>  ha  condamnation  de  l’introduction  de  la  politique  dans  l’examen  des  questions 
sociales; 

T  La  condamnation  du  collectivisme  et  de  l’internationalisme  ; 

3Ü  La  condamnation  d’une  réglementation  uniforme  des  heures  de  travail  pour  toute  Sa 
France  et  pour  toutes  les  corporations  ou  métiers; 

L’extension  a  tous  travailleurs,  ouvriers  manuels  et  employés,  des  lois  concernant 
la  prud'homie  et  les  caisses  do  retraites  ^ 

5r*  La  condamnation  du  projet  de  loi  Millerand-Waldcck  sur  les  retraites  ouvrières; 

6°  La  substitution  des  syndicats  aux  bureaux  de  placement; 

7e  La  protection  de  la  main-d’œuvre  française,  notamment  par  Légalité  des  charges  à 
imposer  aux  travailleurs  étrangers  ; 

8°  La  condamnation  du  rachat  des  chemins  de  fer  par  l’État; 

9°  L’examen  d’un  projet  de  loi  universelle  sur  le  minimum  nécessaire  h  l’existence  de 
chaque  être  humain. 

Lois  budgétaires . 

Le  déficit,  avec  un  ministère  et  une  majorité  menés  par  le  collectivisme,  s’est  installé 
dans  nos  budgets;  il  faut  Ven  chasser.  —  La  réduction  des  dépenses  est  possible;  la  ma¬ 
jorité  nationaliste  du  Conseil  municipal  de  Paris  l’a  prouvé. 

La  suppression  dessous-préfectures  est  devenue  possible;  la  coûteuse  rentrée  des 
contributions  directes  par  des  agents  de  l’État  peut  être  économiquement  confiée  à  un 
établissement  de  crédit,  te!  que  la  Banque  de  France. 

Sans  aller  peut-être  jusqu’à  la  suppression  de  l’initiative  parlementaire,  en  matière 
de  dépenses,  il  faut  tout  au  moins  enlever  au  Parlement  le  droit  d’introduire  une  dépense 
par  voie  d’amendement  à  la  loi  de  finances. 

Si  Ton  n  arrête  pas  le  déficit,  l’État  fera  banqueroute.  C’est  le  rêve  du  cobectivisme 
peut-être,  mais  ce  doit  être  l’effroi  de  toute  personne  sensée. 

Questions  étrangères  et  coloniales. 

Nos  alliances  doivent  se  régler  d’après  nos  intérêts  moraux  et  matériels  :  l’alliance 
russe  doit  être  maintenue,  et  nos  nationaux  doivent  trouver  en  Russie  un  régime  d’égalité, 
sinon  de  privilège. 

Aux  vainqueurs  de  1870,  nous  devons  la  courtoisie,  mais  non  l’abdication  et.  Foubli. 

A  l’ennemi  des  Boers,  nous  ne  devons  livrer  ni  nos  réseaux  télégraphiques  avec  nos 
colonies,  ni  le  transport  de  uos  troupes. 

Nous  devions  diplomatiquement  protéger  les  vaillants  Boers  et  arrêter,  dès  la  pre¬ 
mière  heure  (nous  Je  pouvions  par  la  seule  diplomatie),  le  massacre  des  Arméniens. 

Nos  colonies  ont  à  se  développer  normalement;  —  peuvent,  par  une  habile  adminis¬ 
tration,  se  suffire  à  elles-mêmes  —  et  doivent  être  un  champ  ouvert  aux  activités  fran¬ 
çaises,  un  marché  réservé  aux  produits  de  la  métropole  et  des  autres  colonies  françaises 

Commentaire > 

Les  déclarations  de  M.  Doomer,  ex-gouverneur  général  de  Plndo-Chine,  candidat  à  la 
députation,  donnent  une  force  singulière  à  n  ure  jugement  sur  la  valeur  et  le  rôle  de  nos 
colonies. 

Et  quant  à  nos  rapports  avec  l'étranger,  l’attitude  admirablement  digne  et  impeccable 
de  Marchand,  à  Saint-Pétersbourg  et  à  Berlin,  montre  la  distinction  qu’un  Français  peut  et 
doit  faire  entre  Uï s  ou  tels  gouvernements  étrangers* 


—  760  — 

Les  intérêts  de  la  circonscription  seront  l’objet  de  ma  constante  vigilance. 

Les  électeurs  de  la  Sorbonne  savent  ce  que  j’ai  fait  à  l’Hôtel  de  Ville  pour  l'élargisse- 
ment  de  la  rue  Saint-Jacques  notamment. 

L’agrandissement  du  Collège  de  France  et  la  reconstruction  de  l’École  polwtechnimie 
seraient,  il  ya  sans  dire,  poursuivis  par  moi.  *  4 

■Payais  commencé,  à  l’Hôtel  de  Ville,  par  un  vœu  à  présenter  au  Conseil  général  ie 
reprendrais,  à  la  Chambre,  l’élude  du  projet  Paris-Port  de  mer.  ’ 1 

Commentaire . 

J’ose  faire  appel  au  quartier  de  la  Sorbonne.  Il  répondrait,  je  le  crois,  à  l’unanimité 
que  je  ne  marchande  ni  mon  lemps  ni  ma  peine,  quand  il  s’agit  de  remplir  les  devoirs  oui 
découlent  de  mon  mandat.  ^ 

Tels  sont  les  principe^  qui  nie  guideront.  —  Je  ne  puis  me  Üatièr  de  plaire  sur  tous  les 
points,  à  tous  ceux  qui  voteront  pour  moi.  A  chacun  de  vous  de  juger  si  l’essentiel  et  l'en¬ 
semble  de  mon  programme  le  satisfont.  -  Ma  conviction,  c’est  qu’à  ces  conditions  seule¬ 
ment,  nous  en  finirons  avec  la  cot.  riè  étroite,  sectaire,  franc-maçonnique,  panamiste  des 
jacobins,  des  collectivistes,  de  la  finance  juive  et  cosmopolite,  des  sans-patrie,  et  nous 
établirons  la  République  ouverte,  honrôte,  libérale,  nationale. 

Commentaire . 

Est-il  nécessaire  d’insister  sur  le  loyalisme,  sur  la  sincérité  dé  mon  républicanisme? 

Munie  a  l’heure  où  je  n’étais  pas  rallié  à  cette  formé  de  gouvernement,  j’estimais 
qu  aucun  gouvernement  ne  pëut  se  passer  de  la  volonté  nationale. 

Dès  1888,  dans  un  discours  -  imprimé  cependant,  mais  que  ies  calomniateurs  se  sont 
bien  gardes  de  produire,  —  j’invitais  les  conservateurs  à  provoquer  une  consultation  directe 

du  pays. 

J  étais  parfaitement  convaincu  qu’à  une  écrasante  majorité  ii  en  sortirait  la  Rcpubliquè, 
et  que  devant  ce  îésultat,  les  opposants  de  bonne  foi,  la  conscience  rassurée  les 
scrupules  levés,  se  rallieraient  à  là  République. 

Voilà  comment,  pénétré  de  ces  idées,  j’ai  pu  moi-même,  dès  1889*  avec  une  bonne  foi 
absolue,  sans  a mére-pensées,  sans  équivoques,  me  placer  sur  le  terrain  républicain,  que 
je  n  ai  pas  déserté  depuis.  Je  prétends,  comme  tout  citoyen,  avoir  le  droit  d’être  républi¬ 
cain  et  de  planter  ma  tente  sur  le  sol  de  la  Patrie,  qui  appartient  à  tous: 

Vive  la  France  !  Vive  la  République  ! 

iules  ÀtlFÉlUY, 

Conseiller  municipal  de  ia  Sorbonne,  avocat  à  là  Cour  d’appel, 
ancien  auditeur  au  Conseil  d’Etat,  ancien  président  de  la 
conférence  Mol  é,  licencié  ès  lettres,  docteur  en  dioit, 
lauréat  de  la  Faculté  de  droit  de  Paris. 


- 


—  761  —  N°  1162 


Comité  républicain  des  Nationalistes  et  des  Socialistes  anticollegtivistes 
Citoyens, 

Vous  avez  lu  le  programme  du  citoyen  Jules  Àuiïray. 

Républicain,  nationaliste,  libéral,  antidreyftfsard,  anticol Icctiviste, 

En  un  mot  qui  résume  tout  :  antimini&térlel. 

Ce  programme  est  le  nôtre;  il  est  celui  de  la  majorité  d’entre  vous. 

Vous  connaissez  l'homme. 

En  mai  1900,  au  scrutin  mémorable  ou  Paris  a  secoué  le  joug  des  sectaires,  des  sans- 
patrie  et  des  collectivistes,  Jules  Àuffray  était  élu  Conseiller  municipal  de  la  Sorbonne,  à 
642  voix  de  majorité,  sur  le  programme  le  plus  net. 

Au  Conseil  municipal,  constamment,  brillamment,  il  y  est  demeuré  fidèle. 

L'énergie  dont  iî  avait  fait  preuve  en  1900,  pendant  la  campagne  violente  menée  contre 
lui,  il  la  déploie  aujourd’hui,  plus  inlassable  encore,  dans  les  luttes  où  ses  adversaires, 
jouant  leur  dernière  partie,  redoublent  de  violence. 

L’homme  répond  du  programme. 

Tous,  vous  voterez  pour  Jules  AUFFRAY, 

contre  les  autres  candidats,  parce  que,  quels  que  soient  leur  passé,  leurs  nuances*  ils 
sont  rivés  Lun  à  l’autre  par  une  étroite  chaîne  d'alliance  qui  fait  d’eux,  dès  le  premier  on 
au  second  tour,  de  bon  gré  ou  de  force, 

Les  apôtres  ardents  ou  les  victimes  résignées  : 

De  l'esprit  dreyfusard  qui  détruit  l'armée, 

De  l’esprit  sectaire  qui  détruit  la  liberté, 

De  l’esprit  collectiviste  qui  ruine,  détruit  la  société, 

De  l’esprit  internationaliste  qui  détruit  la  Patrie, 

Du  régime  des  turpitudes  et  des  lâchetés  qui  détruit  la  République, 

Enfin,  du  ministère  Waldeck-Milleranrî, 

Qui  se  survit  dans  son  influence  délétère,  et  leur  imprime  sa  tare  ineffaçable. 

Vive  la  France  1 

Vive  la  République  Nationale  1 

Pour  les  1-600  membres  du  Comité,  le  Bureau  : 

(Suivent  les  signatures.) 


m 


2r  circonscription  du  5°  arrondissement  de  PARIS 
M.  FLOURENS 

Élu  au  1CT  tour  de  scrutin.  —  5.719  voix. 


Citoyens, 

A  la  veille  de  l'ouverture  du  ôorutiu,  je  crois  devoir  préciser  en  quelques  mots,  pour 
éviter  tout  malentendu,  quel  est  le  caractère  de  ma  candidature  et  en  quoi  elle  diffère  de 
celle  du  citoyen  Charles  Gras,  député  sortant. 

Le  citoyen  Charles  Gras  a  constamment  voté  avec  la  majorité  qui  a  soutenu  le  Minis¬ 
tère  Waldéck’Rousseau-Milleraiidï  s'il  s’en  est  détaché  dans  quelques  circonstances  notable*, 
comme  lors  du  vote  sur  la  proposition  Ghapuis,  tendant  à  la  clôture  définitive  de  Taiïaire 
Dreyfus,  s'il  a  refusé  son  approbation  au  Ministère  lors  de  Fa ft aire  Hervé,  il  n'en  a  que 
mieux  affirmé  par  là  sou  attachement  à  la  ligne  de  conduite  politique  et  aux  doctrines  so¬ 
ciales  du  groupe  collectiviste. 

Ainsi,  quoiqu'il  essaye  de  faire  naître  la  confusion  par  V emploi  de  l’expression  de 
concentration  républicaine,  dans  la  profession  de  foi  affichée  sur  110s  murs,  il  est  évident 
qpe  le  citoyen  Charles  Gras  n’admet  cette  concentration  qiT  autour  du  groupe  collectiviste 
qui  se  réclame  du  programme  de  Saint-Mandé- 

Dés  lors,  nous  sommes  fixés,  par  ce  qui  vient  de  se  passer  dans  les  trois  dernières 
années,  sur  l'avenir  que  préparerait  à  notre  pays  la  réélection  du  citoyen  Gharies  Qras, 

Résumons  : 

Une  première  et  grave  atteinte  à  la  liberté  de  panser  et  à  la  liberté  d’écrire,  par  la  sup¬ 
pression  de  la  liberté  d'enseigner,  leur  corollaire  indispensable,  bientôt  suivie,  d^pi^s  le 
programme  du  discours  de  Toulouse,  de  fa  suppression  do  la  liberté  de  la  presse- 

L’accessibilité  aux  fonctions  publique  -,  devenue  le  privilège  des  élèves  de  certaines 
écoles  officielles  estampillées  par  ïa  franc-maçonnerie. 

Les  citoyens  dénoncés  à  ïa  défaycor  du  gouvernement  et  fie  l'opinion  publique  quand 
leur  confession  religieuse  pourrait  les  faire  soupçonner  d’une  affiliation  plus  ou  moins  ima¬ 
ginaire,  à  ce  que  dans  un  terme  volontairement  vague  et  indôtenqmié,  on  appelle  la  congré¬ 
gation. 

Au  point  de  vue  économique,  la  grève  obligatoire,  le  syndicat  obligatoire,  le  concours 
de  l’État  donné  aq  développement  des  coopératives  et  des  économats  et  la  suppression  gra¬ 
duelle  des  commerçants,  comme  d’intermédiaires  inutiles  et  coûteux  entre  les  producteurs 
et  les  consommateurs. 

L’échec  de  toute  convention  abaissant  le  prix  du  gaz. 

Au  point  de  vue  ouvrier,  toute  proiection  refusée  au  travailleur  français  contre  la  con¬ 
currence  de  l'étranger,  pour  obéir  aux  préceptes  de  l’internationalisme,  l’épargne  obliga¬ 
toire,  par  un  prélèvement  exagéré  sur  le  salaire  quotidien,  sous  prétexte  de  constituer  une 
pension  retardée  à  un  âge  où  très  peu  atteignent,  en  réalité  pour  remplir  les  caisses  vides 
du  Trésor  public  et  rétribuer  une  nouvelle  armée  de  budgétivores. 

Au  point  de  vue  militaire,  l’avancement  des  officiers  abandonné  à  l’arbitraire  ministé¬ 
riel  et  à  la  recommandation  des  politiciens,  la  désorganisation  de  nos  forces  militaires  par 
une  campagne  de  démoralisation  du  soldat  poursuivie  par  la  presse  et  la  brochure. 

Au  point  de  vue  financier,  l’augmentation  des  impôt*,  dont  je  prie  chaque  contribuable 
de  se  rendre  compte  par  lui-môme,  en  comparant  les  feuilles  d'avertissement  pour  les  im¬ 
pôts  directs  et  taxes  assimilées  qu’il  reçoit  actuel lemènr,  avec  celles  qui  lui  ont  été  adres- 


—  763  ~  N*  i j  62 

sées  il  y  a  trois  ans,  le  déficit  dans  le  budget,  conduisant  rapidement,  par  son  importance 
croissante,  h  la  banqueroute. 

Voilà,  très  incomplètement  résumées,  les  conséquences  de  la  politique  que  le  citoyen 
Gras  a  toujours  suivie,  à  laquelle  il  reste,  en  termes  mal  déguisés,  fidèle  dans  sa  profession 
de  foi,  et  qui  constitue  une  pente  fatale,  sur  laquelle  ceux  qui  se  sont  une  fois  engagés  ne 
peuvent  plus  s'arrêter. 

À  cette  politique,  j’oppose  une  politique  contraire. 

Suppression  définitive  de  la  question  cléricale,  comme  aux  États-Unis,  par  la  séparation 
graduelle -de  l’Église  et  de  FÉ  tat,  liberté  d’enseignement  avec  les  garanties  d’inspection  les 
plus  précises,  liberté  d’association  avec  toute  sécurité  contre  l’accroissement  excessif  des 
biens  de  main-morte.  —  Égalité  de  tous  les  citoyens  au  regard  de  la  société  civile,  qu’ils 
appartiennent  ou  qu’ils  n’appartiennent  pas  à  un  culte  quelconque,  égale  accessibilité  de 
tous  aux  emplois  publics.  —  L’ouvrier  français  protégé  contre  U  concurrence  de  L'étranger, 
Faccompltssement  des  devoirs  de  la  prévoyance  sociale  assuré  par  des  prélèvements  sur 
les  ressources  générales  du  budget,  les  ['retraites  avec  l’aide  de  la  mutualité  soutenue  par 
Tétât;  la  liberté  du  travail,  la  liberté  des  syndicats. 

La  réforme  de  la  législation  des  patentes,  en  conservant  ie  principe  de  la  liberté  com¬ 
merciale,  mais  en  mettant  un  frein  à  Paccaparement,  aussi  bien  d’une  que  de  plusieurs 
branches  de  commerce,  par  la  progressivité  de  l’impôt, 

La  suppression  absolue  du  privilège  des  bouilleurs  de  cru  et  des  licences. 

Le  gaz  à  vingt  centimes, 

La  révision  de  la  législation  sur  les  fraudes,  condensée  en  une  loi  unique,  donnant 
toute  sécurité  au  commerce  honnête,  en  faisant  remonter  les  responsabilités  aux  auteurs 
memes  de  la  fraude  ;  la  restriction  de  l’initiative  exagérée  laissée  aux  parquets. 

L’application  du  droit  commun  aux  sociétés  coopératives  de  consommation. 

L’avancement  des  officiers  absolument  garanti  contre  l’arbitraire  du  ministre  ou  l’in¬ 
tervention  des  députés,  Finterdictîon  de  toute  propagande  contre  le  service  militaire. 

La  probité,  l’ordre,  l’économie  dans  les  finances,  l’amortissement  de  la  dette  publique, 
la  réduction  des  dépenses,  la  réduction  de  l’état-major  de  fonctionnaires  dispendieux  que 
nous  ont  légué  la  monarchie  et  l’empire,  la  diminution  des  traitements  disproportionnés,  la 
résistance  aux  efforts  du  collectivisme,  dont  tout  le  résultat  aboutit,  jusqu’ici,  à  augmenter 
démesurément  le  nombre  des  btidgétivores. 

Vous  êtes  à  présent  renseignés,  Citoyens,  d’une  manière  sommaire,  il  est  vrai,  mais 
véridique,  sur  les  tendances  générales  des  deux  politiques  entre  lesquelles  vous  allez  avoir 
à  vous  prononcer  le  Tl  avril  prochain.  —  A  vous  de  choisir. 

Émile  FLOURENS, 
ancien  Député, 

ancien  Ministre  des  Affaires  étrangères, 
Candidat  républicain  indépendant. 


-  764  — 


circonscription  du  6e  arrondissement  de  PARIS 

H.  Charles  BENOIST 
Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  .  316  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Unis,  à  cette  heure  décisive,  en  une  même  action  dans  un  intérêt  supérieur,  —  celui 
de  la  défense  nationale  et  sociale,  —  les  Comités  qui  s’efforcent  de  maintenir  et  de  propa¬ 
ger  chez  nous  les  idées  essentielles  de  patrie,  d’ordre  et  de  progrès  sont  venus  me  proposer 
et  presque  m'imposer  la  candidature,  —  Je  ne  1  aurais  pas  recherchée  comme  un  honneur; 
Je  T  ai  acceptée  comme  un  devoir. 

Vous  me  connaissez,  et  vous  me  reconnaîtrez.  Tel  fai  toujours  été,  tel  encore  je  suis 
aujourd’hui  ;  sans  affiliation  à  aucun  parti;  sans  compromission  avec  aucune  coterie;  lié 
uniquement,  si  vous  la  recevez,  par  la  parole  que  je  vous  engagerai. 

Fai  toujours  voulu  une  République  large  et  sage,  habitable  et  ouverte,  réellement  ré¬ 
publicaine,  au  sens  plein  du  mot,  et  véritablement  française.  —  Je  la  veux  aujourd’hui 
encore. 

J’ai  toujours  voulu  toutes  les  libertés,  —  Je  les  veux  encore  aujourd’hui  ;  et,  entre  elles, 
je  veux  le  plus  résolument  celles  qui  sont  le  plus  atteintes  ou  le  plus  menacées. 

Je  veux  la  liberté  de  conscience,  sans  exception,  ni  restriction,  ni  distinction;  je  veux 
la  liberté  dissociation  et  la  liberté  d’enseignement,  sans  exclusion  ni  privilège,  sous  la  loi 
égale,  dans  le  droit  commun.  Elles  sont,  en  effet,  de  droit  commun,  et  je  les  revendique 
en  vertu  de  la  Déclaration  des  Droits  de  l’homme,  comme  les  premiers  et  les  moins  contes¬ 
tables  des  «  droits  naturels  et  imprescriptibles  de  Phomme  »,  S’il  est  certain  que  F  État,  lui 
aussi,  a  ses  droits,  il  est  inadmissible  qu’il  en  abuse  jusqu’à  nous  enlever  les  nôtres,  et 
que,  pour  n’avoir  pas  à  réprimer  des  infractions  possibles  à  îa  loi,  il  nous  opprime  jusqu’à 
supprimer  le  droit. 

Puisqu’on  semble  ne  plus  savoir  ce  que  c’est  qu’une  liberté,  à  nous  de  savoir  ce  que 
c’est  qu’un  droit,  ei  de  faire  que  quiconque  l’a  oublié  le  réapprenne.  —  Je  demande  que  la 
Déclaration  des  Droits  soit  enfin  plus  et  mieux  qu’une  affiche;  qu’elle  soit  constitutionalisée; 
qu’elle  soit  partie  intégrante,  vivante  et  inviolable  de  ta  Constitution, 

Électeurs, 

Changer  de  personnel  ne  suffirait  point.  1!  ne  suffirait  pas  de  remplacer  par  des  poli¬ 
ticiens  plus  frais  les  politiciens  usés.  Il  faut  un  changement  profond  dans  les  institutions 
mêmes. 

Ce  programme  est  donc  principalement  un  programme  de  réformes. 

Je  veux  : 

Le  Président  de  la  République  élu  par  les  Conseils  généraux  ;  —  les  Ministres  pris  hors 
des  Chambres;  —  le  parlementarisme  limité  dans  son  omnipotence  par  une  Cour  suprême, 
dans  son  incompétence  par  le  Conseil  d’État. 

je  veux  en  outre  : 

La  magistrature  et  l’administration  affranchies  delà  servitude  parlementaire;  —  les 

finances  et  les  travaux  publics  défendus  des  exigences  parlementaires;  _ la  diplomatie 

pacifique,  mais  fière,  d’une  France  forte,  consciente  de  sa  force  et  pesant  son  poids  dans  le 
monde;  —  f armée  stable  en  sa  hiérarchie,  ferme  en  sa  discipline,  ni  décapitée,  ni  décimée, 


—  765  — 


N°  1162 

inaccessible  à  la  faveur  ou  à  l'intrigue,  intangible  à  îa  passion  ou  à  la  haine,  inattaquée  du 
dedans  et  du  dehors,  intacte  en  haut  et  en  bas;  —  l'expansion  coloniale  méthodiquement 
réglée,  les  colonies  maintenant  acquises  mises  en  valeur;  —  l'État  et  l’Église  traitant  loyale¬ 
ment  sous  le  régime  concordataire;  —  l'École  libre  dans  l'État  respecté;  —  les  communes 
et  les  unions  professionnelles  émancipées  et  développées. 

le  veux  une  politique  nouvelle  dans  une  République  renouvelée. 

Mes  chers  Concitoyens, 

La  politique  nouvelle  doit  être  par-dessus  tout  une  politique  sociale;  et  la  politique 
sociale  doit  être  une  politique  de  paix  dans  la  justice  entre  les  classes. 

Cette  politique  nouvelle,  cette  politique  sociale  est  la  seule  qui  vaille  désormais  d'être 
faite;  c'est,  en  tout  cas,  la  seule  à  qui  je  veuille  me  dévouer. 

Si  vous  pensez  que  vingt  ans  d'étude,  une  longue  expérience,  une  enquête  incessante 
sur  la  question  capitale  de  l'organisation  du  travail  dans  l’État  moderne,  m'ont  préparé  plus 
particulièrement  à  cette  œuvre  qui  sera  la  grande  œuvre  de  demain;  si  vous  estimez  que 
je  puisse  utilement  servir  à  la  Chambre  une  cause  si  digne  d'être  servie  de  préférence  à 
toute  autre,  vous  le  direz  par  vos  suffrages. 

Quoi  qu’il  advienne  d’ailleurs,  je  n’en  continuerai  pas  moins  de  la  servir  de  mon  mieux, 
partout  où  j'en  trouverai  le  moyen,  car  elle  est  de  celles  auxquelles  on  ne  se  reprend  pas, 
quand  on  s'y  est  une  fois  donné. 

Charles  BENOIST, 

Professeur  de  Droit  constitutionnel  à  l'École  des  Sciences  politiques, 
Chevalier  de  la  Légion  d’honneur.  * 


2ü  circonscription  du  6fi  arrondissement  de  PARIS 
M.  PRAGUE 

Élu  -au  Ier  tour  de  scrutin.  —  7.268  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Je  viens  solliciter  de  vous  le  renouvellement  de  mon  mandat. 

Quand  yous  m’avez  élu,  il  y  a  quatre  ans,  je  vous  ai  dit  qui  j’étais  et  ce  que  j’étais. 

J’ai  la  conscience  d'être  demeuré  fidèle  à  mon  passé  et  à  mes  engagements. 

Je  vous  disais  alors  que  j'avais  toujours  été  républicain* 

Je  le  suis  aujourd’hui  comme  je  fêtais  hier. 

Aujourd'hui  comme  hier  aussi,  je  reste  un  libéral,  car  je  n'ai  jamais  compris  ia  Répu¬ 
blique  sans  la  liberté, 

A  la  Chambre,  j'ai  défendu  : 

La  liberté  de  conscience  sans  réserve  ; 

La  liberté  de  l'enseignement  ; 

La  liberté  d'association  dans  toutes  ses  manifestations  ; 

La  liberté  individuelle  et  politique; 

La  liberté  du  travail. 

J’ai  été  l’adversaire  irréductible  de  l'esprit  de  secte,  de  délation  et  d’ostracisme. 

J’ai  combattu  toutes  les  entreprises  et  toutes  les  mesures  qui  pouvaient  porter  atteinte 


à  la  défense  du  pays  et  désorganiser  son  armée,  i'ai  énergiquement  protesté  contre  les 
insultes  prodiguées  au  drapeau  national  et  contre  la  propagation  des  doctrines  subversives 
do  l’idée  de  Patrie. 

Au  point  de  vue  financier»  je  me  suis  opposé  à  l’augmentation  inconsidérée  üe  nos 
dépenses,  qui  s’accroissent  avec  une  progression  effrayante  ç  j’ai  pris  parti  contre  de  soi- 
disant  réformes  qui  devaient  fatalement  conduire,  comme  elles  ont  conduit#  à  un  déficit 
budgétaire. 

Au  point  de  vue  économique,  j’aî  voté  toutes  les  dispositions  législatives  avant  pour 
but  d’assurer  la  prospérité  de  notre  commerce  et  de  noire  industrie  nationale. 

Si  vous  m’accordez  à  nouveau  votre  confiance,  je  défendrai  les  mêmes  idées  avec  la 
meme  résolution. 

Préoccupé  du  sort  des  travailleurs,  je  m’eiïoreerai  de  faire  aboutir  une  loi  sur  les 
retraites  ouvrières  qui,  sans  imposer  h  r État  et  aux  particuliers  des  charges  devant  les¬ 
quelles  le  législateur  a  reculé  jusqu’ici,  trouverait  dans  le  développement  et  le  jeu  normal 
de  la  mutualité  les  éléments  d’une  solution  pratique. 

Ja  demanderai  aussi,  dans  l’intérêt  du  petit  commerce  et  des  ouvriers,  l’extension  des 
droits  des  syndicats  professionnels,  la  faculté  pour  eux  d’acquérir  des  biens  meubles  et 
immeubles,  et,  utilement,  d’employer  leurs  ressources. 

Quant  a  P  étude  des  lois  militaires,  je  l’aborderai  avec  le  vif  désir  d’alléger  les  charges 
que  le  service  obligatoire  impose,  mais  en  m'inspirant  de  l’avis  de  ceux  auxquels  incombe 
plus  particulièrement  la  responsabilité  de  la  défense  nationale. 

Convaincu  que  la  centralisation  à  outrance  de  tous  nos  services  publics  permet  trop 
facilement  a  une  oligarchie  de  confisquer  le  pouvoir  et  de  l’exploiter  à  son  profit  personnel, 
je  pense  qu’ü  est  nécessaire  de  procéder  à  une  large  décentralisation. 

Enfin,  j’admeis  que, 'sans  toucher  au  principe  fondamental  de  notre  Constitution,  ou 
peut  la  perfectionner  en  donnant  une  base  électorale  plus  large  à  la  Présidence  de  la 
République,  afin  de  soustraire  les  Présidents  à  la  dépendance  des  Chambres,  dont  ils  relèvent 
trop  exclusivement  aujourd’hui. 

Vive  la  France  1  vive  la  République  1 

L.  PRACÏÎE, 

Docteur  en  droit,  avocat  à  la  Cour  d’appel, 

Député  sortant. 


circonscription  du  7e  arrondissement  de  PARIS 
M.  LEROLLE 

Élu  au  lôr  tour  de  scrutin,  —  6.406  voix. 


Messieurs  et  chers  Concitoyens,  : 

Aux  dernières  élections,  nous  avons,  pour  servir  la  Patrie,  fait  P  Union  loyale  et  fièré 
dans  une  politique  de  liberté,  de  progrès  et  de  paix  sociale. 

J’ai  conscience  d’être  resté  fidèle  à  cette  politique,  et  je  vous  demande  le  renouvelle¬ 
ment  de  mon  mandat,  bien  résolu  à  tous  les  devoirs  qu’il  m’imposera. 

Depuis  trois  ans,  un  ministère  néfaste  est  maintenu  au  pouvoir  par  une  coalition  de 
radicaux,  do  socialistes  et  de  sectaires. 


—  767  — 


N*  H  62 


Sous  Leur  pression,  nous  avons  vu  la  liberté  individuelle  violée,  la  guerre  religieuse 
déchaînée,  Parmée  livrée  à  la  politique,  le  déficit  croissant  dans  nos  finances,  le  désordre 
partout,  notre  industrie  compromise.  Tel  est  le  bilan  du  ministère  dit,  on  ne  sait  pourquoi, 
de  Défense  républicaine. 

En  face  de  cette  situation,  il  n'y  a,  pour  les  élections,  que  deux  partis:  ceux  qui 
approuvent  la  politique  ministérielle,  et  ceux  qui  la  condamnent;  ceux  qui  acceptent  la 
tyrannie  jacobine,  et  ceux  qui  veulent  secouer  le  joug  d'une  minorité  audacieuse,  si  funeste 
aux  intérêts  vitaux  du  pays. 

J 0  vous  connais  trop  pour  douter  un  instant  de  votre  choix. 

Faut-il  rappeler  longuement  un  programme  que  vous  avez  approuvé?  Mes  votes,  mes 
discours,  tous  tes  actes  de  ma  vie  publique  prouvent  que  je  ne  l'ai  p'is  oublié. 

Aujourd’hui  comme  en  1898,  nous  voulons  tous  notre  armée  respectée,  forte,  hors 
d'atteinte  des  intrigues  politiciennes. 

Aujourd'hui  cçmme  alors,  nous  voulons  ensemble  le  respect  pratique  de  la  liberté  de 
conscience,  les  libertés  d'association  et  d'enseignement,  sans  exclusions  hypocrites. 

Aujourd'hui  encore,  nous  voulons  ensemble  l'économie  dans  nos  finances,  notamment 
parla  simplification  de  nos  rouages  administratifs,  l'égale  contribution  aux  charges  en 
proportion  des  moyens  de  chacun,  repoussant  es  aventures  financières,  funestes  à  notre 
commerce  et  à  notre  industrie,  dangereuses  pour  la  prospérité  nationale. 

Nous  pensons  toujours  qu'il  faut  faire  entrer  plus  de  justice  et  de  fraternité  dans  notre 
société.  Eu  se  tenant  loin  des  utopies  décevantes  du  socialisme,  l'organisation  profession¬ 
nelle,  la  mutualité,  l'initiative  privée  aidée  des  pouvoirs  publics,  permettent  de  résoudre  ces 
questions  qui,  comme  celle  des  retraites,  par  exemple,  importent  tant  à  la  paix  sociale. 

-Vous  savez  bien  que  soucieux  avant  tout  de  la  grandeur  et  de  la  prospérité  de  notre 
Pays,  je  ne  veux  retourner  à  la  Chambre  que  pour  y  aider,  sans  arrière-pensée,  tons  les 
efforts  qui  seront  faits  pour  réparer  te  mai  dont  nous  avons  souffert  trop  longtemps. 

Électeurs, 

On  nous  oppose  une  candidature  fies  Comités  de  péfgnsg  et  d'Unîon  républicaines,  en 
réalité  une  candidature  ministérielle,  Sous  des  apparences  à  peipe  differentes,  vous  rccon- 
H^sez  la  vieille  concentration  dps  pdvf  rspirps  que  vous  êtes  habitués  h  vaincre. 

A  cette  coalition  ministérielle,  opposons  la  ligue  des  intérêts  lésés,  droits  violés, 
des  consciences  outragées. 

Paul  LEROLLE,  Député  sortant, 


2r  circonscription  du  T  arrondissement  do  PARIS 
M.  Maurice  SPRO^CK 
Élu  au  1pr  tour  de  scrutin.  —  4.380  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Pour  la  spcgnde  fois  depuis  deux  ans,  je  me  présente  devant  1e  suffrage  universel. 

Mon  ambition  personnelle  avait  été  pourtant  largement  comblée  par  l'honneur  que  les 
électeurs  du  Gros-Caillou  m'avaient  fait,  le  13  mai  1900,  en  m'envoyant  à  EMôtel  de  Ville 


—  768  — 


Si  je  n’eusse  écouté  que  mes  sentiments,  je  ne  leur  aurais  demandé  que  de  me  con¬ 
server  le  siège  où  m’avait  placé  leur  confiance* 

Mes  amis  pourtant  m’ont  montré  comme  un  devoir  la  nécessité  de  reprendre,  dans  Sa 
nouvelle  circonscription  du  7°  arrondissement,  la  lutte  contre  l’odieuse  oligarchie  qui  s'est 
emparée  de  la  France,  qui  l’exploite  et  qui  la  déshonore* 

Il  y  a  deux  ans,  nous  menions  ensemble  le  combat  contre  un  ministère  qui,  sciemment 
et  volontairement,  gouvernait  contre  le  sentiment  de  la  nation* 

Ce  ministère,  produit  hybride  du  conservatisme  maçonnique  et  du  collectivisme  révo¬ 
lutionnaire,  est  toujours  au  pouvoir,  et  sa  politique,  néfaste  pour  la  France,  dangereuse  pour 
îa  République,  est  restée  la  même* 

C'est  contre  cette  politique,  mes  chers  Concitoyens,  que  je  vous  convie  à  protester  sur 
mon  nom* 

Comme  moi,  vous  ne  voulez  certainement  plus  d’un  gouvernement  qui  viole  toutes  les 
libertés  inscrites  depuis  un  siècle  dans  la  Déclaration  des  Droits  de  l’homme; 

Détruit  notre  industrie  et  notre  commerce  en  excitant  les  travailleurs  à  des  grèves  qu’il 
réprime  ensuite  à  coups  de  fusils  ; 

À  installé  le  déficit  permanent  dans  nos  finances  ; 

Désorganise  notre  armée  nationale; 

Laisse  outrager  le  drapeau  tricolore  ; 

  fait  de  la  justice  la  servante  de  sa  politique; 

Proscrit  d’honnôtes  gens  et  de  bons  Français  pour  mieux  assurer  le  pouvoir  des  crimi¬ 
nels  ou  des  fous  installés  dans  les  ministères* 

Comme  moi,  vous  voulez,  non  plus  la  parodie  de  République  dont  oo  leurre  notre  démo¬ 
cratie  française,  mais  une  République  véritable  — -  probe,  libérale  et  patriote* 

Avec  la  force  irrésistible  que  donnera  aux  élus  nationalistes  la  grande  manifestation 
populaire  qui  se  prépare,  d'un  bout  à  l’autre  du  pays,  le  27  avril  prochain,  nous  exigerons 
des  Chambres  : 

La  révision  de  la  Constitution  de  1875,  à  l’abri  de  laquelle  s’est  établie  une  désastreuse 
confusion  de  pouvoirs,  et  qu’il  est  nécessaire  de  modifier,  ne  serait-ce  que  pour  réserver  au 
Gouvernement  seul,  —  selon  la  formule  de  M.  Jules  Roche  —  le  droit  de  proposer,  directe¬ 
ment  ou  indirectement,  des  dépenses  ou  des  lois  entraînant  des  dépenses; 

Une  politique  de  rigoureuses  économies,  de  manière  à  rétablir  l’équilibre  de  nos  bud¬ 
gets  et  à  éviter  la  banqueroute  menaçante  ; 

Le  respect  intégral  et  absolu  —  dans  les  lois  et  dans  les  actes  de  l’autorité  administra¬ 
tive  —  de  la  liberté  de  conscience,  de  îa  liberté  d’association,  de  la  liberté  de  renseigne¬ 
ment,  violées  par  le  cléricalisme  maçonnique* 

La  nécessaire  réorganisation  de  l’armée  et  la  cessation  des  abominables  campagnes 
menées  contre  le  drapeau  et  contre  l’idée  de  patrie. 

L’amélioration  économique  et  sociale  du  sort  des  travailleurs  —  non  pas  par  de  vaines 
promesses  ou  par  de  dangereux  et  chimériques  projets  législatifs  —  mais,  pratiquement, 
par  l’extension  de  la  personnalité  civile  des  syndicats  professionnels,  et  le  développement 
des  associations  mutualistes. 

C’est  ce  programme  républicain,  démocratique,  libéral  et  nationaliste,  que  je  vous 
demande,  mes  chers  Concitoyens,  de  m’aider  à  faire  triompher  le  27  avril. 

C’est  autour  de  ce  programme  que  nous  espérons  grouper  toutes  les  bonnes  volontés, 
qu’ont  égarées  momentanément  les  mensonges  de  sectaires  hypocrites  ou  de  politiciens 
plus  habiles  à  servir  leurs  intérêts  personnels  que  les  intérêts  publics. 

C’est  par  la  réalisation  de  ce  programme  que  nous  ferons  la  République  inébranlable, 
et  que  nous  rendrons  à  la  France  sa  prospérité  matérielle  et  sa  splendeur  morale* 

Vive  Paris!  Vive  la  France!  Vive  la  République! 

Maurice  SPRONCK 
Conseil  1er  municipal* 


—  769  — 


N*  1162 


Fédération  des  Comités  Mpubltcàins  et  nationalistes 
La  question  du  gaz. 


Chers  Concitoyens, 

La  campagne  électorale  est  ouverte.  Avant  que  ia  mêlée  s’engage,  nous  croyons 
devoir  appeler  votre  attention  sur  un  fait  qui,  en  dehors  de  toute  préoccupation  de  parti  est 
de  nature  à  dicter  votre  attitude  au  prochain  scrutin. 

La  Chambre  qui  vient  de  finir  n’a  pas  même  été  capable,  avant  de  terminer  son  man- 
rjat,  de  ratifier  le  traité  passé  par  le  Conseil  municipal  de  Paris  avec  la  Compagnie  du  gaz. 

A  tous  ses  méfaits,  elle  a  ajouté  celui  de  retarder  pour  nous  le  bénéfice  d’un  abaisse¬ 
ment  de  prix  de  10  centimes  par  mètre  cube,  expressément  stipulé  dans  le  contrat  dont 
notre  conseiller,  le  citoyen  Maurice  Spronck,  a  été  le  victorieux  rapporteur. 

Au  lieu  de  s’en  tenir  à  l’examen  du  projet,  il  s’est  trouvé,  sur  les  bancs  de  cette  majo¬ 
rité  que  les  souvenirs  du  Panama  auraient  dû  rendre  plus  prudente  —  on  ne  parle  pas  de 
corde  dans  la  maison  d’un  pendu  —  il  s’est  trouvé  des  «  révolutionnaires  ministériels  » 
pour  lancer  contre  nos  amis  du  Conseil  municipal,  et  sans  les  étayer  de  la  moindre  des 
preuves,  la  plus  odieuse  des  insinuations  et  la  plus  stupide  des  calomnies.  Et  comme  cela 
neût  pas  suffi,  ils  ont  essayé  de  mettre  en  conflit  Paris  et  la  province  et  ont  effrayé  quelques 
braves  gens  par  la  crainte  de  responsabilités  imaginaires. 

Le  pi  oj et  est  donc  resté  en  suspens,  et  c’est  nous  tous,  commerçants  grands  ou  petits 
Quvners  ou  patrons,  qui  sommes  les  victimes  de  cet  avortement. 

Nous  nous  souviendrons  de  cette  nouvelle  méconnaissance  des  droits  de  Paris,  de  ce 
nouvel  obstacle  apporté  à  nos  revendications  les  plus  légitimes,  de  ce  nouveau  dommage 
cause  a  nos  intérêts.  8 

Ceux  qui  ont  su  créer  le  déficit  permanent  dans  les  finances  de  l’État  et  alourdir  encore 
votie  feuille  de  contributions  —  déjà  si  pesante  —  n’ont  seulement  pas  su  achever  la 
esogne  qui  leur  avait  été  préparée  à  l’ÏIôtel  de  Ville;  ils  n’ont  pas  su  ou  ils  n'ont  pas  voulu 
voter  le  dégrèvement  que  le  citoyen  Maurice  Spronck  et  ses  collègues  avaient  obtenu. 

Contre  de  tels  actes,  nous  avons  heureusement  un  moven  de  protestation  irrésistible  • 
notrejbulletin  de  vote. 

Nous  voterons  donc,  et  vous  volerez  avec  nous,  chers  Concitoyens,  pour  l’honnête 
Homme,  pour  le  travailleur  qu’est  Maurice  Spronck. 

Nous  l’enverrons  porter  au  Palais-Bourbon  nos  revendications.  Nous  le  déléguerons 
pour  reclamer  à  la  Chambre  le  gaz  à  20  centimes  qu’il  nous  a  déjà  acquis  à  l’Hôtel  de  Ville 

Nous  protesterons  sur  son  nom  contre  les  politiciens  sans  honneur  et  sans  scrupules 
qui  nous  trompent,  nous  exploitent,  nous  ruinent. 

Au  nom  de  vos  droits  municipaux  lésés,  au  nom  de  la  sauvegarde  de  vos  intérêts  les 
ps  immédiats  et  les  pins  précieux,  vous  protesterez  avec  nous,  chers  Concitoyens,  et  vous 
noterez  pour  Maurice  Spronck. 


Pour  la  Commission  exécutive  : 

(Suivent  les  signatures.) 


97 


Ü  V 


_  770  — 

lrü  circonscription  du  8°  arrondissement  de  PARIS 
M.  Denys  COCHIN 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  7.303  voix. 


Messieurs  les  Électeurs, 

Dans  quatre  réunions  successives,  auxquelles  vous  avez  tous  été  convies,  je  vous  ai 

rendu  compte  de  mon  mandat.  ,  , 

Fort  de  l’approbation  que  j’ai  reçue,  je  viens  pour  la  troisième  fois  solliciter  vos  suf- 

D  J’ai  combattu  sans  relâche,  par  mes  interpellations  et  par  mes  votes,  un  ministère  de 
coalition  où,  pour  la  première  fois,  le  collectivisme  était  représenté.  La  défense  républi- 
caine,  tout  le  monde  Va  compris,  n’était  pour  cette  coalition  qu’un  vain  pretexte,  cai  1  exis¬ 
tence  de  la  République  était  moins  que  jamais  en  question.  ,  . 

Le  véritable  objet  de  cette  coalition,  c’était  le  retour  à  la  politique  sectaire  et  radicale, 
dont  les  efforts  des  libéraux  avaient  depuis  quelque  temps  entravé  la  marche. 

Cette  politique  a  aussitôt  porté  ses  fruits  :  augmentation  des  charges  fiscales,  désordre 

et  déficit  dans  le  budget. 

Injures,  attaques,  mesures  de  suspicion  contre  l’armée. 

Liberté  d’association  proclamée,  mais  exception  faite  contre  les  associations  qui  ont  le 
malheur  de  déplaire. 

Menaces  et  commencement  d'exécution  contre  Renseignement  libre. 

D’autres  projets,  particulièrement  ruineux  pour  l’industrie  parisienne,  sont  en  réserve 
et  déjà  déposés  par  le  Gouvernement  :  Rimpôt  sur  le  revenu  avec  déclaration,  1  arbitrage 
obligatoire  dans  les  grèves. 

Messieurs  les  Electeurs, 

Si  vous  renouvelez  mon  mandat,  après  douze  ans  passés  au  Conseil  municipal  et  huit 
ans  à  la  Chambre,  vous  trouverez  encore  en  moi  un  Parisien,  de  lait  et  de  cœur,  un  J  «a 
de  conviction  et,  j’ose  le  dire,  un  patriote  ayant  l’ardent  désir  de  travailler  dans  la  mes 
de  ses  forces,  à  la  grandeur  de  son  pays  au  dedans  et  au  dehors,  en  un  mot,  un  advoisair 
déclaré  de  la  politique  du  ministère  actuel. 

Dcnys  COCHIN ,  Député  sortant. 


%  circonscription  du  S*1  arrondissement  de  PARIS 
M.  MAUR1CE-BINDER 
Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  3,902  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Au  moment  où,  pour  la  septième  fois,  je  viens  solliciter  vos  libres  suffrages,  vous 
n’attendez  de  moi,  je  le  sais,  ni  grands  mots,  ni  longues  phrases.  . 

Depuis  1834,  les  témoignages  répétés  de  votre  fidélité  m’ont  d’ailleurs  prouve  q 


„  7  71  —  N°  4162 

i'ftais  resté  digne  de  votre  confiance,  et  vous  avez  compris  que  vingt  années  passées  à 
défendre  vos  droits  et  vos  intérêts  valaient  mieux  que  les  plus  belles  et  les  plus  pompeuses 

'  r0  Au  surplus  Messieurs,  ne  serait-ce  pas  singulièrement  rabaisser  le  caractère  de  la 
Inlte  prochaine  que  d’en  faire  une  question  de  personnes,  alors  qu’il  s’agit  pour  tous  les 
bons  Français  de  se  grouper  dans  une  patriotique  action  et  d’arracher  notre  cher  pays  aux 
mains  sacrilèges  de  ceux  qui  ont  tenté  de  porter  atteinte  à  ses  traditions  séculaires  de  patrie 

0t  ^Les  élections  prochaines  n’ont  à  mettre  en  cause  ni  i’étiquelte  ni  la  forme  du  gouverne¬ 
ment,  et  j’entends  placer  ma  candidature  sur  le  seul  terrain  où  la  gravité  des  événements 
doit  mettre  face  à  face  candidats  et  électeurs. 

Êtes-vous  les  partisans  du  Ministère  actuel? 

Entendez-vous  le  laisser  plus  longtemps  continuer  son  œuvre  néfaste  de  désorgani¬ 
sation  de  l’armée,  de  scandaleux  déficits  et  d’attentats  à  toutes  nosdibertés,  contre  laquelle 
nos  adversaires  n’ont  pas  seulement  trouvé  une  parole  de  protestation  ? 

Si  oui,  votez  contre  moi.  , 

Pensez-vous,  au  contraire,  qu’il  est  temps  de  mettre  un  terme  a  1  odœuse  campagne 
(Poutrages  et  de  basses  délations  dirigée  contre  la  drapeau  et  contre  nos  cliefs  militaires  les 

plus  respectés  ?  ,  .  , 

Crovez-vous,  contribuables  molestes  ou  aisés,  commerçants  traques  et  ruines,  que 

l’heure  est  venue  de  secouer  le  joug  dégradant  de  ceux  qui  vous  écrasent  chaque  jour,  sous 

le  poids  de  taxes  et  d’impôts  iniques?  _ 

Êtes-vous  édifiés,  ouvriers  et  travailleurs,  sur  le  compte  de  ces  sinistres  politiciens 
qui,  après  vous  avoir  si  longtemps  bernés,  vous  exposent  sans  pitié  à  d’incessants  et  dou¬ 
loureux  chômages? 

Vous  enfin,  serviteurs,  qui  savez,  malgré  les  efforts  tentes  pour  travestir  mes  votes, 
que  je  veux  avec  vous  une  sévère  réglementation  des  bureaux  de  placement,  en  attendant  la 
fonctionnement  régulier  des  bureaux  gratuits,  est-ce  donc  sans  angoisse,  en  voyant  tant  de 
gens  forcés  de  se  réduire,  que  vous  pouvez  envisager  voire  sombre  lendemain  ? 

Et  si  tous  alors,  pénétrés  d’un  même  sentiment  d’indignation,  vous  êtes  résolus  à  vous 
débarrasser  coûte  que  coûte  de  l’oppression  tyrannique  d’un  syndicat  de  sectaires,  de  francs- 
maçons  et  de  renégats, 

Votez  pour  moi.  +  , 

Partisan  de  la  souveraineté  nationale,  respectueux  de  toutes  les  convictions  religieuses 
quand  elles  sont  loyalement  pratiquées,  m’adressant  indistinctement  aux  honnêtes  gens  de 
tous  les  partis,  je  u’ni  pas  à  vous  rappeler,  mes  chers  Concitoyens,  que  c’est  tout  à  la  fois 
votre  propre  délivrance  et  le  salut  de  notre  bien-aimé  pays  qui  font  l’enjeu  des  élections 

prochaines.  _  .  . 

Votre  patriotisme  est  désormais  fixé,  et,  le  27  avril,  j’en  ai  la  conviction,  marquera,  au 
cri  de  :  Vive  la  France!  Vive  l’année!  une  nouvelle  et  triomphale  victoire  de  nos  idées  de 
ustice,  de  progrès,  de  tolérance  et  de  liberté  religieuse. 

Veuillez,  en  attendant,  recevoir  l’assurance  des  sentiments  reconnaissanls  et  dévoués 

De  votre  ami,  de  votre  député. 


MAURICE-BINÛER. 


772  - 


i 

l1*’  circonscription  du  9'  arrondissement  de  PARIS 


M.  Georges  BERRY 


Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  5.704  voix. 


Chers  Concitoyens, 

Depuis  dix-huit  ans,  j’ai  l’honneur  d’être  un  dos  élus  du  9°  arrondissement  soit 
comme  Conseiller  municipal  du  quartier  de  la  Chaussée-d'Antin,  soit  comme  Député’de  la 
T'  circonscription. 

Je  n'ai  donc  pas  à  me  présenter  à  vous,  vous  savez  de  quelle  façon  j'ai  rempli  les 
mandats  successifs  que  vous  m'avez  confiés. 

Pendant  cette  dernière  législature,  ma  préoccupation  constante  a  été  de  combattre  un 

Ministère  qui  n’a  jamais  servi  les  intérêts  de  la  France  et  qui  a  toujours  été  hostile 
a  Paris. 

Je  l’ai  dénoncé  à  la  Chambre  et  au  pays,  quand  i!  a  tenté  de  réhabiliter  le  traître 
Dreyfus. 

,  Je  1>ai  déauncé  de  nouveau  quand  le  Ministre  de  la  Marine  a  facilité  la  fuite  d’un  autre 
traître,  Jude  Philipp,  qui  avait  offert  à  l’Angleterre  de  lui  vendre  des  pièces  secrètes 
concernant  la  défense  de  cette  vaillante  petiie  République  du  Transvaal. 

Jed’ai  dénoncé  encore  quand  le  Ministre  du  Commerce,  au  détriment  des  exposants 
et  de  1  Exposition  elle-même,  a  ouvert  les  portes  de  cette  exposition  avant  quelle  fût 
achevée,  et  quand  il  a  nommé  comme  jurés  français  des  étrangers  et  des  condamnés  de 
droit  commun. 

,  .  J®  J’at  dènoncé>  enfin>  toutes  les  fois  qu’il  a  porté  atteinte  à  la  liberté  de  conscience, 
a  la  liberté  d  enseignement,  à  la  liberté  d’association,  à  ces  libertés  si  chèrement  acquises 
par  nos  pères  R  y  a  cent  ans. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Je  voudrais  vous  donner  la  liste  de  tous  mes  travaux,  pendant  cette  législature,  mais 
cela  m  est  impossible  dans  une  seule  affiche. 

D'ailleurs,  les  commerçants  savent  ce  que  j’ai  fait  pour  la  réforme  des  patentes  et 
pour  soumettre  au  droit  commun  les  sociétés  coopératives  de  consommation. 

Les  Prévoyants  de  l’avenir  n’ignorent  pas  quelle  part  j'ai  prise  à  la  défense  de  leurs 
libertés  j 


-  773  —  N*  1162 

Les  employés,  ouvriers  et  gens  de  maison  se  souviennent  certainement  de  îa  loi  que 
j’ai  fait  voter  à  la  Chambre  au  sujet  des  bureaux  de  placement* 

Les  travailleurs  se  rappellent  le  vote  que  j'ai  obtenu  de  mes  collègues  et  qui  a  consacré 
le  principe  du  repos  hebdomadaire* 

Les  contribuables,  dont  1  impôt  personnel  et  mobilier  avait  été  augmenté  par  suite 
de  Famé n dement  Le  Moigue,  n’ont-ils  pas  été  dégrevés  par  Pamendement  Berry,  que  le 
Parlement  a  adopté  ? 

Enfin,  les  consommateurs  du  gaz,  à  Paris,  ne  peuvent  encore  avoir  oublié  mes 
efforts  réitérés  pour  faire  abaisser  avant  la  fin  de  la  législature  le  prix  du  gaz  à 
20  centimes. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Je  ne  veux  pas  insister. 

Je  m’efforcerai  d'être  dans  Fa  venir  le  mandataire  que  fai  été  dans  le  passé  : 
Un  défenseur  de  toutes  les  libertés* 

Un  défenseur  des  droits  et  des  intérêts  de  Paris. 

Un  adversaire  résolu  des  cosmopolites  et  des  a  ntl-Français. 

Vive  la  France  ! 

Vive  la  République  nationale  1 


Georges  BERRY. 


2e  circonscription  du  9°  arrondissement  de  PARIS 
M.  Georges  BERGER 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  6,437  voix* 


Aucun  document  concernant  cette  élection  n'est  encore  parvenu  à  la  Commission* 


—  774 


1T*  circonscription  du  10e  arrondissement  de  PARIS 

■M.  Gabriel  1QNVA10T 
Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  7,928  vois. 


.Comité  républicain  libéral  antiministériel. 
Déclaration, 


Citoyens* 

Un  groupe  d’êlecteurs  de  votre  circonscription  est  venu  m’offrir  la  candidature  aux 
élections  législatives.  Bien  que  m'étant  toujours  tenu  à  l’écart  des  luttes  politiques,  j’ai 
accepté,  voyant  là  une  nouvelle  occasion  de  me  rendre  utile  à  mon  pays. 

Nous  avons  tous  obéi  aux  mômes  sentiments  :  nous  voulons  retirer  la  direction  des 
affaires  du  pays  aux  politiciens  et  substituer  une  politique  nationale  à  la  politique  do  partis 
et  d’intérêts  particuliers. 

Mon  programme  sera  celui  d’un  homme  d’action  et  incapable  de  vous  promettre 
l’impossible. 

U  souffle,  en  ce  moment,  un  vent  d’intolérance  qui  nous  ramène  en  arrière. 

Dans  leur  aveuglement,  momentané,  je  l'espère,  certains  républicains  oublient  leurs 
programmes  d’autrefois  où  étaient  inscrites  la  liberté  de  conscience,  la  liberté  d'enseigne¬ 
ment,  la  liberté  d'association  et  l’égalité  de  tous  devant  la  loi.  Ils  oublient  que  sans  la 
liberté  aucune  République  ne  peut  vivre,  car,  faute  des  libertés  nécessaires,  les  minorités 
sont  opprimées  par  les  majorités,  et  les  minorités  dont  on  ne  respecte  pas  les  droits 
cherchent  un  sauveur. 

Nous  n’avons  pas  besoin  de  sauveur.  Il  vaut  mieux  introduire  définitivement  dans  nos 
mœurs  et  dans  la  Constitution  les  libertés  nécessaires. 

Finances,  —  En  môme  temps  nous  assistons  au  gaspillage  de  nos  finances.  Tous  les 
jours  les  impôts  augmentent,  et  cependant  le  déficit  devient  de  plus  en  plus  considérable, 
G’est  que  vos  députés  ne  défendent  pas  votre  bourse  et  qu’ils  prennent  l'initiative  des 
dépenses,  souvent  inutiles,  sans  avoir  assuré  des  recettes  suffisantes. 

11  faut  enlever  au  Parlement  le  droit  de  proposer  des  dépenses,  qui  ne  doit  appartenir 
qu’aux  Ministres, 

Il  faut  songer  aux  économies  ! 

11  faut  des  fonctionnaires  moins  nombreux,  simplifier  le  mode  de  perception  des  impôts 
et  diminuer  aussi  les  frais  de  recouvre  ment.  11  faut  des  colonies  administrées  par  une 
élite  et  non  envahies  par  des  fonctionnaires  inutiles  qui  coûtent  très  cher  à  la  métropole. 
En  un  mot,  il  faut  écheniller  le  budget. 

Internationalisme.  —  Armée.  —  ïf  faut  lutter  contre  un  humanitarisme  vague  et 
louche  qui  me  paraît  être  l’avant-garde  de  l’internationalisme,  dont  la  France  ferait 
les  frais. 

Au  nom  de  cet  humanitarisme,  on  vous  invite  à  armer  des  peuples  étrangers  comme 
des  frères  ;  on  vous  conseille  de  vous  passer  d’une  armée  solidement  organisée  pour  la 
défense  de  la  frontière  ;  on  vous  insinue  que  fin  ter  nationalisme  est  l’extension  de  la  Patrie 
trop  étroite  et  vous  entendez  déjà  crier  :  A  bas  l’arm ée  !  ù  bas  le  drapeau  1 

C’est  comme  si  l’on  criait:  A  bas  la  France  !  Nous  devons  aimer  notre  pays  d’abord  et  les 
étrangers  ensuite*  Les  guerres  récentes  et  actuelles  vous  prouvent  que  ^internationalisme 


-  775 


IV  no.! 


, l’est  cta’anërêve  et  une  duperie.  Soyons  donc  unis,  ayons  une  armée  que  la  politique  ne 
désunisse  pas  comme  elle  désunit  les  civils  et  soyons  toujours  prêts  à  défendre  le  pays  de 

nos  nèros  et  nous  pourrons  continuer  notre  histoire. 

La  réduction  du  temps  du  service  militaire  est  possible.  Mais  il  faut  un  plus  grand 
nombre  d’officiers,  de  sous-officiers  et  une  forte  proportion  de  rengagés.  Si  vous  ne  voulez 
nas  paver  de  votre  personne,  vous  aurez  b  payer  de  nouveaux  impôts  très  considérables, 
ou  à  renoncer  à  conserver  l’indépendance  de  la  France.  11  faudra  donc  etudier  avec  soin 

cette  question  et  choisir.  , 

Réformes  sociales.  -  Un  rêve  hante  la  cervelle  de  certains  hommes  politiques;  il 
s’appelle  collectivisme  et  implique  la  suppression  de  la  propriété,  de  la  famille,  de  toutes 
les  libertés  et  de  la  Patrie  bien  entendu.  Il  fait  des  travailleurs  une  classe  a  part  qui  doit 
être  l’ennemie  du  reste  de  la  société.  11  veut  «  une  entente  et  une  action  internationales  des 
travailleurs  pour  la  conquête  du  pouvoir  et  la  transformation  de  la  société  capualiste  en 
société  collectiviste  ou  communiste  ».  Ce  serait  l’esclavage  1  .  .  ,  ,  , 

Le  résultat  le  plus  clair  de  cette  propagande  collectiviste  est  la  ruine  de  îiotre  industrie 

et  de  notre  commerce.  ±  .  .  ...  . 

A  la  place  de  ce  rêve,  je  propose  à  votre  bon  sens  l’entente  entre  ceux  qui  travai  c 

avec  leur  tête  et  ceux  qui  travaillent  avec  leurs  bras.  Je  vous  propose  de  tenter  1  améliora¬ 
tion  de  votre  sort  par  l’application  des  principes  de  mutualité.  Il  faut  étudier  seneuseroent 

le  système  des  retraites  et  des  assurances  mutuelles  contre  les  accidents,  le  chômage,  a 

vieillesse.  Des  syndicats  agricoles  sont  entrés  dans  cette  voie  et  de  bons  résultats  sont 

^Tfaut  que  les  travailleurs  arrivent  à  des  solutions  pratiques  avec  l'aide  des  gens 
dévoués  et  honnêtes,  en  usant  le  moins  possible  de  l’État  I  Que  l’aventure  des  «  Prévoyants 

de  l’avenir  »  serve  de  leçon  !  . , ,  , 

Au  lieu  de  créer  des  classes,  il  faut  que  tous,  patrons  et  ouvriers,  se  considéren 

comme  des  collaborateurs  ;que  les  uns  et  les  autres  fassent  des  concevons  :  on  ne  peut 
atténuer  les  difficultés  de  l’insoluble  question  sociale  qu’avec  de  la  honte,  de  la  justice  du 
cœur.  Ceux  qui  sèment  la  haine  et  la  colère  préparent  des  tempêtes  stériles,  ils  ne 
travaillent  pas  pour  le  bonheur  du  peuple,  ils  se  trompent  ou  ils  vous  trompent. 

Plus  de  politique  de  partis  1  Do  la  tolérance, 

Vive  la  Liberté  I 
Vive  la  France  ! 

Viva  la  République  ! 

Gabriel  BÜMVÀLÛT, 


2fi  circonscription  du  10e  arrondissement  de  PARIS 
M.  TOURNADE 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin*.—  7.0^0  voix» 


Aucun  document  concernant  cette  élection  n’est  encore  parvenu  à  la  Commission. 


lre  circonscription  du  11*>  arrondissement  de  PARIS 

M.  CONGY 

Élu  au  2'  tour  de  scrutin.  —  5.200  voix. 


Citoyens, 

J’ai  l’honneur  de  présenter  à  vos  suffrages  ma  candidature  républicaine,  socialiste  et 
patriote. 

Républicain,  je  veux  que  la  République  soit  le  gouvernement  de  tous  par  tous;  que  la 
volonté  de  la  Nation  soit  respectée  et  que  notre  pays  ne  soit  pas  la  proie  d’une  minorité  de 
sectaires  qui  la  ruinent  et  Rabaissent  devant  l’étranger. 

Socialiste,  je  veux  que,  dans  la  liberté,  le.  prolétaire  puisse  travailler  en  paix  à  soa 
émancipation  sociale,  par  sa  participation  aux  œuvres  de  mutualité  et  de  prévoyance,  et  par 
la  création  de  syndicats  corporatifs  de  production. 

Je  favoriserai  de  tous  mes  efforts  toutes  les  institutions  sociales  qui  auront  pour  effet 
de  mettre  le  monde  du  travail  en  possession  du  capital  et  d’apporter,  à  la  classe  la  plus 
nombreuse  et  la  plus  intéressante,  une  amélioration  à  sou  sort,  sans  révolution  ni  violence. 

Nationaliste  et  patriote,  je  veux  que  le  travail  national  soit  protégé  contre  l’envahisse¬ 
ment  de  la  main-d’œuvre  étrangère;  je  veux  que  l’armée,  gardienne  vigilante  de  nos  fron¬ 
tières,  mise  à  l’abn  des  tentatives  de  désagrégation  de  tous  les  politiciens  cosmopolites, 
soit  la  sauvegarde  de  la  Nation. 


Programme  politique. 

Amnistie  pleine  et  entière  pour  faits  politiques  et  connexes* 

Révision  de  la  Constitution  par  une  Constituante  élue  par  le  Peuple.  Élection  du  Prési¬ 
dent  de  la  République  par  un  collège  spécial  nommé  par  le  Suffrage  universel  en  dehors 
des  Chambres  (système  en  vigueur  depuis  plus  d’un  siècle  dans  la  République  américaine). 
Vote  obligatoire*  7 

Élection  des  députés  au  scrutin  de  liste  avec  représentation  proportionnelle*  Recon¬ 
naissance  au  suffrage  universel  du  droit  de  prononcer  îa  déchéance  de  Péïu  qui  a  trahi 
son  mandat* 

Liberté  entière  dissociation  et  de  presse. 

Délits  de  presse  et  de  réunion  déférés  au  jury* 

Liberté  de  conscience  et  d’enseignement* 

Séparation  des  Églises  et  de  PJÉtat. 

Suppression  du  budget  des  cultes* 

Referendum  populaire  obligatoire  pour  : 

l”  Les  lois  qui,  engageant  fortement  les  finances  du  Pays,  peuvent  atteindre  gravement 
sa  vie  économique  ; 

2  Les  lois,  qui,  en  modifiant  profondément  son  organisation  politique  et  sociale,  peu- 

\eüll  eDtrete"ir  une  agitation  susceptible  de  le  diviser  et  d’affaiblir  sa  puissance  en  regard 
de  1  etranger,  (Comme  cela  se  pratique  en  Suisse.) 

Réduction,  au  minimum  possible,  du  service  militaire,  égal  pour  tous,  à  charge  par 
1  Etat  de  subvenir  a  l’entretien  des  familles  pauvres. 

*  ]d0  ,rife  de  Pa1rie’  du  territoire  national  et  de  l’indépendance  de  l’État, 

contre  toutes  les  ingérences  cosmopolites,  maçonniques,  cléricales  ou  autres. 


—  777  — 


N°  4162 


Retour  delà  Ville  de  Paris  au  droit  commun* 
Application  de  la  loi  sur  les  accaparements* 


Programme  économique  et  social* 


Impôt  progressif  sur  le  revenu  avec  dégrèvement  à  la  base* 
Impôt  sur  le  capital  ;  révision  de  la  loi  sur  les  successions. 
Réforme  de  la  loi  sur  les  patentes* 


Établissement  d'une  patente  sur  les  fonctionnaires* 

Protection  du  commerce  et  du  travail  national, 

Réforme  du  code  cie  procédure  et  du  code  de  justice  militaire* 

Exécution  des  grands  travaux  par  l'Industrie  privée* 

Réduction  du  nombre  des  fonctionnaires  par  la  décentralisation  administrative  et  par 
voie  d'extinction. 

Interdiction  à  l’État  d’aliéner  toute  propriété  nationale. 

Application,  aux  employés  comme  aux  ouvriers,  de  la  juridiction  des  prud’hommes* 
Di ini nation  des  frais  de  justice* 

Yole  de  la  loi  permettant  de  réaliser  rabaissement  immédiat  du  prix  du  gaz  a  £Q  cen¬ 
times* 

Réforme  de  la  loi  sur  les  accidents  du  travail* 

Réforme  de  la  loi  sur  les  Sociétés  de  secours  mutuels. 

Loi  assurant  les  travailleurs  contre  la  maladie,  la  vieillesse  et  l'invalidité,  avec  le 
concours  des  sociétés  de  secours  mutuels  ou  de  prévoyance,  taxe  sur  les  ouvriers  étrangers* 
Création  de  caisses  régionales  de  retraites  autonomes  fonctionnant  en  dehors  de  PÉtat* 
Droit  de  vote  et  d'éligibilité  de  tous  les  travailleurs  aux  Conseils  du  travail  (sous  toutes 
réserves  de  l’utilité  de  ces  Conseils)* 

Participation  des  travailleurs  aux  bénéfices* 

Création  de  syndicats  corporatifs  de  production* 


Électeurs! 


C’est  ce  programme  d'union  et  de  solidarité  sociale,  de  grandeur  nationale,  que  je  viens 
défendre  : 

Contre  les  dreyfusards  honteux,  qui,  n'osant  plus  afficher  leur  solidarité  avec  un  traître 
trois  fois  justement  et  légalement  condamné,  vont  essayer  de  capter  vos  suffrages  sous 
prétexte  de  défense  républicaine  ; 

Contre  le  pseudo-révolutionnaire  qui,  en  leurrant  les  ouvriers  par  des  théories  vides  et 
décevantes,  en  semant  la  division  dans  leurs  rangs  par  des  manœuvres  équivoques,  n'a 
réussi  qu’a  devenir  patron,  propriétaire  foncier,  et  surtout  à  retarder,  au  profit  du  gros 
capitalisme  oppresseur,  rémancipation  sociale  du  prolétariat* 

C?est  à  tous  les  bons  Citoyens  que  je  fais  appel  pour  le  faire  triompher  le  27  avril 
prochain* 

Vive  la  République  II! 


Albert  CÛNGY, 

Candidat  de  l’Ünion  des  Groupes  Républicains 
Socialistes  Patriotes* 


2°  circonscription  do  11e  arrondissement  de  PARIS 


M.  LOCKROY 

Élu  au  tour  de  scrutin.  —  9.055  voix. 


Union  Républicaine  Socialiste, 

PROGRAMME. 

Paj'tîe  politique. 

1*  —  Révision  de  la  Constitution  dans  tm  sons  républicain  socialiste. 

2.  —  Suppression  du  Sénat. 

3.  —  Assemblée  unique  et  permanente,  nommée  pour  six  ans  et  renouvelable  par  tiers, 
tous  les  deux  ans,  sur  toute  l'étendue  du  territoire  français. 

ft.  —  Suppression  du  septennat,  le  Président  de  la  République  élu  pour  quatre  ans  et 
rêéligible  qu'après  un  intervalle  de  quatre  années, 

5.  —  Augmentation  de  la  force  de  l'armée  par  le  service  de  deux  ans,  sans  dispenses 
d’aucune  sorte.  Organisation  plus  sérieuse  de  la  défense  nationale  sur  mer  et  sur  terre, 

6.  —  Interdiction  du  cumul  des  fonctions  publiques  et  électives.  Incompatibilité  avec 
tontes  administrations  de  société  financière. 

7.  —  Rétribution  de  toutes  fonctions  électives,  —  Réduction  du  personnel  adminis¬ 
tratif.  —  Augmentation  du  traitement  du  petit  personnel, 

8.  —  Dénonciation  du  Concordat.  —  Suppression  du  budget  des  Cultes,  en  affectant  les 
fonds  en  provenant  à  la  création  de  maisons  de  retraites  ou  de  pensions  viagères  pour  les 
vieillards  et  les  citoyens  incapables  de  travailler.  Retour  à  la  Nation  des  biens  dits  de 
mainmorte. 

9.  —  Révision  égalitaire  des  codes.  —  Justice  gratuite.  —  Réparation  morale  et  pécu¬ 
niaire  aux  victimes  des  erreurs  judiciaires  et  de  police. 

10. .  —  Reconnaissance  des  droits  civils  de  la  femme.  —  Suppression  des  monopoles 
judiciaires  (avoués,  notaires,  etc.).  —  Décentralisation  financière  et  administrative.  — 
Autonomie  communale. 

Partie  économique . 

1.  —  Réforme  des  impôts,  —  Suppression  des  octrois  et  des  taxes  de  consommation, 
—  Révision  de  la  loi  sur  les  boissons.  —  Suppression  du  privilège  des  bouilleurs  de  cru,  — 
Impôt  progressif  sur  le  revenu  ou  le  capital. 

2.  —  Suppression  de  l’héritage  en  ligne  collatérale  jusqu’au  quatrième  degré. 

3.  —  Réduction  graduelle  de  la  Dette  publique  et  interdiction  de  nouveaux  emprunts. 

k- — Organisation  du  crédit  aux  travailleurs.  —  Réorganisation  de  la  Banque  de 

France. 

5.  —  Résiliation  de  tous  les  contrats  ayant  aliéné  la  propriété  publique,  —  Exploitation 
directe  par  l’État  des  mines,  canaux,  chemins  de  fer,  etc. 

6.  —  Révision  des  tarifs  douaniers. 


—  77!)  — 


3Nn  11 62 


lr0  circonscription  du  12”  arrondissement  de  PARIS 

M.  MILLER AND 

* 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  5,683  voix. 


Aux  Électeurs, 

i 

Citoyens, 

Le  vote  que  vous  émettrez  le  27  avril  aura  une  double  signification  ;  il  sera  une  appré¬ 
ciation  du  passé  et  une  indication  pour  l’avenir. 

Certain  de  n’avoir  jamais  considéré  que  Tintérêt  supérieur  de  la  République  et  d’être 
invariablement  demeuré  fidèle  au  contrat  que  nous  avons  passé  en  1889,  et  deux  fois  déjà 
renouvelé,  j’attends,  en  toute  sécurité,  sur  la  conduite  que  j'ai  tenue,  le  jugement  d'élec¬ 
teurs  que  je  connais  et  qui,  depuis  douze  ans  passés,  ont  appris  à  me  connaître. 

Ce  sera  l'honneur  de  ma  vte  d’avoir  été  appelé,  aux  côtés  de  Phomme  d’État  dont  le 
parti  républicain  est  si  justement  fier,  à  servir  à  l'œuvre  de  défense  et  d’action  républi¬ 
caines  qui  a  rempli,  depuis  le  25  juin  1899,  l’histoire  de  ce  pays. 

Une  faiblesse  prolongée  avait  encouragé  les  conspirations  et  ranimé  des  espérances 
factieuses.  Quelques  mois  ont  suffi  pour  donner  au  pays  la  conscience  qu'il  avait  à  sa  tête 
nu  Gouverne  ment. 

Des  services  rendus  par  ce  Ministère,  le  moindre  n’est  pas  sans  doute  d’avoir  renoué 
les  traditions  de  notre  parti.  Si  le  Cabinet  Waldeek>Rousseau  a  duré,  s’il  a  su  constituer  et 
maintenir  une  majorité,  c’est  qu’il  a  agi.  Tous  les  grands  intérêts  nationaux  ont  trouvé  en 
lui  un  serviteur  avisé  et  actif  i  ia  loi  sur  la  marine  marchande,  le  projet  de  grands  travaux 
publics,  au  vote  et  à  la  préparation  desquels  j'ai  eu  une  part,  en  sont  deux  preuves  entre 
tant  d’autres. 

]\je  promettant  que  ce  qu’il  était  en  mesure  de  tenir,  notre  Ministère  a  dégagé  la  parole 
des  Cabinets  précédents,  en  faisant  aboutir  des  réformes  inscrites  depuis  plusieurs  législa¬ 
tures  à  Tordre  du  jour  du  Parlement.  Il  a  prisTiniLiative  de  lois  politiques  et  sociales,  comme 
la  loi  sur  les  associations,  dont  les  événements  avaient  démontré  1  urgence. 

Il  a  estimé  que  le  plus  sur  moyeu  de  détourner  le  peuple  des  pièges  qui  lui  étaient 
tendus,  c’était  de  lui  prouver  par  des  actes  la  sollicitude  efficace  du  Gouvernement  de  la 
République  pour  l’amélioration  de  son  sort. 

Ministre  du  Commerce,  ayant  dans  mes  attributions  les  organes  administratifs  du  Tra¬ 
vail,  de  T  Assurance  et  de  la  Prévoyance  sociales,  érigés  par  mes  soins  en  deux  directions, 
l’honneur  et  la  charge  m’incombèrent  particulièrement  de  toutes  les  mesures  —  lois,  dé¬ 
crets;  règlements,  circulaires  —  destinées  à  améliorer  la  condition  des  travailleurs,  à  pré* 
venir  ou  à  atténuer  les  risques  quotidiens  dont  ils  sont  menacés. 

Pour  accomplir  cette  tâche,  je  n’ai  eu  qu’à  mettre  en  œuvre  les  idées  que  vous  m’avez 
si  souvent  entendu  développer.  Permis  à  des  adversaires  de  reprocher  à  votre  élu,  à  coup 
d’injures  grossières  ou  d’insinuations  laborieusement  limées,  d’avoir  modifié  au  pouvoir 
son  attitude  et  ses  conceptions.  Ce  n’est  pas  à  vous  qu’il  est  nécessaire  de  démontrer  la 
fausseté  et  la  niaiserie  de  ces  accusations. 

Républicain  socialiste,  je  me  présentais  à  cette  circonscription  en  1889,  républicain 
socialiste  je  me  représente  devant  die  en  1902. 

Aujourd’hui  comme  alors,  je  suis  l’adversaire  résolu  de  tous  les  moyens  violents,  depuis 
la  propagande  par  le  fait  jusqu’à  la  grève  générale,  dont  je  dénonçais,  dans  nos  réunions 


—  780  — 


électorales  de  1889,  les  périlleuses  illusions.  Aujourd’hui  comme  alors,  je  suis  le  partisan 
convaincu  de  la  méthode  réformiste  appliquée  à  préparer  et  à  rapprocher  l’avènement  de 
de  notre  idéal  de  bonté,  de  justice  et  de  liberté  par  l'abolition  méthodique  et  suivie  des  ini¬ 
quités  et  des  servitudes  du  présent. 

Ce  n’est  pas  hier,  c’est  en  1893,  que  j’indiquais  au  parti  socialiste  son  devoir  de 
placer  au  premier  rang  de  ses  préoccupations  le  souci  de  notre  politique  extérieure  et  de 
nos  alliances.  Ce  n'est  pas  hier,  c’est  en  1896,  que  je  lui  montrais  son  arrivée  au  pouvoir 
comme  îa  conclusion  naturelle  de  ses  efforts  et  de  sa  tactique.  La  participation  du  parti 
socialiste  au  Gouvernement  peut  troubler  certaines  habitudes,  contrarier  certaines  combi¬ 
naisons.  Il  serait  plus  sot  encore  qu’injuste  de  croire  qu’on  ressuscitera  contre  lui,  pour  le 
plus  grand  dommage  du  parti  républicain,  une  excommunication  surannée, 

La  Démocratie  française,  unie  pour  Faction,  doit,  dans  la  législature  prochaine,  conso¬ 
lider  les  avantages  déjà  conquis  et  s’en  assurer  de  nouveaux,  suîfe  et  développement  de 
ses  précédentes  victoires. 

Obtenir  de  la  Chambre  le  vote  définitif  de  la  réforme  des  patentes,  par  laquelle  nous 
assurons  au  petit  commerce  un  dégrèvement  de  plus  de  25  0/0;  —  du  Sénat,  l’approbation, 
déjà  accordée  par  la  Chambre,  des  projets  de  loi  sur  la  juridiction  prud’hommale,  étendue 
aux  employés  de  commerce,  sur  les  mesures  d’hygiène  et  de  salubrité  introduites  dans  les 
magasins  comme  dans  les  ateliers,  sur  les  modifications  à  la  loi  sur  les  accidents  du  travail, 
sur  la  limitation  delà  journée  de  travail  dans  les  mines,  sur  l'amélioration  des  retraites  et 
des  conditions  de  travail  des  ouvriers  et  employés  de  chemins  de  fer,  —  faire  aboutir  le 
projet  de  retraites  ouvrières  dont  le  vote  de  l’article  premier  a  consacré  le  principe;  —  en¬ 
courager  par  tous  les  moyens  et  sous  toutes  les  formes  l’organisation  des  travailleurs,  no¬ 
tamment  par  le  vote  du  projet  portant  modifications  à  la  loi  de  1884  sur  les  svn  licats  pro¬ 
fessionnels  et  du  projet  sur  le  règlement  amiable  des  différends  relatifs  aux  conditions  du 
travail;  —  améliorer  sans  relâche  l’outillage  économique  de  nos  transports,  soustrait  pro¬ 
gressivement  à  Finfluenjeë  prédominante  des  intérêts  privés:  —  réduction  à  deux  ans  de  la 
durée  du  service  militaire  ;  —  impôt  sur  le  revenu  ;  —  abrogation  de  la  loi  Fa  Houx  ;  —  révi¬ 
sion  du  la  loi  électorale  et  du  règlement  de  la  Chambre;  —  organisation  meilleure  du  suf¬ 
frage  universel,  dans  le  but  de  corriger  ce  qu’a  de  défectueux  notre  organisme  parlemen¬ 
taire  :  tels  sont  les  points  essentiels  où  devraient  s’appliquer  le  zèle  et  1  activité  de  votre 
représentant. 

Si  vous  êtes,  comme  moi,  demeurés  fidèles  à  la  politique  à  la  fois  réaliste  et  idéale 
que  nous  avons  jusqu’ici  suivie  ensemble,  vous  le  direz,  en  me  renouvelant  le  mandat 
d’aller,  en  votre  nom,  continuer  à  la  défendre. 


A.  MILLERATND. 


—  781  — 


1162 


2"  circonscription  du  12°  arrondissement  de  PARIS. 
M.  Pasclial  GROÜSSET 
Elu  au  2"  tour  de  scrutin.  —  7.871  voix. 


Proghammf, 

Partie  politique. 

1.  —  Révision  do  la  Constitution  par  une  Assemblée  constituante  spécialement  élue  à 
cet  effet. 

2.  —  Suppression  du  Sénat. 

3.  —  Reconnaissance  légale  du  mandat  impératif. 

if.  —  Les  Ministres  pris  en  dehors  du  Parlement  et  responsables  devant  lui. 

5.  —  Séparation  des  Églises  et  de  l’État.  Laïcisation  définitive  de  tous  les  services 
publics.  In ti  rdiction  de  toute  action  politique  des  Églises  contre  les  lois  ciyiles  et  les 
libertés  républicaines,  conformément  au  précepte  des  fondateurs  do  ces  Églises,  qui  leur 
fait  un  devoir  étroit  de  la  soumission  sans  réserve  aux  pouvoirs  -établis. 

Interdiction  générale  de  tout  régime  communautaire,  antifamilial  et  antisocial,  basé  sur 
la  séquestration  individuelle,  le  célibat  apparent  et  les  vœux  contre  nature.  Dissolution  des 
congrégations  religieuses.  Retour  à  la  Nation  des  biens  de  mainmorte,  meubles  et  immeu¬ 
bles;  affectation  de  ces  biens  à  des  œuvres  d’assistance  et  de  solidarité  sociales. 

6.  —  Justice  gratuite.  Magistrature  élective  et  temporaire.  Réforme  et  extension  du 
jury,  formé  par  voie  de  tirage  au  sort  sur  les  listes  électorales.  Abolition  de  la  peine  de 
mort. 

7.  —  Suppression  tiu  privilège  des  ordres  judiciaires  (avoués  et  avocats).  Abolition  de 
là  vénalité  des  offices.  Rémunération  par  l’État  des  défenseurs  légaux  et  officiers  ministé¬ 
riels. 

8.  —  Révision  delà  loi  du  divorce.  Abrogation  de  toute  loi  comportant  infériorité  civile, 
toit  pour  les  femmes,  soit  pour  les  enfants  nés  hors  mariage. 

0.  —  Publicité  de  l’instruction  en  toute  matière  pénale.  Examen  médical  des  prévenus 
et  accusés.  Droit,  pour  tout  justiciable,  de  récuser  un  expert  du  ministère  public  sur  deux  et 
de  désigner  ceux  qu’il  désire  faire  entendre. 

10.  —  Réduction  immédiate  du  service  militaire  à  deux  ans.  Égalilé  du  service  pour 
tous,  indemnité  aux  familles  nécessiteuses,  en  cas  d’appel  sous  les  drapeaux.  Préparation 
civique  au  service  militaire  dès  l’âge  de  dix-huit  ans,  en  vue  de  !a  réduction  ultérieure  de 
ce  service.  Développement  cantonal  des  exercices  de  tir  et  de  marche.  Rajeunissement  des 
cadres.  Unité  d’origine  des  officiers. 

Abolition  des  conseils  de  guerre.  Substitution  de  la  juridiction  civile  à  la  juridiction 
miltai re.  Révision  du  Gode  militaire.  Abolition  des  pénitenciers  militaires  et  des  compagnies 
de  discipline,  interdiction  de  toute  peine  corporelle  et  de  toute  manifestation  confession¬ 
nelle  dans  l’armée  et  dans  la  marine. 

11.  —  Rétribution  de  toutes  les  fonctions  électives,  interdiction  du  cumul  des  emplois 
publies  et  des  fonctions  électives.  Inéligibilité  de  tout  candidat  convaincu  de  corruption 
électorale. 

12.  —  Révision  et  unification  des  soldes  dans  les  services  publics.  Réduction  du  haut 
personnel  administratif.  Minimum  et  maximum  de  traitement  et  de  retraite.  Les  emplois 


—  782  — 

de  l'État  accessibles  à  tous  par  vole  de  concours,  sans  qu’il  soit  tenu  compte  des  diplômes 
universitaires  ou  du  passage  par  les  écoles  spéciales, 

13.  —  Autonomie  communale.  Réforme  de  la  police. 

lé-  —  Responsabilité  effective  des  fonctionnaires  de  tout  ordre. 

15.  —  Loi  spéciale  pour  garantir  le  secret  du  vote  et  limiter  les  frais  électoraux. 

Partie  éeo n omîque . 

1-  —  Réforme  générale  de  l’impôt  dans  un  esprit  de  solidarité  sociale. 

Principes:  Simplification  et  clarté  de  l'impôt;  dégrèvement  du  petit  et  moyeu  contri¬ 
buable;  réduction  au  minimum  des  frais  de  perception  et  du  contact  personnel  des  agents 
du  fisc  avec  le  public;  égalité  de  toutes  les  professions  et  de  toutes  iès  industries  devant 
l'impôt;  orientation  des  lois  de  finances  vers  le  bon  marché  de  la  vie. 

Moyens:  a.  Abolition  des  patentes  et  licences,  des  droits  de  circulation  et  deTexercice. 
Suppression  des  octrois  et  des  taxes  dites  de  remplacement.  Suppression  delà  taxe  foncière, 
de  l'impôt  sur  la  propriété  bâtie  et  de  la  cote  personnelle  mobilière.  Suppression  de  tous  droits 
spéciaux  sur  les  denrées  alimentaires  et  objets  de  consommation  de  première  nécessité. 

b.  Impôt  unique  et  automatique  sur  les  ressources  réelles  du  contribuable,  sans  ingé¬ 
rence  du  fisc,  sauf  en  cas  de  fraude,  par  l’extension  du  timbre  proportionnel  à  tout 
payement  supérieur  à  10  francs. 

c.  Droit  progressif  sur  Je  bénéfice  des  compagnies  d'assurances  non  formées  en  mutua¬ 
lité  pure.  Droit  progressif  sur  le  capital  annoncé  par  les  compagnies  d'assurances  étran¬ 
gères. 

d.  Réduction  de  la  ligne  d'hérédité  en  matière  de  succession.  Droit  progressif  sur  les 
gros  héritages. 

2.  —  Aboli  tien  de  tous  privilèges  et  monopoles  financiers  ou  industriels.  Nationalisa¬ 
tion  de  la  Banque  de  France,  des  mines,  canaux,  chemins  de  fer  et  autres  grands  services 
publics. 

d,  —  Limitation  de  la  journée  de  travail  à  8  heures.  Repos  hebdomadaire.  Suppression 
du  marchandage.  Salaire  minimum  fixé  d'après  les  circonstances  locales.  Interdiction  de  la 
saisie-arrêt  sur  les  salaires.  Organisation  du  crédit  aux  travailleurs.  Admission  des  groupes 
ouvriers  aux  adjudications  do  travaux  publics. 

h.  —  Organisation  des  retraites  pour  les  travailleurs  des  deux  sexes.  Création  dune 
caisse  de  chômage  et  de  maladie,  administrée  par  les  intéressés  eux-mêmes. 

5.  -  Liberté  absolue  des  syndicats  professionnels.  Responsabilité  pénale  des  patrons 

et  Compagnies.  Extension  et  perfectionnement  de  la  loi  sur  les  accidents  du  travail.  Les 
contrats  soumis  à  l'approbation  des  Conseils  de  prud'hommes. 

fi.  Extension  de  la  loi  sur  lus  délégués  mineurs  à  tous  les  travaux  publics,  aux  ou¬ 
vriers  et  employés  (tes  grandes  administrations,  chemins  de  fer,  omnibus  et  tramways, 
chantiers  de  la  Ville  et  du  l'État, 

J.  —  Révision  de  la  loi  sur  les  conseillers  prud'hommes;  création  de  prud’hommes  pour 
les  employés  et  ouvriers  agricoles;  extension  des  attributions  de  la  prud’homie;  électorat 
et  éligibilité  des  femmes  aux  conseils  de  prud'hommes. 

8.  —  Le  travail  des  prisons  soumis  à  la  tarification  des  conseillers  prud'hommes  d’a¬ 
près  le  tarif  des  chambres  syndicales.  Interdiction  à  toute  corporation  religieuse  d'exploiter 
une  usine,  un  ouvroir  ou  un  atelier* 

9.  —  Suppression  des  bureaux  de  placement  payants.  ■ 

10.  Abrogation  de  la  loi  Fallonx.  Nécessité  des  garanties  universitaires  et  de  la  délé¬ 
gation  de  1  Etat  pour  I  enseignement  à  tous  les  degrés.  Stage  scolaire  imposé  aux  candidats 
des  écoles  spéciales  de  l'État 

Développement  de  1  enseignement  professionnel.  Instruction  laïque  et  gratuite  à  tous 
les  degrés. 


—  78a  — 


N*  U  62 


Développement  des  bourses  d’enseignement  primaire,  secondaire,  supérieur  et  profes¬ 
sionnel.  Développement  de  F  éducation  physique  dans  les  écoles  de  tout  ordre*  Extension  et 
gratuité  des  cantines  scolaires. 

il,  —  Primes  aux  familles  nombreuses,  sous  forme  de  bons  d'habillement  et  de  vivres; 
asiles  ouverts  aux  femmes  enceintes.  Secours  réguliers  aux  mères  qui  nourrissent  leur 
enfant.  Protection  des  enfants  moralement  abandonnés.  Codification  des  mesures  d’hygione 
publique. 

Je  m’engage  sur  Phonneur  à  respecter  et  à  défendre  le  présent  programme,  que  j’ac¬ 
cepte  de  tout  point. 

Faschal  GIIOUSSET. 


lrc  circonscription  du  13e  arrondissement  de  PÂKIS 

M.  CÂDDET 

Elu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  3,74b  voix. 


Parti  Socialiste  Français 

JjRDI&UTjON  SOCIALISTE  RÉVOLUTIONNAIRE  DE  LA  SEIN'!? 

Citoyens, 

Les  intérêts  de  la  classe  prolétarienne,  des  employés  et  de  tous  les  salariés  en  général, 
u  peuvent  être  bien  défendus  que  par  les  intéressés  eux- mêmes. 

C’est  dans  cette  pensée  que  nous  avons  Phonneur  de  présenter  à  vos  suffrages  la  can¬ 
didature  du  Citoyen 

Alexandre  CAIîDET, 

Ouvrier  mêgiffier. 

Les  propriétaires,  les  chefs  d’industrie,  les  médecins,  les  avocats  et  les  journalistes 
sont  si  largement  représentés  dans  toutes  les  Assemblées  délibérantes  que  nous  considé¬ 
rons  que  les  travailleurs  ont,  non  seulement  le  droit,  mais  le  devoir,  d’y  Être  également 
représentés  dans  une  proportion  équivalente  à  l’importance  de  leurs  intérêts. 

Citoyens, 

11  faut  bien  vous  pénétrer  de  cette  vérité  que  l’élaboration  des  lois  se  fait  surtout  au 
sem  des  Commissions  ;  c’esttà  que  les  travailleurs,  armés  de  leurs  connaissances  profession- 
Belles,  peuvent  utilement  y  discuter  et  y  défendre  leurs  intérêts. 

Du  reste,  vous  en  avez  fait  l’expérience  en  envoyant  en  1894  le  Citoyen  Alfred  Moreau, 
ouvrier  corroyeur,  siéger  a  Filète!  de  Ville,  qui  s’est  acquitté  de  la  tâche  que  vous  lui  avez 
confiée  de  telle  façon  qu'à  chaque  nouvelle  élection  vous  lui  avez  renouvelé  son  mandat* 

D'autre  part,  l’attitude  des  travailleurs  élus  dans  Içs  différentes  assemblées  a  toujours 
fait  regretter  qu'ils  ne  soient  pas  en  plus  grand  nombre. 

C’est  pourquoi  noua  pensons  que  les  groupements  socialistes  de  la  circonscription  ne 
pouvaient  faire  un  meilleur  choix. 


—  784  — 


En  effets  le  Citoyen  Cardet  donne  journeilemcnt  les  preuves  d'un  très  grand  dévoue¬ 
ment  et  d’une  droiture  de  caractère  rare. 

Parlant  peu  et  juste;  il  exclut  avec  soin  tout  ce  qui  peut  prêter  à  la  déclamation  ;  ta 
sûreté  de  son  jugement  impose  restitue  et  le  respect  de  sa  personne  à  qui  l’approche  elle 
peut  apprécier, 

Eîifin,  parmi  les  militants  du  prolétariat;  il  est  un  de  ceux  qui  peuvent,  à  juste  titre, 
présenter  les  plus  grands  et  les  plus  beaux  états  de  services  : 


Élu  Conseiller  Prud’homme 

en  1890 

Réélu  — 

en  1893 

Réélu  — 

en  1899 

Élu  Vice-Président 

en  1900 

Élu  Président 

en  1901 

Élu,  par  les  Chambres  syndicales  ouvrières  des  cuirs  et  peaux  de  France,  Membre  du 
Conseil  supérieur  du  travail^ 

Fondateur  et  Membre  de  la  Chambre  syndicale  des  ouvriers  mégissiers  du  mouton, 

Ex-Secrétaire  de  la  Fédération  nationale  des  cuirs  et  peaux. 

Très  souvent  délégué  dans  les  différents  Congrès  corporatifs  et  politiques,  e  nfin,  tou¬ 
jours  sur  la  brèche,  payant  de  son  temps  et  de  sa  personne  avec  un  désintéressement 
d’autani  plus  méritoire  qu’il  ne  possède  d’autres  ressources  que  les  maigres  appointements 
de  conseiller  prud’homme  et  le  produit  de  son  travail, 

11  y  a  peu  de  Chambres  syndicales  qui  n’aient  eu  recours  à  son  intervention  dans  les 
nombreux  et  fréquents  conflits  qui  s’élèvent  entre  patrons  et  salariés  ;  presque  toujours 
l’heureuse  solution  du  différend  a  été  due  à  sa  très  grande  expérience  des  affaires  et  à  son 
esprit  supérieurement  conciliateur. 

Anticlérical;  mettant  ses  actes  d’accord  avec  ses  convictions,  il  se  mariait  civilement 
en  1881  ;  cette  date  déj  à  lointaine  prouve  que  cet  acte  n'a  pas  été  fait  pour  les  besoins  de  la 
cause. 

Aimant  son  pays  comme  tout  Français,  mais  ennemi  déclaré  des  charlatans  du  patrio¬ 
tisme,  il  combattra  cette  bande  hétéroclite  composée  de  cléricaux  et  de  réactionnaires  qui 
ont  réussi,  à  l’aide  de  leurs  mensonges  et  de  leur  hypocrisie,  à  mettre  la  République  en 
péril  en  s’affublant  du  masque  trompeur  de  Nationalistes, 

Sans  programme,  sans  organisation,  ces  coquins  ne  manqueraient  pas  de  s’entre-dévorer 
le  lendemain  de  leur  triomphe,  si  le  corps  électoral,  abusé  de  nouveau,  avait  le  malheur  de 
les  prendre  an  sérieux  et  de  leur  confier  la  direction  des  affaires  publiques. 

Citoyens, 

Le  programme  et  la  déclaration  de  principes  du  Parti;  adoptés  au  Congrès  de  Tours, 
affichés  très  prochainement  sur  les  murs  de  notre  circonscription,  vous  diront  comment 
notre  candidat  entend  s’acquitter  de  sa  lâche  si  vous  lui  faites  l’honneur  de  l’envoyer  sié¬ 
ger  à  la  Chambre.  De  plus,  c’est  un  homme  qui  tient  toujours  ce  qu’il  promet  et  sur  lequel 
on  peut  absolument  compter.  Nous  sommes  certains  que  les  électeurs  soucieux  de  leurs 
intérêts  de  classe  affirmeront  leurs  sentiments  socialistes  en  élisant  an  21  avril  prochain  le 
Citoyen  Alexandre  Cardet,  seul  candidat  du  Parti  Socialiste  français  organisé. 

Vive  l’émancipation  des  travailleurs  ! 

Vive  la  République  sociale  1 

(Suivent  les  signatures,) 

PROGRAMME  DES  RÉFORMES 

Le  Parti  Socialiste  français,  repoussant  la  politique  du  tout  ou  rien,  a  un  programme 
de  réformes  dont  il  poursuit  dès  maintenant  la  réalisation  : 


—  783  — 


1U>2 


I 

Démocratisation  des  Pouvoir s  politiques* 

1.  Suffrage  universel  direct,  sans  distinction  de  sexe,  et  dans  toutes  les  élections. 

2.  Réduction  du  temps  de  résidence* 

3.  Scrutin  de  liste  avec  représentation  proportionnelle  dans  toutes  les  élections* 

A*  Mesures  législatives  pour  assurer  la  liberté  et  le  secret  du  vote. 

5*  Droit  d'initiative  populaire  et  référendum* 

6,  Suppression  du  Sénat  et  de  la  Présidence  de  la  République,  Les  attributions  actuelles 
du  Président  de  la  République  et  du  Conseil  des  ministres  seront  dévolues  à  un  Conseil 
exécutif,  nommé  par  le  Parlement. 

7.  Réglementation  par  la  loi  du  mandat  législatif,  révocable  par  un  vote  de  la  moitié 
plus  un  des  électeurs  inscrits. 

8*  Admission  des  femmes  à  toutes  les  fonctions  publiques. 

9.  Liberté  absolue  de  la  presse  et  de  réunion,  sous  la  seule  garantie  du  droit  commun* 
—  Abrogation  de  toutes  les  lois  d’exception  sur  la  presse.  —  Liberté  des  associations  civiles* 

10*  Pleine  autonomie  administrative  des  départements  et  des  communes,  sons  la  seule 
réserve  des  lois  garantissant  le  caractère  républicain,  démocratique  et  laïque  de  l’État. 


lf 

Laïcisation  complète  de  l’État. 

1,  Séparation  des  Eglises  et  de  PÉtat;  suppression  du  budget  des  cultes  ;  liberté  des 
cultes;  interdiction  de  faction  politique  et  collective  des  Églises  contre  les  lois  civiles  et  les 
libertés  républicaines. 

2.  Suppression  des  congrégations  ;  nationalisation  des  biens  de  mainmorte  de  toute 
nature  leur  appartenant,  et  affectation  de  ces  biens  à  des  œuvres  d’assurance  et  de  solida¬ 
rité  sociales  ;  en  attendant',  interdiction  aux  congrégations  de  toute  entreprise  industrielle, 
agricole  et  commerciale. 


111 

Organisation  démocratique  et  humaine  de  la  Justice . 

1.  Substitution  à  tous  les  tribunaux  actuels,  civils  ou  criminels,  de  tribunaux  formés 
par  un  jury  pris  sur  la  liste  électorale  et  par  des  juges  élus  sous  des  garanties  de  compé¬ 
tence;  ïe  jury  sera  formé  par  voie  de  tirage  au  sort  sur  des  listes  dressées  par  le  suffrage 
universel, 

2.  Gratuité  de  la  justice* 

3*  Transformation  en  fonctions  publiques  des  office**  ministériels.  Suppression  du  prb 
vilègc  des  avocats. 

A*  Instruction  et  expertise  contradictoires  à  tous  degrés  et  sur  tous  les  points* 

5*  Substitution,  au  caractère  de  représailles  et  de  vindicte  des  pénalités  actuelles,  d'un 
système  de  préservation  sociale  et  d’amendement  du  condamné. 

6*  Abolition  de  la  peine  de  mort. 

7*  Suppression  des  tribunaux  militaires  et  maritimes* 


99 


—  786  - 


îlV 

Constitution  de  la  famille  conformément  aux  droits  individuels. 

1,  Abrogation  dB  toutes  les  lois  qui  établissent  l'infériorité  civile  des  femmes  et  des 
enfants  naturels  ou  adultérins. 

2.  Législation  plus  libérale  du  divorce, 

3*  Loi  sur  la  recherche  de  la  paternité. 


V 

Éducation  humaine ,  civique  et  professionnelle* 

1.  Gratuité  de  renseignement  à  tous  les  degrés* 

2*  Entretien  des  enfants  à  la  charge  des  collectivités,  pour  le  premier  degré  de  l’ensei* 
gDement* 

3#  Pour  renseignement  secondaire  et  supérieur,  mise  à  la  charge  de  la  collectivité  de 
ceux  dés  enfants  qui,  après  examen,  seront  reconnus  aptes  à  poursuivre  utilement  leurs 
études* 

é.  Création  d'un  enseignement  populaire  supérieur* 

5*  Monopole  de  Renseignement  aux  trois  degrés  par  l’État;  subsidiairement,  interdic¬ 
tion  à  tout  membre  du  clergé  régulier  ou  séculier  d'ouvrir  une  école  et  dJy  enseigner. 

VI 

Èe fonte  générale  du  système  d'impôts  dans  un  sens  de  solidarité  sociale * 

1,  Abolition  de  tous  les  impôts  sur  les  objets  de  consommation  de  première  nécessité 
et  des  quatre  contributions  directes  ;  subsidiairement  dégrèvement  de  toutes  les  petites 
cotes  foncières  et  des  petites  patentes. 

2*  Impôt  global  progressif  et  personnel  sur  les  revenus  supérieurs  à  3,000  francs. 

3.  Impôt  progressif  sur  les  successions,  la  progression  étant  calculée  à  la  fois  sur  le 
chiffre  de  la  succession  et  sur  l'éloignement  du  degré  de  parenté* 

h.  Faculté  pour  l'État  de  demander  à  certains  monopoles  une  part  des  ressources  qui 
lut  sont  nécessaires* 


VU 

m 

1 Protection  et  réglementation  légales  du  travail  dans  V Industrie,  te  Commercé 

et  lf  Agriculture* 

1.  Repos  d’un  jour  par  semaine,  ou  interdiction  pour  les  employeurs  de  faire  travailler 
plus  de  six  jours  sur  sept* 

2.  Limitation  de  îa  journée  de  travail  à  huit  heures;  subsidiairement,  vote  de  toute 
disposition  diminuant  la  durée  de  la  journée  de  travail. 

3.  Interdiction  de  faire  travailler  les  enfants  âgés  de  moins  de  quatorze  ans  ;  système 
de  la  demi-journée  de  travail  pour  les  adolescents,  et  combinaison  du  travail  productif  avec 
leur  instruction  et  leur  éducation. 

ù.  Interdiction  du  travail  de  nuit  pour  les  femmes  et  les  adolescents.  Interdiction  du 
travail  de  nuit  pour  les  ouvriers  adultes  de  toutes  les  catégories  et  dans  toutes  les  indus¬ 
tries  où  le  travail  de  nuit  n5est  pas  absolument  nécessaire. 

5.  Législation  prolectrice  du  travail  â  domicile. 

6*  Interdiction  du  marchandage  et  du  payement  en  nature  (économats). 


7*  Recon  naissance  légale  de  la  mise  à  F  index* 

B*  Fixation }  par  l'accord  des  municipalités  et  des  corporations  ouvrières  de  l'industrie, 
du  commerce  eide  l’agriculture, de  séries  de  prix  constituant  le  salaire  minimum, 

9,  Interdiction  aux  patrons  de  toute  réduction  de  salaire,  sous  forme  d'amende  ou 
autrement.  Intervention  des  ouvriers  dans  les  réglements  spéciaux  d'ateliers, 

l(h  La  surveillance  des  ateliers,  fabriques,  usines,  mines,  chantiers,  services  publics, 
magasins,  etc*,  concernant  les  conditions  du  travail,  d’hygiène  et  de  sécurité,  sera  exercée, 
concurremment  avec  les  inspecteurs  de  PÉtat,  par  des  inspecteurs  élus  par  les  syndicats 
ouvriers, 

il*  Extension  de  la  prud'homie  à  tous  les  salariés  de  l'industrie,  du  commerce  et  de 
l'agriculture* 

12,  Mise  en  régis  du  travail  des  condamnés*  Le  prix  de  tout  travail  effectué  sera  le  prix 
normalement  payé  aux  ouvriers  syndiqués. 

13.  Repos  légal  des  femmes,  six  semaines  avant  et  six  semaines  après  l'acccouchement, 


VIII 

Assurance  sociale  contre  tous  les  risques  naturels  et  économiques, 

1.  Organisation  par  la  nation  d’un  système  d'assurance  sociale  s'appliquant  a  la  tota¬ 
lité  des  travailleurs  de  l'industrie,  dn  commerce,  de  F  agriculture,  contre  les  risques  de 
maladie,  d'accident,  d'invalidité,  de  vieillesse  et  de  chômage. 

2.  Constitution  du  fonds  d'assurance  sans  prélèvement  sur  les  salaires  ;  subsidiaire¬ 
ment,  limitation  du  prélèvement  opéré  sur  les  salariés  au  tiers  delà  contribution  totale,  les 
deux  auires  tiers  devant  être  fournis  par  l’État  et  les  employeurs* 

3*  Amélioration  de  la  loi  sur  les  accidents  du  travail  et  son  application  sans  distinction 
de  nationalité* 

4*  Participation  des  travailleurs  au  contrôle  et  au  fonctionnement  du  service  d'assu^ 
rance. 

IX 

Extension  du  domaine  et  des  services  publics  industriels  et  agricoles  de  l'État, 
des  Départements  et  des  Communes, 

1.  Nationalisation  des  chemins  de  fer,  des  mines,  de  la  banque  de  France,  des  assu* 
rances,  des  raffineries  de  sucre  et  des  sucreries,  de  l'alcool,  de  la  grande  meunerie, 

2.  Organisation  d’un  service  public  ce  placement  pour  les  travailleurs,  avec  le  concours 
des  Bourses  du  travail  et  des  organisations  ouvrières,  et  suppression  des  bureaux  privés. 

3.  Service  national  et  communal  d'hygiène,  et  renforcement  des  lois  qui  protègent  la 
santé  publique  (logements  insalubres,  etc*)* 

4.  Organisation  par  l'État  d’un  crédit  agricole* 

5*  Subvention  aux  communes  rurales  pour  les  aider  à  acheter  l'outillage  agricole  col¬ 
lectif,  à  acquérir  des  domaines  communaux,  gérés  sous  le  contrôle  des  communes  par  des 
syndicats  de  travailleurs  ruraux,  et  à  créer  des  magasins  de  dépôt  et  des  warrants, 

6.  Organisa  lion  de  services  communaux  de  l'éclairage,  cle  l'eau,  des  transports  en 
commun,  de  construction  et  de  régie  d'habitations  à  bon  marché. 

7.  Administration  démocratique  des  services  publics  nationaux  et  communaux  avec 
participation  des  organisations  ouvrières  à  leur  fonctionnement  et  è  leur  contrôle,  avec 
droit  de  se  syndiquer  à  tous  les  salariés  de  tous  les  services  publics. 


—  788  — 


Politique  de  paix  internationale  et  adaptation  de  Vorganisme  militaire  à  la 

défense  du  pays . 

j,  Substitution  des  milices  à  l’armée,  permanente  et  adoption  de  toutes  les  mesures, 
comme  les  réductions  de  service  militaire,  qui  y  conduisent. 

2.  Refonte  et  adoucissement  du  Code  pénal  militaire;  suppression  des  corps  discipli¬ 
naires,  et  interdiction  de  prolonger  le  service  militaire  en  guise  de  pénalité. 

3  Renonciation  à  toute  guerre  offensive,  sous  quelque  prétexte  que  ce  soit. 

4.  Renonciation  à  toute  alliance  qui  n’aurait  pas  pour  objet  exclusif  le  maintien 
la  paix. 

5.  Renonciation  aux  expéditions  militaires  coloniales;  et,  dans  les  colonies  actuelles  ou 
pays  de  protectorat,  soustraits  à  l’influence  des  missionnaires  et  au  régime  militaire, 
développement  d'institutions  protectrices  des  indigènes. 


2®  circonscription  du  arrondissement  de  PARIS 
M.  Ferdinand  BUISSON 
Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  — 8.468  voix. 


Uision  des  Groupes  mtomucAiNS-  radicaux  -socialistes 

Citoyens, 

Nous  vous  avons  présenté  notre  candidat,  le  citoyen  F.  Buisson;  de  nombreuses! 

réunions  publiques  vous  l'ont  fait  connaître. 

Nous  vous  présentons  aujourd’hui  notre  programme.  C’est  celui  que  vous  avez  fait 
triompher  aux  dernières  élections  municipales.  Relisez-le,  vous  y  remarquerez  deux  choses. 
A  la  politique  d’insultes  nous  opposons  la  politique  d’idées  :  nous  n’injurions  pas,  nous 

raisonnons.  .  .... 

A  l’équivoque  habile  qui  permet  à  d’auires,  tout  en  se  disant  républicains,  de  recueillir 

les  voix  cléricales  et  réactionnaires,  nous  opposons  nettement  et  dans  toute  son  intégrité 
la  République  démocratique  et  sociale  sans  alliances  louches  et  sans  nul  accommodement 
avec  la  Contre-Révolution. 

Nous  revenons  ainsi  à  la  vieille  tradition  de  l’arrondissement  qui  a  élu  Louis  Blanc  et 
Cantagrel.  La  journée  du  27  avril  montrera  que  notre  circonscripiion  a  définitivement  rompu 
avec  le  Boulangisme,  qui  voudrait  ressusciter  sous  le  nom  de  Nationalisme. 

Programme . 

Ainsi  que  le  dit  notre  titre,  nous  sommes  tout  ensemble  :  des  républicains-radicauï 

et  des  socialistes.  , 

Nous  voulons  la  réalisation  intégrale  de  la  République  et  de  la  démocratie  *  e  a 
République,  parce  que  c’est  la  seule  forme  politique  qui,  par  un  ensemble  d’institutions 
issues  du  suffrage  universel,  garantisse  pleinement  la  souveraineté  nationale  et  la  liberté 
individuelle;  de  lu  démocratie,  parce  que  c’est  le  seul  régime  social  qui,  coupant  court  a 


N°  il 62 


—  789  — 

tous  les  privilèges,  puisse  établir  effectivement,  dans  les  relations  économiques  des  hommes 
entre  eus,  la  liberté,  l’égalité,  la  solidarité,  c’cst-a  -dire  la  justice  sociale.  _ 

Parmi  les  réformes  qui  sont  la  conséquence  de  ce  double  principe,  voici  celles  que 
nous  inscrivons  à  notre  Programme  pour  la  Législature  de  1902-1906. 

Partie  politique . 

Réformes  politiques  :  Révision  de  la  Constitution  dans  le  sens  le  plus  démocratique,  la 

République  étant  mise  au-dessus  de  touie  discussion. 

Séparation  des  Églises  et  de  l’État,  précédée  de  lois  organiques  garan lissant  la  supré¬ 
matie  du  pouvoir  civil.  —  Suppression  du  budget  des  Cultes,  de  l’Ambassade  française  au 
Vatican,  etc.  —  Révision  du  règlement  de  la  Chambre.  —  Maintien  du  statu  quo  pour  la 

durée  du  mandat  législatif.  .  ,  .  . 

Réformes  judiciaires  :  Extension  de  l'institution  du  jury.  —  Extension  de  la  juridiction 
des  prud’hommes  (appliquée  aux  employés)  avec  création  d’un  degré  d’appel.  —  Révision 
des  Codes  en  particulier  du  Code  de  justice  militaire  ;  suppression  des  Conseils  de  guerre 
en  temps  de  paix.  -  Constitution  définitive  de  la  justice  en  service  national  gratuit;  trans¬ 
formation  en  fonctions  publiques  des  offices  ministériels.  —  Extension  graduelle  des  roi  s 
civils  et  civiques  de  la  femme.  —  Suppression  de  l’héritage  en  ligne  collaterale  a  partir  du 
h*  detrrê.  —  Révision  de  la  loi  de  1838  sur  les  aliénés. 

Réformes  militaires  :  Réduction  du  service  militaire  à  deux  ans;  suppression  des 
dispenses.  —  Réduction  des  38  jours  ;  suppression  des  13  jours  et  leur  remplacement  par 
des  exercices  de  tir  au  canton.  -  Réformes  dans  le  régime  de  la  caserne,  comportan  pour 
le  soldat  un  complément  d’instruction  générale  et  professionnelle.  -  Reforme  du  régime 
des  compagnies  de  discipline.  -  Organisation  de  l’instruction  militaire  préparatoire  prevue 

pur  la  loi  ds  1889.  ,  .  j  i  i  ♦ 

Réformes  scolaires  :  Abrogation  de  la  loi  Falloux.  -  Application  rigoureuse  de  U  loi 
sur  les  congrégations.  -  Séparation  définitive  de  l’Église  et  de  l’école  ;  élaboration  d  une 
lui  reconnaissant  l’incompatibilité  des  fonctions  ecclésiastiques  avec  les  fonctions  ensei¬ 
gnantes.  -Organisation  d’un  régime  scolaire  assurant  réellement  l'égalité  pour  tous  devant 
l’instruction  ;  gratuité  de  l’enseignement  secondaire  ;  bourses  de  droit  pour  les  «lèves 

d’élite  appartenant  à  la  classe  ouvrière. 

Réformes  budgétaires:  Recherche  de  toutes  les  économies  réalisables  dans  les  dépenses 
publiques  (contrôle  plus  sévère  ces  deniers  de  RÉtaî,  suppression  de  rouage*  muti  ns, 
répression  de  la  fraude,  referme  du  mode  d’attribution  des  bureaux  de  tabac  etc.  - 
Suppression  graduelle  de  toutes  les  taxes  de  consommation,  qui  pèsent  sur  le  travailleur  et 
sur  les  familles  nombreuses.  -  Suppression  de  deux  au  moins  des  quatre  contrôlons 
directes  (impôt  des  portes  et  fenêtres,  et  contribution  personnel le-mobilicre).  —  fixation 
d’un  cliilïre  minimum  représentant  la  partie  du  revenu  ou  du  salaire  reconnue  nece^ane  a 
l’emretien  de  l’individu,  insaisissable  et  exempte  d'impôt;  augmentation  de  ce  ch  1  lire  a 
rai  su  n  du  nombre  d'enfants.  —  Au-dessus  de  ce  clulïre,  établissement  d’un  impôt  progressi 
sur  le  revenu,  jusqu’à  concurrence  du  remplacement  des  deux  contributions  supprimées. 
Remaniement  de  l’impôt  des  pâte  tes  ;  répartition  plus  équitable  des  charges  entre  le  petit 
commerce,  aujourd’hui  surimposé,  et  les  grands  établissements  commerciaux  ou  indus¬ 
triels.  -Recherche  des  moyens  les  plus  efficaces  pour  frapper  de  droits  spéciaux  les  objets 
de  grand  luxe.  —  Augmentation  des  droits  de  succession  et  prolongement  de  l  échelle  de 
progressivité  pour  les  fortunes  dépassant  un  million.  —  Suppression  du  privilège  des 
bouilleurs  de  cru. 

Partie  sociale. 

Réformes  d’ordre  général:  Achèvement  et  perfectionnement  d’un  ensemble  de  lois 
ouvrières  (telles  que  celles  sur  l’emploi  des  femmes  et  des  enfants  dans  l'industrie,  sur  le 
contrat  de  travail  et  le  contrat  d’apprentissage,  sur  les  accidents  et  risques  professionnels, 


—  790 


sur  la  limitation  des  heures  de  travail,  sur  le  repos  hebdomadaire,  sur  la  police  et  l'hygiène 
des  ateliers,  sur  la  protection  des  invalides  du  travail,  sur  les  assurances  contre  le  chômage, 
etc.)  ;  reprise  de  la  législation  de  18/;&  contre  le  marchandage;  inscription  de  mesures  pro¬ 
tectrices  de  l’ouvrier  dans  les  cahiers  des  charges  de  toute  entreprise  dépendant  de  l’État, 
du  Département  ou  de  la  Commune,  notamment  pour  assurer  un  salaire  minimum  normal* 
—  Application  des  tarifs  syndicaux  au  salaire  de  tous  les  travaux  faits  dans  les  prisons,  cou¬ 
vents,  ouvrotrs,  colonies  pénitentiaires,  maisons  d’assistance  par  le  travail,  etc,  —  Parti¬ 
cipation  de  TÉtat  aux  mesures  h  prendre  dans  l’intérêt  de  ia  santé  publique  :  suppression 
des  logements  insalubres;  développement  des  habitations  à  bon  marché;  lutte  contre 
TaicOolisme  et  la  tuberculose. 

Organisation  d’un  ministère  du  travail,  pour  la  défense  des  intérêts  de  l’ouvrier,  du 
petit  cultivateur,  du  petit  commerçant  et  du  petit  patron.  —  Législation  protectrice  du  tra¬ 
vail  à  domicile.  —  Organisation  du  crédit  anx  .travailleurs,  —  Organisation  des  conseils  du 
travail  et  des  conseils  d-arbitrage.  —  Mesures  législatives  pour  faire  respecter  pratique¬ 
ment  le  droit  des  ouvriers  à  se  syndiquer  et  le  droit  du  syndicat  à  débattre  leurs  intérêts, 
d’égal  à  égal,  avec  le  patronat* 

Vote  définitif  de  la  loi  réglant  les  rapports  des  Compagnies  de  chemins  de  fer  avec 
leurs  agents,  en  prenant  pour  base  la  «  loi  Ben  eaux  j*  dans  ses  dispositions  essentielles, 
sans  autre  réserve  que  de  ne  créer  nulle  part,  dans  le  monde  des  travailleurs,  de  nouvelles 
catégories  de  privilégiés* 

Élaboration  d’une  loi  générale  sur  les  retraites  ouvrières,  susceptible  de  fonctionner  à 
bref  délai,  faisant  contribuer  à  la  constitution  de  la  retraite,  dans  une  mesure  équitable, 
l’ouvrier*  le  patron  et  FÉtal  ;  affectation  des  biens  h  provenir  des  congrégations  et  des 
successions, aux  retraites  ouvrières  et  antres  œuvres  de  solidarité  sociale. 

Suppression  des  bureaux  de  placement.  Extension  des  Bourses  du  travail  — Égalisation 
des  salaires  de  l'homme  et  de  la  femme  à  travail  égal.  —  Encouragements  de  l’État  aux 
Sociétés  mutualistes  et  à  toutes  les  initiatives  propres  à  faire  pisser  le  travailleur  du  rôle 
de  salarié  â  celui  d’associé.  —  Préparation  raisonnée  des  grandes  réformes  pacifiques  ten¬ 
dant  à  la  nationalisation  des  chemins  de  fer,  des  canaux,  des  mines,  des  raffineries,  de  la 
rectification  de  l’alcool,  des  assurances,  etc. 

Réformes  d’ordre  municipal  comportant  la  sanction  législative;  Réforme  de  la  législa¬ 
tion  qui  restreint  les  droits  rie  Paris  en  matière  municipale.  —  Refus  de  sanction  a  toute 
création  de  nouveau  monopole,  et,  en  particulier,  renvoi  pour  nouvelle  étude,  au  Conseil 
municipal,  du  projet  relatif  à  la  question  du  gaz,  en  vue  de  réaliser  Rabaissement  immédiat  à 
20  centimes  sans  dépouiller  la  Ville  pour  cinquante  ans  du  droit  de  bénéficier  des  progrès 
de  la  science  et  de  l’industrie.  —  Révision  de  la  loi  de  1  Si|9  sur  l’Assistance  publique, 
allégement  des  charges  que  la  Ville  supporte  abusivement,  augmentation  de  la  part  contri¬ 
butive  de  l’État,  et  notamment  de  la  quote-part  de  Paris,  dans  le  prélèvement  sur  le  pari 
mutuel.  — Reprise  de  l’étude  de  Paris  Port  de  Mer.  —  Étude  des  moyens  d’utiliser  pour 
l’agriculture  les  ordures  ménagères  (transport  en  province  à  prix  très  réduits,  traitement 
chimique,  etc.),  tout  en  sauvegardant  l’industrie  du  Chiffonnier*  —  Dans  le  cas  de  transfor* 
mation  ou  dé  suppression  de  services  publics  tels  que  les  octrois,  mesures  à  prendre  pour 
tenir  compte  de  la  situation  du  petit  personnel  ouvrier  ou  employé. 

Âo  nom  de  T  Union  des  groupes  républicains-radicaux-socialistes  et  pour  la  Commis¬ 
sion  exécutive  ; 

(Suivent  les  signatures.) 

Citoyens, 

Le  Programme  ci-dessus  est  le  mien.  11  répond  à  mes  convictions  profondes.  Je  m’en¬ 
gage  à  en  poursuivre  l’application  avec  toute  Rénergie  dont  je  suis  capable,  si  vous  me 
faites  P  honneur  de  m’envoyer  vous  représenter  a  la  Chambre. 


F.  BUISSON. 


lre  circonscription  du  14"  arrondissement  de  PARIS 
M.  MBSSIMY 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  9.068  voix. 


Comité  d’Unjon  RÉrijBLtcAïJXE-BADicAiÆ-SociALïSTK 


Citoyens, 

Dans  quelques  jours  vont  avoir  lieu  les  élections  légistatives. 

La  question  est  nettement  posée. 

Des  démagogues  sans  convictions*  unis  à  toutes  les  puissances  oppressives  du  passé, 
tentent  d’arrêter  notre  pays  dans  sa  marche  déjà  trop  lente  vers  le  progrès  économique  et 

social.  ;  .  _ 

Républicains  et  démocrates,  nous  voulons  opposer  une  politique  audacieuse  et  rêné- 
chie4  scientifique  et  généreuse,  aux  passions  brutales  du  césarisme  renaissant,  favoiisées 
et  stipendiées  par  les  sectaires  du  cléricalisme. 

Forts  de  l'appui  des  conseillers  municipaux  de  Plaisance  et  de  Montparnasse,  les 
Citoyens  Panuelier  et  Ranson,dont  voua  connaissez  le  long  passé  de  dévouement  à  la  Répu¬ 
blique*  tous  les  comités  républicains  radicaux  et  radicaux-socialistes  de  la  circonscription 
désignent  à  vos  suffrages  le  citoyen  Messimy. 

Le  citoyen  Messimy,  ancien  capitaine  de  chasseurs  à  pied,  breveté  d’état-major,  est  un 
homme  jeune*  actif,  énergique.  Il  n'est  l'esclave  d’aucun  dogme;  il  veut  obtenir  toutes  les 
réformes  qui  éviteront  à  la  République  de  nouveaux  assauts. 

Sa  loyauté  politique,  son  patriotisme  éclairé,  son  savoir,  son  attachement  à  la  démo¬ 
cratie  feront  de  lui  le  représentant  qualifié  de  tous  les  citoyens  qui  ne  veulent  à  aucun 
prix,  laisser  compromettre  les  conquêtes  de  Pesprit  moderne,  les  principes  de  la  Révolution 
Française. 

Citoyens, 

Si,  comme  nous  en  avons  la  ferme  conviction,  vous  ratifiez  notre  choix,  ie  citoyen 
Messimy  saura  défendre,  avec  autant  d’èiiergie  que  de  talent, ie  programme  que  nous  avons 
Fhouneur  de  vous  soumettre  et  qu’il  a  librement  accepté  : 


Progràmmk 

Réformes  politiques  et  administratives. 

1,  Adoption  des  mesures  législatives  assurant  la  liberté  et  le  secret  du  vole,—  2,  Large 
décentralisation  administrative,  laissant  aux  départements,  aux  communes,  et  en  paiti- 
culier  à  la  Ville  de  Paris,  leur  pleine  autonomie,  —  3.  Suppression  des  octrois  avec  le 
concours  de  l'État,  en  tenant  compte  des  droits  acquis  par  les  employés  en  fonction.  — 
i.  Suppression  des  sinécures  et  des  gros  traitements  inutiles.  Relèvement  des  petits  traite¬ 
ments,  —  5.  Dénonciation  du  Concordat,  Suppression  du  budget  des  Cultes. 


—  792  " — 


R  éfo  rm  es  j  ud  ici  a  i  res . 

1.  Simplification  des  codes;  leur  révision  dans  un  sens  plus  large  et  plus  humain.  - 
2.  Réduction  des  fiais  de  procédure.  —  3.  Réforme  de  la  loi  du  divorce  dans  un  sens  plus 
libéral.  —  4*  Révision  de  la  loi  de  1838  sur  les  aliénés.  —  5.  Suppression  de  la  peine  ne 
mort;  subsidiairement,  suppression  de  la  publicité  des  exécutions  capitales. 

Reformes  universitaires. 

1.  Abrogation  de  la  loi  Falloux,  —  2.  Enseignement  unitaire,  Renseignement  primaire 
laïque  formant  la  hase  commune  de  Révocation  de  tous  les  citoyens  français.  —  3.  Liberté 
(Renseignement  sous  la  double  garantie  d'un  contrôle  effectif  de  RÉtat  et  de  Réquivalenœ 
des  grades  universitaires.  —  4,  Gratuité  complète  de  tous  les  enseignements  ;  subsidiaire¬ 
ment,  large  concession  de  bourses  aux  enfants  des  écoles  primaires  hïques,  —  5.  Dévelop¬ 
pement  des  œuvres  postsco)  aires. 

Réformes  financières  et  économiques . 

1.  Révision  du  système  d’impôts.  Établissement  de  l'impôt  personnel  et  progressif  sur 
le  revenu,  en  distinguant  nettement  le  revenu  du  capital  et  le  revenu  du  travail.  —  2,  Dé¬ 
grèvement  des  petites  cotes  foncières  et  des  petites  patentes.  —  3.  Adoption  de  Pim  pot 
progressif  sur  toutes  les  successions,  en  tenant  compte  du  chiffre  de  ia  succession,  de  l’éloi¬ 
gnement  du  degré  de  parenté  et  du  nombre  des  enfants.  Liberté  absolue  de  tester.  —  4.  Sup¬ 
pression  de  3a  zone  militaire.  —  5.  Rachat  des  chemins  de  fer,  à  commencer  par  l'Ouest  et 
le  Midi  {proposition  Bourrât).  —  6.  Exploitation  par  l’État,  le  département,  la  ville,  ou  à 
leur  profit,  des  grands  services  publics  et  de  toutes  les  richesses  nationales  (mines,  car¬ 
rières,  etc.)*  —  7.  Participation  aux  bénéfices  des  employés  dans  ces  diverses  exploitations, 
—  8.  Réforme  de  la  Banque  de  France  pour  la  mettre  à  la  disposition  de  la  Nation.  — 
9.  Révision  de  la  loi  concernant  la  réhabilitation  des  faillis.  —  ÎO.  Révision  de  la  loi  des 
patentes.  Taxation  des  grands  magasins  d’après  le  nombre  des  spécialités  exploitées,  — 
H.  Suppression  du  privilège  des  bouilleurs  de  cru. —  12.  Suppression  des  commerces 
clandestins.  —  13.  Amortissement  graduel  de  la  Dette  publique;  sévère  contrôle  de  toutes 
les  dépenses  publiques,  tant  militaires  que  civiles. 

R  éfo  r  mes  mi  U taî  res , 

1,  Égalité  complète  du  service  militaire.  —  2.  Sa  réduction  immédiate  k  deux  ans  et 
progressivement  à  dix-huit  et  quinze  mois.  —  3,  Large  diminution  des  dépens-s  militaires 
de  tout  ordre  par  ia  suppression  des  emplois  et  grades  dont  le  maintien  n’a  aucun  rapport 
avec  la  défense  nationale, —  4,  Rajeunissement  des  cadres,  —  5.  Refonte  du  Gode  de  justice 
militaire.  Suppression  des  Conseils  de  guerre  en  temps  de  paix. 

Réformes  sociales  et  ouvrières , 

1.  Prompte  réorganisation  d’un  système  national  d'assurances  contre  Rjnvaliditê  et  la 
vieillesse.  —  2*  Assurances  contre  le  chômage  et  la  maladie.  —  3.  Vote  de  lois  sévères  pour 
la  protection  de  la  santé  publique.  —  4-  Interdiction  des  paiements  en  nature  par  le  sys¬ 
tème  des  économats.  —  5.  Extension  de  la  juridiction  des  prud’hommes  à  tous  les  salariés 
do  commerce,  de  l’industrie  et  de  l'agriculture.  —  û.  Repos  légal  de  six  semaines  avant  et 
six  semaines  après  I  accouchement,  pour  toutes  les  femmes  employées  dans  l'administration, 
l'industrie,  Je  commerce  et  l’agricuiture,  —  7.  Réforme  du  régime  pénitentiaire,  le  travail 
dans  les  prisons  tarifé  et  surveillé  par  les  conseils  de  prud’hommes  et  les  chambres  syndi¬ 
cales.  —  8.  Encouragement  aux  sociétés  de  secours  mutuels, 

(Suivent  les  signatures  de  la  Commission  exécutive  et  des  membres  du  Comité,) 


—  793 


1162 


2e  circonscription  du  14r  arrondissement  de  PARIS 
M.  Émile  DUBOIS 

Élu  au  2*  tour  de  scrutin.  ~  4,784  voix. 


Coaïité  de  Gükgextmtiün  Républicaine  Socialiste 

Citoyens  j 

Nous  venons  présenter  de  nouveau  à  vos  libres  suffrages  la  candidature  du  Citoyen 
Émile  Dubois,  Député  sortant, 

il  y  a  quatre  ans,  vous  avez  élu  à  une  forte  majorité  le  Citoyen  Émilé  Dubois*  alors 
Président  du  Conseil  général  de  la  Seine. 

A  la  Chambre  des  Députés,  le  Citoyen  Émile  Dubois  s’est  montré  aussi  bon  républicain 
et  aussi  bon  patriote  qu'à  l'Hôtel  de  Ville. 

La  manière  dont  il  a  rempli  son  mandat,  son  attitude  au  Parlement  et  les  services  qu'il 
a  rendus  à  la  cause  de  la  démocratie  et  de  la  République  ont  augmenté  pour  lui  votre  estime 
et  vos  sympathies. 

Il  a  pris,  dans  plusieurs  circonstances  et  avec  succès*  la  parole  à  la  tribune,  pour 
défendre  les  intérêts  des  travailleurs  et  des  petits  commerçants,  les  intérêts  généraux  du 
Pays  et  les  intérêts  particuliers  de  notre  arrondissement.. 

Il  a  été  membre  de  plusieurs  Commissions,  notamment  de  la  Commission  de  l’ensei¬ 
gnement  dont  il  fut  nommé  un  des  rapporteurs. 

Le  Citoyen  Émile  Dubois  s'est .créé  une  place  à  part  à  la  Chambre  des  Députés,  par  la 
liante  situation  de  Président  d’une  grande  Commission,  que  lui  ont  conférée  ses  collègues. 

Homme  de  travail,  de  progrès  et  de  dévouement,  il  a  montré  à  la  tête  de  celte  Com¬ 
mission  une  compétence  et  une  activité  remarquables,  «  s’attachant  particulièrement  à 
créer  des  conditions  meilleures  d’hygiène  et  de  bien-être  dans  les  ateliers  et  manufactures, 
dans  les  grandes  agglomérations,  dans  les  écoles  et  les  lycées,  dans  les  hôpitaux,  dans  les 
casernes,  dans  tous  les  établissements  de  FËtat  ». 

L'hygiène,  V  alimentation,  la  santé  "du  soldat  ont  été  pour  lui  l’objet  d’une  constante 
préoccupation. 

Aussi  a-t-il  été  appelé  à  siéger  dans  toutes  les  Commissions  extraparlementaires  où 
sont  agitées  les  questions  éminemment  économiques  et  sociales  qui  intéressent  la  vitalité 
môme  de  la  Nation. 

Républicain  ardent,  le  citoyen  Emile  Dubois  a  fait  partie  de  cette  majorité  républicaine 
qui,  en  consolidant  chaque  jour  davantage,  contre  les  efforts  de  la  réaction,  un  Ministère  do 
progrès  et  de  paix,  a  rendu  un  si  éclatant  service  au  Pays. 

Citoyens, 

Voici  le  programme  accepté  par  notre  candidat  ; 

100 


Programme  du  Comité 


Protection  de  la  petite  propriété. 

Protection  du  travail,  du  petit  commerce  et  de  la  petite  industrie,  par  la  suppression- 
de  tous  privilèges  et  monopoles  constitués  à  leur  détriment,  notamment  pai  1  amélio¬ 
ration  de  la  loi  sur  les  patentes.  , 

Suppression  de  la  concurrence  faite  au  travail  libre  dans  les  ouvrons  et  dans  les 

prisons, 

_ Réduction  du  nombre  des  fonctionnaires  en  respectant  les  situations  acquises. 

Amélioration  du  sort  des  petits  employés,  et  suppression  des  sinécures  et  des  gros 
traitements. 

—  Décentralisation  administrative. 

Amélioration  des  retraites  pour  les  petits  employés  des  services  publics. 

Diminution  du  taux  des  pensions  de  retraite  des  fonctionnaires  à  gros  traitement. 
Impôt  sur  le  capital  fixe  et  sur  le  revenu,  de  façon  que  chaque  citoyen  concoure  aux 
charges  de  l’État  suivant  ses  ressources  et  ses  facultés. 

Amortissement,  dans  une  grande  mesure,  de  la  Dette,  pour  arriver  à  la  diminution  des 

impôts. 

Amélioration  de  la  loi  de  188£*  sur  les  syndicats  professionnels. 

Révision  et  amélioration  de  la  loi  sur  les  accidents  du  travail. 

Développement  des  Écoles  d'enseignement  technique  et  .des  Écoles  industrielles  et 


commerciales. 

—  Développement  de  ^instruction  et  de  l'éducation  populaires. 

L’accès  des  grandes  Écoles  et  l’accès  des  fonctions  publiques  largement  ouverts  aux 
enfants  du  peuple. 

Retraites  ouvrières# 

—  Assistance  efficace  aux  vieillards,  aux  femmes;  aux  familles  nombreuses. 

Protection  morale  et  matérielle  de  P  enfance. 

Encouragement  à  la  mutualité  à  la  prévoyance,  aux  associations  ouvrières. 

—  Protection  de  la  liberté  individuelle. 


Réforme  de  la  magistrature  :  élection  des  juges* 

Extension  de  la  juridiction  des  Prud'hommes  à  tous  les  travailleurs,  ouvriers  et  em¬ 


ployés, 

Réduction  des  frais  de  justice  en  les  proportionnant  à  l'importance  des  procès. 
Révision  du  Gode  d'instruction  criminelle  pour  la  garantie  et  la  défense  des  accusés. 
—  Liberté  de  conscience* 

Lutte  contre  Fintolérance  cléricale. 

Application  rigoureuse  de  la  loi  sur  les  associations. 

Séparation  des  Églises  et  de  FÉtat. 

Service  militaire  de  deux  ans,  au  maximum*  Suppression  des  treize  et  des  vingt-huit 
jours. 

La  France  poursuivant  la  création  efficace  d'un  Tribunal  d  arbitrage  pour  terminer  es 


différends  entre  les  peuples. 

La  France  faisant  entendre  hautement  sa  voix,  lorsque  se  commettent  des  crimes  inter¬ 
nationaux,  comme  pour  la  guerre  du  Transvaal,  les  massacres  de  P  Arménie  et  de  la  Macé 
doine. 

Révision  de  la  Constitution. 

Tel  est,  Citoyens,  le  programme  que  nous  remettons  aux  mains  du  citoyen  Docteur 


Dubois. 

Telles  sont,  à  notre  sens,  les  solutions  les  plus  urgentes,  toutes  de  préservation 
sociale,  de  justice  et  de  solidarité, 


—  m  — 


N°  102 


Citoyens, 


Dans  les  circonstances  graves  que  traverse  la  République,  les  électeurs  de  Montrougc- 
Sanlô  affirmeront  leur  volonté  d’en  finir  avec  la  réaction,  avouée  ou  masquée,  dont  les 
menées  paralysent  les  affaires,  troublent  les  consciences,  et  ne  sauraient  aboutir,  si  elles 
réussissaient,  qu’à  la  ruine  morale  et  matérielle  du  Pays, 

Vous  accorderez  de  nouveau  votre  confiance  à  l’homme  sûr,  au  citoyen  dont  vous 
appréciez  tous  la  valeur,  dont  vous  connaissez  tous  la  loyauté  et  la  droiture,  et  qui,  pendant 
ces  quatre  dernières  années,  vous  a  donné  de  nouvelles  et  éclatantes  preuves  de  son  atta¬ 
chement  sincère  et  de  son  dévouement,  au  citoyen  Émile  Dubois. 

Vive  la  France I  Vive  la  République! 


(Suivent  les  signatures.) 


Aux  ELECTEURS, 


Citoyens, 


Je  m'engage  à  défendre,  dans  son  intégralité,  le  programme  que  le  Comité  de  Concen¬ 
tration  républicaine  socialiste  m’a  confié. 

Il  faut  que  la  France  poursuive  sa  marche  en  avant! 

11  faut  qu'elle  continue  son  œuvre  d’émancipation,  de  progrès  et  de  fraternité! 

Comme  patriote  et  comme  républicain,  je  m’engage  a  lutter  de  toutes  mes  forces 
contre  la  coalition  des  anciens  partis,  pour  le  triomphe  définitif  de  la  République,  pour  la 
prospérité  et  pour  l’honneur  de  la  France  ! 


Docteur  DUBOIS,  Député  sortant. 


ltc  circonscription  du  15e  arrondissement  de  PARIS 


M.  IÎAGHOL 


Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  8*258  voix 


Parti  Socialiste 


Comité  électoral  d’unité  fédérative  du  15e 


Aux  Républicains,  aux  Socialistes! 

Citoyens, 

En  présentant  à  vos  suffrages  la  candidature  du  citoyen  Henri  Ragnol,  nous  ne  faisons 
que  nous  incliner  devant  la  volonté  des  électeurs  qui,  il  y  a  quatre  ans,  au  nombre  de  6,00(1, 


ont  affirmé  leur  intention  d’ètre  représentés  par  un  républicain  que  vous  connaissez  depuis 
vingt  ans  et  dont  les  convictions  franchement  socialistes  n  ont  jamais  changé. 


—  im 


Retracer  ia  vie  d’Henri  Bagnol  c’est  faire  le  portrait  do  ccs  travailleurs  humbles  et 
modestes  qui  apportent  à  la  défense  des  opprimés  leurs  convictions  sincères  et  leur 
dévouement  sans  bornes. 

Ouvriers»  employés,  commerçants ,  vous  connaissez  tous  l’œuvre  d’Henri  Bagnol, 

Vous,  ouvriers,  vous  n’avez  pas  oublié  le  créateur  de  ces  Syndicats  et  de  cos  organi¬ 
sations  ouvrières  qui  ont  tant  contribué  au  triomphe  de  vos  revendications  si  légitimes  et 
pourtant  si  longtemps  déçues  ! 

Quant  à  vous,  employés,  il  fut  toujours  et  restera  des  vôtres.  De  bonne  heure  il  prit, 
vous  ne  l’ignorez  pas,  la  défense  de  vos  droits  jusqu’ici  méconnus. 

Et  vous,  commerçants,  pourriez-vous  oublier  celui  qui,  depuis  vingt  ans,  met  chaque 
jour  à  votre  disposition,  avec  le  désintéressement  que  vous  savez,  toute  son  influence  et 
toute  son  expérience  des  affaires? 

Non,  ouvriers,  employés,  commerçants,  vous  n Oublierez  pas  qu’une  vie  aussi  exem¬ 
plaire  d’activité,  que  tant  de  sacrifices  à  la  noble  cause  de  la  défense  de  tous  ceux  qui 
produisent  contre  les  vexations  et  l’arrogance  des  exploiteurs,  sont  les  plus  sûres  garanties 
de  la  sincérité  avec  laquelle  Bagnol  remplira  le  mandat  que  vous  ne  pouvez  manquer  de 
lui  confier. 

Le  passé  répond  de  l’avenir. 

En  votant  pour  Bagnol,  Citoyens,  vous  flétrirez  en  la  personne  de  M.  Humbert  les  doc¬ 
trines  réactionnaires  que  cet  esclave  du  sabre  cache  sous  l’épithète  de  nationalisme I 

Et  vous  ne  voterez  pas  pour  celui  qui  tenta  d’ètouher,  avec  la  République,  ces  chères 
libertés  que  la  Révolution  arracha  a  l’ancien  régime  au  prix  du  sang  de  ses  plus  nobles 
enfants!  Vous  vous  souviendrez  qu’en  ces  temps  derniers,  alors  que  toutes  les  forces  vives 
de  la  réaction,  alors  que  les  généraux,  comme  ceux  du  Coup  d’État  de  1851,  proclamaient 
cette  absurdité  ;  la  suprématie  du  pouvoir  militaire  sur  le  pouvoir  civil  et  le  retour  vers  les 
horreurs  de  la  Monarchie  et  les  «  châtiments  »  de  l'Empire,  oui,  vous  vous  souviendrez  que 
M.  Alphonse  Humbert,  ancien  révolutionnaire,  ancien  socialiste,  ancien  radical,  ancien 
républicain  et  aujourd'hui  réactionnaire,  s’unissait  à  eux  pour  étrangler  la  République! 

Assez  de  sabres  !  Les  travailleurs  ne  veulent  plus  d’Enopire,  et  vos  déguisements  de 
nationalistes  ne  les  tromperont  pas.  Ils  sont  las  de  jeter  leurs  enfants  à  la  guerre,  au  car¬ 
nage,  pour  défendre  des  richesses  et  des  biens  qu’ils  ont  produits  et  dont  ils  n 'entrevoient 
que  le  mirage. 

Paix  et  travail  à  tous  \ 

Voilà  un  idéal  autrement  noble  que  celui  du  retour  à  la  barbarie  et  de  l’esclave  domi¬ 
nation  militaire  dont  M.  Humbert  rêve  de  doter  la  France! 

Et  maintenant,  courage,  Citoyens,  unissons  nos  efforts  et,  le  cœur  rempli  de  cet  idéal 
de  paix  et  de  justice,  votons  tous  pour  le  Citoyen 

Henri  BAGNOL. 

La  Commission  : 

(Suivent  les  signatures.) 


N°  H  62 


2°  circonscription  du  15*  arrondissement  de  PARIS 

M.  GHAUVIÈRË 

Elu  au  2e  tour  de  scrutin,  —  6,228  voix. 


CoiUTi?  d'Onjon  Socialiste 
(ÀpiIÉMNt1  au  P.  s,  R*) 

Citoyens, 

Tout  le  monde  a  parlé  do  moi,  ce  peut  bien  être  mon  droit  d’en  parler  à  mon  tour 

Permeüez-moi,  Citoyens,  de  vous  rappeler  ce  que  nous  étions  il  y  a  plus  de  trois  ans. 

Vous  savez  tous  dans  quelle  situation  nous  nous  sommes  trouvés  à  la  mort  du  président 
de  la  République  Félix  Faure.  Pour  ceux  qui  connaissent  l’Histoire,  la  République  était  à 
l’agonie. 

Trahie  par  J  es  uns,  menacée  par  les  autres,  elle  ne  trouva  de  véritables  défenseurs 
que  dans  la  foule*  dont  nous  sommes* 

Le  cri  de  %  Vive  l’Année  1  »  était  devenu  le  cri  de  ralliement  des  héritiers  de  ceux  qui 
trahirent  la  France  en  1792,  comme  de  ceux  qui  doutèrent  d’elle  en  1871*  les  Bazaine,  les 
Ducrot t  les  Vinoy,  les  Trochu  et  les  Mac-Mahon, 

A  Autcuil,  un  attentat  réactionnaire  montra  Fétendue  du  péril;  et  quoique  absolus 
partisans  de  la  suppression  de  la  présidence  de  la  République,  nous  nous  levâmes  tous, 
non  pour  défendre  le  Président,  mais  la  République  elle-même  visée  derrière  M.  Loubet» 

Grâce  à  nous,  la  rue  redevînt  libre.  Les  tentatives  de  coup  d’État  furent  remises  à  des 
dates  ultérieures;  mais  Pou  ne  se  tint  pas  pour  battus,  et  par  l’argent,  affluant  de  toutes 
parts,  des  monopoleurs  menacés,  des  privilégiés  visés,  des  spéculateurs  aux  abois,  sous 
le  masque  républicain,  la  réaction  a  recommencé  la  lutte  dont  demain  nous  dira  tous  les 
effets. 

Durant  ce  temps,  le  candidat  de  notre  circonscription,  soi-disant  radical-socialiste,  se 
dissimulait  derrière  les  coalitions  nationalistes  et  par  elles  se  faisait  élire  président  du 
Conseil  général  de  la  Seine,  contre  le  socialiste  Thomas,  maire  du  Kremlin, 

Ni  chair,  ni  poisson,  il  le  déclare,  il  ne  veut  être  ni  le  fils  de  îa  Révolution,  quia 
transformé  la  France  en  un  siècle,  ni  le  disciple  de  ses  anciens  amis,  dont  l’alliance  est  par 
trop  compromettante  aujourd’hui. 

Il  soutient  pourtant  à  la  fois  dans  son  journal  le  candidat  nationaliste  de  la  iT0  circons¬ 
cription  et  sa  candidature  dans  la  nôtre. 

Il  appartient  en  fait  à  cette  catégorie  de  radicaux  qui,  maîtres  du  pouvoir,  ont,  par 
leurs  tergiversations  et  leur  atermoiement,  mécontenté  les  républicains,  encouragé  nos 
ennemis  et  préparé  Père  de  trouble  que  nous  traversons  si  péniblement. 

Qaant  à  F  autre  adversaire,  le  fondateur  du  Boulangisme,  T  ami  des  Bonaparte,  le 
pourfendeur  des  juifs,  des  protestants,  des  francs-maçons,  des  socialistes,  l’enfant  chéri  du 
nationalisme,  que  soutiennent  la  Croix }  le  Gaulois,  la  Libre  Parole^  etc»;  que  les  Cercles 
catholiques,  que  les  Jeunesses  royalistes  accompagnent  dans  ses  pérégrinations^  que  Jules 
Lemaître,  Cavaignac,  Mercier,  Goppèe,  acclament  comme  le  plus  vaillant  d’entre  tous,  il 
raie  suffit  de  dire  que  c’est  un  Gésarien,  partisan  de  l’extension  du  pouvoir  du  Président, 
apôtre  de  la  liberté  des  congrégations  qui  ruinent  déjà  le  travail,  déprécient  le  salaire  et 
poussent  à  la  prostitution,  par  la  concurrence  impitoyable  que  font  à  nos  ateliers  et  à  nos 
Magasins  les  couvents  et  les  abbayes* 


—  798  — 

L’Espagne  et  l’Italie  ont  été  tuées  par  les  congrégations*  alors  que  les  pays  qui  s’en  sont 
préservés,  tels  que  l’Angleterre  et  l'Allemagne,  connaissent  la  prospérité  sans  cesse  crois¬ 
sante  et  à  nous  de  plus  en  plus  inconnue. 

H  veut  l’armée  maîtresse  du  pays,  tandis  que  nous  voulons  la  nation  maîtresse  de 
l'armée. 

Notre  cri  de  ralliement  est  : 

Ni  coups  d’État>  ni  conquêtes  1 

La  nation  ne  doit,  dans  la  paix,  que  viser  à  ce  double  but  :  se  défendre  et  prospérer. 

D’autre  part,  ai- je  manqué  personnellement  a  mon  devoir? 

Nul  n'a  osé  invoquer  un  de  mes  votes  qui  ne  soit  pas  conforme  à  mon  programme  ou  & 
mes  principes. 

Les  discours  que  j’ai  prononcés  l’ont  été  en  faveur  des  travailleurs  ;  caisses  de  retraites, 
augmentation  de  pensions,  suppression  des  bureaux  de  placement,  contre  le  chômage,  pour 
les  ouvriers  des  établissements  militaires,  employés  des  postes,  etc,,  etc. 

Grâce  à  une  persévérance  qui  ne  s’est  pas  démentie  un  seul  instant  pendant  sept 
années,  j’ai  pu  obtenir  Ja  reconstruction  de  l'Imprimerie  nationale,  et  aussi  l'engagement 
formel  du  Gouvernement  de  l'installation  du  premier  bureau  de  poste  à  Paris,  dans  notre 
circonscription. 

Parlerai-je  de  mon  intervention  sans  tapage  pour  les  amis  malheureux  frappés  de 
chômage? 

Parce  que  je  n’ai  pas  un  journal  qui  fait  tambouriner  à  tous  les  coins  de  rues  mes  hauts 
faits,  n’ai-je  pas  agi  ? 

En  somme,  pendant  que  les  uns  me  reprochent  mon  ministérialisme,  qui  n’a  consisté 
qu’à  voter  contre  les  réactionnaires  chaque  fois  que  la  République  était  en  jeu  et  quun 
ministère  de  réaction  était  dans  la  coulisse;  les  autres  me  reprochent  mon  aotiministéria- 
lisme,  parce  que  toujours  j’ai  voté  contre  les  hommes  pour  les  principes  lorsqu’ils  étaient 
engagés,  alors  que  les  amis  de  nos  adversaires  votaient  ensemble  avec  le  ministère,  notam¬ 
ment  à  propos  de  la  suppression  des  congrégations,  de  la  suppression  du  budget  des 
cultes,  etc. 

Je  ne  suis  pas  pour  la  politique  de  parti,  je  suis  pour  la  politique  des  idées. 

Ce  que  j’ai  été  hier,  je  le  suis  aujourd’hui  et  je  le  serai  demain. 

Tout  ce  que  j’ai  souffert  pour  la  République,  je  suis  prêt  à  le  souffrir  encore.  Mais  je  ne 
veux  plus  être  dupe,  et  si  je  succombe,  ce  ne  sera  pas  par  ma  faute.  Je  sais  par  expérience 
ce  que  valent  des  adversaires  triomphants. 

Enfin  tout  le  bien  que  j’ai  pu  faire,  je  Rai  fait,  sans  distinguer  entre  mes  amis  ou  mes 
ennemis,  et  cela  malgré  l'hostilité,  non  pas  toujours  de  ceux  qui  se  disent  adversaires  de  la 
République  —  mais  de  ceux  qui  s’en  disent  parfois  les  plus  chauds  partisans. 

il  faut  dire  comment  je  suis  socialiste  ; 

Le  soi-disant  collectiviste  que  je  suis,  vieux  communiste  impénitent,  n’a  jamais  eu  la 
prétention  d’imposer  ses  idées  autrement  que  par  la  persuasion. 

Je  yeux  l’égalité  sociale,  qui  nous  donnera  la  liberté  vraie  (la  liberté  n’existe  pas  dans 
l'inégalité  de  situation)  et  la  bonne  fraternité  sans  laquelle  une  société  se  fonde  peut-être, 
mais  ne  se  maintient  pas. 

Socialiste  d’État,  je  veux  frapper  les  puissants,  qui  sont  un  danger  pour  tous,  dans  leur 
puissance  même,  et  non  dans  leur  personne. 

Respectueux  des  philosophies  et  des  races,  je  veux  qu’à  leur  tour  tous  soient  respec¬ 
tueux  de  la  pensée  libre. 

Je  veux  des  services  publics  qui  garantissent  les  hommes  de  la  misère  et  le  pays  de  la 
ruine. 

Enfin,  contrairement  aux  gens  à  sentiments  chauvins  qui  SC  sont  traduits  dans  les  faits 
par  un  protectionnisme  à  outrance;  qui,  semant  des  ruines  à  l’intérieur,  ont  élevé  entre 
tous  les  peuples  des  barrières  que  le  canon  seul  pourra  abattre,  je  crois  qu’il  faut  faire 
appel  à  toutes  les  autres  nations  pour  que,  strictes  observatrices  du  contrat  du  travail,  °û 


N°  H  62 


—  799  — 

le  minimum  de  salaire  est  assuré,  ainsi  que  la  limitation  des  heures  de  journées,  toutes 
arrivent  sans  se  nuire  à  mieux  vivre,  à  mieux  s’estimer,  à  s’aimer  et  à  préparer,  dans  la 
paix,  cette  République  fédérale  de  l’avenir  entrevue  par  nos  pères,  contre-poids  nécessaire 
à  cette  autre  République  américaine  devenant  de  plus  en  plus  une  menace  pour  la  sécurité 
européenne. 

Je  me  résumerai  en  ces  mots  : 

Pour  le  citoyen,  l’égalité,  pour  la  France,  la  liberté  dans  la  République  sociale. 

Vive  la  République  sociale  ! 

Bien  fraternellement  à  vous, 

E.  CHAUVIÈRE. 


lTÙ  circonscription  du  16*  arrondissement  de  PARIS 
M.  Paul  BEAÜREGARD 
Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  5.913-  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Je  me  représente  à  vos  suffrages. 

(Test  mon  devoir. 

Vous  m’avez,  il  y  a  quatre  ans,  accordé  votre  confiance;  j’ai  le  sentiment  de  l’avoir  jus¬ 
tifie.  Je  vous  dois,  je  me  dois  à  moi-môme,  de  rester  à  votre  disposition  pour  continuer  la 
tâche  entreprise. 

Tel  je  me  suis  présenté  à  vous  en  1898,  tel  je  suis  aujourd’hui.  —  Mon  programme  est 
resté  le  même. 

Fermement  Républicain 

Je  veux  défendre  la  liberté  égale  pour  tous; 

Par-dessus  tout  je  suis  dû  patriote; 

C’est  dire  que  je  suis  résolument  antimimstéricî. 

j’ai,  de  toutes  mes  forces,  combattu  ce  Ministère  qui,  sous  prétexte  de  «  Défense  Répu¬ 
blicaine  »  (belle  ironie)  a  mutilé  nos  libertés  les  plus  chères  (et  au  premier  rang  la  liberté 
de  nos  consciences),  détruit  notre  bureau  de  renseignements  militaires,  porté  les  plus  dan¬ 
gereuses  atteintes  à  l’autonomie  de  l’État-Major,  ouvert  la  porte  des  casernes  aux  publications 
les  plus  abjectes. 

Je  veux  la  République  douce,  accueillante  à  tous; 

Je  veux  les  Français  libres  de  croire  à  leur  gré,  libres  d’élever  leurs  enfants  comme  il 
leur  convient; 

Je  veux  la  France  forte  au  dehors  et  s’imposant  au  respect  de  tous,  l'armée  encouragée 
dans  son  œuvre  de  défense  par  l'affection  des  bons  Citoyens  et  des  pouvoirs  publics. 

Je  veux  la  propriété  respectée,  la  liberté  des  contrats  assurée,  la  justice  impartiale  pour 
tous  les  citoyens. 

Je  veux  la  classe  ouvrière  affranchie,  mise  en  possession  de^tous  ses  droits;  encouragee 
parles  sacrifices  de  l’État  à  Peeuvre  de  prévoyance  nécessaire  Tson  avenir;  soutenue  dans 


—  800  — 

la  formation  de  ses  associations  ;  devenant  forte  san  s  devenir  tyrannique.  Je  veux  tout  pour 
elle  par  les  voies  de  la  liberté* 

Je  n’admets  aucun  État  dans  FÉtat.  — Résolu,  en  franc  libéral,  à  ne  persécuter  personne, 
je  ne  veux  pas  non  plus  que  nous  soyons  persécutés.  Les  Francs- Maçon  s  et  les  Juifs  doivent 
être  ramenés  à  n’occuper  dans  les  fonctions  publiques  qu’une  part  proportionnelle  à  leur 
nombre.  11  faut  surtout  reviser  la  loi  sur  la  naturalisation  pour  arrêter  Finvasion  cosmopo¬ 
lite  qui  risque  de  nous  êtro  funeste, 

La  conscience  publique  exige  impérieusement  FelTacement  des  iniquités  commises  au 
nom  du  dreyfusisme,  dans  ces  dernières  années.  L’amnistie  pour  tous  les  condamnés  de  la 
Haute  Cour  est  une  œuvre  de  réparation  nécessaire  et  urgente. 

Le  service  militaire  peut  être  allégé,  les  études  de  la  Commission  de  l’armée  le  démon¬ 
trent.  —  Mais  c’est  sous  lu  condition  que  l’on  crée  au  préalable  les  cadres  sérieux  indispen¬ 
sables  pour  assurer  la  solidité  d’une  année  moins  exercée  qu’aujour  d’hui.  Sur  ce  point,  nous 
devons  être  irréductibles. 

Il  n’est  que  temps  de  prendre  des  mesures  énergiques  pour  arrêter  le  déficit,  rétablir 
l’équilibre  de  nos  finances  et  faire  des  économies.  Ces  dernières  sont  indispensables  pour 
arriver  à  une  meilleure  répartition  de  l’impôt*  —  Secrétaire  générai  de  la  Ligue  des  contri¬ 
buables,  je  demande  avec  elle  qu’il  soit  interdit  aux  Députés  de  prendre  l’initia live  de 
dépenses  nouvelles. 

Je  veux  enfin  que  Paris,  vengé  de  procédés  mesquins  et  haineux,  reprenne  3 a  place  qui 
lui  revient  de  droit  en  France  :  la  première*  —  Ce  Ministère,  exécuteur  de  toutes  les  basses 
rancunes  politiques,  nous  a  sacrifiés*  La  foi  sur  les  buissons,  les  taxes  de  remplacement,  le 
retard  apporté  à  la  Loi  des  Patentes,  le  refus  de  ratifier  le  projet  relatif  au  gaz,—  sans  parler 
d’incidents  blessants  pour  le  Conseil  Municipal,  oi  de  la  visite  du  Tsar  —  sont  autant  de 
causes  d'un  ressentiment  légitime  contre  lui- 

Aux  premiers  rangs  de  l’opposition,  depuis  que  le  Ministère  Waldeck-Miîlerand  est  an 
pouvoir,  fort  de  ma  conscience,  appuyé  sur  mes  actes,  je  méprise  les  insinuations  d’adver¬ 
saires  qui,  pour  expliquer  leurs  candidatures,  sont  bien  obligés  de  trouver  quand  même 
quelque  chose  à  dire. 

Mes  chers  Concitoyens,  vous  me  connaissez,  Je  compte  sur  vous. 

Vive  la  France!  Vive  la  Liberté!  Vive  Paris!  Vive  la  République! 

Paul  BEAU  REGARD,  Député  sortant. 


CouiTé  DE  ï/ÜNION  UÊÜRÂltë  RÉPUBLICAINE  DU  16e  ARRONDISSEMENT 
(fondé  en  1885) 


Chers  Concitoyens, 

Notre  Comité  n’a  pas  attendu  l’ouverture  de  la  période  électorale  pour  vous  présentera 
nouveau  la  candidature  de  M*  Paul  Beauregard,  député  sortant, 

La  République  traverse  une  des  phases  les  plus  critiques  qu’elle  ait  encore  connues.  ïl 
nous  appartient  d'envisager  notre  devoir  civique  d’une  façon  sérieuse  et  de  n’envoyer  au 
Palais-Bourbon  que  des  hommes  qui,  par  leur  probité  politique,  leur  libéralisme  sincère, 
leur  amour  de  la  Patrie  et  de  la  République,  soient  susceptibles  de  rendre  à  notre  pays  la 
prospérité  qu’un  ministère  néfaste  a  compromise. 

Ne  nous  laissons  plus  leurrer  par  des  promesses  fallacieuses,  éloignons-nous  de  ceux 


N°  H  62 


—  801  — 

que  leurs  opinions  ou  leur  passé  rattachent  à  ces  mauvais  serviteurs  du  pays  qui  iront  pas 
craint  de  faire  de  noire  République  la  servante  de  leurs  appétits  et  de  leurs  intérêts 
personnels.  Gardons-nous  à  la  lois  des  exagérés  et  des  sectaires.  Revenons  résolument 
au  principe  de  liberté  sous  toutes  ses  formes,  impudemment  foulé  aux  pieds  par  une  majo¬ 
rité  servile. 

Électeurs, 

Lorsqu’en  1898  nous  recommandions  à  vos  suffrages  M.  Paul  Beaurcgard,  nous  vous 
[lisions  •  «  Delà  solution  des  questions  économiques  et  sociales  dépend  la  prospérité  de 
notre  pays.  On  ne  les  résout  pas  avec  des  phrases  et  des  appels  aux  passions.  M.  Bcauregard 
leur  a  consacré  des  études  approfondies;  sa  compétence,  son  intelligence,  sont  appréciées 
de  tous  —  nous  connaissons  son  dévouement  et  son  activité.  » 

Et  vous  nous  avez  suivis,  comme  vous  l’aviez  fait  antérieurement  lorsque  nous  vous 
présentions  notre  vénéré  Maire,  M,  le  Dr  Marmotta n. 

Quatre  années  de  législature  nous  ont  suffisamment  prouvé  combien  notre  choix  avait 
été  heureux.  Nous  avons  rencontré,  eu  M.  Beauregard,  un  représentant  de  grand  talent.  Par 
son  caractère  élevé,  pur  ses  opinions  ardemment  libérales  et  républicaines,  par  son  activité 
asridue  et  son  patriotisme,  il  a  su  prendre  à  la  Chambre  une  place  prépondérante.  Sachons- 
lui  gré  du  dévouement  remarquable  qu’il  a  apporté  dans  l’exercice  du  mandat  que  nous  lui 
avions  confié.  Fermons  l’oreille  aux  basses  calomnies  qu’inventent,  pour  le  supplanter,  des 
adversaires  sans  scrupules.  11  est  digne  de  notre  confiance  et  de  notre  affection,  et  nous 
ferons  acte  de  bons  Français  en  votant  tous  le  27  avril  pour  M. 

Paul  BEAU REGARD, 

Professeur  d’économie  politique  à  la  Faculté  de  Droit  de  Paris, 

Député  sortant. 

y 

Vive  la  France!  Vive  la  Liberté!  Vive  la  République! 

Pour  le  Comité  : 

(Suivent  les  signatures.) 


2f  circonscription  du  16°  arrondissement  de  PARIS 
M.  M1LLEVOYE 

Élu  au  ltr  tour  de  scrutin.  —  5.633  voix. 


Un  Programme  Politique 

PATRIE  ET  LIBERTÉ 

Le  programme  d’un  député  qui  sollicite  le  renouvellement  de  son  mandat  doit  être 
l’expression  très  nette  des  nécessités  de  gouvernement  que  crée  l’état  social  et  économique 
du  pays,  des  progrès  que  commande  le  mouvement  des  idées,  des  garanties  qu’exige  l’ordre 
public. 

Le  mien  se  résume  en  deux  mots  :  Patrie  et  Liberté. 

La  patrie,  telle  que  je  la  comprends,  c’est  L’ensemble  des  souvenirs,  des  traditions,  des 

191 


gloires  héréditaires  qui,  à  travers  les  pins  violentes  secousses  de  son  histoire,  ont  immor¬ 
talisé  et  sauvé  la  France, 

Fai  respecté  dans  mes  votes,  dans  mes  déclarations  et  dans  mes  actes,  les  sentiments 
les  convictions  de  tous  les  Français  qui  ont  contribué  à  conserver  ou  à  étendre  le  patrimoine 
moral  et  matériel  de  notre  pays, 

La  patrie,  c'est  l'armée  gardienne  des  frontières,  des  foyers,  des  droits  et  de  l’hon¬ 
neur,  sauvegarde  suprême  de  l'indépendance,  grande  école  du  devoir  égal  pour  tous,  image 
yivante  et  puissante  de  la  nation. 

J'ai  défendu  cette  armée,  objet  d'attaques  abominables,  directement  inspirées  par 

l'étranger. 

La  patrie,  c'est  la  solidarité  des  intérêts,  Funîon  des  cœurs,  la  communauté  du  travail, 
hors  des  agitations  de  la  vie  publique  :  c’est  Pefïort  quotidien  de  cette  démocratie  laborieuse 
dont  l’activité,  dqnf  la  probité  imposent  encore  à  Funivers  le  respect  du  nom  français. 

Four  que  cette  patrie  soit  placée  au-dessus  des  contestatiops,  elle  doit  offrir  à  tous  ses 
enfants  quelque  chose  à  aimer,  à  servir  et  à  défendre. 

J'ai  protesté  contre  les  doctrines  néfastes  qui,  provoquant  îa  haine  des  classes,  prépa¬ 
rent,  sous  prétexte  d’émancipation^  un  désordre  et  un  péril. 

Mais  je  me  suis  attaché  avec  sincérité  à  l’amélioration  du  sort  des  employés  des 
ouvriers,  à  la  régularisation,  à  l'apaisement  des  relarions  entre  le  capital  et  le  travail. 

.Fai  appuyé,  voté  pu  proposé  la  loi  sur  les  bureaux  de  placement,  les  mesures  destinées 
à  rétablir,  par  des  taxes  de  compensation.  l’équilibre  entre  le  travail  français  et  le  travail 
étranger,  et  toutes  les  lois  ouvrières  qui  pe  s’écartaient  pas  des  règles  fixées  par  la  cons¬ 
cience  et  la  raison. 

La  patrie  est  en  péril  quand  les  institutiQps  militaires,  administratives,  financières, 
destinées  à  l’envelopper  de  protection  et  de  respect,  sont  livrées  aux  interprétations  abu¬ 
sives  des  partis,  aux  passions  aveugtes  des  sectes,  aux  destructions  de  pouvoirs  éphémères 
et  mal  établis, 

La  base  de  nos  institutions  doit  être  élargie. 

Le  Parlement  a  trop  de  puissance,  tout  en  donnant  la  preuve  manifeste  de  trop  d’im¬ 
puissance.  Ses  séances  sont  tumultueuses  et  stériles. 

Les  meilleures  volontés  sont  neutralisées  par  le  choc  des  ambitions,  par  !e  jeu  des 
intrigues. 

Les  réformes  les  plus  indispensables  restent  en  souffrance.  Au  contraire,  de  téméraires 
innovations,  dictées  par  des  considérations  exclusivement  politiques,  sont  votées  avec  mie 
coupable  précipitation. 

De  nouvelles  garanties  de  loyauté,  de  responsabilité  doivent  être  inscrites  dan*  la 
Constitution  revisée  et  complétée. 

Les  grands  intérêts  du  pays  sont  trop  souvent  sacrifiés. 

L  impôt  cesse  dêire  légitime,  lorsqu’il  frappé  les  citoyens  au  delà  de  leurs  ressources, 
lorsqu  il  prélève,  sur  les  patrimoines,  sur  F  épargne  et  jusque  sur  le  salaire,  une  part  léonine, 
lorsqu  il  écrase  la  production,  îa  consommation  sous  des  répartitions  arbitraires.  C’est 
cependant  ce  caractère  menaçant  qu’il  commence  à  prendre  aux  yeux  des  contribuables. 

Le  petit  commerce  parisien  proteste  contre  les  taxes  qui  aggravent  ses  charges  et  le 
livrent  aux  concurrences  privilégiées  des  vastes  entreprises  anonymes  ou  étrangères. 

La  crise  économique  dont  la  gravité  est  presque  officielïèjaaent  reconnue,  tient  eu  suspens 
les  échéances,  alarme  les  transactions,  ralentit  les  affaires,  prépare  la  voie  aux  plus  dange¬ 
reux  expédients  financiers. 

J  ai  combattu  par  la  parole  et  parla  plume  ces  imprévoyances,  ces  gaspillages.  Les 
représentants  autorisés  du  petit  commerce  m’ont  fait  parvenir,  à  plusieurs  reprises,  les 
témoignages  de  leur  satisfaction. 

La  politique  électorale  coûte  trop  cher  à  la  France!  Nous  bit  opposons  résolument  la 
politique  nationale  et  libérale. 


—  803  —  N°  1162 

Partisan  convaincu  de  la  liberté,  je  Fai  défendue  énergiquement  à  ia  tribun e,  je  suis 
prêt  à  ia  défendre  encore. 

Je  la  réclame  pour  le  travail  comme  pour  les  croyances  —  ces  droits  imprescriptibles. 

Eu  osant  restreindre  la  liberté  du  travail,  en  s’attaquant  à  la  liberté  de  conscience,  le 
législateur  porte  atteinte  à  la  liberté  naturelle. 

L’unité  de  ia  France,  sa  sécurité  et  sa  grandeur  sont  faites  des  garanties  que  l’État 
assure  à  toute  initiative  vaillante,  a  toute  conviction  sincère. 

Ûn  ne  gouverne  pas  un  pays  comme  le  notre  par  l’estracisme  et  par  l’exil. 

j'ai  rempli  mon  devoir  d'honnête  homme,  de  citoyen,  de  patriote.  Dédaigneux  des 
outrages,  fier  de  votre  confiance*  j’offre  à  votre  jugement  et  à  vos  suffrages  ma  conduite 
politique. 

Vive  la  République  nationale  et  libérale ï  Vive  la  France! 

Lucien  MILLEVOYE, 

Député  de  Paris, 

(Quartiers  de  Chaillot  et  de  la  Porfè-Dauphine  ) 


lie  circonscription  du  17e  arrondissement  de  PARIS 
M.  PU  GLI  ESI-  COM  TI 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  voix. 


Comité  de  i’ Union  des  RÉruBLicALVâ-iNATioMLiSTis  dus  Teunes  et  de  la  Plaide- Monceau 
Nies  chers  Concitoyens, 

Il  ne  me, sera  pas  de  meilleure  référence  auprès  de  vous  que  le  souvenir  de  mes  dix  ans 
de  lutte  pour  la  liberté  et  la  conquête  de  l’idéal  républicain. 

Je  n’ai  pas  attendu,  à  Texeniple  de  beaucoup  d'autres,  que  d'exceptionnelles  cir¬ 
constances  vinssent  m’assurer  un  succès  électoral. 

Et  ce  que  j’ai  pu  donner,  en  cette  lutte  déjà  longue,  de  persévérance  et  d'énergie,  est 
encore  le  meilleur  garant  de  ce  dont  je  serai  capable  de  dévouement  à  notre  cause,  si  vous 
me  faites  Phonueur  de  me  nommer  votre  Député. 

Aussi  bien  Fœuvre  que  j’ai  accomplie  au  Conseil  Municipal,  pendant  ces  deux  ans,  vous 
assurera-t-elle  que,  si  vous  m'en  donnez  mandat,  je  saurai  ne  pas  ménager  mes  interven- 
tioüs  à  la  tribune  du  Parlement  et  m’v  trouver  le  champion,  sans  cesse  en  éveil,  de  nos 
doctrines  et  de  nos  revendications. 

Républicain  sincère,  je  serai  tout  d'abord  le  défenseur  de  ce  qui  doit  rester  l’immuable 
principe  de  la  République  :  la  liberté! 

La  liberté  de  conscience,  si  justement  consacrée  par  la  Déclaration  même  des  Droits  de 
de  l’Homme,  restera  pour  nous  la  première  et  la  plus  précieuse  de  toutes. 

La  liberté  d'enseignement  ne  saurait  trop  respecter,  selon  nous,  le  droit  pour  le  père 
de  famille  de  donner  k  ses  enfants  tel  genre  d’éducation  que  lui  fait  préférer  son  sentiment 
paternel, 

La  liberté  d’association,  récemment  victime  du  plus  odieux  des  attentats,  devra  être 
jalousement  étendue  à  tous,  au  lieu  d'être  uniquement  réservée  à  quelques  francs-maçons, 


—  soldats  masqués  d'une  inquisition  nouvelle  contre  nos  croyances  séculaires  et  nos  tradi¬ 
tions  patriotiques. 

Seule  la  révision  constitutionnelle  pourra  valoir  à  la  République  un  régime  assez  stable 
et  fort  pour  défendre  ces  libertés*  —  la  première  des  richesses  d'une  démocratie  telle  que 
la  nôtre. 

Sous  l'égide  de  ce  même  régime,  devraient  se  trouver  à  jamais  indiscutés  les  principes 
d'ordre  social  et  de  respect  de  la  propriété  individuelle. 

D'autres  préoccupations,  non  moins  graves,  domineront  toujours  ma  vie  politique. 

Je  tenterai  de  diminuer,  à  tous  prix,  les  charges  qui,  de  plus  en  plus,  accablent  notre 
budget  et  augmentent  le  poids  déjà  si  lourd  de  nos  impôts. 

Le  petit  commerce,  par  trop  durement  éprouvé,  trouvera  toujours  en  moi  l'avocat  le  plus 
zélé  de  ses  deux  plus  importantes  revendications  :  la  révision  des  patentes  et  l'application 
du  droit  commun  aux  coopératives. 

Je  ne  cesserai  du  vouloir  sincèrement  l'amélioration  du  sort  des  travailleurs,  auxquels 
l'État  doit  tout  au  moins  protection  contre  la  concurrence  étrangère,  aide  contre  la  vieillesse 
et  encouragement  pour  les  œuvres  de  mutualité. 

Et  personne  n’étudiera,  avec  plus  de  conscience  que  moi,  ces  problèmes  de  sociologie 
dont  seule  pourrait  nous  apporter  une  solution  utile,  l'entente  sincère  du  capital  et  du 
travail. 

Personne  enfin,  sans  recourir  à  des  formules  inutilement  violentes,  ne  défendra  avec 
plus  d’énergie  nos  principes  de  solidarité  française,  de  respect  de  l'armée  et  de  la 
justice. 

Qu'il  me  suffise  pour  en  témoigner  par  avance,  de  rappeler  ici  que  le  premier,  à  Paris, 
j’ai  arboré  cette  noble  étiquette  nationaliste,  devenue  depuis  lors  celle  de  tous  les  bons 
citoyens,  et  qui  résume  avec  tant  de  force  nos  espérances  françaises  et  républicaines. 

Tel  est  mon  programme.  Je  le  défends  depuis  longtemps  et  il  nTest  pas  fait  pour  les 
besoins  de  la  cause.  S’il  vous  inspire  la  confiance  que  j’espère,  je  saurai,  mes  cbers  Conci¬ 
toyens,  mettre  à  le  remplir  tout  ce  dont  je  suis  capable  de  cœur  et  de  loyauté. 

Vive  la  République  nationale  I 
Vive  la  France  1 

PÜGL1ESI-CQNTI, 

Conseiller  municipal  de  Paris, 
avocat  à  la  Cour  d’appel. 


2û  circonscription  du  17l  arrondissement  de  PARIS 
M,  Edmond  LEPELLET1ER 
Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  5,997  voix. 


Électeurs  des  Batignolles, 

Vous  me  connaissez.  Vous  savez  que  je  suis  resté  fidèle  au  programme  nationaliste,  sur 
lequel  vous  m’avez  élu  en  mai  1900,  par  4.655  suffrages. 

Sollicitant  l’honneur  de  vous  représenter  â  la  Chambre  des  Députés,  je  dois  compléter 
les  termes  de  mon  programme  politique,  qui,  pour  moi  et  pour  vous,  malgré  les  restriction 
constitutionnelles,  établit  un  véritable  mandat  impératif. 


—  805  — 


N°  1162 


Voici  les  clauses  de  ce  contrat,  qui  lie  l'élu,  et  assure  à  l’électeur  la  représentation  de 
ses  opinions,  la  manifestation  de  ses  volontés  : 

L  —  Amnistie. 

IL  —  Mise  en  accusation  des  Ministres  :  Waldeck- Rousse  au,  général  André,  Del  cassé, 
Monis,  Gaillaux,  Millerand,  coupables  d’avoir  : 

1°  Opprimé  le  pays; 

2°  Désorganisé  l’armée,  et  provoqué  ou  autorisé  les  insultes  au  drapeau; 

Humilié  la  France  devant  l’Angleterre,  abandonné  le  commandant  Marchand 
à  Fachoda,  détourné  l’Empereur  de  Russie  de  venir  à  Paris  ; 

îf  Mis  la  justice  au  service  des  dreyfusards,  violé  la  loi  en  arrêtant  nuitamment  Paul 
Pérou lède,  acquitté  par  le  jury  souverain  ; 

5!>  Creusé  un  déficit  de  plus  de  150  millions,  et  compromis  le  crédit  et  la  bonne 
renommée  de  la  France; 

6°  Leurré  les  travailleurs,  fomenté  les  grèves,  excité  les  haines  et  les  convoitises  des 
ouvriers,  nui  aux  intérêts  des  petits  commerçants,  et  préparé  la  route  à  Panarchie,  en  favo¬ 
risant  les  menées  des  agitateurs  socialistes. 

III.  —  Affirmation  de  la  République.  Révision  de  la  Constitution  dans  un  sens  républi¬ 
cain.  Élection  du  Président  de  la  République  par  le  peuple,  à  un  ou  deux  degrés.  Modification 
du  travail  parlementaire.  Referendum  sur  les  grandes  lois  organiques. 

IV.  —  Réduction  du  service  militaire  à  deux  ans,  mais  avec  une  forte  année  de  pre¬ 
mière  ligne,  et  des  exercices  préparatoires  pour  les  jeunes  gens,  avant  leur  arrivée  au  corps. 
Augmentation  de  la  marine  et  des  armées  coloniales.  Suppression  totale  des  15  jours,  sauf 
pour  les  cadres. 

V.  —  Diminution  des  frais  de  justice.  Révision  du  Code  de  procédure. 

VI.  —  Protection  de  la  marine  marchande.  Développement  du  commerce  extérieur. 
Création  de  grandes  œuvres  d’intérêt  national,  comme  le  canal  des  Deux- Mers,  et  le  port  de 
Paris,  dont  notre  quartier  bénéficierait  particulièrement. 

VIL  — -  Protection  du  petit  commerce.  Dégrèvement  complet  des  petits  patentés,  comme 
cola  existe  pour  la  cote  mobilière  en  faveur  des  petits  locataires.  Impôt  proportionnel,  avec 
progression,  sur  les  grands  établissements,  d’après  le  nombre  du  personnel,  et  d’après  les 
spécialités  diverses.  Protection  du  travail  national.  Taxe  payée  par  les  industries  employant 
des  ouvriers  étrangers.  Extension  de  la  juridiction  des  prud’hommes  aux  employés.  Révision 
des  règlements,  arbitraires  ou  injustes,  remontant  à  l'ancien  régime,  et  frappant  les  hôte¬ 
liers.  Suppression  du  privilège  des  bouilleurs  de  cru,  qui  nuit  au  commerce,  favorise  la 
fraudé  et  ruine  le  Trésor  national.  Diminution  de  la  licence,  si  l'état  des  finances  ne  permet 
pas  la  suppression  totale.  Répression  des  abus  du  Laboratoire  municipal.  Abrogation  de  la 
loi  de  17 fil  sur  les  boulangeries.  Extension  aux  employés  de  la  loi  sur  les  accidents  du 
travail. 

VIII.  —  Réforme  de  l’Assistance  publique.  Encouragement  aux  œuvres  de  prévoyance 
et  de  mutualité. 

,  \ 

IX.  —  Encouragements  et  subventions  aux  sociétés  patriotiques,  aux  sociétés  de  tir  et 
de  gymnastique,  et  à  toutes  les  organisations  ayant  pour  objet  le  développement  physique 
de  la  jeunesse  et  le  culte  de  ia  patrie. 

X.  —  Liberté  d’association. 

XL  —  Liberté  d’enseignement.  Accès  aux  fonctions  publiques  de  tous,  sans  distinction 
d’origine. 


—  806  — 

Xll.  — -  Économie  et  réduction  des  gros  traitements. 

XU1.  —  Vote,  dès  la  constitution  de  la  Chambre,  des  nouvelles  taxes  de  rempiâcérhèni, 
décidées  par  le  Conseil  municipal,  dégrevant  les  jardins,  tes  cours,  et  diminuant  de  Û  fr.  5Û  0/0 
les  locaux  commerciaux,  de  0  fr.  50  tous  les  locaux  ordinaires.  Vote  immédiat  du  traité, 
ajourné  par  le  Gouvernement,  et  qui  donnera  le  gaz  à  vingt  centimes,  h  partir  du  1er  jan¬ 
vier  1902. 

Citoyens, 

Ce  programme  est  simple,  ferme,  réalisable.  Ses  deux  grands  points  principaux  sont: 
le  changement  de  ce  qui  est,  par  le  renversement  du  Ministère,  et  le  coup  de  balai  donné  à 
ceux  qui  Font  soutenu,  avec  îa  liberté  rendue  a  tous  les  citoyens,  dans  la  République  arra¬ 
chée  aux  sectaires,  aux  influences  juives  et  cosmopolites  et  aux  collectivistes,  redevenue  ce 
qu’elle  était  dans  la  pensée  des  hommes  de  1789  :  le  régime  de  la  liberté  et  du  patrio¬ 
tisme. 

Vive  la  République! 

Vive  la  Liberté! 

Vive  la  Pairie! 

Edmond  LEPELLETÏER, 

Conseiller  municipal  des  Baiigriollés, 
Vice-président  de  la  cinquième 
Commission  du  Conseil  Municipal, 
Membre  du  Conseil  de  surveillance 
de  P  Assistance  publique. 


Électeurs, 

Nous  vous  demandons  de  voter  tous  pour  ce  programme,  qui  est  celui  du  parti  nationa¬ 
liste,  en  envoyant  vous  représenter  à  la  Chambre  : 

Edmond  LEPELLETÏER, 

Candidat  républicain  nationaliste,  anliministèriel,  anfficolfectiviste. 


3e  circonscription  du  1 7e  arrondissement  de  PÂRÏS 

IUL  Ernest  ROCHE 

Élu  au  lor  tour  de  scrutin.  —  5.790  voix. 


—  m  — 


N°  fi  «2 

Joule  puissance  émane  au  peuple T  toute  initiative  çjoit  venir  (Je  lui,  C’est  lui  qui  crée 
les  législateurs  et  leur  indique  la  conduite  à  suivre  sous  peine  de  forfaiture  et  de  trahison. 

Or,  le  peuple  de  France  est,  avant  toute  chose*  intéressé  à  sa  propre  conservation,  à  sa 
puissance,  au  respect  et  au  prestige  qui  doivent  rayonner  au-dessus  et  au  delà  des  fron¬ 
tières, 

<i  Qui  a  du  fer  a  du  pain!  »  disait Bianqui ■  i!  avait  raison. 

C'est  pour  assurer  tout  cela  que  je  suis  d’abord  patriote. 

Mou  programme  comprend  donc  tout  ce  qui  se  rattache  au  patriotisme  :  force  militaire* 
respect  de  nos  soldats,  qui  sont  nos  enfants  ou  nos  frères;  garantie  de  nos  frontières;  pro¬ 
tection  de  nos  ouvriers  et  de  notre  travail  national;  prospérité  de  nos  finances:  justice 
implacable  contre  le  crime  de  trahison, 

* 

*  * 

Une  nation  dont  la  sécurité  est  garantie,  qui  ne  craint  rien  du  dehors,  travaillera  plus 
efficacement  à  la  solution  des  problèmes  politiques  dont  le  but  immédiat  on  lointain  doit 
être  la  liberté,  la  dignité,  le  bonheur* 

La  liberté,  cest  la  République.  Mais  non  pas  la  République  que  les  réacteurs  do  1871 
nous  ont  donnée;  que  les  orléanistes  de  1875  ont  emprisonnée  dans  leur  Constitution  avec 
le  Sénat  pour  sentinelle,  et  que  les  dreyfusards  veulent  continuer. 

Cette  République-la  est  une  monarchie  déguisée,  un  mélange  de  lois  impériales,  cons¬ 
titution  monarchique,  Sénat  dictatorial,  Chamb'fp  de  laquais,  et  ploutocratie  des  juifs  domi¬ 
nant  la  France  et  la  République  comme  un  pa\s  conquis* 

Je  défends  et  j'ai  toujours  défendu  :  le  suffrage  universel  souverain  s’appuyant  sur  la 
pratique  du  mandat  impératif  et  du  referendum, qui  donneraient  aux  lois  et  aux  institutions 
de  notre  pays  la  consécration  légitime  du  peuple. 

La  République  s  appuyant  sur  cette  base  serait  inébranlable.  Elle  pourrait  donner 
1  essor  a  toutes  les  libertés  qui,  au  lieu  de  la  compromettre,  ne  feraient  que  consolider  sa 
puissance* 

Liberté  individuelle,  liberté  de  réunion,  d’association,  d'écrire,  de  penser,  de  tra¬ 
vailler,  d’enseigner  sous  les  garanties  d’honorabilité  et  d'examen  égales  pour  tous. 

Amnistie  pour  les  condatnnés  politiques  et  les  victimes  des  grèves  et  de  toutes  les  luttes 
sociales,  abolition  de  toute  Haute  Cour  ou  tribunal  d’exception,  juslice  infâme  qui  frappe 
les  ennemis  politiques  par  ordre  du  gouvernement  et  par  passion  de  parti. 

Pas  d’illusion.  La  réalisation  de  ce  programme  républicain  est  expressément  subor¬ 
donnée  à  cette  condition  essentielle  : 

La  révision  de  la  Constitution  et  la  suppression  du  Sénat. 

Il  faut  atteindre  ce  but,  El  le  faut  absolument.  Hors  de  là,  rien  à  faire,  rien  a  tenter. 

Peut- on  l’atteindre?  Oui,  si  les  électeurs  veulent  courageusement  s'en  mêler  en  donnant 
a  leurs  députés  le  mandat  impératif  et  rigoureux  de  refuser  toute  confiance  et  tout  budget  à 
un  ministère  qui  ne  consentirait  pas  à  la  déchéance  du  Sénat. 

On  ne  peut  gouverner  sans  la  Chambre  des  Députés;  on  ne  peut  pas  avoir  les  impôts 
sans  son  consentement. 

Peut-être  aussi  que  le  malaise  et  l’indignation  hâteront  la  solution  désirée  et  que  le 
peuple  se  chargera,  en  «  une  glorieuse  »,  de  balayer  le  Palais  du  Luxembourg. 

Les  réformes  sociales  sont  à  ce  prix. 

Qu’ii  s’agisse  de  la  suppression  des  sinécures,  de  décentralisation  administrative;  de 
la  reforme  de  la  loi  des  finances,  des  patentes,  de  l'impôt,  qu’il  faudra  bien  se  dérider  à 
asseoir  sur  le  revenu  de  chacun  -  qu'il  s’agisse  de  ïa  suppression  des  monopoles;  de  la 
réglementation  des  grands  magasins  spoliateurs  d’ouvriers  et  étouffeurs  du  petit  commerce: 
e  la  réduction  à  deux  ans  du  service  militaire;  de  la  protection  des  travailleurs  français 
contre  la  concurrence  étrangère,  de  l’interdiction vdu  marchandage;  delà  liberté  d>s  asso- 
oiatïons  de  prévoyance,  de  la  révision  du  Code  de  justice  militaire,  de  l’insaisissabilité  des 
flaires  des  travailleurs  ou  de  l’institution  des  retraites  ouvrières 


—  808  — 

Nous  n’obtiendrons  cela,  tout  cela,  et  bien  d'autres  choses  encore,  que  lorsque  l’obs¬ 
tacle  à  l’affranchissement  du  peuple  sera  brisé,  chaviré  ou  disparu,  et  que  le  su  11  rage  uni¬ 
versel  sera  le  souverain  incontesté. 

Les  ministres  au  pouvoir  vivent  d’équivoques  et  veulent  maintenir  ce  qui  est.  Esclaves 
du  capitalisme,  ils  obéissent  à  ses  ordres.  La  République  châtrée  que  nous  avons  leur  suffit. 
Ils  puisent  au  budget,  nous  ruinent  et  nous  acculent  à  la  banqueroute. 

Ils  gardent,  avec,  un  soin  jaloux,  toutes  les  institutions  réactionnaires  qui  peuvent 

arrêter  l’élan  et  l’expression  des  volontés  populaires. 

Malheur  à  qui  bouge!  Les  grévistes  de  Lhalon  et  de  la  Martinique  en  savent  quelque 

chose* 

C’est  contre  cette  horde  malfaisante  que  nous  devons  diriger  nos  premiers  efforts, 
pour  la  République,  pour  le  socialisme,  pour  la  Patrie,  nous  devons  aller  aux  urnes  aux 

cris  de  : 

A  bas  !e  ministère  Waideck-Miilerand-Galliffet  î 
À  bas  les  dreyfusards  !  A  bas  les  panamistes! 

A  bas  les  traîtres  et  les  voleurs! 

Ernest  ROCHE, 


circonscription  du  1SV  arrondissement  de  PARIS 

M*  Marcel  SEVI  BAT 

lïlü  au  1er  tour  de  scrutin.  —  5099  voix* 


Programme 

î 

Citoyens  électeurs, 

Vous  connaissez  notre  programme.  C’est  celui  que  vous  avez  approuvé  en  1898,  le  pt^ 
gramme  du  parti  socialiste.  Mais  tout  le  monde  aujourd’hui  se  dit  socialiste, .jutou’à  Méltne, 
jusqu’au  pape!  Aux  Grandes-Carrières,  la  réaction  même  est  contrainte  de  s  afficher 
socialiste1  C’est  pour  empêcher  ces  déguisements  que  les  vrais  socialistes,  par  toute 
la  France,  ont  jugé  utile  de  spécifier  les  bases  de  leur  doctrine  en  des  déclarations 

Entente  et  action  internationale  des  travailleurs;  organisation  politique  et  économique 
du  prolétariat  en  parti  déclassé  pour  la  conquête  du  pouvoir  et  la  socialisation  des  moyens 
de  production  et  d’échange,  c’est-à-dire  la  transformation  de  la  société  capitaliste  en  uue 

société  collectiviste  ou  communiste.  ,  M„ 

A  l'encontre  de  ceux  qui  recèlent  indéfiniment  Pavènement  de  cette  société  in  •» 
nous  affirmons  que  les  éléments  matériels  ou  économiques  en  existent  dés  à  présente 
qu’il  ne  manque  à  leur  mise  en  train  que  les  éléments  humains,  c  est-a-dire  aCt|P 
prolétariat  conscient  et  organisé-  Le  parti  socialiste,  parti  de  révolution  et  par  conseq 
d’opposition  à  l’État  bourgeois,  a  pour  devoir  absolu  d’arracher  toutes  les  réformes  sus¬ 
ceptibles  d’améliorer  la  condition  physique  et  mentale  de  la  classe  ouvrière;  il  ne  sa 
en  aucune  circonstance,  par  la  participation  au  pouvoir  central,  par  le  vote  du  ’  P 

des  alliances  avec  les  partis  antisocialistes,  fournir  aucun  des  moyens  pouvant  ptoionge- 

la  domination  de  la  classe  ennemie  du  prolétariat. 

Votre  volonté,  comme  vous  Faffirmiez  en  1898,  e^t  d’  «  engager  la  dêmoct  aie  * 
voie  véritable,  celle  de  la  solidarité,  de  l’émancipation  prolétarienne,  de  la  Répuhnq 

Vous  voulez  remplacer,  disiez-vous  encore  à  ceLle  époque,  «  la  Féodalité  plotuoerah<Iuû 
et  le  régime  du  privilège  et  du  désordre  par  un  régime  d’harmonie  économique  et  cto  „ 


n°  \m 


—  m  — 

irisation  du  travail  »,  de  manière  à  abolir  toute  distinction  tle  classe  et  a  substituer  à  une 
société  fondée  sur  la  guerre  et  la  concurrence  un  état  social  de  justice  et  de  paix  écono¬ 
miques, 

Pour  cela,  il  faut,  au  point  de  vue  politique,  défendre  énergiquement  la  République 
contre  les  réactions  coalisées  sous  '  l'étiquette  nationaliste;  réprimer  avec  vigueur  tout 
compl  t  factieux  do  coup  d’État  prétorien  ;  cesser  de  payer  nos  ennemis  (suppression  du 
budget  des  cultes,  séparation  de  FÉglise  et  de  l’État  ;  suppression  de  l’ambassade  dn 

Vatican),  #  . 

Rendre  au  peuple  sa  souveraineté  intégrale,  de  sorte  qu  après  avoir  nomme  son  man¬ 
dataire  il  reste  maître  par  ïe  referendum  municipal  et  national  de  ratifier  ou  de  casser 
l’œuvre  législative,  de  décider  par  vote  direct  de  ses  intérêts  (Gouvernement  direct).  Pas  de 
plébiscite  césar  ien.  Suppression  delà  présidence  de  la  République  et  du  Sénat,  Mandat 
impératif. 

Refonte  du  règlement  de  la  Chambre  :  Commissions  permanentes  contrôlant  chaque 
'Ministère.  Réforme  des  bureaux.  Compte  rendu  trimestriel  des  travaux  de  chaque  Commis¬ 
sion,  Délai  de  trois  mois  pour  ie  dépôt  des  rapports  sur  les  propositions  de  loi. 

Organisation  du  contrôle  central  des  finances,  vérifiant  les  comptes  de  tous  les  mi¬ 
nistères.  Surveillance  du  budget  en  ex  rcîcc  par  la  Commission  du  budget  qui  L’a  préparé; 
crédits  budgétaires  mis  à  la  disposition  des  Ministres,  non  plus  en  bloc,  maïs  par  trimestre 
et  contre  justification  de  Rutile  emploi  des  derniers  crédits  touchés. 

Instruction  intégrale  gratuite  pour  tous.  Défense  du  cerveau  de  l’enfant  contre  l’em¬ 
poisonnement  clérical.  Extension  du  corps  enseignant,-  à  1  encontre  des  partisans  de  la 
suppression  du  budget  de  l’instruction  publique. 

Réduction  du  service  militaire  à  un  an.  Instruction  militaire  des  citoyens,  pour  cons¬ 
tituer  la  nation  armée.  Suppression  des  conseils  de  guerre  en  temps  de  paix. 

Suppression  des  compagnies  de  discipline. 

Autonomie  communale.  —  Décentralisation  politique  et  administrative* 

Émancipation  civile  et  politique  de  la  femme. 

Réformé  judiciaire.  Extension  à  toutes  les  juridictions  du  jury  démocratisé  par  Fins- 
eription  des  travailleurs  sur  la  liste  des  jurés* 

Réforme  de  l’état  civil  des  enfants  naturels* 

Liberté  individuelle  garantie.  Réforme  de  la  loi  sur  les  aliénés.  Responsabilité  civile 
et  pénale  de  tous  les  fonctionnaires,  en  cas  d’abus  de  pouvoir  eu  de  violation  de  la  loi* 

Jury  national  établissant  la  responsabilité  des  Ministres,  sénateurs,  députés,  fonc¬ 
tionnaires  et  magistrats  et  faisant  rendre  gorge,  par  une  enquête  sur  les  grosses  fortunes, 
aux  spéculateurs* 

Partie  economique . 

Citoyens, 

Votre  élu  a  porté  à  la  tribune  ce  fait  capital  des  trusts  et  accaparements,  que  vous 
allez  voir  se  développer  chaque  jour  davantage* 

A  mesure  qu’une  industrie  est  monopolisée  par  un  capitaliste  ou  un  groupe  de  pion- 
tocrates,  il  faut  restituer  à  la  nation  ce  monopole  capitaliste  et  le  remplacer  par  une 
industrie  sociale. 

Nationalisation  des  mines,  des  chemins  de  fer,  de  la  Banque  de  France,  des  raffineries 
de  sucre  et  de  tous  les  grands  monopoles  capitalistes  constitués  par  la  ploutocratie  aux 
mains  d’une  petite  oligarchie  d’accapareurs 

Code  du  travail.  —  Organisation  générale  des  syndicats  et  groupements  corporatifs 
fédérés  entre  eux,  consultés  obligatoirement  sur  toutes  les  questions  ouvrières  et  surveillant 
les  conditions  du  travail  par  leurs  délégués  professionnels. 

Législation  internationale  protectrice  du  travail. 

interdiction  légale  d’employer  des  ouvriers  étrangers  à  un  salaire  inférieur  a  celui  des 

102 


ouvriers  français  et  cela  dans  une  proportion  limitée  à  dix  pour  cent*  Journée  de  huit  heure! 
avec  fixation  du  salaire  et  tarifs  syndicaux*  Les  syndicats  décidant  sans  pression  patronale 
policière,  ni  politicienne  toute  question  de  grève  paitielle  ou  générale. 

Caisse  de  retraites  ouvrières  ;  assurance  sociale  contre  la  maladie  et  ie  chômage* 

Extension  et  réforme  de  la  juridiction  des  prud’hommes.  Habitations  ouvrières  et  loge¬ 
ments  à  bon  marché. 

Impôt  progressif  sur  le  revenu  avec  la  déclaration  sérielle  (projet  Charles-Gras) i 

Le  citoyen  Marcel  Se m bat  a  signé  les  revendications  de  la  chambre  syndicale  des 
chemins  de  fer;  adhéré  aux  revendications  des  agents  et  sous-agents  des  postes  et  des 
cochers  de  fiacre. 

Nous  soumettons  avec  confiance,  cette  fois  comme  à  la  précédente  élection,  ce  pro¬ 
gramme  à  vos  suffrages  en  vous  engageant  à  voter  pour  Je  député  sortant  que  vous  savez 
fidèle  à  ses  promesses,  le  citoyen  Marcel  SEMBÀT. 

Député  socialiste  sortant, 

Pour  le  comité  socialiste  indépendant  des  Grandes-Carrières  :  Les  secrétaires: 

(Suivent  les  signatures.) 

2Ü  circonscription  du  18*  arrondissement  de  PARIS 
M*  ROUANET 

Élu  au  2e tour  de  scrutin.  —  10.248  voix. 

Aux  Électeurs  de  CHgnancourt, 

Pour  îa  cinquième  fois,  en  douze  ans,  je  me  présente  à  vos  suffrages* 

Les  marques  grandissantes  d’estime  et  de  sympathie  dont  vous  m’avez  honoré,  de  1890 
à  ce  jour,  m’imposaient  la  candidature  législative  au  scrutin  du  27  avril  11)02.  Je  ne  recule 
pas  devant  le  devoir. 

En  avril  1890,  en  effet,  3. 000  voix  se  groupaient  sur  mon  nom  au  premier  lourde 
scrutin;  en  avril  1893,  ce  chiffre  s’élevait  à  3*700;  à  6.500  eu  août  1893  et  en  mai  1398, 
c’ést  par  9*800  bulletins  que  vous  me  renouveliez,  pour  la  quatrième  fois,  votre  confiance* 

Je  rappelle  avec  fierté  le  progrès  constant  des  libres  suffrages  par  lesquels  vous 
vous  ôtes  déclarés  satisfaits  de  l’attitude  de  votre  élu.  11  témoigne  de  la  haute  opinion  que 
vous  avez  de  lui,  en  même  temps  que  de  sa  fidélité  inébranlable  à  un  mandat  toujours  le 
môme  et  sans  cesse  renouvelé. 

Ce  mandat  est  à  expiration.  A  mes  électeurs  de  juger,  une  fois  de  plus,  si  je  suis  resté 
dans  les  termes  du  contrat  qui  nous  Ho*  Car  les  électeurs  républicains  et  socialistes  de  Cîi- 
gnancourt  sont  mes  juges.  Je  n’en  reconnais  point  d’autres,  et  c’est  pour  ce  motif  que,  con¬ 
trairement  à  tout  ce  qui  a  été  dit,  fai  décliné  toutes  les  offres  de  candidatures  qui  ont  pu 
m’être  faites  par  ailleurs* 

Mes  adversaires,  qui  sont  les  vôtres,  les  ennemis  du  peuple  et  de  la  liberté,  avaient 
répandu  le  bruit,  en  effet,  que  sans  renoncer  à  ia  vie  politique,  je  ne  solliciterais  pas  le 
renouvellement  de  mon  mandat  dans  cette  rirconseiption. 

Citoyens!  un  mandataire  est  un  dépositaire*  Le  mandat  politique  est  un  dépôt  dont  le 
mandataire  doit  compte  au  mandant,  à  l’échéance  du  contrat  bilatéral  qui  les  unit*  Sous 
peine  de  faire  l’aveu  de  son  infidélité,  le  mandataire  ne  saurait  se  soustraire  au  jugement 
de  scs  mandants,  solliciter  ailleurs  un  mandat,  avant  d’avoir  été  libéré  par  une  sentence 
publique,  prononcée  eu  bonne  et  due  forme,  au  scrutin  réguli<  rdes  comices  populaires,  du 
dépôt  qui  lui  fut  confié. 

En  attendant  que  soit  inscrit  dans  nos  lois  le  mandat  impératif  que  j’ai  toujours  défendu, 
le  mandataire  qui  fait  défaut  devaiUvses  électeurs  fuit  devant  les  justes  flétrissures  encou¬ 
rues  et  proclame  lui-même  sa  propre  indignité,  avec  sa  déchéance. 


SM  — 


N°  i 162 


Serviteur  fidèle  et  mandataire  scrupuleux  d’une  fraction  du  peuple  souverain  qui  m’a¬ 
vait  choisi  pour  la  représenter,  je  reviens  devant  elle,  le  front  haut,  Fesprit  calme,  parce 
que  ma  conscience  est  en  paix. 

Vous  m'aviez  toujours  donné  mission  de  défendre  la  cause  de  3a  République  et  du  socia¬ 
lisme.  Je  n*ai  pas  failli  à  c etle  tâche. 

Dans  l’ordre  politique,  j  ai  combattu  les  assauts  des  réactions,  coalisées  dans  l’entre¬ 
prise  désespérée  dirigée  depuis  quatre  ans  contre  la  République. 

Dans  l’ordre  social,  j’ai  combattu  Fin vaaiop  capitaliste,  la  puissance  des  monopoles  que 
la  réaction  représente  et  la  domination  tlïéocra  tique  de  l’Église,  aujourd'hui  commè  hier, 
comme  toujours,  l’ai  liée  des  classes  parasitaires  et  privilégiées, 

Rat  voté  toutes  les  lois  politiques  ayant  pour  objet  d'étendre  et  de  développer  la  liberté; 
j’ai  voté  également  toutes  les  lois  sociales  ayant  pour  objet  d’armer  et  de  fortifier  les  faibles 
et  les  humbles,  pris  dans  le  tourbillon  de  la  concurrence  économique  aveugle,  à  la  faveur 
de  laquelle  les  plus  forts  écrasent  sans  pitié  les  plus  faibles. 

C’est  ainsi  que  j'ai  voté  toutes  les  lois  relatives  à  F  extension  de  îa  prud’homie,  de  la 
réglementation  du  travail,  Pamêlioration  des  lois  sur  ie>  accident^  Jes  retraites  et  en  général 
les  lois  protectrices  de  la  classe  ouvrière  ;  que  j’ai  voté  contre  k  s  monopoles  envahisseurs, 
Banque  de  France,  chemins  de  fer,  etc.,  et  dénoncé  les  spéculations  c  >mmerciales  qui  per¬ 
turbent  la  consommation  et  le  petit  commerce,  rançonnés  les  uns  et  les  autres  par  les  acca¬ 
pareurs  de  tout  ordre. 

En  attendant  que  se  r  alise  la  société  de  j  ustice  dont  1  parti  socialiste  sVfïorce  de  hâter 
l’avènement,  j’ai  combattu  pour  la  liberté  et  l’égalité,  sans  trêve  ni  merci,  et  j’ai  conscience 
d’avoir,  ce  faisant,  bien  servi  la  cause  do  progrès  social  et  la  grandeur  de  mon  pays. 

Aux  9.880  suffrages  qui  m’ont  élu,  de  dire  si  cet  e  politique  de  progrès  et  d’ascension 
ininterrompue  est  toujours  la  leur. 

Aux  ouvriers  dont  j’ai  défendu  la  cause  contre  les  tyranni  s  économiques  qui  les  oppri¬ 
ment;  anx  commerçants  dont  j'ai  défendu  les  intérêts  contre  les  tyrannies  financières  qui 
les  exploitent;  aux  républicains  qui  ne  veulent  point  voir  diminuer  entre  leurs  /nains  le 
patrimoine  des  libertés  que  nos  pères  nous  ont  léguées;  à  tous  ceux  enfin  qui  n'ont  pas 
perdu  le  souvenir  des  oppressions  politiques,  des  abominations  sociales  et  des  hontes 
nationales  qui  furent  Fœuvre  des  régimes  passés;  à  tous  de  dire  quel  est  le  choix  qu'ils 
font,  entre  la  réaction  qui  les  y  ramènerait  et  la  République  sociale  qui  les  en  débarrassera 
à  tout  jamais. 

Candidat  de  la  République  sociale,  j’attends  que  le  peuple  souverain  fasse  son  choix, 

Gustave  RQÜANET, 

Candidat  Républicain  Socialiste,  Député  de  Cligmmcourt, 


3e  circonscription  du  18e  arrondissement  de  PARIS 

M*  IIOLTZ 

Fl u  au  !flr  tour  de  scrutin.  —  8.051  voix. 

pROGMMUr 

Questions  politiques . 

Revis;on  de  la  Constitution  par  une  Constituante  spécialement  élue  à  cet  effet,  en  vue 
de  la  suppression  du  Sénah 

Scrutin  de  liste.  Vote  obligatoire. 


—  812  — 

Réduction  à  deux  ans  du  service  militaire,  accomplissement  à  Paris  des  périodes  de 
28  jours  et  de  13  jours* 

Gratuité  de  la  justice. 

Séparation  des  Églises  et  de  FÉtat;  liberté  absolue  de  conscience  et  (Renseignement* 
Interdiction  pour  les  Députés  de  faire  partie  de  sociétés  Financières* 

Défense  des  droits  des  Alsaciens-Lorrains* 


Questions  financières. 


Réforme  de  Fimpot. 

Suppression  des  impôts  indirects  sur  les  objets  de  première  nécessité. 
Suppression  des  gros  traitements,  des  trésoriers  généraux,  sous-préfets,  etc* 
Révision  immédiate  des  patentes. 

Suppression  des  quatre  contributions  directes* 

Révision  des  tarifs  douaniers. 

Impôt  progressif  sur  les  revenus  et  les  successions* 


Questions  sociales * 


Institution  des  caisses  de  retraite  comme  service  public. 

Création  de  caisse  de  secours  contre  le  chômage  et  la  maladie* 

Taxe  sur  les  ouvriers  et  les  employés  étrangers* 

Liberté  complète  d'association  et  révision  de  la  loi  sur  les  syndicats. 
Participation  aux  bénéfices. 

Création  de  comités  de  conciliation  et  d'arbitrage. 


Commission  après  un  an  de  service  aux  appointements,  à  Paris, 
de  1 .800  francs* 

Retraite  proportionnelle  applicable  également  aux  employés 
sédentaires* 

En  attendant,  unification  des  salaires,  des  congés  et  des  retraites 
en  prenant  pour  base  la  Compagnie  qui  traite  le  mieux  ses  agents. 

Un  jour  de  repos  par  semaine,  et  douze  jours  de  congé  payés 
par  an* 

Abaissement  immédiat  du  prix  du  gaz. 

Commision  pour  les  ouvriers  du  gaz*  Retraite  proportionnelle. 

Prix  de  .éne  pour  les  ouvriers  de  métier. 

Fixation  d'un  minimum  de  salaire,  d3un  maximum  d'heures  de  travail  en  tenant  compte 
du  genre  de  travail,  des  corporations  et  des  communes  ou  départements* 

Droit  commun  accordé  aux  cochers  de  fiacre. 

Législation  du  travail. 

Institution  de  prud'hommes  pour  les  employés  de  toutes  catégories. 

Autonomie  communale  de  Paris. 

La  séparation  du  Conseil  général  de  la  Seine  et  du  Conseil  municipal  de  Paris* 


Pour 

les  Employés 
de 

chemins  de  fer. 


—  813  — 


NB  1162 


V0  circonscription  du  19  arrondissement  de  PARIS 

M.  Clovis  HUGUES 

Elu  ati  2D  tour  de  scrutin.  —  9  J.54  voix. 


Comité  républicain  d'union  socialiste  indépendant 
Aux  Électeurs, 

ï 

Si  je  vous  demande  le  renouvellement  de  mon  mandat,  c’est  parce  que  je  suis  resté  le 
loyal  défenseur  de  nos  idées  communes. 

Ceux  de  mes  adversaires  qui  se  laissent  aveugler  par  la  passion  ou  conseiller  par  la 
mauvaise  foi  me  reprochent  de  m’être  prononcé  pour  la  révision  d’un  procès  douloureuse¬ 
ment  célèbre,  La  véhémence  de  mon  indignation  et  de  la  vôtre  contre  un  homme  qu  on 
croyait  avoir  été  condamné  selon  les  règles  ordinaires  de  la  justice,  prouvait  la  sincérité  de 
mon  patriotisme  républicain  ;  mais  je  n'aurais  été  ni  un  républicain  ni  un  patriote,  dans  le 
sens  élevé  de  ce  dernier  mot,  qui  n’est  l’apanage  de  personne  et  d’aucun  parti,  si  j’avais 
repoussé  une  révision  qui  s’imposait  au  nom  même  des  principes  de  ia  Révolution,  sur  le 
terrain  de  la  justice  égale  pour  tous,  en  dehors  de  toute  question  de  religion,  de  race  et  de 

fortune,  ....  11A 

Quand  nous  avons  tiré  Benjamin  Reynier  du  bagne  où  il  expiait  le  crime  d  être  innocent, 

je  ne  lui  ai  pas  demandé  s’il  était  juif  ou  millionnaire.  3e  ne  l’ai  pas  demandé  davantage  à 
Kirail  et  à  Knnbloch  avant  de  réclamer  la  liberté  pour  l’un,  la  réhabilitation  pour  l’autre. 
Lorsque  je  me  suis  prononcé  pour  une  révision  reconnue  ‘indispensable  par  M.  Méline  lui- 
même,  j’ai  su  et  j’ai  voulu  savoir  une  seule  chose  :  c’est  que  le  sang  du  faussaire  avait  déjà 
coulé  au  Mont-Valôrien  et  qu’il  fallait  empêcher  celui  du  peuple  de  couler  dans  les  rues  de 
Paris,  sous  l’effrayante  mêlée  des  colères  civiques. 

Convaincu  que  Paris  aurait  remué  les  pavés,  je  me  suis  également  opposé  à  l’effusion 
du  sang  le  jour  on  j’ai  approuvé  les  actes  du  Gouvernement  de  défense  républicaine  contre 
une  poignée  de  factieux  qui,  venus  de  tous  les  partis,  affichaient  la  prétention  de  disperser 
la  représentation  nationale.  Si  j’avais  couvert  de  mon  indifférence  ou  aidé  de  ma  complicité 
ces  fauteurs  d’un  coup  de  force  qui  n’avait  pas  l’excuse  de  la  misère  et  de  la  faim,  j’aurais 
trahi  le  suffrage  universel  et  déserté  le  poste  d’honneur  où  vous  m’aviez  envoyé. 

J’ajoute,  pour  ne  me  dérober  à  aucune  responsabilité,  que  mon  attitude  à  la  tribune 
n’avait  pas  peu  contribué  au  renversement  du  ministère  Dupuy,  allié  sournois  de  toutes  les 
réactions  J'ajoute  aussi,  pour  l’édification  du  prolétariat,  que  cette  intervention  et  la  for¬ 
mation  du  nouveau  cabinet  consacrèrent  légalement  et  sans  secousse  la  libre  administration 
delà  Bourse  du  Travail  par  les  Syndicats. 

Dans  cet  ordre  d’idées,  j  ’ai  soutenu  à  la  tribune  de  la  Chambre  les  revendications  de  la 
classe  ouvrière  contre  le  travail  des  prisons,  qui  dépouille  les  travailleurs  et  vole  les 
voleurs. 

II 

J?v  ai  soutenu  avec  no  a  moins  cUônergie  les  revendications  des  jardiniers  du  Muséum, 
des  gardiens  du  Louvre,  des  sous-agents  des  postes  et  télégraphes  et  des  instituteurs  des 


lycées.  J’v  ai  demandé  l’élargissement  de  la  loi  sur  les  accidents  de  travail  en  faveur  de  la 
corporation  des  bouchers. 

Dans  un  ordre  d’idées  plus  générales,  j’ai  soutenu  à  la  tribune  de  la  Chambre  la  légi¬ 
time  réclamation  des  groupements  socialistes  contre  l’interdiction  du  Congrès  international. 
J’y  ai  protesté  contre  le  favoritisme, dans  la  discussion  du  projet  de  loi  sur  les  récompenstis 
à  accorder  à  l'occasion  de  l'Exposition  universelle.  J’y  ai  réclamé  la  lumière,  toute  la 
lumière,  à  propos  de  certaines  nominations  faites  dans  l’ordre  de  la  Légion  d’honneur.  J’y 
ai  tout  récemment  plaidé  la  cause  de  la  civilisation  en  protestant  contre  les  atrocités  com¬ 
mises  par  les  nationalistes  anglais  sur  un  peuple  qui  se  défend,  comme  nous  nous  défen¬ 
drions  nous-mêmes  si  des  bandits  assoiffés  d’or  menaçaient  l’indépendance  de  notre 
pays! 

Tout  récemment  encore,  j’y  ai  déposé  une  proposition  de  loi  tendant  à  la  fixation  du 
salaire  des  ouvriers  du  bâtiment,  basé  sur  les  prix  de  série,  avec  abolition  de  la  signature 
imposée  par  les  employeurs. 

Je  n’insiste  pas  sur  le  concours  que  j’ai  apporié  à,  la  création  de  la  crèche  du  Pont-de- 
Flandre  et  de  la  Villette  et  du  dispensaire  de  la  rue  David-d'Àngers;  sur  mon  vote  en 
faveur  de  la  ligne  métropolitaine  Place  du  Danube-Palais -Royal;  sur  ma  part  d’activité  dans 
la  réalisation  du  projet  d’élargissement,  approfondissement  et  continuation  du  canal  de 
J’Ourcq  et  des  nouveaux  bassins  de  la  Villette. 

Je  n’insiste  sur  ma  collaboration  incessante  aux  projets  de  réformes  intéressant  le 
petit  commerce  que  pour  me  déclarer  encore  une  (ois,  avec  ie  Congrès  tenu  à  Reims  Jcs 
19  et  20  mars  1902,  ie  partisan  vigilant  et  résolu  de  la  suppression  de  la  licence  et  de  l’exer¬ 
cice  sous  toutes  ses  formes,  de  l’abolition  de  privilège  des  bouilleurs  de  cru,  de  celle  des 
économats,  du  rejet  de  tout  projet  de  loi  sur  les  fraudes,  les  lois  existantes  étant  largement 
suffisantes,  etc. 

Je  n’insiste  sur  les  parties  essentielles  du  programme  local  que  pour  vous  rappeler  mon 
ancien  effort  en  faveur  deParis-Port.de  Mer,  dans  la  Commission  de  la  Marine  à  laquelle 
j’ai  appartenu  pendant  quatre  années. 


111 

Je  me  résume  : 

il  y  a  aujourù  hui  deux  sortes  de  patriotisme.  L’un  prétend  que  nous  désorganisons 
1  armée,  quand  nous  exigeons  <1  s  chefs  l’obeissance  aux  lois  du  pays;  l’autre  affirme,  d’ac¬ 
cord  avec  l’esprit  de  la  Révolution,  la  juste  suprématie  de  J’aqtorité  civile  sur  l’autorité 
militaire.  JTun  ne  voit  que  des  ennemis  au  delà  des  frontières;  T  mire  y  voit  des  hommes 
comme  nous,  courbés  sous  des  tnaîuvs  qui  les  exploitent,  les  trompent  et  les  avilissent. 
L‘un  s'appelle  la  guerre;  l’autre  s'appelle  la  paix. 

Je  suis  pour  le  patriotisme  de  lu  paix  et  de  la  liberté  contre  le  patriotisme  de  César  et 
de  la  guerre. 

Derrière  ce  drapeau  qui  ne  couvrira  de  son  ombre  que  le  libre  épanouissement  du 
travail  et  de  l’idée,  j’invite  tous  les  républicains  de  la  ir,i  circonscription  du  19"  arrondisse¬ 
ment  à  se  grouper  sur  mon  nom,  pour  le  maintien  de  fa  République  contre  toute  la  réaction, 
ét  pour  son  développement  intégra!  dans  Ja  voie  du  progrès  socialiste. 

Ce  nom  est  celui  d’un  homme  qui  vous  a  fidèlement  représentés,  accueillant  à  tous, 
défendant  de  son  mieux  vos  droits  et  vos  intérêts,  ne  vous  promettant  jamais  plus  qu’il  no 
pouvait  donner,  n’abusant  ni  de  son  mandat  ni  de  ses  amitiés  pour  soulever  des  passions 
ou  des  colères  dans  l’arrondissement,  tout  juste  assez  soucieux  des  injures  pour  hausser 
légèrement  les  épaules  quand  il  est  traité  de  renégat  par  les  alliés  de  ia  monarchie  et  du 
cléricalisme. 

Gamhetta  disait  un  jour  dans  les  couloirs  de  la  Chambre  : 


—  815  —  N°  1462 

<t  Quand  nous  aurons  tous  trahi,  nous  ferons  la  grande  réconciliation  des  traîtres,  et  la 
République  sera  sauvée!  » 

C'est  sur  ce  mot,  d’une  hautaine  ironie,  que  nous  irons  au  combat,  c’est-à-dire  à  la 
victoire. 

Vive  !a  République  démocratique  et  sociale! 

Clovis  HUGUES,  Député  sortant. 


2e  circonscription  du  19^  arrondissement  de  PARIS 

M.  Charles  DOS 

Élu  au  2Ü  tour  de  scrutin.  —  à. 306  voix. 


Comité  républicain  d’union  socialiste  indépendant 
Aux  Électeurs, 

Citoyens, 

Nous  avons  l’honneur  de  désigner  à  nouveau  à  vos  suffrages,  pour  qu’il  continue  de 
vous  représenter  au  Parlement  au  cours  de  la  prochaine  législature,  notre  ami  Charles  Bos, 
républicain  socialiste,  rédacteur  en  chef  du  Rappel,  député  sortant. 

Nous  vous  le  recommandons  avec  plus  d'ardeur  encore  qu’en  4898. 

C’est  que  nous  Pavons  vu  à  l’oeuvre  pendant  ces  quatre  dernières  années. 

Nous  avons  apprécié,  comme  yous  tous,  sa  vaillance  dans  Ee  journalisme,  applaudi  à  ses 
éloquentes  interventions  à  la  tribune,  remarqué  avec  satisfaction  qu’il  a  su  se  faire  une 
grande  place  dans  le  parti  républicain  et  conquérir  rapidement  au  Palais-Bourbon  une 
sérieuse  et  légitime  autorité. 

Nul  plus  que  loi  n’a  défendu  les  institutions  républicaines  menacées. 

Toujours,  il  a  été  sur  la  brèche,  n’hésitant  pas  à  assumer  des  responsabilités  redou¬ 
tables, alors  que  taut  d’autres  s’abstenaient,  luttant  avec  acharnement  pour  les  faibles  contre 
les  forts,  attaquant  le  cléricalisme  et  le  capitalisme  plus  que  jamais  coalisés,  démasquant 
les  équivoques  du  nationalisme,  travaillant  à  rendre  la  République  plus  forte,  plus  res* 
pectée  et  plus  juste  pour  tous,  se  préoccupant  avec  empressement  aussi  bien  des  intérêts  de 
la  circonscription  que  des  intérêts  généraux  du  Pays,  en  un  mot  se  montrant  tel  qu’il  est,  un 
républicain  socialiste  convaincu. 

Citoyens, 

La  bataille  électorale  revêt  cet  année  un  caractère  particulier. 

Toutes  les  réactions,  liées  par  une  haine  commune,  livrent  un  suprême  assaut  à  la 
République. 

Cléricaux,  royalistes,  bonapartistes,  nationalistes,  antisémites,  déroulédistes,  socialistes 
aigris  et  déçus,  etc.,  sc  donnent  la  main,  se  disent  plus  républicains  que  les  meilleurs 
Rentre  nous  et  veulent  renverser  les  institutions  républicaines. 

Unissonsmous  tous,  n’égarons  pas  nos  voix  sur  des  candidatures  de  division  et 
condamnées  à  un  lamentable  échec,  faisons  tous  bloc  contre  Tadvcrsaire  commun,  votons 
Ions  pour  le  citoyen  Charles  Bos,  Député  républicain  socialiste  sortant. 


—  816  — 


Et  comme,  républicains,  nous  constituons  l’immense  majorité  dans  cette  circonscription, 
nous  devons  inlliger  à  la  coalition  réactionnaire,  dès  le  27  avril,  une  défaite  éclatante, 
d’ailleurs  facile. 

Vive  la  République  démocratique  et  sociale! 


PROGRAMME  RÉPUBLICAIN  SOCIALISTE  DU  COMIIÉ, 

accepté  cl  toujours  défendu  par  le  citoyen  Charles  Bus. 


Partie  politique. 

Article  premier  :  —  Révision  intégrale  de  la  Constitution  dans  le  sens  républicain  socia¬ 
liste,  par  une  assemblée  spécialement  élue  à  cet  effet  par  le  suffrage  universel. 

Art.  2.  —  Suppression  du  Sénat  et  de  la  Présidence  de  la  République. 

Art.  3.  —  Mandat  impératif  institué  par  la  loi. 

Art.  !(.  -  Amnistie  pleine  et  entière  pour  tous  les  citoyens  condamnés  pour  faits  de 
grèves  ou  faits  connexes. 

Art.  5.  —  Autonomie  communale. Paris  affranchi  de  toutes  les  entraves  administratives 
et  gouvernementales;  maître  de  son  budget,  de  ses  services  publics,  et  de  sa  police,  placée 
désormais  sous  la  dépendance  absolue  de  la  municipalité.  Referendum  municipal. 

Am-,  6.  —  Séparation  des  Églises  et  de  l’État.  Retour  à  la  natidn  des  biens  dits  de 
mainmorte.  Suppression  des  congrégations. 

Art.  7.  —  Liberté  d'association  complète  pour  les  travailleurs  et  sans  intervention  pos¬ 
sible  de  la  part  du  gouvernement. 

Art.  8.  —  Réforme  judiciaire  ;  justice  gratuite  et  rapide;  juges  élus. 

Art.  9.  —  Réforme  de  l’enseignement.  Monopole  de  l’enseignement  par  l’État. 

Art.  HO.—  Interdiction  absolue  pour  le  Parlement  d’aliéner  la  plus  petite  parcelle  delà 
propriété  nationale. 

Art.  11.  —  Plus  de  guerres  coloniales.  Arbitrage  international  pour  les  différents  entre 
nations. 

Art.  12.  —  instruction  intégrale  gratuite  à  tous  les  degrés  par  voie  de  concours,  avec 
les  fonds  nécessaires  pour  subvenir  aux  besoins  de  l’existence. 

Art.  13.—  Responsabilité  effective  et  pécuniaire  des  agents  du  pouvoir  et  des  fonc¬ 
tionnaires. 

Partie  économique. 

Artïcle  premier.  —  Caisses  de  retraites  et  asiles  pour  les  vieillards  et  invalides  du  tra¬ 
vail.  Réorganisation  de  l’assistance  publique. 

Art.  2.  —  Suppression  des  impôts  actuels,  notamment  des  impôts  dits  de  consommation 
qui  pèsent  surtout  sur  les  travailleurs.  Impôt  progressif  sur  le  revenu. 

Art.  3.  —  Pas  de  monopoles  ni  de  privilèges.  Retour  à  l’État  des  concessions  accor¬ 
dées  aux  grandes  Compagnies,  mines,  chemins  de  fer,  Banque  de  France,  etc. 

Art.  h-  —  Lois  ouvrières  protégeant  les  travailleurs  contre  les  patrons  et  leur  assurant 
les  moyens  de  vivre. 

ArX.  5.  —  institution  de  commissions,  où  les  travailleurs  seront  réellement  représentés, 
pour  veiller  à  la  stricte  application  des  lois  sur  le  travail,  et  élues  à  cet  effet  par  le  collège 
électoral  professionnel. 

Art.  6.  —  Suppression  du  travail  dans  les  prisons,  couvents  et  ouvroirs,  abolition  du 
marchandage  ;  application  du  décret-loi  de  18A8. 

Art.  7.  —  Amélioration  de  la  réglementation  nouvelle  du  travail  des  femmes  et  des 
enfants  dans  les  usines,  manufactures,  ateliers  de  couture,  etc.  Augmentation  des  salaires, 


—  817  —  N°  H  62 

réduction  des  heures  de  travail  ;  interdiction  des  veillées;  repos  hebdomadaire  pour  tous 
Ses  ouvriers  et  employés. 

Art,  8.  —  Amélioration  de  la  loi  sur  les  accidents  du  travail. 

Art.  9.  —  Révision  de  la  loi  sur  les  patentes,  dans  le  sens  d'une  juste  proportion nalité, 
c'est-à-dire  par  l'application  d’un  droit  proportionnel  suivant  le  nombre  et  l’importance  des 
genres  de  commerce  agglomérés. 

Art,  10.  —.Réformes  administratives.  Diminution  des  gros  traitements;  suppression 
des  sinécures;  augmentation  des  traitements  des  petits  fonctionnaires  ou  employés  des 
ministères,  facteurs  des  postes  et  télégraphes,  etc. 

Art,  11.  —  Réduction  du  service  militaire  à  deux  ans,  d’abord,  à  on  an  ensuite.  Unité 
d’origine  des  officiers.  Suppression  des  treize  jours,  réduction  des  vingt-huit  jours,  sup¬ 
pression  des  conseils  de  guerre  en  temps  de  paix. 

Noos  ne  donnons  que  les  principales  lignes  du  parti  républicain,  radical  et  radical- 
socialiste,  déterminé  en  juin  1901  par  le  premier  congrès  du  parti.  Avec  tousses  amis,  le 
citoyen  Charles  Bos  et  nous-mêmes  voulons  empêcher,  ainsi  que  le  disait  Camille  Pelletai* 
dans  la  déclaration  faite  au  nom  de  ce  congrès,  «  que  la  grande  exploitation  industrielle  ne 
prenne  le  caractère  d’une  féodalité  nouvelle  et  hâter  révolution  pacifique  par  laquelle  le 
travailleur  aura  la  propriété  de  son  outil ,  la  légitime  rémunération  de  son  travail  ». 

Ce  qu’a  fait  à  la  Chambre  le  citoyen  Charles  Bos . 

Vous  connaissez  tous  l'activité  et  le  talent  de  notre  ami.  Vous  savez  quel  rôle  prépon¬ 
dérant  il  a  joué  au  Palais-Bourbon.  En  quelques  lignes  rapides,  nous  allons  vous  dernier  un 
résumé  de  ses  travaux  parlementaires  : 

Partie  locale. 

Ie  La  circonscription  réclamait  un  bureau  de  poste  depuis  vingt  ans.  Notre  ami  Charles 
Bos  a  fait  créer  et  installer  un  bureau  de  plein  exercice  rue  Benjamin-Constant,  en  face  les 
abattoirs,  et  un  bureau  auxiliaire  place  des  Fêtes. 

2°  Grâce  a  son  intervention,  les  trains  de  grande  ligne  s'arrêtent  à  Est-Ceinture. 

3°  11  a  fait  donner  par  le  Ministre  de  l'Agriculture  30,000  francs  à  la  crèche  du  Pont-de- 
Flandre  et  de  la  Villelte  et  15.000  francs  au  dispensaire  de  la  nie  David-d’Angers, inauguré 
le  26  janvier  dernier  avec  Pèclat  que  vous  savez. 

Jl  a  fait  voter  par  le  Parlement  la  déclaration  d’utilité  publique  de  la  ligne  métropo¬ 
litaine  Place  du  Danube-Palais-Royal,  ligne  qu'étant  Conseiller  municipal,  il  avait  obtenue, 
en  1897,  pour  ie  19*  arrondissement. 

5°  Élargissement,  approfondissement  et  continuation  du  canal  de  l'Ourcq.  Vote  de 
36  millions  grâce  à  Charles  Bos, 

G*  11  a  demandé  et  obtenu  que  de  nombreuses  corporations  ouvrières  de  la  circonscrip¬ 
tion  pussent  bénéficier  de  la  loi  sur  les  accidents  du  travail. 

7°  Tout  récemment,  il  faisait  rapporter  par  ie  Ministre  de  l’Agriculture  les  mesures 
prises  par  ce  dernier  pour  empêcher  l'importation  des  montons  algériens  en  France,  ce  qui 
aurait  porté  un  coup  terrible  au  marché  aux  bestiaux,  réduit  le  travail  des  abattoirs  et  pro¬ 
voqué  une  hausse  considérable  du  prix  de  la  viande  de  mouton. 

8°  Il  s'est  occupé  constamment,  avec  la  plus  vive  sollicitude,  de  procurer  du  travail  aux 
ouvriers  victimes  du  chômage  et  d'améliorer  le  sort  des  petits  fonctionnaires  républicains 
de  la  circonscription. 

9°  La  plupart  des  lois  intéressant  Paris  et  la  Seine,  par  conséquent  notre  circonscription, 
ont  été  votées,  à  la  suite  de  ses  interventions  à  la  tribune  et,  sous  ce  rapport,  notre  ami  n'a 
jamais  pris  la  parole  que  pour  défendre  les  contribuables  parisiens  contre  les  exigences  de 
l’État  ou  des  Députés  des  départements. 

10°  11  a  été  le  Député  de  tous.  Nul;  parmi  nos  adversaires,  n'oserait  préte  ndre  que  le 
citoyen  Charles  Bos  l'ait  mal  accueilli* 


103 


Partie  générale • 

Notre  ami  Charles  Bos  était  inscrit  à  la  Chambre  au  groupe  radical-socialiste,  II  siégeait 
aux  côtés  d’Henri  Brisson  et  de  Camille  Peüetan,  Tous  ses  votes  ont  été  ceux  d’un  républi¬ 
cain  socialiste  convaincu. 

1°  Le  25  octobre  189$,  jour  de  la  chute  du  ministère  ïïrisson,  Charles  Bos  faisait  ses 
débuts  à  la  tribune  et  était  applaudi  par  le  pars!  républicain  tout  entier*  Nul  n'a  perdu  le 
souvenir  de  sa  vigoureuse  apostrophe  au  général  Chanoine,  qui  venait  de  trahir  les  républi¬ 
cains. 

2°  Le  28  novembre  de  la  même  année,  il  interpellait  le  ministère  Charles  Dupuy* 

3°  Nommé  membre  et  rapporteur  de  la  Commission  chargée  de  vérifier  des  opérations 
électorales,  Charles  Bos  a  passé  un  mois  en  Algérie  avec  ses  collègues*  Son  rapport  tendait 
à  la  validation  de  M.  Thomson,  combattu  par  bru  mont  et  les  antijuifs  algériens*  Le  3  mars 
suivant,  M.  Thomson  était  validé  par  337  voix  républicaines  contre  50  réactionnaires*  Notre 
ami  a  évité  ainsi  une  guerre  civile  à  l’Algérie  et  porté  un  rude  coup  à  l’antisémitisme*  Le 
nationalisme  et  le  cléricalisme  ne  le  lui  ont  jamais  pardonné* 

h°  Le  20  février  1899  (mort  de  Félix  Faure)  Charles  Bos  a  fait  voter  que  le  cortège  par¬ 
tirait  de  FËIysée  et  non  de  Notre-Dame. 

5*  Le  12  juin  1899  (interpellation  Vaillant)  son  intervention  amenait  la  chute  du  minis¬ 
tère  Charles  Dupuy* 

Nous  voici  au  moment  de  la  constitution  du  Ministère  Waldeck-Rousseau*  Sur  la 
proposition  de  Charles  Bos,  les  groupes  républicains  décident  de  soutenir  le  Ministère  de 
défense  républicaine* 

7"  Au  cours  de  la  discussion  du  budget  de  1900,  Charles  Bos  est  intervenu  plusieurs 
fois  et  toujours  au  milieu  des  applaudissements  des  républicains* 

8°  Au  cours  d’une  interpellation  de  M.  Vaillant  sur  les  droits  de  Paris,  un  ordre  du 
jour  de  Charles  Bos  est  adopté  à  une  grosse  majorité.  Les  réactionnaires  croyaient  ce  jour-là 
avoir  raison  du  Ministère  Wàldeck  et, constituer  un  cabinet  Mélme* 

9°  Au  cours  de  la  discussion  sur  la  bi  dps  boissons,  notre  ami  a  pris  souvent  la  parole 
et  défendu  énergiquement  les  intérêts  des  contribuables  parisiens. 

10°  Nommé  membre  de  la  Commission  des  associations,  il  a  contribué  grandement  à 
P  élaboration  et  au  vote  de  cette  loi  anticléricale. 

H*  Comme  membre  de  la  Commission  des  grands  travaux,  il  a  été  chargé  d’une  étude 
sur  la  création  dTun  port  de  mer  à  Paris.  Cette  étude,  des  plus  remarquables/  a  valu  à  noire 
ami  de  vifs  éloges  dans  la  presse  et  de  la  part  des  ingénieurs  les  plus  éminents  de  ce 
temps* 

12°  Pendant  la  discussion  des  grands  travaux,  il  a  obtenu  la  somme  de  36  millions 
pour  Pôlargîsseniem,  l'approfondissement  et  la -continuation  du  canal  de  FOurcq* 

13"  Avant  la  séparation  du  Parlement,  il  a  obtenu  de  la  Chambre  le  vote  du  projet  de 
loi  sur  les  taxes  de  remplacement,  portant  approbation  des  délibérations  du  Conseil  munici¬ 
pal  de  Paris* 

14'  On  sait  que  notre  ami  fait  partie  du  Comité  exécutif  du  parti  républicain,  radical  et 
radical-socialiste,  qu’en  cette  qualité,  il  a  rendu  les  pins  grands  services  à  son  parti  et  à  îa 
République* 

Etc*,  etc*,  etc* 

Nous  n  avons  cité,  en  effet,  que  les  principaux  travaux  de  notre  Député  au  Parlement. 
Nous  n’en  finirions  pas  si  nous  voulions  relever  toutes  ses  interventions  à  la  tribune  contre 
les  réactionnaires  et  en  faveur  du  parti  républicain,  des  facteurs  des  postes,  des  ouvriers  de 
toutes  corporations,  contre  le  parti  clérical,  contre  les  plus  puissants  capitalistes  de  ce 
temps. 

Mais  nous  eo  avons  assez  dit  pour  démontrer  que  le  citoyen  Charles  Bos  a  bien  jrempli 
b  mandat  que  nous  lui  avions  confié* 

Aussi  nous  vous  disons  : 


—  «19  —  jN°  1162 

Pas  rl 'abstention s!  Volez  tous,  républicains  de  toutes  nuances, pour  Charles  Bos,  Député 
républicain  socialiste  sortant 


Pour  le  Comité  : 
(Suivent  les  signatures*) 


DÉCLARATION  DU  CITOYEN  CHAULES  BÛS 

Député  sortant* 

Citoyens,  * 

Le  Comité  d’union  socialiste  indépendant  de  notre  circonscription  me  fait  T  honneur  de 
me  présenter  encore  à  vos  suffrages  pour  être  votre  délégué  au  parlement  pendant  la  pro¬ 
chaine  législature. 

J’accepte. 

Vous  me  connaissez  tous.  Vous  savez  tous  qui  je  suis. 

Ma  vie  politique  est  celle  d’un  républicain  socialiste*  J’aime  ardemment  la  République. 
Je  la  veux  forte,  respectée,  juste  peur  tous.  Avec  vous,  je  demande  impatiemment  des 
réformes  qui  feront  d’elle  autre  chose  que  ce  qu’elle  est,  qui  la  rendront  républicaine  et 
forceront  les  esprits  les  plus  prévenus  à  l’aimer  à  leur  tour* 

Comme  mes  amis  Henri  Brisson  et  Camille  Pelletao,  je  suis  dilïamé,  insulté  chaque 
jour  par  nos  adversaires*  Je  m’attends  à  l’être  encore  davantage  au  cours  de  cette  période 
électorale*  Qu’importe,  Je  ne  parle  de  ces  injures  que  pour  constater  qu'elles  constituent  à 
mes  yeux  une  sorte  de  certificat  de  républicanisme.  Ce  sont,  en  effet,  les  meilleurs  répu¬ 
blicains,  les  plus  miliiants  qui  sont  traînés  dans  la  boue  par  les  ennemis  de  la  République* 

Pour  ma  part  je  ne  cesserai  jamais  d’ôire  courtois  et  correct,  C’est  encore  la  meilleure 
manière  de  répondre  aux  calomnies  que  de  les  dédaigner* 

Citoyens, 

En  1898,  vous  m’avez  donné  3*335  voix. 

Cette  année,  l’union  de  tous  les  républicains  et  socialistes  vrais  étant  le  plus  impérieux 
des  devoirs  en  présence  de  la  coalition  de  tontes  les  forces  réactionnaires,  je  compte  sui¬ 
vons  tous  pour  combattre  l’équivoque  nationaliste  et  lui  faire  subir  dans  cette  circonscrip¬ 
tion  un  désastre  retentissant. 

Vive  la  République  démocratique  et  sociale  ! 

Fraternellement  vôtre, 


Charles  BOS, 

Député  républicain  socialiste  sortant, 
Rédacteur  en  chef  du  Rappel, 


—  820  — 


îrc  circonscription  du  20"  arrondissement  de  PARIS 
M.  DEJEAISTE 


Élu  au  1"  tour  de  scrutin.  —  8.621  voix 


Parti  Socialiste  de  France 
(unité  socialiste  révolutionnaire.) 


Citoyens, 

Le  Parti  socialiste  de  France  déclare  qu’obligàtion  est  faite  à  tous  les  candidats  de 
classe  présentés  au  nom  de  l’Unité  socialiste  révolutionnaire  par  les  organisations  et 
groupes  qui  la  composent  de  souscrire  à  la  formule  ci-dessous  : 

Le  Parti  socialiste  de  France  (Unité  socialiste  révolutionnaire),  fraction  do  prolétariat 
international  organisé,  poursuit  l’émancipation  du  travail  et  de  la  société  sur  les  bases 
suivantes  : 

Entente  et  action  internationales  des  travailleurs  ;  organisation  politique  et  économique 
du  prolétariat  en  parti  de  classe  pour  la  conquête  du  pouvoir  et  la  socialisation  des  moyens 
de  production  et  d’échange,  c’est-à-dire  la  transformation  de  la  société  capitaliste  en  une 
société  collectiviste  ou  communiste. 

A  Pencqnlre  de  ceux  qui  reculent  indéfiniment  l’avènement  de  cette  société  -nouvelle, 
il  affirme  que  les  éléments  matériels  ou  économiques  en  existent  dès  à  présent  et  qu’il  ne 
manque  à  leur  mise  en  train  que  les  éléments  humains,  e’est-à-dirc  l’action  d’un  prolétariat 
conscient  et  organisé,  possible  également  dès  aujourd’hui. 

Parti  de  révolution,  et  par  conséquent  d’opposition  à  l’État  bourgeois,  s’il  est  de  son 
devoir  d’arracher  toutes  les  réformes  susceptibles  d’améliorer  les  conditions  de  lutte  de  la 
classe  ouvrière,  il  ne  saurait  en  aucune  circonstance,  par  la  participation  au  pouvoir 
central,  par  le  vote  du  budget,  par  des  alliances  avec  des  partis  bourgeois,  fournir  aucun 
des  moyens  pouvant  prolonger  la  domination  de  la  classe  ennemie. 

Pour  le  Conseil  central, 

(Suivent  les  signatures). 

Le  candidat  des  groupes  adhérents  au  Parti  socialiste  de  France  dans  la  circonscription 
et  qui  a  souscrit  à  la  formule  ci-dessus  énoncée  est  le  citoyen 

V.  DEJEANTE, 

Député  sortant. 


—  821  — 


N*  1162 


2e  circonscription  du  20r  arrondissement  de  PARIS 


M.  VAILLANT 


Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  8.745  voix. 


Citoyens, 


Depuis  dix-huit  ans  un  lien  électoral,  un  contrat  réciproque  me  relie  à  vous  et  à  notre 
arrondissement,  dont  au  Conseil  municipal  d’abord,  puis  à  la  Chambre,  j’ai  de  mon  mieux 
r  défendu  les  intérêts  locaux  et  généraux. 

j’iii  toujours  regardé  comine  mon  premier  et  plus  impérieux  devoir  de  lutter  contre 
f  tous  les  partis  de  stagnation  et  de  réaction,  et  de  remplir  pour  le  salut  et  le  progrès  de  îa 
République,  pour  ['émancipation  de  la  classe  ouvrière,  le  mandat  politique  et  social  que 
î  vous  m'aviez  confié. 

Ce  mandat  républicain,  socialiste  et  révolutionnaire,  le  seul  que  je  veuille  et  puisse 
‘  accepter,  ce  mandat  qui  est  le  vôtre,  je  Tai  rempli  avec  fidélité,  de  tous  mes  efforts  et,  je 
l’espère,  à  votre  satisfaction. 

Votre  vote  le  dira.  II  le  dira,  j'y  ai  foi,  avec  la  netteté  nécessaire  en  ce  moment,  où 
pour  conjurer  les  menaces  du  césarisme  et  de  la  réaction,  où  pour  vaincre  les  résistances 
gouvernementales,  où  pour  déjouer  les  intrigues  politiciennes,  la  classe  ouvrière  doit 
organiser  sa  lutte  émancipatrice,  et  la  République  doit  devenir  socialiste. 

Vive  la  République  socialiste  î 

Édouard  VAILLANT, 


Ancien  membre  de  la  Commune, 
Député  sortant. 


Parti  Socialiste  de  France 
(unité  socialiste  révolutionnaire.) 

Candidature  du  Citoyen  VAILLANT, 
Député  sortant,  ancien  membre  de  la  Commune. 


Citoyens, 

Le  Comité  électoral  socialiste  révolutionnaire  delà  2e  circonscription  do  20e arrondisse¬ 
ment  {C haron n e-Père- Laeh a i se )  a  jugé  utile  de  mettre  ses  adhérents  et  amis  à  même  de 
répandre  aux  attaques  de  l'ennemi  par  un  résumé  des  principaux  actes  et  votes  de  notre 
éln,  au  cours  de  la  dernière  législature  (mai  1898  —  mai  1902). 

Nous  ne  comprenons  pas  dans  ce  résumé  les  actes  plus  particulièrement  collectifs  du 
groupe  socialiste  révolutionnaire  de  la  Chambre ,  dont  le  citoyen  Vaillant  est  membre 
solidaire.  Ils  ont  mené  ensemble  campagne  contre  le  min istéri alisme  soi-disant  socialiste, 
et  affirmé  l'impossibilité  morale  pour  on  socialiste  dJ entrer  au  Ministère  sans  être  exclu  du 
parti .  Us  ont  protesté  contre  tout  vote  de  dépenses  cléricales,  policières  et  militaristes,  et 
de  l’ensemble  du  budget.  Ils  se  sont  opposés  à  la  politique  de  réaction  à  l’intérieur,  comme 
à  f extérieur  de  piraterie  coloniale  et  de  servilité  tsarienne  du  Gouvernement, 


—  «22 


Nous  n’avons  pas  voulu  rééditer  encore  une  fois  le  programme  de  notre  parti.  Vous  le 
connaissez,  c’est  celui  de  l’Unité  et  du  Parti  socialiste  révolutionnaire.  C’est  celui  pour  lequel 
en  accord  avec  vous,  comme  chaque  année,  à  chaque  compte  rendu  de  mandat,  vous  I"  toi 
a\ez  témoigné,  le  citoyen  Vaillant  n’a  cessé  de  parier  et  d’agir. 

Nous  répugnons  à  entrer  dans  les  querelles  de  personnes.  La  même  coalition  de  forces 
de  comités  et  de  candidats  qui,  du  cléricalisme  au  soi-disant  radicalisme,  s’était  formée 
en  1808  contre  nous  peut  se  reformer  aujourd’hui.  Elle  ralliera  les  partisans  du  piétinement 
sur  place  ou  du  retour  au  passé  odieux  du  césarisme  et  de  la  réaction  ;  elle  ne  pourra 
entraîner  les  ouvriers,  les  militants,  les  citoyens  d’un  arrondissement  qui  depuis  si 
longtemps  se  fait  honneur  d’étre  à  l’avant-garde  du  socialisme. 

Aussi,  est-ce  avec  la  certitude  du  devoir  accompli,  avec  la  conscience  d’avoir  fait,  pour 
l'unité  et  le  développement  du  parti  socialiste  et  pour  l’émancipation  de  la  classe  ouvrière 
tout  notre  devoir,  qu’avec  notre  élu,  avec  le  Citoyen  Vaillant,  nous  nous  présentons  devant 
vous  et  comptons  sur  vos  suffrages  républicains,  socialistes  et  révolutionnaires. 

La  Commission  exécutive  ; 

Parti  socialiste  révolutionnaire  et  alliance  communiste. 

(Suivent  les  signatures). 

Parti  ouvrier  français. 

(Suivent  les  signatures). 


Votes  et  propositions. 

1898 

Juillet?.  —  Discours  Cavaignac  sur  l’affaire  Dreyfus.  Vote  de  l’affichage  à  l’unanimité 
moins  nos  élus,  dont  les  faits  devaient  bientôt  montrer  la  clairvoyance. 

Juillet  10.  —  Réunion  de  la  Commission  d’organisation  du  Congrès  international 
d’hygiène  en  1900.  Vaillant  nommé  rapporteur  des  conditions  d’hygiène  du  travail. 
Les  conclusions  de  son  rapport  acceptées  à  l'unanimité  par  la  section  du  congrès  réuni 
en  1000.  b 

Octobre  28.  —  Rentrée  de  la  Chambre.  Chute  du  Ministère  Brisson,  trahi  par  le 
général  Chanoine.  Manifeste  des  élus  socialistes  faisant  appel  à  la  vigilance  du  peuple 
ouvrier  et  socialiste. 

Novembre  13.  -  Vote  d’uns  loi  d’amnistie.  La  Chambre  refuse  à  nos  élus  l’abrogation 
des  lois  scélérates  de  1893  et  1894. 

Novembre  22.  —  Sur  proposition  d’urgence  d’abrogation  de  la  loi  cléricale  Ealloux, 
Millerand,  alors  dépulé  socialiste,  ayant  fait  des  réserves,  Vaillant  proteste  et  déclare 
qu  axec  ses  amis  il  réclame  la  laïcisation  immédiate  de  Renseignement,  la  séparation  des 
Eglises  et  de  l'Etat,  la  suppression  du  budget  des  cultes  et  la  reprise  par  la  nation  des 
îens  es  glises.  L’urgence  repoussée  alors  sera,  à  ses  derniers  jours,  votée  parla 
Chambre  quand  ce  ne  sera  plus  pour  elle  l’obligation  d’en  faire  une  loi. 

Novembre  24.  -  Interpellation  Dejeante  sur  la  conférence  de  Rome  contre  les 
anarchistes.  Vaillant  répond  au  Ministre  Dupuy.  il  demande,  par  ordre  du  jour,  le  refus  de 
pan  oipe.  à  toute  mesure  liberticide,  l’affirmation  d’une  politique  internationale  de  justice 
sociale,  et  la  convocation  d’une  conférence  pour  une  législation  internationale  du  travail. 
Les  socialistes  votent  contre  l’ordre  du  jour  de  confiance  voté  par  la  Chambre. 

Décembre  13,  23,  24.  Malgré  Vaillant,  etc.,  ajournement  à  décembre  1899  de  la 
su  pp  1  es  si  on  pour  Paris  des  droits  sur  les  boissons  hygiéniques  et  ajournement  indéfini  de 
la  suppression  des  autres  droits  d’octroi. 


—  823  ~ 


N°  1462 


1899 

!  Janvier  24.  —  Vaillant  demande  à  la  Chambre  dUnviter  le  Gouvernement  à  donner 
1 1  pour  mandat  à  ses  délégués  a  îa  conférence  de  la  Haye,  pour  la  paix  : 

*  1°  Constitution  d’un  tribunal  d’arbitrage  pour  tous  différends  entre  Gouvernements. 
'I  Bepoussé  par  282  contre  216  voix  ; 

2°  Transformation  parallèle  des  forces  militaires  offensives  de  chaque  pays  en  forces 
I  défensives,  par  la  transformation  progressive  des  armées  permanentes  en  milices  nationales 
[  sédentaires.  Pour  :  7b  voix  ; 

I  3e  Et,  cette  transformation  effectuée  :  réduction  semblable  et  graduelle  de  l’armement 
chies  dépenses  militaires  ; 

4°  Périodicité  de  conférences  internationales  pour  uqe  législation  du  travail  et  le  règîe- 
|  meut  international  des  conditions  de  la  production,  du  commerce  et  de  l’échangé.  Repoussé 
\  \  par  323  contre  176  voix. 

Janvier  30.  —  Suppression  de  la  police  secrète  (budget).  Tous  les  ans,  un  élu  socialiste 
|  [révolutionnaire  la  réclamera. 

Janvier  31.  —  Vaillant  demande  que  le  travail  pénitentiaire  soit  en  régie,  ne  puisse 
l  faire  concurrence  au  Travail  libre,  et  qu’on  lui  donne  un  caractère  éducatif  professionnel. 

Février  9. —  Vaillant  demande l’augmentation  et  la  répartition  impartiale  des  subven- 
E  lions  aux  coopératives  de  production. 

Mars  lçr,  —  Vaillant  demande  l’organisation  des  patronages  laïques  et  de  l'inspection 
médicale  des  écoles. 

Mars  7.  —  11  expose  la  nécessité  et  lés  moyens  de  transformer  la  politique  militariste 

II  et  offensive  en  politique  pacifique  et  défensive  et  de  substituer  a  l'armée  permanente  la 
!  milice  nationale  Sédentaire, 

Mars  25,  —  Il  réclame  une  meilleure  organisation  du  travail  des  ateliers  militaires  de 

I  pu. 

Mars  30.  —  II  déclare  qu'avec  ses  amis  il  votera  contre  l’ensemble  d’un  budget  milî- 
,  tariste,  clérical  et  réactionnaire,  qui  n’est  que  le  compte  administratif  er  financier  d’un 
régime  et  d’un  gouvernement  capitaliste  et  de  réaction.  Cette  déclaration  est  renouvelée 
|  chaque  année  par  un  élu  socialiste  révolutionnaire. 

Avril  et  mai,  —  Discussion  de  la  proposition  de  loi  Vaillant  et  du  rapport  Baudin  sur 
I  les  conditions  du  travail  dans  les  travaux  publics.  Vaillant  expose  la  nécessité  d'une  limite 
;!|  fêgalebpaxima  de  la  durée  et  rninima  du  salaire  du  travail.  Des  décrets  ultérieurs,  écartant 
J  conclusions,  édictent  celles  de  Baudin, d’un  cours  moyen  de  durée  et  de  salaire  dans  les 
-i  l  travaux  publics. 

Mai  12.  —  Prise  en  considération  de  la  proposition  de  loi  Vaillant  d’assurer  l'exercice 
fie  la  liberté  de  réunion. 


Mai  13,  etc.  —  Meeting  à  la  Bourse  du  travail  de  Lyon  pour  projet  Vaillant  relatif  aux 
conditions  du  travail,  et  contre  tout  ajournement  de  la  loi  sur  les  accidents  du  travail.  La 
Chambre  revient  sur  sa  décision  d’ajournement. 

Mai  14,  —  Grève  des  facteurs  des  postes  défendus  par  notre  élu  et  ses  amis. 

Juin  12.  —  Interpellation  Vaillant  sur  les  violences  de  la  police  à  la  journée  de  Long- 
panJps.  Chute  du  Ministère  Dupuy, 

Juin  20.  —  Constitution  d'un  Ministère  Waldeck-Millerand-Galliffet.  Des  socialistes» 
désormais  mïnistérialistes,  s’y  prétendent  représentés  par  un  des  leurs.  Dès  le  matin  mêVne, 
Allant  et  scs  amis  protestent  par  déclaration  et  par  séparation  du  groupe  parlementaire 
ministériel .  Ils  constituent  le  groupe  socialiste  révolutionnaire.  ïh  sont  approuvés  par  le 
cjui  proteste  avec  eux,  et  par  les  électeurs  du  20e  arrondissement  aux  comptes  rendus 

w  mandat. 


Juin  26.  —  Entrée  du  Ministère  à  la  Chambre.  Vaillant  décore  au  nom  de  ses  amis 
plis  sont  à  la  fois  contre  les  nationalistes  et  le  Ministère  GallilTet,  l’assassin  de  la  Coin- 
et  des  Parisiens.  L’ordre  du  jour  à  cet  effet  est  repoussé. 


—  824  — 


Décembre  U.  —  Nécessité  de  travaux  pour  parer  au  chômage* 

Décembre  20.  —  Discussion  de  trois  jours  contre  le  projet  de  loi  du  Gouvernement 
révisant  la  loi  de  1892  et  augmentant  d’une  heure  la  durée  du  travail  des  enfants  pendant 
deux  ans,  sous  prétexte  d'unifier  la  durée  du  travail  dans  les  ateliers  mixtes  ou  elle  serait 
ensuite  réduite  pour  tous  à  dix  heures,  dans  le  délai  de  quatre  ans*  Vaillant  prouve  que  ce 
résultat  serait  atteint  par  la  stricte  application  de  l'article  3  de  la  loi  du  2  novembre  1&92 
du  travail  de  dix  heures  de  l’enfant,  qui  eut  entraîné  à  bref  délai  la  réalisation,  pour  tous  les 
ouvriers,  de  la  journée  de  dix  heures. 


1900 

Janvier  16.  —  Vaillant  demande  que  des  mesures  soient  prises  pour  la  sécurité  des 
voyageurs  en  chemin  de  fer. 

Février  8.  —  Réclame  un  bureau  central  des  postes  au  2Ûa  arrondissement.  Promesse 
de  l’établir,  Ii  est  eo  effet  bientôt  établi. 

Mars  16.  —  Vote  et  protestation  contre  Partiels  de  règlement  Berthelot  interdisant 
^augmentation  des  salaires  des  ouvriers  et  employés  de  l’État  par  voie  budgétaire. 

Mars  3  et  19.  —  Amendement  Vaillant  pour  sécurité  dans  les  théâtres,  de  n'employer 
que  des  matériaux  incombustibles  ou  rendus  incombustibles,  est  adopté  et  devient  l'article  2 
de  la  loi  de  reconstruction  du  Théâtre-Français,  peu  auparavant  incendié. 

Mars  21.  —  A  la  Commission,  amendement  Vaillant  pour  la  propriété  nationale 
des  sources  d'énergie  (Eau,  etc/),  opposé  au  rapport  Quidam  pour  leur  appropriation 
privée. 

Mars.  —  Massacre  de  grévistes  à  la  Martinique.  Interpellation  Duquesnay,  Vaillant  et 
ses  amis  déposent  un  ordre  du  jour  de  flétrissure  qui  est  écarté.  Ils  ne  peuvent  voter  l’ordre 
du  jour  de  recherche  des  responsabilités,  parce  qu'il  implique  la  confiance. 

Avril  10.  —  Défense  de  l’assainissement  de  Paris  contre  les  attaques  des  députés  de 
Seine-et-Qise- 

Mai  31.  —  Interpellation  Vaillant  sur  le  chômage  qui  va  suivre  l'Exposition.  Nécessité 
d'une  préparation  de  travaux  méthodiquement  organisés  et  répartis  par  les  Communes  et 
FÉtat.  Promesses  inexêcutées  du  Gouvernement. 

Juin  15.  Interpellation  Simyan  sur  la  tuerie  ouvrière  à  Chalon-sur-Saône.  La  propo¬ 
sition  d’enquête  parlementaire  des  socialistes  révolutionnaires  est  repoussée.  Ils  ne 
peuvent  voter  une  autre  recherche  de  responsabilités,  l’ordre  du  jour  radical  impliquant  la 
confiance* 

Juillet  7*  —  Régime  des  blés.  Demande  de  rapport  du  contre-projet  Vaillant.  Promesse 
donnée  et  renouvelée  le  11  mars  1901  d’un  rapport,  mais  elle  n’est  pas  tenue. 

Novembre  6  et  8.  —  Interpellation  sur  la  politique  générale*  Vaillant  affirme  notre 
politique  antiministéria liste.  Nous  ne  sommes  ni  ministériels,  ni  anliministériels,  niais 
antigouvernementaux,  jugeant  chaque  acte  de  tout  ministère  suivant  sa  valeur.  Le  seul 
souci  de  l’intérêt  delà  classe  ouvrière  et  du  parti  inspire  le  vote  de  nos  élus. 

Novembre  1S,  19  et  20.  —  Loi  des  boissons.  La  Chambre  adopte,  puis  rejette  le  conire- 
projet  Vaillant,  comportant  :  1°  Suppression  de  tout  droit  sur  les  buissons;  2IJ  Suppression 
du  privilège  des  bouilleurs  décru  ;  3°  Monopole  d’État  de  L’alcool*  Nas  élus  voient  contiez 
licences. 

Décembre  12  et  21.  —  Interpellation  Vaillant  sur  l’annulation  arbitraire  de  délibéra* 
tiens  du  Conseil  municipal,  mettant  en  danger  les  rares  libertés  municipales,  et  sur  b 
nécessité  de  régler  par  une  loi  les  droits  de  Paris,  méconnus  par  le  Gouvernement.  L ordre 
du  jour  condamnant  ces  annulations  repoussé  après  pointage  par  263  contre  252  vois  ^ 
Chambre  reconnaît  le  ds oit  de  Paris  à  une  loi  de  liberté  municipale. 

Interpellation  Denis  Guibert,  réactionnaire,  relative  à  l’enquête  sur  le  massacra 
grévistes  de  la  Martinique,  Les  socialistes  révolutionnaires  demandent  le  châtiment  i* 


N°  1162 


—  825  — 

l’enquêteur  Picanon.  Ils  votent  contre  l’ordre  du  jour  pur  et  simple  réclamé  par  le  Gouver¬ 
nement  et  voté  par  la  Chambre. 

Décembre  13  et  18.  —  Amnistie  pour  alïaire  Dreyfus,  grévistes,  délits  politiques  et 
militaires.  Refus  à  nos  élus  de  l’amnisiie  des  condamnés  des  lois  scélérates  et  des  conseils 
de  guerre'.  L'amendement  Vaillant  sur  la  date  y  fait  comprendre  les  grévistes  condamnés 
de  Saint-Étienne. 

1901 

janvier,  février,  mars.  —  Loi  sur  le  contrat  d’association,  adoptée  par  la  Chambre. 
L’amendement  Zévaès  pour  la  suppression  de  toutes  les  congrégations  autorisées  ot  non 
autorisées  n’est  voté  que  par  Vaillant  et  ses  amis  et  quelques  libres  penseurs  :  par  3 h 
contre  515  voix. 

L’amendement  pour  que  les  biens  des  congrégations  forment  les  premiers  fonds  des 
caisses  de  retraites  ouvrières  est  repoussé  par  397  contre  126  voix  dont  celles  de  nos 
ê]  lis* 

L’amendement  Vaillant  pour  que  le  droit  de  dissolution  par  décret  des  associations 
internationales  soit  limité  aux  associations  religieuses,  combattu  par  Waldeck,  est  repoussé 

par  472  contre  90.  . 

Au  retour  de  la  loi  du  Sénat,  son  amendement  pour  l’abrogation  de  1  article  12  du 

même  effet,  est  également  repoussé. 

Juin  3.  —  Proposition  par  Vaillant  d’un  article  additionnel  à  la  loi  sur  les  accidents  du 
travail  pour  que  les  maladies  professionnelles  et  la  tuberculose  ouvrière  y  soient  comprises 
pour  indemnités  et  pensions  comme  accidents  du  travail.  Cet  article,  à  la  demande  du  rap¬ 
porteur,  est  disjoint.  Plus  tard,  une  Commission  administrative  est  nommée  sur  la  proposi¬ 
tion  de  M.  Mirman  pour  examiner  cette  question. 

jUiri  ig, _ Loi  des  retraites  ouvrières.  Discussion  générale.  Exposé  par  Vaillant  de  la 

question  et  de  sa  solution  exacte  par  l’assurance  sociale. 

Juin  20.  —  Contre-projet  Vaillant  à  la  loi  des  retraites  ouvrières  ;  son  exposé.  Institu¬ 
tion  d’une  assu rance  sociale  garantissant  l’ouvrier  et  le  pauvre  contre  tons  les  risques  indi¬ 
viduels  et  sociaux  résultant  de  l’abandon,  de  la  maladie,  de  l’infirmité,  de  l’invalidité,  des 
accidents,  de  la  vieillesse,  du  chômage,  etc.  Ce  contre-projet  est  repoussé  par  362  contre 

Uü  YOix.  ,  , 

Juillet  3*  —  Ajournement  de  L’examen  de  Fimpôt  sur  ïe  revenu.  Tous  les  socialistes 
votent  contre  Fajournement. 

Juillet  5.  —  Vote,  malgré  les  députés  de  Paris,  de  1  amendement  Le  Moigne,  lépar- 
tissant,  au  désavantage  de  Paris,  lé  principal  de  la  contribution  personnelle-mobiliôre  entre, 
les  départements,  proportionnellement  à  l'ensemble  des  valeurs  locatives  d  habitation.  Le 
Parlement  est  obligé  d'atténuer  en  1902  cet  amendement  par  un  remboursement  pailieL 

Novembre  S  et  14.  —  Vote  par  nos  élus  de  la  loi  Bèrteaux  réglant  la  durée  du  travail 
des  mécaniciens  et  des  ouvriers  des  trains,  après  avoir  voté  (interpellation  Holtz)  contre  la 
co  a  fiance  en  un  Ministère  qui,  invité  par  la  Chambre  à  défendie  cette  loi  devant  le  Sénat, 
F  y  a  combattue. 

Novembre.  —  Emprunt  de  Chine.  Vaillant  et  ses  amis  protestent  a  nouveau  contre  1  ex¬ 
pédition  de  Pémprunt  de  Chine  qui  ifest,  suivant  la  déclaration  d  explication  de  leui  vote, 
qifun  emprunt  ruineux  l’ait  pour  des  missionnaires  pillards  et  \  affirmation  d  une  politique 
cléricale  ot  coloniale  de  rapines. 

Décembre  19.  —  Interpellation  Vaillant  sur  la  révocation  do  citoyen  Vai Daudet,  maire 
socialiste  de  Bourges. 

Décembre.  —  Vote  motivé  contre  les  primes  de  la  marine  marchande,  après  rejet  de 
F  amendement  Vaillant  que  ces  primes  ne  soient  attribuées  qu'aux  navires  réalisant  toutes 
les  conditions  d’hygfetie  et  de  sécurité  pour  les  marins. 


—  fiât; 


1902 


Février  3.  —  Réclamation  Vaillant  contre  Fin  exécution  des  mesures  et  travaux  promis 
contre  le  chômage. 

Février  4 ■  —  Amendement  Vaillant  au  nom  des  députés  de  la  Seine  pour  36  millions  à 
joindre  aux  autres  crédits  des  travaux  de  canalisation,  pour  l’achèvement  du  canal  de 
l’Ourcq.  Le  crédit  est  inscrit  par  la  Chambre, 

Février  U,  —  Réforme  de  l’enseignement  secondaire.  Propositions  Vaillant  repoussées  : 

1°  Püur  cIue  les  professeurs  de  chaque  lycée  forment  un  comité  consultatif  du  pro¬ 
viseur  ; 

2°  Pour  la  transformation  progressive  de  l’internat  en  externat  ; 

3“  Pour  donner  à  la  classe  ouvrière  accès  à  l’enseignement  secondaire  en  faisant  des 
bourses  de  cet  enseignement  un  droit  pour  tous  les  bons  élèves  des  écoles  communales; 

Ua  En  faisant  de  la  science  l’élément  essentiel  de  l’instruction  et  de  l’éducation. 

Février  24-  —  Vote  d’une  motion  pour  la  réduction  à  deux  ans  du  service  militaire.  En 
exposant  qu  il  la  votera  à  déiaut  du  service  d’un  an,  sans  rengagement,  Vaillant  montre  que 
la  réduction  progressive  de  durée  du  service  militaire  mène  à  la  transformation  de  l’armée 
permanente  en  milice  nationale  sédentaire. 

l'évrier  25.  Proposition  Vaillant  de  supprimer  le  gouvernement  militaire  de  Paris, 
danger  permanent  de  coup  d'État  militariste.  Repoussée  par  481  contre  63  voix. 

Février  27.—  Proposition  Vaillant  de  supprimer  les  conseils  de  guerre  et  de  discipline, 
ainsi  que  le  code  militaire.  Repoussée  par  463  contre  56  voix. 

Mars  7  et  8.  Vaillant  expose  la  nécessité  de  raccordement  et  de  gares  communes  du 
Métropolitain  et  du  chemin  de  fer  de  Ceinture.  Promesse  parle  Ministre  des  Travaux  publics 
de  gares  communes. 

Mars.  —,  Proposition  Coûtant,  au  nom  du  groupe  socialiste  révolutionnaire,  d’inscrire 
dans  la  loi  le  mandat  impératif.  Repoussée  par  la  Chambre. 

Mars  18.  —  Déclaration  Vaillant  contre  la  prolongation  à  six  ans  du  mandat  législatif 

Mars  21. —Proposition  du  groupe  socialiste  révolutionnaire  pour  l’amnistie  des  -ré, 
vistes  et  des  condamnés  des  lois  scélérates.  Repoussée  par  la  Chambre. 

Mars  29.  —  Taxes  de  remplacement  de  Paris.  La  Commission  propose  le  renvoi  au 
Conseil  municipal.  Pour  l’éviter,  Vaillant  reprend  comme  contre-projet  et  la  Chambre  vote 
le  projet  commun  au  Conseil  municipal  et  au  Gouvernement. 

Mars.  —  Vote  d’un  jour  de  repos  hebdomadaire,  grâce  à  l’intervention  des  élus  socia¬ 
listes  révolutionnaires,  qui  fout  comprendre  en  cette  loi,  avec  les  employés  des  postes  tous 
les  ouvriers  et  employés  de  l’État. 

Février  27  et  mars  29.  -  Amendement  Vaillant;  Cinq  millions  pour  amélioration  de  la 
ration  alimentaire  du  soldat,  trois  fois  votée  à  474,  370  et  378  voix,  par  la  Chambre  nuis 
réduite  par  le  Sénat  à  un  million*  ’ 


Prépositions  de  lois  du  citoyen  Vaillant 
déposées  au  cours  de  la  précédente  législature  et  ayant  pour  objet 


ï.  —  Application  à  Paris  et  au  département  de  la 
communes  et  départements. 


Seine  du  droit  commun  aux  autres 


II.  —  Résolution  relative  au  prolongement  do  la  ligne  d’Orléans  dans  Paris. 

III.  —  Suppression  des  droits  d’entrée  de  l’État  sur  les  boissons  hygiéniques. 

IV.  —  Suppression  obligatoire  de  l’octroi. 

V.  —  1°  Suppression  des  droits  de  douane  sur  les  blés  ; 

2°  ^fSs014,11116  laVe  (C°mplémemaire  (le  c'elle  du  Pain)  Pour  limiter  le  prix 


—  827  —  N°  1162 

3*  institution  d’un  service  national  d'approvisionnement  en  blés  et  farines  ; 

Institution  d’un  service  national  et  communal  d’alimentation. 

VL  —  La  liberté  de  la  chasse  et  de  la  pèche  sans  autres  limites  que  celles  de  la  pro¬ 
tection  de  l’agriculture. 

VU.  —  L’exercice  du  droit  de  réunion,  par  acquisition,  aménagement  et  construction  de 
salles. 

VII I.  —  Modification  du  régime  des  aliénés,  en  leur  assurant,  avec  [les  soins  médicaux, 
la  garantie  de  la  liberté, 

IX.  —  Résolution  modificatrice  du  règlement  de  la  Chambre. 

X.  —  Résolution  de  révision  de  la  Constitution  et  institution  du  droit  d’initiative  popu¬ 
laire  et  de  referendum. 

XL  —  Suppression  des  conseils  de  guerre  et  du  code  militaire, 

XII.  “  Suppression  des  gouvernements  militaires  de  Paris  et  Lyon. 

XIII.  —  Suppression  de  Farinée  permanente  par  sa  transformation  progressive  en 
milice  nationale  sédentaire, 

XIV.  —  Création  d’un  ministère  du  travail, 

XV.  —  Institution  d’un  domaine  agricole  et  industriel  communal. 

XVL  —  Institution  de  délégués  agricoles  et  d’une  protection  du  travail  agricole, 

XVII.  —  Institution  de  la  journée  de  huit  heures  et  du  salaire  minimum  des  employés 
et  des  ouvriers  de  FÉlat. 

XV1IL  —  Conditions  du  travail  dans  les  travaux  communaux. 

XIX.  —  (Amendement  de  révision  de  la  loi  du  2  novembre  1892)  Journée  légale  de  huit 
heures  pour  tous  les  ouvriers  adultes  ;  inspection  des  ateliers  par  délégation  ouvrière 
sÿDdicale. 

XX.  —  Contre-projet  (modifiant  la  loi  sur  les  syndicats)  établissant  le  droit  entier  de 
coalition  ouvrière. 

XXL  —  Institution  d’une  assurance  complémentaire,  transformant  los  services  d’assis¬ 
tance  publique  en  services  d’assurance  ouvrière,  formant  contre-projet  au  projet  de  loi  sur 
l’assistance  des  vieillards  indigents. 

XXII.  —  Institution  dfune  assurance  sociale,  formant  contre-projet  au  projet  de  loi  sur 
les  retraites  ouvrières. 

NOTA.  —  Nous  avons  cru  devoir  donner  cette  liste  des  propositions  et  dés  principaux 
amendements  du  citoyen  Vaillant  comme  un  exemple  caractéristique  de  l’application,  aux 
questions  actuelles,  de  la  méthode  socialiste. 


—  828  — 


1TC  circonscription  de  SAINT-DENIS 

M*  Adrien  TEBER 

Élu  au  2°  tour  de  scrutin*  — *  8,057  voix. 


Comité  Républicain  Socialiste 

Citoyens, 

Les  élections  du  27  avril  prochain  auront,  pour  toute  la  France  et  pour  r avenir  de  la 
République,  une  importance  décisive.  Pour  notre  circonscription,  elles  prennent,  en  outre, 
une  signification  particulière,  à  cause  de  l'indifférence  paresseuse  du  député  sortant* 

La  Chambre  nouvelle  aura  pour  mission  d'arracher  enfin  la  République  aux  dernières 
convulsions  nationalistes  des  coteries  rétrogrades  qui  la  déshonorent. 

Tous  les  démocrates  sincères  voudront  déblayer  le  terrain  politique  des  barrières  arti¬ 
ficielles  et  des  obstacles  dont  l'encombrent  périodiquement,  et  comme  à  plaisir,  les  coali¬ 
tions  multicolores  d’un  nationalisme  menteur,  qui  s’appuie  sur  un  Méline  rebelle  à  la 
démocratie. 

D’un  côté,  se  groupent  contre  les  idées  émancipatrices  de  la  Révolution  française, 
contre  les  traditions  républicaines  de  la  Nation,  toutes  les  doctrines  brumeuses  du  passé, 
bizarrement  amalgamées  pour  étourdir  le  peuple,  afin  de  maintenir  intacts  les  abus  et  les 
iniquités* 

De  Pauire  côté,  contre  les  raonarchiens,  les  césarïens,  la  duperie  plébiscitaire,  et  la 
triste  équivoque  nationaliste,  se  dressent  tous  les  gens  de  cœur,  les  vrais  républicains,  pro¬ 
gressistes,  radicaux,  socialistes,  et  tous  les  travailleurs  conscients,  réclamant  des  réformes 
économiques  et  sociales* 

11  faut  que  dans  la  Chambre  une  majorité  réellement  réformatrice  et  économe  se 
constitue,  formée  par  le  concours  de  toutes  les  volontés  de  progrès,  laissant  à  chacun  son 
idéal  et  son  programme,  mais  groupant  les  efforts  de  tous  les  démocrates,  de  tous  les  socia¬ 
listes,  sur  quelques  points  d’action  immédiate. 

Un  élan  commun  doit  jeter  tous  les  républicains,  tous  les  socialistes,  à  un  assaut 
suprême,  capable  de  renverser  les  embûches  du  cléricalisme,  de  briser  les  résistances 
conservatrices  des  plêtineurs  du  Sénat,  et  de  venir  à  bout  de  la  féodalité  financière,  mono- 
poleuse  et  nationaliste* 

Dans  ce  nouveau  Parlement,  nous  estimons  que  le  député  des  cantons  de  Pantin  et  de 
Noisy-le-Sec  doit  prendre  place  au  premier  rang  :  c'est  pourquoi  nous  présentons  à  vos 
suffrages  un  des  hommes  qui  ont  travaillé  le  plus  activement  à  préparer  l'œuvre  républi¬ 
caine  socialiste,  et  dont  la  place  se  trouve  ainsi  marquée  d’avance. 

Notre  ami,  le  citoyen  Adrien  Veber,  président  du  Conseil  général,  est  né  le  8  mars  1861, 
aux  environs  de  Metz.  Après  la  guerre  de  1870-1871  et  l’annexion  de  son  pays  à  l'Allemagne, 
Adrien  Veber  fit  ses  études  au  lycée  de  Gharleville*  Destiné  à  la  carrière  de  Renseignement, 
il  fut  de  1879  à  1883  maître-répétiteur  au  lycée  Saint-Louis,  ou  il  fonda  «  l'Association 
générale  des  maîtres- répétiteurs  »,  et  le  journal  la  Réforme  universitaire . 

Il  préparait  sa  licence  ès  lettres  lorsque,  pour  avoir  donné  une  allure  pamphlétaire  à 
ce  journal,  il  fut  mis  à  la  disposition  du  recteur,  qui  le  fit  nommer  instituteur  de  la  ville  de 
Paris. 

Au  prix  d'un  labeur  supplémentaire,  Adrien  Veber  conquit  le  titre  d'avocat  a  la  Cour 
d'appel,  que  dans  la  suite  il  utilisa,  non  pour  son  profit,  mais  pour  la  défense  des  prolé¬ 
taires  et  des  socialistes. 


Adrien  Veber  fut  aussi  secrétaire  dé  Benoît  Malon  et  collabore  encore  actuellement  à  la 
Revue  socialiste,  dont  il  est  le  secrétaire  de  rédaction. 

Élu  conseiller  municipal  de  Paris,  eu  189G,  par  le  quartier  des  Grandes-Carrières,  le 
citoyen  Adrien  Veber  conquit  rapidement,  grâce  à  son  travail  persévérant,  une  influence 
énorme,  que  ses  collègues  consacrèrent  eux-mêmes  en  rappelant  à  la  présidence  de 
diverses  Commissions,  en  lui  confiant  les  rapports  les  plus  importants,  en  le  nommant  suc- 
sessivement  vice-président  du  Conseil  municipal  de  Paris,  président  du  Conseil  général  de 
la  Seine. 

H  prit  une  part  active  à  toutes  les  discussions  importantes  du  Conseil  municipal  et  du 
Conseil  général,  principalement  à  celles  d’ordre  budgétaire,  économique  et  social,  et  à 
toutes  celles  concernant  les  moyens  de  transport. 

Sous  rancien  Conseil  municipal,  il  était  rapporteur  général  des  moyens  de  transport. 
C’est  donc  en  partie  à  son  infatigable  collaboration  que  la  banlieue  doit  le  réseau  actuel  des 
tramways  de  pénétration. 

C’est  à  Adrien  Veber  que  les  employés  du  Métropolitain  et  des  Tramways,  que  les 
employés  et  ouvriers  de  toutes  les  concessions  de  services  publies  doivent  l’insertion,  dans 
les  cahiers  des  charges,  de  clauses  en  leur  faveur;  par  exemple  :  le  commissionnement,  un 
salaire  quotidien  minimum  de  5  francs,  la  journée  de  dix  heures,  etc.,. 

Adrien  Veber  s  est  constamment  et  efficacement  attaché  à  la  défense  de  la  classe  ouvrière 
et  des  petits  contribuables. 

Des  ordres  du  jour  de  félicitations  lui  furent  envoyés,  à  différentes  reprises,  par  divers 
syndicats,  notamment  par  le  syndicat  des  chiffonniers,  par  le  syndicat  des  employés  et  par 
le  syndicat  des  peintres,  pour  son  énergique  attitude  en*  faveur  de  l'observation  des  prix  do 
série  et  contre  l’odieuse  pratique  du  marchandage. 

Dans  le  discours  qu’il  prononça  au  début  de  sa  présidence,  le  citoyen  Adrien  Veber  a 
tenu  à  reporter  l’honneur  qui  lui  était  fait  sur  le  parti  socialiste,  auquel  il  a  toujours  et 
uniquement  appartenu.  Et  c’est  pour  cela  que  les  membres  des  groupes  d’études  sociales 
de  Noisy-le-Sec,  Bosny-sous-Bois,  Le  Pré- Sain t-Ger vais,  Bondy,  Villemonble  ont  pris  l’ini¬ 
tiative  de  lui  offrir  la  candidature  législative. 

Dans  la  galerie  des  «  Hommes  de  la  Cité  »,  sous  la  signature  de  M.  Pierre  Froment, 
nous  lisons  : 

«  M.  Adrien  Veber  possède  de  grandes  qualités  de  travail  et,  dans  les  discussions 
publiques  ou  dans  les  commission  s,  il  a  toujours  su  défendre  avec  talent  ses  idées  et  ses 
convictions.  Les  affaires  qu’il  a  eu  à  examiner  et  les  rapports  qu’il  a  faits  sont  considérables 
et  se  rapportent  à  des  matières  difficiles  à  traiter;  la  tâche  a  été  souvent  ardue;  il  a  fallu 
entamer  des  négociations  délicates  avec  les  pouvoirs  publics,  et  M.  Veber  a  toujours  débattu 
et  soutenu  avec  énergie  les  intérêts  delà  ville  de  Paris  et  du  département  contre  les  préten¬ 
tions  de  l’État. 

«  Les  plus  importants  de  ses  travaux  ont  été  imprimés;  ce  sont  des  travaux  sur  l’appli¬ 
cation  du  système  dit  des  3/12  dans  le  service  de  l’octroi  ;  sur  l’insertion,  dans  les  cahiers 
des  charges  des  concessions  départementales,  de  clauses  assurant  aux  ouvriers,  employés 
par  les" concessionnaires,  les  mêmes  conditions  de  travail  que  celles  votées  par  le  Conseil 
municipal  de  Paris  en  faveur  des  travailleurs  communaux;  sur  des  négociations  engagées 
avec  la  Compagnie  des  omnibus  et  tendant  à  des  stipulations  en  faveur  du  personnel  par 
elle  employé  et  sur  l’insertion,  dans  Tes  cahiers  des  charges  des  concessions,  de  clauses 
assurant  aux  ouvriers  employés  par  les  concessionnaires  au  moins  les  mêmes  conditions  de 
travail  que  celles  votées  par  le  Conseil  municipal  en  faveur  des  travailleurs  communaux; 
sur  l’application  de  la  loi  du  26  septembre  1807  dans  le  cas  d’expropriation  pour  cause  d’uti¬ 
lité  publique  ;  sur  les  taxes  de  remplacement  de  l’octroi;  sur  l’incorporation,  dans  la  régle¬ 
mentation  des  étalages,  de  conditions  en  faveur  des  employés;  sur  la  suppression  de 
l'abonnement  consenti  aux  brasseurs  de  Paris,  et  l’institution  d’un  nouveau  régime  des 
bières  comportant  l’affranchisse  ment  de  la  petite  bière;  sur  l'organisation  d’une  caisse 
municipale  d’assurances  contre  l’incendie  ;  sur  rabaissement  du  prix  du  gaz  à  quinze  cen- 


—  830  — 

tintes  le  métré  cube  et  l’organisation  dü  service  du  gaz  en  régie  directe  à  partir  du  lQr  jan¬ 
vier  19ÛG,  etc. 

«  M.  Adrien  Veber  faitpartiedes  Commissions  suivantes  :  Commission  des  finances,  Com¬ 
mission  des  taxes  de  remplacement  de  l’octroi,  Commission  du  métropolitain,  Commission 
spéciale  chargée  de  négocier  avec  l’État  pour  l'aliénation  des  terrains  rendus  libres  par  la  sup¬ 
pression  des  fortifications,  Commission  des  économies,  Commission  d’admissibilité  aux  adjudi¬ 
cations,  Commissions  de  vérification  des  comptes  des  compagnies  des  omnibus,  du  métro¬ 
politain  et  du  gaz;  il  est  membre  des  Commissions  de  surveillance  du  collège  Ghaptaî,  du 
collège  Hollin,  de  l’école  Ëdgar-Quinet,  de  l’école  professionnelle  de  la  rue  Ganneron;  il  fait 
aussi  partie  de  la  Commission  de  réorganisation  de  l’habillement  de  la  Préfecture  de  la  Seine, 
de  la  Commission  des  prisons  de  la  Seine,  etc...;  M.  Adrien  Veber  est  vice-président  de 
la  Commission  mixte  des  omnibus  et  tramways  ;  président  de  la  Commission  départe¬ 
mentale  du  travail  et  président  du  comité  départemental  de  protection  des  enfants  du 
premier  âge.  » 

Manifeste  de  la  Fédération  r  épu  bli gain ê-raui cale- sü ci Aliste 
Électeurs, 

Ne  présentant  aucun  candidat  dans  la  première  circonscription  de  l’arrondissement  de 
Saint-Denis,  la  Fédération  républicaine  radicale-socialiste  vous  engage  vivement  à  donner 
vos  suffrages  au  citoyen  Adrien  Veber,  président  do  Conseil  général  de  la  Seine. 

Le  citoyen  Veber  est  un  travailleur  infatigable,  ses  adversaires  ne  peuvent  le  nier. 
C’est  un  ferme  républicain,  que  nous  trouverons  toujours  prêta  lutter  contre  les  entreprises 
de  la  réaction. 

L’idéal  social  du  citoyen  Veber  n’est  peut-être  pas  entièrement  semblable  au  nôtre; 
mais  l’esprit  positif  de  ce  candidat  nous  est  un  gage  suffisant  qu’il  s’inspirera  avant  tout 
des  nécessités  de  notre  époque,  des  besoins  de  notre  circonscription,  de  l’intérêt  supérieur 
de  la  France. 

Les  partis  du  passé  prennent  le  masque  du  patriotisme  pour  vous  tromper. 

Vous  saurez  déjouer  leurs  intrigues  et,  derrière  le  déguisement  nationaliste,  recon¬ 
naître  les  cléricaux,  les  royalistes,  les  impérialistes,  les  arrivistes,  qui  veulent  exploiter,  au 
profit  de  leur  dêtesiable  ambition,  l’amour  que  tous  nous  avons  pour  la  Patrie. 

Avec  nous,  voua  voterez  pour  le  citoyen  Veber,  dont  PélecÜon  sera  le  triomphe  de  la 
République  dans  la  circonscription. 

Vive  la  France  1 

Vive  la  République! 

(Suivent  les  signatures.) 

Citoyens, 

Par  sa  double  vie  d’action  et  d’études,  Adrien  Veber  possède,  en  même  temps  qu’un 
passé  digne  de  tous  éloges,  une  indiscutable  compétence  en  matière  administrative. 

Ses  études  approfondies  des  questions  politiques  et  sociales,  son  énergie  démocratique, 
ses  convictions  républicaines  et  socialistes  assurent  en  sa  personne,  aux  cantons  de  Pantin 
et  Noîsy-ie-Sec,  un  représentant  digne  d’eux,  capable  de  défendre  à  la  tribune  vos  volontés 
d’ordre  général  et  vos  revendications  particulières. 

En  donnant  vos  suffrages  au  citoyen  Adrien  Veber,  vous  déjouerez  l’espoir  de  ceux  qui 
prétendent  confisquer  votre  circonscription. 

Lo  27  avril,  vous  arracherez  les  cantons  de  Pantin  et  de  Noïsy-Ie-Sec  â  l’incurie  et  à 
l’incapacité,  vous  proclamerez  votre  indépendance,  vous  affirmerez  votre  volonté  de  remettre 
tes  intérêts  de  votre  circonscription  et  ia  défense  du  programme  républicain  socialiste  attf 
mains  d’un  convaincu  et  d’un  laborieux. 


—  831  —  N°  1162 

Au  nom  de  I  union  républicaine  socialiste,  vous  voterez  tous  pour  Adrien  Veber,  qui,  au 
Conseil  général,  a  su  grouper  sur  son  nom  tous  ses  collègues  républicains,  sans  distinction 
étiquettes,  et  sms  aucune  exception. 

Le  scrutin  du  27  avril  doit  être  une  imposante  manifestation  de  sympathie  pour  le 
travailleur  qui  vous  présente  toutes  garanties  de  vigilance  républicaine,  de  sincérité  socia¬ 
lisé  et  de  capacité  énergique  et  dévouée  : 

Adrien  VE3ER,  avocat  à  la  Cour  d’appel. 
Président  du  Conseil  général  de  la  Seine, 

Pour  le  Comité  électoral  républicain  socialisée  des  cantons  de  Pantin  et  INoisy-le-Sec, 

(Suivent  les  signatures.) 


2*  circonscription  de  SAINT-DENIS 
M-  WALTER 

Éïu  au  T  tour  de  scrutin,  —  10.165  vois 
Aucun  document  concernant  cette  élection  n’est  encore  parvenu  h  la  Commission, 


3°  circonscription  de  SAINT-DENIS 

M.  MESMER 


Elu  au  2e  tour  de  scrutin*  —  7,258  voix. 


Parti  Socialiste  Français 

fédération  des  groupes  socialistes  révolutionnaires 

Citoyens, 

%  nécessité  d  alTirmei  la  vitalité  du  Paiti  socia  ist*c  clans  la  nouvelle  circonscription  de 
«il ut-Denis  s’impose  plus  que  jamais. 

Les  vieux  partis  monarchiques'  que  l’on  croyait  écrasés  à  jamais  sous  le  poids  de  leurs 
'nmes  accumulés,  se  relèvent.  Dans  l’ombre  des  sacristies,  Basiles  royalistes  et  Racapoils 
inapariisos  conspirent  et  se  groupe  ni.  / 

L’Égljsu,  directrice  de  ce  mouvement,  a  mis  dans  son  organisation  la  duplicité  caute- 
euse  et  jésuitique  de  sa  méthode. 

.jJ1  faut  avant  tout  lrjmper  les  naïfs  et  les  jeunes  générations,  en  les  grisant,  de  chauvi- 
e;  leur  visage  a  arboré  le  musqué  à  étiquette  démocratique,  et  si  leurs  bras  criminels 
'-ut  embrasser  [  \  République,  c’eat  pour  la  mieux  étrangler. 

L’or  coule  à  pleins, bords.  Les  agioteurs,  les  fils  d’émigrés,  traîtres  à  la  France  de  la 


Révolution  et  enrichis  par  des  mariages  mercenaires  avec  les  (ii les  des  gros  banquiers  juifs 
ou  des  accapareurs  américains,  ont  ouvert  leurs  coffres-forts;  ils  osent  prétendre  que  leur 
richesse,  qu’ils  ont  volée  au  travail,  est  assez  grande  pour  acheter  le  suffrage  universel  de 
la  nation;  et  le  pape  bénit  leurs  espérances,  au  service  desquelles  quelques  généraux 
factieux  sont  prêts  à  mettre  leur  sabre. 

Dans  cette  latte,  au  nom  du  travail  opprimé  et  de  la  science  libératrice,  nous  procla¬ 
mons  le  droit  nécessaire  à  l’existence  pour  la  République,  outil  des  réformes  du  présent  et 
des  transformations  de  l’avenir. 

Mais  nous  n’oublions  pas  que  la  forme  gouvernementale  bourgeoise  et  capitaliste  qui, 
depuis  trente  ans,  représente  politiquement  la  République,  a  été  le  triomphe  de  l’égoïsme 
individuel;  elle  a  favorisé  les  spéculations  des  hauts  barons  de  la  finance;  elle  a  laissé 
croître  la  misère  par  le  chômage  et  l’avilissement  des  salaires,  et  n’a  répondu  aux  mises  en 
demeure  du  droit  ouvrier  que  par  des  déclarations  platoniques  et  vagues,  L,a  féodalité  du 
capital  grandit  tous  les  jours,  et  sa  monstrueuse  vitalité  est  due  a  l’exploitation  innom¬ 
mable  des  classes  productrices,  chaque  jour  plus  épuisées  et  plus  meurtries. 

La  République  sociale,  réglementant  la  production,  fera  disparaître  l'anarchie  écono¬ 
mique  dont  chacun  souffre. 

Dans  la  société  nouvelle,  libérée  des  entraves  capitalistes,  l’homme  agrandi  et  meilleur 
sera  véritablement  libre.  C’est  vers  elle  que  nous  entraînent  nos  aspirations  généreuses, 
les  leçons  de  l’histoire  et  les  indications  de  la  science. 

Pour  la  défendre  dans  la  circonscription  et  la  faire  triompher,  nous  avons  désigné 
comme  candidat  le  citoyen  docteur  A,  Meslier, 

Le  passé  de  notre  camarade,  ses  luttes  pour  U  propagande  et  la  diffusion  des  idées 
socialistes,  son  dévouement  infatigable  à  la  cause  des  travailleurs,  sa  connaissance  des 
besoins  de  nos  populations  au  milieu  desquelles  il  vit  depuis  douze  ans,  sont  les  titres  qui 
ont  guidé  notre  choix  et  nous  ont  déterminés  à  le  présenter  à  vos  suffrages. 

Citoyens, 

Nous  avons  confiance  dans  votre  verdict,  nous  avons  la  conviction  profonde  que,  le 
27  avril  1902,  cette  belle  circonscription  qui,  depuis  de  longues  années,  est  à  l’avant-garde 
de  la  démocratie  et  du  socialisme,  fera  triompher  la  République  sociale  sur  le  nom  (lu 
citoyen  : 

Docteur  A.  MESLIER. 


DfiCLAIÏAflON  DE  PIÎIXC.IPES 

Le  socialisme  procède  tout  ensemble  du  mouvement  de  a  dem  cru  lie  et  des  formes 
nouvelles  de  la  production.  Historiquement  et  dés  le  lendemain  de  la  Révolution  française, 
les  prolétaires  se  sont  aperçus  que  la  Déclaration  des  Droits  de  l’homme  resterait  illusoire 
sans  une  transformation  sociale  de  la  propriété.  Comment,  en  effet,  «la  liberté,  la  pro¬ 
priété,  la  sûreté  »  pourraient-elles  être  garanties  à  tous  dans  une  société  où  des  million 
de  travailleurs  ne  possèdent  que  leurs  bras  et  sont  obligés  pour  vivre  de  vendre  lt  ur  force 
de  travail  à  la  minorité  possédante?  C’est  donc  pour  étendre  à  tous  les  citoyens  les  garan¬ 
ties  inscrites  dans  la  Déclaration  des  Droits  que  notre  grand  Babeuf  a  deman  6  la  propriété 
commune,  garantie  du  bonheur  commun.  Le  communisme  était,  pour  les  prolétaires  les 
plus  hardis,  l’expression  suprême  de  la  Révolution. 

Entre  le  régime  politique  issu  du  mouvement  révolutionnaire  et  le  régime  ûcononnqu® 


—  833  - 


Nû  1162 


de  la  société,  il  y  a  une  contradiction  intolérable.  Dans  l'ordre  politique,  la  démocratie  se 
réalise  :  tous  les  citoyens  participent  également,  an  moins  en  droit,  à  la  souveraineté;  lu 
suffrage  universel  est  le  communisme  du  pouvoir  politique.  Dans  l'ordre  économique,  au 
contraire,  c’est  une  minorité  qui  est  souveraine.  C'est  l'oligarchie  du  capital  qui  possède, 
dirige,  administre,  exploite. 

Les  prolétaires  sont  reconnus  aptes,  comme  citoyens,  à  gérer  les  milliards  du  budget 
national  et  communal.  Comme  travailleurs,  dans  Fntelier,  ils  no  sont  qu'une  multitude 
passive  qui  n'a  aucun  droit  à  la  direction  des  entreprises  ;  ils  subissent  la  domination  d'une 
classe  qui  leur  fait  payer  cher  une  tutelle  désormais  inutile  et  arbitrairement  prolongée, 
La  tendance  irrésistible  des  prolétaires  est  donc  do  faire  passer  dans  l'ordre  économique 
la  démocratie  partiellement  réalisée  dans  l'ordre  politique.  De  même  que  tous  les  citoyens 
posèdent  et  manient  en  commun,  démocratiquement,  le  pouvoir  politique,  ils  doivent  pos¬ 
séder  et  manier  en  commun  le  pouvoir  économique  et  les  moyens  de  production. 

Ils  doivent  nommer  eux-mêmes  les  chefs  du  travail  dans  les  ateliers,  comme  ils  nom¬ 
ment  les  chefs  du  gouvernement  dans  la  cité  et  réserver  à  ceux  qui  travaillent  et  à  la  com¬ 
munauté  tout  le  produit  du  travail. 

Cette  tendance  delà  démocratie  politique  à  s'élargir  en  démocratie  sociale  a  été  fortifiée 
et  précisée  par  toute  révolution  économique.  A  mesure  que  le  régime  capitaliste  dévelop¬ 
pait  ses  effets,  le  prolétariat  prenait  conscience  de  l’opposition  irréductible  de  ses  intérêts 
essentiels  aux  intérêts  de  ia  classe  socialement  dominante  et,  à  la  forme  bourgeoise  de  la 
démocratie,  il  opposait  de  plus  en  plus  l'entière  et  profonde  démocratie  communiste. 

Tout  espoir  d'universaliser  la  propriété  et  Tin  dépendance  par  la  multiplication  des 
petits  producteurs  autonomes  a  disparu.  La  grande  industrie  est,  de  plus  en  plus,  la  loi  de 
la  production  moderne.  Par  l'élargissement  du  marché  du  monde,  par  la  facilité  croissante 
des  transports,  par  la  division  du  travail,  par  l’application  grandissante  du  machinisme, 
par  la  concentration  des  capitaux,  l 'immense  production  concentrée  peu  à  peu  subor¬ 
donne  les  petits  et  moyens  producteurs.  Là  même  où  le  nombre  des  petits  industriels,  des 
petits  commerçants,  des  petits  propriétaires  paysans  ne  diminue  pas,  leur  importance  rela¬ 
tive  dans  ['ensemble  de  la  production  décroît  sans  cesse,  fis  tombent  sous  la  dépendance 
du  grand  capital.  Même  les  propriétaires  paysans  qui  semblent  avoir  retenu  un  peu  d’auto¬ 
nomie  sont  de  plus  en  plus  livrés  aux  forces  écrasantes  du  marché  universel  que  manie 
sans  eux  et  contre  eux  le  capitalisme. 

Pour  la  vente  de  leurs  blés,  de  leurs  vins,  de  leurs  betteraves,  de  leur  lait,  ils  sont  de 
plus  en  plus  à  la  merci  des  grands  intermédiaires  ou  des  grandes  industries  de  la  meune¬ 
rie,  du  sucre,  de  l'alcool,  qui  dominent  et  rançonnent  le  travail  paysan.  Les  prolétaires 
industriels  ayant  perdu  à  peu  près  toute  chance  de  s'élever  individuellement  au  patronat,  et 
condamnés  ainsi  à  une  dépendance  éternelle,  sont,  en  outre,  soumis  aux  crises  incessantes 
de  chômage  et  de  misère  que  déchaîne  ïa  concurrence  déréglée  des  grandes  forces  capita¬ 
listes. 

L’immense  progrès  de  la  production  et  de  la  richesse,  largement  usurpée  par  des 
classes  parasitaires,  n'a  pas  abouti  pour  les  travailleurs,  pour  les  prolétaires*  à  un  progrès 
équivalent  de  bien-être  et  de  sécurité.  Des  catégories  entières  de  salariés  sont  brusque¬ 
ment  jetées  dans  l'extrême  misère  par  le  renouvellement  incessant  de  l'outillage  et  par  les 
déplacements  et  les  transformations  brusques  de  l'industrie. 

Le  capitalisme  lui-même  avoue  le  désordre  du  régime  actuel  de  la  production,  puisqu'il 
essaie  de  la  régler  à  son  profit  par  les  syndicats  capitalistes,  par  le  trust.  Même,  s'il  parve¬ 
nait  à  discipliner,  en  effet,  toutes  les  forces  de  productions,  ce  ne  serait  qu’en  portant  au 
plus  haut  degré  la  domination  et  le  monopole  du  capital. 

Il  n’y  a  qu'un  moyen  d’assurer  l’ordre  et  le  progrès  continu  de  la  production,  la  liberté 
de  tous  les  individus  et  le  bien-être  croissant  de  lous  les  travailleurs,  c'est  de  transférer  à 
la  collectivité,  à  la  communauté  sociale,  la  propriété  des  moyens  capitalistes  de  pro¬ 
duction. 

Le  prolétariat,  tous  les  jours  plus  nombreux,  toujours  mieux  préparé  à  une  action  d'en- 

105 


—  su  - 

semble  par  la  grande  industrie  elle-même,  comprend  que  c’est  dans  le  collectivisme  ou  le 
communisme  qu’est  pour  loi  le  moyen  nécessaire  de  salut.  11  s’oppose  comme  classe 
opprimée  et  exploitée  à  toutes  les  forces  d’oppression  et  d’exploitation,  à  tout  le  système  de 
propriété  qui  le  ravale  à  n’être  qu’un  instrument.  Il  n’attend  pas  sa  libération  de  la  bonne 
volonté  des  dirigeants  on  de  la  générosité  spontanée  des  classes  possédantes,  mais  de  la 
oression  continue,  méthodique,  qu’il  exerce  sur  les  privilégiés  et  sur  les  pouvoirs  publics. 
11  se  propose  comme  but  final  non  pas  une  amélioration  partielle,  mais  la  transformation 
totale  de  la  société.  Et  comme  il  ne  reconnaît  aucun  droit  à  la  propriété  capitaliste,  il  ne  sc 
sent  lié  à  elle  par  aucun  contrat.  Il  est  décidé  à  lutter  contre  elle  à  fond  et  jusqu’au  bout, 
et  c’est  en  ce  sens  que,  même  quand  il  use  des  moyens  légaux  que  la  démocratie  met  en 
ses  mains,  le  prolétariat  est  et  doit  rester  une  classe  révolutionnaire. 

Déjà  par  la  conquête  du  suffrage  universel,  par  la  conquête  et  l’exercice  du  droit  de  se 
coaliser  pour  la  grève  et  du  droit  de  se  syndiquer,  par  les  premières  lois  de  réglementa¬ 
tion  du  travail  et  d’assurance  sociale,,  le  prolétariat  a  commencé  à  réagir  contre  les  funestes 
effets  du  régime  capitaliste.  11  continuera  ce  grand  et  incessant  effort,  mais  il  ne  cessera  la 
lutte  que  lorsque  toute  la  propriété  capitaliste  aura  été  résorbée  par  la  communauté,  et 
lorsque  l’antagonisme  des  classes  aura  pris  ün  par  la  disparition  des  classes  elles-mêmes, 
réconciliées  ou  plutôt  unifiées  dans  la  production  et  la  propriété  commune. 

Comment  s’accomplira  la  suprême  transformation  du  régime  capitaliste  en  régime 
collectiviste  ou  communiste?  Il  est  impossible  à  l’esprit,  humain  de  déterminer  d'avance  le 
mode  selon  lequel  s’accomplira  l’ histoire.  La  Révolution  démocratique  et  bourgeoise,  qui  a 
eu  son  origine  dans  le  grand  mouvement  de  la  France  de  1789,  a  abouti,  selon  les  pays, 
par  les  voies  les  plus  diverses.  Le  vieux  système  féodal  a  cédé,  tantôt  à  l’évolution  paci¬ 
fique  et  lente,  tantôt  à  la  force.  La  bourgeoisie  révolutionnaire,  selon  les  lieux  et  les  temps, 
a  procédé  tantôt  à  l’expropriation  brutale  et  saas  indemnité,  tantôt  au  rachat  des  servi¬ 
tudes  féodales.  Nul  ne  peut  savoir  selon  quel  mode  la  servitude  capitaliste  sera  abolie. 

L’essentiel,  c’est  que  le  prolétariat  soit  toujours  prêt  à  l’action  la  plus  vigoureuse  et  la 
plus  efficace  11  serait  dangereux  d’écarter  l’hypothèse  d’évènements  révolutionnaires  qui 
peuvent  être  suscités  ou  par  la  résistance  ou  même  par  l’agression  criminelle  des  privilé¬ 
giés  Il  serait  funeste,  sur  la  foi  du  seul  mot  de  Révolution,  de  négliger  les  grandes  forces 
d'action  légale  dont  dispose  dans  la  démocratie  le  prolétariat  conscient  et  organise.  Ces 
moyens  légaux,  souvent  conquis  par  la  Révolution,  représentent  une  accumulation  de  force 
révolutionnaire,  un  capital  de  révolution  qu’l!  serait  insensé  de  ne  pas  faire  valoir.  Trop 
souvent  les  travailleurs  négligent  de  tirer  parti  des  moyens  d’action  que  la  démocratie  et  la 
République  mettent  en  leurs  mains.  Ils  ne  demandent  pas  à  l’action  syndicale,  à  faction 
coopérative,  au  suffrage  universel,  tout  ce  que  ces  forces  d’action  peuvent  donner.  11  n’y  a 
pas  de  formule,  il  n’y  a  pas  de  mécanisme  qui  puisse  dispenser  la  classe  ouvrière  de 

l’effort  constant  d’organisation  et  d’éducation. 

L’idée  de  la  grève  générale,  des  grèves  générales,  est  invinciblement  suggérée  aux 
prolétaires  par  l’ampleur  croissante  de  l’organisation  ouvrière, 

’  Ils  ne  désirent  pas  la  violence,  qui  est  bien  souvent  l’effet  d’une  organisation  msuHi- 
santc  et  d’une  éducation  rudimentaire  du  prolétariat.  Mais  iis  commettraient  une  grande 
faut-'  en  n’usant  pas  de  ce  puissant  moyen  d’action  qui  coordonne  les  forces  ouvrières  au 
service  de  grands  intérêts  ouvriers  ou  sociaux.  Ils  doivent  se  grouper,  s’organiser  pour  mm 
en  état  de  faire  sentir  toujours  plus  fortement  à  la  classe  privilégiée  le  vide  que  peut  soudain 
créer  dans  la  vie  économique  des  sociétés  le  brusque  arrêt  du  travail  fatigué  d'une  exploi- 

talion  sans  fin,  ,  _  p_ 

Ils  peuvent  par  là  arracher  à  i’égoistne  des  privilégiés  de  grandes  reformes  d  un 

intérêt  ouvrier  général  et  hâter  la  transformation  complète  d’une  société  injuste.  Mais  la 
formule  de  la  grève  générale,  comme  la  grève  partielle,  comme  l’action  politique,  ne  vaut 
que  par  le  progrès  de  l’éducation,  do  la  pensée,  de  la  volonté,  dans  la  classe  ouvrière. 

Le  Parti  socialiste  défend  dans  la  République  un  moyen  nécessaire  de  libération  et 
d’éducahon.  Le  socialisme  est  essentiellement  républicain.  On  peut  dire  qu’il  est  la  Repu- 


blique  elle-même,  puisqu'il  est  l'extension  de  la  République  au  régime  de  la  propriété  et  du 
travail. 

Le  parti  socialiste  a  besoin,  pour  l’organisation  du  monde  nouveau,  d’esprits  libres, 
affranchis  des  superstitions  et  des  préjugés.  11  demande  pour  tous  les  Êtres  humains,  pour 
tous  les  individus,  et  il  leur  garantit,  la  liberlé  absolue  de  penser  et  d’écrire,  d’affirmer 
leurs  croyances  ;  il  oppose  à  toutes  les  religions,  à  tous  les  dogmes,  à  toutes  les  Églises, 
aussi  bien  qu’aux  conceptions  de  classe  de  la  bourgeoisie,  le  droit  illimité  de  la  pensée 
libre,  la  conception  scientifique  de  ['univers  et  un  système  d’éducation  publique  exclusive¬ 
ment  fondé  sur  la  science  et  sur  la  raison - 

Ainsi  habitués  à  la  pensée  libre  et  à  la  réflexion,  les  citoyens  seront  à  l’abri  des 
sophismes  de  la  réaction  capitaliste  et  cléricale.  Les  petits  industriels,  les  petits  commer¬ 
çants,  les  petits  propriétaires  paysans  cesseront  de  croire  que  c’est  le  socialisme  qui  veut 
les  exproprier.  Le  Parti  socialiste  hâtera  l’heure  où  les  petits  propriétaires  paysans,  ruinés 
par  la  mévente  de  leurs  produits,  criblés  d’hypothèques  et  toujours  sous  le  coup  de  l’expro¬ 
priation  judiciaire,  comprendront  enfin  les  avantages  de  l’association  généralisée  et  systé¬ 
matisée  et  réclameront  eux-mêmes  comme  un  bienfait  la  socialisation  de  leur  lopin  de 
terre. 

Mais  il  serait  inutile  de  préparer  à  l’intérieur  de  chaque  nation  une  organisation  de 
justice  et  de  paix,  si  les  rapports  des  nations  entre  elles  restaient  livrés  à  toutes  les  entre¬ 
prises  de  la  force,  à  toutes  les  suggestions  des  convoitises  capitalistes.  Le  l’arti  socialiste 
veut  la  paix  entre  les  nations,  il  condamne  toute  politique  d'agression  et  de  guerre,  qu  il 
s’agisse  de  guerre  continentale  ou  de  guerre  coloniale.  11  maintient  constamment  à  1  ordre 
du  jour  des  pays  civilisés  le  désarmement  simultané.  Et,  en  attendant  le  jour  de  la  paix 
définitive  entre  les  nations,  il  combat  l’esprit  militariste  en  acheminant  de  tout  son  effort 
!e  système  des  armées  permanentes  au  système  des  milices.  Il  veut  protéger  contre  toute 
surprise  le  territoire  et  l’indépendance  de  la  nation.  Mais  toute  politique  offensive  et  tout 
instrument  offensif  sont  condamnés  à  fond  par  lui.  L’entente  étroite  des  travailleurs,  des 
prolétaires  de  tous  les  pays  est  nécessaire,  aussi  bien  pour  refouler  les  forces  d’agression 
et  de  guerre  que  pour  préparer,  par  une  action  concertée,  l’avènement  général  du  socia¬ 
lisme.  L’accord  entre  les  prolétaires  militants  de  tous  les  pays  préparera  l’avènement  d’une 
humanité  libre  ou  la  diversité  des  nations,  au  lieu  d’être  un  principe  de  lutte  et  de  haine, 
sera  un  principe  d’émulation  fraternelle  dans  l’universel  progrès  humain. 

C’est  dans  ce  sens  et  pour  ces  raisons  que  le  Parti  socialiste  a  formulé  clans  ses  Congrès 
la  règle  et  le  but  de  son  action  :  Entente  et  action  internationales  des  travailleurs;  organi¬ 
sation  politique  et  économique  du  prolétariat  en  parti  de  classe  pour  la  conquête  du  pou¬ 
voir  et  la  socialisation  des  moyens  de  production  et  d’échange,  c'est-à-dire  transformation 
de  la  société  capitaliste  en  société  communiste. 


Programme  des  Réformes 

Le  Parti  Socialiste  français,  repoussant  la  politique  du  tout  ou  rien,  a  un  programme 
de  réformes  dont  il  poursuit  dès  maintenant  la  réalisation  : 

1.  Démocratisation  des  Pouvoirs  politiques. 

1.  Suffrage  universel  direct,  sans  distinction  de  sexe,  et  dans  toutes  les  élections. 

2.  Réduction  du  temps  de  résidence. 

3.  Scrutin  de  liste  avec  représentation  proportionnelle  dans  toutes  élections. 
h.  Mesures  législatives  pour  assurer  la  liberté  et  le  secret  du  vote. 

5.  Droit  d’initiative  populaire  et  referendum. 

6.  Suppression  du  Sénat  et  de  la  présidence  de  la  République.  Les  attributions  actuelles 


du  président  de  la  République  et  du  Conseil  des  ministres  seront  dévolues  a  un  Conseil 
exécutif,  nommé  par  le  Parlement* 

7.  Réglementation  par  la  loi  du  mandat  législatif,  révocable  par  un  vote  de  la  moitié 
plus  un  des  électeurs  inscrits, 

8.  Admission  des  femmes  à  toutes  fonctions  publiques. 

9.  Liberté  absolue  de  la  presse  et  de  réunion,  sous  la  seule  garantie  du  droit  commun. 
—  Abrogation  de  toutes  les  lois  d’exception  sur  la  presse*  —  Liberté  des  associations 
civiles. 

10.  Pleine  autonomie  administrative  des  départements  et  des  communes,  sous  la  seule 
réserve  des  lois  garantissant  le  caractère  républicain,  démocratique  et  laïque  de  REtat. 

IL  Laïcisation  complète  de  PÊtat. 

Séparation  des  Églises  et  de  RÉtat;  — -  suppression  du  budget  des  cultes  et  liberté  des 
cultes;  interdiction  de  Faction  politique  et  collective  des  Églises  contre  les  lois  civiles  et  les 
libertés  républicaines. 

Suppression  des  congrégations;  “  nationalisation  des  biens  de  mainmorte  de  toute 
nature  leur  appartenant,  et  affectation  de  ces  biens  à  des  œuvres  d'assurance  et  de  solida¬ 
rité  sociales  ;  en  attendant,  interdiction  aux  congrégations  de  toute  entreprise  industrielle 
et  commerciale. 


III.  Organisation  démocratique  et  humaine  de  la  Justice. 

1.  Substitution  à  tous  les  tribunaux  actuels,  civils  ou  criminels,  de  tribunaux  formés 
par  un  jury  pris  sur  la  liste  électorale  et  par  des  juges  élus  sous  des  garanties  de  compé¬ 
tence  ;  le  jury  sera  formé  par  voie  de  tirage  au  sort  sur  des  listes  dressées  par  le  suffrage 
universel. 

2.  Gratuité  de  la  justice. 

3.  Transformations  en  fonctions  publiques  des  offices  ministériels;  suppression  du 
privilège  des  avocats. 

é-  Instruction  et  expertise  contradictoires  à  tous  degrés  et  sut  tous  points. 

5.  Substitution  au  caractère  de  représailles  et  de  vindicte  des  pénalités  actuelles,  d'un 
système  de  préservation  sociale  et  demanderaient  du  condamné. 

6.  Abolition  de  la  peine  de  mort, 

7.  Suppression  des  tribunaux  militaires  et  maritimes. 

IV,  Constitution  de  la  famille  conformément  aux  droits  individuels. 

Abrogation  de  toutes  les  lois  qui  établissent  l’infériorité  civile  des  femmes  et  des 
enfants  naturels  ou  adultérins* 

Législation  plus  libérale  du  divorce. 

Loi  sur  la  recherche  de  la  paternité. 

V.  Education  humaine,  civique  et  professionnelle. 

1.  Gratuité  de  renseignement  à  tous  les  degrés. 

2.  Entretien  des  enfants  à  la  charge  des  collectivités  pour  le  premier  degré  de  Rensei¬ 
gnement. 

3.  Pour  Renseignement  secondaire  et  supérieur,  mise  à  la  charge  des  collectivités  de 
ceux  des  enfants  qui,  après  examen,  seront  reconnus  aptes  a  poursuivre  utilement  leurs 
études. 

4.  Création  d’un  enseignement  populaire  supérieur, 

5.  Monopole  de  Renseignement  aux  trois  degrés  par  RÉtat;  subsidiairement,  interdic¬ 
tion  à  tout  membre  do  clergé  régulier  ou  séculier  d'ouvrir  une  école  et  d7y  enseigner. 


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N°  1162 


VL  Bejonle  générale  du  système  dHvipâts  dam  un  sens  de  solidarité  sociale * 

1.  Abolition  de  tous  les  impôts  sur  les  objets  de  consommation  de  première  nécessité 
et  des  quatre  contributions  directes;  subsidiairement,  dégrèvement  de  toutes  les  petites 
eûtes  foncières  et  des  petites  patentes* 

2.  Impôt  global  progressif  et  personnel  sur  les  revenus  supérieurs  a  3*000  francs* 

3.  Impôt  progressif  sur  les  successions,  la  progressivité  étant  calculée  h  la  fois  sur  le 
chiffre  de  la  succession  et  sur  l’éloignement  du  degré  de  parenté* 

4.  Faculté  pour  l’Etat  de  demander  à  certains  monopoles  une  part  des  ressources  qui 
lui  août  nécessaires'. 

VIL  Protection  et  réglementation  légales  du  travail  dans  VindûstHe ,  le  commerce 

et  Vagriculture . 

L  Repos  d’un  jour  par  semaine,  ou  interdiction  pour  les  employeurs  de  faire  travailler 
plus  de  six  jours  sur  sept. 

2*  Limitation  de  la  journée  de  travail  à  huit  heures  ;  subsidiairement,  vote  de  tonte 
disposition  diminuant  la  durée  de  ia  journée  de  travail. 

3*  Interdiction  de  faire  travailler  les  enfants  âgés  de  moins  de  quatorze  ans;  système 
de  la  demi-journée  de  travail  pour  les  adolescents,  et  combinaison  du  travail  productif  avec 
leur  instruction  et  leur  éducation. 

é.  Interdiction  du  travail  de  nuit  pour  les  femmes  et  les  adolescents.  Interdiction  du 
travail  de  nuit  pour  les  ouvriers  adultes  de  toutes  les  catégories  et  dans  toutes  les  indus¬ 
tries  où  le  travail  de  nuit  n’est  pas  absolument  nécessaire. 

5.  Législation  protectrice  du  travail  à  domicile. 

6.  Interdiction  du  marchandage  et  du  payement  en  nature  (économats). 

7.  Reconnaissance  légale  de  la  mise  à  l’index. 

8.  Fixation,  par  l’accord  des  municipalités  et  des  corporations  ouvrières  de  ^industrie, 
du  commerce  et  de  l’agriculture,  de  séries  de  prix  constituant  le  salaire  minimum. 

9.  Interdiction  aux  patrons  de  toute  réduction  de  salaire,  sous  forme  d’amende  ou 
autrement  Intervention  des  ouvriers  dans  les  règlements  spéciaux  d’ateliers. 

10*  La  surveillance  des  ateliers,  fabriques,  usines,  mines,  chantiers,  services  publics, 
magasins,  etc.,  concernant  les  conditions  de  travail,  d’hygiène  et  de  sécurité,  sera  exercée, 
concurremment  avec  les  inspecteurs  de  l’Etat,  par  des  inspecteurs  élus  par  les  syndicats 
ouvriers, 

IL  Extension  de  la  prud’homie  à  tous  les  salariés  de  l’industrie,  du  commerce  ot  de 
^agriculture. 

12,  Mise  en  régie  du  travail  des  condamnés.  Le  prix  de  tout  travail  effectué  sera  le 
pris  normalement  payé  aux  ouvriers  syndiqués* 

13.  Repos  légal  des  femmes,  six  semaines  avant  et  six  semaines  après  1  accouche¬ 
ment. 

VIII.  Assurance  sociale  contre  tous  les  risques  naturels  et  économiques . 

1*  Organisation  par  la  nation  d’un  système  d’assurance  sociale  s’appliquant  à  la  tota¬ 
lité  des  travailleurs  de  l’industrie,  du  commerce,  de  l’agriculture,  contre  les  risques  de 
maladie,  d’accident,  d’invalidité,  de  vieillesse  et  de  chômage, 

2.  Constitution  du  fonds  d’assurance  sans  prélèvement  sur  les  salaires;  subsidiaire¬ 
ment,  limitation  du  prélèvement  opéré  sur  les  salariés  au  tiers  de  ia  contribution  totale, 
les  deux  autres  tiers  devant  être  fournis  par  l’Etat  et  les  employeurs, 

3.  Amélioration  de  la  loi  sur  les  accidents  du  travail  et  son  application  sans  distinction 
I®  nationalité. 

ù*  Participation  des  travailleurs  au  contrôle  et  au  fonctionnement  du  service  d’assu¬ 
rance* 


—  838  — 


IX.  Extension  du  domaine  et  des  services  publics  industriels  et  agricoles  de  l’Etat ,  des 

Départements  et  des  Communes. 

1.  Nationalisation  des  chemins  de  fer,  des  mines,  de  la  Banque  de  France,  dos  assu¬ 
rances,  des  raffineries  de  sucre  et  des  sucreries,  de  l’alcool,  de  la  grande  meunerie. 

2.  Organisation  d’un  service  public  de  placement  pour  les  travailleurs,  avec  lé  concours 
des  Bourses  du  travail  et  des  organisations  ouvrières,  et  suppression  des  bureaux  privés, 

3.  Service  national  et  communal  d’hygiène  et  renforcement  des  lois  qui  protègent  la 
santé  publique  (logements  insalubres,  etc  ). 

/j.  Organisation  par  l’Etat  d’un  crédit  agricole. 

5.  Subvention  aux  communes  rurales  pour  les  aider  à  acheter  l’outillage  agricole  col¬ 
lectif,  à  acquérir  des  domaines  communaux,  gérés  sous  le  contrôle  des  communes  par  des 
syndicats  de  travailleurs  ruraux,  et  h  créer  des  magasins  de  dépôt  et  des  warrants. 

G.  Organisation  de  services  communaux  de  l’éclairage,  de  l’eau,  des  transports  en 
commun,  de  construction  et  de  régie  d’habitation  à  bon  marché, 

7.  Administration  démocratique  des  services  publics  nationaux  et  communaux  avec 
participation  des  organisations  ouvrières  à  leur  fonctionnement  et  à  leur  contrôle,  avee  droit 
de  se  syndiquer  à  tous  les  salariés  de  tous  les  services  publics. 

X.  Politique  de  paix  internationale  et  adaptation  de  l'organisme  militaire  à  la  défense 

du  pays. 

1.  Substitution  des  milices  à  l’armée  permanente  et  adoption  de  toutes  les  mesures 
comme  les  réductions  d&  service  militaire  qui  y  conduisent. 

2.  Refonte  et  adoucissement  du  Code  pénal  militaire  ;  suppression  des  corps  discipli¬ 
naires  et  interdiction  de  prolonger  le  service  militaire  en  guise  de  pénalité. 

3.  Renonciation  à  toute  guerre  offensive,  sous  quelque  prétexte  que  ce  soit. 

ii.  Renonciation  à  toute  alliance  qui  n’aurait  pas  pour  objet  exclusif  le  mainüeu  de  la 

paix. 

5.  Renonciation  aux  expéditions  militaires  coloniales,  et,  dans  les  colonies  actuelles  ou 
pays  de  protectorat,  soustraits  à  l’influence  des  missionnaires  et  au  régime  militaire, déve¬ 
loppement  d’institutions  protecirices  des  indigènes. 


4"  circonscription  de  SAINT-DENIS 
Mi  Firmiu  FAURE 

Élu  au  2°  tour  de  scrutin.  —  8.559  voix. 


Citoyens  ! 

Depuis  trois  ans,  une  infime  minorité  de  Juifs  et  de  Francs-Maçons  a  imposé  à  h  1 
France,  on  sait  trop  par  quel  moyens,  la  dégradante  dictature  de  M.  Waldeck-Rousseau  cl  •; 

de  ses  ministres.  . 

Uniquement  institué  pour  arracher  un  traître  à  la  légitime  condamnation  qui  lw  j 
deux  fois  frappé,  le  Ministère  Dreyfus  a  pu  mener  jusqu’au  bout  son  œuvre  infâme. 

Mais  l’heure  décisive  du  règlement  des  comptes  vient  de  sonner. 

M.  Renou,  plus  dreyfusard  que  Dreyfus,  internationaliste  avéré,  collectiviste  et  antipi- 


_  839  —  NM  192 

litariste  dont  la  place  était  naturellement  indiquée  au  milieu  des  ennemis  de  la  Patrie  et  de 
la  liberté,  a  été  un  des  plus  fidèles  soutiens  de  ce  Ministère  de  trahison. 

Vous  trouverez  juste  qu’il  en  partage  les  responsabilités. 

Electeurs  ! 

En  face  de  la  candidature  internationaliste  et  ministérielle  de  M.  Rcnou,  je  pose  ma 
candidature  républicaine  nationaliste  et  antiministêrielle. 

Il  est  fier  d’avoir  toujours  voté  avec  les  Sans-Patrie.' 

Je  suis  encore  plus  lier  d’être  un  patriote. 

11  affiche  la  prétention  de  défendre  les  Droits  de  l’Humanité. 

Je  prétends  qu’il  faut  d’abord  songer  aux  Droits  de  la  France  et  des  Français. 

Il  veut  le  collectivisme  et  la  suppression  de  la  propriété. 

Je  réprouve  cette  doctrine  et  je  veux  le  maintien  et  la  sauvegarde  d-c  la  propriété  indi¬ 
viduelle,  fruit  du  travail  et  de  l’épargne. 

Nos  opinions,  vous  le  voyez,  sont  bien  distinctes  et  bien  tranchées. 

Elles  le  seront  bien  plus  quand  j’aurai  ajouté  que  tous  mes  efforts  tendront,  si  je  suis 
votre  élu,  à  faire  aboutir  un  programme  de  réformes  dont  voici  les  grandes  ligues  : 

La  révision  de  la  Constitution  par  une  Constituante  et  le  rétablissement  du  scrutin  de 

liste  ;  .  .  „  .  . 

La  liberté  de  conscience,  d’association  et  d’enseignement  garantie  à  tous  les  ci- 
tOYGilS  î 

L’abolition  des  tribunaux  d’exception  ;  l’amnistie  pour  les  victimes  de  la  Haute  Cour  et 
les  faits  de  grève  et  faits  connexes  ; 

La  réduction  du  service  militaire  ; 

La  réduction  des  dépenses  publiques  et  des  impôts  ; 

L’amortissement  de  la  dette  ; 

'  La  protection  efficace  du  commerce  et  de  f  industrie  ; 

La  recherche  inlassable  des  économies  budgétaires  par  la  diminution  des  gros  traite¬ 
ments  et  la  suppression  des  emplois  inutiles  ; 

La  fin,  en  un  mot,  du  régime  d’emprunts  confinuels  et  de  déficit  constant  qui  mène  la 

France  à  la  banqueroute. 

Travailleurs  ! 

M.  Renou  désire  que  l«s  lois  ouvrières,  même  la  loi  sur  la  Caisse  de  retraites,  Rap¬ 
pliquent  à  tous  les  étrangers,  car  il  se  dit  citoyen  du  monde. 

Plus  modeste,  je  me  contente  d’être  citoyen  de  mon  pays  et,  avant  de  songer  aux 

étrangers,  de  penser  à  nos  camarades  de  France.» 

Par  centaines  dô  mille,  des  ouvriers  et  des  employés,  venus  de  Belgique,  d’Allemagne, 
d’Angleterre  ou  dJ  Italie,  se  sont-  répandus  sur  le  sot  français.  Ils  encombrent  nos  chantiers 
et  prennent  la  place  de  nos  compatriotes,  souvent  réduits  à  se  croiser  les  bras  et  à  souffrit 

la  faim  par  suite  de  cette  concurrence  injustifiée. 

Je  demanderai  le  vote  d’une  loi  protégeant  efficacement  les  ouvriers  français  contre  la 
main-d’œuvre  étrangère  ^amélioration  des  lois  protectrices  du  travail,  la  création  d  une 
Caisse  de  Retraites  ouvrières  et  le  développement  des  oeuvres  de  mutualité. 


Français, 

Vous  iRôtes  plus  ks  maîtres  chez  vous. 

Les  Juifs  et  les  Cosmopolites  sont  devenus  les  rois  de  ce  pays  î 

Rois  irresponsables  de  la  finance, et  de  Pag io,  avec,  à  leur  tête,  un  milîiurdaire  tout- 
puissant  dans  Les  Conseils  du  Gouvernement. 


—  840  - 

Des  mesures  de  préservation  sociale  s'imposent  contre  ce  pouvoir  occulte  et  enva¬ 
hissant. 

Je  saurai  les  réclamer. 

Il  ne  peut  plus  y  avoir  en  France,  à  l'heure  présente  que  deux  partis  : 

Les  Nationalistes,  c’est-à-dire  ceux  qui  se  glorifient  de  leur  qualité  de  Français  et 
tiennent  à  la  conserver. 

Et  les  Internationalistes  qui  prennent  leur  mot  d’ordre  par  delà  les  frontières. 

Comme  la  majorité  d’entre  vous,  je  suis  avec  les  premiers  contre  les  autres. 

Du  scrutin  du  27  avril  sortira  la  chute  ou  b  triomphe  du  Ministère  de  trahison  ;  le  salut 
ou  la  perte  de  la  Patrie  l 

Comprenez  votre  devoir  1 

Allez  aux  urnes  avec  la  volonté  de  vaincre  I 

Et  demain  vous  aurez  remplacé  cette  République  enjuîvée,  devenue  la  propriété  exclu¬ 
sive  des  sectaires  et  des  francs-maçons,  par  une  République  libérale  et  tolérante,  la  Répu¬ 
blique  vraiment  française  que  nous  avions  tous  rêvée. 

Vive  la  République  Française  1 
Vive  la  France  aux  Français  1 

Firmin  FAURE, 


5°  circonscription  de  SAINT- DENIS 

M,  GUYOT  DE  VILLENEUVE 
Élu  au  lor  tour  de  scrutin,  r—  7.487  voix 


Mes  chers  Concitoyens, 

Je  me  présente  à  vos  suffrages  avec  la  conviction  d’accomplir  le  devoir  qui  incombe 
aujourd’hui  à  tous  les  bons  citoyens  :  celui  de  travailler  à  défendre  les  intérêts  menacés  et 
la  sécurité  compromise  du  pays. 

fai  volontairement  sacrifié,  pour  remplir  ce  devoir,  une  carrière  déjà  longue  de  vingt 
ans,  et  j’ai  renoncé,  dans  le  seul  désir  de  mieux  servir  mon  pays,  aux  avantages  que  mon 
avenir  militaire  me  donnait  le  droit  d’espérer. 

Républicain  et  patriote,  j’ai  profondément  ressenti  les  insultes  faites  au  drapeau  et  les 
atteintes  portées  à  nos  libertés,  et  j’ai  quitté  Tannée  pour  être  libre  de  combattre,  avec  tous 
les  citoyens  indépendants  et  désintéressés,  contre  les  hommes  pour  qui  l’affaire  Dreyfus  a 
été  le  marchepied  du  pouvoir,  et  qui  le  détiennent  aujourd’hui  au  nom  des  Francs-Maçons, 
des  Juifs  et  des  Cosmopolites. 

Sous  prétexte  de  défendre  la  République,  ils  ont  fait  alliance  avec  ses  pires  ennemis, 
les  collectivisLes-révolutionnaîres  et  les  internationalistes.  Ils  ont  désorganisé  notre  armée, 
diminué  nos  libertés,  dilapidé  nos  finances,  et  par-dessus  tout  trompé  le  peuple  auquel 
ils  ont  tout  promis,  et  auquel  ils  n’ont  rien  donné. 

Mon  programme  sera  l’opposé  du  leur. 

Us  sont  les  apôtres  du  collectivisme  :  de  ce  régime  qui  repose  sur  îa  confiscation  de  la 
propriété  et  la  suppression  de  la  liberté  du  travail.  —  Je  suis  pour  le  maintien  du  droit 
qu’a  tout  citoyen  d’acquérir,  de  posséder  et  de  travailler  librement. 

Iis  ont  gaspillé  nos  finances  et  nous  ont  réduit  à  ia  dure  nécessité  d’emprunter  et  de 


—  841  — 


N“  1162 

payer  de  nouveaux  impôts.  —  Je  veux  que  les  dépenses  diminuent,  que  les  budgets  soient 
sincères,  que  Von  lasse  des  économies  qui  permettront  la  réalisation  des  réformes 
sociales.  La  première  mesure  à  prendre  dans  ce  sens  doit  être  de  supprimer  aux  Députés 
toute  initiative  en  matière  de  dépenses,  et  de  réserver  cette  initiative  aux  seuls  Ministres 
responsables. 

Ils  ont,  par  leurs  persécutions,  porté  atteinte  à  la  liberté  de  conscience.  J'estime  que  la 
liberiè  de  croire  ou  de  ne  pas  croire  doit  être  légale  pour  tous  les  citoyens. 

Ils  ont  supprimé  en  principe  la  liberté  de  l’enseignement.  —  Je  veux  que  le  père  de 
famille,  responsable  de  ses  enfants,  soit  laissé  juge  de  la  direction  qu’il  doit  donner  à  leur 
éducation . 

Ils  ont  gravement  compromis  la  liberté  d’association.  Elle  devra  être  rétablie. 

Ils  ont  promis  les  retraites  ouvrières  et  n’ont  abouti  qu’à  un  projet  de  loi  ridicule, 
excluant  les  artisans,  les  petits  patrons  et  les  cultivateurs,  rendant  obligatoire  le  versement 
d’une  prime  par  les  ouvriers,  fixant  à  65  ans  la  limite  d’âge  de  la  retraite  et  nécessitant 
enfin  la  constitution  —  impossible  aujourd’hui,  vu  l’état  de  nos  finances,  —  d’une  première 
mise  de  fonds  par  l’État  de  200  millions. 

Je  suis  d’avis  que  la  question  des  retraites  ouvrières  doit  trouver  sa  solution  dans 
le  développement  des  sociétés  de  mutualité  et  de  prévoyance,  et  dans  la  création 
par  l’État  d’une  Caisse  de  fonds  communs  destinée  à  subventionner  les  sociétés  néces¬ 
siteuses. 

Ils  ont  entravé  la  liberté  du  travail  par  une  réglementation  mauvaise  et  par  leurs  en¬ 
couragements  aux  grèves.  —  J’estime  qu’il  y  a  lieu  de  reviser  la  réglementation  du  travail 
dans  uu  sens  plus  large  et  de  chercher  à  améliorer  les  rapports  des  ouvriers  avec  les 
patrons,  en  donnant  aux  Syndicats  ouvriers  et  aiix  Conseils  du  travail  une  orientation  pro¬ 
fessionnelle  et  non  politique. 

La  loi  sur  les  accidents  du  travail  devra  être  révisée,  car  elle  est  très  lourde  pour  les 
petits  patrons,  favorise  le  travail  étranger  et  ne  réglemente  pas  le  secours  immédiat. 

Le  travail  français  devra  être  protégé  par  l’État,  qui  s’interdira  d’une  façon  absolue 
toute  commande  à  l’étranger,  et  tout  emploi  d’ouvriers  étrangers. 

Une  taxe  proportionnelle  à  la  différence  des  salaires  français  et  étrangers  devra 
être  prélevée  sur  les  salaires  étrangers  et  versée  à  la  Caisse  de  fonds  communs  des  retraites 
ouvrières. 

Ils  n’ont  rien  fait  pour  obtenir  une  plus  juste  répartition  de  l’impôt;  et  le  projet 
d’impôt  progressif  sur  le  revenu,  de  M.  Caitiaux,  mal  conçu  et  inquisitorial,  a  complè¬ 
tement  échoué.  —  Je  suis  d’avis  qu’une  amélioration  pourrait  être  apportée  par  une  révi¬ 
sion  de  l’impôt  des  patentes,  qui  pèse  trop  lourdement  sur  les  petits  commerçants  et  les 
petits  industriels. 

Cet  impôt  devrait  se  transformer  en  un  impôt  sur  le  capital  industriel  et  commercial,  de 
façon  à  être  de  moins  en  moins  un  impôt  sur  le  revenu  du  travail. 

Ils  ont  proposé,  pour  combler  le  déficit  du  prochain  budget,  d’instituer  les  monopoles 
«cuveaux  du  pétrole  et  du  sucre.  —  Je  suis  l’adversaire  de  tous  les  monopoles  qui  ne 
peuvent  qu’écraser  le  petit  commerce,  déjà'  si  peu  prospère,  par  suite  de  la  concurrence 
des  grands  magasins. 

Ils  ont  introduit  la  politique  dans  l’armée,  désorganisé  le  haut  commandement  et 
compromis  ainsi  notre  force  militaire,  —  Je  veux  que  l’armée  reste  étrangère  ntix 
lattes  des  partis  politiques,  et  demeure  uniquement  consacrée  à  sa  tâche,  qui  est  la  défense 
du  terri toit  e. 

Us  avaient  promis  la  réduction  du  service  militaire,  mais  absorbés  par  leurs  discussions 
politiques,  ils  n’ont  pu  faire  aboutir  cette  réforme.  —  Elle  devra  être  réalisée,  dès  le 
début  de  la  prochaine  législature,  par  le  vote  d’une  loi  établissant  le  principe  du  service  de 
deux  ans,  et  assurant  au  moyeu  de  rengagements  le  recrutement  des  cadres  nécessaires  à 
•'instruction. 

lis  ont  semé  la  discorde  dans  le  Pays  et  compromis  la  paix  sociale.  Je  veux  que  l’union 


106 


renaisse  entre  les  citoyens,  et,  comme  première  mesure  d’apaisement,  je  demanderai  l’am¬ 
nistie  pour  tous  les  condamnés  politiques  de  la  Haute-Cour. 


Citoyens, 

L’heure  est  grave  !  la  République  est  menacée,  non  par  la  réaction,  mais  par  ceux-là 
mêmes  qui  sont  au  pouvoir.  —  Serviteurs  des  loges  alliés  aux  collectivistes,  Us  menacent 
nos  libertés,  désorganisent  notre  armée,  et  ruinent  nos  finances,  —  Par  ce  qn’iïs  ont  déjà 
fait,  vous  pouvez  prévoir  ce  qu’ils  feront  demain,  si  vous  ne  vous  affranchissez  de  leur 
tyrannie. 

De  votre  vote,  va  dépendre  le  salut  de  la  République. 

îl  faut  aujourd'hui  que  le  pays  remplace  les  indignes  représentants  qui  Pont  trompé, 
par  des  hommes  honnêtes  et  désintéressés. 

Si  vous  me  désignez,  vous  aurez  en  moi  un  homme  qui  prendra  résolument  la  defense 
de  vos  intérêts,  et  qui  agira  sans  promettre,  tin  homme  qui  travaillera  de  toutes  ses  forces 
au  rétablissement  de  la  paix  sociale,  au  maintien  de  nos  libertés,  à  Fatnêlio ration  de  nos 
finances  et  à  la  grandeur  de  la  Patrie. 

Vive  la  France  1 
Vivo  la  République  I 

GUYOT  DE  VILLENEUVE, 

Candidat  Républicain  Nationaliste. 


6P  circonscription  de  SAINT -DENIS 

M.  FÉRON 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin .  — 10.115  voix- 


Citoyens, 

Vous  allez  être  appelés  à  élire  votre  dépuîéï 

Le  Congrès  des  groupes  radicaux  et  radicaux-socialistes  de  vos  communes  m’a  désigné 
comme  candidat  unique. 

J’ai  accepté  cet  honneur  avec  le  sincère  désir  et  la  ferme  volonté,  si  je  suis  votre  élu, 
d’être  votre  dévoué  représentant. 

Je  n’ai  pour  cela  qu’à  rester  le  fidèle  serviteur  de  J  a  démocratie  que  j’ai  été  jusqu’ici 
dans  l’accomplissement  des  mandats  que  vous  m’avez  successivement  confiés. 

Nul  ne  doutera  ni  de  ma  bonne  foi  ni  de  mon  dévouement. 

Le  Comité  de  Colombes, réuni  spécialement  à  la  salle  Moissan  pour  examiner  les  candi¬ 
datures,  m’a  désigné  par  neuf  voix  contre  sept  au  choix  des  électeurs.  Ce  qui  n’autorise 
aucune  personnalité  à  se  déclarer  candidat  du  Comité  de  Colombes,  pas  plus  que  cette  per¬ 
sonnalité  n’a  droit  de  se  dire  le  candidat  du  Comité  central  de  la  rue  Tiquetonne,  qui  a 
déclaré  fausse  toute  présentation  faite  en  son  nom. 

Parmi  les  candidats  qui  briguent  vos  suffrages,  il  n’en  est  pas,  et  j’ose  Faflinner  sans 
craindre  d’être  démenti,  qui  vous  offrent  plus  de  sécurité  que  moi, 

Mon  passé  vous  garantit  ^avenir, 


N°  1162 


—  «43  - 

Je  ne  tromperai  pas  vos  espérances  et  j’ai  trop  confiance  en  votre  jugemeut  éclaiié 
pour  admettre  mi  seul  instant  que  les  leçons  du  passé  vous  laissent  indifférents. 

Chers  Concitoyens, 

Vous  vous  souviendrez  qu'on  no  saurait  jamais  être  un  représentant  utile,  si  l’on  n’a 
pas  cté  préparé  à  cette  tâche  difficile  par  de  nombreuses  années  de  pratique  administrative 

et  politique.  ,  , 

Vous  m’avez  fourni  également  l’occasion  de  faire  cotte  prépara  lion  et  d’acquenr  cette 

pratique.  , 

Chargé  par  vous,  à  des  titres  multiples  et  depuis  bien  longtemps  déjà,  de  représenter 
notre  circonscription,  je  puis  vous  affirmer  que  je  connais  vos  aspirations,  vos  besoins,  vos 
intérêts  matériels  et  moraux  mieux  que  qui  que  ce  soit.  Je  les  ai  toujours  défendus  et  je  le3 
défendrai  encore,  sans  distinction  de  commune  ou  de  canton , 

Au  Conseil  général,  je  n’ai  jamais  séparé  le  canton  de  Courbevoie  de  celui  de  Puteaux. 
L’un  et  l’autre  continueront  à  trouver  chez  moi  même  ardeur,  même  soin  jaloux  à  plaider 
leur  cause. 

Le  souci  du  bien  publie  a  été  jusqu’ici  mon  unique  guide,  il  le  restera  toujours  dans  la 

C’est  d’ailleurs  de  ce  seul  souci  de  bien  faire  et  de  mon  passé  de  travailleur  modeste, 
mais  plein  de  bonne  volonté,  que  je  me  recommande  aujourd’hui  auprès  de  vous. 

Vous  ferez  votre  choix  en  connaissance  de  cause  et  vous  ne  regretterez  pas,  comme 
cela  est  malheureusement  arrivé  trop  souvent,  d’avoir  été  induits  en  erreur  par  des  pro¬ 
messes  fallacieuses. 

N’étant  pas  absorbé  par  mes  affaires  personnelles  au  point  de  ne  pas  trouver  un  temps 
suffisant  pour  les  affaires  publiques,  n’étant,  de  plus,  inféodé  à  aucune  coterie  susceptible 
de  paralyser  mes  efforts,  je  serai  tout  entier  à  l’accomplissement  de  mon  mandat. 

Le  mandat  que  je  sollicite  de  vous  sera  celui  du  républicain  radical-socialiste  qui 
depuis  longtemps  a  donné  sa  mesure  et  qui,  en  outre  de  ses  convictions  républicaines  iné¬ 
branlables,  vous  apporte  également  les  garanties  de  probité  à  toute  épreuve  de  l’hoffnête 
homme  connu  de  tous. 

Programme  politique  et  social. 

Fidèle  à  mes  convictions,  je  serai  toujours  le  partisan  et  le  défenseur  d  une  politique  de 
progrès  et  de  solidarité. 

Profondément  amoureux  de  l’ordre  et  de  la  liberté,  je  suis  et  resterai  partisan  de  tout 
Ministère  radical-socialiste  qui  aura  l’énergie  de  mettre  la  main  au  collet  de  tout  fauteur  de 
désordre,  qu’il  soit  civil  ou  soldai  révolté. 

Je  m’efforcerai  de  mettre  radicalement  nos  lois  en  harmonie  avec  la  République. 

Je  m’attaclierai  plus  esicoro  que  par  le  passé,  si  c’est  possible,  à  la  défense  des  petits, 
des, humbles,  des  vieillards,  de  toutes  les  victimes  de  notre  vie  de  lutte.  Je  voterai  les  lois 
ayant  pour  but  une  organisation  sociale  meilleure,  celtes  destinées  à  amelioier  le  soit  des 
classes  ouvrières  et  à  garantir  la  vieillesse  contre  la  misère,  par  la  créa  .ion  de  caisses  de 
retraite. 

Je  défendrai  les  multiples  intérêts  des  petits  commerçants. 

Commerçant  moi-même,  je  connais, pour  les  supporter,  les  maux  qui  accablent  le  bouti¬ 
quier,  sur  lequel  pèse  si  lourdement  l’impôt  des  patentes,  impôt  inique  dans  une  Répu¬ 
blique,  où  les  charges  doivent  être  réparties  proportionnellement  et  progressivement  à  la 
fortune  de  chacun. 

Rapports  entre  l’État  et  les  Eglises. 

Partisan  de  la  liberté  de  conscience,  je  neveux  cependant  pas  être  la  dupe  do  l’indiffé¬ 
rence.  Je  désapprouverai  toujours  l’ingérence  du  clergé  dans  les  affaires  pusliques. 


La  séparation  des  Églises  et  de  l’État  étant  une  question  toujours  à  Tordre  du  jour,  je 
tiens  à  Tinscrire  dans  mon  programme,  en  ajoutant  toutefois,  comme  correctif  indispen¬ 
sable,  qu'avant  de  prononcer  celte  séparation^  PÉtat  devra  prendre  les  mesures  de  sauve¬ 
garde  nécessaires  à  la  défense  républicaine  et  à  la  liberté  de  conscience. 

Armée  et  marine . 

Ma  conviction,  et  je  le  disais  à  mes  électeurs  en  1900  et  je  le  répété,  est  que,  placés  au 
milieu  de  l'Europe  en  armes,  jalouse  de  notre  prospérité,  il  nous  faut  une  armée  républi¬ 
caine  solidement  organisée,  ainsi  qu'une  marine  non  moins  dévouée  à  la  République  que 
Pannee  de  terre,  la  plus  formidable  possible,  afin  d'assurer  la  protection  morale  et  au 
besoin  effective  de  nos  frontières  de  terre  et  de  mer,  aussi  bien  que  de  nos  colonies,  débou¬ 
chés  de  la  surproduction  nationale. 

j'accepte  le  service  militaire  réduit  à  deux  années  de  présence  effective  sous  les  dra¬ 
peaux,  pour  tous  les  citoyens  sans  exception,  en  prenant  cependant  les  garanties  indispen¬ 
sables  pour  que  la  solidité  de  notre  armée  n'en  soit  pas  atteinte* 

Enfin,  je  fais  des  vœux  pour  le  désarmement  général,  mais  à  la  condition  que  cette 
mesure  soit  prise  par  Tunanimitê  des  États  intéressés  et  que  la  France  ne  soit  pas  la  dupe 
d'illusions  généreuses  1 

Citoyens, 

Jrai  beaucoup  lutté.  C'est  une  raison  pour  être  beaucoup  haï  et  calomnié. 

Mais  descendez  au  fond  des  injures  et  des  haines,  vous  ne  trouverez  rien  qui  vaille  la 
peine  d'être  retenu  contre  moi. 

Votre  clairvoyance,  votre  amour  du  vrai  feront  d’ailleurs  prompte  justice  des  haines, 
des  diffamations,  des  calomnies* 

Citoyens, 

Si  je  suis  votre  élu,  soyez  assurés  que  je  ne  sortirai  jamais  du  droit  chemin  et  que  je 
travaillerai  avec  tout  îe  courage  dont  je  suis  capable: 

A  la  prospérité  de  notre  circonscription  ; 

Au  développement  de  la  solidarité  ; 

A  la  grandeur  et  à  la  considération  dans  le  monde  de  la  France  républicaine  et  sociale. 

A.  FÈRON, 

Chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 
Conseiller  général  du  canton  de  Puteaux. 


Manifeste  m  la  Fédération  des  Comités  radicaux  et  radicaux -socialiste s 

de  la 

6e  circonscription  de  Saint-Denis,  Courbevoie,  Puteaux. 


Citoyens, 

Le  moment  est  décisif  î 

Tons  les  ennemis  de  nos  institutions  libres  se  coalisent  pour  livrer  Passant  définitif  à  la 
République. 

Ils  croient  les  circonstances  propices  pour  réussir. 

Ils  seront  désabusés  encore  cette  fois-ci. 


—  845  — 


N°  1162 

A  la  coalition  de  toutes  les  réactions  qui,  sous  le  nom  trompeur  de  nationalisme,  com¬ 
prend  les  partisans  du  roi,  les  ralliés  de  droite,  les  Méïinistes  mécontents,  les  Césarieus 
plébiscitaires,  nous  opposerons  Fanion  de  tous  les  républicains! 

Nous  avons  toujours  vaincu,  nous  vaincrons  encore  dans  ces  conditions  ! 

Pour  porter  nos  revendications  et  nous  représenter  à  la  Chambre,  les  comités  républi¬ 
cains-radicaux  et  radicaux-socialistes  des  communes  de  la  6e  circonscription  de  Saint-Denis 
proposent  à  vos  suffrages  le  ferme  républicain,  le  travailleur  acharné  et  compétent,  Fhomme 
de  cœur  loyal  et  intègre  que  vous  connaissez  tous, 

Le  citoyen  Féron,  conseiller  général  du  canton  de  Puteaux, 

Républicains  de  la  6e  circonscription,  vous  ratifierez  notre  choix. 

Dans  toutes  les  assemblées  publiques,  communales  ou  départementales,  où  depuis 
vingt-cinq  ans  Fa  appelé  la  confiance  de  ses  concitoyens,  et  plus  spécialement  dans  les  six 
dernières  années  au  Conseil  général,  il  nous  a  donné  la  mesure  de  ce  qu'il  sait  faire 
comme  intelligence  d'élite,  comme  travailleur  acharné  et  compétent,  comme  homme  de 
cœur  compatissant  à  toutes  les  misères  de  la  vie» 

Le  passé  de  Féron  nous  répond  de  l'avenir. 

Notre  drapeau  sera  en  bonnes  mains  ! 

Électeurs  républicains, 

Vous  voterez  tous  pour  Féron  ! 

Vive  la  6e  circonscription  ! 

Vive  la  République  démocratique  et  sociale  î 

Pour  la  fédération  : 

(Suivent  les  signatures*) 


Programme  de  la  Fédération  ues  Comités  communaux 
de  la 

6e  circonscription  de  Saint-Denis 

ACCEPTÉ  ET  SIGNÉ  PAH  LIE  CITOYEN  FÉRON 


Partie  politique. 

Article  premier,  —  Révision  de  la  Constitution  dans  le  sens  le  plus  démocratique ,et  pré¬ 
pondérance  de  la  Chambre  des  Députés, 

Responsabilité  personnelle  des  Ministres* 

Art.  2.  —  Séparation  des  Églises  et  de  l’État*  Suppression  du  budget  des  cultes*  Assi¬ 
milation  des  établissements  religieux  aux  exploitations  industrielles  et  commerciales,  au 
point  de  vue  de  la  patente. 

Art*  3*  —  Abrogation  de  la  loi  Falîonx* 

Art*  h.  —  Développement  de  Renseignement  professionnel.  Création  d'écoles  d'arts  et 
métiers  et  d'enseignement  industriel  régional  tel  que  le  citoyen  Féron  Fa  exposé  et  F  expose 
au  cours  de  ses  conférences* 

Instruction  gratuite  à  tous  les  degrés.  Sélections  par  voie  de  concours  pour  l'instruction 
supérieure. 

Art.  5*  —  Service  militaire  réduit  à  2  ans,  sans  exceptions  ni  privilèges* 

Réforme  du  Code  militaire  et  suppression  des  conseils  de  guerre  eh  temps  de  paîx. 

Art.  6*  —  Loi  de  répression  contre  l'agiotage  et  l’accaparement. 

Suppression  des  monopoles  dans  la  mesure  la  plus  large* 


—  *46 


A  kt.  7.  — Application  delà  loi  sur  les  accidents  et  sur  les  caisses  de  retraites  ouvrières, 
h  tous  les  travailleurs  sans  distinction  de  sexe  ni  de  profession. 

Interdiction  des  amendés  b  quelque  titre  que  ce  soit.  Étude  des  moyens  pour  la  fixation 
d'un  minimum  de  salaire  et  la  réduction  de  la  journée  de  travail  à  huit  heures  dans  Indus¬ 
trie,  pour  la  répartition  plus  équitable  du  travail. 

Art.  8,  —  Modification  des  articles  66  et  363  du  Code  pénal  relatifs  à  la  mendicité* 

Révision  de  la  lui  de  1816  sur  les  mines.  Droits  inaliénables  de  propriété  et  d’exploita¬ 
tion  du  sous-sol  au  profil  de  la  Nation. 

Art.  9.  —  Réglementation  de  Paffichage  électoral. 

Art.  10.  —  Réforme  judiciaire,  simplification  dé  la  procédure.  Frais  de  justice  plus 
équitables.  Extension  de  l'assistance  judiciaire.  Compétence  et  pouvoir  des  maires  èn  la 
matière.  Jury  correction neh 

Art.  11.  —  Secours  nationaux,  départementaux  et  communaux  aux  femmes  enceintes 
dans  la  misère  et  aux  filles-mères  pendant  et  après.  Meilleure  situation  sociale  des  enfants 
dits  naturels. 

Art.  12.  —  Droits  d’hérédité  en  ligne  collatérale  ramenée  du  12°  au  4°  degré.  Àtlribu- 
tion  des  fonds  à  provenir  de  ces  ressources  à  PaUmentatioù  de  la  caisse  des  retraites  géné¬ 
rales  pour  la  vieillesse  et  l'invalidité  du  travail. 

Art.  13.  —  Suppression  des  quatre  contribu lions  remplacées  par  l'impôt  progressif  sur 
ie  revenu  et  la  suppression  des  bouilleurs  de  cru.  Suppression  des  octrois. 

Art.  1/|.  —  Groupement  syndical  des  commîmes  pour  poursuivre  les  réformes  qui  les 
intéressent.  Application  plus  large  de  la  loi  de  1889. 

Art.  15.  —  Déclaration  d-utilité  publique  du  canal  devant  faire  Paris  port  de  mbt,  sans 
le  concours  de  l’État 

*  Programme  départemental* 

Article  premier,  —  Création  du  canton  de  Colombes,  et  en  général  augmentation  du 
nombre  des  conseiller#  généraux  de  la  banlieue  au  prorata  de  la  population. 

Art.  2,  —  Extension  du  chemin  de  fer  Métropolitain  dans  tout  le  département 

Art.  3.  —  Alimentation  en  eau  potable.  Obligation  pour  la  Compagnie  des  Eaux  de  la 
banlieue  d’exccutcr  la  décision  du  Conseil  général  et*  à  défaut,  retrait  de  l'autorisation  pré¬ 
caire  et  révocable  de  puiser  Peau  en  Seine  au  barrage  de  Suresnes* 

Art.  A-  —  Création  de  tramways  de  pénétration  et  extension  de  ceux  existants. 
Déchéance  des  concessionnaires  qui  ip exécutent  pas  les  lignes  concédées. 

Art.  5.  —  Réduction  des  prix  de  transport  pour  les  habitants  de  la  banlieue. 

Abonnements  ouvriers  et  employés  valables  par  tous  les  trains  et  de  station  à  Btâïion. 

Cartes  d’abonnement  à  ia  semaine  pour  tous  les  employés  du  2.000  francs  et  au-dessous 
sans  aucune  restriction  ni  condition* 

Art.  6.  —  Création  d’un  hôpital  intercommunal  dans  la  6°  circonscription  de  Saint- 
Denis, 

Art.  7.  —  Obligation  majeure,  pour  les  communes,  déposséder  un  bâtiment  communal 
convenable  où  seraient  abritées  les  familles  sans  asile  expulsées  par  autorité  de  justice  — 
et  aussi  les  malheureux  de  passage  sans  abri. 

Vu  et  approuvé, 


Le  Candidat  :  A  FÉMPi 


lte  circonscription  de  SCEAUX 

M,  Pierre  RICHARD 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  9.397  voix. 


Électeurs, 

En  1893,7.390  d'entre  vous  m'ont  renouvelé  le  mandat  d'aller  combattre  à  U  Chambre 
pour  la  Patrie  et  la  République. 

Certain  d'avoir  rempli  tous  mes  engagements  et  soutenu  par  votre  approbation  cons¬ 
tante,  je  viens,  pour  ïa  quatrième  fois,  solliciter  vos  suffrages. 

Tel  j'étais,  tel  je  suis  t 

Dn  Français  plus  convaincu  que  jamais  de  la  nécessité  de  maintenir  très  haut  le  sen¬ 
timent  patriotique  ; 

Un  Français  qui  veut  que  l'armée,  en  demeurant  soumise  au  pouvoir  civil,  soit  puissante 
et  respectée  ; 

Un  républicain  qui  réclame  la  révision  de  la  Constitution  par  une  Constituante,  afin  de 
garanti^  par  la  suppression  du  Sénat,  par  la  responsabilité  effective  du  pouvoir  exécutif  et 
l'institution  du  referendum,  la  souveraineté  absolue  du  suffrage  universel  j 

Un  républicain  qui  entend  que  l'intérêt  financier  du  pays  cesse  d  être  subordonné  à 
l'intérêt  politique  et  qu’aux  surenchères  électorales  soient  opposées  des  résolutions  fermes 
de  remédier  au  déficit  ; 

Un  républicain  passionnément  épris  de  liberté,  adversaire  de  toutes  les  réactions  et  de 
toutes  les  oppressions  ;  qui  veut  soustraire  l’État  aussi  bien  à  la  domination  de  la  haute 
finance,  des  loges,  de  la  synagogue  ou  du  temple  quui  la  domination  de  l’Église  \ 

Un  socialiste  hostile  aux  doctrines  collectivistes, défenseur  des  petits  propriétaires,  des 
petits  industriels,  des  petits  commerçants,  au  même  titre  que  des  travailleurs,  guidé  par 
un  idéal  de  solidarité  entre  les  hommes,  en  vue  de  la  répartition  équitable  des  avantages 
sociaux  et  de  la  protection  efficace  des  déshérités. 


Électeurs, 

Mûri  et  fortifié  par  l'expérience  acquise,  encouragé  par  les  témoignages  multipliés  de 
votre  confiance,  prolégé  contre  toutes  les  désillusions  par  votre  fidélité,  dont  je  suis  aussi 
fier  que  reconnaissant,  je  viens  vers  vous  comme  vers  de  vieux  amis. 

Merci  h  vous  tous,  qui  pendant  treize  ans,  m’avez  apporté  un  concours  si  dévoué. 

Cette  année,  plus  de  3*000  électeurs  nouvellement  inscrits  prendront  part  au  vote  dans 
notre  circonscription*  que  les  anciens,  qui  me  connaissent  bien,  disent  à  ces  nouveaux 
venus,  qui  je  suis,  et  que  tous  mes  actes,  comme  toutes  mes  paroles  attestent  mes  senti* 
ments  patriotiques,  républicains  et  socialistes. 

Électeurs, 

Je  vous  soumets  ci-dessous  les  principaux  articles  de  mon  programme.  Il  correspond, 
j'en  suis  sûr,  aux  idées  de  justice  et  d'humanité  dont  vous  êtes  imbus. 

Je  les  défendrai  de  mon  mieux,  avec  l'unique  désir  de  travailler  au  bien  public  et  la 


seule  ambition  de  continuer,  en  servant  ma  Patrie  et  la  République,  à  mériter  votre  estime 
et  à  pouvoir,  sans  distinction  de  parti,  être  utile  à  tous  mes  concitoyens. 

Vive  la  France  1 

Vive  la  République  démocratique  et  sociale  [ 


Pierre  RICHARD, 
Député  sortant. 


PROGRAMME* 

Partie  politique. 

Révision  de  la  Constitution  monarchique  de  1875  par  une  Constituante. 

Ratification  de  la  Constitution  et  des  lois  essentielles  par  le  peuple. 

Abolition  des  juridictions  d’exception  et  des  lois  scélérates. 

Amnistie  pour  les  crimes  et  délits  politiques,  faits  de  grève  et  connexes. 
Décentralisation  politique  et  administrative. 

Interdiction  du  cumul  des  fonctions  rétribuées. 

Incompatibilité  des  mandats  électifs  et  des  emplois  dans  les  Conseils  d’administration 
des  sociétés  financières,  industrielles  ou  autres. 

Responsabilité  effective  des  minisires  et  des  fonctionnaires. 

Assimilation  du  mandat  politique  au  mandat  civil. 

Interdiction  du  vote  par  procuration  dans  les  assemblées  parlementaires. 

Liberté  d’enseignement  avec  la  surveillance  et  sous  le  contrôle  de  l’Éiat. 

Exigence  des  mêmes  grades  universitaires  pour  les  maîtres  de  l’enseignement  libre 
que  pour  ceux  de  Renseignement  de  l’État. 

Réparation  des  Églises  et  de  l’État.  —  Suppression  du  budget  des  cultes. 

Réduction  du  service  militaire  à  deux  ans.  —  Suppression  des  dispenses.  -  Indemnités 
aux  familles  nécessiteuses. 

Unité  d’origine  des  officiers.  —  Stage  obligatoire  comme  soldat  dans  un  corps  de  troupe 
de  tous  les  candidats  aux  écoles  militaires.  —  Gratuité  de  ces  écoles. 

Abaissement  de  la  limite  d'âge* 

Révision  du  Code  de  justice  militaire* 

Partie  économique . 

Impôt  sur  les  capitaux  immobilisés  et  impôt  progressif  sur  le  revenu* 

Suppression  ;  des  impôts  de  consommation,  de  l’impôt  des  portes  et  fenêtres  et  de  la 
taxe  mobilière. 

Protection  des  petits  commerçants  et  industriels  contre  les  accapareurs,  les  soécu- 
lateurs  et  les  grandes  exploitations* 

Révision  des  patentes  et  des  licences* 

Suppression  des  trésoriers-généraux,  des  receveurs  particuliers  et  des  sous-préfets. 
Diminution  des  tribunaux  d’arrondissement. 

Réduction  des  frais  de  justice* 

Réforme  et  extension  du  jury* 

Assistance  aux  malades,  aux  infirmes,  aux  femmes  en  couches  et  aux  nouveaux  nés 
Caisse  de  retraites  ouvrières  établie  conformément  aux  vœux  principaux  des  associa- 
lions  professionnelles* 

Conseils  de  prud’hommes  pour  les  employés.  -  Protection  de  la  main-d’œuvre  natio- 
nale. 


—  849  — 


N°  11G2 


2°  circonscription  de  SCEAUX 


M.  MAUJAN 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin,  —  10,659  voix. 


Comité  centrai,  d'union  et  d’action  républicaines 

Républicains, 

Les  réactionnaires  du  16  Mai  qui  se  vantaient  d’étrangler .«  la  Gueuse  »,  les  césariens 
de  1889,  qui  rêvaient  de  coups  d’État  et  de  dictature,  tes  ralliés  qui  firent  mine  d’embrasser 
ta  République  pour  mieux  l’étouffer,  groupés  sous  la  main  dominatrice  de  la  congrégation, 
osent  tenter  un  suprême  assaut  contre  nos  institutions 

C’est  contre  l’idée  démocratique,  c’est  contre  l'esprit  même  de  la  Révolution  française, 
c’est  contre  les  réformes  sociales,  qui  sont  l’honneur  et  la  raison  d’être  de  la  République, 
que  la  bataille  est  menée  hypocritement  dans  l’ombre  par  cette  coalition  de  la  peur,  des 
intérêts  et  de  ia  haine. 

Et  «  l’éternel  ennemi  »,  le  cléricalisme  international,  invoque  sans  vergogne  l’image 
sacrée  de  la  patrie  pour  couvrir  un  complot  qui  remplace  l’idée  et  la  conviction  par  la  basse 
calomnie  et  par  la  plus  éhontée  des  réclames. 

Tous  les  républicains  seront  debout  sur  1a  brèche  pour  repousser  l’adversaire  qu’ils 
ont  déjà  vaincu  trois  fois. 

L’union  nous  donnera  comme  autrefois  la  victoire. 

La  réaction  sera  définitivement  écrasée,  et  la  République,  triomphante  et  incontestée, 
pourra  reprendre  sa  marche  en  avant  vers  le  progrès  et  la  justice  sociale. 

Mais,  pour  nous,  la  Défense  républicaine,  c’est  l’action,  tfest  la  réalisation  des 
réformes  depuis  trop  longtemps  attendues. 

Afin  d’aboutir,  nous  nous  bornerons  à  préciser,  dans  un  programme  de  législature,  les 
questions  essentielles  qui  pourront  être  résolues,  pendant  les  quatre  années  du  mandat 
parlementaire,  par  l’accord  certain  du  parti  républicain. 

Réforme  constitutionnelle  :  le  Sénat  s’est  montré  le  gardien  vigilant  de  la  République, 
et  a  vu,  à  chaque  renouvellement  partiel,  sa  majorité  démocratique  augmenter.  La 
révision  que  nous  demandons  portera  sur  le  mode  d’élection  de  cette  assemblée,  et  sur  les 
attributions  plus  précises  des  deux  Chambres,  notamment  en  matière  budgétaire. 

Réforme  administrative  ;  La  suppression  des  sinécures  et  la  réduction  du  personnel 
permettront  de  constituer  une  administration  simplifiée  et  décentralisée,  qui,  dégagée  de 
toute  routine,  devienne  une  aide,  au  lieu  d’être  une  entrave  pour  les  citoyens. 

Mous  exigerons  énergiquement  des  fonctionnaires  de  tous  ordres  le  dévouement 
absolu  aux  institutions,  Qui  aime  la  République  la  serve  1 

Réforme  judiciaire  :  l’extension  de  la  compétence  des  juges  de  paix  rapprochera  le 
citoyen  de  la  justice,  qui  ne  doit  pas  être  faussée  par  les  intermédiaires  trop  nombreux  et 
et  si  coûteux.  La  justice  égale  et  commune  pour  tous. 

Réforme  religieuse  :  les  rapports  des  Églises  et  de  l’État  doivent  être  définitivement 
tranchés.  Respect  absolu  de  la  liberté  de  conscience.  Pas  de  persécution;  mais,  après  la 

107 


—  850  — 


suppression  des  privilèges  qui  ont  constitué  les  congrégations,  application  du  droit  commun 
à  tous  et  du  régime  de  la  liberté.  Les  Églises  libres  dans  l’État  laïque  souverain. 

Réforme  de  l’instruction  :  nous  proclamons  le  droit  pour  l’enfant  à  ^instruction  gra¬ 
tuite  à  tous  les  degrés  en  raison  d’aptitudes  sérieusement  constatées.  Tous  les  établisse¬ 
ments  d’instruction  sous  le  contrôle  actif,  ferme  et  éclairé  de  l’État,  qui  exigera  des  maîtres 
les  capacités  nécessaires  et  complètes* 

L’éducation  de  l’enfant  tient  tout  entière  dans  ces  mots  :  amour  de  la  Patrie  et  de  la 
République* 

La  réforme  générale  de  l’impôt  dégrèvera  le  travail  sous  toutes  ses  formes  :  celui  du 
commerçant,  écrasé  actuellement  sous  l’accaparement  des  trusts  et  des  grands  magasins, 
par  la  suppression  des  patentes  et  des  taxes  de  circulation,  et  celui  de  Tourner  par  la 
suppression  des  quatre  contributions  directes  et  des  impôts  de  consommation,  lesquels,  au 
lieu  de  peser  sur  les  ressources  et  sur  la  richesse  acquise,  pèsent  sur  les  besoins  et  sur  les 
familles  les  plus  nombreuses. 

Il  convient  de  frapper  le  luxe,  le  superflu,  la  spéculation,  par  un  impôt  gradué  sur  le 
capital  et  sur  le  revenu,  chaque  citoyen  devant  contribuer  aux  charges  publiques  propor¬ 
tionnellement  à  ses  facultés  et  à  ses  moyens. 

C’est  la  Révolution  française  qui  a  créé  la  petite  propriété,  à  laquelle  nous  demeurons 
passionnément  attachés,  car  la  propriété  individuelle  est  la  garantie  la  plus  certaine  de 
Ihiiîtialive,  de  la  liberté  et  de  la  dignité  humaine. 

Mais,  pour  sauvegarder  précisément  cette  petite  propriété  et  pour  en  assurer  la 
diffusion,  iî  faut  empêcher  la  reconstitution  de  la  grande  propriété  par  l’impôt  sur  les 
süCce&sièns  qui  ne  demandera  rien  aux  petits  héritages  en  ligne  directe,  et  qui  frappera 
progressivement  les  collatéraux,  les  étrangers  et  les  gros  héritages* 

Skias  testament  —  car  la  liberté  de  tester  demeure  entière  et  imprescriptible  — 
l’héritage  serait  supprimé  en  ligne  collatérale  au-dessous  du  4e  degré,  c’ést-à-dire  à  partir 
des  cousins  issus  de  germains* 

Nous  ûe  voulons  pas  que  la  France,  comme  l’Angleterre,  appartienne  à  cent  cinquante 
familles,  et  que  la  Patrie,  qui  est  à  tous,i  soit  possédée  par  quelques  privilégiés  de  la 
fortuné* 

Cet  impôt  sur  les  successions,  qui  est  la  garantie  de  la  petite  propriété,  est  par 
suite  ia  pins  légitime  et  la  plus  moralisatrice  des  contributions. 

Réforme  sociale*  —  Il  n’y  a  pas  une  question  sociale,  mais  des  questions  sociales  qui 
seront  résolues  successivement  par  dès  méthodes  différentes,  les  unes  par  l’intervention 
de  l’État,  —  lequël  a  des  devoirs  envers  les  èitoÿehs,  Comme  les  citoyens  en  ont  envers 
lui  —  et  les  autres  par  la  puissance  de  l’initiative'  individu  elle. 

Retraites  pour  les  travailleurs,  —  Les  travailleurs  fenrichisseril  la  société  par  leur 
labmir  éternel  ;  la  société  leur  doit  le  pain  de  leur  vieux  jours.  C’est  l’application  du  droit  à 
l’existence  proclamé  par  nos  pères  de  la  Révolution*  Nous  Ouvrirons  un  chapitre  spécial 
an  budget  pour  fïafter  annuellement  cette  dette  sacrée. 

La  réforme  générale  de  l’impôt,  en  nous  fournissant  les  ressources  nécessaires, 'per¬ 
mettra  la  solution  pratique  de  cette  question  sociale,  comme  de  beaucoup  d’autres,  qui 
exigent,  pour  aboutir,  de  l’argent,  notamment  dès  lois  d'assistance  et  de  protection  pour  la 
femme  et  pour  l’enfkttce* 

Réforme  militaire*  —  Le  service  militaire  égal  pour  tous,  sans  aucune  dispense,  et 
réduit  h  deux  ans,  RÉtat,  le  département,  la  commune  venant  en  aide  aux  familles  privées 
de  îè'ür  Soutien. 

Nous  constituerons  ainsi  une  armée  nationale,  fortement  instruite  et  organisée  en  vue 
de  la  défense  de  la  frontière,  une  armée  sortie  des  entrailles  du  pays  et  qui  ne  fera  qu’une 
avec  la  nation. 

C’est  notre  façon  à  nous  républicains  de  prouver  notre  patriotisme  silencieux  et 
recueilli,  et  que  nous  oppbsons  hautement  aux  démonstrations  bruyantes  et  puériles  d'un 
certain  iniïitàrisme* 


—  8ol  —  N°  H62 

Citoyens,  pour  défendre  ce  programme  de  réformes,  nous  vous  présentons  un  homme 
de  cœur,  de  caractère  et  de  conscience,  qui  a  fait  ses  preuves  et  dont  le  passé  répond 
de  1  avenir,  le  citoyen 

Adolphe  ;MAUJAN 

Ancien  secrétaire  du  Ministre  de  la  Guerre,  ancien  Député  de  la  Seine, 

Délégué  pour  le  département  de  la  Seine  au  Comité  exécutif  du  congrès  républicain 

démocratique, 

Radical  socialiste. 

C'est  à  lui  que  nous  confions  le  drapeau  de  la  République. 

C'est  autour  de  lui  que  se  grouperont  tous  les  républicains,  à  quelque  nuance  qu’ils 
appartiennent,  qui  placent  l’intérêt  supérieur  de  la  démocratie  au-dessus  des  petites 
questions  de  personnes* 

Républicains,  c’est  le  dernier  assaut,  c’est  la  dernière  bataille*  Debout  et  sus  à  la 
réaction  1 

Nous  voulons  une  politique  de  pacification  par  les  réformes,  en  dehors  des  luttes  de 
classe  et  de  la  violence  révolutionnaire* 

C  est  de  la  libre  discussion,  c’est  du  bulletin  de  vote  que  nous  attendons  pacifique" 
ment  Favènement  de  la  justice  sociale*  i 

Nous  nous  adressons  au  loyalisme  de  tous  les  républicains.  Personne  ne  manquera  à 
l’appel*  Le  devoir  est  là* 

Vive  la  République  des  réformes! 

Vive  l’Union  des  républicains! 

Vive  la  Patrie  républicaine  1 

De  Président  :  Baulard,  député.  Docteur  Pietthe,  sénateur  de  la  Seine. 

Citoyens,  j’accepte  ce  programme  et  je  prends  Rengagement  d’honneur  de  le  défendre. 

Adolphe  MAUJAN. 


S"  circonscription  de  SCEAUX 
M.  Iules  COUTANT 

Élu  au  lur  tour  de  scrutin.  —  12,210  voix. 


Parti  socialiste  de  frange, 

(u.  s.  H.) 

Citoyens, 

Élevé  au  milieu  de  vous,  mes  sentiments  démocratiques  et  socialistes  vous  sont  assez 
connus  pour  qu’il  ne  puisse  exister  à  cet  égard  aucun  doute  dans  vos  esprits. 

Port  du  devoir  accompli,  je  viens,  une  fois  de  plus,  solliciter  de  votre  confiance  le 
renouvellement  de  mon  mandat.  C’est  avec  le  même  programme  que  vous  m’avez  confié 


—  852  — 

en  1893  et  1898,  c’est  avec  les  mômes  idées  que  je  n’ai  cessé  de  défendre  à  la  Chambre, 

que  je  me  représente  à  vos  libres  suffrages. 

Au  mépris  des  luttes  stériles,  de  polémiques  ardentes,  suscitées  par  le  nationalisme 
et  le  capitalisme,  je  poursuivrai,  comme  par  le  passé,  sans  relâche  et  sans  défaillance, 
l’avènement  de  la  République  sociale,  mais,  en  attendant  le  triomphe  définitif  de  la 
démocratie  productrice,  j’entends  qu’immédiatement  l’État  intervienne  pour  changer  les 
conditions  d’existence,  le  sort  du  prolétariat  intellectuel  et  manuel,  du  petit  commerce  et 
de  la  petite  industrie. 

Citoyens, 

Ouvriers  de  l’usine,  du  chantier,  de  râtelier,  de  la  plume  ou  des  champs,  petits 
commerçants,  petits  propriétaires  et  petits  industriels,  la  réaction  coalisée  prend  à  1  heure 
un  nouveau  masque  pour  mieux  tromper  le  pays  républicain. 

Ses  chefs,  dépopularisés  sous  leurs  véritables  couleurs,  cachent  soigneusement  leurs 
drapeau;  ils  se  déclarent  les  meilleurs  amis  du  régime  républicain,  qu’ils  injuriaient  et 
dénonçaient  hier  encore  comme  une  calamité  publique,  et,  sous  les  titres  mensongeis  do 
ralliés,  de  libéraux,  de  nationalistes,  ils  voudraient  vendre  notre  Marianne,  la  République, 
aux  puissances  d’argent,  au  cléricalisme,  livrer  la  démocratie  à  ses  pires  ennemis. 

Ils  ne  trompent  personnel  I 

Contre  la  campagne  hypocrite  de  ceux  qui  voudraient  s'emparer  du  pouvoir  poui 
faire  reculer  l’esprit  démocratique  et  socialiste,  il  importe  de  lever  hardiment  le  drapeau 
de  la  démocratie  sincère  et  loyale  qui  ne  flotte  pas  au  vent  des  influences  du  passé  et  des 
régimes  déchus,  mais  qui  s’oriente  fièrement  vers  l'avenir;  et  Inhumanité  ua  jour,  avec  les 
progrès  de  la  science,  se  réconciliera. 

Électeurs, 

n 

Honnête  et  sincère  je  suis  resté;  sans  ambition,  je  ne  professe,  en  dépit  de  mes 
adversaires,  que  l’amélioration  du  sort  de  mes  semblables. 

Mes  actes,  mes  travaux,  vous  les  connaissez;  à  vous  déjuger  cette  presse  locale  à  la 
solde  de  la  réaction  qui,  pour  combattre  les  institutions  républicaines,  emploie  le  men¬ 
songe,  l’ignominie,  afin  de  dénaturer  mes  actes  au  Parlement. 

Citoyens,  ils  ne  vous  tromperont  pas;  sous  peu,  vous  leur  répondrez,  j’attends  votre 
verdict  avec  confiance. 

Vive  la  République  sociale  I 


J.  COUTANT,  Député  sortant. 


n°  im 


—  853  — 


4°  circonscription  de  SCEAUX 

M.  GERVAIS 

Élu  au  2°  tour  de  scrutin,  —  12,210  voix. 


Citoyens, 

Appelés  à  désigner,  le  27  avril  prochain,  un  député  pour  la  4* circonscription  de  Sceaux, 
je  viens  de  nouveau  solliciter  vos  suffrages, 

11  y  a  quatre  ans,  j'écrivais  dans  ma  profession  de  foi  : 

K  Entre  les  extrêmes,  se  place  le  grand  parti  républicain  démocratique  avec  son  pro¬ 
gramme  et  son  principe  d’action  peur  la  solidarité  et  la  justice  sociale.  Son  principe  est 
,  clair  :  pas  de  limite  à  l'action  réformatrice,  pas  de  terme  au  progrès  républicain,  réalisés 
e  parles  moyens  légaux  et  les  voies  pacifiques,  A  la  lutte  des  classes,  nous  opposons  I  en- 
,  lente  pour  la  vie;  à  la  division,  à  la  haine,  au  statu  quoy  la  concorde  et  la  fraternité  pour 
i  le  bien  social,  par  le  progrès  et  la  marche  en  avant  sans  arrêt,  » 

J'ai  été  fidèle  à  ce  programme  qui,  vrai  pour  hier,  reste  vrai  pour  demain. 

Depuis  vingt  ans,  la  République  est  l'objet  des  attaques  toujours  renouvelées  des  réac¬ 
tions  coalisées  qui  veulent,  par  ^organisation  de  scandales  sans  cesse  renaissants,  empê¬ 
cher  la  démocratie  d'accomplir  son  œuvre,  et  substituer  aux  institutions  républicaines  un 
régime  de  dictature. 

Aujourd'hui,  la  coalition  réactionnaire  a  pris  le  nom  et  le  masque  du  nationalisme  et 
veut  confisquer  la  noble  idée  de  Patrie  au  profit  de  sa  campagne  anti-républicaine.  Noos  ne 
tînmes  pas  de  ceux  qui  faisons  intervenir  la  Patrie  dans  la  lutte  des  partis.  Nous  la 
respectons  trop,  nous  avons  d'elle  une  idée  trop  élevée  pour  la  meler  à  nos  discordes. 

Quant  à  l'armée,  dont  les  réactionnaires  et  les  nationalistes  sc  constituent  les  cham¬ 
pions  et  les  défenseurs  brevetés,  nous  demandons  lesquels  entendentle  mieux  ses  intérêts, 
d'eux  ou  de  nous, 

ftous  voulons,  nous,  l'entente  et  Raccord  de  la  République  avec  son  armée;  que  celle- 
ci  ne  forme  qu'un  avec  la  nation,  confondant  ses  intérêts  avec  les  intérêts  de  la  démocratie, 
servant  le  développement  du  progrès,  aidant  à  la  réalisation  des  réformes  en  prêtant,  en 
temps  de  paix,  le  concours  de  ses  qualités  particulières  aux  œuvres  d  amelioration  et  de 
Iransformation  sociales.  Pour  cela,  nous  voulons,  par  des  améliorations  dans  loiganisrne 
actuel,  par  des  simplifications,  par  des  économies  bien  entendues,  par  une  mise  an  point 
plus  rationnelle,  plus  scientifique,  faire  disparaître  toutes  les  vieill  es  distinctions,  toutes  les 
anciennes  oppositions,  tout  ce  qui  avait  été  conçu  et  imaginé  pour  séparer  1  armée  du 
peuple,  afin  de  pouvoir,  dans  l  'intérêt  d’un  César,  les  opposer  P  un  à  l'autre. 

On  voit  combien  notre  patriotisme  diffère  de  celui  des  hommes  qui  s'en  attribuent  le 
monopole  et  qui,  en  fait  de  revanche,  ne  songe  qu'à  la  revanche  de  la  réaction  sur  la  démo¬ 
cratie,  de  la  dictature  sur  les  institutions  libres.  Qui,  lorsqu'ils  se  mettent  à  la  tète  des 
troupes,  ce  n'est  pas  pour  faire  face  à  R  ennemi,  mais  pour  conduire  l'armée  à  l'assaut  du 
pouvoir  civil,  déchaîner  la  révolution  militaire,  ouvrir  Père  des  prommeiamientos  et 
rabaisser  les  forces  nationales  au  Tôle  des  gardes  du  bas  Empire  faisant  et  défaisant  les 
gouvernements, 

Nous  voulons  aussi  l'affirmation  des  pouvoirs  laïques  de  l'Etat  Ils  ne  sont  pas,  comme 
bien  on  pense,  pour  supprimer  la  liberté  de  conscience  ni  la  liberté  des  cultes,  que  per¬ 
sonne  ne  songe  à  entraver.  Chacun  doit  être  libre  de  faire,  de  penser,  d'agir  pour  lutmême 
Maine  il  le  juge  à  propos.  Mais  il  s'agit  de  savoir  si  on  laissera  se  dresser  en  face  de  l'État, 


—  854  — 

un  pouvoir  clérical  établissant  dans  le  pays,  sur  les  ruines  des  libertés  politicrues  sa  ri™: 
nation  avec  la  dictature.  ’  mi' 

Le  suffrage  universel  doit  à  la  paix  sociale,  à  la  liberté,  à  l’honneur  et  aux  intérêts  rte 
la  France  dans  le  monde,  de  faire  tomber  tous  ces  masques,  de  réduire  toutes  ces  opuoii- 
tions  anti-républicaines.  Pour  cela,  tout  en  se  défendant  énergiquement  contre  ses  ennemis 
la  République  doit  agir. 

Sur  ce  point,  mon  programme  est  celui  d’il  y  a  quatre  ans. 

Séparation  absolue  de  la  politique  et  de  la  religion  pour  réaliser  la  neutralité  et  la 
laïcité  complète  de  l’État;  application  de  la  loi  sur  les  associations  ;  abrogation  définitive  de 
la  loi  Falloux  et  unité  de  l’enseignement  pour  faire  enfin  une  jeunesse  française  homogène- 
mesures  pour  réaliser  la  gratuité  de  l’instruction  à  tous  les  degrés  par  la  sélection. 

Réduction  du  service  militaire  à  deux  ans,  sans  dispenses. 

Unité  et  communauté  d'origine  pour  les  officiers. 

Pour  les  réformes  fiscales  et  budgétaires,  nous  demandons  l'impôt  sur  le  revenu,  basé 
sur  les  signes  de  l’état  de  fortune,  pour  réaliser  la  justice  dans  la  perception  de  l’impôt. 
Puis  les  allégements  des  charges  par  l’amortissement,  les  réductions  des  dépenses  par  la 
décentralisation,  et  les  économies  par  la  réforme  administrative. 

Aux  économies,  il  faut  ajouter  les  ressources  ;  c’cst  l’augmentation  des  recettes  par  te 
développement  de  notre  industrie,  de  notre  commerce  et  de  notre  agriculture,  pour  que  la 
France  occupe  dans  le  monde  la  place  économique  qui  lui  appartient,  et  qu’elle  manifeste 
sa  puissance  d’expansion. 

Pour  le  commerce,  nous  poursuivrons  la  réforme  de  la  législation  des  patentes,  la  libre 
circulation  de  toutes  les  marchandises  soumises  à  des  droits  de  régie,  par  la  perception 
des  droits  aux  lieux  de  fabrication;  la  suppression  des  octrois  -  la  révision  de  la  loi  sur  les 
fraudes. 

Pour  l’agriculture,  toutes  les  mesures  de  juste  protection. 

Avec  les  ressources  créées,  il  faut  accomplir  l’œuvre  sociale.  Elle  comprend  : 

Le  développement  des  lois  protégeant  l’enfance. 

Puis  les  lois  ouvrières  réglant  1  organisation  du  travail,  réduisant  les  rigueurs  de  la  lutte 
pour  l’existence  et  proposant  l’entente  du  capital  et  du  travail  (lois  sur  la  mutualité,  le  chô¬ 
mage,  les  libertés  syndicales  et  les  conditions  du  travail). 

Enfin,  c’est  l’œuvre  de  la  vieillesse  en  assurant  une  retraite  à  tous  les  travailleurs. 

Les  réformes  sociales  s’imposent  entre  toutes  aux  préoccupations  des  sociétés  modernes 
pour  réaliser  la  paix  civile,  et  nous  les  voulons  en  affirmant  le  principe  de  la  propriété  indi¬ 
viduelle. 

Mais  pour  que  ce  principe  repose  tout  entier  sur  le  droit  inviolable  de  la  personne 
humaine  au  produit  de  son  travail,  nous  n’entendons  le  céder  à  personne  quand  il  s'agita 
d'empêcher  que  la  grande  exploitation  industrielle  ne  prenne  le  caractère  d’une  féodalité 
nouvelle  et  de  hâter  la  solution  pacifique  par  laquelle  le  travailleur  aura  la  propriété  de  son 
outil,  la  légitime  rémunération  de  son  travail. 

Appeler  l’ouvrier,  principal  artisan  de  la  richesse  sociale,  à  collaborer,  sous  des  formes 
de  plus  en  plus  nombreuses  et  variées,  à  la  gestion  économique  de  la  société,  et  d’abord  à 
1  organisation,  à  la  îèglementatioo,  à  la  direction  du  travail  social-,  le  convaincre  chaque 
joui  davantage,  par  des  faits,  que  1  association  est  l’instrument  par  excellence  de  son 
émancipation,  et  l’encourager,  par  tous  les  moyens,  à  l'actien  syndicale,  voilà  aussi  un  point 
essentiel  de  mon  programme. 

A  côté  des  intérêts  généraux,  je  n’oublie  pas  les  intérêts  particuliers  de  notre  région. 
Pour  les  voies  de  communication,  les  transports  et  les  chemins  de  fer;  pour  les  services 
publics,  gaz  et  eaux,  avec  abaissement  des  tarifs-,  pour  les  intérêts  de  l’agriculture;  pour  la 
suppression  des  zones  et  servitudes  militaires  de  l'enceinte  et  des  forts,  je  ne  négligerai 
rien  de  ce  qui  pourra  servir  les  intérêts  de  la  circonscription. 


-  855  - 


N°  1162 


Citoyens, 

A  chaque  jour  su  (Fit  sa  peine.  La  prochaine  législature  aura  bien  rempli  sa  tâche  si 
elle  réalise  :  la  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans  ;  les  retraites  h  la  vieillesse; 
l’amélioration  de  nos  finances;  le  développement  désœuvrés  laïques  et  sociales  de  la  Répu¬ 
blique- 

La  meilleure  manière  de  réaliser  la  paix  sociale,  c’est  de  faire  en  temps  utile  les 
réformes  nécessaires.  Je  veux  donc,  à  l’écart  des  manifestations  de  discorde  civile  et 
joriale,  assurer  la  liberté  des  consciences  et  obtenir  les  progrès  sociaux  nécessaires.  On 
éloignera  les  violences  en  se  rapprochant  des  réalités  et  on  examinant,  avec  le  sincère  désir 
d'aboutir,  les  problèmes  sociaux  dont  la  solution  s’impose. 

Ne  voulant  ni  compromettre  la  République  avec  des  promesses  irréalisables,  ni  la 
perdre  avec  la  réaction  nationaliste,  je  fais  appel  à  tous  les  républicains  dévoués  à  la  démo¬ 
cratie,  pour  accomplir  l’œuvre  républicaine. 

Délivrés  de  toute  méfiance  et  de  toute  arrière-.p-nsée,  nous  pouvons  sur  ce  terrain  d’en¬ 
tente  républicaine,  par  la  marche  énergique  en  avant,  nous  accorder  pour  réduire  les  tenta¬ 
tives  réactionnaires,  et  travailler  d’tm  cœur  ardent  à  la  prospérité  de  la  France,  par  le 
triomphe  de  la  République. 


Vive  la  République  ! 


A.  SERVAIS, 

Chevalier  de  la  Légion  d’honneur, 

Ancien  Président  du  Conseil  général  de  la  Seine, J 
Député  sortant. 


Propositions  et  Rapports  déposés  par  le  Citoyen  A.  Gavais,  au  cours  de  la  législature. 

Armée  : 

—  Proposition  de  loi  relative  à  la  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans  égal  pour 
te  {En  discussion). 

—  proposition  de  loi  ayant  pour  objet  d’exempter  de  six  mois  de  service,  les  jeunes 
gens  pourvus  du  diplôme  spécial  d’éducation  physique  ou  du  brevet  de  gymnastique  et 
de  tir. 

—  Proposition  ayant  pour  objet  de  modifier  la  date  d'appel  et  de  renvoi  des  classes  du 
contingent  (date  d’appel  mise  en  automne  au  lieu  de  l’hiver).  (Adoptée  par  la  Commission  de 
l’armée  et  du  budget.) 

—  Proposition  de  loi  ayant  pour  objet  de  créer  la  communauté  et  l’unité  d’origine  des 
officiers  des  armes  de  l’infanterie,  de  la  cavalerie,  de  l’artillerie  et  du  génie. 

—  Proposition  de  loi  relative  à  la  suppression  des  zones  et  servitudes  des  fortifications 
et  des  forts  de  l’enceinte  de  Paris. 

Réformes  sociales  : 

—  Proposition  de  loi  relative  à  la  loi  sur  les  accidents  (annulation  des  contrats  anciens 
d'assurance).  (Adoptée.) 

—  Proposition  de  loi  relative  à  l’organisation  des  retraites  à  la  vieillesse  et  à  la  créa¬ 
tion  des  services  de  la  prévoyance  sociale  (En  discussion). 

Action  de  la  France  à  l’extérieur  : 

—  Proposition  de  loi  relative  à  la  création  d’écoles  françaises  d’Occideflt  (Adoptée). 


—  856  — 

—  Proposition  de  subventions  aux  sociétés  françaises  de  prévoyance  à  l’êtrane» 
{Adoptée}.  || 

Commerce  : 

—  Proposition  de  loi  ayant  pour  objet  la  réglementation  de  la  liquidation  amiable  en 
cas  de  cessation  de  payement. 

—  Proposition  de  loi  relative  aux  ventes  de  fonds  de  commerce  et  à  la  mise  en  société 

Administration  : 

—  Proposition  de  loi  ayant  pour  objet  la  création  d’une  commission  de  décentralisation 
(Adoptée). 

—  Proposition  de  loi  relative  au  commissionnement  et  à  la  retraite  du  personnel  em¬ 
ployé  des  établissements  universitaires. 

—  Proposition  de  loi  relative  au  recrutement  du  personnel  des  administrations  de 
l’État  (réduction  du  nombre  des  employés). 

—  Proposition  de  loi  ayant  pour  objet  d’améliorer  la  situation  des  serviteurs  et  em¬ 
ployés  de  mairies. 

—  Proposition  de  loi  ayant  pour  objet  de  rendre  autonome  la  Société  des  Prévoyantsde 
l’Avenir  (Adoptée). 

Agriculture  ; 

Propositien  relative  aux  caisses  de  crédit  agricole  et  à  l’extension  des  lois  protec¬ 
trices  du  travail  aux  travailleurs  de  la  terre. 

Rapports  ; 

Au  nom  de  la  Commission  de  l’armée  : 

Rapport  ayant  pour  objet  de  dispenser  les  sapeurs-pompiers  de  leur  période  de 
13  jours  (Adopté). 

Rapport  ayant  pour  objet  d’exempter  de  leur  période  de  13  jours  les  pères  de  quaire 
enfants  (Adopté). 

—  Rapport  sur  les  portiers-consigne. 

—  Rapport  sur  les  gardes  d’artillerie  (Adopté). 

"  Rapport  sur  la  réorganisation  des  interprètes  militaires  (Adopté). 

—  Rapport  sur  les  retraites  proportionnelles  des  officiers. 

Au  nom  de  la  Commission  de  l’enseignement  : 

—  Rapport  sur  la  création  des  écoles  françaises  d’üccident  (Adopté). 

—  Rapport  sur  l’organisation  de  l’éducation  physique  (Adopté). 

Au  nom  de  la  Commission  de  décentralisation  : 

—  Rapport  sur  l’organisation  des  Conseils  cantonaux. 


■  Union  Républicaine  et  Gaucuf.  Démocratique  du  Sénat 
APPEL  AUX  ÉLECTEURS 

Chers  Concitoyens, 

La  République  va  subir  un  nouvel  assaut  de  la  part  de  ses  adversaires  coalisés.  Bien 
peu  d'entre  eux  auront  le  courage  d’arborer  leur  drapeau,  la  franchise  de  dévoiler  leurs 
idées,  leur  véritable  programme  ;  ce  ne  sera  qu’un  parti  sans  nom  retranché  derrière  les 
obscurités  et  les  perfidies  de  l’équivoque. 


857  — 


N*  H  62 


Pour  troubler  le  pays,  ils  prodiguent  .l'argent. 

Vainqueurs,  ils  se  déchireront  entre  eux,  impuissants  à  rien  fonder. 

Il  importe  donc  de  signaler  des  manœuvres  contre  lesquelles  tous  les  républicains  sin¬ 
cères  ont  le  devoir  de  s’unir  dans  un  mouvement  irrésistible  de  solidarité  démocratique. 

Agiter  des  fantômes;  prévoir  des  catastrophes;  dénaturer  les  faits;  se  servir  des  idées 
les  plus  hauteset  les  plus  chères  à  la  nation,  pour  les  réduire  àleurpropre  taille,  les  ravaler 
jusqu’à  en  faire  des  instruments  de  discorde;  mépriser  le  suffrage  universel  au  point  de 
chercher  à  le  corrompre;  accumuler  les  mensonges  de  telle  façon  qu’il  devienne  difficile  de 
discerner  la  vérité  ;  représenter  la  France  couverte  de  ruines,  courant  à  la  banqueroute  et 
en  proie  à  la  trahison,  tels  sont  les  principaux  moyens  employés  couramment  par  les 
eanemis  de  la  République— 

Il  n’est  pas  vrai  que  Pamour  de  la  Patrie  soit  le  privilège  de  quelques-uns;  il  est  cer¬ 
tain  au  contraire  que  Pin  tolérable  prétention  de  monopoliser  !e  patriotisme,  de  mettre  des 
Français  hors  du  patrimoine  commun,  héritage  des  souffrances  et  des  gloires  de  nos  pères, 
est  une  cause  de  désunion  et  de  haine  entre  les  citoyens,  et,  par  suite,  d’affaîMissement  de 
la  Patrie... 

Il  n’est  pas  vrai  que  la  France  soit  appauvrie  et  ruinée;  il  est  certain,  au  contraire,  que, 
mutilée,  rançonnée,  ruinée  à  la  suite  de  la  guerre  de  1870,  elle  a  refait  tout  son  outillage, 
développé  le  réseau  des  voies  ferrées,  creusé  des  canaux,  approfondi  des  ports,  et  dépensé 
des  sommes  énormes  pour  renseignement  public,  Parmée,  la  marine,  et  pour  constituer  son 
domaine  colonial. 

Les  deux  tiers  de  notre  dette  sont  à  la  charge  du  régime  du  1  Décembre  :  sous  ce 
régime  elle  s’est  augmentée  de  8  milliards;  les  conséquences  directes  de  la  guerre  ont 
coûté  en  outre  à  notre  pays,  d’après  les  calculs  de  l’honorable  M.  Léon  Say,  Il  milliards 
500  millions.  C’est  donc  un  total  de  près  de  20  milliards  qui  constitue  le  passif  du  pouvoir 
personnel.  Ce  sont  encore  les  conséquences  de  la  guerre  de  1870  qui  nous  obligent  à  porter 
chaque  année  à  notre  budget  un  milliard  pour  la  défense  nationale. 

Il  est  certain  cependant  graduellement  le  crédit  de  notre  pays  inspire  la  plus  grande 
confiance,  parce  que,  mieux  que  les  autres,  il  a  supporté  les  résultats  d’une  crise  univer¬ 
selle  qui,  nous  pouvons  l’espérer,  touche  à  sa  fin. 

Il  est  certain  que  la  lutte  actuelle  est  plus  violente  et  plus  âpre  à  raison  des  rancunes 
et  des  ambitions  du  parti  clérical,  qui  ne  défend  pas  la  liberté,  mais  poursuit  la  domination, 
et  pour  qui  la  revanche  des  congrégations  est  l’enjeu  même  des  élections  législatives. 

Les  Électeurs  républicains  ne  failliront  pas  à  leur  devoir,  ils  relèveront  comme  ils  le 
méritent  les  audacieux  défis  de  la  réaction  cléricale  et  du  nationalisme,  et  en  feront  défini¬ 
tivement  justice. 

Pour  V Union  Républicaine  du  Sénat: 

Lourdes,  Président; 

Àntonin  Dubost  et  Raynal,  Vice-Présidents  ; 

Théodore  Girard,  Secrétaire; 

Mir,  Questeur; 

Cazot,  Demole,  Dussolïer,  Guyot,  Poirrier,  anciens  Présidents; 

Glamageran,  Chaumiê,  anciens  Vice-Présidents  ; 

Magma*  ancien  Président  de  la  Gauche  Républicaine  ; 

Allemand,  Crozet-Fourneyron,  Deschanel,  Antoine  Perrier,  Ratier,  de  Sal,  Trarieux, 
Vîs|ïir,  membres  du  Comité  de  direction* 

Pour  la  Gauche  Démocratique  du  Sénat  : 

Combes,  Président; 

Bonnefoy-Sibour  et  Leydet,  Vice- Présidents  ;  " 

MH 


Béraud  et Milliès-Lacroîx,  Secrétaires; 

Bruel,  Questeur; 

Bernard,  ancien  Président; 

Bizarelii,  Bizot  de  Fonteny  ; 

Delpech  ; 

Desmons,  ancien  Président; 

Alexandre  Lefèvre,  Savary*  Léopold  Thézard,  membres  du  Comité  de  direction* 


N°  1162 


859  — 


SEINE-INFÉRIEURE 


Ve  circonscriptioii  de  DIEPPE 
H.  BIGNON 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  7.33B  voix* 


Entré  dans  la  vie  publique  depuis  bientôt  quinze  années,  maire  de  la  ville  &Eu  depuis 
1892,  Membre  du  Conseil  général  de  la  Seine-inférieure  depuis  1S95  et  Vice-Président  de 
cette  assemblée  depuis  Farinée  dernière,  je  viens  solliciter  vos  suffrages  pour  le  siège  de 
député  de  la  première  circonscription  de  rarrondissement  de  Dieppe, 

Profondément  attaché  à  cet  arrondissement,  dans  lequel  je  suis  né  et  dans  lequel  j'ai 
toujours  vécu,  je  me  réclame  des  services  que  j’aî  déjà  rendus  à  mon  paya,  des  traditions 
républicaines  de  ma  famille,  traditions  dont  je  suis  fier,  des  souvenirs  laissés  par  mon  père 
et  par  mon  grand-père,  dont  l’existence  commerciale,  honnête  et  laborieuse,  s’est  déroulée 
pendant  près  d'un  siècle  dans  cette  contrée,  où  leur  mémoire  est  enpre  vivante. 

Absolument  indépendant,  libre  de  toute  compromission  et  de  toute  attache,  répudiant 
toutes  les  coteries,  je  me  présente  à  vous,  en  républicain  de  tradition  et  de  raison.  Je  n'ai 
en  effet  jamais  connu  d’autre  opinion  que  l’opinion  républicaine  ?  je  n’en  connaîtrai  jamais 
d’autre  et  Fon  me  rendra  cette  justice  que  je  n’ai  jamais  rien  demandé  k  la  République,  que 
fai  toujours,  par  contre,  loyalement  et  fidèlement  servie. 

Si  j3ai  toujours  voulu  la  République,  c’est  parce  que  cette  forme  de  Gouvernement 
répond  à  mon  idéal  de  justice  et  que,  seule  à  mes  yeux,  elle  est  capable  d’assurer  à  notre 
pays  la  paix,  l’ordre  et  la  liberté,  sans  lesquels  il  n’y  a  pas  de  prospérité  durable. 

Respectueux  de  toutes  les  croyances,  j’ai  horreur  de  tout  ce  qui,  en  matière  de  reli¬ 
gion,  ressemble  à  une  persécution. 

Je  suis  absolument  partisan  de  la  liberté  d’enseignement,  et,  en  cela,  j’ai  la  certitude 
de  rester  fidèle  à  la  constante  tradition  du  parti  républicain  libéral.  Le  monopole  de  ren¬ 
seignement  serait  le  don  le  plus  funeste  que  Ton  puisse  faire  à  l’Université  et  jamais  je  ne 
consentirai  à  traiter  comme  des  parias  les  enfants  qui  ne  seront  pas  sortis  des  écoles  offi¬ 
cielles. 

D’autre  part,  je  voterai  de  tout  cœur  toutes  les  mesures  qui  amélioreront  l'enseigne¬ 
ment  primaire  et  l’enseignement  secondaire. 

Adversaire  résolu  du  socialisme  et  du  collectivisme,  même  soumis  aux  formes  légales, 
même  le  plus  opportuniste  et  le  plus  édulcoré,  je  considère  la  présence  d’un  collectiviste 
dans  les  conseils  du  gouvernement  comme  un  grave  danger  pour  la  République  et  pour  ta 
société. 

Fidèle  aux  traditions  de  la  Révolution,  je  revendiqué  ïa  liberté  individuelle,  lé  droit  à 
la  propriété  individuelle  et  la  liberté  pour  le  travail* 

Soucieux  du  bien-être  des  ouvriers  des  villes  et  des  campagnes,  je  m'associerai  à  toutes 
tes  propositions  concernant  Insistance,  la  prévoyance,  la  création  de  caisses  de  retraite  et 
l’organisation  du  travail* 


—  860 


Partisan  de  !a  création  de  retraites  ouvrières,  je  considéra,  contrairement  au  projet  du 
gouvernement,  que  cette  création  ne  sera  possible  que  par  le  développement  de  la  mutua¬ 
lité,  si  noble  et  si  honorable  pour  tous,  et,  en  môme  temps,  si  simple  et  si  économique 
dans  son  administration. 

Bon  Français,  ancien  officier  de  réserve,  jTai  toujours  entouré  Tannée  et  ses  chefs  de 
tout  mon  respect  et  de  toute  mon  affection. 

Je  considère  l'armée  comme  une  école  de  dévouement,  de  discipline  et  d'égalité 
comme  la  gardienne  vigilante  de  notre  honneur  et  de  notre  indépendance,  et  je  saurai  tou¬ 
jours  la  défendre  contre  ceux  qui  essayeraicût  d'introduire  la  politique  dans  ses  rangs. 

Je  crois  qu'il  est  possible  de  voter  le  service  de  deux  ans,  sans  loucher  à  la  force  de 
nos  régiments;  mais,  répudiant  toute  popularité  malsaine,  avant  de  voter  la  réduction  du 
service  militaire,  je  demanderai  le  remaniement  de  la  loi  sur  les  cadres  et  le  maintien  des 
elTectifs  par  des  rengagements  volontaires  et  avec  primes. 

Protectionniste  par  raison,  connaissant  par  le  commerce  des  grains,  que  j'exerce,  les 
souffrances  des  cultivateurs,  je  maintiendrai  énergiquement  les  droits  de  douane  actuelle¬ 
ment  existants  et  je  demanderai  de  plus  que  les  droits  protecteurs  soient  étendus  aux 
graines  oléagineuses. 

A  côté  des  intérêts  agricoles,  je  saurai  soutenir  également  les  intérêts  commerciaux  et 
industriels  de  la  région. 

En  toutes  circonstances,  je  me  ferai  le  défenseur  du  port  de  Dieppe,  de  cette  vieille 
cité  maritime  dont  Je  nom  est  intimement  lié  à  notre  histoire,  dont  la  prospérité  et  la  vita¬ 
lité  intéressent  la  nation  entière. 

Comme  par  le  passé,  je  défendrai  également  les  intérêts  du  port  du  Tréport  et  du 
canal  d'Eu,  dont  le  développement  économique  ne  peut  en  rien  gêner  le  grand  port  voisin 
de  Dieppe. 

Si  j'ai  Thonneur  d'être  votre  élu,  je  demanderai  le  remaniement  de  la  loi  des  boissons, 
loi  qui  a  mécontenté  tout  le  monde  et  sacrifié  les  intérêts  du  Trésor  ;  je  demanderai  la 
réduction  à  l’ancien  tarif  de  la  licence  pour  les  débitants. 

Je  demanderai  également  le  remaniement  de  l'inscription  maritime  dans  le  sens  d'une 
amélioration  du  sort  de  nos  marins. 

Partisan  d’une  très  large  décentralisation,  hostile  à  l'impôt  sur  le  revenu, dont  le  carac¬ 
tère  inquisitorial  est  incompatible  avec  les  idées  françaises,  je  suis  également  hostile  à 
l'élévation  constante  des  dépenses  budgétaires  et  je  serai  désireux  de  voir  diminuer  le  droit 
d'initiative  parlementaire  en  matière  financière. 

H  est  temps,  du  reste,  de  mettre  un  frein  à  la  fureur  des  surenchères  électorales.  Nous 
sommes  entrés  dans  l'ère  des  déficits  et,  si  l'on  ne  se  met  résolument  en  travers,  nous 
connaîtrons  bientôt,  comme  nos  ancêtres  de  la  Convention,  la  hideuse  banqueroute. 


Électeurs, 

Partisan  de  la  liberté  pour  tous,  partisan  de  la  plus  large  tolérance,  mon  programme 
est  le  programme  de  ceux  qui  ont  fondé  la  République  et  se  résume  par  ces  mots  i  «  ni 
réaction,  ni  révolution  », 

Si  le  corps  électoral  a  conscience  de  ses  véritables  intérêts,  il  confiera  la  garde  du  dra¬ 
peau  aux  républicains  sages,  sans  reproche  et  sans  compromission,  dans  les  rangs  desquels 
j  ai  toujours  servi  ;  il  leur  confiera  la  tâche  d’apaisement,  de  concorde  et  de  progrès,  qui 
s'impose  après  tant  de  secousses  violentes  et  de  luttes  stériles. 

Partisan  absolu,  je  le  répète,  delà  liberté  de  travail,  de  la  liberté  de  conscience,  de  la 
liberté  d  enseignement,  de  la  'liberté  d'association,  si  vous  me  faites  Thonneur  de  m'élire, 
comptez  sur  mot  pour  défendre  résolument  toutes  ces  libertés,  qui  sont  l'honneur  et  la 
raison  d'être  de  notre  démocratie. 


—  861  — 


N*  1162 


Compter  sur  moi  pour  défendre,  en  toutes  circonstances,  Tceuvre  de  Thiers  et  de  Gam¬ 
betta,  le  patrimoine  sacré  que  nous  oui  légué  nos  aînés  :  l  a  liberté  pour  tous  par  la  Répu¬ 
blique-  t 

Vive  îa  République  I 


2e  circonscription  de  DIEPPE 
M.  Julien  ROULAND 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin*  —  5.635  voix. 


Messieurs  et  chers  Concitoyens, 

Je  viens  solliciter  le  renouvellement  du  mandat  que  vous  m’avez  confié,  il  y  a 
quatre  ans* 

Ce  que  fêtais  en  1898,  je  le  suis  eucore. 

Partisan  résolu  de  la  République,  j’estime  qu’elle  doit  rester  le  symbole  de  toutes  les 
libertés. 

Indiscutée  aujourd’hui,  tous  se  réclament  d’elle.  Elle  est  si  forte  qu’elle  peut  sans 
crainte  se  montrer  généreuse,  tolérante,  ouverte  à  tous  les  dévouements* 

Indifférent  aux  suspicions,  dédaigneux  des  attaques  des  sectaires  et  des  excommunica¬ 
tions  des  transfuges,  je  dénonce  les  périls  auxquels  de  dangereuses  expériences  et  de 
coupables  procédés  politiques  exposent  notre  pays. 

Ennemi  de  tout  impôt  nouveau,  plus  que  jamais  partisan  d’économies,  je  déplore  l’état 
inquiétant  de  nos  finances,  le  déficit  croissant  de  nos  budgets.  Ii  est  grand  temps  d’arrêter 
cette  surenchère  électorale  qui  se  traduit,  pour  les  contribuables,  par  des  impôts  toujours 
plus  élevés. 

Nos  plus  chères  libertés  sont  menacées  :  je  les  ai  défendues  en  votant  contre  la  loi  sur 
les  associations,  cette  loi  d’exception  et  de  combat*  Tous  les  Français  doivent  avoir  des 
droits  égaux,  sous  la  réserve  de  la  sauvegarde  des  intérêts  et  de  la  sécurité  de  l’État.  Je  ne 
voterai  donc  ni  le  monopole  de  l’enseignement,  ni  l’obligation  du  stage  scolaire,  deux  me¬ 
sures  que  je  considère  comme  contraires  à  la  liberté  de  conscience,  à  l’apaisement  des 
esprits,  à  la  a  Déclaration  des  Droits  de  l’homme  et  du  citoyen  ». 

Notre  armée  nationale,  si  admirablement  disciplinée,  se  voit,  elle  aussi,  en  butte  aux 
soupçons  et  aux  attaques  les  plus  injustifiés. 

Je  veux  qu’on  lui  rende  le  respect  dont  elle  était,  hier  encore,  entourée  par  tous  les 
partis,  La  durée  du  service  militaire  peut  être  réduite,  à  la  condition  qu’une  loi,  sérieuse¬ 
ment  étudiée,  sur  les  rengagements  et  la  constitution  des  cadres,  assure  îe  recrutement 
d’uu  corps  solide  de  sous-officiers  et  garantisse,  contre  toute  attaque,  la  sécurité  de  nos 
frontières* 

J’ai  voté  le  service  de  deux  ans  et  la  diminution  des  périodes  d’instruction  des  28  et 
des  13  jours. 

Je  poursuivrai  l’organisation  du  crédit  agricole  ;  je  voterai  toutes  les  mesures  propres  à 
alléger  les  charges  énormes  qui  pèsent  sur  l’agriculture  et  à  favoriser  cette  branche  essen¬ 
tielle  de  la  prospérité  du  pays* 

La  loi  sur  les  boissons  est  mauvaise  ;  aussi  j’ai  voté  contre  la  surtaxe  de  l’alcool  et 
contre  l’ensemble  de  la  loi* 

Je  soutiendrai  donc  devant  la  Chambre  le  vœu  que  j’ai  fait  admettre  par  le  Conseil 


généra!  :  réglementation  intégrale  du  privilège  des  bouilleurs  de  cru,  et,  à  défaut  de  la 
suppression  des  licences,  le  retour  à  Tmicicn  tarif, 

l'apporterai  tous  mes  soins  à  faire  adopter  par  cette  assemblée  la  construction  des 
chemins  do  for  départementaux,  celui  de  RacquevÜle  et  Tôles  par  la  vallée  de  la  Saine  et 
celui  de  Sami-Saëns  à  Dieppe  par  la  vallée  de  la  Varerme, 

Ouvriers, 

Ni  le  socialisme,  ni  le  collectivisme  ne  vous  donneront  les  satisfactions  que  vous  doit  un 
gouvernement  républicain.  C’est  dans  une  réforme  de  la  législation  ouvrière  qu’il  faut 
chercher,  pour  vous,  plus  de  justice  et  plus  d’humanité. 

le  veux  la  liberté  du  travail.  —  Sans  contrainte,  sans  contrôle,  vous  devez  rester  les 
maîtres  de  vos  droits  et  de  l’emploi  de  votre  temps  et  de  vos  forces.  Mais,  en  échange  de 
vos  efforts,  la  société  a  l'obligation  impérieuse  de  vous  aider,  de  vous  protéger  et,  sous 
l'orme  d’encouragement  à  F  épargne,  il  faut  que  l’État  contribue  à  la  constitution  de  caisses 
de  retraites  destinées  à  assurer  la  sécurité  de  vos  vieux  jours. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Tels  sootles  principes  que,  fidèle  à  mes  engagements,  fai  soutenus  pendant  les  quatre 
ans  de  cette  législature. 

Pal  la  ferme  confiance  que  vous  les  approuverez  encore  aujourd’hui.  Et,  lier  de  vos 
suffrages,  lier  de  votre  appui,  je  retournerai,  si  vous  le  voulez,  défendre  à  la  Uiarabre  la 
politique  vraiment  républicaine  de  tolérance,  de  progrès,  de  liberté  qui  est  la  mienne 
comme  elle  est  la  vôtre. 

Julien  ROULAND, 

Conseiller  générai  du  canton 
de  Racqueville, 

Secrétaire  de  la  Chambre  des  Députés, 

Député  sortant. 


î™  circonscription  du  HAVRE 
M.  Jules  SIEGFRIED 

Élu  au  2°  tour  de  scrutin.  —  6*520  voix. 


Comité  Central  Républicain 
alliance  républicaine  DÉMOCRATIQUE 

Mes  chers  Concitoyens, 

Je  n'ai  pas  besoin  d’une  longue  déclaration  pour  me  présenter  avons. 

Youû  me  connaissez  ;  vous  m’avez  vu  à  l’œuvre;  à  défaut  de  paroles,  des  actes  peuvent 
répondre  de  mes  convictions. 

Depuis  mon  entrée  dans  la  vie  publique,  en  1S70,  j’ai  consacré  mes  efforts  à  établir,  h 
consolider,  à  défendre  la  République,  régime  de  justice,  de  liberté  et  de  progrès,  qui  seul 
pouvait  réparer  nos  désastres,  et  qui  Fa  fait. 


—  863  —  N*  1162 

Conseiller  municipal,  adjoint*  maire,  conseiller  général,  membre  de  la  Chambre  de 
Commerce,  député,  sénateur,  ministre,  dans  tous  les  postis  dont  m’a  investi  la  confiance  de 
mes  concitoyens ,  je  suis  resté  fidèle  à  mon  programme,  inspiré  des  grands  principes  de  la 
Révolution  française. 

C'est  parce  que  j'y  suis  fidèle  encore  aujourd'hui  que  j*ai  accepté  la  candidature  qui  m’a 
été  offerte  par  le  Comité  Central  Républicain. 

L'heure  est  grave.  Tant  de  fois  repoussées  de  la  conquête  du  pouvoir,  les  réactions 
tentent' un  nouvel  effort;  grâce  à  l'équivoque  du  nationalisme,  elles  veulent  s'introduire 
dans  cetie  République  qu’elles  n’ont  pu  emporter  d’assaut. 

ftous  ne  nous  laisserons  pas  abuser. 

Ce  n’est  pas  avec  l’alliance  de  la  droite  que  nous  voulons  faire  de  la  politique  démo¬ 
cratique. 

A  la  coalition  de  tous  les  ennemis  de  la  République,  nous  opposerons  l’union  de  tous 
les  républicains. 

Partisan  convaincu  de  cette  union,  je  défends  un  programme  de  liberté  politique,  de 
progrès  économique  et  social,  qui  résume  les  aspirations  communes  de  la  démocratie  fran¬ 
çaise;  je  n’entends  exclure  du  bloc  républicain  que  les  alliés  de  la  réaction  et  les  collecti¬ 
vistes,  dont  Les  utopies  mettent  en  péril  le  principe  même  de  la  société. 

Je  veux  une  République  qui  assure  à  ia  France  le  libre  essor  de  ses  énergies,  par  la 
paix  a  l’intérieur,  la  sécurité  à  l’extérieur. 

Je  veux  une  République  résolument  laïque,  sachant  imposer  aux  factieux  le  respect  des 
lois,  ne  permettant  à  aucun  pouvoir  de  se  dresser  en  face  du  Gouvernement  régulier  du 
pays, 

Je  vous  dois  mon  sentiment  sur  quelques  questions  essentielles,  sur  lesquelles  la  pro¬ 
chaine  législature  devra  se  prononcer,  ou  qui  furent  inscrites  de  tout  temps  à  l’ordre  du 
jour  des  préoccupations  publiques. 

Pour  Renseignement,  je  reste  convaincu  que  la  liberté,  qui  crée  l'émulation,  est  la 
meilleure  des  solutions.  Mais  la  liberté  n'est  rien  sans  l’égalité.  La  loi  Falloux,  qui  donne 
un  privilège  aux  congrégations,  doit  être  abrogée  et  remplacée  par  une  législation  qui 
imposera  les  mêmes  obligations  à  renseignement  libre  qu’à  renseignement  universitaire, 
c’est-à-dire  T  équivalence  de  grade  des  professeurs,  et  une  inspection  sérieuse. 

Le  service  de  deux  ans,  sans  affaiblir  notre  belle  année,  allégera  les  charges  du  plus 
grand  nombre  et  réalisera,  par  la  suppression  des  dispenses,  Légalité  do  tous  devant  le 
devoir  militaire.  Cette  réforme  démocratique  est  prête.  Elle  doit  aboutir  sans  délai. 

l'estime  que  l’institution  des  retraites  ouvrières  ne  saurait  être  plus  longtemps  ajour¬ 
née.  Si  l’obligation  est  indispensable  pour  réaliser  ce  progrès,  je  voterai  l’obligation.  Mais 
avant  de  recourir  à  cette  mesure  extrême,  il  serait  sage  d'expérimenter  le  système  si  heu¬ 
reusement  appliqué  en  Belgique, qui  utilise  l’intermédiaire  des  sociétés  de  secours  mutuels 
largement  subventionnées  par  l’État. 

L’éventualité  de  la  séparation  des  Eglises  et  de  l’État  peut  être  envisagée,  maintenant 
que  la  loi  des  associations,  qui  en  était  le  prélude,  a  abouti. 

fl  y  a  intérêt  à  exclure  de  plus  en  plus  des  préoccupations  politiques  les  questions 
religieuses,  qui  ne  relèvent  que  de  la  conscience.  Les  convictions  sincères  n’ont  qu’à  y 
gagner.  Je  suis  donc  partisan  de  l'Église  Libre  dans  l’État  souverain.  Maïs  la  suppression  du 
Mget  des  cultes  doit  être  précédée  de  la  dénonciation  du  Concordat.  11  appartient  au  Gou¬ 
vernement  d’étudier  cette  mesure  et  d’en  prendre  l’initiative.  Quand  il  croira  pouvoir  ia 
la  proposer  en  toute  sécurité  et  sans  créer  d’agitation,  je  La  voterai. 

Je  passe  aux  questions  fiscales. 

La  révision  de  la  loi  sur  les  boissons,  désastreuse  pour  le  Trésor  et  pour  notre  com¬ 
merce  local,  s’impose.  La  réforme  essentielle  est  la  suppression  du  privilège  des  bouilleurs 
de  cru,  suppression  qui  permettra  des  dégrèvements. 

ParüsâA  (p un  impôt  sur  lus  revenus,  mesure  d’égalité  fiscale,  je  repousse  comme  in u- 


—  864  — 

tile,  vexatoirc  et  dangereux  l'impôt  global  et  progressif,  qui  aurait  pour  conséquence  de 
chasser  les  capitaux*  Par  contre,  j'accepte  !a  dégression  pour  les  petits  revenus* 

La  gestion  de  nos  finances  commande  la  plus  grande  sagesse;  il  faut  enrayer  îes 
dépenses  pour  ne  pas  être  obligés  d’augmenter  tes  impôts. 

Pour  arriver  à  ce  double  résultat,  une  révision  du  réglement  de  3a  Chambre  est  néces¬ 
saire;  il  faut  limiter  le  droit  d’initiative  des  députés  en  matière  de  dépenses  publiques, 
afin  d'assurer  un  parfait  équilibre  du  budget,  condition  indispensable  du  ,  crédit  de  la 
France* 

Mais  les  questions  politiques  et  fiscales  ne  sont  pas  tout.  Les  questions  'économiques, 
qui  intéressent  la  vie  profonde  et  l’activité  de  la  nation,  sont  peut-être  plus  essentielles 
encore. 

Dans  la  concurrence  internationale,  ne  nous  laissons  pas  distancer  par  nos  rivaux* 
Portons  notre  pavillon  sur  toutes  les  mers,  jetons  nos  produits  sur  tous  les  marchés, 
envoyons  nos  commerçants  sur  toutes  les  places* 

Convaincu  que  la  liberté^  créatrice  d’énergie,  est  indispensable  au  commerce,  je  com¬ 
battrai  toute  législation  restrictive  de  l’initiative  individuelle* 

Les  mesures  propres  à  stimuler  le  mouvement  des  affaires  auront  toujours  toute  ma 
sollicitude  :  traités  de  commerce,  abaissement  des  tarifs  des  chemins  de  fer,  développe¬ 
ment  des  câbles  sous-marins,  amélioration  de  nos  communications  télégraphiques  et  télé¬ 
phoniques,  perfectionnement  de  notre  outillage,  mise  en  valeur  de  nos  colonies. 

Je  mettrai  au  service  de  vos  intérêts  les  compétences  d’une  yie  passée  dans  les  affaires 
et  l’étude  de  ces  questions  spéciales, 

À  cette  œuvre  de  grandeur  nationale  *est  liée  la  prospérité  de  notre  ville. 

Vive  le  Havre  î 
Vive  la  République  ! 

Jules  SIEGFRIED, 

Ancien  Sénateur,  ancien  Ministre  du  Commerce 
et  de  l’Industrie, 

Candidat  républicain  démocrate* 


2e  circonscription  du  HAVRE 
M.  Louis  BR1NDEAU 

Élu  au  i*r  tour  de  scrutin*  —  9-6 â8  voix. 


Chers  Concitoyens, 

Pour  la  troisième  fois,  depuis  1895,  je  me  présente  aujourd'hui  à  vos  suffrages. 

Mon  programme  est  celui  du  parti  républicain  progressiste  auquel  je  suis  toujours  resté 
fidèle. 

Ce  parti  combat,  en  ce  moment,  pour  ramener  la  République  à  une  politique  large, 
conforme  aux  intérêts  supérieurs  de  la  France*  U  va  droit  devant  lui,  sans  sc  laisser  émou¬ 
voir  par  des  critiques  de  parti-pris  ou  par  des  calomnies  intéressées*  11  a  conscience  d'ac¬ 
complir  un  devoir  patriotique  et  de  s’inspirer  de  la  haute  pensée  des  fondateurs  de  la 
République* 

En  posant  ma  candidature  aux  dernières  élections  législatives,  je  m'étais  déclaré  par~ 


—  865  — 


N*  1162 


tisan  «  d’une  politique  républicaine  à  la  fois  ferme,  libérale  et  tolérante,  éloignée  des  théo¬ 
ries  du  socialisme  collectiviste  dont  les  doctrines,  habilement  présentées,  sont  devenues 
un  véritable  danger  pour  nos  institutions  républicaines  ». 

J’avais  placé  aussi,  au  premier  rang,  les  préoccupations  que  faisaient  naître  les 
outrages  qu’on  commençait  à  déverser  sur  l’armée.  «  11  faut,  vous  disais-je,  fortifier  notre 
armée  nationale,  si  chère  au  cœur  de  la  France,  et  dont  les  chefs  ont  droit  au  respect  et  à 
la  confiance  de  tous  les  patriotes.  » 

Je  crois  pouvoir  dire  hautement  que  j’ai  tenu  ma  parole  en  dépit  d’attaques  violentes 
et  perfides  dont  je  m’houore. 

Jamais  je  n’ai  oublié  que  le  mot  de  liberté  figure,  en  première  ligne,' sur  la  devise  de 
notre  pays  ;  jamais  je  n’ai  perdu  de  vue  que  la  tolérance  esi  une  vertu  essentiellement 
républicaine. 

l’ai  voté  contre  la  loi  sur  les  associations,  à  cause  des  dispositions  anti-libérales  et  sec¬ 
taires  qu’elle  renferme  ;  je  me  suis  prononcé  énergiquement  contre  toutes  les  propositions 
pouvant,  sous  une  forme  qelconque,  porter  atteinte  à  la  liberté  de  l'enseignement  et  à  la 
liberté  du  travail. 

J’ai  protesté  de  toutes  mes  forces  contre  les  mesures  désorganisatrices  dont  1  armée 
nationale  a  tant  souffert  et  contre  la  campagne  odieuse  entreprise  et  continuée,  ostensible¬ 
ment  ou  en  sourdine,  par  les  anti-militaristes. 

Enfin,  j’ai  fait  une  opposition  constante  à  un  Ministère  qui  compte  parmi  ses  membres 
l’un  des  chefs  les  plus  éminents  du  parti  socialiste-collectiviste.  Sa  présence  dans  le  Cabinet 
actuel  a  été,  à  elle  seule,  un  encouragement  pour  les  révolutionnaires.  Ses  tendances  et  ses 
projets  ont  jelè  l’inquiétude  et  le  trouble  dans  le  monde  du  travail. 

Je  persisterai  dans  cette  attitude  si  j’ai  l’honneur  d’être  votre  élu. 

La  législature  qui  finit  n’a  accompli  aucune  œuvre  politique  digne  de  ce  nom,  aucune 
grande  réforme  sérieuse.  La  plupart  des  quesiions  qui  se  posaient  en  1898  sont  restées  en 
suspens* 

Les  partis  avancés  n’ont  fait  aucun  effort  pour  faire  aboutir  les  deux  questions  qui  leur 
servaient,  à  cette  époque,  de  plate-forme  électorale:  Fimpôt  global  et  progressif  sur  le 
revenu  et  la  révision  de  la  Constitution. 

Je  suis  resté  l’adversaire  de  la  première  de  ces  propositions.  Une  politique  d’économie, 
de  décentralisation  administrative  doit  être  l’indispensable  préface  du  remaniement  de  nos 
impôts.  La  réfotme  financière  devra  consister  dans  une  meilleure  répartition  des  charges, 
basée  sur  des  signes  extérieurs,  sans  aucune  mesure  inquisitoriale  ;  elle  devra  respecter 
le  principe  de  la  proportionnalité.  En  ce  qui  concerne  spécialement  l’impôt  des  patentes, 
je  suis  partisan  du  projet  qui  vient  d’être  voté  par  le  Sénat  et  qui  contient  d’équitables 
modifications. 

Au  point  de  vue  constitutionnel,  je  demande  le  respect  des  principes  fondamentaux 
de  la  Constitution  de  1875,  qui  nous  a  assuré  la  stabilité  depuis  près  de  tiente  années, 
c’est-à-dire  le  maintien  de  l’élection  du  Président  de  la  République  par  le  Parlement,  de 
l’exercice  du  pouvoir  législatif  par  deux  Assemblées  et  de  la  îesponsabilité  des  Ministres 
devant  les  Chambres. 

Je  suis  opposé  aux  doctrines  plébiscitaires  qui  préconisent  l’élection  du  Président  de  la 
République  par  le  suffrage  universel  et  la  responsabilité  des  Ministres  devant  le  Chef  de 
l’État  seul.  J’estime  que  dans  notre  pays  ce  ..système  serait  une  source  de  conflits  entre 
deux  pouvoirs  issus  de  la  même  origine,  et  qu’il  conduirait  promptement  à  l’anarchie  poli¬ 
tique.  Je  suis  également  hostile  aux  propositions  de  révision  formulées,  en  1868,  par  les 
partis  d’extrême  gauche,  dans  le  but  d’affaiblir  ou  de  supprimer  le  Sénat.  La  haute  Assem¬ 
blée  constitue,  en  principe,  un  contre-poids  indispensable  au  bon  fonctionnement  du 
régime  parlementaire* 

Sans  doute,  la  Constitution  de  1875  pourrait  être  améliorée  sur  certains  points  secon¬ 
daires.  Mais  la  première  révision  à  opérer  serait  celle  du  Règlement  de  la  Chambre  .  je 
vous  l’avais  déjà  déclaré  en  1898,  et  l’expérience  que  j  ai  pu  acquérir  depuis  que  j’ai  l’hon- 

109 


-  866  — 

ïieiir  de  faire  partie  du  Bureau  de  la  Chambre  m’a  fortifié  dans  cette  conviction.  On  y  trou¬ 
verait,  avec  une  meilleure  méthode  de  travail,  le  moyen  de  faire  aboutir  plus  promptement 
les  lois  urgentes,  principalement  les  lois  d'affaires  et  Ja  possibilité  de  mettre  un  frein 
aux  dépenses  excessives,  fruits  des  surenchères  parlementaires  ou  électorales.  Cette 
réforme  était  prête;  mais  jamais  ta  majorité  n’a  consenti  à  discuter  le  rapport  de  la  Com¬ 
mission  qui  Pa  élaboré. 

Au  point  de  vue  social,  la  proposition  sur  les  retraites  ouvrières,  discutée  récemment 
n’a  pu  aboutir*  Insuffisamment  étudiée,  elle  a  été  repoussée  aussi  bien  par  les  ouvriers 
que  par  les  patrons.  Les  sociétés  do  secours  mutuels,  dont  elle  a  menacé  l’existêncé,  devront 
servir  de  base  à  un  nouveau  projet.  Elles  devront  être,  dam  ce  but,  largement  encouragées 
pat  1  État  ;  elles  devront  également  être  incitées  à  porter  tous  leurs  efforts  vers  les  œuvres 
d'asissîance. 

Relativement  aux  lois  d’affaires,  je  me  suis  conformé  strictement  à  mes  engagements. 

En  ce  qui  concerne  la  loi  sur  la  marine  marchande,  je  m'étais  déclaré  absolument 
hostile  à  toute  prime  aux  navires  d’origine  étrangère.  En  conséquence,  j’ai  combattu,  à  la 
tribune  de  la  Chambre,  ia  disposition  du  projet  de  loi  attribuant,  sous  le  nom  de  eûMpên- 
sation  d’armement,  une  prime  aux  navires  construits  à  l'étranger  et  j’ai  présenté  ensuite 
des  amendements  tendant  à  restreindre  le  plus  possible  les  avantages  proposes  en  leur 
faveur;  enfin,  j’ai  demandé  et  obtenu, au  cours  de  ia  discussion,  une  modification  favorable 
à  l 'industrie  française,  au  point  de  vue  des  réparations.  .l’ai  lutté  aussi  de  toute  mon  éner¬ 
gie  contre  te  Ministre  des  finances  pour  éviter  qu’il  fut  porté  atteinte,  d’uue  façon 
rétroactive,  au  grand  détriment  de  nos  chantiers  et  de  nos  armateurs,  aux  engagements 
pris  par  l’Etat  au  sujet  des  navires  à  voiles  construits  on  à  construire  sous  le  régime  de  la  loi 
de  1393. 

Des  considérations  financières,  dont  je  laisse  la  responsabilité  à  qui  de  droit,  ont 
amené  lu  Parlement  à  restreindre,  dans  une  mesure  excessive,  ia  parlée  de  la  loi  nouvelle. 
Lorsque  la  situation  le  permettra,  il  y  aura  lieu  de  demander,  à  cet  égard,  dans  l’intérêt  de 
la  construction  française,  la  révision  de  quelques-unes  de  ses  dispositions. 

P  ai  voté  contre  la  loi  sur  le  régime  des  boissons,  qui  surchargé  si  lourdement  notre 
légion.  Vos  représentants  auront  pour  devoir  d’en  poursuivre  îa  réforme  devant  la  prochaine 
Chambre. 

Membre  et  plusieurs  fois  rapporteur  de  la  Commission  de  la  Marine,  j’ai  contribué  à 
l’étude  et  à  la  solution  de  nombreuses  questions  concernant  soit  notre  marine  nationale, 
soit  notre  navigation  commerciale* 

Mon  attention  s'est  portée  d'une  façon  toute  spéciale  sur  les  questions  concernant  ks 
ports  de  commerce. 

En  ce  qui  concerne  les  travaux  actuellement  en  cours  dans  notre  port,  je  suis  intervenu 
fréquemment  pour  en  hâter  l’exécution,  notamment  à  la  tribune  de  la  Chambre  en  1899  et 
au  commencement  de  cette  année.  Les  lenteurs  si  regrettables  dont  on  se  plaint,  sont  dues 
aujourd  hui,  non  pas  à  lin  suffisance  des  crédits,  mais  à  une  mauvaise  organisation  admi¬ 
nistrative  ;  elles  doivent  appeler  1  attention  du  Parlement  sur  la  nécessité  d’une  réforme 
tendant  à  augmenter  les  pouvoirs  et  les  moyens  d’action  de  nos  Chambres  de  Commerce. 

Ce  serait  ie  meilleur  moyen  d'activer  Pexécmion  dn  programme  de  grands  travaux  votés 
récemment  par  la  Chambre  et  ou  le  Havre  se  trouve  compris  pour  une  somme  de  20  mil¬ 
lions. 

La  question  du  chemin  de  fcf  du  Sud- Ouest,  capitale  pour  T  avenir  de  la  région 
bavraise,  a  fait,  depuis  1S98,  un  pas  décisif.  La  mise  à  l’enquête  d'utilité  publique,  atten¬ 
due  avec  impatience  depuis  de  si  longues  années,  a  été  ordonnée,  principalement  grâce  aux 
énergiques  efforts  de  mon  collègue  M.  fiispal,  auxquels  je  me  sais  associé.  Cette  enquête  a 
eu  lieu,  et  les  formalités  si  compliquées  auxquelles  sont  soumis  les  projets  de  cette  nature 
sont  aujourd’hui  terminées.  Le  projet  de  lot  sera  déposé  aussitôt  que  les  demandes  de 
concours  adressées  aux  départements  intéressés  seront  réglées. 

An  point  de  vue  économique,  nous  trouvons  des  enseignements  dans  les  faits  qui  se 


N°  1162 


-  867  - 

sont  accomplis  dans  d'autres  pays.  On  peut  constater  que  presque  tous,  môme  l  Angleterre, 
cherchent  a  protéger  contre  la  concurrence  du  dehors  les  principaux  facteurs  de  leur  acti¬ 
vité. 

Nous  devons  donc  continuer  à  défendre  notre  industrie  et  notre  agriculture,  sans 
tomber  toutefois  dans  des  exagérations  toujours  dangereuses. 

Eu  ce  qui  concerne  particulièrement  l'agriculture,  qui  occupe  dans  la  T  circonscription 
une  place  si  considérable,  je  me  suis  associé,  conformément  a  mes  promesses,  aux  mesures 
susceptibles  de  favoriser  la  culture  du  blé  et  du  colza,  qui  sont,  pour  notre  région  nor¬ 
mande,  d'une  importance  de  premier  ordre,  Relativement  an  blé,  j'ai  voté  les  propositions 
qui  m’ont  semblé  de  nature  à  donner  aux  tarifs  de  1892  une  entière  efficacité  ;  relative¬ 
ment  au  colza,  fai  signé,  avec  un  grand  nombre  de  mes  Collègues,  une  nouvelle  proposi¬ 
tion  de  loi  tendant  à  établir  des  droits  sur  les  graines  oléagineuses  d'importation  étrangère. 
Cette  proposition  a  été  adoptée  par  la  Commission  des  Douanes  et  il  y  a  lieu  d’esgérer 
qu'un  nouvel  effort  permettra  enfin  de  faire  aboutir  cuite  question  au  cours  de  la  procb&iïw 
législature. 

Le  développement  des  associations  ou  groupements  agricoles,  qui  peuvent  rendre  aux 
cultivateurs  des  services  si  considérables  pour  la  défense  de  leurs  intérêts  et  la  vente  de 
leurs  produits,  doit  appeler  également  la  constante  sollicitude  des  pouvoirs  publics. 

Une  des  questions  qui  préoccupent  le  plus  vivement  l’opinion  est  celle  de  la  réduction 
di  la  durée  du  service  militaire.  Cette  réduction  est  possible,  à  condition  d’être  accompa¬ 
gnée  de  la  suppression  des  dispenses  injustifiées  et  de  m  sur.  s  permettant,  au  moyen  de 
rengagements,  d'assurer  le  recruteme  t  des  sous-'Ofïkiers,  de  combler  les  vides  et  de  1quf~ 
nir  les  effectifs  nécessaires  à  la  cavalerie  et  à  l’artillerie.  L'expérience  que  j'ai  pu  acquérir 
comme  Membre  de  la  Commission  de  1  Armée  pourrait  me  permettre  de  contribuer  utile- 
raent  à  cette  réforme  si  désirable. 

Électeurs, 

La  situation  actuelle  est  particulièrement  grave  et  le  verdict  du  suffrage  universel  aura, 
sur  les  destinées  du  Pays,  une  influence  exceptionnelle. 

Deux  politiques  se  trouvent  en  présence. 

L’une  étroite,  tracassière  et  violente,  tendant  à  transformer  la  République  en  un  régime 
d'oppression*  et  dominée  par  les  influences  socialistes-collectivistes. 

L’autre,  large,  généreuse,  cherchant  à  faire  aimer  la  République,  à  amener  a  elle  tou¬ 
tes  les  bonnes  volontés,  à  donner  a  tous  les  citoyens  plus  de  liberté,  plus  de  sécurité,  plus 
de  justice. 

C’est  pour  cette  dernière  que  je  vous  demande  de  vous  prononcer. 

Vivo  la  France!  Vive  la  République! 

Louis  DRINDEAU, 

Candidat  républicain  progressiste, 
Député  sortant, 

Secrétaire  de  la  Chambre  des  Députés, 
Ancien  Maire  du  Havre. 


3Ü  circonscription  du  HAVRE 

M*  SUGHETET 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin*  —  9,583  voix* 


Messieurs  et  chers  Concitoyens, 

11  y  a  quatre  ans,  vous  ôtes  venus,  en  masse  et  de  tous  les  cantons,  me  demander  de 
vous  représenter  à  l'Assemblée  législative. 

Votre  demande  était  toute  spontanée,  car  je  n'avais  point  sollicité  vos  suffrages  ;  aussi 
mVt-elle  laissé  un  souvenir  ineffaçable* 

Pressé  par  vos  instances,  je  n’avais  pu  me  soustraire  à  l'honneur  que  vous  veniez 
m'offrir  et  j'avais  accepté  d’être  votre  candidat. 

Quelques  jours  à  peine  nous  séparaient  du  scrutin,  et  sans  que  j'aie  pu  faire  campagne, 
visiter  la  circonscription,  prendre  contact  avec  les  électeurs  et  faire  plus  ample  connais¬ 
sance  avec  vous  tous,  vous  m'avez  élu  votre  représentant  à  la  Chambre  des  Députés,  pour  y 
soutenir  vos  intérêts  et  y  suivre  une  politique  d'apaisement,  de  concorde  et  de  progrès. 

Vous  me  demandez  aujourd'hui,  Messieurs,  de  ne  point  déserter  le  poste  d'honneur  que 
vous  m'avez  confié. 

Si  je  n'écoutais  que  mes  préférences  et  mon  intérêt  personnel,  je  n'hésiterais  pas  à  me 
dérober  à  la  lutte.  Mais  l'heure  n’est  pas  venue  d'abandonner  la  cause  de  la  liberté  si  gra¬ 
vement  compromise*  C'est  le  devoir  des  libéraux  de  combattre  la  politique  jacobine  et 
sectaire  que  nous  subissons  depuis  plus  de  deux  ans  et  qui  a  été  si  préjudiciable  à  tous  les 
intérêts  nationaux. 

Je  reste  donc  au  poste  et  je  me  présente  h  vos  suffrages  pour  défendre  à  la  Chambre  en 
votre  nom  les  principes  d'une  République  libérale,  ouverte  à  tous,  et  respectueuse  de  tous 
les  droits. 

L'égalité  devant  la  loi  pour  tous  les  Français  :  telle  sera  ma  ligue  de  conduite. 

Quant  aux  questions  économiques,  qui  doivent  préoccuper  au  plus  haut  point  un  député 
soucieux  des  intérêts  matériels  de  sa  circonscription,  vous  pouvez  être  sûrs  que  je  m'asso¬ 
cierai  à  tomes  mesures  capables  de  les  résoudre. 

Je  travaillerai  notamment  à  l'amélioration  des  classes  laborieuses  en  développant 
l'association  chez  les  travailleurs,  et  en  encourageant  l’épargne  et  la  mutualité,  moyens  les 
plus  puissants  de  conservation  sociale. 

Voulant  la  liberté  absolue  du  travail,  je  répudie  toute  mesure  attentatoire  à  cette 
liberté,  comme  sont  l'arbitrage  et  la  grève  obligatoires. 

Je  continuerai  à  prendre  la  défense  des  intérêts  industriels  et  commerciaux  en  favori* 
sant  le  travail  de  nos  nationaux,  les  mettant  à  l'abri  de  la  concurrence  des  autres  nations, 
des  dangers  du  cosmopolitisme  et  de  l'envahissement  de  l'élément  étranger. 

Les  questions  maritimes,  auxquelles  je  me  suis  vivement  intéressé  pendant  cette  légis¬ 
lature,  ne  me  laisseront  pas  davantage  indifférent.  J'espère  pouvoir  encore  me  rendre  utile 
à  nos  armateurs,  dont  j'ai  servi  la  cause,  comme  à  nos  braves  marins,  pour  lesquels  j'ai 
demandé  et  obtenu  l'institution  d'une  médaille  d'honneur. 

Avant  toutes  choses,  et  nul  n'y  trouvera  à  redire,  car  au  sort  de  l’agriculture  est  liée 
notre  prospérité  nationale,  —  je  soutiendrai  les  revendications  agricoles,  si  légitimes  et  si 
justifiées  J'ai  la  ferme  conviction  que  la  loi  de  protection  des  graines  oléagineuses,  qui 
semblait  condamnée,  mais  qui,  pendant  cette  législature,  a  fait  un  grand  pas,  aboutira 
enfin.  J'y  consacrerai  encore  toute  mon  énergie  et  mon  travail  ie  plus  assidu. 


n°  im 


—  869  — 

Soucieux  des  intérêts  des  contribuables,  que  Ton  charge  de  nouveaux  impôts,  je  ne 
cesserai  de  voter  contre  toute  demande  de  crédit  nouveau  qui  ne  serait  suffisamment  jus¬ 
tifiée  :  le  meilleur  moyen  de  réaliser  des  économies  serait  de  restreindre  les  rouages  de 
nos  administrations.  On  y  arriverait  facilement  par  la  décentralisation, en  faveur  de  laquelle 
j'ai  signé  une  proposition  de  loi. 

Si  maintenant  nous  envisageons  les  questions  sociales,  républicain  libéral,  je  voterai 
contre  toute  mesure  qui  porterait  atteinte  à  la  liberté  d’enseignement,  comme  la  loi  sur  le 
stage  scolaire  et  le  monopole  de  renseignement  remis  à  l’Université. 

Partisan  dd  droit  d’association  pour  tous  les  citoyens,  je  combattrai  la  loi  d'exception 
votée  contre  les  associations  religieuses. 

Partisan  de  la  réduction  du  service  militaire,  que  j’ai  moi-même  demandée  et  votée, 
comme  d’une  égale  répartition  des  charges  militaires  entre  tous  les  citoyens,  je  ne  m’asso¬ 
cierais  cependant  à  aucune  mesure  qui  pourrait  affaiblir  la  force  et  le  prestige  de  notre 
armée. 

Electeurs, 

Depuis  de  longues  années,  je  vis  au  milieu  de  vous;  je  suis,  par  conséquent,  à  même 
de  connaître  vos  besoins  et  ceux  de  la  circonscription  que  je  viens  de  représenter  pendant 
quatre  années  à  la  Chambre  des  Députés. 

Si  vous  m’honorez  de  nouveau  de  vos  suffrages,  vous  pouvez  être  assurés  de  nommer 
on  représentant  soucieux  de  vos  intérêts,  qui  sont  les  siens;  un  représentant  dont  le  plus 
grand  désir  est  de  rendre  service  à  tous. 

l’ai  la  conscience  d’avoir  prêté  un  égal  concours  à  tous  ceux  qui  me  font  demandé; 
tous  peuvent  compter  sur  mon  impartialité  la  plus  absolue. 

A.  SUCTÏETET,  Député  sortant, 

Membre  du  Conseil  général. 

Président  de  la  Société  d’Agriculture  pratique 
de  l’arrondissement  du  Havre 

et  de  la  Société  de  Secours  Mutuels  du  canton  de  Goder  vil  le, 
Maire  de  Bréauté. 


Circonscription  de  NEUFGHATEL 

M.  BOÜCTOT 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  10.563  voix. 


Messieurs  et  chers  Concitoyens, 

Au  moment  où  vous  êtes  conviés  a  m’honorer,  pour  une  nouvelle  législature,  de  votre 
sympathie  et  de  votre  confiance,  je  considère  comme  un  impérieux  devoir,  envers  vous  tous 
et  vis-à-vis  de  ma  conscience  elle-même,  de  préciser,  aussi  clairement  et  aussi  succincte¬ 
ment  que  possible,  les  grandes  lignes  de  mon  programme  politique. 

Attachement  ferme  et  résolu  à  la  République,  conçue  comme  un  régime  d’ordre,  de 
progrès  et  de  liberté,  c’est-à-dire,  en  somme,  tel  qu’il  est  consenti  par  les  esprits,  appelé 
par  les  mœurs  et  consommé  dans  l’opinion. 

Adhésion  formelle  à  un  ministère  d’union  des  centres  et  de  défensejsoriale,  le  seul 


—  870  — 


capable  de  favoriser  le  développement  des  institutions  démocratiques  tout  en  fermant  Sa 
brèche  imprudemment  ouverte  par  le  ministère  Watdeek-Rmisseau  aux  infiltrations  collec¬ 
tivistes. 

Liberté  de  conscience  pour  tous  les  citoyens. 

Liberté  de  Renseignement,  telle  qu’elle  a  été  édictée  par  l'article  9  de  la  Constitution 
républicaine  du  12  mars  1848, 

Transformation  méthodique  et  graduelle  de  Pimpèt,  proportionnellement  aux  facultés 
des  contribuables,  avec  dégrèvement  à  la  base,  atténuation  au  prorata  des  charges  de 
famille,  mais  en  dehors  do  tonte  mesure  vexatoire  et  inquisitoriale. 

Perfectionnement  des  lois  de  mutualité  et  d’assistance  et  constitution  de  caisses  de 
retraites  destinées  à  prévenir  la  misère  qui  guette  trop  souvent,  au  déclin  de  la  vie,  les 
travailleurs  de  l’industrie  ei  de  la  terre,  mais  sans  détruire  toutefois  chez  eux  le  ferment 
bienfaisant  de  ^initiative  individuelle  et  de  j'épargne. 

Réduction  h  deux  ans  du  service  militaire  actif  en  temps  de  paix,  subordonnée  à  une 
solide  organisation  des  cadres  de  sous-officiers  et  a  Légalité  de  traitement  pour  tous  les 
Français, 

Maintien  des  tarifs  douaniers,  notamment  en  ce  qui  concerne  les  chevaux,  les  bestiaux 
et  les  céréales. 

Mesures  spéciales  contre  le  vagabondage. 

Réalisation  de  toutes  les  réformes  économiques  destinées  à  venir  en  aide  à  l'agricul¬ 
ture,  chaque  jour  plus  menacée  par  les  empiètements  socialistes  et  l’indifférence  coupable 
des  pouvoirs  publics. 

Voilà,  Messieurs  et  chers  Concltoy  ns,  en  quoi  se  résume  rua  profession  de  foi  :  comme 
vous  le  voyez,  ni  mes  sentiments  ni  mes  convictions  n’ont  varié  depuis  que  vous  avez  bien 
voulu  m’appeler  à  vous  représenter  à  la  Chambre, 

D'autre  part,  vous  avez  été  à  mémo,  les  uns  et  les  autres,  et  eu  de  multiples  circons¬ 
tances,  de  reconnaître  que  mon  activité  et  mon  dévouement  vous  étaient  tout  acquis,  aussi 
bien  lorsqu’il  s’agissait  d’un  service  a  vous  rendre  que  de  la  défense  de  vos  intérêts  géné¬ 
raux. 

Aussi,  je  nJ  hé  si  te  pas  à  croire  que  vous  demeurerez  aussi  fidèles  à  votre  député  que 
votre  député  s'est  lui-même  montré  respectueux  de  ses  engagements  et  soucieux  de  vous 
être  utile. 

J’espère  donc  que  vous  m’investirez  à  nouveau  de  votre  confiance  et  que  vous  me  per¬ 
mettrez  ainsi  de  travailler,  avec  zèle  et  persévérance,  à  la  consolidation  de  la  République 
progressiste,  c'est-à-dire,  —  car  c’est  à  mes  yeux  un  double  idéal  que  rien  ne  saurait  dis-, 
joindre,  —  à  la  grandeur  et  à  la  prospérité  du  Pays. 

Vive  la  France!  Vive  la  République! 

Votre  dévoué, 

ROÜCTOT, 

Maire  de  Saint-Martin-Osmonville, 
Conseiller  général  de  la  Seine-Inférieure, 
Député  sortant. 

Candidat  républicain  progressiste* 


—  871  _ 


N°  Ü62 


circonscription  de  ROUEN 

M.  BORGNE! 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  6.993  voix 


Mes  chers  Concitoyens, 

Ma  candidature  veut  dire  : 

Liberté  pour  tous.,  —  Égalité  pour  tous. 

Je  suis  républicain,  sincèrement  et  profondément  dévoué  à  la  République  qui  doit  être 
le  Gouvernement  de  tous  et  non  le  Gouvernement  d’une  faction  s'emparant  du  pouvoir  pour 
opprimer  le  reste  des  citoyens* 

Libre  envers  les  comités,  libre  envers  les  journaux,  je  leur  exprime  ma  reconnaissance 
de  l’appui  qtfils  veulent  bien  me  donner,  tout  en  me  laissant  mon  indépendance;  c’est  sur 
vous  tous  que  je  compte  pour  soutenir  et  faire  triompher  ma  candidature. 

À  l’heure  présente,  il  faut  être  pour  ou  contre  le  Minislèie. 

Je  déclare  hautement  que  je  suis  contre  la  politique  du  Ministère  Waïdeck -Rousseau, 
tthierand,  Gaillaux* 

Je  suis  contre  ce  Ministère,  parce  qu’il  est  le  Ministère  du  collectivisme,  —  des  grèves 
politiques  et  de  la  grève  obligatoire,  —  des  monopoles,  —  du  gaspillage  et  du  déficit  de 
nos  finances,  —  de  la  désorganisation  de  l’année,  des  lois  d’exception,  —  du  monopole  de 
renseignement,  —  en  un  mot,  un  Ministère -de  misère  et  de  ruine  matérielle  et  morale 
pour  le  pays* 

Je  suis,  au  contraire,  partisan  :  de  la  propriété  individuelle, —  de  la  liberté  du  travail 
la  plus  étendue,  —  de  l’ordre  et  de  !  économie  dans  nos  finances,  —  du  respect  de  Par  niée 
mise  à  l’abri  des  injures* 

Je  suis  pour  la  liberté  de  conscience,  pour  la  liberté  de  Renseignement  et  pour  la 
liberté  d’association. 

Je  demande  au  Gouvernement  qui,  après  les  élections,  prendra  le  pou  voir  ?  de  gouver¬ 
ner  pour  tous  les  Français  et  pour  la  France  elle-même  qui  a  tant  besoin  qu’enûn  on  s’oc¬ 
cupe  d’elle. 

Le  pays  se  meurt  de  nos  divisions  et  de  nos  guerres  intestines  ;  qu’il  retrouve  la  paix 
intérieure  qui  lui  rendra  toute  sa  force  et  toute  son  énergie* 

Si  je  suis  élu,  c’est  à  réaliser  ce  programme  que  j’emploierai  mes  efforts. 

Je  serai  de  ceux  qui  veulent  rendre  la  prospérité  au  commerce  et  à  l’industrie  en  dimi¬ 
nuant  leurs  charges  écrasantes*  Quand  le  commerce  et  l’industrie  sont  prospères,  tout  le 
inonde  est  heureux* 

C’est  surtout  par  le  travail  et  les  sociétés  libres  de  secours  mutuels  aidées  par  l’État 
que  les  ouvriers  verront  s’améliorer  leur  sort  et  pourront  assurer  leur  vieillesse* 

suis  pour  le  service  de  deux  ans  obligatoire  pour  tous,  à  la  condition  que  ce  chan¬ 
gement  dans  nos  lois  militaires  û’afktWisse  pas  la  force  de  notre  armée,  qui  doit  plus  quo 
jamais  rester  entière  en  face  de  l’étranger. 


—  872  — 


Mes  chers  Concitoyens, 

J’ai  l’habitude  de  tenir  mes  promesses,  vous  l’avez  vu  au  Conseil  municipal  et  au  Con¬ 
seil  général. 

Si  je  suis  votre  Député,  je  m’engage  à  travailler  de  toutes  mes  forces  pour  le  bien  de 
la  France. 


Vive  la  République!  Vive  la  liberté! 


BORGNET, 

Conseiller  municipal,  conseiller  général. 


2°  circonscription  de  ROUEN 
M.  le  comte  de  PO  MERCI! 

Elu  au  lor  tour  de  scrutin.  —  10.637  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

En  me  présentant  de  nouveau  à  vos  suffrages,  avec  la  conscience  d’avoir  loyalement 
rempli  mon  maudat,  je  ne  veux  pas  laisser  ouvrir  le  scrutin  sans  adresser  à  chacun  de 
vous,  en  même  temps  que  mes  remerciements,  l'expression  de  mon  dévouement  et  de  ma 
sympathie. 

Invinciblement  attaché  à  la  politique  de  conciliation,  je  me  suis  mis,  pendant  toute  la 
durée  de  la  législature,  à  la  disposition  de  tous,  m’efforçant  d’assurer  mon  concours  à 
chacun,  sans  distinction  d’opinion. 

C’est  encore  cette  politique  d’union  que  je  pratiquerai  demain.  Si  vous  me  renvoyez  à 
la  Chambre,  j’y  rentrerai  avec  la  même  indépendance  de  tout  esprit  de  parti,  le  même 
souci  de  vos  intérêts,  la  même  volonté  de  défendre  le  commerce,  l’industrie,  l’agriculture 
de  notre  grande  région. 

Comme  par  le  passé,  je  m’opposerai  à  toute  aggravation  des  charges  des  contribuables: 
je  voterai  la  diminution  des  frais  de  justice,  la  réduction  du  service  militaire  dans  la  mesure 
compatible  avec  les  intérêts  de  la  défense  nationale,  le  maintien  des  tarifs  protecteurs,  les 
projets  destinés  à  combattre  le  vagabondage  dans  nos  campagnes. 

Je  réclamerai  énergiquement  ;  pour  toutes  les  associations,  le  droit  commun  ;  —  pour 
les  parents,  la  liberté  absolue  de  choisir  les  maîtres  de  leurs  enfants;  —  pour  tous  les 
citoyens,  le  libre  accès  aux  fonctions  publiques. 

Je  m’efforcerai  de  venir  en  aide  aux  populations  des  villes  et  des  campagnes  eu  votant 
une  loi  qui,  par  de  larges  subventions  à  la  mutualité,  mettra  les  ouvriers  atteints  par  l'àge 
ou  la  maladie  à  l’abri  du  besoin. 


Électeurs, 

Fidèle  à  mon  programme  et  à  mes  engagements,  j’ai  soutenu  le  Ministère  modéré  de 
M.  Méline,  comme  je  défendrai  à  l’avenir  tout  Ministère  républicain  libérai  décidé  à  lutter 
sans  merci  contre  les  menées  des  cosmopolites,  contre  les  collectivistes  et  les  ennemis  de 
l’armée. 


—  873 


N*  1162 


Vous  me  trouverez  toujours  au  premier  rang  pour  combattre  les  hommes  qui  portent 
atteinte  aux  consciences,  menacent  la  liberté  du  travail  et  la  propriété,  sèment  la  haine  et 
la  division  entre  les  citoyens  et  cherchent  à  diminuer  l'idée  de  patrie* 

Comte  de  ROMEREU,  , 

Maire  du  Héron, 

Conseiller  général  de  la  Seine-Inférieure. 
Député  sortant. 


30  circonscription  de  ROUEN 
M.  Julien  GOUJON 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  7.506  voix. 


Programme. 

Application,  dans  un  sens  plus  sincère  et  plus  démocratique,  de  la  Constitution. 

Suprématie  de  la  Chambre  des  Députés  en  matière  financière. 

Séduction  du  nombre  des  Députés. 

Décentralisation  administrative . 

Extension  des  pouvoirs  et  des  attributions  des  Conseils  généraux  et  des  Conseils  muni- 
dp aux. 

Suppression  des  Conseils  d’arrondissement  et  des  sous-préfectures. 

Suppression  des  emplois  et  fonctions  inutiles.  —  Relèvement  du  traitement  des  petits 
fonctionnaires. 

Obligation  pour  VÉtat,  les  départements  et  les  communes  (comme  pour  les  autres 
patrons)  de  respecter  les  croyances  et  les  opinions  de  tous  les  fonctionnaires,  commis  et 
employés. 

Protection  du  travail  national. 

Amélioration  du  tarif  général  des  douanes. 

Obligation  pour  l’État  de  ne  faire  ses  commandes  à  l’étranger  qu’en  cas  d’impossibilité 
absolue  de  les  faire  exécuter  en  France. 

Suppression  des  primes  sur  les  navires  construits  à  l’étranger. 

Taxe  sur  les  ouvriers  étrangers,  qui  n’ont  pas  à  supporter  les  charges  des  ouvriers 
français. 

Maintien  de  la  propriété  individuelle;  liberté  de  Fepargne, 

Répression  énergique  de  l'agiotage  et  de  l’accaparement,  en  ce  qui  concerne  notamment 
les  blés  et  autres  denrées  nécessaires  à  l’alimentation. 

Interdiction  de  tout  nouveau  monopole  au  profit  de  l'État,  sauf  en  ce  qui  concerne  les 
objets  relatifs  à  la  défense  nationale. 

Organisation  démocratique  du  travail. 

Liberté  absolue  d'association  pour  les  syndicats  comme  pour  tous  les  autres  citoyens. 

Réduction  du  travail  à  dix  heures  dans  les  usines  et  ies  manufactures,  et  à  huit  heures 
dans  les  mines  et  les  exploitations  souterraines  ou  reconnues  dangereuses  pour  la  santé  du 
personnel  employé,  sans  distinction  dJàge  ou  de  sexe.  Exception,  toutefois,  pourra  être  laite 
à  cette  règle  suivam  les  saisons  ou  suivant  les  localités,  par  arrêté  du  maire,  après  avis  des 
Chambres  syndicales  et  I®  Conseil  municipal  entendu. 

i%ù 


—  874  - 

Suppression  de  la  concurrence  faite  au  travail  honnête  et  Jibre  par  la  main-d'œuvre 
pénale  des  prisons  centrales  et  départementales. 

Amélioration  de  la  loi  sur  les  accidents  du  travail,  —  Son  extension  à  tous  les  salariés 
commis  et  employés  du  commerce,  de  l'industrie  et  de  l'agriculture. 

Réparation  plus  équitable  et  surtout  plus  rapide  du  préjudice  causé. 

Création  d'assurances  mutuelles  sur  la  mortalité  des  animaux. 

Achèvement  de  la  loi  sur  les  conseils  de  prud'hommes.  —  Son  extension  aux  employés 
du  commerce  et  de  l'agriculture,  ainsi  qu'au  personnel  actif  et  sédentaire  des  chemins  de 
fer,  des  tramways  et  autres  compagnies  de  transport. 

Repos  hebdomadaire  pour  tous  les  salariés  de  l'État  comme  pour  les  ouvriers,  commis 
et  employés  du  commerce  et  de  l'industrie.  Réglementation  du  repos  hebdomadaire  paries 
maires,  après  avis  conforme  des  associations  professionnelles  ou  des  Conseils  municipaux. 

Amélioration  des  lois  relatives  à  l'assistance  judiciaire  et  aux  saisies-arrêts  sur  les 
salaires  des  ouvriers  et  des  commis  et  employés  de  commerce. 

Achèvement  du  Gode  du  travail. 

Création  d’une  Caisse  nationale  de  retraites  pour  la  vieillesse  et  r assistance  obligatoire 
aux  infirmes  et  aux  incurables. 

Caisse  de  retraites  ouvrières  sans  qu'il  soit  touché  aux  salaires  et  gérée  par  les  sociétés 
de  secours  mutuels  largement  encouragées  par  les  pouvoirs  publics. 

Accession  des  employés  et  des  voyageurs  à  l'élection  des  tribunaux  et  des  chambres  de 
commerce.  —  Même  électorat  pour  lesdits  tribunaux  et  chambres  de  commerce. 

Répartition  plus  équitable  et  plus  démocratique  des  impôts  et  des  charges  publiques, en 
tenant  compte  d'une  façon  plus  juste  et  plus  humaine  des  revenus  de  chacun. 

Allégement  des  patentes  et  de  toute  autre  taxe  qui  n'en  serait  qu’une  superfétation. 

Allégement  progressif  de  la  patente  en  faveur  des  nombreuses  farndles. 

Révision  radicale  de  la  loi  du  29  décembre  1900  sur  le  régime  des  boissons. 

Dégrèvement  des  lois  et  licences  qui  frappent  si  lourdement  le  commerce  des  liquides. 

Suppression  du  privilège  des  bouilleurs  de  cru,  sans  augmentation  du  nombre  des 
fonctionnaires  et  sans  vexations  chez  les  propriétaires  récoltants. 

Suppression  effective  de  l’exercice  chez  les  débitants. 

Révision  des  lois  qui  régissent  les  taxes  d'inspection  et  de  vérification  des  poids  et 
mesures. 

Assujettissement  des  coopératives  et  des  économats,  lorsqu'ils  exercent  véritablement 
lo  commerce,  au  régime  fiscal  applicable  aux  autres  commerçants. 

Répression  de  la  concurrence  faite  au  commerce  sédentaire  par  déballeurs  et 
annonciers  de  liquidations  fictives. 

Liberté  d’association  pour  tous  les  citoyens.  —  Liberté  des  consciences  et  liberté  des 
cultes. 

Respect  absolu  du  droit  et  de  l'autorité  du  père  de  famille  en  matière  d'enseignement 

Accessibilité,  par  voie  de  concours,  de  tous  les  citoyens  aux  bourses,  grades  et  fonctions, 
s'ils  justifient  de  leur  honorabilité,  sans  distinction  de  croyances  ou  de  religions. 

Réduction  du  service  militaire  à  deux  ans  avec  suppression  des  dispenses  ayant  un 
autre  caractère  que  le  besoin  réel  de  la  famille. 

Révision  du  Gode  de  justice  militaire.  —  Atténuation  des  peines. 

Compétence  des  tribunaux  de  droit  commun  pour  les  infractions  n'ayant  pas  un  carac¬ 
tère  purement  disciplinaire. 

Politique  étrangère  suivie  avec  plus  de  fermetêjet  surtout  d'une  façon  plus  conforme  à 
nos  traditions  national  es  - 

Vive  la  République  ! 

Vive  la  liberté  ! 

Julien  GOUJON. 


—  85  S 


N°  1162 


4e  circonscription  de  ROUEN 
M.  QUILBEÜF 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  7.912  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Dans  quelques  jours,  vous  allez  être  appelés  à  choisir  de  nouveau  votre  représentant  à 
la  Chambre  des  Députés.  Je  viens  solliciter  de  vous  le  renouvellement  du  mandat  que  vous 
m’avez  fait  L’honneur  de  me  confier  en  189 S. 

Fidèle  aux  déclarations  que  je  vous  avais  faites  alors,  j’ai  désapprouvé  plusieurs  des 
lois  qui  ont  été  votées,  parce  qu’elles  ne  m’ont  point  paru  inspirées  par  les  sentiments  de 
justice  et  d’équité  qui,  seuls,  doivent  guider  le  législateur. 

j'en  citerai  quelques-unes  :  la  loi  sur  les  boissons,  qui  a  soulevé  tant  de  protestations 
et  entraîné  un  gros  déficit;  la  loi  sur  les  successions  qui,  après  avoir  très  justement  admis 
la  déduction  du  passif,  a  réparti  l’augmentation  suivant  une  règle,  non  pas  proportionnelle, 
mais  progressive  à  rebours,  puisqu’elle  porte  sur  ies  plus  petites  parts  successorales  et 
s’arrête  aux  grosses  fortunes  ;  la  loi  sur  les  associations,  qui  enlève  le  droit  d  enseigner  a 
une  catégorie  de  citoyens  et  la  rejette  hors  du  droit  commun. 

Par  contre,  j’ai  donné  mon  approbation  entière  à  la  loi  qui  a  supprimé  l’admission  tem¬ 
poraire  des  blés,  la  faculté  d’entrepôt  et  le  trafic  des  acquits-à-caution,  si  piéjudiciables  aux 
intérêts  de  l’agriculture. 

J’ai  été  l’initiateur  de  la  loi  du  30  juin  1899,  relatif  aux  accidents  du  travail  agricole. 

J’ai  réussi,  malgré  l’opposition  du  rapporteur  de  la  Commission  du  budget  et  du 
Ministre  des  Finances,  à  faire  attribuer  aux  communes,  pour  leurs  sapeurs-pompiers,  la 
totalité  de  la  taxe  spéciale  de  1.200.000  francs. 

D’autres  réformes,  depuis  longtemps  étudiées  et  prêtes  à  venir  en  discussion,  n’ont  pu 
être  votées,  notamment  la  loi  sur  les  graines  oléagineuses  et  les  huiles  ;  la  loi  sur  le  vagabon¬ 
dage,  dont  j’ai  vainement  réclamé  la  mise  à  l’ordre  du  jour,  sans  pouvoir  l’obtenir,  malgré 
l’urgence  de  son  adoption.  11  en  a  été  de  même  pour  le  projet  de  création  des  chambres 
d’agriculture  ;  du  projet  des  patentes,  qui  n’a  pu  être  de  nouveau  discuté  à  la  suite  des 
modifications  apportées  par  le  Sénat. 

La  question  des  retraites  ouvrières  a  fait  l’objet  d’une  étude  approfondie  ;  cependant, 
le  projet  devra  être  remanié,  car  la  très  grande  majorité  des  sociétés  consultées,  et  les 
intéressés  eux-mêmes,  s’y  sont  montrés  nettement  défavorables. 

Je  suis  de  ceux  qui  estiment  que,  sans  recourir  à  un  organisme  nouveau  et  très  coû¬ 
teux,  il  y  aurait  grand  avantage  à  utiliser  l’admirable  institution  des  sociétés  de  secours 
mutuels  et  de  prévoyance;  en  augmentant  leurs  subventions,  on  aurait  en  elles  un  puissant 
auxiliaire  pour  résoudre  ce  grave  problème- 

Je  me  suis  associé  à  la  motion,  votée  par  la  Chambre,  invitant  le  Gouvernement  à  étu¬ 
dier  s’il  serait  possible  d’abaisser  à  deux  ans  la  durée  du  service  militaire,  qui  pèse  si 
lourdement  surtout  sur  les  classes  laborieuses.  Je  voterai  cette  modifr^tion,  dès  qu’il  sera 
établi  qu’elle  he  causera  aucun  préjudice  à  la  bonne  organisation  de  notre  armée  et  ne 
portera  pas  atteinte  à  sa  solidité.  L’armée  doit  rester  en  dehors  de  nos  discussions  et  de  nos 
luttes  politiques,  tout  en  demeurant  l'objet  de  notre  plus  sérieuse  attention,  ainsi  que  de 
notre  constante  sollicitude,  afin  qu’elle  soit  toujours  forte  et  respectée. 


—  876  — 


Electeurs, 

Républicain  sincère  et  libéral,  j’ai  désapprouvé  la  politique  du  Ministère  actuel,  parce 
qu’il  a  cru  devoir  s’allier  aux  socialistes  collectivistes. 

J’entends  rester  fidèle  à  mon  programme  de  1898,  qui  comprenait  :  le  maintien  de  la 
Constitution;  le  rejet  de  l’impôt  global  et  progressif  sur  le  revenu,  qui  ne  peut  qu’être  inqui¬ 
sitorial  et  vexatoire;  l’économie  la  plus  rigoureuse,  exigée  par  l’état  actuel  de  nos  finances' 
le  respect  de  la  liberté  individuelle,  du  travail  et  de  la  propriété  ;  la  liberté  de  l’enseigne¬ 
ment,  sous  le  contrôle  et  la  surveillance  de  l’État  ;  le  rejet  du  monopole  universitaire  et  du 
stage  scolaire. 

Comme  l’agriculture,  le  commerce  et  l’industrie  ont  besoin  d’être  encouragés  et  pro¬ 
tégés.  Je  continuerai  à  m’associer  à  toutes  les  mesures  susceptibles  de  donner  nu  nouvel  et 
plus  grand  essor  au  travail  national,  parce  que  tous,  patrons  et  ouvriers,  dont  les  intérêts 
sont  solidaires,  seront  appelés  à  en  bénéficier. 

Électeurs, 

Je  n’ai  point  hésité  à  prendre  la  parole  au  Parlement,  lorsqu’il  m’a  paru  utile  de 
défendre  vos  droits  et  yos  intérêts.  Vous  avez  pu  juger,  par  mes  votes,  si  je  me  suis  fidè- 
lement  acquitté  de  mou  mandat. 

À  vous  de  décider  !  Quant  à  moi,  convaincu  d’avoir  consciencieusement  et  loyalement 
tenu  les  engagements  que  j’avais  pris  envers  vous,  j’attends  avec  confiance  le  verdict  que 
vous  rendrez  le  27  avril. 

Vive  la  France!  Vive  la  République! 

QU1LBEUF. 


Circonscription  d’YVETOT 
M.  LECHEVALEIER 

Élu  au  l“r  tour  de  scrutin.  —  12.995  voix. 


Messieurs  et  chers  Concitoyens, 

En  cédant  aux  affectueuses  sollicitations  qui  me  sont  venues  de  tous  les  points  de 
l’arrondissement  et  en  acceptant  pour  la  sixième  fois  la  candidature  aux  élections  législa¬ 
tives  prochaines,  j’ai  obéi  à  une  seule  considération  ;  mes  amis  m’ont  affirmé  qu’il  me 
restait  encore  un  devoir  à  accomplir  ;  c’était  de  donner  mon  nom  afin  de  leur  permettre  de 
faire  l’union  des  électeurs  de  nos  deux  anciennes  circonscriptions  sur  un  programme  répu¬ 
blicain  et  d’afiirmer  leurs  sentiments  dans  une  œuvre  de  paix  et  de  concorde  pour  le  bien 
de  notre  pays. 

Devant  cette  déclaration,  ma  réponse  ne  pouvait  être  douteuse  :  j’ai  accepté. 

Ai-je  besoin  d  allirmer  à  nouveau  ma  politique?  Depuis  vingt  ans  que  j’ai  l’honneur  de 
représenter  la  première  circonscription, je  suis  resté  fidèle  à  notre' vieille  devise:  «Ni 
réaction  1  ni  révolution  1  ».  Aujourd’hui  comme  hier,  je  demeure  attaché  à  une  politique 
républicaine,  largement  réformatrice,  respectueuse  des  droits  de  tous  et  comme  je  l’ai 
toujours  fait,  je  soutiendrai  un  ministère  soucieux  des  deniers  publics,  tolérant,  partisan 
de  la  liberté  de  l’enseignement  et  de  la  liberté  de  conscience.  Rappelant  les  paroles  de 
Gambetta,  je  répète  avec  lui  que  les  plis  du  drapeau  républicain  sont  assez  larges  pour 
abriter  tous  les  citoyens  sincèrement  attachés  aux  principes  de  la  liberté  de  1789. 


n°  im 


—  877 

Mais,  demain  comme  hier,  je  combattrai  résolument  la  politique  radicale-collectiviste, 
depuis  près  de  trois  ans  implantée  dans  les  conseils  du  gouvernement,  et  qui  est  la  néga¬ 
tion  des  idées  de  liberté,  de  justice  et  de  progrès.  A  celle  chimère  si  peu  séduisante  et  à 
coup  sûr  rétrograde*  qui  prétend  faire  de  l’Étal*  devenu  propriétaire  unique*  le  répartiteur 
du  travail  et  des  fruits  du  travail,  j’oppose  carrément  la  défense  de  la  propriété  indivi¬ 
duelle,  parce  qu’elle  est  le  stimulant  admirable  et  nécessaire  de  l’initiative*  le  but  d’efforts 
incessants,  d’où  naissent  chaque  jour  une  variété  et  une  richesse  de  découvertes  dont  pro¬ 
fite  l’humanlfê. 

Je  suis  non  moins  décidé  à  laisser  en  dehors  des  discussions  stériles  de  la  politique, 
au-dessus  des  passions  au  milieu  desquelles  se  heurtent  les  partis,  notre  armée  nationale, 
composée  de  tous  les  enfants  de  la  France,  et  je  flétris  avec  indignation  les  inconscients  ou 
les  misérables  qui  l’insultent,  à  la  grande  joie  de  l’étranger. 

Je  déclare,  en  outre,  que  je  voterai  le  service  militaire  de  deux  ans  pour  tous,  persuadé 
que  cet  adoucissement  à  la  loi  ne  peut  compromettre  la  sécurité  de  la  patrie*  à  laquelle 
nous  devons  toujours  penser.  Je  considère  aussi  qu’une  atténuation  des  charges  qui  pèsent 
sur  nos  braves  marins  doit  être  le  corollaire  d’une  modification  de  la  loi  militaire. 

N  'avons- nous  pas,  en  dehors  des  questions  irritantes  pour  le  pays*  ou  derrière  le 
rideau  s'agitent  des  ambitions  personn elles,  assez  de  raisons  de  nous  unir  sur  un  terrain 
commun  d'entente?  Il  suffit  d’en  rappeler  quelques-unes. 

La  plus  importante  de  toutes,  c’est  d’assurer  l’équilibre  du  budget,  sans  emprunts  et 
sans  impôts  nouveaux  ;  à  cet  égard,  j’affirme,  comme  membre  de  la  Commission  du  budget, 
que  le  corps  électoral,  en  exigeant  de  ses  candidats  l’engagement  formel  de  suivre  une 
politique  d’économies,  rendra  un  grand  service  au  pays. 

Nous  avons  aussi  le  devoir  de  penser  aux  vieux  ouvriers,  en  leur  constituant  des 
retraites*  mais,  en  cette  circonstance  comme  en  beaucoup  d’autres*  le  parti  radical-collec¬ 
tiviste  a  montré  son  ignorance  absolue  des  conditions  du  travail  en  proposant  de  prélever 
obligatoirement  sur  les  travailleurs  une  partie  de  leur  salaire  quotidien. 

Nous  avons  beaucoup  mieux  à  faire  que  de  rogner  le  salaire  des  ouvriers,  déjà  insuffi¬ 
sant;  c’est  de  laisser  la  liberté  à  tout  le  monde  et  de  constituer  des  pensions  de  retraites 
par  l’intermédiaire  des  Caisses  d'épargne  et  des  Sociétés  de  secours  mutuels*  dont  l’action 
bienfaisante  est  si  hautement  appréciée  de  nos  populations  laborieuses. 

ParleraLje  de  la  loi  sur  le  régime  des  boissons,  qui  a  mécontenté  tout  le  monde: 
municipalités,  débitants,  consommateurs  et  producteurs  ?  En  votant  contre  Vaugmentation 
du  droit  sur  Falcool*  contre  l’élévation  des  licences  des  débitants  et  contre  l'ensemble  de 
cetielol  dont  tout  le  monde  souffre  aujourd’hui,  je  pensais  bien  défendre  les  intérêts  de 
notre  région  ;  les  faits  m’ont  cent  fois  donné  raison.  Je  suis  donc  de  ceux  qui  estiment 
qu’une  modification  dans  le  sens  de  l’abaissement  des  taxes  est  indispensable. 

D’autres  questions  importantes  appelleront  F  attention  du  Parlement.  Qu’il  me  suffise 
de  vous  faire  cette  déclaration  :  je  soutiendrai,  comme  par  le  passé,  la  sécurité  du  travail 
national  par  la  protection  de  l’agriculture,  du  commerce  et  de  l’industrie. 

Comptez  toujours  sur  moi  I  Unissons-nous  sur  le  terrain  de  la  République  modérée* 
véritable  régime  de  liberté  pour  tous  et,  débarrassés  de  ces  discussions  inutiles  de  la  poli¬ 
tique,  nous  maintiendrons  nos  rapports  cordiaux*  afin  de  donner  plus  d’autorité  et  de  force 
à  nos  justes  revendications. 

Veuillez  agréer,  chers  Concitoyens,  mes  respectueuses  salutations. 

F.  LECHE  VALU  ER, 

Maire  d’Yvetot,  Député  sortant,  élu  en  188:1, 1885, 
1889,  1893  et  1898.  —  Membre  du  Bureau  de 
la  Chambre  des  députés. 


~~  818  — 


SEINE-ET-MÀME 


Circonscription  de  COULOMMlEHS 

M.  E.  DËLBËT 

Élu  au  i*r  tour  de  scrutin.  —  1 .1\Ï2  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

il  y  a  huit  ans  que  j’ai  Fhûftfteur  de  vous  représenter  à  la  Chambre  comme  député  de 
Coulommiers  î  je  me  présente  de  nouveau  à  vos  suffrages,  après  avoir  obtenu,  cette  lois 
encore,  l’appui  unanime  du  Comité  républicain  de  l’arrondissement 

L  “  Mon  programme  est  toujours  le  même  :  c’est  celui  de  la  République  démocratique 
et  progressive  ;  celui  que  j’ai  proclamé  et  défendu  sous  l’Empire  même,  quand  j’entrais 
dans  ia  vie  politique  il  y  a  quarante  ans-  Quelques  mots  suffiront  pour  en  résumer  les  prin¬ 
cipes  :  liberté  civile  et  polilique;  respect  à  la  religion  ;  neutralité  religieuse  ;  prédominance 
du  pouvoir  civil  sur  les  éléments  militaire  et  spirituel  ;  culte  de  la  patrie,  la  plus  grande  et 
la  plus  noble  des  institutions  humaines  ;  honneur  et  respect  à  l’armée  chargée  de  la 
défendre  à  l'abri  du  glorieux  drapeau  de  la  France  $  à  l’armée  qui  doit  rester,  sans  se  mêler 
de  politique,  la  grande  école  de  discipline  et  de  devoir  qu’elle  a  été  aux  plus  beaux  jours 
de  notre  histoire  ;  ni  militarisme,  ni  cléricalisme.  Égalité,  solidarité,  prévoyance  sociale. 
Enfin,  ce  qui  résume  tout,  ordre  et  progrès  sous  l'égide  de  la  République,  seule  garantie 
pour  la  prospérité  générale. 

Ce  programme,  je  fai  défendu  par  mes  paroles  et  par  mes  actes  avec  une  énergique 
persévérance,  en  toute  circonstance,  au  Parlement  comme  au  Conseil  général. 

Je  n’ai  flatté  personne,  pas  même  les  déshérités  de  la  fortune,  pas  même  ces  humbles 
et  cee  pauvres  qu’il  est  si  facile  do  séduire  par  des  promesses  et  de  belles  paroles;  mais  j’ai 
servi  leur  cause  en  toute  occasion,  sans  bruit,  sans  réclame,  dans  les  limites  de  la  prudence 
et  de  la  justice, 

À  mes  amis  même,  je  sais  dire  la  vérité,  en  refusant  de  les  suivre,  quand,  voulant  aller 
trop  vite  ou  trop  loin,  ils  compromettent  là  cause  du  progrès.  J’ai  horreur  de  l'absolu,  sous 
toutes  ses  formes,  et  des  vaines  déclarations  qui  en  sont  la  conséquence  ;  je  vise  le  possible, 
estimant  qu’au  delà  il  n’y  a  rien  que  surenchère  électorale  ou  promesses  intéressées,  le 
promets  une  seule  chose  :  faire  mon  devoir,  et  c’est  assez  si  j’ai  voire  confiance. 

JL  —  Ces  principes,  qui  m’ont  guidé  dans  ma  conduite  politique,  n’ont  jamais  été 
mieux  représentés  au  pouvoir  que  par  le  ministère  de  défense  et  d’action  républicaine,  dont 
M-  Waldock- Rousseau  est  le  chef,  sous  la  présidence  de  M,  Émile  Loubet,  le  vieux  républi- 
cain  digne  de  tout  respect  :  c’est  pourquoi  j’ai,  dés  la  première  heure,  donné  mon  entier 
concours  à  ce  Gouvernement. 

Je  continuerai  de  le  faire  et,  s’il  quitte  les  affaires,  je  suivrai  ceux  qui  marcheront  dans 
la  même  voie,  la  seule  qui  puisse  assurer  la  paix  sociale  et  le  progrès  sous  toutes  ses 
formes. 


H*  1162 


-»  m  - 

Après  avoir  calmé  les  c^prî^s  par  le  seul  recours  à  1^  raison  §t  au  bon  seps  ^  après  avoir 
rétabli  l’ordre  dans  la  rue  et  le  respect  de  Fautorifé  sans  verser  une  goutte  de  sang  français, 
le  ministère  a  assuré  la  stabilité  gouvernementale  par  Faccord  des  républicains  à  la 
Chambre  et  au  Sénat  et  i!  a  pu  enfin  aborder  les  réformes,  en  proposant  d’abord  celles 
pour  lesquelles  une  majorité  était  possible, 

III.  —  Énumérer  toutes  ces  réformes  serait  trop  long,  car  elles  s'appliquent  à  tous  les 
domaines:  législatif,  économique,  administratif;  au  militaire  aussi  bien  qu’au  civil;  mais 
toutes  sont  inspirées  par  le  même  esprit  généreux  et  progressif  ï  suppression  des  privilèges; 
lois  sur  les  accidents?  prQtçctyjce  des  intérêts  des  faibles;  lois  de  protection  et  de  prévoyance 
sociales;  développement  des  mutualités  en  attendant  les  grandes  lois  d’assistance  sur  la 
vieillesse  et  la  loi  relative  aux  retraites  ouvrières*  Toutes  deux  ont  été  préparées  par  la 
grande  Commission  de  prévoyance  sociale,  à  laquelle  fai  travaillé  comme  un  des  membres 
les  plus  actifs  pendant  toute  la  durée  de  la  précédente  législature;  loi  sur  les  associations, 
enfla  votée,  réglementant  cette  difficile  matière,  imposant  à  tons,  et  surtout  aux  congréga¬ 
tions  religieuses,  la  Tègle  commune;  réforme  de  Ja  Joi  sur  les  boissons  et  lutte  contre 
Falcoolisme  ;  justice  sociale  à  tous  les  degrés* 

IV.  —  Les  armées  de  terre  et  de  mer  ont  été  accrues  et  pourvues  d’un  matériel  perfec¬ 
tionné  ;  la  situation  des  officiels  gt  des  soJdjUg  a  été  améliorée  ;  une  armée  coloniale  com¬ 
posée  de  volontaires  a  été  créée;  les  grades  ont  été  rendus  plus  accessibles  à  ceux  qui 
sortent  du  rang.  C’est  ainsi  que  les  républicains  répondent  aux  attaques  de  ces  ligueurs 
nationalistes  qui  prétendent  exploiter  à  leur  profit  les  sentiments  patriotiques!  Honneur 
aux  généraux  qui,  dédaigneux  de  ces  stupides  attaques,  ont  poursuivi  cette  nobïe  tâche  et 
l’achèveront  en  établissant  le  service  de  deux  ans! 

V*  —  Que  valent  les  attaques,  contre  nos  Finances,  de  ceux  qui  crient  partout  que  la 
France  marche  à  la  faillite,  parce  que  nous  avons  h  faire  face  aux  difficultés  d’une  année 
mauvaise!  Notre  crédit  qui  nous  a  permis,  chose  inouïe  jusqu’ici,  de  réaliser  au  pair  un 
grand  emprunt  ;  létaux  de  notre  rente,  le  plus  élevé  qu’il  y  ait  en  Europe,  disent  assez 
quelles  sont  fausses,  qu’plies  spnt  l’œuvre  mauvais  citoyen^, 

Mais  n’oublipns  pas  qqe  F  économie  est  le  plus  impétueux  deg  (ipvoir^  cqpime  le  répète 
si  souvent  notre  Ministre  des  Finances:  rédqïppns  les  gros  traifeqiepts  et  pméîiorops  Ipp 
pçtitS;  Nqqs  ayqps  trQp  dépensé  et  trqp  d^jïçrsé  nos  ressources  flans  h  ÇféâtioP  notre 
immense  empire  colonial:  le  moment  est  venu  de  limiter  efforts  et  (Je  !§§  copqentrer 
pour  l’exploit ati o a  des  parles  les  plu§  fécond^  dp  pe|  gpipjr& 

VL  —  Sous  l’habile,  sage  et  fenne  (Jireçtipq  de  i\L  Jeaq  Pupuy,  l’agrïçulture  a  reçu 
rpide  et  fappqi  qui  Itjj  §ont  indispensables  :  Fprppisajjon  crédit  agpgole  pt  des  assu¬ 
rances  mutuelles  ;  )e  régime  tjes  adjugions  tempqrriirçs  ïnqdj#é  !a  ^pécql^tjqç  sqr  JeEj 
acquits-à-cautïou  arrêtée  :  l’encouragement  à  l’emploi  industriel  dé  l^lcupt  dénaturé;  l’en- 
^jgqerppnt  agrjçoje  développé;  la  qr^atjqp  d’un  office  spécial  de  re|isçigqements  pour 
l’agriculture  et  tant  d’aqtres  réformes  Ig  proqveqt  à  féyidençp* 

Vif*  —  Jamais  la  situation  élqçtpj'gjq  n’a  $$  plus  nçtte  que  dans  cjjrçpn^ances 
actuplles, 

En  face  de  nqps  3$  (Jfçsse  la  cohue  dp$  partis  arriérée  pq  rétrogrades  qui,  à  des  titres 
divers  et  avec  des  vues  opposées,  sous  fpqs  Jgs  masques^  ipèpeqt  campagng  cqntye  Ip  ^épUr 
hjique,  contre  le  progrès  sqeiql,  peur  1$$  restaurations  cléricale^,  pqQppfgjiiquef  ou  aristo¬ 
cratiques.  Ces  ligueurs,  qui  n’ont  pu  réussir  ni  par  la  violence  ni  par  l’injure  et  la  cqlpmpie, 
opt  organisé  dqns  iqptç  [a  fyance,  aygp  de  l’argepf  qui  nq  leur  poûte  gpèrp,  un  imrpense 
efïprt  m  vuq  d3S  éleetpp^, 

Juge^-en  par  ce  qui  se  passe  dans  notre  arrondissement:  ils  y  sont  représentés  par  qn 
inconnu,  venu  parmi  ppps  sans  qtiq  peyspqqe  Tajt  appqlê?  spqs  autfe  ration  que  ces  çory- 
pMes  çftme  presse  qui  fajt  ïpétier  d’ip^pl^er  les  honnête^  gens  et  surtopf  les  rpptiblicajqs* 
Sa  candidature  est  une  sorte  de  défi  injurieux  à  notre  pays  de  Brie,  qui  n’q  îpapqué 

tljpmipes  pour  le  représenter. 

J'habite  parmi  vous  depuis  près  de  cinquante  ans  et  la  p|ug[granqg  paftiç  de  njg  vie  a 


—  880  — 


été  consacrée  au  service  du  pays.  Je  connais  son  esprit  et  ses  besoins,  et  vous  m'avez  tou¬ 
jours  vu  au  premier  rang  parmi  les  républicains,  travaillant  sans  relâche  à  la  réalisation  du 
progrès  social* 

Entre  ces  deux  candidatures,  vous  n’hésiterez  pas,  j’en  suis  convaincu.  J’attends  sans 
crainte  le  verdict  que  vous  rendrez  le  27  avril,  en  aïïirmant  par  vos  votes  que  je  n'ai  perdu 
ni  votre  sympathie,  ni  votre  confiance. 

Nous  travaillerons  encore  ensemble  au  triomphe  de  la  République  ï 

E.  DELBET, 

Conseiller  général  depuis  vingt-deux  ans,  — 
Maire  de  La  Ferté-Gaucher  depuis  vingt-six 
ans.  —  Fondateur  et  Président  du  Syndicat 
agricole, 


Circonscription  de  FONTAINEBLEAU 

M,  GIROD 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  — 10,758  voix. 


Citoyens, 

Un  congrès  démocratique,  réuni  à  Nemours  le  2  février  1902,  auquel  assistaient 
six  cents  délégués  de  toutes  les  communes  de  l’arrondissement,  a  décide  déposer  ma  candi¬ 
dature  à  l'élection  législative  du  27  avril  courant. 

C’est  au  nom  de  ces  six  cents  délégués  que  je  viens  solliciter  vos  suffrages,  comme 
candidat  démocrate  radical-socialiste. 

J'ai  poursuivi  dans  vos  communes  une  série  de  réunions  publiques  dans  lesquelles  je 
vous  ai  fait  connaître  mon  passé  et  mon  programme. 

Je  suis  aujourd'hui  l’objet  des  attaques  les  plus  violentes,  je  sais  d’où  elles  viennent; 
la  main  des  Jésuites,  des  congrégations  et  des  cléricaux  de  tous  genres  se  trouve  dans  ces 
manœuvres  de  la  dernière  heure. 

J’oppose  les  dénégations  les  plus  nettes  h  toutes  ces  accusations  et  je  vous  donne  comme 
garantie  de  mon  passé  les  fonctions  que  j'ai  occupées  jusqu’à  ce  jour. 

En  1880,  j'exécutais  les  décrets  contre  les  congrégations; 

En  1885,  j'étais  chargé  par  le  ministère  Goblet  de  la  liquidation  des  biens  de  l’évêché 
du  Mans,  et  si  j’avais  été  un  mauvais  serviteur  de  la  République,  après  avoir  été  sous-préfet 
de  Bastia,  je  n’aurais  pas  été  nommé  successivement  ; 

Chef  adjoint  du  cabinet  du  Ministre  du  Commerce  et  de  l'Industrie,  par  M-  Terrier,  mi¬ 
nistre  radical  ; 

Je  n’aurais  pas  été  nommé  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  par  son  successeur, 
M.  Marty,  et  le  décret  qui  me  nomme  n’aurait  pas  rappelé,  comme  il  le  fait,  mes  services  à 
Bastia. 

Je  n’aurais  pas  été  nommé  chef  de  service  au  Ministère  des  Colonies,  puis  directeur  du 
cabinet  du  personnel  et  du  secrétariat  dans  le  même  ministère  par  un  autre  ministre  ra¬ 
dical,  M,  Chau temps. 

Je  n’aurais  pas  été  nommé  gouverneur  de  classe  des  colonies,  en  1896,  par 
M.  Guieysse,  également  radical. 


—  881 


N°  1162 


Enfin,  je  n'aufâis  pas  été  nommé  gouverneur  de  lre  classe  des  colonies,  le  17  janvier  de 
cette  année,  par  le  gouvernement  de  Défense  républicaine. 

Que  celui  de  mes  adversaires  qui,  clans  les  réunions  publiques,  déclare  marcher  avec 
moi  la  main  dans  la  main,  alors  qu'il  me  fait  attaquer  avec  la  dernière  violence  par  las 
membres  de  son  comité,  dans  l'Informateur  et  Y  Indépendance,  répandus  à  profusion  dans 
toutes  les  communes,  offre  de  pareilles  références! 

Je  n'ai  pas  à  insister  sur  les  attaques  du  citoyen  Dupuich  :  elles  se  produisent  en 
dehors  des  républicains  ;  elles  viennent  d’un  adversaire  déclaré  de  la  première  heure  et  qui 
représente  une  doctrine  politique  absolument  opposée  à  la  nôtre  ;  les  électeurs  jugeront  et 
sauront  faire  justice. 

Je  suis,  comme  vous  le  savez,  fixé  à  Nemours,  j'y  habite  avec  ma  famille,  c’est  là  oii 
vous  me  trouverez  en  toutes  circonstances. 

Si  vous  me  faites  l'honneur  de  m'envoyer  à  la  Chambre,  je  prends  l'engagement  de 
venir  rendre  compte  de  mon  mandat,  tous  les  ans,  dans  tous  les  cantons. 

Au  congrès  de  Nemours,  j’ai  pris  l'engagement  de  suivre  fidèlement  la  discipline  répu¬ 
blicaine.  Je  maintiens  mon  engagement;  malgré  les  attaques  que  dirigent  contre  moi  les 
promoteurs  de  la  candidature  du  citoyen  Labori,  je  me  désisterai  en  faveur  de  ce  dernier 
s’il  a  plus  de  voix  que  mot;  l'intérêt  de  notre  parti  doit  passer  avant  tout. 

Vous  connaissez  mon  programme  politique  :  ü  comprend  toutes  les  revendications  du 
parti  radical-socialiste  ; 

Élection  do  Sénat  au  suffrage  universel.  —  Suprématie  de  la  Chambre  en  matière 
financière. 

Séparation  des  Églises  et  de  l'État.  —  Application  de  la  loi  sur  les  associations,  —  Vote 
d’uiè  loi  sur  les  biens  d'églises  et  sur  les  personnes  ;  dénonciation  du  Concordat,  suppres¬ 
sion  du  budget  des  cultes  et  de  l'ambassade  du  Vatican, 

Abrogation  de  ia  loi  Falloux.  —  Laïcisation,  dans  le  délai  le  plus  court,  de  tout  notre 
enseignement. 

Modification  de  notre  système  d'impôts,  —  Établissement  de  l’impôt  progressif  sur  les 
revenus.  —  Allégement  des  impôts  indirects  qui  frappent  lourdement  les  travailleurs.  — 
Révision  du  cadastre,  modification  de  l’impôt  foncier.  —  Suppression  de  l'impôt  de 
la  persormeile-mobilière  et  des  portes  et  fenêtres.  —  Suppression  de  la  prestation.  —-Révi¬ 
sion  des  patentes. 

Économies  dans  les  budgets  de  tous  les  ministères.  —  Réduction  des  gros  traitements 
et  des  grosses  retraites.  —  Amélioration  des  traitements  et  des  retraites  des  petits  fonction¬ 
naires  et  des  petits  employés. 

Réduction  du  service  militaire  à  deux  ans,  avec  suppression  complète  de  toutes  les  dis¬ 
penses;  réduction  de  la  durée  des  périodes  d'instruction  pour  la  réserve  et  la  territoriale, 

Rachat  des  chemins  de  fer  par  l’État.  —  Réduction  des  tarifs.  —  Création  de  nouvelles 
lignes  à  voie  normale  dans  F  arrondissement.  —  Amélioration  des  conditions  du  travail  et  de 
la  retraite  pour  tous  les  travailleurs  des  chemins  de  fer. 

Réforme  des  frais  de  justice.  —  Extension  de  la  compétence  des  juges  de  paix.  —  Di¬ 
minution  des  frais  d'huissiers. 

Organisation  de  la  législation  sociale.  —  Protection  de  l'enfance,  —  Protection  de  la 
mère  de  famille.  —  Création  des  caisses  de  dotal ï té  donnant  à  chaque  enfant  un  certain 
capital  à  15  ou  18  ans,  —  Amélioration  et  extension  de  la  loi  sur  les  accidents  du  travail.  — 
Création  de  mutualités;  de  sociétés  de  secours  mutuels;  de  syndicats  de  tous  genres  grou¬ 
pant  les  travailleurs  et  leur  assurant  les  avantages  et  les  bénéfices  auxquels  ils  ont  droit.  ~ 
Organisation  de  l'assistance  médicale  sur  les  bases  les  plus  larges.  —  Création  d'une  retraite 
pour  tous  les  vieillards  à  60  ou  65  ans. 

Telles  sont.  Citoyens,  prises  dans  leur  ensemble,  les  réformes  que  j'entends  défendre 
si  je  deviens  votre  représentant  au  Parlement,  et,  dans  ces  questions,  comme  dans  toutes 
autres,  je  n’aurai  jamais  d'autre  but  que  Fintérôt  de  la  démocratie. 

Vive  la  République  démocratique!  L.  GIROD. 


I 


111 


circonscription  de  MEAUX 
M.  Gaston  MENIER 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  7.080  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Je  vieus,  avec  confiance,  vous  demander  le  renouvellement  de  mon  mandat. 

Vous  me  connaissez  de  longue  date  et  vous  savez  avec  quel  dévouement  j’ai  toujours 
défendu  vos  intérêts. 

Par  mes  actes,  mieux  que  par  mes  déclarations,  vous  pouvez  juger  mes  opinions. 

Mes  adversaires  ne  reculent  devant  aucun  moyen  pour  me  combattre.  La  calomnie  et 
l’injure  sont  leurs  armes  favorites.  Je  me  garde  de  les  imiter. 

.le  viens  sincèrement  vous  exposer  l’œuvre  accomplie  par  la  majorité  républicaine  de  la 
Chambre,  à  laquelle  je  suis  lier  d’appartenir,  et  mon  programme. 

Cette  œuvre  est  considérable  et  la  mauvaise  foi  des  adversaires  de  la  République  est 
impuissante  à  la  diminuer. 

Et  n’est-ce  pas  précisément  parce  que  cette  législature  a  été  féconde  en  améliorations 
de  tout  ordre  que  nous  sommes  l’objet  des  attaques  de  la  réaction? 

En  m'accordant  de  nouveau  vos  suffrages,  vous  approuverez  ces  lois  économiques  et  so¬ 
ciales,  qui  ont  eu  de  si  heureux  effets  pour  les  classes  laborieuses  ;  ces  lois  de  défense  natio¬ 
nale  et  d’amélioration  du  sort  de  nos  soldats,  passées  intentionnellement  sous  silence  par 
les  nationalistes,  craignant  que  voire  bon  sens  ne  leur  objecte  que  la  France  et  l’armée  sont 
mieux  défendues  par  des  mesures  bienfaisantes  que  par  des  manifestations  bruyantes;  cette 
loi  sur  les  associations,  réclamée  depuis  trente  ans,  qui  a  rnis  un  terme  à  l’abus  fait  par  les 
congrégations  religieuses  du  principe  de  la  liberté  contre  la  société  civile. 

Quant  à  mon  programme,  mes  chers  Concitoyens,  c’est  celui  du  grand  parti  répu- 
blicain. 

Pour  être  élu,  je  ne  vous  ferai  pas  de  promesses  irréalisables.  J’estime  que  la  Repu- 
blique  doit  poursuivre  résolument  Paccom  plisse  ment  des  réformes  qui  sont  le  développe¬ 
ment  des  principes  de  la  Révolution  française. 

C  est  pour  cela  que  je  voterai  la  création  d'une  Caisse  de  retraites  pour  les  ouvriers  de 
^industrie  et  de  l'agriculture,  et  que  je  réclamerai  le  développement  des  institutions  de 
1  ré  voyance ,  sociétés  de  secours  mutuels  et  de  retraites  qui  contribuent  puissamment  à 
l’améliora tiou  du  sort  des  plus  humbles. 

Je  veux  la  justice  égale  pour  tous  les  Français  et  la  diminution  des  frais  de  procédure. 

Je  veux  la  réforme  fiscale,  sans  impôts  nouveaux  :  j'ai  proposé  l’impôt  sur  le  capital  cl 
je  considère  qu'en  combinant  ce  système  avec  l’impôt  sur  le  revenu,  comme  dans  les  Répu¬ 
bliques  Suisse  et  des  États-Unis,  on  parviendra,  sans  vexation  d’aucune  sorte,  à  dégrever 
complètement  ceux  qui  n'ont  que  le  nécessaire,  en  prélevant  peu  sur  ceux  qui  u'ont  que 
l'aisance  et  en  frappant  plus  lourdement  la  richesse  acquise. 

Je  veux  la  diminution  graduelle  des  impôts  de  consommation. 

Je  veux  également  une  protection  efficace  de  l'agriculture,  notamment  par  des  subven¬ 
tions  plus  larges  encore  aux  caisses  de  Crédit  agricole,  par  la  création  de  nouvelles  écoles 
professionnelles  et  de  chambres  consultatives. 

J  ai  voté  le  service  militaire  de  deux  ans  égal  pour  tous  et  j*en  reste  partisan,  car  il  est 
démontré  qu  il  est  parfaitement  réalisable  sans  nuire  à  la  défense  nation alo. 

j  J  ai  toujours  réclamé  l'État  laïque.  C'est  donc  vous  dire  que,  tout  en  garantissant  la 


—  883  —  N°  1162 

liberté  de  conscience*  on  doit  poursuivre  la  séparation  de  l’État  des  choses  des  Églises,  en 
volant  au  préalable  une  loi  sur  la  nolice  des  cultes,  qui  sera  au  clergé  séculier  ce  qu’est  la 
joi  des  associations  aux  congrégations  religieuses* 

Si  j’ajoute  que  toutes  les  réformes  pratiques  touchant  à  la  prospérité  du  pays  et  au  bien- 
être  des  travailleurs  —  telle  que  celle  qui  étendrait  aux  ouvriers  agricoles  le  bénéfice 
de  la  loi  sur  les  accidents  —  trouveront  en  moi  un  défenseur  convaincu*  je  vous  aurai 
dit  quelle  voie  j’entends  suivre  si  vous  me  faites  l’honneur  de  me  continuer  votre 
confiance. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Aucun  pari!  n’a  le  monopole  du  patriotisme.  La  Patrie  et  l’armée  sont  notre  patrimoine 
commun.  Il  est  criminel  de  les  mêler  aux  luttes  des  partis,  comme  le  font  les  natio¬ 
nalistes. 

Et  de  quoi  donc  se  compose  ce  parti  soi-disant  nationaliste?  De  tous  les  débris  de  la 
réaction*  unis  seulement  par  le  désir  de  renverser  la  République. 

Ses  hauts  faits  sont  encore  présents  à  vos  mémoires. 

Vous  n’avez  pas  oublié  les  troubles  qui  ont  agité  le  pays,  le  coup  de  main  de  la  caserne 
de  Reuilly,  tenté  par  des  factieux,  les  émeutes- qui  Pont  suivi,  l’odieux  attentat  contre 
le  respecté  Président  de  la  République,  qui  a  soulevé  l’indignation  de  tous  les  vrais 
patriotes. 

La  lutte  n’est  pas  terminée.  Comme  au  16  Mai,  les  adversaires  de  nos  institutions 
leur  livrent  un  furieux  assaut 

Ils  furent  vaincus  alors  par  les  363;  ils  le  seront  demain  par  le  bloc  des  ré¬ 
publicains. 

Candidat  de  ce  bloc  au  mois  de  juillet  dernier,  les  électeurs  du  canton  de  Lagny  m’ont 
donné  un  témoignage  éclatant  de  leur  confiance  en  me  renouvelant  mon  mandat  de  conseiller 
général  par  3 . 533  voix  contre  546. 

C3est  au  nom  de  FUnion  des  républicains  que  je  sollicite  de  nouveau  vos  suffrages. 

Le  27  avril,  vous  direz  que  j’ai  l'ait  mon  devoir  de  bon  Français  et  de  républicain 
en  votant  les  lois  de  défense  républicaine  et  les  lois  sociales  réclamées  par  le  pays, 
et  vous  ferez  triompher  la  politique  de  liberté,  de  travail  et  de  progrès  démocratique. 

Vive  la  France  ! 

Vive  la  République! 

Gaston  MENIER, 

Conseiller  général  de  Lagny, 

Député  sortant. 

Candidat  de  FUnion  des  républicains. 


—  884  — 


2e  circonscription  de  MEAUX 

M.  Émile  CHAUVIN 

Élu  au  lar  tour  de  scrutin.  —  5*514  voix* 


Mes  chers  Concitoyens, 

\ous  m  ayez  envoyé  à  la  Chambre  en  1898  pour  y  soutenir  le  programme  radical- 
socialiste. 

Vous  demandiez  à  votre  mandataire  : 

De  défendre  les  institutions  républicaines  contre  tonies  les  tentatives  de  la  réaction 
cléricale  ; 

De  voler  les  réformes  sociales  destinées  à  diminuer  et  à  supprimer  les  inégalités 
sociales. 

Je  me  présente  aujourd'hui  de  nouveau  a  vos  libres  suffrages.  J’ai  conscience  d’avoir 
accompli  ma  tâche  avec  fidélité, 

JJai  voté  pour  la  République  démocratique,  contre  les  entreprises  nationalistes,  cléri¬ 
cales  et  césariennes  ; 

fai  voté  la  loi  sur  les  associations,  qui  donne  enfin  à  l’Etat  laïque  le  moyen  de  se  dé¬ 
fendre  contre  les  envahissements  de  la  puissance  cléricale  ; 

J’ai  voté  Ja  séparation  de  l’Église  et  de  l’Etat  et  la  suppression  du  budget  des  cultes; 

J’ai  voté  pour  les  réformes  de  justice  sociale,  contre  l’impôt  progressif  sur  les  succes¬ 
sions,  la  réforme  hypothécaire,  etc.  j’ai  proposé  et  fait  voter  le  dégrèvement  des  petites 
cotes  mobilières. 

Si  vous  me  confiez  à  nouveau  le  mandat  de  vous  représenter,  mon  programme  sera 
celui-ci  : 


L  —  Révision  de  la  Constitution  dans  un  sens  démocratique. 

Election  du  Sénat  par  le  suffrage  universel  au  scrutin  de  liste. 

H.  —  Lutte  contre  le  cléricalisme  spus  toutes  ses  formes. 

Séparation  de  I  Église  et.  de  l’État.  Suppression  immédiate  du  budget  des  cultes.  Abro¬ 
gation  de  la  loi  Falloux*  Protection  de  l’Etat  laïque  contre  l’envahissement  des  fonctions 
publiques  par  les  élèves  des  écoles  congréganistes. 

HL  —  Protection  de  Pagriculture  contre  les  spéculateurs. 

Sliictc  application  de  la  loi  du  5  février  1902  sur  les  admissions  temporaires,  et  son 

extension  dans  le  sens  dhine  défense  plus  énergique  du  producteur  agricole,  contre  la  spé¬ 
culation. 

Application  de  la  loi  du  25  novembre  1900  sur  le  Crédit  agricole,  et  son  extension  dans 
le  sens  d  un  crédit  à  plus  long  terme  offert  aux  cultivateurs. 

Extension  du  système  des  achats  directs  par  l’administration  de  la  guerre  avec  payement 
comptant  des  denrées  livrées. 

Suppression  des  tarifs  de  pénétration  qui  favorisent  la  concurrence  étrangère  et  para- 
lysent  l’effet  des  droits  protecteurs. 

Lois  piotégeant  la  propriété  individuelle;  refonte  de  la  législation  de  la  chasse. 


—  885  — 


N°  1162 


IV.  —  Service  militaire. 

Application  du  principe  voté  par  la  Chambre  le  24  février  1902.  Réduction  du  service 
militaire  à  deux  ans. 

Suppression  de  la  taxe  militaire  qui  n'est  qu'un  impôt  injuste  sur  l’infirmité* 

V.  —  Réformes  fiscales. 

Extension  du  principe  de  l'impôt  progressif,  déjà  réalisé  dans  les  lois  sur  les  successions. 

La  progressivité  appliquée  à  un  impôt  de  remplacement,  sur  le  revenu,  avec  exemption 
totale  des  revenus  inférieurs  a  2.500  francs.  Évaluation  du  revenu  par  voie  de  déclaration, 
sans  taxation  ni  inquisition» 

Diminution  des  patentes  des  petits  commerçants  et  augmentation  de  celles  des  grands 
magasins. 

VL  —  Organisation  des  retraites  ouvrières. 

pour  tous  les  travailleurs  malades  ou  âgés,  par  le  système  de  la  répartition. 

Extension  de  la  loi  sur  les  accidents  du  travail  à  tous  les  travailleurs,  notamment  aux 
ouvriers  agricoles. 

VIL  —  Révision  des  Codes  dans  un  esprit  de  justice  et  d’humanité» 

Vote  de  la  foi  de  pardon. 

Réduction  des  frais  de  justice  ;  suppression  du  monopole  des  avoués  et  des  avocats. 

Loi  consacrant  le  principe  de  la  réparation  des  erreurs  judiciaires. 

Réforme  du  cadastre  dans  le  sens  d’une  diminution  des  frais  et  dfune  pl  us  grande  sé¬ 
curité  assurée  à  la  transmission  de  la  propriété. 

VII I.  —  Réformes  administratives. 

Suppression  des  fonctions  inutiles  en  France  et  aux  colonies. 

Décentralisation  des  services  publics;  extension  des  pouvoirs  des  assemblées  départe- 
nmn taies  et  communales. 

Mise  en  valeur  des  colonies  actuelles. 

Mes  chers  Concitoyens, 

La  situation  politique  actuelle  est  plus  nette  encore  que  celle  de  1S98. 

Le  parti  de  la  contre-RêvoIution  et  son  vieil  allié,  le  parti  clérical,  ont  compris,  depuis 
la  loi  sur  les  associations  qui  frappe  les  congrégations,  que  l’heure  de  la  lutte  suprême  est 
venue.  Ils  font  aujourd'hui  contre  la  République  démocratique  un  elïort  décisif. 

La  République  vaincra  ou  périra. 

Aussi  deux  partis  seulement  sont  en  présence  ; 

Le  parti  de  la  contrc-Révolution  forme  un  bloc. 

Il  réunit  dans  son  sein  tous  les  adversaires  irréconciliables  de  la  démocratie  ;  les  natio¬ 
nalistes,  qui  essaient  de  dissimuler  sous  le  masque  d’un  patriotisme  bruyant  leurs  entre¬ 
prises  Koulanglstes  et  césariennes?  les  faux  républicains,  qui  se  disaient  autrefois  progres¬ 
sistes  avec  M.  Môline,  qui  se  disent  aujourd'hui  défenseurs  des  libertés  menacées  et  qui 
sont  en  réalité  républicains  comme  le  Pape. 

Le  parti  républicain  forme  lui  aussi  un  bloc. 

Il  réunit  dans  son  sein  tous  ceux,  républicains,  radicaux-socialistes  et  socialistes,  qui 
fuient  la  suprématie  de  l’État  laïque  sur  l’Église,  celle  du  pouvoir  civil  sur  les  oligarchies 
factieuses. 


Ceux  qui  ne  sont  pas  avec  ïe  bloc  républicain  sont  contre  lui. 

Ceux-là  sont,  qu’ils  le  veuillent  ou  non,  les  alliés  de  la  contre-Rêvolution. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Songeons  à  ce  qui  nous  unît  et  non  à  ce  qui  nous  divise  : 

Nous  sommes  unis  pour  la  République  contre  le  cléricalisme;  pour  l’École  contre  la 
sacristie  ; 

Pour  la  République  démocratique  contre  la  Réaction, 

Vive  la  République  démocratique! 

Émîlc  CHAUVIN, 

Conseiller  général  de  Seine-et-Marne, 
Professeur  agrégé  des  Facultés  de  droit, 
Député  sortant, 

Candidat  radical-socialiste. 


Circonscription  de  MELUN 

M.  BÀLANDREÀU 

Élu  au  ior  tour  de  scrutin,  —  S, 4M  voix. 


Chers  Concitoyens, 

À  deux  reprises  différentes,  en  1893  et  en  1898*  vos  libres  suffrages  m’ont  envoyé  à  la 
Chambre  des  Députés  pour  défendre  les  institutions  républicaines  auxquelles  vous  êtes 
profondément  attachés. 

J’ai  conscience  d’avoir  rempli  mon  mandat  avec  la  plus  scrupuleuse  fidélité* 

Je  n’ai  d’ailleurs  eu  aucun  mérite  à  cela,  car  j’ai  toujours  été  républicain. 

Aussi,  en  soutenant  le  ministère  Waldeck-Rousseau,  n’ai-je  fait  que  remplir  nos 
communes  intentions. 

J’ai  soutenu  le  cabinet  Waldeck-Rousseau  parce  qu’il  a  rétabli  la  tranquillité  dans  le 
pays,  donné  de  plus  solides  assises  aux  institutions  républicaines,  abordé  les  réformes 
d’ordre  économique  et  social  désirées  par  la  démocratie,  et  opposé  une  digue  aux  empiéte¬ 
ments  de  plus  en  plus  menaçants  des  congrégations  religieuses. 

Si  vous  me  faisiez  Thonneur  de  me  donner  un  nouveau  mandat,  je  suivrais  la  même 
voie  et  j’appuierais  de  mes  votes  tout  ministère  disposé  à  réaliser  les  réformes  depuis  si 
longtemps  réclamées  par  les  populations  et  notamment  ; 

La  réforme  de  l’impôt  dans  un  esprit  vraiment  démocratique; 

La  création  de  retraites  ouvrières  s’appliquant  non t  seulement  aux  travailleurs  de  la 
ville  et  des  champs,  mais  aussi  aux  petits  cultivateurs  et  aux  petits  patrons; 

L’abrogation  de  la  loi  Fa  Houx,  Je  stage  scolaire; 

La  réduction  à  deux  ans  de  la  durée  du  service  militaire,  sans  dispense  d'aucune  sorte; 

Et  Inapplication  rigoureuse  de  la  loi  récemment  votée  aux  congrégations  religieuses. 

Depuis  que  j’ai  1  lamineur  de  faire  partie  de  la  Chambre  des  Députés,  >e  n’ai  jamais 
laissé  échapper  une  occasion  de  témoigner  de  ma  sollicitude  pour  les  intérêts  agricoles  qui 
se  confondent  avec  ceux  de  notre  région. 


~  887  —  N°  ldG2 

Je  .  continwr&te,  dans  les  circonstances  difficiles  que  traverse  Pagrieulture,  à  donner 
mon  vote  a  toutes  les  propositions  de  nature  à  améliorer  sa  situation. 

y  armée  j  notre  belle  et  vaillante  armée,  que  des  intrigants  cherchent  à  accaparer,  doit 
rester  en  dehors  et  au-dessus  des  luttes  de  la  politique. 

L’armée  n’est  la  propriété  d’aucun  parti. 

C’est  l’armée  de  la  France.  Elle  est  sa  sauvegarde  et  son  honneur. 

J  ajouterai»  en  terminant,  ce  que  vous  savez  déjà,  que  je  suis  partisan  de  l'émancipa- 
üm  progressive  et  raisonnée  des  classes  laborieuses  et  que  je  désire  vivement  l’extension 
toujours  grandissante  de  la  mutualité  et  de  l’assistance,  et  que,  comme  par  le  passé,  lorsque 
vous  me  ferez  l’honneur  de  venir  me  consulter,  je  vous  recevrai  toujours  simplement,  mais 
en  ami,  trop  heureux  si  ma  bonne  volonté  et  mon  expérience  peuvent  vous  être  de  quelque 
utilité. 

Tels  sont,  mes  chers  Concitoyens,  les  sentiments  qui  animent  le  vieux  républicain  que 
je  suis,  le  vieux  républicain  qui  a  lutté  toute  sa  vie  contre  la  réaction. 

Vous  direz  le  27  avril  s’ils  sont  conformes  aux  vôtres  et  si  je  suis  toujours  digne  de 
vous  représenter. 

Vive  la  République  I 

BALANDREAU 

Membre  de  la  Commission  supérieure  des  Caisses  d’épargne. 
Député  sortant, 

Candidat  Républicain. 


Circonscription  de  PROVINS 
Mi  DERVELOY 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  7. 611  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

En  sollicitant,  il  y  a  trois  ans,  vos  libres  suffrages  à  la  succession  de  M.  Montant,  je 
n’avais,  ainsi  que  je  vous  l’ai  déclaré,  d’autre  ambition  que  de  marcher  sur  ses  traces  et  de 
continuer  son  œuvre  républicaine. 

Sur  îa  foi  de  mon  passé  politique»  vous  m'avez  choisi  h  une  imposante  majorité.  Votre 
verdict  avait  cette  double  signification  qu'il  m’investissait  de  votre  confiance  et  qu’il  attestait 
une  fois  de  plus  votre  inébranlable  attachement  à  une  politique  de  progrès  et  de  réformes 
démocratiques. 

Fort  du  devoir  accompli,  je  ü -hésite  pas  à  venir  solliciter  aujourd’hui  le  renouvellement 
de  mon  mandat. 

Vous  connaissez  mes  votes,  mes  actes,  que  je  vous  ai  exposés  dans  de  nombreuses 
réunions  publiques  où  votre  accueil  sympathique  m’a  montré  que  nous  étions  toujours 
d’accord.  Vous  avez  pu  constater  qu'ils  n’ont  ôté  inspirés  que  par  le  souci  constant  de  vos 
intérêts,  et  par  un  profond  dévouement  à  la  République. 

Je  m’honore  d’avoir  soutenu  de  toutes  mes  forces,  pendant  les  trois  années  qui  viennent 
de  s’écouler,  le  cabinet  présidé  par  M.  Waldeck-Rousseau  et  d’avoir  participé  avec  lui  à  la 
défense  de  nos  institutions.  Je  me  réjouis  d'avoir  pu  ainsi  contribuer  à  cette  stabilité  gou¬ 
vernementale  si  profitable  aux  affaires,  qui,  si  elle  n’a  pas  donné  satisfaction  aux  amateurs 
de  désordre  et  aux  fauteurs  de  coups  d’État,  a  eu  l’avantage  de  consolider  la  République, 
d'augmenter  sa  force  et  son  prestige  à  F  extérieur. 


—  888  — 


Mon  concours  a  été  acquis  à  toutes  les  réformes  d’ordre  économique  et  social  qui  ont 
marqué  U  législature,  telles  que  la  loi  de  la  réforme  Hypothécaire,  ia  loi  des  successions, 
celle  des  boissons,  et  la  réglementation  de  l’admission  temporaire  des  blés,  réclamée 
instamment  par  nos  agriculteurs, 

JTai  enfin  voté,  dans  l'ordre  politique,  la  loi  des  associations,  qui,  s'inspirant  des  doc¬ 
trines  préc  misées  autrefois  par  Gambetta  et  Jules  Ferrv,  soumet  toutes  les  congrégations  au 
régime  bien  anodin  de  l’autorisation  législative. 

C'est  le  vote  d’une  telle  mesure,  prise  jadis  par  les  monarchies  elles-mêmes  qui  ^hési¬ 
taient  pas,  nu  besoin,  à  supprimer  les  congrégations  religieuses  pour  défendra  la  société 
civile  contre  l'envahissement  de  la  mainmorte  et  la  domination  des  moines  de  toutes 
couleurs;  c’est  ce  vote  qui  soulève  aujourd'hui  les  colères  du  monde  clérical  et  réac¬ 
tionnaire. 

J’estime  que  cette  loi  devra  être  rigoureusement  appliquée  et  complétée  par  des  dispo¬ 
sitions  plus  énergiques  encore. 

Je  n’accorderai  ma  confiance,  si  vous  me  faites  l’honneur  de  m'élire  à  nouveau,  qu’à  un 
gouvernement  animé  de  cet  esprit,  disposé  à  continuer  l'accomplissement  des  réformes  du 
vieux  programme  républicain,  et  décidé  notamment  : 

1°  A  poursuivre  la  transformation  de  noire  système  d’impôts  par  la  suppression  des 
contributions  actuelles  et  leur  remplacement  par  un  impôt  général  et  progressif  sur  h 
revenu,  respectant  le  minimum  nécessaire  à  l’existence  et  frappant  le  superflu,  c’est-à-dire 
la  richesse  acquise.  —  Cette  réforme  devra  être  la  préface  de  la  loi  des  caisses  de  retraite 
au  profit  des  invalides  du  travail, 

2°  À  reviser  la  loi  militaire  de  1889  par  la  suppression  des  dispenses  et  par  une  égalité 
plus  complète  dans  la  durée  du  service  ramenée  à  deux  années  pour  tous  indistinctement. 
Cette  réforme  rendra  plus  étroite  l’uûion  intime  de  l’armée  et  de  la  nation,  appelées  à  se 
confondre,  au  jour  du  danger,  dans  un  effort  commun  pour  la  défense  et  l’honneur  de  la 
Patrie. 

Je  m’engage  en  outre  : 

A  voter,  ainsi  que  j’en  ai  fait  adopter  le  vœu  par  le  Conseil  général,  lors  de  sa  dernière 
session,  ta  modification  de  notre  régime  sucrier  qui  aurait  pour  résultat  de  favoriser  ta 
production  betteravière  par  une  notable  diminution  de  l’impôt  do  consommation  ; 

Et  à  proposer  la  révision  de  la  loi  relative  à  fa  durée  du  iravail,  dans  le  sens  qui  sera 
réclamé  par  tes  syndicats  ouvriers  locaux  régulièrement  organisés. 

La  lutte  électorale  qui  se  poursuit  avec  acharnement  dans  presque  toutes  les  circon¬ 
scriptions  rappelle  celle  des  plus  mauvais  Jours.  Aujourd’hui  comme  au  Seize  Mai,  sous 
l’Ordre  Moral,  comme  en  1889.  contre  le  boulangisme,  c’est  toujours  ie  même  combat  contre 
les  mêmes  adversaires  que  soutient  le  parti  républicain  tout  entier. 

Sous  des  noms  divers  et  des  étiquettes  trompeuses,  c'est  la  coalition  des  anciens  partis 
qui  s’agite  et  marche  au  combat,  dirigée  par  la  puissance  invisible  qui  ne  désarme  jamais, 
la  puissance  cléricale.  C’est  elle,  c’est  la  Congrégation,  qui,  avec  les  millions  arrachés  à  fa 
crédulité  publique,  livre  un  suprême  et  dernier  assaut. 

Je  connais  assez  le  bon  sens  de  nos  populations  briard  es  et  leur  républicanisme  éclairé, 
pour  pouvoir  affirmer  qu’elles  ne  se  laisseront  pas  duper  par  des  formules  et  de  vaines 
apparences. 

En  face  de  la  coalition,  elles  opposeront,  comme  autrefois,  le  bloc  intangible  des 
sincères  républicains,  de  tous  ceux  qui  se  recommandent  de  !a  Révolution  Française,  de 
tous  les  véritables  amis  delà  justice  et  de  la  paix  sociale. 

Vive  la  République!  Vive  la  Démocratie! 

DERVELQY, 

Conseiller  général, 

Député  sortant, 

Candidat  radical-socialiste. 


—  880  — 


N°  H  62 


SEINE-ET-OISE 


lre  circonscription  de  GORHEIL 

M*  Georges  BERTHOOUT 
Élu  au  T  tour  de  scrutin.  —  5.592  voix. 


PROGRAMME  APPROUVÉ  PAR  LES  COMITÉS  RÉPUBLICAINS  DÉMOCRATIQUES  DE  CORMILj 

ESSONKES  ET  ÀRPAJON. 

Citoyens, 

Bien  que  domiçilliê  à  Gorbeü,  je  reconnais,  étant  nêdans  le  Gher,n'être  pas  plus  origi¬ 
naire  de  Seine-et-Gise  que  M.  Périllier  de  Nîmes,  ou  que  M,  Jean  Bertrand  qui  est  des  Pyré¬ 
nées*  Mais  je  déclare  bien  haut  que  si  une  personnalité  autorisée  de  la  politique  républi¬ 
caine  locale  avait  cru  devoir  accepter  îa  lutte,  je  ne  me  serais  pas  mis  sur  les  rangs. 

C’est  donc  pour  ne  pas  laisser  cette  vaillante  circonscription  aux  mains  du  radicalisme 
dreyfusard  ou  du  collectivisme  internationaliste  que  les  comités  républicains  démocratiques 
de  Corbeil,  d'Essonnes  et  d’Arpajon  et  les  grands  Comités  de  l'opposition  républicaine, 
m'ont  demandé  de  porter  parmi  vous,  le  27  avril,  le  drapeau  de  la  République  démocra¬ 
tique  et  patriote.  Dans  la  crise  si  grave  que  traversent  présentement  la  République,  la 
France  et  la  liberté,  je  n'ai  pas  cru  pouvoir  décliner  cet  honneur  et  ce  devoir. 

Mon  programme  est  celui  que  j'ai  défendu  toute  ma  vie,  par  la  plume  et  par  la  parole, 
et  qui  a  déjà  reçu,  en  de  nombreuses  conférences  et  réunions  publiques,  votre  chaleureuse 
consécration.  Je  le  résume  ainsi  : 

Je  voudrais  que  ïa  République,  aujourd'hui  incontestée,  cessât  d'être  le  monopole  des 
politiciens  sectaires,  intolérants,  incapables  de  toute  œuvre  féconde,  11  faut  qu  elle  soit 
enfin  le  gouvernement  de  tous  pour  tous,  attaché  à  la  suprématie  de  la  société  civile  et  au 
maintien  de  ses  conquêtes,  mais  respectueux  de  toutes  les  libertés  et  de  toutes  les  convic¬ 
tions,  ne  séparant  jamais  non  plus  la  cause  du  progrès  de  celle  de  l’ordre  et  se  consacrant 
avec 3  une  persévérante  énergie  à  l’amélioration  du  sort  des  travailleurs* 

Pour  atteindre  ce  but  je  demande  ; 

Tout  d'abord  des  économies,  pour  parer  au  déficit  avant-coureur  de  la  ruine  publique, 
pour  soulager  le  contribuable  qui  succombe  sous  le  poids  d  une  écrasante  fiscalité  ;  et  pour 
permettre,  grâce  à  des  finances  prospères,  de  réaliser  les  réformes  sociales  depuis  trop  long¬ 
temps  attendues  par  la  classe  ouvrière; 

La  réduction  des  gros  traitements  et  du  nombre  grandissant  des  sinécures,  Rétablisse¬ 
ment  d'un  tableau  d'avancement  pour  les  fonctionnaires  de  tous  ordres,  qui  seront  ainsi 
soustraits  aux  abus  scandaleux  du  favoritisme  actuel;  la  décentralisation  adminisliative 
qui  restituera  aux  communes  et  aux  départements  le  droit  de  decision  dans  les  aflaiies 
locales,  tout  en  diminuant  les  frais  d'administration* 

Le  redressement  de  notre  système  d'impôts,  de  telle  façon  que  celui  qui  a  peu  paye 

m 


—  890  — 


peu,  que  celui  qui  a  beaucoup  paye  beaucoup ,  et  que  toutes  les  richesses,  mobilières  et 
immobilières,  soient  également  imposées  avec  des  tarifs  dégressifs  pour  les  petits  capitaux, 
la  péréquation  et  l’allégement  des  charges  qui  surimposent  l’agriculture, 

La  défense  des  intérêts  du  commerce  local,  contre  P  accaparement  et  la  vente  à  crédit 
des  grands  bazars  parisiens  ; 

La  refonte  des  lois  militaires,  de  manière  à  obtenir  Ja  réduction  progressive  du  service 
militaire  jusqu’à  un  an,  et  ia  réduction  correspondante  des  périodes  d’exercice,  au  moyen 
de  réengagements  annuels  de  cinq  ans,  convenablement  rétribués,  qui  assureront  le  recru¬ 
tement  complet  des  armes  spéciales  et  des  cadres  de  l’infanterie,  celte  dernière  arme  seule 
recevant  des  soldats  d’un  an.  Ainsi  Légalité  devant  l’impôt  du  sang  sera  rétablie  par  la 
suppression  absolue  des  dispenses,  et  la  défense  nationale  sera  plus  solide  que  jamais, 

Le  développement  de  l’enseignement  public  à  tous  les  degrés  et  pour  tous  ■  des  asso¬ 
ciations  professionnelles  et  agricoles,  en  les  laissant  strictement  en  dehors  de  la  politique  ? 
du  crédit  agricole  et  du  crédit  populaire  à  bon  marché;  de  l’hygiène  appliquée  aux  ateliers 
et  à  la  durée  du  travail,  mais  sans  réglementation  arbitraire  nuisible  aux  ouvriers  eux- 
mêmes  ;  de  la  mutualité  sous  toutes  ses  formes;  de  l’assïstaoce  rendue  obligatoire  et  suffi¬ 
sante  pour  tous  les  cas  d’iuvalidïté  ;  et  enfin  de  la  prévoyance,  par  la  participation  libre  à 
une  caisse  de  retraites  largement  subventionnée* 

La  révision  de  la  constitution  dans  un  sens  exclusivement  républicain,  pour  que  la 
nation  soit  désormais  préservée  des  excès  du  parlementarisme  devenu  une  oligarchie  omni¬ 
potente  et  funeste;  îe  référendum,  c’est-à-dire  3a  consultation  directe  du  pays  sur  le  prin¬ 
cipe  de  chaque  grande  question  d’intérêt  supérieur  à  soumettre  au  Parlement;  la  réforme 
du  règlement  de  la  Chambre,  qui  favorise  l’obstruction,  la  stérilité  et  le  gaspillage  électoral: 
Linterdiction  de  voter  par  procuration. 

L’amnistie  pour  les  condamnés  politiques  victimes  de  ia  Haute  Cour, 

Enfin,  Citoyens,  j’estime  avant  tout  que  ridée  de  patrie,  l'année  et  le  drapeau  doivent 
être  mis  au-dessus  de  toute  atteinte.  C’est  un  crime,  en  ce  pays  encore  mutilé,  d’en  dimi¬ 
nuer  le  prestige  et  la  force,  comme  le  font  depuis  trois  ans  les  dreyfusards,  maîtres  du 
pouvoir  et  leurs  alliés,  les  internationalistes*  C’est  un  crime  aussi  de  livrer  les  eommande- 
mcnis  ot  l’avancement  aux  caprices  et  aux  délations  des  politiciens,  au  lieu  de  maintenir 
l’armée  intangible  et  respectée,  comme  le  voulait  Gambetta,  au-dessus  de  nos  querelles 
intérieures,  et  ne  regardant  que  les  frontières... 

Et  je  termine  en  répétant  comme  à  la  grande  conférence  d’Essonnes  :  A  vous,  Citoyens 
de  collaborer  par  vos  suffrages  à  faire  de  la  France  la  Patrie  puissante  et  fraternelle  que 
nous  rêvons  capable  d’ajouter  jour  à  jour  au  patrimoine  des  ancêtres,  restitué  dans  son 
intégrité,  les  conquêtes  incessantes  du  mieux  social  et  républicain. 

Vive  la  France  !  vive  la  République! 

Georges  BERTHOULAT, 

Directeur  de  la  Liberté]  Chevalier  de  la  Légion  d’honueur, 
Licencié  en  droit, 

ancien  Secrétaire  général  de  Préfecture, 

Candidat  républicain  démocratique. 


—  891  — 


N°  1162 


2"  circonscription  de  CORBEIL 

M.  ARGELIKS 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  7.747  voix. 


Mi’ s  chers  Concitoyens, 

Depuis  troi3  législ  atures,  j’ai  l’honneur  d’fttre  votre  représentant  ü  la  Chambre  des 
Députés, 

J’ai  cherché  à  reconnaître  l’honneur  que  vous  m’avez  fait,  par  ma  fidélité  à  mes  enga¬ 
gements  électoraux  et  par  mon  dévouement  k  vos  intérêts  généraux  et  régionaux. 

Si  vous  me  faites  l'honneur  de  renouveler  mon  mandat,  je  mettrai  à  votre  service  plus 
de  force  et  d’autorité,  en  raison  de  Inexpérience  et  de  la  pratique  des  affaires  publiques  que 
votre  confiance  m’a  permis  d’acquérir.  Je  fie  saurais  y  apporter  plus  de  dévouement  et  de 
droiture. 

Je  n’ai  rien  à  changer  à  mes  déclarations  précédentes,  auxquelles  je  suis  resté  fidèle. 

Vous  savez  quels  sont  mes  principes  ; 

Je  suis  républicain,  démocrate,  patriote,  partisan  des  réformes  économiques  et  sociales 
nécessitées  par  les  besoins  présents. 

Républicain  et  démocrate  :  je  veux  un  gouvernement  stable,  dégagé  de  toutes  les  com¬ 
pétitions  de  partis  et  de  groupes,  un  gouvernement  qui  réponde  à  l’esprit  démocratique  de 
la  nation;  des  pouvoirs  publics  ne  considérant  que  L’intérêt  supérieur  du  pays  et  ne  s’ar¬ 
rêtant  pas  à  de  mesquines  querelles  de  mots  ou  de  personnes. 

Je  veux  la  prépondérance  du  suffrage  universel  dans  la  direction  des  affaires  publiques. 

Je  veux  que  la  liberté  soit  la  règle  sous  la  République. 

Je  veux  le  respect  vrai,  sincère,  de  la  liberté  de  conscience  ;  le  respect  vrai,  sincère  de 
toutes  les  convictions  philosophiques  ou  religieuses. 

Je  m’oppose  aussi  sincèrement  à  toute  ingérence  religieuse  ou  autre,  dans  les  affaires 
de  la  Nation,  à  toute  immixtion  dans  le  gouvernement  de  l’État, 

Patriote  :  je  veux  la  France  grande,  forte,  respectée  à  l’extérieur,  conservant  intact  son 
patrimoine  de  traditions,  de  droits  et  de  territoires.  Mon  vote  sera  toujours  acquis  aux 
mesures  qui  nous  permettront  de  maintenir  cette  situation.  Je  combattrai,  sans  hésitation, 
tous  ceux  qui  voudraient  porter  atteinte  au  sentiment  patriotique. 

Je  poursuivrai,  d’autre  part,  l’allégement  des  charges  militaires  compatible  avec  ïa 
situation  actuelle.  Dans  cet  esprit,  je  voterai  la  réduction,  aujourd’hui  possible  avec  l’aug¬ 
mentation  des  rengagements,  du  service  militaire  a  deux  années,  ainsi  que  la  suppression 
des  treize  jours. 

Partisan  des  réformes  économiques  et  sociales,  nécessitées  par  les  besoins  présents, 
je  continuerai  à  protéger  la  production  nationale,  l'agriculture,  l’industrie,  le  commerce  et 
le  travail  contre  la  concurrence  de  l’étranger. 

Tous  ces  intérêts  sont  solidaires.  Si  le  cultivateur,  par  exemple,  si  le  paysan  ne  pou¬ 
vait  plus  se  suffire  sur  sa  terre,  il  viendrait  offrir  ses  bras  h  l’industrie  ou  au  commerce  des 
villes  ;  et,  devant  cette  concurrence,  le  salaire  de  l’ouvrier  et  de  l’employé  des  villes  subi¬ 
rait  la  plus  dure  dépréciation. 

Je  défendrai  à  nouveau  l’ouvrier  français  contre  la  concurrence  de  l’ouvrier  étranger, 
qui,  lui,  me  supporte  pas  les  lourdes  charges  financières  ou  militaires  qui  incombent  a  nos 
nationaux. 

La  Chambre  aura  le  devoir  de  rechercher  et  de  faire  aboutir  un  projet  réfléchi  consti- 


—  892  — 


tuant  les  «  retraites  ouvrières  »,  donnant  la  sécurité  du  lendemain  à  celui  qui  n’a  que  ses 
bras  pour  gagner  sa  vie  et  celle  de  sa  famille,  garantissant  îa  vieillesse  de  tous  ceux  qui, 
par  leur  travail,  contribuent  à  la  prospérité  de  la  nation.  » 

La  première  œuvre,  îa  plus  importante  de  la  prochaine  législature,  doit  être  îa  réforme 
financière.  Il  n'est  pas  possible,  sans  compromettre  la  prospérité  du  pays,  de  demander  de 
nouveaux  sacrifices  aux  contribuables.  Pour  éloigner  le  déficit,  il  faut  arrêter  l’accroisse¬ 
ment  continu  des  dépenses.  Il  faut  que  le  budget  de  l’État  soit  voté  dans  les  délais  régle¬ 
mentaires,  que  son  équilibre  soit  assuré  par  des  recettes  normales,  qu’il  ne  comporte  pas 
déchargés  nouvelles. 

Je  ne  me  perdrai  pas  dans  le  vain  exposé  d’un  long  programme. 

Mes  actes,  mes  votes  —  dont  vous  avez  reçu  le  relevé  - —  témoignent,  mieux  que  toutes 
les  paroles,  de  nues  convictions  et  vous  répondent  de  ma  conduite  dans  l'avenir, 

je  veux  en  un  mot,  une  politique  d’entente  et  d’action  républicaine,  une  politique  de 
paix  et  de  liberté,  de  progrès  démocratique,  s'inspirant  des  seuls  intérêts  de  la  République 
et  de  la  Patrie,  recherchant  tout  ce  qui  peut  unir  les  citoyens  et  non  les  diviser,  poursui¬ 
vant  sans  défaillance  les  réformes  pratiques  ;  réalisant  les  améliorations  économiques  et 
sociales  qui  peuvent  servir  la  démocratie  et  contribuer  à  la  prospérité  de  la  nation. 

Vous  direz,  le  27  avril,  que  cette  politique  est  la  vôtre,  comme  elle  est  celle  de  Sa 
Nation, 

Vive  la  France!  Vive  la  République! 

Jean  ARGELIÈS,  Député  sortant. 


Circonscription  d’ETAMPES 
M*  AMD DRU 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  7.7/|5  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

La  législature  qui  a  pris  fin  eo  1898  avait  accompli  un  effort  très  méritoire.  Elle  était 
parvenue  à  réduire  les  dépenses  publiques  et  à  équilibrer  le  budget.  Et  vous  vous  souvenez 
peut-être  qu'au  cours  de  la  dernière  période  électorale,  le  28  avril  1898,  je  vous  disais 
par  voie  d'affiches: 

«  Un  budget  (celui  de  1898),  établi  dans  ces  conditions  est  en  parfait  équilibre  et  fait 
grand  honneur  a  notre  pays.  » 

Vous  saurez  combien  était  juste  cette  appréciation  lorsque  je  vous  aurai  fait  connaître 
que  le  budget  de  1898  s’est  liquidé  eu  fin  d’ exercice  par  un  boni  de  92  millions. 

La  législature  de  1893-1898  avait  donc  réussi  à  diminuer  les  dépenses  et  à  éviter  le 
déficit,  3e  me  fais  gloire  de  lui  avoir  appartenu  et  d’avoir  défendu  constamment  une  poli¬ 
tique  qui,  eu  ménageant  les  ressources  de  chacun,  consolidait  ainsi  les  finances  françaises, 
fondement  indispensable  de  la  grandeur  et  de  la  puissance  nationales. 

Aujourd’hui  la  situation  n’est  plus  la  même. 

La  législature  de  1898-1902  a  abouti  au  déficit  et  quel  déficit  ! 

Il  est  de  175  millions,  si  on  s’en  rapporte  au  chiffre  donné  par  le  Ministre  des  Finances 
dans  sa  demande  de  crédits  supplémentaires  du  27  février  1902. 

II  est  de  337  millions,  si  on  s’en  tient  au  rapport  annexé  au  procès-verbal'  de  la  séance 


N°  H62 


—  893  — 

Ju  Sénat  do  20  février  1902,  rapport  dans  lequel  M.  Antonin  Dubost,  rapporteur  de  la  Com¬ 
mission  des  finances  de  la  Haute  Assemblée,  a  pris  soin  de  faire  état  de  toutes  les  recettes 

normales  et  de  toutes  les  dépenses  réelles.  . 

En  ce  qui  concerne  l’exercico  encours,  les  dépenses  normales,  qui  s’élevaient  a  5  rail- 
[jarJs  1(33  millions  en  1898,  atteignent  aujourd’hui  3  milliards  602  millions.  D’une  législa¬ 
ture  à  l’autre,  elles  ont  été  augmentées  d’une  façon  définitive  de  169  millions. 

Quant  aux  dépenses  réelles,  qui  comprennent,  en  plus  des  précédentes,  ;ti.  millions  de 
dépenses  extra-budgétaires  autorisées  par  la  loi  de  finances,  et  60  à  65  millions  de  crédits 
supplémentaires  déjà  prévus,  elles  atteindront  en  1902  le  chiffre  énorme  de  3  milliards 
ni  fl  millions  (Sénat,  Discours  Ant.  Dubost,  du  19  mars  1902,  Journal  officiel,  page  4SI.) 

Ce  n’est  pas  tout.  Pour  donner  au  budget  de  1902  une  apparence  d’équilibre,  on  a  usé 
d’expédients.  On  a,  d’une  part,  majoré  les  recettes,  et  on  a  d’autre  part  inscrit  comme 
recettes  un  nouvel  emprunt  de  6Et  millions  à  réaliser  prochainement.  C’est  la  première  fois, 
je  crois  que  le  Parlement  aura  ainsi  voté  un  budget  ostensiblement  en  déficit.  Ce  ne  sont 
plus  comme  autrefois  les  lois  de  règlement  qui  révèlent  le  déficit.  C’est  ie  budget  lui-mème 
qui  le  contient.  Innovation  dangereuse  qu’on  ne  tolérerait  pas  pour  le  budget  d’un  départe¬ 
ment  ou  d’une  commune. 

En  présence  de  pareils  faits,  vous  reconnaîtrez  combien  on  a  eu  raison  de  dire  qu  une 
mauvaise  politique  aboutit  fatalement  à  de  mauvaises  finances,  et  vous  m’approuverez,  j’en 
suis  sûr,  de  u’avoir  pas  voulu  m’associer  à  celle  qui  devait  donner  de  tels  résultats.  Le 
pays  ne  veut  certainement  pas  qu’on  accroisse  indéfiniment  les  lourdes  charges  qu  il  sup¬ 
porte.  On  en  arriverait  là  cependant,  si  on  ne  devait  pas  renoncer  à  la  politique  pratiquée 
depuis  un  certain  temps,  poursuivre  une  politique  plus  modérée  et  plus  prudente. 

Il  y  a  autre  chose.  Le  Ministre  des  Finances,  ainsi  que  vous  avez  pu  vous  en  rendre 
compte  en  lisant  son  discours  du  9  décembre  1901,  affiché  dans  toutes  les  communes,  a 
menacé  le  régime  protectionniste,  qui  a  été  le  salut  de  notre  industrie  et  de  notre  agricul¬ 
ture,  -  , 

Or,  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que  le  régime  protectionniste,  tel  que  le  législateur  la 

établi,  nous  est  indispensable  pour  nous  permettre  de  lutter  contre  la  concurrence  étran¬ 
gère.  La  ruine  de  l’agriculture  n’atteindrait  pas  seulement  des  intérêts  particuliers,  elle 
amoindrirait  la  richesse  du  pays  et  elle  enlèverait  à  de  nombreux  ouvriers  agricoles  ou  in¬ 
dustriels  les  moyens  de  vivre. 

Les  cultivateurs,  les  producteurs  de  céréales,  de  sucre  et  autres^  substances  agricoles 
remplissent  une  fonction  importante;  leur  collaboration  à  la  vie  et  à  la  prospérité  de  la 
Patrie  les  place  au  premier  rang  des  citoyens  utiles. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Il  ne  suffit  pas  de  récriminer  sur  le  passe.  Aujourd’hui  ii  faut  penser  à  1  avenir. 

Un  pays  comme  la  France  ne  doit  jamais  désespérer.  11  a  trop  de  ressort  et  trop  de 
vitalité  pour  ne  pas  venir  à  bout  des  situations  les  plus  difficiles.  Mais  il  est  temps  d’aviser. 

De  nouveaux  impôts  seraient  nécessaires  si  on  ne  parvenait  pas  à  enrayer  les  dé¬ 
penses.  C’est  donc  à  une  politique  d’économies  qu’il  faudra  désormais  s’appliquer,  et  si 
j’entre  de  nouveau  au  Parlement,  c’est  à  cette  politique  que  je  veux  avant  tout  apporter 
mes  soins. 

Notre  régime  protectionniste  peut  se  trouver  en  péril  d’un  jour  à  l’autre*  Il  faut  que 
votre  représentant  soit  à  cet  égard  d’une  vigilance  extrême.  Ai-je  besoin  de  dire  que  la 
mienne  sera  toujours  en  éveil? 

Le  pays  désire  manifestement  un  allégement  de  ses  charges  militaires.  Cette  question 
est  uüe  des  plus  importantes  de  celles  qui  seront  discutées  au  cours  de  la  prochaine  légis¬ 
lature.  Je  n’hésite  pas  à  déclarer  que  je  suis,  en  principe,  très  favorable  a  la  réduction  du 
service  militaire,  mais  à  condition  qu’on  assure  d'abord  le  maintien  des  effectifs  en  favori¬ 
sant  les  engagements  et  les  rengagements  des  sous-officiers  et  des  soldats,  et  qu'on  prenne 


—  894  - 

toutes  les  mesures  nécessaires  pour  ne  pas  affaiblir  notre  armée,  pour  ne  pas  compromettre 
les  grands  Intérêts  de  la  défense  nationale. 

A  ces  déclarations  j’ai  le  devoir  d’ajouter  celle  qui  suit: 

La  République  a  maintenant  dans  le  pays  des  attaches  si  profondes  que  personne  ne 
cherche  à  la  renverser.  Quant  à  moi,  je  lui  ai  voué  dés  ma  jeunesse  un  attachement  sin¬ 
cère. 

Fidèle  à  mon  passé  et  aux  engagements  que  j'ai  déjà  pris  avec  vous  en  1893  et  en 
1898,  ferme  dans  mes  principes,  allant  toujours  droit  mon  chemin,  je  suis  aujourd'hui  ce 
que  j’étais  hier,  c’est-à-dire  sincèrement  et  loyalement  républicain.  Si  je  suis  de  nouveau 
votre  élu,  je  continuerai  à  soutenir  au  Parlement  la  politique  modérée  mais  nettement  ré¬ 
publicaine  que  j’y  ai  toujours  pratiquée,  et  qui  seule  peut  donner  à  la  France  le  calme  et  la 
prospérité  dont  elle  a  un  si  grand  besoin.  Dans  les  circonstances  présentes,  il  est  nécessaire 
que  sur  un  point  capital  comme  celui-ci,  nous  soyons  bien  d'accord. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Nous  nous  connaissons  depuis  trop  longtemps,  je  suis  deveuu  l’ami  d’un  trop  grand 
nombre  d’entre  vous,  pour  qu'il  soit  nécessaire  de  vous  faire  d’autres  déclarations. 

Vous  savez  tout  l’intérêt  que  je  porte  aux  travailleurs.  Vous  savez  combien  je  suis 
désireux  de  voir  améliorer  le  sort  de  ceux  qui  peinent  ou  qui  souffrent.  C’est  une  tâche  qui 
m’est  chère  et  à  laquelle  je  me  suis  particulièrement  appliqué,  notamment  en  prenant 
l’initiative  de  la  création  des  services  d’hospitalisation,  de  mutualité,  de  maternité,  qui 
fonctionnent  aujourd’hui  dans  notre  département  à  la  satisfaction  de  tous;  ellle  continuera 
à  être  l’objet  de  mes  constantes  préoccupations. 

Un  devoir  particulier  s’impose.  Des  circonstances  que  je  n’ai  pas  besoin  de  rappeler  ont 
jelé,  durant  ces  dernières  années,  un  très  grand  trouble  dans  le  pays.  Au  cours  des  événe¬ 
ments  auxquels  je  fais  allusion,  mon  attitude  n’a  pas  varié.  L’armée  est  la  garantie  de 
1  ordre,  en  même  temps  que  la  gardienne  vigilante  de  nos  frontières,  et  qui  dit  l’année, 
dit  la  France.  En  refusant  de  m’associer  à  la  campagne  qui  a  été  entreprise  contre  elle,  en 
lui  conservant  toute  ma  confiance,  je  suis  certain  d’avoir  été  l’interprète  fidèle  des  habi¬ 
tants  de  l’arrondissement  d’Êtampes,  peuplé  de  braves  gens  qui,- comme  moi,  portent  au 
cœur  l’amour  ardent  de  la  Patrie. 

Mais  après  les  secousses  que  nous  avons  ressenties,  il  serait  temps  de  mettre  un  terme 
à  nos  discordes  et  de  chercher  à  refaire  l’union  dans  le  pays. 

La  France  peut  avoir  un  jour  besoin  de  tousses  enfants.  Sans  attendre  l’heure  des 
épreuves,  ils  doivent  s’habituer  à  ne  pas  se  déchirer  entre  eux. 

Lest  difficile,  direz-vous  î  Qu’importe!  Tous  les  bons  citoyens  ont  le  devoir  de  s’y 
employer.  Pour  ma  part,  j’y  contribuerai  dans  la  mesure  de  mes  forces.  Et  j’ai  la  conviction 
qu’en  agissant  ainsi,  je  servirai  utilement  vos  intérêts,  ceux  de  la  Patrie  et  de  la  Répu¬ 
blique, 

Docteur  AMODRU 
Maire  de  Chamarande, 

Vice -Président  du  Conseil  général  de  Seine-et-Oîse, 
Député  sortant, 

Candidat  Républicain. 


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Circonscription  de  MANTES 

M.  Paul  LEiAUDY 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  9.336  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Depuis  douze  ans  j'ai  l'honneur  de  représenter  notre  arrondissement  à  la  Chambre  des 
Députés:  ai-je  encore  besoin  de  vous  exposer  un  long  programme  ? 

Vous  m'avez  élu  en  1890,  en  1893,  en  1898,  avec  des  majorités  toujours  plus  grandes. 

Cette  année  encore  j'ai  le  ferme  espoir  que  vous  me  renouvellerez  le  mandat  que  vous 
m'avez  confié,  parce  que  j'ai  la  conviction  d'avoir  tenu  fidèlement  les  engagements  que 
[avais  pris. 

J’ai  soutenu  la  politique  modérée,  celle  qui,  s'inspirant  de  la  Déclaration  des  Droits  de 
l'homme  et  du  citoyen,  a  fondé  la  République,  a  fait  sa  grandeur,  a  assuré  sa  prospérité. 

J'ai  combattu  la  politique  d'un  ministère  allié  au  parti  collectiviste,  politique  qui  a 
amené  la  division  dans  le  pays,  apporté  le  déficit  dans  nos  budgets,  jeté  le  trouble  dans 
l'armée. 

Le  budget  de  1901  s'est  soldé  en  déficit,  celui  de  1902  n'a  été  voté  par  le  Parlement 
qu'au  moyen  de  majorations  de  recettes  et  un  emprunt  de  ôê  millions  :  Rétablir  l'ordre 
dans  nos  finances  par  un  contrôle  sévère  de  nos  dépenses  et  par  de  sages  économies,  sera 
!e  premier  devoir  des  nouveaux  élus. 

D'autres  réformes  devront  encore  attirer  l'attention  des  législateurs. 

Répartir  les  Impôts  d'une  façon  plus  équitable  et  mieux  prppor donnée  aux  ressources 
de  chacun  ; 

Faire  aboutir  le  projet  des  relraites  en  faveur  des  vieux  travailleurs,  au  moyen  des 
institutions  de  mutualité  et  de  prévoyance; 

Deviser  les  lois  ouvrières  qui,  sous  prétexte  d'améliorer  le  sort  de  l'ouvrier,  rendent 
au  contraire  son  travail  pins  difficile  et  moins  profitable  ; 

Étendre  le  Crédit  agricole,  en  favorisant  la  création  de  Caisses  régionales  ; 

Combattre  la  dépopulation  des  eampagens  par  des  lois  qui  assurent  aux  cultivateurs  la 
juste  rémunération  de  leurs  travaux-  et  diminuent  les  trop  lourdes  charges  qui  pèsent  sur 
eux; 

Réprimer  le  vagabondage,  qui  constitue  une  véritable  calamité  pour  les  populations 
rurales: 

Diminuer  les  frais  de  justice  si  préjudiciables  aux  petits  plaideurs. 

Enfin  la  nouvelle  Chambre  aura  à  s'occuper  de  la  loi  militaire.  J'ai  voté  le  principe  du 
service  de  deux  ans;  je  suis  nu  partisan  convaincu  d'une  diminution  des  charges  militaires, 
compatible  avec  la  nécessité  de  conserver  à  notre  armée  la  solidité  et  la  force  qui  sont  in¬ 
dispensables  à  l'existence  d'une  grande  nation  comme  la  nôtre. 

Électeurs  1 

Vous  assurerez  une  fois  déplus,  le  27  avril,  votre  fidélité  au  programme  qui,  depuis  un 
quart  de  siècle  triomphe  à  chaque  élection  dans  notre  arrondissement. 

Vous  direz  que,  comme  moi,  vous  êtes  partisans  d'une  politique  résolument  répubü- 
caine,  sagement  progressiste,  cône  raie  des  violences  et  des  bouleversements  dont  toujours 
travailleurs  ont  à  soulïrir. 


—  m  — 


Vous  affirmerez  enfin  ;  j’en  ai  la  conviction,  sur  mon  nom,  votre  amour  pour  la 
France,  votre  confiance  dans  Tannée  nationale  et  votre  attachement  à  la  République! 

Paul  LEBAUDY, 

Conseiller  général. 

Député  sortant* 


lre  circonscription  de  PONTOISE 

M*  le  vicomte  J.  CORNUDET 
Élu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  9*369  voix* 


Mes  chers  Concitoyens, 

Arrivé  au  terme  de  mon  mandat  que  vos  libres  suffrages  m’ont  conféré  en  1898,  j'ai  terni 
à  vous  en  rendre  compte. 

Vous  avez  pu  constater  par  vous-mêmes  —  ayant  eu  sous  les  yeux  le  texte  de  la  confé¬ 
rence  publique  que  j’ai  prononcée  à  Pontoise  le  5  avril  dernier  et  que  j’ai  envoyée  à  chacun 
d’entre  vous,  —  que  je  suis  demeuré  invariablement  fidèle  au  programme  que  j’ai  développé 
devant  vous  il  y  a  quatre  ans  et  qui  avait  eu  alors  votre  haute  approbation. 

Cédant  à  de  nombreuses  sollicitations,  je  me  présente  à  nouveau  à  vos  suffrages* 

Mon  programme  n’a  pas  varié. 

De  longues  explications  sont  donc  superflues  :  je  ne  suis  pas  pour  vous  un  inconnu,  veau 
du  dehors  dans  un  but  électoral* 

Ayant  passé  ma  vie  au  milieu  de  vous,  siégeant  au  Conseil  général  de  Seine-et-Oise 
depuis  près  de  treize  ans,  je  suis  depuis  quatre  ans  votre  Député,  et  je  puis  d’autant  mieux 
défendre  vos  intérêts  que  je  les  connais  et  que  je  les  sers  depuis  plus  longtemps* 

Républicain  convaincu  et  partisan  résolu  des  progrès  démocratiques  et  des  réformes 
sociales,  je  ne  saurais,  pas  plus  que  vous,  confondre  la  République  avec  des  coteries  qui  — 
sous  couleur  de  défendre  les  institutions  républicaines,  auxquelles  l’immense  majorité  des 
Français  est,  comme  moi,  sincèrement  attachée  —  satisfont  des  intérêts  ou  des  rancunes 
de  parti* 

Je  ne  saurais  pas  davantage  confondre  la  République  avec  un  Ministère  qui,  après  avoir 
gouverné  pendant  trois  ans  contre  l'opinion  publique,  a  préparé  Favènement  du  collecti¬ 
visme,  jeté  le  trouble  dans  Farinée  nationale,  et  laissé  le  budget  en  déficit  et  les  finances 
du  pays  singulièrement  compromises* 

Assez  de  discordes  civiles  qui  détournent  notre  attention  des  intérêts  nationaux! 

A  la  politique  irritante  qui,  depuis  trop  longtemps,  sème  la  division  parmi  les  citoyens 
et  affaiblit  la  France  en  attendant  qu’elle  la  ruine,  je  préfère  de  beaucoup  la  défense  des 
intérêts  économiques,  agricoles,  industriels  et  commerciaux  qui,  plus  que  jamais,  sollicitent 
l’attention  des  pouvoirs  publics. 

ïî  nous  faut,  au  dedans,  une  politique  de  solidarité  sociale  sur  laquelle  peut  et  doit  se 
faire  l’union  de  tous  les  bons  citoyens,  et,  au  dehors,  une  politique  véritablement  nationale 
qui,  sans  faiblesse  et  sans  provocation,  assure  d’une  manière  effective  le  respect  de  notre 
drapeau  et  la  défense  des  intérêts  français  dans  le  monde* 

Sans  de  bonnes  finances,  point  de  réformes  possibles* 

Le  premier  soin  de  la  nouvelle  Chambre  devra  donc  être  de  rétablir  Tordre  dans  nos 


—  897  — 


N*  11G2 


finances,  d’assurer,  par  des  économies  bien  entendues,  l'équilibre  du;  budget  qui  doitîôtre 
voté  en  temps  normal,  sans  douzièmes  provisoires,  et  de  se  préoccuper  de  la  grosse  ques¬ 
tion  de  l’amortissement  de  notre  Dette  publique.  Pour  meure  un  frein  aux  dépenses  sans 
cesse  croissantes  de  l’État,  il  convient  de  restreindre  l’initiative  parlementaire  en  matière 
de  crédits  nouveaux. 

Vous  savez  ce  que  valent  ces  projets  irréalisables  qu’on  fait  miroiter  aux  yeux  des  élec¬ 
teurs  à  chaque  période  électorale  et  qu’on  n’essaie  du  reste  même  pas  de  mettre  à  exécu¬ 
tion,  lorsqu’on  détient  le  pouvoir;  je  demeure  opposé  à  l’impèt  global  et  personnel  sur  le 
revenu,  d’importation  allemande,  qui  est  contraire  à  nos  habitudes  nationales  et  dont  l’ap¬ 
plication  ne  peut  se  concevoir  sans  arbitraire  et  sans  vexation.  Je  demande  des  réformes 
fiscales  pratiques  qui  soulagent  les  petits  contribuables  en  réclamant,  ce  qui  est  juste,  un 
plus  gros  sacrifice  aux  grandes  fortunes.  C’est  ainsi  que  j’ai  voté  dans  la  dernière  législature 
la  réforme  des  successions  et  la  réforme  hypothécaire,  et  c’est  ainsi  que  je  réclamerai,  si  je 
suis  élu,  la  diminution  des  droits  de  mutation  pour  la  vente  des  petites  propriétés. 

Nous  devons  encore  tendre  à  rendre  la  magistrature  plus  indépendante  vis-à-vis  des 
pouvoirs  publics,  et  à  obtenir  une  justice  moins  coûteuse,  moins  lente,  plus  rapprochée  du 
justiciable.  Il  conviendrait  de  rechercher  une  protection  moins  onéreuse  des  mineurs,  dont 
trop  souvent  les  biens  sont  presque  totalement  dissipés  en  frais  de  justice* 

Avec  vous,  je  veux  que  notre  armée,  à  qui  incombe  le  soin  de  protéger,  à  l’heure  du 
danger,  le  territoire  de  la  République  contre  l’invasion,  reste  en  dehors  de  la  politique  et 
soit  mise  à  l’abri  des  inqualifiables  attaques  dont  elle  est  l’objet. 

La  nouvelle  Chambre  aura  aussi  à  se  préoccuper  de  la  loi  sur  le  recrutement. 

fai  voté  le  principe  du  service  de  deux  ans  dont  je  reste  partisan. 

Je  veux  une  diminution  des  charges  militaires  compatible  avec  la  nécessité  de  ne  pas 
compromettre  la  défense  nationale. 

Les  dispenses,  beaucoup  trop  nombreuses  à  l’heure  actuelle,  doivent  faire  place  mainte¬ 
nant  à  un  service  militaire  égal  pour  tous. 

Profondément  dévoué  à  la  démocratie  laborieuse  au  service  de  laquelle  j'ai  consacré 
toutes  mes  forces,  je  veux  tout  ce  qui  peut  contribuer  à  augmenter  le  bien-être  des  travail¬ 
leurs  de  la  terre  ou  de  l’usine.  C’est  dans  cet  esprit  que  je  favoriserai  le  développement  des 
institutions  de  mutualité,  de  prévoyance  et  de  solidarité,  grâce  auxquelles  on  peut  arriver, 
par  le  triple  effort  des  intéressés,  des  patrons  et  de  l’État,  à  constituer  les  retraites  ouvrières 
dont  l’organisation  m’apparaît  comme  indispensable. 

Je  suis  l’adversaire  des  utopies  du  collectivisme  qui  aboutiront  forcément  à  de  cruelles 
déceptions,  et  je  suis  opposé  à  ces  réglementations  abusives  que  le  socialisme  veut  substi¬ 
tuer  à  la  liberté  du  travail. 

C’est  ainsi  que  la  loi  Colliard  devra  être  remaniée  de  façon  à  tenir  compte  des  intérêts 
bien  entendus  des  ouvriers  et  des  apprentis. 

Insensible  à  des  injures  et  à  des  calomnies  intéressées  auxquelles  je  dédaigne  de 
répondre,  je  compte  sur  vous  pour  en  faire  justice. 

J’en  ai  assez  dit. 

L’heure  est  assez  grave  pour  n’être  pas  gaspillée  en  vains  discours. 

Le  radicalisme,  depuis  trop  longtemps  allié  complaisant  du  collectivisme,  est  dès 
maintenant  débordé,  ainsi  que  vous  pouvez  le  constater  par  vous-mêmes. 

Rarement  élections  ont  eu  plus  d’importance. 

Vous  voudrez  sans  doute  affirmer,  avec  moi,  que  la  République^  à  laquelle  nous  sommes 
sincèrement  attachés,  doit  demeurer  fidèle  à  sa  mission,  en  garantissant  la  liberté  de  tous 
les  citoyens,  quelles  que  soient  leurs  opinions  philosophiques  ou  religieuses,  la  propriété 
individuelle  et  l’intégrité  de  la  patrie  menacées  par  le  flot  montant  du  collectivisme! 

Vive  la  France I  Vive  la  République! 

J.  GORNUDET,  Député  sortant, 

Conseiller  général  de  Seine-et-Oise,  Candidat  républicain^ 


113 


—  898 


2B  circonscription  de  PONTOISE 


M.  RGGER-BALLlj,  dont  Sélection  a  été  annulée,  a  été  réélu. 


Voy,  Élections  partielles. 


Circonscription  de  RAMBOUILLET 

M.  le  comte  de  CARÀMAN 
Élu  an  1er  tour  de  scrutin,  —  7,973  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Fier  de  la  confiance  que  vous  m’avez  témoignée,  le  îh  avril  1901,  en  m’accordant 
8.095  voix,  je  viens  de  nouveau  solliciter  vos  suffrages. 

Adversaire  de  la  politique  suivie  par  le  Ministère  actuel,  je  soutiendrai  la  République 
tolérante,  progressiste  et  ouverte  à  tous. 

Je  continuerai  à  détendre,  comme  par  le  passé  : 

La  liberté  de  con science,  la  liberté  d’enseignement,  la  liberté  du  travail. 

Le  relèvement  de  notre  agriculture,  l' économie  dans  nos  linances,  une  plus  juste  réparti¬ 
tion  des  impôts,  l’extension  de  nos  voies  ferrées,  l’amélioration  du  sort  des  travailleurs 
restent  les  bases  de  mon  programme. 

J’ai  voté  toutes  les  mesures  qui  peuvent  affermir,  dans  notre  législation,  les  principes 
de  justice  et  de  solidarité. 

Je  veux  que  notre  armée  soit  forte,  respectée,  à  F  abri  des  délations  et  des  outrages. 

Favorable  à  une  réduction  du  service  militaire,  j’estime  que  cette  forme  est  réalisable 
sans  compromettre  les  intérêts  de  la  défense  nationale. 

Mes  actes  ont  toujours  été  d’accord  avec  la  loyauté  que  vous  attendiez  de  moi. 

Si  vous  faites  appel  à  mon  concours,  je  resterai  à  votre  disposition,  aujourd’hui  comme 
jadis,  avec  le  même  dévouement,  la  même  affection,  la  meme  indépendance. 

Partisan  de  toutes  les  libertés,  dévoué  à  tous  les  progrès, 

Je  m’associerai  à  vous  pour  défendre  la  République  libérale  contre  la  tyrannie  des  sec¬ 
taires,  et  donner  à  3a  France  l’apaisement,  la  confiance  et  la  prospérité. 

Comte  de  CA  RAM  AN, 

Conseiller  général  du  canton  de  Limours, 
Maire  de  Saint-JeaiMie-Beauregard, 
Député  sortant. 


899  — 


N°  1162 


lri!  circonscription  de  VERSAILLES 
M.  BERTEAUX 

Élu  au  lür  tour  de  scrutin.  —  15.050  voix. 


Mes  chers  Concitoyens  et  Amis, 

Depuis  neuf  ans  bientôt  que  j’ai  l’honneur  de  vous  représenter  à  la  Chambre,  les  liens 
d’estime,  d’affection  et  de  confiance  réciproques  qui  nous  unissent  n’ont  fait  que  se  fortifier 
et  s’affermir  chaque  jour* 

Et  j'ai  pu,  d’autant  mieux,  pendant  ces  neuf  ans,  me  consacrer  sans  relâche  a  I  accom¬ 
plissement  de  mon  mandat,  que,  sans  cesse,  je  me  suis  senti  soutenu  par  votre  fidèle  sym¬ 
pathie,  par  votre  constante  amitié* 

Aussi,  est-ce  mû,  avant  tout,  par  un  sentiment  de  profonde  reconnaissance,  que  je 
viens,  à  nouveau,  solliciter  vos  suffrages  et  mettre,  comme  par  le  passé,  mon  dévouement 
tout  entier  au  service  de  mes  concitoyens,  de  mon  pays  et  de  la  République. 

Vous  m'avez  vu  à  l’œuvre* 

Vous  savez  comment  jfai  pris  à  cœur  la  défense  de  vos  intérêts  généraux  et  particuliers. 

Vous  savez  comment  je  me  suis  attaché,  de  toutes  mes  forces,  à  la  réalisation  des  me- 
sures  propres  à  favoriser  le  développement  et  la  prospérité  de  nos  communes  et  à  amé¬ 
liorer  de  plus  en  phis  le  sort  de  nos  concitoyens. 

Vous  m’avez  fait  la  joie  de  m’associer  d’une  façon  si  intime  à  votre  vie  locale,  que  rien, 
je  puis  le  dire,  de  ce  qui  vous  touche  ne  ni  est  étianger. 

Vous  savez  aussi  comment,  au  point  de  vue  politique,  j’ai  rempli  le  mandat  que  vous 

m'avez  confié* 

Considérant  qu’un  député  doit  à  ses  électeurs  d’exercer  personnellement  son  mandat, 
par  sa  présence,  aux  séances,  par  la  discussion  à  la  tribune,  par  les  travaux  dans  les  com¬ 
missions,  par  la  pratique  rigoureuse  du  vote  personnel,  c’est  à  cette  règle  que  je  me  suis 
invariablement  conformé. 

Appelé  par  la  confiance  de  mes  collègues  à  faire  partie  des  plus  importantes  Commis¬ 
sions  de  la  Chambre,  membre  de  la  Commission  permanente  de  la  marine,  quatre  fois 
membre  de  la  Commission  du  budget,  deux  fois  rapporteur  du  budget  des  postes,  rapporteur, 
cette  année,  du  budget  de  la  guerre,  je  suis  heureux  de  reporter  sur  les  républicains  de  la 
première  circonscription  de  Versailles  l’honneur  qui  a  été  fait  à  leur  représentant. 

Comme  rapporteur  du  budget  des  postes,  des  télégraphes  et  des  téléphones,  j’ai  fait, 
pendant  deux  années,  l’étude  la  plus  complète  des  améliorations  et  des  réformes  qu’il  im¬ 
porte  de  réaliser  pour  mettre  cette  grande  administration  à  la  hauteur  des  progrès  de  là 
science  moderne  et  des  nécessités  de  la  vie  économique  et  sociale. 

Des  progrès  importants,  dont  j’ai  pris  l’initiative,  sont  aujourd’hui  réalisés  :  des  siné¬ 
cures  inutiles  sont  supprimées,  comportant  de  notables  économies  ;  le  sort  des  modestes 

agents  et  sous-agents  des  Postes  a  été  amélioré  sur  certains  points  ;  d’autres  réformes  s’im¬ 
posent  en  leur  faveur  que  j’ai  proposées  et  que  la  législature  prochaine  aura  le  devoir  d’ac¬ 
complir. 

Notre  réseau  télégraphique  et  téléphonique  s’étend  de  jour  en  jour  ;  des  bureaux  de 
poste  nouveaux  ont  été  créés  ;  certain^  tarifs  ont  été  abaissés  ;  des  améliorations  nombreuses 
ont  été  apportées  dans  le  service  des  ambulants  et  des  distributions  postales  et  télégra¬ 
phiques  :  j’ai  démontré  qu'il  faut  poursuivre  dans  cette  voie,  car  toutes  ces  lé  formes,  non 


seulement  ne  coûtent  rien  au  Trésor,  mais  donnent  d’importants  bénéfices  et  contribuent 
puissamment  à  la  richesse  et  à  ïa  prospérité  nationales. 

Comme  rapporteur  du  budget  de  la  guerre ,  fai  montré,  par  des  actes  qui  valent  mieux 
que  dos  paroles,  mon  attachement  a  l’armée  à  laquelle  j’appartiens  depuis  bientôt  trente 
ans  et  que  je  veux  forte,  respectée,  placée  en  dehors  des  divisions  politiques  où  les  factieux 
auraient  voulu  la  jeter,  so  consacrant  tout  entière,  et  sans  arrière-pensée,  à  la  grande  œuvre 
de  défense  nationale  que  la  République  lui  a  confiée. 

Mon  rapport  sur  le  budget  de  la  guerre,  conçu  dans  cet  esprit,  a  reçu  non  seulement 
l'approbation  et  les  éloges  de  mes  amis  politiques,  mais  aussi  l'approbation  et  les  éloges  de 
mes  adversaires  politiques  eux-mêmes. 

Dans  les  deux  volumes  que  j'ai  consacrés  au  rapport  sur  le  budget  de  la  guerre,  j’ai 
fait  une  étude  des  plus  approfondies  de  toutes  les  plus  importantes  questions  militaires  et 
les  solutions  que  j'ai  proposées  sont  établies  sur  les  documents  les  plus  exacts  et  sur  l’opi¬ 
nion  des  hommes  les  plus  compétents. 

J’ai  voulu  donner  à  notre  armée  le  maximum  d’effectifs  et  à  notre  défense  nationale  le 
maximum  de  forces  en  imposant  au  pays  le  minimum  de  sacrifices;  j’ai  voulu  assurer  le 
bien-être  de  nos  soldats,  tout  en  réalisant  les  économies  compatibles  avec  les  nécessités 
militaires.  C'est  à  la  suite  de  mes  propositions  et  de  mes  calculs  que  le  principe  de  la 
réduction  à  deux  ans  du  service  militaire,  rendu  égal  pour  tous,  a  été  voté  à  une  immense 
majorité  par  la  Chambre. 

En  même  temps  que  j’étais  chargé  du  rapport  sur  le  budget  delà  guerre,  j’ai  eu  Hion- 
neur  d’être  le  premier  rapporteur  du  budget  de  l’armée  coloniale,  dont  la  création,  inscrite 
dans  mon  programme  de  1898,  est  aujourd’hui  réalisée. 

Comme  Membre  de  la  Commission  de  la  marine,  j’ai  apporté  ma  collaboration  aux  pro¬ 
positions  et  aux  projets  tendant  à  l’accroissement  de  nos  forces  maritimes,  notamment  par 
la  création  des  sous-marins. 

Comme  Député,  comme  Membre  de  la  Commission  du  budget  et  de  la  Sous-Commission 
des  réformes  fiscales,  je  n’ai  pas  manqué  une  occasion  de  réclamer  plus  d'équité  et  de  jus¬ 
tice  dans  la  répartition  des  charges  de  l’impôt. 

\ous  connaissez  l'amendement  Le  Moigne  ;  je  vous  ai  dit  avec  quelle  énergie  je  l’avais 
combattu,  quels  résultats  néfastes  il  aurait  produits  si  nous  n’avions  obtenu  du  Parlement 
la  réparation  de  cette  injustice  et  le  remboursement  aux  contribuables  des  augmentations 
d  impôts  qu  il  avait  entraînées,  À  cette  occasion,  j’ai  opposé  à  l’amendement  Le  Moigne  et 
j  ai  défendu,  à  la  tribune  de  la  Chambre,  une  proposition  de  loi  supprimant  radicalement  la 
cote  personnelle  mobilière  et  l’impôt  des  portes  et  fenêtres  et  les  remplaçant  par  Pimpôt 
sur  le  revenu  net  que  Gambetta  appelait  «  le  plus  juste,  le  plus  équitable  et  3e  plus  moral 
de  tous.  » 

Ma  proposition  ne  demandait  rien  à  celui  qui  nJa  que  le  nécessaire,  elle  demandait  peu 
a  celui  qui  n  a  rien  que  1  aisance  et  réclamait  seulement  le  plein  du  tarif  à  ceux  qui  sont 
favorisés  d’un  large  superflu. 

En  attendant  le  vote  de  cette  réforme,  qui  sera  l'œuvre  de  la  prochaine  législature,  nous 
avons  eu  le  bonheur  de  réaliser  dans  la  dernière  Chambre  : 

P  La  réforme  des  successions,  qui  dégrève  de  75  millions  par  an  les  petits  et  moyens 
contribuables  ; 

La  reforme,  hypothécaire  et  la  Réforme  des  petites  ventes  qui  dégrèvent  de  25  millions 
par  an  la  petite  et  la  moyenne  propriété  ; 

3»  La  réformé  des  boissons,  qui  ouvre  aux  vignerons  de  notre  région  un  marché  de 
3  millions  d’habitants,  jusqu’ici  fermé  à  leurs  vins,  et  qui  supprime  pour  les  consomma¬ 
teurs,  et  notamment  pour  les  plus  nombreux  et  les  plus  intéressants  d’entre  eux,  les  impôts 
Ses  plus  écrasants,  les  plus  vexatoires  et  les  plus  injustement  progressifs  à  rebours. 

L  agnculture  sera  la  première  à  bènôücier  de  ces  importantes  réformes  fiscales,  en 
attendant  que  les  dégrèvements  agricoles  que,  pour  ma  part,  j’ai  toujours  votés,  soient 
definitivement  réalisés. 


—  901  ~ 


N®  1102 


Les  cultivateurs*  savent,  (Tailleurs,  avec  quelle  énergie  j’ai  pris  en  mains,  à  la  Chambre 
et  au  dehors,  la  défense  de  leurs  intérêts  :  encouragements  aux  Syndicats  agricoles;  orga- 
nisalion  meilleure  du  crédit  et  des  assurances  agricoles  ;  réforme  de  la  loi  sur  la  chasse  et 
de  la  loi  relative  aux  dommages  causés  ptr  le  gibier;  protection  de  l’agriculture  contre 
l’agiotage  ;  atténuation  des  rigueurs  actuellement  excessives  de  la  police  du  roulage  ;  réfec¬ 
tion  de  nos  routes  de  Seine-et-Qise  ;  amélioration  des  emplacements  aux  Halles  ;  interdiction 
à  la  Ville  de  Paris  de  la  culture  officielle  maraîchère  sur  les  terrains  qui  lui  appartiennent 
ou  qui  lui  ont  été  concédés  ;  protection  de  nos  vignobles  contre  le  phylloxéra,  de  nos  cul¬ 
tures  contre  le  fléau  des  invasions  d’insectes;  subventions  en  faveur  des  cultivateurs  vic¬ 
times  de  la  grôle  et  des  orages  ;  protection  efficace  de  nos  produits  agricoles  contre  la  con¬ 
currence  étrangère  ;  abaissement  des  tarifs  de  transports  par  chemins  de  fer,  etc. 

Dans  l’intérêt  des  cultivateurs,  en  même  temps  que  des  finances  publiques,  j’ai 
demandé,  comme  rapporteur  du  budget  de  la  guerre,  et  j’ai  fait  expérimenter  le  système 
des  adjudications  fractionnées  et  des  achats  directs  aux  cultivateurs,  qui  constitueront,  à  la 
fois,  une  source  de  profits  pour  l’agriculture  et  une  source  d’économies  pour  l’État. 

Pour  le  commerce  et  l’industrie,  la  réforme  des  patentes  s’impose  ;  j’ai  soutenu,  dans 
ce  sens,  de  tous  mes  votes,  les  propositions  de  nature  à  encourager  le  commerce  et  l’indus¬ 
trie  et  à  permettre  aux  commerçants  et  aux  industriels  de  nos  villes  et  de  nos  campagnes 
de  lutter  efficacement  contre  la  concurrence  désastreuse  des  grands  magasins.  J’ai,  notam¬ 
ment,  comme  Membre  de  la  commission  du  budget,  rapporteur  du  budget  des  postes, 
recherché  toutes  les  améliorations  de  nature  à  favoriser  notre  essor  industriel  et  com¬ 


mercial. 

J’ai  demandé  la  création  d’un  réseau  français  de  câbles  sous-marins,  si  nécessaire 
pour  nous  affranchir  de  la  surveillance  de  l’étranger  dans  nos  correspondances  télégraphi¬ 
ques  avec  nos  colonies,  et  qui  donnerait  aux  usines  de  notre  région,  et  par  suite  à  nos 
ouvriers,  du  travail  pour  longtemps  ;  je  me  suis  employé,  de  toutes  mes  forces,  à  doter 
noire  circonscription  d’un  réseau  de  tramways,  et  je  ne  discontinuerai  mes  efforts  que 
lorsque  l’œuvre  sera  complétée. 


Les  réformes  ouvrières  et  sociales  ont  fait  l'objet  de  toute  ma  sollicitude.  Après  avoir 
fondé  la  liberté  et  l’égalité  politiques,  la  République  se  doit  à  elle-même  de  faire  pénétrer 
de  plus  en  plus  dans  nos  lois  les  principes  de  la  solidarité  et  de  la  justice  sociales. 

La  loi  sur  les  retraites  générales  des  travailleurs,  dont  la  discussion  est  commencée, 
doit  aboutir  sans  retard,  car  c’est  le  premier  des  devoirs  sociaux  que  d’assurer  la  dignité  et 
h  sécurité  de  leurs  vieux  jours  à  ceux  qui,  de  leur  labeur,  ont  fait  la  richesse  générale  de 
la  France.  Tous  les  citoyens  doivent  y  contribuer,  le  riche  d’aujourd’hui  pouvant  être  le 
pauvre  de  demain. 

La  loi  sur  les  accidents  du  travail  contenait  de  nombreuses  lacunes  :  elle  a  été  amé¬ 
liorée  par  ht  loi  du  1er  Juillet  1899  et  par  la  loi  du  21  Mars  1902.  Des  améliorations  nou¬ 
velles  ont  déjà  été  votées  par  la  Chambre  ;  d'autres  devront  l’être  encore,  notamment  afin 
de  rendre,  comme  je  l’ai  toujours  réclamé,  par  l’assurance  obligatoire  et  par  l’intervention 
del’Ltat,  les  primes  moins  lourdes  et  le  règlement  des  indemnités  immédiat,  en  suppri¬ 
mant  les  procès  et  les  chicanes  dont  l’ouvrier  blessé  est  encore  trop  souvent  la  victime. 

La  loi  du  30  Mars  1900,  qui  n’est  qu’une  modification  à  la  loi  de  1892  sur  le  travail  des 
femmes,  des  jeunes  filles  et  des  enfants  dans  les  manufactures,  a  été  votée,  à  l’unanimité, 
Psr  les  Chambres  elle  avait  surtout  en  vue  les  grands  établissements  industriels,  comme 
ceux  du  Nord,  où  il  était  indispensable  de  sauvegarder  la  santé  et  la  vie  même  des  femmes, 
des  jeunes  filles  et  des  enfants,  exposés,  pendant  toute  Tannée,  à  des  atmosphères  sur¬ 
chauffées  et  respirant  des  poussières  qui  portent  dans  les  poumons  la  tuberculose  et  la 
toorl  :  cette  loi  devra  être  remaniée,  —  et  j’y  veillerai,  —  de  façon  à  maintenir  les  amélio¬ 
rations  qu’elle  a  consacrées,  tout  en  évitant  les  interprétations  extensives,  de  manière  à 
laisser  aux  ouvriers  adultes  la  liberté  qu’ils  réclament  et  que  nécessite  la  nature  de  leurs 
havaux,  dans  les  professions  soumises  à  des  périodes  de  court  travail  ou  môme  de  chômage 
Par  suite  des  saisons  et  du  temps,  comme  dans  les  corps  de  métier  du  bâtiment. 


—  902  — 


En  thèse  générale,  toute  réduction  de  ia  durée  du  travail  motivée  par  des  raisons  d’hy¬ 
giène,  de  santé,  de  bien-être  moral,  intellectuel  et  social,  doit  être  réalisée  sans  entraîner 
de  réduction  de  salaire. 

Parmi  les  lois  du  travail,  il  en  est  une,  à  laquelle,  depuis  six  ans,  comme  Président 
*  du  Groupe  parlementaire  de  défense  des  ouvriers  et  employés  des  chemins  de  fer,  j’ai 
attaché  mes  plus  persévérants  et  dévoués  efforts,  c’est  la  loi  que,  dans  un  sentiment  d’af¬ 
fection  qui  m'a  profondément  touché,  l’universalité  des  travailleurs  des  chemins  de  fera 
appelée  ;  la  loi  Berteaux, 

Cette  loi,  j’en  ai  obtenu  le  vote  répété  par  la  Chambre,  et  j’ai  le  ferme  espoir  que  les 
volontés,  plusieurs  fois  affirmées,  des  élus  du  suffrage  universel,  finiront  par  entraîner  l’ad¬ 
hésion  des  élus  du  suffrage  restreint. 

Le  maintien  de  leurs  emplois  aux  réservistes  et  aux  territoriaux  est  aujourd’hui  assuré 
par  la  loi  du  13  juin  1901* 

La  réforme  des  Conseils  de  prud’hommes  est  votée  par  la  Chambre  ;  elle  est  en 
instance  devant  le  Sénat. 

Pour  empêcher  rabaissement  des  salaires  par  la  concurrence  des  ouvriers  étrangers,  il 
est  indispensable  de  voir  enfin  aboutir  une  loi  protectrice  du  travail  national  et  de  la  main 
d’œuvre  française. 

En  ce  qui  concerne  nos  Sociétés  de  secours  mutuels,  j’ai  déposé  une  proposition  de  loi, 
dont  la  Chambre  a  voté  l’urgence  et  qui  tend  à  doubler  le  maximum  de  la  prime  ou  de  la 
rente  servies  aux  membres  de  ces  Sociétés, 

Enfin  la  loi  sur  l’assistance  judiciaire  a  été  améliorée  par  la  loi  du  1er  juillet  1901* 

Dans  l’intérêt  des  travailleurs  et  employés  de  notre  région,  j’ai  été  heureux  d’obtenir 
de  notables  améliorations  dans  le  service  des  trains  ouvriers  et  des  cartes  d’abonnement  et 
je  poursuivrai,  sans  relâche,  la  réalisation  des  réformes  de  nature  à  assurer,  de  plus  en 
plus,  la  justice  sociale  et  le  bien-être  moral  et  matériel  des  travailleurs* 

Dans  P  intérêt  de  tous,  j'ai  poursuivi  le  rachat  des  ponts  à  péage,  qui  constituent  une 
servitude  si  tracassière  et  si  onéreuse* 

En  matière  politique,  je  reste  le  partisan  résolu  de  la  suprématie  des  élus  du  suffrage 
universel  et  de  la  révision  républicaine  de  la  Constitution* 

J’ai  voté  la  loi  sur  les  associations  qui  consacre  enfin,  d’une  façon  absolue,  le  droit  de 
réunion  et  d'association,  tout  en  réglementant  l’action  illicite  des  congrégations  qui  reçoi¬ 
vent,  dans  un  but  politique,  leur  mot  d’ordre  de  l'étranger. 

Partisan  résolu  de  ia  liberté  de  conscience,  à  l’encontre  de  nos  adversaires  qui  n’ont 
que  des  cris  de  haine  pour  ceux  qui  ne  pensent  pas  ou  ne  croient  pas  comme  eux,  je  conti¬ 
nuerai  à  voter  toutes  les  mesures  qui  auront  pour  but  de  l'assurer  en  supprimant  les  liens 
qui  amènent  journellement  des  conflits  entre  les  Églises  et  l’État.  Je  suis  certain,  ainsi,  de 
travailler  à  la  pacification  des  esprits  et  des  consciences  et  à  la  réconciliation  do  tous  les 
Français* 

Au  point  de  vue  patriotique  et  national,  la  France  a  vu  grandir  encore,  pendant  ces 
quatre  armées,  sa  puissance  et  son  prestige  extérieurs.  Son  crédit  est  le  premier  du 
monde  ;  sa  situation  Financière  se  chiffre,  pour  la  dernière  législature,  par  un  excédent  de 
recettes  de  277  millions  ;  l’Exposition  de  1900  a  affirmé,  aux  yeux  de  PUnivers  entier,  sa 
richesse  économique,  industrielle,  commerciale,  agricole;  non  seulement  nos  alliances  soin 
consolidées,  mais  la  Triplice  elle-même  se  trouve  affaiblie  depuis  que  l’Italie  s’est  rappro¬ 
chée  de  nous.  La  visite  que  les  Souverains  alliés  ont  faite  à  la  France,  l’an  dernier,  et  le 
prochain  voyage  du  Président  de  la  République  en  Russie  sont  la  démonstration  éclatante 
de  ia  solidité  de  nos  alliances,  de  notre  puissance  et  de  notre  grandeur  nationales. 

Mes  chers  Concitoyens,  mes  chers  amis, 

Après  vous  avoir  ainsi  exposé  Pceuvre  accomplie  et  celle  qui  reste  à  réaliser,  conforme- 
ment  au  programme  sur  lequel  vous  m’avez  élu  en  1893  et  en  1898,  programme  qui  n’a  pas 
varié  et  dont  je  poursuivrai  la  réalisation  jusqu’au  bout* 


—  003  — 


N°  1162 


Après  vous  avoir  faits  vous-mêmes  les  témoins  journaliers  de  mon  labeur  acharné,  de 
mon  ardente  fidélité  républicaine,  de  mon  dévouement  absolu  à  la  France,  à  la  République, 
à  la  démocratie  sociale,  à  notre  chère  et  vaillante  circonscription,  je  ne  m’attarderai  pas  à 
relever  de  basses  attaques  qu’il  suffit  de  repousser  avec  le  mépris  qu’elles  méritent,  et  dont 
vous,  qui  me  connaissez,  ferez  hautement  justice  le  27  avril  prochain. 

Comme  en  1893,  comme  en  1898,  vous  aurez  à  vous  prononcer  entre  la  République  et 
la  réaction. 

Sous  des  masques  nouveaux,  se  cachent  les  rqôjnes  adversaires. 

Autrefois,  c'était  le  Seize-Mai,  puis  le  Boulangisme,  puis  les  Ralliés;  aujourd’hui,  c’est 
un  parti  sans  nom,  parti  de  coup  d’État  et  de  réaction,  où  se  coudqjent  dans  un  assemblage 
informe  les  derniers  débris  de  tous  les  régimes  déchus. 

Comme  en  1893,  comme  en  1898,  vous  ferez  contre  la  coalition  des  ennemis  de  la 
République,  le  Bloc  de  toutes  les  forces  républicaines,  démocratiques  et  sociales. 

Avec  tous  les  représentants  élus  de  nos  cantons  et  do  nos  communes,  vous  n’avez 
cessé,  pendant  les  quatre  années  de  la  législature  de  me  témoigner  votre  affection  et  votre 
sympathie.  Vous  venez  de  m’en  renouveler  l’expression  cordiale,  en  des  ordres  du  jour  cha¬ 
leureux,  dans  toutes  les  réunions  que  je  viens  de  faire,  et  le  scrutin  du  27  avril  prochain 
eu  sera  la  victorieuse  et  souveraine  manifestation. 

Comme  en  1893,  comme  en  1898,  vous  assurerez  sur  mon  nom  le  triomphe  éclatant  de 
la  République  ! 

Vive  la  France  !  Vivent  les  réformes  !  Vive  la  République  ! 

Maurice  BERTEAUX, 

Chevalier  de  la  Légion  d’honneur, 

Député  sortant, 

Candidat  de  l’Union  des  Comités  républicains, 
républicains  radicaux, 

radicaux-socialistes  et  républicains  socialistes 
de  la  lre  circonscription  de  Versailles. 


2e  circonscription  de  VERSAILLES 
M.  GAUTHIER  (de  Clagny) 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  9.050  voix. 


Comité  de  l’Alliance  Républicaine  Démocratique  . 

FÉDÉRATION  REVISIONNISTE 


Mes  Chers  Concitoyens, 

Depuis  seize  ans,  soit  au  Conseil  général,  soit  à  la  Chambre,  j’ai  1  honneur  de  vous 
présenter. 

A  chaque  élection  nouvelle,  vous  m’avez  donné  les  gages  les  plus  précieux  de  votie 
nüance  et  de  votre  sympathie. 

J’ai  conscience  d’avoir  consacré  tout  mon  zèle,  toute  mon  activité,  toute  mon  intelli- 
nce  à  défendre  vos  intérêts,  à  bien  servir  la  France  et  la  République.  11  s’est  créé  enire 


nous  des  liens  que  ne  parviendront  pas  à]  briser  les  efforts  impuissants  d’une  poignée  de 
sectaires  et  de  politiciens  aigris  par  leurs  déboires  électoraux* 

Je  n’ai  pas  à  vous  faire  un  programme  chargé  de  promesses.  Vous  savez  combien  les 
parlementaires  sont  impuissants  à  réaliser  aucune  réforme  sérieuse* 

le  tiens  à  vous  renouveler  Passurance  que  je  reste  fidèle  au  programme  de  réformes 
démocratiques  et  de  pacification  sociale,  que  vous  avez  tant  de  fois  fait  triompher  sur  mon 
nom. 

Les  travailleurs,  dont  la  vie  n’est  trop  souvent  qu'une  longue  série  d’épreuves,  savect 
que  je  connais  leurs  besoins  et  que  je  compatis  à  leurs  souifrances  ;  comme  par  le  passé 
ils  me  trouveront  toujours  disposé  à  les  traiter  en  amis,  prêt  à  m’associer  aux  mesures  qui 
peuvent  améliorer  les  conditions  de  leur  existence,  assurer  la  liberté  de  leur  travail  et  ]a 
retraite  de  leurs  vieux  jours. 

Les  industriels  et  les  commerçants,  si  rudement  atteints  par  Inapplication  de  lois  votées 
h  la  légère,  auront  toujours  en  moi  un  défenseur  résolu  de  leurs  intérêts  compromis* 

Les  contribuables,  écrasés  d’impôts,  menacés  de  charges  nouvelles  pour  faire  face  au 
déficit  creusé  dans  nos  budgets  par  une  politique  de  gaspillage  sans  précédent,  savent 
qu’ils  peuvent  compter  sur  mon  énergie  pour  les  défendre* 

La  première  préoccupation  de  vos  élus,  après  avoir  ouvert  aux  exilés  les  portes  de  leur 
Patrie,  sera  de  porter  un  prompt  et  radical  remède  à  l’accroissement  effrayant  de  nos 
dépenses  publiques  et  à  l’anarchie  de  nos  finances* 

Électeurs, 

Depuis  trois  années,  l’étrange  coalition  de  politiciens  sans  scrupules  qui  s’est  emparé 
du  pouvoir,  a  gouverné  par  l’arbitraire  et  régné  par  la  corruption. 

Désorganisant  notre  armée  nationale,  nos  finances,  notre  industrie,  notre  commerce, 
semant  partout  les  divisions  et  la  haine,  ils  semblent  avoir  pris  à  tâche  d’affoler  notre 
démocratie  laborieuse,  pour  la  livrer  sans  défense  à  la  réaction  toute  puissante,  à  la  haute 
Finance  cosmopolite* 

Le  suffrage  universel,  dans  la  plénitude  de  sa  souveraineté,  va  bientôt  juger  ces  cou¬ 
pables  et  arracher  de  leurs  mains  le  Gouvernement  de  la  République,  Vous  tiendrez  à  hon¬ 
neur  de  prendre  une  large  part  à  cette  œuvre  féconde  de  saîut  national* 

Chers  Concitoyens, 

Jamais  la  situation  n’a  été  plus  grave,  jamais  votre  vote  rf  aura  eu  plus  de  poids  dans 
les  destinées  de  la  Patrie* 

C’est  à  vous  tous,  qui  voulez  une  France  puissante  et  respectée,  une  démocratie  libre, 
une  République  nationale,  tolérante  et  généreuse,  accueillant  tous  les  concours,  ouverte  à 
toutes  les  bonnes  volontés,  un  Gouvernement  respectueux  dos  droits  sacrés  de  la  cou- 
science  humaine,  poursuivant  une  politique  d’union,  de  concorde  et  de  réconciliation 
sociale  ; 

C’est  a  vous  tous,  qui  conservez  intact  le  culte  du  drapeau,  de  la  patrie  et  de  la  liberté, 
que  je  fais  appel  ; 

J’attends,  avec  une  entière  confiance,  votre  verdict  souverain. 

Vive  la  France!  Vive  la  République  1 

Votre  dévoué, 

Albert  GAUTHIER. 


—  905  — 


N*  4162 


3°  circonscription  de  VERSAILLES* 
M.  RUDELLE 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  7.712  voix. 


Mes  chers  Concitoyens* 

Je  viens  solliciter  vos  suffrages  pour  remplacer  à  ia  Chambre  mon  regretté  confrère  et 
ami  Georges  Haussmann.  Comme  lui,  je  suis  l'adversaire  résolu  de  la  politique  anti-libérale 
et  anti-nationale  du  ministère  actuel. 

Je  suis  républicain*  démocrate*  iibéral  et  patriote. 

Républicain,  cette  épithète  devrait  suffire;  je  la  revendique  hautement  avec  ma  qualité 
de  Français  et  d’Enfant  de  Seine-et-Oise; 

Républicain  démocrate*  je  veux  plus  de  justice  et  plus  de  solidarité  entre  les  fils  de  la 
même  Patrie  ; 

Républicain  patriote,  j’entends  m’opposer  aux  menées  sourdes  de  l’étranger  et  de  tous 
ses  complices  conscients  ou  inconscients  qui  nous  ruinent  et  qui  désorganisent  la  défense 
nationale  au  profit  de  politiciens  ambitieux  et  de  financiers  cosmopolites; 

Républicain  libéral,  je  veux  le  respect  de  toutes  les  opinions,  la  liberté  de  conscience, 
la  liberté  d* enseignement,  la  liberté  d’association,  la  liberté  du  travail,  en  un  mot  toutes 
les  libertés  compatibles  avec  Pintcrêt  général  du  Pays. 

Electeurs, 

Décidé  à  donner  le  pas  aux  réformes  économiques  et  sociales  sur  la  politique,  j’en¬ 
tends  : 

Améliorer  le  sort  des  travailleurs  par  une  plus  juste  répartition  des  impôts  et  des 
charges  publiques. 

Protéger  notre  agriculture,  notre  commerce  et  notre  industrie  en  leur  donnant  plus  de 
sécurité. 

Protéger  les  ouvriers  français  contre  la  concurrence  de  la  main-d’œuvre  étrangère. 

Résoudre  le  grave  problème  des  retraites  ouvrières. 

Développer  la  mutualité  et  les  sociétés  de  prévoyance. 

Remédier  aux  abus  de  la  loi  Millerand-Colliard  qui  impose  à  l’ouvrier  un  chômage  arbi¬ 
traire. 

Prendre  d’énergiques  mesures  pour  combler  le  dôGcit  apporté  dans  nos  budgets  par 
une  politique  de  gaspillage  sans  précédents  ;  en  assurer  F  équilibre  en  opérant  les  plus 
sévères  économies  et  en  réduisant  le  nombre  toujours  croissant  des  fonctionnaires. 

Régler  par  des  lois  nouvelles  mieux  étudiées,  pins  rapidement  votées*  les  rouages 
administratifs,  judiciaires  et  parlementaires,  dont  le  fonctionnement  laisse  depuis  longtemps 
à  désirer. 

Telles  sont  les  lignes  principales  du  programme  auquel  je  veux  me  consacrer. 

Vous  savez  qui  je  suis  ;  mon  passé  et  mon  dévouement  vous  sont  connus  *  ancien  sub¬ 
stitut  du  Procureur  de  la  République,  puis  avocat  à  Versailles,  conseiller  général  depuis 
dix  ans;  conseil  ou  membre  de  la  plupart  des  sociétés  de  l’arrondissement,  ancien  Prési¬ 
dent  de  la  Société  d’agriculture  du  département,  dont  je  suis  toujours  membre  actif*  vous 


m 


avez  pu  méjuger  suivant  mes  actes  et  vous  savez  si  je  me  conforme  en  toute  ma  conduite 
aux  déclarations  et  aux  promesses  que  je  fais. 

Mon  indépendance  ést  absolue,  fila  vie  toilte  de  travail,  étrangère  à  toute  spéculation 
financière,  appartient  à  votre  jugement. 

Également  ennemi  de  toute  réaction  et  dé  toute  révolution,  j’entends  rester  ce  que  j'ai 
toujours  été  :  le  représentant  dévoué  de  tous  les  Républicains  libéraux,  démocrates  et 
patriotes  et  non  le  sectaire  asservi  à  certaines  coteries. 

Je  veux  une  République  nationale,  libérale,  tolérante,  véritablement  fraternelle,  réso¬ 
lument  orientée  vers  ïe  progrès  social. 

Je  veux  la  France  grande  et  respectée  en  dedans  comme  au  dehors. 

Mon  seul  drapeau  est  le  drapeau  tricolore,  le  drapeau  dé  la  République  française, 
J'attends  avec  confiance  le  verdict  que  vous  allez  rendre  dans  la  plénitude  de  votre 
souveraineté. 

Vive  la  France  1  Vive  la  République  î 

RUDELLE, 

Conseiller  général  de  Seme-et-Oise, 
Candidat  républicain*  antiministèriel. 


—  007  — 


N"  1162 


DEUX-SÈVRES 


Circonscription  de  BRESSUIRE 

M.  SAVARY  DE  BEAUREGARD 
Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  lh.985  yoix. 


Messieurs  et  Chers  Concitoyens, 

La  législature  qui  s'achève  est  de  çeljes  qui  auront  à  encourir  devant  l’Histoire  le? 
plus  lourdes  responsabilités. 

Élus  pour  travailler  au  bien  du  pays,  de  nombreux  mandataires  du  peuple  ont  oublié 
leurs  promesses  et  semblent  avoir  pris  à  tâcbe  de  semer  sur  leur  passage  la  discorde  et  la 
ruine.  Une  majorité  servile,  telle  qu’on  n’en  avait  jamais  vue  dans  une  Chambre  française, 
s’est  faite  la  complice  d’un  gouvernement,  docile  instrument  entre  les  mains  des  Juif?  et 
des  Francs-Maçons.  A  voir  la  rage  avec  laquelle  cette  majorité  sectaire  a  sapé  une  à  une 
toutes  les  bases  de  l’édifice  national,  on  dirait  que,  dans  les  secrets  desseins  de  ceux  qui 
l’ont  dirigée,  la  porte  définitive  de  la  France  était  irrévocablement  décidée. 

Les  révolutionnaires  encouragés  et  protégés  ;  la  justice  avilie  et  asservie  ;  la  liberté  dç 
conscience  foulée  aux  pieds  s  l’armée  et  lu  marine  désorganisées,  livrées  à  l’arbitraire  et  à 
la  haine  des  politiciens  ;  les  finances  de  l’État  gravement  compromises,  tels  sont  les  résul¬ 
tat?  de  l’mpvre  néfaste  à  laquelle  ont  collaboré  ceux  qui  soutiennent  depuis  trois  ans  le 
ministère  YValdeçb-Millerand, 

Effrayés  par  les  conséquences  certaines  de  cette  politique,  les  hommes  éclairés  et  sages 
d?  tous  les  partis  ont  compris  que,  pour  défendre  la  Patrie,  l’union  des  braves  gens  était 
désormais  nécessaire.  Aujourd'hui  ce  n’est  pas  la  Constitution  républicaine  qui  se  trouve  ep 
jeu,  c’est  l’avenir  piûme  de  la  Nation.  Aussi  voyons-nous  marcher  sous  le  même  drapeau 
des  fondateurs  de  la  République,  comme  Iss  Ri  bot  et  les  Méline,  et  d’anciens  chefs  de  l’op¬ 
position  conservatrice, comme  les  Pion  et  le?  de  Mun-  C’est  qti’eq  effet,  quand  l’incendie 
êfepcl  ses  ravages,  on  chercha  à  réunir  pour  le  combattre  tous  les  hommes  de  bonne  volonté. 
Levez-vous  donc,  hommes  de  bonne  volonté,  qui  qiie  vous  soyez,  monarchistes  pu  républi¬ 
cain?  !  C’est  Rappel  qui  retentit  partout  ou  ce  moment,  car  il  s’agit  de  rendre  à  ce  paya  la 
liberté,  la  sécurité  et  la  paix, 

La  liberté!  M’est-eile  pas  actuellement  le  privilège  exclusif  des  anarchistes  et  des  sec¬ 
taires?  Répondez,  fonctionnaires  dé  tous  ordres,  jouissez-vous  de  la  liberté,  vous  qui  trem¬ 
blez  sous  |a  perpétuelle  menace  des  plus  odieuses  délation??  Et  vous,  pères  de  famille, 
éies-mns  libre?,  vous  qu’on  oblige  à  faire  éleypr  vos  enfants  en  dehors  de  tout  enseigne- 
religieux  ?  Vous  qu’on  prétend  priver  du  droit  essentiel  de  confier  ce  que  vous  avez  de 
plus  cher  an  mande,  l’âme  de  vos  fils,  aux  maîtres  qui  vous  inspirent  confiance!  Non, 
vpus  (Pûtes  plus  libres  et  c’est  parce  que  vous  vous  youle?  le  redevenir  que  vous  arracherez 
le  pouvoir  à  vos  oppresseurs. 

Elt  la  sécurité?  Pouyops-nous  dire  qu’efie  existe  encore  dans  ce  pays,  oq  le  Gouverne- 


~  908  - 


ment  s'associe  aux  pires  ennemis  de  la  société?  Non,  elle  n’y  existe  plus,  ni  pour  les  capi¬ 
taux  ni  pour  les  personnes,  et  nos  regards  anxieux  interrogent  Fa  venir,  comme  ceux  des 
naufragés  percent  l’horizon,  pour  voir  d’où  viendra  le  secours. 

La  paix!  Où  la  trouvons-nous  par  le  temps  qui  court?  Ce  n’est  nas  dans  les  assemblées 
parlementaires,  où  l’injure  et  la  calomnie  sont  devenues  les  arguments  à  la  mode.  Ce  n’est 
pas  dans  nos  campagnes,  ni  à  l'atelier,  où  la  confiance  mutuelle  entre  patrons  et  ouvriers  a 
trop  souvent  fait  place  à  la  méfiance  réciproque  et  à  Humilité  déclarée.  Hélas!  ce  n’est  pas 
davantage  an  foyer  familial,  où  l'autorité  paternelle  est  battue  en  brèche  par  l’esprit  de 
révolte  et  d’insubordination.  Certes!  les  désastres  accumulés  depuis  vingt  années  seront 
difficiles  à  réparer;  la  tâche,  pour  être  dure,  n’en  est  pas  moins  possible  et  cela  suffit  pour 
que  tous  les  bons  citoyens  aient  le  devoir  de  se  mettre  activement  à  l’œuvre.  Nous  ne  récla¬ 
mons  en  somme  que  ce  que  l’Etat  doit  nous  assurer,  c’est-à-dire  :  «  La  liberté  pourvus, 
liberté  d’enseignement,  liberté  d’association  ;  l’égalité  devant  la  loi,  ni  privilège  ni  exclu¬ 
sion  par  suite  de  convictions  religieuses  on  philosophiques;  le  droit  commun  pour  tous, 
pour  les  congréganistes  comme  pour  les  autres,  » 

En  politique,  nous  devons  être  les  adversaires  de  tous  les  perturbateurs  et  je  suis  pour 
ma  part  résolu  à  soutenir  tout  gouvernement  honnête.  Ayant  pu  pendant  près  de  cinq 
années  constater  par  moi-même  les  abus  du  Parlementarisme,  je  demande  un  pouvoir  exé¬ 
cutif  plus  fort,  capable  de  résister  à  la  dictature  anonyme  des  grandes  assemblées,  rem¬ 
plissant  en  un  mot  son  rôle  nécessaire.  Je  partage  sur  ce  point  l’opinion  naguère  exprimée 
par  M.  Aynard,  à  Lyon,  et  par  M.  Deschanel,  en  Eure-et-Loir. 

Je  veux  donc,  comme  je  vous  le  disais  en  1898,  la  limitation  des  pouvoirs  des  Chambres. 
Je  veux  aussi  la  réduction  du  nombre  des  Sénateurs  et  des  Députés,  la  représentation  pro¬ 
portionnelle  des  minorités  et,  pour  atteindre  ce  but,  le  retour  au  scrutin  de  liste,  que  j’ai 
d’ailleurs  voté.  Justement  effrayé  par  Paccroissement  constant  des  charges  qui  pèsent  sur  le 
contribuable,  j'estime  qu’il  faut  entrer  franchement  dans  la  voie  des  économies.  Si,  par  la 
force  même  des  choses,  bien  des  dépenses  nouvelles  deviennent  obligatoires,  combien  sont 
nombreux  les  rouages  vieillis,  inutiles  et  coûteux  qu’on  pourrait  supprimer  sans  inconvé¬ 
nient.  C’est  pour  cela  que  je  demeure  partisan  de  la  décentralisation  administrative,  dont 
les  conséquences  seraient  l’indépendance  plus  grande  des  départements  et  des  communes 
et  la  possibilité  de  diminuer  progressivement,  par  voie  d’extinction,  le  nombre  des  fonction¬ 
naires. 

En  principe,  dans  l'avenir  comme  dans  le  passé,  je  serai  toujours  hostile  auX  impôts 
nouveaux*,  qui  sont  trop  souvent  des  impôts  de  superposition  et  non  de  remplacement. 
Quant  à  Fimpôt  progressif  sur  ie  revenu,  je  le  repousse  absolument.  Vexatoire  et  arbitraire, 
aboutissant  à  la  confiscation  de  la  fortune  privée,  provoquant  par  là  Fexode  des  capitaux, 
d’un  rendement  sans  cesse  variable  et  impossible  à  évaluer,  Fimpôt  progressif  sur  le 
revenu,  vieille  plate-forme  électorale  du  parti  radical,  aurait  bientôt  fait  de  tarir  la  source  de 
la  richesse  publique,  si  jamais  il  était  établi.  La  législature  prochaine  aura  sans  doute  à  sta¬ 
tuer  sur  deux  questions  d’une  importance  capitale  ;  je  veux  parler  des  retraites  ouvrières  etde 
la  réduction  du  service  militaire.  En  ce  qui  concerne  les  retraites,  je  suis  de  ceux  qui  sont 
décidés  à  aller  très  loin  pour  ce  qui  est  de  la  participation  de  l’État  dans  la  constitution  de 
ces  retraites,  puisque  j’ai  voté  1e  projet  Mirman.  Mais  je  suis  opposé  à  L’obligation  des  ver¬ 
sements  imposée  aux  travailleurs  et  aux  patrons  et  je  reste  persuadé  qu’on  trouverait  la 
meilleure  solution  de  ce  captivant  problème  dans  la  diffusion  de  la  mutualité,  large¬ 
ment  encouragée  et  subventionnée.  La  réduction  de  la  durée  du  service  militaire  soulève 
également  les  plus  graves  difficultés.  Sans  doute  cette  réforme  est  urgente,  depuis  trop 
longtemps,  les  peuples  succombent  sous  le  fardeau  de  ce  qu'on  est  convenu  d’appeler  :  la 
paix  armée.  Aussi  voyons-nous  revenir  en  faveur  le  vieux  système  tant  décrié  des  armées 
de  métier.  Partout  on  comprend  qu’ii  devient  impossible  de  continuera  priver  pendant  trois 
années  l’agriculture  et  l’industrie  des  bras  qui  leur  sont  nécessaires.  Mais  on  se  heurte  à 
de  gros  inconvénients,  dès  qu’on  veut  toucher  aux  rouages  de  la  défense  nationale. 

Si  nous  devons,  en  effet,  chercher  le  moyen  de  réduire  la  durée  du  service,  nous  avons 


—  90S  — 


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aussi  le  devoir  d’écarler  tout  ce  qui  pourrait  affaiblir  nos  forces  militaires.  Les  regards  tour¬ 
nés  vers  la  frontière,  rappelons-nous  qu’un  ennemi  vigilant  est  toujours  tenté  de  profiter 
des  fautes  commises  par  son  adversaire.  Or,  deux  systèmes  sont  en  présence,  le  système 
comportant  deux  années  de  service  pour  tout  le  monde,  sans  dispenses  et  sans  autres  modi¬ 
fications  profondes  j  puis  le  système,  beaucoup  plus  rationnel  à  mon  sens,  qui  imposerait  à 
tous  une  seule  année  de  service  en  maintenant  solidement  les  jeunes  soldais  dans  des 
cadres  puissants  de  vieux  snus-offiriers,  de  vieux  troupiers  rengagés,  auxquels  on  réserverait, 
avec  des  primes  suffisantes,  tous  les  petits  emplois  civils,  après  un  certain  nombre  d’années 
passées  sous  les  drapeaux.  Ce  dernier  projet  a  toutes  mes  préférences,  je  l’abandonnerais 
néanmoins  si  la  discussion  démontrait  qu’il  n’assure  pas  complètement  la  sécurité  nationale. 
Tout  Français  digne  de  ce  nom  m’approuvera  de  ne  vouloir  obéir  sur  ce  point  qu’au  senti¬ 
ment  de  ma  responsabilité  et  aux  préoccupations  patriotiques  les  plus  légitimes. 

Au  point  de  vue  industriel  et  agricole,  je  suis,  aujourd’hui  comme  hier,  partisan  d’une 
sage  protection  en  faveur  de  nos  produits,  En  présence  de  la  concurrence  de  plus  en  plus 
inquiétante  que  nous  font  les  mondes  nouveaux,  nous  serions  vraiment  d’une  naïveté  cou¬ 
pable  si  nous  laissions  nos  portes  ouvertes  à  la  production  étrangère,  alors  que,  presque 
partout,  la  nôtre  est  et  resterait  frappée  de  droits  élevés. 

Messieurs  et  chers  Concitoyens,  ayant  fait  de  la  droiture  la  règle  de  ma  vie,  je  crois 
vous  avoir  exprimé  clairement  ma  pensée  sur  les  questions  importantes  qui  passionnent 
aujourd’hui  l’opinion  publique.  A  la  Chambre,  j’ai  voté  tout  ce  qui  me  paraissait  conforme 
à  vos  intérêts,  à  vos  convictions,  au  bien  du  pays;  j’ai  repoussé  sans  hésitation  tout  ce  qui 
me  semblait  mauvais  ou  dangereux  et  je  puis  affirmer,  la  tète  haute,  que  sur  les  bancs  du 
Parlement  comme  au  milieu  de  vous,  je  me  suis  toujours  montré  sincèrement  libétal  et  par¬ 
faitement  indépendant.  Sans  aucune  ambition  personnelle,  je  préfère  la  vie  calme  du  foyer 
et  des  champs  aux  luttes  pénibles  et  décevantes  de  la  politique.  Le  jour  où  j’entrerai 
dans  la  retraite  et  dans  l’oubli,  je  n’éprouverai  ni  amertume  ni  regrets,  si  j’ai  pour  moi  le 
témoignage  d’une  conscience  sans  reproche.  Ce  n’est  donc  pas  par  un  vain  sentiment 
d’amour  propre  que,  pour  la  troisième  fois,  je  sollicite  vos  suffrages.  Dans  les  circonstances 
actuelles,  je  crois  remplir  un  devoir  en  cherchant  à  grouper,  parmi  vous,  ceux  qui  veulent, 
dans  la  France  pacifiée  et  prospère,  plus  de  justice  et  plus  de  concorde. 

Patriotes  ardents,  citoyens  indépendants  et  éclairés,  vous  prouverez  le  27  avril  que 
vous  êtes  les  partisans  convaincus  de  cette  politique,  large  et  tolérante,  à  laquelle,  pour  ma 
part,  j’ai  toujours  été  fidèle. 

En  avant,  et  courageusement!  C’est  pour  la  France  et  pour  la  liberté. 

Henry  SAVARY  de  BEÀUREGARD, 

Député  sortant,  Candidat  libéral,  , 
Conseiller  d’arrondissement  de  Bressuire, 
Maire  de  Chàtillon-sur-Sèvre, 

Membre  du  Comité  Directeur  de  l'Action  libérale. 


Circonscription  de  MELLE 

M.  ROUCIER 

Élu  au  1er  totjr  de  scrutin.  —  11 . 386  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

En  me  présentant  à  vos  suffrages,  pour  l'élection  du  27  avril,  je  réponds  à  l’appel  gt)i 
m’a  été  fait,  il  y  a  quelques  jours,  par  le  Congrès  républicain. 

Si,  sur  les  instances  de  mes  amis  politique?,  j’ai  consenti  à  aborder  la  lutte  électorale, 
c’est  avec  le  seul  souci  d’unir  toutes  Ips  bonnes  volontés  et  de  grouper,  clans  l’intérêt 
supérieur  de  la  démocratie,  tous  ceux  qui  servent  ]a  même  cause  et  défendent  le  même 
drapeau. 

Vous  me  connaisse?;  ;  je  suis  né  et  j’ai  vécu  au  milieu  de  vous.  Attaché  à  notre  arron¬ 
dissement  par  me?  iiens  de  f&tpiîlp,  mes  affections,  tqns  me?  intérêts,  j’ai  les  mêmes  senti¬ 
ments  et  les  mêmes  aspirations  que  vous.  Je  représente,  depuis  bientôt  dix  ans,  le  canton 
dp  la  Motlm-Saint-fléray  au  Cppseil  d’arrondissement  ;  aussi,  n’ai-je  nul  besoin  de  vous 
faire  dé  séduisantes  et  trop  faciles  promesses, 

Promettre,  pst  bien  ;  tenir  est  mieux. 

On  a  dit  que  ma  candidature  était  équiyoque,  Elle  a,  au  contraire,  une  signification  très 
claire  et  très  précise  ;  plie  consacre  l’union  de  tous  les  républicain?  contre  la  coalition  de 
fous  les  réactionnaires. 

Mon  programme  n’est  ni  vaste,  pi  ambitieux.  C’est  celui  des  démocrates  sincères  qui, 
profondément  épris  des  principes  dp  la  Révolution  française,  entendent  y  demeurer  fidèles. 

Je  vpux  une  République  forte,  respectée  dq  tous,  assurent  à  l’intérieur  le  maintien  de 
l’ordre  avpç  la  liberté,  conservant  à  l'extérieur  le  prestige  du  nom  et  dp  génie  de  la  France, 
de  plus  en  plus  ouverte  aux  idées  de  progrès,  de  justice,  de  pacification  sopiale. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Des  problèmes  délicats,  complexes,  sollicitant  toute  l’attention  de  vos  mandataires,  sont 
déjà  posés  pour  la  prochaine  législature. 

Si  vous  me  faites  l’honneur  de  m’envoyer  siéger  au  Parlement,  je  me  livrerai  à  l’étude 
et  à  l’examen  de  ces  questions,  en  toute  conscience,  avec  la  volonté  nettement  arrêtée 
d'accepter  les  solutions  que  me  paraîtra  comporter  l’intérêt  du  pays,  l’intérêt  de  la  Répu¬ 
blique. 

Je  consacrerai  spécialement  tous  mes  efforts  à  la  protection  de  l’agriculture,  de  l’indus¬ 
trie  et  du  commerce,  qui  forment  la  base  fondamentale  de  la  prospérité  publique  et  qui 
exigent,  à  chaque  instant,  la  vigilance,  la  sollicitude  et  les  encouragements  du  législateur. 

En  matière  fiscale,  il  est  temps  d’entrer  dans  la  voie  des  économies  et  de  poursuivre  la 
suppression  des  emplois  inutiles  et  des  gros  traitements.  Je  réclame  le  vote  du  budget  en 
temps  normal  pour  éviter  cette  funeste  méthode  des  douzièmes  provisoires.  Je  veux  qu’on 
se  préoccupe  plus  sérieusement  des  intérêts  des  contribuables,  de  plus  en  plus  méconnus. 

J’estime  que  l’impôt  doit  être  plus  équitablement  réparti  entre  Jes  citoyens  ;  qu’il  faut 
corriger  des  inégalités  choquantes,  épargner  le  travail,  atteindre  sans  mesures  vexatoires 
la  fortune  acquise,  frapper  surtout  le  superflu  pour  opérer  à  la  base  des  dégrèvements  dont 
bénéficieront  les  petits  contribuables  et  les  familles  nombreuses. 


—  914  —  N°  4462 

Au  point  de  Vue  national,  jd  veux  ({lie  Farinée  reste  eü  dehors  dè  nos  qüërëileS  poli¬ 
tiques  et  qu'elle  se  renferme  exclusivement  dans  l’accomplissëiftent  dé  Sës  devoirs, 

le  suis  partisan  de  fa  réduction  dü  service  militaire  à  deux  âiiS  ët  de  fâ  ëiippfeâsion 
immédiate  des  périodes  d'appel  de  vingt-huit  et  trêi^ê  jours,  dont  Eiitllilè  ne  me  parait  pas 
compenser  les  charges  qu’elles  imposent. 

Ami  de  l'enseignement  laïque,  je  considère  que  FÊtat  û  le  dréit  de  demander  k  cetbt 
qui  aspirent  à  le  servir  d’être  pénétrés  de  son  esprit  et  dévoués  à  ses  institutions.  Jë  veux, 
en  matière  confessionnelle,  le  rë&pèct  de  toutes  les  cdlivictionê,  la  fibëfté  âfesolhë  de 
conscience  ;  je  veux  la  paix  religieuse,  qui  ne  sera  jamais  troublée  si  le  clergé,  comprëMnt 
ses  véritables  intérêts,  ne  sort  paà  dë  son  domalrië  fet  se  cüfrSâcréëhtièremëht  à  sa  Mîësion. 

lssü  du  peuple,  jè  ne  peux  pas  oublier  ce  qtïë  je  lui  dois;  Je  coftliais  la  rade  existence 
des  travailleurs  agricoles,  îë  labeur  courageux  deâ  ouvriers  de  Ftisirtë,  aVëc  fësqüëls, 
jusqu’ici,  j’ai  passé  ma  vie, 

La  société  doit  à  tous  aide  et  protection,  ët  l'État  doit  cdnCdUrir,  aièC  lès  institutions 
de  prévoyance  et  de  mutualité,  â  la  création  dé  caissëë  de  retraités  qui  mettront  à  Vàbti  dü 
besoin  les  vieillards  et  les  victimes  du  travail. 

Electeurs, 

11  est  inutile  de  vous  tracer  votre  déVoit. 

LWrôndlssement  dë  Meîlë  a  depuis  longtemps  donné  des  preuves  de  son  attachement 
k  ndtrë  régime  dêmoeratiqüé. 

11  ne  Se  iaisâëru  plus  surprendre  pat  les  insinuations  perfides  on  les  calomnies  de  nos 
adversaires. 

Les  événements  dë  cès  derniers  temps  ont  déchiré  totië  les  Vflîlès  et  dissipé  toutes  les 
illusions. 

Vous  ne  voulez  plus  ni  équivoque,  ni  obscurités, 

Votis  dëiïiatidèz  aujcrard’hoî  ët  vous  Voüïëz  dë  lat  ùèttëtê,  de  Id  franchise,  de  la 
Sincérité  ! 

Or,  c'est  lâ,  réptibHciîïîÈ,  tjüë  je  trotiVë  la  garantie  ët  la  certitude  de  notre  succès  I 

Vive  la  République  I 

Ferdinand  KOÙGIEB, 

Industriel,  Maire  dé  àallës, 
Vice-frésident  du  Conseil  d'arroridissetnent 
de  Melle. 


lre  circonscriptitra  dë  NIORT 
M.  DISLEAC 

Élu  au  S*  toUf  de  idfuüd:  --  10.294  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Pour  la  troisième  fois,  j’ai  l'honneur  de  solliciter  vos  libres  suffrages. 

Au  cours  d’un  mandat  déjà  long,  j’ai  noué  avec  beaucoup  d’entre  vous  des  relations 
que  le  temps  n’a  fait  que  resserrer  et  dont  je  pourrais  peut-être  tirer  vanité.  Qu  il  £he 


912  ~ 


suffise  de  dire  que,  pour  aujourd'hui,  elles  justifieront  simplement  la  brièveté  des  déclara¬ 
tions  nécessaires  que  vous  attendez  de  moi. 

J’ai,  du  reste,  l'intention  formelle  de  me  restreindre  à  cette  profession  de  foi,  estimant 
qu'entre  gens  qui  se  connaissent,  c'est  assez  de  s’expliquer  une  bonne  fois,  et  que  des  élec¬ 
teurs  avisés,  prudents  et  libres  comme  vous  l'êtes,  ne  peuvent  plus,  leur  choix  fait,  se 
laisser  détourner  par  les  clameurs  qui  troublent  souvent  les  derniers  jours  de  la  période 
électorale, 

La  situation  est  nette  et  vous  la  trancherez  facilement  par  une  réponse  claire  et 
précise. 

On  offre  d'abord  à  vos  suffrages  la  pure  doctrine  social  iste-coîlectivîste,  Vous  la  répu¬ 
dierez,  comme  vous  l'avez  toujours  fait  ;  car  vous  ne  concevez  pas  le  progrès  social,  auquel 
nous  sommes  tous  attachés,  en  dehors  du  respect  absolu  de  toutes  les  propriétés, Vous  savez 
qu'on  ne  fonde  rien  en  dehors  du  libre  jeu  de  l'initiative  individuelle. 

Ou  vous  présente  ensuite  un  programme  et  des  doctrines  qu'il  serait  sans  doute 
assez  difficile  de  cataloguer,  si,  comme  toujours,  la  congrégation  n'en  avait  pas  fait  sa 
chose. 

Le  parti  clérical  enrôle  sous  sa  bannière  les  débris  de  toutes  les  réactions  pour  m 
retour  offensif,  dans  une  circonscription  qui  l’a  condamné  il  y  a  déjà  vingt-cinq  ans  I 

C'est  une  belle  audace  I  On  y  ajoutera  sans  doute  celle  de  parler  d’intolérance  reli¬ 
gieuse,  dont  la  loi  des  associations  serait  la  marque  et  le  signal. 

Je  revendique  ici  ma  part  de  responsabilité.  Pas  un  républicain  n’entend  contrarier 
l'expression  de  la  pensée  religieuse,  ni  porter  atteinte  à  l'exercice  du  culte.  Mais  nous  ne 
pouvons  vraiment  reconnaître  au  clergé  aucun  droit  supérieur  de  s'ingérer  en  des  domaines 
qui  ne  sont  pas  de  sa  mission  ;  il  y  trouble  tout  chaque  fois  qu'il  s'en  mêle. 

Toutes  les  protestations  de  la  coalition  cléricale  n'expriment  que  son  opposition  irré¬ 
ductible  à  la  République  I 

En  présence  de  ce  retour  offensif,  le  devoir  des  républicains  est  impérieux. 

Nos  adversaires  veulent  une  suprême  leçon  ;  ils  l'auront,  à  la  condition  que  conformé¬ 
ment  à  notre  tradition  de  stricte  discipline  se  feront  T  union  et  la  concentration  de  toutes 
nos  forces  contre  la  coalition  des  réactionnaires  déguisés  sous  le  nom  de  nationalistes. 

Il  y  va  de  l'honneur  de  la  lr"  circonscription  I 

La  politique  que  vous  aurez  ainsi  affirmée  sur  mon  nom  sera,  du  reste,  une  politique 
aussi  prudente  que  fière  à  l'extérieur  et  de  progrès  constant  à  l'intérieur. 

Elle  est  soucieuse  de  la  grandeur  traditionnelle  du  pays,  consciente  du  rôle  de  la 
France  dans  le  monde,  bien  décidée  à  maintenir  et  à  développer  de  plus  en  plus  ses  forces 
défensives. 

Le  service  de  deux  ans  égal  pour  tous  consacrera  pour  la  nation  une  répartition  plus 
équitable  des  charges  militaires  et  donnera  à  l'armée,  moyennant  quelques  précautions 
pour  les  cadres,  une  puissance  qu'elle  n'a  pas  connue  jusqu'ici. 

La  lutte  économique  mondiale  est  de  plus  en  plus  âpre;  il  appartient  à  la  République 
d'en  surveiller  les  conditions  et  de  prendre  toutes  les  initiatives  capables  de  défendre  notre 
a gricul t u r e ,  n otre  com m er ce  et  no tr e  i n du str i e . 

La  prochaine  législature  aura  à  reprendre  et  à  faire  aboutir  un  certain  nombre  de 
réformes  urgentes  dès  à  présent  préparées  et  étudiées  : 

L'assistance  des  vieillards  et  infirmes  ; 

Les  retraites  ouvrières,  dont  le  bénéfice  devra  être  étendu  aux  travailleurs  des  champs. 
Le  plus  large  concours  en  ces  matières  devra  être  demandé  aux  sociétés  de  secours  mutuels, 
afin  d'alléger  d'autant  la  besogne  de  l'État; 

La  simplification  d'une  foule  de  services  administratifs  ; 

L'organisation  des  chambres  d'agriculture  ; 

Elle  poursuivra  l’étude  des  réformes  fiscales. 

Enfin,  l'action  politique  des  Chambres  et  de  chaque  député  dans  son  milieu  doit  tendre 
à  solliciter  les  initiatives  rurales  et  ouvrières  en  vue  de  toutes  les  institutions  mutuelles 


913  — 


V*  1162 


que  ta  loi  permet,  notamment  de  crédit,  afin  de  montrer  ainsi  que  l’initia live  personnelle 
et  rassocïatiûû  peuvent  réaliser  et  réalisent  en  fait  les  plus  heureuses  améliorations 
sociales. 

Pour  mon  compte,  fondateur  de  îa  société  de  crédit  agricole  mutuel  de  Champdeniers, 
je  ne  serai  satisfait  qu’après  avoir  vu  naître  la  caisse  régionale  de  crédit  des  Deux-Sèvres. 

Je  n’ai  pas  besoin  de  dire  que  la  plus  stricte  économie  doit  présider  à  la  confection  de 
nos  budgets.  C’est  la  condition  essentielle  et  indispensable  d’une  politique  de  réforme. 

Je  pense  qu’avec  une  révision  du  règlement  et  d'autres  méthodes  de  travail,  le  régime 
parlementaire  ne  tarderait  pas  à  donner  d’autres  fruits  et  de  meilleurs. 

Ce  régime  reste  en  tout  cas  la  garantie  de  nos  libertés  politiques.  Il  se  confond  avec  la 
République,  à  laquelle  je  vous  convie  encore  une  fois  d'apporter  vos  suffrages. 

Vive  la  République  ! 

G.  DISLEÂU, 

Avocat,  docteur  en  droit, 

Député  sortant. 


2°  circonscription  de  NIORT 

M.  GENTfL 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  7.096  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Il  y  a  deux  ans,  lorsque  vous  m’avez  fait  l'honneur  de  me  choisir  pour  vous  représenter 
au  Parlement,  vous  m’avez  demandé  de  continuer  la  politique  suivie  par  mon  regretté  pré¬ 
décesseur. 

Le  parti  républicain  tout  entier,  fatigué  de  la  stérilité  des  gouvernements  trimestriels 
et  justement  effrayé  de  la  politique  dangereuse  des  ralliés,  désirait  voir  soutenir  un  minis¬ 
tère  résolu  à  fixer  à  gauche  son  centre  d’action  et  à  prendre  ainsi  une  orientation  nouvelle 
vers  le  progrès  et  les  réformes. 

Je  crois  avoir  tenu  les  promesses  que  je  vous  avais  faites  et  vous  trouverez  tous  mes 
votes  avec  ceux  des  hommes  qui,  depuis  trente  années,  ont  défendu  la  République. 

Si  vous  voulez  me  continuer  votre  confiance,  je  m’efforcerai  de  faire  consacrer  par  la 
loi  les  réformes  suivantes  : 

i°  Remaniement  de  l’impôt  dans  le  sens  d’une  plus  juste  répartition  avec  dégrèvement 
à  la  base  dans  la  plus  large  mesure; 

2°  Laïcisation  de  l’enseignement; 

3°  Réduction  à  deux  ans  du  service  militaire  avec  suppression  des  dispenses; 

k°  Application  de  la  loi  des  associations; 

5S  Organisation  économique  de  nos  colonies  et  surtout  plus  de  guerres  de  conquête; 

6°  Amélioration  du  sort  des  travailleurs  agricoles  et  industriels,  en  recherchant  les 
moyens  pratiques  de  la  constitution  des  retraites; 

7°  Remaniement  de  la  loi  sur  les  boissons. 

Telles  sont  les  questions  principales  qui  doivent  faire  l’objet  de  la  préoccupation  du 
législateur. 


115 


m  ~ 


Je  ne  suis  pas  l'homme  des  vaincs  promesses;  je  veux  surtout  m’attacher  à  des  rù* 
fermes  pouvant  Être  obtenues  pendant  Je  cours  de  la  législature. 

Je  suis  l’adversaire  résolu  de  la  doctrine  du  tout  ou  rien,  qui  nous  mène  à  la  révolution 
violente  ou  àïa  réaction.  L’évolution  pratique  est  forcément  lente,  parce  que  chaque  réforme 
doit  être  sou  liait  ce  et  comprise  par  la  majorité  des  citoyens. 

Je  ne  veux  pas  m’enfermer  dans  ces  formules  alléchantes  qui  font  miroiter  et  entre¬ 
tiennent  aux  yeux  des  simplistes  désespérances  décevantes  parce  qu’elles  ne  se  réalisent 
jamais,  En  revanche,  elles  permettent  aux  habiles  qui  les  propagent  de  rester  toujours  dans 
le  rôle  facile  de  la  critique  et  de  ^opposition. 

Dans  notre  pays  et  a  cette  époque,  l’état  des  esprits  est  assez  singulier  pour  que 
chacun  de  vous  en  recherche  l’analyse. 

Nous  voyons  en  effet  des  millionnaires  collectivistes  demander  la  nationalisation  des 
fortunes;  des  partisans  aaharnés  des  régimes  déchus  s’affubler  de  répithéte  de  républicain 
tt  crier  :  Vive  Ja  République  ;  des  oisifs  se  déclarer  les  seuls  défenseurs  des  travailleurs;  et 
tous  s’entendre  pour  combattre  comme  des  pires  ennemis  tous  ceux  qui,  depuis  plus  de 
trente  ans,  ont  lutté  à  des  époques  difficiles  pour  la  conservation  même  de  nos  institutions 
journellement  menacées. 

C'est  là  un  symptôme  grave  que  je  livre  à  vos  méditations.  / 

Quant  à  moi,  je  pense  que  ce  n’est  pas  en  violant  la  loi,  ni  en  voulant  imposer  par  la 
force  1  absolutisme  de  quelques-uns,  que  nous  ferons  croire  à  la  liberté. 

Ce  n'est  pas  en  abaissant  ceux  qui  cherchent  h  s’élever  par  le  travail  et  l’intelligence 
que  nous  ferons  croire  à  Légalité, 

Ce  n’est  pas  en  poussant  à  la  guerre  criminelle  des  classes  que  nous  ferons  croire  à  la 
fraternité. 

Nous  ne  serons  vraiment  puissants  et  forts  que  lorsque  nous  serons  unis. 

Vive  la  République! 

A.  GENTIL,  Député  sortant. 


Circonscription  de  PARTHE3SÂY 

M.  la  marquis  de  MAUSSÀBRÉ 
Élu  au  l*r  tour  de  scrutin.  —  11.830  voix. 


Mes  chers  Électeurs, 

Vous  m’avez  confié,  il  y  a  quatre  ans,  le  mandat  de  Député. 

J’ai  conscience  d’avoir  rempli  ce  mandat  en  honnête  homme,  en  bon  Français.  Je  viens 
vous  en  demander  le  renouvellement. 

Louerai  de  toute  opposition  systématique,  fai  donné  mon  concours  aux  réformes  utiles, 
aux  lois  inspirées  par  un  sentiment  de  justice,  de  solidarité,  de  liberté  ;  mais  le  radicalisme 

sectaire  et  le  collectivisme  aux  décevantes  promesses  ont  trouvé  en  moi  un  adversaire 
résolu. 


Agriculteurs, 

Depuis  quatre  ans  fai  passé  au  milieu  de  vous  les  loisirs  que  m’ont  hissés  le?  travaux 


parlementaires,  j’ai  parcouru  vos  campagnes  en  tous  sens,  je  me  suis  rendu  compte  de  vos 
légitimes  aspirations,  j'ai  cherché  à  leur  donner  satisfaction  : 

Au  Parlement,  en  votant  les  lois  justement  protectrices  de  l’agriculture  ; 

Parmi  vous,  en  créant  et  développant  des  entreprises  agricoles  grâce  auxquelles  beau¬ 
coup  ont  pu  supporter  ia  crise  qui  vous  étreint  depuis  deux  ans* 

Commerçants  et  Industriels, 

Des  grèves  répétées,  r accaparement  juif,  la  menace  de  l’impôt  sur  le  revenu  arrêtent 
notre  essor  commercial  et  industriel* 

Votre  expérience  et  celle  que  j’ai  acquise  depuis  quatre  ans  dans  les  questions  indus¬ 
trielles  ne  nous  permettent  pas  d’en  douter* 

Le  ministère,  complice  et  prisonnier  des  partis  avancés,  est  responsable  de  ce  mal.  Je 
m'adresse,  pour  le  faire  cesser,  à  tous  les  hommes  de  bonne  volonté,  d’ordre,  de  travail, 
à  tous  ceux  que  n’aveugle  pas  l’esprit  de  parti.  Ils  peuvent  compter  sur  moi  pour  essayer 
de  ramener  dans  les  affaires  la  sécurité  indispensable  à  la  prospérité  du  pays* 

Ouvriers, 

Souvent  avec  vous,  j’ai  appris  à  connaître  vos  besoins.  Tandis  que  d’autres  vous  prê¬ 
chaient  la  lutte  des  classes,  vous  avez  vu  comment,  par  des  entreprises  diverses,  fai  cherché 
à  réaliser  Puniôn  du  capital  et  du  travail. 

Aussi  ai-je  donné  mon  appui  aux  projets  de  loi  conçus  dans  un  esprit  de  sagesse  et  de 
vraie  fraternité,  ayant  pour  but  d’assurer  contre  la  misère  le  travailleur  fatigué,  la  famille 
privée  de  son  chef. 

Et,  sans  attendre  les  secours  de  l’État,  je  me  suis  attaché  à  développer,  dans  chaque 
canton,  des  œuvres  de  prévoyance  et  de  solidarité  dues  à  l'initiative  privée* 

A  vous  tous  j’ai  montré  que  vos  intérêts,  même  les  plus  modestes,  me  tenaient  à 
cœur* 

Le  déficit  s’accroît  tous  les  jours* 

Nos  gouvernants  n’y  voient  d’autre  remède  que  des  impôts  nouveaux,  plus  lourds 
encore  pour  le  pauvre  que  pour  le  riche* 

Je  veux  des  économies,  seul  moyen  de  diminuer  les  charges  écrasantes  du  contri¬ 
buable  . 

L'obligation  du  service  militaire  enlève  des  bras  nombreux  à  l'agriculture  et  â  l’indus¬ 
trie*  Je  me  suis  associé  à  toutes  les  mesures  destinées  à  la  rendre  moins  onéreuse,  tout  mi 
conservant  intacte  la  puissance  de  notre  armée,  à  laquelle  je  suis  fier  ^appartenir  et  que 
tous  nous  aimons  et  respectons. 

Catholiques,  vous  êtes  attachés  à  votre  religion. 

En  me  donnant  vos  voix,  vous  revendiquerez  la  liberté  religieuse,  ia  liberté  d’ensei¬ 
gnement,  la  liberté  d’association,  les  droits  du  père  de  famille. 

Vous  protesterez  contre  les  francs-maçons  athées,  ces  politiciens  haineux  qui  ferment 
nos  écoles,  arrachent  les  sœurs  du  chevet  des  malades  et  en  arriveront  bientôt,  si  vous  n’y 
mettez  bon  ordre,  à  abolir  notre  culte  et  à  chasser  nos  prêtres  comme  ils  ont  déjà 
chassé  nos  religieux. 

Citoyens  libres,  vous  protesterez  contre  le  système  de  dénonciation  et  de  basse  tyrannie 
auquel  sont  soumis  les  fonctionnaires  grands  ou  petits* 

Nos  intérêts  matériels  et  moraux  sont  menacés,  aussi  voyons-nous  à  l’heure  actuelle 
tous  les  honnêtes  gens  s’unir;  oublieux  des  nuances  qui  les  séparent,  ils  voient  seulement 
les  principes  qui  les  rapprochent  pour  former  le  bloc  contre  lequel  viendra  se  briser  la 
vague  révolutionnaire. 

L’union  aujourd’hui,  c’est  pour  nous  la  vie  dire  demain* 


—  916  - 


Électeurs* 

Depuis  quatre  ans,  mon  programme  n*a  pas  changé;  montrez  que  nous  sommes  tou¬ 
jours  d'accord  pour  la  défense  de  Tordre*  de  Farinée*  de  la  propriété*  de  la  famille,  de  la 
religion. 

Je  ne  demande  que  Fhonneur  de  servir  encore  une  politique  patriote,  la  vôtre,  celle  qui 
triomphera  dans  toute  la  France. 

Je  n'ai  pas  combattu  la  République,  mais  la  politique  d'un  ministère  qui  a  commencé 
par  protéger  les  traîtres,  proscrire  les  patriotes  et  les  antisémites,  et  qui  finit  dans  l'em¬ 
prunt  et  le  déficit. 

Si  vous  m'accordez  encore  votre  confiance,  Remploierai  mon  mandat  à  introduire  dans 
les  affaires  publiques  la  liberté,  la  tolérance,  l'économie,  la  paix,  à  la  place  de  l'oppression 
des  consciences,  du  gaspillage  des  finances,  de  la  division  excitée  entre  les  citoyens  d'un 
même  pays. 

Je  veux  un  gouvernement  national,  digne  de  la  Patrie,  par  F  union  des  vrais  Français* 

En  avant  pour  la  France, 

Vers  le  Progrès  par  la  Liberté, 

Vers  la  Justice  par  l'Égalité, 

Vers  la  Concorde  par  la  Fraternité. 


Marquis  de  MÀUSSÀBRË- 


SOMME 


lfe  circonscription  d* ABBEVILLE 

M* COACHE 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  12.885  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

En  vous  remerciant,  à  la  suite  de  l'élection  législative  de  1898,  des  très  nombreux 
suffrages  dont  vous  m'aviez  honoré,  je  vous  disais  : 

«  Soyez  assurés  que  je  ns  faillirai  ni  à  mes  convictions,  ni  à  mes  engagements,  ni  à 
mes  devoirs.  » 

Cette  promesse,  j?ai  conscience  de  T  avoir  loyalement  tenue.  Le  canton  qui  m’a  récem- 
metit renouvelé,  à  la  presque  unanimité  des  voix,  le  mandat  de  Conseiller  général,  ne 
l’a-Hi  pas  déjà  reconnu  et  affirmé? 

Aussi,  est-ce  avec  une  entière  confiance  que  j'adresse  un  nouvel  appel  à  vos 
sympathies. 

Vous  savez  combien  je  méprise  îa  réclame  bruyante  et  la  surenchère  stérile.  Je  limi¬ 
terai  donc  mes  déclarations  à  un  programme  succinct,  honnête  et  sincère,  que  je  présente  à 
votre  approbation  : 

Suprématie  du  pouvoir  civil  ; 

Liberté  de  renseignement;  rejet  du  monopole  universitaire  et  du  stage  scolaire4 

Service  militaire  de  deux  ans  égal  pour  tous  ; 

Proportionnalité  et  plus  juste  répartition  de  Limpot,  suivant  les  facultés  de  chacun; 

Économies  dans  les  services  de  FÉtat  et  équilibre  réel  du  budget; 

Protection  du  travail  national  et  maintien  des  tarifs  douaniers  ; 

Révision  de  la  loi  sur  le  régime  des  boissons;  abolition  du  privilège  des  bouilleurs  de 
cru;  suppression  de  la  licence  des  débitants; 

Défense  de  la  culture  betteravière,  si  gravement  compromise  par  l’attitude  des  délégués 
iu Gouvernement  à  U  Conférence  de  Bruxelles; 

Organisation  légale  des  retraites  ouvrières,  pour  les  travailleurs  des  villes  et  des  cam- 
Jtàgnes,  avec  le  concours  de  la  mutualité  et  de  la  prévoyance  ; 

Améliorations  sociales  par  l'union  des  classes. 

Tels  sont  les  principes  que  je  défendrai  avec  énergie,  telles  sont  les  questions  essen¬ 
tielles  dont  je  poursuivrai  avec  persévérance  la  solution. 

Mes  chers  Concitoyens, 

LWnir  de  la  France  moderne,  issue  de  la  dévolution  de  1789,  —  la  sauvegarde  de 
m  libertés  républicaines,  —  révolution  pacifique  du  progrès  social  vers  la  justice  et  la 
solidarité,  —  la  prospérité  agricole,  commerciale  et  industrielle  du  Pays  sont  en  vos 
!  mains. 


—  918  — 

Que  vos  décisions  s’inspirent  de  la  gravité  de  l’heure  présente  et  des  devoirs  qu^ 
impose. 


Vive  la  République  î 


Émile  CQÀCHE, 

Conseiller  général, 
Député  sortant, 
Candidat  républicain. 


2°  circonscription  d’ABBEVILLE 
M.  GELLÈ 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  10.776  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Je  viens  vous  demander  de  me  renouveler  le  mandat  que,  deux  fois  déjà,  voua  m’avesï 
confié. 

11  y  a  sept  ans,  je  me  suis  présenté  h  vos  suffrages  comme  républicain  progressiste. 

Je  suis  resté  et  jaresterai  républicain  progressiste,  adversaire  résolu  aussi  bien  delà 
réaction  que  de  la  révolution. 

Je  veux  la  République  large,  ouverte,  tolérante,  respectueuse  de  la  liberté  de  t-cma, 
poursuivant  résolument  les  sages  réformes,  écartant  les  utopies. 

Je  suis  fermement  résolu  à  maintenir  eu  toutes  choses  la  suprématie  du  pouvait  dtfil. 

Électeurs, 

Lorsque,  pour  la  première  fois,  eu  1895,  je  me  suis  présenté  à  vos  suffrages,  je  vous 
ai  exposé  mon  programme. 

Ce  programme,  si  vous  voulez  bien  me  renouveler  mon  mandat,  je  continuerai  à  le 
défendre. 

Je  me  borne  à  vous  en  rappeler  les  points  principaux.  le  veux  notamment  : 

Réaliser  dans  tous  les  services  les  plus  strictes  économies  ; 

Réduire  le  nombre  des  employés  des  administrations  centrales; 

Répartir  plus  équitablement  les  charges  des  impôts  ; 

Supprimer  le  privilège  des  bouilleurs  de  cru. 

Poursuivre  sans  relâche  la  modification  de  la  nouvelle  loi  sur  les  boissons  qüi,  en 
déchargeant  complètement  le  Midi,  a  mis  toute  la  charge  eur  le  Nord  ; 

Favoriser  l'agriculture,  le  commerce,  l'industrie,  par  le  maintien  de  droits  protecteurs 
équitables; 

Obtenir  pour  la  culture  betteravière  des  conditions  meilleures  que  celles  qui  vont 
résulter  de  la  convention  de  Bruxelles; 

Réduire  la  durée  du  service  militaire,  en  assurant  au  préalable  la  constitution  de  cadres 

solides  ; 

Améliorer  la  situation  des  ouvriers,  plus  malheureux  de  jour  en  jour,  par  suite  den 
crise  industrielle  que  nous  traversons; 


^  919  — 


IV0  1162 


poursuivre  la  réalisation  des  réformes  sociales  et,  en  particulier,  établir  une  caisse  des 
traites  pour  les  travailleurs; 

Développer  les  sociétés  de  secours  mutuels,  l’assistance  à  domicile,  et  en  général 
K*  les  organisations  dans  lesquelles  s'affirment  de  plus  en  plus  les  idées  do  ftago  soli¬ 
cité  issues  de  la  Révolution, 

Électeurs, 

Vous  allez  avoir  à  vous  prononcer  entre  deux  politique»  : 

L'une,  qui  est  la  mienne,  conforme  aux  idées  de  la  Révolution,  entend  donner  à  tous  la 
liberté  politique,  la  liberté  du  travail,  la  liberté  de  conscience,  la  liberté  d'association,  ]a 
^rité  dûs  personnes  et  des  propriétés,  légalité  devant  lg  loi, 

L'autre,  qui  eat  celle  des  collectivistes,  a  pour  objectif  la  socialisation  de  la  fortune 
publique,  la  suppression  de  la  propriété  Individuelle,  fait  de  tout  le  monde  sans  exception 
îles  salariés,  excite  les  convoitises,  paralyse  le  travail,  arrête  les  affaires  et  nuit  ainsi  aux 
classes  ouvrières,  que  bruyamment  elle  prétend  servir. 

Ne  craignez  vous  pas  que  les  collectivistes,  qui  préconisent  cette  politique,  n’entraînent 
]& paye  à  des  aventures  fatales  à  sa  fortune,  fatales  h  la  liberté, 
gqtre  ces  deux  politiques,  vous  n’biMtar&g  pas  dans  votre  choix, 

Mes  chers  Concitoyens, 

Si  vous  me  faites  l'honneur  de  me  renouveler  mon  mandat,  vous  pouvez  être  assurés 
que  je  le  remplirai  dans  l’avenir  comme  je  Pai  rempli  dans  le  passé,  m'efforçant  de  rendre 
service  à  tous  sans  distinction  d'opinions. 

Vive  la  République  î 

La  République  progressiste  dans  laquelle  régnent  s 
La  liberté,  l’égalité,  la  fraternité,  et  aussi  la  solidarité. 

Recevez,  je  vous  prie,  mes  chers  Concitoyens,  Fassuranee  de  mes  sentiments  dévoués. 

g,  GEUbi,  Député  portant, 
Républicain  progressiste , 


l  ‘?  circoogcription  cl*  AMIENS 
M.  FIQUET 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  12.259  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

C’est  avec  la  plus  entière  sécurité  que,  fort  de  la  conscience  d’avoir  fidèlement  rempli 
Mandats  que  vous  m'avez  confiés  en  1893  et  en  1898,  je  viens  solliciter  de  nouveau 
1  tonneur  de  vous  représenter  à  la  Chambre  des  Députés.  L’unanimité  avec  laquelle  a  été 
«cueillie  ma  candidature  dans  les  réunions  des  divers  groupes  républicains  me  fait  cFail- 
un  devoir  de  poser  celle-ci  devant  vous  pour  la  troisième  fois. 

due  nouvelle  ligue  réunit  une  fois  de  plus  tous  les  adversaires  de  la  République  sous 


—  920  — 


la  direction  du  parti  clérical;  des  moyens  inconnus  jusqu’à  ce  jour  ont  été  mis  en 
pour  capter  vos  suffrages.  L’union  de  tous  les  républicains  saura  facilement  triompher  de  ce 
dernier  assaut  livré  à  nos  institutions. 

Le  programme  que  je  vous  ai  déjà  présenté  deux  fois  est  resté  le  mien  ;  il  est  celui  du 
vieux  parti  républicain  qui  attend,  avec  la  plus  yive  impatience,  la  réalisation  des  réformes 
politiques  et  sociales  promises  depuis  si  longtemps  à  ta  démocratie.  La  publication  jour¬ 
nalière  qui  a  été  faite  de  mes  votes  vous  a  prouvé  que  je  lui  suis  demeuré  fidèle* 

Comme  par  le  passé,  je  demande  : 

La  suprématie  du  pouvoir  civil; 

La  neutralité  absolue  de  l'État  au  point  de  vue  religieux  ; 

L’application  rigoureuse  des  lois  qui  ont  établi  la  gratuité,  la  laïcité  et  l'obligation  de 
renseignement  primaire,  l’abrogation  de  la  loi  Falloux,  l'égalité  de  l'enfant  devant  \'m 
truction  ; 

La  réduction  des  frais  de  justice  ; 

Une  plus  équitable  répartition  de  l'impôt  et  l'établissement  de  l'impôt  global  et  pro¬ 
gressif  sur  le  revenu  ; 

L'égalité  des  charges  militaires  qui  pèsent  sur  tous  les  citoyens,  avec  la  réduction  de 
la  durée  du  service  à  deux  ans,  la  suppression  de  toutes  les  dispenses  et  l'assistance  m 
familles  nécessiteuses. 

Je  demande  le  vote  de  lois  protectrices  du  travail,  de  lois  de  prévoyance  et  de  solidarité 
sociales,  la  création  des  retraites  ouvrières  qui  assureront  aux  travailleurs  le  pain  de  leurs 
vieux  jours. 

La  loi,  votée  le  29  décembre  1900,  sur  le  régime  des  boissons,  a  sacrifié  au  Midi  les 
intérêts  de  notre  région.  Partisan  résolu  de  la  suppression  du  privilège  des  bouilleurs  de 
cru,  je  poursuivrai  l'abolition  de  cette  loi  néfaste  et  m'opposerai  à  toute  proposition  ten¬ 
dant  à  établir  sur  nos  alcools  du  Nord  un  droit  différentiel.  Adversaire  des  impôts  de  con¬ 
sommation,  mon  vote  sera  acquis  à  la  suppression  des  licences* 

Ennemi  de  la  fraude,  je  pense  que  celle-ci  doit  être  réprimée,  chaque  fois  qu'on  la 
rencontre,  mais  les  auteurs  seuls  des  falsifications  et  des  fraudes  doivent  être  atteints  et  la 
sécurité  du  commerce  honnête  doit  être  assurée.  Je  ne  voterai  qu'une  loi  qui  donnera  à  cet 
égard  toutes  les  garanties  désirables. 

La  loi  sur  les  patentes,  si  impatiemment  attendue  par  le  commerce  et  qui  mettra  plus 
de  justice  dans  les  charges  qui  lui  sont  imposées,  devra  faire  l'objet  des  premières  délibé¬ 
rations  de  la  nouvelle  Chambre. 

Mon  vote  restera  acquis  aux  propositions  qui  tendront  à  établir  le  repos  hebdomadaire 
dans  une  mesure  aussi  large  que  possible,  à  étendre  à  tous  les  travailleurs  la  juridiction 
des  prud’hommes  et  à  limiter  les  heures  de  travail  pour  les  employés. 


Mes  chers  Concitoyens, 


Les  témoignages  de  votre  sympathie  ne  m'ont  jamais  fait  défaut  lorsque  j’ai  fait  appel 
à  vos  suffrages* 

La  loi  du  30  mars  1902  réunit  aux  électeurs  de  notre  ville  les  électeurs  des  communes 
rurales  des  quatre  cantons  d’Amiens,  que  j’ai  eu  l'honneur  de  représenter  de  1893  à  1» 
Aux  uus  comme  aux  autres,  je  ne  ferai  qu’une  seule  promesse,  celle  de  consacrer  à  la 
défense  de  leurs  intérêts  tout  mon  dévouement  et  toute  mou  énergie,  en  agissant  toujours 
en  ferme  et  loyal  républicain. 


Vive  la  République  1 


Alphonse  FïQUET, 

Ancien  Maire  d’Amiens, 
Membre  du  Conseil  général  de  la  SoOT& 
et  du  Conseil  municipal  d’Aiflîoûfy 
Député  sortant* 


2ù  circonscription  d1  AMIENS 


M.  GAU  VIN 

Élu  au  t*r  tour  de  scrutin.  —  15.550  voix. 


Messieurs  et  chers  Concitoyens, 

En  présence  de  la  coalition  réactionnaire  qui  se  reforme  pour  une  nouvelle  luue,  de 
nombreux  amis  appartenant  à  toutes  les  nuances  du  parti  républicain  ont  bien  voulu  me 
confier  l’honneur  de  tenir  le  drapeau  de  la  République  dans  la  2e  circonscription  d’Amiens, 
et  M.  Olive,  mon  collègue  et  ami,  a  facilité  par  son  désistement  l’union  républicaine.  Je  les 
remercie  de  m'avoir  placé  à  ce  poste  d’honneur  et  de  combat  où  je  saurai  faire  mon  devoir, 
sout-nu  par  leur  confiance  et  par  la  vôtro.  Mes  actes  politiques  n’auront  qu’un  but:  répondre 
a  tant  de  sympathies  par  une  marche  résolue  dans  la  voie  des  réformes  attendues. 

J’avais  espéré  que  tous  les  Français  avaient  enfin  compris  que  la  meilleure  forme  de 
gouvernement  est  celle  qui  permet  aux  citoyens  d'exercer  librement  leur  part  de  souve¬ 
raineté  soûs  un  gouvernement  démocratique  et  impersonnel.  Mais  il  en  est  toujours  qui 
rêvent  de  rétablir  le  pouvoir  autoritaire  d’un  homme  contre  le  pouvoir  démocratique  de  la 
nation  ;  il  nous  faut,  à  la  fois,  les  protéger  contre  leurs  tendances  et  nous  défendre  contre 
le  danger  qu’elles  révèlent  et  qui  nous  a  déjà  conduits  à  Sedan  ! 

Industriel  et  agriculteur,  je  connais  les  besoins  des  travailleurs.  Défenseur  de  tomes 
les  libertés,  sous  la  pré  lominance  de  l’État  laïque,  je  suis  partisan  résolu  de  l’amélioration 
progressive  du  sort  des  humbles,  des  œuvres  de  solidarité  humaine  et  de  prévoyance  ;  et 
je  réclame  l’organisation  de  retraites  ouvrières,  attendant  de  la  mutualité,  qui  a  déjà  donné 
tant  de  féconds  résultats,  la  solution  de  plus  d’une  question  sociale. 

Le  péril  grandissant  delà  concurrence  étrangère,  la  difficulté  de  trouver  de  nouveaux 
débouchés,  rendent  l’étroite  union  des  classes  de  plus  en  plus  nécessaire.  Les  intérêts  des 
patrons  et  des  ouvriers  doivent,  rester  solidaires,  et  la  lutte  entre  eux  ne  pourrait  que  créer 
un  péril  mortel  pour  la  prospérité  du  travail  national. 

Les  inégalités  de  notre  régime  fiscal  appellent,  e’ks  aussi,  des  réformes  d’autant  plus 
nécessaires  que  la  solution  des  grands  problèmes  sociaux  exige  des  finances  prospères  et 
une  rigoureuse  économie  des  deniers  publics. 

Défenseur  des  travailleurs  de  l’atelier,  de  l’usine  et  des  champs,  sachant  par  expérience 
que  l’agriculture  et  l’industrie  sont  intimement  liées  pour  une  prospérité  commune,  je 
regrette  que  les  départements  du  Nord  soient  trop  souvent  sacrifiés  à  ceux  du  Midi.  îous 
mes  efforts  tendront  non  seulement  à  maintenir  le  régime  de  douanes  établi  en  1892,  mais 
encore  à  faciliter,  alors  que  les  sucres  viennent  d’ôtre  si  profondément  atteints,  toutes  les 
mesures  propres  à  vulgariser  l’emploi  de  l1  alcool  de  betteraves. 

Je  suis  acquis  à  la  réduction  du  service  militaire  à  deux  an  s,  sans  vouloir  rien  retrancher 
de  ce  qu'exige  la  défense  du  sol  national.  Je  suis  persuadé  que  le  développement  des 
sociétés  de  gymnastique  et  de  tir  peut,  en  une  très  large  mesure,  coopérer  à  cette  réduc¬ 
tion  des  charges  militaires,  des  périodes  de  réserve  et  de  territoriale. 

Vous  dirai— je  que  je  suis  le  partisan  de  plus  en  plus  résolu  du  développement  de  l’ins¬ 
truction  publique  et  de  l’accession,  avec  l’aide  de  l’État,  à  renseignement  secondaire  des 
enfants  des  travailleurs  dont  les  qualités  intellectuelles  se  manifestent  à  l’école  primaire. 

le  place  ma  candidature  sur  un  large  terrain  de  concorde,  mais  je  ne  suis  pas,  mes 
chers  Concitoyens,  de  ceux  qui  répètent  que  la  République  ne  court  plus  aucun  danger. 


116 


J’ai  toujours  fidèlement  servi  la  République  depuis  trente-deux  ans,  je  la  réclamais  avant 
sa  proclamation,  je  la  servirai  jusqu’à  mon  dernier  souffle,  comme  je  servirai  la  liberté 
toutes  les  libertés  qui  sont  la  raison  d’ètre  du  régime  républicain. 

Veuillez  croire,  mes  chers  Concitoyens,  à  mes  sentiments  dévoués* 

Ernest  C  AU  VIN,  Député  sortant. 
Conseiller  général  du  canton  de  Bovcs* 


Circonscription  de  DOULLENS 

M;  ROUSÊ 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  ~  7.001  voix. 


Messieurs  les  Électeurs  et  chers  Concitoyens, 

La  ligue  républicaine  de  Daullens,  qui  comprend  tous  vos  élus  républieaias,  m'a  fait  le 
grand  honneur  de  me  désigner  comme  candidat  d  union  démocratique* 

SI  je  me  prévaux  de  ce  choix,  ce  n’est  pas,  croyez- le  bien,  dans  le  but  de  peser  sur 
votre  liberté  et  votre  indépendance. 

Mais  j’estime  qu'une  candidature  doit  trouver  sa  justification  ailleurs  que  dans  une 
initiative  personnelle.  t 

Co  que  je  suis,  vingt  années  de  vie  publique  passées  dans  cet  arrondissement  vous 
l’ont  appris* 

Je  suis  aujourd'hui,  comme  j'étais  hier  et  comme  je  serai  demain,  le  fervent  républicain 
que  vous^  connaissez,  respectueux  des  croyances  et  dés  libertés,  mais  bien  décidé  à  ne 
jamais  transiger  avec  les  réactionnaires,  de  quelque  masque  qu’ils  s'affublent,  et  à  ne  sou¬ 
tenir  qu’un  ministère  s'appuyant  sur  une  majorité  exclusivement  républicaine* 

De  la  dernière  législature  une  double  impression  m’est  demeurée  celle  d'abord  que 
tu u  n  est  plus  désirable  que  la  stabilité  gouvernementale  et  l'esprit  de  continuité  pour  la 
réalisation  des  progrès  et  des  réformes*  La  nécessité  s’impose  d'affermir  le  pouvoir  exécutif, 
et  je  ne  serais  pas  éloigné  d'en  demander  les  moyens  à  une  sage  révision  de  la  constitution 
qui  n  eut  pas  jwir  but  d'amoindrir  ou  de  supprimer  le  Sénat,  ni  de  préparer  les  voles  au 
plébiscite. 

Puis,  celle  que  le  pays  eu  est  arrivé  à  ce  point  critique  où  les  dépenses  ne  sauraient 
être  accrues  sans  péril*  Plus  de  justice  fiscale,  sans  douto,  mais,  avant  tout,  des  économies. 
Si  j'étais  élu,  je  ne  croirais  pas  renoncer  à  une  prérogative  essentielle  de  ma  dignité  de 
législateur  en  abdiquant  l’initiative  des  dépenses  nouvelles  et  je  voudrais  qu’on  mit  un 
terme  à  la  folie -et  ruineuse  expansion  coloniale  et  maritime* 

Plu  sieurs  questions  dont  la  précédente  législature  a  commencé  l’étude  s’imposent  à 
P  activité  immédiate  de  la  prochaine  Chambre. 

Je  vous  dois  l'expression  de  mon  sentiment  tout  net  et  tout  franc  sur  ces  questions. 

Je  voterais  1  abolition  des  privilèges  exorbitants  que  la  partie  non  abrogée  de  ïa  loi 
Falloux  conserve  à  l’enseignement  libre,  mais  — et  je  tiens  à  ce  qu'il  n'y  ait  pas  d'équivoque 
à  cet  égard  —  je  reste  partisan  de  la  liberté  d'enseignement. 

\ous  voulez,  et  je  veux  avec  vous,  fa  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans,  avec 
suppression  des  dispenses,  h  mise  en  concordance  de  la  justice  militaire  avec  nos  principes 


modernes  d’humanité,  l'institution  de  l'assurance  miffiaire  piur  indemniser  les  familles, 
privées  de  leur  soutien  et  les  victimes  de  maladies  ou  d?inünînf^  contractées  au  service. 
Vous  voulez*  et  je  veux  avec  vo  s,  la  diminution  des  impôts  directs  et  indirects,  qui 
pèsent  si  lourd;  ment  sur  les  cultivateurs  et  les  travailleurs,  au  moyen  d'un  impôt  sur  le 
revenu*  sans  vexation  ru  inquisition. 


Travailleurs  des  champs  et  de  Pusine, 


J  adhère  de  tout  mon  cœur  au  principe  de  solidarité  sociale,  dont  la  première  applica¬ 
tion  doit  être  rétablissement  d'une  caisse  nationale  d’assurances  obligatoires  contre  Hnva- 
lidîté,  le  chômage  et  la  vieillesse  des  ouvriers. 

Personne  plus  que  moi  no  désire  la  prompte  cessation  de  Finjustlce  sociale  qui  aban¬ 
donne  le  travailleur,  vieilli  et  fatigué,  à  toutes  les  bu  filiations  et  à  toutes  les  incertitudes 
de  la  charité. 

Cultivateurs  et  négociants. 

Je  ma  considérerais  comme  Le. représentant  de  vos  intérêts  économiques. 

Aucun  motif  d’ordre  politique,  je  le  dis  très  haut,  ne  m’empêcherait  de  remplir  mon 
devoir,  tout  mon  devoir,  dans  cei  ordre  d’idées. 

A  cette  heure  où  l’évolution  économique  rend  le  lendemain  si  précaire  et  1  avenir  si 
sombre,  il  convient  de  détourner  de  plus  en  plus  son  attention  des  question  s  de  politique 

pure  pour  la  concentrer  sur  les  questions  d’affaires.  .  . 

il  y  a  des  lois  iniques  qui  croient  remédier  à  la  crise  en  la  compliquant  par  l’injustice. 
De  ce  nombre  est  la  loi  des  boissons.  Il  faut  qu’on  la  revise  et  j’y  tâcherai.  Ces  projets  de 
droits  différentiels  sur  les  alcools,  dont  on  nous  menace,  n’auront  pas  d’adversaires  plus 

déterminés  que  moi.  .  . 

Notre  belle  région  du  Nord  est  atteinte  dans  les  sources  vives  de  sa  richesse.  J  irai,  si 

vous  voulez  bien  m’accorder  votre  confiance,  grossir  les  rangs  deü  défenseurs  de  l'agricul¬ 
ture,  de  ceux  qui  se  font,  contre  les  préjugés  des  représentants  des  grandes  villes  et  les 
résistances  des  agioteurs,  les  fidèles  exécuteurs  de  vos  intentions. 

Nos  textiles  nos  betteraves  de  sucrerie  et  de  distillerie,  nos  oléagineux nos  houblons 
et  nos  tabacs  attendent  uns  protection  efficace,  le  ferai  en  sorte  qu’ils  l’obtiennent .  Je  veut 
la  suppression  de  l’impôt  s  tu-  les  sucres  et,  par  voie  de  compensation,  1  abolition  du  privilège 
des  bouilleurs  de  cru. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Je  mets  à  voire  service  tout  ce  que  j’ai  de  bonne  volonlé  et  de  dévouement,  tout  ce  que 
je  porte  d’affection  sincère  et  solide  au  coin  de  terre  où  je  suis  ne  et  ou]  ai  toujours?  vécu. 

Conscient  de  mon  devoir  et  soucieux  de  le  bien  remplir,  je  prends  1  engagemen  ,  si  je 
deviens  votre  député,  de  vous  rendre  compte  régulièrement  de  mon  mandat. 

Vive  F  arrondissement  de  1)  juliens  ! 


Vive  la  République! 


Albert  RO  USÉ. 


—  92i  — 


J 


Circonscription  de  MO  NTDIDIEH 

M.  KLOTZ 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  9,053  voix. 


Cher  Concitoyen, 

Depuis  plus  de  six  années,  vous  me  connaissez  ;  depuis  quatre  années,  vous  m’avez  vu 
a  J  œuvre.  J  vu 

Déjà,  en  1393,  vous  avez  flétri  et  condamné  la  campagnes  d'injures,  de  mensonges  et 
de  calomnies,  dirigée  contre  moi.  Je  ne  m’abaisserai  pas  à  relever  ces  éternels  outrages 
d  adversaires  aux  abois.  b 

Mon  passé,  mes  actes,  mes  discours,  mes  propositions  de  loi  vous  permettent  de  juger 
1  oeuvre  de  bonne  foi  et  de  dévouement  que  j’ai  entreprise;  cette  oeuvre,  je  vous  demande 
aujourd  hui  de  pouvoir  la  poursuivre  avec  l’expérience  de  la  vie  parlementaire  et  la 
approfondie  de  vos  intérêts  économiques,  de  vos  as/  imions  politiques  et 

d’h,  ,T0Il|leS  ennemïsde  Ia  République,  coalisés  dans  un  audacieux  effort,  tentent  aujour- 
d  hui  un  dernier  assaut,  livrent  un  suprême  combat  dans  la  France  entière 

Egalement  unis  pour  la  défense  de  vos  libertés,  pour  la  conquête  de  progrès  nouveaux 
e  incessants,  tous  les  républicains  de  gauche,  sans  distinction  de  nuances,  se  groupent 

le  lriompbe  15 

Au  bloc  de  tous  les  anciens  partis,  nous  opposons  avec  calme  noire  indissoluble 
union. 

Cher  Concitoyen , 

► 

c’est^nWn?^62^'  d?  ?0Î  UI]eprofeSSion  de  foL  De™iu  maintenant  l’un  des  vôtres, 

'  ]  P  e‘.ne  Ium,cre>  c'est  sans  équivoque  que  j’ai  toujours  agi.  Mon  mandat?  J’en  ai 

faire  et  !I  !’  Chaqueinn^’  comine  Je  vous  Savais  promis,  comme  je  continuerai  de  le 
■  ’  J™8  aVPZ’  chacIue  année>  Publiquement  approuvé  mon  attitude.  Mon  programme? 

l’y  a"  eztccTamT"  ™8'  ‘  ^  a“  C0Urs  de  nos  Unions  électorales  ;  et  vous 

.  i&,  (îemande  ?ue  la  Chambre  fmure  vote  les  500  francs  de  retraits  ouvrières  et 

aueSii  “J— T  3trfUeS  P"  ’eS  traV3iIleUrS  et’  pour  en  “«««T  réalisation, 
dont  re  /  r  er’a  fn  6  ine  de  tous’  Certains  monopoles  de  droit  et  de  fait, 

accapareurs  ^  ’  3  votre  d6trimeilt’  «F»  la  féodalité  des  spéculateurs  et  des 

l’éJ?Æ«, ,H>-  ‘'rt6  de  ,a  RépubHque  soit  mise  atl  deIjors  de  nos  querelles  et  que 
i  egaluc  devant  1  impôt  du  sang  soit  consacrée  par  le  service  de  deux  ans,  la  suppression 
u es  treize  jouis  et  la  réduction  des  vingt-huit  jours. 

œMrfbu,aebTP,aUl'i!nl’ê-S,‘li'é|<iSCale  'I"’ass"rera>  P"  le  dégrèvement  presqee  total  Jet  petits 

""  ïeM‘i0n’  in,uisi‘i0” ;  ie  lss  to""mies 

,acrtaüo"  *  >■ 

sion  d’n  n  abrita  rm  -if  4  '  n  r  3  mi  lr(ht  sm  ïes  oléagineuses,  la  répres¬ 
sion  a  un  agiotage  si  f une  te  au  cultivateur,  r 


—  925  —  Nû  1162 

Pour  sauver  la  culture  de  la  betterave,  je  m’engage  formellement  à  proposer  et  à 
défendre  : 

lrj  La  suppression  complète  de  l’impôt  sur  le  sucre  ; 

2°  L’abolition  du  privilège  des  bouilleurs  de  cru  ; 

|°  Le  dégrèvement  de  l’alcool  dénaturé. 

Au  cours  de  la  dernière  législature,  en  maintes  occasions,  je  vous  ai  donné  la  preuve 
de  mon  ardeur  à  servir  les  grands  intérêts  de  la  Picardie, 

Demain,  notre  tâche  sera  plus  lourde,  notre  labeur  plus  difficile  encore  ;  et  mes  gages 
du  passé  restent  les  gages  de  Ta  venir* 

Fermement  attaché  à  la  liberté  de  conscience,  répudiant  le  fanatisme  qui  cherche  à 
réveiller  la  haine  religieuse,  je  demande  à  tous  Je  respect  de  la  loi,  l'obéissance  à  PÊtat 
laïque,  au  pouvoir  civil. 

Cher  Concitoyen, 

Si  vous  m’honorez  une  fois  encore  de  votre  confiance,  je  mettrai  à  l’accomplissement 
de  mes  devoirs  tout  ce  que  j’ai  de  dévouement  et  d’énergie. 

Je  suis  convaincu  que,  de  !a  grande  consultation  du  suffrage  universel,  sortira  une 
majorité  capable  de  faire  une  France  plus  grande,  une  République  plus  démocratique,  une 
société  plus  juste  et  plus  humaine* 

A  vous  de  cœur. 

Vive  la  République  démocratique  l 

L.-  L*  KLOT A 
Député  sortant, 

Conseiller  général  de  Rosières, 
Maire  d’Ayencoutt-le-Mdncheî . 


Circonscription  de  PÉRONNE 

H.  TR  AN  NO  Y 

Élu  au  Ier  tour  de  scrutin.  —  U,  172  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

À  deux  reprises  déjà,  en  1893  et  en  1898,  les  électeurs  de  la  iro  circonscription  m’ont 
fait  ITropneur  de  me  nommer  leur  représentant.  A  ces  deux  époques,  je  me  suis  présenté  à 
leurs  suffrage?,  au  point  de  vue  politique,  comme  républicain,  et  au  point  de  vue  économi¬ 
que,  comme  protectionniste.  Je  crois  pouvoir  affirmer  que  pendant  les  huit  années  et  demie 
qu’ont  dure  a  s  deux  législatures,  j’ai  ôté  au  Parlement  ce  que  j’avais  promis  d’être  lorsque 
j’avais  posé  ma  candidature. 

Fr,  comme  les  intérêts  des  électeurs  de  la  2e  circonscription  sont  les  mêmes,  en 
général,  que  les  intérêts  des  électeurs  de  la  lre  circonscription,  il  est  vrai  aussi  de  dir  e 
que  j’ai  aussi  bien  combattu  pour  les  électeurs  des  cantons  d’Albert,  de  R  ray,  de  Combles 
et  de  Roïsel,  que  pour  ceux  de  Chaulnes,  Ham,  Nesle  et  Péronne.  Aujourd’hui,  et  par 


suite  du  résultat  du  recensement  de  1900,  les  deux  anciennes  circonscriptions  de 
l’arrondissement  de  Péronne  se  -trouvent  réunies,  et  vous  n’êtes  appelés,  à  Pheure 
actuelle,  à  nommer  qu’un  député  au  lieu  de  deux  que  vous  envoyiez  autrefois  au 
Parlement. 

Dans  l’intérêt  du  parti  politique  que  nous  représentons  tous  les  deux,  et  avec  une 
abnégation  et  un  dévouement  qu’on  ne  saurait  trop  louer,  mon  collègue  et  ami  M.  François 
se  retire  de  la  lutte»  Si  vous  voulez  me  faire  Phonoeur  de  me  nommer  voire  représentant, 
je  continuerai  à  défendre,  dans  la  nouvelle  Chambre,  le  Gouvernement  de  îa  République 
avec  la  meme  fermeté  que  par  le  passé. 

Au  point  de  vue  social,  aucune  des  réformas  qui  pourraient  intéresser  les  classes 
laborieuses  ne  saurait  me  trouver  indifférent  et  j’aiderai  de  toutes  mes  forces  le 
Gouvernement  dans  ta  voie  de  l’organisation  des  retraites ‘ouvrières  et  des  mutualités* 
Depuis  longtemps  déjà,  signataire  d’une  proposition  de  loi  ayant  pour  objet  de  ramener 
le  service  militaire  à  deux  ans,  j’ai  montré  que  j’étais  partisan  de  la  réduction  de 
nos  charges  militaires,  en  tant  qu’elles  seront  compatibles  avec  la  sécurité  et  la  démise 
du  pays. 

Au  point  de  vue  économique*  ja  n’ai  pas  besoin  de  vous  dire  que  je  reste  Le  défenseur 
résolu  du  système  douanier  de  1392,  qui  a  assuré  jusqu’ici  la  prospérité  des  industries  et 
de  l’agriculture  françaises. 

C'est  daus  ces  conditions  que,  présenté  par  nombre  de  vos  élus,  je  viens  de  nouveau 
solliciter  vos  suffrages . 

Beaucoup  d’entre  vous  peuvent  savoir  que,  pendant  ces  huit  dernières  années,  j’ai 
rempli,  du  mieux  qne  je  Fat  pu,  les  engagements  que  j’avais  pris  envers  mes  anciens 
électeurs.  Je  n’ai  pas  changé,  et,  si  vous  voulez  m’accorder  votre  confiance,  je  serai  dans 
la  nouvelle  Chambre  ce  que  j'ai  été  dans  les  deux  anciennes.  J’ai  acquis  pendant  ces 
huit  années  une  expérience  que  je  n’avais  pas  au  début,  et  j’ai  été  appelé,  par  la  confiance 
de  mes  collègues  au  Parlement,  à  des  postes  qui  témoignent  du  travail  auquel  j’ai  dü  me 
livrer  et  de  la  compétence  que  j’ai  acquise. 

Je  viens  aujourd’hui  vous  demander  à  tous,  électeurs  de  l’ancienne  première  comme 
de  l’ancienne  deuxième  circonscription,  de  me  renouveler  mon  mandat,  et  si  vous  me 
renommez,  je  vous  promets,  pour  l’avenir,  de  vous  représenter  avec  le  même  zè’e  que 
celui  dont  j’ai  fait  preuve  dans  le  passé. 

Veuillez  croire,  mes  chers  Concitoyens,  à  tout  mon  dévouement. 

G.  TRANNOY, 

Député  sortant. 


027  — 


N#  1162 


TARN 


circonscription  d'ALBX 
Il  AN  DRT  EU 

Élu  bu  1er  tour  de  scrutin,  —  ^ . 39Zi  voix, 


Mes  chets  Gonriloyens, 

Choisi  a  P  unanimité  par  le  Congrès  démocratique  d3ÀIbï3  je  viens  solliciter  de  nouveau 
vos  libres  suffrages. 

Lhinion  de  tous  les  républicains  sincères,  de  tous  les  démocrates  convaincus  est 
aujourd'hui  faite. 

La  lutte  est  engagée  entre  la  République,  qui  a  donné  à  la  France  plus  de  trente  années 
de  liberté  et  de  tranquillité  à  l'intérieur,  de  paix  à  rextérieur,  et  les  réactions  coalisées. 
L’issue  de  la  consultation  populaire  ne  saurait  être  douteuse. 

Quelle  que  soit  la  campagne  de  mensonges  et  de  calomnies,  renouvelée  de  la  période 
boulangiste,  quels  que  soient  les  efforts  de  nos  adversaires  pour  essayer  criminellement  de 
ressusciter  les  passions  et  les  guerres  religieuses,  vous  ne  tomberez  dans  aucun  des  pièges 
qui  vous  sont  tendus  et  vois  saurez  reconnaître  vos  vrais  amis,  vos  vrais  défenseurs, 
;  les  hommes  qui  sont  dévoués  à  la  cause  des  travailleurs,  à  la  démocraUe  et  à  la 
liberté. 

La  dernière  législature  a  fait  œuvre  de  défense  républicaine  et  élaboré  un  certain 
nombre  de  lois  utiles  et  fécondes. 

U  reste  encore  beaucoup  à  faire.  Gomme  en  1898,  je  veux,  tout  en  respectant  la  liberté 
absolue  de  conscience,  assurer  la  prééminence  de  Pesprit  laïque  et  du  pouvoir  civil  ; 
[je  veux,  par  l'abrogation  de  la  loi  Falloux  et  par  une  loi  générale  sur  renseignement 
secondaire,  supprimer  des  privilèges  injustifiés  et  établir  Légalité  dans  cet  ordre 
d’enseignement. 

le  veux  inorganisation  de  Caisses  de  retraites  pour  la  vieillesse,  de  l'assistance  aux 
vieillards  et  aux  enfants  des  families  indigentes. 

le  veux  la  refonte  générale  de  notre  système  d’impôts  et  la  répartition  plus  équitable 
des  charges  publiques  par  Rétablissement  de  l’impôt  progressif  sur  le  revenu* 

Je  veux  la  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans  et  la  suppression  de  la  période 
des  treize  jours. 

Je  veux  la  diminution  de  nos  charges  publiques  par  rétablissement  tVrme  large 
décentralisation  administrative,  le  meilleur  emploi  de  nos  recettes,  la  surveillance 
plus  étroite  de  nos  dépenses,  la  suppression  des  emplois  in  utiles  et  la  diminution  des  gros 
traitements. 

Je  veux  la  défense  de  notre  épargna  nationale,  de  notre  commerce  et  de  notre  industrie 
contre  la  spéculation  financière  et  cosmopolite. 

L^agriculture  doit  surtout  dans  la  prochaine  législature,  retenir  l'attention  de 
tos  élus. 


928  — 


Diminuer  1  s  charges  qui  pèsent  sur  elle,  améliorer  le  crédit  régional  agricole,  orga¬ 
niser  les  Chambres  consultatives  d’agriculture,  édicter  des  pénalités  sévères  contre  les 
fraudeurs  et  les  spéculateurs,  diminuer  les  tarifs  de  transport,  instituer  des  sociétés 
coopératives  de  vente,  faciliter  aux  producteurs  l'admission  directe  aux  adjudications  pour 
le  compte  de  UÉtat,  etc.,  sont  des  mesures  de  nature  à  améliorer  les  crises  ou  les  méventes 
dont  se  plaignent  les  agriculteurs  et  dont  les  causes  sont  si  complexes, 

11  faut  enfin  améliorer  et  multiplier  les  voies  de  communication,  surtout  dans  ies 
cantons  ruraux,  hâter  Inachèvement  de  la  ligne  d'Albi  à  Samt-ÀfTrique  et  le  rétablissement 
déjà  commencé  de  la  navigabilité  du  Tarn. 

Ami  de  tous  les  travailleurs,  de  tous  les  ouvriers,  je  saurai  m’inspirer  de  leurs  désirs  et 
défendre  avec  énergie  et  dévouement  leurs  intérêts  et  leurs  droits. 

Pendant  ces  quatre  années,  je  n3aî  cessé  de  rester  fidèle  à  ce  programme  et  k  mes 
convictions.  J’ai  donné  à  la  chose  publique,  aux  intérêts  généraux  ou  régionaux  qui 
m'étaient  confiés,  tout  mon  temps,  tout  mon  dévouement.  Souvent  le  succès  a  couronné 
mes  efforts.  Nul  n’a  fait,  en  vain,  appel  à  moi. 

Mes  chers  Concitoyens, 

L’heure  est  décisive*  Tous  les  vieux  partis,  utiis  dans  un  suprême  effort,  livrent  le 
dernier  combat. 

Ils  veulent  à  tout  prix  arrêter  l'œuvre  commencée  par  notre  grande  et  immortelle 
Révolution  et  empêcher  l’organisation  définitive  du  régime  démocratique. 

Au  bloc  de  tous  les  ennemis  de  la  République,  opposons  une  indissoluble  union.  La 
victoire  est  certaine. 

Et  une  fois  de  plus  votre  volonté  souveraine  nous  permettra  d'envisager  avec  une 
entière  confiance  Ta  venir  d'une  république  de  progrès,  de  réformes  et  de  paix  sociale. 

Vive  la  République  des  républicains  l 

Ed.  AN  DRIEU, 

Avocat, 

Maire  d’Albi,  Député  sortant. 


2e  circonscription  d'ALBI 

M,  Jean  JAURÈS 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  6.5üâ  voix. 


Citoyens, 

Républicain  et  socialiste,  je  demande  à  tous  les  républicains,  à  tous  les  travailleurs,  le 
mandat  de  défendre  la  République 3  de  fortifier  la  démocratie,  d'organiser  et  d’émanciper 
les  prolétaires. 

Vaincue  au  2h  mai,  au  15  mai  et  sous  le  boulangisme,  la  réaction  monarchique,  cléri¬ 
cale  et  césarienne  a  tenté,  il  y  a  quatre  ans,  un  nouvel  assaut  contre  la  République;  et, 
cette  fois  encore,  l’expérience  a  démontré  que  pour  refouler  la  contre-révolution,  T  union  de 
tous  les  républicains  était  nécessaire. 

Cette  union  s’est  affirmée  depuis  trois  ans  dans  le  Parlement  et  dans  le  pays.  Elle 


929  — 


N°  H62 


s'affirmera  encore  décisive  et  victorieuse,  aux  élections  générales.  Elle  se  continuera,  sans 
abdication  et  sans  confusion  d’aucune  sorte,  dans  la  législature  prochaine,  pour  achever  la 
déroute  de  l’ennemi  et  pour  réaliser  les  réformes  urgentes  sur  lesquelles  Raccord  immédiat 
de  tous  les  démocrates  est  possible  dès  maintenant. 

Ces  réformes  de  premier  plan,  c’est  la  démocratie  elle-même  qui  en  a  dressé  la  liste, 
par  ses  programmes,  par  ses  manifestations,  parles  travaux  préparatoires  des  commissions 
du  Parlement  et  du  Parlement  lui-même  :  Révision  des  lois  sur  l’enseignement  ;  réforme 
démocratique  du  système  d’impôts  ;  vigoureuse  réduction  de  la  durée  du  service  militaire  ; 
suppression  des  Conseils  de  guerre  ;  rachat  des  chemins  de  fer  ;  extension  à  toutes  les 
catégories  de  travailleurs  industriels  des  lois  limitant,  dans  les  ateliers  mixtes,  la  durée  de 
la  journée  de  travail  ;  création  de  pensions  de  retraite  pour  tous  les  vieux  travailleurs  de 
l'industrie,  du  commerce  et  de  r agriculture,  petits  propriétaires  et  artisans  aussi  bien  que 
salariés  ;  amélioration  de  la  loi  sur  les  accidents  ;  organisation  de  l’inspection  ouvrière  pour 
l’application  des  lois  sur  le  travail. 

Le  concours  désintéressé  du  Parti  socialiste  est  assuré,  dès  la  constitution  de  la  Chambre 
prochaine,  à  tout  gouvernement  qui  entreprendra  la  réalisation  vigoureuse,  méthodique  et 
rapide  de  ce  programme. 

Il  faut  que  .l’Etat  laïque  et  républicain  reprenne  sur  tout  l’enseignement  le  droit  de 
contrôle  et  de  direction  dont  il  a  été  dépouillé.  Il  n’y  a  là  aucune  atteinte  à  la  liberté  reli¬ 
gieuse.  La  liberté  des  consciences  et  des  cultes  est  un  article  essentiel  du  programme  répu¬ 
blicain  et  socialiste,  et  la  laïcité  de  l’État,  commencée  par  l’ancienne  monarchie,  continuée 
et  accélérée  par  la  Révolution  française,  s’achèvera  sans  que  la  croyance  d’un  seul  individu 
ait  été  brutalisée,  sans  que  le  droit  d’une  seule  conscience  ait  été  violé.  Mais  la  nation 
républicaine,  qui  ne  vit  et  ne  peut  vivre  que  par  la  liberté,  a  le  droit  et  le  devoir  d’assurer  à 
tous  les  enfants,  dans  toutes  les  écoles,  un  enseignement  conforme  aux  principes  de  la 
liberté. 

C’est  un  scandale  que  dans  une  cérémonie  scolaire  un  moine  ait  pu  faire  appel  au 
glaive  de  l’Inquisition  pour  abattre  les  têtes  pensantes.  Csest  un  scandale  que  dans  une 
cérémonie  scalaire  un  général  ait  pu  glorifier  la  trahison  des  émigrés  combattant  contre  la 
France  à  Quiberon  sous  le  drapeau  anglais.  C’est  un  scandale  que  les  éducateurs  des  futurs 
citoyens  aient  pu  exalter  les  haines  de  race,  glorifier  les  faux,  et  que  les  éducateurs  des 
futurs  officiers  aient  pu  faire  l’apologie  du  coup  d’Etat.  Ces  attentats  permanents  contre  la 
République  ne  cesseront  que  lorsque  l’État  républicain  aura  repris,  selon  ia  liberté  et  pour 
la  liberté,  la  direction  effective  et  le  contrôle  souverain  de  tout  l’enseignement.  Ce  qu’on 
appelle  la  liberté  de  renseignement  ne  peut  pas  prévaloir  contre  l’enseignement  de  la 
liberté. 

Mais  l’État  devra  faire  un  grand  effort  dans  le  sens  de  la  gratuité.  Il  ne  suffit  pas  que 
les  écoles  primaires  soient  gratuites.  II  faut  encore,  en  attendant  la  gratuité  absolue  de 
Renseignement  à  tous  les  degrés,  que  les  enfants  du  peuple  qui  sortent  de  l’école  primaire 
avec  le  certificat  d’études  soient  admis  de  droit,  gratuitement  et  à  la  seule  demande  des 
familles,  dans  les  collèges  et  lycées.  Il  importe  aussi  que,  dans  les  chefs-lieux  de  canton  ,des 
cours  primaires  supérieurs  et  professionnels  soient  ajoutés  aux  écoles  primaires  pour  qu'un 
degré  plus  élevé  d’instruction  soit  facilement  accessible  et  à  très  bon  marché  aux  popula¬ 
tions  des  campagnes. 

11  faut  que  les  quatre  contributions,  etnotammept  l’impôt  foncier  si  lourd  aux  petits  pro¬ 
priétaires  paysans,  soient  supprimés,  11  faut  aussi  que  les  impôts  de  consommation  les  plus 
lourds  comme  celui  qui  renchérit  le  sucre  soient  abolis  ou  réduits.  Et  cela  ne  sera  possible 
que  par  l’impôt  général  et  progressif  sur  le  revenu,  La  réaction  ment  quand  elle  dit  que 
cet  impôt  s’ajoutera  aux  autres.  11  remplacera  au  contraire  les  impôts  les  plus  lourds  aux 
pauvres,  les  plus  injustes;  et,  combiné  avec  l’impôt  progressif  sur  les  successions,  il  donnera 
en  outre  à  l’État  le  moyen  de  doter  pour  sa  part  les  caisses  de  retraite- 

Lu  plupart  des  républicains  sont  d’accord  pour  réduire  au  moins  à  deux  ans  la  durée 
du  service  militaire  égal  pour  tous.  La  réaction  essaie  d’écarter  cette  réforme  en  proposant 


117 


—  930  — 


Fexpédierit  misérable  et  funeste  d’une  armée  de  mercenaires,  de  rengagés,  qui  serait  rui¬ 
neuse  pour  les  finances,  dangereuse  pour  la  liberté,  mortelle  à  l'esprit  civique  et  impuis¬ 
sante  contre  Fêtranger,  Les  socialistes  s’associeront  à  tous  les  républicains  pour  déjouer  la 
manœuvre  de  la  réaction.  Mais  la  réduction  du  service  à  deux  ans  ou  même  à  un  au  n’est  à 
nos  youx  qu’une  étape.  Ces  réductions  successives  combinées  avec  un  ensemble  de  mesures 
démocratisant  Farmôô  doivent  nous  conduire  au  système  des  milices  où  tous  ïes  soldats 
sont  eu  même  temps  citoyens  et  où  l’apprentissage  de  la  guerre  défensive  se  confond  avec 
la  vie  civile.  Là  est  îa  vraie  force  des  peuples  libres, 

H  faut  que  la  pension  de  retraite  pour  tous  les  vieux  travailleurs  ouvriers  et  paysans 
soit  considérée  non  comme  une  faveur  et  une  aumône,  mais  comme  une  dette  sacrée  de  la 
nation*  Et  il  faut  que  Fassurance  sociale  contre  l’invalidité  soit  étendue  au  chômage. 

Oui,  le  Parti  socialiste  est  prêt  à  seconder  et  à  stimuler  en  ce  sens  les  efforts  de  la 
majorité  républicaine.  11  pèsera  sur  elle  de  toute  la  puissance  du  prolétariat  organisé  pour 
en  obtenir  ou  pour  lui  arracher  les  réformes  urgentes*  Mais  il  n’oublie  pas,  en  travaillant  à 
cette  œuvre  immédiate,  qu’il  doit  hâter  la  formation  d’une  société  nouvelle  consiatuée  sur 
des  principes  nouveaux* 

On  dit  aux  paysans  que  nous  voulons  leur  prendre  leurs  terres  et  procéder  au  partage. 
C’est  une  sottise  ou  une  calomnie*  Mous  voulons  au  contraire  débarrasser  les  petits  proprié¬ 
taires  paysans  de  l’impôt  qui  les  accable,  de  l’hypothèque  qui  les  ronge,  de  Fesprit  d’isole¬ 
ment,  de  défiance  et  de  routine  qui  les  paralyse*  Le  socialisme  collectiviste,  par  îa  transfor¬ 
mation  de  la  propriété  capitaliste  en  propriété  sociale,  affranchira  les  paysans  comme  les 
ouvriers.  11  servira  les  intérêts  de  la  nation  comme  les  intérêts  essentiels  de  Ja  classe  pro¬ 
ductrice,  Il  n’y  a  là  ni  spoliation,  ni  utopie.  Et  l’expérience  de  tous  les  jours  démontre 
qu’il  n’est  que  temps  pour  notre  pays  d’entrer  dans  les  voies  que  le  socialisme  a  marquées, 

Dès  aujourd’hui,  il  est  de  l’intérêt  de  ïa  nation  et  du  prolétariat  que  les  chemins  de  fer, 
les  mines,  la  banque,  les  raffineries,  cessant  d’être  la  propriété  de  sociétés  capitalistes, 
deviennent  la  propriété  de  la  nation. 

Dès  aujourd’hui,  il  est  de  l’intérêt  des  paysans  comme  de  la  nation,  que  les  grandes 
meuneries,  qui  faussent  à  leur  gré  le  cour  des  blés,  deviennent  propriété  nationale  et 
soient  gérées  par  des  conseils  où  seraient  représentés  les  paysans. 

Dès  aujourd’hui,  il  est  de  l’intérêt  de  la  nation  comme  des  cultivateurs,  que  les  assu¬ 
rances  contre  l'incendie,  contre  la  grêle,  contre  ia  mortalité  du  bétail,  au  lieu  d’être  une 
entreprise  capitaliste,  dont  les  dividendes  sont  gonflés  par  les  taux  exagérés  des  primes, 
soient  un  service  national  mesurant  les  primes  au  risque  réel. 

Dès  aujourd’hui,  il  est  de  l’intérêt  des  paysans  de  s’associer,  de  se  grouper,  soit  pour 
leurs  achats,  soit  pour  leurs  ventes,  soit  pour  l'exécution  en  commun  de  travaux  d'utilité 
commune. 

Dès  aujourd’hui,  il  est  de  Fmtérêt  des  paysans,  des  cultivateurs,  que  l’État  intervienne 
par  tm  crédit  national  pour  subventionner  ces  associations  et  que  la  commune  intervienne 
pour  mettre  à  leur  disposition  les  machines  agricoles  coûteuses*  les  magasins  de  dépôt  et 
de  warrant. 

Toutes  ces  mesures,  qui  sont  d’inspiration  socialiste  et  collectiviste,  bien  loin  d’expro¬ 
prier  et  de  dépouiller  les  paysans,  Je3  sauveront,  les  fortifieront,  les  enrichiront,  éveilleront 
en  eux  de  grandes  pensées. 

C’est  donc  à  tous  les  travailleurs,  travailleurs  des  champs,  travailleurs  de  la  mine,  tra¬ 
vailleurs  de  la  verrerie,  que  je  fais  appel.  Selon  la  loi  d’évolution,  une  société  nouvelle, 
meilleure  et  plus  juste  se  prépare.  Elle  no  s’accomplira  que  par  le  puissant  effort  delà 
classe  ouvrière  et  paysanne  prenant  conscience  de  son  intérêt  propre  et  s’organisant  en 
parti  politique  distinct* 

De  plus  en  plus,  les  questions  qui  intéressent  les  peuples  prennent  une  forme  interna¬ 
tionale.  El  y  a  des  conventions  postales,  des  conventions  monétaires  internationales,  fit 
récemment  encore,  c’est  par  une  conférence  internationale,  à  Bruxelles,  que  le  régime 
ruineux  des  primes  sur  les  sucres  était  aboli.  De  même,  l’action  du  prolétariat  devient  tous 


N°  1162 


—  9.11  — 

I  jours  plus  largement  internationale.  tes  travailleurs  de  tous  les  pays  s’entendent  pour 
obtenir  une  législation  qui  les  protège;  ils  s'entendent  aussi  pour  faire  prévaloir  dans  le 
)de  !cs  idées  do  paix.  C’est  appuyés  sur  le  prolétariat  international  que  les  amis  de  la 
nais  obtiendront  peu  à  peu  que  des  institutions  d’arbitrage  entre  nations  préviennent  et 
empêchent  les  guerres.  Guerre  ù  la  guerre,  qui  ruine  les  nations,  ensanglante  l’humanité 
et  détourne  tous  les  ans  vers  des  œuvres  de  destruction  et  de  mort  des  milliards  qui 
devraient  être  consacrés  au  développement  des  œuvres  de  vie,  de  l’instruction  publique, 
des  travaux  publics,  des  œuvres  d’assurance  et  de  solidarité  sociale!  Je  travaillerai,  d  un 
effort  passionné,  à  abolir  le  vieux  régime  de  barbarie  et  de  meurtre,  à  organiser  un  régime 
de  pfix  durable,  h  préparer  le  désarmement  simultané  qui  ne  livrera  notre  Patrie  à  aucun 
hasard  et  qui  soulagera  le  monde  d’un  fardeau  accablant. 

Voilà  les  nobles  idées  que  je  défendrai  à  la  Chambre  et  dans  le  pays.  I,  union  néces¬ 
saire  entre  républicains  n’implique  pour  aucun  d’eux  aucune  abdication.  Quand  les  républi¬ 
cains  modérés,  radicaux,  socialistes,  votent  tous  ensemble  contre  la  réaction,  les  modères 
et  les  radicaux  n’adhèrent  point  pour  cela  au  socialisme  ;  et  les  socialistes  ^abandonnent 
Fs  la  moindre  parcelle  de  leurs  idées  et  de  leurs  revendications,  mais  ils  affirment  tous 
ensemble  que  la  liberté  républicaine  est  le  patrimoine  commun,  et  qu’elle  est  la  condition 
absolue  de  l’évolution  régulière  de  la  démocratie. 

C’est  donc  pour  ht  République  et  en  son  nom  que  vous  irez  au  scrutin  le  27  avril  pro¬ 
chain.  J’ai  été  odieusement  calomnié  il  y  a  quatre  ans,  mais  maintenant  la  lumière  est  faite 
sur  l’affaire  Dreyfus.  J’y  ai  joué  le  rôle  d’un  honnête  homme  et  d’un  bon  citoyen.  J’ai  con¬ 
tribué  à  sauver  l’innocent  et  à  démasquer  les  traîtres,  et  ce  que  des  aveugles  ou  des  infâmes 
m’ont  reproché  comme  un  crime,  je  le  revendique  comme  l’impérissable  honneur  de 
ma  vie. 

Ce  n’est  pas  moi  qui  suis  on  agitateur  et  on  fomenieur  de  grèves*  Ce  sont  ceux  qui  ont, 
depuis  1885,  introduit  la  politique  à  la  mine,  et  divisé  les  ouvriers* Tous  les  travailleurs  de 
3a  mine  et  de  la  verrerie  se  réconcilieront.  Tous  ils  assureront  la  victoire  de  la  République 
e£  du  prolétariat. 


Vive  la  République  sociale  î 


Jean  JAURÈS. 


l1*1  circonscription  de  CASTRES 

M*  le  baron  Xavier  REÏLLE 
Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  9.60$  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

]’ai  l'honneur  depuis  quatre  ans  de  vous  représenter  h  la  Chambre. 

Les  principes  qui  m’ont  guidé  pendant  cette  législature  sont  ceux  qui  vous  sont  chers 


a  tous  : 


Progrès  social  ;  économie  financière  ;  liberté  religieuse* 

J’ai  conscience  d’avoir  rempli  fidèlement  le  mandat  que  vous  m’aviez  confié, 
iesuis  fier  d’avoir  appartenu  aux  rangs  de  l’opposition  dans  ce  Parlement,  dont  la 
majorité  a  négligé  les  réformes  légitimes  pour  seconder  la  fortune  de  quelques  ambitieux* 


-  ■ 


932  — 


Avec  tous  les  hommes  (Tordre,  fai  lutté  énergiquement  contre  la  tyrannie  de  l'oligarchie 
maçonnique. 

Sous  prétexte  de  défense  républicaine,  on  a  entravé  le  progrès  démocratique  ;  dilapidé 
les  finances  ;  étouffé  la  liberté. 

La  République  des  francs- maçon  s  est  un  despotisme  masqué* 

C'est  a  la  République  du  peuple,  nettement  libérale  et  généreusement  progressiste 
consciente  de  sa  responsabilité  devant  la  nation,  que  j'entends  donner  mon  appui,  pour 
mériter  la  confiance  que  le  peuple  me  témoigne. 

Je  me  présente  de  nouveau  à  vos  suffrages,  décidé  à  continuer  une  oeuvre  qui  n’est  pas 
seulement  pour  moi  un  précieux  devoir  personnel,  mais  aussi  une  glorieuse  tradition  de 
famille. 

Vos  intérêts  généraux  et  particuliers  trouveront  toujours  en  moi  un  ardent  défenseur. 

Dans  la  prochaine  Chambre,  qui  aura  à  réparer  les  fautes  de  sa  devancière,  je  resterai 
le  partisan  résolu  : 

Des  économies  budgétaires  et  de  la  décentralisation  ; 

De  la  réduction  à  un  an  du  service  militaire  ; 

Des  retraites  ouvrières  fondées  sur  la  mutualité  légalement  développée; 

De  ia  liberté  de  Renseignement  sauvegardée  par  la  loi  Falloux. 

Je  demeurerai  l'adversaire  non  moins  résolu  ; 

Du  fonctionnarisme  scandaleux  qui  dévore  nos  ressources  ; 

De  l'extension  des  monopoles,  ruineux  pour  les  entreprises  particulières. 

le  ne  reconnais  à  l’État  aucun  droit  contraire  aux  droits  des  citoyens. 

Je  ne  veux  ni  persécution  ni  favoritisme. 

Ma  devise  est  celle  à  laquelle  la  République  a  le  devoir  d’être  fidèle  : 

Liberté.  —  Égalité.  —  Fraternité. 

Et  je  n'ai  pas  enfin  d’autre  ambition,  mes  chers  Concitoyens,  que  de  vous  prodiguer 
toujours  mon  entier  dévouement. 


Baron  Xavier  REILLE, 
Député  sortant. 


2°  circonscription  de  CASTRES 
M.  le  baron  Amédée  REILLE 
Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  9.566  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Depuis  trois  ans  que  j’ai  Thonneur  de  vous  représenter,  vous  savez  avec  quel  dévoue¬ 
ment  je  me  suis  consacré  a  la  défense  de  vos  droits  et  de  vos  libertés* 

Aujourd’hui,  l'heure  est  grave,  décisive  peut-être* 

La  prépondérance  des  francs-maçons  dans  la  politique  ministérielle  sape  les  ba*es 
même  de  la  société. 

Nous  voyous,  au  point  de  vue  moral  et  religieux  : 

La  persécution  déchaînée  par  la  loi  sur  les  associations  ; 

La  suppression  du  budget  des  cultes,  proposée  par  la  Commission  du  budget  ; 


—  933  — 


M&  1162 


L'abrogation  de  la  loi  Falloux  votée  en  principe. 

Tandis  qu’au  point  de  vue  financier,  ce  môme  ministère  nous  a  conduits  à  1’  emprunt,  au 
déficit  et  par  conséquent  à  P  augmentation  des  impôts. 

Tous  ceux  qui  ont  accordé  au  ministère  un  «  vote  de  confiance  absolue  n  se  sont  donc 
rendus  solidaires  de  sa  politique  néfaste  d'intolérance  religieuse  et  de  gaspillage  financier* 

Quant  à  moi,  par  mes  votes  et  par  mes  discours,  j’ai  toujours  défendu  les  principes  de 
liberté  qui  sont  et  resteront  la  règle  de  ma  carrière* 

Je  suis  plus  résolu  que  jamais  à  combattre  une  République  sectaire  et  jacobine,  à  sou¬ 
tenir,  au  contraire,  une  République  libérale  et  progressiste. 

J'attends  d'elle  : 

La  garantie  de  la  liberté  de  travail, 

Le  respect  de  la  liberté  religieuse  et  de  ïa  liberté  d'enseignement,  la  plus  sacrée  de 
toutes,  pour  les  pères  de  famille. 

Je  réclamerai,  en  outre,  la  réduction  à  un  an  du  service  militaire  obligatoire,  avec  la 
constitution  d’une  armée  de  métier  au  moyen  d'engagements  volontaires* 

La  suppression  des  vingt-huit  et  treize  jours,  par  la  voie  d’une  réduction  progressive 
dont  j'ai  déjà  voté  le  principe. 

La  création,  pour  les  ouvriers  industriels  et  agricoles,  décaissés  de  retraites  fondées  sur 
la  mutualité  légalement  développée. 

L'allégement  des  charges  qui  pèsent  si  lourdement  sur  les  contribuables  et  particuliè¬ 
rement  sur  les  agriculteurs* 

Pour  que  ces  réformes  soient  réalisables,  il  faut  que  le  Gouvernement  et  le  Parlement 
entrent  résolument  dans  la  voie  des  économies  budgétaires  et  de  la  décentralisation. 

11  faut  que  la  République,  répudiant  les  doctrines  socialistes,  accepte  le  concours  loyal 
de  tous  les  hommes  d'ordre,  qui  veulent  pratiquer  une  politique  d’apaisement  et  de  conci¬ 
liation,  et  non  une  politique  de  haine  et  de  discorde* 

J’attends  votre  verdict  avec  la  plus  absolue  confiance  ;  pendant  plus  de  trente  années, 
vous  avez  témoigné  à  mon  père  une  fidélité  à  toute  épreuve  ;  tout  jeune  j’ai  hérité  de  votre 
dévouement  pour  lui  et  aujourd’hui  j’espère  que,  m’ayant  vu  a  l’oeuvre,  vous  me  jugerez 
digne  de  faire  triompher  une  fois  de  plus  notre  belle  devise  : 

Dieu.  —  Patrie,  —  Liberté  ! 


Baron  Amédée  REILLE, 
Député  sortant 


Circonscription  de  GAÏLLAC 
M*  Paul  GOUZY 

Elu  an  2e  tour  de  scrutin.  —  8.581  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

La  vraie  profession  de  foi  d?un  Député  sortant,  c'est  l’exposé  de  ses  votes,  car  ses  Elec¬ 
teurs  peuvent  induire  sa  conduite  future  de  sa  conduite  passée. 

La  mienne,  je  suis  fier  de  l’afiinner,  se  résume  en  deux  mots  : 

JTai  tenu  tout  ce  que  j’avais  promis. 

J’avais  promis  de  voler  des  économies  dans  les  services  publics. 


Fai  proposé  ou  voté  : 

La  suppression  des  sous-préfets,  —  des  tribunaux  jugeant  moins  de  200  affaires  par 
a n j  —  des  commissaires  spéciaux,  etc*;  —  la  diminution  des  revenus  des  trésoriers- 
payeurs  généraux,  —  des  indemnités  de  voyage  ou  de  service,  etc* 

En  revanche,  fai  proposé  ou  voté  toutes  les  mesures  favorisant  équitablement  les 
petits* 

Pour  les  facteurs,  un  congé  annuel,  —  pour  les  cantonniers  et  les  éclusrers,  une  aug¬ 
mentation  de  salaire,  —  pour  les  instituteurs,  la  suppression  du  pourcentage,  —  pour  les 
eiifants  des  écoles  primaires,  l’accès  aux  bourses  de  renseignement  secondaire,  —  pour  les 
soldats,  des  rations  de  vin,  —  pour  les  territoriaux,  la  suppression  des  13  jours. 

J’avais  promis  de  voter  l’impôt  progressif  sur  le  revenu. 

J’en  ai  voté  la  raiee  à  Tordre  du  jour,  proposée  par  nos  amis,  —  repoussée  par  les 
soi-disant  républicains  qui,  avec  la  droite,  marchent  derrière  MM.  Méline  et  Ribot. 

J’avais  promis  pour  l’agriculture  une  protection  qui  protège  réellement  l’agriculture  et 
non  les  spéculateurs. 

J'ai  voté  : 

Pour  le  blé,  la  suppression  de  Fagiotage,  par  la  suppression  de  l'admission  temporaire, 
—  pour  la  vigne,  le  dégrèvement  des  contributions  afférentes  aux  terrains  replantés,  —  la 
poursuite  des  fraudeurs,  —  la  loi  des  boissons,  qiji  a  dégrevé  de  12&  millions  les  boissons 
hygiéniques,  et  augmenté,  pour  Paris  seul,  de  1,200*000  hectolitres,  m  profit  des  produc¬ 
teurs,  îa  consommation  du  vin  nature). 

J’avais  promis  de  voter  la  loi  des  retraites  pour  la  vieillesse. 

Fai  voté  toute  la  partie  de  la  loi  qui  est  venue  en  discussion  jusqu’au  moment  où  des 
circonstances,  auxquelles  je  suie  étranger,  Font  fait  retirer  de  l’ordre  du  jour* 

J’avais  promis  des  élections  honnêtes. 

J’ai  voté  : 

L’enveloppe  pour  les  bulletins,  —  la  cabine  d'isolement  pour  les  électeurs,  des 
peines  sévères  contre  les  corrupteurs*  —  le  scrutin  de  liste  pour  les  élections  législatives. 

Enfin,  j’avais  promis  le  service  militaire  réduit  à  deux  ans  et  égal  pour  tous. 

Je  n’ai  pas  besoin  de  rappeler  qu’auteur  d’une  proposition  sur  le  service  de  deux  ans, 
comportant  la  suppression  des  dispenses,  je  l’ai  défendue  :  à  la  commission  de  l’armée,  —  à 
la  tribune  de  la  Chambre,  —  dans  des  conférences  faites  aux  quatre  coins  de  la  France,  — 
et  que  j’en  ai  fait  voter  le  principe  à  une  forte  majorité. 

J’ai  en  outre  voté  ; 

La  loi  des  successions,  —  la  loi  des  associations,  —  la  suppression  des  bureaux  de 
placement  payants,  —  le  rachat  des  chemins  de  fer  du  Midi  et  de  l’Est,  acheminoment 
au  rachat  total . 

J’ai  voté  contre  l’élévation  à  15 . 000  francs  de  l’indemnité  des  Députés  et  contre  la  pro¬ 
longation  à  six  ans  de  la  durée  de  leur  mandat. 

Voilà  le  résumé  de  ce  que  j'ai  fait,  au  cours  de  cette  législature,  pendant  laquelle  mes 
collègues  m’ont  témoigné  leur  confiance  : 

En  me  nommant  membre  de  trois  grandes  Commissions  :  armée,  —  économies  admi¬ 
nistratives,  —  grands  travaux. 

Et  en  me  déléguant  fréquemment  pour  apporter  :  —  soit  au  Gouvernement,  les  vœux 
de  notre  groupe,  —  soit  à  la  tribune,  ses  déclarations  ou  ses  ordres  du  jour,  —  soit  aux 
bureaux  des  autres  groupes,  ses  opinions  en  vue  d’une  délibération  commune* 

Des  services  rendus  à  F  arrondissement,  je  ne  veux  citer  que  le  rétablissement  de  la 
navigabilité  du  Tarn,  si  nécessaire  à  l’agriculture  et  au  commerce,  pt  dont  les  travaux  sont 
en  cours  d’exécution. 


—  035  - 


N°  1162 


Mes  chers  Concitoyens, 

Si  ce  passé  vous  parait  un  gage  pour  Ta  venir,  vous  me  ie  prouverez  en  me  donnant  de 
nouveau  vos  suffrages* 

A  Rheure  où,  comme  au  Seize-Mai,  comme  au  temps  du  Boulangisme,  monarchistes, 
nationalistes,  ralliés,  bonapartistes,  prétendus  progressistes,  soi-disant  libéraux,  se  coa¬ 
lisent  pour  donner  l’assaut  à  la  République,  tous  les  vrais  républicains,  tous  ceux  qui 
veulent  les  réformes  démocratiques  et  sociales,  et  notamment  : 

L’impôt  progressif  sur  ie  revenu,  —  le  service  de  deux  ans  égal  pour  tous,  —  rensei¬ 
gnement  laïque,  doivent  faire  bloc  contre  l’éternel  ennemi. 

Je  fais  appel  à  tous*  Je  ïes  adjure  d’oublier  haines,  rivalités,  rancunes  personnelles, 
pour  se  grouper  autour  du  drapeau* 

La  République  est  menacée*  Tous  les  républicains  doivent  marcher  u  son  secours. 

Mes  chers  Concitoyens,  je  compte  sur  vous  pour  y  marcher  avec  moL 

,  Vive  la  République  !!î 

Paul  GOUZYj  Député  sortant. 


Circonscription  de  LAVATJR 
M.  COMPAYHE 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin,  —  0*91)8  voix 


Mes  ehcra  Concitoyens, 

Appelé  en  1898,  pour  la  deuxième  fois,  au  grand  honneur  de  vous  représenter,  j"aî 
fidèlement  servi  la  cause  delà  République  et  de  la  démocratie;  j'ai  lutté  pour  l'amélioration 
du  sort  des  petits,  des  humbles,  de  tous  ceux  qui  travaillent;  j’ai  consacré  tout  mon  dé¬ 
vouement,  toute  mon  activité,  à  la  défense  de  vos  intérêts. 

N’ayant  d'autre  intérêt  que  le  vôtre,  je  me  suis  efforcé  de  faire  triompher  vos  justes 
revendications. 

Vous  me  connaissez,  ce  n’est  donc  pas  auprès  de  vous  que  j’ai  besoin  de  me  défendre 
contre  ceux  qui  affectent  hypocritement  de  dire  que  je  suis  encore  à  la  période  des  pro¬ 
messes*  Mes  votes  parlent  pourtant  assez  haut* 

Sans  m’attarder  à  les  rappeler,  je  crois  pouvoir  sans  crainte  les  soumettre  à  votre 
souverain  et  impartial  jugement. 

Aujourd’hui,  il  ne  suffit  plus  de  s'opposer  aux  retours  que  de  faux  républicains,  reve¬ 
nants  du  drapeau  blanc,  essayent  défaire  en  arrière.  Il  faut  aller  de  Rayant  et  prouver  que 
la  République  n’est  ni  un  Gouvernement  de  recul  ni  un  Gouvernement  de  piétinement 
sur  place. 

li  faut  que  les  lois  soient  en  accord  avec  les  principes  républicains,  et  pour  cela,  la 
révision  de  la  Constitution  dans  un  sens  démocratique  s’impose,  afin  que  le  suffrage  uni¬ 
versel  ne  soit  pas  tenu  en  échec  par  nue  égale  volonté  du  suffrage  restreint. 

Au  suffrage  universel  doit  appartenir  le  dernier  mot*  C’est  dans  cet  esprit  que  je  vous 
présente  le  programme  suivant,  que  je  m’engage  à  défendre  : 

1.  Défense  de  la  République  dans  ses  lois  contre  les  réactions  coalisées. 


—  936  — 


2,  Révision  de  la  Constitution  qui  assure  la  prépondérance  du  suffrage  universel  et  la 
réalisation  des  réformes  démocratiques  et  sociales, 

3,  Réforme  de  Rimpôt  établissant  la  justice  fiscale,  nota  minent  par  l’impôt  progressif 
sur  le  revenu. 

4-  Vin  aux  soldats, 

5.  Loi  de  prévoyance  et  de  solidarité  sociale;  retraite  pour  les  travailleurs  des  villes 
et  des  campagnes. 

6.  Le  service  militaire  obligatoire  pour  tous  (sauf  pour  les  soutiens  de  famille),  réduit 
à  deux  ans. 

7.  Diminution  des  gros  traitements  et  suppression  de  toutes  les  sinécures. 

8.  Reconnaissance  légale  de  tous  les  syndicats  ouvriers  approuvés. 

9.  Ni  emprunts,  ni  impôts  nouveaux. 

10.  Suppression  de  la  taxe  militaire. 

Il-  Suppression  des  vingt-huit  et  des  treize  jours, 

12.  Économie  et  équilibre  du  budget, 

13.  Protection  du  petit  commerce  contre  les  grands  magasins. 

14.  Protection  de  P  agriculture  contre  la  concurrence  étrangère, 

15.  Réduction  des  frais  de  justice  ou  leur  gratuité, 

16.  Application  de  la  loi  sur  les  associations  telle  qu’elle  a  ôté  votée  par  la  Chambre 
actuelle, 

17*  Amélioration  de  la  loi  sur  les  boissons, 

18.  Chaque  commune  libre  de  son  budget  des  cultes, 

19.  Abolition  du  vote  par  procuration  dans  toutes  les  assemblées  électives, 

20.  Amélioration  des  lois  sur  la  chasse  et  la  pêche;  permis  de  chasse  à  25  centimes, 
valables  pour  une  journée,  délivrés  aux  paysans  et  aux  ouvriers. 

21.  Insaisissabilité  du  domicile  familial. 

22.  Révision  du  cadastre, 

23.  Abaissement  des  tarifs  de  transport,  parchemin  de  fer,  des  produits  agricoles  et 
des  matières  servant  à  l'agriculture, 

24*  Répression  du  vagabondage  et  de  la  mendicité  dans  les  campagnes. 

25.  Répression  rigoureuse  des  accaparements  et  des  coalitions  qui  faussent  les  cours 
des  produits  agricoles. 

Enfin  toutes  les  lois  qui  pourront  améliorer  la  situation  materielle  et  morale  du 
prolétariat. 

le  resterai  partisan  de  Renseignement  libre  jusqu’au  jour  où  le  Gouvernement  aura  fait 
voter  une  loi  établissant  la  gratuité  absolue  pour  les  enfants  du  peuple. 

Je  resterai  Radversaïre  de  toute  guerre,  de  toute  expédition  lointaine  et  de  toutes  les 
dépenses  inutiles. 

Je  resterai  le  partisan  convaincu  de  la  marche  en  avant,  incessante,  paisible  mais 
résolue,  d  une  République  administrée  par  des  républicains  repoussant  toutes  les 
réactions. 

La  coalition  réactionnaire  est  menaçante  :  en  se  masquant,  elle  se  dit  libérale  ou  ralliée, 
pour  essayer  de  rentrer  dans  la  République  pour  mieux  l'étrangler. 

On  s’émeut  à  la  pensée  du  mal,  guerre  ou  révolution,  que  ferait  la  réaction  si  elle 
s’emparait  du  pouvoir. 

Mais  le  peuple  qui  veille  saura  démasquer  tous  ces  faux  républicains  et  reconnaître 
les  siens. 

Vive  la  France  et  la  République  du  peuple! 

E.  COMPÀÏRÉ, 

Député  sortant,  Secrétaire  de  la  Chambre, 

Conseiller  général  de  Saint-Pauf. 


TARN-ET-GAR  ÜNNE 


Circonscription  de  CASTELSARRASIN 

M.  SÉNAC 

Élu  au  1er  tôur  de  scrutin,  —  8  - 779  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Un  grand  congrès*  composé  de  i|00  délégués  environ,  s’est  réuni  à  Castelsarrasin,  le 
16  mars  dernier. 

Comme  en  1898,  c'est  à  Punanimité  de  ses  membres  qu'il  m’a  confié  l’honneur  d'être, 
aux  élections  prochaines,  le  porte-drapeau  de  nos  revendications  sociales  et  économiques. 

J’accepte  avec  fierté  cette  haute  mission. 

Le  programme  que  je  soumets  à  votre  approbation  est  surtout  un  appel  à  T  union,  à 
la  concentration  de  notre  démocratie  laborieuse. 

Ce  que  je  veux!  mon  devoir  est  de  le  dire  nettement  ; 

C'est  l'indépendance  complète  de  l’électeur  devant  le  bulletin  de  vote; 

Le  service  militaire  réduit  à  deux  ans,  égal  pour  tous,  sans  rengagements  de  simples 
soldats;  l’organisation  de  cadres  spéciaux  et  complets  pour  chacune  des  trois  formations  : 
armée  active,  armée  de  réserve,  armée  territoriale; 

Le  respect  absolu  de  la  propriété  individuelle;  l’impôt  général  et  progressif  sur  le 
revenu; 

L'organisation  des  retraites  ouvrières;  des  assurances  agricoles;  de  caisses  de  crédit 
agricole;  de  syndicats  agricoles;  de  sociétés  coopératives  subventionnées; 

La  diminution  de  l'impôt  foncier  et  des  patentes  ; 

La  réduction  du  nombre  des  fonctionnaires;  des  gros  traitements;  des  frais  de  justice; 
des  droits  de  mutation; 

L’extension  de  la  compétence  des  juges  de  paix; 

Des  lois  d'entente  entre  le  capital  et  le  travail;  entre  patrons  et  ouvriers;  la  partici¬ 
pation  équitable  de  ces  derniers  aux  bénéfices  ; 

La  surveillance  des  droits  de  douane  sur  les  produits  agricoles  et  les  bestiaux; 

La  libre  circulation  des  vins;  la  suppression  commerciale  des  vins  artificiels;  la  dis¬ 
tribution  de  vin  aux  soldats; 

La  délivrance  de  permis  de  pêche;  le  repeuplement  annuel  de  nos  fleuves  et  rivières 
par  des  alevins  de  choix; 

L'abrogation  de  la  loi  Falioux;  le  maintien  énergique  des  lois  sur  les  associations 
confessionnelles;  le  prêtre,  respecté,  ne  s'occupant  que  de  questions  religieuses; 

La  révision  des  lois  constitutionnelles  ;  la  prépondérance  de  la  Chambre  des  Députés  en 
matière  financière; 

Le  concours  de  l'État,  pour  trois  cinquièmes  et  plus,  dans  les  frais  de  premier  établis¬ 
sement  des  réseaux  ferrés  départementaux; 


118 


-  938  — 


La  suppression  des  garanties  d’intérêts  à  nos  grandes  Compagnies  et,  en  cas  de  diffb 
cultes  sur  ce  point,  le  rachat; 

La  ci  cation  du  Canal  des  Deux-Mers. 

Citoyens, 

Tels  sont  mes  désirs,  tel  est  le  but  que  je  chercherai  à  atteindre, 

Sî  vous  me  donnez  votre  confiance  et  vos  suffrages,  je  consacrerai  toute  mon  énergie 
à  la  réalisation  de  ce  programme. 

Urbain  SÉNÀG, 

Avocat,  ancien  notaire, 

Conseiller  général  du  Gers, 

Candidat  de  la  République. 


Circonscription  de  MOIS  BAC 


M.  CHARRIÉ,  élu  sénateur,  a  été  remplacé  par  M.  ÀRNAL. 


Voy*  Élections  partielles. 


Circonscription  de  MONTAUBAN 

M.  CAPÉRAN 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  12.99ft  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Le  congrès  m’ayant  désigné  comme  le  candidat  du  parti  républicain  aux  prochaines 
élections  législatives,  j’ai  le  devoir  de  vous  dire  ce  que  je  pense  des  questions  politiques, 
économiques  et  sociales  qui  sont  posées  devant  l'opinion  et  qui  seront  examinées  dans  la 
prochaine  législature. 

Mes  déclarations  à  ce  sujet  seront  aussi  nettes  qu’on  peu!  Le  souhaiter. 

restitue  que  le  temps  est  pa=sé  des  atermoiements  et  des  hésitations,  et  qu'il  faut 
résolument  orienter  la  République  dans  la  voie  du  progrès,  et  si  l’on  ne  veut  pas  que  se  déta¬ 
chent  d’elle  ceux  qui,  jusqu’ici,  ont  été,  aux  heures  difficiles,  ses  plus  énergiques  défenseurs. 
Il  faut  renoncer  à  considérer  comme  une  politique  prudente  et  sage  une  politique  égoïste 
et  défiante,  opposant  une  résistance  folle  aux  réformes,  au  risque  d’irriter  cette  vaillante 
et  généreuse  démocratie  française  et  de  déchaîner  sur  ce  pays  les  pires  catastrophes. 

J’approuve  la  loi  sur  les  associations,  parce  que  je  crois,  avec  l’éminent  homme  d’État 
qui  en  a  assuré  le  vote,  que  cette  loi  marque  une  étape  décisive  au  point  de  vue  de  révo¬ 
lution  sociale  pacifique  et  des  garanties  nécessaires  à  la  société  civile. 

Je  voterai  le  projet  de  loi  sur  Les  retraites  ouvrières,  en  tenant  compte  des  vœux  for¬ 
mulés  par  les  associations  professionnelles,  patronales  et  ouvrières  auxquelles  il  avait  été 
renvoyé,  et  j’admettrai  au  bénéfice  des  retraites  les  travailleurs  des  champs,  non  moins 
dignes  d’intérêt  que  les  travailleurs  des  villes. 


—  939  —  H  62 

La  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans,  par  l'adoption  du  projet  de  loi  de 
M.  le  sénateur  Rolland, 

La  suppression  d'une  période  de  vingt-huit  jours  et  des  treize  jours. 

Le  rétablissement  du  scrutin  de  liste  avec  mandat  limité  à  quatre  ans. 

L'abrogation  de  la  loi  Falloux. 

Le  rachat  des  chemins  de  fer  du  Midi, 

L'extension  de  la  compétence  des  juges  de  paix  et  la  diminution  des  frais  de  justice, 

La  suppression  des  emplois  inutiles. 

L'interdiction  aux  parlementaires  d'administrer  des  sociétés  financières. 

le  demanderai  que  les  sociétés  de  prévoyance  et  de  mutualité  soient  sérieusement 
encouragées  et  que  l'on  donne  à  Renseignement  professionnel  un  développement  tel  qu’il 
puisse  répondre  aux  besoins  de  notre  industrie  et  de  notre  commerce. 

Une  crise  grave  sévit  sur  l'agriculture. 

Il  importe  que,  pour  la  conjurer,  la  Chambre  nouvelle  examine,  avant  toutes  autres, 
les  propositions  susceptibles  de  diminuer  les  charges  de  nos  agriculteurs  et  de  leur  faciliter 
l'écoulement  rémunérateur  des  produits  du  sol. 

Dans  ce  but,  je  voterai  : 

La  suppression  de  l'impôt  foncier. 

La  réduction  des  droits  de  mutation. 

L'extension  du  crédit  agricole, 

La  créa  lion  de  chambres  consultatives  d'agriculture. 

La  répression  des  accaparements  qui  faussent  les  cours  pour  le  seul  profit  des  spé¬ 
culateurs. 

Je  demanderai  que  la  culture  du  tabac  soit  étendue  à  notre  arrondissement  et  que 
LLiat  réserve  à  la  production  française  la  plus  grosse  part  de  ses  achats. 

Tout  ce  qui  peut  être  fait  pour  l'agriculture  doit  trouver  les  républicains  unanimes, 
car  c’est  d'elle  que  la  nation  tire  la  plus  grande  partie  de  ses  ressources. 

Les  dégrèvements  que  je  préconise  seront  rendus  possibles  par  l'impôt  progressif  sur 
le  revenu,  établi  Sur  des  bases  sérieuses  et  avec  le  seul  souci  de  répartir  équitablement  les 
charges  publiques. 

Cet  impôt  a  fait  l'objet  de  nombreuses  controverses. 

Si  l'on  prend  soin  d'écarter  tout  ce  qui  pourrait  lui  donner  le  caractère  d'un  impôt 
vexatoîre  et  inquisitorial,  il  sera  accepté  par  tous  ceux  que  n'aveugle  pas  l'esprit  de  routine 
et  qui  comprennent  que  l'heure  est  venue  de  travailler  a  !a  pacification  sociale,  en  appor 
tant  tomes  les  améliorations  possibles  au  sort  des  classes  laborieuses. 

Si  vous  me  faites  l'honneur  de  m'envoyer  au  Parlement,  j'y  soutiendrai  de  toutes  mes 
forces  les  revendications  si  légitimes  de  notre  Sud-Ouest,  depuis  tiop  longtemps 
déshérité* 

Dos  millions  sont  mis  à  la  disposition  d'autres  régions  de  la  France  pour  encourager 
leurs  industries  et  perfectionner  leur  outillage  de  transport  et,  lorsqu  une  erbe  teirîble 
pèse  sur  notre  Midi  et  le  Sud-Ouest  :  crise  viticole,  crise  du  chasselas,  nous  ne  pouvons  même 
pas  obtenir,  des  Compagnies  de  chemin  de  fer,  des  améliorations  dans  les  conditions  de 
transport. 

Pour  faire  cesser  ce  régime  d’exception,  il  est  indispensable  que  le  Sud-Ouest  soit 
représenté  par  des  hommes  profondément  dévoués  à  ses  véritables  intérêts,  soucieux  de 
les  défendre  et  prêts  à  travailler,  avec  toute  l'intelligence  et  l'énergie  dont  ils  sont 
capables,  à  son  relèvement  économique. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Avant  de  déposer  votre  bulletin  dans  l'urne,  dites-vous  bien  que,  des  élections  pro¬ 
chaines,  dépend  l'avenir  de  la  France  et  de  la  République. 


—  940  - 

On  vous  dira  que  ce  gouvernement  veut  la  désorganisation  de  Farinée,  ia  suppression 
de  nos  libertés,  la  persécution  religieuse  et  prépare  la  ruine  de  la  Patrie. 

Ai-je  besoin  de  protester  contre  de  pareilles  calomnies,  dont  yous  ferez  justice  ? 

Je  veux  une  armée  nationale  forte  et  respectée,  sur  laquelle  la  République  puisse 
compter  pour  la  défense  du  territoire  et  des  libres  institutions  du  pays. 

Je  veux  la  liberté  de  la  croyance  consacrée  par  immortelle  Déclaration  des  Droits  de 
l'homme  et  du  citoyen,  ou  il  est  dit.  que  nul  ne  doit  être  inquiété  pour  ses  opinions  reli¬ 
gieuses,  et  j'aime  trop  mon  pays  pour  ne  pas  le  placer  au-dessus  de  tout  et  ne  pas  m’oppo¬ 
ser  à  tout  ce  qui  pourrait  être  tenté  pour  diminuer  son  prestige  et  sa  force  devant  le 
monde. 

Électeurs, 

Fai  confiance  en  votre  verdict. 

Vous  aurez  à  cœur  de  libérer  le  27  avril  l'arrondissement  de  Montauban  et  de 
donner  aux  républicains  de  Tarn-et-Garonne  ïa  joie  de  voir  leur  drapeau  flotter,  pour  la 
première  fois,  sur  le  chef-lieu  du  département,  définitivement  conquis  à  la  République! 

Charles  CAPÉRAN, 

Ancien  juge  au  Tribunal  de  commerce, 

Membre  de  la  Chambre  de  commerce  de  Tara-et-Garonne, 

Maire  de  Montauban. 


X 


- _ - . . . - . - .  ■ 


-  1141  — 


Nu  1162 


VAR 


Circonscription  de  BRIGNOLKS 


M*  Octave  VIGNE 


Élu  an  2e  tour  de  scrutin*  —  6*588  vois* 


Citoyens,  l'accueil  bienveillant  que  vous  avez  fait  à  ma  candidature,  il  y  a  quatre  ans, 
tes  sollicitations  pressantes  émanant  d’un  grand  nombre  de  personnalités  politiques  de 
Irroadissementj  me  font  un  devoir  d'affronter  de  nouveau  la  lutte  et  de  revendiquer  vos 
mlrageis  pour  l'élection  législative  du  27  avril  prochain* 

L'heure  n'est  pas  aux  longs  discours,  mais  aux  déclarations  brèves* 

Vous  savez  qui  je  suis,  d’où  je  viens  et  ce  que  j’ai  fait  jusqu'à  ce  jour* 

Depuis  que  j'ai  acquis  l’âge  de  citoyen,  je  me  suis  consacré  tout  entier  au  service  de  la 
démocratie  varoise  ! 

Mon  attitude  et  mes  votes  au  sein  du  Conseil  général  dont  mes  honorables  collègues 
m’ont  fait  deux  fois  le  vice-président,  Tètude  approfondie  à  laquelle  je  me  suis  livré  des 
diverses  questions  intéressant  le  département,  et  plus  spécialement  l'arrondissement  de 
fignoles,  vous  ont  démontré,  mieux  que  par  des  phrases  creuses  et  sonores,  que  je  n'ai 
jamais failli  à  mon  devoir  de  républicain  et  de  socialiste  et  que  j'ai  acquis  une  juste  com¬ 
préhension  de  vos  intérêts  économiques  et  agricoles. 

Vous  connaissez  mon  programme  ;  il  n'a  jamais  varié  et  je  puis  dire  qu  il  est  la  syn- 
de  nos  identiques  aspirations  et  de  nos  communes  espérances  î 
Ce  que  nous  voulons,  c'est  la  marche  sans  reculs,  constante  et  continue  du  Progrès 
iû&Di  vers  la  liberté  des  peuples,  l'égalité  sociale  et  l1  émancipation  de  la  pensée 
humaine. 

Sur  le  terrain  politique,  le  développement  de  la  République  dans  le  sens  toujours  plus 
accentué  de  la  souveraineté  du  suffrage  universel. 

Sur  le  terrain  économique,  l’avènement  d'une  société  fondée  sur  les  bases  d'une  large 
solidarité  et  dans  laquelle,  loin  de  tous  préjugés  et  de  tout  égoïsme,  chacun  de  nous  puisse 
jouir  de  sa  part  de  bien-être  et  de  justice  distributive  ! 

Citoyens,  initié  depuis  longtemps  à  toutes  les  questions  intéressant  les  populations 
rurales  de  notre  arrondissement  et  la  classe  des  travailleurs,  je  ferai  tous  mes  efforts  pour 
fleurer  la  crise  intense  qui  sévit  sur  les  diverses  branches  de  l’agriculture  et  je  saurai,  en 
Bffs  circonstances,  faire  prévaloir  les  droits  du  prolétariat. 

Profondément  attaché  par  ma  naissance  et  mes  liens  de  famille  à  votre  arrondissement, 
je  serai  le  plus  souvent  possible  au  milieu  de  vous,  prêt  à  écouter  et  à  faire  triompher  vos 
justes  revendications  et  vos  légitimes  doléances* 


—  942  — 


Citoyens,  si  vous  me  faites  l’honneur  de  m’élire  pour  votre  représentant,  vous  pouycz 
être  convaincus  que  vous  aurez  en  moi,  à  foute  heure,  un  défenseur  éprouvé  de  l’idée  socia¬ 
liste  et  un  protecteur  inlassable  des  intérêts  jusqu’ici  sacrifiés  de  notre  cher  arrondisse¬ 
ment. 

Vive  la  République  démocratique  et  sociale! 

Vive  l’arrondissement  de  Brignoles! 

Octave  VIGNE, 

Agriculteur  à  Montfort-sur-Argens, 
Vice-président  du  Conseil  général  du  Var. 


Circonscription  de  DRAGUIGNAN 
M.  ALLARD 

Éiu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  8.51S  voix. 


Comité  de  concentration  socialiste 


Citoyens,  cjest  avec  confiance  que,  à  nouveau,  nous  présentons  à  vos  libres  suffrages  la 
candidature  socialiste  du  citoyen  Maurice  Allard,  Député  sortant-  Le  27  avril  1902,  vous 
aurez  à  cœur  de  renouveler  la  belle  victoire  du  22  mai  1898.  Vous  connaissez  le  citoyen 
Maurice  Allard,  et  nous  n’avous  point  à  faire  ici  son  éloge  ;  sans  compromissions  ni  fai¬ 
blesses,  il  est  resté  fidèle  à  son  mandat.  Nul  vote  contraire  aux  principes  républicains  et 
socialistes  et  aux  intérêts  économiques  de  la  région  ne  saurait  lui  être  reproché.  Par  la  rec¬ 
titude  de  sa  ligne  de  conduite  politique,  par  la  droiture  de  son  caractère,  il  a  conquis  l'es¬ 
time  même  de  ses  adversaires  qui,  tout  eu  combattant  ses  opinions  et  ses  principes, se 
plaisent  à  rendre  hommage  à  sa  probité  politique  et  à  la  sincérité  de  ses  convictions. 

Comment  n’aurions-nous  pas  foi  en  lui?  Depuis  vingt  ans,  soit  par  la  plume,  soit  par  la 
parole,  il  lutte  avec  désintéressement,  et  l’énergie  que  vous  lui  connaissez,  pour  les  idées 
qui  nous  sont  chères  et  que  nous  avons  affirmées  sur  son  nom  en  1898,  pour  l'affranchisse¬ 
ment  intellectuel  et  économique  de  la  masse  populaire,  toujours  asservie  sons  le  double 
joug  clérical  et  capitaliste,  pour  la  République  sociale! 

Est-il  besoin,  Citoyens,  de  vous  rappeler  notre  programme  qui  est  le  même  qu’en 
1898?  Le  programme  reste  entier,  car,  malgré  les  efforts  de  nos  amis  au  Parlement,  la  caste 
ploutocratique,  toujours  maîtresse  dans  les  sphères  gouvernementales,  a  pu  encore  pendant 
ces  dernières  années  paralyser  les  initiatives  populaires  et  arrêter  la  marche  ascendante 
du  progrès. 


Ce  programme  comporte  : 

La  révision  de  la  Constitution  dans  le  sens  le  plus  républicain  et  le  plus  démocra¬ 
tique;  la  séparation  des  Églises  et  de  l’État;  la  suppression  des  congrégations  et  le  retour 
de  leurs  biens  à  la  nation  ;  la  lutte  incessante  contre  les  empiétements  religieux;  la  réforme 
de  la  magistrature,  qui  doit  émaner  directement  du  peuple;  la  suppression  des  conseils  de 
guerre  et  du  code  militaire;  les  retraites  pour  la  vieillesse,  afin  d’alléger  en  partie  les 
misères  sociales;  l’instruction  intégrale  gratuitement  donnée  à  tous,  afin  de  développer  les 
cerveaux  jusqu’à  leur  summum  de  puissance;  l’impôt  progressif  sur  le  revenu,  qui  permettra 


- - 


seul  de  faire  disparaître  totalement  les  charges  qui  pèsent  si  lourdement  sur  l’ouvrier  des 
villes  et  surtout  sur  l'ouvrier  des  champs;  la  reprise  des  mines,  chemins  de  fer  et  canaux 
par  la  nation;  la  socialisation  des  monopoles  concédés  actuellement  aux  privilégiés  de  la 
haute  banque  et  de  la  haute  industrie;  la  libération  complète  des  boissons  hygiéniques  cir¬ 
culant  en  toute  franchise  sur  le  territoire;  la  répression  sévère  des  fraudes  en  matière  de 
produits  naturels  et  de  denrées  alimentaires;  ïa  création  de  magasins  généraux  pour  amener 
la  disparition  des  parasites  sociaux  qui  prennent  la  plus  grande  part  du  produit  du  travail 
des  prolétaires  ruraux;  le  service  militaire  de  deux  ans  et  égal  pour  tous  afin  d’arriver  à 
restitution  des  milices  nationales  sédentaires  ;  toutes  les  mesures  qui  peuvent  diminuer 
ipmédiatement  des  iniquités  sociales  dont  souffre  si  cruellement  l’immense  majorité  de  la 
nation,  celle  qui  travaille  et  qui  produit* 

Tel  est  notre  programme  minimum,  celui  dont  le  citoyen  Maurice  Allard,  au  cours  de  la 
dernière  législature,  ne  s’est  jamais  départi.  C’est  en  appliquant  ce  programme  que  nous 
détendrons  le  plus  efficacement  la  République  contre  les  menées  césariennes  monarchiques 
et  nationalistes.  Le  jour  où  la  République  entrera  dans  la  voie  de  ces  réformes  primordiales 
et  argentes,  elle  deviendra  invincible* 

Les  bras  de  milliers  de  prolétaires  se  lèveraient  pour  la  défendre,  si  des  aventuriers  en 
quête  de  dictature  se  dressaient  pour  l’attaquer* 

Mais  nous  voyons  plus  loin  que  ce  programme  minimum  constatant  l'expropriation 
Incessante  de  l’ouvrier,  du  petit  propriétaire,  du  salarié  de  toute  catégorie  par  la  rapacité  de 
plus  en  plus  agissante  de  la  féodalité  financière  et  industrielle  qui  a  remplacé  la  féodalité 
nobiliaire,  constatant  la  misère  croissante  en  face  de  richesses  de  plus  en  plus  concentrées 
en  quelques  mains  privilégiées  :  nous  nous  convions  à  l’étude,  auprès  du  citoyen  Maurice 
Allard,  des  voies  et  des  moyens  qui  nous  permettront  un  jour  de  substituer  la  justice  à  l’ini¬ 
quité  dans  les  rapports  sociaux,  d’assurer  à  chacun  le  produit  intégral  de  son  travail,  de 
libérer  le  travailleur  rural  et  urbain  du  servage  capitaliste,  de  donner  à  tous  le  bien-être, 
auquel  chaque  être  humain  a  droit  sur  la  terre,  de  remplacer  l’anarchie  économique  actuelle 
par  Pharmonie,  la  paix,  la  sécurité  et  la  justice* 

Que  les  hommes  timorés,  aux  opinions  chancelantes,  aux  pensées  peu  assises,  se  ral¬ 
lient  à  la  candidature  équivoque,  sans  programme  déterminé,  dont  la  seule  raison  d’être 
réside  dans  le  caractère  officiel  dont  elle  se  pare  avec  une  inconscience  vraiment  trop 
enfantine  I 

fin  hommes  conscients  de  leurs  droits  et  aussi  de  leurs  devoirs,  épris  de  justice  sociale 
et  de  progrès  incessants,  guidés  par  un  haut  idéal,  nous  faisons  appel  a  tous  ceux  qui,  dans 
l’arrondissement  de  Draguignan,  n’ont  jamais  craint  de  marcher  en  avant,  à  tous  ceux  qui 
savent  que  c'est  par  une  action  énergique  et  continue  que  l’on  modifie  les  rouages  sociaux, 
à  tous  les  citoyens  indépendants  et  fiers,  a  tous  les  républicains  et  socialistes  sincères  et 
coavaincus,  à  tous  ceux,  eii  un  mot,  qui  veulent  que  la  République,  cessant  d’être  un  vain 
nom,  devienne  enfin  réalité* 

Citoyens,  dans  cet  esprit  et  avec  confiance,  nous  vous  présentons  la  candidature  du 
citoyen  Maurice  Allard,  dont  le  passé,  tout  de  dévouement  à  ia  cause  républicaine  et  socia¬ 
liste,  nous  est  un  sûr  garant  de  l’avenir* 

11  faut,  en  votant  en  masse  le  27  avril  prochain  pour  le  citoyen  Maurice  Allard,  faire 
triompher  au  premier  lourde  scrutin  le  principe  de  la  République  sociale* 

À  ce  devoir  aucun  citoyen  convaincu  ne  faillira. 

Vive  la  République  sociale! 


Le  Comité  * 
Suivent  les  signatures. 


1™  circonscription  de  TOULON 


M.  FERRERO 

Élu  au  tour  de  scrutin,  —  7,976  voix. 


Union  de  tous  les  groupes  républicains  socialistes 

Citoyens,  il  y  a  quatre  ans  vous  m’avez  fait  le  grand  honneur  de  m'envoyer  siéger  au 
Parlement  et  je  crois  vous  avoir  prouvé,  avec  plus  de  force  encore,  la  sincérité  et  la  gran¬ 
deur  de  mon  dévouement  aux  intérêts  généraux  de  la  Ve  circonscription  de  Toulon.  Mêlé  à 
la  politique  loulonnaise  depuis  longtemps  déjà,  vous  me  connaissez  et  vous  savez  que  ma 
convictions  socialistes  n'oni  pas  changé.  J’ai  travaillé  au  Parlement  comme  je  Pavais  fait  à 
la  Mairie,  dans  la  mesure  de  mes  forces,  à  l'amélioration  du  sort  de  tous;  nos  adversaires, 
eux-mêmes,  viennent  de  me  rendre  un  suprême  hommage  ainsi  qu’à  notre  parti,  en  adop¬ 
tant  le  projet  d'assainissement  que  nous  avons  élaboré  et  suivant  ainsi,  à  contre-cœur,  la 
voie  que  nous  avons  tracée. 

Citoyens,  acceptant  tous  les  articles  du  programme  socialiste  (socialisation  d^  tous  les 
moyens  de  production  et  d’échange,  entente  internationale  des  travailleurs,  conquête  des 
pouvoirs  publics  par  les  travailleurs  organisés  en  parti  de  classe),  ainsi  que  toutes  lee  con¬ 
séquences  qu’ils  comportent  (transformation,  aussi  rapide  que  possible,  de  la  société  capi¬ 
taliste  en  une  société  collectiviste  ou  communiste),  je  m'engage,  en  outre  : 

1°  A  ne  jamais  utiliser  l’influence  que  je  pourrai  acquérir  en  faveur  d’adversaires  de 
l’idée  républicaine. 

2°  A  ne  jamais  négliger  d’utiliser  toutes  les  occasions  qui  pourront  se  présenter  pour 
faire  de  la  propagande  socialiste. 

3°  À  travailler,  sans  relâche,  à  F  émancipation  des  travailleurs  et  à  me  dépenser  autan! 
que  je  le  pourrai  lorsque  les  intérêts  de  la  classe  prolétarienne  seront  en  jeu. 

km  Ane  jamais  oublier  que  mes  intérêts  personnels  doivent  toujours  s'effacer  devant 
les  intérêts  du  parti  que  je  représente  et  dont  je  serai  toujours  un  serviteur  consciencieux  ei 
dévoué. 

5°  Enfr.:,  à  consacrer  tous  mes  efforts  à  la  réalisation  du  programme  générai  ci-des¬ 
sous  : 

Programme  politique. 

I .  —  1°  Suffrage  universel  direct,  sans  distinction  de  sexe.  Réduction  du  temps  de  rési¬ 
dence,  Scrutin  de  liste  avec  représentation  proportionnelle  dans  tontes  les  élections  et 
adjonction  de  toutes  les  lois  électorales  législatives  aux  lois  constitutionnelles, 

2°  Mesures  législatives  pour  assurer  la  liberté  et  3e  secret  du  vote.  Réglementation  pat 
la  loi  du  mandat  législatif,  révocable  par  un  vote  de  la  moitié  plus  un  des  électeurs  inscrits- 
Droit  de  referendum. 

3q  Suppression  du  Sénat  et  de  la  Présidence  de  la  République*  Les  attributions  actuelle* 
du  Président  de  îa  République  et  du  Conseil  des  ministres  seront  dévolues  à  un  conseï 
exécutif  nommé  par  le  Parlement. 

If  Admission  des  femmes  à  toutes  les  fonctions  publiques, 

5"  Liberté  absolue  de  la  presse  et  de  réunion,  sous  la  seule  garantie  du  droit  commun» 
Âbrogalion  des  lois  dites  scélérates  et  de  toutes  les  lois  d'exception. 


—  945 


1162 


6°  Pleine  autonomie  administrative  des  départements  et  des  communes,  sous  la  seule 
réserve  des  lois  garantissant  le  caractère  républicain,  démocratique  et  laïque  de  l’État,  et 
faculté  de  prélever  sur  les  budgets  départementaux  et  communaux  les  sommes  nécessaires 
pour  la  rétribution  des  fonctions  électives. 

lh  —  1"  Séparation  des  Églises  et  de  l’État;  suppression  du  budget  des  cultes  ;  liberté 
absolue  de  consciences  laïcisation  de  tous  les  services  publics;  suppression  du  monopole 
des  pompes  funèbres. 

2"  Suppression  des  congrégations;  nationalisation  des  biens  de  mainmorte  de  toute 
nature  leur  appartenant,  en  affectant  ces  biens  à  des  œuvres  d’assurance  et  de  solidarité 
sociales;  en  attendant,  interdiction  aux  congrégations  de  toute  entreprise  industrielle, 
agricole  et  commerciale. 

III.  —  i°  Substitution,  à  tous  les  tribunaux  actuels  civils  ou  criminels,  de  tribunaux 
composés  de  magistrats  élus  pris  sur  la  liste  électorale  avec  garanties  de  compétence;  le 
jury  sera  formé  par  voie  de  tirage  au  sort  sur  des  listes  dressées  parle  suffrage  universel. 

2°  Gratuité  de  la  justice,  transformation  en  fonctions  publiques  des  offices  ministériels. 
Suppression  du  privilège  des  avocats. 

3°  Abolition  de  la  peine  de  mort. 

k°  Suppression  des  tribunaux  militaires  et  maritimes. 

IV.  —  1°  Abrogation  de  toutes  les  lois  qui  établissent  l’infériorité  civile  des  femmes  et 
des  enfants  naturels  et  adultérins. 

2°  Législation  plus  libérale  du  divorce.  Loi  autorisant  la  recherche  de  la  paternité. 


Programme  économique, 

I.  _  Gratuité  de  l’enseignement  à  tous  les  degrés  et  entretien  des  enfants  à  la 
charge  des  collectivités  pour  le  premier  degré  de  l’enseignement. 

2°  Pour  l’enseignement  secondaire  et  supérieur  :  mise  à  la  charge  de  la  collectivité  de 
ceux  des  enfants  qui,  après  examen,  seront  reconnus  aptes  à  poursuive  utilement  leurs 
études.  Abrogation  de  la  loi  Failoux. 

3f)  Monopole  de  l’enseignement  aux  trois  degrés  par  l’État. 

lt°  Suppression  du  pourcentage  et  amélioration  de  la  situation  matérielle  des  institu¬ 
teurs. 

II  _  Abolition  de  tous  les  impôts  sur  les  objets  de  consommation  de  première 

nécessité  et  des  quatre  contributions  directes,  en  conservant  légalement  les  dioits  acquis  au 
personnel. 

2°  Impôt  global  progressif  et  personnel  sur  les  revenus,  avec  dégrèvement  des  petits 
en  tenant  compte  des  charges  de  famille,  dégrèvement  des  petites  patentes. 

3"  Impôt  progressif  sur  les  successions  en  ligne  directe  et  suppression  complète  en 
ligne  collatérale. 

U!  _  jo  nQp0S  d’un  jour  par  semaine,  avec  salaire,  et  interdiction  de  faire  travailler 

les  enfants  âgés  de  moins  de  quatorze  ans.  Interdiction  du  travail  de  nuit  pour  les  femmes, 
les  adolescents  et  les  adultes,  sauf  le  cas  de  nécessite  absolue  pour  ces  derniers. 

2°  Limitation  de  la  journée  de  travail  à  huit  heures,  sans  diminution  de  salaire. 

3°  Système  de  la  demi-journée  de  travail  pour  les  adolescents  et  combinaison  du  tra¬ 
vail  productif  avec  l’instruction  et  l’éducation  des  adolescents.  Interdiction  du  marchan¬ 
dage  et  du  payement  en  nature  (économat).  Reconnaissance  légale  de  la  mise  â  1  index. 

l(a  Fixation,  par  l'accord  des  municipalités  et  des  corporations  ouvrières  de  l’industrie, 
du  commerce  et  de  l’agriculture,  de  séries  de  prix  constituant  le  salaire  minimum. 

5°  Interdiction  aux  patrons  de  toute  réduction  de  salaire,  sous  forme  d’amende  ou 
autrement.  Intervention  des  ouvriers  dans  les  règlements  spéciaux  d  ateliers. 

6"  La  surveillance  des  ateliers,  fabriques,  usines,  mines,  chantiers,  services  publics, 
magasins,  etc.,  concernant  les  conditions  du  travail,  d.  hygiène  et  de  sécurité,  sera  exercée, 

110 


concurremment  avec  les  inspecteurs  de  l’Etat,  par  des  inspecteurs  élus  par  les  Syndicats 
ouvriers. 

7°  Extension  de  la  prud’homie  à  tous  les  salariés  de  l'industrie,  du  commerce  et  de 
Puériculture;  admission  des  syndicats  professionnels  ouvriers  à  tous  les  travaux  de 
l’État. 

S"  Mise  en  régie  du  travail  des  condamnés.  Le  prix  de  tout  travail  effectué  sera  le  prix 
normalement  payé  aux  ouvriers  syndiqués, 

9rj  Repos  légal  des  femmes,  six  semaines  avant  et  six  semaines  après  ^accouchement, 
avec  rétribution  servie  par  la  caisse  d’assurance  sociale. 

IV.  —  1°  Organisation  d’uno  caisse  de  retraites  ouvrières,  basée  sur  le  système  de  la 
répartition. 

2°  Organisation  par  la  cation  d’un  système  d’assurances  sociales  s’appliquant  à  la 
totalité  des  travailleurs  de  l’industrie,  du  commerce,  de  Pagriculture,  contre  les  risques  de 
maladie,  d’accident,  d’invalidité,  de  vieillesse  et  de  chômage. 

Amelioration  de  la  loi  sur  les  accidents  du  travail- et  son  application  sans  distinction 
de  nationalité.  Extension  de  ladite  loi  aux  salariés  de  toutes  catégories. 

h°  Participation  des  travailleurs  au  contrôle  et  fonctionnement  du  service  d’assu¬ 
rances. 

V.  —  1Q  Nationalisation  des  chemins  de  fer,  des  mines,  des  banques,  des  assurances, 
dés  raffineries  de  sucre-  et  des  sucreries,  de  l’alcool,  de  la  grande  meunerie';  transitoire¬ 
ment,  représentation,  dans  les  conseils  d’administration  des  sociétés  anonymes,  des  tra¬ 
vailleurs. 

2°  Organisation  d’un  service  public  de  placement  pour  les  travailleurs,  avec  le  concours 
des  Bourses  du  travail  et  des  organisations  ouvrières,  et  suppression  des  bureaux  privés, 

3°  Administration  démocratique  des  services  publics  nationaux  et  communaux  avec 
participation  des  organisations  ouvrières  à  leur  fouciionnemeut  et  à  leur  contrôle,  avec  droit 
de  se  syndiquer  à  tous  les  salariés  de  tous  les  services  publics, 

4?  Service  national  et  communal  d’hygiène  et  renforcement  des  lois,  qui  protègent  la 
sauté  publique ]  logements  insalubres,  etc, . . 

VI.  —  1°  Substitution  dés ‘milices  a  Parmée  permanente  et  adoption  de  toutes  les 
mesures,  comme  les  réductions  de  service  militaire,  qui  y  conduisent, 

.2-  Suppression  du  code  pénal  militaire,  de  tous,  les  corps  disciplinaires,  et  interdiction 
de  prolonger  le  service  militaire  guise  en  de  pénalité. 

Renonciation  à  toute  guerre  offensive,  A  toute  alliance  qui  n’aurait,  pas  pour  objet 
exclusif  le  maintien  de  la  paix;  aux, expéditions  militaires  coloniales. 

ïn  Suppression  des  périodes  de  28  et  13  jours.  / 


Programme  agricole . 

1°  Organisation  par  T  État  d’un,  crédit  agricole. 

T  Subventions  aux  communes  rurales  pour  les  aider  à  acheter  routillàge  agricole  col¬ 
lectif,  à  acquérir  des  domaines  communaux;  gérés,  sous  le  contrôle  des  communes,  par  des 
syndicats  de  travailleurs  ruraux,  et  à  créer  des  magasins  de  dépôts  et  des  warrants. 

3*  Interdiction  aux  communes. d’aliéner  leur  terrain  communaux;  concession  par  l’État 
aux  communes  des  terrains  domaniaux,  maritime^  e,t  autres  actuellement  incultes;  emploi 
dès  excédents  des,  budgets  Communaux  à  l’agrandissement  de  la  propriété  communale. 

4°  Achat  par  îa  commune,  avec,  le  concours  de  l’État,  de  machines  agricoles,  mises 
gçatuitcnieiit  à  ta  disposition  des  petits  cultivateurs. 

5°  Suppression  des  droits  de  mutation  pour  lès  propriétés  d’un  petit  rapport. 

&f‘  Abaissement  des  tarifs  de  transport  pour  les  engrais,  les  machines  agricoles,  les 
fleurs  et  les  primeurs. 


—  m  — 

7°  Suppréssion  de  Partide  2012  du  code  civil,  donnant  aux  propriétaires  un  privilège 
sur  la  récolte  et  suppression  de  la  saisie-brandon. 

Révision  générale  du  cadastre,  et,  en  attendant,  révision  parcellaire  par  les  com¬ 
munes. 

Programme  local . 

1°  Augmentation  des  salaires  des  ouvriers  des  arsenaux.  Relèvement  des  retraites; 
retraites  proportionnelles  pour  les  veuves  et  les  orphelins.  Suppression  du  périmètre  medi¬ 
cal  Organisation  des  écrivains  techniques  en  corps  entretenu.  Création  tf  unè  6e  clause  des 
dessinateurs  pour  permettre  l'incorporation  de  ceux  qui  n’ont  pu  être  organisés  à  la  pre¬ 
mière  formation  du  corps. 

2°  Modification  dos  usages  locaux  en  matière  de  location. 

3°  Rétablissement  des  transports  de  Chine,  confiés  actuellement  à  deux  grandes  Com¬ 
pagnies  au  préjudice  de  FÉtat,  qui  possède  d’admirables  transports.  Armement  de  ces  trans¬ 
ports  par  des  officiers  de  réserve  et  des  marins  du  commerce,  au  compté  des  colonies,  ayant 
Toulon  pour  port  d'attache. 

k°  Grands  travaux;  suppression  des  remparts  et  des  zones  militaires.  Part  contributive 
de  PÉtat  dans  les  travaux  d'assainissement  de  la  ville.  Ouverture  de  voies  nouvelles. 

Citoyens,  certain  de  n’avoir  point  démérité,  persuadé  que  vous  aurez  à  cœur  de  me 
donner  une  nouvelle  preuve  de  îa  confiance  que  vous  m’avez  déjà  témoignée  en  maintes 
circonstances,  j’attends  sans  appréhension  votre  verdict. 

4ux  Urnes  î  Pas  d’abstentions! 

Évitez,  en  allant  tous  voter,  le  seul  péril  vraiment  redoutable  :  l'abstention. 

Vive  la  République  sociale  î 

Vivent  les  quatre  cantons  de  Toulon! 

FERRERO. 


2e  circonscription  de  TOULON 

M..  Louis  MARTIN 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  8.9ÛQ  voix. 


Citoyens, 

Fort  du  devoir  accompli,  conscient  de  rf  avoir  point  démérité  de  vos  suffrages,  je  viens, 
sous  les  auspices  du  Comité  d’unioii  républicaine  socialiste,  vous  rendre  compte  de  mon 
mandat  et  vous  en  demander  le  renouvellement. 

Pendant  les  seize  mois  qui  se  sont  écoulés  depuis  le  2  décembre  1000,  je  me  suis  efforcé 
de  maintenir  intacte  Punion  qui  s’était  créée  parmi  nous;  fai  soutenu  à  Sa  Chambre  toutes 
les  lois  de  défense  républicaine  et  d’amélioration  sociale  qui  nous  ont  été  présentées. 

Député  d’un  département  d’avant-garde,  fai  cru  qu’à  cô  titite  j’avais  le  devoir,  non  seule¬ 
ment  de  voter  les  réformes  présentées  par  d’autres,  mais  encore  de  faire,  à  mon  tour,  on 
votre  nom,  œuvre  personnelle.  Notre  circonscription  est  agricole  et  maritime,  je  me  .-uis 
attaché  h  sauvegarder  efficacement  tous  ses  intérêts. 

J’ai  déposé  des  propositions  de  loi  sur  les  circonstances  atténuantes,  sur  la  ccmpodtidn 
des  Conseils  généraux,  sur  la  représentation  proportionnelle,  sur  la  diminudon  du  nombre 
des  Députés,  sur  le  vote  des  électeurs  absents,  sur  la  diminution  des  droits  perçus  sur  Paf- 


_ _ 


fermage  de  Técorqage  des  chênes-liège,  sur  la  diminution  du  prix  des  engrais  chimiques, 
sur  les  effets  de  commerce,  sur  les  élections  aux  tribunaux  de  commerce,  sur  le  prélimi¬ 
naire  de  conciliation,  sur  la  décentralisation,  sur  le  monopole  de  la  rectification  de  l'alcool 
(proposition  Âlglave,  dont  l'adoption  permettrait  la  suppression  de  l'impôt  fonder  et  l'éta¬ 
blissement  des  caisses  de  retraites  au  profit  des  paysans  et  des  ouvriers),  secours  aux 
victimes  des  orages  du  mois  d'octobre  I9(H,  rapports  sur  les  musées  de  Gap,  Valen¬ 
ciennes,  etc. 

rai  pris  notamment  la  parole  : 

Les  28  mars  et  U  mai  1900  en  faveur  de  la  Déclaration  des  Droits  de  l'homme;  la 
Chambre  a  adopté  ma  proposition  a  l'unanimité. 

Le  23  mai,  pour  défendre  mon  rapport  en  faveur  du  musée  de  Gap. 

Le  6  décembre  1901,  dans  la  discussion  de  l'interpellation  sur  la  crise  viticole,  pour 
revendiquer  les  droits  du  Var. 

Le  27  janvier  1902,  sur  le  budget  des  Travaux  publics,  pour  que  le  Var  bénéficiât  des 
travaux  que  le  Ministre  avait  promis  aux  ouvriers  agricoles  sans  emploi. 

Même  jour.  Observations  sur  les  commissaires  de  surveillance  administrative. 

30  janvier.  —  Discours  sur  le  budget  de  l'Agriculture,  demandant  notamment  l’organi¬ 
sation  du  crédit  agricole  et  d'un  meilleur  régime  hypothécaire;  le  vote  de  la  loi  contre  les 
falsifications  et  de  celle  en  faveur  des  huiles  (proposition  Suchetet),  et  de  profondes  modifi¬ 
cations  au  régime  forestier, 

/[  février.  —  Budget  du  Commerce,  —  Intervention  pour  obtenir  un  traité  de  commerce 
avec  la  Russie  en  faveur  de  nos  vins.  Demande  au  Ministre  de  bien  vouloir  intervenir  contre 
l'application  a  nos  fleurs  des  tarifs  douaniers  prohibitifs  allemands. 

10  février.  —  Budget  de  la  Justice.  —  Observations  en  faveur  de  Benjamin  Reynier. 

18  février.  —  Budget  de  F  Instruction  publique.  —  Écoles  de  droit. 

20  février.  —  Sur  les  transports  maritimes  et  les  communications  avec  la  Corse. 

%i  février.  —  Budget  de  la  Marine.  —  Je  demande  le  relèvement  des  salaires  ouvriers, 
la  suppression  du  travail  à  la  tâche,  l'amélioration  du  sort  des  inscrits  maritimes  et  la  modi¬ 
fication  radicale  des  caisses  de  prévoyance.  le  signale  également  la  situation  digne  d'intérêt 
des  ouvriers  de  l'École  de  pyrotechnie. 

28  février.  —  Budget  de  la  Guerre.  —  Militaires  de  sept  ans.  Gardiens  de  batteries 
auxiliaires. 

3  mars.  —  Budget  des  invalides  de  la  marine.  —  Nouvelle  intervention  en  faveur  des 
inscrits  maritimes. 

h  mars.  —  lre  séance.  —  Budget  des  Postes  et  Télégraphes.  —  Recettes  des  postes, 
employés  de  l'usine  des  câbles, 

%  mars.  —  2e  séance.  —  Même  budget.  —  Colis  postaux,  création  de  colis  postaux  de  10 
à  20  kilos,  accélération  de  la  distribution  des  colis  postaux,  juridiction  du  juge  de  paix  substi¬ 
tuée  en  cette  matière  h  la  juridiction  administrative. 

17  mars.  —  Loi  électorale.  —  Proposition  sur  ïa  représentation  proportionnelle. 

18  mars.  —  Loi  électorale.  —  Amendement  contre  les  fraudes, 

28  mars,  —  Observations  en  faveur  du  vin  aux  soldats,  etc. 

Enfin,  je  me  suis  dépensé  sans  compter,  vous  le  savez,  en  nombreuses  démarches  ^in¬ 
térêt  générai  pour  obtenir  le  retour  à  l'ancien  tarif  du  transport  des  bouchons  qui  avait  été 
un  instant  considérablement  élevé,  le  retour  gratuit  des  futailles  vides,  de  profondes  modi¬ 
fications  a  J  horaire  des  trains  de  primeurs,  trains  des  fraises  et  trains  des  cerises,  l'extension 
du  périmètre  médical  aux  localités  de  la  2e  circonscription,  la  suppression  des  28  jours  des 
inscrits  maritimes,  etc.,  etc.  De  ces  démarches,  quelques-unes  ont  abouti,  les  autres  seront, 
si  vous  me  continuez  vos  suffrages,  reprises  en  temps  et  lieu,  avec  la  même  énergie  et  une 
autorité  plus  grande,  fortifiée  par  la  réitération  de  vntre  confiance. 

Ainsi  que  vous  pouvez  vous  en  rendre  compte  par  cette  longue  énumération,  je  me  suis 
attaché  avec  ardeur  et  assiduité  à  défendre  vos  intérêts  en  toutes  rencontres.  Tel  j'ai  été 


N°  il 62 


—  949  — 

dans  le  passé,  tel  je  serai  dans  l’avenir.  Vous  êtes  mes  compatriotes,  nos  intérêts  sont 

Nous  voulons,  d’une  même  volonté,  la  France  forte,  la  République  puissante  et  résolue 
aux  réformes  sociales,  et  le  Var  prospère.  Unis  dans  un  commun  effort,  nous  viendrons  à  bout 
de  toutes  les  injustes  résistances. 

Vive  le  Var  ! 

Vive  la  République  démocratique  et  sociale  1 


Louis  MARTIN. 


—  030 


VAUCLUSE 


Circonscription  d’APT 

M.  Abel  BERNARD 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  6.017  voix. 


Comité  républicain  radical  et  radical  socialiste, 

M  s  chers  Concitoyens, 

Vous  m’avez  fait  1  honneur  de  me  choisir  en  1898  pour  vous  représenter  au  Parlement. 

J  ai  le  droit  de  dire  que  j’ai  loyalement  rempli  le  mandat  que  vous  m’aviez  confié. 

Mes  adversaires  les  pins  passionnés  sont  contraints  eux-mêmes  à  reconnaître  que  ma 
conduite  et  mes  votes  ont  été,  d’un  bout  à  l’autre  de  la  législature,  franchement  répu¬ 
blicains. 

Voilà  pourquoi,  fort  du  témoignage  de  ma  conscience  et  certain  d’avoir,  accompli  rigou¬ 
reusement  mon  devoir,  je  me  présente  de  nouveau  à  vos  suffrages  avec  la  plus  entière 
confiance. 

Au  cours  de  mes  dernières  visites,  vous  m’avez  loué  partout  d’avoir,  pendant  trois  ans, 
sans  jamais  abdiquer  la  moindre  parcelle  de  mon  indépendance,  collaboré  résolument  à 
l’ceuvre  à  la  fois  si  urgente  et  si  féconde  du  Ministère  actuel. 

Certes,  j  ai  du  en  bien  des  circonstances  nie  séparer  de  lui.  Mais  dans  les  passages  dif¬ 
ficiles,  aux  lie  mes  douteuses  et  troubles,  chaque  fois  qu’il  a  fallu  empêcher  le  retour  d’n  ne 
pâli  tique  cle  recul,  fai  toujours  été  au  premier  rang  a  coté  des  Brisson,  des  Bourgeois,  des 
Pelletan.  ° 

^  est  a^nsb  ^u  resteï  j’ai  pu  mériter  de  la  part  de  ces  chefs  illustres  un  éloge  et  un 
patronage  qui  m’honorent  infiniment, 

O  es,  pour  cela  aussi  que  le  Comité  executif  de  la  rue  Tîquetonne  m’a  désigné  comme  la 
seul  candidat  du  Congrès  radical  et  radical  socialiste  pour  l’arrondissement  d’Apt. 

Il  est  facile  à  des  esprits  chagrins  ou  sectaires  de  dénigrer  la  politique  d’on  Cabinet  qui 
no  craint  pourtant  aucune  comparaison. 

In  homme,  dont  les  idées  sont  loin  d’être  les  nôtres,  no  ancien  lieutenant  de  M.  Mélina, 
(.lès  lors  peu  suspect  de  tendresse  pour  le  Gouvernement,  M.  Barthou,  disait  P  autre  jour 
à  Oloron  :  «  Ceux  qui  dirigent  contre  la  politique  générale  du  cabinet  des  attaques  sans 
mesure  oublient  vraiment  trop  les  circonstances  dans  lesquelles  M*  Waldeck-Rot^seau  se 
décida  à  prendre  le  pouvoir.  Ce  qui,  de  la  part  des  nationalistes,  peut  passer  pour  une  tac¬ 
tique  habile  affecte,  du  côté  des  républicains,  le  caractère  d’ane  injustice.  » 

N  est-ce  donc  rien,  en  effet,  d’avoir  rendu  au  pays  la  paix  intérieure,  opposé  aux  entre- 
pii.v_-s  violentes  la  force  supérieure  des  lois,  réalisé  enfin  quelques-unes  des  réformes  atten¬ 
dues  depuis  plus  de  vingt  ans  par  la  démocratie, 


. 

_  _ _ _  £ 


•  -•*  v.; 


—  953  — 


N°  1162 

La  loi  de  1901  sur  les  associations,  si  violemment  attaquée,  était  essentielle  à  la  paix 
morale  de  ce  pays  :  elle  exclut  l’intrigue,  elle  n'exclut  pas  la  charité. 

Ditns  Fordre  fiscal ,  les  réformes  accomplies  depuis  quatre  ans  ont  eu  une  im portance 
exception nelle.  Après  avoir  modifié  la  législation  des  bières ,  le  Parlement  a  réalisé,  à  ia  fia 
de  l'année  1900,  le  dégrèvement  depuis  si  longtemps  attendu  des  boissons  hygiéniques. 
L’exercice,  le  droit  de  détail,  le  droit  d'entrée  ont  été  supprimés,  tandis  que  dans  un  grand 
nombre  de  communes  se  poursuivait  lo  remplacement  des  taxes  d'octroi.  La  réforme  hypo¬ 
thécaire,  la  réforme  successorale,  précieuses  u  l'ensemble  des  petits  patrimoines,  ont  enfin 
été  votées.  La  loi  des  successions  a  réalisé  cette  oeuvre  d'équité  qui  consiste  à  déduire,  pour 
le  calcul  des  droits  de  succession,  le  montant  du  passif  civil  ou  commercial.  Une  révision  des 
tarifs  de  procédure,  la  proportionnalité  en  matière  do  frais  judiciaires  permettra  désormais 
aux  moins  favorisés  de  la  fortune  de  défendre  leurs  droits  sans  être  assurés  de  s’ap¬ 
pauvrir. 

Les  considérations  hygiéniques  ne  sont  pas  toujours  en  harmonie  avec  les  nécessités 
budgétaires:  le  régime  des  boissons  n’a  besoin  que  d’être  complété  pour  devenir  excellent  : 
déjà  il  arrête  le  développement  d’un  mal  qui  menaçait  l'existence  même  de  la  race  i  Pal- 
coolîsme. 

La  loi  sur  la  durée  du  travail  dans  les  ateliers  et  manufactures,  la  loi  sur  la  santé 
publique,  les  décrets  sur  les  conditions  du  travail  à  introduire  dans  les  marchés  publies, 
l'organisation  de  l'enseignement  technique  professionnel,  ['amélioration  dit  sort  des  petits 
fonctionnaires,  agents  et  ouvriers  de  l’État,  des  ouvriers  des  chemins  de  fer,  la  réduction  de 
|  la  journée  de  travail  dans  les  mines,  marquent  autant  de  progrès  pacifiques,,  de  mesures 
tutélaires  prises  par  la  République  à  l'égard  des  faibles.  Et  si  la  loi  sur  les  retraites  ouvrières 
|  n'a  pas  encore  abouti,  grâce  aux  oppositions  détournées  ou  violentes  qui  se  sont  élevées 
|  contre  elle,  la  prochaine  Chambre,  plus  républicaine  que  celle-ci,  espérons-le,  lui  donnera 
f  une  solution  définitive. 

Au  point  de  vue  agricole,  plusieurs  fois  d’un  intérêt  capital  pour  notre  production  rurale 
t  sont  sorties  des  délibérations  du  Parlement.  Le  crédit  agricole  a  été  organisé,  développé, 
l'assurance  mutuelle  affranchie,  le  régime  des  admissions  temporaires  modifié  dans  le  but 
1  de  faire  disparaître  la  spéculation  sur  les  acquits-à-caution.  Une  importante  création  a  été 
[  celle  de  V Office  des  renseignements  agricoles.  Il -faut  peut-être  attendre  beaucoup  aussi,  en 
!  ce  qui  concerne  la  crise  viticole,  de  l'usage  de  l'alcool  industriel,  spécialement  pour  le  chaufo 
;  £  fage  et  l'éclairage. 

Je  me  permettrai  d’ailleurs  de  vous  rappeler,  mes  chers  Concitoyens,  que  j’ai  été,  dès 
le  mois  de  novembre  1898,  fondateur;  avec  quatre  de  mes  collègues  à  H  Chambre,  d’un 
|  «  groupe  parlementaire  de  défense  des  intérêts  de  la  petite  et  moyenne  culture  »,  et  que  ce 
!  groupe  devenu  très  important  a  dressé  un  programme  extrêmement  étudié'des  revendica- 
l  tious  légitimes  et  essentielles  de  la  démocratie  rurale.  Les  sociétés  et  syndicats  agricoles  du 
département  de  Vaucluse  ont  eux-mêmes  arrêté  un  «  programme  électoral  »  qui  est  excellent 
et  qu’il  faudra  s’efforcer  de  réaliser. 

La  situation  de  notre  industrie  et  de  notre  commerce  n’a  fait  que  s'améliorer  sous  la 
i  direction  active  et  habite  de  M,  Millerand:  Alors  quç  sous  le  Ministère  Méline  notre  commerce 
extérieur  se  chiffrait  en  1897  par  7.553.919.000  francs,  il  se  chiffre  aujourd'hui  par 
|  8.880.713.000  francs. 

Et  quant  à  nos  finances,  à,  propos  desquelles  on  parle,  avec  tant  d’ignorance  ou  de  maù- 
'  vaïse  foi,  de  «  gaspillage  » ,  il  me  suffira  de  citer  la  parole  et  les  chiffres  irréfutables  du  Ministre, 

*  M.  Caülaux  :  «  6'est  la  première  fois  depuis  de  longues  années  qu’une  législature  aboutit  à 
f  un  excédent  incontestable:  86.684,577  francs.  » 

Enfin,  si  nous  ne  faisons  pas  du  patriotisme  une  industrie  politique,  une  surenchère 
électorale,  nous  aimons  d'un  amour  trop  passionné  la  patrie  pour  l'oublier  jamais  dans  nos 
!  préoccupations,  pour  elle,  d'agrandissement  ou  de  défense.  La  majorité  républicaine  a  voté 
la  création  de  l'armée  coloniale,  le, programme,  déjà  en  partie  exécuté,  pour  la  défense  de 


—  952  — 


nos  côtes,  de  nos  colonies  et  la  transformation  de  notre  armée  navale.  Notre  empire  algérien 
s’est  développé.  Le  voyage  du  Tsar  en  France,  la  visite  que  va  lui  rendre  dans  quelques 
jours  le  Président  de  la  République  en  Russie,  confirment  aux  yeux  de  tous  la  solidité  de  notre 
alliance.  Et  tout  cela  atteste  que  ce  n’est  pas  par  une  politique  de  carrefour  ou  de  fanfaronnades 
vaines  que  l’on  sert,  le  mieux  les  intérêts  de  la  France. 

Voilà  une  partie  des  travaux  de  cette  Chambre  qui  n’a  rieu  fait,  dit-on,  travaux  auxquels 
j’ai  pris  ma  bonne  part,  n’en  déplaise  à  mes  adversaires,  avec  une  activité  incessante,  une 
assiduité  que  la  calomnie  seule  pourrait  contester. 

Votre  représentant  a  eu  l’honneur  de  faire  partie  de  quelques-unes  des  Commissions 
les  plus  importantes,  notamment  celle  de  la  loi  sur  les  associations,  d’être  rapporteur  égale¬ 
ment  de  la  Commission  des  octrois.  Lors  donc  que  l’on  s’amuse  à  parler  du  vote  par  procu¬ 
ration,  j’imagine  que  c’est  un  mort  que  l’on  veut  simplement  tuer  une  seconde  fois,  ce  n’est 
pas  moi,  en  tout  cas,  à  qui  le  reproche  puisse  convenir. 

Et  quant  aux  intérêts  de  l’arrondissement,  il  faudrait  plus  que  de  l’audace  pour  essayer 
de  faire  croire  que  j’en  aie  négligé  aucun.  Les  actes  sont  là,  plus  éloquents  que  toutes  les 
négations  ou  les  mensonges,  pour  témoigner  de  mon  labeur  et  de  mon  dévouement. 

J’ajoute  que,  pour  ce  qui  regarde  les  services  de  toutes  sortes  rendus,  personne  ne  sau¬ 
rait  m’incriminer  de  parti  pris  ou  de  rancune  :  sur  ce  terrain-là,  on  sait  bien  que,  toujours 
accessible  à  tous,  j’ai  fait  preuve  de  l’esprit  le  plus  libéral,  le  plus  tolérant. 


Électeurs, 

Vous  jugerez  si  j’ai  mérité  votre  confiance,  si  j’ai  tenu  d’une  main  ferme  et  loyale  le 
drapeau  de  la  République  d’avant-garde. 

Vous  direz  si  vous  voulez  faire  machine  arrière,  aller  à  reculons,  si  vous  préférez  l’équi¬ 
voque  à  la  clarté,  l’habileté  des  réticences  et  le  jésuitisme  des  expédients  à  la  franchise  des 
attitudes,  à  la  sincérité  des  convictions. 

Mais  je  ne  doute  pas  un  seul  instant  du  triomphe  de  la  République  avancée  sur  le  natio¬ 
nalisme  et  la  réaction.  On  n’égare  point  aisément  le  bon  sens  public,  si  invraisemblable  que 
soit  le  masque  que  l’on  prend  pour  le  duper. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Vous  aimez  une  politique  claire,  suivie,  sérieuse,  de  marche  rapide  et  non  une  politique 
de  casse-cou  ou  d’opposition  tapageuse  et  stérile.  Vous  voulez  des  réformes  sociales,  fiscales, 
économiques,  administratives  hardies,  profondes,  obtenues  vite  à  la  suite  les  une  des  autres 
et  non  des  promesses  irréalisables.  Pour  ne  citer  qu’on  exemple,  je  ne  disputerai  pas  à 
d’autres  l’avantage  de  vous  promettre  une  seule  année  de  service  militaire,  parce  qu’ils  ont 
besoin  de  tout  exagérer,  de  mut  surenchérir  au  détriment  de  la  vérité. 

A  une  coalition  informe  de  déceptions  et  de  rancunes,  vous  opposerez  le  bloc  inébran¬ 
lable  des  forces  républicaines  radicales  socialistes.  Et  en  avant,  pour  la  victoire  de  la  Répu¬ 
blique  démocratique  et  sociale. 

Vive  la  France  !  Vive  la  République  démocratique  et  sociale  !  Vive  l’arrondissement  d’Apt! 

ABEL-BERNARD, 

Avocat,  maire  de  Cadenét,  conseiller  général, 
Député  sortant. 


—  -953  — 


N*  H  6  2 


Circonscription  d’ AVIGNON 
M.  COULONDRE 

Elu  au  2°  tour  de  scrutin.  —  9.361  vo ix. 


Citoyens, 

Le  Comité  républicain  radical-socialiste  qui  soutient  ma  candidature  vous  disait,  il  y  a 
peu  de  jours  ; 

Dans  la  campagne  électorale  qui  s’ouvre,  il  faut,  il  est  indispensable  que  chacun  recon¬ 
naisse  les  siens.  11  ne  faut  pas  d’équivoque,  il  ne  faut  pas  de  programme  à  double  entente  : 
il  faut  que  le  passé  républicain  du  candidat  nous  garantisse  de  toute  défaillance  pour 
l’avenir. 

Je  suis  entièrement  de  cet  avis.  Je  pense  que  celui  qui  aspire  à  l’honneur  d’être  repré¬ 
sentant  du  peuple,  doit  exposer  au  grand  jour  de  la  discussion,  non  seulement  ses  idées 
sur  la  politique,  mais  ses  origines  et  ses  actes  passés. 

G’est  le  seul  moyen,  je  crois,  pour  éviter  toute  équivoque  et  établir,  sur  des  bases 
solides,  la  confiance  qui  doit  exister  entre  les  électeurs  et  leur  élu. 

Qu’importent  les  grandes  phrases,  qu’importent  les  beaux  programmes,  si  le  passé  et 
les  actes  de  celui  qui  en  est  Fauteur  protestent  contre  les  idées  qui  y  sont  émises. 

Élevé  par  un  père  républicain,  dans  les  principes  républicains,  je  ne  fais  que  suivre  les 
traditions  de  ma  famille,  en  affirmant  par  mes  actes  ma  foi  républicaine.  Je  n’ai  donc  pas 
eu  à  violenter  ma  conscience,  ni  à  renier  mon  origine,  pour  me  présenter  devant  le  corps 
électoral  sous  l’étiquette  de  républicain  radical-socialiste. 

C’est  dire  que  j’approuve  entièrement  la  déclaration  de  principes  lue  par  Camille  Pelle- 
tan,  au  Congrès  de  Paris  du  mois  de  juin  dernier. 

Ainsi  que  je  l’ai  dit  aux  nombreux  citoyens  qui  sont  venus  m’offrir  la  candidature  : 

Je  pense  qu’une  politique  sincèrement  républicaine  et  résolument  réformatrice  doit  et 
peut  seule  être  appliquée  ;  je  crois  que  dans  une  démocratie  soucieuse  de  ses  devoirs  de 
fraternité  et  de  solidarité  sociale,  le  progrès  est  indéfini  et  que  toutes  les  réformes,  quelles 
qu’elles  soient,  doivent  être  examinées  sans  parti  pris,  l’utopie  d’aujourd’hui  pouvant  devenir 
la  vérité  de  demain. 

Mon  programme  se  trouve  résumé  dans  ces  quelques  lignes,  mais  je  dois  le  préciser 
pour  éviter  tout  malentendu* 

MON  PROGMMMÜ 

Je  suis  un  partisan  convaincu  de  la  liberté  de  conscience  ;  mais,  comme  corollaire  de 
cette  liberté,  je  réclame  la  séparation  des  Églises  et  de  l’État. 

J’approuve  la  loi  sur  les  associations  qui  fait  rentrer  tous  les  citoyens  français  dans  le 
droit  commun. 

Je  suis  pour  l’abrogation  de  la  loi  Falloux  qui  n’est  du  reste  que  lettre  morte,  mais 
qu’il  faut  faire  disparaître  de  nos  lois  républicaines. 

En  matière  d’enseignement,  mon  désir  serait  de  voir,  dans  la  France  républicaine, 
l'instruction  unique,  intégrale  et  gratuite  à  tous  les  degrés. 

Notre  système  financier,  d’origine  monarchique,  a  besoin  d’être  remanié.  Les  impôts 

. . .  „  *130 


-  954  — 

restent  légers  aux  riches,  lourds  aux  pauvres.  C’est  pourquoi  je  suis  partisan  de  l’impôt 
progressif  sur  le  revenu,  qui  me  paraît  le  mieux  de  nature  à  proportionner  les  charges 
fiscales  aux  facultés  des  contribuables. 

La  réalisation  de  cette  réforme  aurait  un  autre  avantage,  elle  permettrait  de  faire 
aboutir  l’humanitaire  question  des  retraites  pour  les  travailleurs,  les  vieillards  et  les  inva¬ 
lides  du  travail,  sans  bourse  délier  pour  les  intéressés. 

Je  suis  un  partisan  énergique  de  la  mutualité,  ies  sociétés  de  secours  mutuels  étant  à 
l’heure  actuelle  la  véritable  source  du  soulagement  des  misères  humaines. 

Pour  compléter  les 'bienfaits  apportés  à  la  classe  ouvrière  par  les  lois  nouvelles  sur  le 
travail  et  sur  les  syndicats,  je  demanderai,  pour  ces  derniers,  la  personnalité  civile  qui  leur 
permettra  de  gérer  des  entreprises,  d’exploiter  des  industries,  de  posséder  des  immeubles, 
etc.,  etc.  :  i!  faut  que  le  capital  travaille  et  que  le  travail  possède. 

Dans  le  même  but,  je  demanderai  la  création  de  bourses  du  travail. 

Je  suis  contre  le  vote  par  procuration  des  députés  ;  contre  toute  prolongation  de  durée 
du  mandat  législatif;  contre  le  cumul  des  fonctions  électives,  et,  si  je  suis  élu,  je  prends 
l’engagement  de  donner  ma  démission  de  maire. 

Je  suis  partisan  de  la  réduction  des  frais  de  justice  et  de  l’extension  de  !a  compétence 
des  juges  de  paix. 

Je  voudrais  la  réduction  des  gros  traitements  et  l’augmentation  des  petits,  pour  amé¬ 
liorer  le  sort  des  modestes  fonctionnaires  :  facteurs,  cantonniers,  employés  de  chemin  de 
fer  dont  la  rétribution  est  si  peu  en  harmonie  avec  leur  responsabilité,  et  insiituteurs 
pour  lesquels  il  est  juste  d’abolir  le  pourcentage  et  d’augmenter  le  traitement  de  début. 

Les  questions  militaires  qui  tiennent  aujourd’hui  une  si  grande  place  dans  nos  préoc¬ 
cupations,  seront  l’objet  de  toute  ma  sollicitude.  Le  service  de  trois  ans  est  désormais 
condamné  et  celui  de  deux  ans  s’impose.  C’est  le  service  obligatoire  pour  tous,  sans  aucune 
dispense,  sauf  pour  les  soutiens  de  famille.  C’est  le  système  d’égalité  conforme  aux  véri¬ 
tables  institutions  républicaines.  Les  périodes  de  treize  et  vingt-huit  jours  étant  une  charge 
et  une  gêne  pour  nos  populations,  je  pense  qu’on  doit  les  supprimer  ot  cela  sans  porter 
atteinte  à  notre  organisation  militaire. 

Pour  donner  satisfaction  aux  légitimes  revendications  des  agriculteurs,  je  voudrais; 

La  création  de  chambres  d’agriculture  pour  arriver  à  la  représentation  légale  des  syn¬ 
dicats  agricoles  et  des  sociétés  d’agriculture  ; 

L’irréductibilité  du  tarif  minimum  douanier.  —  L’augmentation  du  tarif  maximum, seul 
moyen  pour  protéger  la  production  nationale  contre  la  concurrence  étrangère  ; 

La  suppression  du  principal  de  l'impôt  foncier-, 

La  réforme  des  tarifs  des  chemins  de  fer,  leur  unification  et  leur  simplification,  qui  est 
aujourd’hui  d’une  importance  capitale.  —  L’abaissement  des  tarifs  de  transport  en  grande 
vitesse  pour  les  fruits  et  primeurs  ;  création  de  trains  rapides  avec  wagon  frigorifique,  ayant 
correspondance  avec  les  lignes  étrangères.  -  La  réduction  des  délais  pour  ta  livraison  des 
fruits  et  primeurs  en  gare  d’arrivée  dans  les  grands  centres  et  obligation  pour  les  Compa¬ 
gnies  d’avoir  un  personnel  suffisant  pour  faire  lace  à  tous  les  besoins.  —  Faciliter  le  déve¬ 
loppement  des  marchés  des  primeurs  et  fruits  dans  les  grandes  villes  de  France. 

La  réglementation  des  eaux  de  la  Durance  et  des  canaux  d’irrigation,  qui  seule  peut 
assurer  la  prospérité  dans  nos  campagnes. 

Compléter  ta  réforme  du  régime  actuel  des  boissons  par  la  suppression  de  tous  les 
droits  de  circulation  et  d’octroi  qui  grèvent  actuellement  le  vin  et  toutes  les  boissons  hygié¬ 
niques.  Cette  réforme  aurait  pour  effet  d’atténuer  en  partie  la  crise  vmicole.  Dans  ce  même 
but,  on  pourrait  ouvrir  un  débouché  à  la  vente  en  donnant  un  litre  de  vin  par  jour  aux 
soldats. 

Aucun  produit  du  sol  non  manufacturé  n’ayant  jamais  payé  aucune  taxe,  je  m’élève 
avec  énergie  contre  le  droit  de  1  franc  qui  frappe  les  raisins  frais  de  vendanges,  et,  contrai¬ 
rement  p  bruit  répandu  par  des  calomniateurs,  je  prends  rengagement  formel  et  sur 


—  stës  —  n°  i  m 

Fhonneur ,  do  déposer  sur  le  bureau  de  la  Chambre  un  projet  de  loi  tendant  à  la  suppression 
immédiate  de  ce  droit  souverainement  injuste. 

Citoyens, 

Si  je  suis  votre  élu,  je  mettrai  tout  ce  que  j’ai  de  force  et  de  dévouement  à  la  réalisa¬ 
tion  du  programme  que  vous  venez  de  lire. 

Vous  me  connaissez  tous  et  vous  savez  que  je  n'ai  jamais  failli  à  un  devoir,  jamais 
manqué  à  la  parole  donnée.  Vous  pouvez  donc  être  certains  que  je  tiendrai  loyalement  les 
engagements  que  je  prends  pour  la  défense  de  vos  intérêts, de  la  démocratie  et  de  la  Répu¬ 
blique. 

Vive  la  République  démocratique  et  sociale  1  Vive  l’arrondissement  d’Avignon  ! 

Gaston  COULQNDRE:, 

Docteur  en  droit.  Président  du  tribunal  civil  d’Apt, 
Candidat  républicain  radical-socialiste. 


Circonscription  de  CAKFENTRAS 
Mi  VIALIS 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin,  —  7.2d6  voix. 


Appel  du  Congrès  de  Défense  républicaine 

Citoyens, 

Le  17  janvier  dernier,  les  Délégués  de  toutes  les  communes  de  Larron dissem en!  se 
sont  réunis  en  Congrès,  a  Carpe ntras. 

Appartenant  à  toutes  les  fractions  du  grand  Parti  républicain,  ils  ont  obéi  au  même 
devoir  :  celui  de  défendre  la  République;  —  au  même  désir  :  celui  d’assurer  Punion  de  la 
Démocratie,  pour  faire  face  a  l’ennemi,  c’est-à-dire  à  la  coalition  royaliste. 

Ce  Congrès  a  désigné,  comme  candidat,  le  citoyen  Paul  Vialis,  Maire  de  Mormotron 
depuis  plus  de  vingt  ans,  et  doyen  des  Conseillers  généraux  républicains  de  Vaucluse. 

Paul  Vialis  a  toujours,  en  combattant  ouvertement  la  réaction,  lutté  pour  la  conquête  et 
pour  l’avenir  de  la  République. 

En  le  présentant  à  vos  libres  suffrages,  nous  avons  la  conviction  que  son  passé  démo¬ 
cratique,  pur  de  tonte  compromission,  vous  sera  un  sur  garant  de  son  dévouement  à  la  cause 
du  peuple  et  de  la  liberté. 

Vous  le  connaissez  ;  c’est  un  des  vôtres,  un  républicain  éclairé,  un  cultivateur,  un 
enfant  du  pays.  Les  intérêts  politiques  et  agricoles  de  l’arrondissement  seront  donc,  vous  le 
voyez,  entre  bonnes  mains. 

11  s’est  toujours  montré  à  la  hauteur  du  devoir  républicain  :  sa  yie  est  tout  un  pro¬ 
gramme. 

Citoyens, 

Eu  votant  pour  Vialîs,  vous  voterez  pour  la  République  î 

Vive  la  République  ! 

Le  Bureau  du  Congrès  de  Défense  républicaine  r 


(Suivent  les  signatures.) 


—  95«  - 


Profession  de  Foi 


Mas  chers  Concitoyens, 

Après  avoir  lutté  pendant  trente  ans  pour  la  République,  je  croyais  le  moment  venu  de 
me  consacrer  davantage  à  ma  famille  et  de  céder  à  de  plus  jeunes  le  poste  du  combat.  — 
Le  Congrès  de  Défense  républicaine  m’a  fait  l’honneur  de  me  confier  le  drapeau  du  peuple, 
pour  Relever  contre  les  coalitions  réactionnaires,  de  nouveau  renaissantes.  —  Renonçant  h 
tout  souci  personnel,  obéissant  au  devoir,  me  voici  sur  le  front  de  bataille  !  Vieux  soldat  de 
la  liberté,  je  dois  Être  debout,  quand  la  royauté  et  le  cléricalisme  relèvent  la  tète. 

Républicain  d’avant-garde,  sans  compromission,  comme  sans  faiblesse;  —  connaissant 
les  besoins  de  mon  pays  et  profondément  dévoué  à  ses  intérêts  ;  tel  j’ai  toujours  été,  tel  je 
me  présente  à  vous,  tel  je  resterai. 

Citoyens,  mon  programme  est  tout  entier  dans  mon  passé. 

Enfant  du  peuple,  fils  de  la  glèbe,  il  n'est  pas  de  réforme  politique  ou  sociale  qui  m’ef¬ 
fraie.  —  Ce  que  je  veux,  c’est  la  République  du  peuple;  c’est  tout  ce  qui  intéresse  l’ouvrier 
et  le  paysan  ;  c’est,  pour  le  prolétariat  des  villes  et  pour  la  démocratie  agricole,  plusde  bien- 
être  et  plus  de  justice. 

A  l’beure  présente,  quand  la  réaction  se  redresse  et,  usant  de  masques  et  de  mots 
trompeurs,  lente  de  détruire  l’oeuvre  de  la  troisième  République,  —  je  suis  fier  de  n’ètre 
pas  de  ceux  qui  reculent,  pas  même  de  ceux  qui  transigent!  Les  lois  contre  lesquelles  le 
nationalisme  s’insurge,  sont  notre  gloire  et  notre  patrimoine  intangible!  Les  réformes  pro¬ 
chaines,  que  le  cléricalisme  essaie  d’arrêter,  doivent  aboutir  sans  retard! 

Ces  déclarations  me  dispensent,  vous  le  reconnaîtrez,  de  vous  exposer  plus  en  détail  un 
programme  politique. 

En  matière  économique,  Citoyens,  je  you s  promets  de  m’attacher  spécialement  à  la 
réalisation  des  réformes  suivantes  ; 

Suppression  des  tarifs  de  pénétration.  —  Réduction  des  tarifs  de  transport  pour  les 
produits  agricoles. 

Révision  de  la  loi  sur  les  boissons.  —  Suppression  de  l’impôt  sur  les  vendanges 
fraîches. 

Création  de  Chambres  d’agriculture,  —  Établissement  du  Crédit  agricole  par  la  création 
de  Sociétés  régionales. 

Création  de  Caisses  de  retraites  pour  les  ouvriers  des  villes  et  des  campagnes. 

Réduction  du  service  militaire  à  deux  ans  et  suppression  des  périodes  d’appel. 

Réglementation  des  prises  en  Durance,  consacrant  les  droits  acquis  du  Canal  de  Car- 
pentras.  —  Révision,  dans  un  sens  libéral,  des  lois  et  règlements  sur  la  chasse. 

Citoyens, 

Telles  sont  mes  déclarations  et  mes  promesses  formelles. 

Sl  vous  me  faites  l’honneur  de  m’accorder  vos  suffrages,  c’est  à  l’extrême  gauche  que 
j’irai  siéger. 

Vive  la  République  radicale  socialiste  ! 

Paul  VIÀLISj 

Maire  de  Mormoiron,  Conseiller  général. 


—  9S7  — 


N*  1162 


Circonscription  cT  ORANGE 

M.  LOQUE 

Élu  au  2°  tour  de  scrutin.  —  8.903  voix. 


Citoyens, 

le  n’ai  rien  à  retrancher  à  mon  programme  de  1898,  d’autant  plus  que  certain  candidat, 
agent  du  Ministère,  s’est  empressé  de  s’approprier  mes  idées  pour  les  incorporer  dans  ce 
qu’il  yous  présente. 

Comme  par  le  passé,  je  réclame  la  fin  du  gaspillage  éhonté  de  nos  finances; 

La  diminution  des  impôts,  par  des  économies  budgétaires  et  la  suppression  des  siné¬ 
cures  et  des  gros  traitements  ; 

Une  plus  juste  répartition  des  charges  en  faveur  des  petits  cultivateurs,  des  petits 
industriels,  des  petits  commerçants,  des  petits  propriétaires; 

Une  plus  grande  préoccupation  des  questions  agricoles,  afin  d’aider  pins  effectivement 
le  cultivateur,  ce  travailleur  indépendant  qui  est  le  véritable  nourricier  de  notre  belle  patrie; 

Que  tous  les  produits  du  sol  français  puissent  circuler  en  franchise  sur  le  territoire  de 
la  République; 

Qu’on  revise  les  tarifs  de  chemins  de  fer  dans  un  sens  plus  démocratique  en  faveur  de 
nos  industries  locales  et  régionales,  qui  sont  corollaires  de  l’agriculture  ; 

L'exécution  des  canaux  à  dériver  du  Rhône,  qui  donneront  une  nouvelle  prospérité  à 
notre  belle  région  ; 

La  construction  immédiate  des  routes  et  divers  réseaux  de  chemins  de  fer  depuis  si 
longtemps  réclamés  et  depuis  si  longtemps  promis  à  notre  arrondissement; 

Sans  m’attarder  à  énumérer  mon  programme  de  1898,  je  tiens  à  déclarer  encore  que 
j’y  reste  fidèle  en  tous  ses  détails. 

Je  réclame  la  réduction  du  service  militaire  au  minimum  et  je  le  veux  égal  pour  tous; 
ceux  qui  ont  fait  7  ans  ont  droit  à  une  juste  indemnité; 

La  retraite  pour  les  travailleurs  est  depuis  trop  longtemps  différée;  elle  peut  être 
réalisée; 

Je  veux  quJon  allège  les  charges  de  famille;  au-dessus  du  nombre  de  cinq,  les  enfants 
sernot  élevés  et  instruits  par  les  soins  des  parents  aux  frais  de  l’État; 

11  faut  voir  cesser  la  guerre  des  partis; 

Il  faut  qu'on  revienne  à  l’application  plus  réelle  des  principes  fondamentaux  de  la 
République; 

Adversaire  résolu  de  tous  les  monopoles  qui  ne  seraient  pas  nécessaires  à  la  défense 
nationale,  je  demande  la  suppression  de  tous  les  privilèges,  y  compris  ceux  contenus  dans 
la  loi  Falioux,  qui  doit  être  partiellement  abrogée; 

Il  faut  que  la  loi  reconnaisse  la  liberté  d’enseignement  comme  une  des  immortelles 
conquêtes  de  la  grande  Révolution  ; 

Comme  tous  les  vieux  républicains,  nous  rêvons  de  voir  se  constituer  enfin  le  grand 
parti  démocratique,  ce  parti  de  principes  et  de  réformes,  qui  donnera  un  peu  plus  de  bien- 
être  au  peuple,  qui  rendra  la  patrie  plus  aimée,  la  République  plus  belle,  plus  prospère, 
parce  qu’il  assurera  pour  tous  la  liberté,  pour  tous  l’égalité  et  couronnera  enfin  le  Grand- 
Œuvre  en  inspirant  à  tous  la  fraternité*  sans  laquelle  serait  incomplète  la  devise  répu¬ 
blicaine. 

Vive  la  République  démocratique  I 

Docteur  M,  LOQUE, 

Conseiller  général, 

Candidat  républicain  radical-socialiste-démocrate. 


—  958  — 


VENDÉE 


I  e  circonscription  de  FONTENAY-LE-COMTE 

H.  de  FONTAINES 

Élu  au  l°r  tour  de  scrutin.  —  10.213  voix. 


Messieurs  et  chers  Concitoyens, 

Choisi  à  T  unanimité  comme  candidat  libéral  aux  prochaines  élections  législatives  par 
les  délégués  des  diverses  communes  de  la  icirconscription,  et  encouragé  par  les  9.318  voix 
que  vous  avez  bien  voulu  m’accorder  il  y  a  quatre  ans,  j’ai  l’honneur  de  solliciter  de  nou¬ 
veau  vos  suffrages. 

La  lutte  passionnante  qui  va  remuer  la  France  entière  n’a  point  pour  but  de  changer  U 
forme  du  Gouvernement. 

L’heure  et  grave  et  solennelle.  Partout  dans  le  pays  on  s’apprête  à  lutter  coude  à  coude, 
unis  sans  distinction  d'opinion,  afin  de  renverser  le  néfaste  Ministère  créé  et  mis  au  monde 
uniquement  pour  sauver  un  traître,  et  que  l'on  a  si  justement  baptisé  le  Ministère  de  trahison. 

Ce  que  nous  voulons,  c’est  que  l’on  respecte  notre  armée  et  ses  chefs,  vilipendés  chaque 
jour  et  si  mal  protégés  par  ceux-là  mêmes  qui  ont  la  charge  de  les  défendre.  Respectueux 
des  droits  de»chacun,  nous  voulons  que  l’on  respecte  les  nôtres. 

Ce  que  nous  voulons,  c’est  reconquérir  le  droit  complet  d'association  et  conserver  la 
liberté  d’enseignement,  ce  corollaire  indispensable  de  la  liberté  religieuse  ; 

Ce  que  nous  voulons,  c’est  le  respect  de  toutes  les  croyances;  en  un  mot,  c’est,  comme 
l’a  si  bien  dit  Jules  Lemaître,  obtenir  l’égalité  dam  la  liberté. 

Ce  que  nous  ne  voulons  pas,  c’est  que  l’on  chasse  nos  religieuses  si  bonnes  et  si 
dévouées  partout  où  elles  passent  soit  comme  gardes-malades,  soit  comme  éducatrices  de 
nos  enfants.  J’en  appelle  à  toutes  les  mères  de  famille! 

Le  déplorable  état  de  nos  finances,  les  déficits  croissants,  officiellement  constatés  par 
le  rapport  de  M.  Antonin  Dubost,  le  Sénateur  républicain  bien  connu,  nous  font  un  devoir 
impérieux  d’arrêter  à  tout  prix  les  folles  dépenses  qui  nous  conduisent  à  de  nouveaux 
imDÔts,  puis  finalement  à  la  ruine. 

J  a  suis  partisan  de  toutes  les  réductions  du  service  militaire  compatibles  avec  les 
exigences  de  la  défense  nationale,  soit  que  l’on  propose  le  service  de  deux  ans  absolument 
obligatoire  pour  tous,  sans  aucune  dispense,  soit  même  que  l’on  réduise  le  service  mili¬ 
taire  à  une  seule  année;  mais,  dans  ce  cas,  il  faudrait  préalablement  constituer,  au  moyen 
de  primes  et  d’avantages  suffisamment  rémunérateurs,  une  solide  armée  de  métier  compo¬ 
sée  de  vieux  soldats  et  de  sous-officiers  rengagés. 

Agriculteurs,  vous  pouvez  compter  sur  ma  sollicitude  :  vos  intérêts  sont  leB  miens.  — 
Ouvriers,  je  suis  prêt  à  voter  toutes  les  lois  qui  auraient  pour  but  de  vous  venir  en  aide  et 
d’assurer  le  pain  de  vos  vieux  jours. 

Une  secte  odieuse  depuis  trop  longtemps  nous  fait  porter  le  poids  de  sa  domination 


~  959 


M"  1162 


tyrannique,  et  maintenant  se  flatte  de  nous  voir  bientôt  nous  courber,  tous  résignés,  sous 
son  despotisme  avilissant.  Opposons-lui  l’union  de  tous  les  hommes  d’ordre,  de  tous  les  vrais 
Français,  pour  la  défense  de  nos  intérêts  les  plus  sacrés,  pour  la  sauvegarde  de  l’honneur 
et  de  la  sécurité  de  la  patrie  si  gravement  mis  en  péril. 

Messieurs  et  chers  Concitoyens, 

J’attends  votre  verdict  avec  confiance  et  je  termine  en  vous  disant  que,  si  vous  me  faites 
l'honneur  de  m’élire,  je  m’occuperai  de  vos  intérêts  et  non  des  miens,  et  que  je  consacrerai 
mon  intelligence  et  mon  entier  dévouement  à  tout  ce  qui  vous  intéresse,  à  tout  ce  qui  vous 
est  cher. 

Raymond  de  FONTAINES, 

Candidat  libéral  antiministériel. 


2°  circonscription  de  FONTENAY-LE  COMTE 

M.  DESHAYES 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  10.788  voix. 


Mes  chers  amis, 

Je  voulais,  cette  année,  profiter  de  la  période  électorale  pour  vous  voir  tous  chez  vous. 

J’ai  commencé,  mais,  dès  le  15  avril,  une  atteinte  d’influenza  a  bouleversé  tous  mes 
pians  et  j’ai  dû  m’arrêter. 

J’avais  pensé  que  mes  adversaires  seraient  assez  courtois  pour  me  témoigner  un  peu 
de  sympathie.  Vous  avez  pu  lire  un  numéro  entier  de  leur  feuille  où  tout  est  mis  en  œuvre 
pour  me  faire  peur.  Mais  j’ai  un  bon  docteur,  j’ai  le  cœur  solide  et  je  ne  m’effraye  guère. 

Et,  si  la  haine  féroce  des  ennemis  débordait  dans  la  feuille  macabre  et  cléricale,  j’avais 
plus  près  de  moi,  près  de  mon  cœur,  les  échos  de  toutes  ces  voix  amies  qui  me  criaient  : 
«  Ne  craignez  rien  !  nous  sommes  là  I  reposez-vous;  nous  ferons  toute  la  besogne  ;  les 
réunions  seront  tenues,  les  visites  seront  faites.  j> 

Et  oui,  tout  s’est  fait,  grâce  à  ces  dévoués  amis,  aupfès  des  électeurs  surpris,  émerveil¬ 
las  de  tant  d’entrain,  de  tant  de  dévouement,  sans  à-eoup,  sans  lacune. 

Admirable  unité  de  vue!  Chacun  agisssant  eu  son  nom  s'est  trouvé  agir  pour  tous, 
naturellement,  tant  nous  étions  sous  la  même  pensée,  et  cette  solidarité  s’esi  trouvée  si 
âlroite  que  nous  n’avons  jamais  eu  seulement  à  nous  consulter  pour  nous  communiquer  une 
impulsion  commune. 

C'est  que  notre  but  est  bien  simple  et  nos  moyens  â  la  portée  des  plus  humbles. 

Nous  voulons  conserver  la  République  au  peuple  de  France,  car  c’est  pour  lui  le  plus 
Précieux  des  biens.  Nous  voulons  la  défendre  contre  les  royalistes,  impérialistes,  césariens, 
wntre  tous  les  cléricaux  qui  se  font  bons  apôtres  et  qui  sont  pêcheurs  en  eau  trouble. 

Nous  voulons  la  victoire  de  l’esprit  de  progrès  sur  la  réaction  du  passé,  et  nous  l’aurons 
rotle  fois  encore,  car  nous  ne  sommes  pas  mort,  et  le  27  nous  crierons  de  nouveau  avec 
Wbs  mes  amis  ;  Vive  la  République  ! 

DESHAYES,  Député. 


-  960  — 


lr®  circonscription  de  LA  ROCHE-SUR-YON 
M.  le  marquis  de  LESPINAY 
Élu  au  1"  tour  de  scrutin.  —  10.896  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Lorsqu’il  y  a  quatre  ans,  cédant  aux  instances  d’un  grand  nombre  d’électeurs  de  tous 

les  partis,  j’ai  sollicité  vos  suffrages,  je  vous  disais  : 

Soit  au  Conseil  général,  soit  à  la  mairie  de  Chantonnay,  j’ai  fait  mon  possible  pour 

éviter  tout  ce  qui  divise. 

Et  plus  loin  :  On  ne  me  trouvera  jamais  dans  les  rangs  de  ceux  qui  chercheraient  a 
faire  opposition,  de  parti  pris,  au  Gouvernement  de  la  République,  dès  lorsqu’il  s’inspirera 
des  vrais  intérêts  de  la  nation. 

C’est  la  tête  haute  et  avec  une  confiance  absolue  que  je  vous  livre  mes  votes. 

U  moment  est  venu  pour  vous  de  déclarer  si  je  suis  demeuré  fidèle  à  mes  engage¬ 
ments,  si  je  suis  resté  un  ami  loyal  de  la  liberté,  un  scrupuleux  observateur  de  la  foi  juree. 

Vous  répondrez  en  refusant  votre  confiance  aux  tenants  d’une  politique  antinationale 
et  en  l’accordant  à  celui  qui  veut  la  République  ouverte  à  tous  et  non  pas  livrée  a  une 

poignée  de  sectaires  et  d’ambitieux.  .  .  ,  . 

Libéral,  je  n'ai  cessé  de  l’être.  Aussi,  fidèle  aux  convictions  de  toute  ma  vie,  je  réclame 

avec  énergie  ; 

La  liberté  de  conscience  pour  tous  les  citoyens,  à  quelque  opinion  qu’ils  appartiennent. 

La  liberté  d’enseignement  à  tous  les  degres.  . 

La  liberté  d’association  n’admettant  qu’un  principe,  celui  de  la  loi  égalé  pour  tous,  du 

droit  commun  applicable  à  tous. 

Si  vous  me  renouvelez  le  mandat  que  je  dois  à  vos  libres  suffrages,  je  continuerai  a 
réclamer  des  lois  qui  assureront  à  notre  agriculture  une  protection  plus  efficace,  qui  per¬ 
mettront  à  notre  industrie  de  lutter,  avec  succès,  contre  la  concurrence  étrangère  ;  a  notre 

commerce  de  voir  diminuer  les  charges  qui  le  ruinent.  ,  t 

Gomme  par  le  passé,  je  serai  ardemment  dévoué  aux  œuvres  de  prévoyance  de  muta 
lité  et  d’assistance,  et  m’associerai  à  toutes  les  mesures  sages  qui  auront  pour  but  daoiS' 

liorer  le  sort  des  travailleurs.  i  ,  ,  ,  .  .  ,a  lt  ie! 

Je  n’oublierai  point  quel  intérêt  Imèritent  les  employés  des  chemins  de  fer  et 
employés  des  haras,  dont  j’ai  pris  la  défense  en  toute  occasion.  .....  mtfA  m,)oa 

Je  vous  parlais,  en  1898,  de  la  diminution  des  charges  militaires  ;  j  ai  vote,  quoi  quoa 
ait  osé  dire,  la  suppression  des  13  jours  et  la  diminution  des  28  jours;  je  sms,  avec 

Commission  de  l’armée,  un  partisan  résolu  de  la  réduction  du  service  a  un  an,  rôd  œUM 

facilement  réalisable  au  moyen  de  primes  attribuées  à  des  rengagés  volontaires,  que  ret  en¬ 
dra  sous  les  drapeaux  l’assurance  d’obtenir,  à  leur  sortie  du  régiment,  certains  e  p 
salaries  par  l’État,  les  départements,  les  communes  et  les  chemins  de  fer. 

Ainsi  seraient  rendus  à  l’atelier  et  à  nos  campagnes  les  bras  qui  leur  manquent. 

Voilà  pour  les  questions  d’ordre  général.  . 

Quant  à  celles  de  notre  région,  vous  savez  combien  elles  me  tiennent  a  cœur.  Parmi 


—  961  — 


N°  1162 


dernières,  je  place  an  premier  rang  le  prompt  achèvement  de  la  ligne  de  Fontenay-le- 
Comte  à  Cholet  et  du  tramway  reliant  les  Quatre-Chemins  à  Chantonnay. 

Tels  sont,  mes  chers  Concitoyens,  les  points  essentiels  de  mon  programme.  Ils  peuvent 
se  résumer  dans  ces  deux  mots  :  Paix  et  liberté! 

La  France,  inquiète  du  lendemain,  tourne  avec  angoisse  ses  regards  vers  Favemr. 

Elle  a  déjà  trop  souffert  de  l’oppression  des  consciences  et  des  agitations  stériles. 

Il  est  temps  de  P  affranchir,  en  inaugurant  une  politique  de  liberté,  cVa  flaires,  de  sages 


réformes,  de  vrais  progrès* 

Vous  voterez  donc  pour  Penfant  du  pays,  que  vous  connaissez  de  longue  date;  pour 
celui  qui  a  rendu  service  à  tous,  adversaires  ou  amis,  et  dont  la  seule  ambition  est  de  con- 
sacrer  à  notre  chère  Vendée  tout  ce  qu’il  a  de  forces,  de  patriotisme  et  de  dévouement* 


Marquis  de  LESPINAY, 

Maire  de  Chantonnay,  Conseiller  général, 
Député  sortant. 


2e  circonscription  d.e  la  ROCHE-SUR-YON 

M.  Paul  BOURGEOIS 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  17.110  voix. 


Mes  chers  Électeurs, 

Ma  profession  de  foi  sera  courte  : 

iSe  sommes-nous  pas  de  vieilles  connaissance  ? 

N’fetes-vons  pas  toujours  les  hommes  fiers  et  honnêtes  que  j*ai  connus?**. 

Mon  programme  est  toujours  le  même  :  Dieu  et  patrie* 

Je  fais  appel  à  tous  les  hommes  de  bonne  volonté;  à  tous  ceux  qui,  au-dessus  de  tout, 
mettent  Dieu  et  la  France. 

Jamais  nous  n’avons  eu  si  grand  besoin  d’union  et  de  concorde* 

Catholique,  je  veux  le  respect  de  nos  croyances  religieuses  et  la  liberté  de  conscience 
pour  tous. 

Bon  Français,  citoyen  français,  je  réclame  mes  droits  de  citoyen  :  la  liberté  d'instruc¬ 
tion;  la  liberté  d’association;  Pordre  dans  nos  finances;  le  respect  de  Parmée  et  du  drapeau 
de  mon  pays. 

Avec  vous,  je  proteste  contre  F  oppression  des  minorités,  et  travailleur,  comme  vous, 
je  travaillerai/ sans  bouleverser  la  société,  à  Pàmélioration  de*  classes  laborieuses,  à  l'en¬ 
tente  sociale  entre  patrons  et  ouvriers. 

Je  consacrerai  ce  dernier  mandat  à  favoriser,  a  réaliser,  sur  ce  terrain  catholique  et 
français,  le  rapprochement,  Funion  de  tous  ceux  qui  aiment  sincèrement  leur  pays* 

Et  maintenant,  mes  amis,  que  Dieu  et  le  bon  sens  public  protègent  la  France! 

Dl  Paul  BOURGEOIS 

Conseiller  générai, 

Député  sortant* 


m 


062  - 


1**  circonscription  des  SABLES-D  OLONNE 

M.  le  comte  de  LA  ROCUETHULON 
Élu  au  lor  tour  de  scrutin,  —  8,200  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Malgré  trois  mois  (Tune  campagne  acharnée,  nos  adversaires  n'ont  pu  parvenir  à  vous 
persuader  que  je  combattais  la  forme  du  Gouvernement, 

La  République  est  ici  hors  de  cause,  je  l'affirme,  et  ma  parole  d'ancien  officier  vaut 
bien  celle  de  mon  concurrent. 

Mais  ce  que  j 'entends  combattre,  c'est  la  meute  des  budgéti votes*  des  spéculateurs, 
des  politiciens  plus  ou  moins  tarés  qui,  apres  tous  les  Panamas  et  toutes  les  hontes  parle¬ 
mentaires,  osent  sc  proclamer  les  chevaliers  de  la  défense  républicaine,  alors  qu'sis  ne 
sont,  en  réalité,  que  les  «  chevaliers  de  P  assiette  au  beurre  ». 

Haut  les  cœurs,  nies  amis,  rallions-nous  amour  du  drapeau  de  l’honneur  et  du 
patriotisme  î  Ne  nous  laissons  pas  égarer  encore  par  des  paroles  menteuses,  et  qu'à  l'instar 
de  Paris,  notre  loyale  et  courageuse  Vendée  rejette  de  son  sein  les  amis  exotiques  d'un 
Gouvernement  moribond.  Leurs  mains  suintent  la  boue. 

Ancien  élève  de  l'école  spéciale  militaire  de  Saint-Cyr,  ancien  officier,  d’une  activité 
dont  j'ai  donné  des  preuves  depuis  deux  mois  à  la  circonscription,  je  maintiendrai  avec 
énergie  tous  vos  droits  et  ferai  valoir  toutes  vos  revendications. 

Absolument  indépendant,  sans  attaches  d'aucune  sorte,  sans  compromissions  avec 
personne,  je  déclare  en  toute  loyauté  que  je  voterai  : 

1°  La  suppression  de  la  loi  sur  les  associations  ; 

T  La  suppression  de  la  loi  sur  l'enseignement  congréganiste  ; 

3°  Le  blâme  sévère  des  agissements  du  général  André  contre  P  État-Major  de 
P  armée  ; 

4°  La  réforme  de  l'impôt  et  le  dégrèvement  des  alcools  ; 

5°  L'amortissement  de  la  dette  au  moyen  de  sages  économies  ;  et  je  me  montrerai 
l'adversaire  irréductible  de  tout  impôt  nouveau. 

Parfaitement  convaincu  que  la  loi  qui  réduit  le  service  militaire  à  deux  ans  est 
détestable,  —  car  de  l'avis  des  gens  les  plus  compétents,  il  est  impossible  de  créer  en 
deux  ans  des  troupes  solides  —  je  voterai  le  service  militaire  d'un  an,  mais  avec  cette 
différence  capitale,  que,  par  suite  de  l'économie  réalisée,  on  pourra  établir  des  primes  de 
rengagement  suffisantes  pour  avoir  des  vieux  soldats  et  des  sous-officiers  de  carrière. 
Avec  des  cadres  semblables,  les  conscrits  de  Napoléon,  à  Ghampaubett  et  à  Montmirail, 
enfoncèrent  toutes  les  vieilles  troupes  de  l'Europe, 

C'est  la  plus  éclatante  des  démonstrations. 

Pour  les  marins,  il  est  temps  d'obtenir  que  leur  retraite  soit  fixée  à  45  ans.  Après 
tant  d'années  d'un  si  dur  labeur,  ce  n'est  que  justice  de  leur  procurer  un  repos  si  bien 
gagné. 

Poursuivant  Ptdée  du  député  sortant,  M,  Gautret,  je  préconiserai  énergiquement  la 
réduction  à  trois  ans  de  la  durée  du  service  imposée  à  nos  inscrits  maritimes,  et  la 
suppression  totale  de  leurs  28  jours.  Également,  je  donnerai,  tons  mes  soins  à  l'améliora¬ 
tion  de  la  loi  du  28  avril  1898  sur  la  Caisse  de  prévoyance  contre  les  accidents  de  mer. 

Mes  chers  amis,  de  l'aveu  meme  de  mon  concurrent,  le  Ministère  qui  l'a  envoyé  parmi 


—  963  — 


N°  1162 


nous  est  moribond.  Vous  ne  devez  donc  attacher  aucune  importance  aux  promesses  qu'il 
vous  fait  à  profusion,  et  qu’il  fora  encore,  quoique  le  Ministère  prochain,  Ministère 
d’épuration  et  d’assainissement  général,  ne  puisse  être  de  ses  amis- 

Au  contraire,  nous,  les  jeunes,  les  hommes  nouveaux,  nous  qui,  par  notre  situation 
même,  donnons  des  garanties  absolues  de  désintéressement,  nous  combattrons  pour  vous, 
certains  de  faire  écouter  vos  justes  revendications. 

Pour  les  agriculteurs,  si  peu  favorisés,  je  veux  le  maintien  des  droits  protecteurs, 
l'établissement  et  l’encouragement  des  syndicats  et  des  mutualités,  la  création  de 
Caisses  de  retraites,  la  répression  des  accaparements  de  toutes  les  matières  premières. 

Sans  cesse  ni  trêve,  je  demanderai  que  l’on  veuille  bien  enlin  s  occuper  de  cette 
question  si  importante  du  dévasement  du  Lay  et  de  la  création  d’un  tramway  si  indispen¬ 
sable  à  la  Plaine.  Et  en  passant,  j’espère  qu’il  sera  apporlè  dans  la  construction  de  cette 
ligne  un  peu  plus  de  soin  qu’on  n’en  a  apporté  à  la  construction  de  la  ligne  du  tramway  des 
Sables  aux  Ch  amp- Saint-Père. 

Quant  à  ce  qui  est  d’obtenir  des  dispenses,  des  permissions  et  des  mutations,  tous 
ceux  qui  se  sont  adressés  à  moi  savent  qu’ils  n’ont  pas  eu  à  s’eu  repentir,  et  à  cela  tien 
d’étonnant,  car  je  ne  compte  que  des  amis  dans  l’armée,  sans  parler  de  mon  père 
le  général  de  La  Rochethulon  qui  n’y  a  laissé  que  de  très  vifs  regrets  et  de  non  moms  vives 

^  Pour  la  ville  des  Sables,  je  m’occuperai  avant  toute  autre  chose  de  la  question  du  port, 
sur  laquelle  je  puis  me  dire  très  documenté,  puisque  ce  sont  les  collaborateurs  mêmes  de 
M,  Gautret  qui  seront  mes  soutiens  et  conseillers. 

Quant  à  la  ville  elle-même,  n’est-il  pas  de  la  dernière  évidence  que  sa  fortune  dépend 
de  votre  volonté  ?  N’eet-i!  pas  certain  que,  si  les  favorisés  de  la  fortune,  ceux  qui  autrefois 
venaient  passer  l’été  aux  Gables,  revenaient  visiter  notre  plage,  le  commerce  local  n’en 

irait  que  mieux?  ,  , 

A  des  promesses  vagues  et  aléatoires,  j’oppose  ceci  :  par  mon  activité,  par  mes  rela¬ 
tions,  par  ma  fortune,  par  mes  goûts  même,  j’essayerai  de  rendre  aux  Subies  sou  cachet  de 
ville  luxueuse  et  coquette.  Les  commerçants,  les  patrons,  les  ouvriers  seront  naturellement 
les  premiers  à  en  profiter. 

Mais  abondonnonsces  questions  d’intérêt  général  pour  finir  par  un  cri  patriotique. 

Électeurs  de  la  Vendée, 

L’heure  est  grave  !  La  liberté  a  été  violée;  les  finances  dilapidées  ;  1  armée  insultée  , 
les  francs-maçons  et  les  juifs  régnent  ouvertement,  déchaînant  les  haines  de  classes  pour 
assouvir  plus  facilement  leurs  appétits  ! 

Dites  si  vous  voulez  que  cela  coutume. 

Vous  avez  une  arme  toute  puissante  :  c’est  votre  bulletin  de  vote  ! 

Oubliez  ma  personnalité.  Ne  voyez  eu  moi  qu’un  bon  Français  qui  vous  crie  : 

«  Malgré  la  pression,  malgré  les  promesses  et  malgré  les  menaces,  faites  votre  devoir  : 

Sauvez  la  société,  la  liberté  et  la  patrie  !»  , 

Je  compte  donc  sur  vous  pour  remporter,  le  27  avril,  une  belle  victoire,  qui  prouvera 
à  nos  éternels  adversaires  que  vous  Êtes  de  ceux  qui  ne  changent  pas  et  que  rien 
n’ébranle- 

La  Vendée  aux  Vendéens  1 

Vive  la  France  ! 

Vive  la  République  ! 

G.  de  LA  ROCHETHULON, 

Ancien  officier,  Maire  de  Saint-Hilairc-de-Talmont, 
Secrétaire  adjoint  des  «  Agriculteurs  de  France  », 
CandidaL  républicain  libéral  progressiste. 


—  964  — 


2°  circonscription  des  SABLES-d  OLONNE 

M.  de  BAUDRY  d’ASSGN 
Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  10.353  voix. 


H  y  a  huit  jours,  nous  rappelions  la  belle  carrière  politique  de  M.  de  Baudry 
d'Aseon;  nous  rappelions  ses  luttes  pour  la  liberté,  la  justice,  la  religion,  pour  la  sécurité, 
Phonneur  de  la  France,  et  nous  ajoutions  que  les  électeurs  sont  d'autant  plus  entraînés  à 
lui  continuer  leur  confiance  que  cette  liberté,  cette  justice,  cette  religion,  cette  sécurité  de 
la  France  sont  aujourd’hui  plus  attaquées  que  jamais  par  la  triple  alliance  des  juifs,  des 
francs-maçons  et  des  révolutionnaires* 

La  patriotique  lettre  que  M.  de  Baudry  d’Asson  adresse  à  ses  électeurs,  atteste  que, 
toujours  fidèle  aux  grandes  causes  auxquelles  il  a  voué  sa  vie,  il  est  prêt,  toujours  plein 
d'énergie,  de  dévouement  et  d’entrain,  à  continuer  la  lutte. 


Aux  Électeurs  de  la  2e  circonscription  des  Saeleb-d’Glonne 
Messieurs  et  cheTS  Électeurs, 

Me  voilà  encore  devant  vous,  et,  pour  la  septième  fois,  je  vous  demande  vos  suffrages. 
Vous  ne  renierez  pas  le  Député  qui  a  consacré  sa  vie,  sa  forLune  et  ses  forces  à  la  défense 
de  vos  intérêts  les  plus  chers  et  qui  est  toujours  capable  de  rendre  à  son  pays  les  services 
que  vous  êtes  en  droit  d'attendre  de  votre  mandataire. 

Messieurs,  la  Chambre  qui  vient,  le  jour  même  de  Pâques,  de  terminer  sa  législature, 
après  avoir  voté  des  lois  infernales,  est  morte  dans  l’incohérence,  la  confusion  des  pouvoirs, 
P  impuissance  et  le  despotisme  le  plus  éhonté. 

Électeurs, 

A  tous  ceux  qui  ne  croient  pas  aux  belles,  mais  fausses  promesses  de  ces  hommes 
néiastes  qui  prétendent  audacieusement,  avant  les  élections,  réaliser  toutes  les  aspirations 
du  corps  électoral  ; 

A  tous  ceux  qui  tremblent,  avec  raison,  devoir  bientôt  le  billet  de  banque  tourner  en 
assignat; 

A  tous  ceux  qui  revendiquent  le  respect  de  la  foi,  Pin  dépendance  du  culte,  Piuviolabi- 
litë  du  foyer,  la  sécurité  dans  Bordre  social  et  la  paix  civile; 

A  tous  ceux  qui  n’admeücnt  pas  que  les  pouvoirs  publics  fassent  la  courte  échelle  aux 
socialistes  révolutionnaires,  aux  collectivistes  et  aux  sans-patrie; 

À  tous  ceux  qui  veulent  affranchir  la  France  du  joug  odieux  des  juifs  qui  la  ruinent  et 
des  francs-maçons  qui  la  dénationalisent,  en  attendant  qu'ils  la  livrent  aux  pires  catas¬ 
trophes  ; 

A  tous  ceux  qui  ne  veulent  plus  supporter  que  les  sans-Dieu  jettent  la  croix  à  la  voirie 
et  le  drapeau  dans  la  fange  ; 

A  tous  ceux  qui  redoutent  de  voir,  bientôt,  les  Frères  et  les  Sœurs,  qui  donnent  l’ins¬ 
truction  à  nos  enfants,  chassés  avec  les  curés  et  les  vicaires,  après  les  élections,  comme 
Pont  été,  avant,  les  congrégations  religieuses; 

A  tous  ceux  qui  appréhendent,  trop  justement  hélas!  l’étranglement  de  nos  dernières 
libertés  religieuses  et  civiles,  je  crie,  bien  haut  : 


—  965  — 


N*  1162 


Unissez-vous  aux  sincères  libéraux,  aux  vrais  chrétiens,  qui  ne  demandent  absolument 
qu’une  chose  dans  ces  élections  :  expulser,  sans  plus  tarder,  le  ministère  W  a  1  d  eck-  R  ou  sse  au 
et  toute  sa  bande,  pour  les  remplacer  par  un  ministère  et  une  majorité  d’ordre,  de  justice 
et  de  liberté  î 

Messieurs,  je  vous  ai  loyalement  et  nettement  signalé  la  triste  situation  du  pays  et  la 
gravité  de  l’heure  présente. 


Vous  me  connaissez  —  depuis  26  ans  que  je  suis  à  votre  service  —  comme  Député, 
comme  ami,  et,  cela,  à  quelque  parti  que  vous  puissiez  appartenir  :  vous  savez  que,  tous, 
vous  pouvez  compter  sur  moi* 

Agriculteurs, 

Pour  soulager  vos  intérêts  en  péril,  il  est  absolument  nécessaire  de  diminuer  les  impôts 
et  les  charges  de  toute  nature  —  au  lieu  de  les  augmenter  chaque  jour  —  et  d’assurer  aux 
foyers  le  maintien  des  soutiens  de  famille* 

Notre  élevage,  nos  concours,  nos  courses  de  chevaux,  qui  m’ont  toujours  tenu  tant  a 
cœur  —  vous  ne  pouvez  l’avoir  oublié  —  nos  foires,  nos  marchés,  nos  routes,  nos  chemins 
et  nos  écoles  feront  l’objet  de  mes  constantes  préoccupations* 

le  m’appliquerai,  de  toutes  mes  forces  aussi,  à  la  solution  des  questions  qui  concernent, 
notamment,  le  chemin  de  fer  des  Sables  à  Saint-Gilles,  Saint-Jean-de-Monts,  Beauvoir,  Boum 
et  Bourgneuf,  si  justement  réclamé  depuis  longtemps, 


Ouvriers, 


Il  vous  faut  du  travail  aujourd’hui,  et  des  garanties  de  sécurité  pour  vos  vieux  jours* 
Ce  n’est  point  par  les  grèves,  qui  finissent  toujours  par  des  coups  de  fusil  et  d’incal¬ 
culables  misères,  que  vous  obtiendrez  ces  bienfaits,  mais  par  des  lois  équitables  d’assis¬ 


tance  mutuelle  et  par  une  entente  amiable  entre  l’État,  les  patrons  et  vos  syndicats. 


Marins, 


Des  primes  importantes  a  la  construction  et  à  l’armement  ont  ôté  votées  au  profit  des 
navires  à  voile  et  à  vapeur;  il  est  juste  que  des  primes  à  la  construction  et  à  l’armement 
des  barques  de  pêche  soient  également  votées*  Je  m’efforcerai  de  les  obtenir,  ainsi  que  tout 
ce  qui  peut  être  utile  à  la  marine. 

Enfin,  et  c’est  par  là,  Messieurs,  que  je  finis  : 

Jamais  je  n’agirai  comme  ceux  qui,  après  avoir  capté  la  confiance  des  électeurs,  par 
l’ostentation  d’un  faux  libéralisme,  ont,  pour  leur  début  dans  la  carrière  politique,  refusé 
de  s’associer  à  un  vote  de  justice  en  faveur  des  congrégations  religieuses,  qu’une  loi  d’ini¬ 
quité  et  d'oppression  chassait  de  leurs  couvents  et  de  leur  patrie  I 

Toujours,  au  contraire,  je  soutiendrai  par  ma  parole  et  par  mon  vote,  comme  je  l’ai  fait 
jusqu’ici,  la  cause  de  Dieu,  de  la  famille  et  de  la  patrie! 

Vive  la  religion  catholique  1 

Vive  la  liberté  pour  tous! 

Vive  l’armée  outragée! 


Vive  la  France  aux  Français  l 


Armand  de  BÀUDRY  d’ASSON 
Député  sortant* 


VIENNE 


Circonscription  de  CHATELLERAULT 

M.  GODET 

Élu  au  2°  tour  de  scrutin.  —  9.949  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Le  comité  républicain  radical  de  l’arrondissement  de  Châtellerault,  qui  compte  de  très 
nombreux  adhérents  dans  toutes  les  communes,  m’ayant  désigné  comme  candidat  aux  élec¬ 
tions  législatives,  je  viens  solliciter  vos  suffrages. 

Vous  me  connaissez  tous.  Né  dans  l’arrondissement,  y  ayant  tous  intérêts,  agriculteur 
comme  la  plupart  d’entre  vous,  maire  d’une  commune  rurale,  conseiller  d’arrondissement 
du  canton  de  Lencloître,  ma  candidature  est  celle  d’un  enfant  du  pays. 

Elle  est  également  celle  d’un  républicain  radical  convaincu  et  d’un  ami  sincère  des 
réformes. 

Partisan  résolu  de  la  politique  d’union,  d’action  et  de  défense  républicaines,  mon  pro¬ 
gramme  est  conforme  au  manifeste  rédigé  l’année  dernière  à  Paris  par  le  congrès  radical 
auquel  j’assistais  à  titre  de  délégué.  En  voici  les  points  essentiels  : 

Partie  politique. 

Révision  limitée  de  la  Constitution  portant  sur  trois  points  principaux  :  1“  prédomi¬ 
nance  de  ia  Chambre  en  matière  financière;  2°  extension  de  la  base  électorale  du  Sénat  et 
réduction  à  six  ans  de  la  durée  du  mandat  sénatorial;  3°  décentralisation  des  pouvoirs  poli- 
tiques  et  administratifs. 

Dénonciation  du  Concordat.  Application  rigoureuse  de  la  loi  sur  les  congrégations. 

Réduction  du  service  militaire  à  deux  ans.  Suppression  d’une  des  périodes  de  vingt- 
huit  jours  et  réduction  de  l’unique  période  à  accomplir.  Suppression  des  treize  jours. 

Monopole  de  l’enseignement  donné  à  l’État.  Suppression  de  la  loi  Falloux.  Extensiou 
des  lois  scolaires,  augmentation  des  écoles  professionnelles  et  des  écoles  d’agriculture. 

Diminution  considérable  des  frais  de  justice. 

Partie  économique* 

Impôt  personnel,  progressif  et  global  sur  le  revenu  dépassant  3.000  francs,  et  suppres¬ 
sion  de  tous  les  autres  impôts  directs  :  cote  personnelle  et  mobilière,  contribution  des  portes 

et  fenêtres,  patentes,  prestations,  etc.  , 

Loi  d’assurance  et  de  prévoyance  destinée  à  prévenir  les  risques  sociaux  et  a  aider  tes 

travailleurs  à  conquérir  la  propriété  individuelle. 


— .  9 67  — 


n°  im 


Législation  sévère  ayant  pour  but  de  préserver  tes  intérêts  généraux  du  pays  et  la  for¬ 
tune  de  tous  contre  l'agiotage  et  la  haute  spéculation. 

Diminution  des  gros  traitements  et  augmentation  des  petits. 

Abaissement  des  tarifs  de  transport. 

Mesures  législatives  faisant  rentrer  dans  le  domaine  de  PÉtat  certains  monopoles,  e 
notamment  les  chemins  de  fer,  au  fur  et  à  mesure  que  l'exigeront  les  intérêts  de  la  défense 
nationale  et  de  la  production  agricole  et  industrielle. 

Création  de  banques  agricoles  et  populaires  ouvrant  un  crédit  aux  cultivateurs,  aux 
petits  commerçants  et  industriels,  ainsi  qu'aux  ouvriers. 

Organisation  d'un  service  national  d'assurance  des  récoltes  et  des  animaux  en  cas  de 
grêle,  d'inondation,  de  sécheresse,  d'épizootie,  etc. 

Législation  sur  la  protection  du  travail. 

Établissement  d'une  caisse  nationale  de  retraite  pour  les  vieillards  et  les  invalides  du 
travail.  — -  Protection  et  défense  des  sociétés  de  secours  mutuels. 

Extension  du  réseau  des  voies  ferrées  dans  l'arrondissement  de  Châîeïlerault. 

Électeurs, 

En  présence  de  la  coalition  formée  de  réactionnaires  avérés  et  de  républicains  défail¬ 
lants,  en  face  du  cléricalisme  menaçant,  vous  affirmerez  votre  inébranlable  attachement  à 
la  République,  en  même  temps  que  vous  indiquerez  nettement  votre  volonté  de  voir  enfin 
s’accomplir  les  réformes  politiques  et  sociales  depuis  si  longtemps  promises. 

le  me  réclame  auprès  do  vous,  non  seulement  de  mon  titre  de  républicain  radical,  mais 
aussi  de  ma  qualité  d'agriculteur* 

Si  vous  estimez  qu'il  y  a  au  Parlement  assez  de  hanquiprs,  de  médecins,  d'avocats  et 
de  journalistes,  vous  y  enverrez  un  représentant  de  cette  agriculture,  trop  souvent  sacrifiée, 
parce  qu'elle  ne  possède  pas  de  représentants  pour  élever  îa  voix  en  sa  faveur  et  défendre 
ses  intérêts  méconnus. 

Travailleurs  de  la  ville  et  des  champs,  employés,  commerçants,  nous  avons  tous  les 
mêmes  besoins  et  les  mêmes  aspirations.  Groupons-nous,  unissons-nous  contre  la  réaction 
et  allons  tous  au  scrutin  aux  cris  de  : 

Vive  la  République  radicale  et  réformiste  î 

Vive  l'arrondissement  de  Ghàtellerault  ! 

Frédéric  GODET 
Maire  d'O  relies, 

Conseiller  d'arrondissement  du  canton  de  Lcncloître. 


Circonscription  de  GIVRA  Y 

M*  PAIN 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  7.G35  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Le  mandat  que  vous  m'aviez  confié  arrive  à  son  terme  et  je  viens  vous  en  demander  le 
renouvellement,  fort  de  l'éclatant  témoignage  de  sympathie  que  vous  m'avez  donné  il  y  a 
quatre  ans. 


—  068  — 


C’est  sous  la  protection  des  7.036  électeurs  qui,  en  1898,  m’accordèrent  leurs  suf¬ 
frages,  que  je  place  aujourd’hui  ma  candidature  absolument  indépendante  et  franchement 
libérale. 

Ma  profession  de  foi  sera  courte,  car  je  n’ai  rien  à  ajouter  au  programme  sur  lequel 
vous  m’avez  élu.  Mes  sentiments  n’ont  point  varié  et  personne  ne  peut  me  reprocher 
d’avoir  oublié  une  seule  de  mes  promesses,  d’avoir  manqué  à  l’un  quelconque  de  mes 
engagements. 

La  situation  politique  est  très  nette;  elle  ne  laisse  place  à  aucune  équivoque. 

Vous  aurez  à  choisir  le  27  avril  entre  M.  Salmon,  porte-drapeau  de  la  coterie  qui 
est  an  pouvoir,  et  votre  député  sortant  qui,  à  la  Chambre,  fut  toujours  l’interprète  de  vos 
idées,  en  réprouvant,  par  ses  votes,  les  tendances  dangereuses  du  ministère  Waldeck-Mil- 
lerand. 

Plus  que  jamais,  je  suis  l’adversaire  d’un  gouvernement  qui  se  joue  de  nos  plus  pré¬ 
cieuses  libertés,  encourage  les  doctrines  collectivistes  et  a  compromis  la  fortune  nationale 
par  des  prodigalités  dont  le,  résultat  a  été  de  nous  acculer  au  déficit. 

Plus  que  jamais  aussi,  je  reste  convaincu  qu’une  politique  de  tolérance,  de  modé¬ 
ration  et  d’apaisement  est  indispensable  à  la  prospérité,  à  la  grandeur  de  notre  chère 
Patrie, 

Comme  vous,  j’aime  la  liberté  ;  mais  je  la  veux  égale  pour  tous  et  je  revendique  pour 
chacun  le  droit  de  penser,  d’agir  selon  sa  conscience  d’honnète  homme. 

Sincèrement  libéral,  dans  la  grande  et  loyale  acception  de  ce  titre,  je  soutiendrai  les 
principes  sans  lesquels  la  société  est  impossible  :  la  religion,  l’armée,  la  famille,  la  pro¬ 
priété. 

Au  point  de  vue  de  la  durée  du  service  militaire,  je  persiste  à  penser,  avec  les  membres 
autorisés  de  la  Commission  de  l’armée,  que  la  réduction  à  un  an  est  possible  sans  compro¬ 
mettre  en  rien  la  sécurité  de  nos  frontières.  Mais  si  la  mise  en  pratique  de  cette  mesure 
entraînait  des  retards  pour  son  application,  je  n’hésiterais  pas  à  voter  le  service  de  deux 
ans,  afin  d’alléger,  aussitôt  que  possible,  l’impôt  du  sang  qui  pèse  plus  spécialement  sur  les 
agriculteurs, 

Déjà  j’ai  voté,  et  je  voterai  encore,  la  suppression  des  périodes  des  vingt-huit  et  treize 
jours. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Saturés  de  politique,  je  crois  que  vous  êtes  unanimes  à  réclamer  de  la  République 
qu’elle  s’occupe  enfin  sérieusement  de  vos  affaires  et  quelle  contribue  à  les  rendre  plus 
prospères. 

C’est  à  ce  but  que  tendront  tous  mes  efforts  si,  comme  j’en  ai  le  ferme  espoir,  vous  me 
continuez  votre  confiance. 

Vous  pouvez  compter  sur  mon  dévouement  le  plus  absolu, 


Maurice  PAIN, 

Conseiller  général, 
Député  sortant. 


/ 


—  069  — 


N°  1162 


Circonscription  de  LOUDUN 

M.  RÏDGUÀRD 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  6.353  voix. 


Mes  chers  Compatriotes, 

En  me  présentant  de  nouveau  à  vos  suffrages,  je  tiens  à  vous  dire  combien  je  suis 
pénétré  d’une  profonde  gratitude  pour  toutes  les  preuves  de  dévouement  et  d’affection  que 

vous  m'avez  données* 

Je  vous  en  remercie  de  tout  cœur* 

Ce  que  je  puis,  vous  le  savez.  ■ —  Ce  que  j7ai  fait,  vous  le  connaissez. 

Je  n’ai  ni  changé,  ni  renié  mes  précédentes  déclarations.  Tous  ceux  qui  ont  encore  mes 
professions  de  foi  peuvent  y  voir  exprimé,  en  langage  franc  et  loyal,  ce  que  je  pense,  ce  que 
je  veux,  ce  que  j'ai  demand  é  et  voté. 

Né  au  milieu  de  vous,  ma  vie  au  grand  jour  est  le  sûr  garant  de  mes  actes,  fous  ont  été 
inspirés  par  mon  profond  dévouement  à  la  République  et  par  le  constant  souci  de  vos  légi¬ 
times  intérêts. 

Fidèle  à  mes  engagements,  j'ai  consacré  tous  mes  efforts  à  la  défense  de  1  agriculture, 
de  l’industrie  et  du  commerce,  qui  constituent  ta  vie  et  la  fortune  d'une  grande  nation 
comme  la  nôtre. 

Comme  par  le  passé,  je  resterai  attaché  à  une  politique  résolument  républicaine,  pour¬ 
suivant  sa  marche  continue  vers  les  réformes  pratiques,  les  progrès  réfléchis  et  1  ameliora¬ 
tion  du  sort  des  travailleurs,  des  faibles  et  des  déshérités 

La  République  a  tracé  dans  ce  pays  un  sillon  qui  doit  être  prolongé  par  l'action  inces¬ 
sante  de  tous  les  bons  citoyens  marchant  avec  union  vers  un  idéal  de  progrès,  de  charité  et 
de  justice  sociale. 

La  République,  en  effet,  n'est  pour  nous  ni  une  vaine  formule,  ni  une  simple  étiquette* 
Elle  vaut  par  les  principes  dont  elle  s'inspire  et  par  les  lois  qui  mettent  en  oeuvre  ces  prin¬ 
cipes* 

L’heure  est  enûn  venue  de  réaliser  dans  la  paix  sociale  les  réformes  promises  à  la  démo¬ 
cratie  et  de  pratiquer  une  politique  nettement  réformatrice. 

Jamais  champ  plus  vaste  et  plus  fécond  ne  s'est  ouvert  à  l’activité  du  législateur  peut 
perfectionner  et  remettre  au  point  de  la  science  les  organismes  vieillis  : 

En  matière  fiscale  et  administrative  : 

Réforme  générale  des  impôts  actuels  par  une  répartition  pins  équitable  des  charges 

fiscales,  sans  inquisition  ni  moyen  vexatoire. 

Dégrèvement  de  la  propriété  immobilière  et  suppression  de  la  contribution  person- 

aelle-mobilière  et  de  l’impôt  des  portes  et  fenêtres. 

Pas  d’impôts  nouveaux.  —  Pas  tf emprunts.  J  ai  prouvé,  par  mes  votes  au  Parlement, 

q  u  e  j  ’  e  n  suis  l’a  d  ver  s  a  i  r  e  résol  u . 

Réformes  des  octrois.  —  Suppression  des  prestations.  —  Vote  du  budget  à  la  date  nor¬ 
male.  —  Économies  par  la  suppression  des  dépenses  inutiles.  —  Réduction  des  gros  traite¬ 
ments.  _ Suppression  des  emplois  inutiles,,  —  Réduction  des  irais  de  justice.  Extension 

de  la  compétence  des  juges  de  paix. 

122 


En  matière  agricole,  industrielle  et  commerciale  : 

Défense,  protection  et  développement  de  la  propriété  individuelle  rendu  plus  accessible 
h  tous  par  la  diminution  des  charges  qui  pèsent  sur  les  travailleurs  des  villes  et  des  cam¬ 
pagnes* 

Lois  protégeant  Pagrîeulture  contre  l’agiotage*  —  Suppression  du  marché  à  terme  sur 
ies  blés*  —  Maintien  du  nouveau  régime  de  l’admission  temporaire* 

Encouragement  au  commerce  et  à  l’industrie. 

Réforme  des  patentes  ;  diminution  des  taxes  permettant  aux  commerçants  et  aux  indus¬ 
triels  de  nos  villes  et  de  nos  campagnes  de  lutter  contre  la  concurrence  désastreuse  des 
grands  magasins* 

En  matière  ouvrière  et  sociale  : 

Protection  des  travailleurs  français  contre  îa  main-d’œuvre  étrangère. 

Réalisation  des  lois  d’assurance,  de  prévoyance  et  de  solidarité  sociales,  garan lassant 
les  travailleurs  contre  le  chômage,  la  vieillesse  et  la  maladie* 

Refonte  et  amélioration  de  la  loi  sur  les  accidents  du  travail,  sans  que  la  loi  puisse  être 
étendue  aux  risques  du  travail  agricole.  Je  n’ai  cessé  par  mes  votes  de  démontrer  que  fêtais 
opposé  à  l’assurance  agricole  obligatoire,  qui  frapperait  dJun  nouvel  impôt  la  propriété 
foncière  et  causerait  encore  de  nouvelles  déceptions* 

Développement  des  sociétés  de  secours  mutuels*  —  Création  d’une  caisse  générale  de 
retraite  pour  les  travailleurs* 

En  matière  politique  et  parlementaire  : 

Stabilité  dans  le  pouvoir,  —  Liberté  absolue  de  conscience. 

Révision  de  la  Constitution  pour  permettre  la  réalisation  des  réformes  et  assurer  la 
suprématie  du  suffrage  universel. 

Maintien  au  Parlement  de  son  droit  de  contrôle  et  d’initiative,  qui  est  la  garant^  du 
régime  républicain* 

Vote  personnel  des  députés. 

Au  point  de  vue  patriotique  et  national  : 

Politique  extérieure  conforme  aux  intérêts  nationaux,  à  la  dignité,  à  la  grandeur  de  la 
France  et  à  ses  traditions.  —  Augmentation  de  nos  forces  défensives  par  le  service  de  deux 
ans  égal  popr  tous,  avec  primes  de  rengagements  volontaires  de  quatre  ans  daps  l’ artillerie 
et  (a  cuvale^e.  —  Abrogation  de?  compenses,  sauf  celles  à  litre  dç  soutiens  de  famille* 

Respect  de  l’armée  nationale,  à  laquelle  nous  avons  donné  tout  notre  cœur  et  que  nous 
voulons  placer  en  dehors  de  nos  divisions  politiques,  afin  qu’elle  puisse  se  consacrer  avec 
une  entière  confiance  à  la  grande  oeuvre  de  défense  nationale. 

Accroissement  de  nos  forces  maritimes.  —  Développement  de  l’armée  coloniale. 

Enfin  vous  me  trouverez  en  tout  temps,  vivant  au  milieu  de  vous,  prêt  a  vous  rendre 
service,  comme  je  J’ai  toujours  fait  ;  prêj  à  donner  tous  mes  soins  à  toutes  les  questions  qui 
peuvent  vous  intéresser  et  prêt  à  observer,  avec  une  attention  cwfttftpft  et  ^ne  sympathie 
fraternelle,  ces  grands  courants  populaires  où  Ü  entre  tant  d’aspirations  légitimes  et  d’ins¬ 
tincts  généreux. 

Vous  me  trouverez  aussi  ce  que  j’ai  toujours  été,  patriote  sincère,  démocrate  convaincu, 
défenseur  inébranlable  de  la  France  et  de  la  République! 

RIDOUÂRD, 

Maire  de  Monconfpqr, 

Présidé^  de  4  Société  des  çautonniçrs  de  4  Vienne, 
Conseiller  généra!  de  la  Vienne, 

Membre  dés  Coimnissipo»  dù  Travail  et  dé  Logis,' talion  fiscale* 
Membre  du  Comité  d’honneur  de  i’JUlunçe  rgpqbjiquip? 

présidée  par  M*  A.  Carnot,  Député  sortant. 


—  974  — 


N*  1162 


Circonscription  de  MONTMORILLON 

M.  CORDEROY 

Élu  au  T  tour  de  scrutin,  —  9,180  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Le  mandat  que  vous  m'avez  confié  est  expiré.  Je  crois  t'avoir  fidèlement  rempli  et  je 
viens  avec  confiance  solliciter  de  nouveau  vos  suffrages. 

Républicain  convaincu,  je  veux  avant  tout  le  triomphe  de  !a  République  avec  un  Gou¬ 
vernement  nettement  républicain,  décidé  à  marcher  résolument  en  avant  et  à  nous  donner 
enfin  les  réformes  démocratiques  que  le  Pays  attend  depuis  si  longtemps. 

Si  vous  me  faites  T  honneur  de  me  choisir  à  nouveau  pour  vous  représenter,  je  m'effor¬ 
cerai  d'obtenir  ïa  ré  Confie  de  l'impôt  dans  un  sens  franchement  démocratique ,  avec  un 
large  dégrèvement  à  la  base,  de  façon  à  supprimer  l'impôt  chez  le  petit  contribuable*  Je 
m'efforcerai  aus:  i  de  faire  supporter  à  l'argent  et  à  la  fortune  mobilière  une  partie  des 
charges  qui  pèsent  trop  lourdement  sur  la  terre. 

Je  demanderai  la  modifjcat'on  des  prestations  qui  frappent  surtout  l'agriculture;  la  di¬ 
minution  des  patentes  trop  onéreuses  pour  le  petit  conmi  rce;  la  suppression  des  gros  traite¬ 
ments  et  je  tâcherai  d'obi enir  des  économies  sérieuses  dans  tous  les  services. 

Je  veux  la  création  de  retraites  pour  les  vieux  travailleurs  des  villes  et  des  campagnes, 
et  le  développement  de  la  mutualité,  appelée  à  rendre  les  plus  grands  services  a  la  classe 
ouvrière. 

Agriculteur,  je  défendrai  tout  particulièrement  les  intérêts  de  nos  populations  rurales 
que  je  connais  bien,  puisque  j'ai  toujours  vécu  au  milieu  d'elles.  Je  demanderai  notamment 
la  création  de  Chambres  d'agriculture,  de  Caisses  d'assurances  contre  la  grêle  et  la  morta¬ 
lité  du  bétail,  et  le  développement  du  crédit  agricole  qui,  mieux  organisé,  pourrait  rendre 
les  plus  grands  services  aux  petits  agriculteurs. 

Partisan  convaincu  de  la  suprématie  du  Pouvoir  civil,  je  veux  la  liberté  de  conscience, 
mais  sans  privilèges  pour  le  clergé,  et  la  liberté  d'enseignement  sous  la  surveillance 
attentive  de  l'État*  qui  devra  exiger  de  tous  les  maîtres,  les  mêmes  titres  et  les  mêmes  ca¬ 
pacités.  j'appuierai  la  suppression  du  pourcentage,  qui  arrête  l'avancement  de  nos  excellents 
instituteurs,  tous  si  dévoués  et  si  dignes  d'intérêt. 

J'ai  déjà  voté  la  réduction  du  service  militaire  à  deux  aus,  la  diminution  des  28  jours 
et  la  suppression  des  13  jours.  G^st  vous  dire  que  je  ferai  tous  mes  efforts  pour  doter  le 
Pays  ifune  bonne  loi  militaire  qui,  sans  diminuer  les  forces  de  notre  armée,  donne  enfin 
à  la  Nation  la  satisfaction  qu'elle  réclame  et  diminue  les  charges  si  lourdes  qui  pèsent  sui 
nos  populations. 

J'ai  déjà  fait  adopter  par  le  Conseil  général  la  création  d  un  troisième  réseau  de  tram¬ 
ways,  clans  lequel  seraient  comprises  la  plupart  des  lignes  qui  intéressent  notre  arrondis¬ 
sement.  Je  n'ai  donc  pas  besoin  d’ajouter  que  je  ferai  tout  ce  qu  il  me  sera  possible  pour 
doter  notre  arrondi  sement  des  nouvelles  lignes  qu'il  attend. 

Désireux  avant  tout  d’assurer  le  triomphe  de  la  République,  je  prends  rengagement  de 
me  désister  en  faveur  de  mon  concurrent  républicain,  M.  Tranchant,  s'il  obtient,  au 
premier  tour  de  scrutin,  plus  de  voix  que  moi, 

Électeurs  î 

Nous  avons  en  face  de  nous  tous  les  ennemis  confises  de  la  République  j  réactionnaires 


—  972  — 


de  tout  ordre  :  bonapartistes,  légitimistes,  cléricaux  de  toute  sorte,  qui  se  disent  libéraux 
pour  mieux  vous  tromper.  Vous  ne  vous  laisserez  pas  prendre  a  leurs  déclarations  men¬ 
songères* 


Républicains  ! 

C’est  la  dernière  bataille.  Debout  et  sus  à  la  réaction!  Groupez-vous  autour  de, moi,  que 
vous  connaissez,  que  vous  avez  vu  à  Pœuvre  et,  le  27  prochain,  nous  remporterons 
ensemble  une  nouvelle  victoire,  et  la  République,  débarrassée  de  ses  éternels  adversaires, 
pourra  se  mettre  résolument  à  l’œuvre  et  vous  donner  enfin  les  réformes  que  vous 
réclamez* 

En  avant  donc  et  Vive  la  République  I 

J*  CORDERQY, 

Agriculteur, 

Conseiller  général,  Maire  de  Millac, 
Député  sortant* 


irc  circonscription  de  POITIERS 

M.  de  MOMTIOU 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin*  —  8.177  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Tout  entier  à  mes  devoirs  de  Conseiller  général,  je  h’aspirais  pas  à  la  candidature 
législative. 

J’ai  cédé  aux  instances  d’un  grand  nombre  d’entre  vous,  animés  des  mêmes  sentiments 
libéraux,  et  tous  également  préoccupés  de  l’avenir  du  Pays. 

Je  me  présente  à  vos  suffrages,  soutenu  de  leurs  sympathies,  mais  libre  de  tout 
esprit  de  groupe,  et  je  vous  soumets,  en  toute  indépendance,  le  programme  qui  est  l’ex¬ 
pression  sincère  de  ma  pensée. 

C’est  un  programme  loyalement  républicain* 

Je  suis  convaincu  que,  dans  l’état  de  nos  mœurs  et  de  nos  idées  démocratiques,  la  Ré¬ 
publique  est  le  seul  gouvernement  qui  puisse  subsister*  Je  crois  que,  par  leur  entente,  les 
bons  citoyens  doivent  la  préserver  de  la  politique  jacobine  comme  des  théories  décevantes 
et  des  dangers  du  socialisme* 

Le  Ministère  actuel  a  lait  une  œuvre  détestable  et  néfaste, 

ü  a  violé  toutes  les  libertés,  ne  respectant  pas  plus  l’inviolabilité  de  la  conscience  que 
celle  du  domicile,  surveillant  les  fonctionnaires  jusque  dans  l’intimité  de  la  famille,  pour¬ 
suivant  de  son  intolérahcê  la  misère  elle-même. 

il  n’a  point  épargné  l’armée  :  ü  a  soumis  les  chefs  au  régime  de  la  délation  et  du  bon 
plaisir,  tandis  que  ses  partisans  les  plus  déclarés  excitaient  le  soldat  à  la  haine  des  insti¬ 
tutions  militaires  et  au  mépris  du  drapeau* 

En  introduisant  les  collectivistes  au  pouvoir,  il  leur  a  livré  la  liberté  du  travail  et  le 
principe  même  de  la  propriété  individuelle*  Il  a  donné  le  spectacle  nouveau  d’un  ministre 
se  flattant  de  travailler  avec  métbodcjau  renversement  dejl’ordre  social. 


fl*  4162 


—  973  — 

Les  intérêts  du  commerce,  de  Findustrie,  de  l'agriculture  se  trouvent  gravement  com¬ 
promis. 

Le  déficit  s'élève,  pour  1904,  a  Bhh  millions. 

De  cette  politique  et  de  toute  autre  qui  lui  ressemblerait,  je  suis  Fadversaire  déter¬ 
miné. 


Électeurs, 

Je  ne  vous  ferai  pas  de  vaines  promesses.  Voici,  très  simplement,  les  principes  dont 
je  m'inspirerai,  si  vous  me  faites  F  honneur  de  m'élire  : 

La  liberté  pour  tous  les  citoyens,  quelles  que  soient  leurs  croyances  ou  leurs  doctrines 
philosophiques.  La  liberté  sous  toutes  ses  formes  :  liberté  politique,  liberté  religieuse, 
liberté  d’association,  liberté  d'enseignement,  liberté  du  travail. 

En  matière  fiscale,  égalité  réelle  devant  l’impôt,  chacun  supportant,  dans  les  dépenses 
publiques,  une  part  proportionnée  à  sa  situation  et  à  ses  ressources. 

Progrès  social,  par  l'entente  raisonnée  du  capital  et  dn  travail,  par  la  création  de 
grandes  mutualités,  indépendantes  de  FÉtat,  mais  contrôlées  et  subventionnées  par  lui. 

Au  point  de  vue  financier,  équilibre  rigoureux  du  budget,  profondes  économies 
par  une  sage  décentralisation  tendant  au  développement  de  la  vie  communale  et  dépar¬ 
tementale. 

Sans  de  bonnes  linances,  pas  de  réformes  possibles. 

Moins  de  lois  politiques,  beaucoup  plus  de  séances  consacrées  aux  questions  agricoles, 
industrielles,  commerciales,  ouvrières. 

Réduire  progressivement  la  durée  du  service  militaire,  en  le  rendant  égal  pour  tous  et 
eu  assurant,  par  des  engagements  et  rengagements,  le  maintien  indispensable  des  effectifs 
et  le  recrutement  des  cadres. 

Ancien  officier,  j'aime  l'armée.  Je  m'opposerai  à  tout  ce  qui  pourrait  l'affaiblir  ou  la  di¬ 
viser;  je  combattrai  tous  ceux,  quels  qu'ils  soient,  qui  voudraient  introduire  la  politique 
dans  ses  rangs  ou  la  laisseraient  sans  défense  contre  les  entreprises  des  égarés.  Repré¬ 
sentant  la  Patrie,  elle  doit  être  respectée  de  tous.  La  maintenir  forte,  c'est  garantir  F ordre 
à  Tintérieur  et  au  dehors,  la  paix. 

Mes  chers  Concitoyens, 

La  France  demande  que  la  prochaine  Chambre  lui  rende  la  confiance,  le  calme,  l'union 
dans  la  liberté  ;  qu'elle  fasse,  suivant  l’expression  du  chef  des  progressistes,  œuvre  de  con¬ 
ciliation  et  d'apaisement. 

Investi  de  votre  mandat,  je  collaborerais  à  cette  œuvre  avec  tout  mon  dévouement  et 
l’unique  ambition  de  servir  de  mon  mieux  vos  intérêts  et  le  Pays. 

Vive  la  France  l 
Vive  la  République  1 
Vive  la  Liberté  I 

Edgard  de  MOINTJOU, 

Maire  de  Marçay, 

Conseiller  général  de  la  Vienne. 


2e  circonscription  de  POITIERS 

M.  PÉRET 

Élu  au  T  tour  de  scrutin,  —  9.772  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Vous  êtes  appelés,  Je  27  avril  prochain,  à  ch  iislf  votre  représentant  à  la  Chambre  des 
Députés,  et  votre  vote  aura  une  influence  décisive  sur  iés  destinées  de  la  République, 

Il  s’agît  de  savoir,  en  effet,  si  nous  allons  arriver  à  constituer  un  grand  parti  homo¬ 
gène,  composé  de  démocrates  sincères,  débarrassé  des  parasites  qui  se  sont  trop  longtemps 
servis  de  la  République  au  lieu  de  la  Servir,  assez  fort  pour  résister  aux  adversaires  de 
toutes  nuances  et  pour  travailler  à  faire  aboutir  les  réfor  mes  utiles  et  pratiques  dont  la  réa¬ 
lisation  complète  ne  peut  s'achever  que  dans  le  calme  et  la  paix*  Ce  résultat  sera  atteint  le 
jour  où  les  vrais  républicains  sauront  s’unir  contre  leurs  ennemis,  et,  si  cette  union  se  pro¬ 
duit  loyale  et  désintéressée,  j’ai  la  conviction  profonde  quhls  remporteront,  dans  la  France 
entière,  une  éclatante  "victoire* 

Ma  candidature  d’action  et  de  défense  républicaines  est  celle  d’un  enfant  du  pays,  issu 
d’une  J’a mil ie connue  pour  son  attachement  à  là  République  \  mon  programme,  celui  d’un  ardent 
républicain  décidé  à  chercher  la  solution  des  problèmes  sociaux  danis  une  marche  constante 
vers  cet  idéal  de  justice  et  d’égalité  qui  est  le  but  de  notre  démocratie,  mats  opposé  à  toutes 
les  expériences  stériles  et  aux  utopies  qui,  malgré  leur  aspect  parfois  séduisant,  sont  la 
négation  même  du  progrès. 

J’estime  que  nous  ne  saurions  trop  nous  mettre  en  garde  contre  les  réactionnaires  dé¬ 
guisés  sous  le  masque  nationaliste,  dont  les  agissements  ont  pour  unique  résultat  d’entretenir 
dans  la  nation  une  agitation  dangereuse  et  des  divisions  qui  se  font  sentir  jusque  dans  les 
rangs  de  notre  armée,  qu’on  cherche  à  détourner  de  ses  devoirs  envers  le  gouvernement 
légal  du  pays. 

Le  cléricalisme  m’apparaît  comme  un  péril  sans  cesse  renaissant,  que  les  républicains 
devront  conjurer  e  i  réclamant  l’application  rigoureuse  de  la  loi  sur  Ses  associations,  volée 
Pan  dernier  grâce  aux  efforts  courageux  et  persévérants  de  Pémineot  Président  du  Conseil 
des  ministres,  M.  vfaldeck- Rousseau* 

Je  considère  que  la  liberté  de  conscience  ne  peut  être  complète  sans  la  séparation  des 
Églises  et  de  l’État,  et  je  regarde  le  Concordat  comme  uo  régime  suranné  qui,  eût  plaçant  le 
clergé  sous  la  dépendance  de  deux  pouvoirs  rivaux  peu  faits  pour  tfeû tendre,  lui  permet  de 
se  dire  opprimé*  alors  qu’il  ne  renferme  cependant  aucune  garantie  Sérieuse  vis-à-vis  du 
fonctionnaire  religieux,  quand  celui -se  mêle  aux  luttes  des  partis  et  se  livre  à  des  ataques 
contre  le  gouvernement. 

Le  droit  d’enseignement  ne  doit  appartenir  qu’à  PÉtat,  la  plupart  de  ceux  auxquels  un 
législateur  imprévoyant  Pavait  accordé  s’ea  étant  fait  une  arme  pour  combattre  nos  institu¬ 
tions,  prêcher  la  haine  de  la  société  républicaine  et  étouffer,  chez  les  jeunes  gens  qu’on 
leur  confie,  toutes  les  idées  de  liberté  et  d’égalité. 

Il  est  nécessaire  de  transformer  notre  système  d’impôis  et,  pour  faire  cesser  les  inéga¬ 
lités  des  charges  fiscales,  de  remplacer  la  cote  personneUe-mobiîière  et  la  contribution  des 
pertes  et  fenêtres  par  un  impôt  sur  le  revenu*  Mais  je  ne  crois  pas  réalisable  le  principe 
d’un  impôt  personnel,  global  et  progressif,  dont  ou  a  montré  les  dangers  et  les  difficultés 
d’application  \  l’impôt  sur  ie  revenu,  tel  que  je  le  conçois,  serait  établi  d'après  les  signes 


N°  1162 


-  m  - 


extérieure!  de  la  richesse  et  épargnerait  les  revenus  du  travail,  pour  frapper  le  capital  acquis, 
avec  un  dégrèvement  complet  pour  les  revenus  inférieurs  à  deux  mille  francs  et  un  dégrè¬ 
vement  partiel  en  faveur  des  contribuables  chargés  de  famille. 

le  suis  également  partisan  de  la  réduction  à  deux  années  du  service  militaire,  égal 
pour  tous,  en  maintenant  seulement  les  dispenses  pour  les  soutiens  de  famille,  de  la  sup¬ 
pression  des  treize  jours,  de  la  diminution  des  frais  de  justice,  de  la  réduction  des  tarifs  de 
transport,  de  l’organisation  de  caisses  de  retraites  pour  les  travailleurs  des  villes  et  des 
campagnes,  de  la  suppression  des  prestations,  et  de  toutes  les  mesures  qui  auront  pour 
effet  de  protéger  et  de  développer  la  petite  propriété  rurale,  Jo  réclamerai  surtout  des  éco¬ 
nomies  budgétaires,  qui  sont  encore  le  moyen  le  plus  sur  d’alléger  les  charges  pesant  sur 


les  contribuables. 


Mes  chers  Concitoyens, 


Je  ne  veux  pas  faire  briller  à  y  os  yeux  de  fallacieuses  promesses.  Si  vous  m’accordez 
vos  suffrages,  je  m’efforcerai  de  mériter  votre  confiance  ;  mes  convictions  politiques  sont 
inébranlables  et  vous  pouvez  être  assurés  que3  dans  tous  mes  actes,  je  m'inspirerai  de  Tin- 
térôt  supérieur  de  la  République. 


|j 


—  976  — 


VIENNE  (HAUTE-) 


Circonscription  de  BELL  AG 
M.  VACHERIE 

Elu  au  l6r  tour  de  scrutin.  —  11.131  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Il  y  a  quatre  ans,  vous  m’avez  témoigné,  en  m’accordant  8.  !|Û0  suffrages,  une  confiance 
dont  j’espère  être  resté  toujours  digne.  Si  le  résultat  de  l’élection,  faite  an  milieu  des  pas¬ 
sions  déchaînées  contre  la  République  n’a  pas  assuré  le  triomphe  de  la  démocratie,  il  n’en 
a  pas  moins  créé  entre  nous  des  liens  durables  d’estime  et  de  sympathie. 

Aujourd’hui,  désigné  comme  candidat  à  l’élection  législative  du  27  avril  par  le  comité 
républicain  de  l’arrondissement,  composé  de  tous  les  Maires,  Conseillers  généraux  et  Con¬ 
seillers  d’arrondissement  républicains,  je  viens  solliciter  vos  suffrages. 

La  consultation  du  27  avril  est  grave,  elle  décidera  des  destinées  du  pays  qui  n’hésitera 
pas  à  mettre  un  terme  aux  entreprises  et  aux  agissements  factieux  de  cette  nouvelle  coali¬ 
tion  de  tous  les  ennemis  de  la  République  et  h  rejeter  les  intrigues  audacieuses  des  natio¬ 
nalistes,  royalistes,  cléricaux  ou  césarîens,  pour  marcher  résolument  dans  une  voie  de 
progrès  et  de  réformes. 

Vous  aurez  à  vous  prononcer  pour  la  République,  la  liberté  et  la  démocratie  contre  le 
cléricalisme  et  la  réaction.  Ne  vous  laissez  pas  séduire  par  ceux  qui,  jusque-là,  n’ont  eu 
pour  guide  que  leur  haine  perfide  et  déguisée  de  nos  institutions  démocratiques. 

Aujourd’hui,  plus  que  jamais,  il  faut  de  la  franchise  et  de  la  sincérité. 

Vous  savez  qui  je  suis;  vous  me  connaissez  assez  pour  savoir  que  je  n’ai  jamais  failli  à 
mon  passé  politique,  et  que  je  ne  vous  ferai  jamais  de  promesses  que  je  ne  puisse  tenir.  Je 
ne  suis  pas  de  ceux  qui  changent  et  qui  tournent. 

Nous  devons  opposer  à  la  politique  de  résistance  et  de  recul,  une  politique  loyale  qui 
sache  résoudre,  sans  violence  comme  sans  faiblesse,  les  réformes  sociales  que  nous  de¬ 
mandent  la  justice  et  le  devoir  de  solidarité. 

Nous  voulons  un  gouvernement  clairvoyant  et  résolu  qui,  s’appuyant  sur  une  majorité 
essentiellement  réformatrice,  fasse  respecter  le  principe  et  les  lois  fondamentales  de  la 
République  et  fasse  aboutir  les  grandes  réformes  qui  s’imposent  : 

Remanier  notre  système  fiscal  ;  organiser  l’impôt  général  sur  le  revenu,  pour  remplacer 
des  contributions  injustes  et  mal  établies,  appelant  chaque  citoyen  à  contribuer  aux  charges 
publiques  suivant  ses  facultés. 

Assurer  aux  vieillards  et  aux  invalides  du  travail,  par  la  création  décaissés  de  retraites, 
les  ressources  indispensables  à  leur  existence. 

Réduire  à  deux  ans  le  temps  de  service  dans  l’armée  active,  avec  la  plus  stricte  égalité, 
afin  de  constituer  une  armée  solide  pour  la  défense  nationale,  en  allégeant  les  charges  des 
familles. 


N°  H'i>2 


—  977  — 

Créer  ou  développer  les  institutions  de  mutualité,  de  prévoyance  ou  d’assistance,  en 
(«misant  le  groupement  des  forces  et  des  volontés,  ou  en  stimulant  des  initiatives  mdm- 
diielles,  toutes  mesures  qui  ont  pour  aboutissant  ultime  de  garantir  à  chacun  t  existence 

libre  et  honorée  par  le  travail.  ,  ,,  ,  , 

\vec  le  respect  absolu  dés  droits  de  la  conscience,  l’Etat  n’a  pas  qualité  pour  s'occupe 
d’affaires  religieuses.  Sa  neutralité  est  la  condition  de  la  liberté  de  tous.  La  séparation  des 
Églises  et  de  l’État,  l’abrogation  de  la  loi  d’enseignement  de  1850,  due  loi  Failoux,  sont  des 

masures  qui  s’imposent*  „  .  T  * 

La  réforme  de  notre  système  d’impôts,  le  dégrèvement  de  l'impôt  foncier,  la  diffusion 
de  l’enseignement  agricole,  le  crédit  agricole  véritablement  constitué,  la  diminution  des 
L  de  transport  pour  les  produits  agricoles  et  les  engrais,  constituent  une  protection 
dlficace  pour  notre  agriculture,  qui  est  la  principale  source  de  notre  richesse  et  qui  lut  e 
Démêlement  dans  les  dures  conditions  économiques  qui  lui  sont  faites. 

J’apporterai  au  Parlement  la  sollicitude  active  dont  j’ai  toujours  fait  preuve  au  Conseil 
Générai  pour  les  intérêts  de  notre  arrondissement,  au  premier  rang  desquels  je  mets  la 
construction  des  chemins  de  fer  du  Dorât  à  Magnac-Laval,  et  de  Confolens  a  Bellac. 

Mes  chers  Concitoyens, 

La  République  a  entrepris  une  noble  tâche,  c’est  l’émancipation  légale,  pacifique  et 

cûiüpiètG  de  la  démocratie.  „  *  t 

Pour  la  réaliser,  nous  faisons  appel  à  l’ union  de  tous  les  démocrates  smceres,  de  tous 
les  hommes  qui  veulent  des  réformes  et  des  solutions  pratiques,  qui  veulent  assurer  1  eta¬ 
blissement  définitif  de  la  justice  et  de  la  liberté.  , 

J’ai  pleine  confiance  dans  le  triomphe  définitif  de  notre  cause  et  je  compte  sur  le  boi 
sens  populaire,  qui  saura  écarter  des  hommes  qui  se  disent  républicains  en  s’entourant  de 
tous  les  ennemis  de  la  démocratie  et  de  la  République  ! 


Vive  la  République  1 


Dr  Henri  VACHERIE, 
Candidat  républicain  radical, 
Maire  de  Rançon, 
Président  du  Conseil .  général. 


1™  circonscription  de  LIMOGES 
M.  LARUSSIÈRE 

Élu  au  lec  tour  de  scrutin.  —  12.958  voix. 


Citoyens, 

Je  viens  encore  une  fois  solliciter  vos  suffrages.  ,  .  , 

Il  me  suffirait  de  me  recommander  de  mon  dévouement  absolu  a  la  démocratie,  de 
mou  inaltérable  attachement  à  la  République  pour  être  assôre  que  votre  confiance  ne  me 

fera  MaL^cesTitres  ne  sauraient  suffire  aujourd’hui  à  ceux  qui  aspirent  à  l’honneur  de 
représenter  le  peuple,  dont  les  libertés  sont  de  plus  en  plus  menacées. 

123 


—  978  — 


Les  vieux  partis  n'ont  pas  encore  désarmé  ;  ils  s’apprêtent,  sous  le  couvert  d’un  patrio¬ 
tisme  de  tréteaux,  à  livrer  une  furieuse  bataille  aux  amis  du  progrès  eL  de  la  liberté. 

Il  faut,  une  fois  pour  loutes^baltre  et  disperser,  sinon  écraser,  ces  irréductibles  ennemis 
du  progrès  social  et  de  T  es  prit  humain. 

Il  faut  des  hommes  résolus  à  défendre  envers  et  contre  tous  les  principes  républicains 
les  lois  laïques,  les  réformes  si  péniblement  arrachées  aux  dirigeants. 

Citoyens, 

Depuis  bientôt  oeuf  années  que  J’ai  Phonfteur  de  vous  représenter  à  la  Chambre,  vous 
avez  pu  apprécier  mon  attitude,  juger  mes  actes. 

Comme  par  le  passé,  je  me  dévouerai  à  la  chose  publique,  je  défendrai  vos  intérêts  et 
tous  nies  ellorts  tendront  à  faire  aboutir  les  reformes  inscrites  dans  le  programme  socia¬ 
liste. 


Citoyens, 

L’heure  est  grave.  Le  scrutin  du  27  avril  marquera  dans  notre  histoire  la  date  d'un  des 
plus  rudes  combats  livrés  par  les  réactions  coalisées  au  grand  parti  républicain. 

Il  faut  vaincre  et  en  finir  avec  ceux  qui  arrêtent  tout  progrès. 

Pas  de  défaillances]  Pas  d’abstentions! 

La  force  de  vos  mandataires  sera  d’autant  plus  grande  que  le  nombre  de  ceux  au  nom 
desquels  ils  parleront  sera  plus  imposant. 

Vive  la  République  démocratique  et  sociale  I 

Emile  LÀBUSSIÈRE, 

Député  sortant.  Conseiller  général, 
Maire  de  Limoges. 


24î  circonscription  de  LIMOGES 

M.  TOÜRGNOL 

Elu  au  lor  tour  de  scrutin.  —  12.016  voix. 


Électeurs, 

La  République  est  en  danger  ;  les  épaves  de  tons  les  régimes  déchus,  les  monarchistes, 
les  bonapartistes,  les  méimistes,  les  nationalistes,  les  congréganistes  et  les  cléricaux  ne 
forment  qu’un  bloc  pour  donner  un  dernier  assaut  à  la  République. 

La  Ligue  des  Patriotes  et  Jes  cinq  autres  ligues  réactionnaires,  les  Jésuites  et  les 
Assomption  ms  tes,  les  grandes  dames  de  Paris  et  de  la  province  ont  ouvert  tout  ^rands 
leurs  colïres-forts pour  en  faire  sortir  le  nerf  de  la  guerre;  etec  sont  des  centaines  de  mille 
franco  qu  iis  distribuent  à  chacun  de  leurs  candidats,  pour  essayer  d’acheter  les  électeur 
peur  payer  la  presse,  afin  de  bien  lui  faire  traîner  dans  la  boue  les  candidats  républicains 
et  de  soudoyer  le  plus  de  sous-candidats  possible. 

Suis  réussissaient  dans  leur  néfaste  entreprise,  c’en  serait  fait  de  nos  libertés  si  chè¬ 
rement  acquises,  c’en  serait  fait  de  nos  admirables  lois  scolaires  et  militaires,  ç’eu  serait 


—  979  —  N*  H  62 

I  fait  de  la  Caisse  de  retraites  des  vieillards  et  des  invalides  du  travail,  dont  le  principe  vient 
'  d'être  voté. 

Vous  n’auriez  pas  l’impôt  global  et  progressif  sur  le  revenu,  destiné  à  dégrever  la  pro- 
l|riétéj  le  petit  commerce  et  le  travailleur,  si  lourdement  grevés  ;  vous  n'auriez  pas  les 
[  réformes  judiciaires  ;  vous  ne  verriez  pas  la  suppression  des  congrégations  d’hommes  et  de 
f  femmes,  si  prés  pourtant  d’être  réalisée. 

Vous  ne  verriez  pas  la  séparation  de  l’Eglise  et  de  l’État, 

C’en  serait  fait  de  la  réduction  du  service  militaire  à  2  ans,  ainsi  que  de  la  suppres¬ 
sion  des  28  jo»r s  et  des  13  jours. 

Électeurs, 

Si  vous  votez  pour  3e  candidat  de  la  réaction  et  des  curés,  pour  M*  Demartial,  vous  prô- 
S  parerez  la  marche  en  arrière.  Si  vous  votez  pour  moi,  vous  voterez  pour  la  marche  en 
[  avant,  pour  la  réalisation  du  programme  humanitaire  basé  sur  le  sentiment  de  la  justice, 
|  respectueux  de  la  propriété  d’autrui,  mais  exigeant  que  le  riche  paye  un  impôt  proportion¬ 
nel  à  sa  fortune,  et  que  le  petit  paye  point  ou  peu. 

Électeurs, 

Vous  méconnaissez,  vous  savez  ce  que  j’ai  fait  pour  la  démocratie,  pour  le  départe- 
|  ment,  pour  les  communes  de  ma  circonscription  et  pour  vos  intérêts  personnels. 

Mon  passé  vous  répond  de  l’avenir* 

Si  vous  rae  conservez  votre  confiance,  si  je  suis  encore  votre  député,  je  vous  donne 
I  l’assurance  que  je  défendrai  vos  intérêts  avec  toute  l’énergie  que  vous  me  connaissez,  que 
je  lutterai  avec  courage  contre  les  empiètements  du  cléricalisme,  du  capitalisme  et  de  la 
S  ploutocratie;  qu’en  un  mot,  je  défendrai  le  programme  démocratique  que  vous  avez 
[  acclamé  dans  mes  diverses  réunions* 

A  sa  réalisation,  je  consacrerai,  dans  la  plénitude  de  mon  indépendance,  toute  ma  vi- 
?  ^ueur,  toute  mon  intelligence,  tonte  mon  opiniâtre  ténacité* 

Vous  me  trouverez  ardent  à  la  lutte,  toujours  sur  la  brèche,  comme  au  16  Mai,  comme 
à  l’époque  du  boulangisme,  ne  craignant  ni  les  coups,  ni  la  venimeuse  morsure  de  la 
!.'  calomnie. 

Citoyens,  aux  urnes,  pour  conserver  les  conquêtes  de  la  République  et  faire  triompher 
le  droit,  la  justice  et  le  progrès  social. 

Vive  la  République  démocratique  î 

I.  TOÜRGNOL, 

Député  Radical  socialiste. 
Conseiller  général.  Maire  de  Saint-Léonard, 
Officier  de  l’Instruction  publique, 
Principal  honoraire* 

N.  B.  —  Je  préviens  mes  amis  que  les  manœuvres  de  mes  adversaires  ne  sauraient 
m'émouvoir*  Elles  ne  me  feront  pas  déroger  aux  règles  de  la  courtoisie,  auxquelles  je  me 
j  suis  toujours  loyalement  conformé*  Qu’ils  n’attendent  pas  de  moi  des  placards  ou  des  para- 
i  filets  de  la  dernière  heure*  Je  repousse  ces  procédés  commeétant  indignes  d’un  républicain 
et  d'an  honnête  homme. 

Quant  à  ce  que  mes  adversaires  peuvent  faire  ou  dire  à  mon  encontre*  je  n'ai  pas  à  y 
prendre  garde.  Ma  vie  et  celle  des  miens  sont  a  l'abri  de  tonte  snspïsckm,  dans  le  passé 
comme  dans  îe  présent.  Mes  opinions  politiques  n'ont  jamais  varié  et  mes  convictions  sont 
inébranlables* 

Que  les  vipères  essaient  de  mordre  maintenant.  Je  laisse  au  bon  sens  et  à  la  loyauté 
J  du  suffrage  universel  le  soin  de  leur  briser  les  dents* 


Circonscription  de  ROCHE  G  HOU  ART 

M.  GODET 

Elu  au  lor  tour  de  scrutin.  —  8 . 073  voix. 


Mes  cli ers  Concitoyens, 

En  1898,  vous  m'avez  fait  l’honneur  ne  m’envoyer  siéger  à  la  Chambre,  en  m’accordant 
8.3£i7  suffrages  et  4.30 ù  voix  de  majorité. 

Je  me  suis  efforcé  de  rester  digne  de  votre  confiance,  et  je  viens  vous  demander  le 
renouvellement  de  mon  mandat  avec  le  même  programme. 

La  majorité  que  les  électeurs  de  France  ont  envoyée  siéger  à  la  Chambre  ne  nous  a  pas 
permis  de  réaliser  ce  programme  dans  ses  points  essentiels,  et  nous  avons  dû  nous  occuper 
surtout  de  défendre  la  République,  instrument  nécessaire  de  tout  progrès  social,  contre  les 
attaques  des  restes  coalisés  du  cléricalisme  et  de  la  réaction. 

Nous  avons  trouvé,  pour  cette  œuvre,  un  auxiliaire  puissant  dans  le  ministère  Waldeck- 
Roussçau.  Je  Fai  soutenu  avec  Fénergie  que  j’aurais  mise  à  combattre  tout  cabinet  s’ap¬ 
puyant  à  droite. 

La  loi  sur  les  associations  a  marqué  le  principal  effort  de  notre  œuvre  de  défense  répu¬ 
blicaine.  En  la  votant,  nous  avons  consacré  le  principe  de  la  faculté,  pour  tous  les  citoyens, 
de  s’associer  librement,  et  nous  nous  sommes  réservé  des  armes  contre  les  congrégations 
qui,  trop  habiles  à  exploiter  la  religion,  devenaient  de  redoutables  puissances  financières 
et  politiques,  et  nous  préparaient  dans  l’ombre,  par  ^instruction  donnée  aux  enfants,  deux 
F  rances  ennemies. 

Partisans  de  la  liberté  de  penser,  nous  respectons  la  liberté  de  croire,  et  nous  voulons 
assurer  à  chacun  la  libre  pratique  de  sa  religion;  mais  nous  ne  voulons  qu’en  aucun  cas  la 
religion  puisse  être,  pour  un  parti  politique,  une  arme  de  combat. 

Louvre  de  défense  n'a  pas  absorbé  tous  nos  soins,  et  nous  avons  voté  quelques  lois 
utiles  :  la  loi  sur  les  successions  dont  le  tarif  s’accroît  en  raison  de  l'éloignement  de  la 
parenté  et  do  chiffre  de  la  fortune,  sans  que  ces  droits  puissent  désormais  frapper  les 
dettes;  une  reforme  du  régime  hypothécaire,  une  révision  des  tarifs  de  procédure  qui  per¬ 
mettra  aux  moins  favorisés  de  la  fortune  de  défendre  leurs  droits  sans  continuer  de  s'appau¬ 
vrir.  Nous  avons  supprimé  presque  totalement  les  droits  sur  le  vin  et  la  bière,  ainsi  que  la 
taxe  militaire,  et  pris  des  mesures  contre  l'alcoolisme  qui  menace  la  raison  et  la  santé 
humaines.  Enfin  nous  avons  créé  Tannée  coloniale,  afin  que  vos  fils  ne  soient  plus  arrachés 
au  sol  de  la  France  pour  être  envoyés  aux  colonies. 

La  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans,  dont  j’aî  été  Tuo  des  promoteurs,  votée 
en  principe  par  la  Chambre,  sera  certainement  votée  par  le  Sénat  et  bientôt  appliquée,  ca 
attendant  l'époque,  qu’il  faut  souhaiter  rapprochée,  où  une  nouvelle  réduction  du  sàrvice 
militaire  pourra  être  faite  sans  danger  pour  la  sécurité  de  la  Patrie., 

Je  n'avais  pas  promis,  en  1898,  la  suppression  des  vingt-huit  jours  et  des  treize  jours. 
Je  ne  Tai  pas  votée  pour  deux  raisons.  Il  importait  d’abord  de  ne  pas  affaiblir  l'alliance 
franco-russe;  ensuite,  c’est  au  moment  où  sera  refaite  la  lot  militaire  qu’il  convient  d'édicter 
des  mesures  nouvelle*.  Porter  atteinte  ù  la  puissance  de  notre  armée  ce  serait  nous  exposer 
ii  subir  le  joug  de  l'Allemagne,  qui  nous  imposerait  un  service  militaire  bien  plus  dur  que 
notre  chère  et  belle  France. 

Aujourd’hui  l'alliance  franco-russe  est  plus  solide  que  jamais,  et  nos  relations  avec 


_  981  —  N°  1162 

l’italie  sont  devenues  meilleures.  Je  voterai  la  suppression  des  vingt-huit  jours  et  des  treize 
jours  en  môme  temps  que  la  loi  nouvelle. 

Notre  œuvre  ne  doit  pas  être  seulement  politique,  elle  doit  être  sociale  . 

Dans  cet  ordre  d'idées,  nous  avons  voté  la  loi  sur  les  conditions  du  travail  dans  les 
ateliers  et  manufactures,  celles  sur  la  santé  publique,  sur  la  réduction  progressive  à  huit 
heures  de  la  journée  de  travail  dans  les  mines,  et  sur  le  repos  hebdomadaire,  marquant 
ainsi  notre  volonté  de  préparer,  par  des  progrès  pacifiques,  un  nouvel  avenir. 

Le  principe  des  retraites  ouvrières  est  adopté.  La  loi  mise  en  discussion  ne  comprenait 
pas  les  colons  et  métayers,  mais  j'avais  demandé,  par  un  amendement,  qu’elle  s’appliquât 
â  tous  les  travailleurs,  aussi  bien  delà  terre  que  de  l’usine  et  de  l’atelier.  Cette  loi  serait 
déjà  votée  sans  les  réclamations  auxquelles  elle  a  donné  lieu  concernant  les  retenues  sur  les 
salaires.  Soumise  à  une  nouvelle  étude,  elle  aboutira  dans  la  législature  qui  va  s’ouvrir,  et 
bientôt  tout  travailleur  aura  la  certitude  de  ne  pas  mourir  de  faim  sur  ses  vieux  jours,  car 
il  recevra  une  pension  de  l’État. 

U  fa  ut  y  ajouter  :  1°  l’organisation  d’un  fonds  de  secours  contre  la  maladie,  les  accidents, 
l’invalidité  et  le  chômage,  pour  les  travailleurs  de  tout  ordre  ;  2°  l’organisation  d’un  fonds 
d'assurances  contre  la  destruction  des  récoltes  et  la  perte  des  animaux  soit  par  accidente, 
soit  par  maladies. 

Ces  créations  exigeront  des  sommes  considérables,  qu’on  ne  peut  demander  à  l’impôt. 
L’État  se  les  procurera  en  exploitant  lui-même  certaines  industries  telles  que  les  chemins 
de  fer,  la  raffinerie  des  sucres,  des  pétroles  et  de  l’alcool. 

L’insuffisance  des  lois  sur  le  crédit  agricole  laisse  l’agriculieur  désarmé  vis-à-vis  des 
spéculateurs  et  le  place  dans  la  nécessité  de  contribuer  lui-même  à  rabaissement  des  cours, 
en  offrant  sa  marchandise,  lorsqu’il  a  besoin  d’argent,  alors  qu’à  l’aide  du  crédit  il  pourrait 
attendre  le  moment  propice  à  la  vente.  N’ayant  pu  faire  adopter  par  le  Parlement  les  me¬ 
sures  propres  à  modifier  celte  situation,  j’ai  tenté,  avec  le  concours  de  M.Teisserenc  deBort 
et  d’au  ires  hommes  compétents,  de  créer,  par  l’initiative  privée,  la  Banque  centrale  agricole 
qui  devait  jouer,  dans  le  crédit  agricole,  le  même  rôle  que  la  Banque  de  France  dans  le 
crédit  industriel  et  commercial.  Mes  fonctions  y  étaient  graduites.  Nous  nous  sommes 
heurtés  au  mauvais  vouloir  des  puissances  financières  qui,  non  contentes  de  faire 
échouer  notre  œuvre,  nous  ont  attaqués  dans  la  presse.  Fai  méprisé  ces  attaques  calom¬ 
nieuses,  comme  vous  les  méprisez  vous-mêmes.  Elles  ne  me  rebutent  pas.  Je  proposerai  à  la 
prochaine  Chambre  la  création  d’une  Banque  centrale  agricole,  sans  laquelle  le  crédit  n’a  ni 
unité  ni  puissance. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Je  me  résume,  et  voici  le  programme  que  je  soumets  à  votre  appréciation.  Je  n’ai,  pas 
la  prétention  d’énumérer  toutes  les  réformés.  Je  cite  celles  qui  peuvent  être  accomplies 
dans  la  prochaine  législature. 

Impôt  progressif  sur  le  revenu,  avec  larges  dégrèvements  à  la  base,  destiné  à  remplacer 
peu  à  peu  les  quatre  contributions  directes  (impôt  personnel-mobilier,  des  portes  et 
fenêtres,  de  la  propriété  bâtie  et  non  bâtie),  les  patentes  et  les  prestations. 

Faculté  pour  l’État  de  se  procurer,  parla  création  de  certains  monopoles,  tels  que  ceux 
des  chemins  de  fer,  de  la  raffinerie  des  sucres,  des  péiroles  et  de  l’alcool,  les  ressources 
qui  lui  sont  nécessaires,  au  lieu  de  les  demander  à  l’impôt. 

Réduction  du  service  militaire  à  deux  ans  par  la  suppression  des  dispenses.  Suppression 
des  vingt-huit  jours  et  des  treize  jours. 

Constitution  par  l’État  d’un  fonds  de  secours  pour  tous  les  travailleurs  de  l’agriculture, 
du  commerce  et  de  Fmdu&trie,  contre  les  risques  de  maladie,  d’invalidité,  d’accidents,  de 
vieillesse  et  de  chômage. 

Organisation  de  ce  fonds  de  secours  sans  prélèvement  sur  les  salaires,  et  subsidiaire¬ 
ment  limitation  du  prélèvement  opéré  sur  les  salaires  au  tiers  de  la  contribution  totale,  les 
deux  autres  tiers  devant  être  fournis  par  l'État  et  les  employeur 


Organisation  par  l'État  d'un  fonds  d’assurances  contre  3a  destruction  des  récoltes  et  la 
perte  des  animaux,  soit  par  accidents,  soit  par  maladies* 

Création  de  Syndicats  agricoles.  (La  loi  de  18 84  donne  aux  ouvriers  de  la  terre, 
colons  et  métayers,  îe  droit  de  s'associer  pour  défendre  leurs  intérêts,  comme  tes  ouvriers 
des  villes.) 

Création  par  l'État  d’une  Banque  eentrale'agricole  devant  consentir  aux  petits  cultiva¬ 
teurs  des  prêts  à  long  terme  et  à  taux  réduit. 

Gratuité  de  V enseignement  professionnel,  secondaire  et  supérieur  par  l'augmentation 
des  bourses,  dès  que  l'État  se  sera  procuré  les  ressources  nécessaires. 

Émancipation  des  consciences  par  l'éducation  et  la  morale,  de  manière  à  préparer,  en 
créant  des  hommes  libres,  la  véritable  séparation  des  Églises  et  de  l’État. 

Maintien  des  tarifs  de  douane  qui  protègent  l'agriculture  contre  l'envahissement  des 
animaux  étrangers,  donnent  la  stabilité  aux  cours  de  nos  foires  limousines  et  permettent  au 
travail  national  de  lutter  contre  la  concurrence  des  pays  rivaux. 

Diminution  des  gros  traitements.  Emploi  des  économies,  ainsi  réalisées,  h  l’augmen¬ 
tation  des  traitements  des  petits  employés  de  l’État. 

adjudication  des  bureaux  de  tabac. 

Secret  du  vote  assuré  par  le  vote  sous  envelope,  toutes  les  enveloppes  étant  pareilles 
et  fournies  par  l’État. 

Suppression  du  permis  de  cbasse  et  subsidiairement  création  du  permis  temporaire  à 
0,25  ou  0,50  centimes. 

Augmentation  de  la  compétence  des  juges  de  paix,  de  manière  à  placer  la  justice  mieux 
à  portée  du  contribuable  et  à  diminuer  léserais. 

Électeurs, 

Les  anciens  partis,  malgré  leurs  défaites,  se  ruent  à  l'assaut  de  notre  République.  Ne 
pouvant  plus  vaincre  en  montrant  leurs  drapaux,  ils  les  cachent  sous  le  masque  nationaliste 
ou  républicain* 

Vous  ne  vous  laisserez  pas  tromper  par  cette  ruse*  Vous  arracherez  le  masque  derrière 
lequel  s'abrite  la  réaction. 

Ils  poussent  plus  loin  l'audace  et  veulent  vous  acheter. 

Vous  repousserez  cette  suprême  injure. 

Le  Peuple  ne  se  vend  pas. 

Je  me  présente  à  vous,  fier  de  porter  toujours  le  même  drapeau,  non  pas  les  poches 
pleines  d’or,  mais  fort  de  mon  passé,  pour  défendre  et  faire  triompher  vos  droits.  Vingt  et 
un  ans  de  luttes  m'ont  appauvri,  mais  n'ont  point  abattu  mon  courage. 

Sans  doute,  je  n'ai  pu  contenter  tout  le  monde.  Ceux-là  seuls  qui  n’ont  rien  fait  sont 
exempts  de  critique.  Mais  j'ai  mis  au  service  de  la  République  ma  fortune  et  mon  travail 
avec  toute  l'ardeur  d’une  foi  qui  reste  inaltérable,  pour  préparer  à  ceux  qui  travaillent  et 
qui  souffrent  un  avenir  meilleur, 

A  vous,  mes  amis,  de  seconder  mes  efforts.  Entrez  hardiment  dans  la  lutte. 

En  avant! 

Sus  à  la  réaction  ! 

En  avant! 

Pour  le  Peuple  et  pour  la  Justice  î 

Jean  GODET, 

Député  sortant. 

Membre  des  Commissions  du  Travail  et  des  Réformes  fiscales* 
Membre  du  Conseil  supérieur  de  l'agriculture. 


—  983  — 


N“  H62 


Circonscription  de  SAINT-YRIEIX 

M. ROUTARD 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  9.065  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Le  27  avril  prochain,  vous  êtes  appelés  à  élire  votre  Représentant  à  la  Chambre  des 
Députés* 

le  viens  de  nouveau  solliciter  vos  suffrages. 

Qui  je  suis,  ce  que  je  veux,  vous  Je  savez.  J’ai  déjà  dit,  lorsque  au  mois  de  mai  1898, 
nous  avons  ensemble  làis  en  déroute  ies  ennemis  d’une  vraie  République. 

Dès  le  lendemain  de  la  lutte,  il  m’a  paru  que,  pour  éviter  de  tomber  dans  les  excès  de 
mes  adversaires,  je  devais  renoncer  aux  haines  et  aux  représailles  dont  ils  étaient  coutu¬ 
miers;  aussi  sans  m  attarder  à  faire  de  la  politique  locale  qui  n’aurait  pu  qu’accentuer  des 
querelles  encore  mal  éteintes,  je  me  suis  attaché  à  voter  les  réformes  démocratiques. 

Convaincu  que  le  Député  doit  être  en  relation  constante  avec  ses  électeurs,  j’ai  volé 
contre  le  mandat  de  six  ans. 

Fidèle  à  mes  promesses,  j’ai  voté  toutes  les  lois  dont  le  but  êtaitt  d’alléger  les  charges 
des  moins  fortunés,  d’assurer  des  secours  aux  ouvriers  victimes  d’accidents  survenus  pen¬ 
dant  leur  travail,  de  protéger  les  intérêts  agricoles,  sans  porter  atteinte  à  une  libre  et  utile 
concurrence. 

Et  quand,  au  cours  de  cette  législature,  une  coalition  de  tous  les  ennemis  de  nos  insti¬ 
tutions  démocratiques  a  tenté  de  les  renverser,  j’ai  résolument  soutenu  le  Ministère  de 
défense  républicaine  et,  grâce  a  1  énergie  dont  il  a  fait  preuve,  tout  danger  est  aujourd’hui 
CMijuré. 

Sans  doute  toutes  les  réformes  désirables  ne  sont  pas  encore  réalisées,  mais  on  ne 
saurait  sans  danger  aborder  et  résoudre  en  même  temps  tous  les  problèmes  sociaux.  Il 
serait  téméraire  de  modifier  tout  d’un  coup  et  de  fond  en  comble  la  vie  économique  d’une 
nation. 

Les  impatients  qui  réclament  à  la  fois  toutes  les  réformes  et  vous  les  promettent  à 
brève  échéance  seraient  impuissants  à  faire  honneur  à  leur  parole  si,  demain,  ils  déte¬ 
naient  le  pouvoir.  Mettre  à  l’ordre  du  jour  toutes  les  lois  qui,  à  leur  avis,  sont  nécessaires, 
aurait  pour  résultat  de  n'en  faire  aboutir  aucune. 

J’estime  cependant  que  la  prochaine  législature  devra  créer  une  Caisse  de  retraite  pour 
la  vieillesse  sans  porter  atteinte  au  salaire  des  travailleurs. 

U  suflira,  pour  se  procurer  les  ressources  nécessaires,  de  voter  un  projet  de  loi  sur  le 
revenu,  retardé  jusqu’à  ce  jour  par  d’autres  préoccupations  ;  non  pour  rechercher  par  des 
lois  inquisitoriales  la  fortune  de  chaque  citoyen,  mais  pour  obliger  tous  (es  contribuables  à 
soumettre  à  l’impôt  tous  leurs  capitaux.  N’est-il  pas,  en  effet,  inique  de  voir  les  petits  pro¬ 
priétaires  seuls  assujettis  à  une  lourde  taxe,  alors  que  les  capitalistes  ne  payent  rien,  ou 
presque  rien,  au  Trésor  ? 

Par  voie  de  conséquence,  il  sera  facile  de  dégrever  la  propriété  foncière  et  de  créer  des 
Banques  agricoles  qui,  prêtant  sans  frais  et  à  un  taux  modique  aux  cultivateurs,  leur  per¬ 
mettront  tl’améliorer  leurs  héritages  et  d’en  augmenter  le  rendement. 

Dans  le  même  oïdie  d  idées,  je  soutiendrai  de  tout  mon  pouvoir  toute  mesure  avant 
pour  but  de  favoriser  la  création  de  syndicats  et  de  comices  agricoles  et  d’en  assurer  la 
prospérité. 


—  m  — 

Le  service  de  deux  ans,  égal  pour  tous,  et  dont  je  suis  le  partisan  déterminé,  en  assu¬ 
rant  aux  fils  des  habitants  des  campagnes  et  des  ouvriers  un  prompt  retour  dans  leurs 
foyers,  aussi  bien  que  la  suppression  complète  des  28  et  des  13  jours,  faciliteront  dans  une 
large  mesure  le  travail  rural  et  industriel. 

Et  notre  armée  ne  verra  diminuer  ni  sa  force  ni  sa  valeur,  si,  comme  j’en  suis  sûr,  tous 
nos  jeunes  gens,  dès  leur  présence  au  corps,  tiennent  à  honneur  d’apprendre  rapidement 
leur  service  sous  la  direction  de  chefs  qui  savent  aujourd’hui  qu’ils  doivent  commander  à 
tous  avec  une  égale  bienveillance. 

La  taxe  militaire  devra  être  supprimée. 

Je  m’associerai  également  à  toute  mesure  qui  aura  pour  but  de  diminuer  les  frais  de 
justice,  surtout  dans  les  petits  procès,  où  souvent  les  dépenses  sont  de  beaucoup  supérieures 
à  Fintêrêt  du  litige. 

Respectueux  de  la  liberté  de  conscience,  je  pense  quril  y  aura  lieu  de  rechercher  les 
moyens  de  sauvegarder  les  croyances  des  uns  et  l’indépendance  des  autres. 

Est-il  besoin  de  vous  dire  que  je  serai  personnellement  à  votre  disposition  chaque  fois 
que  yous  aurez  besoin  de  mon  concours  pour  faire  accueillir  une  équitable  réclamation, 
que,  né  à  Saînt-Yrieix,  y  revenant  souvent,  je  serai,  comme  par  le  passé,  tout  heureux  de 
soutenir  partout  et  toujours  les  intérêts  de  mon  arrondissement? 

Citoyens, 

Vous  m’avez  une  première  fois  donné  une  trop  haute  marque  de  confiance  poui  que  je 
puisse  l’oublier  jamais.  Vous  me  la  continuerez  en  m’élisant  le  27  avril,  si,  comme  je  1  espère, 
vous  m’en  jugez  toujours  digne. 

Vive  la  République  1 

Docteur  J.  BOUTARD, 

Député  sortant. 


f- 


985  — 


N°  H  62 


VOSGES 


lre  circonscription  d’ËPINAL 

M.  Camille  KRÀMTZ 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  8.728  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Après  trois  élections  successives  et  onze  années  de  vie  publique,  si  je  me  présente  une 
fois  de  plus  à  vos  suffrages,  c’est  que  l’heure  est  grave  pour  la  République,  pour  la  patrie  et 
pour  la  liberté. 

La  République,  personne,  pour  ainsi  dire,  n’en  conteste  plus  ouvertement  le  principe  ; 
mais  deux  périls  la  menacent  :  la  Révolution  sociale  et  la  dictature. 

La  patrie  :  sa  puissance  financière  ne  peut  résister  longtemps  à  l’exagération  des  dé¬ 
penses  publiques  et  aux  diminutions  de  recettes,  résultant  de  réformes  fiscales  mal 
étudiées;  sa  puissance  défensive  est  ébranlée  par  les  multiples  et  perfides  attaques 
dont  l’armée  nationale  et  notre  organisation  militaire  ont  pu  être  impunément  l’objet. 

La  liberté  enfin  :  contre  elle  se  dressent  tout  à  la  fois  l’esprit  rétrograde  des  jacobins 
modernes  et  l’esprit  révolutionnaire  des  apôtres  de  la  tyrannie  collectiviste. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Fidèle  aux  idées  d'ordre  républicain  et  de  progrès  démocratique  que  j’ai,  à  maintes 
reprises,  développées  devant  vous,  je  crois  avoir  loyalement  tenu  tous  mes  engagements. 

Au  pouvoir  pendant  quelques  mois,  dans  l’opposition  ensuite,  au  cours  de  trois  années 
de  lutte  sans  trêve  contre  le  cabinet  Waldeck-Rousseau-Millerand.par  ma  parole  et  par  mes 
votes,  j’ai  constamment  défendu  la  même  politique.  Je  n’en  soutiendrai  pas  une  autre  à 
l’avenir. 

Eu  me  donnant  encore  une  fois  la  majorité,  vous  direz  que  vous  voulez  avec  moi  : 

Le  respect  absolu  de  toutes  nos  libertés,  de  nos  libertés  politiques  comme  de  la  liberté 
de  conscience,  de  la  liberté  d’enseignement  et  de  la  liberté  du  travail,  sans  oublier  la 
libellé,  pour  le  cultivateur,  de  transformer  a  son  gré  le  pioduit  de  sa  récolt1. 

L’alliance  de  plus  en  plus  féconde  du  capital  et  du  travail,  le  développement,  par  la  mu¬ 
tualité,  des  œuvres  de  solidarité  sociale  et,  parmi  elles,  avant  tout,  la  réalisation  trop 
longtemps  ajournée  des  retraites  promises  aux  travailleurs. 

Vous  direz  que  vous  voulez  i  plus  de  justice  fiscale  et  une  meilleure  répartition  des 
impôts:  que,  dans  nos  budgets,  les  dépenses,  réduites  au  strict  nécessaire,  n’excèdent  plus 
les  recettes  prévues,  et,  pour  atteindre  ce  but,  vous  exigerez  de  vos  élus  le  sacrifice  de  leur 
droit  d’initiative  en  matière  de  crédits,  pour  qu  ils  cessent  enfin  de  prodiguei,  en  de  va, mes 
générosités  électorales,  une  part  toujours  trop  large  du  produit  de  l’impôt. 

Vous  direz  enfin  que,  soucieux  avant  tout  de  la  sécurité  et  de  la  dignité  de  la  patrie, 
vous  voulez  une  armée  nationale  forte  et  disciplinée,  dont  la  puissance  ne  soit  pas  compio- 

m 


/\ 


mise  par  une  réduction  de  la  durée  du  service,  consentie  sans  qu’au  préalable  des 
mesures  efficaces  aient  été  prises  pour  assurer  le  maintien  des  effectifs  et  le  recrutement 
des  cadres* 


Mes  chers  Concitoyens, 


Je  suis  aujourd’hui  ce  que  j’étais  il  y  a  onze  ans  :  républicain  de  cœur  et  de  raison,  je 
persiste  à  penser  que  l’union  de  tous  les  bons  citoyens  est  plus  que  jamais  nécessaire, 
et  je  reste  convaincu  que,  pour  défendre  sûrement  la  République,  la  vraie  méthode  c'est, 
non  pas  de  la  vouloir  exclusive  et  sectaire,  mais  de  la  faire  aimer,  en  ne  la  séparant  jamais 
de  la  patrie  et  de  la  liberté  1 

Vive  la  République  1 


Camille  KRÀNTZ,  Député  sortant, 
Candidat  républicain. 


2Û  circonscription  d’ÉFJNAL 


M,  ifenry  BOUCHER 

Élu  au  £?r  tour  de  acrutia.  B  -  291  voix. 


Messieurs  les  Édeclgqrs, 

Le  troisième  mandat  législatif  que  je  tiens  de  vos  votes  presque  unanimes  va  expirer, 
et  je  viens,  sur  l'invitation  de  quatre-vingts  maires  on  représentants  des  communes  de  la 
2e  circonscription  d’Epinal,  vous  en  demander  le  renouvellement* 

Parmi  les  signataires  des  adresses  qui  m’ont  été  remises,  je  retrouve  tous  mes  anciens 
compagnons  des  luttes  républicaines,  auxquels  les  suffrages  de  leurs  concitoyens  ont  con¬ 
servé  leurs  fonctions;  je  retrouve,  toujours  prêts  à  servir  ay.eç  moi  la  République  patriote, 
libérale  et  progressiste,  rnes^ncieps  correspondants  des  comité  anttiplébiscitaires  de  L86Q, 
les  délégués  républicains  de  1876,  tous qeqx  finün  dont  le  vo,te  et  la  confiance  m’ont  le  plus 
honoré  depuis  28  ans. 

Je  les  remercie  de  ce  témoignage  de  ma  fidélité  aux  principes  qui*  en  dépit  des  clameurs 
d’une  minorité  aveugle  ou  abusée,  restent,  j'en  suis  sur,  ceux  de  la  grande  masse  des  élec¬ 
teurs  vosgiens. 

À  côté  de  ces  noms  qui  me  restent  particulier  ejmçnt  chers,  je  lis  avec  une  égale  recon¬ 
naissance  ceux  d'hommes  honorables  qUG  leurs  doctrines  e£  leurs  souvenirs  éloignent  encore 
trop,  à  mon  gré,  de  la  cause  que  je  sers. 

Dans  leurs  sympathies,  respectueuses  de  iRon  ïadépç&dance  politique,  je  veux  voir  un 
gage  des  progrès  nouveaux  que  doit  faire  dans  notre  pays  Ridée  républicaine  ;  je  les  inter¬ 
prète  comme  une  attestation  précieuse  de  la  façon  dont  j’ai  compris  le  mandat  de  concilia¬ 
tion,  de  tolérance,  d’égaf  respect  des  droits  de  tous^  que  vous  m’avez  confié,  et  dont  j’ai 
te, u jours  inscrit  le  principe  en  tête  de  mes  programma  - 

Messieurs  les  Électeurs,  c’est  encore  et  toujours  un  mandat  de  pacification,  sous  le  dra- 
pecu  de  la  République,  que  je  sollicite  de  vous. 

Un  gouvernement  que  je  m’honore  d’avoir  combattu  a  cherché  dans  la  division  des, 
citoyens,  dans  la  confusion  des  partis  et  dans  la  guerre  de  clauses,  tour  à  tour  un  dérivatif 
et  un  soutien  pour  ses  néfastes  entreprises. 


C’est,  au  contraire,  grâce  à  une  trêve  patriotique  et  par  Fanion  datons  ceux  qui  con¬ 
fondent  dans  un  même  euhe  loyal  la  patrie,  la  République  et  la  liberté,  que  nous  voulons 
marcher  vers  le  progrès  social. 

Si  vous  m’en  confiez  le  mandat,  je  ne  donnerai  ma  confiance  qu’à  un  gouvernement 
nettement  hostile  aux  idées  collectivistes  comme  aux  tentatives  de  restauration  monar¬ 
chique. 

Fidèle  aux  idées  fondamentales  de  la  République,  sanctionnées  par  ta  Déclaration  des 
Droits  de  l'homme,  je  défendrai,  contre  foute  atteinte,  directe  ou  indirecte,  la  liberté  absolue 
de  penser,  qui  comprend  la  liberté  de  croire,  et,  sous  la  garantie  de  là  surveillance 
légitime  de  l’État,  la  liberté  d’enseigner  à  tous  les  degrés,  et  celle  de  s’associer  sous  toutes 
les  formes. 

Je  défendrai  nos  finances,  comme  notre  armée,  contre ■  Vintnision  de  la  politique  et  t  a- 
Taillerai  au  rétablissement  de  l’équilibre- -budgéta îre compromis  par  ces  enchères  électorales 
qui  ont  été  la  honte  de  la  dernière  législature. 

Hostile  à  tout  impôt  vexatoire  et  inquisitorial,  je  m’efforcerai  de  répartir  .également  les 
charges  fiscales  sur  tous  les  revenus,  et  d’alléger  celles  qui  pèsent  sur  les  familles  les  pm£ 
nombreuses. 

Estimant  que  les  lois  sociales  doivent  être  des  instruments  de  pacification  et  mu  des 
armes  de  combat,  je  préconiserai,  pour  leur  élaboration,  la  méthode  qui  m’a  permis  de  faire 
aboutir  la  plus  importante  réforme  sociale  du  dernier  quart  de  siècle,  .sanctionnée  paria 
loi  sur  les  accidents  du  travail. 

Dans  la  préparation  nécessaire  des  institutions  de  .retraites’,  je  ni  efforcerai  de.  les 
rendre  accessibles  indistinctement  anx  travailleurs  agricoles  et  industriels*:!^  voulant  pag 
que  notre  population  soit  divisée^ comme  par  la  loi  Milîerand,  en*  deux  danses,  dent  Fune 
resterait  éternellement  déshéritée. 

Je  chercherai  à  les  établir  sur  la  triple  hase  de  la  mutualité,1  du  concours  de  1  ^tât  et  de 
la  participation'  des  patrons,  mais  en  repoussant  le  principe  de  FobligaëoD,  destructii  des 
Libres  initiatives  en  matière  d’épargne,  et  de  la  capitalisation*  qui;  serait  ruineuse  pour  m 
crédit  de  fa  France. 

Garder  intact  le  crédit  national,  défendre  le  régime  économique  de  48§2  contré  des 
attaques  déjà  menaçantes  ;  maintenir  dans  notre  année  cet  esprit  d’union  et  de  dévouement, 
cette  forte  organisation  qui  n’est  pas  incompatible' avec  la  réduction  prudente  de  la  durue 
du  service;  garantir  la  paix,  à  Finicrieur,  par  la  tolérancej J’esprit  de  justicô  et  oetîè  soli^ 
daritê  sociale  ennoblie  par  l'esprit  national,  à  Fevtérieur,  par  la  prudence  et  la  fermote  ;  .et 
sera,  je  veux  l'espérer,  le  programme  de  la  majorité  des  élus  du  2^  avril,  sév  ci  émeut  pré¬ 
venu  s  contré  des  divisions  nouvelles  par  F  état  de  l’opinion. 

Mais  fa  bonne  volonté  des  élus  serait  vaine,  si  Les  méthodes  du  travail  pariem  entame. 
n’étaient  pas  modifiées. 

Je  me  déclare  ifettement  partisan  de  la  réduction  du  nombre  des  députés,  alors  même 
qu’elle  rendrait  nécessaire  le  rétablissement  du  scrutin  de  liste#  du  renouvellement  y>artiel 
des  Chambres  avec  mandat  de  six  ans,  de  Finterdictîon  aux  députés  de  prendre  F  initiative 
des  dépenses,  leur  devoir  étant  au  contraire  de  les  limiter. 

Je  désire  le  renforcement  du  pouvoir  exécutif  dans  les  limites  de  la  ijonstitutioïi. 

Messieurs  les  Électeurs,  j’ai  toujours  ôté  sobre  de  promesses;  mais  dans  les  circon¬ 
stances  graves  que  traverse  là  France,  j’ai  voulu  préciser  le  mandat  que  je  ^oiïiejfe 
de  vous. 

H  est  d*  accord  avec  les  idées  que  j’ai  servies  pendant  toute  ma  vie  ;  j’y  resterai  fidèle 
dans  le  calme  d’une  inaltérable  conviction,  dédaigneux  dos  outrages  et  des  caiotanies  dont 
votre  sympathie  m’a  déjà  vengé. 

Vive  ia  patrie  1 

Vive  la  République! 

Vive  la  liber#! 

Henry  BOUCHER,  Député  sortant. 
Candidat  républicain. 


ï 

\ 


—  988  — 


Circonscription  de  MIRECOURT 
M.  Léon  GAUTIER 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  9.407  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Les  élections  prochaines  empruntent  à  la  période  troublée  que  nous  traversons  une 
importance  exceptionnelle. 

Ce  n’est  pas  la  forme  du  gouvernement  qui  est  en  jeu.  Le  débat  est  clos  depuis  long¬ 
temps  entre  la  monarchie  et  la  République,  et  le  principe  du  gouvernement  républicain  est 
hors  de  toute  discussion. 

Mais  une  autre  question  se  pose  devant  vous,  aiguë  et  pressante,  depuis  trois  ans. 
Quelle  République  voulez-vous?  La  République  libre  ou  la  République  asservie  à  une 
secte? 

Êtes-vous  avec  les  libéraux  qui  veulent  l’application  intégrale  des  principes  de  89,  ou 
avec  les  jacobins  modernes  qui  nous  ramènent  au  césarisme? 

Êtes-vous  pour  ou  contre  la  liberté  de  conscience,  pour  ou  contre  la  liberté  d’associa¬ 
tion,  la  liberté  de  l’enseignement,  la  liberté  du  travail?  Croyez-vous  qu’il  soit  juste,  quand 
on  accorde  au  peuple  quelques  lambeaux  de  ces  libertés,  d’y  mettre  aussitôt  des  restrictions 
et  des  distinctions  ? 

Êtes-vous  pour  une  République  dépensière,  pour  le  déficit  du  budget,  pour  les  impôts 
mal  réparlis? 

Approuvez-vous  l’ingérence  tyrannique  de  l’État  dans  les  multiples  questions  concernant 
l'assistance,  la  réglementation  du  travail,  les  mutualités,  les  retraites  ouvrières,  les  syn¬ 
dicats  professionnels,  les  assurances  agricoles,  —  questions  vitales  dans  notre  démocratie, 
mais  où  l’État  ne  devrait  intervenir  que  pour  seconder  l’initiative  des  individus  et  stimuler 
l’esprit  de  solidarité  ? 

Croyez-vous  que,  pour  combattre  les  injustices  et  les  misères  sociales,  il  puisse  exister 
une  arme  meilleure  que  la  liberté,  mère  des  bonnes  volontés?  Ou  préférez- vous  qu’on  sup¬ 
prime  la  propriété  individuelle,  les  droits  du  citoyen,  et  qu’on  vous  pousse  tous,  paysans, 
ouvriers,  patrons,  dans  le  bagne  collectiviste? 

Êtes- vous  enfin  pour  ou  contre  le  ministère  actuel,  qui  a  gouverné  avec  ses  ran¬ 
cunes,  livré  l’armée  aux  politiciens  et  rapetissé  la  République  en  la  limitant  à  une 
coterie  ? 

A  ces  questions,  qui  n’en  sont  qu’une  au  fond,  vous  répondrez  par  votre  vote  du 
27  avril. 

En  me  donnant  vos  suffrages,  vous  les  donnerez  à  la  République  libérale. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Ma  candidature  est  une  candidature  de  bonne  foi.  Je  l’ai  posée  non  par  ambition,  mais 
par  devoir,  pour  permettre  à  tous  les  républicains  libéraux  d’affirmer  leurs  convictions  par 
un  vote  courageux. 

J’ignorerai  les  polémiques,  je  dédaignerai  les  attaques  personnelles.  Les  principes  seuls 
sont  en  jeu. 

Je  ne  vous  fais  qu’une  promesse.  Si  je  deviens  votre  député,  je  me  rendrai  tous  les  ans 
dans  nos  cantons  pour  m’entretenir  avec  yous  des  intérêts  de  l’arrondissement,  de  ceux  de 
la  France  et  de  la  République, 

Léon  GAUTIER, 

Conseiller  générai  des  Vosges. 


Circonscription  de  NEUFCHATEAU 

M.  le  comte  d’ALSÀCE,  prince  d’HÉNIN 
Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  10.091  voix. 


Messieurs  et  chers  Concitoyens, 

Par  plus  de  10,300  suffrages  vous  m  avez  nommé,  pour  la  seconde  fois,  il  y  a  quatre  ans 
votre  représentant  à  ïa  Chambre  des  Députés, 

Je  vous  avais  tracé  alors,  à  grands  traits,  ce  qui  devait  être  selon  moi,  la  pensée  domi¬ 
nante  de  ceux  qui  aspirent  à  être  vos  mandataires  : 

«  Faire  fapaisement  parmi  tous  les  citoyens  en  résistant  aux  éléments  de  révolution 
et  de  désorganisation  ; 

w  Défendre  les  grands  principes  de  la  démocratie  moderne  en  assurant  l’harmonie  des 
pouvoirs; 

«  Garantir  toutes  les  libertés  essentielles  en  réalisant,  sans  arrière-pensée,  toutes  les 
réformes  pratiques  de  nature  à  améliorer,  autrement  que  par  des  mots  sonores  ou  par  de 
vaines  théories,  le  sort  du  plus  grand  nombre,  » 

Restant  fidèle  à  mes  promesses  et  considérant  uniquement  les  intérêts  de  la  patrie,  je 
crois  avoir  accompli  mon  devoir* 

Ce  que  je  vous  disais  à  cette  époque  est  encore  plus  exact  au  moment  actuel. 

Je  veux  la  liberté  pour  tous  et  le  respect  de  toutes  les  croyances* 

Je  veux  la  politique  des  économies,  la  décentralisation,  une  révision  de  notre  système 
fiscal* 

Je  demandé  l’examen  désintéressé  des  questions  sociales  dont  la  solution  préoccupe,  à 
si  juste  titre,  les  esprits  éclairés  du  monde  civilisé* 

Je  suis  de  ceux  qui,  convaincus  de  la  nécessité  de  faire  aboutir  les  réformes,  veulen  t 
l'application  sincère  et  raisonnable  de  projets  relatifs  au  développement  de  l’assistance,  de 
h  mutualité  et  de  la  prévoyance* 

La  solidarité  humaine  le  commande  et  la  justice  l’exige,  aussi  bien  pour  les  travailleurs 
des  champs  que  pour  les  ouvriers  de  l’usine* 

Représentant  de  nos  sociétés  agricoles,  je  sais  combien  l’agriculture  souffre  et  combien 
devra  être  la  préoccupation  primordiale  des  pouvoirs  publics  ; 

C’est  à  son  relèvement  que  devront  tendre  nos  constants  efforts. 

Je  n’ai  pas  à  vous  exposer  d’autre  programme  ni  à  vous  soumettre  d’autre  profession 
de  foi* 

Mes  idées,  ma  politique,  ma  vie,  sont  connues  de  tous;  je  les  livre  avec  confiance  â 
ceux  au  milieu  desquels  je  Yis  depuis  trente  ans* 

Vive  la  France  1 
Vive  la  République  l 

Comte  d' ALS  ACE,  Député  sortant, 

*  Ancien  officier. 


990 


C ir  ô enscripticsi  BîEIVlIiftB&iODî  ± 

M,  iïÉLINÉ 

Élu  au  î*  tour  de  scrutin.  —  9.197  voix. 


'  „ 


Mes  chers  Compatriotes, 

Il  V  aura  bientôt  trente  et  un  ans.  j’ai  essayé  de  vons  rallier  tous  autour  du  drapeau  <jff 
la  République  que  je  considérais  comme  le  seul  gouvernement  possible  pour  notre  pay.  le 
seul  capable  de  le  relever  de  ses  ruines,  d’améliorer  le  sort  des  travailleurs  et  de  fondre 
tous  les  partis  en  lutte  dims  lte  ghtfd  parti  de  la  France  républicaine. 

Cette  œuvre  d’union  patriotique,  de  paix  et  de  travail  fécond,  je  1  ai  poursuivie  sans 
relâche  dans  le  Parlement,  depuis  que  j’ai  l’honneur  de  vous  représenter;  et  je  l  a.  debii- 
due  quand  fai  été  au  gouvernement  sans  me  laisser  intimider  par  aucune  violence,  décou¬ 
rager  par  aucune  injustice. 

Je  n’ai  pas  changé  de  programme  et  je  viens  voutf  demander  aujoulrd  hui,  si  vous  me 
croyez  encore  digne  de  votre  confiance,  d’achever  Ce  que  nous  aVtinS  commence  ensemble, 
de  consolider  et  d’améliorer,  au  lieu  delebranlér,  Pédifi  c  que' nous  avons  éléVèau  prix  de 
tânt  d’efforts. 

lia  pour  assise  prmcfpdle  la  liberté,  sMs  laquelle  il  s'écroulerait  îéfitillililemenl,  la 
liberté  sous  toutes  ses  formes,  llr  liberté- politique;  la  liberté  religieuse,  la  liberté  densei- 

gnement,  la  liberté  du  travail.  ■ 

O  grand  principe,  que  j’ai  toujours  soutenu,  que  j’ai  défendu  depuis  deux  ans  contre  e 
ministère  actuel,  constitue  le  fond  de  là  politique’  traditionnelle  du  parti  républicain;  la 
prochaine  Chambre  n’aura  qu’à  le  reprendre  pdür  rétab'ir  là  paix  dans  le  pays  et  mettre  un 

terme  aux  lamentables  dissensions  qui  le  déchirent  et  l’affaiblissent. 

La  tâche  de  la  législature  qui  va  s’ouvrir  sera  immense;  si  éllé  Vêtit  résoudre  les  imioinr 
b  râbles  problèmes  qui  se  poseront  devant  elle  au  point,  de  vue  intérieur  et  extérieur: 
questions  financières  et  économiques,  agricoles  ét  sociales;  milïfàifës  et  coloniales.  Je 
vous  en  ai  entretenus  si  souvent  et  vous  connaisse  Stbïeh  «loii  programmer  què  jé  np 

reviens  pas.  _  ,  ,  .  .  *  ^ 

Elle  devra  surtout,  à  mon  avis',  s'attacher  à  la  question1  financière  et  budgetaire,  qui  est 

la  clef  de  toutes  les  réformes.  „ 

Il  n’y  a  que  la  politique  d’économie  qui  puisse  nous  permettre  dte  faire  du  bien  a  nas 
agriculteurs  et  à  nos  ouvriers.  Elle  est  indispensable  pour  diminuer  le  poids  écrasant  des 
impôts  qui  pèsent  sur  la  tètre  et  rentré  dans  la  im  deS  dégrèvements,  fille  «“est  pas 
moins  nécessaire  aux  travailleurs,  qui  ont  besoin  dû1  etfncoiirs'  Ananclb^de  Ï^Etatponr  la  so 
lotion  des  deux  problèmes  qui  leur  tiennent  le  plus  au  cœur  et  qui  sont  les  plus  pressants 
de  l’heure  actuelle  :  l’organisation  de  l’assistance  pour  les  vieillards  et  les  invalides  du  tra¬ 
vail  et  la  constitution  des  caisses  de  retraites  ouvrières. 

La  prochaine' Gh ambre  ne  pcmrira  réaliser  ce  programme  de  travail  et  accomplir  les 
réformes  que  le  pays  attend  d’elie  qu’à  une  condition:  c’est  que  la  République  puisse 
continuer  sans  obstacle  sa  marche  régulière  en  avant  et  qu’elle  ne  se  sente  menacée  m  s 

gauche  ni  à  droite.  ,  . 

Elle  se  trouve  aujourd’hui,  dans  r élection  de  Remiremont,  en  face  de  ses  deux  éternels 

ennemis  ;  la  révolution  et  la  réaction  coalisées  contre  elle. 


Électeurs, 

Il  Votre  clairvoyance  seule  peut  déjouer  leurs  calculs.  Vous  reconnaîtrez  aisément,  sous 

km  masques  d'emprunt,  la  Révolution  sotdale  qui  repose  sur  la  suppression  du  droit  de 
I  propriété,"’ la  destruction  de  l'armée  et  la  ruine  de  la  Patrie,  et  le  bonapartisme  renaissant 
1  qui  essaie  de  se  dissimuler  derrière  la  formule  captieuse  de  la  République  aruiparlétoen- 
fcaire  et  plébiscitaire.  J 

I  Ùeux  fois  en  moins  d'un  siècle,  ta  politique  bonapartiste  a  fait  son  apparition  dans 
I  notre  pays  et  deux  fois  elle  a  conduit  la  France  aux  abîmes. 

File  a  toujours  débuté  par  le  coup  d’État  et  elle  a  toujours  fini  par  la  guerre  et  le  dè- 
\  membrement.  du  territoire. 

Croyez-moi,  ne  recommencez  pas  une  troisième  expérience:  c'est  te  dernier  conseil 
f  d'un  ami  sincère  qui  ne  vous  a  jamais  trompés. 

Mes  chers  Compatriotes, 

Je  ne  vous  dirai  pas  un  mot  de  moït  de  P  œuvre  q  m  j’ai  accomplie  depuis  que  je  suis 
|;  dans  la  vie  publique,  des  services  que  j'ai  pu  rendre  au  pays  et  #.  notre  arrondissement. 
Ce  n’est  pas  à  moi  à  me  souvenir. 

Four  me  récompenser  de  tout  ce  que  j’ai  fait,  tues  adversaires  coalisés  vous  demandent 
I  arjourd’hüi  ..de  me  chasser  du  Parlement. 

Vous  déciderez  dans  votre  justice. 

J'altends  -votre.  verdict  avec  confiance  et  avec  uneparfaite  sérénité^  comme  un  homme 
|  qui  a  la  conscience  tranquille,  parce  qu’il  a  fait  son  devoir,  topt  spn  fipvoiiu 


Jules  MELIiSE, 

Député  sortant, 

Ancien  Ministre  de  lTagriculture? 
Ancien  Président  du  Conseil, 


lro  circonscription  de  SAINT-DIE 

M.  GÉRARD 

Élu  au  lor  tour  de  scrutin.  —  7.785  voix. 


- 

s  Aux  Electeurs, 

Cédant  aux  sollicitations  de  nombreux  électeurs  des  cantons  de  Snint-Dié,  Raoû,-  Se- 
nones  et  Provonchères,  j’ai  Fhonneur  de  poser  ma  candidature  au  siège  de  député  de  la 

I  PL'  circonscription. 

N'ayant  jamais  pensé,  parlé  et  agi  qu’en  ferme  -républicain,  c’est  comme  républicain  et 
I  parce  que  je  suis  républicain,  que  j’engage  la  lutte  contre  la  coterie  oppressive  et  tyran- 
[b  nique  trop  longtemps  toute  puissante  dans  notre  arrondissement. 

C’est  aux  cris  de  Liberté,  Egalité,  que  je  me  présente  à  vos  suffrages. 


Vive  la  France  î 
Vive  la  République  ! 


—  992 


Fils  reconnaissant  delà  Révolution  de  89,  je  suis  partisan  de  la  liberté  sous  toutes 
ses  formes  :  liberté  de  conscience,  liberté  de  travail,  liberté  d'association,  liberté  d'ensei¬ 
gnement. 

Je  ne  veux  pas  seulement  l'affichage  de  l'immortelle  Déclaration  des  Droits  de  l'Homme, 
j'en  veux  aussi  l'application. 

J'estime,  en  effet,  que  la  République,  à  moins  de  faillir  à  ses  origines,  doit  être  la  li¬ 
berté  et  non  l'asservissement,  l'égalité  et  non  le  favoritisme,  l'honnêteté  et  non  l'exploitation 
scandaleuse  du  citoyen  ;  fidèle  aux  doctrines  généreuses  de  Gambetta,  je  prétends  que  la 
République  doit  être  réellement  démocratique  :  je  veux  dire  chose  de  tous  et  non  la  proie 
de  quelques-uns. 

Je  veux  que  Farinée  de  la  France  soit  efficacement  protégée  contre  les  attaques  crimi¬ 
nelles  dont  elle  n'a  cessé  d'être  l'objet  de  la  part  des  partisans  d'un  traître  justement 
condamné  ;  je  la  veux  solide  et  forte  pour  la  défense  de  nos  frontières  et  la  sauvegarde  de 
nos  traditions  historiques, 

Partisan  delà  suprématie  du  pouvoir  civil,  j'estime  qu'il  doit  être  défendu  contre  les 
empiétements  de  tous  les  cléricalismes,  dont  le  plus  dangereux,  le  cléricalisme  maçon¬ 
nique. 

Depuis  1898,  le  déficit,  masqué  par  des  artifices  budgétaires,  s'élève  à  950  millions;  il 
est  donc  d’une  extrême  urgence  de  mettre  un  termeà  ce  gaspillage  et  de  pratiquer  une  poli¬ 
tique  résolument  économe  des  deniers  publics. 

Né  et.  élevé  à  la  campagne,  je  connaisses  besoins  et  les  maux  dont  elle  souffre;  d'autre 
part,  une  longue  pratique  judiciaire  m'ayant  mis  à  même  de  reconnaître  les  modificatioüg 
qu'il  est  indispensable  d'apporter  à  notre  législation  pour  la  mettre  en  harmonie  avec  l'état 
social  actuel,  je  crois  être  k  même  de  rendre  à  mes  concitoyens,  s'ils  me  nomment,  les  ser¬ 
vie  es  qu'ils  sont  en  droit  d'attendre  d'un  député  soucieux  de  leurs  intérêts. 

Je  ne  veux  pas  faire  aux  travailleurs  de  ces  faciles  promesses  dont  on  les  a  constam¬ 
ment  bernés,  et  je  préfère  laisser  à  ceux  d'entre  eux  qui  me  connaissent,  le  soin  de  dire  à 
leurs  camarades  qui  je  suis  et  ce  quMls  peuvent  attendre  de  moi, 

J'ajoute  enfin  que,  conservant  à  Saint-Dié  mon  principal  établissement,  je  resterais 
toujours  en  contact  avec  mes  électeurs  et  que,  chaque  année,  j'en  prends  rengagement 
formel,  je  leur  rendrais  compte  de  mon  mandat,  dans  des  réunions  cantonales. 

Tel  est,  chers  Concitoyens,  le  programme  que  je  soumets  à  vos  suffrages. 

Vive  la  République  ! 

Vive  la  Liberté! 

Vive  la  France  1 

Edmond  GERARD, 

Ancien  Avoué, 

Conseiller  municipal  de  Saint-Dié, 
Conseiller  d'arrondissement. 


2*  circonscription  de  SAINT-DIÉ 

M.  ANCEL-SÊ1TZ 

Elu  au  39r  tour  de  scrutin.  —  6,725  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

j'ai  l'honneur  de  poser  ma  candidature  au  siège  de  député  pour  notre  circonscription. 
M'étant  tenu  jusqu'aujourd’hui  à  l'écart  de  la  politique,  n'étant  inféodé  à  auoucune  per- 


_  993  _  N°  1162 

sonnalité,  à  aucune  coterie,  à  aucune  loge  maçonnique,  je  me  présente  à  vos  suffrages  sans 
être  lié  par  d'autres  engagements  que  ceux  que  je  prendrai  librement  vis-h-vis  de  vous  et 
que  je  saurai  réaliser. 

Si  ma  candidature,  se  produisant  ainsi,  peut  sembler  téméraire  à  certains,  elle  a  du 
moins  l'avantage  d'être  franchement  indépendante,  et  de  ne  faire  de  moi  par  avance,  sous 
préteste  de  reconnaissance  électorale,  le  prisonnier  de  personne. 

]e  ne  suis  pas  un  politicien  et  la  politique  signifie  pour  moi  quelque  chose  de  plus  haut 
que  le  petit  jeu  de  combinaisons  parlementaires  dont  je  m'affranchirai  toujours,  pour  me 
cotisa crer  plus  entièrement  aux  intérêts  de  mon  pays. 

Si  je  suis  sorti  de  la  réserve  que  j'avais  toujours  gardée,  c'est  que,  ainsi  que  beaucoup 
d'autres,  j'estime  que  le  moment  est  exceptionnellement  grave  et  que  toutes  les  bonnes 
volontés  doivent  s’unir  pour  rompre  avec  cette  politique  de  défiance,  de  compromissions  et 
de  persécutions  que  nous  subissons  depuis  cette  malheureuse  affaire  Dreyfus  qui  a  causé 
tant  de  mal  à  la  France  et  à  la  République,  et  qui  peut  encore  leur  être  si  nuisible  dans 
l'avenir. 

Indépendant  par  ma  situation,  je  crois  que  je  pourrai  m'occuper  avec  quelque  compé¬ 
tence,  dans  le  sein  du  Parlement,  des  intérêts  de  l'agriculture  et  de  l’industrie  yosgiennes, 
soit  qu'il  s'agisse  de  leur  développement  ou  de  leur  expansion  au  dehors,  soit  encore  quil 
s'agisse  de  Pamôlioration  pacifique  et  raisonnée  du  sort  des  travailleurs, 

1/ expérience  que  m'a  donnée  une  carrière  industrielle  et  agricole  déjà  longue,  Fétude 
que  j’ai  faite  des  questions  coloniales  quand,  le  premier,  j'ai  indiqué  à  notre  commerce  na¬ 
tional  la  route  du  Congo  français  ;  les  observations  que  j  ai  recueillies,  au  cours  de  mes 
lointains  et  fréquents  voyages,  sur  les  vices  de  notre  organisation  économique,  tout  cela 
constitue  pour  moi  une  préparation  que  vous  jugerez  peut-être  suivante. 

Toutefois,  la  préférence  que  je  ressens  pour  les  questions  agricoles,  économiques  et, 
coloniales  ne  me  dispense  pas  de  m'expliquer  sur  mes  opinions  ;  je  veux  le  faite  brièvement 
et  sans  équivoque. 

Je  suis  républicain,  nettement  républicain,  et  j'estime  que  la  France,  sans  rien  renier 
de  ses  gloires  historiques,  ne  peut  plus  se  passer  du  gouvernement  du  pays  par  lui-même, 
mais  je  veux  une  République  honnête,  tolérante,  ouverte  à  toutes  les  bonnes  volontés,  à 
tous  les  braves  gens. 

Partisan  résolu  de  la  liberté  de  conscience,  je  la  veux  absolue  pour  tous  et  je  lufterai 
toujours  contre  toutes  les  persécutions,  quelles  qu'elles  soient. 

Né  en  Alsace,  soldat  de  la  guerre  de  1870,  je  garde  fidèlement  le  souvenir  des  pro¬ 
vinces  perdues,  et  je  professe  un  culte  profond  pour  notre  armée,  cette  école  du  devoir, 
cette  gardienne  fidèle  de  notre  sécurité  et  dé  nos  immuables  espérances. 

Laissez-moi  ajouter  que  n'ayant  rien  à  attendre  du  mandat  qui  ine  serait  confié,  ni 
pour  moi  ni  pour  les  miens,  je  me  consacrerais  avec  un  absolu  désintéressement  et  un 
exclusif  dévouement  au  service  de  la  France  et  de  la  République. 

P.  ANCEL-SFdTZ, 

Chevalier  de  la  Légion  d'Honneur. 


125 


YONNE 


1T0  circonscription  d’ AUXERRE 

M.  Bienvenu  MARTIN 

Élu  au  2°  tour  de  scrutin  —  6,728  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Le  8  mai  1898,  vous  m’avez  élu  député  pour  la  seconde  fois,  par  plus  de  9.000  suf¬ 
frages. 

Si  je  me  représente  aujourd’hui,  c’est  que  j’ai  la  conscience  d'avoir  rempli  fidèlement 
mon  mandat.  J’ai  tenu  toutes  mes  promesses,  n’en  ayant  fait  aucune  que  je  ne  fusse  assuré 
de  pouvoir  tenir.  Examinez  tons  mes  votes  :  vous  n’en  trouverez  aucun  qui  ne  soit  conforme 
aux  engagements  que  j’avais  pris  devant  vous. 

J  ai  toujours  avec  énergie  défendu  îa  République,  lutté  contre  le  cléricalisme,  soutenu 
la  cause  des  réformes  démocratiques  et  sociales. 

Membre  à  deux  reprises  et  rapporteur  de  la  Commission  du  Budget,  j’ai  collaboré  à 
l’établissement  de  l’impôt  progressif  sur  les  successions,  fait  réduire  dans  de  notables  pro¬ 
portions  nos  dépenses  coloniales,  voté  avec  persévérance  en  faveur  de  l’impôt  progressif  sur 
le  revenu. 

Membre  et  rapporteur  de  la  Commission  de  décentralisation,  j’ai  fait  adopter  des  pro¬ 
positions  élargissant  les  pouvoirs  des  Conseils  municipaux. 

Membre  et  rapporteur  de  la  Commission  d’assurance  et  de  prévoyance  sociales,  j’ai 
pris  une  part  active  à  l’élaboration  des  projets  sur  les  retraites  ouvrières,  sur  l'assistance 
aux  vieillards  et  aux  infirmes,  sur  la  mutualité. 

Membre  et  rapporteur  de  la  Commission  du  suffrage  universel,  j’ai  contribué  au  vote 
des  lois  ayant  pour  objet  d’assurer  la  sincérité  du  vote  par  la  répression  de  la  fraude  et  de 
la  corruption  électorales. 

l  ai  considéré  comme  un  devoir  impérieux  de  voterla  loi  des  boissons,  qui  dégrevait  les 
vins  de  125  millions  tout  en  maintenant  intactes  les  franchises  des  bouilleurs  de  cru.  Si  la 
Régie,  par  une  interprétation  abusive  de  la  loi,  n’a  pas  respecté  les  droits  des  bouilleurs 
quand  ils  faisaient  usage  des  appareils  à  vapeur,  j’ai  toujours  protesté  contré  cette  inter¬ 
prétation,  qu  il  faut  faire  cesser  en  donnant  une  liberté  égale  à  tous  les  bouilleurs  de  cru, 
quels  que  soient  les  appareils  qu'ils  emploient. 

J  ai  accepté  sans  réserve  le  programme  du  Comité  radical-socialiste  de  l’arrondisse¬ 
ment  d’Âuxerre  qui  a  acclamé  ma  candidature.  Je  travaillerai  de  toutes  mes  forces  à  sa 
réalisation. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Une  campagne  violente  de  calomnies  et  d’accusations  mensongères  a  été  menée  contre 


995  — 


N°  H  62 


moi.  On  a  travesti  mes  votes  pour  tromper  î’opinion  publique.  A  ces  manœuvres  odieuses, 
j’oppose  ma  vie  faite  de  travail,  de  dévouement  à  mes  concitoyens,  de  fidélité  inébranlable 
à  la  démocratie  et  à  la  République! 

Et  c3est  avec  la  plus  entière  confiance  que  je  soumets  ma  conduite  à  votre  jugement. 

Vive  la  République  ! 

Votre  ami  dévoué. 

Bienvenu  MARTIN, 

Vice-président  du  Conseil  général, 
Président  de  la  Société  Vigneronne  de  l’Yonne, 
Député  sortant. 


Le  Comité  radical-socialiste  de  l'arrondissement  d’Auxerre,  dans  sa  séance  du  9  mars 
1902,  a  adopté  ie  programme  minimum  suivant,  en  vue  des  élections  législatives  du 
37  avril  1902  ; 

programme 

i°  Révision  périodique  des  lois  constitutionnelles. 

Souveraineté  absolue  du  suffrage  universel. 

2°  Scrutin  de  liste.  Permanence  de  la  Chambre  des  Députés  par  un  renouvellement 
parlieL 

3S  Séparation  des  Églises  et  de  P  État. 

Suppression  du  budget  des  cultes* 

Dissol  u  lion  de  tou  les  les  congrégations  d’hommes  et  de  femmes. 

Retour  à  l’État  des  biens  de  mainmorte. 

Suppression  du  monopole  des  fabriques. 

4°  Impôt  progressif  et  global  sur  le  revenu  avec  dégrèvement  h  la  base. 

Suppression  progressive  de  tous  les  impôts  directs  ou  indirects. 

Abolition  immédiate  des  taxes  frappant  les  objets  de  première  nécessité. 

Réduction  des  patentes  des  petits  commerçants, 

5°  Abrogation  complète  de  la  loi  Failoux. 

Monopole  de  l’enseignement  réservé  à  l’État. 

Gratuité  de  Renseignement  a  tous  les  degrés. 

Développement  de  renseignement  professionnel. 

Attribution  de  bourses  par  concours  aux  seuls  élèves  des  établissements  de  l’État. 

Ne  seront  admis  aux  fonctions  publiques  que  Les  candidats  ayant  fait  leurs  études  daus 
ces  établissements. 

6rj  Service  de  deux  ans,  obligatoire  et  égal  pour  tous,  sans  aucune  dispense  autre  que 
l’incapacité  physique. 

Allocation  de  secours,  s’il  y  a  lieu,  aux  parents  des  jeunes  gens  appelés  sous  les 
drapeaux. 

Réduction  clés  périodes  de  28  jours  et  suppression  des  périodes  de  13  jours,  x 
Tirs  cantonaux  périodiques  obligatoires. 

Suppression  des  conseils  de  guerre  en  temps  de  paix, 

7°  Nationalisation  des  voies  do  communication,  des  mines  et  de  tous  les  monopoles 
concédés  par  l’État. 

8°  Lois  ouvrières.  Laisse  des  retraites  pour  les  travailleurs. 

Assistance  aux  vieillards,  aux  infirmes,  aux  incurables  et  aux  orphelins. 

9“  Lois  de  protection  pour  l’agriculture  et  la  viticulture. 

Révision  du  cadastre  et,  périodiquement,  des  évaluations  qui  servent  de  base  a  l’impôt 
foncier, 


i  II? 


906  — 


Mesures  préventives  contre  Pagioîage  et  l'accaparement. 

Organisation  démocratique  du  crédit  agricole. 

Assurances  agricoles  par  l'État. 

Subventions  aux  sociétés  mutuelles  agricoles. 

Maintien  absolu  du  droit  des  bouilleurs  de  cru. 

Suppression  des  prestations, 

10û  Décentralisation  administrative. 

Remplacement  des  Conseils  d3 arrondissement  par  des  Conseils  cantonaux  disposant  d'un 
budget  spécial. 

Diminution  du  nombre  des  fonctionnaires,  en  commençant  par  les  Sous-Préfets. 
Réduction  des  gros  traitements  au  chiffre  de  l'indemnité  parlementaire. 

Amélioration  des  petits  traitements, 
il"  Réduction  des  frais  de  justice. 

Extension  do  la  compétence  des  juges  de  paix. 

Î2rj  Organisation  du  domaine  colonial  sans  aucune  nouvelle  conquête, 

Contrôle  sévère  des  agissements  des  congrégations  dans  nos  colonies  et  dans  nos  pro¬ 
tectorats. 

13°  Obligation  pour  le  Député  de  venir  tous  les  ans  dans  chaque  chef-lieu  de  canton, 
rendre  compte  de  son  mandat. 

En  outre  rassemblée  : 

Considérant  que  les  citoyens  Mêrlou  et  Bienvenu  Martin,  députés  de  l'arrondissement 
d'Auxerre,  par  leur  attitude,  leur  dévouement  à  la  cause  démocratique  et  la  grande  part 
qu'ils  ont  prise  aux  travaux  parlementaires,  ont  bien  mérité,  des  électeurs  de  l'arrondis* 
sement; 

Que  leurs  votes  ont  été  toujours  conformes  an  programme  ci-dessus; 

Décide,  à  Pun  an  imité,  de  leur  continuer  sa  confiance. 

Acclame  Je  citoyen  Bienvenu  Martin  comme  candidat  de  la  première  circonscription  et 
le  citoyen  Merlou  comme  candidat  de  la  deuxième  circoÉscription ; 

Et  s’engage  à  soutenir  énergiquement  leur  candidature, 

(Suivent  les  signatures,) 


2e  circonscription  d  AUXERRE 

M,  MERLOU 

Elu  au  T  tour  de  scrutin.  —  6.383  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Dans  sa  réunion  du  9  mars  1902,  le  Congrès  radical-socialiste  de  l 'arrondissement, 
d'Auxerre  a  élaboré  le  programme  suivant  pour  l'élection  législative  du  27  avril  : 
1°  Révision  périodique  des  lois  constitutionnel  les. 

Souveraineté  absolue  du  suffrage  universel. 

2°  Scrutin  de  liste,  Permanence  de  la  Chambre  des  Députés  par  un  renouvellement 
partiel. 

3°  Séparation  des  Églises  et  de  l'État, 

Suppression  du  budget  des  cultes* 


çiîffifci  ' 


Dissolution  do  tontes  les  congrégations  d’hommes  et  de  femmes. 

Retour  à  l’État  des  biens  de  mainmorte. 

Suppression  du  monopole  des  fabriques, 
ifJ  Impôt  progressif  et  global  sur  le  revenu  avec  dégrèvement  à  la  base. 

Suppression  progressive  de  tous  les  impôts  directs  ou  indirects. 

Abolition  immédiate  des  taies  frappant  les  objets  de  première  nécessité* 

Réduction  dea  patentes  des  petits  commerçants* 

5°  Abrogation  complète  de  la  loi  FaDoux, 

Monopole  de  renseignement  réservé  à  l’État. 

Gratuité  de  renseignement  à  tous  les  degrés. 

Développement  de  renseignement  professionnel. 

Attribution  de  bourses  par  concours  aux  seuls  élèves  des  établissements  de  l’État. 

Ne  seront  admis  aux  fonctions  publiques  que  les  candidats  ayant  fait  leurs  études  dans 
ces  établissements. 

6r>  Service  de  deux  ans,  obligatoire  et  égal  pour  tous,  sans  aucune  dispense  autre  que 
Fincapacitë  physique. 

Allocation  de  secours,  s’il  y  a  Heu,  aux  parents  des  jeunes  gens  appelés  sous  les 
drapeaux. 

Réduction  des  périodes  de  28  jours  et  suppression  des  périodes  de  13  jours. 

Tirs  cantonaux  périodiques  obligatoires. 

Suppression  des  conseils  de  guerre  en  temps  de  paix. 

T  Nationalisation  des  voies  de  communication,  des  mines  et  de  tous  des  monopoles 
concédés  par  FÉtat. 

8°  Lois  ouvrières.  Caisse  des  retraites  pour  les  travailleurs. 

Assistance  aux  vieillards,  aux  infirmes,  aux  incurables  et  aux  orphelins. 

9°  Lois  de  protection  pour  Fagriculture  et  la  viticulture. 

Révision  du  cadastre  et,  périodiquement,  des  évaluations  qui  servent  de  base  à  Fimpôt 
foncier. 

Mesures  préventives  contre  Fagiotage  et  Faccapareme ni. 

Organisation  démocratique  du  crédit  agricole, 

Assurancés  agricoles  par  FEtat. 

Subventions  aux  sociétés  mutuelles  agricoles. 

Maintien  absolu  du  droit  des  bouilleurs  de  cru. 

Suppression  des  prestations. 

10"  Décentralisation  administrative. 

Remplacement  des  Conseils  d’arrondissement  par  des  Conseils  cantonaux  disposant 
d’un  budget  spécial. 

Diminution  du  nombre  des  fonctionnaires,  en  commençant  par  les  Sous-Préfets. 
Réduction  dos  gros  traitements  au  chiffre  de  Findemnité  parlementaire. 

Amélioration  des  petits  traitements* 

11°  Réduction  des  frais  de  justice. 

Extension  de  la  compétence  des  juges  de  paix. 

12e  Organisation  du  domaine  colonial  sans  acune  nouvelle  conquête* 

Contrôle  sévère  des  agissements  des  congrégations  dans  nos  colonies  et  dans  nos  pro¬ 
tectorats. 

13"  Obligation  pour  îe  Député  de  venir  tous  les  ans  dans  chaque  chef-lieu  de  canton, 
rendre  compte  de  son  mandat. 

F accepte  cc  programme  ot  je  consacrerai  mes  efforts  à  sa  réalisation. 

Depuis  vingt-cinq  ans,  je  suis  fixé  parmi  vous;  vous  connaissez  ma  vie  faite  de  travail, 
d’intégrité,  d’honneur, 

Jo  nJai  jamais  fait  de  mal  à  personne  ;  j’ai  cherché  à  faire  du  bien  à  tout  le  monde. 
Respectueux  de  ia  propriété  individuelle,  je  suis  l'adversaire  résolu  des  théories  collec¬ 
tivistes,  qui  la  suppriment  et  qui  annihilent  Fin  dépendance  du  citoyen. 


—  998 


Une  étrange  coalition  menace  les  institutions  que  le  peuple  s’est  librement  données. 
Républicains,  debout!  Vous  ferez  justice  des  calomnies  dirigées  contre  moi  et  vous 
affirmerez  sur  mon  nom  votre  foi  inébranlable  dans  l’avenir  de  la  démocratie. 

Vive  la  République  ! 

Pierre  MERLGU. 


Circonscription  cl  A  V ALLON 

M.  Étienne  FLANDIN 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  5.768  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Le  vote  unanime  des  Comités  républicains  réunis  à  A  vallon  le  1er  mars,  sur  l’initiative 
de  vos  Conseillers  généraux  et  de  vos  Conseillers  d’arrondissement,  a  décidé  què  la  candi¬ 
dature  de  votre  ancien  député  devait  être  opposée  à  celle  du  député  sortant. 

Mes  principes  politiques  vous  sont  connus.  J’ai  servi  la  République  dès  ma  première 
jeunesse;  je  lui  serai  fidèle  toute  ma  vie.  Ce  n’est  pas  seulement  la  République  que  j’entends 
défendre,  c’est  P  esprit  démocratique  et  républicain. 

Plus  est  profond  mon  attachement  à  la  République,  plus  ^entends  la  placer  au-dessus 
des  intérêts  de  parti.  La  politique  vraiment  républicaine  est  celle  qui  tend  à  solidariser 
dans  un  généreux  élan  de  fraternité  toutes  les  forces  de  la  Patrie.  Elle  doit  avoir  pour  base 
la  probité,  pour  but  le  progrès  sous  toutes  ses  formes,  pour  moyen  d'action  la  liberté. 

Au  premier  rang  des  questions  qui  s'imposent  à  l’attention  de  vos  représentants,  la 
démocratie  place  avec  raison  la  répartition  plus  équitable  des  charges  publiques,  toujours 
promise  et  toujours  ajournée. 

J’ai  été  assez  heureux  pour  faire  voter  par  la  précédente  législature  la  seule  loi  de 
dégrèvement  qui  ait  encore  profité  aux  contribuables,  la  loi  sur  le  dégrèvement  de  la  petite 
propriété  rurale.  Ma  pensée  serait  d'appliquer  successivement  les  mêmes  principes  aux 
autres  impôts  directs,  de  dégrever  les  contribuables  les  moins  fortunés,  de  tenir  compte 
des  charges  de  famille,  de  faire  de  l'impôt  des  prestations  un  impôt  de  répartition  propor¬ 
tionnel  aux  facultés  du  contribuable,  au  lieu  d’un  impôt  de  quotité  pesant  indistinctement 
du  même  poids  sur  le  pauvre  et  sur  le  riche. 

Il  va  sans  dire  qu’en  présence  d’une  situation  budgétaire  dont'  on  ne  saurait  mécon¬ 
naître  l’inquiétante  gravité,  la  réforme  de  notre  système  d'impôts  doit  être  accomplie  avec 
prudence  et  avec  méthode,  sous  peine  d’aboutir  à  de  dangereuses  aventures  et  de  tarir  la 
source  à  laquelle  on  entend  puiser. 

La  démocratie  n’aura  pas  rempli  sa  mission  tant  qu’à  raison  de  la  vieillesse,  de  l’inva¬ 
lidité,  du  chômage  indépendant  de  sa  volonté,  un  être  humain,  travailleur  des  champs  ou 
des  villes,  restera  sans  secours  contre  ia  misère  et  contre  la  maladie.  11  est  des  devoirs 
sacrés  de  solidarité  et  de  fraternité  sociales  auxquels  la  République  ne  saurait  se  dérober, 
mais  le  socialisme,  dans  la  généreuse  acception  du  mot,  devrait  être  une  formule  d'espé¬ 
rance,  non  une  formule  d'envie  et  de  haine.  Ce  n'est  pas  en  prêchant  la  guerre  des  classes, 
en  fomentant  les  grèves,  en  menaçant  de  supprimer  la  liberté  du  travail  pour  placer  fin- 
dustrie  sous  la  mainmise  collectiviste,  que  l'on  améliorera  des  souffrances  trop  réelles  et  que 


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—  999  — 


JNe  1162 

Ton  affermira  nos  institutions  démocratiques,  doublions  pas  que  les  excès  révolutionnaires 
ont  toujours  servi  de  préface  à  la  dictature. 

Au  triple  point  de  vue  social*  politique  et  militaire,  la  France  doit  rester  une  nation 
agricole.  Je  réclamerai  de  toute  mon  énergie  des  mesures  pratiques  et  efficaces  pour  pro¬ 
téger  notre  agriculture  et  notre  viticulture,  sauvegarder  le  droit  trop  facilement  sacrifié  des 
bouilleurs  de  cru?  favoriser  le  développement  des  richesses  forestières  qui  assurent  à  nos 
bûcherons  le  travail  de  Phïver,  et  défendre  dos  Cultivateurs  contre  les  abus  scandaleux  de 
la  spéculation  et  de  i’agiotage. 

L3une  des  mesures  les  plus  utiles  pour  enrayer  le  funeste  mouvement  d’émigration  de 
la  jeunesse  de  nos  campagnes  vers  les  grandes  villes  sera  d’abréger  la  durée  du  séjour  a  la 
caserne.  Mon  vote  est  acquis  à  la  loi  sagement  conçue  qui*  avec  les  cadres  solidement 
constitués,  sans  diminuer  nos  effectifs  au  cas  de  guerre  et  sans  affaiblir  notre  armée,  per¬ 
mettra  de  réduire  le  service  à  deux  ans. 

Ài-je  à  ajouter  que  si  j’appelle  de  tous  mes  vœux  la  réduction  du  service,  c’est  à  la  con¬ 
dition  de  maintenir  énergiquement  le  sentiment  de  la  discipline  et  de  l’honneur  militaire 
et  de  ne  point  laisser  porter  la  plus  légère  atteinte  à  Fanion  indissoluble  de  F  armée  avec 
la  République? 

Votre  vote  do  27  avril  aura,  j’en  suis  certain,  le  caractère  d’une  protestation  indignée 
contre  ceux  qui,  éditeurs  et  panégyristes  du  Pioupiou  de  l'Yonne,  ont  eu  le  triste  courage 
de  se  faire,  dans  notre  patriotique  département,  les  iusulteurs  professionnels  de  l’armée  et 
du  drapeau  tricolore. 

Vive  la  République  I 

Etienne  FLANDIN, 

Ancien  Député, 

Membre  du  Conseil  général  de  FYonne. 


Circonscription  de  JOIGNY 
M.  LOUP 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  12.142  voix. 


Citoyens, 

En  ce  moment,  vous  avez  la  parole,  li  vous  appartient  de  prononcer  souverainement 
sur  vos  intérêts  et  sur  la  République  elle-même. 

Sur  toute  l'étendue  du  territoire,  la  cohue  bigarrée  de  la  réaction  attaque  visiblement, 
passionnément,  l'esprit  même  de  la  Révolution  qui  vous  a  faits  libres. 

Pour  l’emporter,  elle  compte  sur  la  discorde  des  véritables  républicains  entre  eux; 
elle  s’efforce  d’en  provoquer  la  division  par  tous  les  moyens  possibles,  pour  en  tirer,  contre 
la  République,  des  avantages  inattendus  ;  selon  son  habitude,  elle  fait  appel  à  ia  ruse. 

Vous  saurez  déjouer  ces  manœuvres  grossières,  aujourd’hui  partout  démasquées  et  à 
l’avance  condamnées. 

Ensemble,  dans  quelques  jours,  de  nouveau  nous  irons  au  combat,  avec  ces  mêmes 
principes  maintes  fois  successivement  et  publiquement  par  vous  acclamés,  sanctionnés  et 
adoptés  : 

Révision  périodique  des  lois  constitutionnelles. 

Souveraineté  absolue  du  suffrage  universel. 


—  1000  — 

T  Scrutin  de  liste.  Permanence  de  la  Chambre  des  Députés  par  un  renouvellement 
partiel. 

3°  Séparation  des  Églises  et  de  l’État . 

Suppression  du  budget  des  cultes. 

Dissolution  de  toutes  les  congrégations  d'hommes  et  de  femmes. 

Retour  à  PÉtat  des  biens  de  mainmorte. 

Suppression  du  monopole  des  fabriques. 

[f  Impôt  progressif  et  global  sur  le  revenu  avec  dégrèvement  à  la  base. 

Suppression  progressive  de  tous  les  impôts  directs  ou  indirects. 

Abolition  immédiate  des  taxes  frappant  les  objets  de  première  nécessité. 

Réduction  des  patentes  des  petits  commerçants, 

5°  Abrogation  complète  de  la  loi  Falloux. 

Monopole  de  Renseignement  réservé  à  PÉtat. 

Gratuité  de  renseignement  à  tous  les  degrés. 

Développement  de  renseignement  professionnel. 

Attribution  de  bourses  par  concours  aux  seuls  élèves  des  établissements  de  1  Etat* 

Ne  seront  admis  aux  fonctions  publiques  que  les  candidats  ayant  fait  leurs  études  dans 
ces  établissements. 

6*  Service  de  deux  ans,,  obligatoire  et  égal  pour  tous,  sans  aucune  dispense  autre  que 
l’incapacité  physique. 

Allocation  de  secours,  s’il  y  a  lieu,  aux  parents  des  jeunes  gens  appelés  sous  les  dra¬ 
peaux. 

Réduction  des  périodes  de  28  jours  et  suppression  des  périodes  de  i3  jours. 

Tirs  cantonaux  périodiques  obligatoires. 

Suppression  des  conseils  de  guerre  en  temps  de  paix, 

7°  Nationalisation  des  voies  de  communication,  des  mines  et  de  tous  les  monopoles  concé¬ 
dés  par  l’État. 

8°  Lois  ouvrières.  Caisse  des  retraites  pour  les  travailleurs. 

Assistance  aux  vieillards,  aux  infirmes,  aux  incurables  et  aux  orphelins. 

9°  Lois  de  protection  pour  T  agriculture  et  la  viticulture. 

Révision  du  cadastre  et,  périodiquement,  des  évaluations  qui  servent  de  base  a  l’impôt 
foncier. 

Mesures  préventives  contre  Ragiotage  et  ['accaparement. 

Organisation  démocratique  du  crédit  agricole. 

Assurances  agricoles  par  RÉtat, 

Subventions  aux  sociétés  mutuelles  agricoles. 

Maintien  absolu  du  droit  des  bouilleurs  de  cru. 

Suppression  des  prestations. 

10°  Décentralisation  administrative. 

Remplacement  des  Conseils  d'arrondissement  par  des  Conseils  cantonaux  disposant 
d’un  budget  spécial. 

Diminution  du  nombre  des  fonctionnaires,  en  commençant  par  les  Sous- Préfets, 
Réduction  des  gros  traitements  an  chiffre  do  l’indemnité  parlementaire. 

Amélioration  des  petits  traitements. 

11°  Réduction  des  frais  de  justice. 

Extension  de  la  compétence  des  juges  de  paix. 

12°  Organisation  du  domaine  colonial  sans  aucune  nouvelle  conquête. 

Contrôle  sévère  des  agissements  des  congrégations  dans  nos  colonies  et  dans  nos 
protectorats. 

13û  Obligation  pour  le  Député  de  venir  tous  les  ans,  dans  chaque  cheWieu  de  canton,  rendre 
compte  de  son  mandat. 

Quelques-unes  de  ces  réformes,  en  trop  petit  nombre,  deux  ou  trois  tout  au  moins, 
sont  en  cours  de  réalisation  ou  en  partie  assurées. 


_  non!  —  N°  1162 

Un  dernier  effort,  une  discipline  sévère  entre  tous  les  membres  de  la  grande  famille 
comprenant  tons  les  républicains  sincères,  nettement  résolus,  et  les  réformes  entreprises 
seront  enfin  acquises  ;  à  celles-là,  d’autres  succéderont  méthodiquement, 

par  la  lai  —  bien  qu'insuffisante  —  sur  les  associations,  la  réaction  se  sent  blessée; 
par  cette  loi  encore,  renseignement  clérical  peut  déjà  être  enrayé. 

Le  service  militaire  de  deux  ans  réellement,  cette  fois,  égal  pour  tous,  est  désormais 
acquis,  en  principe,  à  l'heure  présente. 

Électeurs, 

La  situation  est  claire,  elle  est  précise. 

Impossible  de  se  tromper  à  moins  de  le  vouloir. 

D’un  côté,  tout  le  bloc  des  vrais  républicains;  de  l'autre,  tout  le  bloc  de  la  réaction 
portant  le  masque,  dès  longtemps  déchiré,  de  républicains  indépendants,  républicains  libé¬ 
raux,  républicains  plébiscitaires,  républicains...  nationalistes,  y  compris  aussi  les  répu¬ 
blicains,..  monarchistes  —  il  doit  y  en  avoir,  sans  quoi  la  série  ne  se  serait  pas  complète  ! 

Pas  de  division,  pas  d’abstentions  ;  Fabstentionniste?  c'est  un  soldat  qui  laisse  tomber 
son  armel 

Républicains!  aux  urnes  pour  la  République! 

Henri  LOUP, 

Député  sortant. 


Circonscription  de  SENS 
M.  Lucien  CORNET 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  9/581  voix. 


Citoyens, 

J'ai  l’honneur  de  solliciter  le  renouvellement  du  mandat  de  représentant  du  peuple 
que  je  tiens  de  votre  confiance  depuis  cinq  ans  et  demi. 

Vous  m'accordiez,  le  8  mai  1898,  près  de  8.000  suffrages  et  assuriez  ma  réélection  au 

premier  tour  de  scrutin. 

J'avais  contracté  vis-à-vis  de  vous  des  engagements  ;  je  les  ai  tenus.  Je  vous  avais  pro¬ 
mis  de  me  mettre,  aussi  fréquemment  que  possible,  en  contact  avec  vous  :  j'ai,  durant  les 
quatre  années  qui  viennent  de  s'écouler,  parcouru  toutes  les  communes  et  un  grand  nombre 
de  hameaux  de  l'arrondissement,  et,  dans  chaque  localité  où  je  suis  passé,  ]  ai  tendu 
compte  de  ma  conduite  au  Parlement;  j'ai  accepté  toutes  les  questions,  toutes  les  contra¬ 
dictions,  et  j'ai  eu  la  bonne  fortune  de  constater  que,  de  toutes  parts,  je  n'at  cessé  de 
demeurer  en  pleine  communauté  d’idées  avec  mes  concitoyens. 

C'est  ce  parfait  accord  qui,  plus  que  toute  autre  cause,  me  détermine  à  briguer,  une 

troisième  fois,  vos  suffrages. 

Citoyens, 

Depuis  quatre  années,  de  graves  événements  se  sont  accomplis.  11  s’en  est  iallu  de  peu 
que  l’Histoire  n'eût  à  enregistrer  un  nouveau  coup  de  force  contre  la  liberté. 


m 


—  1002  — 


Pendant  de  longs  mois,  îa  République  fut  sérieusement  nîênaeée,  et  si  le  danger  put 
être  conjuré,  ce  n’est  que  grâce  à  l’énergie  qui  fut  déployée  pour  déjouer  et  anéantir  tous 
les  complots. 

Mais  nos  adversaires  n’oht  point  capitulé  :  la  violence  lie  leur  a^  ant  pas  réussi,  ils  en 
sont  revenus  à  leur  éternelle  tactique*  qui  consiste  à  surprendre  l'ennemi  par  la  ruse  et  h 
s'introduire  dans  3a  place  sous  le  couvert  d’un  masque, 

11  en  est  ainsi  d’un  bout  à  l’autre  de  la  France  :  d’argent  se  dépense  à  profusion;  c’esp 
de  tous  côtés,  la  lutte  des  congrégations  contre  la  société  civile,  et  l’arrondissement  de 
Sens  n’échappe  point  à  cet  essai  de  mainmise  du  cléricalisme  sur  les  insii  tu  lieds  démo¬ 
cratiques, 

La  situation  est  très  nette.  Deux  partis  sont  en  présence  :  d'uïi  côté,  le  vrai  parti  répu¬ 
blicain,  c’est-à-dire  Je  parti  delà  liberté  réelle,  le  parti  des  grandes  réformes  politiques 
sans  lesquelles  la  République  ne  sera  jamais  qu'un  vain  mot,  le  parti  des  transformations 
économiques  et  sociales  sans  lesquelles  II  ne  peut  y  avoir  de  justice  humaine;  de  l’autre 
côté,  un  parti  qui  se  dit  républicain,  mais  qui  n’est  que  le  tributaire  de  lfKglise  et  l'obligé 
des  anciens  partis  monarchistes,  dont  il  est  réduit  â  quémander  les  voix. 

Lntre  les  deux  partis  vous  n'hésiterez  pas;  vos  bulletins  de  vote  Seront  pour  celui  qui 
veut  la  République  avec  toutes  ses  conséquences,  vous  serez  pour  le  parti  du  progrès 
indéfini,  auquel  j’ai  toujours  appartenu  et  dont  j’ai  conscience  de  n’avoïr  point  démérité. 

Citoyens, 

Vous  me  connaissez. 

Je  n’ai  jamais  eu,  dans  la  vie,  d’autre  but  que  le  travail,  et  depuis  que  je  suis  investi 
de  fonctions  électives,  je  n’ai  ménagé  ni  mon  temps  ni  ma  peine. 

A  la  Chambre,  tant  à  la  tribune  qu’au  sein  des  nombreuses  Commissions  dont  j’ai  été 
appelé  à  faire  partie,  j’ai  toujours  défendu  les  intérêts  généraux  du  pays. 

Membre  de  la  Commission  de  la  chasse,  j’ai  eu  la  satisfaction  de  faire  aboutir  la  loi 
relative  à  la  réparation  des  dommages  causés  aux  récoltes  par  le  gibier,  loi  qui  supprime 
les  lenteurs  de  la  procédure  et  donne  aux  juges  de  paix  le  droit  de  connaître  en  dernier 
ressort  jusqu’à  une  certaine  somme. 

Conformément  à  mon  programme,  j’ai  pris  l’initiative  de  la  formation,  à  la  Chambre, 
d’un  groupe  agricole,  auquel  se  firent  inscrire  plus  de  cent  vingt  députés  et  qui  se  donna 
pour  tâche  de  rechercher  les  moyens  les  plus  efficaces  de  protéger  les  cultivateurs.  Ce 
groupe  étudia  toutes  les  questions  qui  intéressent  les  populations  rurales,  et  son  action  fui 
des  plus  fécondes  :  c’est  ainsi,  notamment,  que  j’ai  pu  obtenir  le  vote  de  la  loi  réglemen¬ 
tant  l’admission  temporaire  des  blés  étrangers  et  supprimant  le  trafic  des  acquits-à-cautioü, 
réforme  qui  peut  être  considérée  comme  l’une  des  plus  importantes  réalisées  depuis  fort 
longtemps  en  faveur  de  l’agriculture  et  qui  a  porté  le  coup  le  plus  rude  aux  spéculateurs 
sur  les  blés  et  sur  les  farines. 

J’ai,  en  outre,  déposé,  soit  seul,  soit  avec  plusieurs  de  mes  collègues,  quarante  propo¬ 
sitions  de  lois  et  amendements,  et  chacune  de  ces  propositions,  chacun  de  ces  amende¬ 
ments  s’inspire  des  besoins  populaires. 

Quant  à  mes  votes,  ils  vous  sont  connus;  ils  sont  tous  conformes  aux  intérêts  de  la 
démocratie. 

Partisan  déterminé  des  économies,  j’ai  toujours  voté  contre  toute  dépense  inutile  et 
toute  augmentation  d’impôts. 

Am  point  de  vue  purement  politique,  je  me  suis  rallié,  à  l’heure  du  péril,  avec  touslsB 
démocrates  sincères,  au  ministère  de  Défense  républicaine,  parce  que  c’étaiî  lui  qui  nous 
menait  à  l’assaut  contre  l’ennemi  et  qu’il  a  courageusement  répudié  les  hommes  qui,  sous 
les  apparences  d  un  faux  libéralisme,  dissimulent  le  plus  funeste  esprit  rétrograde. 


—  4003  — 


N°  1162 


Citoyens, 

Mes  sentiments  n’ont  pas  varié. 

Je  suis  plus  que  jamais  l’ennemi  des  privilèges;  je  demeure  l’adversaire  des  puissances 
d'argent,  dont  l’action  démoralisatrice  fait  tant  de  mal  à  notre  pays, 

Vous  savez  quels  ont  été  mes  efforts  pour  apporter  toutes  les  atténuations  désirables  à 
la  crise  qui  sévit  si  durement  sur  l’agriculture?  les  cultivateurs,  les  vignerons,  tous  les  tra¬ 
vailleurs  peuvent  compter  sur  moi,  comme  par  le  passé. 

Une  des  réformes  capitales  à  accomplir  dans  la  prochaine  législature  est  la  réforme  de 
l'impôt,  dont  la  formule  la  plus  juste  est  l’impôt  progressif  sur  le  revenu,  qui,  frappant 
équitablement  la  richesse  et  dégrevant  ceux  qui  vivent  de  leur  labeur,  est  en  même  temps 
le  plus  favorable  à  l’agriculture  et  au  commerce. 

Respectueux  de  toutes  les  croyances,  mais  résolu  à  n@  laisser  aucun  clergé  empiéter 
sur  les  droits  de  l’État,  je  demande  la  dénonciation  du  Concordat  et  la  séparation  immédiate 
des  Églises  et  de  l’État. 

Ainsi  que  je  vous  le  disais  en  1896,  je  ne  suis  pas  ce  que  mes  adversaires  essaient  de 
faire  croire  :  je  suis  un  homme  d’ordre,  de  liberté  et  de  progrès,  qui  ne  veut  les  réformes 
que  par  le  bulletin  de  vote. 

Estimant  que  la  République  ne  peut  être  fondée  que  sur  la  bonté,  ma  sympathie  la 
plus  vive  est  acquise  à  tous  ceux  —  trop  nombreux,  hélas  !  —  qu’etreignent  la  souffrance 
et  la  miscre,  et  je  serai  toujours  prêt  à  rendre  service  aux  petits,  aux  humbles,  aux  déshé- 
lités  de  la  fortune. 

Toutes  les  revendication  légitimes  du  travail  trouveront  en  moi  un  défenseur  sincère. 

Je  n’ai  jamais  attaqué  l’armée,  nécessaire  —  dans  l’état  actuel  des  peuples  —  à  la 
défense  du  territoire,  mais  je  la  veux  républicaine  et  organisée  sur  des  bases  démocra¬ 
tiques, 

Citoyens, 

Je  livre  avec  confiance  à  votre  jugement  la  conduite  que  j’ai  suivie  depuis  quatre  ans. 

Je  compte  sur  votre  clairvoyance.  Dans  les  circonstances  présentes,  l’union  est  un 
devoir  :  il  faut  que  !b  bloc  de  tous  les  républicains  fasse  balle  contre  le  nationalisme,  qui 
n'est  que  la  coalition  des  ennemis  de  la  République  enrôlés  sons  la  bannière  cléricale. 

Vous  ne  vous  laisserez  point  égarer  par  des  étiquettes  trompeuses- 

La  démocratie  de  l’arrondissement  de  Sens  ne  désertera  pas  son  poste  d’avant-garde,  et 
contre  la  République  du  Pape  elle  fera  triompher  le  drapeau  de  la  République  française. 

Quant  à  moi,  je  lutterai  jusqu’au  bout  sans  défaillance.  Je  marche  avec  mes  propres 
forces,  avec  mes  seules  ressources,  avec  l’appui  moral  de  mes  amis,  que  je  remercie  de 
leur  dévouement,  avec  la  grande  masse  des  citoyens  qui,  dans  les  batailles  passées,  ont 
déjà  donné  tant  de  gages  de  leur  inébranlable  attachement  a  la  démocratie. 

Aux  urnes  donc!  Que  pas  un  républicain  ne  manque  à  l’appel!  Le  succès  n’est  pas 
douteux,  mais  il  faut  que  la  victoire  soit  écrasante, 

Vive  la  République  ! 

Lucien  CORNET, 

Député  sortant,  Maire  de  Sens. 


programme 

Questions  politiques. 

.  Révision  de  la  Constitution  dans  le  sens  le  plus  largement  démocratique.  Le  suf¬ 
frage  universel  souverain  dans  la  République.  —  Suppression  du  Sénat.  —  Subordination 


—  1004  — 

do  pouvoir  exécutif  au  pouvoir  législatif.  —  Élection  des  ministres  par  la  Chambre  des 
députés,  —  Pénalités  contre  les  représentants  du  peuple  ayant  sciemment  trahi  leur  «man¬ 
dat. —Assimilation  du  mandat  politique  au  contrat  civil  —  Pointage  de  la  présence  des 
députés  aux  séances  de  ia  Chambre  et  interdiction  de  voter  les  uns  pour  les  autres. 

Garantie  de  toutes  les  libertés  publiques  :  d'association,  de  réunion,  de  parole,  de 
presse. 

Dénonciation  du  Concordat.  —  Suppression  du  budget  des  cultes.  —  Séparation  des 
Églises  et  de  FÉtat.— Suppression  des  congrégations;  retour  à  la  Nation  des  biens  de  main* 
morte,  —  Liberté  absolue  des  doctrines.—  Liberté  de  conscience. —  Abrogation  de  la  loi  du 
15  mars  1850,  dite  loi  Falloux. 

Émancipation  complète  de  tous  les  êtres  humains,  sans  distinction  de  sexe,  de  race  ni 
de  nationalité. 

Suppression  des  fonds  secrets. 

Abolition  de  toutes  les  lois  restrictives  de  la  liberté  de  penser  ou  décrire. 

Rétribution  des  fonctions  électives  afin  de  les  rendre  accessibles  à  tous. 

Décentralisation  administrative.  —  La  commune,  le  département,  l'État,  maîtres  cha¬ 
cun  de  leur  budget  et  de  leurs  services,  dans  les  limites  compatibles  avec  l'unité  nationale. 
—  Épuration  du  perionnel  des  administrations  publiques  dans  le  sens  républicain. 

Réforme  de  la  magistrature.  —  Révision  des  Codes.  —  Justice  gratuite. 

Instruction  laïque  obligatoire  et  intégrale  aux  frais  de  l'État  par  voie  de  concours. 

Politique  de  paix.  —  Arbitrage  entre  nations.  —  Plus  d’aventures  coloniales. 

Questions  agricoles . 

Protection  de  l'agriculture,  car  c'est  d’elle  seule  que  découle  la  richesse  industrielle  et 
commerciale  et,  par  suite,  le  travail  de  l'ouvrier. 

Suppression  des  marchés  à  terme  fictifs  sur  les  denrées  de  consommation.  —  Défense 
de  la  culture  nationale  par  l'application  raisonnée  de  taxes  de  douane  sur  les  produits  agri¬ 
coles  étrangers. 

Venir  immédiatement  en  aide  à  l'agriculture  par  la  suppression  de  Pimpôt  foncier,  la 
terre,  simple  instrument  de  travail,  ne  devant  pas  supporter  de  contribution  spéciale. 

Lois  contre  les  spéculateurs  et  les  accapareurs,  qui  causent  un  préjudice  considérable 
à  nôtre  agriculture. 

Réforme  de  la  loi  sur  la  chasse,  qui  devrait  protéger  l'agriculture. 

Révision  du  cadastre. 

Formation,  dans  la  nouvelle  Chambre,  d’un  groupe  spécial  de  défense  des  intérêts  deB 
cultivateurs. 

Organisation  d'une  caisse  pour  parer  aux  sinistres  occasionnés  par  la  grêle,  la  morta¬ 
lité  du  bétail  et  autres  fléaux. 

Création  de  Conseils  de  prud’hommes.agricoles. 

Répression  énergique  des  fraudes  sur  les  produits  agricoles  et  viticoles. 

Maintien  du  droit  des  bouilleurs  de  cru  ;  suppression  de  tout  exercice. 

Abaissement  des  tarifs  de  transport  par  chemins  de  fer  des  produits  agricoles  et  viti¬ 
coles  et  des  matières  servant  à  l'agriculture. 

Questions  ouvrières . 

Création  d'un  ministère  du  Travail. 

Protection  des  enfants  et  des  femmes  employés  dans  l'industrie.  —  Fixation  des  heures 
de  travail  dans  l'industrie  et  d'un  tarif  minimum  des  salaires.  —  Suppression  du  marchan¬ 
dage.  —  Institution  de  caisses  ouvrières  de  prévoyance.  — Personnalité  civile  aux  Fédéra¬ 
tions  syndicales  ou  corporatives. 

Création  d’asiles  de  retraite  pour  les  invalides  du  travail*  —  Organisation  des  retraites 
agricoles  et  ouvrières. 


—  1005 


Participation  des  associations  agricoles  et  ouvrières  dans  les  travaux  de  l'État  et  aussi 
dan»  l’élaboration  des  traités  de  commerce  avec  l’étranger. 

Réalisation  immédiate  de  la  îoi  Berteaux  en  faveur  du  personnel  des  chemins  de  fer. 

Questions  militaires. 

Service  militaire  obligatoire  pour  tous  sans  privilège.  —  Réduction  du  service  à  deux 
ans.  —  Réduction  de  l’effectif  des  armées  permanentes,  en  attendant  leur  suppression,  qui 
devra  résulter  d’une  entente  entre  les  puissances.  —  Suppression  des  périodes  d’instruc¬ 
tion  militaire  de  28  et  13  jours.  —  Suppression  de  la  taxe  militaire.  —  Amélioration  du  sort 
du  soldat  au  régiment.  —  Franchise  postale  permanent©  entre  les  militaires  et  leurs 
familles.  —  Révision  du  Code  de  justice  militaire  :  suppression  des  Conseils  de  guerre  en 
temps  de  paix* 

Questions  écoïiomiques . 

Simplification  des  rouages  administratifs.  —  Réduction  des  gros  traitements.  —  Limita¬ 
tion  du  nombre  des  fonctionnaires;  suppression  des  sinécures.  —  Rémunération  plus  équi¬ 
table  des  petits  employés. 

Suppression  des  monopoles.  —  Rachat  des  chemins  de  fer,  canaux,  mines,  établisse¬ 
ments  de  crédit,  d’assurances,  pour  être  transformés  eu  services  publics  au  profit  de  la 
Nation. 

Suppression  des  octrois  et  des  taxes  de  consommation.  —  Suppression  des  prestations. 
—  Suppression  des  patentes. 

Remplacement  de  tous  les  impôts  actuels  par  un  impôt  fortement  progressif  sur  le 
revenu* 

Plus  d’emprunts,  plus  d’impôts  nouveaux.  —  Réduction  des  dépenses.  —  Politique 
d’économies. 

Questions  locales. 

Élargissement  immédiat  du  faubourg  d’Yonne  et  abaissement  des  ponts  à  Sens. 

Étude  de  la  création  d’une  ligne  de  chemin  de  fer  de  Sens  à  Nogent-sur-Seine. 

Extension  du  réseau  téléphonique  à  toutes  les  communes. 

Révision  des  tarifs  de  chemins  de  fer  relatifs  au  transport  des  vins,  actuellement  établis 
au  détriment  des  vignerons  de  notre  région  qui  sont  sacrifiés  aux  Méridionaux. 

Obligation  pour  l’élu  de  rendre  compte  de  son  mandat  en  réunion  publique  et  contra¬ 
dictoire. 


Gir conscription  de  TONNERRE 
M.  VILLEJLÀN 

Elu  au  2a  tour  de  scrutin.  —  5*654  voix. 


m 


Mes  chers  Compatriotes, 

Les  délégués  républicains  de  toutes  les  communes  de  notre  arrondissement,  réunis  en 
Congrès  à  l’Hôtel  de  Ville  de  Tonnerre,  ont  approuvé  mon  attitude  politique  et  mont  offert, 
pour  la  troisième  fois,  la  candidature  aux  élections  législatives  de  1902* 


—  1006  — 

J’accepte  F  honneur  qu’ils  ont  hier*  voulu  me  faire  et  jg  viens  encore  solliciter  vos 
suffrages. 

Je  crois  avoir  rempli  fidèlement  le  mandat  que  vous  m’avez  confié  eo  1898  ;  j’ai  soutenu 
tons  les  ministères  républicains  et  combattu  ceux  qui  se  sont  appuyés  sur  la  réaction  ;  j'ai 
donné  mon  appui  à  toutes  les  réformes  politiques  et  économiques  qui  ont  pu  être  discutées 
pendant  ces  quatre  dernières  années.  Si  elles  ne  sont  pas  assez  nombreuses,  n?en  rendez 
pas  responsables  les  démocrates,  qui  ont  dû  se  grouper  derrière  le  ministère  actuel  et  lutter 
Huis  les  jours  afin  de  défendre  l’existence  môme  de  la  République  menacée  par  les  factions 
que  nous  retrouvons  aujourd'hui  étroitement  unies  dans  notre  arrondissement  sous  une 
étiquette  républicaine. 

On  a  perdu  l’espoir  de  changer  la  forme  du  Gouvernement,  mais  on  essaie  de  s’em¬ 
parer  sournoisement  do  la  République  pour  effacer  d’un  seul  coup  toutes  les  conquêtes 
qu’elle  nous  a  déjà  données. 

Voici  les  principales  réformes  que  nous  avons  pu  faire  aboutir  dans  la  dernière  légis¬ 
lature  : 

Organisation  du  Crédit  agricole.  —  Modification  du  régime  de  l’admission  temporaire 
des  blés  étrangers,  pour  supprimer  l’agîo  et  rendre  effectifs  les  droits  d’entrée  sur  ces 
matières.  —  Dégrèvement  des  boissons  hygiéniques  et  suppression  des  droits  d’octroi  pour 
faciliter  la  consommation  et  la  vente  de  nos  vins.  —  Réforme  hypothécaire.  —  Réforme 
démocratique  des  droits  de  succession.  —  Amélioration  à  la  loi  sur  les  accidents  du  travail; 
application  de  cette  même  loi  à  certains  travailleurs  agricoles.  —  Réduction  des  droits  sur 
les  alcools  dénaturés.  —  Loi  de  protection  pour  la  marine  marchande.  —  Réorganisation 
profonde  de  l’armée  et  de  la  marine,  dont  les  dépenses  seront  sévèrement  contrôlées.  — 
Création  de  l’armée  coloniale.  —  Extension  du  service  des  postes,  télégraphes  et  téléphones. 
—  Réorganisation  du  ministère  du  commerce  et  de  ‘l'industrie,  comportant  la  création  d’une 
direction  du  travail  et  de  chambres  consultatives.  —  Loi  sur  la  liberté  d’association.  — 
Réforme  de  Renseignement  secondaire,  etc.,  etc. 

Certes,  il  nous  reste  encore  beaucoup  à  faire  et,  pour  achever  le  programme  du  vieux 
parti  républicain,  nous  devons  continuer  à  demander  énergiquement  l’application  des 
mesures  qui  nous  paraissent  le  plus  propres  à  améliorer  le  sort  des  humbles  fout  en  favo¬ 
risant  le  libre  développement  de  ^activité  nationale  qt  en  garantissant  la  paix  sociale. 

C’est  dans  cpt  esprit  qqe  je  maintiens  tous  |gg  articles  du  programme  que  je  vous  ai 
soumis  en  1895  et  en  1898  : 

L  Protectigp  de  la  production  nationale,  tant  contre  la  concurrence  étrangère  que 
contre  les  entreprises  dr$  aqçapareprs  et  dq  j&  féodalité  financière.  ^  Réglementation  des 
marchés  à  terme  sur  les  denrées  de  consommation, 

IL  —  Réforme  successive  de  notre  système  d’impôts  qui,  de  toute  évidence,  pèsept 
trop  lourdement  sur  la  classe  laborieuse.  —  Impôt  de  statistique  sur  le  revenu,  remplaçant 
la  cote  mobilière  ou  la  contribution  de  ;  portes  et  fenêtres,  de  façon  a  établir  sur  des  bases 
certaines  Tirapôt  progressif  sur  le  revenu,  avec  dégrèvement  à  la  base,  —  Suppression  des 
prestations.  —  Déclassement  des  terres,  afin  (Rassurer  une  meilleure  répartition  de  l’impôt 
foncier.  —  Révision  de  la  législation  des  patentes,  —  Abaissement  progressif  des  droits  de 
consommation  sur  les  matières  alimentaires,  notamment  sur  le  sucre  et  le  café. 

III.  —  Révision  partielle  de  la  Constitution.  —  Limitation  des  attributions  du  Sénat 
en  matière  politique  et  financière.  —  Abaissement  à  six  ans  de  la  durée  du  mandat  séna¬ 
torial. 

IV.  —  Réduction  de  la  durée  du  service  militaire  à  deux  années  dans  l’armée 
active.  —  Suppression  complète  des  dispenses  ;  secours  en  argent  aux  familles  nécessi¬ 
teuses  dont  les  fils  sont  appelés  sous  les  drapeaux.  —  Réduction  immédiate  des  appels  de 
la  réserve  à  vingt  jours  et  suppression  des  treize  jours  de  l’arrqée  fuïritorialfi. 

Mesures  législatives  mettant  en  harmonie  f organisation  des  cadres  inférieurs  avec  les 
nécessités  nouvelles  créées  par  le  service  de  deux  ans,  de  façon  à  ne  pas  compromettre  la 
sécurité  nationale. 


—  Mi  — *  N°  H  62 

V.  —  Abrogation  de  ïa  loi  Falloux,  —  Monopole  de  renseignement  par  FÉlat  à  tous  les 
degrés.  —  Application  intégrale  de  la  loi  sur  les  associations.  —  Loi  sur  la  police  des  cultes 
assurant  à  tous  la  liberté  de  conscience.  —  Séparation  des  Églises  et  de  1/Etat. 

VI.  —  Organisation  de  l’assistance  duc  aux  travailleurs  nécessiteux  atteints  par  la 
vieillesse  et  les  infirmités,  —  Reprise  immédiate  de  ia  discussion  de  la  loi  sur  les  retraites 
des  travailleurs  industriels  et  agricoles.—  Modification  immédiate  de  la  loi  du  3ü  mars  1900 
sur  la  durée  du  travail  dans  les  chantiers  et  les  usines  qui  emploient  des  femmes  et  des 
enfants;  cette  modification  doit  être  faite  en  faveur  de  la  liberté  du  travailleur,  toutes  tes 
fois  que  sa  santé  ou  celle  des  apprentis  ne  peut  être  compromise. 

Vil.  —  Réformes  administratives  dans  le  sens  de  la  décentralisation,  —  Économies 
dans  le  haut  personnel  des  ministères  et  des  grandes  administrations  publiques,  par  le 
contrôle  incessant  du  Parlement.  —  Amélioration  des  traitements  des  petits  employés  de 
l’État,  dont  les  services  augmentent  avec  îé  développement  de  la  production  et  de  Factivité 
des  services  nationaux, 

VIII-  —  Maintien  tle  l’alliance  Fusse  en  vue  d’assurer  la  paix  européenne  et  la  défense 
de  nos  intérêts  dans  toutes  les  parties  du  monde.  —  Pas  de  nouvelles  conquêtes,  mais 
défense  énergique  de  nos  nationaux  et  du  nos  colonies,  dont  nous  devons  poursuivre  la  mise 
en  valeur  au  graud  profit  du  notre  commerce  et  de  notre  industrie. 

Politique  extérieure  digne  et  ferme,  conforme  à  notre  puissance  militaire  réorga¬ 
nisée  et  aux  traditions  de  Justice  et  d’humanité  qui  ont  mis  la  France  à  la  tête  des  nations 
civilisées. 

Mes  chers  Compatriotes, 

Nous  avons  combattu  ensemble  et  nous  avons  vaincu  les  adversaires  du  progrès  en  nous 
appuyant  sur  le  programme  précédent;  il  vous  appartient  de  le  faire  triompher  encore;  je 
compte  sur  votre  bon  sens  et  vos  convictions  républicaines*  vous  irez  au  Scrutin  pleins  de 
confiance  dans  Favenir  du  la  démocratie,  qui  marché  sûrerhent  vers  un  but  bien  défini  d’amé- 
liera t-i on  sociale. 

Nous  n’avo nÉ  désorganisé^  comtne  le  parti  réactiontiairè  sepléit  à  ie  dire,  aucun  des 
grands  services  public^;  la  législature  se  solde  par  uix  excédent  de  275  millions;  la  France 
est,  à  Phèdre  actuelle,  plus  riche  et  plus  forte  qu’elle  ne  Fa  jamais  été;  son  armée  est 
admirable;  la  puissance  de  sa  marine  augmente  graduellement  et  Sera  dt/ublée  en  1906  ;  sa 
puissance  d’épargne  et  son  activité  commerciale  et  industrielle  sont  telles  qu’ellé  possède 
uu  trésor  monétaire  incomparable  et  que  sba  crédit  a  doublé  depuis  vingt-cinq  a  fis. 

Du  reste,  la  situation  de  la  France  est  si  bien  établie  à  l'étranger  qu’efie  lui  a  valu 
l'alliance  de  la  Russie  et  un  rapprochement  très  significatif  avec  FItàlie. 

Ayons  donc  confiance  dans  l’avenir,  dédaignons  les  attaques  injustifiées  dirigées  contre 
le  régime  républicain,  contre  le  ministère  actuel  et  les  députés  qui  Font  soutenu  depuis 
trois  ans.  Ces  attaques  masquent  le  but  véritable,  qui  est  de  revèêir  en  arrière  et  de  faire 
échec  aux  lois  républicaines  et  véritablement  démocratiques  que  nous  avons  votées  au  cours 
de  la  dernière  législature. 

Nous  continuerons  notre  marche  en  avant  avec  la  devise  :  Pas  de  réaction  ! 

Vive  la  République  démocratique! 

Docteur  Eugène  VILLEJFtôN, 

Professeur  agrégé  de  ïa  Facilité  de  médecine  de  Pàïis, 
Pharmâciéfi  en  chef  dé  PHotebD'iéb, 

Conseiller  général  de  F  Yonne, 

Député  sortant. 


—  1008  — 


ALGÉRIE 


lre  circonscription  d*  ALGER 

M,  COLIN 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  9,604  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Le  Congrès  républicain,  qui  s’est  réuni,  à  Alger,  le  9  mars  dernier,  m’a  désigné,  à 
l 'unanimité,  pour  être  le  porte-drapeau  du  Parti  républicain  tout  entier,  en  face  du  député 
réactionnaire  sortant:  M.  Ed.  Drumont. 

Cette  désignation  unanime  me  dispenserait  de  tout  programme,  car,  à  elle  seule,  elle 
est  tout  un  programme*  Je  vous  dois,  cependant,  les  déclarations  suivantes  : 

Républicain,  je  le  suis  profondément,  car  j’estime  que  la  République  est  le  seul  régime 
qui  puisse  répondre  aux  aspirations  et  aux  vœux  d’une  grande  démocratie. 

Comme  moi,  il  est  vrai,  mon  adversaire  se  dit  républicain.  Mais  la  République  dont  je 
me  réclame  n’est  pas  une  République  qui,  comme  celle  de  M.  Drumont,  est  faite  du  regret 
de  toutes  les  servitudes  du  passé  ;  c’est  une  République  s’inspirant  de  tous  les  principes  de 
tolérance,  d’égalité,  de  solidarité  et  de  liberté,  posés  par  nos  pères  de  1789,  et  de  cette 
République,  M.  Drumont  ne  fera  jamais  partie. 

Mon  adversaire  me  désigne  comme  l’homme  des  juifs,  parce  que  je  ne  vis  pas  de 
1* antisémitisme,  comme  lui. 

Àntijuïf,  je  pourrais  me  dire  tel,  si  cela  consistait,  comme  il  y  a  quatre  ans  encore,  à 
se  proclamer  ennemi  des  privilèges  réservés  aux  adeptes  d’une  certaine  croyance.  Mais 
je  ne  puis  l’être  avec  M*  Drumont,  car  ce  serait  admettre  qu’à  raison  de  sa  race  ou  de  sa 
religion,  un  homme  puisse  être  frappé  de  déchéance. 

Or,  cela,  un  républicain  ne  pourrait  l’admettre,  puisqu’il  lui  faudrait  oublier  et 
méconnaître  notre  admirable  Déclaration  de  Droits  de  l’homme  et  du  citoyen  ;  «  Tons  les 
hommes  naissent  libres  et  égaux  en  droits,  sans  autres  causes  de  distinction  que  leurs 
vertus  et  leurs  talents.  » 

Ayant  horreur  des  guerres  de  races  et  des  troubles  qu’elles  engendrent,  j’ai  toujours  été 
et  je  reste  partisan  convaincu  des  solutions  de  la  loi  du  26  juin  1889  sur  la  naturalisation. 
J’ai  toujours  considéré  et  considère  encore  que  l’application  de  cette  loi  est  réclamée  par 
les  intérêts  permanents  de  ce  pays. 

Aussi  hostile  aux  luttes  religieuses  qu'aux  guerres  de  races,  je  me  proclame  résolument 
l’adversaire  de  tonte  mesure  légale  ou  administrative  susceptible  de  porter  atteinte  à  la 
liberté  de  conscience  et  au  libre  exercice  d’un  culte,  quel  qu’il  soit.  Mais,  d'autre  part,  il 
importe  que  les  ministres  de  tous  les  cultes  sachent  se  maintenir  dans  le  domaine  qui  leur 
est  propre  ;  et  j’estime  que  le  pouvoir  civil  ne  saurait  être  trop  énergiquement  armé  pour 
les  y  maintenir,  ou  les  y  ramener  s’ils  tentaient  d’en  sortir  pour  intervenir  dans  les  luttes 
de  la  politique. 


—  1009  — 


n°  H62 


Bien  que  nos  adversaires  prétendent  monopoliser  te  patriotisme,  je  suis  partisan  d’une 
armée  grande  et  forte,  puisqu'une  armée  telle  paraît,  aujourd’hui  encore,  la  condition  de 
notre  existence  nationale. 

Mais,  tandis  qu’ils  révem  d’une  armée  intervenant,  à  leur  profit,  dans  les  luttes  de  la 
politique,  je  veux,  au  contraire,  une  armée  se  cantonnant  dans  sa  tâche  patriotique,  et  se 
gardant  de  discuter  dans  une  mesure  quelconque  les  actes  du  pouvoir  civil. 

Au  point  de  vue  social,  j’estime  que  toutes  les  questions  qui  concernent  l'amélioration 
du  sort  des  travailleurs  doivent  nécessairement,  à  l’heure  actuelle,  primer  toutes  les  autres, 
aux  yeux  de  ceux  qu’éclaire  et  guide  un  idéal  républicain,  c’est-à-dire  un  idéal  de  fraternité 
et  de  solidarité  sociales. 

Enfin,  au  point  de  vue  algérien,,  je  ne  crains  pas  de  déclarer  que  je  croirais  manquer  à 
ma  mission  si,  à  l’exemple  du  député  sortant,  je  me  cantonnais  dans  ce  rôle  stérile  qui 
consiste  à  faire  au  Gouvernement  une  opposition  systématique. 

J’estime,  en  effet,  que  ce  rôle  ne  saurait  convenir  à  un  député  de  l’Algérie, 

Avant  tout  et  surtout,  un  député  algérien  doit  se  consacrer  à  la  défense  des  intérêts 
économiques  de  la  Colonie,  bien  plutôt  qu’il  ne  doit  intervenir  dans  les  luttes  ardentes  de 
la  politique  métropolitaine.  Et  ce  n’est  pas  à  l’heure  actuelle,  alors  que  ce  pays  traverse 
une  crise  agricole  et  commerciale  d’une  exceptionnelle  gravité,  qu’il  peut  être  question, 
pour  un  député  algérien,  d’oublier  et  de  méconnaître  cet  impérieux  devoir. 

Aussi,  pour  que  le  Gouvernement  puisse  me  rencontrer  parmi  ses  adversaires  résolus 
et  irréductibles,  il  faudrait  qu’il  ne  s’agisse  de  rien  moins  que  de  défendre  contre  lui  la 
République  elle-même.  Voilà  les  décïaratioûs  essentielles  que  je  crois  devoir  aux  électeurs. 
Je  ne  doute  pas  qu’elles  soient  de  nature  à  suffire  à  tous  ceux  que  hante  le  rêve  d’uue 
Algérie  désormais  honorée  et  prospère,  et  qui  estiment  que  cTest  non  par  des  cris  de  haine, 
non  par  des  agitations  stériles,  mais  par  la  concorde,  le  travail  et  l’union  de  tous,  que  ce 
pays  peut  atteindre  aux  destinées  qui  lui  paraissent  promises* 

Vive  la  France  î 
Vive  FAlgérie  ! 

Vive  la  République  1 

Maurice  COLIN, 

Candidat  do  Congrès  républicain. 


■i  • 

2°  circonscription  d’ ALGER 

M.  BEGEY 

Elu  au  26  tour  de  scrutin.  —  7,561  voix. 


Mes  cher  Concitoyens, 

Je  ne  suis  pas  un  nouveau  venu  dans  la  politique,  dans  les  affaires  publiques,  et  cela 
même  me  dispense  d’entrer  dans  de  longs  développements  en  ayant  l’honneur  de  solliciter 
vos  suffrages  pour  vous  représenter  à  la  Chambre  des  Députés. 

H  me  suffira  de  vous  rappeler,  mes  chers  Concitoyens,  que  depuis  plus  de  vingt  ans 
je  lutte  avec  ardeur  pour  les  idées  de  liberté,  de  fraternité  et  de  justice,  qui  sont  la  raison 
d’être  de  notre  régime  républicain. 

De  vous  rappeler  aussi  que,  pendant  ces  dernières  années,  alors  qu’il  y  avait  danger 


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—  1110  — 

à  le  faire  et  que  tant  d’autres  conservaient  un  silence  prudent,  j’étais  de  ceux  qui  protes¬ 
taient,  au  Conseil  général  et  ali  leurs,  contti  cette  politique  de  haine  et  de  désordre  qui 
a  tant  fait  de  mal  à  l’Algérie  en  nous  déconsidérant  aux  jeux  de  nos  compatriotes  de  la 
Métropole, 

j'étais  enfin,  dans  ces  épreuves  difficiles,  de  ceux  qui  ont  encouragé  le  Gouvernement 
de  Défense  républicaine,  à  la  tête  duquel  se  trouve  placé  l’éminent  homme  d’État  Vvakleek- 
Rousseau,  lorsqu’il  avait  à  supporter  l’assaut,  des  réactionnaires  qui,  sous  le  nom  de 
nationalistes  —  alors  qu’ils  faisaient  tant  de  mal  au  pays  —  ne  cherchaient  qu’à  revenir 
aux  anciens  régimes. 

Si  j’ai  l’honneur  d’être  votre  représentant  à  la  Chambre  des  Députés,  c’est  cette  politique 
que  je  continuerai  à  suivre,  m’inspirant  en  cela  des  idées  saines  de  la  grande  majorité  des 
électeurs  de  la2û  circonscription,  en  lesquels  le  Gouvernement  de  la  République  a  trouvé 
un  si  préemux  appui,  lorsqu’il  luttait  en  Algérie  contre  ceux  qui  ont  inauguré  à  Alger  cette 
détestable  politique  qui  va  cesser  te  27  avril  prochain  par  l’échec  de  DrumonL 

Je  m’empresse  d’ajouter,  mes  chers  Concitoyens,  que  la  politique  ne  sera  pas  ma  seule 
préoccupation,  car  un  député  algérien,  et  plus  particulièrement  celui  de  la  2e  circonscription, 
doit  surtout  s’occuper  des  questions  économiques,  des  intérêts  des  agriculteurs,  aujourd’hui 
tant  éprouvés  par  l'avilissement  dos  prix  de  leurs  produits. 

Je  m’inspirerai,  pour  défendre  ces  intérêts,  des  discussions  qui  ont  lieu  dans  les 
diverses  sociétés  d’agriculture,  des  décision  prises  par  les  intéressés,  et  j’ai  l’espoir  ainsi 
de  contribuer  à  l’amélioration  de  la  situation  actuelle. 

J’ai  la  conviction,  tout  se  rapportant  en  Algérie  à  l’agriculture,  qu’en  m’occupant  des 
intérêts  des  agriculteurs,  je  m’occuperai  des  intérêts  de  tous. 

M’inspiraut  aussi  des  délibérations  des  Délégations  financières,  qui  recherchent  en  ce 
moment  le  moyen  pratique  de  racheter  les  lignes  ferrées  algériennes  avec  le  concouis  de 
la  Métropole,  je  ferai  tous  mes  efforts  pour  que  cette  question  aboutisse  ;  car  la  possession 
de  nos  lignes  ferrées  nous  permettra  de  faire  ou  de  faire  faire,  aux  compagnies  fermières, 
de  notables  améliorations  dans  l’exploitation,  ['unification  des  tarifs  et  leur  raisonnable 
réduction  réclamée  depuis  si  longtemps. 

Je  m’empresse  d’ajouter  qu’il  ne  faudra  pas  que  les  agents  des  compagnies  actuelles 
redoutent  cette  éventualité,  les  Délégations  financières  ayant  décidé  que  les  droits  acquis 
par  cette  catégorie  m  intéressante  de  travailleurs  seront  non  seulement  respectés,  mais  que 
Ton  améliorera  la  situation  pour  la  plupart  d’entre  eux.  Je  dois  rappeler,  à  cette  occasion, 
que  c’est  sur  ma  proposition  que  îa  Délégation  des  colons  prenait  cette  décision,  qui  a  été 
egalement  prise  par  la  Délégation  des  non-colons,  sur  L’initiative  de  mon  collègue  et  ami 
Bérard, 

Pour  cette  intéressante  catégorie  de  travailleurs,  le  vote  de  la  Loi  Btrteaux  s  impose. 

Tout  en  m’occupant  des  intérêts  des  agriculteurs,  des  propriétaires,  je  n  entends  pas 
me  désintéresser  de  ceux  de  la  classé  ouvrières,  des  petits  employés. 

Je  rechercherai  donc,  avec  les  membres  du  Gouvernement  actuel  qui  s’en  sont  déjà 
occupés,  Les  moyens  pratiques  d’assurer  l’existeuce  aux  travailleurs  sur  leurs  vieux  jours, 
F  amélioration  enfin  de  leur  situation  actuelle. 

La  création  des  tribunaux  répressifs  des  indigènes,  qui  vient  d’être  faite  par  un  décret 
dff  à  l’intelligente  et  active  intervention  de  M.  Bevoil,  noire  si  dévoué  et  si  distingué 
Gouverneur  général,  ayant  fait  faire  un  grand  pas  vers  la  sécurité  réclamée  pat  les  colons, 
je  ne  dirai  qu’un  mot  sur  ce  point,  c'est  que  je  m’efforcerai  d’obtenir  l’application  aux  indi¬ 
gènes  des  campagnes  de  là  responsabilité  collective,  dernière  mesure  à  prendre  poui 
assurer  complètement  la  sécurité. 

Eu  terminant,  je  ferai  remarquer  que  ces  questions,  et  beaucoup  d’autres  qui  ne 
peuvent  être  énumérées  et  développées  dans  une  profession  de  foi,  me  sont  familières, 
et  que  mieux  que  bien  d’autres,  moi  h  s  expérimentés,  je  suis  par  conséquent  à  même  de 
les  faire  aboutir. 

Propriétaire  rural  aussi  bien  que  propriétaire  urbain,  j’ullre  encore  ceue  garantie  aux 


—  im  — 


N°  1162 


colons,  c’est  que  mes  intérêts  sont  \m  leurs,  et  que  depuis  la  création  des  Délégations 
financières,  je  les  représente  comme  délégué  colon. 

pouvant  enfin  consacrer  tout  mon  temps  à  la  défense  de  vos  intérêts,  n'ayant  à  Paris 
rien  autre  chose  à  y  faire,  vous  aurez  ïa  certitude,  mes  chers  Concitoyens,  devoir  en 
moi  un  représentant  dévoué,  rompu  aux  affaires  publiques  et  dont  le  passé  répond  do 
l'avenir- 

Vive  ia  France  I 
Vive  FAlgêrie  ! 

Vive  la  République  ! 

Emile  BEGEY, 

Propriétaire,  Conseiller  général  f 
Délégué  financier  des  colons* 


lre  circonscription  de  GONSTANTINE 

M.  AUBRY 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin  —  ô,Û5é  voix. 


Mes  chers  Concitoyens,  , 

Si  je  n’avais  écouté  que  mes  gôfits,  mes  intérêts  et  les  objurgations  des  miens,  je  ne 
briguerais  pas  aujourd'hui  l’hoaneur  dé  vous  représenter  au  Parlement. 

Mais  ayant  été  toujours  Un  homme  de  devoir,  je  ne  pouvais  hésiter  entre  des  consi¬ 
dérations’ personnelles  et  l’intérêt  général.  Je  ne  pouvais  refuser  le  poste  d’honneur  et  de 
combat  qui  m’était  offert,  sans  rehier  moü  passé,  sans  renier  mes  principes  et  ma  foi  poli¬ 
tique  C’eût  été  de  ma  part  line  abdication,  une  faillite  morale. 

Comme  c’est  pour  mes  idées  et  mes  convictions  politiques  que  je  lutte,  et  non  pour  moi- 
mûme,  je  vais  à  la  bataille  sans  fiel  et  sans  haine,  avec  ia  sérénité  confiante  et  la  géné¬ 
reuse  ardeur  qu’inspire  une  noble  causé. 

Vingt-cinq  années  passées  dans  cette  Algérie  que  j’a.me  tant  et  ou  j’ai  tous  mes  inté¬ 
rêts  crédits  et  futurs,  dix  années  dé  gestion  municipale  et  sept  années  consacrées  aux 
affaires  départementales,  dont  deux  au  fauteuil  de  la  Présidence,  seront,  j’ose  l’espérer,  des 
titres  suffisants  à  VOS  yeux  pour  l’exercice  du  mandat  que  je  sollicite.  _ 

Républicain  de  principe  et  de  doctrine,  je  suis  toujours  resté,  sans  une  minute  de 
défaillance  fidèle  à  mes  convictions  et  à  mes  amitiés  politiques;  et  aux  heures  les  plus 
critiques,  mes  amis  savaient  à  l’avance  que  je  ne  faillirais  jamais  à  mon  devoir  et  qu’ils 

pouvaient  compter  sur  moi.  ,,  .  x  „ 

Quelque  ardeur  que  j'ai  apportée  dans  les  luttes  politiques,  j’ai  toujours  respecté  mes 
adversaires  et  n’ai  jamais  abusé  de  la  victoire.  Ceux  d’entre  eux  que  j’ai  obligés  sont  légion. 
Quant  à  mes  prétendues  victimes,  je  demande  qu’on  cite  leurs  noms! 

De  mon  programme,  jô  ne  donnerai  ici  que  les  grandes  lignes, 

tifesafit  à  d’a-î très  les  étiquettes  sonores  et  tapageuses  qui  ne  sont,  trop  souvent, 
hélas1  qu’une  surenchère  électorale,  je  m’intitule  républicaiu  tout  simplement.  Mais 

j’alfirme  qu’aucune  réforme  politique  ou  sociale  ne  m’épouvante,  à  la  condition  toutefois 


qu'elle  respecte  la  liberté  individuelle  et  la  propriété,  fondements  essentiels  de  toute 
société  régulière. 

Par  mon  origine,  je  suis  du  peuple,  et  par  ma  profession,  fai  appris  à  l'aimer.  Aussi 
tous  mes  efforts  tendront-ils  a  améliorer  le  sort  du  prolétaire  et  à  faire  régner  dans  la 
société  un  peu  plus  de  justice  distributive. 

Mais  pour  atteindre  ce  but,  je  compte  beaucoup  plus  sur  la  liberté  et  sur  îe  jeu  naturel 
de  l’association  sous  tous  les  formes  que  sur  l’intervention  de  l’État, 

L’État  providence*  l’État  entrepreneur  de  félicité  publique,  ne  m’inspire  que  craintes  et 
appréhensions.  Le  moindre  danger  de  ce  système  est  une  centralisation  excessive  qui 
opprime  le  citoyen  et  l'annihile  en  lui  enlevant  toute  responsabilité  et  toute  initiative. 
L’aboutissant  naturel  du  système*  c’est  le  césarisme  et  le  collectivisme.  L'avertir  politique 
et  économique  de  notre  pays  me  semble  donc  être  subordonné  à  la  réalisation  d’une  décen¬ 
tralisation  progressive  et  rationnelle. 

Dans  les  conflits  entre  le  patronat  et  le  salariat*  le  droit  à  la  grève  m’apparaît  comme 
sacré*  mais  ce  droit  a  un  corollaire  nécessaire  :  la  liberté  du  travail,  L'État  doit  faire  res¬ 
pecter  Fun  et  l’autre. 

Les  charges  fiscales,  autrement  dit  les  impôts,  me  paraissent  devoir*  en  toute  justice, 
peser  surtout  sur  celui  qui  possède.  le  voterai  donc  l’impôt  sur  le  revenu,  mais  à  la  condi¬ 
tion  que  la  taxation  ne  soit  ni  vexatoire,  ni  inquisitoriale.  Je  repousserai  l’impôt  progressif 
sur  le  revenu,  que  je  considère  comme  un  instrument  de  spoliation  et  de  nivellement 
social. 

Un  bon  régime  douanier  doit  tenir  le  milieu  entre  la  protection  et  le  libre  échange. 
Car  ï’un  ou  Fautre  système,  appliqué  d’une  manière  absolue  et  permanente  peut  entraîner, 
pour  la  production  nationale,  des  ruines  irréparables. 

L'enseignement  national  est,  à  mon  sens,  trop  exclusivement  orienté  vers  les  fonctions 
et  les  emplois  de  l'État.  Il  est  urgent  de  le  réformer  et  de  l'adapter  aux  besoins  du  com¬ 
merce,  de  l’industrie  et  de  l’agriculture.  Malheur  au  peuple  qui  ne  se  prépare  pas  aux 
luttes  économiques  de  demain  et  se  laisse  distancer  par  les  peuples  rivaux  î 

Je  m’opposerai  à  toute  extension  de  notre  domaine  colonial,  La  France  ne  doit  pas 
compromettre  son  honneur  et  sa  sécurité  dans  de  nouvelles  entreprises.  Ses  immenses  pos¬ 
sessions  créent  des  débouchés  suffisants  à  son  commerce  et  à  son  industrie.  C’est  vers  leur 
mise  en  valeur  et  leur  exploitation  rationnelle  que  doivent  tendre  tous  ses  efforts. 

Enfin  je  prends  rengagement  de  défendre  avec  un  soin  jaloux  les  droits  et  les  préro¬ 
gatives  de  l’État  contre  tout  empiétement  du  clergé  (à  quelque  culte  d’ailleurs  qu’il  appar¬ 
tienne)  ;  et  pour  sauvegarder  les  droits  de  l’État  laïque,  j'irai  s’il  le  faut,  jusqu’à  la  sépara¬ 
tion  des  Églises  et  de  l’État. 

Au  point  de  vue  algérien  :  je  crois  indispensable  d’appliquer  aux  crimes  et  délits 
indigènes  une  juridiction  d’exception,  moins  compliquée  et  plus  expéditive.  Le  décret  sur 
l'organisation  des  tribunaux  répressifs  est  un  premier  pas  dans  cette  voie.  L'expérience 
seule  montrera  ce  qu’il  vaut  dans  l’application.  Je  voterai  d’ailleurs  le  maintien  aux  admi¬ 
nistrateurs  de  leurs  pouvoirs  disciplinaires  et  de  plus  la  réforme  du  régime  pénitentiaire 
appliqué  aux  condamnés  indigènes.  Quant  à  la  responsabilité  collective,  elle  me  paraît 
irréalisable. 

Je  demanderai  ou  voterai  en  outre  : 

La  révision  du  décret  de  1878  en  ce  qui  concerne  la  répartition  des  concessions  dans 
les  nouveaux  centres  de  colonisation;  révision  comportant  l’admission  des  Algériens  et 
fils  de  colons  pour  la  moitié  au  moins  des  lots,  et  l'attribution  aux  Algériens  des  lots  refusés 
ou  laissés  disponibles  par  les  émigrants. 

L’application  liberale  et  large  de  la  loi  de  1897  sur  la  propriété  indigène,  c’est-à-dire 
la  liberté  absolue  des  transactions  entre  indigènes  et  Européens, 

Le  rachat  des  chemins  de  fer  algériens  en  vue  de  Lanification  des  tarifs  et  leur  remise 
à  la  colonie  à  des  conditions  compatibles  avec  ses  forces  budgétaires. 


—  1013 


N*  1162 


L'introduction  de  l'Act-Torrens  eu  Algérie*  réforme  dont  le  moindre  avantage  sera  de 
faciliter  le  crédit  aux  colons. 

Le  maintien  de  la  loi  de  1889  sur  la  naturalisation,  mais  sous  réserve  expresse  que 
renseignement  de  la  langue  française  soit  effectivement  obligatoire  pour  les  enfants 
d'étrangers. 

L'abrogation  du  décret  Crémieux,  mais  seulement  pour  l'avenir,  les  droits  légalement 
acquis  restant  intangibles.  Les  Israélites  non  encore  naturalisés  ne  pourraient  devenir  citoyens 
français  qu’en  se  conformant  à  la  procédure  ordinaire  relative  à  la  naturalisation  indivi¬ 
duelle. 

Le  maintien  du  service  militaire  d’un  an  pour  les  jeunes  Algériens. 

Enfin  je  défendrai  énergiquement  le  maintien,  pour  les  Algériens,  des  droits  et  préro¬ 
gatives  attachés  à  la  qualité  de  citoyen  français,  et  de  la  charte  politique  dont  ils  jouissent 
depuis  plus  de  trente  ans  et  qui  est  la  plus  précieuse  garantie;  et  je  m'opposerai  d'une 
façon  absolue  à  toute  extension  des  pouvoirs  du  Gouvernement  général. 

Cet  exposé  bien  incomplet  n'est  qu'un  pâle  refiet  de  cet  idéal  de  justice,  de  liberté  et 
de  progrès  vers  lequel  s'acheminent  lentement  la  France  et  l'Algérie  démocratiques.  Mais  à 
chaque  époque  suffit  sa  peine.  Le  reste  sera  l'œuvre  des  générations  futures. 

L'Algérie  est  à  une  heure  grave  de  son  histoire. 

Depuis  cinq  ans,  les  moeurs  politiques  de  ce  pays  se  sont  notablement  abaissées.  Dans 
le  conflit  violent  des  intérêts  et  des  compétitions  personnelles,  la  raison,  ie  bon  sens,  les 
principes  et  les  traditions  républicaines  ont  sombré.  Le  vrai  et  le  faux,  le  juste  et 
l'injuste  se  sont  confondus;  nous  sommes  tombés  en  pleine  anarchie  morale-  Des 
hommes  qui  se  proclament  républicains  ont  fait  appel  aux  plus  basses  passions  de  la  nature 
humaine  et  réveillé  des  mœurs  d'un  autre  âge.  Ils  ont  déversé  l'outrage  et  la  diffamation 
sur  les  meilleurs  citoyens  elles  plus  fidèles  serviteurs  de  la  démocratie,  sans  autre  mobile 
que  le  plus  misérable  intérêt  électoral.  Ils  ont  pactisé  avec  les  pires  ennemis  de  la  Répu¬ 
blique  et  ont  pris  part  à  tous  leurs  complots. 

Sont-ils  donc  des  républicains,  sont-ils  des  disciples  de  la  Révolution!  ces  politiciens 
qui  ont  déshonoré  l'Algérie  par  leur  antisémitisme  grossier  et  sauvage,  et  ont  fait  à  Dru- 
mont  un  triomphe  qui  touche  à  l'apothéose  î 

L'antisémitisme  est  passé  sur  l'Algérie  comme  un  souffle  délétère;  il  a  détraqué  les 
intelligences  et  desséché  les  cœurs. 

A  cette  politique  de  duplicité,  de  mensonge,  de  violences  et  de  trahison,  j'oppose  une 
politique  de  franchise,  de  paix,  de  travail  et  de  loyalisme  républicain. 

A  la  loque  hideuse  de  l'antisémitisme  souillé  par  des  alliances  honteuses  et  emblème 
d’un  passé  barbare,  j'oppose  l'étendard  républicain  avec  sa  flamboyante  devise  :  Liberté, 
Égalité,  Fraternité.! 

J'ai  le  ferme  espoir  que  c'est  autour  de  lui  que  viendront  se  grouper  tous  les  vrais  amis 
de  l'Algérie,  tous  ceux  qui  ont  encore  au  cœur  le  culte  de  la  vérité  et  de  la  justice! 

Vive  la  France  !  Vive  la  République!  Vive  l'Algérie  1 

Dr  A.  AUBRY, 

Chevalier  de  la  Légion  d’Honneur, 

Président  du  Conseil  Général* 

Vice-Président  du  Conseil  supérieur  de  l'Algérie. 


2n  circonscription  de  CONSTANTIN!! 


M.  THOMSON 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  7,179  voix. 


Cher  Concitoyen, 

La  lutte  s'engage*  cette  année*  flans  des  conditions  par  lieu  Itères. 

Pour  vuus,  il  ne  s'agit  pas*  comme  il  y  a  quatre  ans,  de  prononcer  entre  des  républi¬ 
cains  de  nuances  diverses*  qu'une  question  de  circonstance  pouvait  diviser,  mais  dont  la  foi 
démocratique  était  également  sincère  et  qui  étaient  d'accord  sur  les  articles  essentiels  du 
programme  progressiste. 

Aujourd'hui*  c'est  la  République  elle-même*  c'est  son  principe*  ses  lois,  l'avenir  de  ses 
institution^*  qu'il  faut  défendre  contre  des  attaques  sournoises  et  perfides,  derrière  lesquelles 
se  dissimulent  mal  des  tendances  césariennes! 

Nous  avons,  au  cours  de  la  dernière  législature,  assisté  à  un  retour  offensif  de  l'esprit 
de  réaction  contre  l'œuvre  si  péniblement  édifiée  depuis  1870, 

Contre  le  régime  républicain*  une  agitation  factieuse  s'est  produite,  nouveau  Seize-Maî 
plus  dangereux  peut-être  que  le  premier  parce  qu'il  était  plus  hypocrite. 

La  claire  vision  des  périls  d'une  situation  qui  semblait  inextricable,  îa  froide  résolution 
d'un  homme  d'État  qui  a  compris  que,  pour  défendre  le  patrimoine  commun  de  la  démo¬ 
cratie,  il  fallait  s’adresser  à  toutes  les  fractions  du  parti  républicain,  ont  suffi  pour  rétablir 
l'ordre,  pacifier  le  pays  et  briser  les  efforts  de  la  coalition  réactionnaire. 

C'est  ce  que  cette  coalition  n’a  pas  encore  pardonné  à  M:  Waldeck-Boussean, 

Mais  il  ne  suffisait  pas  de  sauvegarder  les  position  s  depuis  longtemps  acquises,  11  fallait 
poursuivre  la  tache  démocratique,  utiliser  fanion  des  républicains  pour  la  marche  en  avant. 
11  fallait,  avec  la  majorité  que  Ton  avait  su  grouper  autour  d’un  programme  réformateur, 
s'appliquer  à  tenir  les  promisses  du  passé, 

Cette  seconde  œuvre  ministérielle*  non  plus  de  défense,  mais  d'action*  n'a  été  ni  moine 
laborieuse,  ni  moins  utile. 

Dans  l'ordre  politique,  une  loi*  depuis  vingt-cinq  ans  promise  au  pays  et  toujours  ajour¬ 
née,  a  consacré  îa  liberté  des  associations  licites  et  les  a  affranchies  des  obligations  draco¬ 
niennes  que  leur  imposait  îa  législation  antérieure, 

La  loi  sur  les  successions  a  mis  fin  à  .une  criante  injustice  en  empêchant  que  l'impôt,  à 
l’avenir,  pesât  sur  l'intégralité  des  biens  transmis,  sans  déduction  des  dettes  de  l'actif  de 
la  succession. 

Le  Gouvernement  sTest  particulièrement  préoccupé  des  réformes  d’assurance  et  de  pré¬ 
voyance  sociale. 

Il  s'est  attaché  au  développement  de  la  mutualité. 

La  réforme  concernant  les  accidents  du  travail  a  été  complétée. 

Comprenant  que  la  démocratie  ne  pouvait  laisser  plus  longtemps  sans  solution,  la 
grave  question  de  la  vieillesse  souffrante,  malheureuse,  dénuée  de  toutes  ressources,  h 
Ministère  a  eu  le  grand  honneur,  en  proposant  l'organisation  des  caisses  de  retraites  pour 
les  travailleurs,  d'aborder  une  réforme  dont  la  réalisation  à  bref  délai  s'impose.  Il  y  a  % 
en  effet*  un  grand  devoir  de  justice  et  de  solidarité  sociale  à  accomplir. 

Au  point  de  vue  de  la  défense  nationale*  et  parmi  toute  une  série  ds  mesures  prisas 
pour  fortifier  notre  organisation  militaire,  la  création  d'une  armée  spéciale  pour  nos  pos- 


—  i04Ü  —  NM  162 

sessions  lointaines  a  enfin  donné  satisfaction  à  l'opinion  qui,  depuis  longtemps,  réclamait 
celte  garantie  indispensable  à  notre  empire  colonial. 

Dans  rofdre  économique,  par  la  réforma  des  octrois,  par  celledes  boissons  hygiéniques, 
on  a  poursuivi  le  dégrèvement  des  objets  de  première  nécessité. 

Pour  notre  Algérie,  une  grande  réforme  budgétaire  a  été  la  création  de  ce  budget  spé¬ 
cial,  si  attendu,  si  demandé,  et  qui  va  vous  permettre  de  vous  procurer  les  ressources 
nécessaires  pour  compléter  votre  outillage  économique. 

Ce  régime  nouveau,  accordé  à  l’Algérie,  doit  à  mon  sens,  donner  deux  grands 
résultats  : 

Notre  autonomie  financière  va  nous  permettre  d* exécuter  rapidement  des  travaux  de 
parachèvement  dont  le  peu  d’élasüriié  de  l’ancien  budget  prolongeait  démesurément  la 
période  d’exéeutioa. 

J’ai,  à  ce  propos,  appelé  Inattention  de  notre  Gouverneur  général,  M.  Revoil,  dont  les 
dispositions  favorables  et  la  féconde  initiative  doivent  nous  inspirer  toute  confiance,  sur  la 
situation  intéressante  de  nos  anciens  centres  et  sur  leurs  pressants  besoins.  Nous  espérons 
q|une  part  importante  des  fonds  d’emprunt  sera  affectée  à  leur  amélioration. 

Comme  seconde  conséquence,  la  mesure  prise  par  ie  Parlement  à  r égard  de  l’Algérie 
doit  largement  favoriser  la  décentra  fixation  dans  nos  trois  départements.  Il  importe  d'élar¬ 
gir  l’action  de  nos  assemblées  locales,  communales  et  départementales,  et  de  leur  per¬ 
mettre  de  régler,  sur  place,  des  questions  qui  risqueraient  de  languir  et  de  s’égarer  dans 
les  bureaux  d’une  administration  trop  centralisée. 

La  situation  des  chemins  de  fur,  en  Algérie,  e.^t  devenue  intolérable  depuis  que  des 
projets  dus  à  l’initiative  du  Gouvernement  ont  donné  aux  Compagnies  des  raisons  de  croire 
que  ie  rachat  était  proche. 

Les  installations  complémentaires,  les  commandes  de  matériel,  Tonification  des  tarifs, 
IM  resté  en  souffrance. 

Voilà  près  de  dix  ans  qu’on  propose  la  révision  des  conventions  algériennes  et  le 
remaniement  des  réseaux;  et  depuis  dix  ans  aucune  modification  importante  aux  tarifs 
existants,  aucune  installation  nouvelle,  aucune  augmenta  lion  sérieuse  du  matériel  ne  se 
dérident,  sous  prétexte  qu’on  va  incessamment  procéder  à  la  réforme  générale  qui,  plus 
que  jamais,  s’impose, 

Tai  fait  et  je  continuerai  à  faire  des  efforts  auprès  de  M.  le  Ministre  des  Travaux  publics 
et  auprès  de  M.  le  Gouverneur  général  pour  obtenir  que  nos  réseaux  et  nos  tarifs  soient 
piip,  tout  en  assurant  au  personnel  si  intéressant  et  si  méritant  de  nos  compagnies  la 
consolidation  des  droits  acquis  et  Taméîioratiou  de  situation  a  laquelle  il  peut  justement 
prétendre. 

Meus  avons  énerniquement  agi  pour  assurer  aux  producteurs  algériens  un  plus  facile 
écoulement  de  leurs  produits  récoltés.  Nous  avons  notamment  défendu  leurs  intérêts  au 
srin  du  Go  mité  consultatif  des  chemins  de  fer  et  obtenu,  après  do  longs  débats,  l’aduptiûü 
des  tarifs  spèciaux  communs  206  et  225  pour  le  transport  sur  Paris  des  vins  algériens. 

Nous  avons  été  assez  heureux,  mon  ami  Etienne  et  moi,  pour  faire  voter  par  Je  Parle¬ 
ment  notre  projet  contre  les  mistelies  étrangères  qui,  nous  en  avons  le  ferme  espoir,  atté¬ 
nuera  dans  une  certaine  mesure,  pour  1  Algérie,  les  fâcheux  efftts  de  la  mévente  des  vins. 

Reste  la  question  de  sécurité  qui,  malheureusement,  conserve  encore  son  caractère  de 
gravité!  Ntous  avons  demandé  et  nous  persistons  à  demander  une  répression  énergique  et 
surtout  rapide  pour  tous  les  méfaits  du  banditisme  indigène. 

Désintérêt  particuliers  de  notre  circonscription  et  de  nos  colons,  il  est  superflu,  je 
crois,  de  vous  parler?  Nos  adversaires  eux-mêmts  veulent  bien  reconnaître  Tardeur  avec 
«quelle  je  les  ai  défendus. 

Chers  Concitoyens, 

Voilà  vingt-cinq  ans  que  j'ai  Tiionuebr  de  représenter  le  départ arntiiii  de  Gonstanrinc. 


: 


1016  — 


En  1877,  Gambetta  qui  me  désignait  à  vos  suffrages,  vous  disait  ; 
a  \h  Gaston  Thomson  est  le  candidat  de  TEJnioû  des  républicains,  11  marchera  en  avant 
du  parti,  mais  pas  en  dehors  de  l'ensemble  du  parti,  et  c’est  ce  qu'il  faut  demander  avant 
tout.  Je  continue  à  faire  des  vœux  pour  son  succès  qui  est  entre  les  mains  des  patriotes 
algériens,  J'aî  reçu  deux  fois,  après  la  guerre,  des  témoignages  de  confiance  de  la  part  des 
citoyens  d’Algérie,  par  deux  élections  que  je  n'ai  pas  oubliées.  À  mon  tour,  je  rend^  ma 
confiance  aux  électeurs.  Ils  doivent  un  succès  de  plus  à  la  République,  Ils  le  lui  donneront.» 

Je  crois  avoir  rempli  avec  conscience  tous  les  devoirs  que  m’imposait  le  patronage  de 
ce  grand  républicain. 

Je  suis  demeuré  fidèle  à  mes  souvenirs,  à  mes  amis  politiques,  à  mes  engagements 
aux  principes  de  la  République  progressiste  et  démocratique. 

Mou  programme  républicain  et  algérien  de  1877  est  mon  programme  d’aujourd'hui. 

Je  vous  demande  de  me  donner,  par  vos  suffrages,  la  force  de  continuer  à  soutenir, 
devant  la  Chambre,  vos  légitimes  revendications. 

Vive  TÀlgêrie  ! 

Vive  la  France  î 

Vive  la  République! 

Gaston  THOMSON,  Député  sortant. 


lri  circonscription  cTGRAN 
M*  TROUIN 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin,  —  5.790  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Le  congrès  républicain,  tenu  à  Cran  ie  19  mars  dernier  et  auquel  ont  pris  part  la 
presque  unanimité  des  Maires  de  votre  circonscription  et  les  membres  du  Comité  de 
Défense  républicaine,  a  bien  voulu  me  désigner  comme  premier  candidat  à  la  députation 
dans  cette  circonscription  au  scrutin  du  2?  avril  prochain.  Fort  de  cette  manifestation 
essentiellement  républicaine,  je  n’ai  pas  hésité  à  accepter  Thonneur  qui  m’était  ainsi  fait. 
J’ai  considéré  qu’il  était  de  mon  devoir  de  mettre  mon  activité  et  mon  dévouement  m 
service  d’une  cause  qui  doit  être  chère  à  tous  ceux  qui  ont  vraiment  au  cœur  l’amour  de  la 
République  et  de  l’Algérie. 

J’ai  pensé  que,  né  dans  ce  beau  département,  dans  cette  ville  d’Oran  où  j’ai  passé  toute 
mon  existence ,  où  j'ai  débuté  comme  instituteur,  où  j’ai  grandi  au  milieu  de  vous,  où  j'ai 
toutes  mes  affections  et  mes  intérêts,  je  pouvais  — -  si  yous  m* accordiez  votre  confiants  ■ — 
rendre  les  services  que  vous  êtes  en  droits  d’exiger  de  ceux  qui  ne  briguent  pas  vos  suf¬ 
frages  par  ambition  ou  pour  le  seul  plaisir  de  manifestations  bruyantes,  toujours  préjtrii" 
ciables  à  l’intérêt  général. 

Candidat  indépendant,  j’apparlïens  au  parti  républicain,  au  parti  de  l’ordre  et  du  pro¬ 
grès.  Mes  opinions  n’ont  jamais  varié,  et  ce  n’est  pas  —  tous  ceux  qui  me  connaissent  le 
savent  —  pour  les  besoins  de  ma  candidature  que  je  me  déclare  ici  franchement  et  résolu¬ 
ment  républicain  radical. 

Je  suis  de  ceux  qui  pensent  qu’à  l’heure  où  le  parti  clérical  et  réactionnaire,  qui  n’a 


—  1017  —  N*  1162 

jamais  désarmé,  relève  la  tète  et  se  reconstitue  pour  créer  ie  désordre,  il  ne  faut  pas  dÉèqui- 
Yoques. 

il  faut  que  les  candidats  disent  sans  ambages  et  ouvertement  avec  qui  ils  ont  toujours 
été,  avec  qui  ils  sont  encore  aujourd'hui,  avec  qui  ils  seront  demain  après  leur  élection, 
quel  asi  le  but  qifiïs  pour  suivent,  quelles  sont  leurs  aspirations  . 

L’étiquette  républicaine  est  en  ee  moment  prise  par  tous  les  candidats  à  la  députation 
en  Algérie.  Il  vous  appartient  de  bien  vérifier,  en  cherchant  dans  le  passé  de  ceux  qui  se 
présentent  à  vos  suffrages,  dans  leurs  alliances,  dans  leur  patronage,  si  ces  candidats  ne 
vous  trompent  pas. 

.  Ma  vie  tout  entière  s’étant  écoulée  au  milieu  de  vous,  il  vous  est  facile  de  procéder  à 
cette  vérification  en  ce  qui  me  concerne.  Vous  ne  trouverez  pas  un  seul  acte  de  mon  exis¬ 
tence  qui  n’ait  été  celui  d’un  bon  et  fidèle  républicain,  d’un  adversaire  résolu  de  ïa 
réaction. 

Partisan  absolu  de  la  liberté  de  conscience,  je  me  suis  toujours  tenu  éloigné  de  toutes 
les  chapelles,  de  toutes  les  églises,  de  quelque  culte  qu’elles  fussent.  J’estîme  que  le  pou¬ 
voir  civil  ne  doit  souffrir  aucun  empiétement  de  la  part  du  pouvoir  ecclésiastique,  que  tous 
les  citoyens,  de  quelque  confession,  de  quelque  religion  qu’ils  soient,  doivent  obéissance  à 
la  loi.  Je  ne  veux  de  privilèges  pour  aucun  d’eux,  et  tous  doivent  un  égal  respect  à  la  Consti¬ 
tution  et  aux  lois  du  pays. 

Élu,  je  serai  toujours  contre  ceux  qui  voudront  porter  atteinte  à  la  liberté  des  cultes 
reconnus,  mais  toujours  aussi  avec  ceux  qui  s’opposeront  à  l’usurpation  de  Pautorité  par  les 
organismes  que  sont  les  congrégations  religieuses  et  qui,  avant  le  vote  de  la  dernière  loi 
surins  associations,  ne  tendaient  à  rien  moins  qu’a  créer  un  État  réactionnaire  dans  l’État 
républicain. 

C’est  vous  dire  que  j’approuve  absolument  le  Ministère  actuel  d’avoir  fait  voter  par  le 
Parlement  cette  loi  sur  les  associations,  qui  n’est  pas  une  loi  de  persécution,  comme  les 
adversaires  de  la  République  le  disent,  mais  bien  une  loi  d’égalité,  qui  sera  appliquée,  j’en 
suis  certain,  sans  parti  pris  et  conformément  aux  désirs  librement  exprimés  des  popu¬ 
lations. 

Ja  donne  aussi  mon  entière  approbation  aux  réformes  sociales,  si  longtemps  réclamées 
par  la  démocratie,  et  que  le  Parlement  a  pu,  sous  la  vigoureuse  impulsion  du  Président  du 
Conseil  des  Ministres,  M.  Waldeck-Rousseau,  voter  au  cours  de  la  dernière  législature: 
réforme  des  successions  et  du  régime  hypothécaire;  réforme  des  boissons;  loi  sur  la  durée 
du  travail  dans  les  ateliers  et  manufactures;  loi  sur  la  sauté  publique;  lot  sur  le  travail  dans 
les  mines;  organisation  de  renseignement  technique  professionnel,  etc.,  etc. 

Je  voterai  toutes  les  mesures  de  finances  susceptibles  d’assurer  l’application  intégrale 
de  la  loi  du  28  mars  1882,  sur  l’organisation  de  l’instruction  primaire  obligatoire,  aussi  bien 
pour  la  France  que  pour  l’Algérie. 

Je  me  ferai  le  soutien,  pour  l’application  à  l’Algérie,  de  la  loi  Berteaux,  toute  en  faveur 
des  employés  de  chemins  de  fer. 

Toutes  ces  lois  sont  d’une  portée  sociale  indiscutable. 

11  en  reste  assurément  d’autres  à  voter  pour  apporter  dans  les  institutions  du  pays  un 
peu  plus  de  justice  et  d’égalûé.  Si  je  suis  votre  élu,  je  donnerai  mon  concours  le  plus 
dévoué  à  l’élaboration  et  au  vote  de  ces  lois  d’humanité  qui,  comme  le  projet  sur  les  retraites 
ouvrières,  doivent  préparer  paur  les  humbles,  pour  tout  ce  monde  si  intéressant  du  travail, 
lui  avenir  moins  dur. 

Dans  ce  même  ordre  d’idées,  je  ferai  tout  mon  possible  pour  que  l’union  du  capital  et 
du  travail,  si  nécessaire  pour  éviter  le  choc  violent  et  les  luttes  inutiles  entre  ces  deux 
facteurs  si  puissants  de  la  prospérité  nationale,  entre  davantage  dans  les  mœurs  de  l’indus¬ 
trie  et  da  c  uomerce. 

Au  point  de  vue  algérien,  je  demanderai,  me  conformant  aux  désirs  qui  seront  exprimés 
par  vos  assemblées  élues,  Conseils  municipaux  et  généraux,  Délégations  financières  et  Con¬ 
seil  supérieur,  la  réalisation  de  toutes  les  mesures  propres  à  assurer  le  développement,  le 
progrès  incessant  de  la  colonisation  et  de  Tou  tillage  économique  de  l’Algérie, 


128 


-  im  — 


Ayant,  comme  commerçant  et  propriétaire,  pratiqué  personnellement  l^iude  deg 
questions  commerciales  et  foncières,  si  complexes  et  si  diverses  en  Algérie,  je  pourrai,  je 
crois,  rendre  quelques  services  dans  la  discussion  de  ces  questions. 

Le  problème  si  compliqué  de  la  sécurité  et  dont  le  récent  décret  sur  la  répression  des 
délits  indigènes  vous  a  apporté  une  partie  de  la  solution*  sera  Fobjet  de  mes  plus  vives 
préoccupations*  Il  faut  à  tout  prix  que  le  colon  soit  protégé  dons  scs  biens  et  dans  ea  per¬ 
sonne. 

Il  faut  aussi  que  le  colon  soit  aidé  et  que  le  crédit  ne  lui  soit  pas  mesuré  avec  la  parti* 
monte  dont  il  se  plaint  parfois,  lies  Caisses  régionales  crédit  agricole  mutuel  devront 
être  créées  partout  on  elles  pourront  apporter  un  utile  concours  à  la  colonisation.  La  sub¬ 
vention  d'un  million  qui  a  été  mise  à  la  disposition  de  celle  du  département  d'Gran,  pourra 
être  un  levier  important  dans  l'avenir. 

L'emprunt  de  50  millions  voté  tout  récemment  par  le  Parlement*  grâce  à  l'autonomie 
financière  dont  f  Algérie  a  été  dotée,  va  permettre  à  notre  Colonie  de  prendre  Fesser  qu’elle 
attendait  depuis  longtemps.  Des  travaux  importants  vont  être  entrepris  :  barrages,  ports, 
canaux,  création  de  centres,  amélioration  des  anciens  villages*  etcM  etc*  Notre  département 
aura  sa  part  dans  cette  distribution.  De  nouveaux  centres  y  seront  établis. 

11  est  de  toute  nécessité  que  tous  nos  chemins  de  1er  reviennent  à  la  masse*  le  suis 
donc  partisan  résolu  de  leur  rachat  immédiat  et,  de  laur  exploitation  directe  par  1  Mat* 

Je  demanderai  que  la  plus  grande  partie  des  concessions  qui  seront  alors  distribuées  le 
soient  aux  fl  Es  de  nos  colons  et  qu'avant  la  remise  de  ces  terres  h  la  colonisation  française, 
on  emploie  à  les  défricher  la  main-d'œuvre  pénitentiaire*  qu’il  faut  faire  sortir  de  nos  pri¬ 
sons,  où  elle  reste  inactive,  pour  îa  rendre  utile  à  la  colonie. 

îe  croîs  avoir  passé  en  revue,  mes  che"s  Concitoyens,  la  plupart  des  questions  suscep¬ 
tibles  d'attirer  plus  particulièrement  l'attention  de  ceux  qui  s'intéressent  aux  progrès  de  la 
démocratie  et  à  la  prospérité  do  notre  chère  Algérie*  S'il  en  est  que,  dans  cet  examen  rapide, 
j'aie  oubliées,  vous  rrdexcu  serez  de  l'avoir  fait,  mais  soyez  bien  persuadés  que*  devenu  votre 
élu,  je  m'intéresserai  à  celles-ci  comme  aux  autres,  avec  le  vif  désir  de  les  faire  aboutir 
toutes  à  une  solution  heureuse  pour  la  République  et  pour  l'Algérie. 

Pour  éviter  dans  l'avenir  toutes  discussions  nuisibles  aux  intérêts  de  P  Algérie,  et  pour 
ne  pas  continuer  à  creuser  le  fossé  qui  existe*  je  suis  pour  le  maintien  des  lois  existantes* 

Fermement  républicain,  homme  aux  idées  de  justice  ot  de  large  tolérance,  hostile  aux 
persécutions,  d'où  qu'elles  viennent,  Français  ayant  servi  mon  pays  et  le  servant  encore  au 
sein  de  Par  iée  nationale  comme  officiers  de  réserve,  partisan  delà  prépondérance  fran¬ 
çaise  dans  la  Mère-Patrie  et  ses  Colonies,  je  viens  à  vous  librement*  sans  attaches  d’aucune 
sorte,  si  ce  n'est  celles  qui  me  lient  depuis  longtemps,  affectueuses  et  désintéressées,  à  nos 
représentants  républicains  au  Parlement,  MM.  Étienne  et  Saint-Germain* 

J'ajouterai  que  je  suis  partisan,  peur  solutionner  la  crise  et  la  mévente  des  vins,  du 
projet  Augé,  modifié  dans  un  sens  libéral* 

En  attendant  le  monopole  des  alcools*  long  à  organiser*  je  demanderai  la  proclamation 
immédiate  d'un  décret-loi,  décidant  que  seul  pourra  être  employé  dans  la  consommation 
et  la  fabrication  des  liqueurs,  Faleool  provenant  du  raisin. 

Et,  pour  remédier  aux  préjudices  causés  aux  industriels  du  Nord,  que  cet  alcool  sera 
frappé  des  droits  nécessaires  pour  donner  une  prime  à  Falco®!  d'industrie  et  lui  permettre 
ainsi  de  concurrencer  les  pétroles  d’Amérique,  Palcool  industriel  devant  être  employé  comine 
moyen  de  chauffage*  de  locomotion  et  d'éclairage,  remplaçant,  en  un  mot*  le  pétrole  dans 
toutes  ses  applications. 

Si  j'obtiens  îa  majorité  de  vos  suffrages,  on  me  verra  toujours  à  la  Chambre  des  Députés 
aux  côtés  et  fidèle  collaborateur  de  M.  Étienne,  dont  l'autorité  et  l'expérience  sont  connues 
de  vous  tous  et  s'imposent  même  à  nos  adversaires  politiques. 

Vive  îa  République!  Vive  la  France I  Vive  FAlgèrie! 

1  César  TROUIN, 

Conseiller  général,  Candidat  républicain  indépendant* 


\m  — 


N-  U6â 


2”  circonscription  d’ORAN 

M.  ÉTIENNE 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  0.978  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 


Au  cours  de  ma  carrière  politique  déjà  longue,  je  me  suis  efforcé  de  vous  tracer,  bien 
moins  un  vaste  programme  de  réformes,  toujours  facile  à  élaborer,  mais  souvent  difficile 
à  réaliser,  qu’un  court  exposé  des  questions  qu’il  me  paraissait  facile  de  résoudre. 

le  ne  saurais  me  départiT  de  cette  sage  méthode  que  vos  suffrages  ont  sanctionnée 
avec  une  constance  et  une  fidélité  qui  ont  fait  tout  à  la  fois  raa  force  et  ma  fierté. 

Je  vous  avais  promis  de  défendre  la  République  contre  les  menées  factieuses  des 
oppositions  coalisées  et  je  n’ai  cessé  —  a»  cours  de  cette  législature  que  l’histoire  saloera, 
malgré  les  agitations  du  début,  comme  une  des  plus  laborieuses  et  des  plus  fécondes  — 
de  prendre  place  au  premier  rang  des  défenseur»  dû  Ministère  Waldeek-Rousseau  dont  le 
elief  éminent  a  .eu,  par  son  incomparable  éloquence,  sa  tranquille  fermeté,  ses  vues 

d’homme  d’État,  si  nettes  et  si  précises,  ses- humaines  aspirations  pour  I-  amélioration  du 

sort  de  ceux  qui,  ayant  fondé  la  République,,  peinent  et  souffrent,  gagner  la  confiance  de 

la  nation  et  l’estimé  du  monde.  . 

Je  ne  vous  redirai  pas  les  grandes  lois  préparées  et  votées  en  dépit  des  assauts  1  un  eux 
d’une  opoositioii  qui,  sous  l’œil  vigilant  et  implacable  de  l’éternel  adversaire  de  la  rtémo- 
eratift.  espérait  une  fois  encore  renverser  la  République  et  asservir  sous  sa  brutale  domina¬ 
tion  le  pouvoir  civil  à  la  faction  cléricale.  ... 

Vous  n’avez  pas  certes  oublié  la  loi  sur  les  associations  ev  le*  Congrégations,  qui  libère 
le  temtoire  de  ces  milliers  de  forteresses  où  s’organisaient,  au  grand  dommage  du  clergé 
séculier,  la  résistance  et  l’attaque  à  la  souveraineté  nationale  i  les  lois  successives-  qui  ont 
amélioré  la  loi  organique  sur  les  accidents  du  travail  —  lois  bienfaisantes  et  tutelai-res  ; 
la  loi  dus  successions,  qui  dégage  le  passif  de  l’actif  et  équitablement  applique  1  impôt 
progressif  aux  biens  dont  surtout  les  collatéraux  bénéficient  ;  la  loi  sur  l’arraee  coloniale, 
qui  désormais  laisse  intacte  l’armée  mériopolitaure  pour  les  grands  devoirs  qui  lut 
incombent  et  qui  assure  à-  la  France  l’instrument  nécessaire  à  la  sécurité  de  F  intense 
empire  colonial,  sue  Gambetta,  Jules  Ferry  et  leur»  fidèles  disciples  ont  constitué  ;  et  enfin 
la  loi  sur  les  retraites  ouvrières,  qui  a  été  ébauchée  et  qu’il  faut  à  tout  prix  faire  aboutir  par 

telle  formule  qui  Süîa  la  plu»  aLCUptab.e  et  U- niyi..s  onéreuse.  . 

Et  alors  qu’il  semblait-  que  la  crise  intérieure  qui  agitait  le  pays  sollicitait  toute 
l’énergie,  tous  le»  elïoits  des  pouvoirs  publics,  nous  avons  enfin  obtenu,  nous  français 
d’Algérie,  l’émancipation,  la  libération  de  notre  grande  colonie.  .  ' 

A  la  tutelle  administrative  et  finanmè-  e  de  la-  métropole,  qui  paralysait  1  essor  de  notre 
Algérie  a  fait  place  un  régime  do  décentralisation  et  de  liberté  qui,  su)  nous  impose  de 
lourdes  responsabilités,  nous- assure  le  brillant  avenir  que  Prévnsi-Paradol  assignait  a  nos 


^^Tk  demande  dès  représentants  républicains  de  l’Algérie  au  Parlement,  le  budget 
spécial  est  constitué.  (Désormais  l’Algérie  disposera  de- tontes  ses  ressources  sous  le  contrôle 


li ^ aiTmemorable,  le  plus  important  de  tous  ceux  qu’a  enregistrés  l’histoire  de  notre 
colonie,  est  le  point  de  départ  d’une  ère  nouvelle.  ïl  est  k  base*  le  londetoent  de  la  charte 


—  1020  — 

algérienne.  De  lui  découlent  toutes  1rs  conséquences  décisives  dont  nous  ressentons  les 
premiers  effets. 

Avec  nos  éminents  Gouverneurs  généraux,  le  regretté  M.  Lafeirière,  M.  Jonnart  dont 
nous  n’oublierons  jamais  la  fidèle  et  constante  affection,  M.  Revoil  dont  la  judicieuse  et 
infatigable  activité  a  déjà  assuré  les  résultats  les  plus  efficaces,  les  liens  financiers  qui 
enchaînaient  l’Algérie  à  la  Métropole  sont  brisés.  Encoie  quelques  efforts,  et  le  vaisseau 
qui  porte  la  fortune  de  noire  colonie  pourra  naviguer  en  pleine  liberté  et  à  l’allure  qui  lui 
conviendra. 

Dès  aujourd'hui  l’emprunt  de  50  millions  va  nous  permettre  d’agrandir  les  anciens 
centres,  d’en  créer  de  nouveaux,  de  construire  nos  routes,  d’améliorer  nos  forts,  canaux 
et  barrages,  d’aménager  nos  forêts. 

Sans  répit  nous  devons  troir-  er  la  lolutîon  la  plus  avantageuse  pour  unifier  nos 
résaux  et  nos  tarifs  de  chemins  de  fer  en  accordant  à  tout  le  personnel  si  dévoué  et  si 
patriote  de  chacune  des  Compagnies  la  consolidation  des  droits  acquis,  avec  la  constitution 
d’une  caisse  de  prévoyance  pour  le  personnel  qui  n’en  bénéficie  pas. 

La  sécurité  ne  saurait  être  toujours  promise  et  jamais  assurée. 

La  procédure  criminelle  doit  être  réformée  en  ce  qui  concerne  1rs  indigènes.  Les 
crimes  et  les  délits  doivent  être  recherchés  par  des  moyens  de  police  plus  mobiles  et 
mieux  appropriés  à  nos  régions.  Us  doivent  être  instruits  et  châtiés  avec  promptitude.  Le 
châtiment  ne  doit  pas  être  l’isolement  et  le  repos,  mais  te  travail  obligatoire  au  profit  de 
l’État,  des  départements  et  des  communes. 

La  loi  sur  les  forêts  votée  par  la  Chambre,  votée  par  le  Sénat  avec  quelques  modifica¬ 
tions,  sera  définitivement  acquise  dans  quelques  mois  et  fera  un  juste  départ  entre  les 
nécessités  de  la  vie  pastorale  des  indigènes,  les  besoins  de  la  colonisation  et  le  développe¬ 
ment  de  notre  domaine  forestier  d’où  dépendent  l’existence  et  l’avenir  de  notre  colonie. 

Le  Sénat  vient  de  sanctionner  la  loi  sur  les  misteiles  votée  par  la  Chambre  desDéputès. 
J’ai  l’espoir  que  les  effets  de  cette  loi  atténueront  les  conséquences  si  graves  delà  mévente 
de  nos  vins. 

Les  pouvoirs  publics  s’ingénient  pour  irouver  un  soulagement  à  la  crise  qui,  chaque 
jour,  s’aggrave.  J’ai  voté  et  je  voterai  toutes  les  mesures  qui  auront  pour  effet  de  provoquer 
l’écoulement  ou  la  transformation  de  notre  surproduction. 

Mais  ce  que  nous  devons  développer  sans  retard,  ce  sont  les  caisses  régionales 
agricoles  de  crédit  mutuel  qui  nous  permettront  de  traverser  les  épreuves  de  l’avenir  avec 
moins  d’angoissantes  appréhensions.  Je  suis  d’avis  que  les  3  millions  attribués  aux  caisses 
régionales  de  crédit  mutuel,  doivent  être  répartis  à  raison  d’un  million  par  département  et 
que  le  montant  des  avances  de  l’État,  qui,  actuellement,  ne  peut  être  supérieur  au 
quadruple  du  capital  versé  des  caisses  régionales,  soit  élevé  au  décuple  de  ce  capital. 

Ce  que  nous  devons  obtenir,  c’est  que  le  crédit  des  banques,  au  lieu  de  se  resserrer 
alors  que  la  crise  est  intense,  soit  plus  large,  plus  conciliant  et  plus  patient. 

L  Algérie  je  l’ai  dit  et  proclamé  bien  souvent  —  est  appelée  à  jouer  un  rôle 
prépondérant  dans  la  politique  française,  aussi  bien  en  Afrique  que  dans  le  monde.  Déjà 
dans  notre  Sud,  grâce  à  sa  belle  et  vaillante  armée,  elle  a  occupé  les  oasis  sahariennes 
et  à  son  heure  elle  saura  se  relier  au  Soudan,  cet  immense  réservoir  d’hommes  et  de 
soldats. 

Notre  chemin  de  fer  de  pénétration  qui  va  atteindre  Beni-Hounif,  au  seuil  de  Figuig, 
sera  tout  d’abord  prolongé  jusqu’à  Igli.  Au  nord-ouest,  notre  devoir  le  plus  impérieux  nous 
commande  de  construire  le  chemin  de  fer  de  Tlemcen  à  la  frontière  marocaine. 

Le  vaste  empire  chérifien  ne  saurait  trouver  ailleurs  quecheznous  l’appui  économique, 
militaire  et  financier  pour  échapper  aux  convoitises  dont  il  est  l'objet,  et  dont  nous  ne 
saurions  tolérer  la  persistante  audace. 

Mais  pour  que  rien  ne  puisse  entraver  notre  action,  il  faut  que  sur  cttte  terre  d’Algérie, 
où  sont  tombés  dans  les  combats  cent  mille  des  nôtres,  la  domination  française  ne  puisse 
être  ni  compromise,  ni  même  altérée. 


—  1021  — 


N°  H62 


Après  soixante-dix  années  d’exîstence,  dont  près  de  trente  ont  été  consacrées  à  la 
guerre  et  à  la  pacification,  l’Algérie  a  donné  des  preuves  irrécusables  de  sa  vitalité* 

Devant  l’indomptable  courage  de  nos  colons*  qui  ont  fait  de  l’Algérie  le  joyau  de 
notre  empire  colonial,  les  détracteurs,  les  envieux  n’osent  plus  élever  la  voix* 

Aujourd’hui  l’horizon  s’est  éclairci  ;  la  France  républicaine  a  donné  à  l’Algérie  la 
liberté  qu’elle  revendiquait.  Nos  devoirs  ont  grandi  avec  nos  droits. 

En  dépit  des  tristesses  de  l’heure  présente,  en  dépit  de  toutes  les  entraves,  nous  ferons 
mieux  encore  que  par  le  passé. 

Si  vous  pensez  qu'aîors  que  courbés  sur  vos  charrues  pour  travailler  et  produire,  je 
serai  là-bas  assez  actif,  assez  courageux,  assez  puis  ant  pour  vous  protéger  et  vous 
défendre,  vous  le  direz  dans  un  immense  mouvement  d’affectueuse  confiance*  Ma  candi¬ 
dature,  comme  au  premier  jour,  il  y  a  vingt  et  un  ans,  ne  saurait  avoir  pour  devise  que 
ces  mots  : 

Tout  pour  la  France. 

Tout  pour  l’Algérie  française. 

Tout  pour  la  République, 

Votre  fidèle  et  dévoué, 

Eugène  ÉTIENNE, 

Député  sortant. 


COLONIES 


lre  circonscription  de  la  MARTINIQUE 

M.  CLÉMENT 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  5.775  voix. 


Chers  Concitoyens, 

La  sympathie  des  comités  radicaux  de  l'arrondissement  du  Sud,  m’a  valu  l'honneur, 
qde  j’étais  loin  de  solliciter,  de  porter  le  drapeau  du  parti  républicain  aux  élections  législa¬ 
tives  du  27  avril,  le  viens  vous  exposer  quelles  sont  les  idées  que  je  défendrai,  si  vous  me 
confiez  le  grand  honneur  de  vous  représenter  au  Parlement. 

Laissez-moi  vous  dire  que  je  m’attacherai  tout  d’abord,  si  je  suis  élu,  à  effacer  la  triste 
impression  qu’a  donnée  de  nous  M.  Duquesnay,  qui  a  négligé  d’ane  madère  absolue,  les 
intérêts  généraux  de  notre  pays,  pour  s’acharner  à  la  poursuite  des  executions  et  des  ven¬ 
geances  de  parti.  Je  m’efforcerai  au  contraire  d’être  avant  tout  le  député  de  mon  pays  tout 
eulier,  d’oublier  tout  ce  qui,  dans  notre  petite  patrie  bien-aimée,  nous  divise  et  nous  affai¬ 
blit,  pour  ne  me  rappeler  que  ce  qui  nous  fortifie  en  nous  unissant. 

Mon  programme,  je  l’ai  déjà  dit,  est  d’abord  un  programme  de  défense  économique. 
J’emploierai  toutes  mes  forces  et  tuu.e  l’expérience  qu’a  pu  me  donner  une  longue  pratique 
agricole,  à  obtenir  pour  la  production  coloniale  des  améliorations  capables  de  sauver  notre 
agriculture  et  notre  industrie  sucrières  si  fortement  menacées.  Nos  alcools  méritent  égale¬ 
ment  une  sollicitude  particulière  :  je  m’appliquerai  activement  à  faire  aboutir  les  mesures 
de  protection  déjà  réclamées  en  leur  faveur. 

Nos  denrées  secondaires,  café,  cacao,  vanille,  etc.,  sont  d’utiles  auxiliaires  de  notre 
production.  Je  joindrai  mon  action  à  celle  des  représentants  coloniaux,  qui  poursuivent  leur 
dégrèvement  intégral  à  l’entrée  de  la  Métropole. 

Une  plus  équitable  répartition  du  crédit  est  la  condition  nécessaire  de  notre  relèvement; 
H  convient,  dans  cet  ordre  u’idèes,  d’élever  par  rapport  à  la  valeur  du  gage  le  montant  des 
prêts  sur  récoltes.  Je  favoriserai  une  autre  modification  des  statuts  de  la  Banque,  qui  per¬ 
mettrait  de  consacrer,  sous  des  garanties  sérieuses,  un  tiers  des  réserves  à  des  prêts  à  longs 
termes,  destinés  uniquement  aux  petits  propriétaires  sc  livrant  aux  cultures  secondaires. 

Enfin,  je  poursuivrai  le  dégrèvement  des  taxes  hypothécaires  et  des  droits  de  muta¬ 
tion,  de  manière  à  faciliter  la  mobilisation  des  parcelles. 

Je  suis  acquis,  depuis  longtemps,  à  la  cause  du  morcellement  des  terres  domaniales,  et 
je  suis  partisan  de  toute  combinaison  accordant  de  plus  grandes  facilités  de  payement  et  de 
mise  en  valeur,  ou  organisant,  pour  les  acheteurs,  le  crédit  agricole  sous  la  garantie  de  la 
colonie. 

Cet  ensemble  de  mesures  assurerait  la  prospérité  de  la  Martinique  et  consacrerait  la 
solidarité  qui  lie  entre  eux  tous  scs  enfants.  Je  serais  heureux  si,  m’attelant  à  cette  seule 
tâche,  j’arrivais  au  terme  d’une  législature  après  l’avoir  accomplie. 


Na  H  62 


«  1023  — 

1/ évolution  historique  de  notre  prolétariat,  si  longtemps  attaché  à  un  sol  dont  la  pos¬ 
session  lui  était  interdite,  le  pousse  invinciblement  à  poursuivre  son  accession  à  la  propriété 
individuelle-  Mais  il  désire  ardemment,  sons  cette  réserve,  conforme  à  celle  du  congrès  ra¬ 
dical  de  Lyon,  bénéficier  de  toutes  les  lois  sociales  de  la  Métropole.  Partisan  de  1  interven¬ 
tion  de  l’État  pour  protéger  les  travailleurs  contre  les  abus  de  notre  système  industrialiste, 
je  voterai  toutes  les  mesures  d’assurance  sociale  contre  la  maladie,  le  chômage  et  la  vieil¬ 
lesse.  Je  m’attacherai  plus  particulièrement  à  faire  aboutir  et  étendre  à  notre  démocratie 
la  loi  sur  les  retraites  ouvrières  et  une  législation  plus  équitable  encore  des  accidents  du 
travail. 

Quelque  défiance  qu’inspire  le  système  des  monopoles,  je  reste  partisan  des  mono¬ 
poles  d’Êfat  substitués  aux  monopoles  de  fait  qui,  pour  le  sucre  par  exemple,  livrent  pro¬ 
ducteurs  et  consommateurs  à  l’arbitraire  de  quelques  exploiteurs. 

Je  terminerai  cet  exposé  de  la  partie  économique  de  mon  programme  en  vous  disant 
que  je  réserverai  toute  ma  sollicitude  à  notre  grand  port  de  guerre  de  Fort-de-France.  U 
création  d’un  vaste  dépôt  de  charbon,  d’une  aiguade  abondante  et  saine,  d  un  bassin  de 
radoub  agrandi  et  bien  outillé,  entraînera  de  grands  travaux  ou  tous  les  bras  trouveront  à 

s’employer.  .  ,  ,  .  , 

De  nos  bourgs,  ceux  du  François  et  tie  la  Rivière -Pilote  méritent  la  création  de  voie, 

d’accès  plus  commodes  et  plus  sûres  que  les  canaux  actuels.  Je  tâcherai  de  déterminer  les 
pouvoirs  publics  à  s’y  intéresser  en  approuvant,  pour  l’exécution  de  ces  travaux,  1  appui 

financier  de  la  colonie-  ,  .  ,  ki; 

La  diffusion  de  l’instruction  à  tous  ses  degrés  reste  L’idéal  intangible  du  parti  républi¬ 
cain.  Je  veillerai  au  maintien  des  conquêtes  du  passé  et  à  leur  extension  dans  toutes  les 

branches  de  Inactivité  intellectuelle  et  professionnelle. 

Notre  régime  colonial  a  subi  de  fâcheuses  modifications;  la  colonie  succombe  sous  ses 
charges  nouvelles.  Je  m’appliquerai  à  poursuivre  son  allègement,  et  l’abrogation  de  la  loi 
qui  met  noire  Conseil  général  sous  la  tutelle  du  Conseil  d  FLat. 

La  magistrature,  PadministraLiun,  l’armée,  sont,  pour  les  fils  de  notre  pays,  c es  te 
bouchés  honorables  Je  ne  travaillerai  point  h  les  en  exclure,  comme  l’a  fait  M.  Duquesnay. 
Je  faciliterai,  au  contraire,  le  recrutement,  dans  notre  vieille  île  française,  des  fonction¬ 
naires  déjà  acclimatés,  nécesssaires  à  ngs  grandes  coionies  u’Asie  et  d’Afrique, 

Au  point  de  vue  politique,  je  m’associe  entièrement  au  programme  du  cabinet  Waldcck- 
Rousseau,  qui  a  consolidé  la  République,  agrandi  le  prestige  extérieur  de  la 
ment  orienté  le  pouvoir  dans  la  voie  des  améliorations  promises  par  la  République  au  pro- 

1  iP  f  îl  ï1 1  S-i  if 

Partisan  d'une  révision  partielle  de  la  Constitution  de  1875,  du  mandat  imp^atif,  du 
jury  en  matière  correctionnelle,  de  l’extension  de  la  liberté  de  la  presse  et  ue  la  liber  é  de 
réunion,  de  la  réduction  des  frais  de  procédure,  de  l’impôt  sur  le  revenu  des  creances  hypo¬ 
thécaires,  de  la  progressivité  des  droits  de  succession,  de  la  suprématie  du  pouvoir ^  de 
la  neutralité  religieuse  de  l'Etat,  je  voterai,  en  un  mot,  toutes  les  mesures  de  Pro^s 
d’action  républicaine  proposées  par  le  groupe  radical  et  radie  avaliste,  e  me :  ferai  en¬ 
fin  UQ  honneur  de  siéger  aux  côtés  des  Brissoh-,  des  Bourgeois  et  des  Camille  elletan,  qu 
demeurent,  au  Parlement,  les  continuateurs  du  bienfaiteur  illustre  de  notre  pays,  le  vénéré 

Schœlcher. 

Vive  la  République  ! 

Vive  la  Martinique! 


D'  H.  CLÉMENT* 


—  4024  — 


2°  circonscription  de  la  MARTINIQUE. 


Sélection  n'a  pas  eu  lieu. 


lr*  circonscription  de  la  GUADELOUPE 

M*  GERVILLE-RÉAGHE 


Élu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  5.955  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Depuis  si  longtemps  que  vous  me  voyez  à  l'œuvre,  je  n’ai  pas  besoiu  de  vous  faire  de 
profession  de  foi,  mats  au  moment  où  la  secte  collectiviste  internationaliste  inaugure  la 
guerre  contre  le  parti  dont  j’ai  le  grand  honneur  d’êLre  le  chef  à  îa  Guadeloupe,  j’ai  besoin, 
tant  pour  la  colonie  et  pour  les  colonies-sœurs  que  pour  la  France,  de  dire  très  nettement 
la  position  que  j'entende  prendre  dans  ce  combit* 

J’aurais  voulu  pouvoir  livrer  à  mes  adversaires  une  lutte  d’idées  et  de  programmes, 
mais  ils  ont  tout  de  suite  placé  la  bataille  sur  le  terrain  des  pires  injures,  des  plus  odieuses 
calomnies.  J'estime  donc  que  je  n’ai  pas  affaire  à  des  hommes  politiques,  et  ce  n’est  pas 
pour  eux  que  je  détermine  mon  programme  d'action  et  d’avenir. 

Je  veux  le  progrès  social  par  l'amélioration  du  sort  des  faibles,  des  malheureux,  des 
travailleurs.  Je  veux  une  société  qui  protège  les  enfants,  les  infirmes,  les  vieillards.  Je  veux 
une  société  qui  assure  le  travail  à  qui  veut  travailler,  et  qui  prend  sous  sa  protection  les 
sans-travail  qui  veulent  travailler* 

*  Je  veux  une  société  qui  assure  la  justice  dans  l’impôt, 

L’ économie  dans  les  finances, 

L'ordre  dans  la  rue, 

La  liberté  pour  tous  ceux  qui  s’organisent  en  vue  de  tirer  un  meilleur  parti  de  leurs 
forces  individuelles,  physiques  ou  morales, 

La  pensée  et  la  conscience  libres. 

Sortant  des  formules  générales,  je  voterai  pour  : 

La  caisse  des  retraites  contre  1a  vieillesse,  contre  la  maladie,  contre  le  chômage; 

L’impôt  progressif  sur  le  revenu  ; 

La  séparation  des  Églises  et  de  FÉtat; 

Une  large  déruralisation  des  pouvoirs  administratifs  ; 

La  révision  des  loii  constitutionnelles  en  vue  de  fortifier  la  République  et  de  rendre 
plus  efficace  son  organisation  parlementaire* 

Je  continue  à  vouloir  l’assimilation  de  plus  en  plus  grande  de  la  Colonie  à  la  France,  et 
je  demande  la  franchise  des  droits  de  douane  sur  tous  les  produits  des  colonies  françaises, 
placées  sous  le  régime  douanier  français. 


N°  H  62 


—  1025  — 

Je  suis  l’adversaire  résolu  de  toute  réaction  politique  ou  cléricale,  mais  je  sois  aussi 
non  moins  l’adversaire  résolu  du  collectivisme  et  des  partis  révolutionnaires. 

Le  collectivisme  s’affuble,  à  tort,  du  nom  de  socialisme  ;  ce  nom  ne  lui  appartient  pas 
en  propre  ;  il  appartient  à  tous  ceux  qui  veulent  l’amélioration  du  sort  des  malheureux  ;  à 
ce  titre  il  m’appartient  comme  à  tous  les  cœurs  généreux  et  bons. 

Le  collectivisme  que  je  combats  est  celui  qu’a  défini  l’article  premier  du  congrès  de 
Lyon  du  26  mai  1901  et  qui  recherche  :  «  Entente  et  action  internationales  des  travailleurs, 
organisation  politique  et  économique  du  prolétariat  en  parti  de  classe  pour  la  conquête  du 
pouvoir  et  la  socialisation  des  moyens  de  production  et  d’échange,  c’est-à-dire  la  transfor¬ 
mation  de  la  société  capitaliste  en  une  société  collectiviste  ou  communiste.  » 

Je  le  combats,  parce  qu’il  est  la  négation  du  progrès  et  de  la  liberté  humaine. 

Je  suis  également  l’adversaire  des  révolutionnaires,  parce  que  je  hais  le  recours  à  la 
force,  là  où  on  a  la  parole,  la  pensée  libre  et  le  bulletin  de  vote  pour  iormuler  ses  aspira- 
tions  et  ses  volontés. 

Vive  la  République  ! 

G.  GE  RVi  LLE-RÉACHE, 

Avocat  à  la  Cour  (l’Appel  de  Paris, 
Candidat  radical. 


2B  circonscription  de  la  GUADELOUPE 
M.  GÉRAULT-R1CHARD 
Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  6.472  voix. 


Aucun  document  concernant  cette  élection  n’est  encore  parvenu  à  la  Commission. 


1”  circonscription  de  LA  RÉUNION 
M.  Louîb  BRUNET 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  5.838  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 


Je  me  suis  eïïorcé  de  bien  remplir  le  mandat  que  vous  m'avez  confié 


AL-je  réussi?  Vous  le  direz. 

Dans  les  circonstances  actuelles,  après  l’assaut  livré  a  la 
l’effort  énergique  et  constant  lait  par  vos  représentants  pour 


députation  des  Colonies,  après 
la  défense  de  vos  intérêts  ei 


129 


-  1036  - 

de  vos  droits  —  de  tous  vos  intérêts  et  de  tous  yos  droits  —  F  abstention  d’une  partie  du 
corps  électoral  serait  regrettable. 

Ma  co u science  m’a  jugé.  Elle  est  tranquille. 

Mais  les  élus  du  Peuple  aspirent  h  être  jugés  par  le  Peuple*  Cette  satisfaction  leur  est 

due, 

*  * 

A  lire  notre  correspondance  bimensuelle,  vous  avez  pu  vous  rendre  compte  du  travail 
accompli  jour  par  jour,  heure  par  heure. 

Est-il  besoin  d’énumérer  ? 

Auprès  des  ministres,  dans  la  presse,  dans  les  conférences*  h  la  tribune,  partout  je  me 
suis  prodigué,  partout  fai  livré  bataille  —  je  dois  dire  nous  avons  livré  bataille — pour 
arracher  quelques  lambeaux  de  nos  vieilles  libertés  aux  appétits  qui  les  assaillent. 

Ce  hi’est  pas,  à  vrai  dire,  dans  Je  monde  politique,  si  je  prends  ce  mot  dans  sa  haute 
acception,  ni  dans  les  cercles  ministériels,  que  l’on  rencontre  les  adversaires  des  Colonies: 
ils  sont  ailleurs,  ils  sont  dans  la  ligue  de>  aspirations  et  des  compétitions. 

Ils  sont  dans  ces  redoutables  coalitions  qui,  si  on  ne  leur  barre  pas  la  route,  sou¬ 
mettront  quelque  jour  la  France  et  le  monde  à  la  pire  des  monarchies,  à  la  royauté  de  For, 
à  ces  trusts  qui  menacent  déjà  d’étouffer  le  pays  appelé  jadis  la  libre  Amérique, 

* 

*  * 

Votre  représentation  a  défendu  et  sauvé  la  Banque  locale,  objet  de  tant  de  convoitises. 

Elle  a  affirmé  et  revendiqué,  après  le  vote  du  Conseil  général,  les  droits  de  ïa  colonie 
et  de  PÉtnt  à  exiger  la  revente  des  biens  détenus  par  le  Crédit  foncier  colonial. 

Et  ces  revendications,  elle  les  a  fait  triompher  enfin  devant  la  Commission  extra-parle¬ 
mentaire,  qui  a  décidé  que  «  le  Gouvernement  a  le  droit  et  3e  devoir  d’inviter  le  Crédit 
foncier  à  se  préoccuper  d’une  prompte  revente,  sauf  à  d isctrer  avec  lui,  et  dnns  Fintérêt  de 
tous,  les  conditions  dans  lesquelles  doit  avoir  lieu  cette  opération  ». 

L’exposé  des  phases  par  lesquelles  ont  passé  ces  deux  questions  de  la  Banque  et  du 
Crédit  foncier  est  encore  dans  la  mémoire  de  tous  ceux  qui  ont  lu  la  correspondance  des 
représentants.  Quand  tout  semblait  perdu,  on  luttait  encore...  jusqu’au  jour  ou  intervinrent 
les  solutions  définitives. 

Et  il  en  fut  de  même  pour  la  défense  des  citoyens  et  des  fonctionnaires,  pour  le  main¬ 
tien  des  prérogatives  des  assemblées  élues,  pour  l’existence  menacée  de  l’enseignement 
primaire  et  de  notre  Lycée. 

Enfin  je  iPai  jamais  cessé  de  proclamer  que  la  raison  même,  la  base  et  la  garantie  de 
notre  statut  colonial  c’est:  <c  Le  droit  commun  pour  tous  »,  et,  comme  corollaire,  la  sup¬ 
pression  du  régime  des  décrets.  La  Commission  des  colonies  et  la  Chambre  ont,  récemment 
encore,  applaudi  à  ces  déclarations, 

* 

*  # 

Le  personnel  de  renseignement,  celui  du  chemin  de  fer  et  du  port,  les  fonctionnaires 
des  autres  services  ont,  quand  leurs  réclamations  étaient  justifiées,  trouvé  en  moi  un 
défenseur,  A  toutes  les  bonnes  causes  je  me  suis  dévoué.  Justice  obtenue,  j’ai  oublié  les 
noms. 

ut 

*  * 

Je  ne  pouvais  me  désintéresser  des  problèmes  sociaux,  qui  agitent  le  monde  entier  et 
lu  bouleverseront  peut-être  demain. 

En  fils  dévoué  de  fa  Révolution,  j’ai  repoussé  les  dangereuses  doctrines  du  collectif 


—  1027  —  N°  H  62 

visme,  qui  veut  TÉtat  patron.  Moi,  je  veux  le  respect  de  la  propriété  individuelle,  des  ini¬ 
tiatives  et  de  toutes  les  libertés  chèrement  conquises. 

Je  suis,  suivant  les  heureuses  formulas  d’un  illustre  homme  cTÉtat:  pour  le  droit  invio¬ 
lable  delà  personne  humaine  et  du  produit  de  son  travail. 

Je  suis  pour  révolution  pacifique,  par  laquelle  le  travailleur  aura  la  légitime  rému¬ 
nération  de  son  travail. 

Je  suis  pour  l’examen  méthodique  des  réformes  sociales  et  fiscales  qui  s’imposent  aux 
préoccupations  des  sociétés  modernes,  dans  l'intérêt  de  l’individu  et  de  tous,  dans  F'imérêt 
de  la  défense  nationale,  qui  ne  saurait  être  livrée  aux  spéculations  des  grands  capitaux  et 
aux  manœuvres  de  l’agiotage. 

Nous  sommes  aujourd’hui  les  vrais  conservateurs. 


*  * 

Dans  les  réunions  publiques,  je  dirai,  mes  chers  Concitoyens,  mon  action  dans  les  Com¬ 
missions  et  à  la  Chambre  ;  je  montrerai,  s'il  y  a  lieu,  mon  nom  au  bas  de  vingt  proposi¬ 
tions  ou  rapports  sur  les  questions  qui  nous  intéressent  : 

Assimilation  des  magistrats  coloniaux  à  ceux  de  la  métropole,  réforme  de  la  magistra¬ 
ture,  recrutement  des  magistrats,  modification  des  lois,  transformation  de  k  Haute  Cour, 
extension  de  la  compétence  des  juges  de  paix. 

Assistance  à  l’agriculture,'  dégrèvement  de  nos  denrées,  soumises,  en  France,  à  des 
taxes  uniquement  fiscales  et  non  justifiées. 

Création  de  ports  francs  en  France  et  dams  les  colonies,  pour  rendre  au  commerce  et  à 
rin  dus  trie  la  prospériié,  compromise  par  Y  excès  du  protectionnisme. 

J  Indiquerai  enfin  mon  rôle  dans  les  questions  intérieures  et  extérieures  coloniales. 

Ce  rôle  a  été  modeste,  li  fut  peut-être  utile  quelquefois. 

Et  je  me  rends  du  moins  ce  témoignage  que  partout  où  Fmtérét  de  mon  pays  et  celui 
de  la  République  ont  été  on  jeu,  que  partout  aussi  où  il  y  a  eu  une  cause  juste  a  défendre, 
partout  et  toujours,  j'ai  dit:  Présent  I 

■  Louis  BRUNET. 


2fl  Gîjroûnscription  de  la  REUNION 
M.  DE  MAHY 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  7.121  voix. 

Aucun  document  concernant  cette  élection  n’est  encore  parvenu  à  la  Commission. 


—  1028  — 


Circonscription  de  11NDE  FRANÇAISE 


M.  HENR1QUE-DULUC 


Élu  au  1er  tour  de  scrutin*  —  30*541  voix* 


Mes  cher  s  Concitoyen  s  j 

Vous  m'avez  donné,  en  mai  1898,  un  précieux  témoignage  d’estime  et  de  sympathie*  Je 
me  suis  efforcé,  au  cours  de  la  législature  qui  finit,  de  justifier  votre  confiance* 

Je  viens  vous  demander  de  me  la  conserver,  en  renouvelant  le  mandat  de  vous  repré¬ 
senter  à  la  Chambre  des  Députés* 

J’ai  conscience  d'avoir  exécuté  fidèlement  le  programme  que  vous  m'aviez  fixé  en  1898* 

Vous  m’aviez  invité  à  faire  accepter  par  le  Gouvernement  métropolitain  la  réforme 
électorale  que  vous  poursuiviez  inutilement  depuis  quinze  ans.  Vous  avez  obtenu  satisfac¬ 
tion  :  le  décret  du  26  février  1884  a  été  abrogé  ;  les  conseils  électifs  de  la  colonie  ont  été 
réorganisés  par  le  décret  du  19  septembre  1899* 

Vous  m’aviez  demandé  de  faire  résoudre  au  profit  du  budget  local  la  question,  presque 
séculaire,  de  la  Rente  de  l’Inde. 

Vous  n'ignorez  pas  quelle  résistance  ont  toujours  rencontrée  vos  légitimes  revendica¬ 
tions. 

Dès  1899,  j’ai  revendiqué  pour  la  colonie,  à  la  tribune,  lors  de  la  discussion  du  budget 
de  1900,  le  produit  de  la  rente  payée  par  le  Gouvernement  anglo-indien  au  Gouver¬ 
nement  français.  Le  Ministre  des  Finances,  bien  qu’il  ait  maintenu  la  doctrine  con¬ 
stante  de  son  Département  sur  ce  point  de  droit,  a  pris  cependant  l'engagement  d’inscrire 
au  budget  de  1901  une  subvention  extraordinaire,  qui  représente  l’équivalent  d'une  partie 
de  la  rente  du  sel. 

Cet  engagement,  qui  a  été  confirmé  par  une  déclaration  formelle  du  Ministre  des  Colo¬ 
nies,  a  été  tenu  ponctuellement.  Le  Conseil  général  a  délibéré,  le  21  janvier  1902,  sur  les 
conditions  d’un  emprunt  qui  sera  gagé  par  la  subvention  ci-dessus  mentionnée,  c'est-à-dire 
garanti  par  le  Trésor  français. 

Ce  il' est  pas  assurément  tout  ce  que  vous  auriez  désiré;  c’est  beaucoup  plus  que  vous 
n'aviez  obtenu  depuis  1815*  Mais  ce  n’est  qu'une  première  satisfaction.  Je  ne  puis,  quant  à 
moi,  considérer  comme  tranché  définitivement  le  différend  qui  divise  la  métropole  et  la 
colonie.  Vos  droits  restent  entiers  et  vos  revendications  n’auront  rien  perdu  de  leur  légiti¬ 
mité,  quand  la  question  de  la  rente  sera  posée  de  nouveau. 

Au  cours  de  la  législature,  le  principe  de  la  représentation  coloniale,  de  celle  de  l'Inde 
en  particulier,  a  été  attaqué  avec  une  ardeur  insolite  et  d’autant  plus  remarquée:  discours 
à  la  tribune  de  la  Chambre,  pamphlets  contre  les  électeurs  de  notre  colonie,  articles  de 
journaux,  proposition  de  loi,  tous  les  moyens  ont  paru  bons  pour  porter  atteinte  au  droit 
reconnu  depuis  1789,  confirmé  en  1848  et  en  1871,  à  nos  populations,  d’envoyer  député  et 
sénateur  au  Parlement  français. 


N°  1162 


—  1029  — 

Vous  savez  que  j’ai  relevé  le  défi  à  la  Chambre  et  hors  de  la  Chambre.  J’ai  la  satisfac¬ 
tion  de  constater  que  cette  campagne  n’a  pas  abouti. 

Le  bon  sens  du  Parlement  et  du  Gouvernement  a  fait  justice  de  ces  coupables  ma¬ 
noeuvres.  J’ose  dire  que  l’attitude  personnelle  de  vos  deux  mandataires  à  la  Chambre  et  au 
gênât,  leur  union  parfaite,  ont  déjoué  les  calculs  des  détracteurs  de  l'Inde. 

Dans  l’ordre  économique,  la  colonie  a  couru  un  réel  danger;  une  proposition  de  loi 
déposée  par  M.  Méline  et  quelques  autres  ardents  protectionnistes,  menaçait  votre  unique 
industrie  locale,  la  filature  et  le  tissage  du  coton. 

]’ai  pu  empêcher  la  mise  à  l’ordre  du  jour  des  séances  de  la  Chambre  de  la  discussion 
du  rapport  présenté  par  M.  Boucher,  au  nom  de  la  Commission  des  douanes,  et  concluant  à 
la  suppression  de  la  franchise  dont  jouit  l’exportation  des  guinées  à  leur  entrée  dans  les 
autres  colonies.  Les  représentants  de  votre  industrie  textile  à  Pondichéry  et  à  Bordeaux 
comme  à  Paris,  savent  quels  efforts  a  dû  faire  votre  député,  pour  éviter  le  désastre  qui  a 
failli  s’abattre  sur  la  colonie  et  ruiner,  à  la  fois,  les  industriels  de  Pondichéry  et  la  popu¬ 
lation  laborieuse  de  notre  établissement  principal. 

Que  serait-il  advenu  si  la  colonie  n’avait  eu  hier—  et  n’avait  demain,  à  la  Chambre,  — 
uu  mandataire  chargé  de  signaler  les  dangers  de  ces  modifications  subites  au  régime  éco¬ 
nomique  de  l’Inde?  Cela  se  devine  aisément;  notre  industrie  textile,  celle  dont  vit  le  pays 
presque  exclusivement,  eût  été  frappée  de  mort. 

J’ai  défendu  ces  intérêts  en  péril,  comme  je  le  devais  et  aussi  énergiquement  que  je 

l’ai  pu. 

La  question  qui  nous  occupe  sera  posée  de  nouveau,  sans  doute,  dans  la  prochaine 
législature.  Peut-être  se  présentera-t-elle  sous  la  forme  de  l’abrogation  pure  et  simple  du 
régime  d’exception  sous  lequel  est  placée  notre  coiotiie,  ce  qui  serait  le  retour  au  droit 
commun.  La  Commission  des  douanes  m’a  invité  officieusement  à  saisir  la  Chambre  de 
commerce  de  Pondichéry  d’une  motion  de  principe  sur  ce  point.  Il  appartient  à  tous  ceux 
que  cette  modification  importante  à  notre  statut  économique  intéresse,  directement  ou  in¬ 
directement,  d’indiquer  à  votre  député  quelle  réponse  il  devra  faire,  le  cas  échéant,  à  la 
future  Commission  des  douanes. 

Des  incidents  d’une  extrême  gravité  ont  troublé,  dans  ces  derniers  mois,  l’harmonie 
quin’avait  cessé  de  régner,  pendant  trois  ans,  entre  les  assemblées  locales  et  le  repré¬ 
sentant  du  pouvoir  central.  Dans  ces  conjonctures  difficiles,  douloureuses  même,  votre 
député  n’a  rien  négligé  pour  mettre  au  plus  vite  un  terme  au  régime  tyrannique  qui  pesait 
sur  la  masse  de  la  population  et  ses  représentants  les  mieux  qualifiés.  La  vérité  a  vaincu 
l’imposture,  la  justice,  trop  longtemps  obscurcie,  a  fini  par  apparaître  en  pleine  lumière. 
L’innocence  a  eu  raison  de  la  calomnie  et  de  l’intrigue.  Les  auteurs  de  tant  de  méfaits  ont 
été  désavoués  par  le  pouvoir  central.  Ils  ont  reçu  i  ordre  de  quitter  1  Inde ,  ils  n  y  revien¬ 
dront  pas. 

Après  ces  épreuves  imméritées,  notre  colonie  a  besoin  de  retrouver  le  calme  et  le 
repos  que  des  manœuvres  inqualifiables  lui  ont  fait  perdre. 

Les  finances  locales  ont  été  gaspillées  sans  frein  ni  mesure;  les  décisions  du  Conseil 
général  n’ont  pas  été  mieux  respectées  que  les  règles  de  la  procédure  criminelle.  Il  est 
urgent  de  revenir  à  la  saine  observation  des  décrets  qui  sont  la  charte  de  oos  libertés 
locales.  1 

Des  abus  de  pouvoir  ont  été  commis  avec  une  inconcevable  inconscience;  il  est  néces¬ 
saire  d’en  empêcher  le  retour,  en  confiant  l’administration  et  les  services  de  la  colonie  à 
des  fonctionnaires  prudents,  pondérés,  de  sang-froid,  bienveillants,  qui  auront  mission  de 
redresser  les  erreurs  et  de  réparer  les  fautes  du  passé. 

Je  mettrai  tous  mes  soins  à  éclairer  de  mes  avis  le  choix  du  pouvoir  central,  à  guider 
de  mes  conseils  les  décisions  de  nos  administrateurs,  à  rétablir,  eu  un  mot,  entre  gouver¬ 
nants  et  gouvernés  l’harmonie  qui  est  indispensable  à  la  bonne  marche  de  l’administration 
et  à  la  prospérité  de  la  colonie. 

Dois-je  ajouter  qu’au  Parlement  je  continuerai  à  veiller  à  ce  qu’il  ne  soit  porté  aucune 


% 


atteinte  à  vos  droits  politiques  et  à  vos  intérêts  économiques.  Je  m’y  suis  appliqué  avec 
quelque  utilité,  je  le  crois,  pendant  ia  dernière  législature.  Je  persévérerai  dans  cette  voie 
mes  chers  Concitoyens*  si  vous  me  faites  l'honneur  de  me  continuer  votre  confiance  ans 
élections  prochaines*  . 


Vive  la  République  I 


Louis  HENEIQUE'DULUG, 


Député  sortant, 

Officier  de  la  Légion  d'honneur. 

Président  d'honneur  du  Syndicat  de  la  presse  coloniale. 
Président  du  Groupe  colonial  des  Conseillers  du  Commerce  extérieur  de 

la  France* 

Directeur  politique  du  Voltaire  et  de  la  Politique  coloniale. 


Circonscription  de  LA  GUYANE, 

M,  URSLÈUR 

Élu  au  lor  lour  de  scrutin.  —  161  i  voix* 


Aucun  document  concernant  cette  élection  mest  encore  parvenu  à  la  Commission, 


Circonscription  du  SÉNÉGAL* 

M  *  CARPOT 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  3,292  voix* 


Chers  Concitoyens, 

Candidat  aux  élections  législatives,  je  n'ai  pas,  je  crois,  besoin  de  vous  exposer  loii- 
gtiement  ma  profession  de  foi* 

Tous  vous  me  connaissez. 

Par  mes  votes  au  Conseil  général,  par  mes  propositions  au  sein  de  celte  assemblée, 
vous  savez  que,  si  vous  me  faites  l’honneur  de  m’élire  à  3a  Chambre  des  Députés,  je  . ne 
serai  l’homme  ni  d’un  parti,  ni  d'une  coterie,  mais  le  représentant  de  la  population  entière 
sans  distinction  d’origine,  de  races,  de  situations  sociales* 

De  moi,  vous  n’attendez  évidemment  aucune  de  .ces  promesses  plus  ou  moins  irréali¬ 
sables,  qui  coûtent  si  peu  pendant  la  période  électorale,  et  qu'on  oublie  d'ailleurs  aussitôt 
après. 

Rappelez-vous  que  le  passé  d’un  candidat  est  encore,  plus  que  son  nom  ou  sa  fortune, 
la  meilleure  garantie  d’avenir. 


N°  1162 


—  1031  — 

Réservez  vos  suffrages  h  ceux  dont  vous  avez  pu  apprécier  les  services  et  dont  les  opi¬ 
nions  et  les  Intérêts  sont  en  parfaite  concordance  avec  les  vôtres* 

Républicain  libéral,  aus^i  éloigné  de  la  réaction  que  de  la  révolution,  je  ne  m'associerai 
pasà  ceux  qui  réclament  à  tout  propos  l'intervention  de  l’Etat, 

l'estime,  en  effet:,  que  cette  intervention,  quand  elle  est  intempestive,  a  pour  consé¬ 
quence  de  paralyser  l’effort  personnel  et  d'arrêter  l'esprit  de  prévoyance.  Or,  c’est  dans  les 
Colonies  surtout  que  toute  latitude  doit  être  laissée  au  libre  développement  de  l'initiative 
;  individuelle. 

Défenseur  convaincu  des  principes  proclamés  par  la  Déclaration  des  Droits  de  1  homme, 
je  m'élèverai  avec  énergie  contre  toute  atteinte  portée  à  la  liberté  individu  elle  ou  â  la 
liberté  de  conscience. 

Persuadé  qn'un  député  colonial  doit,  avan't  tout,  s’occuper  des  intérêts  de  sa  Colonie,  Je 
poursuivrai  sans  relâche,  auprès  du  Département*  Pexêcution  des  votes  des  différentes 
assemblées  de  la  Colonie* 

Ma  tâche  sera  ^'ailleurs  facilitée  par  T  Administration  locale  avec  laquelle  j  ai  1  espoir 
è  conserver  toujours  les  rapports  les  plus  cordiaux* 

il  est  un  point  sur  lequel  l'accord  ne  peut  qu'être  unanime.  Je  veux  parler  de  la  néces¬ 
sité  d’exécuter  las  grande  ^  qu'exige  la  situation  économique  et  sanitaire  du  pays. 

Mais  quelle  que  soit  l'urgence  de  ces  travaux,  dont  certains  ont  pour  but  d'empêcher  le  re¬ 
tour  des  fléaux  que  nous  avons  eu  à  déplorer,  il  ciment,  afiu  d’éviter  les  graves  mécomptes 
qui  se  sont  révélés  à  l'occasion  des  travaux  du  port  de  Dakar,  de  les  faire  précéder  de  pro¬ 
jets  et  plans  mure  meut  étudiés  et  établis  par  des  hommes  d’une  compétence  indiscutable. 

L'organisation  actuelle  do  la  justice  au  Sénégal,  aussi  bien  dans  les  territoires  d  admi¬ 
nistration  directe  que  dans  les  pays  dits  de  protectorat,  a  été  l'objet,  ces  temps  derniers, 
de  nombreuses  critiques. 

Des  réformes  s'imposent* 

Pour  les  mener  à  bonus  fin,  le  Département  et  l'Administration  locale  peuvent  compter 
sur  mon  concours  le  plus  dévoué  et  sur  l'expérience  qu'une  longue  pratique  a  pu  me 

donner*  ■  ,  , 

Une  autre  question  soulevée  au  sein  de  l'Assemblée  locale  est  celle  de  la  création  de 
communes  de  plein  exercice  dans  les  centres  importants  du  fleuve  et  de  ïa  voie  ferrée* 

Elle  sera  l'objet  de  toute  ma  sollicitude. 

Pen  dirai  autant  des  questions  d'enseignement,  qui  ont  une  importance  si  grande  sous 
un  gouvernement  démocratique* 

Il  rentre  dans  le  rôle  du  député  d'appuyer  toutes  les  revendications  légitimes.  Aussi 
reprend  rai- je  le3  propositions  faites  par  moi  au  Conseil  général  en  faveur  des  fonction¬ 
naires  coloniaux,  notamment  eu  ce  qui  concerne  les  congés  administratifs,  et  rêclamerai-je 
pour  les  employés  de  la  Compagnie  du  chemin  de  fer  de  Dakar-Saînt-Louis  un  traitement 
tout  au  moins  équivalent  à  celui  de  leurs  collègues  de  la  Monopole* 

Le  commerce  local  est  écrasé  par  des  droits  exagérés. 

Continuant  la  campagne  de  dégrèvement  que  j'ai  commencée  au  Conseil  général,  cam¬ 
pagne  dont  les  premiers  résultats  ont  été  la  suppression  de  l  impôt  personnel,  des  droits 
de  greffe,  de  tonnage,  la  réduction  des  droits  d'enregistrement,  des  taxes  postales  et  télé¬ 
graphiques,  de  l'impôt  foncier,  le  dégrèvement  des  boissons  hygiéniques,  je  m  emploierai 
à  faire  aboutir  les  autres  réformes  impatiemment  attendues,  notamment  celles  relatives  aux 
patentes  et  aux  droits  de  douane. 

Les  théoriëà protectionnistes  qu'on  vous  recommandait  il  y  a  quatre  ans  trouveront  en 
moi  un  adversaire  résolu.  C'est  vous  dire  que  je  voterai  contre  la  proposition  de  loi  Méline 

sur  le  régime  douanier  des  Colonies.  t 

Désireux  de  voir  fonctionner  au  Sénégal  les  institutions  d’assistance,  de  prévoyance  et 
de  mutualité  qui  sont  en  honneur  dans  nos  sociétés  modernes,  je  reprendrai,  en  les  déve¬ 
loppant,  les  propositions  que  j’ai  déjà  faites  en  ce  sens  au  Conseil  général. 

La  politique  coloniale  ne  doit  pas  être  une  politique  d’oppression  et  d’exploitation. 


—  4032  — 


C’est  parce  que  la  France  toujours  généreuse  et  numaîne  Fa  ainsi  compris  que  son  œuvre 
d'expansion  a  été  si  grande. 

Loin  d’être  en  opposition,  les  intérêts  des  populations  indigènes  et  ceux:  du  commerce 
eurupéen  sont  étroitement  liés.  Il  est  de  toute  évidence  qu’assurer  au  producteur  son  bien- 
être  par  une  administration  sage  et  bienveillante,  par  le  développement  de  l’agriculture  et 
de  l'industrie  avec  organisation  du  crédit  foncier  populaire,  c’est  contribuer  dans  une  lar^e 
mesure  à  La  prospérité  de  la  Colonie. 

Je  travaillerai  avec  ardeur  à  obtenir  ce  résultat. 

On  Ta  répété  maintes  fois  au  Parlement  :  1ère  des  conquêtes  militaires  est  définitive¬ 
ment  close,  et,  en  ce  qui  concerne  tout  au  moins  le  Sénégal  proprement  dit,  ce  serait 
risquer  de  compromettre  ses  intérêts  les  plus  sacrés  que  d’adopter  une  politique  autre  que 
celle  d’une  évolution  pacifique. 

Voilà  quelle  est  dans  ses  parties  essentielles  la  ligne  de  conduite  que  je  me  propose  de 
suivre. 

Vous  le  voyez,  elle  ne  diffère  en  rien  du  programme  que  je  vous  avais  exposé  en  1898, 
et  que  je  confirme  sur  tous  ses  points. 

Aujourd’hui  comme  alors,  je  suis  partisan  de  ^exécution  des  travaux  par  voie  d’adjudi¬ 
cation,  de  l’abolition  du  régime  des  décrets,  du  respect  de  la  propriété  indigène,  de  l’orga¬ 
nisation  d’un  service  agricole,  de  rabaissement  des  tarifs  de  transport,  de  la  construction 
du  warf  de  Goet-N’Dar,  de  l’amélioration  du  régime  dü  fleuve  ainsi  que  de  la  barre,  de  IV 
ménagemeut  des  ports  de  Dakar  et  de  Rufisque,  de  la  création  de  nouvelles  lignes  de  che¬ 
mins  de  fer.  O  va  sans  dire  qu’il  faut  que  ces  dernières  répondent  à  de  réels  besoins  com¬ 
merciaux;  elles  ne  s’expliqueraient  pas  si  elles  devaient  avoir  pour  seuls  résultats  de  dé¬ 
placer  lei  centres  de  traite  en  portant  préjudice  aux  escales  actuelles, 

Ai-je  besoin  d’ajouter  que  j’encouragerai  tous  les  efforts  faits  en  vue  du  relèvement  de 
Fîie  de  Corée  ? 

Mais  j’en  ai  assez  dit. 

Mon  dévouement  vous  est  connu.  Nul  ne  suspecte  ma  bonne  foi. 

A  vous  de  déclarer,  si,  dans  ces  conditions,  vous  me  jugez  digne  du  mandat  que  je 
sollicite. 

Vive  la  France  !  Vive  la  République  I  Vive  le  Sénégal  ! 

François  CÀRPÛT. 


Circonscription  de  la  COCHINGHINE  FRANÇAISE 

M.  DELONGLE 

Élu  au  2*  tour  de  scrutin.  —  836  voix. 


Aucun  document  concernant  cette  élection  n’est  encore  parvenu  à  la  Commission. 


ÉLECTIONS  PARTIELLES 


-  mf;  — 


N°  1162 


ALLIER 


Circonscription  de  LA  PALISSE 

RL  Marcel  RÉGNIER 

Élu  an  Vr  tour  de  scrutin,  —  11.175  vok. 


Citoyens, 

Désigné  par  Le  Congres  de  La  Palisse,  du  8  Février  dernier,  comme  candidat  aux  élec¬ 
tions  législatives  du  1CT  mars,  je  me  présente  à  vos  suffrages. 

Profondément  touché  et  justement  fier  d'être  aujourd'hui,  de  ce  fait,  Je  porte-drapeau 
de  la  République  dans  notre  bel  arrondissement,  je  viens,  sans  fausse  modestie,  vous  dire  ; 
vous  pouvez  compter  sur  moi. 

Enfant  du  peuple,  petit-fils  de  cultivateurs,  ûls  de  petits  commerçants,  je  suis  des 
vôtres;  je  connais  vos  besoins,  vos  désirs,  vos  aspirations.  De  toutes  mes  forces,  je  les 
défendrai. 

Contre  tontes  les  réactions,  contre  tous  les  adversaires  de  la  démocratie,  vous  me 
verrez  toujours  dressé,  prêt  à  tout  pour  défendre  notre  cause  ;  et  s'il  faut  encore,  pour 
démasquer  un  ennemi,  retourner  aux  Assises,  j'y  retournerai  ! 

Mon  passé  vous  répond  de  P  avenir. 

Sans  hésiter  jamais,  j'ai  combattu  les  privilèges,  les  abus;  avec  mie  force  nouvelle,  je 
mènerai  le  môme  combat. 

De  toute  mon  âme,  de  toutes  mes  forces,  dans  le  journal,  dans  le  pays,  à  la  Chambre* 
je  travaillerai  sans  cesse  à  la  marche  du  progrès. 

Accessible  à  tous,  fixé  au  milieu  de  vous,  je  serai  le  défenseur  des  intérêts  de  l'arron¬ 
dissement  tout  entier. 

Mon  programme,  c’est  le  grand  programme  démocratique  que  vous  acclamez  depuis  de 
longues  années.  C'est  celui  qui  fera  de  la  République  une  réalité  qui  donnera,  à  tous,  tous 
les  droits  de  l'Homme  et  du  Citoyen. 

Je  réclame  : 

L'épuration  des  fonctionnaires; 

La  suppression  des  gros  traitements  et  des  emplois  inutiles; 

La  suppression  des  Conseils  de  guerre; 

La  suppression  de  l’inamovibilité  de  la  magistrature  et  l'élection  des  juges  ; 

L'impôt  progressif  et  global  destiné  à  remplacer  les  impôts  de  consommation  et  les 
quatre  contributions  ; 

Une  patente,  tant  que  les  patentes  existeront,  sur  les  fermiers  ne  Cultivant  pas  eux- 
mêmes; 

Lois  contre  la  spéculation  et  t1  accaparement; 

Rachat  des  Chemins  de  fer  et  monopole  des  mines  par  l’État; 


L'assurance  obligatoire  par  PÉtat  de  tous  [es  risques; 

L'extension  des  libertés  syndicales; 

Les  retraites  ouvrières  pour  les  travailleurs  des  villes  et  des  campagnes; 

La  suppression  des  congrégations  et  le  retour  des  biens  de  main-mone  à  PÉtat;  leur 
emploi  à  fonder  des  retraites  ouvrières; 

La  séparation  de  P  Église  et  de  PÉtat  ; 

La  révision  de  la  Constitution  ;  la  souveraineté  absolue  du  suffrage  universel; 

La  loi  militaire  de  deux  ans,  donnant  une  indemnité  aux  familles  nécessiteuses,  et  sans 
création  d’armée  de  métier; 

La  suppression  dos  28  et  15  jours; 

Le  monopole  de  l'enseignement  par  PÉtat; 

Le  secret  du  vote. 

Citoyens, 

L'heure  de  désarmer  n'a  pas  encore  sonné. 

L'ennemi  puissant  et  riche  est  toujours  là. 

C’est  toujours  la  lutte,  la  lutte  ardente  où  la  moindre  défaillance  serait  exploitée  contre 
la  démocratie. 

La  lutte  où,  pour  défendre  leurs  privilèges,  nationalistes  et  cléricaux  sont  toujours 
prêts  h  dépenser  sans  compter  de  nombreux  millions,  à  jeter  à  pleines  mains  les  plus  atroces 
calomnies  pour  semer  la  haine  et  la  division. 

Opposons-leur  le  bloc  républicain,  le  bloc  invincible  de  toutes  les  forces  vives  de  la 
démocratie,  le  bloc  de  tous  ceux  qui  veulent,  dans  notre  société  mauvaise,  un  peu  plus  de 
justice,  un  peu  plus  d'égalité,  un  peu  plus  de  fraternité. 

Vive  la  République  laïque,  démocratique  et  sociale  ! 

Marcel  RÉGNIER, 

Conseiller  général, 

Candidat  du  Congrès  radical-socialiste. 


2e  circonscription  de  MOULINS 

M,  MINIER 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  6.731  voix. 


Electeurs, 

Le  Congrès  des  Délégués  républicains  de  la  Circonscription  Ouest  de  Moulins  m'a  désigné 
comme  candidat  au  siège  législatif  devenu  vacant  par  suite  de  la  récente  élection  de  notre 
ami  Ville  au  Sénat. 

Fort  de  cet  appui,  dont  je  suis  profondément  touché,  je  viens  solliciter  vos  suffrages. 

Maire  de  Souvigny  depuis  dix  ans.  Conseiller  général  de  R  Allier,  intimement  mêlé  à  la 
vie  politique  depuis  que  j'ai  pu  faire  acte  de  Citoyen,  je  n'ai  jamais  eu  qu'un  but  :  contri¬ 
buer  à  ia  marche  du  progrès  en  poursuivant  la  libre  évolution  de  nos  institutions  dans  le 
sens  démocratique,  tout  en  restant  l'auxiliaire  fidèle  et  dévoué  de  celui  que  j'aspire  à  rem¬ 
placer. 


—  1037 


N°  1162 


Vivant  au  milieu  d’ouvriers  dont  je  suis  l’ami,  dont  je  connais  les  besoins  et  les  aspi¬ 
rations,  vous  pouvez  être  certains  qu’en  toutes  circonstances  j’apporterai  mon  concours  le 
plus  absolu  à  la  réalisation  des  réformes  économiques  et  sociales  si  impatiemment  attendues 
par  le  monde  des  travailleurs. 

Mon  passé  est  donc  pour  vous  la  garantie  de  ma  conduite  future;  et  vous  savez  que 
vous  ponvez  compter  sur  mon  entier  dévouement. 

Mon  programme  comporte,  au  surplus,  toutes  les  réformes  qui  sont  la  base  des  reven- 
■  4 ica tion s  du  parti  radical-socialiste,  avec  la  lutte  contre  le  cléricalisme,  cet  éternel  ennemi 

de  la  société  moderne  et  de  la  République. 

Je  poursuivrai  donc  sans  défaillance  et  je  volerai  : 

La  suppression  des  congrégations  et  le  rejet  en  bloc  de  toutes  les  demandes  d’autorisa- 
lion,  —  La  simplification  de  la  procédure  relative  à  la  liquidation  de  leurs  biens; 

La  dénonciation  du  Concordat,  et,  comme  suite,  la  suppression  du  budget  des  cultes  et 
la  séparation  des  Églises  et  de  l’État. 

Je  veux  : 

L’enseignement  exclusivement  laïque  et  monopolisé  à  tous  les  degrés  au  profit  de 
P État 1 

L’établissement  du  seul  impôt  logique  :  je  veux  parler  de  r impôt  sur  le  revenu ?  impôt 
unique,  global  et  progressif; 

La  création  de  la  caisse  des  retraites  ouvrières,  et  l'extension  du  bénéfice  de  la  loi  de 
1808 j  sur  les  accidents,  aux  ouvriers  agricoles; 

Le  service  militaire  de  deux  ans,  avec  suppression  de  toutes  les  dispenses  et  avec 
indemnités  aux  familles  nécessiteuses.  —  La  suppression  des  28  et  des  13  jours.  —  La  sup^ 
pression  des  Conseils  de  guerre  en  temps  de  paix.  —  La  diminution  enfin  de  toutes  nos 
charges  militaires  ; 

La  révision  de  la  Constitution  dans  un  sens  plus  démocratique; 

L'épuration  du  personnel  et  la  suppression  de  l’inamovibilité  de  la  magistrature; 

La  réduction  des  frais  de  justice  et  l’extension  de  la  compétence  des  juges  de  paix; 

La  diminution  des  gros  traitements- 

L’organisation  du  Crédit  agricole  et  l'assurance  contre  les  risques  de  1  agriculture  et  la 
mortalité  du  bétail  ; 

Le  secret  du  vote  et  la  souveraineté  du  suffrage  universel. 

Citoyens, 

La  question  est  nettement  posée.  Commuons  a  opposer  a  la  réaction  sous  toutes  ses 
formes,  le  bloc  uni  de  tous  les  serviteurs  de  la  démocratie. 

Soyez  certains  qu’en  ce  qui  me  concerne,  si  vous  me  faites  l’honneur  de  m’élire,  je 
tiendrai  haut  et  ferme  le  drapeau  que  vous  aurez  bien  voulu  me  confie! . 


Vive  la  République  démocratique  et  sociale! 


Albert  MINIER, 

Conseiller  général  de  FAl.ier, 
Maire  de  Souviguy, 
Candidat  du  Congrès  républicain. 


1 

1 


ALPES  (BASSES-) 


Circonscription  de  CASTELLANE 

M.  le  comte  Boni  de  CASTELLANE 
Élu  nu  10T  tour  de  scrutin*  —  2*348  voix. 


Chers  Concitoyens, 

Ma  profession  de  foi  sera  brève. 

Vous  avez,  d’ailleurs,  encore  présentes  à  la  mémoire  mes  déclarations  du  27  avril  der¬ 
nier,  que  vous  avez  sanctionnées  a  une  énorme  majorité  ! 

Par  suite  des  événements,  ma  candidature  a,  aujourd’hui,  une  autre  portée.  Ge  n’est 
pas  sur  des  opinions  désormais  connues  et  affirmées,  ce  n’est  pas  sur  des  principes  indis¬ 
cutables  qu’il  s’agtt  de  se  battre,  —  Non  ! 

Électeurs, 

II  s’agit  de  savoir  si  oui  ou  non  vous  êtes  les  maîtres  I 

U  s’agit  de  savoir  si  comme  tous  les  Français,  si  comme  fous  les  citoyens  qui  payent 
Pimpôt  et  acquittent  leurs  obligations  envers  le  pays,  vous  avez  le  droit  d’élire  un  députe  de 
votre  choix! 

Il  s’agit  de  savoir  si,  ici,  les  meneurs  perfides  et  hypocrites  de  la  minorité  doivent 
commander  et  faire  la  loi  aux  braves  gens  de  îa  majorité  ! 

Il  s’agît  de  savoir  si  c’est  à  coup  d’outrages  lancés  k  votre  face,  qu’on  vous  mènera  — 
absolument  comme  on  mène  à  coups  de  fouet  ces  «  bestiaux  »  auxquels  on  a  eu  l’insolente 
audace  de  vous  comparer. 

Citoyens  ! 

Je  ne  permets  pas  à  mes  adversaires,  battus  et  rebattus  dans  l’ensemble  du  départe¬ 
ment  aussi  bien  que  dans  l’arrondissement  de  Castelîane,  sur  un  programme  de  persécu¬ 
tion  sectaire  et  sur  leurs  opinions  antipatriotiques,  antireligieuses,  je  ne  leur  permets  pas 
d’ergoter  plus  longtemps. 

Je  leur  demande  compte  de  leurs  agissements  I 

le  les  somme  d’avouer  leur  mauvaise  foi  et  leur  peu  de  probité  politique! 

Je  vous  demande,  Citoyens,  qui  entre  eux  et  moi  êtes  les  seuls  juges,  de  les  condamner 
sans  pitié  pour  l'honneur  du  pays,  pour  l’honneur  des  Basses-Alpes,  que  mon  concurrent 
n’aurait  jamais  laissé  outrager  comme  il  l’a  fait,  s’il  était  capable  de  les  aimer  autrement 
que  par  ambition  personnelle,  s'il  était  venu  a  elles  comme  je  l’ai  fait  moi-même,  enfant  de 
la  race  du  pays,  dans  un  élan  d’alïeclion  sincère  et  désintéressé  ! 


—  1039 


N°  1162 


Mes  chers  Compatriotes, 

Je  vous  devais  devenir  a  votre  tète.  —  11c  voici. 

pas  une  minute  je  n’ai  hésité! 

Séparé,  par  l’Océan,  des  êtres  les  plus  chers,  je  m’impose  le  sacrifice  de  rester  ici!  — 
Hais  que  dis-je?  11  n'y  a  pas  de  sacrifice,  puisque  je  suis  encore  au  milieu  d’une  famille,  la 
grande  famille  provençale,  fière  de  ses  traditions,  fière  de  ses  fils!  Ah I  cette  famille-là,  j'en 
K  5Uis  bien  convaincu,  saura  me  conserver  la  place  que  guette  un  étranger  à  notre  ciel  dieu, 
un  étranger  dont  le  sort  est  lié  à  celui  de  ces  autres  étrangers  qui  s’appellent  les  Reinach, 
les  Hubbard,  les  Tirribillot! 

Citoyens  je  fais  mon  devoir  !  Vous  ferez  le  vôtre.! 

Et  nous  ajouterons  une  victoire  de  plus  à  toutes  les  autres I  Nous  vaincrons  encore! 
i  Nous  terrasserons  les  imposteurs  aux  cris  répétés  de  : 

Vive  la  France  et  les  bons  Français  !  Vive  la  liberté!  Vive  la  République! 

Comte  de  GASTELLANE, 

Conseiller  général  deSenez, 

Candidat  républicain. 


Le  programme  suivant  avait  été  publié  par  M.  de  Castellane,  lors  des  élections 
générales  : 

Chers  Concitoyens, 

La  législature  qui  vient  de  finir,  aux  travaux  de  laquelle  j’ai  participé,  débutait,  il  y  a 
quatre  ans,  au  milieu  d’une  crise  dans  laquelle  l’honneur  de  la  France  était  menacé  de 
sombrer.  L’angoisse  était  grande.  Les  bons  citoyens  se  demandaient  s  ils  resteraient  les 
maîtres  chez  eux  et  s’ils  triompheraient  des  efforts  de  l’étranger  acharné  à  désorganiser 
les  forces  vives  de  la  nation. 

Ces  heures  critiques,  qui  ont  eu  leur  répercussion  funeste  sur  la  marche  généra. e  des 
I  affaires,  ont  pris  fin.  Le  calme  va  revenir.  Les  sombres  horizons  de  1898  sont  remplacés, 
en  1902,  paT  une  œuvre  pleine  de  lumière* 

Le  Président  dé  la  République  française,  sur  le  point  de  partir  en  Russie,  va  accomplir, 
devant  l’univers  attentif,  un  acte  dont  bénéficiera  le  prestige  du  nom  français. 

Cet  événement  historique,  que  la  clairvoyance  du  chef  de  l'État  a  su  placer  au  lende¬ 
main  du  renouvellement  de  la  Chambre  des  Députés,  est  un  gage  de  relèvement. 

Une  législature  débutant  sous  de  tels  auspices  ne  peut  être  que  féconde.  Vous  me 
verrez  soutenir  les  ministères  qui  travailleront  k  maintenir  la  France  grande,  forte,  respectée, 
et  au  triomphe  de  lu  Républixpic  en  face  de  1  étranger. 

Patriotes  Bas-Alpins,  Républicains  inébranlables,  unissons-nous  dans  un  commun  élan 

d’amour  envers  la  France! 

Saluons  les  trois  couleurs  à  l’abri  desquelles  le  chef  de  l’État  va  rendre  visite  aux  sou¬ 
verains  de  la  puissance  «  amie  et  alliée  I  »  Souhaitons  qne  le  voyage  de  M.  Louoet  porte 
tousses  fruits,  qu’il  ouvre  de  nouveau  la  série  des  grandes  pages  de  notre  histoire  et  qu’il 
soit  le  terme  définitif  des  dissensions  de  ces  dernières  années. 

Électeurs, 

Si  vous  me  faites  l’honneur  de  renouveler  mon  mandat  de  député,  je  continuerai  à 
siéger  au  milieu  des  républicains  partisans  de  l’ordre.  Je  me  joindrai  encore  à  eux  pour 
faire  aboutir  les  réformes  que  réclame  la  démocratie. 


—  1040  — 

Je  joindrai  mes  efforts  aux:  leurs  pour  la  défense  de  nos  libertés.  La  liberté  du  citoyen, 
la  liberté  du  père  de  famille,  la  liberté  de  renseignement  ne  doivent  pas  être  plus  long¬ 
temps  méconnues*  Ces  libertés  sont  la  condition  indispensable  du  progrès  démocratique. 

La  société  moderne,  en  dépit  de  tontes  les  améliorations  réalisées,  réserve  encore 
parfois  de  cruelles  souffrances  aux  travailleurs  modestes  dont  le  courage  et  la  probité  font 
la  fortune  du  pays.  Je  ne  redoute,  pour  ma  part,  l'examen  d'aucun  problème  social,  et 
j'aurai  toujours  la  volonté  loyale  de  faire  aboutir  les  solutions  que  commandent  les  principes 
de  justice  et  de  solidarité* 

C'est  dans  cet  esprit  que  j'aborderai  la  discussion  des  projets  de  retraites  ouvrières 
que  la  nouvelle  législature  devra  faire  aboutir*  C'est  dans  cct  esprit  aussi  que  je  réclamerai 
la  réorganisation  immédiate  de  T  assistance  des  malades  et  des  infirmes.  N'est-ce  pas  un 
scandale  intolérable  de  voir,  dans  nos  villes  et  plus  encore  dans  nos  villages,  des  hommes 
et  des  femmes  qui  apparaissent  comme  des  témoins  lamentables  de  l'impuissance  sociale. 

Vous  savez  que  je  ne  suis  pas  opposé  à  la  réduction  du  service  militaire,  mais  à  la 
condition  de  ne  pas  perdre  de  vue  que  l'armée  est  une  école  d'énergie,  de  sacrifices  et 
d'abnégation*  Étrangère  à  nos  querelles,  elle  se  doit  tout  entière  à  la  préparation  des  grands 
devoirs  que  peut  lui  réserver  l'avenir* 

Protectionniste  convaincu,  je  n’ai  jamais  varié  dans  la  défense  de  vos  intérêts  agricoles. 
Je  persévérerai  dans  cei  ordre  d'idées* 

En  matière  de  finances,  le  rétablissement  de  l'équilibre  budgétaire  est  à  mes  yeux  la 
réforme  qui  prime  toutes  les  autres  et  qui  commande  toutes  les  améliorations  fiscales. 

Pas  d'impôts  nouveaux  I 

Pas  d'emprunts  nouveaux  ! 

Des  économies! 

Telle  est  la  politique  financière  qui  doit  nous  permettre  d'atteindre  les  moyens  pratiques 
d'accomplir  une  réforme  à  longue  portée*  Cette  réforme  établira,  sur  des  bases  absolument 
nouvelles  et  plus  équitables,  l'assiette  de  l'impôt  direct* 

Mes  amis, 

Pendant  les  quatre  années  de  la  législature,  vous  avez  vu  de  quelle  façon  j'ai  servi  vos 
intérêts  particuliers.  Tous  vous  m'avez  dit  votre  satisfaction  à  ce  point  de  vue.  Tous  vous 
m'avez  remercié. 

Je  continuerai  à  faire  comme  par  le  passé. 

Je  continuerai  à  me  consacrer  à  l'achèvement  du  programme  d'améliorations  que  nous 
avons  élaboré  ensemble  et  dont  les  résultats  se  dessinent  si  heureusement* 

Républicains  de  l'arrondissement  de  Crstellane,  comptez -vous  sur  mon  nom* 

Pour  l'ordre  ! 

Pour  la  liberté  ! 

Pour  le  progrès  1 

Vive  la  France  I  Vive  la  République  ! 


Comte  de  CASTELLANE,  Député  sortant, 
Candidat  républicain* 


Circonscription  de  FORCALQUIER 


M.  I S GARD 

Élu  au  2*  tour  de  scrutin.  —  4*082  voix* 


Comité  de  l’ Union  B  i  public  aine  Socialiste* 

Mes  chers  Compatriotes, 

Du  jour  où  le  Parti  Républicain  Socialiste  de  l'arrondissement  de  Forcalquier  m'a  fait 
l’honneur  de  me  confier  la  défense  de  son  drapeau  dans  la  bataille  qui  se  livre,  je  me  suis 
fait  un  devoir  de  visiter  toutes  les  communes  de  la  circonscription  électorale  où  ma  candi¬ 
dature  était  présentée* 

Dans  les  assemblées  que  j'ai  réunies,  et  devant  toutes  nos  populations,  fai  partout 
tenu  le  même  langage,  développé  le  même  programme  et  fait  les  mêmes  déclarations.  Et 
pfccueil  chaleureux,  enthousiaste  même  que  fai  reçu  de  tous  côtés,  m'est  non  seulement 
la  preuve  que  j'ai  conservé  dans  ce  pays,  où  sont  nés  tous  les  miens  et  qui  garde  mes  plus 
chers  souvenirs,  les  sympathies  profondes  et  les  solides  amitiés  dont  mes  compatriotes 
n'ont  cessé  d'honorer  le  nom  que  je  porte  ;  il  m'est  aussi  la  certitude  que  nos  populations 
honnêtes,  lasses  de  déceptions,  savent  écouter  les  paroles  sincères  de  ceux  qui  ne  leur 
promettent  que  leur  bonne  volonté  et  dont  le  passé  familial  contient  le  gage  de  ae  qü'on 
peut  attendre  de  leur  conduite* 

*  Vous  connaissez  tous  le  programme  républicain-socialiste  :  il  n’est  autre  que  celui-là 
même  que  les  républicains  et  les  travailleurs  ont  tracé* 

Avec  les  républicains  nous  pensons  que  le  principe  de  la  souveraineté  du  Peuple, 
scientifiquement  appliqué,  peut  achever  l'œuvre  de  la  Révolution  française  et  fonder  pour 
toujours,  avec  l'ordre  réel,  la  justice  absolue,  la  liberté  entière  et  l'égalité  véritable.  Le  suf¬ 
frage  universel  seul  devrait  donc  suffire  à  opérer  toutes  les  suppressions  que  réclame  notre 
programme  et  à  établir  les  institutions  dont  nous  poursuivons  l'avènement  et  la  réalisation. 

Avec  eux  encore  nous  pensons  que  le  premier  de  nos  devoirs  doit  être  de  défendre  le 
patrimoine  à  nous  légué  par  nos  pères  de  1789,  1848  et  1871  et  de  le  sauvegarder  des  ma¬ 
nœuvres  et  des  atteintes  de  la  réaction  avérée  ou  déguisée. 

Comme  eux,  enfin,  nous  voulons  une  République  tolérante,  mais  vigilante  et  ferme 
contre  ceux  qui  ne  viennent  à  elle  que  pour  la  trahiî  ;  une  République  assurant  la  paix 
extérieure,  une  République  ayant  le  respect  de  la  liberté  de  conscience,  cette  glorieuse 
conquête  de  la  Grande  Révolution. 

Mais  en  même  temps  nous  voulons,  avec  les  travailleurs,  quecette  République  devienne 
enfin  le  bien  de  tous  au  lieu  d'être  le  privilège  et  la  chose  de  quelques-uns.  Nous  voulons 
qu’elle  soit  et  demeure  démocratique  et  sociale.  Et  de  là  tout  un  ensemble  de  réformes  po¬ 
litiques  et  économiques  ;  —  réformes  politiques  devant  réaliser  l'émancipation  morale  et 
matérielle  du  plus  grand  nombre,  et  assurer  Légalité  dans  les  mœurs  comme  dans  les  lois  ; 
réformes  économiques  devant,  en  ce  qui  concerne  les  intérêts  de  ce  pays,  enrayer  les 
terribles  effets  de  la  crise  agricole  et  améliorer  le  sort  miséreux  de  nos  populations  des 
champs. 

Étranger  aux  coteries,  uniquement  désireux  de  soulager  les  misères  et  de  calmer  les 
souffrances,  en  introduisant  peu  à  peu,  dans  une  société  en  proie  à  l'anarchie  économique, 


—  1042  — 


la  paix  et  l’ordre  d'une  organisation  harmonique,  adversaire  de  la  violence,  défenseur  ré¬ 
solu  de  la  petite  propriété  individuelle  et  de  toutes  les  libertés,  dévoué  avec  passion  aux 
généreux  principes  de  l'immortelle  Déclaration  des  Droits  de  l'Homme,  je  viens,  eu  sollici¬ 
tant  vos  suffrages,  briguer  l’insigne  honneur  de  faire  aboutir  vos  légitimes  revendi¬ 
cations. 

Et  fidèle  a  renseignement  reçu  de  celui  dont  je  porte  le  nom  et  qui  demeurera  toujours 
et  mon  guide  et  mon  maître,  en  témoignage  de  respect  et  d'araour  pour  sa  mémoire  vénérée, 
je  vous  dirai  ce  qu’il  voua  dit  en  1889,  en  terminant  sa  profession  de  foi  à  la  fois  si  belle  et 
si  franche  : 

«  Si  vous  me  confiez  le  devoir  de  faire  triompher  votre  cause,  je  vous  déclare  que  : 
Républicain  convaincu,  je  soutiendrai  avec  intrépidité  les  institutions  qui  sont  et  seront  le 
culte  de  ma  vie;  Ras-Alpin  de  cœur,  j’appliquerai  tous  mes  efforts  à  défendre  les  intérêts 
de  mes  compatriotes  et  a  mériter  leur  confiance.  » 

Vive  la  République  démocratique  et  sociale! 

Docteur  ISOARD, 

Candidat  de  Défense  républicaine 
et  d' Action  socialiste. 


Appel  aux  Électeurs. 


Citoyen^ 

Pour  la  seconde  fois  nous  présentons  à  vos  libres  suffrages  comme  candidat  de  l'Uunm 
républicaine  socialiste,  à  l'élection  législative  de  notre  arrondissement,  le  citoyen  docteur 
Isoard,  qui,  en  1898,  déjà  eut  l'honneur  d’être,  dans  la  circonscription  de  Forcalquier,  le 
défenseur  et  le  porte-drapeau  de  la  République  sociale* 

Nous  avons  la  conviction,  Citoyens,  que  pour  être  bien  représentés  au  Parlement,  il 
nous  faut  choisir  Pun  des  nôtres,  un  militant,  que  nous  avons  vu  constamment  à  l'œuvre  et 
qui  n'a  jamais  hésité  à  sacrifier  et  son  ternes  et  ses  intérêts  pour  la  défense  de  nos  reven¬ 
dications* 

Enfant  du  pays,  ef  porteur  d’on  nom  qui  inspire  à  tous,  chez  nous,  le  respect  et  la 
confiance,  il  est  le  fils  d’nn  homme  qui  consacra  sa  vie  à  la  défense  de  la  République  et 
qui,  député  de  notre  arrondissement  de  1889  à  1893,  sut  mettre  au  service  de  nos  popula¬ 
tions  rurales,  l’ênergîe,  le  dévouement  et  les  qualités  d'esprit  et  de  coeur  dont  il  fut  tou¬ 
jours  animé. 

Élevé  lui-même  dès  le  berceau,  dans  l’amour  du  Peuple  et  du  régime  républicain,  le 
citoyen  Isoard  fils  prit  de  bonne  heure  part  aux  luttes  politiques,  aux  cotés  même  des  tra¬ 
vailleurs  dont  il  fut  et  dont  ü  est  resté  l'énergique  défenseur*  —  Il  y  a  six  ans,  la  démo¬ 
cratie  républicaine  socialiste  de  Marseille  lui  confiait  l'honneur  de  présider  le  Comité 
de  l'Union  socialiste  de  la  2e  circonscription,  groupement  déplus  de  dix-huit  cents  membres, 
et  qui  devait,  dans  la  suite,  organiser  de  toutes  pièces,  la  belle  victoire  que  la  République 
sociale,  en  1898,  remporta  avec  Cadenat  contre  la  réaction*  —  En  même  temps,  Il  menait, 
dans  notre  région,  la  magnifique  campagne  législative  que  Ton  sait,  et  qui  devait  faire 
pénétrer,  jusque  dans  le  moindre  de  nos  hameaux,  la  belle  pensée  socialiste* 

En  1900,  par  32*000  suffrages,  les  électeurs  républicains  de  Marseille,  Renvoyaient 
siéger  à  l'Hôtel  de  Ville  t  et  la,  la  confiance  de  ses  collègues  finvestissait  des  fonctions 
d'administrateur  des  hôpitaux,  tandis  que  le  citoyen  docteur  Flaissières,  qui  présidait 
l'Assemblée  communale,  se  l'attachait  en  qualité  d'adjoint  au  Maire  et  lui  donnait  comme 
attributions  la  délégation  de  fhygiêne  et  de  l’assistance  publique  dont  il  eut  désormais  la 
direction. 


N°  Ü62 


—  1R43  — 

On  sait  avec  quelle  compétence,  et  aussi  avec  quelle  énergie,  le  citoyen  docteur  Isoard, 
a  rempli  ces  divers  mandats.  —  Les  témoignages  écrits  qu’en  ont  donné  dans  la  Presse  de 
notre  contrée,  le  Maire  de  Marseille  et  le  Président  de  la  Commission  des  hospices  nous 
dispensent  et  au  delà  do  toutes  explications  à  ce  sujet.  —  D’ailleurs  le  gouvernement  lui- 
même  et  la  ville  de  Marseille,  ont  su  reconnaître  de  tels  services  en  accordant  au  citoyen 
docteur  Isoard  des  distinctions  honorifiques  (Médaille  des  hôpitaux,  Médaille  du  Ministère 
de  l’Intérieur)  que,  par  modestie,  le  citoyen  Isoard  n’a  jamais  portées,  mais  qui  sont  la 
légitime  récompense  du  labeur  ininterrompu  et  des  efforts  constants  dépensés  sans  compter 
dans  l’exercice  de  ces  délicates  fonctions  publiques.  —  C’est  là,  pour  les  électeurs,  le  plus 
sûr  garant  de  la  compétence  et  de  l’ardeur  que  mettra  le  citoyen  docteur  Isoard,  dans  la 
défense  des  intérêts  de  l’arrondissement  de  Forcalquier. 

De  même  les  petits,  les  humbles,  les  déshérités,  tous  les  travailleurs  en  un  mot,  ceux 
de  l’atelier  comme  ceux  de  la  campagne,  sont  certains  de  trouver  en  lui  un  représentant 
plein  de  dévouement  et  de  fermeté.  Au  Conseil  municipal  de  Marseille,  n’a-t-il  pas  donné  la 
preuve  de  sa  sollicitude  à  l’égard  de  la  grande  classe  populaire?  Nos  petits  fonctionnaires, 
nos  instituteurs,  nos  facteurs  et  nos  cantonniers  aussi  bien  que  les  petits  commerçants,  les 
industriels  et  magasiniers,  peuvent  être  assurés  d’avoir,  par  lui,  leurs  intérêts  sauvegardés, 
comme  d’ailleurs  les  nombreux  cultivateurs  de  notre  contrée,  à  quelque  degré  de  l’échelle 
sociale  qu’ils  appartiennent,  depuis  le  petit  propriétaire  jusqu’au  journalier  agricole  en 
passant  par  le  métayer  et  par  le  fermier. 

Citoyens, 

Voilà  l’homme.  —  Quant  au  programme  avec  lequel  il  se  présente,  vous  le  connaisse*. 
—  Ce  programme  n’est  autre  que  le  grand  programme  républicain  socialiste. 

Écartez  toute  crainte  I  N’ayez  point  peur  des  mots.  _ 

Les  hommes  de  toutes  les  réactions  faisaient  peur  à  vos  pères  par  le  seul  moi  Répu¬ 
blique  -  Les  réacteurs  d’aujourd’hui  espèrent  conserver  leurs  privilèges  en  usant  des 

mêmes  moyens.  ,  ,,  . 

Ils  agitent  devant  vous  le  spectre  rouge  du  socialisme,  s’imaginant  que  vous  ôtes  inca¬ 
pables  d’analyser  ce  motet  le  comprendre. 

Vous  savez  aujourd’hui  ce  que  représente  le  socialisme.—  Vous  savez  aussi  ce  que  vaut 
et  ce  que  veut  le  docteur  Isoard.  —  Vous  avez  apprécié  le  programme  et  vous  connaissez 
celui  qui  le  défend  avec  cette  sincérité  et  cette  ardeur  de  convictions  auxquelles  tous  nos 
compatriotes  se  plaisent  à  rendre  hommage. 

Nous  avons  confiance  dans  votre  verdict.  . 

Le  24  mai  vous  voterez  tous  pour  le  Docteur  Isoard  au  cri  mille  fois  répété  de  :  Vive  la 
République  socialel  ,  „  ,  .  „  ,  „ 

'  Pas  d’abstentions!  Aux  urnes!  Pour  l’arrondissement  de  Forcalquier  et  pour  la  Repu- 

blique  des  Travailleurs  J 

Le  Comité * 

Programmé  Républicain  Socialiste. 

Le  parti  républicain  socialiste,  repoussant  la  politique  du  toutou  rien,  a  un  programme 
de  réformes  dont  il  poursuit  la  réalisation. 


Démocratisation  des  Pouvoirs  Politiques. 

1  Suffrage  universel  direct  dans  toutes  les  élections. 

2.  Scrutin  de  liste  avec  représentation  proportionnelle  dans  toutes  les  élections. 

3 .  Mesures  législativos  pour  assurer  la  liberté  et  le  secret  du  vo  o. 


—  1044  — 

h.  Droit  d’initiative  populaire  et  referendum. 

5.  Liberté  absolue  de  la  presse  et  de  réunion.  —  Abrogation  de  toutes  les  lois  d’excen. 
tion  sur  la  presse.  —  Liberté  des  associations  civiles.  ** 

6  .  Autonomie  administrative  des  départements  et  des  communes,  sous  la  seule  réserve 
des  lois  garantissant  le  caractère  républicain,  démocratique  et  laïque  de  l’État. 


II 

Laïcisation  complète  de  VÊtat. 

î.  Séparation  des  Églises  et  de  l'État.  -  Interdiction  de  l’action  politique  et  collective 
des  Eglises  contre  les  lois  civiles  et  les  libertés  républicaines. 

2.  Suppression  du  budget  des  cultes  et  son  affectation  à  des  œuvres  d'assurance  et  de 
solidarité  sociales. 

III 

Organisation  démocratique  de  la  Justice, 

i .  Substitution  à  tous  les  tribunaux  actuels,  civils  ou  criminels,  de  tribunaux  formés 
par  un  jury  pris  sur  la  liste  électorale  et  par  des  juges  élus  sous  des  garanties  de  compé¬ 
tence;  le  jury  sera  formé  par  voie  de  tirage  au  sort  sur  des  listes  dressées  par  le  suffrage 
universel.  r  5 

Snnn2  ■  Gratuité  de  la  justice.  Transformation  en  fonctions  publiques  des  offices  ministériels. 
Suppression  du  privilège  des  avocats. 

3.  Extension  de  la  compétence  des  justices  de  paix. 

4-  Révision  égalitaire  des  Codes  dans  un  esprit  d’humanité  et  de  justice. 

5.  Abolition  de  la  peine  de  mort. 

6.  Suppression  des  tribunaux  militaires  et  maritimes. 

rv 

Education  humaine ,  civique  et  professionnelle. 

!•  2r!tUî-é  d!  ,,ensf°nement  à  t0 «  les  degrés  {primaire,  secondaire,  supérieur), 
gnement  d“  *“  à  la  °harSe  de  PÉtat’  Pour  le  Premier  degré  de  lensei- 

3.  Pour  l’enseignement  secondaire  et  supérieur,  mise  à  la  charge  de  la  société  de 

étudeÏ8  amS  qU1’  eXamen'  Ser°nt  reC°nnUS  apt6S  à  P°ursuivre  utilement  leurs 

h*  Création  d?un  enseignement  populaire  supérieur. 

tionà5mu?X1Lde,!,eiSeiBüeme?taUX  UQi£  degrés  par  subsidiairement,  interdic- 

tion  a  tout  membre  du  cierge  régulier  et  séculier  d’ouvrir  une  école  et  d’y  enseigner 
(Abrogation  de  la  loi  Falloux.)  *  enscisner- 


Réforme  générale  de  l’Impôt. 

des  de!  C0ntributi0lls  dictes  et  indirectes  ;  suppression  de  la  contribution 

d  Portes  et  fenêtres  et  de  la  cote  mobilière;  suppression  de  ia  journée  de  prestation  en 
nature  qm  nest  qu’un  reste  de  la  féodalité  ;  révision  de  la  législation  des  patentes  par  la 
magasins*1  patenteS  deS  petlts  commerçants  et  l’augmentation  de  cefles  des  grands 

2.  impôt  global  progressif  et  personnel  sur  les  revenus  supérieurs  à  3.000  francs. 


—  1045—  N"  1162 

3.  impôt  progressif  sur  les  successions,  la  progressivité  étant  calculée  à  la  fois  sur  le 
chiffre  de  la  succession  et  sur  l’éloignement  du  degré  de  parenté. 

h.  Dégrèvement  des  petites  cotes  foncières  et  des  petites  patentes. 

VI 

Adaptation  de  l’organisme  militaire  à  la  défense  du  pays. 

1 .  Réduction  progressive  à  deux  ans  puis  à  un  an  du  service  militaire. 

2.  Suppression  des  périodes  d’instruction,  dites  des  28  et  des  13  jours. 

3.  Suppression  de  la  taxe  militaire. 

4.  Refonte  et  adoucissement  du  code  pénal  militaire;  suppression  des  corps  discipli¬ 
naires,  et  interdiction  de  prolonger  le  service  militaire  en  guise  de  pénalité. 

5*  Renonciation  à  tonte  guerre  offensive  sous  quelque  prétexte  que  ce  soit. 

6.  Renonciation  à  toute  alliance  qui  n’aurait  pas  pour  objet  exclusif  le  maintien  de  la 
paix. 

7  .  Renonciation  aux  expéditions  militaires  coloniales. 

VII 

Solidarité  et  assurance  sociales . 

1.  Organisation  par  la  nation  d’une  Caisse  de  retraites  pour  la  vieillesse  et  les  inva¬ 
lides  du  travail,  assurant  à  tout  être  humain  le  droit  à  l'existence. 

2.  Organisation  d’un  système  d’assurance  sociale  s’appliquant  à  la  totalité  des  travail¬ 
leurs  de  l’industrie,  du  commerce,  de  Tagriculture,  contre  les  risques  de  la  maladie, 
d'accident  et  de  chômage. 


VIII 

Extension  du  domaine  de  l’État. 

1.  Nationalisation  des  chemins  de  fer,  des  mines,  de  la  Banque  de  France,  des  assu¬ 
rances,  des  raffineries  de  sucre  et  des  sucreries,  de  l’alcool,  de  la  grande  meunerie. 

2.  Administration  démocratique  des  services  publics,  nationaux  et  communaux  avec 
participation  des  organisations  ouvrières  à  leur  fonctionnement  et  à  leur  contrôle. 

3.  Économies  budgétaires  par  la  suppression  des  fonctionnaires  inutiles  et  la  réduc¬ 
tion  des  fonctionnaires  coûteux. 

IX 

Protection  et  règlementation  du  travail  dans  l'industrie  et  le  commerce . 

1.  Adoption  d’un  ensemble  de  réformes  limitant  les  heures  de  travail,  réglementant 
les  Maires  et  établissant  la  surveillance  des  ateliers,  fabriques,  usines,  mines  et  chantiers 
en  conformité  des  intérêts  matériels  et  moraux  de  la  classe  ouvrière. 

2.  Extension  de  la  prud’homie  à  tous  les  salariés  de  l’industrie  et  du  commerce. 

X 

Amélioration  de  l'agriculture. 

1.  Organisation  par  l’État  d’une  Banque  nationale  de  Crédit  agricole. 

2.  Institution  d’une  Caisse  populaire  d?assurance3  sur  les  risques  accidentels  des 
récoltes  et  sur  la  mortalité  du  bétail* 


—  104G  — 


3,  Subventions  aux  communes  rurales  pour  les  aider  à  acheter  des  machines  agricoles 
mises  ensuite  gratuitement  à  la  disposition  des  petits  cultivateurs,  fermiers  ou  proprié¬ 
taires. 

k*  Abaissement  des  tarifs  de  transports  pour  les  engrais,  machines  et  produits 
agricoles. 

5.  Création  d'associations  de  cultivateurs  pour  l'achat  de  semences,  de  plants  et 
d’engrais;  et  organisation  do  syndicats  agricoles  de  vente  s'abouchant  directement  avec  les 
syndicats  d'achat  des  villes,  supprimant  ainsi  l’ in  tenu  êdl  aire  et  les  spéculateurs* 

G.  Révision  du  cadastre.  Dégrèvement  de  toutes  les  petites  cotes  foncières* 

7.  Réforme  de  la  loi  sur  les  successions  et  le  régime  hypothécaire. 

8.  Création  de  prud'homies  agricoles,  réglant  sans  frais  les  différends  pouvant 
s’élever  entre  cultivateurs,  fermiers  et  petits  propriétaires, 

9.  Réforme  de  Renseignement  agricole,  organisation  d'un  enseignement  agricole  pra¬ 
tique,  et  création  dans  chaque  commune  de  champs  d'expériences  agricoles. 

10*  Représentation  légale  de  l'agriculture  par  les  Chambres  d'agriculture. 

11.  Organisation  d’un  service  médical  et  pharmaceutique  gratuit  dans  les  campagnes. 

Le  Comité  : 

(Suivent  les  signatures.) 


PROGRAMME  UES  R EYENDI G ATIOH S  LOCALES. 

Le  Comité  indique  aussi  qu'en  outre  de  ces  réformes  d'ordre  politique,  économique  et 
agricole,  le  citoyen  docteur  Isoard  est  résolu  de  faire  aboutir  l’ensemble  des  revendications 
locales  formulées  en  particulier  par  chacune  des  communes  de  l'arrondissement  de  For- 
calquier.  —  Au  cours  de  sa  tournée  dans  les  différentes  localités  de  îa  circonscription,  le 
citoyen  docteur  Isoarrï  a  pris  connaissance  de  tous  les  besoins  des  populations  des  com¬ 
munes  —  et  ses  efforts  tendront  à  faire  aboutir,  dans  le  plus  bref  délai  possible,  auprès 
des  pouvoirs  compétents,  les  diverses  améliorations  ou  créations  locales  qui  s’imposent  dans 
l'intérêt  de  nos  populations  jusqu'à  ce  jour  si  délaissées,  si  oubliées. 

Sans  énumérer  toutes  les  revendications  qu'il  y  a  lieu  d'appuyer,  citons-en  quelques- 
unes,  prises  au  hasard,  et  dont  la  réalisation  est  devenue  une  nécessité  : 

La  modification  de  tarifs  d’abonnement  du  canal  de  Manosque;  —  l'endlguement  de  ïa 
Durance;  —  l'amélioration  et  la  rectification  des  routes  existantes;  —  la  création  de  nou¬ 
velles  voies  d’accès  entre  les  communes;  —  l'installation  du  télégraphe  ou  du  téléphone 
dans  toutes  les  communes  qui  en  sont  actuellement  dépourvues;  —  la  création  de  nouveaux 
bureaux  de  poste;  —  l'augmentation  du  nombre  des  facteurs  et  des  cantonniers;  —  la  mise 
en  adjudication  d'un  courrier  reliant  Banon  à  Saint-Étienne  par  les  communes  de  La  Roche- 
giron,  de  Saumane,  FHospitalet,  Lardiers  et  Ongles;  —  la  construction  d'une  ligne  de 
chemin  de  fer  reliant  Garpentras  à  Saint-Auban  et  desservant  les  communes  du  Revest,  du 
Rion,  Banon,  Ongles,  Saint-Étienne,  Crois;  —  le  prolongement  de  la  ligne  ferrée  de  For- 
calquier  vers  Saint-Auban  et  pouvant  desservir  les  communes  de  Pierrerue  et  de  Sigonce 
et  aussi  son  prolongement  vers  Banon  et  desservant  Saint-Michel  et  le  Revert  de  Brousses’; 
reprise  du  projet  relatif  à  l'exécution  du  canal  de  Yentavon;  etc.,  etc...  toutes  réformes 
de  nature  à  arrêter  le  mouvement  de  dépopulation  qui  en  ce  moment  même  ruine  nos 
malheureux  petits  villages  et  pouvant  augmenter  considérablement  la  prospérité  de  nos 
populations  des  champs. 


Le  Comité . 


—  1047  -T- 


N®  1102 


ALPES-MARITIMES 


26  circonscription  de  GRASSE 

M*  François  ÂRAGO 

Élu  an  ior  tour  de  scrutin.  —  ^,657  voix* 


Electeurs, 

Vous  êtes  appelés  à  élire,  le  1er  mars,  votre  représentant  à  la  Chambre  des  Députés  :  je 

me  présente  à  vos  libres  suffrages*  .  , 

Il  n’a  pas  fallu  moins  que  l'insistance  d’un  grand  nombre  de  vos  concitoyens,  parmi  les 
républicains  les  plus  autorisés  de  la  circonscription  Cannes-Antibes,  pour  que  je  brigue  la 
lourde  succession  qui  vient  de  s’ouvrir;  il  a  fallu  surtout  que  ceux-là  mêmes  que  la  con¬ 
fiance  du  suffrage  universel  avait  désignés  à  l’avance  au  choix  des  électeurs  aient  estime, 
d’un  commun  accord,  que  les  circonstances  exigeaient  la  candidature  d’un  homme  nouveau. 
Placé  en  dehors  des  rivalités,  des  querelles  locales,  libre  de  toutes  préventions  person- 

pelles  ie  veux  et  f entends  être  le  Député  de  tous.  .T  , 

C'est  une  candidature  de  paix,  de  concorde,  qui  m’a  été  offerte  et  que  j  ai  accep  e. 

Je  m’honore  de  porter  un  nom  inscrit  dans  l’histoire  des  luttes  pour  la  conquête  et  la 
fondation  de  la  République,  un  nom  qui  pourrait  me  dispenser  de  programme,  si  je  n  avais 
à  cœur  de  préciser  devant  vous  mes  vues  politique^  et  soeia  es  * 

Maintenir  d’une  part,  dans  toute  sa  force,  la  suprématie  du  pouvoir  civil  idée 
maîtresse  de  la  Révolution  française;  de  l’autre,  la  neutralité  reelle  de  l’État,  en  mati  îe  e 

CF0Ï  Exigea  de  tous  le  respect  des  lois,  en  alliant  à  la  fermeté  inébranlable  des.  principes,  la 

PrUdAssurer  la  Hberté  de  l’enseignement  privé  sous  le  contrôle  de  l’Etat,  dont  les  droits 

iiïSSf  du  service  militaire  à  deux  ans,  reconnue  désormais  possible,  faire 

t0US  S^opposer^avant^oute^réforme6 fiscale,  à  Faussement  des  dépenses,  notamment  par 

la  limitation  de  l’initiative  des  Députés  eu  matière  budgétaire;  .  , 

Par  l’impôt  sur  le  revenu,  établi  sans  vexation  m  inquisition,  introduire  plus  d  cquite 
dans  la  répartition  des  charges  publiques  trop  lourdes  ou  trop  inégalés  ; 

En  ce  qui  concerne  les  réformes  sociales,  chercher  a  corriger  les  injustices  du i_MT  en 
solidarisant  l’action  du  capital  et  celle  du  travail,  en  reprenant  1  examen  des  projets  relatifs 
à  la  création  de  caisses  do  retraites  pour  les  travailleurs  des  champs  et  des  villes,  en  encom 
raeeant  enfin  l'effort  individuel  de  l’assistance  et  de  la  prévoyance. 

Ms  ,0».  Iss  principas  don.  j.  m-in.pirsrsi,  telles  son.  Iss  rotorns.  don.  ,s  pou™,™ 

la  réalisation* 


—  1048  — 


Électeurs, 

actes,  et  j’ajoute  : 
servir  les  intérêts 

Vive  la  République  ! 

François  ARAGO 
Ministre  plénipotentiaire. 

Officier  de  la  Légion  d'honneur, 


Je  fais  appel  à  votre  confiance, 

Mon  ambition  est  d’être  jugé  non  sur  des  promesses,  mais  sur  des 
si  vous  me  choisissez  pour  votre  représentant,  comptez  que  je  mettrai  à 
de  ce  beau  pays  tout  ce  que  j'ai  d’activité  et  de  dévouement. 


CANTAL 


Circonscription  d’AURILLAC 
M.  RIGAL 

Élu  au  lor  tour  de  scrutin.  —  9.624  voix. 


Aijx  Électeurs  de  l’arrondissement  b’Aurillac. 

Mes  chers  Concitoyens, 

r-Sff  i,h0nne”r  de  T°“s  !•  P»  »  un  sentiment  d'ambition 

in'IS"“s  des  rePféseutanls  autorisés  do  parti  républicain  qui  m’ont  oITort 
, T  .T'  ’  C,e"-d  "ensé  1"».  dans  ««Te  arrondissement,  comme  dansT. 

■arque 

lwSnûen «.K. h  '  stuporteur  de  ia  société,  à  laquelle  il  importe  absolument  que 
,ui  ,re8’ ei  18  »  » 


mil)  — 


N°  H  62 

La  religion  est  chose  privée  qui  ne  relève  et  ne  doit  relever  que  de  la  conscience  de 
chacun  Dégagé  de  tout  esprit  de  secte,  respectueux  des  croyances  religieuses  et  de  leur 
libre  pratique,  je  suis  l’adversaire  du  cléricalisme  qui,  sous  le  couvert  de  la  religion,  tou¬ 
jours  en  rébellion  coudre  nos  lois  et  nos  institutions,  poursuit  un  but  de  suprématie  poli- 

Je  suis  de  ceux  qui  veulent  la  réalisation  progressive,  mais  sans  défaillance,  du  vieux 

programme  républicain.  _ 

Au  point  de  vue  financier,  un  contrôle  rigoureux  des  deniers  publics  s’impose  ;  n  laut 
réaliser  routes  les  économies  possibles  par  la  suppression  des  emplois  inutiles  et  de  toutes 
les  dépenses  ne  répondant  pas  à  un  besoin  rcel. 

Notre  système  fiscal  doit  être  l’objet  d‘un  profond  remaniement  dans  le  sens  de  la  jus¬ 
tice  et  de  l’égalité.  Par  suite  de  l’augmentation  des  capitaux  mobiliers,  il  n’est  en  rapport 
Di  avec  l’état  actuel  de  la  richesse  publique,  ni  avec  les  facultés  et  les  ressources  des  contri¬ 
buables.  N’est-il  pas  équitable  que  les  dépenses  publiques  soient  supportées  par  chacun 
suivant  le  profit  qu’it  retire  des  améliorations  sociales  î 

Seul,  l’impôt  progressif  sur  le  revenu  peut  redresser  les  iniquités  de  la  répartition  des 
charges  üscales.  En  frappant  les  revenus  du  capital  plus  que  les  revenus  du  travail,  en 
demandant  plus  au  superflu,  moins  au  nécessaire,  il  permettra  de  dégrever  les  petits  con¬ 
tribuables  et  les  petits  propriétaires. 

Parmi  les  principales  réformes  et  créations  qui  seront  soumises  à  la  législature  en 
cours,  f indiquerai  les  suivantes  ; 

Rétablissement  du  scrutin  de  liste,  élargissement  de  la  base  électorale  du  Sénat,  —  n 
est  anti-démocratique,  par  exemple,  que  288  délégués  puissent  conférer  un  mandat  d’une 
durée  de  neuf  ans. 

Réduction  du  service  militaire  à  deux  ans- 

Révision  du  Code  de  justice  militaire,  dont  certaines  pénalités  sont  trop  rigoureuses  en 
temps  de  paix. 

Diminution  des  frais  de  justice  —  qui  absorbent  souvent  au  delà  de  la  valeur  du  litige 
—  par  l’extension  de  la  compétence  des  juges  de  paix  et  la  révision  du  Code  de  procédure- 

Décentralisation,  par  la  réduction  des  cadres  et  la  simplification  des  rouages  adminis¬ 
tratifs,  d’où  il  résultera  pour  tous  une  économie  d’argent  et  de  temps  avec  suppression  des 
formalités  inutiles. 

Lois  de  mutualité*  de  prévoyance  et  d’assistance,  pour  assurer  des  retraites  aux  ouvriers 
agricoles  et  industriels  que  l’âge,  la  maladie  ou  les  infirmités  rendent  incapables  de  subve- 

iiir  à  leur  existence.  „  ,  _ 

Fils  d’un  pays  essentiellement  agricole,  j’estime  qu’il  faut  réduire  les  charges  qui  pèsent 
trop  lourdement  sur  la  propriété  rurale,  favoriser  l’agriculture  parle  développement  des 
syndicats,  la  création  de  fermes-écoles,  l’organisation  du  crédit  et  des  assurances  agricoles, 
l’allocation  de  primes,  par  toutes  les  mesures  de  nature  à  encourager  les  cultivateurs  et  a 
faciliter  l’écoulement  et  la  vente  de  leurs  produits. 

Parmi  les  nouvelles  voies  de  communication,  je  mets  au  premier  rang  I  établissement 
d’une  voie  ferrée  d’Aurillac  à  Espalion  qui,  en  desservant  toute  une  région  complètement 
déshéritée,  constituerait,  pour  notre  trafic  commercial,  un  débouché  important  et  direct  sur 
le  Midi, 


Mes  chers  Concitoyens, 

Les  événements  politiques  de  ces  dernières  années  ont  établi  un  nouveau  classement 

des  partis.  .  ,  f 

D’un  côté,  tous  ceux  qui,  dans  la  République,  n’acceptent  guère  que  le  nom  et  la  forme, 
voulant  lui  conserver  les  institutions,  le  caractère  et  l’esprit  des  monarchies  passées  ;  cest 
le  parti  de  La  résistance  au  progrès  social. 

De  l’autre  côté,  tous  ceux  qui  veulent,  par  la  réalisation  des  espérances  que  la  Repu- 


132. 


-  1050  - 

blique  a  fait  naître,  poursuivre  l’amélioration  de  la  condition  matérielle  et  morale  de  |a 
classe  la  plus  nombreuse,  de  celle  qui  travaille,  produit  et  contribue  le  plus  à  la  grandeur 
et  à  la  prospérité  de  la  France  :  c’est  le  paru  dont  je  me  réclame,  celui  des  revendications 
de  la  démocratie  et  de  la  tradition  républicaine. 

Ma  candidature  ne  veut  s’abriter  derrière  aucune  équivoque.  Elle  signifie  approbation 
des  actes  et  des  votes  de  ia  majorité  exclusivement  républicaine  du  Parlement,  que  |es 
manœuvres  réactionnaires,  au  lieu  de  désunir,  n’ont  fait  que  consolider,  et  qui  est  ferme¬ 
ment  résolue  à  assurer  le  respect  des  lois,  la  suprématie  du  pouvoir  civil,  et  à  poursuivre 
la  réalisation  des  réformes  démocratiques. 

Celte  attitude,  vous  le  savez,  est  celle  qu’avait  prise  très  nettement  le  regretté 
M.  Adrien  Bastid  aux  dernières  élections  législatives,  et  qui  fut  la  cause  déterminante  de 
son  succès. 

Le  meilleur  moyen  d’honorer  sa  mémoire  ne  serait-il  pas  d'assurer  la  continuité  de  sa 
politique,  en  lui  donnant  pour  successeur  au  Parlement  un  homme  qui,  suivant  une  expres¬ 
sion  détachée  de  sa  profession  de  foi  en  1902,  pense  que  : 

«  Le  devoir  des  républicains  est  tout  tracé.  A  la  coalition  des  réactionnaires,  il  faut 
opposer  le  bloc  des  forces  républicaines.  » 

Je  vous  ai  exposé  franchement  mes  idées.  Sur  ces  doctrines  de  justice  et  de  fraternité, 
je  fais  appel  avec  confiance  à  tous  les  électeurs  sincèrement  attachés  à  la  République  à  ses 
lois  et  à  ses  principes* 

Si  je  suis  votre  élu,  vous  pouvez  compter  sur  mon  absolu  dévouement  à  la  défense  de 
tous  vos  intérêts,  comme  au  développement  des  institutions  républicaines  vers  un  idéal 
toujours  plus  élevé,  toujours  plus  elïicace  de  solidarité  humaine. 

Vive  la  République  ! 

Justin  KIGAL 
Avocat, 

Candidat  républicain  radical. 


Circonscription  de  SAINT-FLOUR 


M.  HUGON 

Élu  au  ier  tour  de  scrutin.  —  6,124  voix. 


Mes  chers  Compatriotes, 

La  majorité  républicaine  de  la  Chambre  a  annulé  l’élection  du  27  avril  et  vous  a  conviés 
à  élire  de  nouveau  votre  Député. 

On  vous  dit  que  cette  décision  est  un  attentat  contre  la  souveraineté  populaire;  vous  ne 
serez  pas  dupes  de  ce  nouveau  mensonge. 

^  La  souveraineté  populaire  a  droit  au  respect  de  tous;  et  ceux-là  seuls  l’insultent  qui 
essaient  de  ia  fausser  par  des  promesses  mensongères,  par  des  manœuvres  déloyales,  qui 
sont  autant  d  atteintes  à  la  liberté  de  l’électeur  et  aux  droits  du  suffrage  universel.* 

G  e^t,  au  contraire,  pour  assurer  le  respect  dû  au  suffrage  universel,  qu’on  vous  demande 

de  vous  recueillir  pour  prononcer  votre  arrêt  souverain  en  plus  parfaite  connaissance  de 
cau?e. 

Je  suis  un  des  vôtres,  né  parmi  vous,  enfant  du  pays,  ami  de  l’ouvrier  et  du  paysan. 


— 


N°  1162 


—  1051  — 

Je  n'at  Rappui  d'aucun  de  vos  ennemis  :  ni  de  ces  nobles,  qui  rêvent  le  retour  aux  abus 
du  passé,  ni  de  ces  bourgeois  gentilshommes,  qui,  par  plat  orgueil  et  soîte  vanité,  se  jettent 
à  la  remorque  d’un  candidat  à  particule. 

Que  pouvez- vous  attendre  de  leur  étroite  collaboration  ?  Qu’ils  essaient  de  vous  tromper 
une  Fois  de  plus! 

Déjà  iis  vous  disent  cjue  l'impôt  sur  le  revenu  et  les  réformes  fiscales  attendues  avec 
impatience  par  la  démocratie  ne  peuvent  être  confiés  entre  de  meilleures  mains  que  les 
leurs!  Autant  confier  aux  loups  la  garde  du  troupeau. 

Ns  affirment  que  je  veux  faire  fermer  les  églises,  les  couvents,  chasser  les  prêtres,  que 
sais-je  encore?  ils  oublient  que  M.  de  Castellane,  lors  de  la  discussion  de  son  élection,  me 
représentait,  à  la  tribune  de  la  Chambre,  comme  l'élu  et  Ta  mi  du  clergé  ! 

Je  yous  ferais  injure  si  j'insistais. 

Vous  me  connaissez,  mon  programme  rfa  pas  varié. 

Si  vous  m'envoyez  à  la  Chambre,  j'y  reprendrai  ma  place  au  milieu  de  la  majorité  répu¬ 
blicaine  soucieuse  d'assurer  enfin  les  réformes  démocratiques  si  longtemps  attendues  par 
le  peuple,  et  qui  n1  ont  échoué  jusqu'à  présent  que  par  l'obstruction  systématique  des  réac¬ 
tionnaires. 

Vous  choisirez  pour  vous  représenter,  non  un  des  partisans  de  l'ancien  régime,  déguisé, 
pour  les  besoins  de  sa  cause  et  de  ses  intérêts,  en  républicain,  mais  un  des  vôtres,  qui 
combat  pour  vous  à  visage  découvert,  sans  faiblesse,  sans  compromission,  sans  autre  souci 
euaes  autre  ambition  que  de  servir  la  démocratie  et  la  République. 

Vive  la  République!  Vive  l'arrondissement  de  Saint-Fïourl 

Docteur  HUGÜN, 

Ancien  Député, 

Officier  d' Académie,  Conseiller  général. 


La  profession  de  foi  suivante  avait  été  publiée  par  M.  Hugon  lors  des  élections 
générales  : 

Mes  chers  Compatriotes, 

En  1898  je  vous  disais  :  «  La  République  est  en  danger.  Si  vous  n  y  mettez  bon  ordre, 
elle  deviendra  la  proie  de  certains  de  ses  pires  ennemis,  des  réactionnaires  et  des  ralliés 
hypocrites,  qui  sont  venus  à  elle  pour  mieux  l’étouffer.  » 

Vous  m'avez  élu  par  1.409  voix  de  majorité. 

Aujourd'hui,  h  situation  est  plus  grave  encore. 

Nous  sommes  6û  présence  d'une  coalition  monstrueuse  de  la  noblesse  et  de  tous 
ceux  qui  pleurent  sur  les  privilèges  disparus  ou  qui  disparaissent; 

De  tous  les  jaloux,  de  tous  les  mécontents,  qui,  après  avoir  fondé  la  République,  vou~ 
(aient  en  faire  leur  domaine  exclusif. 

Tous  sont  épouvantés  à  la  vue  du  peuple  qui  s'avance,  grandi  et  éclairé  par  1  instruction, 
arnaé  du  bulletin  de  vote,  dont  il  a  appris  à  se  servir,  et  marchant  pacifiquement,  mais  avec 
résolution,  à  la  conquête  des  réformes  démocratiques  et  fiscales  toujours  promises  et  trop 
vainement  attendues. 

Ce  peuple  de  travailleurs,  que  la  République  a  rendu  maître  de  ses  destinées,  on  tente 
de  l'aveugler  et  de  T  effrayer  pour  pouvoir  l’assorvir  de  nouveau. 

On  veut  l'aveugler  en  faisant  miroiter  à  ses  yeux  le  veau  d'or,  en  semant  la  corruption, 
comme  si  les  électeurs  de  cet  arrondissement  étaient  tous  à  vendre,  et  au  prix  de  quel 
argent! 

On  veut  l'effrayer,  en  cherchant  à  lui  persuader  que  les  libertés  de  conscience  et  d  en¬ 
seignement  sont  menacées. 


—  1052  — 

Mais  n’avons-nous  pas  refusé  de  "voter  l'interdiction  du  droit  d'enseigne^  aux  congrès 
galions  autorisées?  (proposition  Babier).  Nous  voulons  îa  concurrence  dans  renseigne¬ 
ment, 

N’avqtts-nous  pas  refusé  de  votre  la  scolarité  obligatoire? 

Respectueux  de  toutes  les  libertés,  nous  voulons  que  chacun  reste  à  sa  place:  le  prfitie 
à  réglise,  le  maire  à  la  mairie,  l'instituteur  à  l’école  et  les  électeurs  libres. 

Nous  avons  voté  l’abrogation  de  la  loi  Falloux,  non  pour  fermer  les  établissements 
secondaires  libres,  mais  afin  que  les  professeurs  de  ces  établissements  possèdent  les  mêmes 
grades  universitaires  et  donnent  aux  parents  les  mêmes  garanties  de  capacités  que  les 
maîtres  qui  enseignent  dans  les  collèges  et  lycées  de  l’État. 

Nous  voudrions  la  gratuité  de  l’enseignement  secondaire,  afin  que  les  fils  du  peuple, 
qui  sont  intelligents  mais  sans  fortune,  puissent  s’instruire  comme  les  enfants  des 
riches. 

Nous  voulons  la  loi  relative  à  la  création  de  caisses  de  retraite  pour  la  vieillesse  et  pour 
les  invalides  du  travail,  loi  qui  a  déjà  donné  lieu  à  une  remarquable  discussion. 

Nous  voulons  la  réduction  des  frais  de  justice  et  des  gros  traitements,  que  nous  avons 
réduits  deux  fois  en  ce  qui  concerne  les  trésoriers  généraux. 

Nous  voulons  toujours  la  réforme  de  Fimpôt  sur  le  revenu,  que  les  millionnaires  delà 
Chambre  n’ont  pas  laissé  voter,  et  qui,  seule,  peut  dégrever  les  petits,  en  ménageant  les 
moyens  et  en  surchargeant  progressivement  les  gros  contribuables* 

Nous  sommes  l’adversaire  irréductible  du  coUecLivisme,  et  nous  défendrons  toujours  la 
propriété  privée. 

Électeurs, 

Vous  vous  souviendrez  que  nous  avons  voté  : 

1°  La  loi  sur  les  successions,  avec  déduction  des  dettes  et  suppression  des  centimes 
additionnels,  en  appliquant  pour  la  première  fols  la  progression! 

2°  La  réforme  des  droits  hypothécaires,  qui  dégrève  les  petites  ventes  et  charge  les 
grosses  transactions; 

3°  Une  meilleure  répartition  des  cotes  personnelle  et  mobilière,  alin  de  diminuer  les 
Charges  des  paysans  et  des  ouvriers  et  de  demander  beaucoup  plus  aux  millionnaires; 

4°  La  réforme  de  Fimpôt  sur  les  boissons,  qui  supprime  les  taxes  vexatolres,  les  drôles 
d’octroi  sur  les  boissons  hygiéniques  et  l’exercice  chez  les  débitants; 

5°  La  loi  relative  aux  assurances  mutuelles  agricoles  et  au  crédit  agricole; 

6°  La  loi  qui  supprime  les  acquïts-à-caution  et  l’agiotage  entre  les  importateurs  de  blés 
étrangers  et  les  exportateurs  de  farines,  et  qui  fait  disparaître  la  principale  cause  de  la 
mévente  des  blés,  si  préjudiciable  aux  agriculteurs; 

T  La  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans,  avec  égalité  pour  tous,  riches  ou 
pauvres; 

8°  La  réduction  à  20  jours  de  la  période  de  28  jours,  et  la  suppression  des  13  jours. 

9*  La  création  d’une  armée  coloniale,  pour  épargner  aux  enfants  de  la  Métropole  les 
souffrances  physiques,  les  douleurs  morales,  les  maladies  endémiques  des  climats  souvent 
trop  meurtriers  de  nos  riches  colonies; 

IIP  La  franchise  postale  pour  permettre  aux  soldais  d’écrire  à  leurs  parents  deux  fois 
par  mois  gratuitement,  etc.,  etc. 

Vive  la  République! 

Vivent  les  réformes  démocratiques! 


Docteur  lïUGON, 

O  [licier  d’ Académie,  conseiller  général, 
Député  sortant* 


—  1053 


N°  1162 


CHARENTE-ÏNFEÉEURE 


Circonscription  de  JONZAC 
M.  LARQUIER 

ÉIo  au  1er  tour  de  scrutin.  —  10  4*17  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Les  délégués  républicains  de  l’arrondissement,  réunis  en  Congrès  ^  à  Jonzac,  le 
3  août  1902,  après  avoir  entendu  mes  déclarations,  ont  adopté,  à  l’unanimité,  ma  candida¬ 
ture.  Elle  est  née  de  l’union  et  de  l’apaisement.  Elle  est  conforme  aux  vœux  du  parti  tout 
entier. 

Saintongeais,  par  ma  famille,  par  mes  attaches,  par  mes  intérêts,  je  suis  des  vôtres; 
nul  ne  peut  vous  être  plus  étroitement  lié. 

Mon  programme  tient  en  quelques  mots  précis  : 

J’entends  défendre  une  République  de  progrès  démocratique. 

J’entends  assurer  à  notre  pays  la  part  qui  lui  revient  dans  les  bienfaits  de  l’Etat. 
J’entends  travailler  à  consolider  notre  prospérité  mise  en  péril  par  la  loi  néfaste  des 
boissons. 

Électeurs, 

Je  m’expliquerai  sans  détours  sur  les  questions  qui  passionnent  actuellement  le  pays. 
Défenseur  énergique  de  la  liberté  de  l’enseignement,  j’estime  qu’elle  n’est  pas  atteinte 
par  l’exécution  nécessaire  de  la  loi  sur  les  associations.  Ennemi  de  toute  mesure  d  excep¬ 
tion,  je  demanderai,  pour  les  maîtres  de  l’enseignement  public  ou  libre,  les  mêmes  gatau- 

ties  de  savoir  sous  le  même  contrôle  de  l'État, 

Je  me  déclare  le  partisan  du  scrutin  de  liste,  qui  seul  rendrait  possibles  certaines 
réformes  d’intérêt  général.  Selon  le  vœu  du  pays,  il  permettrait  de  diminuer  le  nom  lire  des 
députés  et  serait  peut-être  le  moyen  le  plus  favorable  pour  assurer  des  séances  de  labeur 

calme  et  fructueux.  .  .  . 

Avec  des  hommes  dont  le  patriotisme  ne  saurait  être  contesté,  j’accepte  le  projet  de  tu 
sur  le  service  de  deux  ans,  en  réservant  la  question  de  la  dispense  des  soutiens  de  iami  e, 
dont  l'abrogation  léserait  péniblement  les  petits  cultivateurs. 

J’approuverai  volontiers  la  suppression  d’une  période  de  vingt-huit  jours  sur  deux,  s  il 
m’est  démontré,  par  les  chefs  de  l’armée,  qu’une  telle  réforme  ne  peut  compromettre  la 

défense  nationale*  , 

le  demanderai ‘au  Parlement  la  création  de  chambres  d’agriculture,  établies  sur  le 
modèle  des  chambres  de  commerce,  ei  chargées  d'éclairer  les  pouvoirs  publics  sur  Jes  besoins 
des  cultivateurs  ;  de  solliciter  certaines  lois  nouvelles;  de  combattre  les  lois  nelasies  et 
d’en  réclamer  instamment  la  révision,  si  l’application  en  est  impraticable  ou  ruineuse. 

Toujours  dévoué  aux  intérêts  de  la  démocratie  laborieuse  de  nos  campagnes,  je  m  efior- 


—  1054  — 

cerai  de  favoriser  le  développement  des  institutions  de  mutualité  et  de  prévoyance,  qui  sont 
la  sauvegarde  de  l’avenir. 

Le  principe  de  l’impôt  sur  le  revenu  étant  conforme  à  l’équité,  je  l’accepte;  mais  je  ne 
voterai  qu’un  projet  qui  ne  soit  ni  inquisitorial,  ni  aventureux  pour  notre  crédit,  ni  trop 
onéreux  pour  les  petits  propriétaires  fonciers,  qui  sont  en  droit  d’attendre  des  pouvoirs 
publics  un  dégrèvement  revenu  nécessaire.  Je  m’associerai  à  la  demande,  déjà  faite  an 
Parlement,  de  supprimer  l’initiative  des  députés  en  matière  d’augmentation  de  dépenses. 
La  situation  de  nos  finances  exige  d’ailleurs  la  prudence  dans  les  réformes  et  l’économie 
dans  les  budgets. 


Contre  la  loi  des  boissons  : 

En  sollicitant  vos  suffrages  et  votre  confiance,  je  me  déclare  l’adversaire  résolu,  l’en¬ 
nemi  acharné  et  infatigable  de  la  loi  de  ruine  faite  contre  nos  eaux-de-vie. 

Comme  remède,  je  demanderai  au  Gouvernement  la  surtaxe  des  alcools  industriels  et 
la  détaxe  des  eaux-de-vie  de  vin,  afin  de  rétablir  les  conditions  normales  de  la  lutte  com¬ 
merciale. 

C’est  aussi  le  devoir  de  votre  représentant  de  s’élever  contre  toute  atteinte  aux  droits 
des  bouilleurs  de  cru.  11  devra  rester  intransigeant  sur  des  questions  d’une  importance 
aussi  capitale  et  mettre  le  Gouvernement  en  devoir  de  choisir  ;  la  taxe  différentielle  ou  la 
ruine  totale  d’rme  des  plus  riches  régions  de  noire  France. 


Chers  Concitoyens  et  Amis, 

Depuis  plus  d’un  demi-siècle,  mes  parents  se  sont  consacrés  dans  la  mesure  de  leurs 
forces  au  service  des  intérêts  de  noire  région.  Les  électeurs  de  la  circonscription  de  fonzac 
ont  maintes  fois  scellé  entre  nous  des  liens  d’amitié  et  de  dévouement  réciproques.  Après 
mon  grand-père  et  mon  père,  je  sollicite  vos  suffrages  avec  confiance. 

Vous  savez  qui  je  suis,  ce  que  je  veux.  Vous  vous  souviendrez  en  me  donnant  vos  voix 
bbc  ins 1  &  ^  Daan<iataire  réPub!icain  pour  demander  justice  aux  pouvoirs  répu- 

_  Candidat  d’union  républicaine  et  de  défense  saintongeaise,  je  me  présente  au  libre 
choix  des  électeurs  de  1  arrondissement  de  Jonzac.  Qu’ils  sachent  tous  qu’ils  trouveront  en 
moi  un  ami  toujours  dévoué,  un  défenseur  toujours  énergique  et  fidèle. 

Vive  la  République  !  Vive  la  Sainlonge  ! 

Fernand  LARQUIER, 

Docteur  en  droit, 

Maire  de  Saint-Simon-de-Bordes, 

Candidat  du  Congrès  républicain. 


Circonscription  de  MARENNES 


M.  TORCHUT 

Elu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  6,296  voix, 


Mes  chers  Concitoyens, 

J’ai  l’honneur  de  solliciter  vos  libres  suffrages,  avec  la  volonté  bien  arrêtée  de  défendre 
énergie  les  intérêts  dominants  de  l’arrondissement  de  Marennes,  c’est-à-dire  les  inté- 
rêts  agricoles,  maritimes  et  GorümeFCïaux:. 


—  10:>5  — 


Nû  1162 


Nédanscet  arrondissement,  vivant  au  milieu  de  vous,  conseiller  municipal  de  Marëmies 
depuis  quinze  an:s?  conseiller  général  de  la  Charente-Inférieure  depuis  dix  ans,  an  courant 
de  vos  besoins,  instruit  de  vos  désirs  et  de  vos  légitimes  revendications,  je  vous  offre  le 
modeste  tribut  de  mon  dévouement,  de  ma  connaissance  des  lois  et  de  mon  expérience  des 
affaires  publiques. 

Nous  aurions,  mé  semble-t-il,  grandement  raison  de  consacrer  k  P  examen  des  affaires 
du  pays,  à  l'étude  et  à  la  solution  des  problèmes  financiers,  économiques  et  sociaux  qui 
nous  pressent,  une  activité  et  une  ardeur  que  nous  ne  savons  pas  toujours  utilement 
dépenser.  Nous  avons  le  devoir  étroit  de  nous  appliquer  à  c  tte  éludé,  car  si  la  France  Vit 
non  pas  de  disputes  personnelle-,  mais  surtout  d'industrie,  d'agriculture  et  de  commerce, 
nous  avons  le  devoir  impérieux  de  nous  rappeler  que  nous  devons  d'abord  assurer  sa  pros¬ 
périté  matériel  le,  condition  essentielle  de  son  essor  intellectuel  et  de  sa  moralité.  Plus  que 
jamais  il  faut  y  sacrifier  nos  sentiments  particuliers  et  travailler  d'un  même  cœur  à  faire 
passer  dans  nos  institutions  les  idées  généreuses  dont  la  France  a  été  le  porte-drapeau. 

H  n’est  pus  une  seule  question  économique  à  laquelle  l'arrondissement  de  Marenncs 
puisse  rester  indifférent,  tant  son  activité  est  grande  et  sa  production  variée  ;  le  blé,  le  vin, 
l'élevage,  les  huîtres,  le  sel,  la  pêche,  etc.,  donnent  naissance  chaque  jour  à  des  questions 
nouvelles  qui  sollicitent  notre  concours  et  appellent  des  solutions. 

Parmi  les  moyens  propres  à  secourir  notre  agriculture,  il  faut  placer  en  première  ligne 
Ja  réforme  des  lois  de  finances  qui  règlent  chaque  année  l'impôt  foncier.  Cet  impôt  pèse 
lourdement  sur  nos  cultures,  tant  en  principal  qu’en  centimes  additionnels.  J'en  voudrais  la 
suppression  comme  impôt  de  r État  et  sa  remise  aux  communes.  Dans  le  cas  contraire,  je 
réclamerai  l'exécution  de  la  loi  du  2i  juillet  1894  qui  prescrit  dé  procéder  aux  évaluations 
nécessaires  pour  transformer  la  contribution  foncière  des  propriétés  non  bâties  en  un  impôt 
sur  le  revenu  net  de  cos  propriétés  ;  c'est  le  meilleur  moyen  de  le  rendre  égal  pour  tous, 
le  demanderai  aussi  la  réfection  des  cadastres  communaux  en  ce  qui  concerne  le  classement 
et  le  rendement  des  terres.  Je  demanderai  également  îa  diminution  des  centimes  addition¬ 
nels  départementaux  et  communaux  portant  uniquement  sur  les  contributions  foncière  et 
mobilière. 

Je  m'efforcerai  de  démontrer  tout  ce  qu'il  y  a  d'injuste  et  d'arbitraire  dans  ia  façon  dont 
sont  établies  les  patentes  des  ostréiculteurs. 

Notre  viticulture,  si  fortement  éprouvée  jadis  par  le  phylloxéra,  l'a  été  récemment 
encore  par  une  loi  qu'on  peut  qualifier  de  funeste,  parce  qu'elle  n'a  tenu  aucun  compte  des 
conditions  inhérentes  à  ia  production  du  vin  et  à  la  vente  des  eaux-de-vie.  Comme  les 
autres  représentants  de  ce  département  au  Parlement,  tous  mes  efforts  tendront  à  en  corri¬ 
ger  les  effets  désastreux. 

Par  le  service  militaire  réduit  à  deux  ans,  sans  compromettre  la  solidité  de  notre  année 
française,  je  m'efforcerai  de  rendre  des  bras  jeunes  et  vigoureux  à  l'agriculture  si  malheu¬ 
reuse.  D'excellents  esprits  et  des  hommes  d'expérience  éprouvés  estiment  même  qu'on  peut 
sans  inconvénient  supprimer  les  13  jours  et  réduire  la  durée  des  vingt-huit  jours;  je  me 
joindrai  à  eux. 

Je  crois  que  noire  démocratie  a  besoin,  plus  qu'aucun  autrerégime,  de  bonnes  finances. 
L'œuvre  de  progrès  matériel  qu’elle  doit  poursuivre  par  la  réalisation  persévérante  de  sort 
idéal  de  justice,  de  liberté  et  de  solidarité,  est  une  œuvre  coûteuse  qui  exige  un  budget 
solidement  équilibré.  Et  comme  elle  ne  saurait  oublier  ni  sacrifier,  dans  les  conditions 
présentes  du  monde,  les  nécessités  impérieuses  de  la  défense  nationale,  par  quels  pro¬ 
cédés  doit-elle  équilibrer  mn  budget? 

Par  l'emprunt?  Ce  serait  le  plus  détestable  des  moyens  ;  il  faut  au  contraire  amortir  îa 
dette  publique. 

Par  des  impôts  nouveaux?  Pas  davantage,  Les  charges  qui  pèsent  sur  le  contribuable 
sont  déjà  trop  lourdes. 

On  ne  petit  et  on  ne  doit  toucher  aux  impôts  existants  que  pour  en  améliorer  la  répar¬ 
tition  et  pour  la  rendre  toujours  plus  juste,  en  demandant  à  chacun  une  participation  aux 


—  1056  — 


charges  communes  exactement  proportionnelle  à  ses  revenus.  Et  comme  il  faut  se  garder 
d’en  augmenter  le  chiffre,  il  faudrait  se  garder  de  leur  donner  à  un  degré  quelconque,  un 
caractère  inquisitorial  et  vexatoire,  dont  ie  moindre  défaut  serait  de  faire  disparaître  la 
matière  imposable. 

Pour  arriver,  autrement  que  par  des  expédients  et  des  artifices,  à  Pèquîlibre  de  notre 
budget,  il  faut  d’abord  savoir  se  résigner  à  ralentir  l'accroissement  des  dépenses 
publiques. 

Il  faut  en  outre  pratiquer  résolument,  poserai  dire  avec  acharnement,  la  politique  des 
économies.  C’est  ainsi  qu’on  en  peut  réaliser  par  une  décentralisation  rationnelle  qui  ferait 
passer  aux  départements  et  aux  communes  un  certain  nombre  des  attributions  de  l'État; 
par  un  contrôle  plus  vigilant  des  dépenses  de  matériel,  par  la  simplification  de  notre 
mécanisme  administratif,  vieux  de  plus  d’un  siècle,  par  la  diminution  des  gros  traitements 
et  la  suppression  des  sinécures  et  des  fonctions  inutiles. 

Je  reste  le  défenseur  convaincu  de  la  propriété  individuelle,  que  je  considère  comme  la 
garantie  nécessaire  de  la  liberté,  de  la  dignité,  de  l’activité  humaine  et  dont  je  n’entends  ni 
commencer  ni  même  préparer  la  suppression.  3e  réclame  également  le  respect  absolu  de  la 
liberté  du  travail. 

La  libre  initiative  des  individus,  fortifiée  par  la  pratique  de  plus  en  plus  large  de  PassoH 
ciation  sous  toutes  ses  formes,  me  paraît  être  la  source  la  plus  féconde  du  progrès  social. 
Non  que  TÉtat  puisse  se  désintéresser  de  ce  progrès.  Mais  il  doit  autant  que  possible  y 
concourir  en  aidant,  en  soutenant  l'initiative  individuelle  au  lieu  de  la  restreindre  et  de 
F  étouffer.  C'est  ainsi  que  l’État  me  semble  devoir  aujourd’hui  se  borner  à  participer,  avec 
les  intéressés  d'une  part  et  d’autre  part  avec  les  associations  libres  d’assistance  et  de  pré¬ 
voyance,  à  l’organisation  d’un  système  de  retraite  permettant  d'assurer  aux  ouvriers  de  la 
ville  et  des  champs,  quand  le  grand  âge  et  les  infirmités  ont  fait  tomber  l’outil  de  leurs 
mains,  une  vieillesse  digne  et  respectée. 

C'est  ainsi  encore  qu’en  matière  commerciale  l’État  doit  s’attacher  à  faciliter  la  circu¬ 
lation  des  richesses  par  le  perfectionnement  économique  des  moyens  de  communication 
et  de  transport  et  à  fournir  à  notre  industrie  et  à  notre  commerce  les  débouchés  dont  ils 
ont  besoin,  par  une  législation  douanière  assurant  à  tous  les  intérêts,  les  garanties  et  la 
sécurité  indispensables. 


Electeurs, 

Mon  programme  politique  n’est  autre  que  le  vieux  programme  du  parti  républicain. 

La  Bèpublique  doit  être  démocratique  et  résolument  réformatrice. 

Comme  le  parti  auquel  j’ai  l'honneur  d'appartenir,  et  qui  a  dotéla  France  de  la  liberté 
de  la  presse,  de  la  liberté  de  réunion,  de  la  liberté  syndicale,  de  la  liberté  d'association  et 
de  la  liberté  de  penser  en  donnant  aux  lois  scolaires  toute  leur  force,  je  suis  respectueux 
de  toutes  les  libertés  et  de  toutes  les  croyances  et  par  conséquent  partisan  de  la  liberté  de 
l’enseignement.  Maïs  j’estime  qu’il  est  non  seulement  du  droit  mais  du  devoir  de  l’Etat  de 
prendre  des  précautions  rigoureuses  touchant  l'exercice  de  cette  liberté. 

Au  lendemain  d'une  consultation  nationale  qui  a  confirmé  d'une  manière  éclatante  les 
décisions  récentes  du  suffrage  universel,  le  devoir  s'impose  de  se  conformer  aux  volontés 
exprimées  avec  tant  de  force  par  le  pays  tout  entier  et  de  collaborer  en  toute  bonne  foi  à 
l'œuvre  qu’il  entend  poursuivre,  d’assurer  enfin  complètement,  dans  l'indépendance  souve¬ 
raine  de  l’Etat  laïque,  la  liberté  de  la  personne  humaine,  la  justice  véritable  dans  la  répar¬ 
tition  des  charges,  la  mutuelle  et  solidaire  association  des  forts  et  des  faibles  et  de  fonder 
ainsi  cette  paix  matérielle  et  morale  des  esprits  et  des  consciences  que  nous  apercevons 
comme  le  terme  des  lois,  des  doctrines  et  des  espérances  républicaines. 


—  *057  — 


Nû  4102 


Mes  chers  Concitoyens, 

Telles  sont,  rapidement  esquissées,  [les  idées  que  je  me  propose  de  défendre  si  j'ai 
l’honneur  d’être  votre  élu. 

Chaque  année  je  rendrai  compte  de  mon  mandat:  il  vous  appartiendra  de  dire  si  j’ai 
su  mériter  votre  confiance. 

Vive  la  République  ! 

Veuillez  agréer,  mes  chers  Concitoyens,  P  assurance  de  mes  sentiments  très  dévoués. 

Charles  TORCHUT, 

Avocat,  Conseiller  général. 


■ 

CORSE 


Circonscription  de  GORTE 
4L  Antoine  GAVIINI 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  9,103  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Je  ne  suis  pas  un  nouveau  venu  parmi  vous.  Les  marques  de  sympathie  si  souvent 
renouvelées  —  que  ma  famille  a  reçues  dans  votre  arrondissement,  les  amitiés  nombreuses 
que  j’y  compte,  sont,  autant  de  Hens  que  le  scrutin  du  19  avril  viendra  consolider. 

D’accord  avec  toute  la  représentation  insulaire,  sur  le  terrain  d’une  politique  nettement 
républicaine,  je  viens  solliciter  vos  suffrages  et  je  m’efforcerai,  si  je  suis  votre  élu,  d  cire 
non  pas  l’homme  d’un  parti,  mais  le  Député  de  tous. 

L’expérience  du  passé  a  montré  combien  étaient  funestes  pour  notre  département  les 
luttes  intestines;  vouloir  les  perpétuer  serait  faire  acte  de  mauvais  citoyen.  Je  m’applique¬ 
rai  a  amener  dans  vos  cantons,  dans  vos  communes,  un  apaisement  nécessaire. 

Je  serai  aidé  dans  cette  tâche,  j’en  ai  l’assurance,  par  mes  collègues  et  par  tous  ceux 
qui,  dans  l’ordre  administratif  et  dans  l’ordre  judiciaire,  sont  les  représentants  du  Gouver¬ 
nement  de  la  République. 

Nous  pourrons  alors  travailler  utilement  au  relèvement  de  notie  chère  Coisc  et  piovo- 
quur  la  solution  des  questions  qui  intéressent  son  aveuir. 

Croyez,  chers  Concitoyens,  à  mes  sentiments  sincèrement  dévoués, 

Antoine  GÀVIN1,  ancien  Député, 

Conseiller  général. 

Candidat  républicain. 


433 


COTES-DU-NÜRD 


lr0  circonscription  de  DINAN 

M*  BAUDET 

Élu  au  2a  tour  de  scrutin.  —  G.508  voix. 


Electeurs  et  chers  Concitoyens, 

Au  27  avril  dernier,  vous  m’avez  trouvé  seul  pour  défendre  —  non  pas  la  forme  même, 
ce  qui  est  peu,  —  mais  Ridée  républicaine,  sérieusement  menacée  par  la  réaction  coalisée' 

Vous  avez  groupé  sur  mon  nom  la  majorité  des  voix  de  ce  parti  républicain  qui  assura 
la  victoire  en  1889,  dans  cette  dernière  bataille  ou  les  forces  en  présence  se  comptèrent 
dans  la  lrc  circonscription  de  Dinan. 

La  discipline  et  Funion  font  un  devoir  à  tous  les  vrais  républicains  d'accepter  cette 
décision  du  suffrage  universel  et  de  venir  se  joindre  au  noyau  compact  de  la  première 
heure* 

Et  si  une  violente  campagne  de  presse  a  pu  contribuer  à  en  détourner  quelques-uns  de 
moi,  les  arrêts  du  tribunal  de  Oman  et  de  la  Cour  de  Rennes  ont  dû  les  convaincre  que 
c'était  à  défaut  d’autres  arguments  que  des  adversaires  sans  scrupule  avaient  eu  recours  à 
la  diffamation. 

Moins  souple  que  d’autres,  je  défends  un  programme  politique  qui  réemprunte  rien 
aux  besoins  de  la  circonstance  ;  il  est  celui  que  j'ai  défendu  depuis  25  ans, — -au  temps  des 
Eveil  et  des  Deroyer,  —  il  est  Celui  d'un  républicain  sincèrement  démocrate  et  libéral. 

Partisan  delà  suprématie  du  pouvoir  civil  et  de  l'indépendance  de  la  société  laïque,  je 
suis  le  défenseur  de  ia  liberté  de  Conscience  dont  la  liberté  religieuse  est  une  des  formes 
les  plus  respectables,  et  que  la  République,  du  reste,  ne  songe  nullement  à  menacer. 

Ceux-là  seuls  font  courir  à  la  religion  les  plus  grands  périls,  qui  s’ep  servent  tantôt 
comme  d  un  manteau  pour  couvrir  leur  faiblesse,  et  tanlût  comme  d’un  tremplin  pour 
arriver  à  leurs  dos  politiques. 

Pour  moi  la  vieille  devise  tient  toujours  ; 

Le  maire  à  la  mairie  ; 

Le  prêtre  à  Péglise  ; 

L’instituteur  à  T  école; 

À  condition  toutefois  que  chacun  s’y  renferme  dans  les  limites  de  ses  attributions. 

Je  mets  au  défi  de  prouver  que,  comme  maire,  l'application  de  cette  maxime  m’ait 
jamais  trouvé  en  défaut. 

Partisan  de  l'application  du  Concordat,  je  voterai  le  maintien  du  budget  des  cultes* 

Respectueux  de  la  liberté  d’enseignement,  je  suis  d’avis  qu'elle  s’exerce  sous  la  sauve¬ 
garde  des  lois  et  sous  la  garantie  des  droits  imprescriptibles  de  PÉtat* 

Libéral,  je  considère  comme  le  premier  des  devoirs  d’un  Gouvernement  républicain  ; 
de  veiller  avec  un  soin  jaloux  à  ce  que  l'esprit  de  liberté  ne  soit  pas  tari  dans  ses  sources 


vives  ;  et  de  barrer  la  route  à  ceux  qui  ne  l'embrassent  si  fort,  en  ce  moment,  que  pour 
mieux  Y  étouffer. 

Libéral,  je  m’appliquerai  avec  zèle  à  protéger  dans  toute  Détendue  de  la  République 
française  la  libre  indépendance  de  la  personne  humaine  contre  les  atteintes  des  véritables 
sectaires,  —  si  sectaire  est  synonyme  d’intolérant. 

Et  si,  dans  ce  pays,  l'influence  de  la  Révolution  française  semble  avoir  épuisé  son 
action  à  tel  point  que  l’on  voit  le  grand  propriétaire  terrien  opprimer  la  liberté  politique  de 
son  fermier,  le  patron,  coîle  de  l’ouvrier,  et  si  Pou  aperçoit  presque  partout  le  commerçant 
qui  ose  se  montrer  républicain,  boycotté  par  un  parti  aussi  hypocrite  que  féroce,  je  m’asso¬ 
cierai  à  toutes  les  mesures  nécessaires  pour  libérer  les  esprits  et  assurer  la  complète  indé¬ 
pendance  politique  de  tous  les  citoyens- 

Démocrate,  je  voterai  toutes  ies  lois  de  progrès  social  mûrement  étudiées,  de  mutua¬ 
lité,  d’assurances,  de  prévoyance,  de  retraites  et  d'assistance  qui  garantiront  le  travailleur, 
ouvrier,  cultivateur,  marin,  contre  les  pertes,  les  accidents,  la  maladie,  l'invalidité  et  la 
vieillesse. 

Président  du  Comice  agricole  du  canton  de  Canines,  depuis  de  nombreuses  années,  et 
ayant  moi-même  pratiqué  la  culture  assez  pour  avoir  au  besoin  mis  la  main  à  la  charrue, 
aucun  des  intérêts  du  cultivateur  ne  me  laissera  étranger,  et  en  toute  occasion  j’aurai  ie 
plus  grand  souci  d’améliorer  le  sort  du  petit  propriétaire  et  du  fermier  qui  vivent  de  leur 
profession  aussi  noble  que  pénible  et  peu  rétribuée. 

Je  voterai  toute  réforme  de  l'impôt  qui  aura  pour  but  de  demander  de  moins  en  moins 
au  nécessaire  et  de  plus  en  plus  au  superflu. 

Je  voterai  la  suppression  des  prestations,  vestige  de  la  corvée  qui  grève  lourdement  le 
fermier  et  épargne  le  grand  propriétaire. 

Depuis  longtemps,  je  demande  qu’on  enlève  à  la  loi  sur  la  chasse  ce  qu'elle  conserve 
du  souvenir  des  droits  seigneuriaux,  et  qu’on  délivre  des  permis  journaliers. 

Depuis  longtemps,  je  demande  ïa  réduction  du  service  militaire  à  2  ans,  —  l’égalité 
réelle  de  tous  les  Français  devant  l’impôt  du  sang,  —  des  secours  en  argent  aux  familles 
nécessiteuses  qui  ont  perdu  leur  soutien. 

Je  m’occuperai  avec  une  sollicitude  toute  particulière  de  tout  ce  qu'il  est  possible  de 
faire  pour  assurer  la  santé  du  soldat. 

Ainsi  que  je  Fai  déjà  fait  an  27  avril,  je  réclamerai  que,  selon  toute  justice,  les  marins 
du  commerce,  dont  l'existence  est  plus  pénible  et  plus  exposée  que  celle  des  marins  de 
l'État,  touchent  comme  ceux-ci  leur  retraite  après  25  ans  de  navigation. 

A  cause  du  travail  si  dur  qu’elle  nécessite  et  du  péril  de  tout  instant  auquel  expose  la 
grande  pêche,  je  demanderai  qu’une  campagne  révolue  compte  pour  une  année  de  navi¬ 
gation  . 

Je  soutiendrai  le  maintien  intégral  de  tous  les  droits  de  la  France  à  Terre-Neuve. 

Je  voterai  toutes  les  mesures  nécessaires  pour  défendre  le  petit  commerce  contre  la 
concurrence  écrasante  des  grandes  magasins  de  la  capitale. 

Au  Conseil  général,  je  ne  me  suis  jamais  désintéressé  d’aucune  des  affaires  concernant 
l'arrondissement  de  Oman. 

Dans  la  séance  dit  9  avril  1902,  j'ai  déposé  ce  vœu  : 

«  Que  soient  étudiées,  pour  être  jointes  au  second  réseau,  les  autres  lignes  demandées 
pour  relier  les  chefs-lieux  de  canton  à  leur  chef-lieu  d'arrondissement  et  pour  mettre  en 
communication  le  département  des  Côtes-du-Nord  avec  les  réseaux  des  départements 
voisins.  »> 

J'ai  vu  ma  proposition  adoptée  comme  base  de  conduite  par  Déminent  ingénieur  en 
chef  M.  Harel  de  la  Noe,  auquel  seul  le  département  est  redevable  de  l'économie  réalisée 
sur  les  deux  premiers  réseaux  en  vue  de  la  construction  du  troisième. 

Et  de  ce  vœu  est  résulté  comme  projet  compris  an  plan  d’ensemble  départemental,  les 
lignes  de  Ploubalay,  de  Canines,  d’Evran  à  Dinati. 

Et  les  lignes  de  Ploubalay  à  binard  par  Lancietix  et  de  Récberel  b  Evran. 


—  1060  — 


J'ai  toujours  soutenu  de  mes  votes  le  projet  de  construction  du  pont  Saint-Jean-Samt- 
Hubert,  et  je  compte  encore  le  défendre  contre  les  prétentions  extraordinaires  d’un  Séna¬ 
teur  appartenant  en  même  temps  à  la  haute  Marine  et  à  la  haute  réaction. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Je  n’appartiens  ni  à  l’aristocratie  de  naissance  ni  à  Faristocratie  de  fortune. 

Fils  comme  vous  de  la  démocratie,  j'en  suis  depuis  25  ans  le  fidèle  et  dévoué  serviteur* 
Travailleurs,  îe  drapeau  que  je  porte  est  le  vôtre.  Défeudez-le! 

Vive  la  République  ! 

Docteur  R4UDET. 


CREUSE 


Circonscription  cFAUBUSSQN 

M,  SIMONE! 

l5lu  au  lpr  tour  de  scrutin*  —  14,052  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Je  me  présente  k  vos  libres  suffrages. 

Je  dois  vous  dire  qui  je  suis,  ce  que  je  pense  et  ce  que  je  ferais,  si  j’avais  Fhonneur 
d’ètre  votre  élu.  < 

Je  suis  un  enfant  du  pays  et  un  enfant  du  peuple. 

Ma  famille  est  originaire  du  canton  de  Bellegarde  ;  j’ai  dans  Parrondissement  tous  mes 
parents,  tous  mes  intérêts,  presque  tous  mes  amis. 

Mon  grand-père  paternel  était  plâtrier  ;  mon  grand-père  maternel,  laboureur.  Mon  père 
a  été  longtemps  instituteur* 

Je  me  suis  marié,  dans  le  canton  de  Chénerailles,  avec  la  fille  d’un  maçon  creusois. 

Je  suis  do  peuple,  je  connais  le  peuple  et  je  l’aime.  Je  suis  fier  de  mon  origine  et  ne 
l’oublierai  jamais. 

Elle  m’unit  a  l’arrondissement  d’Aubusson,  et  à  vous  de  façon  indissoluble. 

j’ai  une  position  honorable,  que  je  me  suis  faite  par  mon  travail  ;  ce  n’est  donc  pas 
pour  me  créer  une  carrière  que  je  sollicite  vos  suffrages. 

C’est  pour  mettre  à  votre  service  et  au  service  de  la  République  tout  ce  que  je  puis 
avoir  d’activité,  de  dévouement  et  d’énergie. 

Mon  programme  est  celui  du  grand  parti  radical -socialiste,  celui  des  Léon  Bourgeois, 
des  Brisson,  des  Gobi  et,  des  Waldeck- Rousseau,  des  Pelletan  et  des  Cornudet,  c’est  aussi 
celui  des  trois  Députés  actuels  de  la  Creuse,  et  c’est  celui  des  meilleurs  parmi  les  bons  ser¬ 
viteurs  de  la  démocratie. 

Les  réformes  sociales,  l’amélioration  du  sort  des  travailleurs  des  champs  et  des  villes 


/ 


N°  11P2 


—  1061  — 

la  réalisation  de  plus  de  bien-être,  de  plus  de  justice  dans  la  société,  sont  des  questions  qui 
me  passionnent,  comme  elles  doivent  passionner  tous  les  vrais  amis  du  peuple, 
je  les  mets  au  premier  rang  des  préoccupations  de  l’heure  présente. 

Pénétré  du  vieil  esprit  républicain  et  laïque,  je  vous  soumets  donc  mon  programme  ; 


Dans  l’ordre  des  réformes  sociales  : 

Organisation  d’une  Caisse  nationale  de  retraites  pour  les  ouvriers  invalides  ou  âgés, 
des  champs  et  dos  villes;  développement  de  l’assistance  publique;  extension  des  libertés 
syndicales  ;  développement  et  amélioration  de  toutes  les  lois  de  prévoyance  et  de  solidarité, 
ainsi  que  de  celles  pouvant  aider  à  l’union  féconde  du  capital  et  du  travail. 

Dans  l’ordre  financier  et  administratif  : 

Économies  profondes  dans  la  budget  de  la  France;  suppression  d’un  grand  nombre  de 
fonctionnaires  inutiles;  réduction  des  gros  traitements;  contrôle  sévère  de  toutes  les 
dépenses  publiques  ;  vote  du  budget  en  temps  normal  ;  abandon  du  déplorable  système  des 
douzièmes  provisoires. 

Réforme  radicale  de  l’impôt,  par  l’établissement  de  la  justice  fiscale,  au  moyen  de 
l’impôt  unique,  global  et  progressif  sur  le  revenu,  avec  dégrèvement  pour  les  petites  cotes. 


Dans  l’ordre  politique  : 

Rétablissement  du  scrutin  de  liste;  diminution  du  nombre  des  Députés  et  des  Séna- 
leurs;  suprématie  absolue  du  pouvoir  civil  ;  séparation  des  Églises  et  de  TÉtat  et  suppres¬ 
sion  du  budget  des  cuites;  abrogation  de  la  loi  Falloux;  application  ferme  de  la  loi  sur  les 
associations;  lutte  vigoureuse  contre  le  cléricalisme;  suppression  des  13  et  2b  jours. 

Organisation  d’un  enseignement  national  laïque  et  gratuit  à  tous  les  degrés* 

Parmi  les  autres  réformes  dont  je  suis  îe  partisan  convaincu,  je  citerai  : 

Extension  de  la  compétence  des  juges  de  paix;  justice  plus  expéditive  et  moins  cou- 
teuse  ;  suppression  des  petits  tribunaux  ;  vote  des  émigrants  par  correspondance  ;  interdic¬ 
tion  aux  députés  de  voter  les  uns  pour  les  autres;  abaissement  et  unification  des  tarifs  de 
chemin  de  fer,  et,  si  les  Compagnies  résistent,  leur  rachat  par  l’État;  service  de  deux  ans, 
strictement  égal  pour  tous;  secours  immédiats  aux  ramilles  nécessiteuses  dont  les  fils  sont 
sous  les  drapeaux  ;  banques  de  crédit  agricole,  consentant  des  prêts  à  taux  réduits  aux  petits 
cultivateurs  ;  assurances  contre  le  chômage  et  la  maladie  ;  assurances  contre  la  mortalité  du 
bétail,  etc* 

Telles  sont  les  réformes  les  plus  urgentes,  dont  je  voudrais,  avec  vous,  voir  hâter  ia 
réalisation. 


Mes  chers  Concitoyens, 

La  réaction  me  combat,  c’est  mon  honneur,  mais  elle  n’ose  point  affronter  elle-même 
la  lutte  à  visage  découvert.  Elle  est  habile  à  prendre  tous  les  masques.  Votre  clairvoyance 
dissipera  toutes  les  équivoques,  déjouera  tontes  les  manoeuvres. 

Vous  ne  permettrez  pas  que  notre  vaillant  arrondissement  fasse,  le  22  février  prochain, 
un  pas  en  arrière,  quand  le  reste  de  la  Creuse  va  résolument  de  l’avant.  Vous  avez  déjà,  en 
de  retentissants  scrutins,  signifié  aux  rétrogrades,  aux  timides,  aux  éternels  hésitants, 
qu’une  politique  hardiment  et  énergiqu ornent  réformatrice,  libre  de  toute  faiblesse  et  de 
tous  engagements  avec  la  réaction  pouvait  seule  mériter  votre  confiance.  Vous  le  répéterez 
nettement  encore  à  ceux  qui  feignent  de  n’avoir  point  compris  votre  volonté. 

Je  suis  sans  fortune,  j’ai  une  famille  dont  je  suis  le  soutien;  je  ne  suis  riche  que 
d’énergie  et  de  bonne  volonté  ;  je  ne  pourrai  point  visiter  toutes  nos  communes  et  m’en 


—  1062  — 


excuse.  Mais  ayez  confiance  en  moi,  je  ne  vous  trahirai  point,  et  je  remets  ma  cause,  qui  .est 
la  vôtre,  entre  vos  mains  souveraines. 

Si  vous  m'élisez,  je  prends  rengagement  de  défendre  toujours,  avec  toute  Pépergie 
dont  je  suis  capable,  et  à  la  tribune  morne,  vos  intérêts  et  notre  programme;  je  passerai 
toutes  mes  vacances  parlementaires  au  milieu  de  vous;  je  vous  rendrai,  chaque  année, 
compte  de  mon  mandat;  je  ne  quitterai  le  poste  d'honneur  que  vous  m'aurez  assigné,  que 
Je  jour  où  vous  me  retirerez  votre  confiance. 

Préoccupé,  comme  il  convient  à  un  représentant  du  peuple,  des  intérêts  généraux  et 
permanents  du  pays,  je  donnerai  également  tous  mes  soins  à  ceux  de  notre  cher  arrondis¬ 
sement;  je  réclamerai  avec  énergie  et  persévérance,  auprès  des  pouvoirs  publics,  l'exten- 
sioo  des  voies  ferrées  dont  trop  de  nos  cantons  sont  encore  privés;  je  demanderai  l’achève- 
ment  rapide  et  le  développement  du  camp  de  la  Courtine;  je  soutiendrai  les  intérêts  trop 
méconnus  de  notre  vieille  industrie  artistique  de  la  tapisserie. 

Enfin,  vous  me  trouverez  toujours  le  défenseur  actif  et  zélé  des  intérêts  de  tous  et  de 
chacun. 

Vive  la  République  démocratique  et  sociale! 

Adolphe  SIMONE!, 

ancien  avocat,  procureur  de  h  République, 
propriétaire  et  conseiller  municipal  de  Saint-Sylvam-Bellegartle, 
candidat  républicain  radical-socialiste. 


DOUBS 


Circonscription  de  MONTBÉLIARD 

M.  Marc  RÉVILLE 

Élu  au  l0r  tour  do  scrutin,  —  H ,  179  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Appelé  par  une  imposante  délégation  des  comités  républicains  de  l'arrondissement  à 
l'honneur  d'être  le  porte-drapeau  de  notre  grand  parti  dans  la  circonscription  de  Montbé¬ 
liard,  je  considérerais  cette  désignation,  quelque  flatteuse  qu'elle  soit,  comme  insuffisante 
et  inefficace,  si  elle  n  était  ratifiée  par  le  suffrage  universel,  seul  juge  souverain  en  matière 
électorale. 

Je  viens  donc  vous  soumettre  le  programme  à  la  réalisation  duquel  je  m'attacherai  si  vous 
me  faites  l'honneur  de  m'envoyer  siéger  à  la  Chambre.  Ce  programme  est  la  continuation 
et  le  développement,  conformément  à  révolution  normale  de  la  société,  de  celui  qu'illustra 
Viette,  dont  ni  la  mort  ni  les  années  d  ont  effacé  le  souvenir  parmi  nous,  et  de  celui  que 
soutinrent  avec  autant  de  loyauté  que  de  persévérance  et  mon  ami  M.  Henri  Iiuguet  et 
M*  le  docteur  Borne,  aujourd'hui  sénateur  du  Doubs. 

Âti  point  de  vue  social  :  politique  de  defense  et  surtout  d'action  républicaine,  gouver¬ 
nant  avec  tous  les  vrais  républicains,  nous  donnant  les  réformes  que  la  démocratie  attend 
avec  une  légitime  impatience  :  lois  de  prévoyance;  —  facilités  pour  l'assurance  populaire; 
—  développement  et  améliorations  pratiques  des  lois  de  mutualité  et  d'assistance  ;  —  orgâ- 


im  — 


N*  H  62 


irisation  d’une  caisse  de  retraites  pour  la  vieillesse;  —  mais  sms  atteinte  à  la  propriété 
individuelle  consacrée  par  la  Révolution  de  1789. 

Respect  absolu  de  la  liberté  de  conscience,  de  toutes  les  confessions  cl  de  toutes  les 
convictions,  mais  répression  énergique  de  tous  les  empiétements  et  attaques  des  adver¬ 
saires  de  îa  République,  coalisés  pour  amoindrir  et  anéantir  ensuite  les  droits  intangibles 
de  la  société  laïque  et  civile. 

Au  point  de  yug  fiscal  :  répartition  plus  équitable  des  charges  sociales;  impôt  global 
sur  le  revenu  de  chacun  avec  un  minimum  très  réduit  et  une  progression  limitée,  ménageant 
la  fortune  en  formation  et  atteignant  surfont  la  richesse  acquise;  le  tout  sans  vexations 
et  sans  arbitraire.  C’est  un  impôt  de  remplacement,  non  de  superposition. 

Pas  d’impôts  nouveaux;  pour  y  arriver  :  recherche  consciencieuse  des  économies;  sup¬ 
pression  de  toutes  les  dépenses  non  rigoureusement  justifiées. 

Au  point  de  vue  constitutionnel  :  révision  partielle  de  la  Constitution  pour  assurer 
l'harmonie  des  pouvoirs;  maintien  du  Sénat,  tout  en  conservant  à  la  Chambre  ses  préroga¬ 
tives  en  matière  financière. 

Au  point  de  vue  agricole  :  développement  des  assurances  et  caisses  de  crédit  locales  ; 
—  révision  du  cadastre  ;  —  application  la  plus  libérale  possible  du  régime  des  comptes 
courants  de  la  frontière  pour  le  bétail;  —  défense  des  droits  des  bouilleurs  de  cru  et  des 
fumeurs  de  tabac  de  zone. 

Au  point  de  vue  militaire  ;  réduction  a  deux  ans  du  service,  pour  tous;  ici,  ainsi  que 
pour  la  marine,  la  révision  et  le  contrôle  des  dépenses  s'imposent  spécialement. 

A  l’intérieur  r  suppression  du  personnel  inutile;  “décentralisation  des  services,  sans 
atteindre  l’unité  nationale;  —  affranchissement  des  initiatives  privées  ;  —  refonte  de  nos 
codes,  en  particulier  révision  du  code  de  procédure  et  des  tarifs  de  justice. 

À  l’extérieur  :  continuation  d'une  politique  h  la  fois  digne  et  conciliante,  sans  faiblesse 
mais  sans  provocation  ;  —  encouragement  de  tome  tentative  d’arbitrage  international. 

Pour  nos  colonies  :  mise  en  valeur  de  notre  admirable  domaine  colonial,  sans  conquêtes 
nouvelles. 

Au  point  de  vue  économique  :  libre-échange  en  principe,  mais  en  certains  cas,  et  sur¬ 
tout  à  l’heure  actuelle,  nécessité  d’une  protection  limitée  et  intelligente. 

Eu  un  mot,  au  vieux  principe  de  la  lutte  à  outrance  pour  la  vie,  je  crois  que  dévolution 
nous  amène  à  préférer  aujourd’hui  le  principe  de  l'union  pour  la  vie,  c'est-à-dire  de  ïa  soli¬ 
darité  puli tique,  économique  et  sociale. 

Telles  sont,  mes  chers  Concitoyens,  les  idées  auxquelles  je  m’a  Hacherai  si  vous  me 
faites  ITionneur  de  me  choisir  comme  votre  élu,  rapporterai  à  leur  réalisation  tonte  l'expé¬ 
rience  de  vingt  armées  passées  dans  la  pratique  des  affaires  judiciaires,  dans  Pétude  des 
luis  et  dans  la  constatation,  trop  fréquente,  hélas!  de  leur  insuffisance.  J’y  mettrai  toute 
l'énergio  d’un  républicain  ardemment  épris  des  institutions  démocratiques  et  de  leur  déve¬ 
loppement,  et  voulant  une  République  résolument  ouverte  au  progrès  et  à  toutes  les  amé¬ 
liorations  sociales. 

le  m’inspirerai  toujours  des  principes  qui  ont  animé  vos  représentants  et  qui  ont  été 
les  vôtres  jusqu’ici.  Ces  principes  n’ont  pas  changé  et  j’aime  à  espérer  que  vous  les  affir¬ 
merez  une  fois  de  plus  sur  mou  nom  au  scrutin  du  34  mai  190.3. 

L’arrondissement  de  Montbéliard  restera  ainsi,  comme  il  n'a  jamais  cessé  de  l’être,  à 
Fa  va  ni~garde  du  grand  parti  démocratique  et  républicain. 

Vive  l'arrondissement  de  Montbéliard!  Vive  la  République! 

Marc  RÉVILLE, 

Avocat  à  la  Cour  d’appel, 

Maire  de  Montécheroux, 

Candidat  de  l’Alliance  républicaine, 
radical  s  et  démocratique. 


-  1064  — 


DROME 


lr0  circonscription  de  VALENCE 
M*  MAL1ZARD 

Élu  au  2U  tour  de  scrutin,  —  9*678  voix. 


COMITÉ  CENTRAL  d’AQTIQN  RÉPUBLICAINE  DÉMOCRATIQUE  ET  SOCIALE 

Mes  chers  Concitoyens, 

Les  candidats  parmi  lesquels  vous  choisirez  celui  qui  doit  succéder  au  citoyen  Maurice 
Faure  doivent  offrir  à  vos  yeux  deux  sortes  de  garanties  :  un  passé  politique  sans  tache  et 
tout  inspiré  de  l’amour  et  de  la  défense  des  institutions  républicaines;  une  compétence 
éclairée,  une  expérience  profonde  des  intérêts  locaux  qu'ils  devront  défendre  devant  le 
Parlement* 

Choisir  un  des- amis  de  Maurice  Faure,  c’était  vous  présenter  un  candidat  d'un  répu- 
blicanisme  incontestable;  désigner  à  vos  suffrages  un  ancien  Maire  de  Valence,  dont  l’ex- 
pêrience  municipale  a  laissé,  non  seulement  dans  Valence,  mais  dans  toute  la  circonscription, 
d’inaltérables  sympathies,  c’était  vous  désigner  le  plus  sûr,  le  plus  éclairé,  la  plus  dévoué 
de  vos  représentants* 

Cet  homme,  c'est  le  citoyen  Malizard. 

Le  nommer,  c  est  évoquer  toute  nue  vie  de  labeur,  d’honnêteté,  de  dévouement*  Vous 
le  connaissez,  vous  l'avez  jugé  tel  qu'il  mérite  de  l’être,  dans  sa  carrière  politique  comme 
dans  sa  vie  de  chaque  jour,  et  il  n'est  aucun  d’entre  vous  qui,  pensant  à  ce  que  cette  vie 
rappelle  de  désintéressement,  n’éprouve  vis-à-vis  de  lui  la  sympathie  instinctive  qui  va  à 
ceux  qui  luttent  pour  le  triomphe  d’une  cause  juste* 

Au  k  septembre  1S70,  à  la  chute  de  l’Empire,  le  citoyen  Malizard  est  au  milieu  de  cette 
foule  républicaine  qui  proclame  à  la  Préfecture  de  la  Drôme  la  victoire  de  la  République* 
Membre  du  Comité  qui  patronna  la  candidature  deMadier-dc-Moiitjau,  il  collabore  aussi 
à  la  fondation  du  Sou  des  Écoles  et  se  fait  le  défenseur,  le  propagateur  le  plus  ardent  de 
cette  grande  œuvre  démocratique* 

Ami  des  travailleurs,  travailleur  lui-même,  il  prend  part  à  la  fondation,  en  1879,  de  la 
Chambre  syndicale  des  travailleurs  réunis  de  Valence  et  de  Bourg-lès-Valence,  et  dès  lors 
ne  cesse  de  lutter  pour  réaliser,  parmi  les  humbles,  un  peu  plus  de  justice  sociale* 

Adjoint,  puis  Maire  de  Valence,  c’est  lui  qui  encore  veilla  à  l’administration  municipale 
de  la  première  ville  du  département,  et  vous  savez  tous  que  ses  adversaires  eux- mêmes 
furent  contraints  alors  de  rendre  hommage  à  sa  probité  et  à  son  dévouement* 

Ce  passé  répond  de  l’avenir*  C’est  un  des  vôtres  que  nous  vous  présentons;  il  n’a  point 
recherché  au  dehors  de  notre  ville  de  mandat  politique;  fidèle  à  sa  ville,  à  sa  circonscrip¬ 
tion,  il  reste  aujourd’hui  encore  fidèle  à  sa  vie  passée,  en  acceptant  de  représenter  à  vos 


—  1065  — 


1162 


veux  le  programma  politique  qui  fut  toujours  le  sien?  et  qui  n'est  autre  que  celui  du  citoyen 
Maurice  Faure,  et  la  défense  des  intérêts  de  la  circonscription  tout  entière. 

Vive  la  première  circonscription  de  Valence  ! 

Vive  la  République  démocratique  et  sociale! 

Pour  le  Comité  : 

(Suivent  les  signatures.) 


Mes  chers  Concitoyens, 

Pour  succéder  au  citoyen  Maurice  Faure,  qui  fut  votre  représentant  éloquent  et  dévoué, 
H  semblait  que  la  lr£>  circonscription  de  Valence  était  assez  riche  en  républicains  sincères 
pour  qu'il  ne  fût  pas  nécessaire  de  faire  appel  à  des  candidatures  étrangères. 

Il  n’en  a  pas  été  ainsi. 

On  a  fait  à  cette  noble  terre  républicaine  des  Ranceî,  des  Madier-de-Montjau,  l'affront 
de  l’oublier  elle-même  dans  le  choix  de  celui  qui  doit  la  représenter  au  Parlement, 

C'est  à  cet  étrange  oubli  qu'est  due  ma  candidature.  Le  suffrage  universel  est  seul 
souverain.  À  lui  seul  nous  reconnaissons  le  droit  de  choisir  ses  candidats,  et  nous  refusons 
à  quiconque  Le  droit  de  lui  imposer  ses  élus.  Ce  qui  lui  convient,  c'est  une  liberté  de  plein 
air,  qui  ne  soit  asservie  et  confisquée  par  personne,  la  seule  liberté  digne  d'une  démocratie 
vigoureuse,  affranchie  de  toute  tutelle. 

Mon  programme  est  celui  que  le  citoyen  Maurice  Faure  a  représenté  et  défendu.  Une 
sollicitude  permanente  envers  les  humbles;  une  économie  sévère  dans  l'administration  de 
l'État;  l'institution  de  retraites  pour  les  travailleurs  industriels  et  agricoles;  l'extension  aux 
employés  de  commerce  de  toutes  les  lois  votées  ou  proposées  pour  F  amélioration  du  sort 
des  ouvriers;  la  création  de  Chambres  d'agriculture;  le  vote  de  la  loi  Rerteaux  en  faveur  des 
agents  des  chemins  de  fer,  et  pour  laquelle  j'ai  déjà  eu  l'honneur  de  déposer  un  vœu  au 
Conseil  municipal  de  Valence;  la  réduction  du  service  militaire  à  deux  années;  la  suppres¬ 
sion  des  28  et  13  jours;  rétablissement  de  l'impôt  progressif  sur  le  revenu;  la  protection 
sérieuse  et  constante  du  petit  commerce;  la  diminution  des  gros  traitements  ;  l'application 
intégrale  de  la  loi  sur  les  associations  ;  tels  sont,  vous  le  savez,  les  points  principaux  de  ce 
programme. 

Quant  aux  intérêts  locaux  de  la  circonscription  tout  entière,  une  vie  consacrée  à  les 
défendre  vous  est  un  gage  de  la  sollicitude  que  j'apporterai  à  veiller  sur  eux. 

Nos  chères  traditions  de  la  Drôme,  faites  d  une  longue  bataille  pour  la  liberté  répu¬ 
blicaine,  ces  traditions  cte  justice  et  de  solidarité  humaine,  dont  le  citoyen  Maurice  Faure 
s'étaît  fait  le  champion,  vous  pouvez  être  assurés  que  je  les  continuerai. 

Vous  ramènerez  vos  voix  sur  un  ffls  de  la  démocratie  drômoise,  parce  que  seul  un  des 
vôtres  peut  avec  raison  vous  représenter. 

C'est  un  enfant  du  peuple  que  vous  avez  devant  vous;  et,  s'il  vous  demande  de  lui 
confier  un  mandat,  c'est  qu’il  est  résolu  à  le  remplir  avec  la  plus  grande  loyauté,  avec  la 
plus  sincère  conviction. 

Vive  la  première  circonscription  de  Valence  î 

Vive  La  République  démocratique  et  sociale! 

J.  MMJZARD, 

Conseiller  municipal, 
Ancien  Maire  de  Valence. 


13û 


GARONNE  (HAUTE-) 


2e  circonscription  de  TOULOUSE 

M.  SERRES 

Elu  au  lw  tour  de  scrutin.  -  8.382  voix. 


Citoyens, 

La  mort  prématurée  du  regretté  Calvinhac  enlève  à  Toulouse  an  de  ses  enfants  les 
plus  aimés  et  les  plus  dévoués  ;  à  la  démocratie,  à  la  cause  prolétarienne  et  sociale,  un  de 

ses  serviteurs  les  plus  ardents  et  les  plus  sincères. 

La  Fédération  des  comités  radicaux  socialistes  et  des  groupes  socialistes  constitués  en 
Congrès  in’a  fait  l’honneur  de  me  désigner  à  vos  suffrages  et  vous  invite  à  affirmei,  di¬ 
manche  17  août,  sur  mon  nom,  votre  foi  inébranlable  dans  la  République,  à  foimuler  éner¬ 
giquement  vos  espérances  dans  la  réalisation  des  réformes  politiques  et  sociales,  si  impa¬ 
tiemment  attendues  et  constamment  ajournées  par  l’effort  combiné  de  toutes  les  réactions, 

Depuis  plus  de  trente  ans,  j’ai  consacré  toute  mon  activité,  toute  mon  intelligence  à  la 
chose  publique.  Par  cette  longue  carrière,  écoulée  au  milieu  de  vous,  vous  connaissez  mes 

idées  et  mon  programme. 

J’en  retracerai  néanmoins  les  grandes  lignes  : 

Réduction  du  service  militaire  à  deux  ans.  —  Cette  réforme,  considérée  par  nos  adver¬ 
saires  comme  irréalisable,  vient  d’être  discutée  au  Sénat  dans  un  sens  favorable.  Depuis 
longtemps  inscrite  au  plan  des  réformes  préconisées  par  le  parti  radical  socialiste,  elle  re¬ 
çoit  aujourd’hui  l’approbation  des  techniciens  les  plus  réputés.  Le  commandant  du  16" corps 
ne  déclarait-il  pas  naguère  que  cette  loi,  plus  égalitaire  et  plus  démocratique,  donnerait  a 
la  France  une  armée  plus  homogène  et  plus  solide? 

Impôt  progressif  et  global  sur  le  revenu.  —  Dans  sa  formé  actuelle,  i’impôt  pèse  loui- 
dement  sur  les  travailteurs.il  convient  de  le  remplacer  par  un  impôt  plus  équitable.  Ce 
sera  l'honneur  de  la  République;  après  avoir  rétabli  l’équilibre  financier,  d’exonérer  detout 
impôt  tout  citoyen  ayant  un  revenu  inférieur  à  2.000  francs. 

Abrogation  de  la  loi  Falloux. 

Application  intégrale  de  la  loi  sur  les  associations. 

Extension  des  lois  du  travail,  pour  protéger  plus  efficacement  l’ouvrier  industriel  et 
agricole,  ainsi  que  les  petits  commerçants  victimes  de  l’accaparement  capitaliste. 

Monopole  des  assurances  au  profit  de  l’État.  —  La  société  devrait  être  son  propre 
«assureur  »  contre  les  risques  d’incendie,  la  grêle,  les  accidents,  etc.;  elle  remplacerait 
avantageusement  ces  puissantes  compagnies  dont  les  actionnaires  se  partagent  de  gros  di¬ 
videndes  au  détriment  de  malheureux  qui,  trop  souvent,  voient,  dans  une  heure,  dispa¬ 
raître  le  bénéfice  de  longues  années  de  travail. 

Caisse  de  retraite  pour  la  vieillesse.  —  La  République  n’aurait  pas  sa  raison  d’être  si, 
après  lui  avoir  donné  la  liberté  politique,  elle  n’assurait  sa  vieillesse  à  chaque  citoyen.  H 


—  IQfiT  —  a 

est  préférable  de  voter  des  lois  de  prévoyance  sociale  que  d’augmenter  constamment  les 

budgets  de  P  Assistance  publique.  f 

Voilà ,  Citoyens,  les  grandes  lignes  de  mon  programme.  Ce  n’est  évidemment  qu  un 
programme  minimum*  Pourtant,  si  la  législature  actuelle  parvenait  à  le  convenir  en  lois, 
elle  ferait  œuvre  essentiellement  utile  et  donnerait  à  la  République  sa  véritable  sigrulica- 
tion  d'acheminement  constant  vers  plus  d’égalité,  plus  de  liberté,  plus  de  justice 
sociale. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Toulousain,  profondément  attaché  à  ma  ville  natale,  je  continuerai,  comme  par  le 
passé,  à  consacrer  tous  mes  efforts,  toute  mon  activité  à  l’embellissement  de  ma  chère  cité. 
Elle  exerce  sur  la  région  du  Sud-Ouest  une  suprématie  incontestée,  et  nous  devons,  jaloux 
au  même  titre  de  son  glorieux  renom,  travailler  tous  ensemble  à  la  rendre  toujours  plus 
grande,  toujours  plus  prospère. 

Républicain  de  la  veille,  je  luttai  sous  l’Empire  pour  reconquérir  nos  libertés  quel  acte 
criminel  du  2  Décembre  avait  arrachées  brutalement  à  la  France.  Et  ce  n’est  pas  sans  une 
profonde  surprise  mêlée  d’écœurement,  que  je  vois  ces  mêmes  hommes,  ceux  du  16  et  au 
2i  Mai,  ces  mêmes  hommes  qui  voulaient  plier  la  France  sous  l’oppression  et  la  tyrannie, 
affirmer  aujourd’hui  que  le  Gouvernement  actuel  n’est  pas  un  gouvernement  de  liberté, 
Contre  toutes  les  réactions,  nous  défendrons  énergiquement  la  République,  la  Répu¬ 
blique  de  la  paix,  de  la  liberté,  de  la  justice. 

Vive  Toulouse! 

Vive  la  République  démocratique  et  sociale  I 

SERRES, 

Maire  de  Toulouse,  Conseiller  général. 


GIRONDE 


lre  circonscription  de  LIBOURNE 

M.  Joseph  BRISSON 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  6.31(0  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 


Le  11  mai  1902,  par  plus  de  8400  suffrages,  vous 

nommer  votre  représentant. 

Le  3  juillet,  le  verdict  du  Suffrage  universel  était 
méconnue,  la  souveraineté  nationale  violée. 


m’avez  fait  le  grand  honneur  de  me 
brisé,  la  volonté  du  corps  électoral 


—  1068  — 


Enfant  de  Libourne,  j'ai  protesté  avec  indignation  contre  les  accusations  qui  atten¬ 
taient  à  l'indépendance  et  à  l'honneur  môme  de  mes  concitoyens. 

Représentant  du  peuple,  j'ai  défendu  à  la  tribune  vos  droits  imprescriptibles. 

Député  républicain,  fai  proclamé  bien  haut  l’union  intime,  indissoluble,  de  la  Répu¬ 
blique  et  du  Suffrage  universel. 

j'étais  votre  député  hier;  le  corps  électoral  montrera  demain  que  le  Suffrage  universel 
est  le  maître  souverain,  en  me  maintenant  le  mandat  qu'il  m'avait  déjà  —  quoi  qu'en 
puissent  dire  des  adversaires  de  mauvaise  foi,  —  si  spontanément  et  si  librement  conféré! 

Car  je  suis  aujourd'hui  ce  que  j’étais  hier  :  républicain  convaincu,  adversaire  déclaré 
des  persécutions  sous  quelque  forme  qu'elles  se  produisent,  partisan  irréductible  de  toutes 
les  libertés. 

Mon  programme,  vous  3e  connaissez. 

Je  l’ai  déjà  développé  devant  vous:  Vous  l’avez  sanctionné  de  vos  votes  approbatifs. 

Permettez -moi  de  vous  le  rappeler  en  quelques  mots: 

Je  suis  pour  le  service  militaire  d'un  an,  pour  l’égalité  de  tous  —  riches  ou  pauvres  — 
devant  Fimpôt  du  sang,  pour  îa  liberté  de  l'enseignement,  pour  l’égalité  absolue  des 
charges  publiques* 

Ce  sont  les  droits  des  prolétaires  que  je  m'attacherai  surtout  à  faire  respecter.  Je  vo¬ 
terai  en  leur  faveur  toutes  les  lois  —  retraites  ouvrières,  notamment  —  s'inspirant  d'un 
sentiment  d’humanité,  de  solidarité  et  de  justice. 

Je  prendrai  en  toutes  circonstances  l’intérêt  du  petit  commerçant  contre  les  gros  maga¬ 
sins.  Je  serai  l'adversaire  résolu  de  ces  syndicats  d’accaparement  qui  font  payer  si  cher 
les  sulfates  de  cuivre,  les  soufres,  tous  les  articles  si  nécessaires  à  nos  viticulteurs! 

La  protection  de  la  petite  agriculture  sera  mon  plus  constant  souci. 

Je  m'associerai  à  toutes  les  mesures  de  nature  à  améliorer  le  sort  du  petit  propriétaire: 
diminution  des  impôts,  libre  circulation  des  vins,  achat  du  vin  pour  le  soldat,  création  de 
caisses  de  crédit  agricole,  ouverture  de  débouchés  nouveaux  pour  l’écoulement  de  nos  pro¬ 
duits. 


Electeurs  1 

Avec  nos  finances  aux  abois,  avec  les  grands  principes  des  Droits  de  l'homme  et  du 
citoyen  brutalement  fouies  aux  pieds  chaque  jour,  avec  les  dissensions  continuelles  qui  dé¬ 
solent  notre  chère  France,  nous  glissons  sur  une  pente  dangereuse. 

Il  faut  que  la  nation  se  resaississe  :  et  puisque  la  faction  au  pouvoir  a  donné  à  îa  pre¬ 
mière  circonscription  l’occasion  de  manifester  à  nouveau  et  solennellement  ses  volontés, 
j'ai  la  ferme  confiance  que  vous  ne  vous  déjugerez  pas  et  que,  fidèles  à  votre  passé,  vous 
animerez  sur  mon  nom,  le  21  septembre,  votre  foi  démocratique  et  votre  vif  désir  de  faire 
de  la  République,  non  le  Gouvernement  de  quelques-uns,  turbulent,  tracassior  et  sectaire, 
maïs  le  Gouvernement  de  tous,  libéral,  égalitaire  et  fraternel. 

Vive  la  France!  Vive  la  République! 


Joseph  BRISSÛN* 


—  1069 


N°  1162 


LOIRE 


2";  circonscription  de  MONTBRISON 

M.  OR  Y 

Elu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  9.720  voix. 


Cédant  aux  nombreuses  sol  licitations  de  la  population  des  cantons  de  Boën  ,  Feufsj 
Noïrétable  et  Samt-Gaïmier,  et  notamment  aux  démarches  des  maires  du  canton  de  Feurs, 
je  viens  briguer  l’honneur  de  vous  représenter  à  l’Assemblée  législative. 

J’ai  eu  la  pénible  mission  d’adresser  à  nos  regrettés  députés  (Charles  Dorian,  à  Paris, 
Daniel  Doriand,  à  Montrond),  le  suprême  adieu  au  nom  de  cette  population  forézienne  qui 
les  avait  élus. 

Premier  adjoint  de  Charles  Ïïoriao,  son  successeur  h  la  mairie,  fai  pu  apprécier  ses 
qualités  de  cœur,  de  franchise  et  de  patriotisme,  et  je  saurai  m’en  inspirer. 

Si  je  suis  votre  représentant,  j’affirmerai  mes  convictions  démocratiques  en  défendant 
et  votan  t  ; 

1°  La  liberté  de  conscience  absolue  pour  tous  les  citoyens  ; 

2°  La  liberté  d’enseignement  sous  le  contrôle  de  l’État,  avec  obligation  pour  chaque 
commune  d’avoir  une  école  laïque; 

3°  Le  service  militaire  de  deux  ans,  sans  exemptions; 

H n  La  suppression  des  13  jours  ; 

5"  La  diminution  des  frais  de  justice  par  l'extension  de  la  compétence  des  juges  de 
paix; 

6*  La  création  de  chambres  d’agriculture,  au  suffrage  professionnel  ; 

1°  L’indemnisation  aux  propriétaires  pour  animaux  qui,  atteints  de  maladies  conta¬ 
gieuses,  auront  été  abattus  par  ordre  administratif  ; 

8°  L’amélioration  du  sort  des  ouvriers  agricoles  et  industriels,  par  la  création  de  retraites 
ouvrières  au  moyen  d’associations  professionnelles  de  prévoyance,  puissamment  dotées  par 
l’État  ;  assistance  des  vieillards  et  des  invalides  du  travail  ; 

9°  Pas  d’impôts  nouveaux. 

Si,  par  suite  de  la  crise  commerciale  qui  peut  atteindre  les  industries  locales  (notam¬ 
ment  celle  de  la  chapellerie  à  Chazelles-sur-Lyon  et  de  la  soierie  h  Panissières  et  autres 
communes),  le  travail  était  suspendu  ou  diminué,  je  m’engage  à  provoquer  un  congrès 
ouvrier  et  patronal  pour  rechercher  les  moyens  d’aiténuer  la  gêne  des  travailleurs  et  pren¬ 
drai,  au  besoin,  l’initiative  de  transporter  leurs  doléances  aux  pouvoirs  publics. 

Électeurs, 

Enfant  du  pays,  j’ai  vécu  au  milieu  de  vous;  vous  me  connaissez  tous,  vous  m’avez 
rencontré,  par  tous  les  temps  et  en  toutes  saisons,  sur  les  champs  de  foire,  dans  vos  com¬ 
munes,  sur  tous  les  chemins. 


Je  livre  donc  à  votre  appréciation  nia  vie  privée,  professionnelle  et  politique,  fotiil- 
lez-la  i  SI  vous  ave?  confiance  en  moi,  ne  vous  laissez  influencer  par  aucune  calomnie!  et 
soyez  persil  ailés  que,  si  je  suis  votre  élu,  je  soutiendrai  énergiquement  les  intérêts  de  notre 
cher  Forez,  et  contribuerai  à  raffermissement  d'une  République  franchement  démocratique. 

J.  OR  Y, 

Maire  de  Feurs,  médecin-vétéri¬ 
naire,  agriculteur,  officier  du 
Mérite  agricole. 


4e  circonscription  de  SAINT-ETIENNE 

M,  CLÀUD1NON 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  10,248  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Mon  intention  formelle  était  de  ne  pas  me  présenter  a  vos  suffrages  pour  l'élection  du 
7  juin. 

Mais,  en  présence  de  l'insistance  de  vos  délégués,  je  fais  abstraction  de  mes  préfé¬ 
rences  personnelles,  je  relève  le  drapeau  des  républicains  progressistes,  et,  certain  que  rap¬ 
pel  de  votre  Comité  sera  entendu,  je  me  présente  à  yous  pour  que,  sur  mon  nom*  vous 
vengiez  le  suffrage  universel  de  l'affront  qu’une  majorité  sectaire  lui  a  infligé  en  annulant 
votre  verdict  du  27  avril  1902. 

Mon  programme,  vous  le  connaissez  ;  je  n'v  faillirai  pas  ;  mes  votes  à  la  Chambre  des 
Députés  répondent  de  ce  que  je  ferai  à  l'avenir. 

Partisan  de  toutes  les  libertés,  je  voterai  toutes  les  lois  qui  tendront  vers  Tidéal  répu¬ 
blicain,  tel  que  Pool  révélé  et  défini  les  fondateurs  eux-mêmes  de  la  République, 

Je  voterai  toutes  ïes  lois  d'assistance  et  de  prévoyance  qui  pourront  assurer  l'avenir  et 
la  sécurité  des  travailleurs  des  villes  et  des  campagnes. 

Je  voterai  toutes  les  lois  qui  diminueront  les  charges  militaires,  notamment  la  loi 
réduisant  les  service  militaire  à  deux  ans,  mais  à  la  condition  formelle  que  ces  lois  seront 
étudiées  sérieusement  et  qu'elles  ue  seront  pas  une  cause  d'affaiblissement  pour  notre  belle 
armée,  sauvegarde  de  nos  frontières  et  gardienne  du  drapeau  de  la  France. 

Dans  les  questions  financières,  j’estime  qu’une  grande  économie  est  nécessaire!  qu'il 
faut  ramener  au  crédit  national  k  confiance  qui  lui  manque  en  ce  moment;  pour  cela  il 
faut  qu'un  contrôle  rigoureux  soit  exercé  sur  tous  les  projets  qui  souvent  ont  pour  seul  but 
des  intérêts  électoraux  et  pour  seul  résultat  l'augmentation  du  déficit  dans  nos  budgets 
annuels. 

Maire  de  la  ville  du  Çhambon-Feugerolles,  j'ai  constaté  bien  souvent  que  les  meilleur^ 
volontés  sont  annulées  et  découragées  par  l'ingérence  préfectorale  dans  Içs  affaires  com^ 
munales.  Je  demanderai  une  plus  grande  décentralisation  du  pouvoir  administratif,  laissant 
aux  conseillers  municipaux,  mandataires  directs  de  leurs  concitoyens,  le  soin  de  décider 
les  questions  intéressant  directement  Remploi  des  ressources  de  la  commune. 

Telles  sont  dans  leurs  grandes  lignes  les  questions  que  j’aurai  à  cœur  de  défendre  au 
Parlement. 

Profondément  attaché  aux  institutions  républicaines,  mais  adversaire  résolu  dus  procé- 


-  1071  — 


N°  1162 


dés  de  gouvernement  de  la  majorité  actuelle,  comme  par  le  passé,  je  voterai  avec  les  Ribot, 
Audiffred,  Reaault-Morlière,  etc.,  etc.,  avec  les  fondateurs  de  notre  grande  République,  qui 
aurait  dû  être  large,  tolérante,  ouverte  à  tous  et  qui  par  le  fait  de  quelques-uns  pourrait 
devenir  le  régime  de  la  tyrannie  et  de  la  proscription, 

Electeurs,  vous  avez  compté  sur  moi,  à  mon  tour  je  compte  sur  vous,  En  avant  et  com¬ 
battons  tous  pour  la  République  et  pour  la  liberté! 


Vive  la  République  I 


G.  CLÀÜDINON. 


MEUSE 


Circonscription  de  GOMMERCY 


M,  GROS  DIDIER 


Élu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  1240S  voix. 


Messieurs  et  chers  Concitoyens, 

Je  viens  solliciter  rboniiéur  de  représenter  noire  arrondissement  h  la  Chambre  des 
Députés,  en  remplacement  de  M.  Poincaré,  élu  sénateur  le  22  féviier  dernier. 

*  le  suis  Sfeusien  et  je  n’ai  cessé  d’habiter  Commercy  depuis  bientôt  40  ans. 
j’aurais  désiré  visiter  les  176  communes  de  l'arrondissement,  mais  la  date  si  rappro¬ 
chée  du  scrutin  ne  mu  le  permet  pas. 

je  me  ferai  un  plaisir  d’aller  le  plus  souvent  possible  conférer  avec  vous  après 
l’élecüpn. 

Mon  programme  est  court  et  simple  : 

Je  suis  républicain  et  opposé  à  toutes  tentatives  de  réaction. 

Je  veux  la  liberté  pour  tous,  même  pour  ceux  qui  ne  pensent  pas  comme  moi  :  liberté 

de  conscience  sans  restriction  aucune  ; 

Liberté  de  l’enseignement  sous  la  réserve  du  contrôle  de  F  État  et  de  U  égalité  des 

grades  ;  \  ,  .  . 

Équilibre  du  budget,  non  par  des  impôts  nouveaux,  mais  par  des  économies  ngnu- 

Teuses * 

Réformes  financières  dans  l’intérêt  des  petits  contribuables  et  des  cultivateurs; 

Assiette  plus  équitable  de  l’impôt  foncier  au  moyen  d’uns  évaluation  nouvelle  des 
parcelles  ; 

Création  de  Chambres  d’agriculture  analogues  aux  Chambres  de  commerce; 

Nouvelles  démarches  pour  obtenir  ia  main-levée  de  l’interdit  militaire  qui  empêche  la 
construction  et  l’entretien  des  chemins  et  le  développement  du  réseau  départemental  de 
Chemins  do  fer  dans  noire  arrondisse  me  ni  * 


—  1072  — 


Protection  et  défense  du  travail  national  par  une  modification  aux  traités  internationaux, 
lorsqu’ils  arriveront  à  expiration  ; 

Service  militaire  de  deux  ans,  sous  ïa  réserve  expresse  d’assurer  la  solidité  de  notre 
armée  par  une  bonne  constitution  des  cadres  et  des  facilités  de  rengagement; 

Développement  des  sociétés  de  secours  mutuels,  de  manière  à  constituer  des  retraites 
aux  ouvriers  agricoles  aussi  bien  qifà  ceux  des  mines  et  de  l’industrie. 

Tel  est,  mes  chers  Concitoyens,  le  programme  à  la  réalisation  duquel  je  consacrerai 
tous  mes  efforts,  si  vous  me  faites  l’honneur  de  me  choisir  pour  vous  représenter  à  la 
Chambre  des  Députés. 

je  m’associerai  à  toutes  les  mesures  qui  auront  pour  hui  d’améliorer  le  sort  des  humbles 
et  des  travailleurs,  en  un  mot  à  toutes  les  réformes  nettement  démocratiques* 

Vive  la  République! 

René  CROSDIDIER, 

Membre  du  Conseil  général, 
Maire  de  Coimnercy. 


NORD 


2fl  circonscription  de  LILLE 
M.  À.  BONTE 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  h. 417  vnix. 


Électeurs, 

Vos  comités  républicains  font  appel  à  mon  dévouement.  Ils  me  confient  le  drapeau  que 
portait  si  vaillamment  dans  la  deuxième  circonscription  de  Lille  le  regretté  Pierre  Lorthiois, 
et  je  cède  à  leurs  pressantes  sollicitations  ! 

'  Républicain  de  la  veille,  je  n’ai  pas  à  protester  de  la  sincérité  de  mes  convictions.  Beau¬ 
coup  d’entre  vous  me  connaissent.  Ils  savent  que  j’ai  toujours  défendu  les  idées  démocra¬ 
tiques  et  libérales  qui  sont  l’essence  même  de  la  République. 

Mais  je  veux  une  République  large,  accueillante  aux  bonnes  volontés  et  aux  concours 
loyaux,  telle  que  la  comprend  le  parti  progressiste  auquel  je  m'honore  d’appartenir. 

Je  suis  pour  une  politique  d’apaisement,  de  tolérance  et  d’union  entre  tous  les 
citoyens. 

Enfin,  je  suis  partisan  de  la  liberté  pour  tous,  aussi  bien  dans  le  domaine  de  Renseigne¬ 
ment  que  dans  le  domaine  du  travail. 

Les  réformes  qui  ont  pour  but  l’amélioration  du  sort  des  ouvriers,  qu'il  s’agisse  des 


—  1073  — 


N°  1162 


caisses  de  retraites,  de  la  diminution  des  impôts  ou  de  la  réduction  des  charges  militaires, 


trouveront  en  moi  un  ardent  défenseur. 

Mais  de  toutes  mes  forces,  je  repousse  les  utopies  dangereuses  et  la  violence  du 
collectivisme,  qui  représente  la  lutte  des  classes,  la  haine  entre  les  citoyens,  la  guerre 

sociale!  _ 

Or,  c’est  par  l’entente  du  capital  et  du  travail  que  la  richesse  publique  peut  s  accroître, 

elles  conditions  matérielles  et  morales  des  travailleurs  s’améliorer. 

Contre  le  collectivisme,  contre  Ve  parti  révolutionnaire,  je  fais  appel  à  tous  tes  répu¬ 
blicains!  ,  ,  .. 

Toutes  les  nuances  s’effaoeut,  toutes  préférences  personnelles  s’oublient  devant  le  péril 

commun. 

Les  collectivistes  se  sont  unis  contre  nous. 

Unissons-nous  contre  eux! 

Ouvriers,  qui  demandez  avant  tout  de  bons  salaires  etque  ruinerait  la  désorganisation 
des  usines,  poursuivie  par  le  parti  révolutionnaire; 

petits  commerçants,  que  les  collectivistes  traitent  de  parasites  ; 

Instituteurs  et  fonctionnaires,  qu’ils  voudraient  domestiquer,  et  dont  les  justes  reven¬ 
dications  n’auront  pas  de  défenseur  plus  résolu  que  moi; 

Vous  tous,  citoyens  conscients  et  libres,  qui  condamnez  la  tyrannie  anonyme  dont  le 
collectivisme  nous  menace,  groupez-vous  autour  du  drapeau  qu’on  m’a  fait  l’honneur  de 
remettre  entre  mes  mains. 


C’est  îe  drapeau  de  la  République,  de  la  France,  et  je  l’oppose  au  drapeau  rouge  qui 
n’est  que  le  drapeau  de  La  guerre  civile. 

En  votant  pour  moi3  vous  voterez  pour  la  République  des  réformes  sérieuses  et  sages, 
qui,  au  Heu  de  ne  laisser  au  coeur  des  citoyens  que  déceptions  et  amertumes,  entretiendra 


entre  tous  Famitié  et  la  concorde. 


Vive  la  France  1 
Vive  b  République! 


Auguste  BONTE, 

Maire  de  Lambersart, 
Président  du  Conseil  d’arrondissement* 


OISE 


Circonscription  de  COMPÏÈGNE 

■  M.  NOËL 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin,  —  11.682  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 


diffamé,  injurié,  et  les  rues  de  notre  chef-lieu  ont  été  le  théâtre  de  violences  dirigées  i 
contre  moi. 

Ce  sont  ces  agissements,  joints  à  la  propagande  incorrecte  de  mes  adversaires  et  ays 
irrégularités  constatées-.,  dans  les  émargements  des  listes  électorales,  qui  ont  fait  annuler  i 
l’élection  de  cette  circonscription. 

J’ai  donc  laissé,  au  mois  de  mai  dernier,  le  parti  républicain  non  vaincu,  mais  seule-  1 
ment  en  minorité  apparente  de  huit  voix,  puisque  j  ai  obtenu  11,662  suffrages. 

Par  P  union,  par  la  concorde,  par  la  vision  réelle  des  choses  et  par  l'empressement  que  1 
vous  mettrez  à  remplir  votre  devoir  de  citoyen,  le  28  septembre  prochain,  vous  pou m  ! 
assurer  la  victoire  de  la  République  contra  la  réaction* 

Cédant  aux  sollicitations  de  très  nombreux  amis,  avec  la  conscience  de  remplir  mon  î 
devoir  de  républicain,  je  me  présente  à  vos  suffrages  dans  mon  entière  indépendance  fier 
de  porter  une  nouvelle  fois  le  drapeau  de  l’union  républicaine* 

Sans  ambition  personnelle,  je  n’ai  au  cœur  qu’un  seul  désir,  servir  mon  pays,  être  1 
utile  aux  populations  laborieuses  qui  font  la  force,  la  richesse  et  la  gloire  de  notre  chère 
Patrie. 

Mon  programme,  je  Fai  développé  dans  toutes  les  communes  de  cct  arrondissement  au  j 
mois  d'avril  dernier  : 

La  réforme  judiciaire,  la  répartition  plus  équitable  de  l’impôt; 

La  diminution  des  contributions  indirectes  ; 

Le  service  militaire  de  deux  aus; 

La  liberté  de  conscience,  d’enseigne  ment  et  de  travail  ; 

La  protection  des  ouvriers  français,  rétablissement  de  Caisses  de  retraites  et  d’in  va-  j 
lides  du  travail,  etc.,  etc..* 

La  modification  de  la  loi  dite  des  dix  heures  et  demie. 

Je  n’ai  rien  à  y  changer. 

Homme  d’étude  avant  tout,  je. vous  promets  dans  l'avenir,  comme  je  l’ai  fait  daos  le  I 
passé,  de  consacrer  toute  mon  intelligence,  toutes  mes  forces,  à  résoudre  les  problèmes  \ 
sociaux  et  économiques  que  soulève  la  production  intensive  des  nations. 

Huit  années  d’expérience  laborieusement  acquise  me  rendent  apte  à  rechercher  les  1 
solutions  propres  à  assurer  la  prospérité  de  notre  commerce,  de  notre  industrie  et  de  notre 
agriculture. 

Pour  vous  spécialement,  mes  chers  Concitoyens,  grâce  à  la  situation  que  mon  travail  ] 
m’avait  obtenue  à  la  Chambre,  je  chercherai  à  atténuer  les  appréhensions  que  vous  fait  j 
concevoir  la  conférence  sucrière  de  Bruxelles,  contre  laquelle  j’ai  toujours  protesté  en  | 
m’efforçant  de  faire  ramener  l’impôt  du  sucre  à  20  francs,  et  moins  si  possible,  tout  ea  j 
conservant  un  avantage  fiscal  aux  petites  fabriques. 

Je  chercherai  à  faire  modifier  la  loi  des  boissons,  contre  laquelle  j’ai  toujours  volé,  de  J 
manière  à  la  rendre  plus  juste,  moins  lourde,  moins  inquisitoriale. 

Je  continuerai  mes  études  sur  l’alcool  dénaturé  et  sur  les  moyens  de  rendre  sa  circu-  | 
lation  plus  facile,  de  manière  à  faire  pénétrer  son  emploi  dans  les  moindres  villages  et  , 
offrir  ainsi  un  énorme  débouché  à  notre  agriculture. 

Je  crois  également  qu’une  protection  plus  efficace  doit  être  accordée  aux  plantes  oléagF  1 
neuses,  aux  plantes  textiles  que  la  France  fait  venir  en  grande  partie  de  l’étranger;  mais  j 
pour  mieux  se  défendre,  la  culture  doit  se  grouper  en  ces  syndicats  dont  j’ai  voté  les  lois 
constitutives  et  auxquels  je  n’ai  jamais  ménagé  et  ne  ménagerai  jamais  mon  concours. 

Enfin,  je  réclamerai  énergiquement,  comme  je  Fai  déjà  dit,  les  modifications  de  la  loi 
des  dix  heures  et  demie  que  je  n’ai  pas  votée. 

Démocrate  sincère,  mes  idées  n’ont  jamais  varié.  Dans  des  moments  difficiles,  j’ai  su  j 
faire,  sans  faiblesse,  mon  devoir  de  républicain. 

Tel  j’ai  été,  tel  je  resterai. 

Le  28  septembre  1902,  vous  direz  si  vous  vouiez  la  République  gouvernée  par  des  . 


107?)  — 


Y  1162 


républicains,  comme  viennent  de  l'affirmer  la  majorité  des  électeurs  français,  ou  si,  au 
contraire,  vous  voulez  la  livrer  aux  mains  de  ceux  qui  l’ont  toujours  combattue. 


Vive  la  République  ! 

Votre  tout  dévoué  Concitoyen, 


E.  NOËL. 


La  profession  de  foi  suivante  avait  été  publiée  par  M.  Noël  lors  des  élections 
générales. 

Mes  cli ers  Concitoyens, 

Une  fois  de  plus,  les  délégués  des  comités  républicains  m’ont  désigné  pour  défendre 
le  drapeau  de  la  République, 

J’ai  accepté. 

j’ai  accepté  avec  d’autant  plus  d’énergie  que  ce  drapeau  est  plus  gravement 
menacé. 

Toutes  les  forces  de  réaction*  coalisées  sous  de  trompeuses  bannières,  s  apprêtent  a 
[livrer  Passau t  suprême,  l’assaut  désespéré  contre  la  République, 

C’est  pourquoi  toutes  les  forces  de  la  démocratie  doivent  faire  bloc  contre  1  ennemi 

commun. 

Nos  adversaires  se  disent  républicains:  C’est  faux! 

Ils  se  déclarent  libéraux  :  C’est  faux! 

Il  se  proclament  seuls  patriotes  :  C’est  faux! 

Nous  avons  le  droit,  nous  aussi,  de  nous  recommander  de  notre  amour  pour  Farinée  et 

jkfiir  ta  Patrie,  t  f 

C’est  donc  comme  porte-drapeau  de  tous  les  républicains  sincères  que  je  me  pivseme 

devant  vous. 

Ce  que  j’ai  été  depuis  huit  ans,  vous  le  savez. 

Fidèle  à  mes  engagements,  à  ce  que  je  savais  être  votre  volonté,  f  ai  soutenu  de 
mes  votes  et  de  mon  action  tout  Gouvernement  s’appuyant  sur  1  ensemble  des  rêpu 

feins.  4 

Dans  une  crise  récente,  j’ai  cherché  la  pacification  des  esprits  et  te  maintien  de  1  arrnee 

hors  la  lutte  des  partis.  , 

Cette  armée,  je  la  veux  nationale,  forte,  puissante  pour  le  maintien  de  la  paix  et  la 

défense  du  territoire;  mais  je  la  veux  honorée  et  soumise  aux  lois  du  pays. 

le  veux  aussi  que  ses  charges  pèsent  moins  lourdement  sur  la  population,  surtout 
moins  lourdement  sur  les  lils  de  paysans,  d'ouvriers,  de  petits  commerçants  ou  de  peiiis 
industriels. 

C’est  pourquoi  j’ai  voté  le  principe  du  service  de  deux  ans,  égal  pour  tous. 

J’ai  voulu  et  je  veux  encore  mie  justice  moins  écrasante,  plus  prompte,  moins  ruineuse 
pour  tous. 

J’ai  voulu  et  je  veux  encore  une  plus  équitable  répartition  de  l’impôt;  la  réduction, 
jusqu’aux  limites  extrêmes,  des  charges  indirectes  qui  pèsent  sur  le  peiit,  sur  le  faible*  en 
u»  mot  le  dégrèvement  par  la  base. 

J’ai  voulu  et  je  veux  encore  une  meilleure  méthode  de  travail  parlementaire,  et  je  me 
suis  associé  à  toutes  les  mesures  tendant  à  réduire  la  fréquence  des  interpellations  et  les 
amendements  budgétaires,  si  préjudiciables  à  nos  finances  publiques. 

Partisan  de  toutes  les  libertés,  je  les  veux  pour  mon  voisin  comme  pom  moi- 
mèuie, 

de  veux  la  liberté  de  conscience,  le  droit  pour  chacun  de  prier  selon  son  cube  et 
d’élever  ses  enfants  selon  ses  convictions. 


—  107fi  — 

Mais  je  veux  le  Gouvernement  armé  contre  les  entreprises  de  l’esprit  de  secte, 
qu’il  vienne,  et  contre  l’immixtion  de  cet  esprit  dans  les  affaires  publiques. 

Au  point  de  vue  économique,  nous  me  connaissez  aussi. 

Vous  savez  que  tontes  mes  études,  toutes  mes  veillles  ont  été  et  seront  toujours 
consacrées  aux  questions  vitales  de  notre  société  moderne. 

Membre  de  la  Commission  des  douanes  depuis  sept  ans,  son  vice-président  depuis 
deux  ans,  j’ai  voulu  développer  notre  commerce,  notre  industrie  et  garantir  notre  agriculture 
par  des  barrières  douanières. 

Toutes  mes  forces,  toute  mon  action  seront  dirigées  vers  ces  graves  problèmes,  car  il 
est  urgent  de  protéger  notre  commerce  local,  notre  moyenne  industrie  contre  cet  'accapa¬ 
rement  des  affaires  qui  mine  l’initiative  individuelle  et  augmente,  chaque  jour,  le  nombre 
des  salariés. 

En  ce  qui  concerne  notre  culture  belteravière,  je  réclamerai  énergiquement  : 

Un  avantage  fiscal  qui  maintienne  notre  exportation  sucrière; 

La  réduction  de  l’impôt  du  sucre  à  20  francs  d’abord,  puis,  si  cela  devient  possible,  sa 
suppression  complète,  seul  moyen  de  sécurité  pour  l’avenir,  puisqu’il  augmentera  consi¬ 
dérablement  la  consommation  intérieure. 

Je  vous  rappelle,  à  ce  propos,  mes  énergiques  protestations,  de  concert  avec  M.  Ribot, 
contre  les  décisions,  alors  prévues,  de  la  Conférence  de  Druxelles, 

Pour  les  travailleurs,  je  demanderai  : 

La  protection  de  l’ouvrier  frtmçais  contre  la  main-d’œuvre  étrangère  ; 

La  constitution  d’une  Caisse  de  retraites; 

L’organisation  des  invalides  du  travail; 

Le  développement  des  Sociétés  coopératives  de  production  et  des  Sociétés  de  maisons 
ouvrières. 

Je  veux  aussi  la  suppression  de  la  loi  de  dix  heures  et  demie,  loi  contre  laquelle 
fai  voté. 

Démocrate  résolu >  j  irai  a  ceux  qui  peinent  et  qui  soulïrent,  qui  produisent  et  se 
privent,  et  qui  voudraient  plus  de  solidarité  entre  le  travail  et  le  capital  ;  mais  je  répudie 
énergiquement  toute  les  chimères,  toutes  les  doctrines  collectivistes  qui,  si  elles  étaient 
réalisées,  constitueraient  la  pire  des  tyrannies. 

Electeurs, 

Je  no  vous  ai  jamais  ni  flattés  ni  trompés. 

Si  vous  voulez  la  marche  en  avant  vers  le  progrès,  par  l’ordre  et  par  la  liberté,  dans  la 
République,  vous  voterez  pour  celui  que  vous  ont  désigné  les  délégués  de  la  démocratie. 

Si,  au  contraire,  vous  voulez  l’êquivo'que  et,  avec  elle,  le  recul  vers  le  passé,  les  domi¬ 
nations  que  vous  avez  déjà  cent  fois  rejetées,  vous  voterez  pour  mes  adversaires,  car  c’est 
tout  cela  qu’ils  vous  réservent  sons  l’apparence  d’un  faux  libéralisme. 

Vive  la  France! 

Vive  l'Armée! 

Vive  la  République  des  Républicains! 


E.  NOIX- 


Î077  - 


M"  H  62 


PAS-DE-CALAIS 


lro  circonscription  de  BÉTHUNE 
M.  DELELIS 

Elu  au  10T  tour  de  scrutin,  —  7.86ü  voix, 


Mes  chers  Concitoyens, 

Malgré  toutes  les  raisons  que  je  pouvais  avoir  de  décliner  ta  candidature,  j'ai  cédé  aux 
instances  des  Comités  républicains  de  nos  trois  cantons,  me  faisant  un  devoir  de  chercher 
à  rétablir  le  calme  et  Rumen  dans  notre  pays,  troublé  par  des  mœurs  électorales  inconnues 
jusqu’ici.  En  me  présentant  aux  suffrages  des  électeurs  de  la  lrc  circonscription  de  Bétlmne, 
je  fais  donc  tout  d’abord  appel  à  votre  esprit  de  conciliation  et  à  votre  désir  d’apaisement. 
Beaucoup  d’entre  vous  me  connaissent  déjà  pour  m’avoir  vu  vivre  au  milieu  d'eux,  dans 
ce  pays  qui  est  et  qui  restera  toujours  le  mien,  ils  savent  que  je  suis  libre  de  toute  alliance, 
plus  soucieux  de  défendre  des  idées  et  des  intérêts  que  de  me  lier  à  un  homme  et  de  m’in¬ 
féoder  à  un  parti. 

Républicain  de  la  première  heure,  je  suis  dévoué  au  régime  que  s’est  librement  donné 
le  pays  et  à  l’œuvre  qui  en  est  T  honneur,  je  veux  dire  aux  bis  d’instruction,  de  mutualité, 
d’association  syndicale,  d'assistance  et  do  prévoyance,  dont  la  République  a  pris  l’initiative. 

Respectueux  de  toutes  les  libertés,  je  voudrais  que  la  liberté  d’enseignement  et  la 
liberté  de  conscience  soient  égales  pour  tous,  mais  je  proclame  en  même  temps  la  supré¬ 
matie  absolue  du  pouvoir  civil  et  1e  droit  pour  l’Etat  d*3  surveiller  le3  établissements  d’en¬ 
seignement  libre.  Ma  sympathie  et  ma  reconnaissance  sont  depuis  longtemps  acquises  à 
l’Université  et  particulièrement  aux  plus  modestes  de  ses  serviteurs. 

Je  compte  sur  l’accord  du  capital  et  du  travail  pour  faciliter  le  développement  de  -l'in¬ 
dustrie  et  assurer  du  même  coup  la  prospérité  de  tous  les  travailleurs  in  distinctement,  de  la 
mine,  de  l’atelier  et  des  champs.  Je  11e  manquerai  pas  de  voter  la  loi  sur  les  retraites 
ouvrières,  mais  je  voudrais  que  le  bénéfice  en  soit  étendu  aux  ouvriers  de  l’agriculture 
comme  à  ceux  de  l’industrie. 

De  lourdes  charges  pèsent  sur  le  pays  tout  entier  :  mon  vote  est  acquis  d’avance  aux 
lois  qui  les  allégeront.  Je  suis  partisan  de  la  réduction  à  deux  ans  du  service  militaire  et 
du  renforcement  des  cadres,  mais  nettement  opposé  à  toute  mesure  qui  affaiblirait  notre 
armée  et  compromettrait  l’œuvre  de  la  défense  nationale. 

Dans  nos  finances,  je  réclamerai  plus  d'ordre  et  plus  d’économie,  une  plus  juste  répar¬ 
tition  des  impôts,  et  la  réduction  de  l’impôt  foncier. 

Dans  l’administration  de  la  justice,  je  réclamerai  Ja  diminution  des  frais  judiciaires. 
Enfin  je  joindrai  mes  efforts  à  ceux  des  représentants  du  Pas-de-Calais  pour  défendre 
utilement  les  intérêts  agricoles.  Je  ne  manquerai  pas  notamment  de  voter  la  réglementa¬ 
tion  du  privilège  des  bouilleurs  de  cru  et  de  m’associer  à  la  vigoureuse  campagne  menée 
par  M,  Jonnart,  mon  collègue  au  Conseil  général,  centre  la  suppression  des  zones  de  tabac. 


_  1078  — 

Mes  chers  Concitoyens,  c’est  pour  ni- avoir  vu  pendant  de  longues  années  à  1  œuvre,  au 
Conseil  municipal  de  Lillcrs  et  au  Conseil  général,  que  les  Comités  républicains  de  nos 
trois  cantons  m’ont  désigné  a  Punanimité  :  Si  ]  ai  P  honneur  de  vous  représenter  dans  une 
autre  assemblée,  vous  pouvez  compter  sur  mon  égal  dévouement  à  la  circonscription  tout 
entière.  Votre  député  gardera  sa  résidence  au  milieu  de  vous  autant  que  les  travaux  parle¬ 
mentaires  le  permettront  et  s’efforcera  de  toujours  bien  connaître  vos  vœux  et  vos  revendi¬ 
cations  pour  les  bien  servir. 

Vive  la  République  I 

Dr  F.  D  ELEL1S. 


Circonscription  de  MONTREUIL-SUR-MER 

M.  MOREL 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  9.426  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Enfant  du  pays,  je  viens  faire  appel  a  vos  libres  suffrages. 

Beaucoup  d’entre  vous  me  connaissent  pour  m’avoir  vu  vivre  au  milieu  d’eux. 

Conseiller  d’arrondissement  et  Maire  de  Cainpagne-lès-Hesdîn,  ils  savent  que  je  suis 
libre  de  toute  alliance,  indépendant  de  toute  coterie,  soucieux  avant  tout  de  défenurc  des 
idées  et  des  intérêts. 

Républicain  par  éducation,  par  tempérament,  j’estime  qu’on  peut  être  républicain 
modéré  tout  en  étant  un  républicain  très  ferme  et  très  convaincu. 

le  suis  et  j’entends  rester  profondément  dévoué  à  la  République  et  à  l’œuvre  qui  en  est 
l’honneur,  je  veux  dire  aux  lois  d’instruction,  d’assLtance  et  de  prévoyance. 

Respectueux  de  toutes  les  libertés,  je  veux  que  la  liberté  de  conscience  et  la  liberté 
d’enseignement  soient  égaies  pour  tous. 

Si  vous  me  faîtes  l’honneur  de  m’élire,  vous  pouvez  être  assuré  que  je  no  serai  inféodé 
à  aucun  ministère,  que  je  garderai  envers  tous  les  ministères  ma  complète  indépendance, 
de  façon  à  combattre  ou  appuyer  les  mesures  qu’ils  proposent,  suivant  qu’elles  sont 
contraires  ou  conformes  aux  intérêts  agricoles,  commerciaux,  maritimes  ot  industriels  de 
notre  arrondissement. 

En  un  mot,  je  ne  soutiendrai  que  les  ministères  qui  serviront  bien  vos  intérêts. 

J’estime,  en  effet,  qu’on  ne  vit  pas  de  politique  et  qu’il  est  temps  de  subordonner 
celle-ci  aux  affaires  du  pays. 

Je  veux  surtout  faire  prévaloir  les  mesures  qui  sont  de  nature  à  améliorer  notre  agricul¬ 
ture,  source  de  notre  richesse  nationale,  à  favoriser  notre  commerce,  notre  marine  et  notre 
industrie,  qui  ont  grand  besoin  qu’on  s’oceup  ;  d’eux. 

Élevé  au  milieu  de  vous,  y  ayant  toujours  vécu,  je  connais  vos  besoins,  vos  intérêts  et 
vos  légitimes  aspirations. 

Je  voterai  toutes  les  reformes  qui  peuvent  alléger  les  charges  qui  pèsent  sur  vous. 

Fervent  démocrate,  Rayant  prouvé  encore  plus  en  actes  qu’en  paroles,  je  veux 
1  amélioration  du  s>rt  dos  travailleurs,  des  ouvriers  agricoles  et  de  nos  braves  et  dévoués 
marins. 

J'apporterai  tous  mes  efforts  a  réparer  le  préjudice  qui  nous  a  été  causé  par  les  lois 


-1070  —  NM  162 

que  vous  connaissez.  Je  ferai  tout  mon  possible  pour  obtenir  rabaissement  des  droits  sur 
Falcool  et  du  prix  du  tabac. 

Je  suis  partisan  de  la  réduction  du  service  militaire  à  deux  ans.  Je  recta  mer  ai  les 
économies  compatibles  avec  la  marche  régulière  des  affaires  publiques. 

Tel  est  mon  programme, 

11  est  simple,  net  et  loyal. 

Je  ne  veux  pas  vous  faire  de  promesses  irréalisables. 

Ce  programme,  il  vous  appartient  de  le  juger. 

Électeurs, 

Si  j’ai  V honneur  de  vous  représenter,  vous  pourrez  compter  sur  mon  égal  dévouement 
à  la  circonscription  tout  entière.  Je  garderai  ma  résidence  au  milieu  de  vous  autant  que  les 
travaux  parlementaires  me  le  permettront.  Je  me  tiendrai  à  votre  disposition,  prêt  à 
accueillir  vos  vœux  et  vos  justes  revendications. 

Vive  la  République  ! 

Docteur  MOREL. 


PYRÉNÉES  (HAUTES-) 


Circonscription  d’AHGELÈS 
M.  Achille  FÜULD 

Élu- au  1er  tour  de  scrutin.  —  voix. 


Mes  chers  Concitoyens, 

Lorsqu’en  sa  séance  du  24  janvier  1903,1a  Chambre  a  annulé  le  mandat  que  vous 
m’aviez  librement  et  loyalement  confié,  lorsque  surtout,  sur  îa  foi  de  rapports  dont  vous 
connaissez  tous  la  mensongère  inexactitude,  elle  a  porté  contre  vous  la  plus  imméritée  des 
accusations,  elle  n’a  fait  que  resserrer  plus  étroitement  le  lien  de  solidarité  qui,  depuis  le 
11  mai  dernier,  nous  unissait  déjà. 

Ce  jour-là,  j’ai  compris  que  je  vous  appartenais  désormais  et  que  je  n’avais  plus  le 
droit  de  me  soustraire  à  l'obligation  de  laver  l’injure  infligée  à  votre  honneur  et  au  mien. 

C’est  pour  ce  motif,  c’est  parce  que  je  me  considère  toujours  comme  votre  mandataire, 
comme  votre  élu,  que  je  viens  à  nouveau  solliciter  vos  suffrages. 

Mes  chers  Concitoyens, 

Tou  té  déclaration  politique  serait  aujourd'hui  superflue. 

Vous  connaissez  mes  sentiments  ;  vous  savez  quelles  sont  mes  aspirations  et  vous  me 


—  1080  — 


rendrez  cette  justice  que,  jamais,  durant  mon  séjour  u  ia  Chambre,  mes  actes  et  mes  votes 
n'ont  trahi  la  confiance  dont  vous  m'avez  honoré  le  II  mai  dernier. 

Profondément  dévoué  aux  intérêts  de  la  démocratie,  je  m'associerai,  ainsi  que  je  vous 
Pai  promis,  à  toutes  les  réformes  susceptibles  d'augmenter  le  bien-être  matériel  et  moral 
des  travailleurs,  comme  aussi  je  consacrerai  tous  mes  efforts  au  développement  écono¬ 
mique  de  noire  arrondissement  et  de  nos  belles  stations  thermales. 

J'étais,  et,  plus  que  jamais,  je  reste  le  «  Candidat  dos  Bérets  n. 

Vive  la  République ï 

Achille  FOULD. 


SEINE 


2f-  arrondissement  de  PARïS 

M.  SV  VETO  N 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  6,501  voix. 


Électeurs, 

Je  me  présente  à  vos  suffrages  sur  le  même  programme  républicain  nationaliste  que 
vous  avez  approuvé  l'an  passé. 

Je  suis  un  ennemi  aussi  résolu  du  Ministère  actuel  que  du  ministère  précédent. 
M.  Combes  comme  M.  Waldeek’Uousseati  ne  vous  offrent  que  la  tyrannie,  l'abaissement  et 
la1  ruine. 

Je  vous  convie  à  briser  la  puissance  de  la  secte  judéo-maçonnique  et  à  rendre  à  la 
démocratie  française  la  conduite  de  ses  destinées, 

La  Défense  nationale , 

Le  premier  article  de  mon  programme  est  l'amour  de  la  Patrie  et  le  respect  de  l'at  niée, 
ce  qui  signifie  dans  la  pratique  ;  meilleure  direction  de  l'enseignement  public  tombé  aux 
mains  des  internationalistes,  défense  de  l'institution  militaire  désorganisée  par  un  Ministre 
indigne. 

C'est  vous  dire  que,  dans  l'élaboration  d'une  nouvelle  loi  militaire,  je  no  sacrifierai 
jamais  à  des  préoccupations  électorales  l'intérêt  supérieur  de  la  défense  nationale. 

Je  demande  le  service  de  deux  ans,  établi  progressivement  et  au  fur  et  à  mesure  des 
rengagements  des  sous-officiers  et  des  soldats. 

Je  demande  la  réforme  de  la  loi  de  1889  sur  ia  naturalisation,  comme  une  mesure  de 
protection  nécessaire  contre  les  juifs  de  sang  étranger,  imprudemment  incorporés  à  la 
nationalité  française. 


—  1081  — 


N°  M62 


Les  Libertés. 

En  second  lieu,  je  demande  la  liberté  de  conscience,  la  liberté  d’association  et  la 
liberLé  d’enseignement,  également  violées  par  des  lois  et  des  décrets  ‘“JO"03- 

En  application  de  ces  principes,  et  comme  conséquence  de  la  liberté  totale  d  assoe 

tion,  je  voterai  la  séparation  des  Églises  et  de  l’État.  , 

Il  ne  s’agit  pas  de  combattre  tel  ou  tel  culte,  mais  de  garantir  la  liberté  de  cha 
contre  les  entreprises  cléricales,  dont  les  plus  dangereuses  sont  celles  de  la  juiverie  et  a 

Enfin  je  servirai  encore  la  cause  de  la  liberté  en  votant  la  loi  d  amnistie  en  faveur  de 
tous  les  proscrits  de  la  Haute-Cour. 

Réformes  financières  et  commerciales. 

Il  est  temps  de  clore  Père  des  emprunts  avoués  ou  déguisés,  des  impôts  nouveaux  et 

d"  ^Je  demande  que  l'équilibre  budgélaire  soit  rélabli  par  une  révision  sévère,  des  dépenses 
publiques,  par  l’introduction  de  l’ordre  et  de  la  probité  d.us  l’admm, stratum  des  dén.ers 

^  'sHa  politique  d’économie  est  insuffisante,  il  faudra  recourir  à  la  refonte  compte 
de  noire  système  fiscal  et  Je  ne  m'effraierai  point  d’envisager,  en  dehors  de  tonte  eonsidtra- 
tion  d'intérêts  de  classe,  la  réforme  démocratique  de  1  impôt, 

La  Question  sociale. 

La  ques titm  sociale  Sfï  «ne  question  nationale  et  c’est  en  ajourner  défi- 

-  ^  a  i  intirm  mi p  la  subordonner  à  un  accord  préalable  avec  1  etranger, 

“‘“tae^û’d  ï  a  lie»  d'instituer  dans  la  présente  législature  la  Caisse  nationale  des 

'etttnm“mf.emps,  les  mutualités  émancipées  et  subventionnées  par  l’État  assureront 

''°UVL^but dunationalisme  est d'.Lttre  la  forcent  la  grandeur  de  1.  Franee  en  dévehqn 
p,  nl, pipé  ““dê  la  classe,  a  plus  nombreuse  et  la  plus  pauvre,  ,m  cous., tue  le  corps 

même  de  la  Nation, 

lîeuisioîi  constitutionnelle* 

Le  nationalisme  veut  aussi  rendre  la  Nation  à  elle-même,  émanciper  ,e  Suüragc  1- 

fait  »»•  dépendre  desniigarchies 

*-»  *»  — • 

eu  supprimant  te  -irai,  ei  en  changeant  ,e  mode  d’éiection  du 

Président  de  la  .  cboisi  par  un  corps  électoral  spécial,  nommé 

rct'- selon  le  syslème  en  usase’ depilis 

plus  d’on  siècle,  dans  la  grande  démocratie  améiicainc. 

Électeurs, 

Vous  vous  êtes  déjà  prononcés  sur  ce  programme.  Ni  vous  ni  moi  ne  l’avons  remé 


m 


—  1082  — 

Nous  n’avons  à  y  ajouter  qu’un  article,  qui  est  la  défense  du  suffrage  universel,  base  de  nos 
institutions  républicaines. 

Par  une  élection  nouvelle,  vengeons  l'injure  faite  par  îe  «  Bloc  »  au  corps  électoral  du 
T  arrondissement. 

Vive  la  République! 

Gabriel  SYVETON, 


2Û  Circonscription  du  4e  arrondissement  de  PARIS 

M.  Gabriel  DEVILLE 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin,  —  5,062  voix. 


ri  Union  des  Comités 

UNION  RÉPUBLICAINE  SOCIALISTE,  RADICAL  SOCIALISTE,  DE  DÉFENSE  RÉPUBLICAINE 

Citoyens  ! 

La  situation  est  nette*  D’un  coté,  vous  avez  des  candidats  qui  se  disent  antî ministériels; 
de  Fautre,  un  seul  candidat  qui  ferait  partie  de  la  majorité  républicaine,  le  citoyen  Gabriel 
Deville;  son  programme  est  le  meme  qu’en  1902. 

Ancien  député  de  la  circonscription,  nous  Pavons  vu  à  l’œuvre,  nous  savons  que  pas  un 
reproche  ne  lui  a  été  adressé  sur  la  façon  dont  il  a  rempli  son  mandat*  Député  pendant  deux 
ans,  il  est  monté  onze  fois  à  la  tribune  :  deux  fois  pour  les  ouvriers,  une  fois  pour  les 
employés,  trois  fois  pour  les  petits  commerçants,  une  fois  pour  les  industriels,  une  fois 
pour  les  petits  propriétaires  paysans,  une  fois  pour  l'affaire  de  Panama,  une  fois  pour  la 
législation  électorale  et  une  fois  dans  l’intérêt  de  la  science  française*  En  1898,  il  nT échoua 
que  parce  que  notre  circonscription  se  trouvait  supprimée  et,  en  1902,  il  obtenait,  au 
second  tour  de  scrutin,  5. Ml  suffrages. 

En  quatre  ans,  Panittininistériel  M.  Barrés  est  monté  cinq  fois  à  îa  tribune  :  trois  fois 
pour  des  questions  littéraires,  une  fois  pour  le  Panama  et  une  fois  pour  protester  contre 
l'expulsion  d’un  homme  profitant,  a-t-il  dit  Jurimême,  «  d'une  pension  qui  lui  est  servie 
par  le  gouvernement  allemand  ».  Ceux  de  son  parti  et  de  son  pays  qui  Pavaient  vu  a  l'oeuvre, 
lui  préférèrent  un  autre  nationaliste,  le  député  actuel  de  Nancy,  M*  Gervaize.  Par  deux 
fois,  les  électeurs  de  la  circonscription  de  Neuüly-Boulûgne,  qu’il  habite,  n’om  pas  voulu 
de  lui. 

Ceux  qui  ont  connu  M*  Poubelle,  préfet  de  la  Seine,  les  électeurs  sénatoriaux  de  ia 
Seine,  n’ont  pas  voulu  de  lui,  en  1900,  comme  sénateur*  Ceux  qui  Font  connu  grand  pro¬ 
priétaire  de  vignobles  dans  l’Aude  et  candidat  an  ï  [ministériel,  n’ont  pas  voulu  de  lui, 
en  1902,  comme  député.  Les  électeurs  du  quatrième  arrondissement  ne  voudront  pas 
repêcher  ce  décoré  du  pape,  qui  ne  ferait  rien  pour  eux  et  ne  souffle  pas  mot  de  son  attitude 
à  l’égard  des  congrégations* 

Quant  à  M*  Soûlés,  qui  se  dit  candidat  antiministériel  et  local,  contrairement  à  ses 
affirmations  intéressées,  il  n’habite  pas  l’arrondissement,  îl  n’a  jamais  rien  fait  pour  l’arron¬ 
dissement,  jusqu’ici  il  n’avait  même  pas  souscrit  à  la  Caisse  des  écoles,  il  n’est  inscrit  que 
sur  les  listes  électorales  de  cette  année,  depuis  qu’il  est  candidat,  et  rf  aura  même  pas  la 
ressource  de  voter  pour  lui.  Par  son  dévoiement  d’affiches  et  par  son  «  affichage  réservé  », 
vous  voyez  comment  ce  soi-disant  libéral  comprend  la  liberté  :  tout  pour  lui  et  rien  pour 
les  autres.  Toute  sa  tactique  consiste  a  reprocher  au  citoyen  Gabriel  Deville  d’être  ce  que  le 


—  1083  —  N°  H 62 

candidat  révolutionnaire  Martin  lui  reproche  précisément  de  n’ôlre  pas,  et  ces  contradictions 
les  jugent  tous  les  deux. 

Nous  ne  ferons  pas  d’affichc  de  dernière  heure;  mais  nous  vous  mettons  en  garde 
contre  ce  triste  procédé  électoral.  De  quelque  part  qu’il  en  vienne,  méfiez-vous.  Pas  d’abs¬ 
tention,  pas  de  division,  Citoyens,  que  tous  les  républicains  fassent  bloc  dès  le  premier  tour 
sur  le  nom  du  Citoyen  Gabriel  Deville. 

D'ailleurs,  s’il  en  était  besoin,  les  citations  suivantes  sont  de  nature,  quelle  que  soit  la 
nuance  républicaine  des  électeurs,  à  dissiper  toutes  les  hésitations,  toutes  les  préventions, 
toutes  les  allégations. 

Vive  la  République! 

Pour  le  citoyen  Gabriel  Deville  : 

«  Mous  avons  mis  notre  main  dans  la  main  des  socialistes,  nous  ne  la  retirerons  pas  et 
nous  continuerons  de  défendre  la  République  ensemble.  J’ai  pris  l’engagement  d’aller  sur 
la  brèche  au  moment  voulu  et  d'engager  tous  nos  amis  radicaux  à  voter  pour  le  socialiste 
Deville.  » 

A.  Maujan,  Député  de  la  Seine,  président  de  la  Commission  exécutive  du  parti  radical 
et  radical-socialiste. 

«  Je  fais  des  vœux  bien  sincères  pour  la  victoire  des  idées  républicaines  et  sociales  que 
vous  représentez  et  que  nous  défendons.  » 

F.  Dubief,  Député  de  Saône-et-Loire,  président  do  groupe  radical-socialiste  de  la 
Chambre. 

«  Je  suis  avec  vous  contre  le  césarisme  nationaliste,  et  le  devoir  des  républicains  de 
la  circonscription  est  de  se  grouper  à  vos  côtés  pour  lutter  contre  le  retour  offensif  de  la 
réaction.  » 

Ruau,  Député  de  la  Haute-Garonne,  vice- président  du  groupe  de  la  gauche  radicale  de 
la  Chambre. 

On  trouvera  plus  loin  la  signature  de  Jean  Code!,  vice-président  du  groupe  de  l’union 
démocratique  delà  Chambre,  et  les  membres  du  groupe  socialiste  parlementaire  de  la 
Chambre,  auquel  a  déjà  appartenu  le  citoyen  Deville,  lui  ont  prêté  tout  leur  concours.  Les 
quatre  groupes  de  !a  majorité  républicaine,  sc  trouvent  ainsi  représentés  dans  une  pensée 
commune  d’union  républicaine,  de  bloc  contre  le  nationalisme. 

Enfin,  voici  un  extrait  d’une  dernière  lettre  au  citoyen  Gabriel  Deville. 

«  Vous  êtes  dans  le  à0  à  l’heure  actuelle  le  porte-drapeau  de  la  République.  Tous  les 
républicains  doivent  se  rallier  autour  de  vous  sans  hésitation  et  sans  faiblesse.  » 

L.  Puech,  député  du  3°  arrondissement  de  Paris. 

M.  Gabriel  Deville  avait  publié  le  programme  suivant  lors  des  élections  générales  : 

Lo  parti  socialiste  repoussant  la  politique  du  toutou  rien,  a  un  programme  de  réformes 
dont  il  poursuit  dès  maintenant  la  réalisation. 


I 

Démocratisation  dos  pouvoirs  politiques, 

1.  Suffrage  universel  direct,  sans  distinction  de  sexe,  et  dans  toutes  les  élections. 

2.  Réduction  du  temps  de  résidence. 

3.  Scrutin  do  liste  avec  représentation  proportionnelle  dans  toutes  les  élections, 
à.  Mesures  législatives  pour  assurer  la  liberté  et  le  secret  du  vote, 

5.  Droit  d’initiative  populaire  et  referendum. 

ti.  Suppression  du  Sénat  et  de  la  présidcucede  la  République,  Les  attributions  actuelles 


du  Président  de  la  République  et  du  Conseil  des  Ministres  seront  dévolues  à  un  conseil 
exécutif,  nommé  par  le  Parlement. 

7.  Réglementation  par  la  loi  du  mandat  législatif,  révocable  par  un  vote  de  la  moitié 
plus  un  des  électeurs  inscrits. 

8.  Admission  des  femmes  à  toutes  les  fonctions  publiques. 

9.  Liberté  absolue  de  la  presse  et  de  réunion,  sous  la  seule  garantie  du  droit  commun. 
—  Abrogation  de  toutes  les  lois  d’exception  sur  la  presse.  —  Liberté  des  associations 
civiles. 

10.  Pleine  autonomie  administrative  des  départements  et  des  communes,  sous  la  seule 
céserve  des  lois  garantissant  le  caractère  républicain,  démocratique  et  laïque  de  l’État. 


11 

Laïcisation  complète  de  l’Etal- 

1.  Séparation  des  Églises  et  de  l’État;  suppression  du  budget  des  cultes;  liberté  des 
cultes;  interdiction  de  l’action  politique  et  collective  des  Églises  contre  les  lois  civiles  et  les 
libertés  républicaines. 

2.  Suppression  des  congrégations;  nationalisation  des  biens  de  mainmorte  de  toute 
nature  leur  appartenant  et  affectation  de  ces  biens  à  des  œuvres  d’assurance  et  de  solidarité 
sociales  ;  en  attendant,  interdiction  aux  congrégations  de  toute  entreprise  industrielle, 
agricole  et  commerciale. 

III 

Organisation  démocratique  et  humaine  de  la  justice. 

1.  Substitution  à  tous  les  tribunaux  actuels,  civils  ou  criminels,  de  tribunaux  formés 
par  un  jury  pris  sur  la  liste  électorale  et  par  des  juges  élus  sous  des  garanties  de  compé¬ 
tence  ;  le  jury  sera  formé  par  voie  du  tirage  au  sort  sur  des  listes  dressées  par  le  suffrage 
universel. 

2.  Gratuité  de  la  justice. 

3.  Transformation  en  fonctions  publiques  des  offices  ministériels.  Suppression  du  pri¬ 
vilège  des  avocats. 

ii.  Instruction  et  expertise  contradictoires  à  tous  les  degrés  et  sur  tous  les  points. 

5.  Substitution  au  caractère  de  représailles  et  de  vindicte  des  pénalités  actuelles,  d’un 
système  de  préservation  sociale  et  d’amendement  du  condamné. 

6.  Abolition  de  la  peine  de  mort. 

7.  Suppression  des  tribunaux  militaires  et  maritimes. 


IV 

Constitution  de  la  famille  conformément  aux  droits  individuels. 

1.  Abrogation  de  toums  les  lois  qui  établissent  l’infériorité  civile  des  femmes  et  des 
enfants  naturels  ou  adultérins. 

2.  Législation  plus  libérale  du  divorce. 

3.  Loi  sur  la  rechercha  de  la  paternité. 


—  1085 


1162 


V 

Ed/ncation  humaine ,  civique  et  professionnelle* 

L  Gratuité  de  l'enseignement  à  tous  les  degrés. 

2.  Entretien  des  enfants  à  la  charge  de  la  collectivité  pour  le  premier  degré  de  rentfei- 
fgnâment 

3.  Pour  renseignement  secondaire  et  supérieur,  mise  à  la  charge  de  la  collectivité 
de  ceux  des  enfants  qui,  après  examen,  seront  reconnus  aptes  à  poursuivre  utilement  leurs 
études. 

4.  Création  d’un  enseignement  populaire  supérieur. 

5.  Monopole  de  l'enseignement  aux  trois  degrés  par  l'État;  subsidiairement,  interdic¬ 
tion  à  tout  membre  du  clergé  régulier  ou  séculier  d’ouvrir  une  école  et  dTy  enseigner. 


VI 

Refonte  générale  du  système  d'impôt*  dans  un  sens  de  solidarité  sociale , 

i.  Abolition  de  tous  les  impôts  sur  les  objets  de  consommation  de  première  nécessité 
i  et  (les  quatre  contributions  directes;  subsidiairement,  dégrèvement  de  toutes  les  petites 
|  n  cotes  foncières  et  des  petites  patentes. 

%.  Impôt  global  progressif  et  personnel  sur  les  revenus  supérieurs  a  3.GÜ0  francs. 

3.  Impôt  progressif  sur  les  successions,  la  progressivité  étant  calculée  à  la  fois  sur  le 
chilïre  de  la  succession  et  sur  l'éloignement  du  degré  de  parenté. 

4.  Faculté  pour  l’Etat  de  demander  à  certains  monopoles  une  part  des  ressources  qui 
I  bi  sont  nécessaires. 

Vil 

Protection  et  Réglementation  légale  du  travail  dans  Vindustrie, 
le  commerce  et  V agriculture. 

1.  Repos  d’un  jour  par  semaine,  ou  interdiction  pour  les  employeurs  de  faire  travailler 
1  plus  de  six  jours  sur  sept. 

2.  Limitation  de  la  journée  de  travail  à  huit  heures;  subsidiairement,  vote  do  toute 
I  disposition  diminuant  la  durée  de  la  journée  de  travail. 

3.  Interdiction  de  faire  travailler  les  enfants  âgés  de  moins  de  quatorze  ans;  système 
I  delà  demi  journée  de  travail  pour  les  adolescents*  et  combinaison  du  travail  productif  avec 
I  leur  instruction  et  leur  éducation. 

4.  Interdiction  du  travail  de  nuit  pour  les  femmes  et  les  adolescents.  Interdiction  du 
!  É  travail  de  nuit  pour  les  ouvriers  adultes  de  toutes  les  catégories  et  dans  toutes  les  industries 

I  où  le  travail  de  nuit  n'est  pas  absolument  nécessaire. 

5.  Repos  légal  des  femmes,  si  semaines  avant  et  six  semaines  après  l'accouchement. 

6.  Législation  protectrice  du  travail  à  domicile. 

7.  Interdiction  du  marchandage  et  du  payement  en  nature  (économat). 

S.  Reconnaissance  légale  de  la  mise  à  l'index. 

9.  Fixation,  par  l'accord  des  municipalités  et  des  corporations  ouvrières  de  l’industrie, 
[  du  commerce  et  de  l'agriculture,  de  séries  de  prix  constituant  le  salaire  minimum. 

10.  Interdiction  aux  patrons  de  toute  réduction  de  salaire,  sous  forme  d’amende  ou 
•  autrement.  Intervention  des  ouvriers  dans  les  règlements  spéciaux  d'ateliers. 

IL  La  surveillance  des  ateliers,  fabriques,  usines,  mines,  chantiers,  services  publics, 

;  magasins,  etc.,  concernant  les  conditions  de  travail,  d'hygiène  et  de  sécurité,  sera  exercée, 


—  1086  — 


concurremment  avec  les  inspecteurs  de  BÈtat*  par  des  inspecteurs  élus  par  les  syndicats 
ouvriers* 

12*  Extension  de  la  prud’homie  à  tous  les  salariés  de  l’industrie,  du  commerce  et  de 
l'agriculture* 

13*  Mise  en  régie  du  travail  des  condamnés*  Le  prix  de  tout  travail  effectué  sera  le 
prix  normalement  payé  aux  ouvriers  syndiqués* 

VIII 

Assurance  sociale  contre  tous  les  risques  naturels  et  économiques * 

1*  Organisation  ,par  la  nation,  d’un  système  d'assurance  sociale  s'appliquant  à  la  totalité 
des  travailleurs  de  l’industrie,  du  commerce,  de  l'agriculture,  contre  les  risques  de  maladie 
d'accident,  d’invalidité,  de  vieillesse  et  de  chômage* 

2*  Constitution  du  fonds  d'assurance  sans  prélèvement  sur  les  salaires;  subsidiaire¬ 
ment,  limitation  du  prélèvement  opéré  sur  les  salariés  au  tiers  de  la  contribution  totale,  les 
deux  autres  tiers  devant  être  fournis  par  l’État  et  les  employeurs* 

3.  Participation  des  travailleurs  an  contrôle  et  au  fonctionnement  du  service  d’assu¬ 
rance. 

A*  Amélioration  de  la  loi  sur  les  accidents  du  travail  et  son  application  sans  distinction 
de  nationalité. 

IX 

Extension  du  domaine  et  des  services  publics  industriels  et  agricoles  de  l’Etat} 
des  départements  et  des  communes * 

1*  Nationalisation  des  chemins  de  fer,  des  mines,  de  la  Banque  de  France,  des  assu¬ 
rances,  des  raffineries  de  sucre  et  des  sucreries,  de  l’alcool,  de  la  grande  meunerie, 

2*  Organisation  d’un  service  public  de  placement  pour  les  travailleurs,  avec  le 
concours  des  bourses  du  travail  et  des  organisations  ouvrières,  et  suppression  des  bureaux 
prives, 

3,  Organisation  par  l’État  d’un  crédit  agricole, 

h.  Subventions  aux  communes  rurales  pour  les  aider  à  acheter  l’outillage  agricole 
collectif,  h  acquérir  des  domaines  communaux,  gérés  sous  le  contrôle  des*  communes  par 
des  syndicats  de  travailleurs  ruraux,  et  à  créer  des  magasins  de  dépôts  et  des  warrants, 

5,  Organisation  des  services  communaux  de  l’éclairage,  de  l’eau,  des  transports  en 
commun,  de  construction  et  de  régie  d’habitations  à  bon  marché* 

ô.  Administration  démocratique  des  service!  publics  nationaux  et  communaux  avec  par¬ 
ticipation  des  organisations  ouvrières  à  leur  fonctionnement  et  à  leur  contrôle,  avec  droit 
de  se  syndiquer  à  tous  les  salariés  de  tous  les  services  publics, 

7.  Service  national  et  communal  d’hygiène,  et  renforcement  des  lois  qui  protègent  la 
sauté  publique  (logements  insalubres,  etc*)* 

X 

Politique  de  paix  internationale  et  adaptation  de  l’organisme 
militaire  à  la  défense  du  pays * 

1,  Substitution  des  milices  à  l'armée  permanente,  et  adoption  de  toutes  les  mesures, 
comme  les  réductions  de  service  militaire,  qui  y  conduisent. 

2.  KefoiUe  et  adoucissement  du  code  pénal  militaire;  suppression  des  corps  discipli¬ 
naires,  et  interdiction  de  prolonger  le  service  militaire  en  guise  de  pénalité. 


PS, 


—  1087  — 


N°  1102 


3.  Renonciation  à  toute  guerre  offensive  sous  quelque  prétexte  que  ce  soit, 
é.  Renonciation  à  toute  alliance  qui  n’aurait  pas  pour  objet  exclusif  le  maintien  de  la 
paix. 

5.  Renonciation  aux  expéditions  militaires  coloniales  ;  et,  dans  les  colonies  actuelles  ou 
pays  de  protectorat,  soustraits  à  l’in  fluence  des  missionnaires  et  au  régime  militaire, 
développement  d’institutions  protectrices  des  indigènes. 

Gabriel  DEVILLE. 

Ancien  député  de  la  circonscription. 


SEINE-ET-OISE 


2e  circonscription  de  PONTOISE 
M.  ROGER-BALLU 

Élu  au  1er  tour  de  scrutin.  —  9.760  voix. 


Électeurs, 

Candidat  républicain,  Député  invalidé  par  une  majorité  dont  la  bonne  foi  a  été  sur¬ 
prise,  je  représente  les  droits  du  suffrage  universel  que  j’ai  le  devoir  de  dérendre. 

Ma  candidature  signifie  plus  que  jamais  :  respect  dû  à  votre  volonté  de  citoyen  libre¬ 
ment  exprimée. 

Que  de  chemin  parcouru  en  trois  mois! 

Avais-je  raison  de  vous  dire  que  la  liberté  était  menacée  par  les  sectaires,  alors  que 
nous  voyons  l’arbitraire  ministériel  se  substituer  à  la  loi.  et  l’indépendance  du  père  de 
famille  odieusement  violée? 

Devant  les  colères  des  populations,  nos  adversaires  ont  fait  surseoir  à  de  nouvelles  fer¬ 
metures  d’écoles  dans  nos  communes,  mais  après  les  élections,  la  persécution  recommen¬ 
cera  plus  ardente  que  jamais. 

Avais-je  raison  de  dénoncer  le  déficit,  qui  atteint  680  millions?  A  l’heure  actuelle,  en 
face  d’une  situation  budgétaire  les  plus  graves,  nous  voyons  M.  le  Ministre  des  Finances 
obligé  de  recourir  à  un  expédient  financier  pour  combler  le  vide  creusé  dans  la  fortune  de 
la  France  1 

Avais-je  raison  de  combattre  l’impôt  global  et  progressif  sur  le  revenu  comme  impos¬ 
sible  en  raison  de  ses  dangers  même,  alors  que  la  majorité  de  la  nouvelle  Chambre,  mise  en 
présence  d’une  décision  à  prendre,  — -  maîtresse  de  ses  votes,  —  n’a  pu  aboutir  qu’à  une 
proposition  qui  n’est  qu’une  formule  vague  destinée  à  égarer  l’électeur  ? 

On  vous  a  promis  la  loi  de  deux  ans.  Le  principe  en  a  été  voté;  je  suis  prêt  à  m’y  rallier 
—  je  l’ai  dit,  et  je  le  répète  —  quand  il  sera  prouvé  que  son  application  ne  compromettrait 
pas  les  droits  sacrés  de  la  défense  nationale,. .  Or,  îe  Ministre  de  la  Guerre  lui-même  hésite 


—  1088  — 

à  assumer  une  responsabilité  si  grave;  et  il  fait  prévoir  des  atermoiements,  car  il  faudrait 
50  millions,  au  moins,  par  an,  pour  créer  des  cadres  de  sous-officiers,  En  outre,  les  ouvriers 
des  arsenaux  militaires  et  maritimes  ne  sont-ils  pas  en  partie  licenciés  ou  menacés  de 

l’ëtre,  faute  d’argent  pour  les  payer  î 

Je  ne  me  suis  pas  trompé  hélas!  et  je  ne  vous  ai  pas  trompés. 

Républicains  de  bonne  foi,  vous  qui  aimez  nos  constitutions,  veillez,  L  heure  est  grave! 
Sans  bonnes  finances,  il  ne  peut  y  avoir  de  bonne  politique. 

Quand,  dans  une  République,  on  porte  atteinte  à  la  majesté  du  suffrage  universel,  quand 
on  viole  la  liberté,  tout  s’écroule! 

Et  nous  voulons,  nous,  la  République!  une  République  prospère,  grande  et  fraternelle 
Je  reste  sur  la  brèche,  attendant  la  decision  du  10  août. 

Vous  ne  vous  déjugerez  pas  1 


Vive  la  République  ! 


ROGER-BALLL, 

Conseiller  général  de  Seiue-et-Oise 


TARN-ET-GARONNE 


Circonscription  de  MOISSAC 
M.  ARNAL 

Élu  au  2e  tour  de  scrutin.  —  5.i|üié  voix. 


Électeurs, 

Vous  ne  permettrez  pas  qu’on  vous  enlève,  après  toutes  les  autres,  la  première  à 
toutes  les  libertés  :  la  liberté  du  vote. 

On  veut  vous  imposer  un  candidat  que,  certainement,  vous  repousserez  tous,  car  nos; 
seulement  il  n’habite  pas  le  pays,  mais  aucun  intérêt  ne  l’y  rattache. 

Il  vous  est  présenté  par  un  groupe  de  politiciens  qui  n’ont  aucune  idée  de  voire  indé¬ 
pendance  et  de  votre  dignité. 

Je  félicite,  sans  m’occuper  de  leurs  opinions,  tbus  les  indépendants  qui  veulent  secoua 
une  pression  administrative  éhontée. 

Ei  je  m’adresse  aux  vrais  républicains,  à  tous  ceux  qui  ont  la  passion  de  la  liberté  etji 
réclame  avec  eux  : 

La  liberté  du  suffrage  universel,  fortement  menacée  dans  notre  arrondissement; 

La  liberté  d’association  qui  n’existe  plus; 

La  liberté  d’enseignement  qu’on  veut  supprimer  aussi. 

La  loi  liberticide  sur  le  contrat  d’association  est  impossible  à  appliquer;  le  Couveras 


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ment,  les  commissions,  le  Conseil  d’État  ne  savent  comment  s’y  prendre  pour  sortir  de  ce 

labyrinthe.  ,  \ 

La  loi  est  à  refaire  sur  des  principes  juridiques  et  libéraux. 

La  politique  envahit  l’armée:  il  n’est  pas  de  jour  où  quelque  chef  ne  soit  déplacé  sur 
de  simples  dénonciations,  mensongères  pour  la  plupart. 

Si  on  veut  maintenir  la  discipline  militaire,  notre  seule  sauvegarde  contre  l’étranger,  il 
faut  laisser  la  grande  muette  à  son  travail  silencieux. 

3e  suis  partisan  de  la  loi  de  deux  ans,  mais  à  la  condition  qu’elle  n’amoindrisse  pas  la 
force  de  résistance  de  l’armée,  grâce  à  une  suppression  judicieuse  des  dispenses  et  h  une 
augmentation  des  rengagements. 


Électeurs, 


Je  suis  du  pays,  propriétaire  comme  vous,  subissant  comme  vous  la  crise  agiicole, 
dont  se  désintéressent  complètement  nos  gouvernants. 

Je  n’ai  aucune  attache  dynastique  ;  ce  que  je  veux  seulement,  c’est  une  République 
honnête,  juste,  équitable  pour  tous,  économe  des  deniers  publics,  respectueuse  de  toutes 
les  libertés,  et  non  pas  un  gouvernement  de  sectaires  qui  ne  tiennent  le  pouvoir  quo  pour 
exercer  des  vengeances  et  tenir  sous  sa  coupe  une  nuée  de  clients  qui  nous  coûtent  cher, 

En  votant  pour  moi,  je  vous  affirme  que  vous  votes  pour  un  vrai  républicain  libéral  qui 

saura  faire  son  devoir. 

P.  ARNÀL, 


Propriétaire  à  Montesquieu. 


Psrij-""  UOTTüRQZ,  inspriasBBr  da  la  Chambra  ils*  Déjwtéa,  J,  na  SalaUlSMai. 


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ÉLECTORAUX